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dimanche, 31 août 2014

Un logo poutinien ?

   Il n'a échappé à personne que les récents championnats du monde de judo se sont déroulés en Russie, dans la riante cité de Chelyabinsk (ou Tcheliabinsk). Pendant la Seconde guerre mondiale, elle devint un centre important de fabrication de tanks. Elle est aussi tristement célèbre pour un accident nucléaire qui s'y est déroulé durant la Guerre Froide (en 1957). En 2013, elle fit la Une de l'actualité, frappée par une météorite.

   C'est en écoutant la radio, au volant de ma luxueuse, voiture que j'ai entendu ce qui m'est apparu d'abord être une plaisanterie : le logo des championnats se serait inspiré de la personne de Vladimir Poutine. Certes, on connaît l'affection que le dictateur président de la Russie éprouve pour ce sport, qu'il a beaucoup pratiqué. Mais ce serait quand même pousser un peu loin le culte de la personnalité.

   Pour en avoir le coeur net, observons le logo des championnats :

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   On y voit la silhouette d'un judoka, sans doute assis en tailleur sur un tatami. Cette posture ne m'est pas étrangère. Quelques recherches sur la Toile m'ont rapidement conduit à une photographie qui date un peu (de 2006, semble-t-il... mais je la pense plus ancienne) :

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   La silhouette du logo est clairement un décalque de l'image de Vladimir Poutine. Le soviétisme n'est pas encore mort !

   P.S.

   On peut aussi trouver une affiche de promotion des championnats du monde, sur laquelle apparaît officiellement le dirigeant russe... qui a n'a pas rechigné à mettre la main au kimono.

samedi, 30 août 2014

A l'ombre des 100 000 visiteurs

   La presse a abondamment relayé l'information concernant le grand nombre de visiteurs du musée Soulages, dépassant les prévisions de ses promoteurs. Mais les auteurs des articles n'ont pas trop cherché à en savoir plus. Ainsi, à l'exception notable du Nouvel Hebdo, aucun périodique n'a précisé le nombre d'entrées payantes.

   Du côté des quotidiens locaux, on a fait surtout de la communication. Centre Presse y va fort en qualifiant le musée de "phare culturel de la ville" et insiste sur l'impact touristique de Soulages, évoquant aussi l'augmentation du nombre de visiteurs des autres musées ruthénois. Midi Libre souligne aussi cet aspect, mais se consacre davantage à l'hôtellerie-restauration. Au passage, l'auteure de l'article lance une pique aux "soulageophobes" locaux, oubliant que c'est sur le long terme qu'il faudra juger du succès de l'établissement.

   La Dépêche du Midi cite les propos du maire de Rodez (Christian Teyssèdre) et donne des chiffres précis... mais pas tous ceux que l'on attendait, hélas. On apprend toutefois que les 100 000 entrées n'ont rapporté que 417 000 euros... alors que le billet (commun aux trois musées, ce qui est une bonne idée) coûte 7 euros (4 euros pour les comités d'entreprises et les - environ 11 000 - titulaires de la carte XXL du Grand Rodez). Cela signifie qu'une part importante des visiteurs n'a pas payé. On ne sait pas quelle proportion ils représentent, faute de connaître le nombre de billets à 7 et 4 euros.

   On apprend aussi que la boutique du musée connaît un grand succès, ce dont tout visiteur du début avait pu se rendre compte. Déjà, le 16 juin dernier, Centre Presse parlait de la ruée sur le petit espace commercial du musée... sous-entendant que tous ceux qui repartaient avec un ou deux ouvrages n'avaient pas forcément payé. Et pourtant, au début du projet, cette boutique n'avait pas d'existence assurée. On réalise aujourd'hui qu'on a bien fait de l'étoffer et que c'est même devenu un atout de l'établissement, qui deviendrait ainsi, le siège de la librairie de référence sur Soulages.

   Sans surprise, le quotidien économique Les Echos s'appuie lui aussi sur ces données pour évoquer la réussite du musée. Il est même plus précis sur le chiffre d'affaires de la boutique (329 575 euros, contre 329 000 selon La Dépêche).

   Le Figaro rentre moins dans le détail des recettes, mais il précise le nombre d'entrées par mois. Il relaie aussi les critiques émises à propos des horaires d'ouverture. On peut en effet légitimement penser qu'avec une offre plus étendue, le musée aurait accueilli encore plus de visiteurs. La journaliste a peut-être copié ce qu'elle a lu dans l'article de Centre Presse (paru une semaine plus tôt), auquel elle a aussi emprunté la formule "phare culturel".

   On termine avec La Croix et un article assez long. On y retrouve et le détail des recettes et les entrées par mois. Manquent juste la proportion d'entrées payantes et l'origine des visiteurs.

   Tournons-nous donc vers Le Nouvel Hebdo et le "Grain de sel" de Gérard Galtier. On y découvre que la part d'entrées payantes n'atteint même pas 60 % du total. En effet, aux visiteurs de l'inauguration (portes ouvertes), il faut ajouter ceux du premier dimanche de chaque mois, où l'entrée est gratuite. Affluence garantie... signe aussi (peut-être) que les locaux, s'ils viennent jeter un oeil au musée qui a fait la "une" des médias, ne sont pas prêts à payer pour cela. A l'avenir, il est un autre public qui contribuera à accroître le nombre d'entrées sans participer financièrement : les scolaires... mais cela fait partie des missions de tout établissement de ce type.

   Ceci dit, on ne va pas faire la fine bouche. En tant que contribuable du Grand Rodez, je me réjouis que les recettes du musée soient plus importantes que prévu. C'est autant que nous n'aurons pas à remettre au pot. Notons toutefois qu'il s'agit (concernant les entrées payantes) des recettes des musées, le billet étant commun.

   Je termine par une information que, là encore, je n'ai lue que dans Le Nouvel Hebdo. Figurez-vous que le directeur du musée, tout comme son adjointe, ont choisi le mois d'août pour partir en vacances et ce, alors que la tension était à son comble en matière de gestion du personnel. En effet, le succès du nouvel établissement a contraint de revoir les emplois du temps... et il me semble que l'on a un peu déshabillé Fenaille (et Denys-Puech) pour habiller Soulages. Visiblement, pendant que l'élite partait se dorer la pilule, la valetaille était priée d'assurer le service...

vendredi, 29 août 2014

"Impression d'Afrique" au Musée Fenaille

   Le plus intéressant des musées ruthénois propose, jusqu'au 26 octobre 2014, une exposition temporaire construite à partir des réserves de l'établissement, mais aussi de collections particulières et de prêts du Musée du Quai Branly et du Musée Africain de Lyon.

   La première salle est celle des objets, utilitaires et/ou d'apparat. On y trouve des sabres, haches et herminettes, mais aussi une natte, un siège ashanti... ainsi qu'un étrange et superbe ustensile :

Couteau.jpg

   Je vous donne un indice : il a été fabriqué avec du bois, du fer et des clous de laiton.

   D'autres éléments exposés sont d'origine européenne. Il y a ces lettres d'Aveyronnais expatriés (qui vont envoyer ou rapporter des objets) et ces assiettes en faïence qui racontent, sur un ton humoristique (et condescendant vis-à-vis des populations africaines), la conquête du royaume d'Abomey. (Aujourd'hui encore, la vision de cet empire varie. Les locaux le regardent comme certains Français regardent l'ère de Louis XIV. En Europe, le point de vue est moins élogieux, comme dans cet article de L'Express.)

Assiettes.jpg

   Dans la deuxième salle a été aménagé un "dispositif artistique" : de grandes photographies du crâne d'un chef congolais, qui avait été ramené en Belgique, font face à un écran où est diffusé un film essentiellement composé d'images de l'océan... Vers la fin de ce film ont été insérées d'autres types de scène (avec une poupée et sur une danse appelée "menuet congolais").

   Je n'ai pas été emballé par cette création. A mon avis, une approche scientifique ou historique aurait été plus pertinente. On aurait ainsi pu évoquer l'anthropologie raciste qui sévissait à cette époque, ou la collecte des crânes. (En 1910, un lieutenant de l'Infanterie coloniale était tout fier d'en rapporter à la Société d'anthropologie de Paris.) On aurait pu aussi poser la question de la conservation (en musée) de restes humains. La récente restitution du crâne d'un insurgé kanak nous rappelle que c'est encore un sujet brûlant.

   La troisième salle d'exposition est peut-être la plus richement dotée. On y découvre le parcours d'Alexandre Visseq, jeune missionnaire catholique originaire de Saint-Félix-de-Lunel (commune située entre Decazeville et Espalion, à proximité de Conques). Il est envoyé fin XIXe siècle au Congo, vaste territoire mal défini (entre les actuels Angola et République Démocratique du Congo), où il a finalement passé une dizaine d'années.

   Si son objectif est l'évangélisation des populations africaines (tâche qui s'est révélée ardue), le missionnaire s'intéresse aussi aux coutumes locales. Il a notamment collecté des statuettes, qui ont été offertes à la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Celle qui suit avait déjà été exposée à Rodez, mais je la trouve toujours aussi belle :

Statuette.jpg

   On lui doit aussi un dictionnaire Fiot-Français, dont un exemplaire est présenté, sous vitrine. Les curieux se pencheront aussi sur la carte qui nous permet de préciser le parcours de Visseq en Afrique. La marge gauche est couverte de remarques (qui ne sont pas de Visseq) concernant Tombouctou. Il y est question de l'histoire de la cité (et de sa soumission passée au Maroc), de sa localisation, de sa population (estimée à la louche entre 10 000 et 50 000 habitants). L'auteur juge que la ville a perdu de sa superbe. Il y remarque toutefois la pratique de la liberté de culte (les juifs, autrefois interdits de séjour, y vivent sans problème).

   Le reste de la salle contient des productions africaines, principalement des masques et des statuettes. Certaines de ces oeuvres témoignent de l'interpénétration des influences. J'ai notamment été étonné par le masque d'un démon rieur, surmonté d'un Christ au pénis particulièrement visible...

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   On peut faire encore d'autres jolies découvertes en déambulant dans cette intéressante exposition, peut-être un peu moins passionnante que Curiosités et merveilles, présentée en 2012.

mercredi, 27 août 2014

Burqa chrétienne

   A la vision de la capture d'écran suivante, un observateur contemporain aurait tendance à déduire qu'il s'agit d'une musulmane intégriste :

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   Ce n'est pas le cas. L'identité de cette femme est connue : Marie de Yougoslavie (parfois aussi nommée Marie de Roumanie), épouse du roi Alexandre de Yougoslavie, qui fut assassiné à Marseille en 1934.

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   La capture d'écran est extraite d'une excellente émission, Mystères d'archives, diffusée sur Arte (et disponible en DVD). On peut y voir la jeune veuve lors de l'hommage rendu par la France à son royal époux, assassiné par un Macédonien proche des fascistes croates (les Oustachis) :

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   Ici, elle se trouve aux côtés du président de la République Albert Lebrun. L'image précédente a été prise un peu plus tard, sur le bateau. Bien entendu, cet accoutrement est limité à la période de deuil. On peut revoir la reine ainsi vêtue lors des obsèques nationales, à Belgrade :

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   Pour la petite histoire, sachez que de nombreux pays se sont fait représenter à la cérémonie, notamment la France et l'Allemagne (rappelons que nous sommes en 1934) :

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   Hermann Göring (ministre de l'Air du IIIe Reich) et Philippe Pétain (alors ministre de la Guerre) se sont retrouvés côte-à-côte, visiblement enchantés de se rencontrer...

   Pour revenir au voile intégral, l'épisode montre que les chrétiens (comme les juifs d'ailleurs) ont longtemps fait subir aux femmes une "discrimination vestimentaire" que l'on retrouve aujourd'hui chez les musulmans archaïques.

mardi, 26 août 2014

Dix par jour

   C'est le titre du documentaire consacré par Yves Garric et Georges Berte (auxquels on doit notamment Estremoni) aux soldats aveyronnais morts pendant la Première guerre mondiale. Cela représente un peu moins de 15 000 tués, sur une durée dépassant légèrement les 1 500 jours. D'où le titre.

   Sur fond de musique classique mélancolique, on nous montre plusieurs très beaux monuments aux morts, en particulier (au début et vers la fin) celui de Sainte-Geneviève-sur-Argence :

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   Mais le principal intérêt réside dans les histoires que ce film raconte, celles de poilus pour la plupart morts au combat (ou de maladie ou des suites de blessures), à travers les yeux et la voix de leurs enfants (ou neveux, nièces), aujourd'hui très âgés.

   Cela commence dans un club de retraités de Villecomtal (au nord de Rodez). On y entend la belle-fille d'un médecin, Maurice Bieulac, qui a dû lui raconter jadis les conditions dans lesquelles il opérait, à la guerre. Plus marquants encore sont les propos de Calliste Dellus, dont le père a survécu au conflit, mais qui a vu mourir devant lui son frère aîné... dont il a épousé la promise ! Son nom figure sur le monument aux morts local. Il fait partie des premières victimes de la guerre : il a été tué le 19 août 1914, pendant la "bataille des frontières", qui fut si meurtrière pour les troupes françaises :

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   Vient ensuite, à Rodez, Marie-Paule Bessière, qui évoque son oncle puis son père. Celui-ci est revenu en vie, mais gravement blessé. On n'a jamais retrouvé le corps de l'oncle, dont il ne reste qu'un portrait d'époque :

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   La fiche du soldat nous apprend qu'il a été tué en mars 1915, dans le département de la Marne. Son frère a survécu, mais non sans souffrances, d'après ce que raconte sa fille.

   A Clairvaux-d'Aveyron, le fils d'un autre survivant a découvert le carnet rempli par son père défunt de notes sur ce qu'il  a vécu durant la guerre. L'homme n'était qu'un modeste muletier, mais il écrivait remarquablement bien.

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   Après une escale à Marcillac-Vallon, pour une cérémonie mémorielle, direction le Sud-Est et la commune de Nant. Cette séquence illustre la tragédie que fut cette époque pour certaines familles, qui perdirent tous leurs hommes jeunes. Dans l'Ouest, à Najac, on perçoit les conséquences sur le monde agricole. La guerre a accentué la déprise rurale. Comme on est en terre militante, le réalisateur en profite pour montrer un couple de néo-ruraux, installés en agriculture biologique. Le fils de poilu lui évoque la place de l'occitan.

   Avec Geneviève Rigal-Saurel, c'est le cas des "gueules cassées" qui est évoqué. En famille, on découvre aussi la correspondance des poilus de la famille. On se souvient aussi du rôle que les femmes ont joué à cette époque.

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   Après le parcours des anonymes, c'est le tour de celui d'un (futur) notable, Raymond Bonnefous, alors étudiant en médecine. (Par la suite, il fut -entre autres- maire de Rodez, député puis sénateur.) Sa petit-fille, Nathalie Bauer, a recueilli une masse impressionnante d'objets et documents divers sur son aïeul, comme cet appareil photographique :

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   De passage à Rodez, le film nous montre une cérémonie au monument aux morts, avant qu'il ne soit question du célèbre soldat inconnu de Rodez, Anthelme Mangin. C'est l'historien local Jean-Michel Cosson qui est mis à contribution pour raconter cet incroyable destin :

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   A Villefranche-de-Rouergue, on nous conte une belle histoire d'amour, entre une Aveyronnaise de bonne famille (Rose) et un soldat originaire du Loiret (Maurice). Je vous laisse découvrir comment les tourtereaux se seraient connus. Un enfant est vite mis en route, puis un second (après le mariage, celui-là)... Maurice, parti au front, écrit souvent à Rose. Leur petite-fille lit quelques-unes de ces missives, qui témoignent de l'intelligence de ce soldat. Il est mort en... août 1918, dans l'Aisne :

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   Une fois de plus, on passe de l'humble au notable, et pas n'importe lequel. Pierre Ginisty évoque la vie d'un membre de sa famille, Charles Ginisty, originaire de La Roque-Valzergues (commune de Saint-Saturnin-de-Lenne), devenu évêque de Verdun et initiateur de la construction de l'Ossuaire de Douaumont.

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   On se rapproche de la fin du film. Les auteurs tracent des ponts entre la Première guerre mondiale et les conflits suivants : guerre d'Algérie et surtout Seconde guerre mondiale. L'avant-dernière séquence (plutôt maladroite) s'attarde dans le Sud du département, en particulier à Saint-Jean-d'Alcas. L'évocation de la Grande Guerre est l'occasion de parler de la transmission aux jeunes générations. On entend aussi parler des fusillés, ces autres victimes dont les noms sont absents des monuments aux morts. Yves Garric termine par une note personnelle : l'un de ses oncles est mort à proximité de Nancy, des suites de ses blessures, dès septembre 1914.

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   C'est un documentaire de bonne facture, riche en anecdotes dont ce billet ne rend que partiellement compte.

dimanche, 24 août 2014

Campus Stellae

   C'est le titre d'une série de quatre bandes dessinées, dont l'intrigue tourne autour des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le tome 1 s'intitule Le Premier Chemin :

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   Il y est question d'un mystérieux trésor, qui aurait été rapporté des croisades. Une statue de Vierge à l'enfant détient peut-être la clé de l'énigme :

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   C'est un bon polar, qui nous emmène entre Le Puy et Moissac, en passant par Aubrac, Conques, Figeac et Rocamadour (en gros le long de la via podiensis). L'histoire se conclut toutefois de manière un peu abrupte.

   Le tome 2 s'intitule Les Deux Reliques :

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   On y croise encore des pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques, en France. Des puissants montent une arnaque à laquelle un moine va se prêter :

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   L'intrigue, originale, m'a paru un petit peu confuse, parce qu'on a du mal à identifier clairement tous les personnages, notamment ceux du groupe du pèlerin auquel le moine s'est joint. Mais cela se suit avec plaisir, parce qu'on nous ménage pas mal de rebondissements... avec une pirouette en conclusion.

   Les femmes sont au premier plan du tome 3, Le Pont des Trois Diables :

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   Cela commence par une histoire d'amour contrarié. Un double drame vient rapidement se greffer dessus. Le chemin provenço-languedocien est le théâtre d'une fuite et de rencontres pas toujours rassurantes. Les bandits écument les routes, à la recherche de proies faciles. Le fond de l'intrigue est violent, avec ses tensions sociales. Le sang coule mais, avec l'aide de Dieu (si besoin est en lui donnant un coup de main), certains personnages pourront s'en sortir.

   La série se termine par le tome 4, La Mort aux quatre visages :

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   L'histoire se déroule dans le cadre de la Guerre de Cent Ans, au cours d'une période d'accalmie belliqueuse, mais au coeur de la Peste noire. On va enfin voir des personnages aller au bout du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle... après quelques péripéties. On suit plus particulièrement un ancien chevalier, dont on va découvrir le passé.

   On peut lire les quatre bandes dessinées indépendamment les unes des autres, ou à la suite, puisque des liens (plutôt ténus) sont tracés de l'une à l'autre. C'est globalement de bonne facture, mais j'aurais aimé que certains aspects des histoires soient davantage développés.

samedi, 23 août 2014

Le jeu des sept erreurs

   Dans son cahier "Région", le quotidien Midi Libre a pris l'habitude de recommander une visite touristique, en avant-dernière page. Ce sont d'abord des lieux emblématiques du Grand Sud qui sont mis à l'honneur. Hier vendredi, c'est la cathédrale de Rodez qui a bénéficié d'un coup de projecteur, illustré par une prise de vue du photographe maison, Yves Estival :

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   Le problème est que tout Ruthénois qui se respecte (et tout individu récemment passé par le centre-ville de Rodez) ne peut que tiquer devant cette image qui représente la place d'Armes telle qu'elle n'existe plus. En voici une photographie récente :

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   Alors, on se lance dans le jeu ?

   Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir...

   Je sens que vous avez déjà repéré quelques différences flagrantes :

   - la place d'Armes n'est plus défigurée par ces horribles bacs à fleurs

   - on y a planté de jeunes arbres

   - on y a ajouté de petits poteaux métalliques et des boules au sol (pour décourager les automobilistes indélicats)

   C'est tout ? Allons, regardez le sol d'un peu plus près :

   - les espèces d'escaliers ont été remplacés par un sol uni, en légère déclivité

   - les petites piles, à gauche, ont disparu (les arbres se trouvent à leur place)

   - un feu tricolore a été installé

   Maintenant, soyez attentifs aux édifices :

   - les échafaudages ont disparu de l'immeuble voisin de la cathédrale (à droite sur l'image)

   ... et ? (Une huitième, pour la route !)

   Indice : il faut lever la tête et avoir une excellente vue.

   Je vous aide : regardez la tour Sud (à droite sur l'image).

   Les inscriptions, découvertes en 2010 à l'occasion de travaux de rénovation, n'apparaissent pas sur la photographie de Midi Libre. Cette image a donc plus de trois ans et demi ! Pourtant, les locaux communs au quotidien montpelliérain et à Centre Presse sont situés avenue Victor Hugo, à moins de cent mètres de là ! Trop dure, la life !

vendredi, 22 août 2014

Le jour le plus sang

   Plusieurs journaux (notamment Libération, Le Monde, Le Figaro, La Croix et Ouest-France) ont pensé à faire allusion à l'événement. Ce vendredi 22 août 2014, nous nous trouvons pile cent ans après le jour le plus meurtrier de la Première guerre mondiale... et même le plus meurtrier de tous les temps pour l'armée française (avec 27 000 morts, 40 000 en quatre jours). Un livre vient de lui être consacré :

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   Quand on pense à la Grande Guerre, on a souvent à l'esprit certaines batailles meurtrières, comme celles de Verdun et de la Somme, ou l'offensive ratée du Chemin des Dames. On oublie ou l'on ignore que les deux premières années du conflit ont été les plus meurtrières et que les mois les plus terribles ont été - et de loin - ceux d'août et septembre 1914, avec respectivement 84 500 et 99 000 morts côté français. A titre de comparaison, le mois d'avril 1917, qui fut le théâtre de l'inutile et sanglante offensive du Chemin des Dames, vit "seulement" 40 700 soldats français perdre la vie.

   L'auteur de l'ouvrage n'est pas historien de formation, même s'il a fait des efforts pour en acquérir les techniques. Habitué à manier les chiffres, il s'inspire notamment de travaux anglo-saxons. Le Royaume-Uni, contrairement à la France, commémore régulièrement "son" jour le plus sanglant de la guerre, le 1er juillet 1916 (avec 20 000 victimes, consécutives à la bataille de la Somme).

   Les deux premiers chapitres reviennent en détails sur les combats du 22 août 1914. Il apparaît que le commandement français a été défaillant, peu réactif, mal organisé, fonctionnant sur des schémas rendus obsolètes par la mécanisation des armées.

   Le troisième chapitre ("De Francfort à Rossignol") revient sur la période 1871-1914. Il ne refait pas toute l'histoire des tensions franco-allemandes. Il met en exergue les points qui expliquent l'organisation de chaque armée et ses choix stratégiques, aussi abordés dans le chapitre suivant.

   Puis sont abordés l'entrée en guerre et les premiers combats, notamment en Belgique. Ils sont déterminants pour expliquer la journée du 22 août et permettront au public français de mieux percevoir le début du conflit chez nos voisins d'outre-Quiévrain.

   Particulièrement intéressant est le chapitre 8 ("L'armée allemande face aux civils"). L'auteur y revient sur les "atrocités allemandes", qui ont été bien réelles. Cherchant les facteurs d'explication, il remonte à la guerre de 1870-1871, mais aussi aux conflits coloniaux et à l'intervention européenne en Chine, à l'occasion de la révolte des Boxers. Le pire est atteint dans le Sud-Ouest africain (la future Namibie), avec le génocide des Hereros, dont les modalités ressemblent étrangement à ce que l'Europe a connu une quarantaine d'années plus tard...

   Dans l'épilogue, Jean-Michel Steg raconte sa venue sur le terrain des combats acharnés de ce jour-là et termine par une histoire bouleversante.

   Bien que pas très long (à peine plus de 200 pages), le livre regorge d'anecdotes, puisées dans les archives ou d'autres ouvrages spécialisés. On y croise des troupes coloniales, des réservistes du Midi, des noms connus (l'oncle du futur général Leclerc et le jeune De Gaulle). De longs passages sont consacrés aux perfectionnements de l'armement (fusils, mitrailleuses et canons à obus). On en sort globalement consterné que l'armée française ait été aussi mal dirigée et que tant de vie aient été sacrifiées sur l'autel de "l'offensive à outrance".

mercredi, 20 août 2014

Des chevaux et des hommes

   Cette comédie nordique a pour cadre la campagne islandaise, certes très jolie, mais parfois hostile. Les humains y sont peu nombreux et isolés les uns des autres. Pensez que le plus proche voisin habite en général à plusieurs kilomètres. Mais, par temps dégagé, avec de bonnes jumelles, on peut savoir (presque) tout ce qui se passe dans la contrée...

   On ne peut donc pas ne pas remarquer Kolbeinn (Ingvar Eggert Sigurdsson, déjà vu dans Jar city), célibataire endurci, bien de sa personne... et très fier de sa jument, qu'il prend plaisir à monter chaque jour :

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   Je signale aux observateurs attentifs qu'il ne s'agit pas d'un poney. Tous les chevaux visibles dans ce film sont de plus petite taille que ceux que l'on a l'habitude de voir en France. C'est une race locale, capable de prendre une grande variété d'allures. Le héros est d'ailleurs ravi de montrer aux autres habitants avec quelle grâce sa monture se déplace. Il n'avait pas prévu qu'elle exciterait les ardeurs d'un mâle particulièrement bien pourvu par la nature. C'est le début d'une seconde intrigue, qui va courir tout le long du film : la propriétaire de l'étalon va tenter de se rabibocher avec Kolbeinn.

   D'ici là, on aura découvert d'autres spécimens locaux... à commencer par un drôle de cavalier, qui se lance en pleine mer avec son cheval... dans un but que je me garderai bien de révéler :

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   C'est le moment de signaler que les paysages sont magnifiques. Les animaux sont aussi très bien filmés. Le réalisateur réussit même à transmettre l'idée que, parfois, ce sont les chevaux qui observent les humains. Certains sont particulièrement obstinés, comme ces deux pépés que la clôture d'un chemin public oppose... et qui ne sont pas prêts au compromis. Cette séquence fait un peu "règlement de comptes à Iceland Corral" !

   La quatrième histoire nous permet de découvrir plus en détail un personnage féminin aperçu dans la première séquence. Cette jeune cavalière se révèle elle aussi très obstinée. Certains chevaux sont l'objet de son attention. Elle va déployer des trésors de débrouillardise pour arriver à ses fins. Au passage, elle récupère l'un des deux papys vus précédemment :

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   On s'attarde ensuite sur Juan, un touriste sud-américain visible dans chaque historiette. Cette fois-ci, poussé par le désir de se rapprocher de la charmante jeune femme, il se lance dans une excursion montée. Mais, comme il n'est pas un cavalier émérite, il va lui arriver des bricoles. Lui aussi va devoir faire preuve de débrouillardise. Cet épisode est celui qui montre le plus clairement que, bien qu'appréciant les chevaux, ces hommes les utilisent comme des objets.

   Voilà pourquoi la propriétaire de l'étalon du début, une mère célibataire qui cherche un compagnon, décide de recourir aux grands moyens. Une balade collective réunit presque tous les personnages aperçus plus tôt. On y retrouve deux veuves, qui convoitent le même homme que l'héroïne. Si vous voulez connaître le résultat des courses, il faut aller voir le film !

13:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 19 août 2014

La mémoire aux a-guets

   Lorsque, le mois dernier, je suis allé voir l'étonnant film israélien Le Procès de Viviane Amselem, j'ai eu comme une impression de déjà-vu que je n'ai pas réussi à m'expliquer. A l'époque, j'avais effectué quelques recherches, sans succès. C'est par hasard que récemment, j'ai retrouvé deux articles que j'avais lus plusieurs mois auparavant, articles qui prouvent une nouvelle fois que la réalité peut dépasser la fiction.

   Le premier a été publié dans Le Canard enchaîné du 14 mai 2014, en pages intérieures. Sans doute écrit quelques jours auparavant, il est l'un des premiers en France à évoquer une étrange affaire, celle d'un mariage religieux que l'époux se refuse à rompre doublé d'un chantage cautionné par les autorités rabbiniques (avec un soupçon de fraude fiscale) :

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   Il a été suivi de peu par le quotidien Le Monde, dont le papier, daté du 15 mai, est moins précis sur le fond de l'affaire, mais la replace dans un contexte général. C'est une journaliste du Jerusalem Post qui, le 1er avril dernier, avait sorti l'information, dans un article dénonçant, de manière globale, l'archaïsme des autorités religieuses.

   Pour se faire une opinion, on peut aussi écouter la chronique que Caroline Fourest avait consacrée à cette controverse, sur France Culture, le 13 mai dernier. Par contre, je ne suis pas parvenu à trouver la moindre information quant aux suites données à cette affaire (après mai 2014).

   Moralité ? Mesdames, exigez le seul mariage civil, tant que les religieux n'auront pas renoncé aux pratiques discriminatoires !

lundi, 18 août 2014

Napoléon était-il gaucher ?

   Parmi les nombreuses légendes qui circulent sur l'ancien empereur des Français, il en est une qui m'est revenue à l'esprit en lisant un article publié par Le Monde à l'occasion de la "journée des gauchers". C'est une question qui turlupine jusqu'aux passionnés de Napoléon Ier : était-il gaucher ou droitier ?

   Comme on attribue souvent des talents supérieurs aux gauchers, on a pensé que ce génie politique (?) et militaire en était un, sans qu'aucune preuve n'ait été jusqu'à présent avancée, comme le reconnaît Pierre-Michel Bertrand, devenu un spécialiste de la question.

   Comme la photographie n'existait pas à l'époque, il ne nous reste que les témoignages écrits et les représentations picturales (tableaux, estampes, gravures...). Force est de constater que le Premier Consul comme l'empereur ont toujours été représentés comme des droitiers, notamment avec l'épée au côté gauche, comme dans ce tableau de Robert Lefèvre de 1812 :

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   Napoléon Bonaparte est toujours montré utilisant sa dextre comme main principale. Il n'y a guère que dans le portrait épique d'Antoine-Jean Gros, Bonaparte au pont d'Arcole, que le bras gauche occupe le premier plan, brandissant le drapeau de l'armée d'Italie :

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   Les observateurs attentifs auront toutefois noté que, dans sa main droite, le jeune général tient l'épée qu'il a sortie de son fourreau. Un peu plus tard, en 1804, c'est Charles Meynier qui représente celui qui n'est encore que Premier Consul, la plume à la main (droite) :

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   Le même esprit semble avoir présidé à la réalisation de la gravure de Charles Monnet (Napoléon Bonaparte présentant le Code civil à l'impératrice Joséphine), à peine postérieure à la précédente oeuvre :

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   La tendance ne change pas après la mort de Napoléon, en 1821. Sous la Monarchie de Juillet, la nostalgie de l'Empire est grande. Les oeuvres sont nombreuses à y faire allusion. En 1832, Jean-Baptiste Mauzaisse représente le promoteur du Code civil en démiurge, incontestablement droitier :

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   Très vite, les images d'Epinal vont prendre le relais des peintres officiels et populariser les événements marquants de l'épopée napoléonienne, comme cet épisode de la campagne d'Egypte et de Syrie, intitulé Bonaparte touchant les pestiférés :

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   Cette fois-ci, c'est de la main gauche que le général agit. Si, à l'époque, on a souligné le courage de ce geste, je ne peux m'empêcher de me demander si le droitier a choisi de déganter sa main gauche juste au cas où... Signalons que le tableau qui a servi de modèle, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (de l'inévitable Antoine-Jean Gros), est construit de la même manière.

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   A la même époque que les images d'Epinal, on retrouve Napoléon droitier dans l'oeuvre d'Horace Vernet, La Bataille de Wagram :

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   Plus tard, sous la IIIe République, la tradition est respectée, par exemple dans la gravure de François Flameng, Napoléon Bonaparte à Auxonne :

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   Il semble ne faire aucun doute que ce personnage emblématique de l'histoire de France était droitier... à moins que le témoignage d'un contemporain ne vienne changer la donne. L'homme a lui-même beaucoup écrit... ou plutôt dicté. Il ne faut donc pas se fier aux documents qu'il a signés : la plupart ne sont pas de sa main. De surcroît, il écrivait très mal... et commettait souvent des fautes de français ! Voici un échantillon :

 

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23:01 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, france

jeudi, 14 août 2014

Journaux de guerre

   Les moins de vingt ans ne connaissent sans doute pas la première série qui a porté ce nom. Sortie pour les cinquante ans de la Seconde guerre mondiale, elle associait une (courte) présentation historique à un florilège de la presse de l'époque concernée.

   Aujourd'hui, la formule est réutilisée dans le cadre du centenaire de la Première guerre mondiale, en association avec la BNF. Il y a deux semaines est paru le premier numéro, consacré à l'entrée en guerre :

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   La partie historique contient une carte des blocs militaires en 1914. Il y est aussi question de l'assassinat de Jean Jaurès (auquel une bande dessinée vient d'être consacrée). Un mini-dossier aborde l'entrée en guerre des Français : les soldats sont-ils vraiment partis "la fleur au fusil" ? Le tout est complété par une reproduction de l'ordre de mobilisation générale.

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   Les autres documents sont les fac-similés de trois quotidiens de l'époque : L'Humanité du 1er août 1914, L'Est Républicain du 5 août 1914 et L'Ouest-Eclair du 2 août 1914. C'est le premier qui est le plus intéressant. Au vu de la date, vous vous doutez qu'il y est principalement question de l'assassinat de Jean Jaurès (qui a eu lieu la veille de sa parution). D'autres articles sont consacrés au contexte international. La vie économique et sociale est aussi largement commentée. Au niveau littéraire, on note une publicité pour une édition des oeuvres complètes illustrées de Victor Hugo (avec l'exemple du tome contenant Les Misérables). En bas de page, à deux reprises, on trouve un extrait de roman. Page 2, il s'agit d'un inédit, Fleurette, de l'Aveyronnais Emile Pouget. Page 5, il s'agit d'une réédition de La Débâcle, d'Emile Zola.

   Ce jeudi est paru le deuxième numéro de ces Journaux de Guerre. Il y est question des premiers combats de la fin de l'été 1914 :

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   Le document joint est une affiche et le texte d'une chanson rendant hommage à l'Alsace-Lorraine, théâtre des premières escarmouches en France métropolitaine. Les armées de l'Hexagone y ont connu de petits succès (progressant jusqu'à Mulhouse), avant de rapidement reculer. Dans le même temps, les Belges affrontent le gros de l'armée allemande, qui applique le plan Schlieffen.

   Tous les journaux font leurs gros titres sur les petits succès de l'armée française et l'héroïsme des Belges. Cinq quotidiens sont reproduits dans ce numéro.

   Le Petit Parisien du 8 août est le plus riche, à mon avis. Il y est question d'un armistice (très localisé et temporaire) demandé par les Allemands, source de confusion pour un lectorat inattentif. On y évoque aussi des demandes d'engagement d'Américains (donc normalement neutres) dans l'armée française. En page 2, on lira avec plaisir une "vieille prédiction" concernant Guillaume II. Plus intéressant est l'article intitulé "Glorieux souvenirs", où l'on nous parle des guerres de la Révolution et de l'Empire. Une femme (une Belge) est mise à l'honneur : Marie-Jeanne Schellinck. Moins élégant, une semaine après la mort de Jaurès, un entrefilet rend hommage à la loi de trois ans, qu'il avait âprement combattue.

   La Lanterne du 12 août se distingue par la caricature reproduite en Une, qui a été empruntée au Charivari, un organe satirique célèbre à l'époque. On peut aussi y trouver l'une des premières dénonciations des "atrocités allemandes", en France comme en Belgique. En page 2, parmi les anecdotes, j'ai repéré la mention du premier soldat tué depuis la déclaration de guerre, le Parisien Fortuné Emile Pouget, mort le 4 août. (Rappelons que le caporal Jules André Peugeot est décédé deux jours plus tôt, mais avant ladite déclaration.)

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   Un autre fait divers tragique est cité par le journal : un soldat français a abattu un curé, qui n'avait pas entendu ses sommations. Voilà qui n'est pas sans rappeler l'histoire du fils du douanier de Magny, "l'enfant au fusil" dont j'ai parlé hier. Son histoire est rapidement évoquée par Le Gaulois, dans son numéro du 18 août 1914 :

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   Moins intéressante, La Dépêche de Lyon contient toutefois un entrefilet qui mérite le détour. Intitulé "Les pousse-pousse chinois à la guerre", il traite de la reconversion de ces modes de transport : ils vont désormais être utilisés pour déplacer les blessés. L'auteur se réjouit que ce soient des brancardiers métropolitains qui les manipulent, et non des Chinois, qu'il trouve "encombrants et indésirables"...

   On termine avec La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, un quotidien sans grand relief, qui publie néanmoins douze éditions par jour et se vante de donner les nouvelles "24 heures avant les journaux de Paris" ! Comme la plupart des périodiques de l'époque, il dénonce les atrocités allemandes (on y trouve une allusion aux civils morts du côté de Belfort). Il se fait aussi un devoir de mentionner les actes patriotiques, comme l'engagement dans l'armée du boxeur Georges Carpentier (qui devint champion du monde après-guerre).

   Voilà. Ce n'est qu'un florilège de ce que l'on peut trouver dans ces journaux. A chacun son petit bonheur...

mercredi, 13 août 2014

La légende de l'enfant au fusil

   C'est l'un des mythes nés de la Première guerre mondiale. Celui-ci a tout juste cent ans puisque, le 13 août 1914, à Magny, village du Haut-Rhin (proche du Territoire-de-Belfort), un garçon de sept ans a été abattu par un soldat allemand. Très vite, la propagande française s'est emparée de l'événement, symbolique des atrocités allemandes, qui furent bien réelles.

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   L'histoire a été déformée par cette caricature (l'enfant se trouvait dans un grenier). La date est même erronée sur une seconde, accessible sur le site de la BNF :

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   Des chansons ont même été composées à ce sujet, comme on le découvre dans une passionnante chronique de France Info. On y apprend aussi que l'enfant était... allemand, fils d'un douanier de l'Empire... ben oui : à l'époque (et ce depuis 1871), le Haut-Rhin était allemand. Au tout début de la guerre, les troupes de notre pays ont tenté de reprendre l'Alsace. Après quelques succès, elles ont vite reculé.

   Que le fils d'un Saxon, installé en Alsace, soit tué par un soldat bavarois illustre assez bien je trouve l'absurdité de la guerre. Cette affaire est aussi révélatrice des peurs des soldats allemands, qui craignaient les francs-tireurs (un souvenir de 1870) et doutaient de la fidélité au Reich des habitants de l'Alsace.

   P.S.

   Sur le site de France Bleu, on peut accéder à une jolie animation. Avec La Troisième Couleur en fond sonore (interprété par le choeur de la Maîtrise de Radio France), les pages d'un cahier dessiné et découpé sont tournées devant nos yeux, dans un style à la fois naïf et inventif.

mardi, 12 août 2014

Lucy

   En moins d'1h30, Luc Besson (qu'il ne faut pas croire à chaque fois qu'il affirme avoir tourné son dernier film) tente de mêler un thriller de science-fiction, une réflexion philosophique et un poil de féminisme.

   L'héroïne a été nommée ainsi en référence à l'australopithèque dont une partie du squelette a été découverte en Ethiopie, en 1974, par une équipe dans laquelle figurait le Français Yves Coppens. A l'époque, les paléontologues avaient été inspirés par une chanson des Beatles, Lucy in the Sky with Diamonds... les initiales des mots principaux formant l'acronyme LSD. Cela colle parfaitement avec l'intrigue du film, qui tourne autour d'une nouvelle drogue de synthèse, le CPH4 (dont le nom a été inventé, selon Besson).

   Sur le papier, cela sonne bien, d'autant plus que la distribution est alléchante. Mais le début ne m'a pas emballé du tout. Est-ce parce que la version française est mauvaise ? Est-ce parce que je suis habitué à la véritable voix de Scarlett Johansson ? Cette dispute entre amoureux s'éternise inutilement. Par la suite, j'ai même eu mal pour l'actrice, qui n'est pas convaincante en étudiante pleureuse.

   Cela devient intéressant quand Lucy se retrouve lestée du paquet de poudre bleue. Le thriller démarre vraiment et, en même temps, le compte à rebours qui la voit acquérir une maîtrise de son cerveau de plus en plus complète.

   Ce début alterne avec des extraits d'une conférence scientifique, où l'on découvre Morgan Freeman, qui "fait le boulot". Les images sont entrecoupées d'extraits (fort jolis) de documentaires, pas tournés par Besson (les sources figurent dans la générique de fin). Science et philosophie se mêlent jusqu'à la fin, qui montre deux "Lucy" entrer en contact. Le scénario fait (intellectuellement) descendre l'espèce humaine de l'australopithèque, ce qui est faux.

   De la part de Besson, le mélange des genres est assez culotté. Mais cela ne m'a guère intéressé. D'un point de vue cinématographique, on est content de retrouver Scarlett bonne actrice à partir du moment où les effets de la drogue se font sentir.

   C'est drôle parce qu'on voit une fragile poupée mettre sa race à une brochette de voyous (et même à des policiers), parfois de manière spectaculaire. Les effets spéciaux sont réussis et les péripéties s'enchaînent. (On sait faire ça, chez Europa Corp.)

   La tension monte jusqu'à un apogée qui m'a déçu. L'histoire se conclut trop vite. Je pense qu'on a dû pratiquer des coupes, pour faciliter l'exploitation en salles. Du coup, on laisse tomber la relation de l'héroïne avec sa mère, on ne développe pas l'ébauche de romance avec le policier français et l'on n'insiste pas sur le corps qui se rebelle (objet pourtant d'une belle scène d'avion).

   Quant au féminisme, il est tout relatif. A part Lucy / Scarlett, aucun personnage féminin ne se détache. Sa meilleure amie, à peine entrevue, semble aussi superficielle que l'héroïne non droguée. Dans l'amphithéâtre où le professeur Norman s'exprime, on aperçoit bien de nombreuses étudiantes, mais tous les scientifiques de renom sont des hommes. Il en est de même des forces de police et des mafieux coréens, qui ne croisent qu'une femme de ménage et une tatoueuse. Si j'étais mauvais esprit, je dirais que le sous-texte du film est que les femmes sont globalement inférieures aux hommes, une seule se détachant du lot.

   Mais chacun (féministe ou pas) peut y trouver son compte, tout comme à propos des drogues. La scène montrant Lucy faire la fête en boîte de nuit est clairement une apologie de la prise de ces substances (tout comme la trame générale, qui explique comment une femme très ordinaire devient surhumaine à l'aide d'une drogue). D'autres éléments en pointent les effets néfastes et dénoncent l'action des groupes criminels. Besson cherche à se concilier tous les publics, pensant ainsi rallier le grand nombre, au risque de ne pas faire le grand film qu'il est pourtant capable de réaliser.

17:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 09 août 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

   J'arrive après la bataille, mais, bon, il n'est jamais trop tard. En fait, j'ai accompagné une personne qui ne se rend au cinéma que deux ou trois fois par an. Elle constitue l'une des cibles de ces longs-métrages familiaux, comédies balisées, dont le destin est d'être diffusées à 20h50 sur TF1 (qui, est-il besoin de le préciser, a produit le film).

   Le prologue est réussi, avec cette succession de passages à la mairie. Pour paraphraser l'une des affiches (et un film célèbre), c'est un peu "Trois mariages et deux têtes d'enterrement" : au fil des unions, le couple bourgeois catholique, qui tentait de faire bonne figure au début, tire de plus en plus la tronche, pour finir par porter une tenue de deuil. Si l'on ajoute à cela le contraste des identités complètes des mariés, on obtient un bon démarrage.

   Cela se gâte un peu quand on découvre les trois gendres. Les acteurs en font trop. Je les ai trouvés plutôt antipathiques (Chao un peu moins). Habilement, le scénario les présente avec un défaut principal, mais aussi une grande qualité. Rachid le musulman est un homme moderne, pas du tout intégriste, mais il a très mauvais caractère ; on le sent souvent sur le point de "péter les plombs". Dans sa profession d'avocat, on en fait un homme bon, mais très à cheval sur les principes.

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   David le juif est le plus agaçant, à la fois le plus communautariste (mais il n'a toutefois pas exigé que son épouse embrasse sa religion)... et le plus fort-en-gueule... sans compter qu'il mange comme un malpropre.

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   Chao est obséquieux à l'extrême, pas toujours de manière naturelle. Mais, au fond, c'est un chic type, qui a donné un coup de main bancaire à sa future épouse et qui est prêt à soutenir la nouvelle entreprise de l'un de ses beaufs.

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   Par contre j'ai bien aimé le passage qui voit chacun d'entre eux, pourtant victime de préjugés racistes, se révéler lui aussi pétri d'aprioris sur d'autres communautés : le Franco-Algérien déteste les Marocains et le juif séfarade méprise les Ashkénazes.

   Le message est plus lourd quand il est question du père de famille, incarné par Christian Clavier. De sa bouche sortent la majorité des clichés racistes, qui ne sont pas toujours présentés comme tels dans le film. On a reproché aux auteurs de ne pas avoir clairement dénoncé  certains de ces lieux communs. Quelques-uns sont certes battus en brèche (on voit un Arabe rejeter la drogue, un juif qui tire le diable par la queue et un Asiatique philanthrope), mais il est indéniable qu'à la fin du film, même si Verneuil père a accepté ses gendres, il n'en conserve pas moins nombre de ses préjugés.

   Le second bouleversement vient de la quatrième fille, qui est sur le point d'épouser un Noir, d'origine ivoirienne. Cette fois-ci, on nous épargne la liste des clichés sur les Africains et on nous offre un superbe personnage : le père ivoirien, lui-même bouffi de préjugés, interprété avec talent par Pascal N'Zonzi. Sa réconciliation avec le gaulliste Verneuil est ma foi bien mise en scène.

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   La comédie manque toutefois de folie. On fait référence à Rabbi Jacob (dans un contexte assez cocasse), mais la comparaison ne joue pas en faveur du film le plus récent. (Et Clavier n'a pas le talent de Louis De Funès.) Seule Chantal Lauby, excellente en catho qui s'ouvre au monde, rompt un peu la mécanique prévisible de l'intrigue. (De manière générale, les personnages féminins sont plus sympathiques, plus mûrs.) Je regrette aussi que l'on n'ait pas davantage développé l'histoire du complot des gendres (contre le quatrième). Le quiproquo (à propos d'une photographie) était pourtant porteur.

   Voilà. Ce n'est certainement pas la comédie du siècle (ni même de l'année). Tout en rassurant son public (et en évacuant le contexte social...), elle dit tout de même deux-trois choses pas idiotes.

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 07 août 2014

La Planète des singes : l'affrontement

   Ce film est la suite de celui qui était sorti en 2011 (La Planète des singes : les origines). L'action se déroule dix ans après. Un prologue télévisuel nous apprend (ou nous rappelle) que l'épidémie qui s'était déclarée a presque exterminé le genre humain. A l'écran, une animation nous montre la propagation de la maladie, concomitante de la progressive disparition des lumières à la surface de la Terre.

   Le sous-titre français est moins allusif que la version anglo-saxonne, qui évoque le début (l'aube) de la domination des singes. Le conflit principal est celui qui peut opposer les humains aux autres primates évolués. Mais, habilement, l'histoire met en scène les rivalités au sein de la communauté simiesque et (de manière moins développée) les dissensions entre les humains rescapés. Cela nous mène au message le plus intelligent du film : l'amitié et le respect peuvent naître entre des individus qu'au départ tout sépare, alors que les êtres en apparence semblables n'ont parfois pas grand chose en commun. Dans le rôle du chef charismatique et sage, Andy Serkis / César est excellent, meilleur en tout cas que Jason Clarke (remarqué dans Zero Dark Thirty), dont le jeu est un peu stéréotypé.

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   L'ambiance est post-apocalyptique. C'est devenu très convenu, le sujet ayant été déjà abordé par une floppée de films et de séries télévisées, dernièrement, Revolution, qui semble avoir inspiré une brochette de scénaristes hollywoodiens (ceux de Divergente et de Transcendance notamment). Notons que la musique est de Michael Giacchino, qui a aussi composé une partie de celle de la série Fringe et celle de plusieurs autres productions de JJ Abrams. D'ailleurs, les fans en reconnaîtront l'un des acteurs principaux, Kirk Acevedo, qui incarne ici un gros blaireau.

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   Je suis un peu déçu par le contexte post-apocalyptique. Les groupes, qu'ils soient humains ou simiesques, ont donné naissance à des organisations très hiérarchisées, dans lesquelles un chef domine la masse, en s'appuyant sur un groupe de fidèles. Cela nous mène à un autre message du film : la dénonciation de l'ambition dévorante et de la fascination pour les armes à feu. En poussant un peu loin, on pourrait voir en César un double de Barack Obama, qui dénonce la violence sanguinaire au début, avant que l'exercice du pouvoir et les nécessités du moment ne le poussent à s'adapter...

   Lorsqu'il n'est pas question de politique, ce sont les relations familiales qui sont mises au premier plan. Sans surprise, la cellule de base de la société est présentée comme LE refuge face à la dureté de l'époque. Cela peut-être une famille classique (comme celle de César) ou une recomposée, comme celle de Malcolm, qui a perdu son épouse, alors que sa nouvelle compagne a vu mourir son époux et sa fille. Chacun a ses petits soucis : César doit gérer la crise d'adolescence de son fils aîné, alors que Malcolm doit faire accepter sa nouvelle compagne à son fils, lui aussi adolescent. L'un des publics cibles des producteurs peut donc s'identifier à un singe ou un humain de sa génération.

   Par contre, les femmes sont globalement au second plan. Du côté des singes, on ne voit guère que la compagne de César, soumise et courageuse. Du côté des humains, seule Ellie émerge.

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   Sinon, on peut faire abstraction de tout cela pour se plonger dans un film d'action à rebondissements. C'est techniquement très au point. Les mouvements des singes sont criants de vérité. Plusieurs séquences sont particulièrement marquantes, comme l'incendie d'un village et l'assaut d'une cité fortifiée. Cela culmine dans le duel final, bien mis en scène mais au déroulement un peu convenu.

   P.S.

   Je ne pense pas trahir un secret en affirmant qu'il y aura une suite... et puis, tendez l'oreille pendant le générique de fin.

21:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 05 août 2014

Au pied du mur... de l'argent

   Il va être question du jeu télévisé animé par Jean-Luc Reichmann (dont j'ai déjà parlé il y a deux ans). L'émission de ce mardi 5 août 2014 n'a vu participer qu'une seule concurrente, une infirmière prénommée Claire, originaire du Gard, qui avait commencé sa partie la veille.

   En termes médiatiques, c'est ce qu'on appelle "une bonne cliente". Elle est jeune, plutôt jolie, exerce un métier qui a une bonne image (infirmière). Elle appartient au coeur de cible des annonceurs de la chaîne privée : les ménagères de moins de 50 ans. Cerise sur le gâteau : elle est télégénique, n'hésitant pas à "payer de sa personne", se muant en quasi co-animatrice de l'émission :

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   Son comportement est un mélange de candeur et d'extraversion qui, à faible dose, est sympathique, mais qui, à la longue, est plutôt irritant... et qui pourrait même passer pour artificiel. Je pense que la jeune femme "surjoue" son tempérament. C'est peut-être dû aux consignes données avant l'enregistrement de l'émission. (Elle a de plus sans doute été repérée pendant les sélections.) C'est peut-être aussi dû au stress. A plusieurs reprises, au cours du jeu, on voit (fugacement, le réalisateur ne souhaitant visiblement pas s'attarder sur ce genre de plans) son visage adopter d'autres expressions, comme l'angoisse ou au contraire une grande résolution. C'est pourquoi je me suis même demandé si elle n'était pas une actrice payée par la production. Ce serait quand même énorme. Je penche plutôt pour la "bonne poire", qui convient parfaitement au cadre de l'émission.

   Elle a jusqu'à présent réussi un brillant parcours. Enfin, quand je dis brillant, faut pas exagérer non plus. Hier lundi, elle avait commencé par une question (sur l'emplacement d'attestation d'assurance automobile) qu'aucun conducteur ne peut méconnaître. Au cas où, les autres propositions de réponse étaient assez farfelues.

   Ce mardi, la candidate a été interrogée sur le film Supercondriaque, l'un des cartons de l'année 2014 (avec plus de cinq millions d'entrées)... et, accessoirement, une coproduction TF1 (tout comme Boule et Bill, d'ailleurs). D'un côté, le jeu avantage le public-cible de la chaîne (qui, même s'il n'a pas vu le film en salles, a été abreuvé d'extraits dans différentes émissions), de l'autre, l'émission fait indirectement la promotion d'un produit-maison. On retrouve d'ailleurs régulièrement, dans les jeux de TF1, des questions sur les émissions ou les animateurs de la chaîne.

   La suite n'était guère plus homérique : il fallait trouver le pays d'origine du pape François, en éliminant, comme mauvaises réponses, la France et l'Allemagne. Puis vint une question sur la tarte Tatin, qui n'a pas perturbé la jeune mère de famille. Elle dut ensuite choisir entre trois séries populaires (une seule de TF1... ouf !), la réponse étant facile à trouver par élimination.

   On continua dans le haut de gamme, avec une question sur la compagne du nageur Camille Lacourt, Valérie Bègue, une ancienne miss France... que l'on peut voir régulièrement sur TF1, comme participante ou co-animatrice.

   Arriva enfin (au bout de 24 minutes) une question un peu culturelle, sur le nom porté par les cyclones en Asie orientale. On sentait la candidate moins sûre d'elle... et, ô surprise, il m'a semblé que Jean-Luc Reichmann lui donnait un petit coup de pouce :

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   Juste après avoir énoncé la première proposition de réponse (qui était la bonne), il s'est tourné de son côté et a marqué un petit arrêt, dont il n'était pas coutumier jusqu'à présent. (Et il ne l'a pas fait pour les autres propositions.) Si, lors de chaque émission, l'animateur se tourne dans plusieurs directions (et notamment sur sa droite, où se trouve l'une des caméras), il est rare qu'il regarde directement un-e candidat-e quand il énonce les propositions de réponse, encore moins qu'il s'attarde un peu plus, avec un léger mouvement de tête. Je vois peut-être le mal partout, mais je ne peux m'empêcher de trouver ce mouvement suspect. (La candidate a évidemment correctement répondu.)

   Du côté de TF1, à chaque émission, on ne perd pas le nord. Tout est bon pour inciter les téléspectateurs à appeler un numéro surtaxé ou envoyer un texto. Il y a quelques années, il avait été calculé qu'une émission de "The Voice" rapportait, par ce biais, plusieurs centaines de milliers d'euros. (Et l'on ne parle même pas des publicités diffusées en access prime time...) La chaîne a donc intérêt à ce qu'un-e candidat-e aille, de temps en temps, très loin dans le jeu, puisqu'il (elle) va partager son gain avec un téléspectateur ayant décroché son téléphone.

   Les sommes distribuées aux différents types de candidat (ceux du "mur", ceux du plateau et les téléspectateurs) sont à comparer à ce que gagne la chaîne. Au cours d'une émission, en général, c'est entre 5 000 et 20 000 euros qui sont distribués (exceptionnellement 100 000). Rien qu'avec les appels surtaxés et les textos, la chaîne rentre largement dans ses frais... De surcroît, produire ce genre de jeu n'est pas très coûteux (même en incluant le salaire de l'animateur).

   P.S.

   Sachez que ces appels peuvent être remboursés !

dimanche, 03 août 2014

Planes 2

   Je n'ai pas vu le premier épisode (à l'époque, j'avais préféré me contenter du francophobe mais habile Turbo). Le début du film a failli me faire regretter de m'être laissé tenter pour le numéro 2. On y retrouve l'équipe d'amis qui entoure le héros (véhicules et avions), très très inspirée de Cars... mais sans la saveur qui avait fait la réussite de ces films.

   L'histoire "décolle" lorsque le héros Dusty rejoint l'équipe de pompiers volants, composée de personnages hauts en couleur. Evidemment, des conflits surgissent, mais aussi des situations comiques, notamment avec le vieux camion de pompiers, qui veut vraiment montrer son pot d'échappement à ses camarades (qui n'en demandaient pas tant) et qui, lorsqu'il tente de prouver qu'il est à nouveau "bon pour le service", nous gratifie d'une sirène flatulesque...

   Comme John Lasseter est le producteur exécutif, on peut se douter qu'il a veillé à la qualité de l'animation. Elle n'est pas toujours flagrante. Elle apparaît particulièrement au cours des séquences d'intervention. La première voit l'équipe de pompiers volants (des avions ou hélicoptères dont les pare-brise sont remplacés par des yeux) effectuer une mission de routine. Dusty y découvre ses limites, et le courage de ceux qui chaque jour risquent leur vie. On continue par son apprentissage, plutôt laborieux, mais parfois spectaculaire.

   L'intrigue culmine dans une longue séquence d'incendie, qui s'inspire des films catastrophe et de ceux d'épouvante. C'est bien mené et souvent remarquable à l'écran. Les scènes où l'on voit, de nuit, les flammes progresser dans la forêt sont superbes. Le fond n'est pas idiot non plus. On dénonce la cupidité et l'arrivisme de l'homme d'affaires qui méprise l'environnement. Cela donne un film plaisant, mais en-dessous des chefs-d'oeuvre dont Pixar nous a gratifiés naguère.

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samedi, 02 août 2014

Le premier soldat tué

   Il y a tout juste cent ans, le 2 août 1914 (donc avant la déclaration de guerre), le caporal Jules André Peugeot (instituteur dans le civil, cousin éloigné des industriels de l'automobile) fut tué par une balle tirée par le sous-lieutenant allemand Albert Mayer (et pas Camille, malgré ce qu'en dit le site de France 3). Il blessa ce dernier, qui lui aussi mourut, atteint par une seconde balle, tirée par un autre soldat français.

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   L'escarmouche s'est déroulée dans le Territoire de Belfort, dans la commune de Joncherey, dont le site internet propose un récit détaillé des événements de la journée et de celles qui suivirent. Il n'est pas étonnant que les premiers coups de feu aient été tirés dans cette zone frontalière (qui jouxte l'Alsace, territoire annexé par l'Allemagne en 1871). Cette mort est même symptomatique des ravages que la guerre allait faire : deux hommes qui ne se connaissaient pas se sont entretués à cause d'une mission de reconnaissance, à l'image des millions de soldats décédés (par la suite) à cause d'événements qui leur échappaient.

   Sur le site (du ministère de la Défense) memoiredeshommes, on peut accéder à la fiche du caporal, par ailleurs entachée d'une erreur (sur son numéro de matricule au recrutement : 558 et non 588), comme il est précisé :

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   Après la guerre, un monument fut construit en son honneur. Inauguré en 1922, il fut détruit par les Allemands en juillet 1940.

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   A la fin de la Seconde guerre mondiale, on installa une croix de Lorraine sur un socle, avant qu'en 1959, un nouveau monument ne soit construit. C'est devant celui-ci qu'une cérémonie est prévue, aujourd'hui, en présence (pour la première fois) de descendants des deux principaux protagonistes de l'histoire.

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