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dimanche, 31 décembre 2017

Les "Riton" 2017

   Voici venu le temps... des palmarès cinématographiques. Je suis toujours aussi dubitatif vis-à-vis des cinéphiles qui réussissent à distinguer un ou trois films marquants sur une année complète. Même une liste limitée à dix "pépites" me paraît difficile à établir. Voici donc mes coups de coeur de 2017.

   Dans la catégorie "les femmes ont (parfois) une vie de merde et tentent de la changer"

- Riton du film d'emmerdeuse extrême-orientale : I am not Madame Bovary

- Riton du film d'emmerdeuses afro-américaines : Les Figures de l'ombre

- Riton du film d'emmerdeuses européennes : Les Conquérantes

- Riton du film d'emmerdeuse proche-orientale : Tempête de sable

- Riton du film de victimes moyen-orientales : Des Rêves sans étoiles

  

   Dans la catégorie "films à valeur documentaire"

- Riton du film bourré de puces : Kedi - Des chats et des hommes

- Riton du film garanti sans puce : L'Empereur

- Riton du film bourré de paysages exotiques : Nés en Chine

- Riton du film bourré de graisses : Le Fondateur

- Riton du film bourré de testostérone : Borg/McEnroe

- Riton du film bourré de talents vocaux : L'Opéra

- Riton du film bourré de talent pictural : La Passion Van Gogh (un des films de l'année)

- Riton du film bourré de pellicules : Lumière ! L'aventure commence (un des films de l'année)

 

   Dans la catégorie "les guerres inspirent de très belles oeuvres"

- Riton du film de famille : Cessez-le-feu

- Riton du film d'ambiance de guerre : Dunkerque

- Riton du film d'après-guerre : Au revoir là-haut (un des films de l'année)

- Riton du film d'après-guerre lointaine : Lumières d'été (un des films de l'année)

- Riton du film d'avant-guerre : Dans un recoin de ce monde

 

   Dans la catégorie "les oeuvres d'animation sont souvent bien mieux conçues que le tout-venant des fictions"

- Riton du manga qui porte le genre à un niveau rarement atteint : Your Name (un des films de l'année)

- Riton du manga qui traite de sujets délicats : Hirune Hime

- Riton de l'animation qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles : La Bataille géante de boules de neige

- Riton de l'adaptation d'une bande dessinée : Zombillénium

- Riton de la meilleure continuation d'une série : Moi, moche et méchant 3

- Riton du plus gros délire animé : Lego Batman, le film

 

   Dans la catégorie "les comédies ont du mal à nous surprendre, mais certaines y parviennent, parfois"

- Riton de la satire provinciale : Citoyen d'honneur

- Riton de la fantaisie mondialisée : Crash Test Aglaé (un des films de l'année)

 

   Dans la catégorie "certaines oeuvres grand public m'ont particulièrement touché"

- Riton du biopic musical : Dalida

- Riton du biopic tiers-mondiste : Lion

- Riton du film de science-fiction plus ambitieux sur la forme que sur le fond : Passengers

- Riton du film de super-héros : Logan (un des films de l'année)

 

   Dans la catégorie "les films de genre réservent encore de bonnes surprises"

- Riton du Frenchie qui se débrouille bien : La Mécanique de l'ombre

- Riton de l'Espagnol qui n'est pas maladroit non plus : L'Homme aux mille visages

- Riton de l'Espagnol qui se débrouille encore mieux : Que Dios nos perdone

- Riton de l'Egyptien qui déchire sa race : Le Caire confidentiel (un des films de l'année)

 

   On termine avec la catégorie des "films coup-de-poing"

- Riton du meilleur film avec une fin ratée : The Square (un des films de l'année)

- Riton du meilleur film rural : Petit Paysan (un des films de l'année)

- Riton du meilleur film urbain : A Beautiful Day

- Riton du meilleur film "ethnique" : Get out

- Riton du meilleur film étouffant : Detroit

- Riton du meilleur film de scénariste-monteur : K.O. (un des films de l'année)

- Riton du meilleur film en costumes : The Young Lady (un des films de l'année)

- Riton du meilleur film de gonzesses : Grave (un des films de l'année)

 

   Archives :

- les Riton 2016 ... ben y en a pas eu

- les Riton 2015

- les Riton 2014

- les Riton 2013

- les Riton 2012

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006 (ce qui ne nous rajeunit pas)

15:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 décembre 2017

Kedi - Des chats et des hommes

   Le titre est un mot turc désignant les chats, les matous... plutôt des mâles donc (castrés ou pas). Que l'on se rassure : dans ce bref documentaire (1h20), il est aussi amplement question des femelles, parfois très caractérielles !

   Nous voici plongés dans certains quartiers d'Istanbul (à proximité d'une zone portuaire dédiée à la pêche et le long de rues commerçantes traditionnelles), où des chats errants ont élu domicile, nourris, câlinés voire logés par les résidents ou les clients de passage. Ce sont très majoritairement des chats de gouttière, des bâtards, même si l'on voit quelques bêtes racées (dont une abandonnée).

   Les caméras (l'une d'entre elle montée sur une petite voiture télécommandée !) suivent plus particulièrement une dizaine de bêtes à poils. Même si elles ne sont pas toutes belles, la réalisation leur rend hommage, grâce notamment à de superbes (très) gros plans. On a aussi l'occasion d'admirer la souplesse de plusieurs animaux. Mais l'objectif principal du film est de nous faire découvrir leur caractère.

   Il y a la "patronne" du magasin de vêtements, qui sait pouvoir y faire la sieste... et qui n'hésite pas à apostropher les passants pour obtenir de la nourriture, dont elle réserve une partie à sa progéniture.

   Il y a les quatre chatons orphelins, dont s'occupe un père de famille modeste. Il va pouvoir compter sur l'appui d'un matou de passage, un mâle sans attaches qui décide de devenir le papa et la maman de la progéniture !

   Il y a encore ce couple asymétrique, avec la minette en dominante, qui se nourrit en premier et veille à ce que monsieur ne soit pas tenté de culbuter la première chatte de passage ! Elle se laisse toutefois approcher par un artisan, qui apprécie son indépendance.

   On s'attache aussi au "protecteur des terrasses", un matou vigilant qui traque les souris. Il semble plus efficace que la mort-aux-rats et a obtenu le droit de déambuler à sa guise entre les chaises.

   D'autres bêtes ont pris pour cible un appartement situé au premier étage, qui abrite un chat d'intérieur tout timidou, que sa maîtresse fait, de temps en temps, cohabiter avec certaines "racailles" de la rue. C'est entre ces "invités" qu'un conflit va éclater...

   L'exception à la règle est le chat distingué, qui a sa place réservée sur une chaise, à l'entrée d'un restaurant où il veille à ne pas pénétrer pendant le service. Très digne, il toise la clientèle sans émotion apparente... sauf quand, à travers la fenêtre, il voit le cuistot s'approcher des aliments dont il raffole. A ce moment-là, il sait parfaitement se faire comprendre !

   Le film s'attarde aussi sur ceux qui caressent ou qui nourrissent les animaux (souvent des personnes âgées). Cela donne de très belles scènes, pleines de poésie. Cela contrebalance la précarité de la vie des félins urbains. Beaucoup meurent écrasés par une voiture ou... de cancer. Il faut dire qu'ils ont le nez au niveau des pots d'échappement... Leur espace de vie est aussi menacé par la rénovation urbaine, qui supprime nombre d'espaces verts (en particulier les jardins) et remplace les immeubles traditionnels (pleins de recoins) par de gros machins modernes sans âme.

   C'est très correctement filmé, sur une musique bien choisie. Sur grand écran, les chattes et les chats sont vraiment attendrissants.

vendredi, 29 décembre 2017

Le loup au diable Vauvert

   ... mais, hélas, cela ne veut pas dire qu'il s'éloigne de nous, puisque Vauvert est une commune du département du Gard (frontalier de l'Aveyron), où la présence du loup serait en train de se développer, selon un passionnant dossier publié dans le dernier numéro de La Gazette de Montpellier :

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   (Notez que les auteurs ont suivi grosso modo les limites de l'ancienne région Languedoc-Roussillon, preuve que, du côté de Montpellier, on n'a toujours pas digéré la fusion-acquisition avec Midi-Pyrénées...)

   Sur la carte, j'ai entouré (approximativement) les zones aveyronnaises concernées. On peut regretter que les auteurs n'aient pas tenu compte d'un récent rapport de l'INRA (dont il a beaucoup été question le mois dernier), qui confirme le renforcement de la présence lupine aussi bien sur l'Aubrac que sur le Larzac... et même à proximité de Millau.

   D'ailleurs, une partie du dossier va dans ce sens. Un entretien avec José Bové évoque la sous-estimation du nombre de loups... à mon avis volontaire, pour limiter les "tirs de prélèvement". Si l'on tenait compte de la situation réelle dans les zones pastorales, on devrait autoriser l'abattage de davantage de bêtes (des loups, hein, parce que du côté de l'attaque des brebis, aucun véritable frein ne semble devoir être posé aux appétits de canis lupus lupus).

   Les amateurs de curiosité découvriront peut-être dans ce dossier une photographie prise l'an dernier sur l'Aubrac (par Manoel Atman), celle d'une louve "pleine" (c'est-à-dire sur le point de mettre bas) :

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   Et dire qu'officiellement, on continue à affirmer qu'il n'y a qu'un seul loup dans le Nord Aveyron !

   Le dossier comporte aussi deux intéressantes cartes historiques, une présentant le nombre de victimes humaines des attaques de loup, par département, entre 1271 et 1918. La seconde carte répertorie les communes où des loups ont été tués en 1796-1797... Impressionnant ! (Pour les voir, il va falloir acheter le magazine !)

   D'autres articles méritent la lecture dans ce numéro de La Gazette de Montpellier. L'un d'entre eux traite du Cévenol, le train reliant le Languedoc à Clermont-Ferrand. Un autre évoque l'histoire d'un antipoison, dont la conception a nécessité des ingrédients de provenance parfois lointaine...

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mardi, 26 décembre 2017

Qui était Fernand Forestier ?

   Ceux qui l'ignoraient ont pu l'apprendre récemment en lisant la presse aveyronnaise, tout d'abord La Dépêche du Midi, avec un article publié il y a une dizaine de jours, article repris presque mot pour mot avant-hier dans Centre Presse :

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   Originaire du Bassin (plus précisément d'Auzits, ce qui explique la diligence de La Dépêche), il est devenu gendarme. On remarque qu'il a officié en Tunisie avant d'être nommé dans le Lot, à Figeac. Ce n'est d'ailleurs pas très loin de là qu'il a été fusillé le 8 juin 1944 : à Gramat, selon la fiche (hélas entachée d'une faute) disponible sur le site "mémoire des hommes" :

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   C'est dans La Dépêche que l'on peut trouver la plus grande précision quant aux auteurs de la fusillade qui a coûté la vie à Fernand Forestier : ce sont des membres de la tristement célèbre division SS "Das Reich", qui, le lendemain, frappait à Tulle, avant de se déchaîner à Oradour-sur-Glane.

   Pour les habitants d'Auzits, ce gendarme résistant n'est pas un inconnu, puisque son nom figure sur le monument aux morts de la commune :

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   Pour la petite histoire, signalons que ledit monument a été conçu par un architecte qui avait pignon sur rue à l'époque : André Boyer. On lui doit aussi les monuments de Bertholène, Buzeins et Recoules-Prévinquières. A Rodez, il est connu pour avoir donné sa physionomie actuelle au Broussy... et pour avoir projeté de transformer la zone du Foirail, entre la place d'Armes et la gare de Paraire.

lundi, 25 décembre 2017

Ferdinand

   Par un étrange détour du destin, ce film d'animation sort en France juste après l'annonce du rachat de la Twentieth Century Fox par Disney. Or, il est produit par Blue Sky, la filiale animation de la Fox... et, dans l'adaptation du conte pour enfant, il succède à Disney, qui, en 1938, avait livré un court-métrage sur le même sujet.

   Aux manettes, on a Carlos Saldanha, qui a co-réalisé les trois premiers Age de glace. Il est aussi l'auteur de Robots, de Rio et de sa suite Rio 2. Son savoir-faire est visible assez tôt, au cours de la séquence de la Fête des fleurs, à la fois brillante et drôle.

   Petits et grands peuvent prendre plaisir à cette histoire, qui évoque l'amitié, la virilité et les différences. Tout le monde ne rit pas forcément en même temps : les petits adorent la chèvre et les hérissons débrouillards ; les adultes goûtent davantage les scènes faisant intervenir les trois canassons maniérés à l'agzent chermanique. J'ai quand même un faible pour le taureau génétiquement modifié, présenté au départ comme une véritable machine à tuer, et qui va considérablement évoluer...

   Au chapitre des séquences emballantes, il faut ajouter celle de l'abattoir, une improbable opération de secours qui va se transformer en délirant ballet taurin !

   Tout cela nous conduit à la dernière partie du film, la plus risquée selon moi, puisqu'elle tourne autour d'une corrida. Au départ, je me disais que les auteurs allaient se contenter de ménager la chèvre et le chou, pour ne déplaire à personne. Dans un premier temps, le torero est présenté comme antipathique, arrogant. Petit à petit sont instillés des éléments de l'univers tauromachique, qui tendent à le montrer sous un jour plus favorable. Mais (heureusement), au cours du combat dans l'arène, se produit un retournement totalement inattendu (et fort bien mis en scène).

   Du coup, j'ai trouvé ce film assez habile et, par moments, très drôle. C'est une bonne détente, pas idiote sur le fond.

18:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 24 décembre 2017

Médiocrité enseignementale

   Ce n'est qu'aujourd'hui qu'une anecdote croustillante a été portée à ma connaissance, par un article de La Dépêche du Midi. Les faits se sont déroulés mercredi 13 décembre dernier. Les professeures d'une école (publique ?) de Gironde ont emmené leurs chères têtes blondes (brunes, rousses...) au cinéma, sans doute dans un but hautement éducatif.

   Il est toutefois permis d'en douter quand on sait que le film au programme était L'Etoile de Noël, une animation certes très divertissante, mais dont l'intérêt pédagogique ne saute pas aux yeux. Cela ressemble bigrement à une sortie-prétexte, histoire de ne pas avoir à faire cours une demi-journée par semaine. (Entre le transport aller, l'installation dans la salle, la durée du film, le pipi de la fin et le retour au bercail, on a bien 3 heures - 3 heures 30 d'écoulées...) Nous savons bien combien le retour à la semaine de quatre jours et demi, imposé sous le quinquennat Hollande, a suscité d'oppositions égoïstes parmi certains parents, enseignants et élus locaux...

   Rappelons que, même avec le passage de 4 à 4,5 jours de classe, les petits Français font partie des élèves européens (et même de l'OCDE) à avoir le moins de jours d'école dans l'année. Ailleurs (comme c'était la règle en France il y a quelques générations de cela, à une époque où l'école primaire remplissait mieux sa mission qu'aujourd'hui), les cinq jours complets sont de mise, mais avec un emploi du temps quotidien moins chargé. Voilà qui permet aux élèves plus lents (ou moins doués) d'assimiler les notions que les enfants favorisés arrivent à ingurgiter en quatre jours de scolarité chargés.

   Mais, en Gironde comme parfois dans l'Aveyron, l'élite enseignementale fait de la résistance... en emmenant les gamins au cinéma le mercredi... ou le vendredi, comme j'ai déjà pu le constater à Rodez. Entendons-nous bien : le cinéphile que je suis accepte évidemment que ce genre de sortie fasse partie des activités pédagogiques. C'est de plus enrichissant sur le plan culturel. Encore faut-il au préalable avoir vu le film que l'on destine aux bambins... et préparer une (plusieurs ?) séance(s) de travail en lien avec la sortie. Visiblement, ça n'a pas été le cas de ces profs girondines quelque peu pusillanimes.

   Sur la Toile, la droite identitaire s'est déchaînée, contribuant à orienter le débat sur le thème de la laïcité. Mais le véritable problème est le manque de conscience professionnelle de ces enseignantes.

   PS

   Curieusement, dans les écoles privées (catholiques), la projection de ce film n'a soulevé aucun problème, notamment dans le Morbihan (à Carentoir) et dans le Finistère (à Brest).

samedi, 23 décembre 2017

Le Dalaï-lama bientôt en Chine ?

   C'est la question que se pose (entre autres) le correspondant du Monde en Chine, Brice Pedroletti, dans un article paru il y a deux jours. Le guide spirituel des Tibétains aurait manifesté le désir de revenir en Chine... et Pékin ne s'y serait pas montré hostile. Etonnant, non ?

   Le Dalaï-lama souhaiterait se rendre sur une montagne sacrée pour les bouddhistes, qu'ils soient tibétains, chinois ou mongols : le Wutaishan. Or, cette montagne se trouve dans la province du Shanxi, dans l'est de la Chine, en dehors donc de la zone de peuplement tibétain (et donc, a fortiori, à l'extérieur de la région autonome du Tibet). Voilà qui pourrait expliquer l'accueil non défavorable des autorités chinoises.

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   Sur la carte ci-dessus, j'ai placé un losange jaune approximativement à l'emplacement du Wutaishan, dans le Shanxi. Un autre losange se trouve, dans le sud, dans la province du Yunnan, à Kunming, où l'envoyé du Dalaï-lama aurait été autorisé à se rendre. Là encore, c'est en dehors de la région autonome du Tibet et au-delà des limites du Tibet historique revendiqué par certains indépendantistes tibétains.

   Une troisième zone est coloriée en jaune : le nord-ouest de la province du Yunnan, où l'envoyé du Dalaï-lama (selon l'article) aurait aussi été autorisé à se rendre. Ici, on est toujours en dehors de la région autonome, mais à l'intérieur du "Tibet historique", dans un de ces fragments que les autorités chinoises ont disjoints du noyau tibétain pour perturber le combat politique de leurs adversaires. C'est incontestablement une faveur faite à l'envoyé du Dalaï-lama, qui est originaire de cette région. (Pour la petite histoire : on y trouve un district qui a été rebaptisé Shangri-la pour attirer les touristes...)

   Précisons que, vis-à-vis des touristes étrangers, les organismes du "pays du milieu" (comme celui-ci) continuent à présenter la région autonome comme le seul et unique territoire tibétain :

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   Pékin surveille comme le lait sur le feu ces régions tibétaines "de l'extérieur", où se sont déclenchés, en 2008, la plupart des mouvements de contestation de la domination chinoise, comme en témoigne une carte publiée naguère dans Courrier International :

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   2018 sonnera le dixième anniversaire de ces événements. Il est possible que les ouvertures faites au Dalaï-lama soient une manière de désamorcer d'éventuelles velléités de "célébration" des mouvements de protestation. Du côté du guide bouddhiste, le choix du lieu de pèlerinage pourrait être interprété comme une preuve de sa volonté de conciliation.

lundi, 18 décembre 2017

Star Wars VIII - Les Derniers Jedi

   Deux ans après le très respectueux Réveil de la Force, la plus célèbre saga du cinéma revient avec un titre ronflant et évidemment trompeur. Aux manettes se trouve un nouveau réalisateur, Rian Johnson, qui s'est fait connaître il y a quelques années avec l'excellent Looper. Dès la première séquence (une baston dans l'espace), on nous en met plein la vue, avec, au premier rang, le personnage de Poe, mélange de Han Solo et de Luke Skywalker jeune. Du déjà vu donc, avec un élément particulièrement irritant : une tendance lourdingue à recourir au "juste-à-temps". On sait évidemment ce qu'il va advenir de la télécommande en équilibre au-dessus de la soute à bombes... et le sacrifice qui suit est mis en scène de manière particulièrement appuyée.

   Heureusement surviennent les scènes de l'île, avec Skywalker âgé et la jeune Rey (Daisy Ridley, toujours excellente, incontestablement la révélation de cette nouvelle trilogie ; c'est fou ce que cette actrice arrive à faire passer à travers son personnage). En alternance avec le calvaire des résistants traqués dans l'espace, on assiste à la formation de la nouvelle apprentie, qu'une étrange communion relie à distance à Kylo Ren. Celui-ci est toujours incarné par Adam Driver, un très bon acteur que je ne trouve hélas pas vraiment à sa place ici. Il faut dire qu'il est très difficile d'incarner un successeur au charismatique Dark Vador, peut-être le meilleur vilain que le cinéma ait jamais inventé.

   D'autres moments sont réussis, comme la séquence sur la planète-casino, avec en particulier l'évasion à dos de fathiers, sortes de gigantesques chevaux de l'espace. C'est l'occasion de signaler la qualité de la représentation des personnages animaliers, très expressifs, comme les fathiers, mais aussi les adorables porgs de l'île-refuge (qui vont s'attacher à Chewbacca) et les superbes renards de cristal, dont l'apport est déterminant en toute fin d'histoire.

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   Au chapitre des bonnes retrouvailles, il y a BB 8, R2-D2 (fugacement)... et Yoda (hélas trop peu présent). Je suis cependant beaucoup plus mitigé concernant Carrie Fisher, à qui on a confié essentiellement un rôle de potiche. Mon Dieu qu'elle est statique ! J'ai par contre apprécié une (fausse) nouveauté : le personnage de trafiquant interprété par Benicio Del Toro, évidemment calqué sur Lando Calrissian.

   Au chapitre des déceptions, je mettrais aussi le duel avorté entre Kylo Ren et son ancien mentor (ce qui n'est pas sans rappeler une scène du tout premier film sorti dans les salles). J'ai même été parfois désagréablement surpris par un aspect technique. (J'ai vu le film en 2D.) Au cours de certaines scènes, un changement de mise au point intervient (entre le premier plan et l'arrière-plan), rendant subitement net ce qui était auparavant flou et vice versa. Au moment du changement, on a l'impression que les dimensions de l'image sont déformées. Je pense que c'est dû à une mauvaise intégration de gros fichiers numériques, les plans regorgeant d'effets spéciaux. Il est dommage que cela survienne dans ce genre de grosses productions.

   Mais il reste la séquence de la planète de sel, vraiment très bien mise en scène, avec une bonne intensité dramatique. Elle rattrape ce qui précède et permet au film de se conclure sur une bonne note. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il relance la trilogie de manière intéressante, avec, toujours au centre, l'étrange relation entre les deux héros antagonistes.

23:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 16 décembre 2017

Les Gardiennes

   Xavier Beauvois (Des Hommes et des Dieux) s'est décidé à adapter, à sa manière, le roman éponyme d'Ernest Pérochon (paru en 1924). Il a le mérite de mettre au premier plan ce que, pendant la Première guerre mondiale, on appelait "l'arrière". Cette histoire est donc celle des femmes qui, dans les campagnes, ont fait "tourner la boutique" pendant que les hommes étaient au front, ne pouvant s'appuyer que sur les vieillards, les enfants et les soldats en permission.

   Ces femmes de tout âge (de la gamine en chaussettes à la veuve vêtue de noir) sont incarnées par une pléiade d'actrices talentueuses. On a, avec raison, souligné la performance de Nathalie Baye (formidable). On a un peu moins parlé de la révélation de ce film, Iris Bry, totalement inconnue, mais qui irradie aussi bien dans les scènes d'intérieur que dans les prises de vue extérieures. Cette orpheline, placée chez des patrons successifs, va se révéler une excellente fermière... et elle possède un joli filet de voix !

   Je suis par contre moins convaincu par Laura Smet, qui n'a vraiment pas la tête d'une paysanne... non pas qu'elle doive être laide ou grossière, mais on sent trop la citadine. Même si je comprends le choix de la distribution (réunir la mère et la fille dans une histoire familiale), je trouve que cela n'apporte rien au film.

   Celui-ci revêt souvent un aspect documentaire. On suit les travaux et les jours, dans cette grosse exploitation où les femmes triment du matin au soir. Ainsi, à l'époque, il faut avoir les bras solides pour tenir la charrue tirée par les boeufs. L'essentiel des travaux se fait à la main, y compris la moisson, le seul outil étant à la faucille (et le fléau, pour le battage). L'intrigue s'étendant sur plusieurs années (de 1915 à 1920), on voit débarquer les premières machines : la moissonneuse-lieuse McCormick (tirée par les boeufs) et un tracteur (rudimentaire) Ford (sous la marque Fordson). Heureusement, à cette époque, dans les campagnes, on se serrait un peu les coudes. Mais le film est assez subtil pour nous faire entrevoir les jalousies.

   L'amour va se greffer sur cette histoire pleine de deuils. L'un des hommes de la maison est l'objet de convoitises... tout comme, à partir de la fin de 1917, les jeunes et vigoureux soldats américains venus au secours des Français. Cela donne un tour sensuel à certaines scènes.

   Le principal défaut du film est son rythme, très lent. A trop vouloir restituer le mode de vie rural, Beauvois peine parfois à se débarrasser de l'accessoire. Il s'attarde aussi un peu trop sur certains plans. Cela n'enlève rien aux qualités mentionnées plus haut, mais cela creuse un fossé entre ce qui reste un bon film et ce qui aurait pu être un chef-d'oeuvre.

vendredi, 15 décembre 2017

Santa & Cie

   Alain Chabat s'est lancé dans la comédie de Noël. Au départ, je n'étais pas trop partant (peut-être à cause du souvenir très mitigé que je garde de Bad Santa). Mais, comme le bouche-à-oreille est bon, je me suis laissé tenter.

   Le début m'a mis dans de bonnes dispositions. La première séquence dans le monde du Père Noël est éblouissante, avec une profusion de trucages numériques au service du merveilleux : il est question de la fabrication des cadeaux de Noël. La suite est vraiment drôle, avec le premier séjour de Santa au commissariat. Signalons que Chabat a recruté une pelletée de seconds rôles efficaces.

   J'ai trouvé que la rencontre avec la "famille idéale" (les parents étant incarnés par Pio Marmai et la délicieuse Golshifteh Farahani) fonctionnait moins. C'est un peu surjoué. Les gamins s'en sortent bien, surtout au début. Ensuite, ils m'ont un peu cassé les pieds.

   Mais, bon, le film regorge de clins d’œil à destination des adultes ; il y a des jeux de mots ; l'action est rythmée et les rennes sont mignons comme tout. Chabat a veillé à ne pas aller trop loin, afin que cela reste une comédie familiale, à la fin relativement prévisible. Elle contient néanmoins la superbe scène du "chargement" des cadeaux, très inspirée.

   Cela ne va pas révolutionner le cinéma, mais cela permet de passer un très bon moment.

21:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 13 décembre 2017

Donald Trump désavoué

   Les résultats de l'élection sénatoriale partielle organisée dans l'Alabama sont tombés : le candidat républicain, soutenu par le président Trump a, fait exceptionnel dans cet Etat du Sud réputé très conservateur, été devancé par son adversaire démocrate, d'un peu plus de 20 000 voix (d'après The New York Times).

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   Pour être honnête, rappelons que le vaincu, Roy Moore, n'était pas le premier choix de Donald Trump. Lors de la primaire républicaine, il avait soutenu son concurrent, Luther Strange, qui occupait (temporairement) le siège laissé vacant par Jeff Sessions, le sénateur titulaire nommé ministre de la Justice par Trump.

   Quand on compare ces résultats à ceux de la présidentielle de l'an dernier, on constate que l'électorat démocrate est quasiment stable, alors que le vote républicain a (depuis 2016) connu une forte hémorragie, le nombre de voix ayant été divisé par deux !

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   Certains vont me dire que ce n'est pas la même élection et qu'il est possible que la partielle ait moins mobilisé l'électorat. La remarque serait fondée si le vote démocrate avait lui aussi connu un effondrement, ce qui n'est pas le cas. On peut aussi comparer avec une autre élection sénatoriale, qui s'est déroulée l'an dernier en Alabama :

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   Les résultats sont quasi identiques à ceux de la présidentielle. Clairement, un an plus tard, environ la moitié de l'électorat républicain a déserté le vote, choisissant de s'abstenir. Peut-être est-ce dû à la personnalité du candidat républicain, très controversée ? Dans ce cas, pourquoi une part de ce vote n'a-t-elle pas basculé en faveur du rival démocrate ? Peut-être parce qu'il s'agissait d'envoyer un message au président.

   Les plus observateurs d'entre vous ont peut-être remarqué la relative constance du vote dans les comtés. Dans cet Etat farouchement républicain, la majorité des circonscriptions sont en rouge, couleur du parti auquel appartient Donald Trump. Seuls quelques comtés, plus urbains, sont en bleu (en particulier ceux de Birmingham et Montgomery), signe que le vote démocrate y est majoritaire. C'est un phénomène que j'avais déjà constaté à propos du vote Clinton l'an dernier et à propos du vote Obama, en 2008. A l'époque, je n'avais pas trouvé toutes les réponses à mes questions. Je crois y être parvenu aujourd'hui.

   Dans un premier temps, j'ai été frappé par certaines coïncidences. Les comtés où le vote démocrate est traditionnellement prononcé sont des territoires marqués par la présence de prairies :

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   De manière tout aussi surprenante, ces comtés sont aussi ceux où les ressources en lignite sont abondantes :

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   Mais la raison la plus vraisemblable de ce vote démocrate est la répartition ethnique de la population : ce sont les comtés où la part des Afro-Américains est la plus élevée :

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   Et puis soudain, le nom des villes a fait tilt dans mon esprit. Ces comtés démocrates sont ceux où Martin Luther King a mené son combat contre la ségrégation, notamment dans les villes de Montgomery et Selma (comme le rappelle un film sorti il y a deux ans). Notons qu'en 2017 (comme le montre la comparaison avec la première carte), le vote démocrate l'a emporté dans des comtés plus excentrés, mais toujours assez urbanisés (Hunstville, Mobile) et comportant une importante minorité noire. Précisons que le vainqueur de l'élection, Doug Jones, est procureur à Birmingham et qu'il a poursuivi des membres du Ku Klux Klan auteurs de crimes racistes.

   Même si, du point de vue des chiffres, cet étonnant résultat électoral est d'abord dû à la mise en retrait d'une part de l'électorat républicain, il constitue une sorte de butte-témoin des tensions ethniques qui sont encore aujourd'hui à l'oeuvre aux Etats-Unis.

vendredi, 08 décembre 2017

Paddington 2

   Trois ans après la sortie du premier volet de ses aventures, le plus vivant des ours en peluche revient sur les écrans, dans une comédie d'aventures à la fois très britannique et universelle par les thèmes qu'elle aborde.

   On commence par retrouver le héros en famille, avec une scène de salle de bains cocasse même si elle fait un peu "déjà-vu". J'aime bien la caractérisation des personnages : le père ancien rebelle devenu cadre sup' frustré, la mère dynamique qui a rogné ses ambitions, la fille qui cherche à se démarquer (et qui va finir par y arriver) et le frangin en pleine crise d'identité, qui tente de se faire passer pour un djeunse.

   La mise en scène est très soignée, avec notamment une scène étourdissante autour du livre animé (appelé ici livre pop-up), le dialogue débutant dans le monde réel (avec Paddington !) pour se poursuivre "dans" le livre, devenu la scène. C'est bluffant. (A l'origine, cela devait figurer dans le premier volet, selon Allociné.) Notons que le personnage de l'ourson est toujours aussi bien inséré à l'écran, interagissant parfaitement avec les personnages en chair et en os.

   L'humour revient rapidement à l'assaut, avec les déboires de Paddington dans le monde du travail. C'est d'abord chez un coiffeur qu'il va faire des dégâts, avant d'officier en tant que laveur de carreaux, une activité pour laquelle il se révèle "anatomiquement" doué...

   Les scènes les plus attendues étaient sans doute celles se déroulant en prison. Victime d'une injustice, le héros se retrouve entouré de criminels... dont il va se finir par se faire des alliés, voire des amis ! La manière dont le retournement de situation se produit est bien amenée, d'autant plus que, dans la maison d'arrêt, l'ourson commence par commettre une énorme bourde... En tout cas, il y rencontre un cuistot pas comme les autres, gros dur au cœur tendre (Brendan Gleeson, très bien dans le rôle), et une brochette de "gueules" qui mérite le détour. Attention toutefois : le vrai méchant de l'histoire ne se trouve pas en ces lieux (en tout cas, pas au début) ; il habite tout près de la famille du héros. Il est incarné avec un plaisir évident par Hugh Grant.

   Mais le plus étonnant pour moi a été de constater que les auteurs ont fait du héros une sorte de réincarnation de Charlot (le personnage de Chaplin). Paddington a un peu la même démarche que lui, il porte un chapeau minable, qu'il soulève quand il s'excuse d'avoir commis une gaffe... et il est assez souple et imaginatif pour se sortir des pires situations. Enfin (et surtout), à un moment (au début de la séquence d'évasion), il se retrouve piégé dans un engrenage, dans ce qui est une référence explicite aux Temps modernes.

   Quoi qu'il en soit, ce n'est pas pour la subtilité du scénario que l'on va voir ce film. Le gros de l'intrigue est cousu de fil blanc. On comprend très vite tout ce qui va se passer, à l'exception du mystère lié au livre animé, qui donne un côté enquête mystérieuse à l'histoire. Celle-ci trouve son dénouement dans une excellente séquence de trains, pleine de rebondissements.

   Ce n'est pas la comédie la plus hilarante à l'affiche, mais elle fait passer un très bon moment.

23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 04 décembre 2017

L'Etoile de Noël

   Cette animation de Sony Pictures suscite des réactions contrastées, notamment en raison du sujet sur lequel s'appuie l'intrigue : les mois qui auraient précédé la naissance de Jésus. Voilà pourquoi, dans un souci d'impartialité, je vais vous proposer non pas une, non pas deux, non pas trois mais quatre critiques différentes de ce film.

   On commence par Jean-Hubert, un identitaire de droite qui a emmené ses sept enfants voir le film.

   En cette approche du temps béni de Noël, il est bon qu'un film d'animation rappelle à notre saine jeunesse les fondements de notre Civilisation. Ainsi, loin du matérialisme putride dans lequel baignent tant de productions destinées au peuple, cette oeuvre spirituelle fait le pari d'élever l'âme des spectateurs. A plusieurs reprises, l'intervention divine est visible à l'écran, rappelant aux fourmis que nous sommes combien nous sommes dépendants du Très-Haut. Celui-ci ne fait pas de distinction entre les créatures vivantes pour indiquer Son dessein. Comment ne pas voir la marque divine dans l'ardeur à faire triompher le bien manifestée par un âne chatouilleux, une colombe bavarde, une brebis bondissante et des dromadaires mal coiffés ? En dépit de l'horrible menace qui pèse sur la Sainte Famille (curieusement représentée sous des traits "orientaux"), le destin de l'humanité était en marche !

   On continue avec la critique de gauche insoumise, par Karl-Georges-Boris ("KGB" pour les intimes).

   Fonctionnant à la marge du système capitaliste hollywoodien, Sony Pictures nous propose une lecture révolutionnaire des textes considérés par certains comme sacrés. Joseph et Marie sont deux prolétaires victimes de l'impérialisme romain, dans lequel tout le monde reconnaîtra son lointain avatar états-unien. Ils forment un couple égalitaire, se partageant les tâches du quotidien. Tous deux appartiennent aux "minorités visibles", ces Français issus de l'immigration africaine spoliés par l'histoire, auxquels un glorieux destin est promis. Pour cela, ils vont devoir s'unir et s'unir avec ceux qui, de prime abord, apparaissent très éloignés d'eux. Cette puissante métaphore appelle les réprouvés de toute origine, humains, dromadaires, colombes, moutons, chèvre, ânes, chevaux, boeufs et chiens, veaux, vaches, cochons, à se fédérer pour renverser l'ordre établi. Cette animation, en dépit de quelques désagréables aspects superstitieux, est un véritable appel à la révolte !

   Je m'en voudrais de ne pas vous communiquer la critique islamo-fasciste, rédigée par Tariq-Alain.

   Le complot américano-sionisto-croisé tente à nouveau de déverser sa propagande infâme dans la tête des enfants d'Allah. (Loué soit Son nom !) Ce film a sans nul doute été produit dans le but de faire croire qu'Issah, ce prophète de deuxième catégorie, était le véritable élu de Dieu, alors que tout le monde sait qu'il s'agit de Muhammad. (Bénie soit son action !) Mais nous avions prévu cette tentative. Nous avons infiltré des frères dans la grande machine hollywoodienne à fabriquer du mensonge. Voilà pourquoi cette oeuvre au départ impure s'est parée des couleurs de l'Islam. Ainsi, le couple de héros, Youssouf et Myriam, forme incontestablement une famille palestinienne qui suit la voie de l'obéissance à Allah. Ils n'élèvent pas de porc, cet animal impur. De plus, lorsqu'elle sort du domicile, Myriam se couvre comme toute bonne musulmane doit le faire (et non comme tant de pécheresses en Occident, ces vipères lubriques qui tentent d'échapper à la saine domination de l'homme). Ce couple est pourchassé par des militaires cruels armés jusqu'aux dents, au service d'un pouvoir oppresseur. Il s'agit bien évidemment de l'occupant sioniste. L'ingéniosité dont font preuve les personnages animaux n'est pas sans rappeler les efforts méritoires et souterrains menés par les combattants d'Allah pour faire triompher la Vraie Foi.

   Je termine par la critique la plus objective, la plus érudite, la plus argumentée, celle de Jérémie, 8 ans (et demi) : "C'est trop rigolo !"

samedi, 02 décembre 2017

Le principe d'Heisenberg

   Que l'on se rassure. Je ne vais pas me lancer ici dans un exposé de physique nucléaire. Cette notion scientifique est en fait le titre d'un album de bandes dessinées, le dernier mettant en scène Guy Lefranc, journaliste-enquêteur créé par Jacques Martin (pas l'ancien animateur, hein, le scénariste auquel on doit, entre autres, les aventures d'Alix).

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   Je ne suis pas un lecteur de cette série. Je m'y suis intéressé parce que cet épisode tourne autour d'un double meurtre horrible commis dans une région réputée sauvage et peu accessible... l'Aubrac ! L'action se déroule dans les années 1950, sous la IVe République donc, mais, surtout, en pleine Guerre froide.

   Comment un journaliste parisien, dont l'employeur suit plutôt les affaires "sérieuses" (Le Globe est sans doute un décalque du quotidien Le Monde), est-il amené à se rendre en plein Rouergue ? La raison est amenée de manière assez cocasse :

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   L'une des connaissances de Guy Lefranc est ce qu'on pourrait appeler un "Aveyronnais de Paris", retourné au pays pour des vacances bien méritées... mais sa conscience professionnelle, elle, n'est pas en congé !

   L'un des mérites de cette bande dessinée est d'apprendre à ceux qui l'ignoreraient quel périple cela représentait à l'époque de relier en voiture la capitale au Nord Aveyron. Cela nous vaut quelques images de carte postale, à Nevers, Moulins, au viaduc de Garabit et, finalement, à Saint-Geniez-d'Olt (aujourd'hui Saint-Geniez-d'Olt-et-d'Aubrac). En chemin, le héros a croisé quelques bêtes à cornes caractéristiques. Une fois arrivé à bon port, il déguste un aligot. Cette péripétie gastronomique donne naissance à une note de bas-de-page, pour expliquer au commun des mortels (non aveyronnais) en quoi consiste ce mets succulent. Je laisse à chacun apprécier la qualité de l'information donnée...

   Très vite, l'intrigue policière reprend le dessus. Espionnage, meurtres, dissimulation et coups foireux sont au programme, le tout représenté dans un style très classique, proche de la "ligne claire" chère à Hergé. J'ai toutefois été un peu gêné par l'abondance de scènes de nuit, certes parfaitement justifiées par le déroulement de l'histoire, mais qui réclament une excellente luminosité pour être appréciées à leur juste valeur.

   Au cours de ses aventures, Guy Lefranc croise une veille connaissance à lui, employée par la presse à sensation, qui se délecte des faits divers les plus sordides. Ce Marco di Angelo est dessinateur à ses heures. On nous propose d'ailleurs l'un de ses croquis :

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   L'intrigue est vraiment fouillée. Elle tient en haleine jusqu'au dénouement, qui survient dans une belle bâtisse que tout le monde reconnaîtra, d'autant plus qu'elle a été au coeur d'une autre bande dessinée, parue il y a quelques années :

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   PS

   Je me suis rappelé un détail croustillant : l'expression graphique du bruit fait par un pistolet fonctionnant avec un silencieux :

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vendredi, 01 décembre 2017

A Beautiful Day

   A première vue, le titre du film sonne comme une antiphrase. Le héros Joe (Joaquin Phoenix, transfiguré) semble ne vivre que des journées de merde. Il faut dire qu'il cumule les passifs : il a eu une enfance difficile et c'est un ancien soldat, miraculeusement rescapé d'une embuscade au Moyen-Orient. Son corps en porte encore les stigmates.

   Le poids de cette culpabilité explique peut-être son comportement suicidaire : les risques qu'il prend à tuer et les semi-tentatives qu'on le voit exécuter. C'est d'ailleurs par l'une d'entre elles que commence l'histoire, avec un superbe gros plan sur une tête dans un sac plastique.

   C'est la marque de la réalisatrice Lynne Ramsay, très attentive à la construction de ses plans. La première partie du film est riche en trouvailles, comme cet enchaînement entre la vision du héros prostré dans une penderie et une autre du même, perçu en contre-plongée par-delà les rails du quai d'une gare. Entre les deux plans, l'acteur n'a pas changé de posture ni de place.

   Il est donc possible de (presque) complètement s'abstraire de l'intrigue (au demeurant guère inventive) pour goûter pleinement le savoir-faire de la réalisatrice... et la performance de l'acteur principal. De surcroît, le scénario a des aspects nauséabonds. Joe, qui vit avec sa mère (qui perd les pédales), s'est reconverti dans le meurtre sur commande, façon grands coups de marteau dans la gueule. Petite précision : il semble ne s'en prendre qu'à des crapules.

   Le voilà bientôt mêlé à une affaire sordide, faite de corruption politique et de pédophilie. C'est bien dégueu... et la réalisatrice frôle le caniveau : il est évident qu'on ne peut qu'adhérer à la croisade que Joe va mener, sans subtilité, contre la bande de salopards. Signalons toutefois que L Ramsay a l'élégance d'introduire quelques ellipses, qui nous évitent de voir trop de sang gicler. (Grosse déception pour le spectateur en quête de catharsis après une journée de boulot irritante.)

   Et puis, au détour d'une scène, elle ose, comme cette improbable (et fugace) communion entre deux tueurs de bords opposés, l'un aidant l'autre à adoucir ses derniers instants, sur le sol d'une cuisine. C'est totalement inattendu, gonflé... et réussi. (Je recommande aussi la scène des funérailles lacustres.)

   Je m'en voudrais de ne pas signaler la composition d'Ekaterina Samsonov (futur petit canon hollywoodien), qui incarne la gamine que le tueur mutique va prendre sous son aile. Malheureusement, la réalisatrice peine à conclure son histoire. Elle tente même, par un artifice scénaristique, de suggérer deux fins possibles, mais c'est décevant, au regard de ce que le film a fait entrevoir auparavant.

   PS

   L'un des personnages secondaires possède un très joli matou auquel, fort heureusement, il n'arrive rien de désagréable, contrairement à nombre d'humains.

22:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films