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jeudi, 22 juillet 2021

Les Racines du monde

   Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.

   La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).

cinéma,cinema,film,films

   Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.

   Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.

   Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.

   Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)

   J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Racines du monde

   Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.

   La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).

cinéma,cinema,film,films

   Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.

   Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.

   Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.

   Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)

   J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 21 juillet 2021

Old

   C'est ma première séance en mode "passe sanitaire". (Le mien est au format papier, scanné sans problème à la caisse du cinéma.)

   Le début est des plus classiques. Plusieurs familles débarquent dans un hôtel de luxe, sur une île des Caraïbes. On suit plus particulièrement le couple formé par Guy et Prisca, (interprétés par Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps). Leur mariage bat de l'aile, ce qu'ils essaient de cacher à leurs enfants, Maddox et Trent, âgés de onze et six ans... au début de l'histoire.

   ... parce que ce petit monde va vieillir. Un matin, certains des clients de l'hôtel se voient proposer une excursion sur une plage très privée, connue de quelques initiés. Seuls des clients triés sur le volet bénéficient de ce privilège... on comprendra plus tard pourquoi.

   Les protagonistes auraient dû se méfier : le minibus qui les conduit à l'entrée de la grotte menant à la plage secrète n'est pas conduit par n'importe qui : M. Night Shyamalan lui-même ! (Il se permet d'autres clins d'oeil dans la suite de l'histoire.)

   Une fois qu'on a compris ce qu'il se passe sur cette plage, cela devient passionnant. Le réalisateur joue de tous les effets du vieillissement, qu'il touche les enfants, les jeunes adultes comme les personnes âgées... et même un chien ! On bascule parfois dans l'horreur et le grotesque, toujours sur fond de mystère. Même quand on a compris ce que les "plagistes" ont en commun, il reste des zones d'ombre.

   Combien arriveront à s'échapper de la plage ? Comment peuvent-ils y parvenir ? La suite de l'intrigue y répond, tout en abordant des thématiques plus familiales : la peur du vieillissement et de la mort, la crainte de voir ses enfants grandir trop vite, la solidité plus ou moins grande des couples... (Lesquels sont réellement prêts à vieillir ensemble ?) sans oublier le sempiternel choix des victimes d'un complot / enlèvement / enfermement : vaut-il mieux jouer sa carte perso ou se montrer solidaire les uns des autres ?

   Contrairement à ce qu'on a pu voir dans d'autres films de Shyamalan, il ne laisse guère subsister de mystères à la fin. Les spectateurs un peu mous du bulbe apprécieront sans doute cet effort didactique... tout comme la production, qui semble avoir un peu tordu le bras du réalisateur, afin qu'il ne perturbe pas trop le public.

22:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Old

   C'est ma première séance en mode "passe sanitaire". (Le mien est au format papier, scanné sans problème à la caisse du cinéma.)

   Le début est des plus classiques. Plusieurs familles débarquent dans un hôtel de luxe, sur une île des Caraïbes. On suit plus particulièrement le couple formé par Guy et Prisca, (interprétés par Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps). Leur mariage bat de l'aile, ce qu'ils essaient de cacher à leurs enfants, Maddox et Trent, âgés de onze et six ans... au début de l'histoire.

   ... parce que ce petit monde va vieillir. Un matin, certains des clients de l'hôtel se voient proposer une excursion sur une plage très privée, connue de quelques initiés. Seuls des clients triés sur le volet bénéficient de ce privilège... on comprendra plus tard pourquoi.

   Les protagonistes auraient dû se méfier : le minibus qui les conduit à l'entrée de la grotte menant à la plage secrète n'est pas conduit par n'importe qui : M. Night Shyamalan lui-même ! (Il se permet d'autres clins d'oeil dans la suite de l'histoire.)

   Une fois qu'on a compris ce qu'il se passe sur cette plage, cela devient passionnant. Le réalisateur joue de tous les effets du vieillissement, qu'il touche les enfants, les jeunes adultes comme les personnes âgées... et même un chien ! On bascule parfois dans l'horreur et le grotesque, toujours sur fond de mystère. Même quand on a compris ce que les "plagistes" ont en commun, il reste des zones d'ombre.

   Combien arriveront à s'échapper de la plage ? Comment peuvent-ils y parvenir ? La suite de l'intrigue y répond, tout en abordant des thématiques plus familiales : la peur du vieillissement et de la mort, la crainte de voir ses enfants grandir trop vite, la solidité plus ou moins grande des couples... (Lesquels sont réellement prêts à vieillir ensemble ?) sans oublier le sempiternel choix des victimes d'un complot / enlèvement / enfermement : vaut-il mieux jouer sa carte perso ou se montrer solidaire les uns des autres ?

   Contrairement à ce qu'on a pu voir dans d'autres films de Shyamalan, il ne laisse guère subsister de mystères à la fin. Les spectateurs un peu mous du bulbe apprécieront sans doute cet effort didactique... tout comme la production, qui semble avoir un peu tordu le bras du réalisateur, afin qu'il ne perturbe pas trop le public.

22:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 20 juillet 2021

Ainbo, princesse d'Amazonie

   Cette coproduction néerlando-péruvienne, animée pour une version anglaise (mais sortie chez nous doublée en français), est destinée aux enfants pas trop petits... jusqu'aux très grands ! L'histoire est assez complexe et, parfois, un peu macabre. Cependant, l'animation est de qualité, avec (parfois, pas tout le temps) de superbes décors.

cinéma,cinema,film,films,écologie,environnement,nature

   Commençons par une inexactitude : Ainbo (prononcer "haine-beau") n'est pas la véritable princesse de l'histoire ; celle-ci est sa meilleure amie, Zumi. Ainbo est plutôt une fille de chamane (ou demi-sorcière). Notons que les deux adolescentes se ressemblent beaucoup physiquement et sont habillées quasiment de la même manière : elles portent un "crop-top" et une improbable mini-jupe (les femmes adultes portant la jupe longue). Est-il besoin de préciser que les héroïnes sont très minces et ont un joli minois ?

   Officiellement, Ainbo n'a plus sa mère ni son père. Elle a été élevée par la sage du village... et entre en communication avec des "esprits-guides" quelque peu facétieux :

cinéma,cinema,film,films,écologie,environnement,nature

   Vaca le tapir et Dillo le pangolin tatou vont aider l'héroïne à déjouer la malédiction qui pèse sur le village et a rendu son chef gravement malade. Mais, surtout, ces deux personnages sont les principales sources de gag de l'histoire.

   À leur présence s'ajoute celle de quantité d'animaux qui peuplent la forêt amazonienne, des singes aux oiseaux colorés, en passant par les libellules, les tortues... et un gigantesque paresseux ! Comme vous pouvez le constater, c'est un film éducatif... et militant. Le mal, doublement incarné par un esprit reptilien et un homme blanc, est responsable de la déforestation. Je regrette toutefois qu'on se soit contenté d'évoquer l'exploitation aurifère. L'agrobusiness joue un rôle (néfaste) bien plus important.

   Quoi qu'il en soit, ses aventures vont permettre à Ainbo d'acquérir de la maturité et d'en savoir plus sur ses parents.

   Ce n'est (sur le fond comme sur la forme) pas du niveau d'un Pixar, mais cela se regarde avec plaisir.

   P.S.

   L'un des intérêts du film est de mettre en scène une civilisation amazonienne (avec ses coutumes et ses productions matérielles). Pendant très longtemps, on a cru que seuls les "grands" peuples présents à proximité des côtes avaient fondé de véritables civilisations "précolombiennes". Les recherches les plus récentes prouvent le contraire, à l'image de ce qu'on peut voir dans un documentaire récemment diffusé sur Arte (et disponible en replay).

cinéma,cinema,film,films,écologie,environnement,nature

   Il s'agit d'un volet de la série "Enquêtes archéologiques", dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Dans cet épisode, on découvre d'abord les traces laissées par une ancienne occupation humaine en Guyane, dans la région marécageuse située entre la zone côtière et la forêt. Ensuite, le documentariste rejoint les archéologues qui explorent la jungle, celle-ci réservant quelques surprises.

Ainbo, princesse d'Amazonie

   Cette coproduction néerlando-péruvienne, animée pour une version anglaise (mais sortie chez nous doublée en français), est destinée aux enfants pas trop petits... jusqu'aux très grands ! L'histoire est assez complexe et, parfois, un peu macabre. Cependant, l'animation est de qualité, avec (parfois, pas tout le temps) de superbes décors.

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   Commençons par une inexactitude : Ainbo (prononcer "haine-beau") n'est pas la véritable princesse de l'histoire ; celle-ci est sa meilleure amie, Zumi. Ainbo est plutôt une fille de chamane (ou demi-sorcière). Notons que les deux adolescentes se ressemblent beaucoup physiquement et sont habillées quasiment de la même manière : elles portent un "crop-top" et une improbable mini-jupe (les femmes adultes portant la jupe longue). Est-il besoin de préciser que les héroïnes sont très minces et ont un joli minois ?

   Officiellement, Ainbo n'a plus sa mère ni son père. Elle a été élevée par la sage du village... et entre en communication avec des "esprits-guides" quelque peu facétieux :

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   Vaca le tapir et Dillo le pangolin tatou vont aider l'héroïne à déjouer la malédiction qui pèse sur le village et a rendu son chef gravement malade. Mais, surtout, ces deux personnages sont les principales sources de gag de l'histoire.

   À leur présence s'ajoute celle de quantité d'animaux qui peuplent la forêt amazonienne, des singes aux oiseaux colorés, en passant par les libellules, les tortues... et un gigantesque paresseux ! Comme vous pouvez le constater, c'est un film éducatif... et militant. Le mal, doublement incarné par un esprit reptilien et un homme blanc, est responsable de la déforestation. Je regrette toutefois qu'on se soit contenté d'évoquer l'exploitation aurifère. L'agrobusiness joue un rôle (néfaste) bien plus important.

   Quoi qu'il en soit, ses aventures vont permettre à Ainbo d'acquérir de la maturité et d'en savoir plus sur ses parents.

   Ce n'est (sur le fond comme sur la forme) pas du niveau d'un Pixar, mais cela se regarde avec plaisir.

   P.S.

   L'un des intérêts du film est de mettre en scène une civilisation amazonienne (avec ses coutumes et ses productions matérielles). Pendant très longtemps, on a cru que seuls les "grands" peuples présents à proximité des côtes avaient fondé de véritables civilisations "précolombiennes". Les recherches les plus récentes prouvent le contraire, à l'image de ce qu'on peut voir dans un documentaire récemment diffusé sur Arte (et disponible en replay).

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   Il s'agit d'un volet de la série "Enquêtes archéologiques", dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Dans cet épisode, on découvre d'abord les traces laissées par une ancienne occupation humaine en Guyane, dans la région marécageuse située entre la zone côtière et la forêt. Ensuite, le documentariste rejoint les archéologues qui explorent la jungle, celle-ci réservant quelques surprises.

lundi, 19 juillet 2021

Désigné coupable

   Le titre d'origine de ce biopic carcéral est The Mauritanian (Le Mauritanien). Je pense que le distributeur français a voulu, par le choix d'un autre titre, faire allusion à Présumé coupable. L'intention est claire : comme l'huissier de justice d'Outreau, Mohamedou Ould Slahi a été victime d'une flagrante injustice.

   Son cas a fait l'objet d'un rapport d'Amnesty international, en 2006. Mais c'est la publication de son journal de détention qui a rendu célèbre l'ancien détenu. Curieusement, le livre, qui fut un grand succès de librairie, n'est actuellement plus réédité en français. On peut en consulter des extraits sur le site de Slate. La version intégrale d'origine a été mise en ligne par The Guardian.

cinéma,cinema,film,films,amérique,usa,états-unis,etats-unis,proche orient

   Notons que le film ne retrace pas tout le parcours de Mohamedou Ould Slahi. Il se concentre sur son arrestation en Mauritanie et sa détention sur la base de Guantanamo. Le passage par la Jordanie et l'Afghanistan (la base de Bagram) est à peine évoqué. Cela a le mérite de resserrer l'action, mais, par ce biais, le film ne présente que des Américains comme tortionnaires, alors que le prisonnier a subi des mauvais traitements de la part notamment des Jordaniens. On sent que c'est un "film de gauche", conçu pour dénoncer une terrible injustice... et l'administration Bush, en évitant de pointer certains régimes peu démocratiques du monde arabo-musulman.

   Derrière la caméra se trouve Kevin Macdonald, auquel on doit notamment le documentaire Whitney et surtout Le Dernier Roi d'Écosse. Cependant, même si la mise en scène est de qualité, c'est l'interprétation qui m'a marqué. En jeune Africain éduqué, broyé par la machine antiterroriste états-unienne, Tahar Rahim est formidable. Il faut signaler aussi la composition de Jodie Foster, qui incarne l'avocate qui défendit Slahi :

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   À ce duo d'enfer j'ajoute Benedict Cumberbatch (que l'on peut voir actuellement dans Un Espion ordinaire). Il interprète un juriste militaire, qui a perdu un ami dans les attentats du 11 septembre 2001. Ce chrétien pratiquant, chargé de mener la croisade judiciaire contre celui qu'on lui présente comme le principal recruteur d'Al Qaida, va connaître une évolution singulière, très bien rendue par le comédien. J'ajoute que l'ensemble des seconds rôles est convaincant, y compris Shailene Woodley, égérie des adolescents fans de Divergente.

   On n'est pas très loin d'un film de procès, même si l'audience n'intervient qu'à la toute fin de l'histoire. Il s'agit ici de défendre le droit, les grands principes sur lesquels la démocratie états-unienne est censée être fondée... et que l'administration Bush a reniés.

   Je conseille de voir le film en version originale sous-titrée, pour savourer son aspect polyglotte : on y entend de l'anglais, de l'arabe... et du français, le détenu mauritanien communiquant dans cette langue, à Guantanamo, avec un... Marseillais, évidemment passionné de football.

   P.S.

   En complément, je conseille la lecture d'un roman graphique de Jérôme Tubiana et Alexandre Franc, Guantanamo Kid :

cinéma,cinema,film,films,amérique,usa,états-unis,etats-unis,proche orient

   Il raconte la vie d'un Tchado-soudanien, lui aussi arrêté à tort. Ce mineur a passé son adolescence en détention, mais a été libéré plus tôt que le Mauritanien. Toutefois, sa vie, une fois la liberté recouvrée, n'a pas été de tout repos...

Désigné coupable

   Le titre d'origine de ce biopic carcéral est The Mauritanian (Le Mauritanien). Je pense que le distributeur français a voulu, par le choix d'un autre titre, faire allusion à Présumé coupable. L'intention est claire : comme l'huissier de justice d'Outreau, Mohamedou Ould Slahi a été victime d'une flagrante injustice.

   Son cas a fait l'objet d'un rapport d'Amnesty international, en 2006. Mais c'est la publication de son journal de détention qui a rendu célèbre l'ancien détenu. Curieusement, le livre, qui fut un grand succès de librairie, n'est actuellement plus réédité en français. On peut en consulter des extraits sur le site de Slate. La version intégrale d'origine a été mise en ligne par The Guardian.

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   Notons que le film ne retrace pas tout le parcours de Mohamedou Ould Slahi. Il se concentre sur son arrestation en Mauritanie et sa détention sur la base de Guantanamo. Le passage par la Jordanie et l'Afghanistan (la base de Bagram) est à peine évoqué. Cela a le mérite de resserrer l'action, mais, par ce biais, le film ne présente que des Américains comme tortionnaires, alors que le prisonnier a subi des mauvais traitements de la part notamment des Jordaniens. On sent que c'est un "film de gauche", conçu pour dénoncer une terrible injustice... et l'administration Bush, en évitant de pointer certains régimes peu démocratiques du monde arabo-musulman.

   Derrière la caméra se trouve Kevin Macdonald, auquel on doit notamment le documentaire Whitney et surtout Le Dernier Roi d'Écosse. Cependant, même si la mise en scène est de qualité, c'est l'interprétation qui m'a marqué. En jeune Africain éduqué, broyé par la machine antiterroriste états-unienne, Tahar Rahim est formidable. Il faut signaler aussi la composition de Jodie Foster, qui incarne l'avocate qui défendit Slahi :

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   À ce duo d'enfer j'ajoute Benedict Cumberbatch (que l'on peut voir actuellement dans Un Espion ordinaire). Il interprète un juriste militaire, qui a perdu un ami dans les attentats du 11 septembre 2001. Ce chrétien pratiquant, chargé de mener la croisade judiciaire contre celui qu'on lui présente comme le principal recruteur d'Al Qaida, va connaître une évolution singulière, très bien rendue par le comédien. J'ajoute que l'ensemble des seconds rôles est convaincant, y compris Shailene Woodley, égérie des adolescents fans de Divergente.

   On n'est pas très loin d'un film de procès, même si l'audience n'intervient qu'à la toute fin de l'histoire. Il s'agit ici de défendre le droit, les grands principes sur lesquels la démocratie états-unienne est censée être fondée... et que l'administration Bush a reniés.

   Je conseille de voir le film en version originale sous-titrée, pour savourer son aspect polyglotte : on y entend de l'anglais, de l'arabe... et du français, le détenu mauritanien communiquant dans cette langue, à Guantanamo, avec un... Marseillais, évidemment passionné de football.

   P.S.

   En complément, je conseille la lecture d'un roman graphique de Jérôme Tubiana et Alexandre Franc, Guantanamo Kid :

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   Il raconte la vie d'un Tchado-soudanien, lui aussi arrêté à tort. Ce mineur a passé son adolescence en détention, mais a été libéré plus tôt que le Mauritanien. Toutefois, sa vie, une fois la liberté recouvrée, n'a pas été de tout repos...

jeudi, 15 juillet 2021

17 Blocks

   Ce documentaire est le résultat d'un travail au long cours. À plusieurs reprises, de 1999 à 2018 (en 1999-2000, 2009-2010 et 2016-2018), le réalisateur (Davy Rothbart) a rencontré et filmé les membres d'une famille afro-américaine installée à Washington. (Il a aussi récupéré des vidéos familiales.) Ils ont longtemps vécu dans une maison située à dix-sept pâtés de maison ("dix-sept rues", nous disent les sous-titres) de la Maison blanche. Mais, dans ce quartier, l'ambiance était moins propre et riche qu'en plein centre.

   La première chose qui frappe est l'absence des pères. Les familles du quartier sont gérées (comme elles peuvent ) par les femmes. On pense d'abord que les pères sont démissionnaires, partis. On finit par découvrir que beaucoup d'hommes jeunes décèdent par balles... pas celles des policiers : celles des voyous du coin.

   Cheryl (la mère, puis grand-mère) tente donc d'élever seule ses trois enfants : Smurf le basketteur aux mauvaises fréquentations, Denice la sérieuse et Emmanuel l'élève prometteur. À la maison, c'est un peu le bordel. Ça l'est un peu plus quand on retrouve la famille, moins de dix ans plus tard. Le fils aîné a arrêté l'école pour se lancer dans le "commerce" de produits interdits et Denice est déjà devenue mère. Emmanuel semble mieux s'en sortir : il a obtenu son diplôme, a une relation sérieuse avec une "fille bien" et envisage une carrière de pompier. Au fil des scènes, on comprend que la (grand)mère se drogue et consomme beaucoup d'alcool.

   Un drame est au coeur de ce film et explique sans doute que le réalisateur, au départ une simple connaissance de la famille, ait décidé de s'impliquer et de faire de ces bouts de vidéos un véritable film.

   On finit aussi par apprendre ce qui est arrivé à la mère (grand-mère), quand elle était jeune, et qui explique (peut-être) pourquoi elle est tombée aussi bas. Jusque-là, on nous la montrait se dépatouillant dans sa vie, parfois attachante, parfois pathétique. Le film acquiert de la profondeur. Au passage, on remarque que le seul moment de leur vie durant lequel ces Afro-américains croisent des Blancs est lors du passage de l'un d'entre eux au tribunal...

   Fort heureusement, le film ménage aussi de l'espoir, dans la dernière partie. On ne verra toutefois pas les conséquences des débuts de la pandémie, mais sachez que la famille s'en est sortie.

17 Blocks

   Ce documentaire est le résultat d'un travail au long cours. À plusieurs reprises, de 1999 à 2018 (en 1999-2000, 2009-2010 et 2016-2018), le réalisateur (Davy Rothbart) a rencontré et filmé les membres d'une famille afro-américaine installée à Washington. (Il a aussi récupéré des vidéos familiales.) Ils ont longtemps vécu dans une maison située à dix-sept pâtés de maison ("dix-sept rues", nous disent les sous-titres) de la Maison blanche. Mais, dans ce quartier, l'ambiance était moins propre et riche qu'en plein centre.

   La première chose qui frappe est l'absence des pères. Les familles du quartier sont gérées (comme elles peuvent ) par les femmes. On pense d'abord que les pères sont démissionnaires, partis. On finit par découvrir que beaucoup d'hommes jeunes décèdent par balles... pas celles des policiers : celles des voyous du coin.

   Cheryl (la mère, puis grand-mère) tente donc d'élever seule ses trois enfants : Smurf le basketteur aux mauvaises fréquentations, Denice la sérieuse et Emmanuel l'élève prometteur. À la maison, c'est un peu le bordel. Ça l'est un peu plus quand on retrouve la famille, moins de dix ans plus tard. Le fils aîné a arrêté l'école pour se lancer dans le "commerce" de produits interdits et Denice est déjà devenue mère. Emmanuel semble mieux s'en sortir : il a obtenu son diplôme, a une relation sérieuse avec une "fille bien" et envisage une carrière de pompier. Au fil des scènes, on comprend que la (grand)mère se drogue et consomme beaucoup d'alcool.

   Un drame est au coeur de ce film et explique sans doute que le réalisateur, au départ une simple connaissance de la famille, ait décidé de s'impliquer et de faire de ces bouts de vidéos un véritable film.

   On finit aussi par apprendre ce qui est arrivé à la mère (grand-mère), quand elle était jeune, et qui explique (peut-être) pourquoi elle est tombée aussi bas. Jusque-là, on nous la montrait se dépatouillant dans sa vie, parfois attachante, parfois pathétique. Le film acquiert de la profondeur. Au passage, on remarque que le seul moment de leur vie durant lequel ces Afro-américains croisent des Blancs est lors du passage de l'un d'entre eux au tribunal...

   Fort heureusement, le film ménage aussi de l'espoir, dans la dernière partie. On ne verra toutefois pas les conséquences des débuts de la pandémie, mais sachez que la famille s'en est sortie.

mercredi, 14 juillet 2021

Titane

   En 2017, Julia Ducournau avait lancé un joli pavé dans la mare cinématographique française, avec Grave. Je pense que certains des spectateurs présents aujourd'hui avec moi dans la salle n'avaient pas vu ce film-là. On y retrouve la même obsession pour les corps et pour l'étrange, l'anormal... et la présence au générique de Garance Marillier (ici dans un rôle secondaire).

   Elle se fait voler la vedette par Agathe Rousselle (inconnue au bataillon), qui nous livre une prestation de haute volée. Complètement impliquée dans son personnage, elle nous fait croire aussi bien à la gogo-danseuse qu'à la psychopathe ou au garçon manqué.

Titane 1.jpg

   La première partie est imprégnée de l'influence de Crash, de David Cronenberg... et d'un film de Stanley Kubrick, dont je ne peux révéler le titre sous peine de gâcher le plaisir de la découverte d'une séquence renversante, dans une maison bourgeoise... (Je déconseille aussi vivement d'arriver en retard : ce serait vraiment dommage de rater l'introduction du film, entre mécanique et segments humains...)

   Seule ombre au tableau : une scène de sexe avec une voiture, franchement ridicule... mais indispensable à la suite de l'histoire.

   À partir du moment où l'héroïne entre en contact avec Vincent, qui dirige une caserne de pompiers, le film prend une autre dimension. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Dans un premier temps, je n'ai pas été particulièrement emballé par l'arrivée à l'écran (une énième fois) du visage fatigué de Lindon. On sent que son personnage en a chié. Il a dû vivre (au moins) deux guerres mondiales, dix ans de taule et trois divorces. Ceci dit, il adore son métier, ce qui nous vaut quelques belles scènes d'intervention. Mais, au-delà de sa mission de service public, cet homme dévoué souhaiterait surtout retrouver son fils.

   L'intrigue prend alors une tournure inattendue, prenante malgré quelques invraisemblances (en particulier une supercherie qui tarde à être découverte). Je n'aime pas la fin de l'histoire, mais j'ai trouvé son déroulement assez captivant.

22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Titane

   En 2017, Julia Ducournau avait lancé un joli pavé dans la mare cinématographique française, avec Grave. Je pense que certains des spectateurs présents aujourd'hui avec moi dans la salle n'avaient pas vu ce film-là. On y retrouve la même obsession pour les corps et pour l'étrange, l'anormal... et la présence au générique de Garance Marillier (ici dans un rôle secondaire).

   Elle se fait voler la vedette par Agathe Rousselle (inconnue au bataillon), qui nous livre une prestation de haute volée. Complètement impliquée dans son personnage, elle nous fait croire aussi bien à la gogo-danseuse qu'à la psychopathe ou au garçon manqué.

Titane 1.jpg

   La première partie est imprégnée de l'influence de Crash, de David Cronenberg... et d'un film de Stanley Kubrick, dont je ne peux révéler le titre sous peine de gâcher le plaisir de la découverte d'une séquence renversante, dans une maison bourgeoise... (Je déconseille aussi vivement d'arriver en retard : ce serait vraiment dommage de rater l'introduction du film, entre mécanique et segments humains...)

   Seule ombre au tableau : une scène de sexe avec une voiture, franchement ridicule... mais indispensable à la suite de l'histoire.

   À partir du moment où l'héroïne entre en contact avec Vincent, qui dirige une caserne de pompiers, le film prend une autre dimension. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Dans un premier temps, je n'ai pas été particulièrement emballé par l'arrivée à l'écran (une énième fois) du visage fatigué de Lindon. On sent que son personnage en a chié. Il a dû vivre (au moins) deux guerres mondiales, dix ans de taule et trois divorces. Ceci dit, il adore son métier, ce qui nous vaut quelques belles scènes d'intervention. Mais, au-delà de sa mission de service public, cet homme dévoué souhaiterait surtout retrouver son fils.

   L'intrigue prend alors une tournure inattendue, prenante malgré quelques invraisemblances (en particulier une supercherie qui tarde à être découverte). Je n'aime pas la fin de l'histoire, mais j'ai trouvé son déroulement assez captivant.

22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Midnight Traveler

   Ce "voyageur de minuit" est un cinéaste afghan, Hassan Fazili, contraint de fuir son pays pour échapper aux talibans. Lui, son épouse (également réalisatrice) et leurs deux filles vont accomplir un véritable périple, du Tadjikistan (situé au nord-est de l'Afghanistan) jusqu'en Hongrie :

cinéma,cinema,film,films

   Ce périple a été filmé avec trois téléphones portables. J'ai beau avoir lu ici et là des critiques sur la qualité de l'image, franchement, à part deux ou trois scènes où l'on sent que l'un des appareils est de qualité médiocre (surtout quand les personnages sont en mouvement), le reste est plutôt bien filmé, avec même certains plans extérieurs superbes. (Il y a trois ans, Steven Soderbergh avait réussi à tourner un thriller convaincant, Paranoïa, avec des "aïlfaunes".)

   Au cours de leur voyage, les membres de la famille ont l'occasion d'expérimenter le degré de liberté dont jouissent les migrants. Au départ, ils se sentent évidemment plus à l'aise au Tadjikistan que dans l'Afghanistan sous l'emprise croissante des talibans. L'arrivée en Iran constitue, notamment pour les enfants, une bouffée d'air pur, tout comme le passage par la Turquie (en particulier Istanbul).

   C'est le séjour en Europe qui pose le plus de problèmes. Certains passeurs sont des arnaqueurs. Tous font chèrement payer leurs services. C'est peut-être le prix du passage qui explique que la famille opte pour la Bulgarie plutôt que la Grèce. Or, celle-là n'est pas incluse dans l'espace Schengen. Ça et le rejet des habitants (qui en ont peut-être marre que des migrants viennent chaparder dans leur jardin...) poussent la famille à tenter d'arriver en Hongrie, par la Serbie. Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire, que ce pays non membre de l'Union européenne en constitue une porte d'entrée. Au passage, même si beaucoup de visages sont floutés, on remarque la prédominance d'hommes jeunes parmi les migrants clandestins, qui ne sont pas forcément des réfugiés, loin s'en faut.

   De son côté, Hassan Fazili, sans masquer leurs défauts, essaie de présenter ses proches sous un jour favorable. Il laisse un peu la main à son épouse, afin que les spectateurs ne la cantonnent pas dans le rôle d'une femme au foyer conservatrice. Mais, surtout, il met en valeur sa fille aînée, Nargis, une gamine malicieuse qui sait jouer avec la caméra. Je pense que le fait de la montrer portant un T-shirt de Mickey et en train de danser sur du Michael Jackson est censé rassurer ses spectateurs occidentaux.

   Celles et ceux qui ne connaissent pas bien le sort des migrants découvriront aussi, grâce à ce film, la difficulté de leur parcours (et encore, dans une vision atténuée), mais aussi les aides dont ils peuvent bénéficier (notamment en Europe), par l'intermédiaire d'associations ou de l'ONU (le HCR, je pense).

Midnight Traveler

   Ce "voyageur de minuit" est un cinéaste afghan, Hassan Fazili, contraint de fuir son pays pour échapper aux talibans. Lui, son épouse (également réalisatrice) et leurs deux filles vont accomplir un véritable périple, du Tadjikistan (situé au nord-est de l'Afghanistan) jusqu'en Hongrie :

cinéma,cinema,film,films

   Ce périple a été filmé avec trois téléphones portables. J'ai beau avoir lu ici et là des critiques sur la qualité de l'image, franchement, à part deux ou trois scènes où l'on sent que l'un des appareils est de qualité médiocre (surtout quand les personnages sont en mouvement), le reste est plutôt bien filmé, avec même certains plans extérieurs superbes. (Il y a trois ans, Steven Soderbergh avait réussi à tourner un thriller convaincant, Paranoïa, avec des "aïlfaunes".)

   Au cours de leur voyage, les membres de la famille ont l'occasion d'expérimenter le degré de liberté dont jouissent les migrants. Au départ, ils se sentent évidemment plus à l'aise au Tadjikistan que dans l'Afghanistan sous l'emprise croissante des talibans. L'arrivée en Iran constitue, notamment pour les enfants, une bouffée d'air pur, tout comme le passage par la Turquie (en particulier Istanbul).

   C'est le séjour en Europe qui pose le plus de problèmes. Certains passeurs sont des arnaqueurs. Tous font chèrement payer leurs services. C'est peut-être le prix du passage qui explique que la famille opte pour la Bulgarie plutôt que la Grèce. Or, celle-là n'est pas incluse dans l'espace Schengen. Ça et le rejet des habitants (qui en ont peut-être marre que des migrants viennent chaparder dans leur jardin...) poussent la famille à tenter d'arriver en Hongrie, par la Serbie. Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire, que ce pays non membre de l'Union européenne en constitue une porte d'entrée. Au passage, même si beaucoup de visages sont floutés, on remarque la prédominance d'hommes jeunes parmi les migrants clandestins, qui ne sont pas forcément des réfugiés, loin s'en faut.

   De son côté, Hassan Fazili, sans masquer leurs défauts, essaie de présenter ses proches sous un jour favorable. Il laisse un peu la main à son épouse, afin que les spectateurs ne la cantonnent pas dans le rôle d'une femme au foyer conservatrice. Mais, surtout, il met en valeur sa fille aînée, Nargis, une gamine malicieuse qui sait jouer avec la caméra. Je pense que le fait de la montrer portant un T-shirt de Mickey et en train de danser sur du Michael Jackson est censé rassurer ses spectateurs occidentaux.

   Celles et ceux qui ne connaissent pas bien le sort des migrants découvriront aussi, grâce à ce film, la difficulté de leur parcours (et encore, dans une vision atténuée), mais aussi les aides dont ils peuvent bénéficier (notamment en Europe), par l'intermédiaire d'associations ou de l'ONU (le HCR, je pense).

lundi, 12 juillet 2021

Teddy

   Ce long-métrage s'inscrit dans la lignée de la (supposée) "nouvelle vague" française de films de genre, qui comprend le médiocre The Deep House, l'assez prenant Méandre et l'excellent La Nuée. On peut aussi y trouver des références à un grand ancien (La Mouche, de David Cronenberg) et à un récent petit bijou (Grave, de Julia Ducournau, dont il me tarde de découvrir le nouveau film, Titane).

   L'histoire s'inspire clairement de devanciers états-uniens. La menace vient de l'étrangeté, l'anormalité. Celle-ci est réputée très présente dans le monde rural, domaine (présumé) des rednecks et des attardés mentaux. Ici, c'est un village des Pyrénées-Orientales qui sert de cadre à l'intrigue.

cinéma,cinema,film,films

   Anthony Bajon (déjà remarqué dans Au nom de la terre et La Prière) interprète le rôle-titre, celui d'une sorte de "cassos", un jeune délinquant sous-éduqué, un peu révolté, qui tente de se réinsérer en travaillant dans un salon de massage, dirigé par une matrone adepte des philosophies orientales (Noémie Lvovsky, très bien).

   Teddy n'a plus ses parents, mais vit chez son oncle et sa tante, avec lesquels il s'entend plutôt bien. Si vous ajoutez à cela qu'il a une ravissante petite copine, Rebecca, élève en terminale au lycée du coin, on peut dire qu'il ne s'en est pas trop mal sorti. À certains détails, on comprend toutefois qu'il ne faudrait pas grand chose pour que ce petit bonheur s'effondre : Teddy est mal intégré dans la communauté villageoise (qui le voit comme un petit malfrat un peu débile), le boulot qu'il exerce n'est pas celui qu'il avait choisi pour sa réinsertion et il doit garder un oeil sur sa charmante copine, que d'autres mecs aimeraient "pécho".

   Un événement extraordinaire va changer la donne : un jour, Teddy, pensant chasser un loup des abords du village, se fait mordre. Dès le lendemain, de petits changements se font sentir dans son comportement et son apparence physique. Je laisse aux amateurs le plaisir de découvrir jusqu'où les scénaristes ont tiré la corde...

   Même si beaucoup de choses sont prévisibles dans cette histoire correctement construite, j'ai bien aimé la manière de la mettre en scène, entre chronique villageoise et film d'ados... avec du sang en plus.

20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Teddy

   Ce long-métrage s'inscrit dans la lignée de la (supposée) "nouvelle vague" française de films de genre, qui comprend le médiocre The Deep House, l'assez prenant Méandre et l'excellent La Nuée. On peut aussi y trouver des références à un grand ancien (La Mouche, de David Cronenberg) et à un récent petit bijou (Grave, de Julia Ducournau, dont il me tarde de découvrir le nouveau film, Titane).

   L'histoire s'inspire clairement de devanciers états-uniens. La menace vient de l'étrangeté, l'anormalité. Celle-ci est réputée très présente dans le monde rural, domaine (présumé) des rednecks et des attardés mentaux. Ici, c'est un village des Pyrénées-Orientales qui sert de cadre à l'intrigue.

cinéma,cinema,film,films

   Anthony Bajon (déjà remarqué dans Au nom de la terre et La Prière) interprète le rôle-titre, celui d'une sorte de "cassos", un jeune délinquant sous-éduqué, un peu révolté, qui tente de se réinsérer en travaillant dans un salon de massage, dirigé par une matrone adepte des philosophies orientales (Noémie Lvovsky, très bien).

   Teddy n'a plus ses parents, mais vit chez son oncle et sa tante, avec lesquels il s'entend plutôt bien. Si vous ajoutez à cela qu'il a une ravissante petite copine, Rebecca, élève en terminale au lycée du coin, on peut dire qu'il ne s'en est pas trop mal sorti. À certains détails, on comprend toutefois qu'il ne faudrait pas grand chose pour que ce petit bonheur s'effondre : Teddy est mal intégré dans la communauté villageoise (qui le voit comme un petit malfrat un peu débile), le boulot qu'il exerce n'est pas celui qu'il avait choisi pour sa réinsertion et il doit garder un oeil sur sa charmante copine, que d'autres mecs aimeraient "pécho".

   Un événement extraordinaire va changer la donne : un jour, Teddy, pensant chasser un loup des abords du village, se fait mordre. Dès le lendemain, de petits changements se font sentir dans son comportement et son apparence physique. Je laisse aux amateurs le plaisir de découvrir jusqu'où les scénaristes ont tiré la corde...

   Même si beaucoup de choses sont prévisibles dans cette histoire correctement construite, j'ai bien aimé la manière de la mettre en scène, entre chronique villageoise et film d'ados... avec du sang en plus.

20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Fritzi

   Les confinements successifs ont sans doute perturbé la sortie de cette animation allemande (une coproduction internationale, en fait), prévue pour le trentième anniversaire de la chute des régimes communistes en Europe.

   L'action se déroule dans ce qui était la RDA (l'Allemagne communiste), principalement dans la ville de Leipzig (dans le sud-ouest du pays), où vit la famille de l'héroïne, Fritzi. L'histoire commence à l'été 1989. La meilleure amie de Fritzi, Sophie, part en vacances en Hongrie avec sa famille... sauf que ces "vacances" ont un but caché : passer à l'ouest, le rideau de fer ayant été ouvert avec l'Autriche.

cinéma,cinema,film,films,histoire,allemagne

   Avant de partir, Sophie confie son chien Spoutnik à Fritzi, qui compte bien le lui rendre à son retour... mais cela va prendre plus de temps que prévu.

   Le tableau de la RDA finissante mérite le détour. L'héroïne va à l'école Youri-Gagarine, puis à l'auberge de jeunesse Rosa-Luxembourg. La population est surveillée par l'odieuse Stasi, qui s'appuie sur une petite armée de dénonciateurs. La propagande est omniprésente dans le pays, dénigrant le monde occidental (où pourtant les "Ossies" souhaitent se rendre en masse...). Mais cette propagande communiste est surtout le fait des adultes, souvent âgés. Le reste de la population semble avoir d'autres aspirations.

   L'histoire se poursuit donc sans Sophie, dans une RDA en pleine ébullition. Avant la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, des manifestations ont agité le pays, en particulier à Leipzig. C'est cette ambiance que restitue le film, entre crainte et soif de liberté.

cinéma,cinema,film,films,histoire,allemagne

   Dans le même temps, Fritzi s'attache de plus en plus à Spoutnik et vit mal d'être séparée de sa meilleure amie. Cela va la conduire à tenter quelque chose de très risqué... mais je laisse à chacun le soin de le découvrir.

   Au niveau de l'animation, ce n'est pas particulièrement brillant, même si les mouvements des personnages sont bien rendus. C'est concernant l'intrigue que j'aurais des réserves : il y a quelques invraisemblances. Je pense que, comme le film est en partie destiné au jeune public, on a insisté sur la relation entre l'adolescente et le chien. Je sais bien qu'à ces adorables bêtes il ne manque que la parole, mais le comportement du canidé n'est pas toujours réaliste. Certaines péripéties manquent un peu de crédibilité, alors que le reste de l'histoire sent le vécu. Il y a du souffle et je ne cache pas qu'à la fin, j'ai été ému.

Fritzi

   Les confinements successifs ont sans doute perturbé la sortie de cette animation allemande (une coproduction internationale, en fait), prévue pour le trentième anniversaire de la chute des régimes communistes en Europe.

   L'action se déroule dans ce qui était la RDA (l'Allemagne communiste), principalement dans la ville de Leipzig (dans le sud-ouest du pays), où vit la famille de l'héroïne, Fritzi. L'histoire commence à l'été 1989. La meilleure amie de Fritzi, Sophie, part en vacances en Hongrie avec sa famille... sauf que ces "vacances" ont un but caché : passer à l'ouest, le rideau de fer ayant été ouvert avec l'Autriche.

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   Avant de partir, Sophie confie son chien Spoutnik à Fritzi, qui compte bien le lui rendre à son retour... mais cela va prendre plus de temps que prévu.

   Le tableau de la RDA finissante mérite le détour. L'héroïne va à l'école Youri-Gagarine, puis à l'auberge de jeunesse Rosa-Luxembourg. La population est surveillée par l'odieuse Stasi, qui s'appuie sur une petite armée de dénonciateurs. La propagande est omniprésente dans le pays, dénigrant le monde occidental (où pourtant les "Ossies" souhaitent se rendre en masse...). Mais cette propagande communiste est surtout le fait des adultes, souvent âgés. Le reste de la population semble avoir d'autres aspirations.

   L'histoire se poursuit donc sans Sophie, dans une RDA en pleine ébullition. Avant la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, des manifestations ont agité le pays, en particulier à Leipzig. C'est cette ambiance que restitue le film, entre crainte et soif de liberté.

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   Dans le même temps, Fritzi s'attache de plus en plus à Spoutnik et vit mal d'être séparée de sa meilleure amie. Cela va la conduire à tenter quelque chose de très risqué... mais je laisse à chacun le soin de le découvrir.

   Au niveau de l'animation, ce n'est pas particulièrement brillant, même si les mouvements des personnages sont bien rendus. C'est concernant l'intrigue que j'aurais des réserves : il y a quelques invraisemblances. Je pense que, comme le film est en partie destiné au jeune public, on a insisté sur la relation entre l'adolescente et le chien. Je sais bien qu'à ces adorables bêtes il ne manque que la parole, mais le comportement du canidé n'est pas toujours réaliste. Certaines péripéties manquent un peu de crédibilité, alors que le reste de l'histoire sent le vécu. Il y a du souffle et je ne cache pas qu'à la fin, j'ai été ému.

dimanche, 11 juillet 2021

Les Croods 2

   Décidément, c'est l'été des suites. En huit jours, j'ai vu cinq films (en prises de vue réelles ou d'animation) qui prolongent une recette à succès. Il a tout de même fallu attendre huit ans pour que DreamWorks fasse revivre les personnages des Croods.

   Dès le début, on sent d'ailleurs que la production a craint que les spectateurs n'aient pas vu (ou aient oublié) le premier volet. À la vitesse grand V, avec humour, on nous rappelle qui sont ces sympathiques Néandertaliens, accompagnés d'un Sapiens dégourdi et beau gosse, dont on nous révèle une partie du passé.

   C'est ce passé qui va resurgir, à travers la rencontre d'une autre famille, elle aussi sapiens... et hyper évoluée. Très vite, on comprend qu'au-delà du contraste caricatural entre les deux espèces humaines, le scénario met en contact deux familles américaines de sensibilités différentes : les Croods sont plutôt des républicains obèses, bas de plafond, trois enfants au compteur, alors que les Betterman, minces et instruits, sans doute démocrates, n'ont qu'une fille. (Ils ont une allure "côte Est décontractée" ou "californienne".) Les spectateurs attentifs repèreront aussi les clins d'oeil anachroniques, de la "tablette" à l'écran, en passant par les poubelles sélectives.

   Autant le dire franchement : j'aime la manière humoristique avec laquelle la débrouillardise des Croods est mise en scène (tout comme leurs chamailleries familiales), mais j'ai été irrité par la caricature qui est faite de l'autre famille. En effet, ses membres sont propres, bien élevés et ont aménagé leur environnement de manière civilisée. Cependant, tout cela finit par être tourné en ridicule (avec un aspect du scénario particulièrement putassier, sur l'origine de l'eau).

cinéma,cinema,film,films

   Bien entendu, l'antagonisme des familles va se résorber, dans la grande marche du "vivre ensemble", chacun faisant des concessions au mode de vie de l'autre, auquel il finit par trouver (plus ou moins) du charme. Pour moi, les personnages les plus drôles sont trois membres de la famille néandertalienne : l'inoxydable grand-mère, le fils cadet (fasciné par les "fenêtres"...) et la benjamine teigneuse.

   Si l'on supporte les a priori du scénario, on peut passer un bon moment. L'animation est très correcte.

14:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Croods 2

   Décidément, c'est l'été des suites. En huit jours, j'ai vu cinq films (en prises de vue réelles ou d'animation) qui prolongent une recette à succès. Il a tout de même fallu attendre huit ans pour que DreamWorks fasse revivre les personnages des Croods.

   Dès le début, on sent d'ailleurs que la production a craint que les spectateurs n'aient pas vu (ou aient oublié) le premier volet. À la vitesse grand V, avec humour, on nous rappelle qui sont ces sympathiques Néandertaliens, accompagnés d'un Sapiens dégourdi et beau gosse, dont on nous révèle une partie du passé.

   C'est ce passé qui va resurgir, à travers la rencontre d'une autre famille, elle aussi sapiens... et hyper évoluée. Très vite, on comprend qu'au-delà du contraste caricatural entre les deux espèces humaines, le scénario met en contact deux familles américaines de sensibilités différentes : les Croods sont plutôt des républicains obèses, bas de plafond, trois enfants au compteur, alors que les Betterman, minces et instruits, sans doute démocrates, n'ont qu'une fille. (Ils ont une allure "côte Est décontractée" ou "californienne".) Les spectateurs attentifs repèreront aussi les clins d'oeil anachroniques, de la "tablette" à l'écran, en passant par les poubelles sélectives.

   Autant le dire franchement : j'aime la manière humoristique avec laquelle la débrouillardise des Croods est mise en scène (tout comme leurs chamailleries familiales), mais j'ai été irrité par la caricature qui est faite de l'autre famille. En effet, ses membres sont propres, bien élevés et ont aménagé leur environnement de manière civilisée. Cependant, tout cela finit par être tourné en ridicule (avec un aspect du scénario particulièrement putassier, sur l'origine de l'eau).

cinéma,cinema,film,films

   Bien entendu, l'antagonisme des familles va se résorber, dans la grande marche du "vivre ensemble", chacun faisant des concessions au mode de vie de l'autre, auquel il finit par trouver (plus ou moins) du charme. Pour moi, les personnages les plus drôles sont trois membres de la famille néandertalienne : l'inoxydable grand-mère, le fils cadet (fasciné par les "fenêtres"...) et la benjamine teigneuse.

   Si l'on supporte les a priori du scénario, on peut passer un bon moment. L'animation est très correcte.

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samedi, 10 juillet 2021

Un Tour chez ma fille

   Il s'agit de la suite de Retour chez ma mère... en attendant sans doute "Vacances chez ma grand-mère" et "Confinement chez ma soeur"... Au départ, je n'avais pas prévu d'aller voir ce film, dont le synopsis ne laisse rien présager d'extraordinaire. Et puis, les dernières comédies françaises que j'ai vues (Les Deux Alfred, Présidents et Le Sens de la famille) m'ayant beaucoup plu, je me suis laissé tenter.

   On comprend très vite qu'il s'agit d'une comédie balisée, prévue pour être diffusée sur une chaîne de grande écoute, à 20h30 21 heures. On ne s'étonnera donc pas d'y trouver nombre de facilités, un peu d'outrance dans le jeu et des péripéties parfois très prévisibles.

   Mais, heureusement, il y a le talent des acteurs. Au centre du précédent volet, Alexandra Lamy, la première fille, n'est présente qu'au téléphone (la comédienne étant chaleureusement remerciée par la production dans le générique). Son énergie et sa puissance comique manquent cruellement au film.

   Son absence est (partiellement) compensée par Josiane Balasko, toujours en forme et vraiment bien dans le rôle. Elle "fait le job", comme on dit. En face, Mathilde Seigner (l'autre fille) n'a pas le talent comique d'Alexandra Lamy, mais elle a su faire passer la difficulté de ne pas être l'enfant préféré dans une famille. De surcroît, elle exerce un boulot à responsabilités. L'actrice incarne bien cette "femme moderne", à défaut d'être une source de gags.

   À ce sujet, il faut regarder du côté des messieurs. Philippe Lefebvre interprète le troisième enfant, le fils, un bel enfoiré à qui l'on a plusieurs fois envie de péter les genoux. Le second pôle comique du film est plutôt Jérôme Commandeur, qui s'est bien glissé dans le rôle du gentil gendre, qui essaie d'arrondir les angles avec sa femme et sa belle-mère. Cela donne d'ailleurs naissance à quelques savoureux quiproquos à caractère sexuel.

   Il ne faut pas chercher plus loin. La réalisation est assez plate, à l'exception de l'introduction, qui rend hommage au bricolage. Cela dure 1h25, c'est sympa et cela sera sans doute assez vite oublié.

13:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Un Tour chez ma fille

   Il s'agit de la suite de Retour chez ma mère... en attendant sans doute "Vacances chez ma grand-mère" et "Confinement chez ma soeur"... Au départ, je n'avais pas prévu d'aller voir ce film, dont le synopsis ne laisse rien présager d'extraordinaire. Et puis, les dernières comédies françaises que j'ai vues (Les Deux Alfred, Présidents et Le Sens de la famille) m'ayant beaucoup plu, je me suis laissé tenter.

   On comprend très vite qu'il s'agit d'une comédie balisée, prévue pour être diffusée sur une chaîne de grande écoute, à 20h30 21 heures. On ne s'étonnera donc pas d'y trouver nombre de facilités, un peu d'outrance dans le jeu et des péripéties parfois très prévisibles.

   Mais, heureusement, il y a le talent des acteurs. Au centre du précédent volet, Alexandra Lamy, la première fille, n'est présente qu'au téléphone (la comédienne étant chaleureusement remerciée par la production dans le générique). Son énergie et sa puissance comique manquent cruellement au film.

   Son absence est (partiellement) compensée par Josiane Balasko, toujours en forme et vraiment bien dans le rôle. Elle "fait le job", comme on dit. En face, Mathilde Seigner (l'autre fille) n'a pas le talent comique d'Alexandra Lamy, mais elle a su faire passer la difficulté de ne pas être l'enfant préféré dans une famille. De surcroît, elle exerce un boulot à responsabilités. L'actrice incarne bien cette "femme moderne", à défaut d'être une source de gags.

   À ce sujet, il faut regarder du côté des messieurs. Philippe Lefebvre interprète le troisième enfant, le fils, un bel enfoiré à qui l'on a plusieurs fois envie de péter les genoux. Le second pôle comique du film est plutôt Jérôme Commandeur, qui s'est bien glissé dans le rôle du gentil gendre, qui essaie d'arrondir les angles avec sa femme et sa belle-mère. Cela donne d'ailleurs naissance à quelques savoureux quiproquos à caractère sexuel.

   Il ne faut pas chercher plus loin. La réalisation est assez plate, à l'exception de l'introduction, qui rend hommage au bricolage. Cela dure 1h25, c'est sympa et cela sera sans doute assez vite oublié.

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jeudi, 08 juillet 2021

Black Widow

   Après Cruella, voici le deuxième véritable blockbuster de l'année qui sort sur nos écrans... et c'est un film féministe, dans sa production comme dans son propos. Derrière la caméra se trouve Cate Shortland, dont on a pu voir Lore, il y a quelques années.

   L'histoire commence dans une famille banale de la classe moyenne américaine, dans les années 1990. Des parents en apparence normaux vivent avec leurs deux filles, très proches l'une de l'autre. L'aînée se prénomme Natacha...

   Évidemment, on va rapidement découvrir que cette famille n'est pas ce qu'elle paraît. Cela débouche sur une séquence de fuite des plus réussies.

cinéma,cinema,film,films

   Au coeur de l'action se trouvent trois femmes : Natacha Romanoff (la Veuve noire), sa soeur Yelena (dont elle va être séparée) et leur "mère" Melina. Deux des trois actrices me paraissent au-dessus de l'autre : Florence Pugh n'a pas (encore) l'envergure de Scarlett Johansson et de Rachel Weisz. D'autres personnages féminins interviennent dans le déroulement de l'intrigue (un de manière très surprenante), confirmant que l'on peut bâtir une histoire de super-héros presque complètement sur des antagonismes féminins, un peu à la manière de ce que Black Panther a fait pour les Noirs.

   Bien entendu, les personnages masculins ne sont pas exclus de l'intrigue. Il y a Dreykov le manipulateur, Rick le "fournisseur" (qui en pince pour Natacha)... et Alexei, le "papa", auquel David Harbour prête sa gouaille et sa masse musculo-graisseuse. L'évasion de celui-ci d'un pénitencier de haute-sécurité russe vaut son pesant de bouteilles de vodka ! Il contribue aussi à introduire d'agréables touches humoristiques dans une ambiance très belliqueuse.

   Les bastons constituent le gros de ces 2h15. Des États-Unis à la Russie, en passant par le Maroc, la Norvège et la Hongrie, on se poursuit, on se cogne, on se tire dessus. Cela culmine dans un lieu secret, la "Maison rouge", où se déroule la bataille finale, digne des précédentes productions Marvel.

   C'est trépidant, bien mis en scène, avec peut-être un peu trop de grosse musique à mon goût. Mais, comme de charmantes personnes se meuvent à l'écran (dans des combinaisons moulantes), j'ai supporté sans peine.

   P.S.

   Aux aficionados je rappelle qu'il ne faut pas quitter la salle au début du générique. Une scène ultime revient sur le devenir de Natacha Romanoff (voir Avengers Endgame)... et de sa soeur, à laquelle Disney-Marvel semble ménager un brillant avenir.

23:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Black Widow

   Après Cruella, voici le deuxième véritable blockbuster de l'année qui sort sur nos écrans... et c'est un film féministe, dans sa production comme dans son propos. Derrière la caméra se trouve Cate Shortland, dont on a pu voir Lore, il y a quelques années.

   L'histoire commence dans une famille banale de la classe moyenne américaine, dans les années 1990. Des parents en apparence normaux vivent avec leurs deux filles, très proches l'une de l'autre. L'aînée se prénomme Natacha...

   Évidemment, on va rapidement découvrir que cette famille n'est pas ce qu'elle paraît. Cela débouche sur une séquence de fuite des plus réussies.

cinéma,cinema,film,films

   Au coeur de l'action se trouvent trois femmes : Natacha Romanoff (la Veuve noire), sa soeur Yelena (dont elle va être séparée) et leur "mère" Melina. Deux des trois actrices me paraissent au-dessus de l'autre : Florence Pugh n'a pas (encore) l'envergure de Scarlett Johansson et de Rachel Weisz. D'autres personnages féminins interviennent dans le déroulement de l'intrigue (un de manière très surprenante), confirmant que l'on peut bâtir une histoire de super-héros presque complètement sur des antagonismes féminins, un peu à la manière de ce que Black Panther a fait pour les Noirs.

   Bien entendu, les personnages masculins ne sont pas exclus de l'intrigue. Il y a Dreykov le manipulateur, Rick le "fournisseur" (qui en pince pour Natacha)... et Alexei, le "papa", auquel David Harbour prête sa gouaille et sa masse musculo-graisseuse. L'évasion de celui-ci d'un pénitencier de haute-sécurité russe vaut son pesant de bouteilles de vodka ! Il contribue aussi à introduire d'agréables touches humoristiques dans une ambiance très belliqueuse.

   Les bastons constituent le gros de ces 2h15. Des États-Unis à la Russie, en passant par le Maroc, la Norvège et la Hongrie, on se poursuit, on se cogne, on se tire dessus. Cela culmine dans un lieu secret, la "Maison rouge", où se déroule la bataille finale, digne des précédentes productions Marvel.

   C'est trépidant, bien mis en scène, avec peut-être un peu trop de grosse musique à mon goût. Mais, comme de charmantes personnes se meuvent à l'écran (dans des combinaisons moulantes), j'ai supporté sans peine.

   P.S.

   Aux aficionados je rappelle qu'il ne faut pas quitter la salle au début du générique. Une scène ultime revient sur le devenir de Natacha Romanoff (voir Avengers Endgame)... et de sa soeur, à laquelle Disney-Marvel semble ménager un brillant avenir.

23:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Sans un bruit 2

   Il y a trois ans, Sans un bruit avait été l'une des révélations de l'été cinématographique. D'un coût de 17 millions de dollars, ce petit film de genre en avait rapporté... plus de 300 millions. La fin abrupte du premier volet n'est donc pas la seule raison de la production d'une suite...

   J'y ai retrouvé les qualités... et les défauts du premier. Du côté des qualités, il y a celle de l'interprétation (et du charme), avec Emily Blunt et Millicent Simmonds. Sans déconner : même (faussement) crasseuse et vêtue d'une culotte de pyjama moche, Emily reste à tomber ! Elle interprète toujours cette mère-courage, qui cajole son bébé et dézingue les arachnoïdes à coups de fusil. Trop sexy la milf !

   Du côté masculin, il faut noter l'apparition dans la franchise (ben oui : attendez-vous à un numéro 3 !) de Cillian Murphy. (Pâmoison garantie chez les demoiselles de la salle, où ma présence sembla quelque peu incongrue.)

   Un autre atout du film est le retour en arrière du début. Celui-ci a d'abord pour but d'introduire le personnage d'Emmett (Murphy). Mais il contribue aussi à éclaircir l'origine du cataclysme qui a frappé les États-Unis la Terre. On ne nous dit cependant pas tout : je sens que les scénaristes en ont gardé sous le clavier...

   Bref, c'est prenant, tendu... mais parfois un peu trop cliché. Les erreurs commises par certains personnages sont téléphonées et le réalisateur abuse encore et toujours du "juste à temps". Toutefois, si l'on supporte ce mélange d'épouvante et de survival, on passe un bon moment.

   P.S.

   Les effets spéciaux sont dus à une filiale de Lucasfilm. Sans être éblouissant,  le travail est soigné.

  P.S. II

   Attention, petit divulgâchage ! Les auteurs ont fait évoluer les personnages, en particulier ceux des enfants. Au début du film, ce sont encore les adultes qui, majoritairement, assurent la protection et la survie du groupe. A la fin, les adolescents ont pris le relai.

00:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Sans un bruit 2

   Il y a trois ans, Sans un bruit avait été l'une des révélations de l'été cinématographique. D'un coût de 17 millions de dollars, ce petit film de genre en avait rapporté... plus de 300 millions. La fin abrupte du premier volet n'est donc pas la seule raison de la production d'une suite...

   J'y ai retrouvé les qualités... et les défauts du premier. Du côté des qualités, il y a celle de l'interprétation (et du charme), avec Emily Blunt et Millicent Simmonds. Sans déconner : même (faussement) crasseuse et vêtue d'une culotte de pyjama moche, Emily reste à tomber ! Elle interprète toujours cette mère-courage, qui cajole son bébé et dézingue les arachnoïdes à coups de fusil. Trop sexy la milf !

   Du côté masculin, il faut noter l'apparition dans la franchise (ben oui : attendez-vous à un numéro 3 !) de Cillian Murphy. (Pâmoison garantie chez les demoiselles de la salle, où ma présence sembla quelque peu incongrue.)

   Un autre atout du film est le retour en arrière du début. Celui-ci a d'abord pour but d'introduire le personnage d'Emmett (Murphy). Mais il contribue aussi à éclaircir l'origine du cataclysme qui a frappé les États-Unis la Terre. On ne nous dit cependant pas tout : je sens que les scénaristes en ont gardé sous le clavier...

   Bref, c'est prenant, tendu... mais parfois un peu trop cliché. Les erreurs commises par certains personnages sont téléphonées et le réalisateur abuse encore et toujours du "juste à temps". Toutefois, si l'on supporte ce mélange d'épouvante et de survival, on passe un bon moment.

   P.S.

   Les effets spéciaux sont dus à une filiale de Lucasfilm. Sans être éblouissant,  le travail est soigné.

  P.S. II

   Attention, petit divulgâchage ! Les auteurs ont fait évoluer les personnages, en particulier ceux des enfants. Au début du film, ce sont encore les adultes qui, majoritairement, assurent la protection et la survie du groupe. A la fin, les adolescents ont pris le relai.

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mercredi, 07 juillet 2021

Pierre Lapin II

   Trois ans après la sortie du premier volet, les personnages de Béatrix Potter sont de retour sur grand écran. Ce film-ci est la suite quasi immédiate du précédent, puisqu'il démarre par le mariage des deux humains, Béa (Rose Byrne) et Thomas (Domhnall Gleeson), qui se sont rencontrés dans le premier volet. Les spectateurs ont d'ailleurs l'occasion de choisir leur version préférée de la cérémonie, la conventionnelle... ou bien une autre, un peu plus foutoir...

   Ce début est entraînant, mais la suite subit un coup de mou. Pendant un moment, j'ai redouté que les scénaristes ne se soient contentés de reproduire l'antagonisme entre Thomas et les lapins (Pierre en particulier). Cela manquait de saveur et, signe qui ne trompe pas, la salle garnie de têtes blondes ne riait plus.

   Fort heureusement, les péripéties cocasses reviennent, donnant naissance à quelques séquences très enlevées. Je recommande le passage chez la famille adoptive, pour certains animaux. Pierre, associé à une nouvelle connaissance, y fait merveille. Un pic est atteint lors du braquage du marché fermier, un petit bijou de mise en scène. Je ne vais pas m'étendre sur le dernier temps fort (qui constitue une revanche), mais sachez que l'association des animaux et des humains se révèle très efficace.

   Je me dois quand même de signaler aux adultes que la prestation des "vrais" acteurs (Byrne et Gleeson) n'est pas des plus brillantes. Je pense qu'on leur a demandé de jouer de manière très appuyée, voire outrée. Quel contraste avec les personnages numériques, souvent bien plus subtils !

cinéma,cinema,film,films

   Comme dans le premier volet, c'est techniquement remarquable. J'adore ces personnages, dont le pelage ressort magnifiquement sur un grand écran. Ils sont aussi souvent drôles, à l'image de la benjamine lapine, dont le comportement connaît des changements radicaux après qu'elle a ingéré une impressionnante quantité de sucreries...

   Bref, c'est (la plupart du temps) drôle, joli à voir, avec quelques leçons de morale : il faut manger des fruits et légumes, ne pas se bourrer de sucreries et, surtout, quand on habite la campagne, se méfier des citadins, animaux comme humains.

12:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Pierre Lapin II

   Trois ans après la sortie du premier volet, les personnages de Béatrix Potter sont de retour sur grand écran. Ce film-ci est la suite quasi immédiate du précédent, puisqu'il démarre par le mariage des deux humains, Béa (Rose Byrne) et Thomas (Domhnall Gleeson), qui se sont rencontrés dans le premier volet. Les spectateurs ont d'ailleurs l'occasion de choisir leur version préférée de la cérémonie, la conventionnelle... ou bien une autre, un peu plus foutoir...

   Ce début est entraînant, mais la suite subit un coup de mou. Pendant un moment, j'ai redouté que les scénaristes ne se soient contentés de reproduire l'antagonisme entre Thomas et les lapins (Pierre en particulier). Cela manquait de saveur et, signe qui ne trompe pas, la salle garnie de têtes blondes ne riait plus.

   Fort heureusement, les péripéties cocasses reviennent, donnant naissance à quelques séquences très enlevées. Je recommande le passage chez la famille adoptive, pour certains animaux. Pierre, associé à une nouvelle connaissance, y fait merveille. Un pic est atteint lors du braquage du marché fermier, un petit bijou de mise en scène. Je ne vais pas m'étendre sur le dernier temps fort (qui constitue une revanche), mais sachez que l'association des animaux et des humains se révèle très efficace.

   Je me dois quand même de signaler aux adultes que la prestation des "vrais" acteurs (Byrne et Gleeson) n'est pas des plus brillantes. Je pense qu'on leur a demandé de jouer de manière très appuyée, voire outrée. Quel contraste avec les personnages numériques, souvent bien plus subtils !

cinéma,cinema,film,films

   Comme dans le premier volet, c'est techniquement remarquable. J'adore ces personnages, dont le pelage ressort magnifiquement sur un grand écran. Ils sont aussi souvent drôles, à l'image de la benjamine lapine, dont le comportement connaît des changements radicaux après qu'elle a ingéré une impressionnante quantité de sucreries...

   Bref, c'est (la plupart du temps) drôle, joli à voir, avec quelques leçons de morale : il faut manger des fruits et légumes, ne pas se bourrer de sucreries et, surtout, quand on habite la campagne, se méfier des citadins, animaux comme humains.

12:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 04 juillet 2021

Le Procès de l'herboriste

   Fête du cinéma, acte V.

   Cette coproduction internationale, tournée en tchèque (et en allemand), est une sorte de biopic de Jan Mikolásek, un fils de jardinier devenu guérisseur. Il a connu la Première Guerre mondiale (dans l'armée austro-hongroise), la Ière République tchécoslovaque, le démembrement du pays suivi de l'occupation allemande et, enfin, la dictature communiste.

   Le film débute par le décès d'un président tchécoslovaque, Antonin Zápotocký, un communiste modéré qui a protégé Mikolásek des foudres des staliniens. À partir de là s'enclenche un engrenage, mêlant incompréhension, jalousie et règlements de comptes, qui aboutit au procès du "charlatan". Pendant que les nuages s'assombrissent au-dessus de la tête du guérisseur, des retours en arrière nous font découvrir les principales étapes de son existence.

   La réalisatrice Agnieszka Holland (auteure l'an dernier de L'Ombre de Staline) nous propose une vision un peu scolaire sur la forme, mais dérangeante sur le fond. Mikolásek n'était pas un homme ordinaire : d'abord incroyant, il est devenu de plus en plus pieux avec l'âge ; politiquement, il s'est accommodé de tous les régimes (acceptant de soigner aussi bien des pauvres que des riches, des nazis que des communistes...) ; enfin, bien que marié, il semble avoir entretenu au moins une liaison homosexuelle.

   Mais ce qu'on lui reproche est d'abord de pratiquer une médecine qui, pour les patients qu'il guérit, s'apparente à de la magie. Très tôt, il a senti qu'il avait un don, qu'il a pu cultiver grâce à ses connaissances en botanique. Il a rapidement su quels sont les effets de telle ou telle plante. Il lui manquait la compétence en diagnostic, qu'il a acquise auprès d'une guérisseuse, qui lui a montré comment analyser l'urine des patients.

   Celui qui refusait d'être appelé "docteur" s'est fait des ennemis par son refus d'engagement politique (à l'exception de l'aide aux démunis), par son attitude hautaine, son appât du gain (paradoxal)... et sans doute aussi par sa vie privée que d'aucuns jugeaient scandaleuse.

   Je ne connaissais pas cette histoire assez extraordinaire, que ce film a le mérite de nous raconter de manière prenante.

   P.S.

   On reconnaît la patte d'Agnieszka Holland à plusieurs éléments. Outre le classicisme de la mise en scène, il faut signaler l'importance accordée à la foi chrétienne et la mise dos-à-dos des deux totalitarismes (stalinisme et nazisme) : l'arrestation du héros par la Sûreté de l'État ressemble bigrement à celle qu'il a subie, quelques années auparavant, par la Gestapo.

   P.S. II

   Avis aux âmes sensibles : le film contient une scène presque insoutenable, impliquant des chatons.

Le Procès de l'herboriste

   Fête du cinéma, acte V.

   Cette coproduction internationale, tournée en tchèque (et en allemand), est une sorte de biopic de Jan Mikolásek, un fils de jardinier devenu guérisseur. Il a connu la Première Guerre mondiale (dans l'armée austro-hongroise), la Ière République tchécoslovaque, le démembrement du pays suivi de l'occupation allemande et, enfin, la dictature communiste.

   Le film débute par le décès d'un président tchécoslovaque, Antonin Zápotocký, un communiste modéré qui a protégé Mikolásek des foudres des staliniens. À partir de là s'enclenche un engrenage, mêlant incompréhension, jalousie et règlements de comptes, qui aboutit au procès du "charlatan". Pendant que les nuages s'assombrissent au-dessus de la tête du guérisseur, des retours en arrière nous font découvrir les principales étapes de son existence.

   La réalisatrice Agnieszka Holland (auteure l'an dernier de L'Ombre de Staline) nous propose une vision un peu scolaire sur la forme, mais dérangeante sur le fond. Mikolásek n'était pas un homme ordinaire : d'abord incroyant, il est devenu de plus en plus pieux avec l'âge ; politiquement, il s'est accommodé de tous les régimes (acceptant de soigner aussi bien des pauvres que des riches, des nazis que des communistes...) ; enfin, bien que marié, il semble avoir entretenu au moins une liaison homosexuelle.

   Mais ce qu'on lui reproche est d'abord de pratiquer une médecine qui, pour les patients qu'il guérit, s'apparente à de la magie. Très tôt, il a senti qu'il avait un don, qu'il a pu cultiver grâce à ses connaissances en botanique. Il a rapidement su quels sont les effets de telle ou telle plante. Il lui manquait la compétence en diagnostic, qu'il a acquise auprès d'une guérisseuse, qui lui a montré comment analyser l'urine des patients.

   Celui qui refusait d'être appelé "docteur" s'est fait des ennemis par son refus d'engagement politique (à l'exception de l'aide aux démunis), par son attitude hautaine, son appât du gain (paradoxal)... et sans doute aussi par sa vie privée que d'aucuns jugeaient scandaleuse.

   Je ne connaissais pas cette histoire assez extraordinaire, que ce film a le mérite de nous raconter de manière prenante.

   P.S.

   On reconnaît la patte d'Agnieszka Holland à plusieurs éléments. Outre le classicisme de la mise en scène, il faut signaler l'importance accordée à la foi chrétienne et la mise dos-à-dos des deux totalitarismes (stalinisme et nazisme) : l'arrestation du héros par la Sûreté de l'État ressemble bigrement à celle qu'il a subie, quelques années auparavant, par la Gestapo.

   P.S. II

   Avis aux âmes sensibles : le film contient une scène presque insoutenable, impliquant des chatons.