dimanche, 07 mars 2010
Un nouvel hebdomadaire aveyronnais
Bien que relativement peu peuplé (avec un peu plus de 274 000 habitants en 2007 selon l' I.N.S.E.E. ) - surtout au regard de son étendue (supérieure à 8 700 km²), l'Aveyron est un département où la presse est encore assez diversifiée. Certes, depuis quelques années, cette diversité va en s'amenuisant. Le quotidien local, Centre Presse, est passé dans le giron de Midi Libre et plusieurs périodiques ont disparu des kiosques : le trimestriel Aveyron Magazine (dont, à mon avis, une partie de l'intérêt qu'il pouvait susciter a disparu avec le développement de blogs "pittoresques" tenus par des Aveyronnais) ainsi que les hebdomadaires Le Rouergat (qui a souffert de la forte diminution du lectorat catholique militant) et L'Aveyronnais (une compilation de Centre Presse, autrefois courue dans les communautés exilées, à Paris ou ailleurs, mais qui n'avait plus lieu d'être à une époque ou, d'un clic, il est possible, même à l'autre bout du monde, d'accéder aux articles de la rubrique aveyronnaise ou ruthénoise des quotidiens régionaux, La Dépêche du Midi et Midi Libre).
Vendredi 5 mars est donc paru le premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local (il n'est pas disponible dans tout l'Aveyron), Le Ruthénois, dont voici la "une" :
Il est un peu à l'image de ce qui existe dans d'autres villes du département, avec Le Journal de Millau (qui fait partie du groupe des Journaux du Midi), Le Villefranchois (qui lui dépend du groupe La Dépêche), Le Bulletin d'Espalion et surtout Le Progrès Saint-Affricain, qui a soutenu le projet. Je tire une partie de ces informations du bon article (situé aux pages 22 et 24) signé Jean-Michel Cosson, un ancien prof (dans un bahut privé), historien local... et conseiller municipal de Rodez, élu sur la liste de Christian Teyssèdre (où il figurait en quinzième place).
Est-ce à dire que le nouvel organe de presse penche à gauche ? Je n'en sais trop rien. Il est vrai que, sur le piton, c'est Centre Presse qui tient la corde... et, comme son lectorat non ruthénois est en grande partie composé de ruraux (plutôt âgés) du Nord Aveyron, les mauvaises langues disent qu'il est très proche de la majorité départementale, avec à sa tête Jean-Claude Luche, membre de l'UMP. Et puis, il y a ce magazine gratuit, A l'oeil, qui, fait étrange, a commencé à paraître juste après la défaite de la droite aux municipales de 2008. Sous une apparence de neutralité (des personnalités diverses sont interrogées), on peut distinguer une évidente sympathie pour l'opposition à l'actuel maire de Rodez, notamment pour Frédéric Soulié, qui fait l'objet d'un nouvel entretien dans le numéro paru fin février.
En tout cas, page 4, le rédacteur en chef du Ruthénois, Hugues Robert (qui, jadis, fonda Aveyron Magazine... et fut candidat du Modem aux législatives de 2007... où il termina troisième, avec un peu plus de 6 % des suffrages exprimés), n'hésite pas à s'en prendre au directeur de cabinet du président du Conseil général, à propos du label "fabriqué en Aveyron", plus particulièrement de son logo. L'hebdomadaire relève une curieuse "coïncidence" : le vainqueur de l'appel d'offre lancé par le Conseil général est une entreprise basée dans le Val-d'Oise, dont le représentant connaît très bien le directeur de cabinet puisqu'il a déjà passé ses vacances avec lui et que son entreprise a eu pour client la municipalité où travaillait auparavant le directeur de cabinet (Saint-Gratien... dans le Val-d'Oise !). Dans l'histoire, ce sont les concurrents aveyronnais qui repartent la queue basse. Mais la suite de l'article est tout aussi intéressante. Je vous laisse le soin de la découvrir dans Le Ruthénois.
Toujours dans ce numéro 1, deux élues locales sont interrogées, façon questionnaire de Proust. Ah ben tiens, je vais vous donner mes réponses :
Titanic ou Star Wars ? Star Wars (en vo sous-titrée)
Roquefort ou Laguiole ? Roquefort (bio)
Christian Teyssèdre ou Jean-Claude Luche ? Je me garderai bien de juger de leur bilan alors qu'ils n'exercent de vraies responsabilités que depuis peu de temps (Luche est un peu à Puech ce que Larcher est à Poncelet au Sénat. Attendons pour voir.)
Beatles ou Mozart ? Dur, dur. Les deux, mon général !
Semaine de 4 jours ou de cinq jours ? De cinq jours, bien sûr ! La semaine de quatre jours est une aberration destinée à contenter les parents qui partent en week-end et les enseignants feignants.
Tour de France ou coupe du monde de foot ? Ni l'un ni l'autre.
Vacances sport ou détente ? Détente.
Réforme de la carte judiciaire ou réforme des collectivités locales ? Réforme des collectivités locales, dont on a dit injustement beaucoup de mal, alors que les conséquences de la première sont uniquement négatives.
Musée Soulages ou Fenaille ? Fenaille sans hésiter (Moi qui n'aime pas les musées, en plus.) Halte au gouffre à pognon que va être Soulages, le Cap Découverte du Grand Rodez !
L'amour est dans le pré ou La ferme célébrités en Afrique ? Ni l'un ni l'autre, dans les deux cas, c'est de la merde !
Atlantique ou Méditerranée ? Montagne (moyenne).
Les Parapluies de Cherbourg ou Le Gendarme de Saint-Tropez ? Le Gendarme de Saint-Tropez.
Internet ou médiathèque ? Internet (mais la médiathèque de Rodez est très bien).
Vache Aubrac ou brebis Lacaune ? Vache Aubrac.
Les bonnes choses de la vie sont illégales, immorales ou font grossir ? Elles font plutôt grossir, hélas !
Ensuite, nous avons droit au dessin de la semaine. Le premier est très politique, placé, à mon avis, sous le patronage d'Honoré Daumier. Il s'agit de caricature politique, avec deux anciens souverains (Napoléon III plus réussi que Louis-Philippe) placés au-dessus des "grosses têtes" ruthénoises :
On peut donc reconnaître le président du Conseil général, Jean-Claude Luche, celui de la communauté d'agglomération du Grand Rodez Ludovic Mouly, le maire d'Onet-le-Château Fabrice Geniez et celui de Rodez Christian Teyssèdre. Le piton étant passé à gauche, on voit donc que les cibles sont plutôt P.S., ce qui a peut-être pour objectif d'équilibrer l'article situé page suivante : l'hebdomadaire ne va pas "rouler" pour un camp plus que pour l'autre. Le chien est peut-être une allusion à une formule malheureuse (et injuste) de François Mitterrand après la mort de Pierre Bérégovoy. En tout cas, la dessinatrice, Stéphanie Gras, a du talent !
On passe ensuite à quelques considérations sur les élections régionales, parmi lesquelles je note la complexité du mode de scrutin, pas fait pour rapprocher l'électeur lambda de la politique. Bien vu.
Le Ruthénois semble aussi orienter l'organisation de certaines rubriques vers une version participative, faisant de certains lecteurs des rédacteurs. Pour quoi pas ? Mais on semble avoir trouvé bien vite cette "Lou", en cinquième au collège Fabre... la fille de l'un des collaborateurs du journal peut-être ?
Suivent des articles qui sont dans la lignée de ce qui se fait dans le reste de la presse locale. J'aurais aimé que celui consacré à l'aide à l'apprentissage du français soit davantage développé. C'est l'un des fondements de l'intégration des étrangers et il a été négligé par tous les gouvernements. Dernier élément : un supplément télévisuel est fourni avec le journal. Un bilan globalement positif, donc, pour ce premier numéro, avec un bémol : les coquilles. Je me suis amusé à en relever quelques-unes :
- page 2 : la première fois que la fréquence de Radio Temps est notée, elle est fausse : "105 FM". Elle est juste dans la suite de l'article : "107 FM".
- page 4, dans l'article expliquant le fonctionnement des élections régionales, à la fin du groupe de paragraphes intitulé "Une nouvelle donne avec la réforme des collectivités", il y a une erreur de date : "l'inverse sera possible en 2004"... en 2014 en fait.
- page 7 : il aurait fallu écrire "tous les Ruthénois".
- page 8 : dans l'encadré "Paroles d'expert", l'adjectif "aveyronnais" est écrit à plusieurs reprises avec une majuscule. Voyons ! Le patriotisme local (ou du moins son affirmation quelque peu exacerbée) ne doit pas conduire à mépriser les règles d'orthographe.
- page 10 : dans l'article consacré à Severine (sans accent ?) Peyssi, on trouve "le conseil de quartier du Nord s'est autosaisit".
- page 10 : juste à côté, l'article sur les "teyssèdrettes" (je ne mettrais pas de majuscule, perso), évoquant la chapelle Paraire, dit qu'elle est "immaculée de déjections de la gent canine". Voilà une drôle de conception !
Je ne vais pas toutes les relever, mais sachez qu'on en trouve une en moyenne par grand article : j'en ai vu deux page 11, une page 12 (une coquille dans l'article annonçant une animation culinaire citoyenne au lycée La Roque), une page 13 (dans la blague sur Jeanne d'Arc). Cela se calme dans les pages suivantes... ouf !
J'ai décidé d'acheter le numéro 2.
16:48 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, presse, actualités
vendredi, 05 mars 2010
Invictus
J'ai mis du temps à voir ce film, parce que je redoutais qu'il ne soit un peu trop "politiquement correct". Mais, la personnalité du réalisateur, la distribution et le sujet m'ont finalement traîné dans une salle.
C'est incontestablement un film "eastwoodien" : il est question d'hommes qui se dépassent (ou tentent de le faire) et de barrières qui tombent. C'est en général plutôt bien fichu : les scènes intimistes sont réussies, les séquences "rugbystiques" aussi (elles sont assez spectaculaires), mais les spécialistes de ce sport en sortiront déçus : le jeu au pied, pourtant fondamental, est quasiment absent. On ne voit que des drops et des pénalités, celles-ci toujours très bien placées par rapport aux poteaux. De plus, les sons ont été "grossis" pour accroître l'impression qui résulte des chocs des corps, lors des mêlées et des placages. Il est possible que, dans sa manière de filmer le rugby à XV, le bon vieux Clint ait été influencé par le football américain.
Il faut aussi relever une séquence ratée : celle qui voit Freeman-Mandela (excellent) danser et fleureter avec une femme pulpeuse. La direction d'acteurs a péché (Eastwood a-t-il voulu la jouer "cool" avec son pote Morgan, qui est l'âme de ce film ?). De plus, on voit très bien que l'orchestre ne joue pas ! Clint ne nous avait pas habitués à laisser passer ce genre d'erreur.
Le Français que je suis se doit de râler aussi sur le fond. Le scénario masque certains éléments très importants de la coupe du monde. Ainsi, si, à partir de la victoire inaugurale contre l'Australie, on nous présente le parcours intégral de l'équipe sud-africaine, la demi-finale contre la France est réduite aux pluies diluviennes et à des Français boueux et très déçus. Or, il ne fait aucun mystère que la victoire 19 à 15 de l'équipe locale est entachée d'irrégularités. On peut s'amuser à revisionner la toute fin du match, qui voit l'équipe de France marquer un essai que l'arbitre refuse très rapidement de valider, sans chercher à savoir vraiment si Abdelatif Benazzi avait franchi la ligne.
Le film ne présente pas non plus la finale contre la Nouvelle-Zélande de manière objective : si le duel fut très physique, très "rugueux", les Néo-Zélandais étaient affaiblis par une intoxication alimentaire.
Reste l'épopée antiraciste, bien rendue, d'abord grâce à la qualité de l'interprétation : on ne peut pas disjoindre la performance de Morgan Freeman de celle de Matt Damon... et n'oublions pas la foultitude de seconds rôles. Ainsi, le fond raciste de nombreux Blancs sud-africains (des Afrikaners) n'est pas caché, même si le film pêche par excès d'optimisme (à l'inverse de Disgrace) en les montrant presque tous "convertis" à la fin. La même démarche est à l’œuvre quand on veut nous faire croire que le rugby, jadis honni par les Noirs (qui lui préfèrent le football), va devenir un sport métissé, à l'image de la "nation arc-en-ciel" (quand on analyse la composition de l'équipe qui a remporté la coupe en 2007, on s'aperçoit que, si elle est un peu moins blanche qu'en 1995, avec 5 joueurs "de couleur", trois sont des remplaçants).
C'est aussi une comédie, que l'on peut prendre le temps de savourer, vu que l'on connaît déjà la fin de l'histoire. Certains des moments les plus cocasses sont ceux qui voient les deux équipes de gardes du corps du nouveau président se côtoyer.
Enfin, c'est un peu un film d'histoire (meilleur que Goodbye Bafana). Il fait revivre le contexte de l'époque, tout tournant autour de Mandela : ses gardes du corps sont persuadés qu'un Blanc fanatique va tenter de l'assassiner et lui se donne pour mission de réconcilier les communautés (dont la présentation est hyper simplifiée dans le film). On perçoit bien son intelligence politique, qui le pousse parfois à s'opposer aux personnes de son propre camp.
Nelson Mandela a donc inspiré pas mal de monde... même très loin de son pays. Ainsi, si l'on cherche un président qui a porté le maillot national à l'occasion d'une coupe du monde, événement censé symboliser l'union des habitants d'un pays, quelle que soit leur origine... on tombe sur un certain Jacques Chirac ! La différence est que, si Mandela a d'abord pensé à son pays, l'ancien maire de Paris visait sa réélection. Le point commun est que, dans les deux cas, l'image d'unité ne fut qu'un écran de fumée... ou, si l'on est plus naïf, un fugace état de grâce. L'Afrique du Sud d'aujourd'hui n'est pas encore vraiment devenue une vraie "nation arc-en-ciel" et la France "black-blanc-beur" est la même que celle qui a porté Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002 et la même que celle dont les banlieues sont enflammées par la violence, les inégalités et le désespoir.
17:05 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Sport | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, film
jeudi, 25 février 2010
Retour sur une campagne antitabac
Rappelons d'abord que c'est l'association Droit des Non-Fumeurs qui est à l'origine de cette campagne. Les trois affiches semblent construites de manière identique :
A chaque fois, c'est un-e adolescent-e qui est la cible, puisque c'est la seule personne dont on distingue le visage. Dans les trois cas, c'est une personne blanche (en conformité avec la majorité de la population française métropolitaine) qui est la victime... mais aussi l'agresseur (regardez les mains). Les pubards ont sans doute voulu faire simple et limiter le risque de polémique ethnique : il n'était donc pas question de présenter une personne "de couleur" dans le rôle de l'agresseur. Mais on aurait pu diversifier davantage au niveau des victimes. (On a peut-être craint un téléscopage avec des réflexions sur les "banlieues".)
Il est aussi intéressant de noter le sous-entendu : cette scène fait allusion à la pédophilie et à la prostitution. Les agresseurs (ou clients) sont des hommes mûrs (l'un d'entre eux avec du bide), appartenant sans doute à la classe moyenne.
Toutefois, une nuance apparaît sur les affiches individuelles :
14:28 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, france, santé
mercredi, 24 février 2010
Toujours un oeil sur les "Guignols de l'info"
A plusieurs reprises déjà, j'ai pointé quelques insuffisances dans le maniement des marionnettes de la célèbre émission satirique, sans que toutefois cela nuise réellement à sa qualité : les auteurs sont toujours aussi inspirés.
D'un point de vue technique, par rapport au mois dernier, cela s'est amélioré, me semble-t-il. Je n'ai plus remarqué les petites imperfections et, même dans l'encadré noir, où apparaissent d'autres personnages, censés dialoguer à distance avec le présentateur, les manipulateurs habillés de sombre sont redevenus quasiment invisibles.
Mais, ce soir, un petit détail a attiré mon attention :
Regardez bien derrière la marionnette de Patrick Sébastien. On voit que sa veste est découpée au niveau du milieu du dos, puisque des pans se soulèvent et on peut entrapercevoir un chtit morceau du manipulateur. (La scène est au demeurant très réussie, tant sur le plan comique que sur le fond : la convivialité "à l'ancienne" opposée à la technophilie béate.)
22:18 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, humour, actualités
dimanche, 21 février 2010
Les vrais terroristes de Tarnac
Ils ne sont pas cachés dans une ferme de la commune du nord de la Corrèze ! (Au passage, signalons que le village risque de perdre sa classe unique, menacée de fermeture.) Plus les journalistes ont accès aux documents de l'enquête en cours, plus ils en viennent à douter de la version officielle.
Non, je veux parler d'un autre "Tarnac", qui s'écrit différemment, mais dont j'ai reconnu la prononciation dans un documentaire (diffusé sur M6) visible sur Dailymotion : La Face cachée de ben Laden. (Vous pourrez aussi vous amuser à lire les commentaires des internautes anonymes, certains particulièrement délirants... mais il faut faire avec : la Toile permet à tous les paranoïaques de matérialiser leurs fantasmes.) Allez directement à la trente-neuvième minute. Vous entendrez que, dans la deuxième moitié des années 1990, en Afghanistan, les talibans ont mis à la disposition de ben Laden et de ses amis une ancienne coopérative agricole de l'époque soviétique : la ferme de Tarnah, située près de Kandahar.
Il y a à boire et à manger dans cette enquête supposée approfondie. Je lui reproche principalement de ne prendre aucun recul vis-à-vis des propos tenus par les personnes interrogées, que ce soient des Saoudiens ou d'anciens hauts responsables ou espions états-uniens. Malgré cela, le film n'est pas sans qualités. L'allusion à la fameuse ferme est confirmée par un livre :
On peut en trouver le chapitre 20, Quand la C.I.A. "ratait" Ben laden, sur internet. La ferme est mentionnée page 338. L'édition originale datant de 2007 (2009 pour le poche), le documentaire de M6 de 2004, je trouve qu'avec le recul, l'anecdote ne manque pas de saveur...
20:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualités, france
jeudi, 18 février 2010
A serious man
Je ne sais pas d'où vient cette manie de garder désormais presque systématiquement le titre anglais des films, même lorsqu'une traduction française semble évidente. Ici, plutôt que d'un "homme sérieux", il vaudrait mieux parler d'un "type bien". (C'est d'ailleurs le titre d'un film français, sorti en 1990.)
Cela commence par un conte juif, en noir et blanc, en yiddish (je ne sais pas si cette partie a été doublée dans la version française, puisque j'ai vu le film en version originale sous-titrée), censé se dérouler en Europe de l'Est. C'est très "stylé", avec une épouse juive très volontaire... et une drôle de morale à la fin.
Le "vrai" film commence ensuite, au coeur de l'Amérique des années 1960, dans une ville universitaire où se côtoient (à défaut de s'apprécier) juifs et protestants. Le héros est un "type bien", c'est-à-dire un homme honnête, travailleur, fidèle, respectueux, à l'écoute des autres, pacifique... bref, une victime toute désignée. Il se fait rouler dans la farine par son frère, qui squatte impunément chez lui, son épouse, qui le trompe, l'amant de celle-ci, qui essaie de placer la faute sur lui, ses enfants, qui le prennent pour un larbin et lui piquent du pognon, son voisin, qui empiète sans vergogne sur sa propriété, un de ses étudiants, qui veut tricher (soutenu par son père, d'ailleurs... scène absolument géniale qui voit les deux hommes tenter de dialoguer...)
C'est donc à la fois une chronique de la soumission ordinaire et aussi la description d'un début d'émancipation. Le héros se fait conseiller successivement par trois rabbins... vraiment très originaux ! Dans le même temps, son fils se drogue, essaie d'échapper aux coups d'un copain de classe à qui il doit de la thune, jure comme un charretier avec ses potes dans le bus, a sans doute usurpé l'identité de son père pour obtenir un abonnement musical et cache à sa famille qu'il a été puni à l'école... Il lui faut absolument récupérer son poste FM ! Je vous laisse découvrir dans quelles circonstances cela survient...
Le papa lui tente de réapprendre à vivre vraiment, à ne plus se laisser marcher sur les pieds. Pas facile... mais les circonstances sont parfois favorables.
Le film est donc une jolie collection de saynètes, servies par d'excellents acteurs. Cependant, il se termine de manière abrupte. C'est dommage.
16:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 17 février 2010
Disgrace
J'ai gardé l'orthographe du titre anglais (sans l'accent circonflexe donc), puisque, traduit en français, cela donnerait plutôt "honte" ou "déshonneur". Autant le dire tout de suite, ce film australo-sud-africain est dur, très dur même parfois, alors que pratiquement aucune violence physique n'est montrée à l'écran. Les moments de tension alternent avec des scènes apaisées, en pleine brousse africaine ou en ville. C'est très bien joué, superbement filmé.
Il est question de l'Afrique du Sud actuelle, loin des clichés (et loin de l'optimisme béat d'Invictus), à travers l'histoire d'un prof de fac libidineux, de sa fille perturbée et des "relations interraciales" dans une métropole moderne (Le Cap) et un village perdu au fin fond de la brousse.
C'est l'excellent John Malkovich qui incarne l'universitaire. Valmont a décidément bien vieilli. Dans la première partie du film, tout est fait pour nous rendre odieux ce libertin phallocrate. Les temps ont changé, et un grand bourgeois blanc aussi cultivé soit-il ne peut plus considérer les étudiantes comme son gibier pénien.
Se greffent là-dessus les relations entre Blancs et Noirs (ou métis). La deuxième partie du film est à la fois une sorte de "punition" et une rédemption du héros. Eh oui, le fond chrétien est très présent, mais subrepticement. Le problème est que, dans tous les cas, ce sont les femmes qui dégustent : l'épouse trompée du "héros", l'étudiante violée, la fille qui accepte tout... Il n'y a guère que la vétérinaire, qui a renoncé à beaucoup de choses, qui s'en sorte. C'est d'ailleurs une marque de fabrique du film. Un petit côté protestant peut-être.
Mais on pourrait aussi analyser le film comme étant une image en miroir de l'histoire de l'Afrique du Sud. Ce qui se passe dans la brousse n'est que la réponse du berger à la bergère : les rôles sont inversés, parce que ce sont les Noirs qui ont désormais le pouvoir. Cela peut paraître simpliste mais, si l'on met les Bancs à la place des Noirs et inversement, on peut recréer le contexte de l'implantation coloniale des Européens au XIXe siècle notamment.
A la fin, le réalisateur semble avoir voulu laisser planer une certaine incertitude. En y réfléchissant bien, on se rend compte qu'en fait le personnage interprété par John Malkovich a pris une décision irrévocable...
15:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mardi, 16 février 2010
Sumo
Et voilà encore un film israélien ! Son titre anglais est A Matter of size. Cela dit presque tout. Bon, les mecs, vous en avez un peu marre que votre copine vous fasse remarquer que sur votre (ancien) corps magnifique soient apparues de fort disgracieuses poignées d'amour ? Alors, emmenez-la voir ce film !
C'est l'histoire d'une bande de potes (4 hommes et une femme) israéliens, gras du bide de chez gras du bide, qui tentent désespérément de perdre du poids. L'un d'entre eux, Herzl, qui vit encore chez sa mère, finit par trouver un boulot dans un restaurant japonais... car il y a une communauté japonaise en Israël ! Les liens entre le Japon et la culture juive sont d'ailleurs plus anciens qu'il n'y paraît. Le patron du restaurant se dit sioniste et membre d'un groupe particulier, les Makuyas.
C'est une comédie de moeurs, qui oscille entre le rire franc et un ton plus grave. Y est à l'oeuvre principalement un comique de situations : celles décrivant la vie quotidienne (pas facile) des héros (dont on rit de bon coeur... je sais, c'est pas gentil... mais c'est dans le film !) et celles dans lesquelles ils se retrouvent fourrés à partir du moment où ils décident de renoncer au régime pour devenir de vrais sumos. L'une des scènes les plus hilarantes voit les apprentis devoir quitter leur lieu d'entraînement (d'où leur guide japonais, furieux, est parti en emportant leurs affaires), en tenue (vous savez, les énormes strings noués à la taille...) pour rejoindre la ville...
La gravité est présente dans la vie intime. Herzl et sa mère entretiennent des relations difficiles, sur lesquelles pèse la mort du père. Le jeune homme a de surcroît la fâcheuse tendance à mentir à sa copine obèse qui, elle, n'a pas renoncé au régime (c'est tout de même une jolie grosse). Le pote plombier finit par découvrir que sa petite amie le trompe, alors que l'un des membres du groupe va faire son coming out. (Excellent moment qui voit l'un des hétéros lui jeter un truc dans le genre : "Estime-toi heureux qu'on t'ait laissé en vie !")
Derrière tout cela, il y a la recherche de la dignité, dans la vie intime comme dans la vie publique. Ces hommes vont tenter de réaliser quelque chose d'extraordinaire et de le médiatiser, un peu comme le strip-tease des ouvriers de The Full Monty.
P.S.
Le film a peut-être été inspiré par la venue d'un groupe de sumos en Israël, à Césarée, en 2006.
17:32 Publié dans Cinéma, Japon, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 15 février 2010
Lebanon
C'est le premier film du réalisateur israélien Samuel Maoz. Ah oui, j'oubliais : le titre veut dire "Liban". Il est donc question de l'invasion de ce pays par l'armée israélienne en 1982, une opération nommée "Paix en Galilée". (C'est un sujet qui interpelle visiblement les cinéastes israéliens : le magnifique Valse avec Bachir se situait déjà dans le même contexte, même s'il traite d'un aspect différent de ce conflit.) Le film donne la vision des soldats qui se trouvent dans un (vieux) char... qui sont tous des appelés du contingent ! On peut d'ailleurs légitimement penser que le réalisateur a mis un peu de lui dans au moins trois des personnages (le conducteur arabophone, le chef et le contestataire).
On a plutôt affaire à des pieds-nickelés qu'à des héros nationaux : le chef n'arrive pas à se faire obéir et il ne sait pas faire face à l'imprévu, le tireur pisse dans son froc, le conducteur ne pense qu'à sa mère et le chargeur attend avec une impatience évidente la fin de son service. Face à eux, si de temps à autre on voit un Palestinien, un Syrien ou un Libanais, la plupart du temps, c'est au militaire de carrière (israélien), gradé, très carré, que nos héros se trouvent confrontés.
Une partie du film est en caméra subjective : la vision des spectateurs est celle des tankistes. La lunette d'observation n'est pas très perfectionnée... et le bruit qu'elle fait en pivotant (ou lors du changement de focale) devient vite un rituel. Les scènes d'intérieur sont vraiment bien maîtrisées. J'ai l'impression que l'auteur a été très influencé par les films américains sur la guerre du Vietnam, à la fois sur le fond (peut-on être un bon soldat sans devenir un salaud ?) et sur la forme (avec ces gros plans superbes des trognes crasseuses des tankistes).
Les acteurs sont très bons, réussissant même à faire évoluer l'impression qu'on a de leur personnage. Plusieurs d'entre eux étaient à l'affiche de Beaufort, sorti en 2008. On notera aussi, dans un rôle secondaire, la qualité de l'interprétation d'Ashraf Barhom, (vu récemment dans Agora), en phalangiste (libanais). (L'une des seules femmes visibles dans ce film, une mère de famille libanaise, est incarnée par Reymonde Ansellem, qui tenait le premier rôle dans 7 minutes au paradis.) L'un des moments les plus réussis est sans conteste ce bref épisode de repos, durant lequel le tireur relate le décès d'un membre de sa famille, moment dont il a surtout retenu son érection, provoquée par la sensation de la poitrine de la prof qui l'a serré contre lui !!
Pour bien comprendre le sens de la première image, il faut attendre la toute fin du film. Le réalisateur a résisté à la tentation de faire un drame absolu. On oscille entre les moments de tension extrême (qui montrent la mort de civils libanais ou de soldats israéliens) et les scènes intimistes, parfois scabreuses (on ne nous cache pas grand chose de la vie quotidienne dans un char). C'est vraiment un Lion d'or 2009 mérité.
14:58 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
dimanche, 14 février 2010
La Princesse et la grenouille
C'est le retour du conte de fées, version contemporaine, par Disney, sous la férule d'un producteur exécutif particulier, John Lasseter (qui, avant de fonder Pixar et de créer Toy Story ou Cars, avait réalisé Rox et Rouky). Cette fois-ci, la Cendrillon est pauvre et noire (cliché ?) et sa rivale (blanche et gosse de riche) est plus gentille que dans les contes de fées : dès le début on comprend que c'est une horrible pétasse, mais les scénaristes lui ont ajouté un grand coeur, ce qui contribue à redorer son blason plus loin dans le film.
C'est donc très "politiquement correct" : cette histoire qui se déroule dans une Louisiane sans doute ségrégationniste ne montre pas une seule scène de racisme ! Même si un certain retournement est opéré au niveau de l'héroïne, celle-ci n'est nullement l'instrument d'une quelconque transformation sociale (le seul "révolutionnaire" est le serviteur gros et moche, comme par hasard ; il transgresse l'ordre établi et en est bien puni) : elle a deux boulots, travaille plus pour gagner plus... bref elle est à fond dans le système. Si vous ajoutez à cela l'imprégnation religieuse, très grande dans la dernière demi-heure (avec une fin grand-guignolesque pour une luciole), vous pouvez conclure que, sous une apparence de modernité, ce film est éminemment conservateur.
Il n'en est pas moins bourré de qualités. Si l'histoire peine un peu à démarrer, les séquences s'enchaînent ensuite avec brio, à commencer par celle qui voit l'apparition du méchant (le magicien vaudou), d'une grande qualité visuelle (elle regorge d'inventivité, tant au niveau des ombres que de l'animation des cartes). J'ai aussi beaucoup aimé la première scène de grenouilles, puis la rencontre avec l'alligator jazzman, qui précède de peu le combat mené contre les braconniers, l'un des sommets du film. C'est drôle, bien dessiné, avec une musique entraînante. Les héros, parfois fadasses (comme ce prince beau gosse suffisant et plaintif, que je ne vois guère changer dans le film... à part l'amour particulier qu'il commence à nourrir pour l'héroïne), sont complétés par des personnages hauts en couleur, comme l'alligator, la vieille luciole mâle (Anthony Kavanagh impeccable) et Mama Odie (excellente Liane Foly dans la version française).
C'est donc un bon divertissement, fondé toutefois sur des schémas mentaux auxquels on n'est pas obligé d'adhérer.
P.S.
Pour les curieux : soyez très attentifs au moment où (vers la fin) l'une des grenouilles se fait embrasser par une personne portant un rouge à lèvres très visible... Il y a une grosse erreur dans les dessins.
23:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
vendredi, 12 février 2010
Océans
C'est donc le nouveau documentaire signé Jacques Perrin, dont j'avais apprécié Microcosmos (il en était producteur) et Le Peuple migrateur (qu'il a produit et réalisé). Depuis une douzaine d'années, le documentaire "nature" effectue un retour remarqué dans les salles obscures. Celui-ci s'inscrit dans la lignée de La Planète bleue (où Perrin fait office de narrateur dans la version française) et La Planète blanche. Plus récemment, on a pu apprécier Les Ailes pourpres.
Comme tout cela coûte hyper cher, il a bien fallu recourir à des mécènes... dont les noms figurent en tête de film. Cela m'a fait tout drôle de voir Total, Le Crédit Agricole, E.D.F. et Veolia sponsoriser un documentaire qui dénonce la pollution des océans.
Pendant les trois-quarts du film, on a un peu l'impression de se retrouver dans un bel aquarium. Les eaux sont propres, souvent lumineuses, on n'y trouve aucun déchet et les animaux n'y croisent que leurs proies ou leurs prédateurs naturels. A l'écran, c'est magnifique. (J'aime tout particulièrement voir évoluer les otaries, les lions de mer et les phoques, qui me font un peu penser à des chats.) La musique accompagne sans être trop envahissante. Le commentaire ne sert par contre à rien, puisqu'il n'a aucun contenu scientifique. Du coup, le non-spécialiste en est réduit à des conjectures sur l'identité de telle ou telle bestiole. Visiblement, on part du principe que les spectateurs se sont renseignés avant, ou qu'ils vont se précipiter après sur l'excellent site internet (Je recommande tout particulièrement le dossier scientifique et le trombinoscope des espèces.)... voire qu'il vont casser leur tirelire pour se procurer les ouvrages liés au film.
C'est dans la dernière demi-heure que sont évoquées la pollution et la pêche sauvage, incontrôlée. Certaines scènes sont choquantes, à tel point que, même si, dans le générique de fin, il est précisé qu'aucun animal n'a été maltraité pour le tournage, je suis allé vérifier, notamment pour le cas du requin dont les ailerons sont tranchés (moment qui contraste fortement avec une autre scène, paisible, qui montre un plongeur accompagner un grand requin blanc). Dans un entretien, Jacques Perrin précise que même les thons massacrés ne sont pas de vrais animaux.
Un fort bel ouvrage donc, peut-être un peu trop "grand public".
17:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 06 février 2010
Food inc.
C'est un documentaire états-unien, qui se situe dans la lignée des européens We feed the world et Notre pain quotidien (deux grandes réussites), dont il s'est un peu inspiré, m'a-t-il semblé.
Cela dure un peu plus d'1h30, mais cela passe bien, même si j'ai ressenti quelques longueurs au bout de 50 minutes. Je continue à penser, qu'au-delà de l'intérêt d'un sujet et du talent d'un réalisateur, très rares sont les documentaires qui méritent de passer l'heure de durée. Ici, le découpage en petites séquences a visiblement été pensé pour une exploitation cinématographique... et pédagogique. (Pas besoin d'être prof pour apprécier le dossier mis en ligne sur le site zéro de conduite.)
Le principal intérêt du film est la description détaillée de l'agro-industrie, qui lamine les paysans et impose sa loi aux consommateurs d'outre-Atlantique. On a donc droit à des considérations économiques (sur l'endettement, les prix artificiellement bas, en particulier pour le maïs, qui semble être au coeur du système) et sociales (sur la vie des agriculteurs, le plus intéressant du lot étant celui qui réussit encore à faire son boulot un peu "à l'ancienne"). Si vous demandez à un éleveur américain pourquoi il doit se méfier de Tyson, il ne vous parlera pas d'un boxeur, mais des avocats d'un grand groupe agroalimentaire.
Les passages les plus émouvants sont ceux qui mettent en scène cette mère de famille de sensibilité républicaine, qu'on sent très conservatrice sur les moeurs et la sécurité, mais qui s'est sentie trahie par le monde politique des années 1990-2000. Et là j'ai appris quelque chose que j'ignorais, à propos de la bactérie Escherichia Coli (qu'on nous a tous fait étudier dans un cours de sciences à un moment ou un autre de notre scolarité), dont le caractère létal a été accentué par l'élevage intensif. (Les fameux "poulets au chlore" sont les produits de cette industrie qui, au lieu d'agir en amont, a choisi de limiter les coûts et d'éviter toute remise en question.) Cette maman ordinaire, révoltée par la mort de son fils, provoquée par l'ingestion d'un simple hamburger, est très touchante. Je suis plus partagé sur le cas de la famille qui se goinfre de cochonneries pas chères. Les parents disent qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter de bons aliments, mais ils ont voiture récente, téléphone portable et sans doute maison. Faut savoir ce que l'on veut dans la vie. Mais bon, cela pose tout de même la question de la malbouffe, dans les pays développés : la nourriture saine y est en général plus coûteuse (pour le consommateur, mais pour le contribuable c'est plutôt l'inverse) que la mauvaise (même si celle-ci est composée de davantage d'aliments et adjuvants). Le film nous offre en sus une analyse historico-économique pertinente du lien entre l'industrialisation de l'agriculture et l'émergence des chaînes de restauration rapide.
D'autres passages sont plus attendus, comme celui qui dénonce les conditions de travail des employés des abattoirs et des usines. J'ai aussi toujours autant de mal à supporter la mise à l'écran de la souffrance animale. A ce sujet, l'un des intervenants (un des auteurs de Fast food, fast nation), fait le lien entre les mauvais traitements infligés aux animaux et le statut des travailleurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire, le manque de respect des consommateurs, situés en bout de chaîne, en étant une conséquence logique.
On appréciera aussi que l'action néfaste du groupe Monsanto soit décrite par un Américain, avec des cas concrets, en particulier celui de ce bonhomme qui "nettoie" les semences transgéniques de ses copains agriculteurs pour qu'ils les ressèment. (J'aurais bien aimé en savoir plus à ce sujet.) Au-delà du débat sur les O.G.M., il y a des pratiques condamnables, comme le fait d'employer des détectives privés et d'appeler à la délation contre ceux qui ne respectent pas les règles que tente d'imposer la multinationale. Si vous ajoutez à cela les poursuites judiciaires, très coûteuses, vous aurez une idée de la capacité de nuisance de ce groupe.
Ne croyez pas cependant que le film soit excessivement pessimiste. Toutes les scènes filmées chez cet agriculteur franc-tireur (Joe Salatin, stetson vissé sur la tête) sont revigorantes, tant son bon sens emporte l'adhésion. Le film fait aussi l'apologie de l'organic, c'est-à-dire du bio, avec des points de vue variés, entre les purs et durs et les tenants de l'adaptation au système : même Wal Mart s'y met !
14:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
jeudi, 04 février 2010
Rions un peu avec Oussama ben Laden
2016. Aux Etats-Unis, Barack Obama semble achever son second mandat. En France... ben je vous laisse le soin de découvrir qui préside. Au Pakistan, l'armée américaine met enfin la main sur un célèbre barbu grisonnant (euh, non, pas le Père Noël). Emmené en Irak (tiens, les Américains y sont encore ?!), soumis à un interrogatoire, Oussama ben Laden va raconter sa vie. Ses "confessions", subjectives, alternent avec les moments "objectifs", qui permettent aux auteurs (le journaliste Mohamed Sifaoui et le dessinateur Philippe Bercovici) de brosser le tableau d'une époque.
Car il s'agit d'une bande dessinée, assez bonne ma foi :
L'histoire alterne entre l'époque de la vie de ben Laden qui est racontée et le présent de la narration (en 2016). Cela se veut à la fois un ouvrage historique (auquel il a été reproché une série d'approximations) et une oeuvre satirique, dont les Occidentaux comme les intégristes ne sortent pas grandis.
L'humour fait souvent mouche, mais le récit est parfois simpliste (peut-être pour toucher le grand public). On voit à peu près où les auteurs veulent en venir : dénoncer la bêtise et le fanatisme, quelles que soient les formes qu'ils prennent. Ce n'est finalement pas si mal vu.
En complément, j'ai récemment découvert en intégralité le reportage réalisé par les frères Jules et Gédéon Naudet. Ils suivaient la vie d'une unité de pompiers new-yorkais depuis plusieurs mois déjà (en s'attachant tout particulièrement aux premiers pas du nouveau membre) lorsqu'ils se sont retrouvés en plein coeur de l'événement :
Le DVD du film 11/09 contient, en bonus, de longs entretiens réalisés avec les figures marquantes de la caserne (fait extraordinaire : alors que nombre de leurs collègues sont morts dans les tours, tous ceux de cette équipe sont revenus vivants).
Pour l'anecdote, c'est par accident que l'un des deux frères (Jules) a filmé, au cours d'une intervention à propos d'une fuite de gaz, le premier avion au moment où il a percuté la tour Nord :
17:04 Publié dans Histoire, Livre, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, histoire, islam, humour
mercredi, 27 janvier 2010
Toujours attentif aux "Guignols de l'info"
Les auteurs restent en grande forme, comme en témoigne l'émission de ce mardi 26 janvier. Les voix sont elles aussi toujours très réussies. C'est au niveau de la manipulation des marionnettes que je continue à repérer, de temps à autre, quelques imperfections.
Il y a celles qui sont inévitables : il est impossible de rendre totalement invisibles les accessoiristes, mêmes vêtus de noir. Mais aujourd'hui, le choix d'accompagner le personnage de Tim Burton (le vrai allant bientôt présider le jury du festival de Cannes) d'émanations de fumée a rendu les manipulateurs encore plus visibles :
Je pense toutefois que leur travail doit être encore plus difficile que celui de leurs collègues placés sous le bureau. Ceux-ci me semblent un peu plus coutumiers des maladresses. Exceptionnellement aujourd'hui, c'est le personnage de PPD qui en a souffert :
A deux reprises, ce qui ressemble au sommet d'une casquette est apparu à l'écran (très discrètement cette fois-ci... mais ma capture d'écran ne coïncide pas avec le moment où c'est le plus visible). Voici la deuxième occurrence, qui suit de peu la première :
00:00 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, humour
mercredi, 20 janvier 2010
La Promo - Sciences Po 86
Je viens de lire le livre écrit par Ariane Chemin (et publié en 2004), alors journaliste au Monde (elle a depuis rejoint Le Nouvel Observateur). A sa sortie, je n'avais pas été intéressé. Je m'étais dit : voilà encore un bouquin vite écrit, mal ficelé, qui joue sur la "pipolisation" de la vie politique. Et puis, franchement, je ne suis pas fasciné par les coteries.
C'est tout récemment que j'ai été titillé, quand je me suis un peu intéressé à Anne Roumanoff (dont il est très peu question dans le livre d'ailleurs). Je me suis donc procuré l'ouvrage, que j'ai avalé en deux heures.
Il contient de nombreuses anecdotes et, s'il ne révèle pas de secret, sa lecture n'est pas inutile au citoyen de base. Parce que je pense (mais ça depuis des années) que trop de choses échappent à l'électeur(trice) moyen(ne), choses dont les journalistes (qui sont issus des mêmes milieux que les politiques, voire ont fréquenté les mêmes écoles... ne parlons pas des coucheries) sont au courant. Il est toujours bon de savoir, par exemple, que Jean-François Copé et Arnaud Montebourg ont côtoyé des gens comme David Pujadas (plutôt réputé à l'époque pour ses compétences en économie apparemment), Isabelle Giordano (une dilettante de gauche dont on sent que l'auteure n'est pas une amie intime), Bruno Patino (directeur de France Culture, ancien président du Monde Interactif S.A.).
Parmi les anecdotes, j'ai retenu la passion éprouvée par Alexandre Jardin pour la Politique, avec un grand p, la timidité de Claude Chirac (dégoûtée par l'informatique), le parcours étonnant d'un condisciple disparu, qui a dû croiser Oussama ben Laden en Afghanistan dans les années 1980. Je n'ai pas été étonné de retrouver Frédéric Beigbéder en gosse de riche talentueux et bringueur, Jean-François Copé en obsédé de la politique, carriériste et bûcheur, ou encore le prof Jean-Pierre Raffarin (que des types dans son genre puissent enseigner à Sciences Po en dit long sur ce qu'est devenue la politique...), spécialiste de "communication politique", un peu feignasse sur les bords... mais présenté avec empathie, m'a-t-il semblé.
Au-delà de la liste des célébrités, le livre évoque rapidement la masse de ceux qui sont inconnus du grand public, mais qui occupent des postes à responsabilité(s).
L'écriture se veut neutre... c'est-à-dire facile et lire et pas agressive. Il ne faut pas attendre de ce livre une enquête fouillée, mais juste un coup de projecteur pas déplaisant.
19:12 Publié dans Livre, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france
dimanche, 17 janvier 2010
Agora
C'est donc le dernier film d'Alejandro Amenabar, un talentueux Espagnol dont on a déjà pu apprécier Tesis, Ouvre les yeux et Les Autres. Il a coécrit un scénario dans lequel se mêlent la fresque historique (sur un christianisme de plus en plus puissant), une histoire d'amour contrarié et la recherche scientifique (rendue avec beaucoup de pédagogie, je trouve).
Mais c'est d'abord une histoire de femme. Au singulier, puisque, si on laisse de côté l'héroïne, les autres ne sont que des figures effacées, à l'image de la place qui leur est dévolue dans la société de l'époque, celle de l'Egypte romaine de la fin du IVe siècle. (Mais le film a été tourné à Malte, comme Gladiator et Troie.) Je dois avouer que je ne connaissais pas cette Hypatie, flamboyante intellectuelle et femme libre. Rachel Weisz (oscarisable, même si le film ne rencontre pas son public) incarne à la perfection cette icône féminine de l'indépendance et la libre-pensée.
Le film se veut d'abord une démonstration, celle de l'intolérance de ce jeune christianisme qui, persécuté puis toléré, est sur le point de devenir la religion officielle de l'empire... et même d'enfiler à son tour les habits du persécuteur. L'acteur qui joue l'évêque Cyrille est à cet égard excellent, tout comme celui qui interprète Ammonius, son exécuteur des basses oeuvres (remarquable Ashraf Bahrom, déjà vu dans La Fiancée syrienne, Paradise now et Le Royaume). Les autres nous permettent aussi de comprendre la force de cette communauté, de ses convictions, face à la haute société polythéiste, pétrie de pensée grecque et jugée décadente.
Paradoxalement, pour un film grand public, l'aspect sentimental passe plutôt au second plan. Il est très présent dans la première partie du film, mais ne revient réellement au premier plan qu'à la toute fin, dans des circonstances que je me garderai bien de révéler. (Sachez seulement que les auteurs du film, sur ce point précis comme sur quelques autres, n'ont pas fidèlement suivi l'Histoire.)
Si les débats et l'enseignement philosophiques tels qu'ils sont mis en scène ne m'ont pas paru passionnants (peut-être aussi parce que le doublage n'est pas toujours très réussi), par contre, la recherche astronomique est abordée de manière originale (j'ai beaucoup aimé les maquettes du système solaire et l'usage qui est fait d'un carré de sable). Je ne suis pas du tout spécialiste de la question... et j'ai tout compris !
Amenabar a aussi tenu à nous montrer qu'il savait tenir une caméra. C'est parfois un peu agaçant, quand il multiplie les vues du dessus, pas toujours justifiées. C'est beaucoup plus convaincant quand il traite des mouvements de foule, ou quand il aborde certaines péripéties, comme les deux traquenards qui opposent chrétiens et juifs. (Par contre, j'ai été un peu déçu par le saccage et l'incendie de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie.)
Derrière la fiction se cache un propos politique. Au-delà de la peinture de l'intégrisme chrétien des débuts, il y a la dénonciation de l'instrumentalisation du religieux à des fins politiques et le rejet de toutes les formes de fanatisme, notamment celles qui s'en prennent à la liberté de pensée et à l'indépendance des femmes. Comment ne pas voir dans cette milice obscurantiste et misogyne vêtue de noir un pendant des actuels fondamentalistes musulmans ? Au-delà des empires, des républiques, des époques et des religions, la connerie humaine prend souvent des formes identiques...
16:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, histoire
vendredi, 15 janvier 2010
Un coup de mou aux "Guignols de l'info" ?
Rassurez-vous, il ne s'agit pas du contenu de l'émission, toujours aussi roboratif. Le problème est la forme. J'y ai déjà fait allusion il y a quelques jours. Oh, je ne suis pas en quête de perfection. Le téléspectateur attentif que je suis a depuis longtemps appris à repérer les mouvements d'ombres dans la fenêtre où paraissent les interlocuteurs distants du présentateur P.P.D.
C'est au niveau de la manipulation de la marionnette de l'invité-plateau que des maladresses sont apparues. Ainsi, ce vendredi 15 janvier, on pouvait distinguer le haut de la tête de l'un des manipulateurs du Nikos Aliagas de latex :
Vous me direz : faut vraiment bien regarder (et cliquer sur l'image pour la voir en totalité). Après tout, on peut très bien confondre la touffe de cheveux qui dépasse avec le rebord de la table. Certes, mais cela s'est agravé :
Si vous êtes attentifs, vous noterez qu'à la touffe de cheveux sommitale s'est ajouté un morceau de l'avant bras, qui s'enfonce dans la marionnette. Mais le pire est à venir :
Là, on voit tout ! C'est précisément cette bourde qui m'a incité à revisionner la séquence et permis de remarquer la série de maladresses.
21:21 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, humour, actualité
dimanche, 10 janvier 2010
Zeu riteurne auphe zeu neige (à Rodez)
Cela devient presque un rituel : depuis quelques années, la neige fait son grand retour l'hiver, que ce soit fin décembre, courant janvier ou début février. C'est en 2006 que les chutes ont été les plus impressionnantes. En 2007, nous n'avons eu droit qu'à un bref épisode. Ce fut un peu plus fourni en décembre 2008, même si cela a fondu très vite.
Hier samedi, je me suis donc offert une petite balade sous la fine neige tombante. Je suis passé par mon sentier de promenade préféré, situé en contrebas de Rodez, à proximité de l'usine Bosch :
Quant à l'usine elle-même, située dans mon dos sur cette photographie, on pouvait en avoir une vue en montant sur la route de Sainte-Radegonde :
Je me suis ensuite lancé sur le sentier enneigé, le long de l'Aveyron :
Les eaux de la rivière étaient parcourues par des groupes de canards, en quête de nourriture :
Régulièrement, des promeneurs nourrissent les animaux. On voit notamment des parents (ou des grands-parents) venir avec leurs enfants (ou petits-enfants). Ce jour-là, le coin était presque vide en plein après-midi. Je n'ai croisé que quatre personnes en trois quarts d'heure : un type qui faisait des photos (copieur !), deux jeunes avec un chien sans muselière (ni laisse) et un gars entre deux âges qui avait pris des morceaux de pain rassis avec lui et les jetait dans la rivière.
Une fois mon petit tour terminé, je suis remonté vers le centre-ville, d'où on a une jolie vue de ce coin, nommé "Layoule" :
J'ai donc gagné le coeur de la ville, dont les rues, très calmes pour un samedi après-midi, avaient été abondamment salées et bien dégagées :
Si vous regardez attentivement le côté droit de la photographie (au besoin en cliquant dessus pour l'agrandir), vous noterez la présence d'une dépanneuse, venue prendre en charge un véhicule (une Audi m'a-t-il semblé) qui avait dû percuter le trottoir (ou une autre voiture ?). Rien de grave en apparence, mais, sous la neige, cette rue Saint-Cyrice est une descente piégeuse.
On termine par une vue de la cathédrale (toujours un peu en travaux), alors que la nuit tombe :
Si l'encombrement semble avoir gêné l'activité de nombre de commerces (dès le vendredi soir, où j'ai pu constater combien il était facile de faire ses courses à 18h à l'hyper Leclerc de Sébazac, dont le parking était étonnamment peu occupé), certains, au centre-ville, se sont réjouis que le climat restreigne les déplacements automobiles : beaucoup de Ruthénois ont préféré se déplacer à pieds et effectuer leurs achats sur place.
14:07 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 2010, neige, hiver, météo
jeudi, 07 janvier 2010
Une petite erreur de manip' aux Guignols
Cela a peut-être échappé à nombre de téléspectateurs, mais, lors de l'émission de mercredi 6 janvier 2010, vers la fin, une maladresse inhabituelle est intervenue dans la prestation des marionnettistes des Guignols de l'info de Canal +.
Je ne me suis pas rendu compte immédiatement de ce que je venais de voir. J'avais juste été frappé par un mouvement étrange. Cela s'est passé pendant que PPD discutait avec Michel Denisot du texto envoyé, pendant le direct du Grand Journal, par François Fillon à Jean-Michel Apathie. Sur le côté de l'écran, on pouvait voir ceci (il faut cliquer sur l'image pour la voir en entier) :
Il s'agissait de la marionnette d'Eric Cantona, que l'on avait vue lors de la séquence précédente (très réussie, soit dit en passant), et que des manipulateurs peu inspirés ont fait ressurgir (très brièvement) dans le champ des caméras.
23:18 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, humour
Les Chats persans
Attention : ce film n'est pas un documentaire sur nos adorables compagnons poilus, moustachus et griffus, mais une "fiction réelle", tournée dans des conditions semi-clandestines, en Iran. Le réalisateur, Bahman Ghobadi, s'est fait remarquer naguère par le superbe Half Moon, pourtant tourné dans un style très différent.
Les héros sont de jeunes musicos rebelles (mais pas trop), qui veulent s'éclater sans que les barbus ne viennent leur briser les gonades. L'histoire oscille donc entre cet appétit de vivre et la menace qui plane, jamais très voyante (puisqu'on fait tout pour l'éviter), mais toujours redoutée.
Concernant la musique, j'étais mitigé au début face à ce pop-rock "indy". Cela m'a semblé s'arranger à partir de la moitié du film, grosso modo. Cela devient même très entraînant.
La comparaison a été souvent faite, mais je la reprends puisqu'elle m'apparaît justifiée : on sent l'influence de l'ambiance du Persepolis de Marjane Satrapi dans ce film... peut-être plus de la bande dessinée que de son adaptation cinématographique d'ailleurs. Les héros sont des rejetons de la classe moyenne, un peu "bobos" sur les bords. Leur prudence contraste avec l'esprit d'initiative de Hamad, un trafiquant en tout genre, capable aussi bien d'emberlificoter un juge (magnifique scène que celle qui nous permet d'observer, par l'entremise d'une porte entrouverte, la petite comédie dont ce bonimenteur gratifie le magistrat conservateur) que d'organiser un concert clandestin !
La chute surprend malgré tout... et renvoie elle aussi à l'oeuvre de M. Satrapi.
21:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 06 janvier 2010
Une campagne de la LICRA un peu "limite"
Je fais allusion à une campagne de "communication" dont les citadins ont pu voir les résultats sur les panneaux publicitaires qui défigurent nos centres-villes. Alors qu'elle semble avoir été lancée fin novembre 2009, je n'en ai eu un aperçu qu'au tout début de janvier 2010, un soir, en me baladant dans les rues désertes de Rodez.
Je suis tombé sur cette affiche-là :
Je vois bien quel est le message véhiculé, mais, franchement, j'ai ressenti un petit pincement au coeur... peut-être parce que ma mère, quand elle a eu fini sa scolarité obligatoire (je vous parle d'un temps, que les moins de soixante ans, ne peuveuuux pas connaîîtreuux), a "fait la bonniche" pour des bourgeois du coin, comme elle s'est plu jadis à le conter à ses enfants.
Quand on doit gagner sa vie, il n'y a pas de sot métier... même si certains sont plus épanouissants que d'autres. Je me demande tout de même ce que pense la femme de ménage d'ascendance africaine qui passe devant ce genre d'affiche. Est-elle satisfaite de voir sa condition et le déterminisme social qui pèse sur sa progéniture dénoncés ? Se sent-elle rabaissée par le sous-entendu, à savoir que gagner sa vie en nettoyant les cochonneries des autres est une vibrante manifestation d'échec ?
Ce soir, je suis repassé devant le panneau ruthénois en question (il est situé tout en haut de la rue Saint-Cyrice et jouxte un petit parking). A deux jours d'intervalle, l'affiche avait changé. Le contrat était-il arrivé à terme ou bien a-t-on retiré une publicité politique jugée douteuse ?
21:27 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, france, société
mercredi, 30 décembre 2009
Les films que j'ai le plus kiffés en 2009
Voilà donc venu le moment de livrer le palmarès qui déchire sa race... le mien ! Comme je suis assez grand public, j'ai aimé beaucoup de films cette année, pour des raisons différentes. Mais, laissons là les présentations et passons à l'essentiel.
- Meilleur film optimiste : Slumdog millionaire
- Meilleur film dépressif : Mary et Max
- Meilleur film religieux : Soeur Sourire
- Meilleur film anticlérical : Religolo
- Meilleur film anticapitaliste : Louise Michel
- Meilleur film grolandais : Toto qui vécut deux fois
- Meilleur usage de la crasse à des fins politiques : Hunger
- Meilleur toilettage cinématographique : Departures
- Meilleure animation barge : Des Idiots et des anges
- Meilleure chronique douce-amère : Le Sens de la vie pour 9,99 $
- Meilleur film de djeunses : Lascars
- Meilleur film de vieux cons : Là-haut
- Meilleur film de vieux : L'Etrange Histoire de Benjamin Button
- Meilleur film de pique-assiette : J'irai dormir à Hollywood
- Meilleur film hollywoodien sur la Seconde guerre mondiale : Les Insurgés
- Meilleur film de guerre : Démineurs
- Meilleur film antisoviétique : Katyn
- Meilleur film roumain : Au diable Staline, vive les mariés !
- Meilleure analyse de la naissance du totalitarisme : La Vague
- Meilleur film aquatique : Welcome
- Meilleur film raciste : Gran Torino
- Meilleur film antiraciste : Amerrika
- Meilleur film de Tarlouze : Brüno
- Meilleur film de pétasse : The September issue
- Meilleur film de gonzesse : Tulpan
- Meilleure comédie de mœurs : Romaine par moins 30
- Meilleur film de jouisseur : Hôtel Woodstock
- Meilleur film musical : Good Morning England
- Meilleur documentaire ruraliste : Dernière saison - Combalimon
- Meilleur film climatique : Frozen River
- Meilleur polar : Dans la brume électrique
- Meilleur Western : The Proposition
- Meilleure satire politique : In The Loop
- Meilleur film d'anticipation : District 9
- Meilleur film de divertissement : Avatar
Et voilà ! Les curieux pourront consulter mes florilèges 2006, 2007 et 2008.
20:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 28 décembre 2009
Good morning England !
J'ai mis du temps à voir ce film, en version originale sous-titrée, bien sûr. (Il faudra que les directeurs de cinéma finissent par comprendre que, dans certains cas, il est inutile de programmer certains films dits "art et essai" en version française : le public ne vient pas les voir.)
Evidemment, la zique est bonne, plus variée que ce à quoi je m'attendais... et telle qu'on ne peut désormais l'entendre régulièrement que sur Nostalgie, RFM ou RTL 2, le soir, chez Francis Zégut.
C'est drôle, parfois même hilarant. Le film joue d'abord sur le comique de situation. Il y a un évident contraste entre le puritanisme ambiant (avec un excellent Kenneth Brannagh en ministre hyper coincé), au Royaume-Uni, dans les années 1960, et l'appétit de jouissance d'une jeunesse (mais aussi des plus âgés) qui cherche à tout pris à se démarquer de ses aînés.
A ce sujet, on peut saluer la relative subtilité du scénario, qui souligne bien la diversité des aspirations des personnages. Beaucoup de ces jeunes hommes recherchent avant tout un amour viable, les autres se contentant de tirer leur coup. De graves questions se posent concernant la fidélité... et le comportement des parents, le summum étant atteint quand le petit dernier découvre que sa mère est une folle du cul, qui n'hésite pas à se taper des jeunots de l'âge de son fils !
C'est aussi très réussi visuellement. Le bateau-radio forme une sorte de cocon de plaisir, coupé du monde des adultes à la fois symboliquement et matériellement (puisqu'il est ancré très au large des côtes britanniques). L'un des personnages (brillamment interprété par Philip Seymour Hoffman), le seul Américain de cette bande de mecs (à laquelle s'ajoute une homosexuelle... tout cela frise la phallocratie), semble être le porte-parole du réalisateur : il pense qu'il vit là une sorte d'âge d'or (de la radio, de la musique... et peut-être du sexe) et que bientôt tout cela va être formaté. Même s'il y a un fond de vérité (il suffit de regarder ce que sont devenues les radios musicales aujourd'hui), je n'ai pas pu m'empêcher de penser que c'était là limite un point de vue de "vieux con".
A propos du fonctionnement de la radio, supposée "libre" (du pouvoir politique certes, mais pas du reste), il manque la description de la place de la publicité. Celle-ci ne joue qu'un rôle secondaire, alors qu'elle est aujourd'hui déterminante dans le fonctionnement de la bande FM en particulier. C'est la limite du film, qui se veut à la fois témoignage et divertissement, mais pas analyse critique.
12:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 26 décembre 2009
Samson et Delilah
C'est incontestablement l'un des films les plus originaux du moment. L'action se déroule en Australie. Les personnages principaux sont de jeunes Aborigènes, qui vivent plutôt dans la dèche. En gros, les mecs passent leur temps à jouer ou écouter de la musique, quand ils ne se shootent pas aux vapeurs de peinture ou d'essence. Les femmes sont plus actives, tentent de s'en sortir, mais sont des proies encore plus fragiles.
L'intrigue s'articule autour de quatre "lieux" principaux : un village d'Aborigènes délabré, l'espace situé sous une autoroute, une grande ville blanche et une cabane en plein désert. Le réalisateur réussit à dire beaucoup de choses alors que le film est assez économe en dialogues. Les Aborigènes parlent entre eux, dans leur langue, mais, quand ils croisent des Blancs (un commerçant malhonnête, un clochard fraternel, un galeriste snob, les clients gênés d'un café), ils deviennent en général taiseux. On ne peut pas dire que la vision de l'Australien moyen véhiculée par ce film soit extrêmement positive.
C'est donc par la construction des plans et le montage (la juxtaposition des scènes) que le réalisateur s'exprime. Il pratique aussi volontiers l'ellipse. Cela nous donne des moments cocasses, notamment ceux qui tournent autour du trio de musiciens, toujours à jouer le même morceau (c'est bien entendu le fil rouge de l'histoire) et d'autres plus tragiques, comme celui qui touche à l'enlèvement de l'héroïne.
Le film est aussi terrible par ce qu'il dit à travers le héros, Samson (pour le corps -musclé- duquel la caméra semble éprouver une certaine fascination), de plus en plus décérébré au fur et à mesure que le temps passe. Celle qui va devenir son étrange compagne, Delilah, en bave... mais elle est pleine de ressources, de courage. (Très belles sont les scènes qui la montrent en action, que ce soit en train de peindre ou lorsque, par exemple, elle creuse, dans l'obscurité, une sorte de tombe.) Si le film est dur, il ménage aussi de l'espoir. Il est même piquant de constater à quel point la situation du début s'est renversée à la fin du film.
17:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
vendredi, 25 décembre 2009
Avatar
Voilà un film qui peut se lire à plusieurs niveaux. James Cameron est un gros malin : il en a mis pour à peu près tous les publics. Les amateurs de films d'action seront ravis, notamment par la deuxième moitié du film, très violente (et, comme c'est bizarre, sans qu'aucune restriction ne soit imposée pour le jeune public... quand même, parfois on frôle la boucherie... visiblement, Le seigneur des anneaux a laissé des traces). Les adeptes de science-fiction seront captivés par l'attirail technologique qui entoure les scientifiques et les militaires. Ceux qui privilégient le merveilleux vont adorer tout ce qui touche à la spiritualité des Na'vi. Les grands romantiques devant l'éternel vont vibrer avec l'histoire d'amour naissant entre les deux personnages principaux. Les intellos jubileront devant cette métaphorique dénonciation de la colonisation. Les amis de la Terre se réjouiront de voir porté à l'écran un quasi pamphlet écologiste (eh oui !).
C'est le grand talent de James Cameron : réussir à traiter de questions politiques à travers des films très grand public. Il est évident que derrière l'exploitation minière de la planète Pandora et l'extermination quasi-programmée de sa population se profile l'histoire des rapports entre colons européens et Amérindiens, en particulier au XIXe siècle.
On appréciera la constance avec laquelle, dans plusieurs films, le metteur en scène canadien pourfend le militarisme. Et pourtant... il lui accorde une place de choix, puisque le "méchant" ultime, joué par Stephen Lang (une sorte de Franck Dubosc très très vilain, avec beaucoup plus de muscles, des cicatrices tout plein partout et un tempérament à la Bruce Willis des grands jours), est finalement plutôt mis en valeur, tant sa ténacité lui permet de déjouer les petits tours de ses adversaires. Les "fana militari" prendront donc leur pied à ce film.
Le résultat visuel est splendide. J'ai vu le film en 3D et, franchement, ça vaut le coup. Le relief donne de la profondeur de champ à de nombreuses scènes, les rendant plus dynamiques. Il est aussi utilisé pour toutes les incrustations numériques. Il donne de la vie aux nombreuses bestioles qui peuplent la jungle de Pandora. Par contre, le port des lunettes de vision atténue un peu les couleurs magnifiques. Je m'en suis aperçu quand, de temps à autre (sur 2h40, plusieurs pauses sont ménagées pour permettre aux spectateurs de reprendre leur souffle), je me suis amusé à les ôter (on finit par comprendre dans quel type de scènes elles ne sont pas nécessaires). Ce que je voyais alors à l'écran était encore plus beau. Je vais peut-être songer à retourner le voir... en deux dimensions.
Les acteurs font leur taf. Il me semble qu'ils sont moins "potiches" que dans la deuxième trilogie de Star Wars. J'ai apprécié qu'hommes comme femmes jouent tour à tour les premiers rôles, même si le héros reste une incarnation sublimée (et donc irréelle...) de l'Américain moyen (un mec pas très intello, débrouillard, beau gosse qui sait forcer la chance, franc-tireur comme c'est pas permis).
00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinema
jeudi, 24 décembre 2009
Kérity
C'est un dessin animé français. L'histoire commence par un événement triste, qu'on ne nous montre pas : le décès d'une grand-tante, qui lègue sa maison et ce qu'elle contient à sa famille principalement (un voisin a eu droit à un petit quelque chose). Mais la maison n'est pas en très bon état ; il faudrait la retaper. Pour cela, la famille a besoin d'argent, argent qui pourrait provenir de la vente des vieux libres (des éditions originales) de la défunte, qui sont désormais en la possession du jeune Nathanaël. Celui-ci, à 7 ans, ne sait toujours pas lire ! La famille va-t-elle céder aux sirènes de l'antiquaire (le bien nommé Pictou), qui voit l'occasion de réaliser l'affaire de sa vie ?
C'est donc un film d'apprentissage. Le jeune héros va traverser de multiples épreuves, de manière d'autant plus pénible que la fée Carabosse l'a réduit à la taille d'une figurine ! Mais les autres personnages imaginaires, tout droit sortis des livres de contes (les adultes retrouveront leur jeunesse évaporée...) que sa grand-tante lui lisait, vont lui donner un coup de main, notamment la délicieuse Alice et l'inattendu Ogre.
C'est bien dessiné, avec un scénario qui tient la route (et le rythme est mieux tenu que dans Max et les maximonstres, par exemple). La musique est chouette, entraînante. (Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le dossier de presse, bien fichu.) Vraiment, une belle histoire pour les petits et les grands.
14:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 23 décembre 2009
Mouvement social au Géant de Rodez (en 2007)
Pour une raison que je ne m'explique pas, ce billet, du début du mois de mai 2007 (et lié à un autre, du 11 mai), n'est plus accessible, alors qu'il figure bien en théorie dans mon blog. Je le republie donc.
Cet hypermarché Géant Casino est en fait situé à Onet-le-Château, la plus peuplée des communes qui jouxtent celle de Rodez. Ce mercredi, en allant dépenser quelques euros sur les coups de 12h30, mon attention fut attirée par un attroupement inhabituel à l'entrée du centre commercial. Certaines têtes me disaient quelque chose : c'étaient des caissières de la grande surface.
Elles protestent contre le développement des caisses automatiques, qu'elles voient comme une menace pour leur profession. Qui plus est, la direction essaie de leur imposer de nouveaux horaires, jusqu'à 21h, ce qui pourrit particulièrement la vie de celles qui ont des enfants. Il me semble que l'installation du nouvel hyper Leclerc à proximité, avec des horaires d'ouverture assez flexibles, n'est pas sans avoir influencé les gérants du Géant.
J'ai pris le tract des caissières, pas très précis sur le fond. C'est en lisant la presse locale (Centre Presse et La Dépêche du Midi en l'occurrence) et en écoutant la radio Totem que l'on pouvait connaître le motif de la manif.
Cela ne m'a pas empêché de dépenser mes quelques euros. Les caisses automatiques étaient hors d'usage. Aux caisses traditionnelles officiaient des hommes jeunes en costume-cravate (genre école de commerce). A les voir patauger, on se rendait tout de suite compte qu'ils n'avaient pas l'habitude de ce boulot ! Au lieu de 5 minutes, mon passage en caisse, queue comprise, m'a pris environ un quart d'heure.
20:59 Publié dans Aveyron, mon amour, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
Capitalism, a love story
Si Michael Moore s'est fait connaître en France par Bowling for Columbine et Fahrenheit 9/11, les cinéphiles avaient, quelques années auparavant, pu apprécier Roger et moi et The Big One. Barack Obama ayant été élu, le polémiste démocrate délaisse (de manière très relative) la diatribe purement politique pour revenir à ses premières amours, la dénonciation de l'injustice économique.
Le film tire sa force de plusieurs séquences tonitruantes, comme celle qui traite du cas de ces polices d'assurance-vie souscrites par certaines entreprises (comme Wall Mart) sur le dos de leurs employés... sans que ceux-ci le sachent ! On appréciera aussi le passage sur ce centre d'internement d'adolescents, coeur d'un système de corruption appuyé en façade sur la prétendue lutte contre la délinquance juvénile. Certains seront sans doute étonnés par la situation des pilotes d'avions dont il est question dans le film : il vaudrait mieux pour eux qu'ils travaillent dans un fast food... Crise immobilière oblige, de longues scènes sont consacrées aux familles surendettées, expulsées de leur logement. Face à cela, la peinture du monde de la finance que nous propose M. Moore ne peut que susciter la révolte.
Toutefois, si l'on ne peut que partager son indignation quant aux conditions faites à "l'Amérique moyenne", on pourrait lui reprocher de ne pas fouiller suffisamment le sujet des subprimes. Bon, il a fait un effort et tenté de dégotter un expert pour nous expliquer la chose. Pas évident... d'autant plus que les quelques politiques consultés ne semblent pas mieux informés que lui !
L'autre grand intérêt du film est la description de la rupture intervenue, selon Moore, sous les mandats de Ronald Reagan (1981-1989). A plusieurs reprises, le film évoque la vie d'avant, celle des salariés qui travaillaient dur et en étaient récompensés, celle de familles qui pouvaient croire en l'avenir. C'est peut-être là le meilleur du film, quand le réalisateur s'appuie sur son vécu familial pour dénoncer l'abandon dont ont été victimes les classes moyennes et populaires. Le public français découvrira peut-être avec stupeur le niveau d'endettement auquel sont contraints les étudiants... avec des conséquences sur des dizaines d'années. (Pensez que c'est un "marché" de près de 100 milliards de dollars !... Le couple Obama lui-même n'a fini de rembourser que quelques années avant l'élection de Barack ). On retrouve ici le ton employé dans son précédent film, Sicko.
Moore est aussi très américain quand il s'appuie sur la religion. C'est le catholicisme social qui le motive, mais il est minoritaire aux Etats-Unis. Il aurait été très intéressant de comparer cette lecture des évangiles avec l'éthique protestante des dirigeants. Nombre de ceux qui ont contribué à démanteler l'Etat-providence étaient (sont) de parfaits bigots.
12:13 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mardi, 22 décembre 2009
Vincere
Benito Mussolini redevient à la mode, à travers ses aventures féminines. Récemment a été publié un ouvrage consacré à l'une de ses maîtresses, Marguerita Sarfatti. Dans le passé, on s'était plutôt intéressé à Clara Petacci, qui fut exécutée en compagnie du dictateur en avril 1945 (et dont le journal en dit long sur le véritable caractère de son amant). On a par contre peu creusé du côté de l'épouse légitime, Rachele Guidi.
Ce film a pour héroïne une autre des maîtresses du futur Duce, Ida Dalser, dont je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler jusqu'à présent. La première partie (où le réalisateur semble très à l'aise) nous narre donc la naissance d'un amour. On sent que celui-ci est un peu déséquilibré : elle semble éprouver des sentiments bien plus profonds que lui. La scène-clé est celle qui voit apparaître l'épouse légitime (dont l'existence nous avait été cachée jusque-là, un peu comme par effet de miroir, puisque, dans la réalité, c'est l'existence de la maîtresse qui a été dissimulée à la "régulière"), alors que l' "autre" doit libérer la place, de force. L'acteur qui incarne Mussolini jeune est très bon. C'est l'un des intérêts du film que de nous faire découvrir les premiers pas politiques de celui qu'on a pris l'habitude de voir en homme de pouvoir installé.
Cependant, Bellocchio ne faisant pas oeuvre d'historien, il ne donne aucune explication sur deux épisodes très importants dans la carrière de Mussolini. Ainsi, on ne sait pas vraiment pourquoi ce socialiste militant, antiguerre avant 1914, a retourné sa veste et soutenu l'intervention de l'Italie au côté de Triple Entente en 1915. De plus, la "marche sur Rome" est presque complètement passée sous silence ! C'est tout de même dérangeant.
La figure du dictateur devient secondaire dans la suite du film. Le paradoxe est que celui-ci est désormais centré sur le personnage d'Ida, alors que celle-ci voue sa vie à son aimé... qui l'a laissée tomber... mais pas oubliée, puisqu'une grande attention est portée à cette ancienne relation. Mussolini en quête de respectabilité ne veut pas passer pour un mari volage... voire un bigame.
Cela tient la route d'abord grâce au talent de l'actrice principale, Giovanna Mezzogiorno (qui a un petit air de Marion Cotillard), vraiment épatante. C'est aussi bien filmé, très classiquement certes, mais c'est joli à regarder. C'est toutefois un peu long. On aurait pu facilement procéder à des coupes. Et puis, au bout d'un moment, on se perd un peu dans la chronologie des faits. La partie de l'intrigue qui s'étend de 1922 à 1937 n'est pas bien organisée.
C'est dommage, parce que cette vision somme toute anecdotique du fascisme nous en donne malgré tout un bon aperçu, tant il est évident que même ceux qui ont côtoyé Mussolini ne sont pas épargnés par la violence du régime qu'il a mis en place.
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, histoire
Hitler, les R.G. et "Le Monde" (fin)
C'est un rectificatif que j'ai eu quelques difficultés à repérer... ce qui semble être le propre des rectificatifs, d'ailleurs ! Le mois dernier, j'avais consacré un billet à un article du Monde qui évoquait des documents d'archive traitant d'Adolf Hitler. Je faisais la remarque que son auteur aurait pu préciser que le sujet qu'il abordait avait déjà été évoqué par le magazine Sciences et avenir.
Cela a mis un peu de temps mais, finalement, un correctif a été publié, dans le numéro daté du 4 décembre. Il faut vraiment être un lecteur attentif pour repérer ce tout petit paragraphe, planqué page 20 du journal, en bas à droite :
Page précédente, les lecteurs auront savouré un excellent reportage de Jacques Follorou en Afghanistan et ils seront certainement passés vite sur la 20, ne comportant qu'un point de vue très technique, une publicité et la transcription de propos de Daniel Cohn-Bendit déjà entendus sur France Inter. La page 21 est plus alléchante, puisqu'elle est majoritairement consacrée à un portrait de Siné titré "Brutal, bête et méchant".
Le petit paragraphe rappelle donc, avec honnêteté, que la fiche des R.G. dont il a été question dans son article avait été évoquée auparavant dans le magazine scientifique (grand public) :
Dont acte.
10:47 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemagne, presse



















