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vendredi, 25 avril 2008

sTarko

   ... Un an dans la peau de Sarko. Il s'agit du dernier film de notre GERPAF (gentil rebelle du paysage audiovisuel français) préféré, Karl Zéro, réalisé avec sa chère et tendre Daisy d'Errata. Je ne savais même pas qu'ils préparaient quelque chose sur le nouveau président français. J'ai entendu Zéro sur France Inter, dans l'émission Le Fou du roi. Ben, du coup, quand je suis passé chez mon marchand de journaux, mercredi, j'ai acheté VSD (voilà le genre d'info que je me garderai bien de communiquer à mes collègues de travail...), avec lequel il était possible de se procurer le DVD du film.

   C'est entraînant. La musique est vraiment agréable, gaie, et se marie bien avec les choix graphiques : aux images "d'archives" (ça n'est pas vieux, tout de même) sont ajoutées des animations (au début surtout) qui rappellent les comédies des années 1970 : Nicolas Sarkozy y fait figure d'un Louis de Funès de la politique.

   Pour moi qui ne possède pas de poste de télévision (bon, d'accord, il m'arrive de la regarder chez des ami-e-s ou dans la famille), quelques extraits furent de totales découvertes (le reste m'étant parvenu par le biais d'internet, de la presse ou de la radio).

   Il faut voir cela comme l'un des précédents films de Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac : la satire n'est pas virulente, peut-être pas par manque de volonté, mais du fait de la technique utilisée. Les auteurs ont réalisé un montage d'images d'actualités, parfois inédites (issues du off, ce qui est filmé avant et après une intervention diffusée), mais ils ont peu enquêté. C'est pourquoi leur critique du clinquant sarkozien s'apparente elle-même à du journalisme "pipole", avec un peu de recul toutefois. Les réflexions sur l'économie et la fiscalité, par exemple, sont quasiment absentes du film, alors que cela devrait être le plus important. C'est l'accessoire (l'image) qui apparaît essentiel.

   En cela, le film ne se démarque pas du travail habituel des journalistes français (qu'ils apprécient ou détestent Nicolas Sarkozy) : il est un peu superficiel... et surtout, il est plus dur pour les adversaires de l'actuel président que pour celui-ci, puisque le texte (savoureux) écrit par Karl Zéro, est lu par la "voix" de l'ancien ministre de l'Intérieur (excellent Michel Guidoni). Si Nicolas Sarkozy, vu la place qu'il occupe dans le film, est tour à tour mis en valeur et dénigré, ses adversaires (pour les rares fois qu'ils apparaissent) ne jouissent que d'un traitement défavorable (les moins maltraités étant peut-être François Hollande et Dominique Strauss-Khan). On pourrait s'amuser à analyser la pensée politique de Karl Zéro à travers ce qu'il fait dire à Nicolas Sarkozy...

   Sur le site de K. Zéro, on peut trouver l'auto-interview des deux comparses :

http://leweb2zero.tv/video/karl_16480872c52984b

19:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique

mercredi, 23 avril 2008

Taken

    Il y a des avantages cinéphiliques à résider dans une région rurale. Ainsi, quand on a raté un film à sa sortie dans les "grandes villes" (25 000, 30 000, 50 000 habitants au maximum, on reste dans le convivial), on peut se rattraper quelques semaines plus tard dans un cinéma plus "campagnard".

   Bryan (Liam Neeson, insubmersible) n'est pas une tarlouze. C'est le principal message de ce film. Et pourtant, au départ, on a un peu l'impression de se trouver face à une "chochotte" : il vit mal son divorce (son ex s'est maquée avec un millionnaire vieux et moche) et a lâché son boulot (qu'il adorait pourtant) pour se rapprocher de sa fille, qui, en fait, n'est pas très attachée à lui. C'est une figure classique du "gentil bourrin", bosseur, honnête, mais pas forcément facile à vivre.

   Bien vite, on s'aperçoit que le héros a des burnes de mammouth. Bon, déjà, sa femme et sa fille auraient dû l'écouter et se méfier de ces vacances à Paris. Très vite, il prend les choses en mains. Il va buter toute une bande de proxénètes albanais (une belle brochette d'enculés, il faut le reconnaître), en deux temps, sans recevoir la moindre égratignure. C'est que Bryan est un ancien agent spécial des Etats-Unis, c'est vous dire s'il peut enfumer sans problème les flicards frenchies (à moitié pourris de surcroît). C'est dynamique, trépidant même ; les scènes de baston sont bonnes, tout comme celles de poursuite automobile.

   Là où on se rend compte que Bryan est vraiment un type formidable, à mi-chemin entre John Rambo et le James Bond incarné par Sean Connery, c'est quand il pénètre dans l'immeuble parisien où se déroule une vente sordide. Bien entendu, il s'en sort, mais avec plus de difficultés : il affronte des Blancs, donc des adversaires plus redoutables que ces pieds-nickelés d'Albanais, tout juste bons à brutaliser des gonzesses.

   L'apothéose vient sur un yatch, sur la Seine, quand notre héros zigouille une floppée de serviteurs interlopes d'un potentat oriental (arabe) pervers, débauché, lâche... un gros vilain quoi. Le sang gicle à nouveau mais il faut noter que, de manière générale, on a davantage soigné les effets sonores (les membres qui craquent, les muscles et les chairs que l'on déchire, les têtes que l'on fracasse etc) que les projections d'hémoglobine.

   Derrière cet excellent film d'action se cache une mentalité pas franchement progressiste. La fille est "sauvée" parce qu'elle est encore vierge alors que sa copine, qui a déjà connu le(s) membre(s) masculin(s), s'en sort moins bien. A travers la France, c'est l'Europe qui est décrite comme une zone dangereuse, où l'on ne peut faire que de mauvaises rencontres. Les flics français sont dépeints soit comme des lourdauds, soit comme des corrompus complètement imperméables aux droits de l'homme. Ceci dit, le héros n'en est pas un meilleur apologiste : pour défendre sa fille, il applique une méthode : tuer... éventuellement torturer. C'est tout ce que méritent proxénètes, hommes de mains, trafiquants, flics indignes... et même leur famille !

   On pourrait se dire, après tout, que cette vision manichéenne et paranoïaque est bien dans le ton du conservatisme au pouvoir à Washington, mais le problème est que le réalisateur, Pierre Morel, est français (il a été directeur de la photographie sur Taxi 4)... et que le scénario a été coécrit par Luc Besson, qui produit le film ! Ou comment des Français passent par le biais américain pour mettre en scène leurs fantasmes sécuritaires...

17:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 21 avril 2008

Passe passe

   Voici une deuxième comédie sur l'affaire Elf. Après L'ivresse du pouvoir de Chabrol, avec l'excellente Isabelle Hupert en juge Eva Joly, Tonie Marshall a choisi de mettre en lumière Christine Deviers-Joncour, incarnée ici par Nathalie Baye (qu'on a appelée "Irène"). Guy Marchand est chargé d'interpréter Roland Dumas, ancien ministre des Affaires Etrangères (ici successivement aux affaires Sociales et à l'Environnement). On a aussi légèrement modifié le contexte de la corruption : il s'agit de Coréens (du Sud) et non de Taïwanais mais, dans les deux cas, un intermédiaire joue un rôle ambigu dans une vente d'armes (le Taïwanais Andrew Wang devient le beau gosse coréen qui s'accroche à Nathalie Baye).

   La critique sérieuse n'a pas aimé le film. Est-ce pour des raisons morales ou cinématographiques ? Il est vrai que Nathalie Baye, éblouissante, réussit à rendre sympathique un personnage d'insupportable poule de luxe... mais je crois surtout que Tonie Marshall ne bénéficie pas de la même "cote" que Claude Chabrol auprès des penseurs autoproclamés du cinéma hexagonal.

    Et pourtant... que les acteurs sont bons ! C'est un régal ! Vraiment, Nathalie Baye est délicieuse en fausse ingénue, amoureuse des plaisirs et du luxe, pas si bête au fond. Edouard Baer est très bien... mais il fait de l'Edouard Baer, donc, si vous ne l'appréciez pas... Les seconds rôles sont excellents sauf, paradoxalement, Guy Marchand, dont j'attendais mieux. On a notamment droit à Joey Starr, criant de vérité en gros beauf (mais qui se fait piquer sa BMW par le héros... je suis persuadé que la firme  allemande a lâché la thune pour ce film, qui se transforme parfois en publicité scénarisée pour la bagnole !) : on connaît tous au moins un sale con dans le genre... Les amateurs de grossièretés seront ravis puisque, outre les éructations du beau-frère, on entend périodiquement les élucubrations scato-sexuelles d'une ravissante personne atteinte du syndrome de Tourette (je dois avouer queue, durant ces scènes, j'étais à la limite de l'érection).

   Un peu de densité humaine est donné à l'histoire par l'intermédiaire du personnage de la mère (Bulle Ogier, pas mal, sans plus). Après Cortex, Passe passe est le deuxième film commercial français récent à mettre en scène la maladie d'Alzheimer et ses conséquences sur les relations avec les proches. C'est montré de manière digne, parfois comique.

   Ajoutez là-dessus une musique légère, judicieusement placée, et vous obtenez une comédie bien menée, pas endiablée, mais très agréable.

15:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 16 avril 2008

Le dernier repas

   Le titre fait allusion à la fin du film : on y voit les deux familles (du moins, ce qu'il en reste) recomposées partager, chacune de leur côté, leur dernier repas terrestre avant de partir pour Mars. Ne croyez pas cependant qu'il s'agisse d'un film de science-fiction. Les effets spéciaux sont absents ; le départ pour Mars n'est qu'un prétexte. On aperçoit, de temps à autre, à l'arrière-plan, les gratte-ciel d'un centre-ville que l'on imagine futuriste mais, et c'est là l'un des atouts de ce film, on nous présente surtout "l'arrière-cour", cette partie abandonnée par la technologie et la belle vie moderne.

   Les dialogues sont peu nombreux : c'est par l'image que le réalisateur fait passer ses messages. C'est globalement sombre, limite sordide. On a le père et le fils qui vont se retrouver ; le premier, quinqua esseulé, va payer une jeunesse pour tirer son coup, le second (qui s'est peut-être fait violer en prison, on ne sait pas trop), séropositif (il suit une trithérapie visiblement), devient une sorte de "gogo danseur". Les scènes de spectacle sont d'ailleurs très belles, avec une musique fascinante. Au-delà de l'esthétisme, le réalisateur veut montrer que tout se monnaie en ce monde merveilleux. Point d'amour, mais du sexe tarifé.

   La deuxième famille est (presque) exclusivement féminine. La grand-mère veut découvrir le plaisir des sens avec un petit jeune... qui va être le gogo danseur. Sa fille est quittée par son mari, un cadre qui la trompe avec sa secrétaire (dans une scène hilarante, l'épouse découvre son cocufiage... et amorce un étrange dialogue avec l'époux qui continue à besogner sa greluche) ; elle apprend aussi la mort de son fils (peut-être battu à mort en prison). La petite-fille, laide et obèse, veut s'offir une opération de chirurgie esthétique. Pour cela, elle accepte, contre rémunération, de coucher avec un quinqua esseulé (vous voyez qui cela peut-être)...

   C'est étrange, parfois captivant, parfois ennuyeux, pas tout à fait dans la lignée des films sud-coréens qui ont connu le succès ces dernières années.

13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 15 avril 2008

Mongol

   Gengis Khan, vous connaissez ? Le conquérant, le cavalier mongol, tout ça, tout ça. (Chez les Asiatiques, c'est un peu l'équivalent de notre Napoléon.) Bon ben là on nous propose la vie de Temudjin AVANT qu'il ne devienne officiellement Gengis Khan. C'est une fresque historique qui suit la trame d'un roman de formation. C'est filmé avec le savoir-faire des Russes, en mongol et en chinois, dans des paysages kazakhs, mongols et chinois.

   C'est bien joué, joli à regarder, avec tout plein de chevaux, du tir à l'arc, des combats, du sang qui gicle... et une histoire d'amour bien particulière ! La promise que se choisit le jeune Temudjin devient un canon de chez canon (rendons grâce au directeur de casting)... avec un caractère trempé, ce qui ne gâche rien. Il faut regarder cela comme on irait voir Guerre et paix : l'histoire me semble pas mal romancée, mais c'est très supportable.

   Quand je disais "une histoire d'amour bien particulière", je pensais à la conception de la fidélité des personnages : plutôt que de sauver la virginité de son épouse, le héros attend un an pour se venger et fait sien le fils qu'elle a eu de son ravisseur. Par la suite, on nous laisse clairement entrevoir que, pendant les longues séparations d'avec son héros de mari, elle n'est pas restée inactive (et d'abord, elle n'était même pas sûre qu'il allait revenir). Cela pourrait être finalement assez proche de la réalité, alors que le portrait que l'on nous trace du futur Gengis Khan est une véritable image d'Epinal : courageux,  intelligent, endurant, fidèle, respectueux de ses hommes...

20:10 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 14 avril 2008

Les larmes de madame Wang

   Cette madame Wang est l'héroïne de cette histoire, une ancienne actrice devenue vendeuse à la sauvette et enfin pleureuse professionnelle. Si le film nous montre les difficultés qu'elle rencontre dans cette Chine de plus en plus "moderne" (c'est une provinciale, "montée" à Pékin, contrainte de revenir dans sa ville d'origine), le personnage n'est pas sympathique pour autant. Elle me paraît être limite une pétasse anorexique (un genre qui fait triper nombre de réalisateurs visiblement) immature... et cynique.

   L'arrière-plan est sombre : dans le pays du néo-capitalisme triomphant, c'est chacun pour sa pomme. Les parents y abandonnent les enfants, l'amour n'est pas une valeur sûre, les médisances vont bon train et tous les moyens sont bons pour se procurer de l'argent (tout se monnaie). Pourtant, de l'espoir subsiste et l'humour n'est pas absent. Je recommande tout particulièrement la séquence qui voit l'héroïne tenter d'animer ses premières funérailles.

   Comme c'est du cinéma réaliste, on nous plante bien le décor : on découvre une ville aux quartiers parfois sordides, des immeubles où la salubrité et le degré d'intimité sont faibles et des institutions qui n'ont pas pour principal but d'améliorer la vie des pauvres (l'hôpital, la prison). Un film fort mais pas franchement porté sur l'optimisme.

18:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 13 avril 2008

Les toilettes du Pape

   Bienvenue dans le Tiers Monde !... euh, pardon, dans les "pays en développement" ! En Uruguay plus précisément. Oui, vous voyez, ce petit pays entouré du Brésil et de l'Argentine, jadis terre de footballeurs de talent. Il fut même surnommé "la Suisse de l'Amérique du Sud". Autant vous dire que, dans ce film, on nous en présente une tout autre image. Les héros sont des travailleurs informels, qui habitent des bidonvilles. Les hommes font souvent du trafic transfrontalier (le Brésil n'est pas loin), à bicyclette pour les plus moins riches, à moto pour ceux qui montent en grade. Le but est d'éviter les patrouilles de douaniers.

   Le réalisateur a un vrai talent pour filmer des cyclistes, leurs efforts, leurs conversations, leurs ombres, le tout dans un cadre magnifique. Il ne cherche pas à idéaliser ses personnages : la lutte pour la survie ou pour un début d'aisance pousse certains d'entre eux à jouer des "coups fourrés", y compris à des proches. Au village, les femmes exercent d'autres travaux...et les enfants n'ont guère d'espoir de sortir de ce gourbi... sauf, peut-être, la fille du personnage principal, prénommée Silvia, interprétée avec talent par la jeune Virginia Ruiz. (On reparlera de cette actrice, moi j'vous l'dis !)

   Ce petit monde voit sa vie bouleversée par l'annonce de la venue de Jean-Paul II (on est en 1988). Beaucoup y voient une perspective d'enrichissement. On assiste alors à un déferlement d'initiatives : ces pauvres déploient des trésors d'imagination, s'endettent et travaillent (encore) plus pour gagner plus : certains fabriquent des fanions, d'autres des tartes, d'autres des beignets... sauf le héros, qui pense que la foule qui ne manquera pas de se masser aura plutôt envie de se vider que de se remplir. Je ne vous raconte pas la fin, mais je peux vous dire qu'on nous offre une belle satire : de l'esprit d'entreprise, du clergé, des médias, de l'intégrité des douaniers et de la naïveté des pauvres.

   La salle dans laquelle je me trouvais était comble et les rires ont fusé.

17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 12 avril 2008

The eye

   Prenez une actrice bien roulée (genre Jessica Alba). Affublez-la d'une infirmité (la cécité par exemple). Faites lui rencontrer diverses difficultés. Assaisonnez le tout d'éléments de scénar piqués à droite à gauche. Agitez bien fort. Embauchez un réalisateur pas mou du genou et vous obtiendrez ce petit polar ésotérique, dans lequel la musique n'oublie pas de souligner quand il faut commencer à avoir peur.

   J'ai l'air de ricaner mais, en fait, j'ai aimé. Les acteurs font bien leur boulot et, à ma grande surprise, le déroulement de l'histoire suit quelques méandres pas désagréables, ma foi. On a notamment droit à une description assez réaliste de la vie d'une aveugle... une aveugle pas ordinaire cependant, puisqu'elle est soliste dans un orchestre (elle joue du violon).

   L'argument ésotérique est lié à des morts violentes, comme vous pouvez le supposer. On retrouve ici le thème de la communication entre le monde des vivants et celui des défunts, avec une transgression des règles qu'il faut parvenir à maîtriser. Pour filer davantage les jetons au spectateur ricain de base, on l'envoie faire un tour dans les bidonvilles mexicains... et pour que ces dames prennent un peu de plaisir à cette intrigue sanguinolente, on balance dans les pattes de la charmante héroïne un thérapeute qui doit être craquant.

  

19:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 10 avril 2008

Bande de Biloutes !

   Après plus d'un mois, un soir de semaine, à la séance de 22h30, c'est plus tranquille : seule une douzaine de personnes assistaient à la séance (de Bienvenue chez les Ch'tis, bien sûr !). Par contre, la précédente, celle de 20h15, était presque complète. A la sortie, j'ai observé les spectateurs. Le public était étonnamment âgé (plus de 50 ans de moyenne, à mon avis)... et pas familier des salles obscures, tout comme celui de ma séance : je voyais les personnes ne sachant où s'installer, hésiter pour enlever leur pardessus, croire que le film commençait alors qu'il s'agissait de bandes-annonces etc.

   Et le film, dans tout ça ? Une bonne comédie, pas prise de tête, bien interprétée... et "formatée" : elle ne contient pas de grossièreté (en français en tout cas), ni de scène de sexe, encore moins de violence ; c'est donc un spectacle idéal pour les 7-77 ans. Disney aurait pu produire ce film, tellement il est gentil (sauf pour l'épouse du héros, sorte de pétasse un peu cruche). Je trouve le scénario un peu faible. C'est très prévisible : dès le début, on comprend comment va se finir la scène avec le fauteuil roulant, on comprend aussi très tôt pourquoi le personnage interprété par Kad Mérad (très bon au demeurant) se fait arrêter par les gendarmes (Patrick Bosso très convaincant !) et on voit clairement où tout cela va aboutir.

   Heureusement, les gags sont bons, en général. J'ai aussi beaucoup aimé les compositions de Line Renaud (en mère acariâtre et possessive ch'timie) et de Stéphane Freiss (l'ex-jeune premier s'est bien reconverti, ici en collègue DRH particulièrement anxieux). A mes yeux, la meilleure séquence est celle qui voit les Ch'tis pourrir le séjour de l'épouse du héros, quand elle débarque dans leur riante contrée. Cette forme de surlignage excessif des clichés les plus éculés est fort réjouissante !

10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 04 avril 2008

Redacted

   Encore un film sur la guerre en Irak ! Oui, encore ! Un film qui se détache un peu des précédents sur le plan formel : il est un assemblage de séquences filmées de manières différentes, présentées comme étant produites par les personnages du film. Ainsi, l'un des militaires états-uniens, qui veut intégrer une école de cinéma, filme son environnement irakien  avec une caméra numérique de base (il implante même une micro-caméra dans son casque), une équipe de journalistes irakiens filme un reportage, une autre équipe de journalistes (américains, ceux-là) suit, "embarquée", les soldats en intervention. Ajoutez à cela une caméra de surveillance, un journal télévisé local, le film d'un terroriste et des séquences diffusées sur internet (dont une à partir d'une webcam) et vous aurez un aperçu de la diversité des "outils filmiques". Ah, oui, j'oubliais : plusieurs séquences sont présentées comme extraites d'un reportage "qualité française" (dans l'esprit d'un Américain) sur la situation en Irak. Le texte est dit en français. Savoureux !

   Derrière cet habile assemblage se profile un questionnement : quelles sont les séquences qui transmettent le mieux la réalité ? Celles des professionnels, rationnelles et propres sur elles, ou celles des quidams, maladroites, baroques et pleines de vie ?

   De manière générale, le ton est souvent ironique, surtout au début. La deuxième partie du film vire au tragique, à l'odieux... et malheureusement, ce n'est pas inventé, puisque l'intrigue est calquée sur une série de faits divers auxquels des soldats du pays de la Liberté ont été mêlés. Cela donne un grand film politique, qu'il faudrait faire voir à tous les responsables qui ont dans la tête un renforcement du partenariat franco-américain dans le domaine militaire. Il y a une certaine parenté avec l'excellent Battle for Haditha dont j'ai causé dans un billet du 22 mars dernier. Les deux s'inspirent de la réalité, sans chercher à la magnifier à la sauce hollywoodienne (Redacted contient notamment deux scènes d'une grande crudité, celle du chef de troupe qui se fait exploser par une mine, devant ses hommes, et celle du viol d'une jeune fille irakienne par des soldats yankees)... et les deux ont été tournés au moins en partie en Jordanie.

   La fin de Redacted nous propose (sur une musique un peu grandiloquente) de vraies photographies, où l'on perçoit la source de certaines scènes du film (la femme enceinte flinguée à un barrage et l'adolescente violée).

   Je mets un bémol à mon enthousiasme : j'ai vu le film en version originale sous-titrée (pas à Rodez, dont les cinémas sont quasi sinistrés dans ce domaine, mais à La Strada, le récent mini-complexe de Decazeville... et vive les cinémas subventionnés !) et le texte français, en blanc, était parfois peu visible sur fond clair. Pour les personnes qui captent quelques mots de la langue de George W Bush, cela passe, mais je plains les autres...

18:23 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 01 avril 2008

Be kind rewind

... ce qui nous donne, en bon français, Soyez sympas rembobinez (si la traduction est littéralement juste, elle nous prive hélas de l'assonance). Après avoir réalisé un (grand) film hollywoodien (le génial Eternal Sunshine of the spotless mind), après avoir réalisé un film expérimental français (le délicieux La Science des rêves), Michel Gondry revient avec un film expérimental consacré au rêve hollywoodien. On y fabrique du cinéma à la mode artisanale... le tout enrobé de trucages numériques. Gondry est un très bon bidouilleur, farfelu à souhaits.

   C'est aussi l'histoire d'un quartier dont un immeuble est voué à la démolition. Le vidéo-club un peu nase est à l'image de nombre des habitants : sympathique, un peu bordélique, dépassé par les événements. Une décharge électrique maousse va apporter un peu de dynamisme à cet univers mélancolique. Les acteurs se "donnent", à commencer par Jack Black, bien encadré par Danny Glover, Mia Farrow, Mos Def et Melonie Diaz.

    A travers les films qui sont parodiés (Ghostbusters, When we were kings, Miss Daisy et son chauffeur...), Gondry rend hommage à la fabrique de l'imaginaire... mais il se moque aussi : nos apprentis cinéastes sont capables de créer des oeuvres qui suscitent l'engouement. Voilà, ça ne va pas plus loin, mais on passe un sacré bon moment !

11:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 31 mars 2008

Les femmes de l'ombre

   J'ai tardé à voir ce film, d'abord parce que la bande-annonce m'avait fait redouter le pire et parce qu'un collègue, qui y était allé avant moi, en était sorti déçu. L'héroïne incarnée par Sophie Marceau a réellement existé et le film est nourri de références historiques (durant le générique de début, on nous présente des photographies d'époque montrant des femmes engagées dans la guerre, pas forcément françaises d'ailleurs et, à la fin, on peut voir un reportage britannique sur la préparation du Débarquement), mais il s'agit d'abord d'un film d'aventures, où l'on ménage nombre de rebondissements, le tout souligné par une musique de circonstance.

   Finalement, ce n'est pas si mal, assez prenant. Sophie Marceau est tout à fait convaincante en "dame de fer" de la Résistance (en fait, agissant pour les services secrets britanniques, pas pour la France Libre) et Moritz Bleibtreu est excellent en officier nazi (jouant de surcroît dans trois langues). Par contre, je trouve les compositions de Julien Boisselier et Julie Depardieu plutôt maladroites. L'autre défaut du film est l'invraisemblance de certains rebondissements. Je sais bien que l'époque a été propice aux situations abracadabrantesques, mais quand même, parfois, c'est vraiment limite. On a aussi, semble-t-il, voulu ménager la sensibilité du public, en atténuant la représentation des tortures subies par les résistants faits prisonniers par les nazis. On en perçoit bien la cruauté, mais pas tout à fait l'inhumanité (sauf quand l'une des femmes se fait arracher un ongle). Il est par exemple étonnant qu'aucune allusion ne soit faite à des violences sexuelles.

   Il reste une histoire de femmes, dans un monde d'hommes, une troupe hétéroclite, aux motivations disparates.

10:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 30 mars 2008

Crimes à Oxford

   Cela aurait pu s'appeler Amour, crimes et mathématiques, mais les producteurs voulaient sans doute un titre plus accrocheur. C'est un polar cérébral, qui mêle l'intrigue sentimentale, les rancœurs étouffées et le petit monde des mathématiciens d'Oxford. En fait, il s'agit davantage de logique que de mathématiques pures : ne vous attendez pas à une adaptation cinématographique de la série Numb3rs.

   Le plus surprenant est que ce polar reste assez "intello". C'est l'histoire qui se plie (parfois de manière presque invraisemblable, il faut le reconnaître) à l'argument "scientifique" et non pas l'inverse : on aurait pu s'attendre à ce que l'enrobement mathématique soit très superficiel. (Le scénario a dû être très travaillé.) Cela donne plus de force au film, à mon avis.

   Les acteurs sont excellents, de John Hurt à Dominique Pinon en passant par Julie Cox. On a soigné les seconds rôles, condition sine qua non de la réussite d'un film policier qui tient la route. Dans le rôle principal, Elijah Wood poursuit ses efforts pour faire oublier Frodon. Pour attirer le public djeunse, on lui met dans les pattes une ravissante brune, à la poitrine généreuse et bien faite (tout cela m'a l'air naturel, tant dans la forme que dans le pendouillage que l'on a l'occasion d'observer... Oui, la dame du fond ?... Vous dites ?... Je suis obsédé ? Pas du tout voyons !... Enfin, si peu...), mise en valeur de manière quasi ostentatoire (bonjour les décolletés et les prises de vues plongeantes...) lors de chaque scène où intervient ce personnage. Je vois bien la production, effrayée par l'intellectualisme du scénar, injecter un peu de fesse pour épicer l'affaire. Cela se sent à la vision du film : les séquences amoureuses m'ont paru assez fades, surjouées.

   Pourtant, de manière générale, la mise en scène est habile. J'ai notamment en tête un long plan (deux minutes ?... ben oui, dans le cinéma actuel, où 80 % des réalisateurs ne savent pas construire un plan de plus de 10 secondes, c'est l'équivalent d'un siècle), dans la première moitié du film, absolument somptueux. Indice : c'est une scène d'extérieur.

   La fin du film nous propose bien entendu un retournement, assez habile ma foi, qui nous ramène à la logique.

16:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 24 mars 2008

Angles d'attaque

   Ah, ça fait du bien de voir un bon film de droite ! Le président des Etats-Unis (William Hurt, impeccable) y est un type formidable (là on voit qu'il s'agit d'une fiction), qui résiste aux bellicistes de son camp (c'est quasiment de la science-fiction !) et a réussi à réunir autour de sa lutte contre le terrorisme les autres puissances mondiales, à commencer par les Européens (on nage en plein délire). Mais la menace est là, incarnée par les méchants Arabes, l'un d'entre eux étant interprété par notre Saïd Taghmaoui (celui de La Haine, qu'on a aperçu, depuis, dans Les Rois du désert et O Jérusalem notamment). De manière générale, dans le film, il faut se méfier des bruns un peu bronzés... et donc d'une bonne partie des Espagnols (Voyons, Linda, vous savez bien qu'ils sont à moitié arabes ces gens-là !). Notons que jamais ô grand jamais on ne saura ce qui guide ce groupe de terroristes, ni dans quel but précis ils tentent d'enlever le président des Etats-Unis. En tout cas, ils sont dépeints comme des personnes très motivées et organisées, la palme revenant au personnage joué par S. Taghmaoui, très performant avec son téléphone portable (Mais oui, Susan, ces Orientaux sont très au fait des nouvelles technologies !).

   Au passage, le film ne s'embarrasse pas de nuances inutiles et présente les opposants à la politique américaine comme une bande de gauchistes altermondialistes... et il les lie aux terroristes. (Pour sûr, chère Brenda, tout cela c'est de la graine de voyou !) On a bien quelques petites différences entre les Arabes de la bande, mais je suis sûr que le spectateur moyen va sortir de là en pensant qu'ils sont tous très dangereux. Outre le président, les seuls "bons" sont le garde du corps dévoué un peu franc-tireur (Dennis Quaid, qui décidément ressemble de plus en plus à Harrison Ford) et un touriste noir... américain, forcément (Forrest Withaker, efficace en boy scout).

   Tout ça pour dire que, quand même, les acteurs sont excellents. Withaker est peut-être le moins convaincant. Si vous ajoutez à cela une musique bien choisie et de nombreuses péripéties, cela donne un film après tout très plaisant, très rythmé.

   C'est d'abord un exercice de style maîtrisé : on revit la même scène, de plusieurs points de vue. A chaque version, on en apprend un peu plus sur les dessous de l'affaire... et on progresse dans l'intrigue. La séquence la plus spectaculaire est sans conteste la poursuite en voiture dans les rues de Salamanque (au Mexique en fait, où la ville a été partiellement reconstituée), très bien fichue.

   Si vous vous accommodez du fond politique du film, c'est un excellent divertissement. Sinon, c'est un énième sous-produit de l'industrie hollywoodienne, véhiculant son quota de clichés.

18:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 23 mars 2008

Le Cahier

   Dans la famille Makhmalbaf, je demande... la deuxième fille ! Il s'agit d'Hana, âgée de 19 ans. ("Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"...) Comme papa, elle a tourné en Afghanistan. L'action du film se déroule à proximité de l'endroit où se trouvaient les statues de Bouddha, à Bamian (la toute fin nous en montre le dynamitage). Des familles vivent dans les grottes des alentours.

   Les enfants sont très bien dirigés. Ils sont souvent filmés en gros plan. Celle qui interprète l'héroïne Bakhtay est impressionnante... et attachante avec sa bonne bouille et son entêtement à vouloir aller à l'école. Le garçon qui incarne le fils de la voisine, Abbas, est aussi très bien. La réalisatrice arrive à leur faire jouer des scènes complexes, parfois très "engagées" physiquement.

   Cela donne un film rythmé, où j'ai ressenti tour à tour la drôlerie de certaines situations et une forte angoisse face aux menaces qui pèsent sur le duo de héros. Ils rencontrent une bande de gamins qui jouent aux taliban. (On a vraiment envie d'en prendre un pour cogner sur les autres !) Cela nous vaut une séquence pleine de doubles-sens évidemment, où l'on se demande jusqu'où les gamins "s'amusent"... Mais la réalisatrice nous réserve une surprise vers la fin du film.

   Toutefois, je relève deux défauts techniques : la mise au point, parfois imparfaite (très visible sur un grand écran) et la musique, à chier. Elle dramatise inutilement. Franchement, le film aurait été encore meilleur sans cela.

16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 22 mars 2008

Battle for Haditha

   On a assez peu parlé de ce long-métrage lors de sa sortie. Il s'inscrit dans la lignée des films de guerre américains. Depuis deux-trois ans, on a eu droit à une flopée de bons produits, en prise sur leur époque, sur ses conflits (Afghanistan, Irak première et deuxième moutures...) et mis en scène avec talent. Le réalisateur de celui-ci, Nick Broomfeld, est documentariste à l'origine. J'avais apprécié son Biggie and Tupac, alors que, franchement, je ne suis pas très porté sur le rap "bling-bling".

   Pour ce film, il est parti d'un fait divers : le massacre, en Irak, de civils par des marines qui venaient de subir un attentat à la bombe. Par souci de réalisme, d'anciens soldats ont été engagés pour porter l'uniforme dans cette fiction et des Irakiens réfugiés en Jordanie incarnent les civils. C'est donc tourné en anglo-américain et en arabe.

   On sent les influences subies par le réalisateur : Full Metal Jacket, peut-être Platoon... ce qui relie le film à la guerre du Vietnam... et au massacre de My Lai (en 1968). J'avais d'autres références en tête, mais cela m'est sorti de la tête. Ah, oui, ça me revient : Bloody Sunday, de Paul Greengrass (pour l'aspect "documentaire" donné à la fiction, la comparaison entre les méthodes des nationalistes irlandais et irakiens et pour la violence montrée comme un moyen d'exacerber les tensions).

   Ce film est une bombe. Le point de vue des différents groupes d'Irakiens est rendu avec une grande honnêteté et un réel souci du détail vécu ; la troupe de marines nous est présentée sans fard, brute de décoffrage, avec ses qualités et ses dérapages. C'est vraiment très fort, très bon. Un film indispensable qui hélas n'a pas rencontré le succès qu'il aurait mérité.

23:36 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 16 mars 2008

10 000

   Et d'abord, hein, pourquoi "10 000" ? Le film dure-t-il 10 000 secondes (c'est-à-dire plus de 2h30 - j'ai fait le calcul pour vous, n'ayez pas d'inquiétude) ? Non. A-t-il coûté 10 000 dollars ? Non plus. A-t-il employé 10 000 figurants ? Que nenni.  Alors ? Ben, l'action est censée se passer 10 000 ans avant J.C., en gros au moment où apparaît l'agriculture au Proche-Orient (on parle de la Révolution néolithique). L'idée a dû venir à Roland Emmerich quand il a appris le succès des docus fictions français (Homo sapiens et Le sacre de l'Homme). Il s'est sans doute dit : "Putain (je traduis approximativement de l'anglo-américain) ! Ces abrutis de Frenchies ont réussi un beau coup avec leurs documentaires. Y a encore plus de thunes à se faire avec une fiction. Allez, les gars, au boulot ! Et torchez moi ça vite !"

   Dans le groupe, on a puisé dans les grandes références culturelles. Le scénario pille donc beaucoup Les Dix commandements (je vous laisse découvrir la théorie avancée dans le film pour expliquer la construction des pyramides... cela vaut son pesant de crottes de mammouths), un peu Jurassic park (si, si !) et une pléthore de films qui mêlent pseudo-archéologie et science-fiction (faudrait pas oublier qu'Emmerich est l'homme de Independance Day, bordel de zut !). Si vous connaissez un vieux prof d'histoire dont vous voudriez vous débarrasser, emmenez-le voir ce film, pour lui, c'est la crise cardiaque assurée ! C'est un beau mélange de préhistoire et d'Antiquité, d'Europe glaciaire et de civilisation du Nil... le tout aspergé d'une louche de bons sentiments. Ah, oui, j'oubliais : les dialogues sont nuls, à tel point que l'envie de quitter la salle m'a saisi à plusieurs reprises dans le premier quart d'heure.

   Et pourtant, ce n'est pas si mal foutu que cela. Une fois l'histoire lancée, cela se suit agréablement. La troupe de méchants cavaliers est interprétée de manière très convaincante et les animaux sont d'excellents figurants. Bon, d'accord, le coup des mammouths qui gambadent, c'est un peu ridicule et le bon goût s'offusque contre l'introduction de poulets géants en pleine savane. Mais les effets spéciaux sont réussis et les (trop) rares apparitions du tigre à dents de sabre sont prenantes, bien mises en scène. Cette histoire de type un peu maladroit, amoureux fou, qui va devenir une sorte de Messie (une sorte de Moïse sorti du marbre) tient la route malgré tout.

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vendredi, 14 mars 2008

There will be blood

   "Il y aura du sang"... pas tellement, finalement : à côté des frères Coen ou de Sylvester Stallone, Paul Thomas Anderson est un petit joueur, de ce point de vue. La violence n'est pas forcément celle qui fait couler le sang. C'est aussi celle qui fait couler les larmes ou gicler le pétrole (des passages remarquablement mis en scène, soit dit en passant). A travers cette histoire d'ascension sociale, le réalisateur nous cause en fait de l'Amérique. Mais on peut voir le film des deux manières, et donc comme une fiction très documentée qui prend place dans l'Ouest américain, où tant de personnes aspirent à faire fortune. Le personnage remarquablement interprété par Daniel Day Lewis est une incarnation de ce "rêve"... sans que le film soit un conte de fée : c'est une véritable ordure, prête à tout pour arriver à ses fins. Son pendant est le gamin qui le fait venir dans la région et qui va, lui, personnifier le puritanisme charismatique... et hypocrite. Certaines scènes sont très théâtrales, très efficaces dans la dénonciation. Je vous laisse découvrir des deux postures, la cynique mercantile et l'hypocrite bondieusarde, laquelle finit par prendre le dessus sur l'autre.

   Derrière cette histoire d'hommes se cache une vraie critique de la construction de la puissance états-unienne. Quand on voit comment cette richesse s'est développée à l'intérieur du pays, on n'est guère étonné du comportement à l'extérieur. Dans cette optique, les deux personnages principaux sont deux faces d'un même pays, profondément mu par l'appât du gain et taraudé par une expression de la foi bâtarde, extrême et, pour tout dire, dangereuse.

   S'il n'y avait que cela, le film vaudrait déjà le détour. Mais il y a aussi ces paysages petit à petit transformés par l'exploitation pétrolière. Sur un bel écran panoramique (à l'Escurial, à Paris, tiens), cela donne ! Mais il y a aussi ce petit pincement au cœur qui persiste, ce reste d'humanité que l'on n'arrive pas à complètement refouler. Tout ce qui tourne autour du personnage du fils est très beau, intense. Un film très riche donc, même s'il est un peu long (plus de 2h30).

20:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 10 mars 2008

Séisme électoral à Rodez

              Il y a au moins deux avantages au résultat : je peux organiser mon dimanche prochain comme je le veux puisque je n’aurai pas à me déplacer pour un second tour et, de ce fait, cette élection fait faire quelques économies.

            On va commencer par la liste arrivée quatrième et dernière, « La nouvelle génération avec Marc Censi »… ledit Censi (il est là depuis 1983… et même depuis 1971 en tant qu’adjoint !) ayant plus de 72 balais : bonjour le renouvellement ! Les électeurs ne se sont pas laissé abuser par la tromperie : on avait mis un gamin en tête de liste (un C.S.P.+ comme nombre de ses colistiers) et le maire sortant Censi n’en occupait que la dernière place ; tout le monde a compris que Censi comptait sur des négociations d’entre deux tours, peut-être pas pour redevenir maire mais, qui sait, pour garder la communauté d’agglomération.

            Censi (ex-U.D.F.) s’est aussi relancé dans la compétition pour une raison « culturelle ». La liste officielle estampillée (même discrètement) « U.M.P. » (plutôt une liste d'ex-R.P.R. ?) a dans son programme l’organisation d’un référendum local pour décider de la construction (ou pas…) d’un musée Soulages… une cochonnerie de snobinards qui pourrait nous coûter la peau des fesses… (C’est le contribuable ruthénois qui cause, là.) et dernière lubie de Censi, qui a déjà bien vécu sur la bête avec ses projets limite pharaoniques. Régine Taussat n’a pas eu le courage d’annoncer franchement la couleur et de dire que ben son projet de musée Soulages, Censi, il peut se le rouler en boule et le ranger où il veut… Pour être honnête, il faut dire que le programme de la liste U.M.P.-mais-pas-trop prévoyait des travaux gigantesques (et inutiles...) au centre de Rodez. Ouf ! On a échappé à cela ! A la fin du dépliant-programme, Régine Taussat avait pris soin de faire figurer quelques photographies de sa modeste personne en compagnie des huiles U.M.P… Le problème est que certaines de ces photos doivent dater de 10 ou 15 ans ! Le top du délire est celle qui montre Régine en compagnie de Nicolas Sarkozy : en gros, seule la coupe de cheveux permet de reconnaître la candidate ! La palme de l'hypocrisie est attribuée à... la photo sur laquelle figurent notre Régine et le député Yves Censi (oui, le fiston de l'autre), auquel elle s'était opposée aux législatives de 2002, quand il s'était agi de récupérer la place laissée vacante par la retraite de Jean Briane. Quant à sa liste, au-delà de quelques lampistes, c’est un échantillon caricatural de la "bonne bourgeoisie" : « cadre de banque », « chargée des ressources humaines », « chef d’entreprise clinique privée », « commerçante », « chef d’entreprise »,  « médecin psychiatre », « employée de banque », « négociateur immobilier », « conseiller financier », « employée de banque » (une de plus), « kinésithérapeute », « décoratrice », « chirurgien dentiste »… Notez la surreprésentation des professions médicales (libérales, faut pas déconner non plus). Les électeurs n’ont pas voulu de cette ordonnance… d’autant plus que, aussi bien à droite qu'à gauche, à Rodez, ils sont nombreux à admettre que Régine Taussat n’était pas très crédible en future maire.

            La deuxième place est revenue à une liste-surprise, menée par le président du Conseil économique et social. Il s’affichait « social-démocrate » et son dépliant le montrait en compagnie de Martin Malvy, le président (socialiste) du Conseil régional. Le problème est que celui-ci soutenait la liste socialiste. La même méthode a été appliquée avec une notabilité locale : l’ancien directeur d’un lycée du coin figure lui aussi sur une photographie en compagnie de J.-L. Chauzy. Il a fait publier un démenti dans la presse locale. Voilà des procédés qui ne sont ni sérieux, ni honnêtes. En fait, cette liste est un fourre-tout qui n’a pas osé prendre l’étiquette  Modem. Elle réunit une brochette d’ex-U.D.F. et des personnes plutôt classées « à gauche », des notables C.S.P.+ et un nombre non négligeable de représentants du monde enseignant. Le mariage de la carpe et du lapin n’a convaincu les électeurs qu’à moitié.

            La vraie surprise est venue de la victoire, dès le premier tour, de la liste P.S.-P.C.-Verts-P.R.G.-M.R.C. (ça y est, on a tout le monde ?)  menée par l’éternel opposant Christian Teyssèdre. A la base, ce candidat passait plutôt mal auprès de la population : il n’a pas vraiment de charisme et il a depuis longtemps la réputation du râleur systématique, une sorte de don Quichotte aveyronnais luttant vainement contre les moulins à vent du Conseil général et de la mairie de Rodez. Alors, qu’est-ce qui peut bien expliquer sa franche victoire en 2008 ? Sa liste est plurielle : elle accueille, outre les militants politiques des partis la soutenant, quelques figures locales pas spécialement marquées. Le plus étonnant est que cette liste « de gauche » est assez peu ciblée « fonction publique ». En outre, je pense que le gros travail de terrain (du porte-à-porte notamment) a porté ses fruits. Teyssèdre a pu voguer sur la déception vis-à-vis de la droite, à la fois nationale et locale, et du désir de changement des électeurs. Le dépliant-programme est assez bien foutu, même si on peut sincèrement douter de la réalisation de ce catalogue de bonnes intentions. D’ailleurs, l'ambiguïté est entretenue sur la construction du musée Soulages « Nous organiserons une promotion active de nos musées présents et à venir »… On comprend pourquoi Marc Censi, une fois les résultats proclamés, ne s'est pas montré attristé de voir ses adversaires de toujours prendre le contrôle du piton ruthénois. Dire qu’il faut se taper soit les snobs de droite soit ceux de gauche…

 

vendredi, 07 mars 2008

La Ronde de nuit

   Peter Greenaway s'est consacré au peintre Rembrandt, à sa vie et à l'histoire de la création du tableau éponyme (ça veut dire que le tableau a donné son nom au film).

cinéma

   Le style oscille entre le biographique (avec la touche Greenaway, très près du corps, un peu glauque, mais talentueuse) et le conceptuel. La résurrection du petit monde grand-bourgeois des Provinces Unies du XVIIe siècle est réussie, dans un cadre plutôt minimaliste : certaines scènes sont du bon théâtre filmé. Les acteurs font croire à leur personnage. On a un aperçu du travail du peintre et on apprécie de voir cette toile sur un écran géant.

   Le problème est que Greenaway n'a pas su choisir entre le polar d'époque et la biographie intellectuello-sensible. Du coup, cela manque d'unité, c'est souvent lourd, de surcroît long (plus de 2 heures... c'est à la mode). J'espérais que l'auteur du Baby of Mâcon avait mieux travaillé ce film et qu'il avait retrouvé un peu de la légèreté et de la verve qui ont fait le succès de Meurtre dans un jardin anglais, de ZOO, de Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant notamment. J'ai été déçu.

   Ceux qui s'intéressent à l'artiste peuvent se tourner vers un autre film, Rembrandt, de Charles Matton, sorti il y a quelques années.

   Ceux que les liens entre peinture et cinéma émoustillent aimeront Ce que mes yeux ont vu, un bon petit polar, dont j'ai récemment causé.

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 22 février 2008

Triangle

   Trois est évidemment le chiffre clé de ce film. Il a été réalisé par trois potes. Trois hommes très différents sont les personnages principaux. Trois mondes vont se rencontrer : police, mafia, antiquaires... Il faut donc être très attentif au début, qui met le système en place. Cela tombe bien, c'est la meilleure partie du film, mise en scène par Tsui Hark. On retrouve l'atmosphère inquiétante et mystérieuse des bons polars hongkongais.

   Les trois auteurs auraient dû davantage se concerter au moment du montage, histoire que tout soit bien raccord. Quelques hiatus dans l'intrigue nuisent à la fluidité du film. (Purée, c'est qu'elle est chiadée, cette phrase !) L'ensemble reste très plaisant, avec de l'humour : certaines situations sont tellement "hénaurmes" que c'en est comique. J'ai toutefois trouvé le principal personnage féminin moyennement réussi. Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'on sent la ravissante petite amie (un peu aquetriss à la base, quand même) à qui on donne un coup de pouce cinématographique. La question est : avec lequel a-t-elle couché ?

   La dernière partie est celle de Johnny To. Cela peut donc être aussi bien virtuose que conceptuel-chiant (voir son Election 1, dont j'ai causé dans un billet du 15 février 2007). Heureusement, il devait être en de bonnes dispositions quand il a tourné cela. On a donc droit à un peu de baston, à un usage (relativement modéré) des flingues... et à une belle partie de cache-cache ! Le film se termine sur une superbe séquence nocturne.

17:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 18 février 2008

John Rambo

   C'est qu'il a encore le regard qui tue, le Johnny ! Il a aussi la musculature et les réflexes de tueur. Au moins, de ce point de vue-là, on ne risque pas d'être déçu. Les dialogues n'ont pas pour objectif de faire émerger une nouvelle théorie heuristique... et c'est tant mieux ! Et j'adore toujours autant la voix de celui qui double Stallone dans la VF !

   Cette fois-ci, notre retraité est dérangé par un groupe d'humanitaires évangéliques, évidemment déconnectés de la réalité. Il entre aussi en contact avec une bande de mercenaires, qui comprend des gentils et des moins gentils. En face, les militaires birmans sont très très très méchants. Les images se chargent de nous le rappeler au cas où l'on ne comprendrait pas bien. Ce sont les infos du début, puis la séquence de l'enlèvement des humanitaires (avec massacre des villageois à la clé) et enfin la dernière demi-heure, où là on s'aperçoit que nos barbaqueurs civilisés peuvent occire avec beaucoup d'efficacité !

   C'est vraiment drôle au second degré, parce que, y compris au niveau de la défense de la minorité (les Karens, victimes de la violence du régime birman), le film suit les mêmes règles que les précédents. La réalisation fonctionne sur le contraste entre les paysages, forcément magnifiques, apaisants, et la violence qu'ils dissimulent et qui surgit au détour d'un méandre ou d'une colline. La musique souligne ce qu'il faut souligner, sans subtilité. La nouveauté tient dans le grand réalisme des scènes de violence : on voit bien les corps se démembrer, les têtes éclater, les membres voler aux quatre coins du plateau. C'est le pied !!!

20:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema

samedi, 16 février 2008

Lust, caution

   Ang Lee a dû visionner un paquet de films français et ricains des années 1940-1960. Il en restitue ici l'ambiance, adaptée aux moeurs chinoises. C'est une sorte de calque des films consacrés à la Résistance française ou à l'espionnage durant la "guerre froide". Ici, il est question de la résistance chinoise (non communiste) à l'envahisseur japonais et à ses collabos.

   On a soigné l'emballage : l'image est léchée. C'est très chic, trop parfois. On n'a pas résisté à la tentation du glamour.

   L'interprétation est excellente, ce qui fait qu'on y croit, qu'on se laisse porter par cette intrigue, pas si longue que cela finalement. Les scènes qui ont tant choqué les pudibonds chinois ne cassent pas trois pattes à un unijambiste... encore que... il faudra attendre la sortie du dévédé et pratiquer quelques arrêts sur image pour bien vérifier si, entre deux scènes "classiques", qui montrent deux corps nus collés l'un à l'autre (parfois dans des positions acrobatiques... tout cela est d'un fatigant !), ne se serait pas glissée une brève image un peu plus osée...

   Ceci dit, au-delà de la provocation facile, ces scènes se justifient parfaitement. Elles sont là pour faire toucher du doigt (ne me demandez pas lequel) le trouble qui gagne l'héroïne qui, découvrant le plaisir physique, sent tressaillir la flamme de la mission qui l'habite. De la même manière, le très maîtrisé M. Yee (Tony Leung excellent), toujours dominateur, perd toutefois un peu le contrôle de la situation. De ce point de vue, la représentation du sexe reste à la limite du misogyne. Cela semble d'ailleurs avoir déplu à deux spectatrices (des étudiantes sans doute, une exception dans le public clairsemé essentiellement constitué de personnes âgées) de la salle où je me trouvais : elles ont quitté les lieux après la première scène de nu (la plus "dure").

   Sur le fond, Le film est un peu nauséabond. Si'il est fait clairement allusion à la domination japonaise, rien n'est montré de son inhumanité, ni de celle des collaborateurs. Les tortures pratiquées sur les résistants sont mentionnés mais, comme nous sommes au cinéma, c'est de qui passe à l'écran qui compte. Or ces collaborateurs sont à peine égratignés, en particulier M. Yee. Ce sont plutôt les résistants "tchang kai-shekistes" qui sont dépeints comme des imbéciles, des lâches voire des salauds. Est-ce pour complaire à la censure chinoise qu'Ang Lee les a chargés ? Cela expliquerait l'absence totale d'allusion à l'autre résistance anti-japonaise, celle des communistes de Mao. Cela évite bien des questionnements, en particulier celui-ci : la poursuite de la guerre civile chinoise pendant la première partie de l'invasion japonaise. Le film procède à trop de simplifications, sauf au niveau du mah-jong (illustré par une savoureuse brochette d'actrices), qu'un pauvre Occidental comme moi doit s'efforcer de comprendre sans y être vraiment aidé par la mise en scène.

22:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

dimanche, 10 février 2008

Litvinenko

   Sous-titré : "empoisonnement d'un ex-agent du KGB", ce film d'Andreï Nekrassov vise plus large. Il s'agit de montrer comment les service secrets noyautent le pouvoir (au profit d'un clan). C'est aussi une charge contre Vladimir Poutine. Le documentaire revient sur plusieurs événements de l'histoire russe récente, en particulier les fameux attentats de Moscou, attribués bien vite aux idépendantistes tchétchènes (ce qui a servi de prétexte au redéclenchement de la guerre, qui a assis le pouvoir de Poutine), sans doute organisés par des agents du FSB (l'ex-KGB).

   Une fois ceci dit, que reste-t-il ? Ben un film un peu long (j'ai piqué du nez plus d'une fois), composé en grande partie d'images d'archives et où le réalisateur a fortement tendance à se mettre en valeur : c'est une sorte de BHL russe... Les séquences avec Alexandre Litvinenko (rencontré par l'auteur alors qu'il était en parfaite santé) sont intéressantes sur le fond, mais très plates sur la forme. On a aussi le plaisir de croiser Anna Politkovskaïa (qui alliait l'intelligence et la ténacité à un charme certain).

   Le problème est que Nekrassov n'est pas à la hauteur des personnes auxquelles il rend hommage. Il est plus dans la dénonciation que dans la démonstration, alors que ces combattants de la démocratie étaient bien plus rigoureux dans leur démarche. C'est un peu dommage.

16:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, russie

samedi, 09 février 2008

Useless

   C'est un documentaire chinois, consacré à différents aspects du secteur textile. Le réalisateur est Jia Zhang-Ke, l'auteur de Still life, une fiction qui a pour cadre la région du barrage des Trois-Gorges. Cela m'a l'air d'avoir été filmé en vidéo numérique... mais haut de gamme : ce n'est pas dégueu à regarder. L'effet de réalisme est grand.

   On commence dans le Sud, à Canton plus précisément. On est cueilli par une brochette de travellings (que le réalisateur semble vraiment affectionner... trop parfois) dans une usine textile. Il n'y a pas de commentaire. Evidemment, il s'agit d'une production à bon marché destinée en partie à l'exportation. Les gestes sont précis, rapides. Le travail n'est pas bâclé pour autant. On sent la volonté de montrer les maillons d'une chaîne. La vie des ces ouvriers n'est pas délirante, mais ils ont du travail.

   On fait un grand saut, direction Paris et ses défilés de "haute" couture. Il est question d'une styliste chinoise, qui travaille d'une manière totalement différente. On perçoit chez le réalisateur un peu de fierté à retourner l'image traditionnelle accolée à son pays : cette styliste privilégie le travail manuel (même si des machines sont utilisées dans une partie du processus) et sa dernière collection est constituée de vêtements qui ont été enfouis sous terre... On a droit aux préparatifs du "happening" (plus qu'un défilé : les modèles vont être statiques), côté créatrice, côté techniciens, côté mannequins.

   On retourne en Chine, cette fois-ci dans le Nord, dans une région située au sud-ouest de Pékin. C'est le travail des repriseurs et autres couturiers à domicile qui est mis en valeur. Le cinéaste est entré dans l'intimité de certains couples. Les querelles familiales s'entremêlent à l'évolution économique : un tailleur a préféré devenir mineur avant d'être ruiné par la concurrence industrielle. On termine donc par une très jolie séquence dans la mine de charbon, avec décrassage (méticuleux) des mineurs à la clé.

17:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 08 février 2008

Le roi et le bouffon

   C'est un film coréen, une sorte de fresque à tonalité sentimentale. L'action se déroule au XVIème siècle. Ce roi aurait existé. La première partie du film est consacrée à ce que nous appellerions aujourd'hui les "arts de rue", aux activités liées au cirque (la partie acrobatique). C'est vivant, bien joué, parfois drôle, toujours coloré.

   A partir du moment où la troupe (le duo de héros en particulier) se retrouve à la Cour du roi, j'aime moins. L'intrigue amoureuse prend le dessus et c'est plus ennuyeux, sauf quand les rivalités politiques entrent en jeu.

15:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 07 février 2008

Les Faussaires

   Dans une guerre, tous les coups sont permis pour faire chuter l'ennemi... y compris la fabrication de fausse monnaie. Je connaissais les manœuvres des nazis entre 1940 et 1945, mais j'ignorais qu'ils avaient utilisé des déportés juifs dans cette "entreprise".

   Le film, construit à partir d'une histoire vraie, tourne autour d'un faux-monnayeur juif (brillamment interprété par Karl Markovics), qui nous est d'abord présenté dans son contexte berlinois de 1936. La séquence du bar est très enlevée... et riche de sens : elle offre une vision contrastée de la société allemande en général et des juifs en particulier. Il finit par être arrêté. Déporté à Mauthausen, il est recruté par un officier SS qui n'est autre que le policier qui l'a naguère interpellé.

   La déportation est montrée à travers le regard de ces relatifs privilégiés : imprimeurs, photograveurs, graphistes... par la bande, on est donc informé de ce qui se passe dehors... y compris dans la partie du camp où sont détenus les autres, qui ne bénéficient pas d'un lit douillet. L'une des forces du film est de nous faire percevoir les contrastes dans la situation des déportés ainsi que leurs divergences d'opinion : faut-il saboter ou pas ? jusqu'où s'abaisser pour survivre ?

   L'image joue elle aussi sur les contrastes, avec des scènes situées à Monaco (ach, on aime pien fotre pognon, t'où qu'il fienne !), à Berlin et dans le camp de Sachsenhausen (à l'intérieur de l'imprimerie ou à l'extérieur). Les auteurs semblent avoir été particulièrement sensibles aux salles de bains et cabinets de toilettes (et il y a une scène de douche...). On a aussi travaillé le son, lorsque le héros est concerné : sa perception des choses est transmise au spectateur. Tour à tour, les scènes peuvent donc être joyeuses, angoissantes, troubles. Pas mal du tout.

   A noter que ce Salomon Sorowitsch n'était pas que faussaire : doué pour le dessin, féru d'innovation picturale, il aurait pu mener une carrière artistique.

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mercredi, 06 février 2008

It's a free world

   Un monde libre... en l'occurence celui de la libre entreprise, avec d'un côté d'anciens salariés qui peuvent devenir patrons et de l'autre des salariés (en particulier des immigrants) qui ne peuvent le devenir et qui sont donc dépendants d'eux. Le vice du système est que l'ancien salarié mal traité devenu patron (patronne dans le cas qui intéresse Ken Loach) finit par se comporter un peu comme son ancien employeur. En France, on connaît cela à travers le cas d'artisans, anciens employés qui ont monté leur boîte, qui en ont bavé jadis et qui reproduisent le même schéma avec leurs salariés (en particulier les apprentis).
   Ceci dit, le film n'est pas un brûlot altermondialiste. Il est nuancé, notamment parce qu'il s'attache à la vie quotidienne de cette mère célibataire, superbe blonde soit dit en passant (avec peut-être une petite retouche opérée à la lèvre supérieure).Je me dis qu'à travers elle, Ken Loach a voulu mettre en scène la séduction exercée par la libre entreprise : elle présente bien, fait preuve de dynamisme, de franchise... mais elle est surtout âpre au gain, assez égoïste au fond, et sa vie privée est plutôt ravagée.
    Côté réalisation, il ne faut pas s'attendre à des miracles : c'est du Ken Loach, efficace sans fioritures. Le gros du travail a porté sur l'écriture du scénario et des dialogues, fort réussis. Les interprètes sont très bons, qu'ils soient britanniques (avec de jolis accents populaires, en particulier celui de l'héroïne) ou Polonais et Ukrainiens.

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mardi, 05 février 2008

Smiley face

   Vous voulez savoir quel point commun il peut y avoir entre un space cake, un dealer rasta émule de Ronald Reagan, un fan de Star wars, le Manifeste du Parti communiste et une fête foraine ? Alors, courez voir ce film !
   Blague à part, c'est débile, au fond. Mais j'ai souvent ri. C'est un peu l'équivalent des films pour ados, mais avec une jeune femme pour héroïne (à la place du blaireau de service). Celle-ci est incarnée avec fougue par Anna Faris, une habituée de ce type de production.
   Le principe est le suivant : la donzelle, déjà bien entamée, se tape des gâteaux au haschisch (alors qu'elle n'aurait pas dû, la vilaine). La suite est sa journée très particulière... 
   Elle essaie de faire la cuisine tout en téléphonant, puis de conduire une voiture, pour se rendre à un casting dont le déroulement est assez déroutant. J'oubliais : elle accompagne un type amoureux d'elle chez le dentiste (elle en veut à sa thune en fait) et se retrouve dans la maison de son ancien prof de fac... Péripéties garanties !

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lundi, 04 février 2008

Cortex

   Le nouveau film de Nicolas Boukhrief fonctionne selon des principes proches du précédent, l'excellent Le Convoyeur : l'action se déroule dans un milieu très spécifique (ici une clinique pour personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, là une entreprise de transport de fonds), un acteur connu incarne un héros à faille (ici André Dussolier, ancien flic qui perd la mémoire, là Albert Dupontel, ex cadre sup qui a tout perdu), enfin les seconds rôles sont tenus par des pointures (ici Marthe Keller, Claire Nebout, Pascal Elbé, Aurore Clément... là Jean Dujardin, François Berléand). Claude Perron et Julien Boisselier font le lien entre les deux films au niveau de la distribution.

   C'est un polar très bien ficelé. Il est d'abord réussi au niveau de l'intrigue : un mystère s'installe autour de ces décès subits, mystère auquel plusieurs possibilités d'éclaircissement sont proposées au fil du déroulement du film (j'ai même cru à un moment qu'on s'orientait vers Soleil vert !). C'est aussi une description fidèle de la petite vie d'une unité médicale, avec ses dévouements, ses trahisons, ses jalousies. C'est surtout une plongée parfois humoristique, jamais dégradante, dans la vie de ces personnes de plus en plus nombreuses à "perdre la tête", l'âge venant.

   Le cinéaste semble avoir, comme à son habitude, travaillé l'ambiance sonore (et il a inclus une scène "festive" d'entreprise, comme dans Le convoyeur) et les tons de l'image : il se passe toujours quelque chose quand cela devient bleuté...

   Le paradoxe est que, même si des morts surviennent, il n'y a aucune scène de violence physique (sauf, à la rigueur, à la fin). C'est donc un polar d'un style radicalement différent de celui des frères Coen, par exemple, mais tout aussi plaisant.

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