mardi, 06 novembre 2007
Je balance à tout va !
Comme je suis un homme moderne, je suis avec attention l'évolution de ma masse corporelle. A cet effet, j'avais, il y a environ deux ans, fait l'acquisition d'un pèse-personne :
Voici la bête. Elle est de marque Terraillon, et m'avait coûté entre 30 et 40 euros. Ben finalement, elle n'a guère duré. Quelque chose s'est cassé à l'intérieur. En fait, je crois que c'est à cause du dessus, qui n'était pas assez solide... qui, en tout cas, n'a pas résisté aux pressions répétées de mes augustes panards !
Du coup, quand j'ai décidé d'en changer (après avoir vérifié toutefois que le non-fonctionnement n'était pas dû à l'épuisement de la pile...), j'ai choisi une autre marque :
C'est une Téfal (du groupe Seb), à 34,5 euros. Elle semble plus perfectionnée que la précédente : comme son nom l'indique (Evolis), elle affiche l'évolution du poids (de la masse en réalité, non ?... Mesure-t-elle réellement une "quantité de matière", ou n'affiche-t-elle pas plutôt une masse en fonction du poids mesuré ?) entre deux passages (à condition d'avoir mémorisé le premier : c'est possible grâce aux touches situées sous le cadran... on peut le faire avec les orteils !).
Ici, comme c'est l'orange qui clignote (au centre), cela veut dire que je suis resté à 88,2 kg (pour 1m88... eh oui, j'ai quelques bourrelets disgracieux...heureusement guère visibles quand je suis habillé). Si mon poids avait diminué, c'est la lumière verte, à gauche, qui se serait allumée (avec affichage de la baisse : -0,2 par exemple). Si mon poids avait augmenté, c'est la couleur rouge, à droite, qui se serait allumée (avec affichage de hausse : + 0,5 par exemple).
Voilà ! J'espère que cette balance va durer plus longtemps que la précédente (elle semble plus solide sous mes pieds). Elle est alimentée par deux petites piles cylindriques (comme celles qui font fonctionner nombre de baladeurs numériques, en forme de clé USB), alors que la précédente utilisait une pile plate, circulaire. Il est à noter qu'il devient très difficle de trouver des pèse-personnes "ancien modèle", avec affichage gradué mécanique (et non numérique), dans ce genre-là :
Sur internet, il semble plus facile de trouver ce genre de modèle. J'ai d'ailleurs dégoté l'image à cette adresse :
http://boutique-en-ligne-bien-etre.zlio.com/c1622874-Pese...
15:55 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : *de tout et de rien*
samedi, 03 novembre 2007
Chrysalis
Cela commence par deux séquences qui, à priori, n'ont aucun lien entre elles (ce que le déroulement du film va s'évertuer à contredire, bien entendu) : une mère et sa fille discutent en voiture (cela se termine de manière surprenante... et fort bien mise en scène) ; deux flics (Dupontel et sa partenaire) prennent en chasse un méchant. Cette séquence-là introduit l'esthétique dominante du film : un noir et blanc bleuté, métallisé, très joli, où les plans fixes, soignés, croisent des scènes d'action très efficaces. (Mention particulière pour les combats auxquels participe Dupontel.)
C'est un polar futuriste (Paris avec des tours en son centre... c'est pour bientôt ?) bien maîtrisé, qui mêle plusieurs niveaux : la traque policière, l'expérimentation scientifique, la vengeance, les drames intimes et la politique de sécurité. L'interprétation est "haut de gamme" : Albert Dupontel (dans un rôle "à la Bruce Willis"), Marthe Keller, Estelle Lefébure (épatante !), Claude Perron (familière des films avec Dupontel... c'était aussi, rappelez-vous, la tenancière de sex-shop du Fabuleux destin d'Amélie Poulain !) et Marie Guillard sont excellents.
Et là, je lis les critiques professionnels... et je tombe des nues ! Le film se fait éreinter, alors que bien des productions médiocres bénéficient de l'indulgence des phénix de la pensée cinématographique ! Est-ce parce que c'est une production TF 1 ? Est-ce parce que Dupontel envoie chier ce petit monde ?
Franchement, ne vous laissez pas influencer. Si vous aimez les polars, la science-fiction, allez voir ce film, vous ne serez pas déçus !
17:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 02 novembre 2007
This is England
C'est en partie autobiographique et cela se passe dans l'Angleterre des années 1980. On a donc droit à des images d'époque, principalement de la guerre des Malouines et du Premier ministre en place, j'ai nommé Margareth Thatcher.
La guerre des Malouines joue un rôle dans le film, puisque le père du héros y est mort. Le gamin est un peu déboussolé, en mal d'affection... et en butte aux moqueries de quelques (petits et) grands cons de son bahut. Tout change quand un skin le prend sous son aile. Le film est donc d'abord une histoire d'amitié(s), de socialisation. Cette bande de jeunes fait des âneries, mais ça passe. La performance du gamin est sensationnelle : le film mérite d'être vu rien que pour son interprétation.
Tout change quand débarque un "ancien", qui sort de taule... et qui ne cache pas son ultra-nationalisme et son racisme. Cela crée des tensions dans le groupe... on sent le drame se profiler... Le problème est, qu'aussi talentueux soit-il, le réalisateur n'a pas pris de recul sur cette époque et il n'apporte guère d'explications à cette flambée identitaire xénophobe.
Pour ceux qui ont connu cette époque (voire qui se sont rendus outre Manche), la nostalgie joue : on retrouve ces Anglais populaires à l'accent quasi incompréhensible, fringués comme des clodos... que dire des Anglaises... si... bizarres dans leurs accoutrements... si moches quoi... ben oui !
16:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 01 novembre 2007
Le rêve de Cassandre
Pendant un petit moment (au moins 20 minutes), je me suis demandé : "Mais où Woody nous emmène-t-il ? Suis-je vraiment en train de regarder un film de Woody Allen ?" C'est désarçonnant. Pour clore son expérience britannique, il nous sert son film le moins "allénien", à tel point que je me suis parfois dit qu'il avait peut-être finalement été réalisé par le premier assistant.
Il ne faut pas se laisser perturber par ce début. Il est nécessaire à la construction du film, qui suit une ligne droite de montée de tension. Le montage a dû avoir pour but de faire alterner les scènes de manière à susciter un malaise de plus en plus grand. C'est réussi, en partie aussi grâce à la musique (jouée principalement sur des instruments à cordes).
Il s'agit, si l'on est "moderne", d'un thriller sociétal... en réalité, d'une tragédie grecque du XXIème siècle. Plusieurs indices sont insérés dans le film : l'intrigue tourne autour de la Fatalité, du Destin ; la femme dont l'un des héros tombe amoureux est actrice de théâtre ; de plus, à un moment du film, il est question d'une pièce antique d'Euripide, Médée ; enfin, le bateau éponyme du film contient le nom Cassandre...
Du coup, on peut prévoir pas mal de choses. La fin notamment est attendue. L'intérêt du film réside dans le jeu des acteurs, tous très bons (and very British) et les tiraillements qui sont le nœud de l'histoire. Qu'est-ce que la morale ? L'acquisition d'une fortune et la reconnaissance sociale sont-ils les graals de l'existence humaine ? A-t-on toujours le choix dans la vie ?
Même s'il n'est pas au sommet de sa forme, Woody étonne dans un genre qui ne lui est pas familier.
16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 31 octobre 2007
Rush Hour 3
Cette fois-ci, notre duo d'intellectuels sartriens vient foutre la merde en France ! Cela nous donne une belle collection de lieux communs. Alors, quand c'est un pays asiatique ou latino-américain qui est concerné, on rit de bon coeur à la caricature lourde. Soyons beaux joueurs, il y a un fond de vérité. La police française, un peu "virile", voire raciste ? Les rues de nos grandes villes, un brin dégueulasses ? Les chauffeurs de taxi, gros beaufs suffisants ? L'antiaméricanisme, primaire ? Les femmes, des mégères ou des mondaines ? C'est l'accumulation qui est grossière.
Et envoyez la musique ! Faites gicler les balles ! Zoomez sur les gonzesses canons !... Tout cela n'est pas très sérieux, ni subtil... mais on rigole bien. Les deux "héros" ne se mouchent pas du pied et ne sont pas mis sur un piédestal. Chris Tucker incarne certes un grand Black gouailleur et bon bagarreur, mais c'est aussi limite un crétin, un type qui n'arrive pas à ses fins. Jackie Chan interprète le personnage "respectable", oui, mais un gros coincé, corseté par une morale (en partie) d'un autre âge et un attachement infantile à certains moments du passé.
J'aime toujours autant les cascades, en particulier celles auxquelles participe J. Chan. (Il prend quelques risques, comme le semi-bêtisier nous le montre avec la scène de la table retournée...) Les vues de Paris sont superbes. Les dialogues sont efficaces... et les personnages français gratinés. Roman Polanski est délicieux en maniaque de la fouille rectale (quelle belle scène que celle qui le voit, à la fin du film, dresser son index -peut-être odorant- devant le nez de ses anciennes "victimes") et le couple (façon Deschiens) formé par Yvan Attal et Julie Depardieu est à croquer. Notons que nos amis américains ont tout de même eu la délicatesse d'atténuer ce portrait à travers la sculpturale, intelligente et débrouillarde Geneviève et le personnage d'Yvan Attal, que l'on voit évoluer positivement.
Reste toutefois que les scénaristes ne sont pas parvenus à s'émanciper des clichés concernant la France en général et Paris en particulier : la vision de la police remonte aux films des années 1950 et la manière dont l'antiaméricanisme français est montré laisse supposer que tout ce que dénonce le chauffeur de taxi est, au contraire, forcément bon. Il y a aussi un problème avec l'un des méchants : le fait qu'il fasse partie de la Cour pénale mondiale n'est pas innocent. On retrouve la méfiance éprouvée par les Yankees envers toute juridiction internationale. Ici il s'agit d'un décalque de la Cour pénale internationale, dont la fonction est déformée puisqu'en réalité, elle ne traite pas de la criminalité organisée.
15:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 30 octobre 2007
Le coeur des hommes 2
Ah, qu'ils sont forts les scénaristes ! Prenez quatre mecs, un peu burinés par la vie. On les choisit de manière à ce que les adultes de classe moyenne s'y reconnaissent : deux incarnent le "bas" de la classe moyenne (un fonctionnaire, le prof et un commerçant, le charcutier), deux le "haut" (un patron et un free lance). Ils sont parisiens et se retrouvent régulièrement dans une propriété, sans doute dans un coin de Provence. C'est cool, la vie de "Bobo" !
Ces quatre mecs se tapent des gonzesses sublimes... et les trompent tous plus ou moins. Ils essaient de la jouer copains avec ceux de leurs mômes qui sont adolescents ou jeunes adultes. Au moins, les blagues de cul sont bonnes : on rigole souvent. L'une des plus belles séquences est celle qui voit l'un des personnages (une indication : elle est gauchère) pratiquer une formidable distribution de gifles.
Au second degré, on s'aperçoit que ces couples flanchent plus ou moins pour plusieurs raisons. La principale est qu'ils sont fondés essentiellement sur le cul, très pratique pour nouer une relation, insuffisant quand il s'agit de fonder quelque chose de durable. Les concepteurs du film ne semblent pas s'en rendre compte (il n'y a aucun recul sur les personnages, mis en scène très complaisamment). On nous donne donc comme modèles ces sympathiques adolescents attardés. On peut boire un coup avec eux, guère plus.
17:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Paranoid Park
Gus van Sant nous la rejoue Elephant : il essaie de nous mettre dans la tête d'un adolescent désaxé, a souvent recours a des travellings élaborés et a choisi la musique avec beaucoup de soin. Dans ce film, il se rapproche un peu du Larry Clark de Wassup rockers. (On nous présente un monde de skaters, à la marge.)
D'où vient que j'aie été déçu ? Principalement du sentiment de "déjà vu" : dans ce film, Van Sant ne semble pas se renouveler. Cela reste plastiquement réussi, et il parvient à nous faire découvrir une partie de l'histoire au fur et à mesure que l'un des personnages prend conscience de ce qui lui est arrivé. Mais il ne bénéficie plus du sujet porteur d' Elephant (le massacre commis dans un lycée états-unien).
On peut toutefois mettre à son crédit une petite critique du mode de vie : les parents sont absents, essentiellement préoccupés (d'après ce qu'on entend dire aux jeunes) par le pognon. Et, même si c'est un film centré sur les mecs, on a un aperçu des filles : une gentille tasspé (très bien interprétée ceci dit... on reparlera de cette actrice, Taylor Momsen, à mon avis) et la copine, moins superficielle.
15:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 29 octobre 2007
Retour en Normandie
Vous avez sans doute vu (ou entendu parler de) Etre et avoir, le précédent film de Nicolas Philibert. Dans ce nouveau documentaire, il revient sur les lieux où il débuta comme assistant-réalisateur, sur le tournage de Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère, il y a 30 ans de cela.
Le film est intéressant à plusieurs niveaux. Il m'a d'abord permis de découvrir des extraits du film de 1976, que je ne connaissais pas, même si j'avais entendu parler du fait divers qui avait défrayé la chronique au XIXème siècle. Même si le jeu des acteurs peut paraître daté (pour le peu qu'on en voit), j'ai ressenti l'envie de voir ce "vieux" film.
Retour en Normandie intrigue aussi par son aspect enquête policière : Nicolas Philibert veut retrouver tous les protagonistes, à commencer par les acteurs non professionnels : des habitants du coin ont incarné les lointains occupants de la région qui s'étaient trouvés mêlés à l'affaire. Les retrouvailles sont souvent drôles, piquantes, émouvantes. Le "suspens" reste entier jusqu'à la fin quant à celui qui a interprété l'assassin, qui a suivi un parcours assez atypique.
Enfin, c'est aussi un documentaire sur ce qu'est devenu ce coin de Normandie au début du XXIème siècle. L'une des entrées est la profession exercée par tel ou tel ancien "acteur". Cela nous donne des séquences marquantes sur le métier d'agriculteur en particulier. Les témoignages des femmes nous font réfléchir, sur leur vie passée, leurs aspirations, la vie telle qu'elle est aujourd'hui.
Au final, une belle tranche de "cinéma-réalité", loin, très loin de la réalité fictive, scénarisée que nous présente la télé-poubelle.
15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 28 octobre 2007
Jours d'hiver
C'est un d'O.C.N.I. (Objet Cinématographique Non Identifié) : une collection de courts-métrages d'animation, illustrant un renko, sorte de suite de haïkus sur le mode "marabout d'ficelle" : la fin d'un texte constitue le début du suivant.
Les réalisateurs ont donc dû faire en sorte que leurs films soient liés entre eux. Les techniques d'animation utilisées sont extrêmement variées : crayonné, gouache, peinture à l'huile, images de synthèse, pâte à modeler, marionnettes... le tout très souvent retravaillé en numérique.
La deuxième partie du film nous propose un passionnant making of, à partir d'un documentaire plus long qui semble avoir été tourné pour la télévision japonaise. Si la majorité des réalisateurs sont japonais, on trouve aussi des Russes, des Canadiens, un Britannique, un Belge et un Tchèque.
Le résultat est réellement surprenant, poétique, drôle, envoûtant parfois quand la musique s'en mêle. Chaque filmounnet dure entre une et deux minutes, l'ensemble (docu compris) s'étendant sur 1h05 environ.
15:00 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 27 octobre 2007
Nocturna
Les diverses vacances scolaires sont l'occasion, pour les distributeurs de films d'animation, de sortir un maximum de produits pour faire rentrer la thune. On a donc droit au meilleur comme au moins bon.
Nous avons ici un film espagnol (avec une participation française), qui louche un peu sur Les triplettes de Belleville, parfois, au niveau de l'esthétique. C'est même mieux, à mon avis, puisqu'aux formes anguleuses et à la verticalité de la ville les réalisateurs ont ajouté beaucoup d'effets de transparence et d'ombres, très réussis.
A la base, c'est une histoire pour marmots : il est question de surmonter sa peur du noir. Le monde de l'enfance est très bien rendu à travers les séquences de l'orphelinat... Dickens n'est pas loin. La bonne surprise est la présence des chats, qui jouent un rôle clé dans l'histoire. Hasard ou pas, les étoiles sont personnalisées : ce sont de ravissants petits bouts de femmes... des fées somme toute (mais des fées vulnérables). Le comique est véhiculé principalement par les lumignons, petits bonshommes qui ont, en quelque sorte, le feu au derrière ! Le chat-man (maître des chats) incarne le protecteur costaud, sorte de substitut du père et du grand frère.
Le scénario est élaboré : l'intrigue n'est pas simpliste, tout en restant accessible aux jeunes. Les voix françaises ont été bien choisies : Jean-Luc Reichmann, Roger Carel et Evelyne Grandjean donnent du volume à leurs personnages !
20:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 26 octobre 2007
Stardust, le mystère de l'étoile
La dernière fois que je m'étais risqué à aller voir un film heroic fantasy, ç'avait été une déception. Vous souvient-il d'Eragon, cette semi-bouse sucrée ? Pour Stardust, j'ai surmonté mes réticences en raison de la distribution : tant de bons acteurs ne peuvent pas s'être commis dans de la crotte de bique.
Attention toutefois, c'est très "fleur bleue". Cela tombe bien, je suis client ! Le côté "fantasy" est bien servi par les effets spéciaux, très jolis sur grand écran. La durée (2 heures) est adaptée : l'histoire a le temps de se développer, sans que l'on sente de la précipitation à conclure. Il est vrai, ceci dit, que dès le début, on sent à peu près comment tout cela va se terminer.
Le film mérite particulièrement le détour pour son humour. Dès le début, Peter O'Toole, en monarque vieillissant, nous la joue vieux grigou (jadis, il a liquidé ses frères pour accéder au trône... et il ne serait pas contre que la tradition se perpétue... à la surprise de ses fils). C'est une illustration de ce que les concepteurs du film ont essayé de mettre en oeuvre : le détournement maîtrisé des codes de l'heroic fantasy, au service d'une romance un brin caustique.
Cela explique le surgissement dans l'histoire de cette sorte de deus ex machina qu'est Robert de Niro en pirate des airs (et de la foudre), vrai travelo sous ses dehors de gros dur ("Mais, chef, cela fait longtemps que l'on sait que vous êtes une chochotte !"... un grand moment de cinéma). L'autre ex-star sur le retour, Michelle Pfeiffer (ah, Susie et les Baker boys, ah Madame de Tourvel, ah Catwoman...), pète la forme, soit qu'elle retrouve la jeunesse, soit qu'elle jouisse de sa duplicité, de sa méchanceté, de sa vilennie... mmmm ! On peut aussi analyser son personnage comme une réflexion sur le vieillissement. C'est un autre intérêt : plusieurs niveaux de lecture sont possibles.
Mais, pour attirer le public djeunse dans les salles obscures, on lui offre en pâture deux tourtereaux, un Charlie Cox très moyen et une Claire Danes dans la lignée des canons hollywoodiens, dans un rôle finalement assez passif. Elle apporte toutefois un je-ne-sais-quoi qui donne un supplément d'âme à ce film, notamment par l'expressivité de son visage. De surcroît, la personne qui la double dans la version française a très bien fait son boulot !
22:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 19 octobre 2007
Michael Clayton
C'est produit (entre autres) par Steven Soderbergh, George Clooney et Sidney Pollack. Ce n'est donc pas un film de commande, plutôt un film de convictions... et c'est d'abord un film de genre : un polar, un polar économico-juridique même. Tout cela peut paraître rebutant, d'autant plus que l'histoire est alambiquée, comme toutes les grosses arnaques. Un conseil donc : si vous avez un pote un peu mou du bulbe, ne l'emmenez pas voir ce film.
Ceci dit, même le crétin de base est capable de prendre du plaisir à cette histoire. C'est très bien réalisé, avec des moments assez virtuoses, comme cette tentative de plan-séquence peu après le début, avec ces scènes de nuit, ces reflets changeants sur les voitures, les vitres des fenêtres... Rien de révolutionnaire mais du joli, de l'efficace, du maîtrisé quoi. Néanmoins, ce côté "bien léché" peut parfois agacer. (Ceci dit, on peut y voir la volonté de créer un contraste entre une vitrine de "luxe, calme et volupté" et une arrière-cour toute de fange et de moisi.
Dois-je parler des acteurs ? Ils sont excellents. Les hommes (une pléiade) et une femme en particulier : Tilda Swinton (vue notamment dans Broken flowers), captivante en executive woman brillante et (très) ambitieuse.
Il faut être particulièrement attentif à la séquence du début, qui précède le cœur du film, qui est un gros flash-back. Cette même séquence revient à la fin, sous un autre angle. Cette relative non-linéarité perturbe un peu : on ne sait pas trop ce qu'il se passe, du moins au début. C'est bien !
Quand on commence à comprendre, on voit le polar se muer en film politique, en dénonciation du rôle à la fois des grandes entreprises (ici une chimique) et des cabinets d'avocats prêts à tout pour palper l'oseille. Il est donc question de morale... mais attention : pas la morale de nœud-noeud prêchant la Vertu en chaire, plutôt la morale civique. La fin est donc (en partie) attendue. Reste une réflexion méritoire sur le conflit entre l'appât du gain et la vraie vie, celle dans laquelle les humains ne sont pas que de simples numéros. Ce n'est déjà pas si mal pour un film de divertissement.
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mercredi, 17 octobre 2007
Un jour sur Terre
A priori, je suis client de ce genre de film : j'aime voir des documentaires sur grand écran... d'autant plus si les ours et les félins sont de la partie ! C'est le cas ici. L'ours sert d'exemple-type, notamment à travers son destin, perturbé par les changements climatiques. A ce propos, il m'a semblé qu'une forme de bruitage avait été ajoutée : les cris des animaux m'ont semblé réels, mais les sons des pas sur la neige m'ont furieusement fait penser à la manière de doubler des skieurs ou des randonneurs de montagne. Ai-je tort ?
Plusieurs séquences sont d'une grande force : la chasse au caribou (Tabernacle !), avec un joli loup (très intelligent dans sa manière de choisir et d'affaiblir sa proie... le tout, vu du ciel), le requin boulotteur de phoque, le guépard lui aussi chasseur (un passage très stylisé). Les auteurs ont recours aux "classiques" : ils nous montrent les petits, avec leurs adorables bouilles et la touchante maladresse de leurs premiers pas. La séquence des lions et des éléphants, si elle est impressionnante, m'a laissé quelque peu dubitatif : il est évident que la scène est éclairée par les opérateurs. Alors, séquence scénarisée ??
Globalement, cela reste agréable (même si j'avais préféré La planète blanche, plus abouti au niveau des parties "polaires", mais aussi pour la migration gigantesque des caribous, mieux rendue dans ce film-là, sans scène de chasse). Le commentaire n'est pas toujours intéressant, peut être parfois approximatif, mais les accents d'Anggun sont plaisants.
13:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 16 octobre 2007
Le mariage de Tuya
La belle et dynamique Tuya est bien embêtée : comment faire tourner un élevage ovin avec un mari handicapé et deux enfants sur les bras ? Le couple (des Mongols de Chine) se résout à divorcer : il faut passer devant un responsable du Parti communiste, qu'on voit un peu étonné de la démarche : la néo-célibataire veut trouver un mari qui assure le boulot... et qui accepte la présence de l'ex et des moutards.
La nouvelle se répand. On assiste alors à un joli ballet de prétendants, qui arrivent à cheval, en moto... en Mercedes même ! C'est qu'elle a de la valeur, la donzelle ! A l'occasion d'un séjour en ville, on a un aperçu de ce que deviennent les personnes abandonnées par leur famille, dans des foyers où une partie des places est réservée aux anciens fonctionnaires communistes.
Il y a aussi le voisin, un gentil imbécile que sa femme mène par le bout du nez. Il donne un coup de main à Tuya, peut-être en espérant mieux... C'est donc une comédie sentimentale, douce-amère, qui se situe dans une région de Chine à fort particularisme. Ici, contrairement à ce qu'on a pu voir, par exemple, dans Le chien jaune de Mongolie (dont l'action se déroule dans la Mongolie indépendante), la population a été plus ou moins sédentarisée. Quelques scènes ont été conçues de manière à mettre en valeur le côté "pittoresque" (avec la présence du chameau, la description minutieuse de l'intérieur des habitations, des coutumes relationnelles...).
Au début, une mention fait état du soutien d'un organisme gouvernemental à ce film. Il s'agit du même organisme qui a aidé à la réalisation du film Le dernier voyage du juge Feng : le pouvoir "communiste" (enfin, ce qu'il en reste) a visiblement la volonté de mettre en image une sorte de "conservatoire" des coutumes des peuples minoritaires du pays.
11:05 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 14 octobre 2007
Joyeuses funérailles
Avant d'aller voir ce film, je me suis dit : "Les Britanniques nous refont le coup de Quatre mariages et un enterrement". J'y suis allé en me disant que, même si ça n'allait pas être très nouveau, ce serait toujours plaisant (le bouche-à-oreille était bon)... bien plus, en tout cas, que de regarder deux bandes de crétins bodybuildés ahaner sur une pelouse entourée de panneaux publicitaires... Au moins, je n'ai pas eu à faire la queue (ni à subir, en cours de film, les échos à peine assourdis des klaxons victorieux... une bien belle soirée, donc !).
Dès le générique, on est mis dans une ambiance de dérision, avec cette animation mi-GPS mi-cadastrale, cercueil mobile en prime. Le premier "gag", s'il est attendu, est néanmoins efficace. Le reste du film est à l'avenant, avec un crescendo qui culmine entre la 45e minute et 1h15 grosso modo, où là, on plonge dans la franche hilarité.
Les acteurs sont très bons, les dialogues ciselés (à entendre en version originale, of course, pour les accents délicieux). Ah, qu'ils sont cons ces rejetons de la bonne bourgeoisie, radins friqués et culs pincés, hypocrites au possible. On a les prédateurs, qui écrasent tout sur leur passage : le film vise à faire craqueler ce profil un peu trop solide. On a aussi les victimes désignées, les cinquièmes roues du carrosse, méprisées par les autres. Comme nous sommes en Grande-Bretagne, la réunion de famille ne serait pas complète sans un ou deux originaux, l'un d'entre eux nous conduisant droit à une catastrophe scatologique du plus bel effet !
L'entrecroisement des petites histoires de ces personnages travaillés par des soucis divergents se fait habilement. L'un des fils rouges est un flacon de pilules de "valium", qui permet de pimenter au plus haut point cette journée cérémonielle. L'autre fil rouge est le vécu sexuel de l'un des personnages (comme nous sommes en Grande-Bretagne, je ne juge pas nécessaire d'en dire davantage...). Vous mélangez le tout, secouez bien fort... et obtenez LA comédie de la rentrée !
P.S. Le titre original est Death at a funeral, traduisible par "(La)Mort à des Funérailles". Si j'avais eu à choisir le titre français, j'aurais peut-être penché pour une version plus cocasse, du genre "Mort aux funérailles !"... Ouais, bon, d'accord, je ne suis pas un professionnel du cinéma... et puis, Joyeuses funérailles, ça rend bien, faut le dire.
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samedi, 13 octobre 2007
Le dernier voyage du juge Feng
A la base, il s'agit de la dernière tournée judiciaire de la greffière et adjointe du juge Feng, qui est la cheville ouvrière du système en fait : recrutée pour sa connaissance des langues et coutumes locales, elle va être mise à la retraite anticipée pour céder la place à un jeune coq sorti de l'école, qui accompagne les deux ancêtres dans ce périple.
C'est d'abord d'une grande beauté formelle. La lumière est magnifique, la cadrage soigné, les paysages pittoresques, parfois somptueux (à voir sur un grand écran, bien sûr). Le réalisateur a aussi été très attentif aux animaux, qui jouent un si grand rôle dans cette partie rurale du Sud de la Chine : chevaux, cochons, chats, chiens, ânes, chèvres...
C'est surtout une belle comédie sociale, qui suscite le rire par l'incongruité de certaines situations : le vol d'un cheval qui n'est pas un vol, un divorce qui n'en est pas tout à fait un, un mariage qui se fait puis ne se fait pas...La grandeur de la Justice en sort parfois amoindrie !
C'est enfin une chronique de mœurs, autour de la vie du sympathique trio : le juge Feng picole pour oublier qu'il a peut-être raté sa vie, son adjointe se désole de devoir abandonner un métier (et un homme) qu'elle affectionne, le jeune, qui a des idées très arrêtées sur la loi, pense surtout à son mariage !
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vendredi, 12 octobre 2007
Halloween
En dépit du renouvellement des équipes de scénaristes, de la participation de personnes à l'imagination débordante, les séries s'épuisent. Depuis quelques années donc, la tendance est au retour aux origines (pour Batman, H. Lecter...), plutôt avec succès, il faut le reconnaître.
Dans le cas qui nous occupe présentement, on nous propose un film coupé en deux, à l'image de ce qui arrive à certains personnages ! La première partie est la plus inventive : elle vise à nous faire comprendre comment le jeune Michael Myers est devenu le monstre sanguinaire qui a fait la joie de maintes salles obscures. On s'appuie essentiellement sur la psychologie : un tueur en série qui se respecte fut un enfant victime de sévices et n'a pas bénéficié d'un cadre familial très serein. Cette partie du film peut déconcerter le public fan de "séquences sauce tomate". La peinture de cette famille (recomposée) de petits blancs est sans pitié... car, dans ce genre de film, c'est de Morale dont il est question. Le jeune Myers finit par zigouiller les méchants, les pervers, les débauchés. C'est pourquoi ce genre de films plaît tant à un certain public. Le blanc frustré sexuellement, pas très riche, y jouit de voir de ravissantes créatures subir les pires tourments (à l'exception du viol, présent à l'état symbolique, en particulier dans la séquence qui voit une beauté provocante saigner de partout).
Une mentalité assez conservatrice est donc à l’œuvre : le tueur en série ne s'en prend pas, en général, aux "purs" (les enfants)... et il est moins sadique dans la manière de tuer les "moins méchants".
La deuxième partie du film est très prévisible... surtout quand on a déjà vu un paquet de films de ce genre. Et va-z-y que ça hurle, que ça saigne, que ça cogne, que ça échappe de justesse au tueur avant qu'il ne ressurgisse, que ça meurt puis ressuscite (tout ce qui est lié au flingue est hyper convenu). Le spectateur non trisomique comprend très tôt qui est la sœur du tueur. Par contre, on se demande comment, du fin fond de sa cellule, il a pu apprendre tant de choses sur la petite ville... sans doute le fameux "sixième sens" des barbaqueurs d'élite.
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mardi, 09 octobre 2007
L'Ennemi intime
... ou comment une fiction "de gauche", imprégnée de l'esthétique hollywoodienne, tente de rendre compte de la "sale guerre" (d'Algérie).
C'est d'abord assez joli à regarder : les paysages sont habilement mis en valeur (à ceci près que l'action, censée se dérouler en Algérie, est filmée au Maroc) et les teintes bleutées (pas que pour les séquences de nuit) rendent bien, surtout sur un grand écran. Les scènes de combat sont réalistes : on nous présente des actions de guérilla et de contre-guérilla.
Côté acteurs, le bilan est plutôt positif. Dupontel campe efficacement une sorte d'archétype. Les soldats musulmans sont remarquablement incarnés. A noter aussi la performance d'Aurélien Recoing en officier supérieur sans état d'âme. Par contre, Magimel ne me convainc qu'à moitié. Si sa "conversion" est spectaculaire (on y croit), il m'est apparu assez maladroit dans sa manière de jouer le personnage au début de l'histoire.
C'est une fiction "de gauche" parce qu'elle choisit de montrer les horreurs de la guerre, des deux côtés certes, mais avec une prédilection pour les crimes de guerre commis par l'armée française : les scènes de torture sont les plus "détaillées". De plus, l'absence des pieds-noirs saute aux yeux : quand même ! De ce point de vue, un film comme Cartouches gauloises, beaucoup plus maladroit dans la forme, est parfois plus subtil sur le fond.
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vendredi, 05 octobre 2007
Un Coeur invaincu
Joli titre, ne trouvez-vous pas ? Cela sonne mieux que A mighty heart qui, si je ne m'abuse, se traduit par "Un cœur puissant"... et c'est le titre original du livre écrit par Mariane Pearl. (Et une lecture de plus programmée pour la Noël !) Deux écueils étaient à éviter : le style larmoyant et l'islamophobie primaire.
Eh bien, c'est une grande réussite. Le choix de M. Winterbottom (pour la réalisation) s'avère judicieux. Son style, qui s'inspire du documentaire, atteint ici sa maturité. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? demande le teigneux du fond. Mon petit, cela veut dire que les mouvements de caméra sont mieux maîtrisés que dans ses précédents films et que la "bougeotte" se limite aux séquences où elle est judicieuse : elle contribue à transmettre aux spectateurs la fébrilité qui était celle des enquêteurs.
J'ai vu le film en version française et j'ai apprécié que seuls les dialogues en anglais aient été doublés. Les parties en ourdou sont sous-titrées, ce qui renforce le sentiment de réalisme. Comme des Français interviennent dans le film et que quelques scènes ont été tournées à Paris, peut-être certaines répliques sont elles en français dans la version originale. (Si une personne a l'info, elle peut la faire passer ici.) L'essentiel du film se déroulant au Pakistan, ce pays et le voisin indien (où l'on peut trouver, ô merveille, des acteurs musulmans parlant ourdou et ressemblant furieusement à des Pakistanais) ont fourni le cadre. Au Texas ont été tournées les scènes avec la "famille Pearl" (et sans doute aussi les courts passages censés se dérouler au QG du Wall Street Journal).
Angelina Jolie est remarquable. Cela me fait tout drôle d'écrire cela. Il y a 10-15 ans, je ne l'aurais pas fait : sauf exception, je n'allais pas voir les films commerciaux dans lesquels elle tournait. Mais, depuis quelques années, sa carrière a pris une autre direction. Elle est ici magnifique de retenue et de détermination, grande dans la douleur, belle dans l'amour. (Petite remarque au passage : il semble qu'on ait voulu un peu l'enlaidir, pour éviter d'être accusé de faire une superproduction hollywoodienne, mais le problème est que la vraie Mariane Pearl, pour le peu que j'en ai vu, est une pure beauté !)
Côté "pipole", une collègue de travail m'a appris qu'Angelina était réellement enceinte au moment du tournage... enceinte de "Brad", a-t-elle ajouté, des étoiles dans les yeux. Il semble par contre que l'accouchement du film ne soit pas celui d'Angelina.
Quelques réserves pour terminer. Dans le film, l'enquête avance de manière trépidante, notamment parce que les services spéciaux peuvent se comporter comme bon leur semble dans le Pakistan de Pervez Musharraf. Les mandats de perquisition, d'arrêt, l'habeas corpus, tous ces machins démocratiques semblent superfétatoires dans la lutte contre le terrorisme. Je suis bien conscient que ce pays est une poudrière, mais j'ai vu comme une justification du régime policier, présenté comme étant du "bon" côté (occidental)... et surtout le meilleur rempart contre la talibanisation du pays... d'autant plus que le ver est dans le fruit, ce que le film montre très bien, à plusieurs reprises.
22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 04 octobre 2007
Les enfants de Russie
Si ce film ne vous paraît pas faire l'actualité, ce n'est guère étonnant : il a été produit en 2001. Il est donc sans doute sorti cette année-là en Espagne (c'est une production d'une chaîne de télévision ibérique)... un peu plus tard en France (en 2004).
C'est un documentaire sur des survivants : des enfants de républicains espagnols, souvent communistes, qui ont décidé de mettre leur progéniture à l'abri des franquistes. L'U.R.S.S. a accueilli les moutards... et semble les avoir bien traités : ils ont été logés, nourris... et éduqués en espagnol (et un peu en russe aussi, quand même). Pour certains d'entre eux, ce fut la chance de leur vie : ils ont eu accès à une éducation gratuite, assez poussée. Pour d'autres, ce fut le drame, en particulier à partir de 1941 : l'invasion allemande les a plongés dans une situation très difficile, puisqu'ils étaient souvent hébergés dans la partie occidentale de l'empire bolchévique. Les témoignages portant sur ces années sont particulièrement touchants.
C'est très instructif, parfois drôle. Des images d'époque sont ajoutées aux entretiens filmés à la fin du XXe siècle (et au début du XXIème). C'est tout de même un peu long (1h35, pour un docu, ça se supporte s'il est excellent). A noter que je n'ai pas vu ce film à Rodez, mais à Decazeville, l'ancien coeur charbonnier et sidérurgique de l'Aveyron, en pleine reconversion. Le cinéma est à l'unisson : la vieille salle municipale Jean-Paul Sartre (les hordes rouges sont décidément partout) a cédé la place à un mini-complexe très moderne, La Strada, dont les trois salles sont construites en amphithéâtre. A ce confort s'ajoute une programmation qui ne délaisse pas l'art et essai (en version originale sous-titrée)... et les tarifs sont abordables.
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mercredi, 03 octobre 2007
99 francs
Je n'ai pas lu le "roman" de Beigbeder... qui me paraît être un habile imposteur : le genre je profite du système tout en crachant dans la soupe. Toujours le vieil idéal du beurre, de l'argent du beurre... et du cul de la crémière, une cadre publicitaire en l'occurence. (Par contre, j'ai bien aimé ses petites apparitions dans le film.)
Jan Kounen n'est pas un réalisateur qui m'emballe des masses. C'est un habile faiseur, mais pour l'inspiration, il a des progrès à faire. Cela nous donne un film inégal.
Tout d'abord la partie "critique du monde de la pub" est ratée. Le film joue sur plusieurs degrés. Il contient de vrais publicités pour de vrais produits, sans que leur insertion dans l'histoire soit vraiment justifiée (et encore moins mise en perspective). Le film contient aussi de fausses publicités, présentées comme des vraies, faisant partie de l'intrigue. A cela s'ajoutent des séquences tournées comme des spots de pub. On sent les gros clins d'oeil, parfois très réussis ceci dit. Il faut faire attention aux détails dont certains plans sont émaillés. C'est plaisant. Mais il y a aussi des séquences qui ne sont pas censées être du registre publicitaire... et qu'on a bien du mal à distinguer des autres. C'est là tout le problème de Kounen : il n'a pas su s'émanciper de son sujet. Il n'y a donc aucune chance pour que le spectateur moyen sorte de la projection mieux armé (et plus réticent) vis-à-vis de la publicité qu'il ne l'était avant d'entrer dans la salle. Du côté de la production (ou du scénario), on a dû le sentir, ce qui explique le petit texte moralisateur de la fin.
Restent les acteurs, excellents, cabotins sans excès... et l'humour, auquel j'ai été particulièrement sensible : c'est (souvent) du pipi-caca-vomi. Je recommande tout particulièrement la séquence du début au cours de laquelle le héros Octave parcourt son appartement, un lendemain de murge : c'est délicieux ! A noter aussi la scène des toilettes et du PQ... potache à souhaits !
Côté drôlerie, je mettrai de côté une autre séquence : celle du reformatage du spot pour le yoghourt, qui voit les deux héros bâcler en 5 minutes un projet daubique, utilisant les grosses ficelles... mais qui va susciter l'enthousiasme général. C'est, avec la scène du choix de l'actrice, le seul vrai moment de satire du film. (On a cru bon de faire dire à Octave -en voix off- que le patron du groupe laitier est "un gros con", preuve qu'on n'était pas certain qu'à la vision du film ce soit suffisamment évident.) On pourrait peut-être y ajouter, si ce n'était pas aussi attendu, le détournement du spot télé. Mais j'ai trouvé la version "trash" finalement pas si drôle que cela par rapport à l'originale, très comique prise au second degré.
13:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
vendredi, 28 septembre 2007
Caramel
Quand j'étais petit garçon, je me repassais mes leç... euh... j'accompagnais ma mère chez le coiffeur... ou plutôt chez LA coiffeuse. Elle allait toujours dans le même salon, tenu par des femmes uniquement. C'est donc le sujet qui m'a amené à voir ce film (avec le supplément "épilation")... et le bouche-à-oreille, très bon.
J'ai retrouvé cette ambiance de femmes, entre parfums et douceur, même (surtout) quand dehors la vie est dure. Il faut souligner la qualité de l'image, en particulier quand le caramel est filmé. Les gros plans des visages sont bien choisis. J'ai beaucoup aimé la musique. Que de qualités, me direz-vous !
Pourtant, les personnages peuvent paraître caricaturaux : l'héroïne (interprétée par la délicieuse Nadine Labaki, la réalisatrice) est l'archétype de la "victime", la belle "cruche" que l'homme marié sonne quand l'envie lui prend... et qui n'obtiendra rien de lui. La réalisatrice a le mérite de ne pas essayer de rendre le personnage plus intelligent qu'il n'est. Le pire est que j'ai déjà rencontré ce genre de femmes ! Et c'est le cas des autres : la copine coiffeuse qui va se marier, au caractère bien trempé (avec, au passage, une très gentille dénonciation du conservatisme religieux), l'employée homosexuelle (c'est dingue, mais j'ai connu quelqu'un qui ressemblait, au physique comme au mental, à ce personnage), le flic sympa (pour l'équilibre, on nous en fait voir un autre franchement relou), la soeur dévouée.
Par contre, je n'ai jamais connu de vieille indigne comme la frangine déjantée de la couturière ! Elle vaut le détour ! Tout comme les dialogues, émaillés de mots ou expressions françaises (voire anglaises)... à voir en version originale sous-titrée, donc.
Le fond de l'histoire n'est pas idiot : au-delà de l'aspect "paillettes" de ces femmes qui s'entretiennent, on voit bien que leur situation est fragile, entre Layale qui vit encore chez ses parents, Nisrine qui doit faire recoudre son hymen, Jamal la divorcée qui n'accepte pas de vieillir et Rose qui doit encore travailler à un âge où elle devrait pouvoir jouir de sa retraite.
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jeudi, 27 septembre 2007
28 semaines plus tard
Bon, ce coup-ci, je ne vais pas la jouer "critique à la petite semaine", peser le pour et le contre. Autant raconter le film franchement.
Cela commence par une scène d'intérieur : dans un coin de la campagne anglaise bien verte, un groupe de rescapés de la précédente épidémie se prépare à manger. On sent une ambiance lourde : ils sont barricadés, loin de tout, plusieurs personnes sont séparées de leurs proches et la nourriture se fait rare. Dehors, le monde est hostile. Brrrr !
Alors que tout ce petit monde est à table, un enfant frappe à la porte : il est poursuivi par une bande de cannibales. Alors, doit-on le sauver ? Oui, finit-on par décider (sachez qu'on n'abandonne pas un enfant, JAMAIS, ce n'est pas bien). Dans la foulée surgit la horde de contaminés qui n'a aucune peine à défoncer les modestes protections du bâtiment. Notons toutefois qu'ils ont eu la délicatesse d'attendre le tournage du film pour venir becqueter les derniers rescapés de la région. La suite est attendue : baston, bave et morsures. De l'héroïsme à deux balles aussi... et de la lâcheté. La lutte pour la survie fait oublier bien des principes aux personnages. Ils finissent tous par le payer, à un moment ou à un autre. (Les crânes d'oeuf de la Fox, qui produit le film, voulaient afficher un gros panneau ATTENTION MORALE à cet instant, mais je crois qu'ils ont fini par y renoncer, faute de budget : ils avaient déjà tout dépensé dans les effets spéciaux urbains des séquences suivantes.) La poursuite est filmée de manière efficace, caméra à l'épaule. Notons que le héros semble doté de prédispositions pour la course, puisqu'il arrive à distancer sans trop de problèmes la horde d'anthropophages. Trop de vraisemblance tue la vraisemblance...
Voilà qu'on nous gratifie d'une ellipse : on retrouve le héros quelques semaines plus tard, à Londres, en compagnie de ses gosses (une ado un peu tasspé et un gamin fifils à sa maman), auxquels il est bien en peine d'expliquer qu'il a laissé leur génitrice se faire boulotter par les monstres. Du coup, les djeunses nous font un plan "rebelle" (qu'on sentait venir à 100 kilomètres) : ils quittent discrètement l'espace protégé et s'aventurent dans la zone interdite, encore contaminée peut-être. (Dans ce genre de film, c'est le signe que les gros ennuis ne vont pas tarder à débarquer.) O, coup de théâtre : ils retrouvent la môman ! Vivante ! Quel bel esprit de famille !
La reprise de l'épidémie survient d'une manière relativement inattendue, mais quand même "morale" : un fauteur est puni par là où il avait péché, en quelque sorte. Après, ça gicle convenablement... ça explose aussi. Tout cela est montré avec une complaisance telle (notamment au niveau du carton réalisé par les snipers) qu'on est en droit de se demander si le réalisateur et les scénaristes ne partagent pas les convictions des officiers, qui ne voient de solution que dans l'usage de la force massive, quitte à faire une grosse omelette. Je regrette aussi que l'on n'ait pas davantage exploité l'aspect "sanguin" (et pas sanguinolent) de l'intrigue.
Les plans mettant en scène Londres ne sont pas déments : entre images de synthèse et vues satellite, on s'ennuie ferme. Quant aux acteurs, ils semblent confinés dans les stéréotypes. Seule la comédienne qui incarne la mère (Catherine McCormack, je crois) réalise une vraie performance d'actrice.
Dernière chose : on nous prépare une suite. En effet, malgré les fusillades, malgré les gaz, malgré le napalm, malgré les pales de l'hélicoptère, un groupe de contaminés a survécu... et, comme, depuis quelques années, la Grande-Bretagne n'est plus une véritable île, on finit par les voir débarquer quelque part...
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samedi, 22 septembre 2007
La question humaine
L'ombre de Shoah, l'excellent documentaire de Claude Lanzmann, plane sur ce film de fiction. La principale référence, non explicitée, est la lecture (faite par Kessler, le psy incarné par M. Amalric) de ce rapport SS sur l'extermination des juifs à Kulmhof (Chelmno). Dans Shoah, c'est Lanzmann lui-même qui lit le texte (mieux que ne le fait Amalric, à mon avis). L'autre référence est le plan qui montre, à plusieurs reprises, l'extérieur du complexe chimique, supposé situé en région francilienne. On retrouve un plan (qui n'était pas fixe dans Shoah) d'une zone industrielle de la Ruhr que Lanzmann fait défiler pendant sa lecture du fameux rapport. Enfin, le rêve de Kessler, dans lequel on aperçoit des tas de chaussures, fait écho à la "sélection" des futures victimes. On peut ajouter que la toute fin du film, un noir sonorisé par la scansion des noms des victimes, rappelle la fin de Sobibor, autre documentaire de Lanzmann (élaboré à partir de matériaux qu'il n'avait pas inclus dans Shoah), qui s'achève par la liste des convois de déportés, lue par Lanzmann.
Mais l'originalité du film semblait résider dans le parallèle tracé entre la manière dont l'entreprise (ici la grande) et la bureaucratie nazie traitent la "main-d'oeuvre". La première heure du film est bonne. On est plongé au coeur de cette firme, plus particulièrement dans le vivier des jeunes cadres. Le réalisateur ne cède pas à la tentation esthétisante et ne cherche pas à faire de "belles zimages" avec les scènes de boîtes de nuit ou de rave. Les acteurs sont convaincants. Les personnages féminins, de la copine du psy à l'épouse du dirigeant, en passant par la secrétaire et la cadre "vorace" en apparence, sont particulièrement réussis.
Je ne sais pas pourquoi mais après, cela se dégrade. La direction d'acteurs semble s'être relâchée. (Les scènes ont-elles été tournées dans l'ordre chronologique, ou bien le montage a-t-il été bâclé ?... Il est vrai que l'on aurait pu couper quelques morceaux : les 2h20 m'ont paru longues.) Cela ressemble de plus en plus à du mauvais Godard. Le noeud du film, à savoir la prise de conscience du psychologue, est vraiment mal mis en scène et, j'ose le dire, mal joué par Amalric, qui reste aussi glacé qu'auparavant (contrairement à sa petite amie, on ne perçoit pas de différence).
La vraie réussite du film est de montrer comment la vie d'une entreprise peut faire ressurgir la mémoire de la Shoah. Mais le sujet dont j'ai entendu causer à la radio (la supposée analogue chosification des humains dans le monde entrepreneurial et dans l'empire nazi) n'est pas vraiment traité.
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jeudi, 20 septembre 2007
La dernière légion
Nous sommes redevables de ce péplum des temps modernes à la famille de Laurentiis : le patriarche Dino, qui a produit moult fresques plus ou moins ambitieuses, et deux de ses filles. La distribution est alléchante, le sujet (les pérégrinations du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule) piquant.
Au moins les acteurs sont bons (à part le gamin qui fait Romulus, par ailleurs trop jeune pour le rôle) : Colin Firth et Ben Kingsley jouent tantôt dans le registre épique, tantôt dans le second degré. Cela donne des moments plutôt agréables. Les scènes de baston sont aussi réussies. Les méchants (très très vilains qu'ils sont) assurent, pour notre plus grand plaisir.
Le problème est qu'on n'y croit qu'à moitié : le scénario est souvent téléphoné. De plus, on a visiblement pratiqué des coupes, ce qui nuit au rythme du film (mais le fait tenir dans un format jugé sans doute acceptable, soit 1h35... et ça permet de faire des économies de pellicule). Il y a aussi des invraisemblances. Passent encore les déformations de l'histoire : c'est l'adaptation d'un roman, donc on accepte les "licences poétiques". Mais les costumes ne sont pas toujours fidèles à l'époque (le Ve siècle), à mon humble avis... et il y a un gros problème avec l'un des personnages... (suspens)
NE LISEZ PAS LA SUITE SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM...
OU ALORS NE VENEZ PAS VOUS PLAINDRE APRES !
Je veux parler du "combattant byzantin", entouré de mystère au début. Son accoutrement serait mieux adapté au Moyen Age qu'à cette période. Mais il est nécessaire si l'on veut notamment que le spectateur de base (qui n'a pas encore compris qu'on lui ménage la méga surprise de sa race) s'étonne de la dextérité de ce chevalier... qui se révèle être une somptueuse brune (indienne), bien dotée par la nature aux endroits idoines. Cette ancienne Miss Monde tient bien son rôle (mais si vous observez bien la première scène de bagarre, où "elle" est encore masquée, il semble bien qu'il s'agisse d'une doublure, plus baraquée qu'elle)... avec un maquillage tout terrain, inoxydable !
Au vu de la fin, j'ai un peu peur qu'on nous ménage une suite. Ce lien opéré entre l' "épée de César" et Excalibur est quand même assez farfelu...
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mercredi, 12 septembre 2007
Cartouches gauloises
Voilà un film qui ne fait pas un tabac. Ne serait-il pas un peu fumeux ? me suis-je demandé dans un grand moment d'effervescence intellectuelle. Il faut d'abord savoir qu'en dépit de son titre et de son sujet (la fin de la domination française sur l'Algérie), et même s'il est en partie tourné en français, coproduit par des Français, c'est un film algérien. On ne sera donc qu'à moitié étonné de lire, en tête des remerciements, une vibrante formule en hommage à A. Bouteflika, un homme dont les convictions démocratiques pourraient faire rougir bien des populistes européens...
Pourtant, le film essaie de ne pas (trop) verser dans le manichéisme. La plus belle réussite est la peinture du monde pied-noir, qui n'est toutefois qu'à moitié convaincante. Le problème est que les dialogues français sont assez pauvres et sonnent souvent faux. Il y a peut-être une faiblesse concernant la direction d'acteurs, voire des erreurs de casting (il me semble qu'on a dû recruter des non professionnels, une pratique qui a déjà porté ses fruits... quand le metteur en scène savait mener son équipe). Les dialogues en arabe m'ont semblé plus vrais... même si je ne peux juger que sur l'intonation (et la traduction sous-titrée).
Il y a donc des gentils pieds-noirs et des moins gentils. On nous les montre quand même souvent plutôt riches, ce qui est une erreur (mais, comparativement aux Algériens, il est vrai que la position des pieds-noirs, même modestes, a pu paraître aisée). Les soldats français sont quasi systématiquement dépeints comme des brutes sanguinaires. On ne distingue pas les appelés des professionnels. C'est dommage... même s'il est faux de penser que les uns se sont toujours mieux conduits que les autres. Le cas des harkis est mis sur le devant de la scène : un personnage donne le ton global du film, qui dénonce "les traîtres" souvent jugés pires que les Français ; même si l'un d'eux est un montré positivement, globalement, le point de vue est très négatif (le jeune héros finit d'ailleurs par dénoncer leur chef -qui se planque- aux types du F.L.N.). Le réalisateur a néanmoins l'honnêteté de souligner l'abandon dont les harkis ont été victimes.
Question objectivité, on appréciera aussi le fait que le film aborde les atrocités commises par les indépendantistes. A cet égard, la séquence la plus marquante est celle qui voit les enfants entrer dans la maison pied-noir, dans laquelle résonne Bambino (non, pas chantée par Dujardin !) et où ils finissent par découvrir les cadavres des adultes. Par contre, le résultat de l'attentat à la bombe n'est que suggéré. (A ce sujet, je me pose une question : n'y a-t-il pas un anachronisme dans cette séquence ? En effet, il s'agit d'un attentat suicide ; or, il me semble que si les indépendantistes algériens ont eu très souvent recours aux attentats, il ne s'agissait que de poseurs-euses de bombes, pas de "kamikazes".)
Le cas des prostituées est différent. Bien qu'elles vendent leurs charmes aux Français (civils comme militaires), elles ne sont pas condamnées par le film : le jeune héros sauve la vie de l'une d'entre elles. De plus, un plan suggère qu'elles profitent de l'inattention des clients pour leur piquer leur fric (quelles bonnes patriotes !). On retrouve ici la fascination de nombre de cultureux pour la prostitution. Peut-être faut-il aussi y voir une réminiscence personnelle : la part autobiographique étant grande dans ce film, peut-être l'auteur a-t-il placé là des souvenirs personnels.
Une touche d'humour, pour terminer. Le chef de gare, ami du jeune héros, apprend qu'il va être muté à Sarcelles (on est en 1962, ayez bien cela en tête). Il déclare que là-bas au moins, il ne risque pas de retrouver des Arabes et des juifs !
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vendredi, 07 septembre 2007
Ceux qui restent
Cela a été souvent dit : le sujet est hyper casse-gueule et c'est le premier film d'Anne Le Ny en tant que réalisatrice. De surcroît, elle a confié à Vincent Lindon un rôle que l'on a l'impression de l'avoir déjà vu interpréter une dizaine de fois. Le tout début m'a fait peur : le plan du dessus est très bon, mais le jeu de Lindon sonne faux (jusqu'à son départ, clopin-clopant, vers la station de R.E.R. ; soyez attentifs, par exemple, aux pommes dauphines). Heureusement, il est nettement meilleur dans le reste du film.
Emmanuelle Devos est excellente. Pas facile de jouer une "pétasse sympathique" sans sombrer dans la caricature. Elle y parvient et son personnage "dégage" plein de choses. Cela nous donne une série de moments tantôt émouvants, tantôt drôles (le paradoxe est que l'on rit souvent, par petites touches, dans ce film très sombre sur le fond), sans que le montage ne ménage de transition entre deux émotions (par exemple entre le moment où Devos chambre Lindon, avant d'entrer dans un café, et celui où elle n'est pas loin de s'effondrer, assise en face de lui). A signaler aussi le personnage de la fille : Yeelem Jappain incarne avec beaucoup de talent cette adolescente sur le gril, pas facile à gérer pour son entourage.
La réalisation est inventive, dès le début, avec ce plan du dessus. On sent le soin apporté au cadrage, comme dans cette scène où Lindon est assis, filmé de dos, la tête de Devos reposant sur celui-ci. On aurait pu s'attendre à une mise en scène convenue, mais, au contraire, Anne Le Ny nous surprend. Par exemple au tout début, quand on voit les préparatifs de Lindon, comme on s'est informé avant d'aller voir le film, on se dit qu'il fait cela dans un but précis ; on va découvrir que la personne concernée par ces préparatifs n'est pas celle à laquelle on avait d'abord pensé. Même chose quand Lindon est filmé au lit, chez lui, vers 5h30 du matin, lorsque le téléphone sonne. La personne qui est au bout du fil n'est pas celle que l'attendait si l'on s'est laissé guider par la scène qui a précédé celle-ci.
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Sicko
Le nouveau film de Michael Moore sort sans le tapage qui a entouré la diffusion des précédents... peut-être parce que le polémiste se fait plus patelin, sans que l'humour frondeur et le goût de la provoc' bien organisée aient disparu.
Du coup, ceux qui n'aiment pas M. Moore ne changeront sans doute pas d'avis à l'issue de ce film et ses admirateurs ne seront pas déçus. On retrouve donc les défauts de Moore : des approximations (sur les systèmes de santé européens), un manque de recul critique sur Cuba (la séquence qu'il y tourne, fort intéressante au demeurant, est quasiment de la propagande pour le régime castriste... mais, devant un public yankee, Moore a une sacrée pente à remonter pour faire émerger un peu de sérénité dans l'appréciation qu'ont ses compatriotes du pays de Fidel) et une surutilisation de la musique (en général bien choisie, pleine d'ironie dans la séquence française) qui, d'un point de vue esthétique, ravale parfois le film au niveau de la télé-réalité étasunienne.
Mais le film abonde aussi en qualités. C'est d'abord, pour le public non-américain, une grande claque dans la figure : voici ce qui nous attend peut-être, nous les Frenchies, une fois que, sous la pression de certains lobbys médico-pharmaceutiques, nos gouvernements libéraux bon teint auront achevé le démantèlement de la protection sociale. Par moments, dans Sicko, on se dit que ce n'est pas possible, que la situation est trop ubuesque. Quand l'aspect financier prend le dessus sur le souci des malades, regardez ce que cela peut donner...
Certaines des séquences les plus drôles voient Moore jouer au Candide et poser aux assurés sociaux et aux personnels médicaux européens des questions qui suscitent des réactions amusées voire ironiques de leur part. Mais la meilleure séquence est, à mon avis, celle qui concerne Guantanamo, du constat de l'abandon des sauveteurs du 9/11 jusqu'à l'arrivée (clandestine ?) à Cuba. A proximité de la base US, Moore apostrophe les gardes, leur demandant l'autorisation d'entrer (ce qui, bien entendu, ne lui sera pas accordé, ce qu'il savait par avance) pour faire soigner les courageux héros (pompiers notamment) aussi bien que ces salauds de terroristes : ceux-ci, contrairement aux citoyens libres des Etats-Unis d'Amérique, bénéficient d'une efficace couverture médicale universelle... et gratuite !
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vendredi, 31 août 2007
Mr Brooks
Kevin Costner casse un peu son image pour interpréter ici un méchant assez gentil, au lieu d'un gentil très gentil comme il le fait d'habitude. William Hurt l'aide un peu. En face, on trouve notamment la délicieuse Demi Moore.
J'ai eu du mal à adhérer au principe du "mauvais conseiller" (William Hurt), qui oblige le scénariste à prévoir un contrepoids (la foi chrétienne du héros en l'occurence). C'est pesant, surtout au début mais si on adhère à l'intrigue, les acteurs étant bons, cela finit par passer. C'est même une source d'humour, l'une des qualités de ce film, qui essaie d'innover un peu dans le genre du polar. Bon, cela ne casse pas des briques, mais c'est efficace et assez bien foutu.
Pour profiter à fond du film, il faut écouter très attentivement les paroles de la mauvaise conscience (qui sait plein de trucs qu'on ne découvre que par la suite)... et se demander qui est vraiment à l'origine de telle action (comme un déménagement). L'un des grands plaisirs du film réside dans le jeu du chat et de la souris entre l'enquêteuse (Demi... C'est quand tu veux pour me poursuivre !) et l'assassin, qui en pince un peu pour la fliquette... Tu parles, elle le fait bander un max, oui ! Mais, ici comme ailleurs, la morale hollywoodienne est sauve : l'homme bien marié, bon père, ne fautera pas, même s'il va donner un coup de papatte à sa dulcinée policière.
La fin ménage suffisamment d'incertitudes et de coups de théâtre pour qu'on sorte du film pas mécontent, sans être ravi pour autant.
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jeudi, 30 août 2007
Gen d'Hiroshima (suite)
Emballé par le premier tome, j'ai acquis les suivants (2,3,4,5 et 6).
Le volume 2 se passe à l'été 1945. Gen et sa famille sont confrontés à deux gros problèmes : se nourrir et se loger. Ils découvrent l'égoïsme de nombre de leurs compatriotes. Ils finissent par s'installer chez une amie de la mère de Gen... dont les proches voient d'un très mauvais oeil l'arrivée de ces "intrus". Les conflits qui se déroulent dans cette maison sont à la fois ahurissants et drôles : l'auteur a pris du recul, même s'il ne cache rien des difficultés rencontrées à l'époque.
Gen passe son temps à chercher à manger, et il croit encore à la possibilité de la survie des membres de sa famille qu'il a pourtant vu périr à Hiroshima, sous les décombres de leur maison. Dans ses pérégrinations, il rencontre des bandes de gamins, souvent orphelins, qui luttent pour ne pas mourir de famine. Il croise aussi une fille défigurée par les radiations, qui rêvait de devenir danseuse. Lui-même s'aperçoit qu'il perd ses cheveux.
Petite remarque : je n'ai pas pu me procurer ce tome à Rodez même. Le magasin spécialisé dans la bande dessinée proposait les volumes 1,3,4,5,6 et 8, alors que l'espace culturel Leclerc n'avait que le tome 10 (le dernier : pas de stock chez eux... trop cherrr !). Il était aussi absent des rayons de la grande librairie locale (qui, par contre, propose les tomes les plus récents). Le week-end dernier, je me suis rendu à Toulouse : j'en ai profité pour faire l'achat du tome 2, à la librairie Ombres blanches.
Le volume 3 que j'ai acheté est "collector" : deux cahiers ont été inversés au moment de la reliure : on passe de la page 64 à la 97, puis de la 128 à la 65, pour rebasculer de la 96 à la 129. J'ai gardé l'exemplaire. Ce volume est centré sur le personnage d'un irradié, gravement malade, qui loge dans sa famille, qui l'accepte mal, tant il est purulent. Gen va s'en occuper (au départ, pour de l'argent) et découvrir que le bonhomme est un peintre. La famille de Gen est toujours autant soumise à la vindicte des logeurs, alors que dans la région, certains enfants ont mis au point des stratégies particulièrement élaborées pour s'en sortir.
Le quatrième tome se déroule après la guerre. La bombe continue à faire des victimes, au grand désespoir de la population. La petite sœur de Gen, née le jour de la bombe, tombe malade, puis disparaît. Parti à sa recherche (ainsi qu'en quête de nourriture), Gen fait plusieurs rencontres, qui sont autant de petits reportages sur l'état de la société japonaise de l'époque : il retourne à l'école, voit la montée en puissance des yakuzas et l'arrivée des "diables américains", que l'on déteste à cause de la bombe, mais dont on apprécie les sucreries (les chewing-gums en particulier) et les réserves alimentaires. La couverture montre ce à quoi sont réduites certaines Japonaises pour survivre. Ce tome est aussi l'occasion de nous faire découvrir des rites bouddhistes, auxquels Gen ne croit guère, sauf s'ils lui permettent de réunir de quoi faire vivre sa famille.
Le volume 5 prend un tour encore plus dramatique : la mère est gravement malade et les enfants sont pris entre le rejet des "Japonais normaux" et l'influence des yakuzas, qui cherchent à profiter des enfants des rues (face à une police impuissante et discréditée). Quelques rayons de soleil viennent égayer l'atmosphère, comme le vieil écrivain abandonné, qui devient le second père de la bande d'orphelins, formant avec eux une nouvelle famille, celle du cœur et de l'entraide.
Ce tome est aussi l'occasion, pour l'auteur, de faire émerger plusieurs éléments de critique politique : Gen se contrefiche de la visite de l'empereur à Hiroshima ; il voudrait que tous les responsables japonais de la guerre et les Américains paient pour leurs crimes. La reconstruction politique du pays est montrée sous un jour assez trouble, avec des candidats loin d'être honnêtes et des yakuzas sans cesse plus présents. Quant aux victimes de la bombe, elles intéressent au plus haut point les autorités états-uniennes... Pour survivre, les enfants vendent des crânes...
La couverture du volume 6 montre le meilleur ami de Gen (qu'il avait jadis pris pour son petit frère, décédé dans l'incendie d'Hiroshima), qui fricote avec les yakuzas, enfermé dans un centre pour jeunes délinquants. Il va s'en échapper, mais la violence règne au dehors. De surcroît, la mère de Gen est toujours malade et se nourrir correctement reste une épreuve quotidienne, d'autant que le marché noir est florissant. Gen retrouve un personnage qu'il avait rencontré jadis (est-ce le début d'une histoire d'amour ?) et sa petite troupe se montre très entreprenante : elle parvient à s'acheter une machine à coudre ; l'avenir s'annonce un peu meilleur. Mais la "scoumoune" guette : le vieil écrivain a la santé fragile et son livre sur l'horreur d'Hiroshima ne trouve pas preneur, tant la censure est puissante à l'époque.
14:55 Publié dans Japon, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : *de tout et de rien*