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samedi, 26 avril 2025

La Revanche des Sith

   Cela fait presque vingt ans que ce film est sorti dans les salles françaises, époque à laquelle je l'ai vu pour la première fois. Les cinémas CGR se sont associés à l'anniversaire et ont proposé une ressortie limitée... très limitée même à Rodez, puisqu'une seule séance a été programmée, ce vendredi à 20 heures. (Dans d'autres cinémas CGR, des séances supplémentaires sont prévues, notamment ce week-end.)

   Avant la projection, nous avons échappé aux tunnels de publicités et de bandes annonces traditionnels. (Ouf !) A la place, des animations étaient proposées, avec un peu de cosplay et une série de parties de jeu vidéo en ligne, en direct, projetées sur le très grand écran de la salle 1. (Le jeu, Battlefront II, datant lui aussi de vingt ans, permettait d'incarner soit un défenseur de la République, soit un partisan de l'Empire.)

   J'allais oublier : juste avant le début du film, nous avons quand même eu droit à la promotion de la partie 2 du dernier Mission : impossible... et ça a l'air de dépoter grave ! (Vivement le 21 mai !)

   Ensuite, enfin, dans une salle quasi archi comble (où, curieusement, dominait la tranche d'âge des 15-30 ans), la projection a pu commencer.

   Je ne suis pas un grand fan de cette prélogie (l'action des trois épisodes, sortis après la trilogie originelle, se déroulant avant), en particulier du premier épisode, La Menace fantôme. Je les trouve plus faibles que les trois films d'origine... mais je dois dire qu'après avoir vu ce que Disney a fait de la franchise, j'ai un peu réévalué mon jugement, surtout pour ce troisième film, qui voit Anakin Skywalker devenir Dark Vador, dans une fin d'histoire aux accents shakespeariens.

   Vingt ans plus tard, je trouve toujours aussi cucul-la-praline l'histoire d'amour entre Padmé et Anakin... mais elle est indispensable pour la suite. Je trouve aussi trop abrupt le basculement de Skywalker, peut-être en raison de l'interprétation maladroite d'Hayden Christensen, dont je ne cesse de penser qu'il était une erreur de casting. Quant au machiavélique chancelier, il est plutôt bien interprété par Ian McDiarmid, mais le comédien avait trop vieilli entre les deux trilogies, alors qu'il était censé incarner la version plus jeune de son personnage.

   Outre la partie sur la planète Mustafar (lieu de l'épique duel final), j'ai aimé toutes les scènes où figure Yoda (peut-être mon personnage préféré de la saga), ainsi que la séquence (très enlevée) sur Utapau. Je dois aussi reconnaître que la séquence introductive a toujours autant de gueule.

   Bref, ce fut une bonne soirée. A la fin, la salle s'est peu à peu vidée de ses spectateurs (certains exhalant une prégnante odeur de transpiration), laissant le sol jonché de débris de pop corn...

00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Revanche des Sith

   Cela fait presque vingt ans que ce film est sorti dans les salles françaises, époque à laquelle je l'ai vu pour la première fois. Les cinémas CGR se sont associés à l'anniversaire et ont proposé une ressortie limitée... très limitée même à Rodez, puisqu'une seule séance a été programmée, ce vendredi à 20 heures. (Dans d'autres cinémas CGR, des séances supplémentaires sont prévues, notamment ce week-end.)

   Avant la projection, nous avons échappé aux tunnels de publicités et de bandes annonces traditionnels. (Ouf !) A la place, des animations étaient proposées, avec un peu de cosplay et une série de parties de jeu vidéo en ligne, en direct, projetées sur le très grand écran de la salle 1. (Le jeu, Battlefront II, datant lui aussi de vingt ans, permettait d'incarner soit un défenseur de la République, soit un partisan de l'Empire.)

   J'allais oublier : juste avant le début du film, nous avons quand même eu droit à la promotion de la partie 2 du dernier Mission : impossible... et ça a l'air de dépoter grave ! (Vivement le 21 mai !)

   Ensuite, enfin, dans une salle quasi archi comble (où, curieusement, dominait la tranche d'âge des 15-30 ans), la projection a pu commencer.

   Je ne suis pas un grand fan de cette prélogie (l'action des trois épisodes, sortis après la trilogie originelle, se déroulant avant), en particulier du premier épisode, La Menace fantôme. Je les trouve plus faibles que les trois films d'origine... mais je dois dire qu'après avoir vu ce que Disney a fait de la franchise, j'ai un peu réévalué mon jugement, surtout pour ce troisième film, qui voit Anakin Skywalker devenir Dark Vador, dans une fin d'histoire aux accents shakespeariens.

   Vingt ans plus tard, je trouve toujours aussi cucul-la-praline l'histoire d'amour entre Padmé et Anakin... mais elle est indispensable pour la suite. Je trouve aussi trop abrupt le basculement de Skywalker, peut-être en raison de l'interprétation maladroite d'Hayden Christensen, dont je ne cesse de penser qu'il était une erreur de casting. Quant au machiavélique chancelier, il est plutôt bien interprété par Ian McDiarmid, mais le comédien avait trop vieilli entre les deux trilogies, alors qu'il était censé incarner la version plus jeune de son personnage.

   Outre la partie sur la planète Mustafar (lieu de l'épique duel final), j'ai aimé toutes les scènes où figure Yoda (peut-être mon personnage préféré de la saga), ainsi que la séquence (très enlevée) sur Utapau. Je dois aussi reconnaître que la séquence introductive a toujours autant de gueule.

   Bref, ce fut une bonne soirée. A la fin, la salle s'est peu à peu vidée de ses spectateurs (certains exhalant une prégnante odeur de transpiration), laissant le sol jonché de débris de pop corn...

00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 24 avril 2025

Aimons-nous vivants

   Ces dernières années, il est devenu à la mode d'associer de vieilles gloires de la comédie française (parfois avec une jeune vedette). Ainsi, en 2023, on a vu Thierry Lhermitte et Patrick Timsit (aussi présent ici) dans Sexygénaires. L'an dernier, c'est avec Michèle Laroque que Gérard Darmon a fait équipe, dans L'Heureuse Élue.

   La différence ici est que Darmon, naguère époux velléitaire et papa cool, joue le vieux grincheux, artiste vieillissant et solitaire. Au cours d'un trajet en train (entre Paris et la Suisse), il rencontre une charmante admiratrice, Victoire (Valérie Lemercier, en pleine forme), qui se révèle aussi collante que déroutante... et même un peu cinglée. La découverte des différentes facettes de ce personnage farfelu fait le délice de la première demi-heure, alors que les scènes entre Antoine (Darmon) et son agent (Timsit) ne sont pas très bonnes.

   On a un peu l'impression de se retrouver dans une nouvelle version du Boulet, avec une femme dans le rôle de l'acolyte pesante, voire gênante. C'est plutôt bien mis en scène par Jean-Pierre Améris, dont j'ai apprécié les précédents films (Marie-Line et son juge et Les Folies fermières).

   Je ne vais pas trop en dire pour garder un peu de mystère concernant l'intrigue, mais sachez qu'Antoine se rend en Suisse avec un projet bien précis en tête et que la rencontre avec Victoire va l'obliger à le reporter... celle-ci espérant même l'y faire renoncer.

   La deuxième partie de l'intrigue voit les deux héros se rapprocher. Antoine accepte de filer un coup de main à Victoire et lui -comme nous- se rend compte que, sous le masque d'une certaine frivolité, se trouve une femme qui souffre. Lemercier est aussi bonne dans ce registre-là que dans la comédie. A son contact, Antoine l'égoïste devient un peu moins con... C'est alors qu'un énorme quiproquo survient, qui relance le film pour une dernière demi-heure assez réussie.

   Voilà. Cela ne va pas révolutionner le genre, mais on passe un bon moment.

22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Aimons-nous vivants

   Ces dernières années, il est devenu à la mode d'associer de vieilles gloires de la comédie française (parfois avec une jeune vedette). Ainsi, en 2023, on a vu Thierry Lhermitte et Patrick Timsit (aussi présent ici) dans Sexygénaires. L'an dernier, c'est avec Michèle Laroque que Gérard Darmon a fait équipe, dans L'Heureuse Élue.

   La différence ici est que Darmon, naguère époux velléitaire et papa cool, joue le vieux grincheux, artiste vieillissant et solitaire. Au cours d'un trajet en train (entre Paris et la Suisse), il rencontre une charmante admiratrice, Victoire (Valérie Lemercier, en pleine forme), qui se révèle aussi collante que déroutante... et même un peu cinglée. La découverte des différentes facettes de ce personnage farfelu fait le délice de la première demi-heure, alors que les scènes entre Antoine (Darmon) et son agent (Timsit) ne sont pas très bonnes.

   On a un peu l'impression de se retrouver dans une nouvelle version du Boulet, avec une femme dans le rôle de l'acolyte pesante, voire gênante. C'est plutôt bien mis en scène par Jean-Pierre Améris, dont j'ai apprécié les précédents films (Marie-Line et son juge et Les Folies fermières).

   Je ne vais pas trop en dire pour garder un peu de mystère concernant l'intrigue, mais sachez qu'Antoine se rend en Suisse avec un projet bien précis en tête et que la rencontre avec Victoire va l'obliger à le reporter... celle-ci espérant même l'y faire renoncer.

   La deuxième partie de l'intrigue voit les deux héros se rapprocher. Antoine accepte de filer un coup de main à Victoire et lui -comme nous- se rend compte que, sous le masque d'une certaine frivolité, se trouve une femme qui souffre. Lemercier est aussi bonne dans ce registre-là que dans la comédie. A son contact, Antoine l'égoïste devient un peu moins con... C'est alors qu'un énorme quiproquo survient, qui relance le film pour une dernière demi-heure assez réussie.

   Voilà. Cela ne va pas révolutionner le genre, mais on passe un bon moment.

22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 23 avril 2025

Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

   Amah (la grand-mère) habite une vieille maison d'un quartier populaire d'une ville thaïlandaise (Bangkok ?). Elle a trois enfants, tous adultes, et vit seule depuis le décès de son époux, recevant de temps à autre la visite de sa progéniture, rarement accompagnée des petits-enfants.

   L'autre héros de cette histoire est précisément l'un d'entre eux, M, un jeune homme qui s'incruste chez sa mère divorcée, prétendant vouloir gagner sa vie grâce au commerce en ligne... mais passant surtout son temps à jouer en réseau. Il est présenté comme foncièrement égoïste.

   Tout change lorsqu'un cancer est diagnostiqué à la grand-mère (qui, dans un premier temps, n'est pas mise au courant). Comme elle est propriétaire de la maison, tous ses descendants se rapprochent d'elle dans l'espoir d'en hériter... y compris M, stupéfait de voir sa cousine récupérer la demeure du grand-père dont elle était devenue l'aide à domicile.

   Sur ce fond limite nauséabond est construite une savoureuse comédie de mœurs, avec une grand-mère au caractère bien trempé, un fils aîné présenté comme étant sous la coupe de son épouse, un cadet menteur et flambeur et une benjamine méritante, occupant un emploi peu valorisé... avec en plus son fainéant de fils à charge. Celui-ci essaie tant bien que mal de s'imposer comme le soutien au quotidien d'Amah, qui voit clair dans son jeu.

   C'est drôle et subtil à la fois, parce que le film prend le temps de développer chacun des personnages de la famille, tous ayant des qualités et des défauts. Au passage, il convient de préciser qu'il s'agit d'une famille métissée, la grand-mère, d'origine chinoise, ayant épousé un Thaï.

   Pour des Français, il sera sidérant de constater qu'à plus de 70 ans, Amah continue de se lever à cinq heures du matin pour aller vendre son gruau à des travailleurs modestes, sur un trottoir où elle installe son étal. De plus, les soins hospitaliers ne semblent pas, pour la plupart, remboursés par l'équivalent d'une Sécurité sociale.

   J'ai aussi été marqué par le fait que les mêmes problèmes familiaux se posent, en Thaïlande et en France. M et ses deux oncles pensent principalement à l'héritage, ce qui pourrit les relations à l'intérieur de la famille. Les enfants négligent leur mère, qui n'aime rien tant qu'un repas en famille, le dimanche, suivi d'une partie de cartes. Même ça, les enfants ont du mal à le lui offrir.

   Pat Boonnitipat (dont c'est, je crois, le premier long-métrage) filme très bien les intérieurs : le bric-à-brac qui encombre le labyrinthe qu'est la vieille maison d'Amah, l'exiguïté du modeste appartement loué par sa fille et le luxe du logement haut-de-gamme où habite le fils aîné. On respire lors des scènes d'extérieur, au cimetière (où les pratiques sont très différentes de ce qu'on connaît en Occident) et au temple bouddhiste, utilisé de manière consumériste par la plupart des pèlerins, un peu à l'image de Lourdes chez nous.

   Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, l'émotion prend le pas sur l'humour... et l'on a parfois les yeux qui piquent. La grand-mère (incarnée par une actrice non-professionnelle, formidable) réserve quelques surprises à sa progéniture, dont une post-mortem.

   C'est peut-être le plus beau film de ce début d'année 2025.

Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)

   Amah (la grand-mère) habite une vieille maison d'un quartier populaire d'une ville thaïlandaise (Bangkok ?). Elle a trois enfants, tous adultes, et vit seule depuis le décès de son époux, recevant de temps à autre la visite de sa progéniture, rarement accompagnée des petits-enfants.

   L'autre héros de cette histoire est précisément l'un d'entre eux, M, un jeune homme qui s'incruste chez sa mère divorcée, prétendant vouloir gagner sa vie grâce au commerce en ligne... mais passant surtout son temps à jouer en réseau. Il est présenté comme foncièrement égoïste.

   Tout change lorsqu'un cancer est diagnostiqué à la grand-mère (qui, dans un premier temps, n'est pas mise au courant). Comme elle est propriétaire de la maison, tous ses descendants se rapprochent d'elle dans l'espoir d'en hériter... y compris M, stupéfait de voir sa cousine récupérer la demeure du grand-père dont elle était devenue l'aide à domicile.

   Sur ce fond limite nauséabond est construite une savoureuse comédie de mœurs, avec une grand-mère au caractère bien trempé, un fils aîné présenté comme étant sous la coupe de son épouse, un cadet menteur et flambeur et une benjamine méritante, occupant un emploi peu valorisé... avec en plus son fainéant de fils à charge. Celui-ci essaie tant bien que mal de s'imposer comme le soutien au quotidien d'Amah, qui voit clair dans son jeu.

   C'est drôle et subtil à la fois, parce que le film prend le temps de développer chacun des personnages de la famille, tous ayant des qualités et des défauts. Au passage, il convient de préciser qu'il s'agit d'une famille métissée, la grand-mère, d'origine chinoise, ayant épousé un Thaï.

   Pour des Français, il sera sidérant de constater qu'à plus de 70 ans, Amah continue de se lever à cinq heures du matin pour aller vendre son gruau à des travailleurs modestes, sur un trottoir où elle installe son étal. De plus, les soins hospitaliers ne semblent pas, pour la plupart, remboursés par l'équivalent d'une Sécurité sociale.

   J'ai aussi été marqué par le fait que les mêmes problèmes familiaux se posent, en Thaïlande et en France. M et ses deux oncles pensent principalement à l'héritage, ce qui pourrit les relations à l'intérieur de la famille. Les enfants négligent leur mère, qui n'aime rien tant qu'un repas en famille, le dimanche, suivi d'une partie de cartes. Même ça, les enfants ont du mal à le lui offrir.

   Pat Boonnitipat (dont c'est, je crois, le premier long-métrage) filme très bien les intérieurs : le bric-à-brac qui encombre le labyrinthe qu'est la vieille maison d'Amah, l'exiguïté du modeste appartement loué par sa fille et le luxe du logement haut-de-gamme où habite le fils aîné. On respire lors des scènes d'extérieur, au cimetière (où les pratiques sont très différentes de ce qu'on connaît en Occident) et au temple bouddhiste, utilisé de manière consumériste par la plupart des pèlerins, un peu à l'image de Lourdes chez nous.

   Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, l'émotion prend le pas sur l'humour... et l'on a parfois les yeux qui piquent. La grand-mère (incarnée par une actrice non-professionnelle, formidable) réserve quelques surprises à sa progéniture, dont une post-mortem.

   C'est peut-être le plus beau film de ce début d'année 2025.

dimanche, 20 avril 2025

La Jeune Femme à l'aiguille

   Au Danemark, en 1918, la Première Guerre mondiale est finissante... mais le pays y joue un rôle annexe : il est resté militairement neutre, tout en commerçant (plus ou moins ouvertement) avec des pays des deux camps. Certaines industries en ont profité, comme l'atelier de couture où travaille l'héroïne, Karoline (superbement incarnée par Victoria Carmen Sonne).

   Celle-ci est dans une situation délicate : son mari a disparu (peut-être est-il marin) et elle ne peut plus payer son loyer. En désespoir de cause, elle demande de l'aide au directeur de l'usine, un patron du genre paternaliste, pas odieux avec ses employées... et qui n'est pas insensible au charme de cette ouvrière. Une liaison va démarrer, avec des conséquences insoupçonnées...

   Je n'en dirai guère plus à propos de l'intrigue, riche en rebondissements, pour laisser le plaisir de la découverte. Je signale juste que l'histoire s'inspire d'un fait divers qui a défrayé la chronique, mais je ne préciserai pas à quel sujet, plusieurs aspects (sordides) de l'intrigue pouvant déboucher sur une action judiciaire.

   En attendant d'éclaircir ce mystère, on peut profiter d'un superbe noir et blanc, qui correspond parfaitement à l'ambiance "à la Charles Dickens" du Copenhague de 1918. Les écarts de richesse y sont énormes et les classes populaires urbaines souffrent, les femmes encore plus que les hommes.

   La seconde partie de l'histoire est centrée sur un étrange duo féminin, composé de l'héroïne et d'une commerçante plus âgée (interprétée par Trine Dyrholm, dans laquelle les cinéphiles reconnaîtront un des personnages de Festen, de Thomas Vinterberg). Ce duo est en fait un trio, puisqu'une jeune fille accompagne les deux adultes... les hommes jouant un rôle annexe.

   La mise en scène est un mélange de styles. La vie quotidienne est peinte de manière réaliste. On ne nous épargne pas la crasse de certains logements... et de certains protagonistes, ni les difficultés d'un accouchement, ni les rares horreurs de la guerre qui parviennent jusqu'au Danemark. Ces aspects sordides sont presque sublimés par le noir et blanc. Le cinéaste semble être un formaliste, mais je pense aussi qu'il a utilisé cette esthétique pour poser la question de la monstruosité. Dans cette capitale européenne en apparence moderne, où la boue côtoie parfois le grand luxe, qu'est-ce qui est réellement horrible : l'apparence (sale) de certains habitants ou le comportement (odieux) d'autres, mieux habillés ?

   Même si le film n'est pas sans défaut, je trouve qu'il pose de bonnes questions (certes de manière parfois allusive) et qu'il est d'une grande force visuelle.

   P.S.

   Attention, quelques divulgâchages sont en approche, notamment pour nuancer mon enthousiasme.

1) Je trouve irréaliste que le directeur de l'usine culbute son employée en plein centre-ville (certes dans une ruelle obscure)... et avec le consentement de celle-ci.

2) J'ai du mal à comprendre comment l'époux de l'héroïne peut revenir avec les blessures qui lui sont attribuées. Elles correspondent plutôt à celles d'un soldat d'un pays belligérant... mais elles permettent de poser d'intéressantes questions sur l'apparence physique... et leur mise en scène est, je pense, une référence à Elephant Man (et peut-être aussi à Au-revoir là-haut).

3) Une autre référence cinéphile est insérée dans la première partie, lorsque nous est montrée l'entrée de l'atelier de couture, à la fin d'une journée de travail. On pense inévitablement à la sortie des usines Lumière, qu'on peut actuellement revoir sous trois aspects dans le formidable documentaire de Thierry Frémaux.

La Jeune Femme à l'aiguille

   Au Danemark, en 1918, la Première Guerre mondiale est finissante... mais le pays y joue un rôle annexe : il est resté militairement neutre, tout en commerçant (plus ou moins ouvertement) avec des pays des deux camps. Certaines industries en ont profité, comme l'atelier de couture où travaille l'héroïne, Karoline (superbement incarnée par Victoria Carmen Sonne).

   Celle-ci est dans une situation délicate : son mari a disparu (peut-être est-il marin) et elle ne peut plus payer son loyer. En désespoir de cause, elle demande de l'aide au directeur de l'usine, un patron du genre paternaliste, pas odieux avec ses employées... et qui n'est pas insensible au charme de cette ouvrière. Une liaison va démarrer, avec des conséquences insoupçonnées...

   Je n'en dirai guère plus à propos de l'intrigue, riche en rebondissements, pour laisser le plaisir de la découverte. Je signale juste que l'histoire s'inspire d'un fait divers qui a défrayé la chronique, mais je ne préciserai pas à quel sujet, plusieurs aspects (sordides) de l'intrigue pouvant déboucher sur une action judiciaire.

   En attendant d'éclaircir ce mystère, on peut profiter d'un superbe noir et blanc, qui correspond parfaitement à l'ambiance "à la Charles Dickens" du Copenhague de 1918. Les écarts de richesse y sont énormes et les classes populaires urbaines souffrent, les femmes encore plus que les hommes.

   La seconde partie de l'histoire est centrée sur un étrange duo féminin, composé de l'héroïne et d'une commerçante plus âgée (interprétée par Trine Dyrholm, dans laquelle les cinéphiles reconnaîtront un des personnages de Festen, de Thomas Vinterberg). Ce duo est en fait un trio, puisqu'une jeune fille accompagne les deux adultes... les hommes jouant un rôle annexe.

   La mise en scène est un mélange de styles. La vie quotidienne est peinte de manière réaliste. On ne nous épargne pas la crasse de certains logements... et de certains protagonistes, ni les difficultés d'un accouchement, ni les rares horreurs de la guerre qui parviennent jusqu'au Danemark. Ces aspects sordides sont presque sublimés par le noir et blanc. Le cinéaste semble être un formaliste, mais je pense aussi qu'il a utilisé cette esthétique pour poser la question de la monstruosité. Dans cette capitale européenne en apparence moderne, où la boue côtoie parfois le grand luxe, qu'est-ce qui est réellement horrible : l'apparence (sale) de certains habitants ou le comportement (odieux) d'autres, mieux habillés ?

   Même si le film n'est pas sans défaut, je trouve qu'il pose de bonnes questions (certes de manière parfois allusive) et qu'il est d'une grande force visuelle.

   P.S.

   Attention, quelques divulgâchages sont en approche, notamment pour nuancer mon enthousiasme.

1) Je trouve irréaliste que le directeur de l'usine culbute son employée en plein centre-ville (certes dans une ruelle obscure)... et avec le consentement de celle-ci.

2) J'ai du mal à comprendre comment l'époux de l'héroïne peut revenir avec les blessures qui lui sont attribuées. Elles correspondent plutôt à celles d'un soldat d'un pays belligérant... mais elles permettent de poser d'intéressantes questions sur l'apparence physique... et leur mise en scène est, je pense, une référence à Elephant Man (et peut-être aussi à Au-revoir là-haut).

3) Une autre référence cinéphile est insérée dans la première partie, lorsque nous est montrée l'entrée de l'atelier de couture, à la fin d'une journée de travail. On pense inévitablement à la sortie des usines Lumière, qu'on peut actuellement revoir sous trois aspects dans le formidable documentaire de Thierry Frémaux.

Lumière, l'aventure continue !

   Huit ans après Lumière ! L'aventure commence, Thierry Frémaux remet le couvert, en cette année anniversaire (les 130 ans de l'invention du cinématographe). Il utilise la même méthode et les mêmes recettes que dans le précédent film (dont il réemploie une partie du matériau) et nous propose, en 1h45 (environ), plus d'une centaine de petits films d'époque, restaurés, sur une musique de Gabriel Fauré.

   On redécouvre ainsi avec plaisir les trois versions de la fameuse sortie d'usine, commentées avec acuité. Frémaux a une fois encore su doser sa parole, intervenant quand c'est utile, ne surchargeant pas le docu de propos verbeux... et c'est toujours pertinent.

   La suite est classée par thèmes. On nous rappelle que Louis Lumière a employé et formé une brochette d'opérateurs, qu'il a envoyés aux quatre coins du monde. Ils sont cités dans le générique de fin, mais je trouve qu'ils ne sont pas assez mis en avant, puisque, le plus souvent, leur travail de qualité est mis au compte du seul Louis Lumière : Gabriel Veyre, Alexandre Promio, François-Constant Girel, Félix Mesguich...

   Grâce à eux, nous avons, aujourd'hui encore, des images datant de plus de cent ans du continent américain (États-Unis, Canada, Mexique...), des colonies françaises d'Afrique et d'Asie (l'Indochine en particulier)... mais aussi d'Europe, avec une place importante accordée à la France, surtout à Paris et à Lyon. D'autres villes de province sont présentes à l'écran, l'une d'entre elles étant particulièrement difficile à reconnaître :

cinéma,cinema,film,films,histoire

(réponse en fin de billet)

   De ma région je n'ai reconnu qu'un passage sur Carmaux, avec des femmes travaillant dans les mines, mais en surface. (On les voit charger du coke dans des brouettes.)

   Les travaux et les jours constituent une thématique importante. Le monde paysan est à l'honneur, même si sa place dans le film est plus faible que celle qu'il occupait dans la société de l'époque.

   Un autre passage intéressant concerne les militaires, français, mais aussi étrangers : on voit des Allemands (reconnaissables au casque à pointe) et des Mexicains, entre autres. Frémaux fait remarquer que les unités françaises qui nous sont montrées ne semblent pas très redoutables... mais c'est peut-être lié au fait que, devant la caméra, beaucoup de personnes filmées (quelle que soit la classe sociale) ont envie de "faire l'intéressant".

   La famille des frères Lumière fait l'objet de nombreuses prises de vue. On les voit dans leur propriété, mais aussi en vacances, à la mer. Louis a aimé filmer les enfants, soit au naturel, soit en les dirigeant, tel un metteur en scène contemporain.

   Cela nous mène à un autre propos de Thierry Frémaux : l'aspect précurseur des frères Lumière et de leurs équipes. Les plans de leurs petits films étaient construits avec soin : le cadre n'est jamais choisi au hasard et, souvent, les images fourmillent de détails, que Frémaux se plaît à souligner.

   Le plus souvent, les preneurs d'images se font documentaristes. Mais ils ne s'interdisent pas quelques effets : panoramique, travelling et, de temps en temps, mise en abyme, un opérateur figurant dans le champ.

   Quelques petites fictions nous sont aussi proposées, avec des trucages visuels. C'est plaisant, mais ce ne sont pas les films les plus aboutis des frères Lumière. Dans ce domaine, ils ont été vite dépassés par l'un de leurs admirateurs, présent à l'une de leurs premières projections, un certain Georges Méliès.

   L'ensemble constitue un formidable panorama de l’œuvre des pionniers du cinéma. C'est passionnant à regarder et à écouter. Sur le plan historique, on pourra toutefois regretter que Frémaux n'évoque pas la sympathie éprouvée par les deux frères vieillissants pour le régime de Vichy. Il rétorquerait sans doute qu'il n'a pas vraiment fait œuvre de biographe, mais rendu hommage aux débuts foisonnants de ce qui n'était pas encore appelé le Septième Art.

   P.S.

   Pour la ville de province, la réponse est ici.

Lumière, l'aventure continue !

   Huit ans après Lumière ! L'aventure commence, Thierry Frémaux remet le couvert, en cette année anniversaire (les 130 ans de l'invention du cinématographe). Il utilise la même méthode et les mêmes recettes que dans le précédent film (dont il réemploie une partie du matériau) et nous propose, en 1h45 (environ), plus d'une centaine de petits films d'époque, restaurés, sur une musique de Gabriel Fauré.

   On redécouvre ainsi avec plaisir les trois versions de la fameuse sortie d'usine, commentées avec acuité. Frémaux a une fois encore su doser sa parole, intervenant quand c'est utile, ne surchargeant pas le docu de propos verbeux... et c'est toujours pertinent.

   La suite est classée par thèmes. On nous rappelle que Louis Lumière a employé et formé une brochette d'opérateurs, qu'il a envoyés aux quatre coins du monde. Ils sont cités dans le générique de fin, mais je trouve qu'ils ne sont pas assez mis en avant, puisque, le plus souvent, leur travail de qualité est mis au compte du seul Louis Lumière : Gabriel Veyre, Alexandre Promio, François-Constant Girel, Félix Mesguich...

   Grâce à eux, nous avons, aujourd'hui encore, des images datant de plus de cent ans du continent américain (États-Unis, Canada, Mexique...), des colonies françaises d'Afrique et d'Asie (l'Indochine en particulier)... mais aussi d'Europe, avec une place importante accordée à la France, surtout à Paris et à Lyon. D'autres villes de province sont présentes à l'écran, l'une d'entre elles étant particulièrement difficile à reconnaître :

cinéma,cinema,film,films,histoire

(réponse en fin de billet)

   De ma région je n'ai reconnu qu'un passage sur Carmaux, avec des femmes travaillant dans les mines, mais en surface. (On les voit charger du coke dans des brouettes.)

   Les travaux et les jours constituent une thématique importante. Le monde paysan est à l'honneur, même si sa place dans le film est plus faible que celle qu'il occupait dans la société de l'époque.

   Un autre passage intéressant concerne les militaires, français, mais aussi étrangers : on voit des Allemands (reconnaissables au casque à pointe) et des Mexicains, entre autres. Frémaux fait remarquer que les unités françaises qui nous sont montrées ne semblent pas très redoutables... mais c'est peut-être lié au fait que, devant la caméra, beaucoup de personnes filmées (quelle que soit la classe sociale) ont envie de "faire l'intéressant".

   La famille des frères Lumière fait l'objet de nombreuses prises de vue. On les voit dans leur propriété, mais aussi en vacances, à la mer. Louis a aimé filmer les enfants, soit au naturel, soit en les dirigeant, tel un metteur en scène contemporain.

   Cela nous mène à un autre propos de Thierry Frémaux : l'aspect précurseur des frères Lumière et de leurs équipes. Les plans de leurs petits films étaient construits avec soin : le cadre n'est jamais choisi au hasard et, souvent, les images fourmillent de détails, que Frémaux se plaît à souligner.

   Le plus souvent, les preneurs d'images se font documentaristes. Mais ils ne s'interdisent pas quelques effets : panoramique, travelling et, de temps en temps, mise en abyme, un opérateur figurant dans le champ.

   Quelques petites fictions nous sont aussi proposées, avec des trucages visuels. C'est plaisant, mais ce ne sont pas les films les plus aboutis des frères Lumière. Dans ce domaine, ils ont été vite dépassés par l'un de leurs admirateurs, présent à l'une de leurs premières projections, un certain Georges Méliès.

   L'ensemble constitue un formidable panorama de l’œuvre des pionniers du cinéma. C'est passionnant à regarder et à écouter. Sur le plan historique, on pourra toutefois regretter que Frémaux n'évoque pas la sympathie éprouvée par les deux frères vieillissants pour le régime de Vichy. Il rétorquerait sans doute qu'il n'a pas vraiment fait œuvre de biographe, mais rendu hommage aux débuts foisonnants de ce qui n'était pas encore appelé le Septième Art.

   P.S.

   Pour la ville de province, la réponse est ici.

samedi, 19 avril 2025

La Réparation

   Plus de dix ans après Le Temps des aveux, Régis Wargnier nous propose son nouveau film, toujours sous le sceau de l'Asie orientale (ici Taïwan, la Chine non communiste).

   C'est une histoire de filiation, d'amour(s) et de transmission, entre la France et Taïwan. La première partie se déroule en Bretagne, où se trouve un restaurant (doublement) étoilé... et dont le chef cuistot, "Janko" (interprété par Clovis Cornillac), espère décrocher une distinction supplémentaire... et passer le flambeau à sa fille unique, qui a une liaison (secrète) avec son premier commis.

   Cette partie nous propose du déjà-vu (au cinéma et à la télévision), mais plutôt bien joué et correctement mis en scène. (Je trouve que Wargnier filme bien la forêt, ainsi que la cuisine en action.) Cornillac (rôdé par la série Chefs) est au poil dans le rôle, à la fois cuisinier passionné, chef de brigade exigeant voire autoritaire... et papounet très protecteur, un brin directif. J'ai aussi bien aimé les scènes de retour en arrière, montrant Janko avec sa fille, alors enfant. Je suis moins convaincu par celle qui la joue à l'âge adulte, Brigitte Bardot Julia de Nunez, et par ses collègues masculins, Antoine Pelletier et Julien de Saint-Jean (qu'on a vu meilleur dans Le Comte de Monte-Cristo).

   On attend le (premier) coup de théâtre et ses conséquences. Cela introduit un intéressant suspens, concernant deux personnes. Pour l'une des deux, le doute subsiste quasiment jusqu'à la fin...

   Une ellipse nous projette quelques années plus tard, à Taïwan, où le film prend une nouvelle inspiration. On sent Wargnier fasciné à la fois par l'ultra-modernité urbaine et les espaces naturels de l'île. Je trouve que le restaurant de Taipei est encore mieux filmé que son homologue de Bretagne. Le nouveau protagoniste (un jeune chef taïwanais prometteur), est bien interprété, par J.C. Lin. 

   Dans cette séquence, on retrouve avec plaisir Louis-Do de Lencquesaing, en critique gastronomique pontifiant (pléonasme ?). Mais la sauce ne prend pas. Je pense que les acteurs chevronnés s'en sortent mieux parce qu'ils ont compris ce que Wargnier attendait d'eux, sans avoir besoin d'être cornaqués... ou alors c'est tout simplement parce qu'ils sont meilleurs que les jeunes (Français). Quoi qu'il en soit, pour moi, le plat qui nous est proposé, au final, manque un peu de saveur.

10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Réparation

   Plus de dix ans après Le Temps des aveux, Régis Wargnier nous propose son nouveau film, toujours sous le sceau de l'Asie orientale (ici Taïwan, la Chine non communiste).

   C'est une histoire de filiation, d'amour(s) et de transmission, entre la France et Taïwan. La première partie se déroule en Bretagne, où se trouve un restaurant (doublement) étoilé... et dont le chef cuistot, "Janko" (interprété par Clovis Cornillac), espère décrocher une distinction supplémentaire... et passer le flambeau à sa fille unique, qui a une liaison (secrète) avec son premier commis.

   Cette partie nous propose du déjà-vu (au cinéma et à la télévision), mais plutôt bien joué et correctement mis en scène. (Je trouve que Wargnier filme bien la forêt, ainsi que la cuisine en action.) Cornillac (rôdé par la série Chefs) est au poil dans le rôle, à la fois cuisinier passionné, chef de brigade exigeant voire autoritaire... et papounet très protecteur, un brin directif. J'ai aussi bien aimé les scènes de retour en arrière, montrant Janko avec sa fille, alors enfant. Je suis moins convaincu par celle qui la joue à l'âge adulte, Brigitte Bardot Julia de Nunez, et par ses collègues masculins, Antoine Pelletier et Julien de Saint-Jean (qu'on a vu meilleur dans Le Comte de Monte-Cristo).

   On attend le (premier) coup de théâtre et ses conséquences. Cela introduit un intéressant suspens, concernant deux personnes. Pour l'une des deux, le doute subsiste quasiment jusqu'à la fin...

   Une ellipse nous projette quelques années plus tard, à Taïwan, où le film prend une nouvelle inspiration. On sent Wargnier fasciné à la fois par l'ultra-modernité urbaine et les espaces naturels de l'île. Je trouve que le restaurant de Taipei est encore mieux filmé que son homologue de Bretagne. Le nouveau protagoniste (un jeune chef taïwanais prometteur), est bien interprété, par J.C. Lin. 

   Dans cette séquence, on retrouve avec plaisir Louis-Do de Lencquesaing, en critique gastronomique pontifiant (pléonasme ?). Mais la sauce ne prend pas. Je pense que les acteurs chevronnés s'en sortent mieux parce qu'ils ont compris ce que Wargnier attendait d'eux, sans avoir besoin d'être cornaqués... ou alors c'est tout simplement parce qu'ils sont meilleurs que les jeunes (Français). Quoi qu'il en soit, pour moi, le plat qui nous est proposé, au final, manque un peu de saveur.

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jeudi, 17 avril 2025

Novocaïne

   Le titre est le surnom que porte le personnage principal. Il est lié à sa "particularité" : ne pas ressentir la douleur (physique). L'introduction nous présente donc Nathan (Jack Quaid, fils de, récemment vu dans Companion) au quotidien, avec ses rituels suivis à la lettre et une multitude de petites précautions visant à éviter le moindre accident. Nate est un chic type, il a le profil du "gendre idéal" : poli, propre sur lui, déjà directeur-adjoint d'une agence bancaire, assez empathique. Mais il vit seul, entouré de ses bouquins et d'un équipement informatique haut de gamme, qui lui a permis de se faire un ami gamer... qu'il n'a jamais rencontré (dans la vraie vie).

   Depuis quelques mois, il a encore plus de plaisir à se rendre au boulot, depuis qu'a été engagée une nouvelle employée, Sherry, une petite bombe mini-jupée qui semble lui faire de l’œil. Les deux tourtereaux se rapprochent... et se découvrent des points communs, notamment une enfance difficile. Cette rom com (comédie romantique) est légèrement épicée, puisqu'on a brièvement l'occasion de découvrir la "particularité" de Nathan à l’œuvre.

   Cela se corse un peu lors du braquage de la banque, ultra-violent, bien filmé. On est à l'approche des fêtes de fin d'année et un trio de Pères Noël débarque sans prévenir, pour distribuer quelques pralines. Cela ne se passe donc pas très bien... et Sherry est prise en otage.

   Nathan se lance à la poursuite des méchants... et c'est l'escalade. Il va les rencontrer un à un, successivement dans la cuisine d'un restaurant, une maison regorgeant de pièges et un garage. (Je recommande aussi le passage chez le tatoueur, qui ne déçoit pas.) Cela devient de plus en plus violent, de plus en plus gore... de plus en plus invraisemblable. Mais, qu'on soit horrifié(e) ou qu'on rigole, pris dans le rythme, cela se tient. Maquillage, prothèses, sauce tomate et effets numériques contribuent à nous faire toucher du doigt l'ampleur des sévices que ce brave Nathan va subir (sans avoir mal), pour tenter de sauver sa dulcinée. A propos de celle-ci, un petit coup de théâtre nous est ménagé à mi-parcours.

   Le dernier méchant Père Noël (Simon) est le plus difficile à dézinguer. On pensait en avoir fini au bout d'1h30... et voilà que la production nous en remet une couche, pour un petit quart d'heure supplémentaire de boucherie. La manière dont ce Simon (interprété par Ray Nicholson, autre fils de) est définitivement mis hors d'état de nuire est croquignolesque (mais a choqué les demoiselles assises pas très loin de moi).

   Cela m'a un peu rappelé l'ambiance des Deadpool, à ceci près que le super-héros mal élevé ressent la douleur (mais se rétablit de ses blessures), alors que Nathan ne ressent rien... mais finit par avoir bigrement besoin d'une aide médicale.

   C'était mon "plaisir coupable" du mois d'avril.

00:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéùa, cinema, film, films

mardi, 15 avril 2025

Minecraft (le film)

   La Warner s'est lancée dans le périlleux exercice de transposition de l'univers du célèbre jeu sur grand écran, dans le cadre d'une comédie d'aventures. Une pelletée d'effets spéciaux a été employée pour animer des scènes de bagarre, de poursuite... ou de créativité architecturale. Pour moi (qui ne suis pas un gamer), c'est réussi et cela constitue un agréable divertissement.

   Cela démarre sur les chapeaux de roue, avec la jeunesse de Steve, garçon un peu timide qui, plus tard, parvient à pénétrer dans la fameuse mine, où il a réalisé la découverte qui a changé sa vie. Cette première vision des deux univers parallèles (le paradis de briques et l'enfer porcin) sert d'introduction... et peut-être de mise à jour, pour le public qui ignore tout du jeu.

   Ensuite, c'est un deuxième film qui commence, dans une petite ville d'Idaho, dans le nord-ouest des États-Unis. On y fait connaissance avec les autres protagonistes de l'histoire : un garçon sensible et intelligent, qui vient de perdre sa mère, sa grande sœur, une agente immobilière qui n'a pas la langue dans sa poche et une ancienne gloire locale (devenu un gros beauf), Garrett "Garbage" Garrison, qui a les muscles, les tatouages et les cheveux de Jason Momoa. On remarque que, dans cette petite ville d'un comté sans doute rural, beaucoup d'adultes sont en surpoids et que leur intelligence est en général très limitée... On comprend que les jeunes aient envie de s'enfuir !

   Leurs aventures leur font rejoindre l'univers où Steve (Jack Black, très bien) est resté enfermé... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, Jumanji ! C'est du même niveau, même si c'est plus sage au niveau des dialogues... et il n'y a pas d'héroïne bad ass (juste une directrice de collège très dragueuse, interprétée Jennifer Coolidge, célèbre naguère pour avoir incarné la mère de Stifler, dans les American Pie).

   Les effets spéciaux sont vraiment bien fichus. J'ai particulièrement aimé les animaux, tous de forme cubique bien entendu : les poules, les moutons, les cochons, les loups... Celles et ceux qui goûtent peu l'habillage visuel peuvent s'amuser à repérer les clins d’œil cinéphiles, au Seigneur des anneaux, à Star Wars, Indiana Jones...

   Dans cet univers loufoque, l'improbable équipe de bras cassés doit resserrer ses liens et croire en elle pour surmonter l'adversité. On assiste bien entendu à une énième naissance de famille recomposée, le Bien finissant par vaincre le Mal. A la fin de l'histoire, chacun a mûri... et l'on a passé un bon moment... à savourer jusqu'au bout, avec deux scènes ajoutées.

23:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Minecraft (le film)

   La Warner s'est lancée dans le périlleux exercice de transposition de l'univers du célèbre jeu sur grand écran, dans le cadre d'une comédie d'aventures. Une pelletée d'effets spéciaux a été employée pour animer des scènes de bagarre, de poursuite... ou de créativité architecturale. Pour moi (qui ne suis pas un gamer), c'est réussi et cela constitue un agréable divertissement.

   Cela démarre sur les chapeaux de roue, avec la jeunesse de Steve, garçon un peu timide qui, plus tard, parvient à pénétrer dans la fameuse mine, où il a réalisé la découverte qui a changé sa vie. Cette première vision des deux univers parallèles (le paradis de briques et l'enfer porcin) sert d'introduction... et peut-être de mise à jour, pour le public qui ignore tout du jeu.

   Ensuite, c'est un deuxième film qui commence, dans une petite ville d'Idaho, dans le nord-ouest des États-Unis. On y fait connaissance avec les autres protagonistes de l'histoire : un garçon sensible et intelligent, qui vient de perdre sa mère, sa grande sœur, une agente immobilière qui n'a pas la langue dans sa poche et une ancienne gloire locale (devenu un gros beauf), Garrett "Garbage" Garrison, qui a les muscles, les tatouages et les cheveux de Jason Momoa. On remarque que, dans cette petite ville d'un comté sans doute rural, beaucoup d'adultes sont en surpoids et que leur intelligence est en général très limitée... On comprend que les jeunes aient envie de s'enfuir !

   Leurs aventures leur font rejoindre l'univers où Steve (Jack Black, très bien) est resté enfermé... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, Jumanji ! C'est du même niveau, même si c'est plus sage au niveau des dialogues... et il n'y a pas d'héroïne bad ass (juste une directrice de collège très dragueuse, interprétée Jennifer Coolidge, célèbre naguère pour avoir incarné la mère de Stifler, dans les American Pie).

   Les effets spéciaux sont vraiment bien fichus. J'ai particulièrement aimé les animaux, tous de forme cubique bien entendu : les poules, les moutons, les cochons, les loups... Celles et ceux qui goûtent peu l'habillage visuel peuvent s'amuser à repérer les clins d’œil cinéphiles, au Seigneur des anneaux, à Star Wars, Indiana Jones...

   Dans cet univers loufoque, l'improbable équipe de bras cassés doit resserrer ses liens et croire en elle pour surmonter l'adversité. On assiste bien entendu à une énième naissance de famille recomposée, le Bien finissant par vaincre le Mal. A la fin de l'histoire, chacun a mûri... et l'on a passé un bon moment... à savourer jusqu'au bout, avec deux scènes ajoutées.

23:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Voyage avec mon père

   A la suite du décès d'une personne proche, deux citoyens (juifs) des États-Unis, apparentés, effectuent un voyage mémoriel en Pologne, dans la région qui fut le berceau familial (du côté de Lodz). Leur périple sera l'occasion de se fâcher et de se rabibocher, dans une Pologne plus ou moins accueillante... Cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, on dirait l'intrigue du récent A Real Pain... à ceci près qu'ici l'histoire est entièrement vraie... et plus touchante que ce qu'on a pu voir dans le film de Jesse Eisenberg.

  Le duo de héros est composé d'un père et de sa fille, Edek et Ruth, incarnés par l'excellent Stephen Fry et la surprenante Lena Dunham (venue de la télévision). Tous deux n'ont pas la même manière de gérer le deuil de l'épouse d'Edek (mère de Ruth). Lui n'en parle quasiment pas et essaie de goûter aux plaisirs de la vie, tandis que sa fille a tendance à déprimer.

   C'est elle qui a eu l'idée de ce voyage mémoriel, auquel son père, au départ, ne voulait pas participer. Il faut dire que Ruth n'a pas eu de grands-parents... ni de cousins. Le décès de la mère et l'ouverture de la Pologne post communiste (au début des années 1990) aux touristes du monde capitaliste ont contribué à la réalisation du projet.

   Là encore, le père (qui a fini par décider d'accompagner Ruth) et la fille ne sont pas d'accord. Elle a établi un programme précis, qu'elle veut suivre à la lettre. Edek préfère musarder, tentant d'éviter de retourner à Lodz en s'adonnant à un tourisme traditionnel, profitant de l'occasion pour pratiquer à nouveau la langue polonaise. Il se rapproche même langoureusement d'interprètes locales, très ouvertes aux échanges interculturels...

   Sur le fond, le film ne cherche pas à emprunter un sentier politiquement correct. Le père ment à sa fille à propos de l'emplacement de l'ancien ghetto juif et il n'arrête pas de lui reprocher de "bouffer des graines" (elle est végétarienne) et de s'être séparée de son époux, qu'Edek considère comme un chic type. (Il en conserve même des photographies dans son porte-feuille.)

   Mais le malaise le plus grand s'installe lors du passage par Lodz. Edek montre à Ruth l'appartement (miteux) où, jeune homme, il est allé draguer sa future épouse, avant de l'accompagner dans un autre endroit de la ville, où se trouve l'immeuble que possédait sa famille, qui logeait dans l'un des grands appartements. La rencontre avec les nouveaux occupants polonais (catholiques) réserve pas mal de surprises...

   On l'attend et elle finit par arriver : la séquence à Auschwitz. Elle est surprenante dans son déroulement, très émouvante, mais pas forcément comme on s'y attend. C'est toujours aussi bien interprété, du côté états-unien comme du côté polonais (avec notamment un chauffeur de taxi empathique et débrouillard).

   J'ai beaucoup aimé. Je regrette d'autant plus que le film ait été minimisé, voire dénigré, par une partie des critiques français, que la mémoire de ce génocide semble quelque peu déranger.

Voyage avec mon père

   A la suite du décès d'une personne proche, deux citoyens (juifs) des États-Unis, apparentés, effectuent un voyage mémoriel en Pologne, dans la région qui fut le berceau familial (du côté de Lodz). Leur périple sera l'occasion de se fâcher et de se rabibocher, dans une Pologne plus ou moins accueillante... Cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, on dirait l'intrigue du récent A Real Pain... à ceci près qu'ici l'histoire est entièrement vraie... et plus touchante que ce qu'on a pu voir dans le film de Jesse Eisenberg.

  Le duo de héros est composé d'un père et de sa fille, Edek et Ruth, incarnés par l'excellent Stephen Fry et la surprenante Lena Dunham (venue de la télévision). Tous deux n'ont pas la même manière de gérer le deuil de l'épouse d'Edek (mère de Ruth). Lui n'en parle quasiment pas et essaie de goûter aux plaisirs de la vie, tandis que sa fille a tendance à déprimer.

   C'est elle qui a eu l'idée de ce voyage mémoriel, auquel son père, au départ, ne voulait pas participer. Il faut dire que Ruth n'a pas eu de grands-parents... ni de cousins. Le décès de la mère et l'ouverture de la Pologne post communiste (au début des années 1990) aux touristes du monde capitaliste ont contribué à la réalisation du projet.

   Là encore, le père (qui a fini par décider d'accompagner Ruth) et la fille ne sont pas d'accord. Elle a établi un programme précis, qu'elle veut suivre à la lettre. Edek préfère musarder, tentant d'éviter de retourner à Lodz en s'adonnant à un tourisme traditionnel, profitant de l'occasion pour pratiquer à nouveau la langue polonaise. Il se rapproche même langoureusement d'interprètes locales, très ouvertes aux échanges interculturels...

   Sur le fond, le film ne cherche pas à emprunter un sentier politiquement correct. Le père ment à sa fille à propos de l'emplacement de l'ancien ghetto juif et il n'arrête pas de lui reprocher de "bouffer des graines" (elle est végétarienne) et de s'être séparée de son époux, qu'Edek considère comme un chic type. (Il en conserve même des photographies dans son porte-feuille.)

   Mais le malaise le plus grand s'installe lors du passage par Lodz. Edek montre à Ruth l'appartement (miteux) où, jeune homme, il est allé draguer sa future épouse, avant de l'accompagner dans un autre endroit de la ville, où se trouve l'immeuble que possédait sa famille, qui logeait dans l'un des grands appartements. La rencontre avec les nouveaux occupants polonais (catholiques) réserve pas mal de surprises...

   On l'attend et elle finit par arriver : la séquence à Auschwitz. Elle est surprenante dans son déroulement, très émouvante, mais pas forcément comme on s'y attend. C'est toujours aussi bien interprété, du côté états-unien comme du côté polonais (avec notamment un chauffeur de taxi empathique et débrouillard).

   J'ai beaucoup aimé. Je regrette d'autant plus que le film ait été minimisé, voire dénigré, par une partie des critiques français, que la mémoire de ce génocide semble quelque peu déranger.

lundi, 14 avril 2025

Vermiglio ou la mariée des montagnes

   En 1944, la Seconde Guerre mondiale est finissante (en Europe). Ses échos parviennent, étouffés, dans un village du Trentin, dans le nord de l'Italie, aux confins de l'actuelle Autriche.

   Deux soldats italiens arrivent au village. L'un est du coin, tandis que l'autre est originaire de Sicile, et peine à se faire comprendre des habitants, son dialecte étant fort éloigné de la langue régionale. On comprend très vite que ces deux militaires ont déserté, la tournure prise par la guerre étant il est vrai déconcertante. L'Italie, fasciste, fut un allié de l'Allemagne, jusqu'au renversement de Mussolini, en 1943. Le nouveau gouvernement s'est rapproché des Alliés, tandis qu'au nord, les Allemands ont lancé une invasion pour remettre le Duce au pouvoir, dans une parodie de régime fasciste, la République de Salo (dénomination qui est riche de sens, en français).

   Dans ce village du Trentin, les femmes sont nombreuses... mais sous la coupe des hommes, notamment des vieux. L'instituteur fait office de notable local, cultivé, raisonnable, parlant bien. Il en impose à tout le monde, y compris au sein de sa famille. Son épouse est sur le point d'accoucher de leur dixième (!) enfant, sept des précédents ayant semble-t-il survécu : trois garçons très curieux, un adolescent pas bien futé, une gamine qui excelle à l'école (le grand espoir de la famille) et deux sœurs aînées. La première (Ada) est partagée entre sa foi intense et ses pulsions, tandis que la seconde (qui me semble être la plus âgée), Lucia, va vite avoir le béguin pour le jeune Sicilien. Celui-ci a une belle gueule, des mains douces et, parfois, le zizi tout dur...

   La première partie raconte l'intégration des soldats à la vie villageoise (les habitants ayant décidé, à l'initiative de l'instituteur, de ne pas les dénoncer). Les scènes sont quasi naturalistes, ayant pour cadre soit de magnifiques paysages alpins soit des intérieurs ruraux que, par politesse, on qualifiera de rustiques. On ne roule pas sur l'or dans cette campagne oubliée, où la force des bras est le principal atout pour survivre.

   Petit à petit, on découvre les différents aspects de la domination qui s'exerce sur les femmes, cantonnées à certains travaux : cuisine, ménage, lessive, gestion des enfants... Quelques-unes aspirent à autre chose, ce qui implique d'échapper au schéma marital qui leur est imposé. Ce pourrait être par la voie des ordres (pour la plus croyante des filles), grâce à des études poussées (pour la petite douée) ou en partant travailler à la ville.

   Tout cela est suggéré avec finesse, au cours de scènes en apparence anodines, mais qui disent beaucoup de choses.

   C'est mis en scène et dirigé avec talent, par Maura Delpero, dont je n'avais pas entendu parler auparavant.

   La seconde partie voit la guerre s'achever. C'est le moment où les humains, les marchandises et les informations se remettent à circuler (plus ou moins) librement. Plusieurs changements majeurs surviennent, toujours très bien amenés par la réalisatrice qui, de surcroît, réussit son dernier quart d'heure, que j'ai trouvé éblouissant.

   C'est un film à voir, s'il passe près de chez vous.

Vermiglio ou la mariée des montagnes

   En 1944, la Seconde Guerre mondiale est finissante (en Europe). Ses échos parviennent, étouffés, dans un village du Trentin, dans le nord de l'Italie, aux confins de l'actuelle Autriche.

   Deux soldats italiens arrivent au village. L'un est du coin, tandis que l'autre est originaire de Sicile, et peine à se faire comprendre des habitants, son dialecte étant fort éloigné de la langue régionale. On comprend très vite que ces deux militaires ont déserté, la tournure prise par la guerre étant il est vrai déconcertante. L'Italie, fasciste, fut un allié de l'Allemagne, jusqu'au renversement de Mussolini, en 1943. Le nouveau gouvernement s'est rapproché des Alliés, tandis qu'au nord, les Allemands ont lancé une invasion pour remettre le Duce au pouvoir, dans une parodie de régime fasciste, la République de Salo (dénomination qui est riche de sens, en français).

   Dans ce village du Trentin, les femmes sont nombreuses... mais sous la coupe des hommes, notamment des vieux. L'instituteur fait office de notable local, cultivé, raisonnable, parlant bien. Il en impose à tout le monde, y compris au sein de sa famille. Son épouse est sur le point d'accoucher de leur dixième (!) enfant, sept des précédents ayant semble-t-il survécu : trois garçons très curieux, un adolescent pas bien futé, une gamine qui excelle à l'école (le grand espoir de la famille) et deux sœurs aînées. La première (Ada) est partagée entre sa foi intense et ses pulsions, tandis que la seconde (qui me semble être la plus âgée), Lucia, va vite avoir le béguin pour le jeune Sicilien. Celui-ci a une belle gueule, des mains douces et, parfois, le zizi tout dur...

   La première partie raconte l'intégration des soldats à la vie villageoise (les habitants ayant décidé, à l'initiative de l'instituteur, de ne pas les dénoncer). Les scènes sont quasi naturalistes, ayant pour cadre soit de magnifiques paysages alpins soit des intérieurs ruraux que, par politesse, on qualifiera de rustiques. On ne roule pas sur l'or dans cette campagne oubliée, où la force des bras est le principal atout pour survivre.

   Petit à petit, on découvre les différents aspects de la domination qui s'exerce sur les femmes, cantonnées à certains travaux : cuisine, ménage, lessive, gestion des enfants... Quelques-unes aspirent à autre chose, ce qui implique d'échapper au schéma marital qui leur est imposé. Ce pourrait être par la voie des ordres (pour la plus croyante des filles), grâce à des études poussées (pour la petite douée) ou en partant travailler à la ville.

   Tout cela est suggéré avec finesse, au cours de scènes en apparence anodines, mais qui disent beaucoup de choses.

   C'est mis en scène et dirigé avec talent, par Maura Delpero, dont je n'avais pas entendu parler auparavant.

   La seconde partie voit la guerre s'achever. C'est le moment où les humains, les marchandises et les informations se remettent à circuler (plus ou moins) librement. Plusieurs changements majeurs surviennent, toujours très bien amenés par la réalisatrice qui, de surcroît, réussit son dernier quart d'heure, que j'ai trouvé éblouissant.

   C'est un film à voir, s'il passe près de chez vous.

dimanche, 13 avril 2025

Piégé

   Une petite racaille va se retrouver enfermée dans un somptueux SUV et soumise aux desiderata d'un vieux chirurgien réactionnaire. (Le véhicule, de la marque fictive DOLUS, semble avoir été spécialement conçu pour le film, à partir d'un modèle Land Rover.)

   L'introduction nous présente le délinquant, qui a passé les trente ans, mais vit encore comme un adolescent irresponsable, entre trafics minables, vols et consommation de stupéfiants. Toutefois, la mise en scène est chargée de nous faire comprendre qu'au fond, c'est plutôt un type bien, attaché à sa fille (qui vit avec son ex), que les circonstances vont conduire à enfreindre de nouvelles règles.

   La suite est un quasi-huis-clos, à l'intérieur du SUV. C'est un mano a mano, d'abord à distance, entre un vieux réac (Anthony Hopkins, certes affaibli, mais tenant encore la route, si j'ose dire) et un jeune rebelle (Bill Skarsgård, étonnant). Caméras intérieures, micros et ordinateur de bord (connecté) permettent aux deux personnages d'échanger... et même de débattre, avant que le rapport de force ne reprenne le dessus.

   Le véhicule ultra-perfectionné regorge de recoins et de possibilités, ce qui donne lieu à divers rebondissements, parfois sanglants. De plus, comme l'intrigue s'étend sur plusieurs jours, au sein du même véhicule, vous pensez bien qu'à un moment donné, il va être question de nourriture, de boisson... et de déjections. J'ai beaucoup aimé tous ces aspects du film (sang, nourriture, pisse et... odeur de merde).

   Si l'on sait très vite pourquoi le jeune homme braque le véhicule, en revanche, on met un petit moment à comprendre quelles sont les motivations profondes du vieux chirurgien.

   De son côté, le cinéaste, à travers le confrontation de deux profils sociologiques et de deux tempéraments différents, semble avoir voulu mettre en scène deux Amérique, l'une plutôt progressiste et "laxiste", l'autre travailleuse, autoritaire et attachée aux "vraies valeurs". C'est donc, pour moi, globalement, un bon "film de droite", dont toutefois la conclusion pourra être appréciée par des spectateurs de différentes sensibilités.

10:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Piégé

   Une petite racaille va se retrouver enfermée dans un somptueux SUV et soumise aux desiderata d'un vieux chirurgien réactionnaire. (Le véhicule, de la marque fictive DOLUS, semble avoir été spécialement conçu pour le film, à partir d'un modèle Land Rover.)

   L'introduction nous présente le délinquant, qui a passé les trente ans, mais vit encore comme un adolescent irresponsable, entre trafics minables, vols et consommation de stupéfiants. Toutefois, la mise en scène est chargée de nous faire comprendre qu'au fond, c'est plutôt un type bien, attaché à sa fille (qui vit avec son ex), que les circonstances vont conduire à enfreindre de nouvelles règles.

   La suite est un quasi-huis-clos, à l'intérieur du SUV. C'est un mano a mano, d'abord à distance, entre un vieux réac (Anthony Hopkins, certes affaibli, mais tenant encore la route, si j'ose dire) et un jeune rebelle (Bill Skarsgård, étonnant). Caméras intérieures, micros et ordinateur de bord (connecté) permettent aux deux personnages d'échanger... et même de débattre, avant que le rapport de force ne reprenne le dessus.

   Le véhicule ultra-perfectionné regorge de recoins et de possibilités, ce qui donne lieu à divers rebondissements, parfois sanglants. De plus, comme l'intrigue s'étend sur plusieurs jours, au sein du même véhicule, vous pensez bien qu'à un moment donné, il va être question de nourriture, de boisson... et de déjections. J'ai beaucoup aimé tous ces aspects du film (sang, nourriture, pisse et... odeur de merde).

   Si l'on sait très vite pourquoi le jeune homme braque le véhicule, en revanche, on met un petit moment à comprendre quelles sont les motivations profondes du vieux chirurgien.

   De son côté, le cinéaste, à travers le confrontation de deux profils sociologiques et de deux tempéraments différents, semble avoir voulu mettre en scène deux Amérique, l'une plutôt progressiste et "laxiste", l'autre travailleuse, autoritaire et attachée aux "vraies valeurs". C'est donc, pour moi, globalement, un bon "film de droite", dont toutefois la conclusion pourra être appréciée par des spectateurs de différentes sensibilités.

10:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 12 avril 2025

Doux Jésus

   Une nonne atteinte de pré-ménopause précoce décide de retrouver son grand amour d'adolescence, pour sauver celui-ci... et, peut-être, se sauver elle-même.

   Sur ce schéma hyper-balisé, Frédéric Quiring (un peu aidé semble-t-il par Sophia Aram) a construit une comédie sans guère de surprise, pas franchement anti-cléricale mais assez irrévérencieuse, s'appuyant sur une brochette de comédiennes très engagées dans leur rôle, à défaut d'être subtiles.

   J'ai eu plaisir à voir évoluer Isabelle Nanty (la Mère supérieure autoritaire qui, bien entendu, au fond, a du cœur... et cache un ou deux secrets) et Marilou Berry (à propos de laquelle je regrette qu'une saison 3 de la série Marianne ne soit pas prévue), en bonne sœur un peu cruche au départ, qui se pose de plus en plus de questions... et décide de prendre des risques. Les deux vedettes sont épaulées par une belle brochette de "gueules", notamment Anne Benoit, Barbara Bolotner et Evelyne Buyle.

   A partir du moment où sœur Lucie part explorer le monde urbain contemporain, les situations (en général) cocasses s'enchaînent. Je laisse chacun(e) découvrir comment, grâce à la technologie moderne, la religieuse en vadrouille pense pouvoir dialoguer directement avec le Seigneur...

   Je pourrais établir ici une liste des invraisemblances dont le périple (d'abord urbain, puis rural, dans la région Grand Est) de Lucie est jalonné, mais je préfère rester sur l'image joyeuse de comédiennes pleines d'énergie, qui certes cabotinent, mais nous font passer un bon moment, le rire laissant parfois la place à l'émotion, quand il est question de la vie de femme de celle qui fut jadis une adolescente éperdument amoureuse, avant de renoncer à la possibilité de fonder une famille.

   P.S.

   Je me dois quand même de signaler que le dernier quart d'heure n'est pas le meilleur du film. Dommage.

19:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Doux Jésus

   Une nonne atteinte de pré-ménopause précoce décide de retrouver son grand amour d'adolescence, pour sauver celui-ci... et, peut-être, se sauver elle-même.

   Sur ce schéma hyper-balisé, Frédéric Quiring (un peu aidé semble-t-il par Sophia Aram) a construit une comédie sans guère de surprise, pas franchement anti-cléricale mais assez irrévérencieuse, s'appuyant sur une brochette de comédiennes très engagées dans leur rôle, à défaut d'être subtiles.

   J'ai eu plaisir à voir évoluer Isabelle Nanty (la Mère supérieure autoritaire qui, bien entendu, au fond, a du cœur... et cache un ou deux secrets) et Marilou Berry (à propos de laquelle je regrette qu'une saison 3 de la série Marianne ne soit pas prévue), en bonne sœur un peu cruche au départ, qui se pose de plus en plus de questions... et décide de prendre des risques. Les deux vedettes sont épaulées par une belle brochette de "gueules", notamment Anne Benoit, Barbara Bolotner et Evelyne Buyle.

   A partir du moment où sœur Lucie part explorer le monde urbain contemporain, les situations (en général) cocasses s'enchaînent. Je laisse chacun(e) découvrir comment, grâce à la technologie moderne, la religieuse en vadrouille pense pouvoir dialoguer directement avec le Seigneur...

   Je pourrais établir ici une liste des invraisemblances dont le périple (d'abord urbain, puis rural, dans la région Grand Est) de Lucie est jalonné, mais je préfère rester sur l'image joyeuse de comédiennes pleines d'énergie, qui certes cabotinent, mais nous font passer un bon moment, le rire laissant parfois la place à l'émotion, quand il est question de la vie de femme de celle qui fut jadis une adolescente éperdument amoureuse, avant de renoncer à la possibilité de fonder une famille.

   P.S.

   Je me dois quand même de signaler que le dernier quart d'heure n'est pas le meilleur du film. Dommage.

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Le Joueur de Go

   Dans le Japon ancien (l'équivalent de notre époque moderne, XVIe - XVIIIe siècles), Tokyo s'appelait Edo. Elle était dirigée par une caste de seigneurs, qui employaient des samouraïs. L'un d'entre eux vit quelque peu retiré, avec sa fille. Il fait commerce de ses gravures et a pour seul loisir le jeu de go, dont les parties les plus disputées passionnent les foules urbaines.

   Pour un spectateur occidental, l'un des intérêts de ce film maîtrisé, à la reconstitution soignée, est le dépaysement. Les coiffures les robes, les chaussures, l'architecture... tout nous place dans un autre monde, régi par un code d'honneur qui toutefois nous paraîtra suranné.

   Cela n'empêche pas la première partie de ce film d'être éblouissante. Le réalisateur Kazuya Shiraishi (inconnu au bataillon) réussit à intégrer les parties de go à son intrigue et à rendre le tout passionnant. Le samouraï déchu est un redoutable joueur, qui croise la route d'un vieux commerçant, un peu magouilleur, que personne ne parvient à vaincre, jusqu'à présent. Les deux hommes finissent par s'affronter et leur rivalité va s'accompagner de la naissance d'une amitié, sur fond d'estime réciproque. Dans le même temps, le neveu du commerçant découvre que la fille du samouraï a un charme fou...

   Les scènes sont construites avec soin. La majorité des personnages apparaissent futiles et volubiles, en comparaison des protagonistes, en particulier le samouraï, au visage quasi indéchiffrable, en particulier quand il se lance dans une partie de go. Le moindre froncement de sourcil ou plissement des lèvres est porteur de sens.

   La seconde heure voit ressurgir le passé du guerrier. Un coup de théâtre se produit. Il faudra attendre longtemps avant de connaître la véritable cause de la disparition d'une forte somme d'argent (avec, quand on la connaît, une résolution malicieuse, bien qu'ayant eu des conséquences dramatiques).

   Je trouve cette partie moins réussie. On y a un peu trop misé sur l'orgueil excessif et le manque de communication entre certains personnages. C'est néanmoins le moment où, enfin, les sabres sont de sortie (mais juste un peu).

   L'intrigue demeure passionnante et, même si le jeu de go passe un peu au second plan, il demeure très présent, servant de théâtre à l'histoire du vol ainsi qu'à la traque d'un triste sire, responsable (jadis) de la mort de l'épouse du samouraï.

   Je recommande ce film, qui tranche avec le tout-venant de la production cinématographique et qui est d'une grande beauté formelle.

09:32 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Joueur de Go

   Dans le Japon ancien (l'équivalent de notre époque moderne, XVIe - XVIIIe siècles), Tokyo s'appelait Edo. Elle était dirigée par une caste de seigneurs, qui employaient des samouraïs. L'un d'entre eux vit quelque peu retiré, avec sa fille. Il fait commerce de ses gravures et a pour seul loisir le jeu de go, dont les parties les plus disputées passionnent les foules urbaines.

   Pour un spectateur occidental, l'un des intérêts de ce film maîtrisé, à la reconstitution soignée, est le dépaysement. Les coiffures les robes, les chaussures, l'architecture... tout nous place dans un autre monde, régi par un code d'honneur qui toutefois nous paraîtra suranné.

   Cela n'empêche pas la première partie de ce film d'être éblouissante. Le réalisateur Kazuya Shiraishi (inconnu au bataillon) réussit à intégrer les parties de go à son intrigue et à rendre le tout passionnant. Le samouraï déchu est un redoutable joueur, qui croise la route d'un vieux commerçant, un peu magouilleur, que personne ne parvient à vaincre, jusqu'à présent. Les deux hommes finissent par s'affronter et leur rivalité va s'accompagner de la naissance d'une amitié, sur fond d'estime réciproque. Dans le même temps, le neveu du commerçant découvre que la fille du samouraï a un charme fou...

   Les scènes sont construites avec soin. La majorité des personnages apparaissent futiles et volubiles, en comparaison des protagonistes, en particulier le samouraï, au visage quasi indéchiffrable, en particulier quand il se lance dans une partie de go. Le moindre froncement de sourcil ou plissement des lèvres est porteur de sens.

   La seconde heure voit ressurgir le passé du guerrier. Un coup de théâtre se produit. Il faudra attendre longtemps avant de connaître la véritable cause de la disparition d'une forte somme d'argent (avec, quand on la connaît, une résolution malicieuse, bien qu'ayant eu des conséquences dramatiques).

   Je trouve cette partie moins réussie. On y a un peu trop misé sur l'orgueil excessif et le manque de communication entre certains personnages. C'est néanmoins le moment où, enfin, les sabres sont de sortie (mais juste un peu).

   L'intrigue demeure passionnante et, même si le jeu de go passe un peu au second plan, il demeure très présent, servant de théâtre à l'histoire du vol ainsi qu'à la traque d'un triste sire, responsable (jadis) de la mort de l'épouse du samouraï.

   Je recommande ce film, qui tranche avec le tout-venant de la production cinématographique et qui est d'une grande beauté formelle.

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mercredi, 09 avril 2025

The Amateur

   Cet "amateur" est un agent de la CIA, un analyste doté d'un Q.I. de 170, passionné d'énigmes (un peu comme l'Astrid de la série Astrid et Raphaëlle), spécialisé en cryptage et décryptage. Quand son épouse est brutalement assassinée, il demande à devenir agent de terrain, pour se venger. Dans le même temps, il découvre certains dysfonctionnements au sein de la CIA.

   Rami Malek (que je crois n'avoir jamais vu mal jouer) incarne avec conviction cet "espion de clavier", incurablement touché par le deuil... et diablement inventif quand il s'agit de se venger, quitte à duper ses employeurs.

   Au niveau des seconds rôles, on croise quelques vieilles connaissances, comme Laurence "couille-de-poisson" Fishburne, Holt McCallany ou encore Julianne  Nicholson (une ancienne de New York, section criminelle). Le tout est dirigé par James Hawes, dont j'avais bien aimé Une Vie, sorti l'an dernier.

   L'habillage technologique est très réussi, sur la forme comme sur le fond... et c'est flippant, quand on y pense. Même si une partie de ce qui nous est montré a déjà été vue ailleurs, je trouve que ce film-ci parvient à innover dans la mise en scène de l'espionnage 3.0.

   C'est (assez) mystérieux, rythmé, prenant. (La première heure passe comme un rêve.) Il y a bien quelques facilités ici et là : on a bien compris que les scénaristes n'avaient pas envie que le héros se fasse dézinguer par les diverses crapules (russes ou américaines) qui le pourchassent et, parfois, il est quand même un peu trop habile avec ses gadgets électroniques.

   Mais j'ai été pris par cette chasse à l'homme déclenchée par un geek veuf éploré, qui n'a rien d'un tueur mais se transforme petit à petit en redoutable loup.

   La fin est finement surprenante.

   J'ai passé un très bon moment.

22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Amateur

   Cet "amateur" est un agent de la CIA, un analyste doté d'un Q.I. de 170, passionné d'énigmes (un peu comme l'Astrid de la série Astrid et Raphaëlle), spécialisé en cryptage et décryptage. Quand son épouse est brutalement assassinée, il demande à devenir agent de terrain, pour se venger. Dans le même temps, il découvre certains dysfonctionnements au sein de la CIA.

   Rami Malek (que je crois n'avoir jamais vu mal jouer) incarne avec conviction cet "espion de clavier", incurablement touché par le deuil... et diablement inventif quand il s'agit de se venger, quitte à duper ses employeurs.

   Au niveau des seconds rôles, on croise quelques vieilles connaissances, comme Laurence "couille-de-poisson" Fishburne, Holt McCallany ou encore Julianne  Nicholson (une ancienne de New York, section criminelle). Le tout est dirigé par James Hawes, dont j'avais bien aimé Une Vie, sorti l'an dernier.

   L'habillage technologique est très réussi, sur la forme comme sur le fond... et c'est flippant, quand on y pense. Même si une partie de ce qui nous est montré a déjà été vue ailleurs, je trouve que ce film-ci parvient à innover dans la mise en scène de l'espionnage 3.0.

   C'est (assez) mystérieux, rythmé, prenant. (La première heure passe comme un rêve.) Il y a bien quelques facilités ici et là : on a bien compris que les scénaristes n'avaient pas envie que le héros se fasse dézinguer par les diverses crapules (russes ou américaines) qui le pourchassent et, parfois, il est quand même un peu trop habile avec ses gadgets électroniques.

   Mais j'ai été pris par cette chasse à l'homme déclenchée par un geek veuf éploré, qui n'a rien d'un tueur mais se transforme petit à petit en redoutable loup.

   La fin est finement surprenante.

   J'ai passé un très bon moment.

22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 31 mars 2025

Le Garçon

   Les gens ordinaires ont une histoire, et celle-ci mérite d'être contée, autant que celle des vedettes et des puissants. Partant de ce principe, Zabou Breitman et Florent Vassault ont conçu ce documentaire à quatre mains. Un lot de vieilles photographies (datant du lendemain de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990), trouvé dans une brocante, leur a servi de point de départ. Toutes concernent la même famille (inconnue), dont se détache un garçon, devenu adolescent puis adulte. Zabou décide de le baptiser Jean, ce prénom ayant été trouvé au dos de l'une des photographies.

   Les réalisateurs se lancent alors dans une double démarche. Alors que Vassault part à la recherche des membres de la famille et des lieux pris en photographie, Zabou conçoit des scènes de fiction pour tenter de ressusciter les moments capturés par les appareils photographiques.

   Il faut signaler que, bien que ceux-ci aient été argentiques (dotés d'une pellicule ou fonctionnant en instantané), ce sont des appareils numériques que, dans les scènes de fiction, on voit les personnages manipuler. Cet anachronisme est volontaire. Il permet, dans certains plans, de superposer la scène jouée, prise en photographie, à l'authentique image, qui s'affiche comme par miracle sur l'écran de contrôle de l'appareil. Cette inhabituelle mise en abyme produit des effets surprenants.

   J'ajoute que ces scènes de fiction sont bien jouées, notamment par Isabelle Nanty et François Berléand, qui incarnent les parents de "Jean".

   Ces scènes alternent avec les étapes de l'enquête menée par Vassault. Au départ, il fait chou blanc. Que ce soit dans la commune de résidence comme sur les lieux de vacances, plus aucun rescapé de l'époque ne peut témoigner de la présence de la fameuse famille.

   Le déclic finit par se produire. Les premières informations concrètes vont être données par un frère de "Jean", puis un de ses anciens collègues et amis. Petit à petit, la pelote va se dévider...

   ... et l'on s'aperçoit que ce que Zabou avait imaginé, à propos des scènes prises en photo, était parfois bien trouvé, parfois à côté de la plaque. Certaines découvertes ne manquent pas de saveur, notamment concernant l'identité réelle de certaines personnes présentes sur les photographies.

   La seconde partie du film est presque uniquement consacrée aux progrès de l'enquête (en réalité menée à deux, même si, au départ, Vassault a caché certains de ses résultats à Zabou, pour ne pas influencer son tournage). On finit par comprendre comment le lot de photographies a été abandonné... et quel secret concernant la vie de "Jean" a été dissimulé.

   J'ai trouvé ce film formidable, à la fois documentaire-polar et portrait sociologique de la (vraie) "France d'en-bas". Il ne dure qu'1h30. Ne le ratez pas, s'il passe près de chez vous.

   P.S.

   Pour être totalement honnête, je dois toutefois révéler que le procédé prétendûment utilisé pour tourner ce film a été un peu biaisé. En effet, pendant la majeure partie du tournage, Zabou était censée ignorer ce que son comparse avait filmé. Or, une oreille attentive remarquera sans peine que les dialogues des scènes de fiction sont issus des entretiens (réels) tournés par Vassault (que l'on entend plus tard dans le film). Cela ne m'a pas choqué. Cela donne une autre profondeur à cette histoire, le réel et la fiction se répondant mutuellement. D'autre part, certaines répliques prennent un sens différent selon qu'elles sont dites par un personnage de fiction ou un autre, dans la vraie vie (qui est rarement la version réelle du personnage de fiction).

Le Garçon

   Les gens ordinaires ont une histoire, et celle-ci mérite d'être contée, autant que celle des vedettes et des puissants. Partant de ce principe, Zabou Breitman et Florent Vassault ont conçu ce documentaire à quatre mains. Un lot de vieilles photographies (datant du lendemain de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990), trouvé dans une brocante, leur a servi de point de départ. Toutes concernent la même famille (inconnue), dont se détache un garçon, devenu adolescent puis adulte. Zabou décide de le baptiser Jean, ce prénom ayant été trouvé au dos de l'une des photographies.

   Les réalisateurs se lancent alors dans une double démarche. Alors que Vassault part à la recherche des membres de la famille et des lieux pris en photographie, Zabou conçoit des scènes de fiction pour tenter de ressusciter les moments capturés par les appareils photographiques.

   Il faut signaler que, bien que ceux-ci aient été argentiques (dotés d'une pellicule ou fonctionnant en instantané), ce sont des appareils numériques que, dans les scènes de fiction, on voit les personnages manipuler. Cet anachronisme est volontaire. Il permet, dans certains plans, de superposer la scène jouée, prise en photographie, à l'authentique image, qui s'affiche comme par miracle sur l'écran de contrôle de l'appareil. Cette inhabituelle mise en abyme produit des effets surprenants.

   J'ajoute que ces scènes de fiction sont bien jouées, notamment par Isabelle Nanty et François Berléand, qui incarnent les parents de "Jean".

   Ces scènes alternent avec les étapes de l'enquête menée par Vassault. Au départ, il fait chou blanc. Que ce soit dans la commune de résidence comme sur les lieux de vacances, plus aucun rescapé de l'époque ne peut témoigner de la présence de la fameuse famille.

   Le déclic finit par se produire. Les premières informations concrètes vont être données par un frère de "Jean", puis un de ses anciens collègues et amis. Petit à petit, la pelote va se dévider...

   ... et l'on s'aperçoit que ce que Zabou avait imaginé, à propos des scènes prises en photo, était parfois bien trouvé, parfois à côté de la plaque. Certaines découvertes ne manquent pas de saveur, notamment concernant l'identité réelle de certaines personnes présentes sur les photographies.

   La seconde partie du film est presque uniquement consacrée aux progrès de l'enquête (en réalité menée à deux, même si, au départ, Vassault a caché certains de ses résultats à Zabou, pour ne pas influencer son tournage). On finit par comprendre comment le lot de photographies a été abandonné... et quel secret concernant la vie de "Jean" a été dissimulé.

   J'ai trouvé ce film formidable, à la fois documentaire-polar et portrait sociologique de la (vraie) "France d'en-bas". Il ne dure qu'1h30. Ne le ratez pas, s'il passe près de chez vous.

   P.S.

   Pour être totalement honnête, je dois toutefois révéler que le procédé prétendûment utilisé pour tourner ce film a été un peu biaisé. En effet, pendant la majeure partie du tournage, Zabou était censée ignorer ce que son comparse avait filmé. Or, une oreille attentive remarquera sans peine que les dialogues des scènes de fiction sont issus des entretiens (réels) tournés par Vassault (que l'on entend plus tard dans le film). Cela ne m'a pas choqué. Cela donne une autre profondeur à cette histoire, le réel et la fiction se répondant mutuellement. D'autre part, certaines répliques prennent un sens différent selon qu'elles sont dites par un personnage de fiction ou un autre, dans la vraie vie (qui est rarement la version réelle du personnage de fiction).

Berlin, été 42

   Hilde est une jeune femme ordinaire, la trentaine, au tempérament effacé. D'abord assistante chez un dentiste, elle trouve un nouvel emploi dans une compagnie d'assurances, qui dépend du gouvernement... nazi. Nous sommes en Allemagne, en 1942-1943. Hilde, dont le petit ami (juif) est parti "vers l'Est", tombe amoureuse d'un grand escogriffe, qui appartient à un groupe d'opposants au nazisme. Cet été est à la fois celui d'un épanouissement personnel et celui d'une prise de conscience politique.

   Le montage alterne deux types de scènes : celles de l'amitié et de l'amour (durant l'été) et celles de la répression et de l'incarcération, de l'automne 1942 à l'été 1943. C'est un peu perturbant parce que, si la trame de la répression suit un ordre strictement chronologique, tel n'est pas le cas pour la "trame de l'amour", qui alterne différents moments, dans un ordre qui m'a semblé aléatoire : le pique-nique au bord du lac, le premier baiser, le premier travail en commun contre le régime, la première relation sexuelle, la rencontre, la première danse...

   En revanche, j'ai trouvé intéressante la mise en parallèle de l'éveil sensuel d'une jeune femme et de son progressif engagement politique. Elle découvre l'amour véritable, le plaisir sexuel, la grossesse, en même temps qu'elle s'initie au marxisme (le groupe est composé d'opposants communistes), aux messages en morse et au collage d'affichettes antinazies.

   Aux images lumineuses des sorties d'été et de l'amour naissant s'opposent les plans, plus sombres, des scènes d'interrogatoire, d'incarcération, de procès... Enceinte, Hilde est dirigée vers une prison spéciale, où elle va réussir à survivre et à garder son bébé en vie. De temps en temps, elle bénéficie d'un peu d'entraide, y compris d'une gardienne nazie, qui idolâtre le Führer mais peut faire preuve d'humanité.

   Le propos est donc relativement nuancé, bien que très dur au fond sur les traitements infligés aux antinazis. Concernant Hilde, on ne nous épargne presque aucun fluide corporel, de la perte des eaux aux excréments du bébé, en passant par le vomi, l'urine, les larmes... Ne manquent à l'appel que les sécrétions génitales, mais l'on n'en est pas loin.

   Le réalisateur Andreas Dresen se montre fasciné par les corps, ceux, très bien formés, des jeunes amants et, plus tard, ceux des victimes des nazis, perclus de souffrances.

   Le portrait qui nous est brossé de ces opposants sans histoire est assez éclectique, allant de la fille de paysans au mannequin, en passant par le serveur et les soldats mobilisés. (On pense parfois à un autre groupe de jeunes antinazis, ceux -catholiques- de la Rose blanche, évoqués dans le film Sophie Scholl.)

   L'histoire est très forte, prenante... et vraie, comme nous le rappelle, en toute fin, une voix âgée, celle d'une personne qui a survécu à cette période infernale et en cultive un souvenir ému.

   Cette petite perle a été scandaleusement minimisée par la critique française. Si cela passe près de chez vous, courez-y !