dimanche, 03 février 2008
No Country for old men
Non, cela ne veut pas dire que les hommes âgés n'ont pas accès à la musique country ! On se trouve néanmoins dans le Sud rural des États-Unis, au Texas, pas très loin de la frontière mexicaine. Les paysages sont jolis mais, de ce point de vue-là, les frères Coen ne réinventent rien. Ils sont bien plus habiles dans les scènes d'intérieur, en particulier quand ils jouent sur les ombres et les reflets : c'est vraiment chouette ! J'ai retrouvé le talent des réalisateurs de Barton Fink et Fargo notamment.
On a beaucoup parlé de la violence de certaines scènes. Certes. Mais les critiques auraient pu davantage souligner qu'une partie des meurtres ne sont pas montrés : c'est le résultat qui nous est offert, voire seulement suggéré (y a des ellipses, oui !). La même "économie" a été mise en pratique au niveau des dialogues : ce n'est pas un film bavard... et c'est tant mieux ! Tout cela baigne dans l'humour noir ; on aime ou on n'aime pas. J'aime.
Côté acteurs, on a fait la promo du film sur le nom de Tommy Lee Jones, alors qu'il n'est qu'au second plan. De surcroît, il nous la rejoue vieux-baroudeur-à-qui-on-ne-la-fait-pas : cela commence à lasser. Il était nettement meilleur dans Dans la vallée d'Elah. Le véritable personnage principal du film est le tueur méthodique et givré, incarné par Javier Bardem (dont le regard hante l'affiche du film). Celui qui fut l'un des acteurs fétiches de la movida espagnole a pris de la bouteille (et un accent anglais irréprochable). Il est inquiétant d'assurance tranquille. A noter sa coupe de cheveux old fashioned, qui fait de lui une sorte d'archange maléfique, qui dispense la mort sur son passage... sauf quand une pièce de monnaie se met de la partie.
L'autre grand personnage du film est celui du "cowboy (presque) solitaire" qui trouve le fric, interprété avec brio (mais tout seul !) par l'excellent Josh Brolin (vu récemment dans Planète terreur de Rodriguez et Dans la vallée d'Elah... décidément). C'est celui auquel le spectateur masculin de base est censé s'identifier.
En dépit des jérémiades de deux flics ronchons (dont Tommy Lee Jones) sur le temps qui passe et les valeurs qui se perdent, il ne faut pas voir dans le film une quelconque morale. Comme souvent chez les Coen, chacun est invité à se faire la sienne. Cela peut désarçonner mais cela pousse aussi à ne considérer le film que comme ce qu'il est : un pur moment de plaisir.
PS
J'ai toutefois trouvé le dernier quart-d'heure décevant.
17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 02 février 2008
La visite de la fanfare
C'est une fiction... hélas. On aimerait que l'atmosphère dans laquelle baigne ce film s'étende à la réalité du Proche-Orient... C'est un sujet casse-gueule : ma principale crainte était que des hectolitres de bons sentiments ne viennent nuire à la qualité du film.
Heureusement, ce n'est pas le cas. A la base, les musiciens égyptiens viennent d'Alexandrie : ils sont donc une incarnation du top de la culture méditerranénnne... et ils se retrouvent dans le trou du cul d'Israël (et donc dans la merde). L'esprit de Tati (le cinéaste, pas le commerçant) souffle sur les premières séquences, où tout est dit par la caméra. De manière générale, le réalisateur a soigné le cadrage. Pas d'effets spéciaux donc dans ce long-métrage, mais du savoir-faire.
Cela rend les scènes de groupe (en particulier celles qui voient se rencontrer Égyptiens et Israéliens) vraiment très intéressantes, parfois hilarantes, un peu comme dans les comédies italiennes des années 1950-1970. Côté acteurs, on a choisi des "gueules". Les visages, à l'image des personnages, ont un vécu.
L'un des ressorts du comique est le principe du retournement : ce sont les Égyptiens, issus d'un pays en développement, qui, à bien des égards, apparaissent "évolués", face aux Israéliens de "province" (on est loin de Tel Aviv et des films branchouilles), un peu "ratés". L'une des plus belles scènes est celle qui, dans la boîte de nuit, voit le beau gosse égyptien montrer à l'Israélien coinços comment draguer la cousine de la copine de son pote, gestes à l'appui !
21:55 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 01 février 2008
Survivre avec les loups
Attention : bien que le personnage principal soit un enfant, bien que les plus belles séquences mettent en scène des chiens ou des loups (vraiment magnifiques et bien dressés), ce n'est pas un film que je recommanderais au plus jeune public : la réalisatrice a choisi (à raison) de ne pas atténuer le crudité de certains moments, ce qui peut choquer.
C'est donc une histoire vraie, celle de cette petite Belge juive qui va traverser l'Europe à la recherche de ses parents. L'actrice est plutôt convaincante, mais, à mon avis, pas toujours bien dirigée : on la fait notamment trop parler. Certains dialogues sonnent faux, comme si on lui mettait des paroles d'adulte dans la bouche. Elle est néanmoins très bonne en enfant têtue, acharnée à survivre. Elle est drôle aussi quand elle fait la sale gosse.
Restent les adultes. On a voulu faire reluire le casting. Le couple formé par Guy Bedos et Michèle Bernier est à moitié convaincant (et la scène qui voit le vieux fermier virer son neveu vraiment mal jouée). Les bourgeois cathos qui hébergent (contre espèces sonnantes et trébuchantes) la petite après l'arrestation de ses parents sont plus réussis, en particulier l'épouse (interprétée par Anne-Marie Philipe je crois). Les parents sont très bien. (J'ai un faible pour Yaël Abecassis... qui m'en blâmera ?)
Les éléments du contexte sont tantôt très réussis (la séquence avec les orphelins juifs, la rencontre des partisans soviétiques), tantôt plutôt ratés (en particulier la scène qui voit des gamins polonais ou ukrainiens, chrétiens, lancer des pierres sur les juifs embarqués mollement par les nazis : c'est mal joué).
J'en sors donc mitigé : agacé par les maladresses, ému par le parcours de cette fille, enchanté par la présence des animaux.
23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
dimanche, 27 janvier 2008
La nuit nous appartient
Je n'avais pas vu le film à sa sortie immédiate... et il est parti. J'ai récemment eu l'occasion de le voir en version originale sous-titrée. J'ai tenté l'expérience, alors que le sujet, à la base, ne me botte pas.
La première partie du film n'a fait que confirmer mes craintes : c'est clinquant et truffé de clichés. Les policiers sont dévoués, à cheval sur les valeurs ; les mafieux sont très bien organisés, avec une apparence de respectabilité ; les filles sont jolies, s'habillent comme des péripatétitiennes friquées et le héros se la pète dans cet univers de paillettes.
A partir du moment où le frère se fait tirer dessus, les clichés commencent à se retourner. Le frangin superficiel se révèle courageux et intègre, la femme amoureuse et fidèle devient distante, le flic modèle ne tient plus la route, le père si fort n'a plus la maîtrise de la situation et les mafieux propres sur eux se révèlent être des ordures.
C'est de surcroît habilement filmé. Le réalisateur James Gray exprime son talent dans une palette assez large de situations : en intérieur (hangar, boîte de nuit, commissariat, appartement familial, chambres d'hôtel) comme en extérieur (dans la rue, sur le trottoir ou sur la route -avec une bonne séquence de poursuite, à la campagne... magnifique séquence dans les blés à la clé).
Au niveau de l'interprétation, je relève tout particulièrement la performance de Robert Duvall, criant de vérité en patriarche polono-américain, et Mark Wahlberg, surprenant. Les méchants sont aussi très bien joués. Par contre, Joaquin Phoenix m'est apparu être le point faible, ce qui est gênant vu que c'est le "héros". Une limite qui n'empêche pas le film d'être très prenant, tendu, sur le fil du rasoir.
16:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 26 janvier 2008
La guerre selon Charlie Wilson
Attention, grosse distribution pour ce film historico-politique. Vu les moyens déployés, il n'aurait sans doute pas pu se faire sans la présence de Tom Hanks (coproducteur), Julia Roberts et Philip Seymour Hoffman au générique. Il faut le placer dans la même catégorie que Syriana (avec Clooney dans le rôle de l'acteur connu friqué engagé).
Le nœud de l'intrigue est la genèse de l'intervention (plus ou moins discrète) des États-Unis aux côtés des moudjahidin afghans combattant les méchants envahisseurs soviétiques. C'est une vision assez unilatérale de la chose : la complexité du contexte afghano-pakistanais n'est absolument pas rendue. Par contre, le film nous fait pénétrer dans les arcanes de la vie politique états-unienne, du Congrès de Washington aux lobbyistes du Texas. C'est drôle, fortement teinté d'antiparlementarisme. Julia Roberts (qui pourrait intenter un procès aux spécialistes de chirurgie faciale qui l'ont "travaillée") est géniale en pétasse friquée fondamentaliste. En face, on trouve un duo de grands acteurs : Philip Seymour Hoffman, méconnaissable sauf par le talent, et Tom Hanks, qui est actuellement sans doute un des rares à pouvoir tenir la route dans une scène de face à face avec le précédent. Au niveau des seconds rôles, le directeur du casting a dû vivre des moments particulièrement éprouvants quand il s'est agi de recruter la ribambelle d'assistantes voluptueuses qui entourent le député. On retrouve avec plaisir la petite Amy Adams, qui confirme le talent entraperçu dans Il était une fois.
Il y a un côté "Pieds Nickelés" dans la description de l'action de ce petit groupe de francs-tireurs américains (des marginaux doués présentés systématiquement sous un jour favorable) qui a changé l'Histoire. On retrouve ainsi une thématique très souvent mise en scène outre-Atlantique : le bon sens de ceux qui sont proches du peuple, opposé à l'aveuglement d'une élite arrogante, fût elle du "bon côté" de la barre.
Au niveau de la réalisation, il ne faut pas s'attendre à des prouesses. C'est corseté, pas dégueu, mais pas génial. J'ai parfois eu l'impression d'assister à une scénarisation de jeu vidéo (quand les Soviétiques dézinguent les civils afghans et quand, plus tard, des moudjahidin descendent les appareils des Rouges).
Les gros sabots sont particulièrement visibles à la fin, quand le personnage incarné par P. Seymour Hoffman conjure celui interprété par T. Hanks (Charlie Wilson, qui a vraiment existé) de ne pas arrêter l'effort après le retrait soviétique : il fait allusion au fanatisme d'une grande partie de ceux que les États-Unis ont financés, armés et entraînés. En fond sonore, on entend des avions passer à basse altitude... Pas idiot, mais un peu rapide comme raccourci.
19:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 25 janvier 2008
Sweeney Todd
Quand on n'a pas fréquenté de salle obscure depuis un petit moment, l'idéal est d'y replonger pour une valeur sûre. C'est donc parti pour le dernier film de Tim Burton, sur lequel je n'avais auparavant quasiment rien lu : je ne savais même pas que c'était chanté !
Commençons donc par les chansons, qui occupent une telle place dans l'intrigue qu'il a été jugé pertinent de les laisser telles quelles (avec un sous-titrage) dans la version française. Riche idée ! Comme les autres "dialogues" ne sont pas très abondants, j'ai donc eu droit à une semi-version-originale. Il m'a fallu presque un quart d'heure pour m'habituer au procédé... d'autant plus que c'est au début que l'on entend, à mon avis, les moins bonnes chansons : celle de la fille du héros coincée dans sa chambre et celle de son prétendant, toutes deux d'une niaiserie assez confondante. Heureusement, la suite n'est pas du même aloi. J'ai particulièrement aimé la séquence de joute entre les deux barbiers, sur la place publique.
Les décors sont d'une grande beauté, qu'ils soient "naturels" ou numériques. L'équipe de Burton a réussi à ressusciter un Londres victorien sale et fascinant. De surcroît, il manie toujours aussi bien la caméra (je pense en particulier à un travelling avant zigzagué de toute beauté), même s'il a parfois tendance à se regarder tourner. On le lui pardonne sans problème : lui, au moins, il est bon. Le numérique semble avoir été particulièrement utilisé pour les effets "saignants". C'est impressionnant... et d'une violence inhabituelle chez l'auteur de Edward aux mains d'argent. Je pense qu'il aurait fallu restreindre le public aux 16 ans et plus.
Les acteurs sont remarquables. Johnny Depp est parfait en beau ténébreux, doté d'un pouvoir quasi maléfique. Helena Bonham Carter est étincelante (c'est le deus ex machina du film, en fait), tour à tour amoureuse, glauque, triviale, inquiétante... et quelle bonne cuisinière ! Sacha Baron Cohen, frisettes et moule-poutre ostensibles, cachetonne avec talent. Alan Rickman ne laisse pas sa part au chien, même si j'ai eu du mal à oublier Severus Rogue. Il forme un duo percutant avec Timothy Spall (qui a récemment incarné une autre enflure dans Il était une fois).
Au final, c'est un film brillant, virevoltant même, souvent drôle mais assez triste sur le fond. Burton y malaxe la pâte humaine et les sentiments qui la meuvent : amour, désir, rancune, appât du gain. Toutefois, l'ouvrage me paraît incomplet : il lui manque une séquence d'introduction (avec l'évasion du barbier) et une scène de conclusion, avec deux des personnages (je ne vous dirai pas lesquels)... en bonus sur le DVD ?
PS
Ma petite Little, tu peux te précipiter à cet excellent cours de cuisine...
14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 02 janvier 2008
Et ton Palm, Arès ?
Comme ça, au débotté, je vais vous jeter à la figure mes fulgurances cinématographiques de 2007.
Meilleure apologie du sado-masochisme chez les minorités opprimées : Apocalypto
Oscar du film le plus économe en dialogues inutiles (merci !) : Le Grand Silence
Meilleur film des années 1950 sorti en 2007 : The Good German
Meilleur documentaire sur ceux qui n'ont aucune envie de se faire "buter jusque dans les chiottes" : Itchkéri Kenti
Meilleur oscar mérité : La Vie des autres
Meilleur film de beauf moderne : Hypertension
Meilleur film fascisant : 300
Meilleure réflexion sur la condition de l'homme contemporain : Norway of life
Meilleur conte : 10 canoës, 150 lances et 3 épouses
Meilleur film aquatique : Agua
Meilleur film d'un membre de la famille Miyazaki : Les Contes de Terremer
Plus belle mise en scène d'une histoire d'amour entre deux adultes pas crétins : Le Vieux Jardin
Meilleur film de branleur : Irina Palm
Meilleur film tarantinesque : Boulevard de la mort
Meilleur film d'animation : Persepolis
Meilleur film-vérité : Le Scaphandre et le papillon
Meilleure apologie de la philanthropie au cinéma : La Colline a des yeux 2
Meilleur "biopic" : L'Avocat de la terreur
Meilleur film d'action : Die hard 4
Meilleur vaudeville : 2 Days in Paris
Meilleur film culinaire : Ratatouille
Meilleur film de propagande cubaine : Sicko
Meilleure comédie dramatique : Ceux qui restent
Meilleur film judiciaire : Le Dernier Voyage du juge Feng
Meilleure comédie britannique : Joyeuses funérailles
Meilleur film social britannique : This is England
Nanard pour puceaux de l'année : SuperGrave
Putain de film d'action politique : Le Royaume
Meilleur film médical : Saw IV
Meilleur Disney : Il était une fois...
Prix spécial de la meilleure utilisation des logiciels de traitement de l'image : Ce que mes yeux ont vu
20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Le prince Ahmed
C'est un film d'animation un peu particulier. Tout d'abord parce qu'il date de 1923. (C'est l'époque phare de l'expressionnisme.) C'est de plus un film allemand, réalisé par une femme, Lotte Reiniger. De surcroît, les images sont constituées d'ombres chinoises (avec des personnages découpés dans du papier et articulés).
Vous allez me dire, c'est bien beau tout cela, mais que dire du résultat ? Eh bien, c'est un charmant conte de fées (de sorciers plutôt), inspiré des Mille et une nuits (on y croise Aladin). Les petits apprécieront le merveilleux, la fin heureuse (les héros parviennent quand même à surmonter les difficultés rencontrées). Les moins jeunes goûteront l'accompagnement musical (d'époque), le soin apporté aux découpages.
Hanna Schygulla est la narratrice (discrète). Le film dure 1h05.
16:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 31 décembre 2007
Je suis un cyborg
... Naaan, pas moi, voyons ! Une ravissante Sud-Coréenne, qui s'imagine, dans le dernier film de Park Chan-wook, qu'en mettant la partie supérieure du dentier de sa mémé dans la bouche, elle peut communiquer avec les équipements électriques. Elle parle aux néons, au distributeur de boissons et qu'est-ce qu'elle suce !... des piles, menfin ! Bande d'obsédés !
Il ne faut surtout pas rater le début de cet ovni, vraiment emballant. Après, on est parti pour 40 minutes de gentil délire : l'héroïne se retrouve chez les dingues, croise sur sa route un garçon un peu fêlé lui aussi, mais avide d'aider son prochain. Le tout est de savoir s'il va parvenir à la guérir... et à nouer avec elle une relation amoureuse.
Vers la moitié du film, cela commence à tourner un peu à vide. Malgré la grande inventivité visuelle (c'est le réalisateur de Old boy, tout de même ! On le retrouve bien avec ces séquences qui voient l'héroïne flinguer avidement le personnel d'encadrement de l'établissement), on s'ennuie un peu, avant que la dernière demi-heure ne relance l'intérêt.
Derrière ce qui semble n'être que l'étude d'une historiette médicale se profile un traumatisme juvénile. Le réalisateur a voulu traiter de ces vies brisées, qui finissent parfois en institution. Chaque "grand malade" a droit à son petit moment de gloire dans le film. Ils ne sont pas vus comme des bêtes de cirque. De ce point de vue, le début du film est faussement trompeur.
20:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 30 décembre 2007
Ce que mes yeux ont vu
La peinture vous intéresse, mais vous trouvez que, trop souvent, elle est la chasse gardée d'une caste de snobs ? Alors ce film est pour vous ! Il s'agit d'un polar pictural, sur le fond et sur la forme (avec de très jolis plans de détails et des scènes de "scanner" passionnantes... il m'a semblé percevoir l'influence du Blow up d'Antonioni, pour tout dire).
L’œuvre du peintre Watteau est au cœur de l'intrigue. La distribution déchire : Sylvie Testud incarne avec grand talent (on a l'habitude, mais ça ne fait pas de mal de le répéter) une étudiante opiniâtre, face à un universitaire reconnu, interprété avec classe par Jean-Pierre Marielle. Là-dessus se greffe une histoire d'amour peu commune avec un sourd-muet (James Thiérrée excellent) qui voit ce que cache la surface des choses...
C'est plastiquement très réussi (avec un bon accompagnement musical), prenant, surprenant même !
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 29 décembre 2007
Paysages manufacturés
Ce film est consacré au travail d'un photographe canadien anglophone, Edward Burtynsky, et à ses voyages. Le concept est le suivant : une séquence filmée sert à introduire une photographie. A l'exception d'une incursion au Bangladesh, toutes les séquences ont été tournées en Chine, même si le propos du film vise à l'universel : en artificialisant son territoire à l'extrême, l'être humain perd la substance de son existence.
Ca a l'air quasi kantien, dit comme cela, mais en fait c'est un fantastique voyage dans la Chine contemporaine. Cela commence par un magnifique travelling dans une usine de confection. On découvre un peu plus tard qu'on y fabrique notamment des fers à repasser. Tout est dit sur la géométrisation de l'espace, la soumission des employés à une organisation économique rartionnelle, la hiérarchisation des rapports humains. Au détour d'un plan, on découvre la dextérité dont nombre de ces ouvriers(ères) font preuve, pour un salaire modique. Par la suite, on aura un aperçu de la récupération des déchets industriels, d'un chantier naval de destruction (au Bangladesh), de la transformation de la région du barrage des Trois-Gorges (avec ce moment extraordinaire qui voit les habitants détruire leur propre ville ou village condamnée par la future montée des eaux du lac de retenue... ils sont payés à la brique récupérée !).
Le film, tout en reconnaissant les apports positifs de la "modernisation" de la Chine, pointe l'augmentation des inégalités, qui frappent par exemple les personnes âgées, en particulier à travers la frénésie immobilière qui saisit les grandes villes comme Shanghai.
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vendredi, 28 décembre 2007
La clef
Casting d'enfer pour ce polar de Guillaume Nicloux. On y trouve Guillaume Canet (très bien), Marie Gillain (très bien aussi... pis craquante en plus... bon d'accord, chuis pas objectif), Jean Rochefort (très bien en vieux renard sur le retour), Vanessa Paradis (le point faible de la distribution, à mon avis), Josiane Balasko (avec laquelle le réalisateur nous refait le coup de Cette femme-là), Thierry Lhermitte (à voir absolument pour ceux qui ne le croient pas capable d'interpréter d'autres personnages que comiques)... je vous passe les seconds rôles, tous excellents.
Les dialogues sont bons (sauf peut-être dans les scènes Paradis-Canet), l'intrigue prenante. Le montage renforce cette impression : deux histoires (liées, bien entendu, tout l'intérêt étant de découvrir, au fur et à mesure, les éléments qui les rattachent) se déroulent alternativement, sous nos yeux, à 30 ans d'intervalle dans la "réalité".
On a reproché à G. Nicloux son goût pour le "glauque". Il n'est que le reflet d'une certaine réalité sociale (et délinquante), sur laquelle s'appuie tout bon film policier. A la différence de bien de ses prédécesseurs, le réalisateur n'atténue en rien la violence du Milieu, sans faire preuve de complaisance. Le tout est certes bien "enrobé" : la photographie est soignée, la musique au diapason de l'ambiance.
On a aussi reproché la fin, supposée bâclée... N'importe quoi.
Qu'est-ce que c'est que ces cons qui font la fine bouche ! Le pire est que le mauvais accueil critique (dont pourtant je me méfie) a failli me détourner de ce film ! Croyez-moi, si vous aimez les polars, vous passerez un bon moment.
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 26 décembre 2007
Les animaux amoureux
J'aime les documentaires animaliers, à condition qu'ils ne soient pas très scénarisés, non pas dans leur montage (il faut bien donner un minimum de cohérence aux prises de vue), mais dans le déroulement de ce qui est filmé : l'être humain ne doit pas influer sur la vie des animaux qui sont filmés. C'est pour cela que je préfère aller voir Les animaux amoureux plutôt que Le renard et l'enfant (ou encore bientôt Mèche blanche), même si ce dernier n'est sans doute pas sans qualité.
L'introduction est poussive : on nous impose un commentaire lénifiant dit par Cécile de France. Il est question de "magie de l'amour" alors que les animaux sont mus essentiellement par les pulsions du rut. Vouloir à tout prix en faire des cousins des êtres humains est à mon avis une erreur... sauf dans le cas des singes, qui nous ressemblent vraiment : ils se font des bisous comme nous, ils pratiquent le "missionnaire" (je ne sais pas s'il faut s'en réjouir...), s'occupent de leur progéniture à la manière d'humains (responsables... y a des parents indignes chez nous). Cela m'amène à un autre défaut du film : la systématisation de la procréation. Pour dire les choses plus clairement, le coït semble n'être que l'introduction (!) à la maternité...
Les parades amoureuses sont variées, souvent très jolies, pittoresques (ah les grenouilles, les dindons) voire hilarantes. Les oiseaux sont privilégiés, même si l'on nous propose des mammifères et des insectes. J'ai adoré la scène de ménage entre le lion et la lionne : les deux sont en train de se dorer la pilule au soleil ; visiblement le mâle, les burnes à l'air, ressent comme un picotement au niveau du bas-ventre ; il essaie de se faire comprendre de sa compagne, qui rechigne à se faire culbuter comme ça sans façon. Je vous laisse découvrir la fin... Il y a bien sûr compétition entre les mâles. On s'attend à un combat de cervidés, qui finit par arriver, impressionnant. On rira aussi aux prises de bec, aux coups de papattes des lièvres, aux folles courses des oiseaux sur l'eau. On s'esclaffera aux grands coups de tête dans les fesses administrés par les girafes (si, si !).
Les images (sur grand écran svp) sont souvent magnifiques, la musique d'accompagnement est bien dosée, à l'unisson des images, pas envahissante.
Tout ça pour dire : MERDE AUX CHASSEURS !
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mardi, 25 décembre 2007
Tous à l'ouest
C'est l'adaptation d'un épisode des aventures de Lucky Luke, La Caravane (époque Goscinny-Morris). L'esprit de René Goscinny souffle donc sur ce film d'animation. (Au générique, la mention de l' "aimable collaboration" d'Anne Goscinny, la fille, est là pour rassurer les puristes.)
En effet, c'est drôle. Les dialogues sont parsemés de jeux de mots, de blagues parfois anachroniques. (On peut s'amuser à relever les références...) Des effets visuels viennent conforter cette impression. On a aussi choisi un mode surréaliste pour traiter des aventures du cowboy solitaire : les explosions ne tuent pas, les lois de la gravité ne s'appliquent pas tout à fait et les animaux parlent. C'est ce qu'il fallait faire. Il y a parfois un petit côté Tex Avery dans certaines scènes.
Au niveau des voix, le choix de Clovis Cornillac pour Joe Dalton (un peu inspiré par Louis de Funès, à mon avis) est excellent. J'ai aussi beaucoup aimé l'interprétation de Michael Lonsdale, parfait en notaire rondouillard et véreux. Marie Vincent (dont on entend souvent la voix dans les films d'animation doublés en français) vient apporter une touche gouailleuse, à la Arletty, dans un rôle chevalin assez piquant !
Ceci dit, si l'on rit, c'est rarement aux éclats. On sourit souvent. Ce n'est déjà pas si mal.
17:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 23 décembre 2007
I'm not there
C'est un biopic (biographic picture) un peu barge (censément être à l'image du personnage), six acteurs incarnant Bob Dylan à un moment différent de sa vie, ou dans un état différent. J'ai été attiré par le procédé... et par la présence de Cate Blanchett au générique. (On y voit aussi Charlotte Gainsbourg, qui interprète celle qui fut la compagne frenchie de la vedette.)
Je ne suis pas fan de Dylan, à la base. Pour moi, c'est une icône gauchiste des mouvements protestataires des années 1960-1970. Je n'ai donc sans doute pas saisi toutes les allusions glissées dans le film.
En tout cas, force est de constater que ce long-métrage déconstruit le mythe : Dylan y apparaît mystificateur, faux jeton, alcoolo, drogué, habile musicos ceci dit... et finalement creux. Je ne sais pas si tel était le but du réalisateur, en tout cas, c'est comme cela que je l'ai ressenti. C'est globalement bien joué. Cate Blanchett notamment confirme son grand talent : androgyne, elle est parfaite dans le rôle de la star volontairement obscure. Les plus belles séquences sont celles qui montrent l'Amérique "d'en bas", celle supposée évoquée dans des chansons de Dylan. La photographie est belle dans ces moments-là. De manière plus générale, le noir et blanc sied parfaitement à cette histoire. Todd Haynes s'essaie à l'inventivité visuelle, avec succès ma foi.
Par contre, qu'est-ce que les dialogues sont chiants !!! Le vide intersidéral du personnage principal déteint sur le film, beaucoup trop long de surcroît. (Je vous assure que j'ai bien senti les 2h15... et encore, je ne fais pas partie de ceux qui se sont endormis pendant le film !) Reste la musique, agréable.
21:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 21 décembre 2007
Bee movie
Attention, c'est un "dessin animé" plutôt destiné à un public adolescent et adulte. Beaucoup de choses (en particulier les sous-entendus et quelques gags) peuvent passer au-dessus de la tête des bambins. Ils apprécieront néanmoins le rythme de l'action (avec une séquence de poursuite automobile époustouflante... scène de dialogues sur un pare-brise à la clé !), les rebondissements (parfois assénés un peu trop rapidement... le montage n'est pas optimal) et l'humour, en particulier le décalage entre le monde des humains et celui des abeilles (et tous les gags liés à la différence de tailles).
Mais le film est surtout intéressant pour ce qu'il nous dit du monde des humains, non pas à travers les hommes et femmes représentés, mais à travers la vie des abeilles, symbolisant l'organisation des sociétés humaines, centrées sur le travail. Il est question des inégalités, du sens de la vie, de l'importance du travail : c'est de ce point de vue l'anti "An 01" (on arrête tout et on réfléchit), puisque tout s'effondre dès que les abeilles, après avoir gagné leur procès, cessent leur activité.
Mais on y décrit aussi les turpitudes d'une catégorie très prospère aux Etats-Unis : les avocats. J'ai bien aimé la remarque du moustique, à la fin : de suceur de sang à avocat, la marche n'est pas grande, puisque l'acquisition d'un attaché-case suffit ! J. Seinfeld est sensible au juridisme états-unien... et à l'écologie. Ce film est un plaidoyer en faveur de ces insectes, menacés ici par l'enfumage industriel... en réalité par les fabricants de pesticides, qu'on n'a pas osé attaquer de front... sans doute par crainte de suites judiciaires... Décidément, on ne sort pas des manuels de Droit !
J'ai un regret : j'ai vu le film en version française, ce qui m'a privé de la voix de Renée Zellweger, qui incarne (dans la version originale) la charmante fleuriste Vanessa, quintessence de la New-Yorkaise aisée, féministe, écolo et soignée (un pendant outre-atlantique de la Parisienne).
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jeudi, 20 décembre 2007
Il était une fois...
Cela commence comme un conte de fées... puis ça dérape, mais pas trop. Un Indien débarqué chez nous y verrait comme une adaptation locale du style "Bollywood" : c'est hyper sucré, limite nunuche et parcouru de séquences chantées et/ou dansées. C'est d'ailleurs le point faible du film en version française : on a voulu doubler les chansons (Disney a des moyens, que voulez-vous), au lieu de laisser les voix d'origine, accompagnées d'un sous-titrage. Mauvais choix.
Cela n'empêche pas le film d'être bourré de qualités. La première est la réussite de l'animation, au niveau des animaux qui entourent la princesse dans la "vie réelle". C'est parfois magnifique et j'ai adoré toutes les séquences avec l'écureuil (un petit clone du héros de Ratatouille ?), en particulier celles où il mime un méchant et la princesse. Les acteurs sont bons. Le prince charmant (James Madsen... oui, "cyclope"... excellent !) est un crétin, mais un gentil crétin d'une franchise désarmante. Le vrai charmant est une sorte de Guillaume Canet états-unien. Susan Sarandon prête ses traits à la méchante, de manière très convaincante. La petite Amy Adams s'en sort bien : pas facile d'incarner de manière plausible une ingénue aux pouvoirs surnaturels qui évolue vers plus de maturité.
La première partie est un dessin animé "classique", qui mélange des références à Blanche Neige et les sept nains, Cendrillon, La Belle au bois dormant et Bambi (entre autres). Disney a mis le paquet de guimauve et les grosses caisses : c'est qu'on se livre à de l'autoparodie ! Au passage, on en profite pour se payer la tête de ces enfoirés de Dreamworks : un ogre vert (façon Shrek) est ridiculisé... au besoin avec de l'humour glauque ("morval" dirais-je)... ça vous apprendra à vous fiche de nos beaux films dans les vôtres, non mais !
Après, ça déchire. On a le choc des cultures entre les personnages issus des contes et les "vraies gens". Je recommande la découverte de la télévision (et d'une télénovela particulièrement puissante) par le prince charmant et l'acolyte fourbe.
Au bout de 20 minutes, on sait ce qu'il va se passer, mais ce n'est pas grave. On a droit à un peu plus de 1h30 de détente, parfumée de romantisme.
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samedi, 15 décembre 2007
Yvan Colonna, coupable, innocent ou faux-cul ?
J'ai suivi le procès à travers la presse et la radio. Franchement, le cas Colonna, je m'en fous un peu. C'est la mort de Claude Erignac que je regrette. D'où l'importance du jugement de ses assassins présumés... de TOUS les assassins, car le tireur n'est pas le seul responsable, c'est toute une idéologie sectaire (le nationalisme corse), adepte de la violence extrême, qui a créé les conditions de ce meurtre.
La tactique des avocats de Colonna était claire : instiller le doute. Ils y sont parfois arrivés, il faut le reconnaître : je pense qu'on n'a pas abordé tout le fond de l'affaire... cela dérangerait-il du monde ? Commençons par procéder à une véritable reconstitution. Les avocats de Colonna ont aussi, de manière moins explicite, défendu l'idée qu'il s'agit d'un règlement de compte de "l'Etat colonisateur" contre le pauvre petit peuple corse (du coup, ils se sont évertués à prononcer "Colonn", à la corse, et pas "Colonna"). Cela nous a donné l'occasion de bien rigoler. Mais c'est tout de même insultant pour la grande majorité des Corses, qui ne sont pas des crapules.
Deux moments ont été pour moi particulièrement éclairants : ceux qui ont vu l'interrogatoire des épouses des membres du commando déjà condamnés puis celui de leurs époux. On sentait que des pressions avaient été exercées. Ce sont d'abord des familles qui sont victimes de cette affaire... à commencer par la famille Erignac. Mais, de l'autre côté, on a fini par se rendre compte qu'au-delà du militantisme politique puéril, il y a avait le foyer et les femmes et enfants dont on serait séparé pendant des années, puisque, cette fois-ci, le pouvoir politique parisien ne semble pas avoir pesé en faveur de l'indulgence dont ont trop longtemps bénéficié les excités de la cagoule. Je comprends parfaitement le désarroi des épouses, auquel s'ajoutent les pressions locales. Je conseille de (re)lire les comptes-rendus des audiences : on réalise que ces femmes, qui avaient d'abord mentionné la présence d'Yvan Colonna, n'étaient pas très sereines au tribunal.
Reste le cas du présumé tireur. Ses avocats étaient chargés de déminer cet aspect de l'affaire. Il fallait, pour éviter une condamnation, déjouer aussi les accusations de participation au commando. Colonna savait qu'il jouait gros (il risque à son tour d'être séparé de sa famille pendant un long moment), d'où la manière dont il a apostrophé un des membres de l'équipe. Vraiment, à la lecture du dialogue, on sent que l'un essaie de faire pression sur l'autre.
Je ne suis donc pas totalement convaincu qu'Yvan Colonna était le tireur, mais je suis persuadé qu'il a participé à l'opération. (Avec une cavale bien organisée ma foi ce mec avait des choses à se reprocher.) Rien que pour cela, il mérite une condamnation lourde. Mais, visiblement, les autorités tenaient à en faire le tireur. Pourquoi ? Savent-elles des choses que l'on n'a pas révélées au procès ? S'appuient-elles sur des preuves supplémentaires (je pense en particulier à des témoignages) qu'il a été jugé dangereux de produire au procès ?
Dernière chose : la réaction de certains nationalistes, après l'énonciation du verdict. L'usage d'armes contre des symboles de l'Etat (plus précisément de ses forces de l'ordre) est à lui seul débile. Mais le dynamitage de la villa de l'une des amies de la veuve de Claude Erignac est dégueulasse.
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mercredi, 28 novembre 2007
Lions et agneaux
Trois histoires s'entrecroisent : une entrevue entre un sénateur républicain (excellent Tom Cruise) va-t-en-guerre et une journaliste "libérale", c'est-à-dire de gôche, au sens ricain (Meryl Streep, caricature de l'intello juive, affublée de fringues moches et chères) ; une intervention de troupes spéciales en Afghanistan (les scènes les plus convaincantes) et un dialogue entre un prof de fac (Redford, plutôt mauvais) et un étudiant doué mais pusillanime (interprété par mec à qui on a envie de filer des taloches). C'est globalement verbeux : trop de dialogues, pas très bien écrits.
Je vois à peu près ce que Redford a voulu faire. La "gauche" américaine se mord les doigts d'avoir été roulée dans la farine par l'équipe Bush après le 11 septembre 2001. Au second degré, ce film d'un progressiste est une sorte d'exorcisme. C'est aussi la dénonciation de l'égoïsme d'une grande partie des Zaméricains, qui préfèrent passer leurs loisirs à regarder des programmes télévisés daubiques et le reste du temps à essayer de palper un max de thunes (et se complaire dans une sorte de poujadisme intellectuel) plutôt que de jouer leur rôle de citoyens. C'est aussi une vision critique de la stratégie gouvernementale : le sénateur est un illuminé et ses décisions envoient des soldats au casse-pipe.
Le film est réussi quand il montre ces jeunes, issus des minorités, de quartiers "difficiles", réfléchir sur leur engagement et finir par intégrer l'armée... et je ne vous dis pas dans quel merdier ils se retrouvent ! On sent chez Redford la volonté de ne pas stigmatiser les soldats tout en contestant les modalités de l'intervention militaire... et ses motivations politiques réelles.
Le résultat est donc un peu décevant.
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mardi, 27 novembre 2007
Saw IV
Celui-là est interdit aux moins de 16 ans... donc la salle ne comporte pas de djeunse boutonneux, juste des adulescents plus ou moins dégourdis (la majorité du public avait entre 18 et 25 ans)... plus quelques "vrais" adultes !
Ça commence fort, par une séquence très chirurgicale (le générique de fin nous précise d'ailleurs qu'un "physician" a collaboré au film), très réussie, très ambiguë (on se demande sur quoi elle va déboucher). La suite est beaucoup plus attendue.
Visiblement, ils ont du mal à fournir, au niveau du scénar. On sent que cela s'épuise un peu. Alors, on tire sur toutes les ficelles. Ici, pendant un moment, on ne voit pas le lien entre les personnages et les épisodes précédents. Les anciens décors sont rentabilisés : on y fait évoluer (en partie) les protagonistes du numéro IV. On finit par comprendre que les événements ne se déroulent pas après, mais pendant l'épisode III. (Je mets les retours en arrière à part.) Cela donne un peu de sel à l'intrigue.
Reste une grosse invraisemblance : le film commence avec l'autopsie du tueur... et se termine dans la pièce où il s'est éteint, à la fin de l'opération réalisée par le médecin qu'il avait fait enlever. C'est incohérent. A moins que... (suspense pour la suite)
On remarque aussi que certains points de l'histoire ne sont pas complètement exploités (comme le cas du type dont la fille avait été enlevée dans le III. On attendra Saw V...
11:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 24 novembre 2007
American gangster
Le film compte non pas un mais deux héros, deux anti-héros (c'est à la mode). La première partie du film met leurs destins en parallèle, montrant à la fois leur ascension (chacune dans son genre) et leurs côtés "obscurs"... Tous deux sont issus d'une minorité : noire pour le trafiquant, juive pour le flic. Tous deux ont commencé en bas de l'échelle : dans le ghetto noir pour le premier, dans le quartier italo-américain pour le second (dont les potes de collège sont devenus des mafieux). Dans cette partie, on retrouve la virtuosité de Ridley Scott, qui, mine de rien, nous livre une véritable étude sociologique. Le tout, comme ça, dans le flux de l'intrigue, dans un film commercial bien charpenté.
Mais là s'arrêtent les ressemblances entre les personnages. "Frank" (Denzel Washington excellllent) est plutôt puritain, radical quand il s'agit de prendre des décisions, attaché aux valeurs familiales... et plus encore au pognon, alors que Richie (Russell Crowe formidable) est un voluptueux, plutôt asocial et louvoyeur, méprisant le culte de l'argent. Leurs ascensions prennent des chemins différents : le Blanc suit une forme de méritocratie, passe des concours, intègre un "service public", le Noir reprend une "entreprise", innove, conquiert des marchés, affronte ses concurrents.
Toutetois, les deux bonshommes partagent le goût de la rigueur dans le travail, ce qui va les rapprocher à la fin.
Par comparaison, les autres personnages, certes bien interprétés, apparaissent en retrait. Deux mots sur les femmes : à part la mère (incarnée par Ruby Dee, l'inoubliable maman de Wesley Snipes et Samuel L. Jackson dans Jungle fever), ce sont soit des putes soit des profiteuses de mecs. La vision est donc assez misogyne... et reste fidèle aux "canons" de la mythologie du film de gangsters : les fréquentations des caïds ne peuvent être que des canons sans cervelle avides de fric et de sexe...
Reste la question de la scène manquante.
Ben oui, il en manque une. Ceux qui ont vu la bande-annonce ne peuvent que s'étonner d'avoir "raté" la scène qui montre Frank Lucas s'approcher, dans l'obscurité, de la caméra (qui le filme en contre-plongée) et tirer (bel effet avec l'éclair provoqué par la détonation, illuminant brièvement son visage fermé), avant de quitter les lieux, abandonnant l'arme sur place.
Le film durant déjà près de 2h30 (on ne les sent pas, je vous assure), je suis d'avis que des coupes ont été pratiquées (et c'est parti pour l'édition collector du D.V.D. !). Je pense que cette scène devait suivre l'algarade survenue dans un bar tenu par un revendeur, qui a "manqué de respect" à Frank quand celui-ci lui a ordonné de ne plus couper sa came ou bien de changer le nom de la daube qu'il vend. (Décidément, ces entrepreneurs sont prêts à tout pour conserver un marché !) Ce personnage a pu être assassiné par Frank après qu'on a tenté de tuer sa femme sous ses yeux : de retour chez lui, il entend ses frères lui proposer de faire la peau à cette petite frappe (sans qu'ils aient la preuve qu'il soit responsable de la tentative de meurtre), ce que le patron refuse. Après cela, on a une ellipse : Denzel Washington retourne en Asie du Sud-Est (au passage, Ridley Scott égratigne tout ce qui pourrait donner ne serait-ce qu'une once de respectabilité au conflit vietnamien) sans avoir apparemment tiré vengeance du forfait, ce qui ne cadre pas avec le personnage qu'on s'est évertué à nous présenter jusque-là. Peut-être a-t-on jugé que cela alourdissait inutilement l'intrigue, alors que la phase de déclin s'amorçait.
15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 22 novembre 2007
Mon meilleur ennemi
C'est un documentaire sur la vie de Klaus Barbie, après la Seconde guerre mondiale. Donc, même s'il est souvent question de son rôle à la tête de la Gestapo de Lyon, le film est essentiellement consacré à la manière dont il a échappé à la justice à la fin de la guerre (merci les services secrets américains) et à son action en Amérique latine (en Bolivie principalement), avant que son passé ne rattrape celui qui se fait appeler Klaus Altmann.
Le film m'a laissé mitigé. Il est très intéressant pour qui veut apprendre à quel point, durant la "guerre froide", les Etats-Unis se sont assis sur les grands principes démocratiques qu'ils prétendaient défendre, en particulier en Amérique latine. La situation de l'Allemagne de l'immédiat après-guerre est un autre point fort du film. Toutefois, certaines affirmations auraient méritées d'être étayées. Je pense en particulier à ces propos péremptoires sur le rôle occulte d'anciens "groupes francs" nazis, de 1945 aux années 1970...
La fin est plus connue : il s'agit de l'arrestation puis du procès de Klaus Barbie. Cela nous donne l'occasion de revoir l'habile et égocentrique Jacques Vergès. A travers les quelques extraits qui nous sont proposés, on s'aperçoit que, s'il a été un formidable polémiste (et un utilisateur roué des médias), Vergès n'est pas un très bon avocat. (Sur ce sujet, le documentaire de Barbet Schroeder, L'avocat de la terreur, est bien plus solide.)
18:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Accusé Chirac, levez-vous !
C'était la surprise du mercredi. Grâce aux "nouvelles technologies", on est vite informé de ce genre de truc. Ce n'est que tard le soir que j'ai regardé les informations. Je n'étais peut-être plus très frais, mais il m'a bien semblé que, sur LCI, les réactions montrées à l'antenne étaient systématiquement opposées à la mise en examen de l'ancien maire de Paris.
Eh bien tel n'est pas mon avis. Mieux vaut tard que jamais et si, par cette attitude, on peut filer les jetons à quelques politiciens corrompus, ce n'est pas plus mal.
Courage madame Siméoni, ne cedez pas aux pressions de la clique politico-médiatique !
Ironie de l'histoire : c'est une "Xavière" qui poursuit Chirac pour des affaires liées à la mairie de Paris !
08:25 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Politique
mardi, 20 novembre 2007
Le premier cri
Ouiiiiiiiiiiiiiiin !!! Oui, cela donne ça, en gros... multiplié par autant de gamin-e-s qui voient le jour (sauf un) dans ce documentaire-hymne à la maternité.
Bien entendu, l'intérêt réside dans la diversité des situations et des cultures. Il est à noter que, lorsque le couple filmé habite un pays développé, il s'agit tout le temps de gens friqués... à croire que les pauvres n'accouchent pas dans ces pays... ou qu'il n'existe pas de pauvres dans les pays développés ????
J'ai beaucoup aimé les séquences avec les dauphins (parfois facétieux)... toutes les scènes dans lesquelles des animaux apparaissent (des chats notamment). La partie vietnamienne est vertigineuse : l'accouchement est un travail d'usine, contrastant fortement avec la préparation rituelle que mettent en place les beatniks québéco-états-uniens, par exemple. Ce couple m'a particulièrement agacé, non pas à cause de ses convictions, mais par son exhibitionnisme. Ceci dit, leur exemple méritait d'être développé, en raison des complications qui surviennent. Par contre, tout le discours new age sur le retour à la nature, qui rejette aveuglément le progrès technologique, me débecte. On retrouve un peu de cette attitude chez les Japonaises, mais d'un autre point de vue : la démarche m'est apparue moins farfelue, pas revendicative.
Dans les pays dits "en développement", un rien complique la situation. La Touareg accouche d'un mort ; l'Indienne, à son grand regret, donne naissance à une nouvelle fille, alors que les Massaïs en espèrent une. C'est la principale richesse du film : la juxtaposition (après un gros travail de montage) de scènes révélant des mentalités parfois proches, parfois très éloignées.
Ma préférée : la jeune (et belle) Sibérienne, obligée de se taper seule un long trajet en avion, pour finalement subir une césarienne... et le gamin se retrouve emmitouflé comme c'est pas permis !
21:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 17 novembre 2007
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Vous savez ce que c'est, les vedettes, ça aime le pognon, ça aime les lumières médiatiques, mais ça veut aussi laisser sa trace dans l'Histoire. Du coup, pendant qu'Angelina Jolie s'engageait dans Un Coeur invaincu (plutôt une réussite, ma fois), Brad s'est demandé ce qu'il pourrait bien faire. Il s'est transformé en producteur-acteur. Il a quand même choisi un sujet "piquant", et incarne un supposé rebelle : Jesse James.
Cela devient intéressant quand on sait qu'il s'agit du Jesse James finissant, encore jeune mais plus tout à fait dans coup. Le film met en scène ses faiblesses, le talent de Brad Pitt en plus... Mais c'était quand même une belle enflure !
Il y a un deuxième "héros" dans ce film : l'assassin, un autre anti-héros en fait, puisque ni J. James ni ce Robert Ford n'ont l'étoffe du symbole propre à fédérer ce beau pays qu'est l'Amérique (les Etats-Unis, pardon). Il a fallu choisir un acteur capable d'incarner l'admirateur, le faible, le fourbe et le criminel. Casey Affleck s'en sort bien.
Le malaise réside dans le fait que Jesse semblait souhaiter qu'on l'assassine (mais pas n'importe qui, tout de même !), alors que Bobby voulait plutôt le protéger, à la base. Cela donne donc un anti-western, très long (2h30 ! Putain ! On les sent !), contemplatif et méditatif.
C'est très joli à regarder. Les plans ont été construits avec beaucoup de méticulosité (notamment ceux où l'on voit évoluer des groupes de personnages). La photographie est soignée. Les paysages sont beaux. Un film très "chic" en sorte.
17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 16 novembre 2007
7h58 ce samedi-là
Ce polar a été souvent comparé au dernier film de Woody Allen (Le Rêve de Cassandre). La raison en est que les deux intrigues reposent sur un "crime" (au sens anglo-saxon du terme), oeuvre de deux frères, l'un ayant les nerfs un peu moins solides que l'autre. Pourtant, là s'arrête la ressemblance.
En effet, le film de Sidney Lumet est plus "chiadé" au niveau de la réalisation, alors que Woody (si c'est bien lui qui a mis en scène le rêve) nous a livré une sorte d'épure, ce qui, d'ailleurs, a déconcerté pas mal de monde. On retrouve cela au niveau du montage. Le Woody est linéaire, alors que le Lumet est haché de retours en arrière ma foi très réussis : cela donne du rythme et éveille la curiosité du spectateur.
Le film de Lumet recours donc moins aux dialogues que celui de Woody, parfois trop bavard. On peut juger le Lumet plus abouti : la mise en scène fait passer davantage de choses. Il est plus noir aussi, puisque le crime en question frappe au coeur de la famille, ce qui n'était pas prévu par les deux lascars. Par contre, la suite de l'histoire est très prévisible, ce qui nuit un peu au suspens. (L'enjeu n'est pas le même dans Le rêve de Cassandre.)
Dans les deux cas, l'interprétation est bonne voire très bonne. Dans le Woody, le niveau est plus égal : en gros ils sont tous bons. Ce n'est pas tout à fait le cas dans 7h58. Philip Seymour Hoffman (qui a déjà fait ses preuves) écrase les autres. Si vous voulez voir un grand acteur en action, franchement, allez voir ce film. Par contre, ceux qui l'entourent m'ont paru parfois mal dirigés. Le film est trop pleurnichard. Quand vous ajoutez la musique de circonstance aux scènes larmoyantes (Hoffman réussit bien la sienne, ceci dit), cela fait un peu "trop".
14:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 14 novembre 2007
Le Royaume
En province, il n'est pas facile d'accéder à ce film, qui n'a pas bénéficié de l'exposition à laquelle il pouvait prétendre, vu la concentration irréaliste des sorties sur certaines semaines.
C'est un mélange d'unilatéralisme à grand spectacle et de bons sentiments. A la base, une histoire vraie : un attentat anti-américain sur une base de vie de civils en Arabie saoudite. Le générique se charge de nous situer le contexte géopolitique, vie et oeuvre de Ben Laden à la clé. C'est un pudding pas trop mal foutu, mais dont le spectateur lambda, peu au fait des enjeux de la politique moyen-orientale, ne retiendra pas grand chose. Je relève toutefois un effet intéressant : le lien graphique tissé entre la consommation de pétrole et les attentats du 11 septembre 2001.
Après, c'est de l'unilatéral. Les bons agents du F.B.I. vont parvenir à se rendre chez les méchants Saoudiens, en appuyant là où ça fait mal : sur les liens obscurs qui relient des membres de la famille royale au financement du terrorisme. Bien joué, les gars, et merci à la grande presse indépendante états-unienne pour le coup de main. Au passage, le film égratigne ces salopards de parlementaires du Congrès, alors que le président est vu comme un mec bien, conscient des réalités et burné de surcroît.
A l'arrivée en Arabie saoudite (ça a été tourné à Dubaï, avec des figurants apparemment recrutés sur place, à Londres et en Israël-Palestine), c'est un peu le "choc des civilisations", mais entre supposés alliés. Les gonzesses sont sous cloche, et la vue de la médecin-légiste du FBI en T-shirt (il doit faire dans les 40° quand même) suscite l'émotion. Pour faire bon genre, on nous fait comprendre que les "bons" Saoudiens ne jurent pas comme des charretiers, eux, et qu'ils respectent les femmes... à leur manière. Parce que, ouais, ce ne sont pas les bons occidentalisés qui affrontent les méchants obscurantistes là-bas, ce sont plutôt les islamistes non-violents (c'est-à-dire les dirigeants saoudiens) contre les islamistes radicaux. Au moins le film nous épargne-t-il une vision trop angélique de la situation : on peut être un musulman très pieux, voire bigot comme c'est pas permis, et ne pas être un terroriste. Cela devient complexe, dites moi !
On se rassure avec une pointe d'antisionisme primaire chez les Saoudiens : un des agents du FBI a un visa israélien sur le passeport... Ouf, on laisse couler (pas comme le Grand Libérateur Khadafi, dont les services continuent de rejeter ce type de passeports). L'équipe est donc très œcuménique : dirigée par un Noir, elle comprend un WASP, une féministe (Jennifer Garner pas démente) et un juif.
La première partie du film nous montre en détail les méchants en action. Il n'y a plus de tabou désormais : on peut voir des citoyens américains se faire allègrement dézinguer. L'attentat ultime est très bien amené... et spectaculaire. La deuxième moitié du film voit ces quatre agents, aidés de policiers saoudiens en apparence méchants mais gentils en fait, apprendre aux abrutis locaux comment on mène une enquête criminelle qui déchire sa race. Au passage, on met la pâtée à ces enculés de terroristes. La mise en scène est très efficace : c'est trépidant... saignant à souhaits parfois.
La fin est surprenante... DONC NE LISEZ PAS LA SUITE SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM SINON NE VENEZ PAS VOUS PLAINDRE APRÈS, HEIN, NON MAIS.
Deux scènes sont mises en parallèle : aux États-Unis, le héros, incarné par Jamie Foxx, finit par révéler ce qu'il avait susurré à l'oreille de sa collègue au début, après avoir appris la mort d'un ami dans l'attentat : "On va tous les tuer." En parallèle, en Arabie saoudite, le petit-fils du chef des terroristes répète à sa mère ce que son grand-père lui a dit avant de mourir sous les balles yankees : "N'aie pas peur, on les tuera tous." Cette fin inattendue (et, pour tout dire, intelligente) suggère que la fermeté, quoique parfois nécessaire, ne suffit pas à résoudre des problèmes aussi complexes. Du coup, je suis sorti de la salle plutôt satisfait.
11:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 13 novembre 2007
Dans la vallée d'Elah
C'est d'abord un polar : le père (Tommy Lee Jones, très eastwoodien) et la fliquette (Charlize Theron, stupéfiante de sobriété... pis j'aime bien ce côté brune mignonne assez nature) enquêtent sur la disparition du fils du premier. Entre l'ancien bidasse taciturne (aux traits burinés par le temps et les soucis) et la policière indépendante (mère célibataire de surcroît), le courant passe mal au début... mais on s'y attendait.
C'est peut-être un peu long. C'est le côté lamento du film, qui ressemble parfois à une longue plainte.
C'est aussi, quoi qu'on en dise, une puissante réflexion sur les conséquences de la guerre d'Irak sur la société états-unienne. Le film veut démontrer à quel point cette guerre est ravageuse, pour les civils irakiens (qu'on ne voit qu'exceptionnellement à travers les films tournés par le fils avec son téléphone) et surtout pour les soldats eux-mêmes et leurs proches.
La réalisation est soignée, peut-être un peu trop "scolaire", démonstrative parfois. Cela reste un bon film, mais pas une œuvre marquante.
11:00 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 10 novembre 2007
SuperGrave
... Superbad, dans la langue de George W. Bush. Chaque année, il en sort au moins un, soit durant l'été, soit à l'approche de l'hiver. De quoi parlè-je donc ? Mais du nanard adolescent !
Autant le dire tout de suite, on est ici assez loin du premier American pie (le meilleur de la série) et de Sex academy (le plus graveleux... je recommande chaudement). En plus, il dure près de deux heures... et cela se sent. Il aurait fallu tailler à la hache dans ces dialogues insipides (à 80%... restent néanmoins 20% d'insultes et de grossièretés diverses, assez réjouissantes : par exemple quand, au début du film, le gros frisé, qui vient de mater copieusement la poitrine généreuse de la mère de son pote, opportunément penchée vers lui, déclare à ce même pote "Putain, quand je pense que tu lui a sucé les nibards !", l'autre lui répondant "Tu as bien sucé la bite de ton père !") et apprendre à jouer la comédie à un paquet de supposés acteurs.
Le film vaut le déplacement pour quelques séquences. Elles ne sont pas très nombreuses, mais elles marquent. On a donc la scène de bagnole, avec la maman du gentil coincé penchée vers la fenêtre de la voiture du frisé. On commence doucement. Cela se pimente par la suite. Un pallier est franchi quand, en TD de cuisine (eh, oui, ça existe dans les lycées ricains... bah ça va sans doute arriver chez nous ça, ces options cuisine... faut bien que tous les feignants congénitaux et les abrutis de base obtiennent leur bac !), le gros frisé se retrouve en duo avec une bombasse (ah, oui : les filles sont des bombasses, limite poufs... et elles ont un faible pour les puceaux moches et cons) : la gestuelle à laquelle il se livre dans le dos de celle-ci est fort piquante... Le niveau suivant est atteint quand le héros raconte sa manie de dessiner des bites à tout propos... ce qui nous vaut quelques croquis très artistiques ! (Restez au générique de fin : on a droit à du bonus !). J'ai aussi particulièrement apprécié les "films" que se fait le frisé quand il tente d'acheter de l'alcool. Ah, oui, j'oubliais : bien entendu, il est question de vomi à un moment du film.
Notons aussi que l'un des trois peigne-culs se retrouve embarqué pour une folle équipée avec deux flics assez ravagés. Cela donne des séquences tantôt drôles, tantôt complètement ratées. Le tout est au service d'une pseudo permissivité : il faut niquer et se bourrer la gueule (et, pour ce faire, se procurer de l'alcool... pas évident quand on a moins de 21 ans, aux States.) Ben oui, y a rien de permissif là dedans. A vous de voir si vous êtes prêts à supporter les clichés et les maladresses pour quelques moments de franche rigolade.
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vendredi, 09 novembre 2007
Un secret
Je n'ai pas lu le livre et, je dois le reconnaître, j'ai traîné les pieds pour aller voir le film. Finalement, le bouche-à-oreille m'a convaincu.
Le début ne m'a pas enthousiasmé. Le réalisateur recourt en plus à quelques facilités : le coup des journaux jetés en masse sur le sol pour indiquer le contexte historique, c'est bien une fois, cela devient lourd ensuite ; le coup de la femme qui accouche, ruisselante, qui s'écrase sur le matelas... bof.
C'est à partir du moment où le secret est éventé que cela devient prenant. Les acteurs (même Patrick Bruel, que je trouve meilleur comédien que chanteur, perso) sont excellents. Mention spéciale pour trois actrices : Julie Depardieu (j'aime toujours), Ludivine Sagnier, surprenante, et Cécile de France, sensuelle et fragile à la fois... troublante et épatante.
D'ailleurs, la réalisation se charge de nous faire sentir à quel point le personnage interprété par Cécile de France pouvait fasciner son entourage : les gros plans valorisent le grain de peau (la fermeté de celle-ci...), les plans larges nous permettent d'apprécier la démarche chaloupée. Les scènes de baignade sont vraiment belles : la photographie est soignée et on perçoit bien la communion entre l'eau et le corps de Tania.
La deuxième partie du film est très émouvante... Elle comporte quelques moments particulièrement forts. On appréciera, notamment, la scène qui voit des gendarmes français (en zone occupée) arrêter des juifs qui ne portent pas l'étoile... et les livrer aux Allemands. Une belle illustration de la politique de collaboration.
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