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vendredi, 19 décembre 2008

Caos calmo

   Nanni Moretti est de retour avec une histoire a priori casse-gueule et une distribution très internationale : une foultitude d'Italiens certes (au premier rang desquels Alessandro Gassman, le fils de Vittorio), mais aussi une belle brochette de Frenchies (Hippolyte Girardot, Denis Podalydès et Charles Berling, les deux premiers s'exprimant à l'occasion dans la langue de Marco Materazzi) et quelques "guests" anglo-saxons (Roman Polanski, à la fin, mais surtout la délicieuse Valéria Golino, la plus américaine des Ritales).

   J'aime bien aller voir les films de Moretti pour trois raisons :

1) Comme il ne sont distribués (sauf exception) qu'en version originale sous-titrée, c'est l'occasion d'écouter parler dans cette langue si musicale que je ne maîtrise pas.

2) C'est bourré d'humour, mais par petites salves, souvent inattendues.

3) On y voit plein de jolies femmes, ici âgées de 20 à 50 ans (je ne compte pas les gamines, tout de même).

   J'ai "marché" dans cette histoire de cadre sup' que la mort de sa femme (qu'il n'aimait guère finalement) rapproche de sa fille. C'est qu'il s'en passe des choses dans ce petit parc qui jouxte l'école primaire ! Le héros réfléchit sur sa vie, sur le monde comme il va, sans pesanteur, et le monde finit par venir à lui.

   L'humour est là dès la première séquence, avec une tranche de comédie à l'italienne (la partie de raquettes entre les deux frangins... les scènes présentant les deux personnages sont en général particulièrement réussies). La fille est vraiment très bien interprétée, attachante avec son côté "plus mûre que son âge", et qui, une fois le choc du décès de la mère passé, semble étrangement ne plus se soucier d'elle.

   Un des ressorts de la comédie est l'attraction qu'exerce Pietro-Moretti : son comportement étrange suscite l'intérêt, l'épreuve qu'il traverse suscite la compassion et l'expansion de sa "fibre paternelle" donne à des tas de jolies femmes l'envie de lui mettre le grappin dessus. Le fil rouge comique est un acte d'humanité : au passage d'un jeune handicapé qu'accompagne, chaque matin, sa mère, le héros actionne à distance la condamnation centralisée des portes, à la grande joie du garçon, qui salue amicalement la voiture (de marque allemande, faut pas déconner).

   Le principal bémol que je mettrais est sociologique : Moretti l'ancien cinéaste engagé signe ici une oeuvre de "bobo" (contrairement à ce qu'une présentation d'avant-séance tentait de faire accroire, il ne s'agit nullement d'un brûlot anticapitaliste) ; faute de pouvoir changer le monde, les intellos de gauche se replient sur la vie familiale et/ou sentimentale (ça tombe bien, ils ont du pognon et du charme). On peut aussi trouver invraisemblable la facilité avec laquelle le héros parvient chaque jour à se garer à proximité immédiate de la charmante école, où sa fille ne risque pas de croiser des enfants d'ouvriers...

   Bon, à part ça, vous attendez peut-être que je cause de LA scène ? Ben, y a pas grand chose à en dire. Ce n'est pas du sexe explicite et ce n'est guère joli à voir. De surcroît, le personnage féminin n'y est pas traité avec respect, par le héros comme par le metteur... en scène.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 17 décembre 2008

Pour elle

   Voici un polar sentimental, qui s'appuie sur deux piliers principaux : l'interprétation et le scénario. Commençons par ce que le film n'est pas.

   Le personnage joué par Diane Kruger étant arrêté puis condamné pour meurtre, plusieurs possibilités s'offraient aux scénaristes. Ils auraient pu choisir de faire de l'héroïne une coupable. L'intérêt du film aurait constitué en la progressive découverte de la supposée double vie de l'épouse habile par le mari berné. Cela aurait eu l'avantage de fournir un rôle de délicieuse salope à Diane Kruger, un peu lassante à force d'incarner des nunuches.

   Les scénaristes ont choisi de faire de l'héroïne une innocente. Elle n'est pas victime d'un complot (j'aurais bien vu un truc franchement tarabiscoté, mais bon... chacun son trip). L'histoire ne consiste pas non plus en la recherche de la vraie coupable, que l'héroïne a croisée le soir du meurtre. Les auteurs ont opté pour une intrigue plus romanesque (qui n'a pas forcément plu aux critiques).

   Le récit est cassé, débutant par une séquence intervenant en fait vers le milieu de l'histoire. C'est par le son que l'on découvre d'abord ce passage, qui nous est narré dans le détail plus tard dans le film. Le principe du retour en arrière est bien maîtrisé.

   Le film s'articule autour de quelques moments forts ; la quête de l'argent et la fuite sont les deux plus marquants, en dépit de quelques invraisemblances. Si vous êtes indulgents, cela passera. On peut noter que l'interprétation est bonne, les seconds rôles excellents.

   On a beaucoup glosé sur la manie du héros (joué, tout en nerfs, par Vincent Lindon) de transformer le mur d'une des pièces de son appartement en tableau de bord, sur lequel il dessine ou agrafe. Même si c'est une resucée, j'ai trouvé cela assez bien vu (et mis en scène) : cela donne une bonne idée de la monomanie qui s'empare de ce personnage... et cela débouche aussi sur un des gags du film. Un soir, Vincent Lindon s'aperçoit que son fils s'est mis à griffonner sur l'un des murs de sa chambre : "Je fais comme toi, papa !" dit-il. Ledit papa finit par le coucher en lui disant "Au lit, Picasso !".

14:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture

mardi, 16 décembre 2008

Il a neizé à Rodej...

   ... ainsi que dans le reste de l'Aveyron. La capitale ruthénoise a été frappée tout le dimanche. Ah, qu'il est bon de rester bien au chaud, chez soi, pendant que tant d'imbéciles se retrouvent coincés sur la route !

  Bon, c'est pas tout ça, mais, lundi, en fin d'après-midi, comme le froid persistant avait maintenu l'essentiel de la couverture neigeuse, je me suis lancé dans une petite balade autour de Rodez.

   Certains quartiers de la ville avaient pris un tour inquiétant :

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   Cette photographie a été prise a proximité du lieu dit "Layoule", qui jouxte l'Aveyron, comme on peut le voir sur l'image suivante :

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   La plus grande partie de l'espace est occupée par le camping de Layoule, évidemment fermé à cette époque. J'aime bien aussi cette vue, légèrement décalée par rapport à la précédente :

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   A partir de là, on peut descendre, se rapprocher de la rivière, en quittant Rodez pour la commune périurbaine de Le Monastère (toute la quiètude de la campagne à deux pas du centre-ville bruyant et pollué). Certaines bâtisses méritent le détour, comme celle-ci :

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   Sise entre la route et l'Aveyron, avouez qu'elle ne manque pas de cachet !... Poursuivant ma promenade, j'ai traversé le bourg ancien du Monastère, dépassé la tannerie Arnal pour longer une série de prés en pente. Voici ce qui se présenta à mes yeux :

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   A l'arrière-plan, on distingue des immeubles situés à l'extrême-limite du centre-ville de Rodez. Dans ce pré tentaient de paître deux chevaux qui, dès qu'ils m'eurent aperçu, s'approchèrent des fils barbelés :

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   Celui-là est vite venu me faire coucou, prenant la pose avant de s'éloigner en quête de nourriture. Son compagnon se fit encore plus majestueux :

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   Le brume neigeuse confère une sorte de halo mystérieux à l'animal, encore plus impressionnant en vrai que sur la photographie. J'ai fini par quitter ces deux charmants quadrupèdes pour poursuivre ma balade. Pas très loin de là, laissant un centre électrique EDF dans mon dos, j'ai pris cette vue assez pittoresque :

FSCN1779.JPG

    J'aime bien cette association cimetière - abbaye (le clocher disparaissant en partie dans le brouillard). J'ai continué ma route, contournant par le Sud la colline ruthénoise avant de regagner ma grotte, avec dans les jambes la fatigue (légère) d'une saine promenade.

 

lundi, 15 décembre 2008

Mesrine, l'ennemi public numéro 1

   Le paradoxe est que c'est dans le premier volet du diptyque que Mesrine apparaissait comme une sorte de danger public et que c'est dans le second qu'il semble fleureter dangereusement avec la mort. Le point de vue est néanmoins plus politique ici. Mesrine symbolise la rébellion et s'acoquine avec des gauchistes. Cependant, contrairement à ce que l'on pouvait voir dans Mesrine, l'instinct de mort, la dureté des conditions pénitentiaires n'est pas apparente ici. Chacun a sa chambre bien à soi... voire la télévision (un fort bel écran pour le héros d'ailleurs !). De nombreux gardiens semblent aux petits soins pour le braqueur de banques.

   C'est toujours aussi bien réalisé. Richet est particulièrement habile dès qu'il est question de voitures (les nostalgiques retrouveront avec émotion les bagnoles de l'ancien temps... que les moins de vingt ans...). La dernière séquence, qui correspond au début du premier film (elle s'achève par l'exécution de Mesrine) nous propose, par un montage alterné (les flics / le couple), une vision autre que celle fournie par la technique d'écran partagé utilisée dans le 1. Les références aux années 1970 sont toujours aussi présentes.

   Les acteurs sont excellents. On sent que Vincent Cassel jubile dans le rôle du brigand, tandis que Ludivine Sagnier minaude et s'exhibe avec entrain. Même Mathieu Amalric est crédible en François Besse. Pour Gérard Lanvin, c'est selon. Tout le monde n'appréciera pas sa composition de gauchiste du Sud-Ouest.

   Le film ne fait pas de Mesrine un saint. Sa violence, son mépris des règles, sont apparents. A ce propos, je trouve la séquence de torture du journaliste de Minute un peu complaisante. On sent la volonté de mettre en scène la "punition" du raciste. Cela frôle le "politiquement correct", ce qui, vu le sujet, est plutôt malvenu.

   Autre bémol : si on utilise beaucoup les flingues dans ce film, presque personne ne meurt. Mesrine et ses acolytes sont régulièrement blessés mais, curieusement, leurs tirs ne semblent que rarement atteindre leurs cibles. D'autre part, j'aurais aimé que l'on nous montre davantage la traque mise en place par le commissaire Broussard (Olivier Gourmet, en bon pro, mais sous-utilisé). A deux reprises, il arrive à localiser précisément le fugitif. Le film ne nous explique pas comment, pas plus qu'il ne revient sur l'organisation du piège final.

15:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 09 décembre 2008

Madagascar 2

   La vie de Barack Obama a-t-elle inspiré les scénaristes ? Toujours est-il que, dans ce film d'animation, il est question d'un "roi américain" aux origines africaines qui se retrouve sur la terre de ses ancêtres. Ici s'arrête la ressemblance : le héros est un bringueur bling bling, très éloigné de l'avocat devenu président des États-Unis.

   J'ai retrouvé avec plaisir les pingouins, délicieux de cynisme, de culot et d'ingéniosité. (... et actifs dès le générique de début ! N'arrivez donc pas en retard, sous peine de manquer ce charmant trait d'autodérision signé DreamWorks.) C'est fou ce qu'une animation numérique peut faire dire au visage d'un pseudo-animal ! L'increvable mamie est le pendant humain du quatuor bicolore. L'un des meilleurs moments du film est sans conteste leur confrontation, à l'occasion d'une excursion touristique dans la savane. Les amateurs goûteront aussi les flambées de violence garanties 100 % retraitée, qui voient plusieurs personnages masculins très "virils" perdre de leur superbe face à l'énergique porteuse de sac à main... (Pas touche, non mais !)

   Pour rendre le film plus digeste pour le jeune public, on a meublé entre les séquences détonantes. On n'a pas lésiné sur les bons sentiments, l'amour parental, filial, le désir de reconnaissance... Si vous ajoutez à cela le tropisme "boîte de nuit" (c'est qu'on fait vibrer son corps, gracieux ou pas, sur les rythmes de la night !), le film peut s'avérer parfois ennuyeux, mais cela reste une agréable distraction.

20:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 08 décembre 2008

L'Echange

   Au départ, cela ne me "branchait" pas trop d'aller voir ce film. Oui, malgré Clint Eastwood, malgré les échos favorables, cette "histoire vraie", très mélo sur le fond, avec vedette oscarisable en bonus, me rebutait. Et puis, j'ai eu l'occasion de voir le film en version originale sous-titrée, alors, je me suis laissé tenter.

   Eastwood est un nostalgique. Cela transparaît dans le tableau qu'il brosse de la Californie de la fin des années 1920 (juste avant la Dépression). L'image a été soignée : on est à la limite du noir et blanc. C'est bleuté ou pastel. Parfois une couleur ressort, tel le rouge qui garnit les lèvres légendaires d'Angelina Jolie. Celle-ci est au demeurant impeccable, même si, à mon avis, elle en fait un peu trop dans la première partie du film (et elle a été dirigée de manière caricaturale à la fin : voyez ce regard qui émerge à peine de l'ombre du chapeau).

   Les années 1920 furent une période de prospérité aux États-Unis. Le film met en scène plusieurs représentants de la classe moyenne émergente (responsables de standard, officiers de police, avocats, journalistes...), dans une ville (Los Angeles) où les automobiles circulent harmonieusement entre les lignes de tramway. Tout cela est "beau, propre et riche"... et blanc (pas de minorités en vue). Mais, derrière cette façade de propreté se cachent pas mal de turpitudes, que l'affaire Collins (l'enlèvement du gamin) va révéler.

   Le grand talent d'Eastwood est d'avoir réussi à mêler l'intrigue familiale et personnelle à la peinture d'une société. Il est très américain quand, après avoir montré la pourriture qui la gangrène, il met en valeur les personnes qui "rachètent" ces errements et qui vont permettre au bon droit de triompher... dans une certaine mesure. (Et vive la liberté d'expression, vive la défense des droits civils, vive la mobilisation citoyenne !)

   Si le film est un peu long (2h20... Notre bon vieux Clint prend son temps), c'est parce que le réalisateur veut dérouler toute la pelote et mettre à jour tous les ressorts. Il est vrai qu'une troisième histoire se greffe sur celles de la disparition de l'enfant et de la corruption de la police locale. Franchement, je ne m'y attendais pas... Cela donne encore plus de force au film.

   Certains en France n'ont pas apprécié le rôle positif joué par un pasteur très interventionniste (incarné assez sobrement par John Malkovich), pas plus que la manière positive dont la peine de mort est présentée dans le film. A chacun de juger.

13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

dimanche, 09 novembre 2008

La fièvre de l'or

   Voilà un documentaire a priori alléchant : il est question de la forêt amazonienne (sorte d'or vert de la zone intertropicale), des chercheurs d'or, de pollution, de déforestation, de violence, de prostitution... Bon, ça fait beaucoup, mais il faut dire que les lieux sur lesquels le réalisateur s'est rendu sont riches en rencontres.

   La séquence qui m'a le plus impressionné est celle qui voit les orpailleurs au travail. Leur action est décrite assez méthodiquement, entre le déboisement, le lessivage et le tri. J'ai aussi été marqué par le passage où l'on voit les commerces et leurs prix affichés en grammes d'or pur ! (Une autre scène nous permet de voir de fort belles caillasses jaunes !) Par contre, les scènes avec les prostituées sont très inégales. L'une d'entre elles, tournées le soir, est assez réussie : elle nous fait sentir à la fois la détresse de ces femmes (quelque chose qu'elles n'ont pas forcément envie d'avouer), l'appât du gain et l'atmosphère de far west qui règne quelque part entre le Brésil, la Guyane française et le Surinam.

   Le pire dans cette histoire est que, de toute part, on ne rencontre quasiment que des marginaux, qui peuvent être amenés à s'affronter dans une lutte impitoyable pour la survie. Dans ce contexte, les tribus amérindiennes dégustent.

   Malgré tout l'intérêt qu'on puisse porter aux questions soulevées par le film, il m'a laissé une impression mitigée. Ce n'est pas très bien filmée et le réalisateur n'est pas forcément un bon interviouveur. C'est un film utile, mais pas un grand film.

 

Le site officiel : http://www.lafievredelor.com/site-officiel.htm

 

Sur l'orpaillage en Guyane française : http://www.wwf.fr/pdf/orpaillage.pdf

18:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma

samedi, 08 novembre 2008

Mensonges d'Etat

   Attention, le titre est trompeur ! Ce film n'est absolument pas une dénonciation des magouilles diplomatico-militaires concoctées entre le Pentagone et la Maison Blanche. Si le pouvoir politique fait une courte apparition (sous les traits d'un président vieillissant pas très fut-fut et d'une conseillère "afro-américaine" très pincée... toute ressemblance... et patati.. et patata...), il est quasi exclusivement question des services secrets.

   L'intrigue tourne autour de quatre personnages : un "cheikh" islamiste, qui sert de faire-valoir, deux agents états-uniens et le chef des services de renseignement jordaniens. Pour alléger la sauce, on a introduit une romance entre le héros et une Jordanienne d'origine iranienne (qui, de surcroît, fait du bénévolat dans les camps de réfugiés palestiniens). Elle cumule, la petite !

   Di Caprio fait preuve d'un bel abattage, mais j'ai du mal à trouver crédible sa situation d'infiltré. Quoi, ce blondinet à l'activité mal définie pourrait évoluer en totale aisance dans les quartiers populaires de plusieurs villes arabes sans susciter ne serait-ce que l'étonnement ? Admettons... La meilleure performance est à mettre au crédit de Russel Crowe. Et pourtant, il n'a pas la tâche facile. Son personnage est une caricature de haut-fonctionnaire de l'espionnage. Il lui donne de la faconde, de la bonhommie, de l'ironie. On rit de temps en temps dans cette histoire après tout très triste.

   Cela commence par un attentat au Royaume-Uni, vraiment spectaculaire... tout comme la poursuite dans le désert qui intervient dans le premier tiers du film. (C'est fou comme le Maroc peut ressembler à l'Irak, la Syrie ou la Jordanie !) Les morts sont filmées de manière hyper-réaliste, tout comme les scènes de torture. (J'ai retrouvé un peu du souffle présent dans une production du même genre : Le Royaume.)  Le film n'est pas sans colporter quelques clichés : sur la domination technologique des services américains, sur la mouvance terroriste. Il fait preuve toutefois d'un certain esprit d'ouverture : le quatrième personnage principal, le "patron" du renseignement jordanien, moitié esthète, moitié fripouille, joue un rôle assez important (et même décisif, mais je n'en dirai pas plus) et la torture pratiquée par les Américains est mise en parallèle, par l'image, avec la torture pratiquée par les islamistes.

23:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 07 novembre 2008

Géographie électorale des votes McCain et Obama

   Plusieurs sites, francophones ou non, proposent des dossiers intéressants sur le résultat des élections présidentielles états-uniennes, mais c'est celui du New York Times qui me semble être le meilleur.

   Quelles conclusions tirer de ces résultats ? On retrouve les bastions de chaque parti : la côte Ouest et le Nord-Est pour les démocrates, l'intérieur et le Sud pour les républicains. Obama l'a emporté parce qu'il a réussi à faire basculer certains Etats de l'intérieur (Colorado, Nouveau-Mexique) et du Sud-Est (Caroline du Nord, Virginie et surtout Floride). D'ailleurs, victoire a été étriquée dans plusieurs de ces Etats : 200 000 voix en Floride, moins de 14 000 en Caroline du Nord. Obama l'emporte d'environ 200 000 voix aussi dans l'Ohio... et de 26 000 dans l'Indiana. A contrario, la victoire est particulièrement large (plus de 60 % des suffrages exprimés) dans plusieurs Etats du Nord-Est : New-York, Massachusetts, Maryland, Connecticut, Rhode Island, Delaware et Vermont. Quand on cherche bien, on s'aperçoit que le candidat démocrate a bénéficié d'un effet local à Hawaii (71,8 % des suffrages), où il est né, et dans l'Illinois (61,7 %), où il a émergé politiquement. S'ajoutent à cela sa performance dans la Californie démocrate de M. Schwarzenegger (61,1 %) ... et le score phénoménal obtenu à Washington D.C. (le District of Columbia n'est pas un Etat, mais ses habitants participent à l'élection présidentielle) : 92,9 % des suffrages exprimés ! Kerry n'y avait obtenu que 89,2 % en 2004 et Al Gore 85,2 % en 2000... Bande de loosers ! Même Bill Clinton n'a pas fait aussi bien en 1992 et 1996 ! (A gauche de la page, on peut faire bouger un curseur pour consulter les résultats des élections précédentes.)

   De manière plus générale, on constate que, sur les 15 Etats les plus peuplés, 13 ont été remportés par Barack Obama. Lui échappent le Texas (où il obtient tout de même 43,8 % des suffrages... comme Clinton en 1996, Clinton, perçu comme un "homme du Sud"... dont l'Arkansas natal s'est détourné des démocrates depuis Bush fils) et la Géorgie.

   On peut tirer un autre grand enseignement de ces élections : les "petits" candidats ont été laminés. Ils étaient 13 au total. (Cela va de l'écologiste au libertarien en passant par 3 "indépendants" et 3 socialistes !) Dans un seul Etat, l'Oklahoma, ils n'ont recueilli aucun suffrage. (Zoomez sur l'Etat : vous noterez que, dans toutes les circonscriptions de la "casserole renversée", McCain est arrivé en tête !) Dans les autres Etats, à eux tous, ils ont recueilli de 0,6 % (à Washington D.C. : 1 349 personnes seulement !) à 3,2 % des suffrages exprimés. Du coup c'est dans une minorité d'Etats que le candidat arrivé en tête (qui a donc remporté tous les grands électeurs) a obtenu moins de 50 % des suffrages exprimés : en Caroline du Nord et Indiana pour Obama, dans le Missouri et le Montana pour McCain. J'ai trouvé une seule circonscription dans laquelle les deux principaux candidats sont arrivés à égalité parfaite : dans le Dakota du Sud, le comté de Jerauld, Obama et McCain ont obtenu 535 voix chacun, les autres candidats 17.

   L'Oklahoma n'est pas le seul Etat monocolore. L'Alaska a aussi unilatéralement voté McCain... une séquelle de "l'effet Palin" sans doute. De son côté, Obama a réussi le grand chelem des circonscriptions dans le Vermont, le Connecticut, le Massachusetts, le New Hampshire et à Washington D.C. On retrouve la Nouvelle-Angleterre.

   Dans d'autres Etats, la répartition géographique des votes est riche d'enseignements. Obama l'a emporté en Floride, mais lorsque l'on zoome sur cet Etat, on s'aperçoit que, dans la majorité des circonscriptions, c'est McCain qui est en tête. Obama a remporté les comtés urbains (de Tallahassee, la capitale, de Miami et d'Orlando... vous savez, la ville de Disneyworld). Le même cas de figure se retrouve dans le Nevada, remporté par Obama, mais où il n'arrive en tête que dans trois comtés : ceux de Las Vegas, Reno et Carson City ! Tout le reste du territoire est en rose-rouge !

   La mobilisation de l'électorat urbain n'a parfois pas suffi. Zoomez sur le Texas : Dallas, Austin, San Antonio et Houston se sont données au candidat démocrate, ainsi que les comtés frontaliers du Mexique. Un autre "effet frontière" est perceptible dans l'Etat de Washington, au nord-ouest du pays : tous les comtés océaniques ont voté majoritairement Obama, alors qu'un seul des comtés intérieurs l'a placé en tête ! Faut-il en déduire que l'électorat républicain est marqué par l'isolement, le repli et la fermeture ?... Je laisse chacun juge.

   Ce qui est dingue, c'est qu'on peut faire le même constat à propos de l'Arkansas et du Mississippi. Dans ces deux Etats, les comtés riverains du fleuve placent presque tous Obama en tête, alors que le vote général est largement en faveur de John McCain !

   Bon, je vais arrêter de vous bassiner avec le sujet. Mais, avant de terminer, je vous conseille de jeter un oeil sur le détail des résultats dans l'Etat d'Alabama. Si Barack Obama est bien arrivé en tête dans les comtés urbains de Montgomery et de Birmingham, McCain n'a pas remporté tous les comtés ruraux, loin s'en faut. Une bande longitudinale réunit 12 comtés, urbains comme ruraux, qui ont la particularité d'avoir tous placé le candidat démocrate en tête, et ce dans un Etat ou John McCain a obtenu plus de 60 % des suffrages exprimés. Mystère... La partie Est semble correspondre au territoire entourant une importante voie de circulation, reliant Montgomery (la capitale) à Phenix City. Vers l'ouest, la bande semble suivre une autre voie de circulation, reliant Montgomery à Selma, Demopolis puis le Mississippi. Peut-être y a-t-il une autre raison. Si quelqu'un a une idée, je suis preneur !

jeudi, 06 novembre 2008

La vie moderne

   Raymond Depardon poursuit (et achève ?) son périple agricole entamé il y a une dizaine d'années avec Profils paysans. Il nous embarque sur les routes de moyenne montagne, à la recherche d'exploitants isolés en Ardèche, Haute-Saône, Haute-Loire et Lozère. Il privilégie les plus âgés, même s'il a diversifié son panel d'agriculteurs.

   Le monde rural agricole est si rarement filmé sans condescendance que c'est toujours avec intérêt que je considère ce genre de film. Les personnes sont traitées avec empathie, une dose d'humour (eh oui : on rit durant la projection d'un documentaire de Depardon !).

   Conformément à ce que le titre suggère, la "modernité" envahit jusqu'aux fermes reculées du Massif Central. Elle prend la forme du tracteur... ou de la rencontre amoureuse par correspondance... et surtout, de la désertification rurale, avec disparition progressive des agriculteurs. Il est vrai qu'il faut avoir l'âme chevillée au corps (et peut-être être doté d'un soupçon de misanthropie) pour choisir de vivre en ces lieux. Alors, quand un conflit de générations se greffe là-dessus, la guerre picrocholine n'est pas loin !

   Je reprocherais à Depardon, au-delà du respect évident qu'il éprouve pour ceux qu'il filme, de nous proposer un choix de passages qui visent un peu trop au "pittoresque"... ce en quoi il fait bien, puisque cela attire un certain public, avide de "curiosités rurales"... Il laisse ainsi de côté (par choix, à mon avis) tout un pan de la jeune agriculture contemporaine, moderne sans sombrer dans la morosité. On sent qu'il a vieilli. Le ton se fait encore plus plaintif qu'à l'habitude et celui qui fut une référence en matière de documentaire peine à extirper quelques mots de la bouche de la majorité de ses interlocuteurs. N'est pas expert en maïeutique qui veut...

20:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Rions un peu avec les élections états-uniennes

   Oh, je vois d'ici les expressions désabusées et les regards dubitatifs ! Non, je ne me vautrerai pas dans la gaudriole la plus élémentaire ! Non, je ne colporterai pas ces calembours bas-de-gamme, qui circulent en nombre sur la toile. (En effet, peu nous chaut de savoir qu'il casse la baraque, Obama, ou, comme on dit dans certains pays voisins du Kénya : il a la baraka, Obama !) Je ne soucris pas aux propos sarcastiques qui sous-entendent que la crise des subprimes a fait basculer le scrutin présidentiel en faveur du plus célèbre métis du monde : de très mauvaises langues prétendent en effet que nombre de votants âgés (et un brin sourdingues), menacés d'expulsion, ont choisi pour président non pas Obama Barack, mais Oma Barack !

   Je veux plutôt vous compter cette anecdote véridique (elle m'a été rapportée par le cousin par alliance du voisin de palier de la concierge de mon ex-beau-frère).

   Vous n'êtes pas sans savoir que la victoire du Martin Luther King hawaïen a suscité un grand intérêt en France, où l'on se passionne pour la cause des gens de couleur dès lors qu'elle n'effleure pas les nobles frontières de l'Hexagone. L'annonce du résultat définitif a provoqué force manifestations festives, accompagnées de ripailles dont certaines ont fini dans d'inavouables débauches, ne le nions pas. L'engouement a saisi tous les bureaux de tabac de France et de Navarre. Les casernes elles-mêmes ont été touchées. Ainsi, en hommage au nouveau président-maître-du-monde, nos glorieux militaires n'ont pas hésité à se passer eux-mêmes la bite au cirage !

   C'est dans ces moments-là que l'on touche du doigt la grandeur immortelle de la France éternelle !

lundi, 03 novembre 2008

Entre les murs

   J'ai longtemps hésité avant d'aller voir ce film. D'un côté, il y a le réalisateur, Laurent Cantet (Ressources humaines, L'Emploi du temps... que des films qui déchirent). De l'autre, il y a la palme d'or obtenue à Cannes, très consensuelle, très "politiquement correcte", avec soutien d'une partie de la critique "de gôche". J'ai eu peur du résultat.

   Je me suis retrouvé dans une salle comble, malgré l'ancienneté de la sortie du film. En écoutant les conversations (avant le début de la projection, bien sûr), je me suis vite aperçu que j'étais cerné par les profs !

   Les adolescents (peut-être un peu vieux pour le rôle parfois) sont excellents. On sent une direction d'acteurs pointue derrière leur jeu très "nature". Bégaudeau, dans son propre rôle, est bon : Cantet n'a pas cherché à en faire un saint laïc ; il en trace donc un portrait tout en nuances, plutôt positif certes (l'ensemble des profs est filmé avec empathie, dans sa diversité), mais avec, derrière la caméra, un jugement : le prof manque d'autorité... ou plutôt, il rechigne à l'utiliser, recourant trop souvent au dialogue. Cela nous donne des scènes parfois limite surréalistes, avec des jeunes qui s'érigent quasiment en procureurs des profs...

   Je trouve le film très subtil dans sa manière de traiter de l'immigration (de nombreux élèves de la classe en sont issus), légale comme illégale. Il arrive aussi à nous faire sentir les différentes formes de racisme qui travaillent ces jeunes. Par contre, sans doute pour éviter de charger le tableau, Cantet nous épargne le type du prédélinquant : le plus violent de la classe, un élève qui finit par se faire exclure, (on a trop tardé à mon avis... ou alors il aurait fallu mettre en place un suivi particulier pour ce cas-là, visiblement hors-norme), n'appartient pas à cette catégorie. Les scènes avec les parents montrent la grande diversité de situations et d'opinions. Du coup, les profs doivent jongler entre leur demande d'exigence et le souhait que les enfants soient le plus soutenus possible.

   Le film est centré sur ce collège parisien, essentiellement la salle de classe, celle des profs et la cour. Ni les élèves ni les enseignants ne sont montrés dans leur "milieu naturel" (leur domicile, la vie quotidienne hors les murs). Il est donc plus question des relations profs-élèves que d'éducation en général.

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dimanche, 02 novembre 2008

Les chimpanzés de l'espace

   Ce matin, la salle était pleine... à moitié d'adultes, d'ailleurs ! Voilà un film qui attire des spectateurs âgés de 5 à 75 ans ! Ben évidemment, les références cinématographiques fourmillent, qu'il s'agisse de La Planète des singes, de 2001, L'Odyssée de l'espace ou surtout de L'Etoffe des héros. On goûtera tout particulièrement les séquences où l'on voit les singes-spationautes marcher au ralenti, bruitage adapté en plus !

   Comme nombre de "dessins animés", c'est une histoire de formation : le jeune dilettante égocentrique va mûrir, devenir un véritable héros... et de surcroît rencontrer l'amouuuur ! Les personnages ne sont pas trop coulés dans un moule, même si on reconnaît ici ou là quelques archétypes : le vieux sage avec la voix française de Morgan Freeman, la jeune cadre dynamique, le scientifique asiatique, le sénateur-technocrate hyper ambitieux et sans scrupule...

   Graphiquement parlant, c'est très réussi. On a l'impression que cela a été tourné avec de vraies caméras ! Certaines scènes sont d'une grande beauté visuelle, comme celle qui montre l'entraînement intellectuel des futurs "chimpanzionautes"... La version française est parvenue à restituer les jeux de mots, assez nombreux (notamment dans la bouche du commandant de l'expédition, un grand costaud pas toujours rapide à la comprenette).

   La représentation du monde extraterrestre est une autre satisfaction. On a su faire preuve d'imagination, avec ce lac de liquide pétrifiant (issu d'un volcan), ces animaux volants projecteurs de piques redoutables... et le petit gentil, véritable ampoule sur pattes, fort utile au demeurant.

   Les grands et les petits ont été captivés pendant 1h30... et ont souvent ri.

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samedi, 01 novembre 2008

Dernier maquis

   Non, ce n'est pas un documentaire consacré à un groupe de résistants français de la Seconde Guerre mondiale. C'est d'abord une fiction, même si elle a un caractère documentaire. L'action se déroule de nos jours, dans le "neuf-trois", pas très très loin de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, peut-être à proximité de la Marne. Les personnages sont tous issus des "minorités visibles". L'intérêt du film n'est pas d'avoir tourné une histoire victimaire, mais d'avoir choisi une tranche de vie de ces mécaniciens et caristes, confrontés à un patron (interprété avec brio par le réalisateur, Rabah Ameur-Zaimeche) qui oscille entre paternalisme et manipulation.

   C'est filmé au cordeau, sans fioritures, avec quelques morceaux de bravoure. Les scènes d'introduction et de conclusion sont notamment marquantes, avec ces piles de palettes rouges, qui sont comme des blocs HLM implantés sur ce lieu où travaillent des manœuvres qu'on imagine résidant en "banlieue". J'ai aussi beaucoup aimé la séquence avec le gros rat (une allusion au patron un peu grippe-sou ?), à la fois incongrue et révélatrice de beaucoup de choses.

   Le nœud du problème semble d'abord être l'identité religieuse (et la pratique). La désignation de celui qui doit être l'imam du nouveau lieu de culte fait surgir d'autres problèmes, à commencer par celui des salaires. Le réalisateur excelle à montrer que revendication identitaire et aspirations sociales ne fonctionnent pas forcément de conserve... l'une pouvant même être utilisée pour brider les autres.

   C'est 'achment bien joué et, comme dans un autre film sorti récemment, Chop shop, on constate une grande application dans la mise en scène du travail manuel... Eh oui : filmer des manœuvres peut être d'un grand intérêt cinématographique !

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vendredi, 31 octobre 2008

Jar city

   Ah, l'Islande, ses geysers, ses côtes battues par les vents, sa campagne à la fois belle et revêche, ses banques en faillite nationalisées... Voilà le cadre idéal pour un polar génétique. En toile de fond se trouve la collation des données relatives aux génomes de la population islandaise (autour de 300 000 habitants... sur environ 100 000 km²... on ne se bouscule pas, sur l'île), une politique décidée par le gouvernement et mise en pratique par une entreprise de biotechnologie. Comme les Islandais descendent d'un même petit nombre de familles (scandinaves et un peu britanniques... je ne vous raconte pas les noms à coucher dehors qu'ils portent), leurs A.D.N. sont proches, les variations peu nombreuses, ce qui favorise l'étude des causes des maladies génétiques.

   Ce n'est que peu à peu que l'on voit se nouer les liens entre un meurtre, un viol (peut-être plusieurs), un jeune père de famille qui effectue des recherches étranges, des femmes assez âgées et un flic véreux retiré des voitures. Un passé nauséabond remonte à la surface... tout comme un cadavre et des odeurs qu'on croit d'abord être d'origine marécageuse. Vous mélangez ça avec une étude sociale (on vit plutôt replié sur soi dans le coin) et vous obtenez ce film, à l'humour parfois macabre. (Mais comment demander à plus de cent femmes si elles ont été violées 30 ans auparavant ?... Que faire quand l'assassin que vous pourchassez décide soudainement d'inverser les rôles et de se mettre à votre poursuite ?)

   L'enquête est menée lentement et sûrement. Ce trio de flics nordiques m'a un peu rappelé les policiers du Fargo des frères Coen. Un style à découvrir !

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jeudi, 30 octobre 2008

W, l'improbable président

   Encore une biographie ! Celle-ci est consacrée à un personnage encore vivant... enfin pas politiquement parlant. Pour ceux qui n'ont pas suivi l'actualité internationale ces huit dernières années, ce film a une certaine utilité : il offre une vision de la vie de jeune adulte de l'actuel (et futur ex) président des Etats-Unis d'Amérique et lève un coin du voile sur le processus de prise de décision (au sein du pouvoir exécutif), en matière de politique étrangère en tout cas.

   On comprend mieux comment George W. Bush a pu devenir populaire : c'est un (ancien) beauf, pas méchant au fond, dont la carrière politique doit beaucoup aux relations de papa (qui pourtant le méprise à la base... pauvre, pauvre Boubouche) et à sa renaissance protestante. Beaucoup ont oublié son côté "gosse de riche" pour ne retenir que le symbole de l'Américain mâle moyen : pas futé, alcoolo sur les bords, cul-bénit franchement au milieu et simpliste dans sa vision du monde.

   Le problème est que le film n'émet pratiquement jamais une critique sur la carrière du fiston Bush. Oh, il y a bien quelques piques ici ou là(quand même, Oliver Stone doit défendre ce qu'il reste de sa réputation usurpée de réalisateur contestaire), parce que, sinon, l'aspect thuriféraire du film serait trop voyant. La musique est particulièrement agaçante. Elle contribue à présenter les défauts du président comme de pendables déviations, bien pardonnables après tout. A cela s'ajoute une interprétation de Josh Brolin assez faible. D'abord il n'est pas crédible en Bush vieux. Ensuite, il ne nous fait pas du tout sentir la nature de la foi qui anime le personnage. Cela apparaît comme extérieur à l'individu.

   De surcroît, la volonté affichée de faire uniquement une étude de caractère évite au réalisateur d'aborder les questions gênantes. On a davantage insisté sur la prétendue naïveté de W que sur son machiavélisme, à peine suggéré lorsqu'il est question de la première campagne présidentielle de son père. Il n'est absolument pas question de l'action de Bush comme gouverneur (uniquement de la campagne), pas plus que de sa politique intérieure une fois qu'il est devenu président. La fraude électorale de novembre 2000 est très très rapidement évoquée. Quant à la préparation de la guerre contre l'Irak, elle est emblématique du film : les propos tenus par certains personnages sont accablants mais, vu la manière dont c'est filmé et monté, le spectateur est tenté d'excuser tout ce joli monde de magouilleurs. On notera la vision exccessivement positive de l'action de Colin Powell, Condoleezza Rice étant présentée comme la "fayote" du président.

   C'est filmé plan-plan, O. Stone ayant cru subtil de faire jouer l'ombre et la lumière sur le visage de son personnage, en particulier quand il est censé prier. C'est vraiment un biopic bas-de-gamme.

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mercredi, 29 octobre 2008

La Famille Suricate

   J'avais déjà vu ces bestioles, mais j'avais complètement oublié leur nom. J'ignorais aussi qu'une série télévisée leur était consacrée. Comme, à la base, j'aime bien les documentaires au ciné et que c'est la B.B.C. qui a produit la chose, je me suis laissé tenter, malgré des critiques peu encourageantes.

   C'est qu'ils sont trognons ces suricates ! On se sent proche de ces animaux intermédiaires entre la mangouste et le chat (les Britanniques les appellent meerkats, mot qui viendrait de l'afrikaans et signifierait "chat du lac" ou plutôt "chat des lacs"), qui ont quelques éléments de gestuelle similaires à ceux des humains, en particulier quand ils se dressent sur leurs pattes de derrière (et leur longue queue). Les trois premiers quarts d'heure passent donc comme un charme, surtout que l'armée de marmots emmenée là par des parents soucieux de divertissement éducatif n'est pas bruyante. Le commentaire de Guillaume Canet, qui donne souvent l'impression de lire un passage de la Critique de la raison pure (sans bien le comprendre), gâche toutefois un peu l'atmosphère.

   Plusieurs détails m'ont fait tiquer. Même si c'est précisé (en anglais) à la fin du film, au début du générique, la reconstitution opérée à propos de plusieurs séquences est gênante. Il apparaît parfois évident que ce qui est montré à l'écran ne correspond pas tout à fait (même s'il y a un rapport) au moment de l'histoire. Les personnages ne sont peut-être pas toujours ce qu'on nous dit qu'ils sont, ou en train de faire ce qu'on nous affirme qu'ils sont en train de faire. J'ai même perçu des éléments de scénarisation : je pense que toutes les séquences faisant intervenir le serpent ne sont pas fortuites (c'est-à-dire le produit de la pure observation, la seule méthode recommandable pour un documentaire digne de ce nom), même si, ici ou là, pour éviter de mettre  nos héros en danger, on a sans doute pratiqué la superposition d'images (lorsque certains prédateurs sont mis en scène notamment).

   Au final, c'est un peu long, mais agréable à regarder : entre deux scènes de suricates s'intercalent des plans parfois magnifiques de paysages africains.

   Un site sympa (en anglais...) :

http://www.bbc.co.uk/nature/wildfacts/factfiles/3021.shtml

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mardi, 28 octobre 2008

Mesrine, l'instinct de mort

   Le premier problème à résoudre, concernant ce film, est celui de la prononciation du nom du "héros". Dans ma jeunesse, j'ai toujours entendu dire "Messe-rine", alors que, dans ce film, il est le plus souvent prononcé "Mérine". Voilà une énigme supplémentaire. Deuxième problème à résoudre : le caractère "tout public" du film. A mon avis, vu la violence qui émaille de nombreuses scènes, il faut que Thomas Langmann (ou son papa) ait de bonnes relations pour avoir évité un classement "interdit aux moins de 13 ans, même accompagnés, même armés d'un gros flingue".

   Cassel est excellent. Voilà un deuxième postulant sérieux (après Demaison pour l'interprétation de Coluche) aux César. Il arrive à faire croire en l'évolution de son personnage, de l'appelé du contingent à l'évadé du Canada, en passant par le porte-flingue et le braqueur invétéré. Les séquences où il incarne une sorte de "loveur" un brin maladroit sont aussi très réussies. En face, y a de grosses pointures aussi : Cécile de France est troublante en égérie hors-la-loi, tout comme Gérard Depardieu en truand raciste.

   La réalisation est très efficace. C'est trépidant, passionnant même parfois (même si on connaît un peu l'histoire... et surtout sa conclusion, rappelée en introduction). La technique du "split screen" (écran partagé) se justifie pleinement : elle instille l'angoisse et nous plonge dans l'époque (les années 1970, riches en polars à la française).

   Je pense que Richet a pris un malin plaisir à faire démarrer son film durant la guerre d'Algérie, façon pour lui de démontrer que la barbarie mise en œuvre là-bas a eu des conséquences profondes ici (en métropole). C'est aussi là que s'installe l'ambiguïté : le portrait du voyou, qui ne cache aucun de ses défauts, reste, au fond, l'éloge d'un anticonformiste qui s'est élevé à la force du poignet, la véritable coupable étant, pour le réalisateur et son scénariste, la société (à travers la guerre coloniale, la lâcheté des parents, la brutalité du milieu, la mentalité quasi nazie d'une partie du personnel pénitentiaire...). On peut goûter le film sans partager tous ses apriori.

19:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 27 octobre 2008

Le bal des lucioles

   A part le fait qu'il s'agisse d'animations et (en partie) des lucioles, il n'y a guère de rapports entre cet ensemble de courts-métrages et Le Tombeau des lucioles (sublime drame poétique). On nous propose ici quatre courts-métrages lettons, réalisés à la main (moulés à la louche et roulés sous les aisselles), image par image, par une équipe spécialiste des marionnettes. Ils ont été produits entre 2001 et 2007.

   Les petits écoliers est une fable éducative, dont les personnages principaux sont des insectes. Je recommande tout particulièrement les pétomanes (je kiffe à donf !). J'adore aussi la manière dont la "cloche" est sonnée... Bon, les ch'tites nenfants n'aiment pas forcément aller à l'école, où on leur apprend pourtant des tas de choses utiles. Certains d'entre eux vont en faire l'expérience. Au cours de leur périple, ils vont quasiment provoquer un accident de la circulation (les bolides concernés étant des escargots !)... et surtout risquer leur vie.

   Le bal des lucioles (qui donne son nom à l'ensemble) est une historiette romantique, un tantinet humoristique, sur les amours de ces jolis insectes lumineux. Le jeune mâle, qui désespère de son arrière-train (terne), a recours à des moyens extrêmes pour parvenir à séduire sa dulcinée (il a si peu de temps !)...

   La Nouvelle espèce fait intervenir un entomologiste, collectionneur de papillons (ça doit porter un nom, ce truc). Ses proies sont donc des insectes, en particulier une femelle très coquette. La famille-insecte sort pique-niquer. L'escargot-taxi s'engageant dans la mauvaise voie, de folles péripéties surviennent...

   Dans Le Magicien, il est question de la crédulité des gens (ici les animaux de la forêt), qui perdent leurs biens pour ne s'être pas suffisamment méfiés d'un loup prestidigidateur... qui ne va toutefois pas l'emporter au paradis ! La Fontaine aurait beaucoup aimé ces petits bijoux, qui allient l'inventivité visuelle à la perspicacité psychologique.

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dimanche, 26 octobre 2008

Chop shop

   C'est du "cinéma-vérité", ça se passe dans un coin pas très fréquentable de l'agglomération de New York (entre ghetto et zone industrielle en semi-décomposition), les personnages principaux appartiennent aux minorités. Ce sont plutôt des Hispaniques. On suit plus particulièrement Alejandro et sa grande soeur Izzie, d'origine dominicaine.

   Les parents n'existent pas et nos deux loustics ont fui les foyers. C'est le système D total. On découvre de mini-solidarités chez les pas nantis. On découvre aussi les "coups de pute" : pas facile de se décrouiller quand on ne sait pas lire et mal compter ! Du coup, la loi et la Morale (avec un grand m, comme dans "Magouille") ont des acceptions parfois éloignées de ce que connaissent "les gens normaux" (que l'on aperçoit brièvement vers la fin du film).

   C'est filmé comme un documentaire, une partie caméra à l'épaule... et bonjour le mal de mer, parfois ! Le réalisateur n'a visiblement pas eu de gros moyens pour tourner le film, mais les acteurs sont excellents. On apprécie la minutie avec laquelle le travail manuel (celui des réparateurs de voitures comme celui de démontage des véhicules volés) est filmé. On ne sombre heureusement pas dans le manichéisme : ce à quoi on s'attend (que le logeur veuille se taper la frangine de son employé, par exemple) n'arrive pas forcément.

   C'est souvent drôle et dur à la fois. Bienvenue dans le monde réel ! New York, ton univers impitoya-a-bleuuu !

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Tokyo !

   Il s'agit d'un film à trois regards : ceux de Michel Gondry, Leos Carax et Joon-ho Bong (un Coréen bourré de talent, dont on a pu déjà voir en France Memories of murder et The Host). Ils ont la particularité d'avoir été tous très majoritairement tournés en japonais, avec des acteurs du cru. Ne ratez pas le début : la courte animation qui sert de générique est joliment troussée.

   On commence par Interior design de notre Michel Gondry, de retour après son piquant Soyez sympas, rembobinez. Son moyen-métrage est centré sur la crise d'un couple. Lui est une sorte de double japonais de Gondry jeune : fana de cinéma, un peu en dehors des réalités. Elle est la petite amie dévouée, qui a tendance à faire passer la réussite de son chéri avant sa vie personnelle. Dès le début, on sent que ça cloche. Heureusement qu'une copine peut héberger le duo de fauchés ! Cela nous vaut quelques séquences cocasses sur l'exiguïté des appartements tokyoïtes (ouais, c'est comme ça qu'on dit) ou encore sur l'homérique recherche d'un logement convenable dans le Grand Tokyo. On a droit aussi à une jolie scène dans une fourrière : petit à petit, les objets prennent le dessus sur les humains. Cela conduit tout naturellement le cinéaste à faire subir à l'héroïne une transformation quasi-kafkaïenne. Le film, qui commençait à s'essouffler, rebondit joyeusement...

   ... pour ressurgir par une bouche d'égout, part l'intermédiaire de Denis Lavant (pas lavé). Merde ! est le plus corrosif des trois. Carax va chercher dans les bas-fonds de la capitale quelques déchets soigneusement enfouis : un char de la Seconde guerre mondiale, une affiche félicitant les soldats vainqueurs de Nankin en 1937 et une ribambelle de grenades dont le héros va faire un usage récréatif.  Le personnage joué par Denis Lavant est une sorte d'antithèse du Tokyoïte bien élevé : il pue, ne se fond pas dans la masse, et commet des actes fort répréhensibles (mais parfois réjouissants). Son périple est commenté par des journalistes empotés au possible. Le film baisse en intensité (à mon avis) dès que l'avocat (Jean-François Balmer, pas toujours convaincant) entre en scène. Ce qui était volontairement (et transgressivement) outré devient excessif sans raison et il y a une indéniable ambiguïté dans le comportement raciste du héros (qu'on finit par appeler "M. Merde") : dans quelle mesure le réalisateur est-il complice du personnage ?

   Fort opportunément, le film suivant débute par une séquence dans les toilettes. L'occupant de l'appartement est un hikikomori, une personne qui vit repliée sur elle-même, sans entretenir de réels contacts avec l'extérieur. La découverte du mode de vie de cet ours des cavernes des temps modernes nous offre cinq minutes très divertissantes. Arrive la livreuse de pizzas (qui porte des porte-jarretelles en cuir, excusez du peu !) et le séisme, qui change tout. Je ne vous raconterai pas la suite, mais sachez que c'est une fable romantique très réussie et filmée avec un zeste d'imagination.

 

14:46 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 24 octobre 2008

Le Crime est notre affaire

   C'est marrant, mais cela commence comme La Momie 3 : un couple un peu excentrique, retiré des affaires, s'ennuie. Dans les deux cas, la femme est celle qui regrette le plus la vie passée... et c'est elle qui joue le plus grand rôle dans la suite des aventures. Là s'arrête la ressemblance. Le Frenchie Pascal Thomas nous livre une intrigue policière à la sauce British fine en bouche (on notera la qualité de l'image dès qu'il est question de nourriture), qui gravite autour d'une Catherine Frot qui est... comment dire... sublime ? divine ?

  Elle incarne Prudence Beresford, dont le prénom est, bien entendu, une antiphrase. Cette femme distinguée devient la bonne à tout faire d'une famille de "chacals" comme elle le dit, le moins pire de la bande étant peut-être le patriarche, un vieux dégueulasse acariâtre interprété avec une délectation évidente par Claude Rich.

   L'enquête que mène notre héroïne prend sa source dans une observation faite par sa tante, jouée par une Annie Cordy impeccable en collectionneuse de papillons farfelue (elle est particulièrement bonne dans l'une des dernières scènes, durant laquelle elle communique sa passion à plusieurs membres de la famille qui croit employer sa nièce).

   Le film vaut par les cabotinages, dans lesquels excelle le couple formé par André Dussolier et Catherine Frot, le premier un peu en dessous toutefois de sa partenaire, qui tient une forme (physique et mentale) olympique. C'est délicieux, sans prétention, saugrenu parfois (ah les séquences où l'un des époux dialogue avec une vision hallucinatoire de sa moitié !). J'ai passé un bon moment, souvent ri.

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samedi, 18 octobre 2008

La loi et l'ordre

   Attention ! Titre accrocheur, associé à une campagne de pub radio agressive, voix burnées à la clé. On se dit que ça va être du lourd, d'autant qu'aux monstres sacrés de Niro et Pacino s'ajoute un rappeur (50 cent... Curtis Jackson pour les intimes) bad boy qui en a dans le pantalon. L'affiche du film précise bien que le scénariste d' Inside Man (Russel Gewirtz) a mis son grain de sel. C'est mis en scène par un type qui a du talent : Jon Avnet a réalisé auparavant Beignet de tomates vertes et 88 minutes.

   L'interprétation n'est pas démente : de Niro et Pacino cabotinent, parfois avec talent, 50 cent m'a paru franchement mauvais (mais j'ai vu le film en version française : Passi aurait-il doublé son collègue d'outre-Altantique comme un manche ?). Les seconds rôles tiennent la route. Si l'on ajoute à cela des dialogues parfois savoureux, avec des propos acerbes et des blagues faciles (plutôt à connotations sexuelles... ben faut aimer quoi), cela se regarde et s'écoute.

   Au début, j'étais inquiet : je m'attendais à une intrigue bien ficelée et rien ne m'apparaissait vraiment mystérieux. Au fur et à mesure, on se rend compte que l'histoire est un peu plus complexe que ce que l'on a cru voir au début. Ceci dit, plus de 20 minutes avant la fin, le spectateur (la spectatrice) un brin futé(e) saura à quoi s'en tenir. Reste la conclusion du film, laborieuse, qui se noie dans des dialogues faiblards pour le coup. On sent que ceux qui ont conçu ce film ont voulu jouer sur le second degré : les propos qu'échangent les deux amis peuvent se comprendre comme la conclusion de la vieille rivalité qui a opposé les deux acteurs durant leur carrière... Bof.

   A l'arrière-plan de tout cela, on trouve une mentalité un peu glauque. En gros, il faut buter tous les méchants (qui sont bien sûr irrécupérables), quitte à louvoyer. Le pire concerne le méchant vicelard (qui est un flic... cherchez lequel), qui meurt à la fin (ouf, la morale est sauve), mais après que la caméra subjective, qui le suit à plusieurs reprises, nous l'a montré en train de commettre plusieurs crimes, dont un particulièrement odieux, mais qui est mis en scène de manière complaisante.

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vendredi, 17 octobre 2008

C'est l'histoire d'un mec

   ... qui s'appelle Coluche. Attention toutefois, il ne s'agit pas d'une biographie exhaustive. Antoine de Caunes a choisi de mettre l'accent sur les années 1980-1981, lorsque l'humoriste devenu vedette décide de se lancer dans la course présidentielle, pour le meilleur et pour le pire.

   Si le film varie les approches (professionnelle, familiale, sexuelle, politique), il est néanmoins essentiellement consacré à des allers-retours entre le Coluche intime et le Coluche acteur de la vie publique. (Je ne suis pas spécialiste de la question, mais il me semble que certains épisodes ont été "adaptés" pour les besoins du film : par exemple la découverte du cadavre du régisseur, par des enfants dans le film, par des ouvriers de chantier dans la réalité). Cela prend parfois la forme d'une série d'images d'Epinal, le ton acidulé en plus : les travers de notre comique national ne sont pas cachés. Il n'en paraît que plus humain.

   Côté anecdotes, certains découvriront la passion de Coluche pour les bottes et son goût pour le music-hall. Il était vraiment doté d'un talent à multiples facettes.

   En fait, pour moi, le film vaut le détour essentiellement pour la performance de François-Xavier Demaison (un ancien fiscaliste !), qui a acquis le physique et l'essentiel des tics du personnage, même si on ne risque pas de confondre l'acteur avec Coluche. La première scène... de scène m'a fait un peu peur : j'ai tellement entendu (et même écouté) les sketches de Coluche que, même bien interprété, celui du début a provoqué en moi une impression d'étrangeté, une étrangeté que j'ai assimilée à de la maladresse. Je ne sais pas si c'est parce que je me suis habitué à l'acteur ou si parce que les séquences suivantes sont plus abouties mais, plus loin dans le film, les extraits de spectacle passent mieux.

   Côté réalisation, de Caunes est plus à son aise dans les scènes d'intérieur, chez l'humoriste en particulier. Il recrée ce climat de tribu dans lequel Coluche voulait vivre... en soulignant, par touches, le côté "bringueurs parasites" d'une partie de son entourage. On comprend pourquoi certains ex-familiers n'ont guère apprécié le ton du film.

   Le fin n'est pas très réussie. De Caunes se laisse aller au mélo et, ô maladresse, fait se croiser, dans un jardin public parisien, le héros et un clochard. Un texte souligne à gros trait la future implication de Coluche dans l'humanitaire... Il aurait été plus intéressant de poursuivre sur la dépendance aux drogues, qui a modifié la trajectoire du comique. On peut aussi regretter que l'impasse faite sur l'après-1981 laisse dans l'ombre le Coluche animateur télé (sur Canal +, où il a dû croiser de Caunes...) et radio (R.M.C., Europe 1 et R.F.M.) et son retour spectaculaire au cinéma...

   Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, il y a le bouquin de Philippe Boggio (qui a inspiré Antoine de Caunes). On peut aussi consulter le site suivant :

http://lesitecoluche.free.fr/president/

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dimanche, 28 septembre 2008

Mirrors

   Est-ce Kiefer Sutherland qui essaie de relancer sa carrière d'acteur au cinéma ou bien est-ce la Twentieth Century Fox qui veut profiter du succès de la série 24 heures chrono pour faire un coup ? Toujours est-il que c'est la même boîte qui produit la série et ce film de genre. La dernière scène comporte d'ailleurs une allusion à la série (il faut regarder les enseignes des magasins...).

   Le film hésite entre le polar médical et le thriller esotérique. En général, quand les producteurs sont démocrates, l'accent est mis sur une injustice, dont des conséquences surnaturelles se font sentir des années après, le héros étant une sorte de redresseur de torts. Cela tombe bien : le personnage interprété par K. Sutherland est un ancien flic (bon il a fait une boulette, trois fois rien, il a butté -accidentellement- un collègue... pis il est alcoolique... rien que de très banal, on le voit... on a peine à comprendre pourquoi sa femme lui en veut autant). Quand les producteurs sont plutôt républicains, ils nous refilent un peu de mysticisme judéo-chrétien... et mettent en scène un héros après tout assez peu recommandable.

   Comme dans la série qui l'a rendu célèbre, K. Sutherland interprète donc ici un mec qui a raison contre tout le monde... et qui est prêt à recourir à des méthodes peu orthodoxes pour rendre la justice (le flingue, la filouterie, les menaces contre des religieuses...). On est censé le soutenir parce qu'il fait ça au nom de sa famille et de l'amour qu'il éprouve en particulier pour ses enfants...

   La scène de ménage avec sa femme (un pur canon... de type porto-ricain... remarqué dans Déjà vu... c'est donc un couple métis... elle est pas belle l'Amérique ?), que la fin du film fait participer à un gigantesque concours de T-shirt mouillé (histoire que l'on remarque bien la joliesse de sa poitrine, couplée à la finesse de sa taille), est ratée. Même la frangine du héros est une beauté... que le réalisateur a le goût de nous montrer nue dans son bain... avant qu'il ne lui arrive des babioles... Par contre, dès qu'on sort de la ville, pour se rendre en Pennsylvanie par exemple, on rencontre des ploucs moches et louches. Les clichés ont la vie dure dans les films de genre. Les baraques de campagne cachent toujours plein de secrets dans leur cave moisie...

   La partie plus réussie du film est sans conteste constituée des scènes d'épouvante. Celle du début présente le problème, comme on dit : c'est une scène d'exposition, gore. Vient ensuite la première nuit et les flashs incendiaires. Excellente est la scène avec la soeur, que je me garderai bien de raconter ici. Les effets spéciaux liés aux miroirs sont très réussis. La mise en scène de l'enquête menée par le héros est au point : j'ai été accroché. La fin est plus grand-guignolesque, avec une référence à Sixième sens de Shyamalan. Mais c'est quand même moins bon.

   Cela reste un divertissement pas désagréable pour les amateurs.

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mardi, 23 septembre 2008

L'Aveyron, département sismique

   Rassurez-vous, il ne va pas être question d'une quelconque résurgence de l'activité volcanique dans le plus beau département de France (avec peut-être, je le concède, la Dordogne). Vu l'endroit où ce billet est posté, vous vous doutez bien qu'il va être question des récentes élections sénatoriales... eh oui, on vote pour désigner les membres de la plus coûteuse maison de retraite de France !

   Depuis les législatives de 2007, l'Aveyron suit une courbe qui tend à rapprocher ce département furieusement conservateur modéré des autres départements de la région Midi-Pyrénées. Les municipales et cantonales de 2008 ont accentué la tendance. Les votes de dimanche 21 septembre suivent, aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, la même pente.

   Pensez donc : les deux sortants étaient de droite, un seul (celui des deux qui était estampillé U.M.P.), à savoir Jean Puech, ex-omni-président du Conseil général (entre autres... il fut aussi ministre de l'Agriculture de Balladur), se représentant. A ses côtés, le parti dirigé il y a peu encore par Nicolas Sarkozy avait investi Jacques Godfrain, un vieux routier du gaullisme (c'est l'ancien maire de Millau, qui a abandonné sa circonscription de député) pas franchement progressiste (il fut trésorier du S.A.C.). Deux divers droite connus dans le département concouraient aussi : Marc Censi, ancien maire de Rodez, et Gérard Descrozaille.

   En face, la gauche "modérée" soutenait Alain Fauconnier (sorte de VRP multicarte de la social-démocratie à la sauce aveyronnaise, il est maire de Saint-Affrique et vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées... Va falloir choisir les fauteuils !) et, de manière officieuse, Anne-Marie Escoffier, bien connue dans l'Aveyron puisqu'elle en a été la préfète de 1999 à 2002 (à l'époque, les socialos l'y auraient nommée un peu pour faire chier J. Puech, disent les mauvaises langues). Notons que la dame a, dès cette année 2008, mis les pieds dans le plat en se présentant dans l'ancien canton de Jean Puech (celui de Rignac)... et en y étant élue dès le premier tour !!!

   A ce petit monde s'ajoutaient deux candidats communistes, deux Verts et un F.N.. Le scrutin est majoritaire. Au premier tour, la participation est très forte : 98 % des grands électeurs se sont déplacés et seuls deux d'entre eux ont voté blanc ou nul. Aucun des candidats ne recueille la majorité absolue. Mais, ô surprise, kikicé qu'arrive en tête ? L'ancienne préfète ! Devant le socialiste, qui lui-même précède d'une centaine de voix les deux ténors vieillissants de la droite aveyronnaise. Tempête sous les crânes ! Bien vite, les autres candidats de droite se désistent, et l'on se dit que, comme ils apportent environ 260 voix et que les "petits" candidats de gauche (qui, une fois de plus, doivent se résigner à jouer le rôle de supplétifs du P.S.... Faut dire, pour une fois qu'ils ont l'occasion de frapper un grand coup !) ne "valent" que 100 voix, Puech et Godfrain pourraient très bien sauver in extremis la situation.

   Arrive le second tour, opposant les quatre candidats ayant recueilli le plus de voix. La participation est encore plus forte : 99,3 % ! Les bulletins exprimés sont 4 de plus ! Quel suspense ! Et que dire du résultat final :

Escoffier Anne-Marie : 489 voix

Fauconnier Alain : 484 voix

Puech Jean : 342

Godfrain Jacques : 348

   Les deux candidats soutenus par le P.S. sont donc élus. Les deux vaincus n'atteignent même pas le score du premier tour de leurs adversaires. De surcroît, entre les deux tours, l'ancienne préfète a gagné 123 voix, le maire de Saint-Affrique 126, soit, à eux deux, 249 voix, bien plus que le réservoir de voix de la gauche dans le corps des grands électeurs. En fait, dès le premier tour, nombre de "sans étiquette" se sont portés sur eux. Depuis quelques années, ils voient avec angoisse les cantons ruraux perdre ou risquer de perdre les services publics (maternité, tribunal, trésorerie, commissariat, classes de lycée...). Fauconnier est connu pour sa défense de ceux-ci. Quant à Jean Puech, que tout le monde pensait indéboulonnable, il a beaucoup perdu de son influence depuis qu'il a laissé les rênes du Conseil général à Jean-Claude Luche. Dans le secret de l'isoloir, des dizaines de "divers droite" ont basculé du côté obscur de la Force... Ces élus locaux sont d'une ingratitude !...

 

http://www.ladepeche.fr/article/2008/09/21/476858-Senator...

vendredi, 19 septembre 2008

C'est dur d'être aimé par des cons

   Cette phrase, d'un incontestable bon sens, est à l'origine un cri du coeur, celui d'une représentation de Mahomet en couverture de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo du 8 février 2006 :

charlie hebdo mahomet.jpg

   C'est devenu le titre d'un documentaire, réalisé par Daniel Leconte, sur le procès qui a suivi, avec un avant et un (petit) après. Le film est intéressant à plus d'un titre :

- il nous fait pénétrer dans l'atmosphère des conférence de rédaction de Charlie Hebdo

- il restitue l'ambiance à l'intérieur du tribunal

- il fait revivre certains moments du procès lui-même, grâce aux témoignages

- il nous fait rire, notamment avec ces caricatures, tant décriées lorsqu'elles furent reproduites -en petit format- dans la presse, désormais visibles sur grand écran

   Le propos est tout de même assez unilatéral. On a par exemple éludé le contexte danois de la publication de ces caricatures. Le quotidien Jylland Posten, conservateur, n'est pas dans la même démarche que Charlie Hebdo. On le sent lorsque le directeur de ce journal est interrogé au moment où il vient apporter son soutien aux Français. Il relie le fondamentalisme musulman au communisme. Il y voit deux systèmes totalitaires. Une ambiguïté persiste : pour lui, est-ce l'islam qui est totalitaire ou juste l'interprétation extrémiste qui en est faite à des fins politiques ?

   Le film donne aussi la parole aux adversaires, au cours des entretiens particuliers comme à l'intérieur du tribunal. Les extraits choisis m'ont semblé pertinents. On voit ainsi quelles formes variées le discours extrémiste policé peut prendre. D'un autre côté, on réalise le fossé culturel qui sépare, en France même, les conceptions de certains des habitants.

14:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 12 septembre 2008

Le premier numéro de "Siné Hebdo"

  Je l'ai lu, après l'avoir acheté... 2 euros... tiens, comme Charlie hebdo, dont le nouveau satirique semble s'inspirer, au moins dans la forme. La première page est en grande partie occupée par un autoportrait de Siné, qui semble adresser un message très amical à Philippe Val... en mode majeur...

politique,de tout et de rien

   Page 2, on trouve une sorte de déclaration d'intentions de Siné, suivie d'une brochette de caricatures (pas démentes), page 3. (On pourra noter que, sur l'ensemble du journal,  la grossesse de Rachida Dati a été une source considérable d'inspiration. Il serait beaucoup habile de tourner en dérision le côté "paillette" du personnage, de montrer à quel point elle est surfaite, voire creuse- d'accord, pas au niveau du ventre.) Par contre, les "brèves" (intitulées "Les petites nerveuses") sont savoureuses. Je vous en livre une : "Margareth Thatcher atteinte d'Alzheimer. Elle ne parvient plus à joindre Pinochet au téléphone."

  La suite est plutôt décevante : les articles sont moins le résultat d'un travail journalistique que des professions de foi. On n'apprend donc pas grand chose... sauf peut-être dans la contribution d'Arthur (???), qui, à propos de l'extinction des dinosaures, s'emmêle les pinceaux entre les millions et les milliards d'années (page 8).

   J'ai bien aimé le "strip" sur le sans-papiers qui voit finalement sa demande rejetée. La correspondance d'Israël de Michel Warschawski peut devenir instructive (mais l'illustration qui accompagne l'article m'inspire de la crainte). A signaler aussi le début d'un roman policier signé Serge Quadruppani, bien foutu. Cela ne suffira sans doute pas à me convaincre d'acheter les numéros suivants.

   La chronique supposée antisémite de Siné, publiée dans Charlie hebdo, est accessible (en partie) sur le site Rue89.

   La dernière chronique "charliehebdesque" de Siné, qui n'a pas été publiée, est lisible sur le site du Nouvel Observateur.

   Les réactions de Cavanna et Charb sont accessibles sur le même site.

dimanche, 07 septembre 2008

Wall-E

   Qu'ils sont futés, ces types de Pixar ! Le héros porte ainsi un nom qui se rapproche phonétiquement de Wally (un diminutif de Walter) et qui est aussi l'acronyme de Waste Allocation Load Lifter Earth (pour la traduc, vous ferez un effort de recherche). On pourrait faire la même démarche pour l'héroïne, Eve, Extra-terrestrial Vegetation Evaluator. Dans les animés, les robots sont, comme les animaux, des substituts d'humains auxquels on peut faire arriver un peu ce que l'on veut. Le héros est donc l'équivalent d'un ado boutonneux à lunettes (ou d'un personnage créé et incarné par Woody Allen) et l'héroïne une réplique de l'executive woman bien roulée et dynamique (un peu Lara Croft sur les bords).

   J'aime cette vision d'une Terre devenue dépotoir et de ces descendants de Terriens obèses, quasi incapables de marcher. Bon, comme on est chez Disney, il faut positiver, alors on nous montre les humains certes esclaves de la technologie, mais capables de se ressaisir. Les "méchants" sont finalement des robots, au premier rang desquels un avatar de Hal (le film est émaillé de références cinématographiques, notamment à 2001, L'Odyssée de l'espace).

   C'est souvent drôle, fort bien conçu. Quelques moments m'ont paru particulièrement réussis : la découverte du fonctionnement du briquet par Eve, la séquence de l'atelier de réparation des robots (véritable asile d'aliénés), surtout quand ça dérape. A la fin, j'ai été très émouvé... surtout qu'on peut être amené à penser qu'il n'y a pas de total happy end. (Là, je me suis dit que, s'ils avaient vraiment eu les couilles de faire chialer les mômes, j'applaudirais... finalement non.)

   A signaler un gros travail sur le son, avec une musique d'accompagnement judicieuse et un bruitage excellent. Plaisir des yeux et des oreilles, donc.

18:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma

jeudi, 04 septembre 2008

The clone wars

   Le distributeur français n'a pas voulu traduire... alors je m'y risque : "Les guerres clones" (ou "les guerres de clones" ?)... pour dire qu'en fait ce sont des guerres menées par des clones (encadrés notamment par des Jedi... faut pas déconner !). Il s'agit de l'épisode II-bis de la saga lucassienne. On y retrouve le jeune Jedi Anakin Skywalker, se battant aux côtés d'Obi-Wan Kenobi (montré sous un jour flatteur) pour le compte de la République.

   Côté graphisme (attention aux noms à consonance chinoise au générique... Lucas a créé une succursale à Singapour... et la musique est jouée par l'orchestre philharmonique de Prague, réputé certes, mais surtout nettement meilleur marché que ses homologues occidentaux !), on a voulu laisser aux principaux personnages des visages semblables à ceux des acteurs qui les ont interprétés dans les films. On ne peut pas dire que ce soit particulièrement joli à regarder.

   Par contre, le spectacle est assuré. Les combats sont nombreux, mis en scène avec, parfois, jusqu'à de la virtuosité. L'action se suit sans déplaisir... et on sent dans quelle mesure les contraintes scénaristiques (l'histoire de l'épisode III) ont pesé sur le choix des péripéties.

   Deux trouvailles sont à relever : l'intervention (fréquente et piquante à souhait) de la jeune padawan Ahsoka Tano, fort débrouillarde et la présence (souvent comique) du rejeton de Jabba The Hutt, source inépuisable de dialogues d'une grande profondeur dramatique...

18:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma