mardi, 26 décembre 2023
Une Equipe de rêve
Taila Watiti a embarqué une bande de potes à Hawaï, pour y tourner une fiction commémorant le parcours (réel) de l'équipe de football des Samoa américaines en 2011, lors des éliminatoires de la coupe du monde devant se dérouler au Brésil.
Avant cela, on découvre l'humiliation subie par cette équipe, dix ans plus tôt, face à l'Australie (0-31). L'arrivée d'un nouvel entraîneur, européen, ancien joueur de haut niveau, caractériel, est censée remettre les Samoans sur de bons rails. Cet entraîneur est interprété par Michael Fassbender, qui s'en sort bien dans un rôle atypique pour lui.
Le début est comique quand on constate la nullité faiblesse du niveau des joueurs. Non seulement ils disposent de peu de qualités individuelles, mais ils peinent à évoluer ensemble, sur le terrain. Ne parlons pas de leur peu d'acharnement à l'entraînement... Il faut dire que tout ce petit monde cumule deux ou trois emplois à côté, afin de pouvoir vivre sa passion du football.
Bien évidemment, au départ, entre l'entraîneur et les joueurs, cela ne va pas fonctionner. Bien évidemment, par la suite, l'Européen psycho-rigide va s'adapter aux coutumes locales, tandis que, grâce à des méthodes d'entraînement peu conventionnelles, il va parvenir à faire de sa bande de bras cassés une équipe capable d'enfin défendre ses chances sur le terrain. Au passage, le coach va régler ses problèmes personnels, plus profonds qu'on ne l'image au départ.
Compte tenu de la charge comique quelque peu dévalorisante qui pèse sur les joueurs (et certains autres habitants), je pense que ce film n'aurait pas pu voir le jour sous la houlette d'un réalisateur blanc. Le fait que Watiti soit un métis maori a dû jouer en sa faveur... en plus de sa réputation et de sa capacité à récolter les fonds, bien entendu. (Ceci dit, le gugusse, qui m'avait favorablement impressionné avec Thor : Ragnarok, m'a déçu avec Jojo Rabbit et Thor : Love and Thunder.)
Du côté sociétal, il faut noter la mise en valeur d'un joueur transgenre, interprété par un acteur lui-même transgenre, Kaimana, très convaincant dans le rôle.
Il ne faut pas se laisser décourager par l'introduction, durant laquelle un pasteur s'adresse à la caméra. Le réalisateur n'a pas pu s'empêcher de faire une apparition peu subtile dans son film. (N'est pas Hitchcock qui veut...) C'est le narrateur de l'histoire.
La suite est de meilleure qualité, sans produire d'étincelle. On navigue entre Rasta Rockett et Meurtres au paradis, sans en atteindre le niveau.
lundi, 28 août 2023
La Coupe du monde mise en pièces
Dans un peu plus d'une semaine, de grands malabars musclés originaires de tous les continents vont commencer à se rentrer dedans, en short, sur gazon vert. Le début de la Coupe du monde de rugby (à XV) approche... et c'est en faisant mes courses que je m'en suis rendu compte :
J'ai récupéré une pièce de deux euros, dont, curieusement, la Monnaie de Paris ne signale la disponibilité qu'à partir du... 8 septembre !
Au centre est dessiné un joueur sur le point de réaliser une passe (à la main). On note la présence des deux doubles poteaux, alors que le terrain a été remplacé par le globe terrestre, sans qu'il soit possible de distinguer de quel hémisphère il s'agit. (Dans le ciel semble être présente la planète Saturne, qui est visible des deux hémisphères. La faible hauteur -par rapport à la surface terrestre- pourrait indiquer que nous sommes dans l'hémisphère Nord.)
Le texte principal est gravé deux fois : en arc de cercle au-dessus de la scène et, en petits caractères, en bas à gauche. On repère aussi, en bas à droite, les majuscules RF (symboles de la France), ainsi que, semble-t-il, une corne d'abondance (à gauche)... et peut-être le poinçon du graveur ou de l'imprimerie, à droite.
18:20 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sport, sports, rugby, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, france
mercredi, 03 août 2022
Depardieu en Jules Rimet
Nous sommes en 2022, année de coupe du monde de football (masculine). Il n'est donc pas étonnant que resurgisse la figure du fondateur de la compétition, Jules Rimet, dont j'ai déjà parlé du journal, réédité il y a quelques années. Au détour d'un récent article consacré à cette auguste figure, j'ai découvert que la FIFA avait financé le tournage d'un film, il y a près de dix ans. (Il aurait coûté 27 millions de dollars de l'époque.) Hélas, United Passions n'est jamais sorti dans les salles françaises et les personnes qui l'ont vu à l'époque en sont sorties plutôt atterrées.
Aujourd'hui, il peut être visionné, sur la Toile. Je me suis donc offert une séance numérique footballistique, en anglais (ou plutôt en globish). C'est la première curiosité de ce long-métrage : si l'on excepte quelques passages brésiliens en portugais, tous les personnages s'expriment dans un jargon anglo-saxon, même dans la première moitié du XXe siècle, quand les élites avaient encore coutume de dialoguer dans la langue de Molière.
C'est d'autant plus regrettable que des Français ont joué un rôle capital dans la naissance de la FIFA et la création de la coupe du monde. La première partie du film présente ainsi l'action d'un drôle d'attelage, composé du Français Robert Guérin et du Néerlandais Carl Hirschmann, les pionniers de la fédération sportive, associés notamment aux Belges et aux Espagnols.
Visiblement, on a demandé à Serge Hazanavicius de bien insister sur son accent français... et sur son supposé tempérament emporté. C'est assez cliché. Je suis plus convaincu par la prestation de Fisher Stevens, un bon comédien américain, habitué des séries télévisées, qu'on a pu apercevoir récemment dans The French Dispatch.
Cette mise en bouche pose l'un des problèmes de la FIFA naissante : l'absence des Britanniques (et des Sud-Américains). Le portrait qui est fait des hiérarques d'outre-Manche mérite le détour...
L'aventure prend un tour encore plus français après la Première Guerre mondiale, puisque Jules Rimet devient président de la FIFA, un poste qu'il a occupé pendant plus de trente ans. Il est incarné par notre Gégé poutinien national :
Avec son anglais maladroit, Depardieu réussit tout de même à faire toucher du doigt l'idéalisme de Rimet... même si, physiquement, il ne ressemble guère à celui-ci. Le problème est que la plupart des scènes dans lesquelles figurent Gégé sont mal jouées, quand bien même elles font (parfois) intervenir de bons acteurs (comme Jemima West, dans le rôle de sa fille).
Derrière cet assemblage de bric et de broc pointe le propos principal du film : les dirigeants de la FIFA ont toujours cherché à faire le bien de l'humanité. Ils sont antinazis, antiracistes... Au cas où on ne l'aurait pas compris, à intervalle régulier, la trame historique est entrecoupée de courtes séquences contemporaines, montrant des jeunes jouant au football dans un quartier populaire. C'est évidemment un groupe métissé, au sein duquel se trouve une fille, dont on peut prédire dès le début quel finira par être le rôle.
Notons que la partie "Rimet" de l'histoire fait intervenir un personnage trouble, un diplomate uruguayen qui a beaucoup œuvré à l'organisation de la première coupe du monde dans son pays. Il est interprété avec talent par Antonio de la Torre, qu'on ne s'attendait pas à trouver dans ce genre de production :
La séquence consacrée au premier Mondial est aussi l'occasion de croiser l'auteur du trophée d'origine, appelé "coupe Jules Rimet", mais dû à Abel Lafleur, un Aveyronnais qui apparaît très soucieux de ses intérêts financiers :
Le passage consacré à la Seconde Guerre mondiale confirme que la rigueur historique n'est pas au rendez-vous. La manière dont le célèbre "match de la mort" est raconté colle parfaitement à la version répandue à l'époque par la propagande soviétique... beaucoup moins à la réalité des faits, établie depuis longtemps par les historiens, y compris ukrainiens.
La seconde (grosse) moitié du film est consacrée à l'action d'un duo de fripouilles : João Havelange et Joseph (Sepp) Blatter, qui se sont succédé à la tête de la FIFA entre 1974 et 2015.
Ils sont interprétés par deux très bons acteurs : Sam Neill et Tim Roth. Il est toutefois étonnant qu'on n'ait pas trouvé mieux que deux Britanniques pour incarner un Brésilien (certes d'origine belge) et un Suisse alémanique. Dans les premières scènes dans lesquelles il apparaît, Tim Roth adopte ce qui ressemble à un accent germanique, avant que sa progressive montée en grade (au sein de la FIFA) ne le voie s'exprimer dans un anglais de plus en plus fluide.
Concernant ces deux figures controversées, le film ne pouvait pas se permettre de (trop) verser dans l'hagiographie. Comme il a été produit en 2013-2014 (à l'ère Blatter), on a visiblement choisi de plus "charger" le personnage de Havelange. Celui-ci est présenté comme un habile manipulateur, âpre au gain et pas toujours soucieux des valeurs humanistes. Je trouve que le film montre bien le tournant furieusement commercial opéré par l'improbable duo. Des liens sont précocement noués avec des sponsors, en particulier Adidas et Coca Cola. Blatter est chargé des basses œuvres, semble-t-il... mais tout cela reste très allusif, tout comme la manière dont l'argent circule...
La période Blatter atteint un sommet, dans son genre. Le nouveau président apparaît comme un quasi-chevalier blanc, remettant en question les vieilles pratiques. Bref, alors qu'il contrôlait presque tout sous Havelange, les dérives seraient la faute des autres ! Le plus cocasse est que, dans la volonté de placer Blatter sur un piédestal, on n'hésite pas à mentir sur sa biographie. Dans une scène au cours de laquelle son assistante lui demande de répondre à ceux qui le traînent dans la boue (mud), il répond qu'il s'accommode très bien de celle-ci, puisqu'il a grandi dans une ferme... un passage qui a dû faire hurler de rire dans le petit monde du football, où l'on sait que le père de Blatter était cadre intermédiaire dans une entreprise chimique...
Le film s'achève de manière caricaturale, d'un côté avec la jeune footballeuse, de l'autre avec l'attribution de la coupe du monde 2010 à l'Afrique du Sud, montrée comme un symbole de la démocratisation du football voulue par Blatter.
P.S.
Du côté français, on s'attend évidemment à ce que les exploits des joueurs hexagonaux apparaissent à l'écran, ne serait-ce que furtivement. La génération Kopa est absente du film. Celle de Platini y figure bien, mais peut-être en raison de la place prise par l'ancien numéro 10 dans les instances internationales. La victoire de 1998 a droit à un peu plus de place... pas forcément pour de bonnes raisons. Si la coupe du monde organisée en France est présentée comme un grand succès commercial, elle sert aussi d'illustration à ce dont la FIFA ne veut pas : la violence autour des stades. Rappelez-vous, à l'époque, les hooligans anglais, allemands et néerlandais étaient venus foutre la merde en France. Un gendarme (David Nivel) en avait été la victime emblématique. Il avait survécu à l'agression, mais en était sorti lourdement handicapé.
samedi, 30 juillet 2022
La première femme vainqueure aux Jeux Olympiques
Aujourd'hui, en lisant Le Monde, un détail a piqué ma curiosité. Au détour d'un article consacré à l'équipe états-unienne de cyclisme féminin, le nom de Cynisca est apparu. (Elle a été choisie pour dénommer la nouvelle équipe américaine.) Née sans doute vers 440 avant JC, elle a remporté à deux reprises la course de chars lors des Jeux Olympiques antiques, vraisemblablement en 396 et 392 avant JC.
Certains de mes lecteurs, férus d'histoire, pourraient arguer de l'impossibilité de ces victoires, les femmes étant exclues de ces Jeux, des participants comme du public (sous peine de mort). En revanche, les femmes non mariées pouvaient participer à des jeux spécifiques, dits héréens (les Heraia).
Ce serait négliger un détail : aux Jeux était déclaré vainqueur non le conducteur du char, mais son propriétaire (et entraîneur). Cynisca, sœur du roi de Sparte Agesilas II, a bel et bien possédé un équipage, à l'entraînement duquel elle aurait veillé. Les historiens ont longtemps débattu du rôle réel de cette aristocrate. Les auteurs de l'Antiquité (souvent misogynes) avaient tendance à présenter la candidature de Cynisca comme un moyen pour son frère de ridiculiser les Jeux et leur prétention à couronner une forme de « mérite ». Des études plus récentes (et plus poussées) tendent à montrer que Cynisca aurait agi avec une relative indépendance, sans doute avec le soutien discret et bienveillant de son frère, qui voyait là un moyen de rehausser le prestige de sa cité et de sa lignée. Il convient donc de se garder de tout anachronisme : les victoires de l'équipage de Cynisca sont celles d'une Spartiate et d'une (riche) aristocrate plus que celles d'une femme.
Elle a été glorifiée de son vivant et après sa mort, avant de tomber progressivement dans l'oubli. D'autres femmes réussirent à inscrire aussi leur nom au palmarès : la Spartiate Euryléonis et la Macédonienne Bérénice, devenue reine d’Égypte.
Cynisca n'a pas attendu le XXIe siècle pour voir son image utilisée à des fins féministes. Ainsi, au début du XIXe siècle, l'écrivaine Sophie de Renneville (qui a notamment participé à l'Athénée des dames) l'a représentée en conductrice de char :
Si vous avez lu attentivement le début de ce billet, vous savez que cette représentation est mensongère, puisque les femmes ne pouvaient pas participer aux Jeux Olympiques. Peut-être faut-il plutôt y voir une allégorie...
Plus récemment, à l'occasion des Jeux de Tokyo, une série a été produite, sous forme de mini-manga. Elle met en scène Moa, une adolescente sportive (sans doute japonaise), qu'un génie facétieux (baptisé Oly) envoie régulièrement dans l'Antiquité. L'un des épisodes lui fait rencontrer Cynisca :
Dans cette historiette, si l'on voit à plusieurs reprises l'héroïne conduire un char, c'est dans la vie quotidienne et à l'entraînement (ce qui est plausible). Pas en compétition. (C'est la tâche assignée au jeune garçon se trouvant à sa droite, qu'elle va devoir former.) Toutefois, ce petit film est entaché de deux erreurs majeures : Cynisca y assiste à la course finale (faux) et elle semble être âgée (au plus) d'une vingtaine d'années, la moitié de son âge à l'époque des faits.
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samedi, 30 avril 2022
Becker, Londres... et la France
Ce samedi soir, en famille, nous avons regardé le JT de France 2. (Quelqu'un reprend des carottes râpées ?) Une grosse moitié fut consacrée au conflit russo-ukrainien. (Tu m'as bien dit saignante, ton entrecôte ?) Mon attention fut attirée par un sujet plus anecdotique, sans doute placé juste après pour faire retomber la tension. (Dis donc, Riton, tu ne vas tout de même pas finir la bouteille de rouge tout seul ?) Il était question des ennuis judiciaires de l'ancien champion de tennis allemand Boris Becker. (Marcel, pousse-toi, je ne vois pas la tête du tennisman !)
Ce ne sont pas les ravages du temps sur le physique de l'ex-athlète d'exception qui m'ont intéressé, mais le symbole figurant à l'entrée du tribunal londonien. (Mais non, c'est pas en Allemagne ; il est jugé à Londres parce qu'il habite le Royaume-Uni... depuis au moins dix ans d'ailleurs !)
Sur les armoiries britanniques figure la devise du royaume... en français : "Dieu et mon roi". C'est un lointain héritage de la conquête normande, la noblesse continentale ayant imposé sa langue outre-Manche. (Riton, arrête de faire ton malin... et passe-moi les frites !) La formule, qui serait due à Richard Coeur-de-Lion, est devenue la devise officielle au XVe siècle.
Mais la "francitude" de la monarchie anglaise ne s'arrête pas là. Une seconde formule figure sur les armoiries : "Honi soit qui mal y pense". Son origine remonterait elle aussi au Moyen Age, toujours à l'époque de la Guerre de Cent-Ans, mais au XIVe siècle. L'anecdote (peut-être apocryphe) se déroule à la cour du roi Edouard III et voit la naissance de l'Ordre de la Jarretière. (Bon, ça me saoule cette histoire de tennisman malhonnête... on pourrait pas plutôt parler de l'affaire PPDA ?)
Comme quoi, on peut trouver son bonheur dans un journal télévisé grand public.
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vendredi, 29 avril 2022
Le Stade
Ce documentaire en noir et blanc... et rouge (pour les incrustations) nous raconte la deuxième partie de la saison 2020-2021 de ce club de rugby "mythique", de mars à juin 2021. Je pense rien dévoiler aucun secret en rappelant que ce fut une saison exceptionnelle, conclue par un titre européen et le titre national, remportés tous deux contre la même équipe en finale (La Rochelle).
A l'arrière-plan se trouve la pandémie de covid-19 : on voit des personnes porter (plus ou moins rigoureusement) un masque, des stades vides de public, un effectif rarement au complet, que ce soit pour cause de maladie ou de blessure.
C'est l'un des mérites de ce film que de ne pas cacher la brutalité de ce sport, certes davantage réglementé qu'autrefois, mais désormais pratiqué par des immeubles ambulants, des boules de muscles dont il vaut mieux ne pas croiser le chemin. Certains regretteront le temps où un "quinziste" musclé sec pouvait faire office de demi ou d'ailier. Au très haut niveau, aujourd'hui, cela ne semble plus possible. Quelques scènes nous font entrapercevoir la quantité d'efforts à fournir par les athlètes pour acquérir la masse musculaire requise. On ne nous dit cependant rien de leur régime alimentaire.
La première partie relate principalement le début de la phase finale du championnat de France. La seconde est concentrée sur la Coupe d'Europe, notamment l'exploit réalisé en huitième de finale : la victoire en Irlande, face au Munster, jamais obtenue auparavant. A côté de certains moments épiques (très bien filmés, même si je regrette le faible nombre de vues du dessus), la finale (contre La Rochelle) laisse un goût d'inachevé, sur le terrain comme à l'écran. Mais, dans ce match, l'essentiel était de gagner.
La fin du documentaire souligne les difficultés à terminer la saison... mais, comme tous les bons clubs français sont allés très loin dans les coupes européennes, en juin, tout le monde est fatigué et les effectifs sont rarement au complet.
A l'issue de cette plongée dans la vie du club, on comprend qu'outre les efforts physiques, la répétition des schémas tactiques, l'habileté d'une équipe d'entraîneurs (autour du charismatique Ugo Mola) et le travail sur le mental, il a fallu... de l'argent. Ces dernières années, le premier budget (annuel) du Top 14 oscille entre trente et cinquante millions d'euros (39 millions pour la saison 2021-2022). Voilà une information qui fera sourire les spécialistes de football : le PSG qatari s'appuie sur un apport annuel de 620 millions d'euros, le budget du Stade toulousain correspondant à celui d'Angers ou de Brest, l'un des quatre derniers...
On peut faire le même type de remarque à propos des salaires des joueurs (hors contrats publicitaires personnels). Dans le Top 14, c'est le Sud-Africain Handré Pollard (qui a sans doute de lointaines origines françaises) qui est le mieux payé (1,19 million par an), le Français touchant le plus étant Antoine Dupont (du Stade toulousain), avec 600 000 euros. C'est à comparer à ce que gagnent les footeux (les trente mieux payés), de 300 000 à 3 millions d'euros ... par mois (3,246 millions pour Lionel Messi cette saison).
Pour apprécier pleinement ce documentaire, je pense qu'il faut quand même s'intéresser un peu au rugby... ou au physique des joueurs !
15:24 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, occitanie, sport, sports, toulouse, toulousains, toulousain
vendredi, 06 août 2021
Nadia, Butterfly
Tourné en 2019 pour sortir en 2020, au moment des Jeux de Tokyo (durant lesquels est censée se dérouler l'action), ce film a subi le même sort que les compétitions olympiques : le report. Son arrivée dans les salles obscures françaises est opportune à plusieurs titres, d'autant qu'il aborde un sujet qui a récemment fait l'actualité (à propos de la joueuse de tennis Noami Osaka et de la gymnaste Simone Biles) : la difficulté d'être une sportive professionnelle et la charge mentale qui pèse sur les jeunes femmes. (Les Frenchies auront tendance à faire le lien avec le cas Laure Manaudou.)
Cette fiction à caractère documentaire revêt donc plusieurs intérêts. Notons que les quatre actrices principales sont nageuses de formation. Dans l'intrigue, elles constituent une équipe de relais canadien, où l'on trouve "l'ancienne" (qui approche la trentaine !) en fin de carrière, deux nageuses confirmées plus jeunes et le grand espoir national (encore mineure). Trois sont québécoises, la quatrième anglophone stricte.
L'héroïne est Nadia, spécialiste du papillon (d'où le titre). À 23 ans, elle est un pilier de l'équipe nationale et l'une des meilleures spécialistes mondiales de sa discipline. On la suit tout d'abord à l'entraînement, avec de superbes plans de piscine. Un regard extérieur aurait tendance à la voir comme une machine : la jeune femme aux larges épaules et aux cuisses musculeuses enchaîne les longueurs avec une apparente impassibilité. En réalité, cela bouillonne dans sa tête : elle a décidé d'arrêter la natation et de reprendre ses études après les Jeux. Cela suscite beaucoup d'incompréhension dans son entourage où, curieusement, on note l'absence totale des membres de sa famille (même en communication à distance).
La compétition, à Tokyo, est filmée de manière classique. Notons que le scénariste avait quasiment prévu l'exact podium du relais (dont la finale s'est déroulée le 1er août dernier) ! En alternance, on nous montre les à-côtés de la vie des sportifs du village, entre soirées, obligations médiatiques et découverte du Japon. La scène qui voit Nadia tenter de gagner une peluche (de la mascotte olympique) à un jeu de capture est symbolique de ce que vit la jeune femme, qui peine à obtenir ce qu'elle veut... pour finalement changer d'avis. Elle ne sait plus trop où elle en est.
Les Jeux sont aussi l'occasion de faire des rencontres... du moins quand sa part de compétition est achevée. Deux des membres du relais vont s'offrir une soirée déjantée, avec maquillage, godasses de "poulette", musique, alcool fort et mecs dispos. Cette séquence devrait rayonner de bonheur... mais le mal-être n'est pas loin.
Nadia, qui a consacré la majeure partie de son temps à la natation depuis l'âge de dix ans, a l'impression d'être passée à côté de sa jeunesse. La période des Jeux est celle des choix, non sans regrets, contre lesquels elle tente de se prémunir à l'aide de son smartphone. (Soyez attentifs à ce qu'elle fait avec.)
J'ai trouvé cette histoire très touchante, avec des interprètes authentiques et une caméra près des corps, mais sans impudeur.
lundi, 02 août 2021
Les Sorcières de l'Orient
Entre 1960 et 1982, le Japon fut une nation majeure du volley-ball féminin, avec deux titres olympiques, trois de championnes du monde et cinq places de finaliste, toutes compétition confondues.
Ce documentaire, tourné par le Français Julien Faraut, rend hommage à la première génération de volleyeuses championnes, celle des années 1960, surnommée par les Soviétiques "les sorcières de l'Orient". Le film entremêle les séquences tournées au XXIe siècle, des extraits de manga (apparemment de la série Les Attaquantes, même si j'ai parfois eu l'impression de revoir Jeanne et Serge) et des images d'époque (actualités, reportage sur les joueuses et extraits de matchs).
Pour qui a déjà pratiqué le volley-ball, il est évident que les adaptations animées manquent de réalisme (contrairement aux versions papier, paraît-il). Toutefois, le choix des extraits est pertinent, parce que ceux-ci font écho à ce qu'on peut voir dans les images d'archives ou celles tournées très récemment. Le montage a été judicieux.
Le documentaire est particulièrement évocateur lorsqu'il s'appuie sur les films tournés dans les années 1960, auxquels sont juxtaposés les témoignages de celles qui sont désormais souvent grands-mères (quand elles sont encore en vie). La plus jeune devait avoir, au moment du tournage, autour de 75 ans ! Deux d'entre elles font encore beaucoup d'efforts pour rester en forme, l'une continuant à promouvoir son sport de prédilection auprès des jeunes générations.
À ce sujet, le contraste entre les années 1960 et notre époque est flagrant au niveau de l'entraînement (même si les groupes filmés n'évoluent pas au même niveau). À celles et ceux qui l'ignoreraient, le documentaire montre quels sacrifices il faut être prêt(e) à faire pour jouer au très haut niveau. On a d'ailleurs eu tendance à estimer que le charismatique entraîneur des Japonaises avait quasiment fait œuvre de maltraitance auprès des joueuses. C'était oublier un peu vite les conditions dans lesquelles ces jeunes femmes vivaient, à l'époque. La majorité avait perdu son père très jeune (surtout à cause de la Seconde Guerre mondiale). Presque toutes ont découvert le volley-ball au lycée et ont continué une fois devenues actives. C'étaient des ouvrières du textile. Je pense qu'on peut considérer que, vu la place des femmes au Japon à cette époque et vu leur situation professionnelle, s'engager dans la compétition sportive de haut niveau a été perçu comme une forme d'ascension sociale et d'épanouissement personnel. (On pourrait comparer cela à l'épopée des Verts au football, en France, dans les années 1960-1970.) L'emploi du temps des joueuses n'en était pas moins effrayant ! Quoi qu'il en soit, l'équipe est devenue très populaire, parce qu'elle a contribué au regain de fierté nationale d'un pays qui cherchait à retrouver le lustre passé (celui d'avant 1945).
Sur le plan cinématographique, ce n'est pas particulièrement emballant. La réalisation est très classique. Mais quel sujet !
samedi, 19 juin 2021
5ème set
Thomas Edison (!), ancien grand espoir du tennis français, ne se résout pas à raccrocher la raquette. À bientôt 37 ans, il pense avoir retrouvé la grande forme, celle qui lui avait permis, des années auparavant, d'atteindre la demi-finale de Roland-Garros, perdue au cinquième set.
J'y suis allé à tout hasard, incité par la présence au générique d'Alex Lutz. Je trouve que ce comédien, dont la carrière me semblait anodine, a pris de l'épaisseur, ces dernières années. Le voici dans le rôle d'un has been, qui vit pour le tennis, sa femme, son fils... et le regard de sa mère, dirigeante d'un club de tennis. Pas facile de concilier tout cela.
À la performance d'Alex Lutz il faut ajouter les très bonnes compositions de Kristin Scott Thomas (la mère) et d'Ana Girardot (l'épouse, qui a sacrifié ses aspirations tennistiques pour servir la carrière médiocre de son mari). C'est donc aussi une histoire de famille et une histoire de couple.
La réalisation est emballante. Quentin Reynaud a fait le pari de filmer les matchs à hauteur d'homme et non du dessus. Pour celles et ceux qui pratiquent ou qui ont pratiqué le tennis, cela donne une plus grande impression de réalisme. La terre battue est palpable, on sent bien la sueur, la rage, la trouille, les blessures et le désir de gloire.
La musique, signée Delphine Malaussena, contribue à donner à l'histoire le ton d'un quasi-thriller. C'est vraiment prenant du début à la fin. Le seul bémol à mon enthousiasme est la surreprésentation des marques. Quand on est à Roland, c'est inévitable, mais c'est hélas aussi très visible durant le reste de l'histoire. Sinon, c'est un très bon film... qui ne marche pas du tout en salle.
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lundi, 08 mars 2021
Qui est le raciste ?
Le racisme est (depuis des années) une plaie, dans le football comme ailleurs. Je n'ose imaginer la rage et le sentiment d'humiliation des joueurs de couleur qui, lorsqu'ils sont balle au pied, entendent des "cris de singe" provenant des tribunes, ou qui voient une (peau de) banane jetée dans leur direction.
Fort heureusement, les choses semblent évoluer dans le bon sens. Que ce soit en Italie, en Angleterre ou en Belgique, des sanctions (certes légères) ont été prises contre des supporteurs racistes.
Cependant, la volonté de bien faire peut parfois conduire à une situation ubuesque. L'affaire dite du match PSG-Basaksehir en est un bon exemple. Je pense que dans ce cas une hypersensibilité, alliée à de l'incompréhension et peut-être la volonté de faire pression sur l'arbitrage ont fait déraper la situation.
L'un des arbitres roumains a été accusé d'avoir traité l'un des entraîneurs adjoints de Basaksehir de "négro" (sous-entendu "nègre"). La confusion vient de l'emploi du mot roumain "negru" :
Il désigne la couleur noire, a priori sans connotation péjorative. On retrouve cet usage dans la dénomination d'un pays, le Monténégro, étymologiquement "montagne noire". Même si cette manière de désigner une personne n'est pas d'une grande élégance, comme les arbitres s'exprimaient entre eux, en roumain, on peut penser qu'ils ne cherchaient à offenser personne, juste à communiquer rapidement une information.
Cela n'a pas empêché le président du club turc de réclamer la radiation à vie de l'arbitre roumain accusé d'avoir employé le mot "negru". En voilà un qui aurait dû tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de s'exprimer. En effet, il semblerait que, quelques minutes avant l'incident qui allait interrompre le match, l'entraîneur adjoint de l'équipe turque (Pierre Achille Webo) aurait traité les arbitres roumains de "gitans". Sympa, non ? Aucune sanction ne semble envisagée contre lui.
vendredi, 18 septembre 2020
Rodez et le Caen-dira-t-on
Samedi dernier, le club de football ruthénois (le RAF) a pris une petite leçon, à domicile, contre le Stade Malherbe Caen (0-3). Parmi les 2 346 spectateurs du stade Paul-Lignon devaient se trouver quelques supporteurs normands, puisque, par la suite, dans les rues de Rodez, on a pu voir ce genre d'autocollant :
Aux non-initiés je précise que 1913 est l'année de création du club (l'ancêtre du RAF, le Stade Ruthénois, étant né en 1929). Les couleurs bleu et rouge sont celles du maillot officiel du SM Caen. Quant à la graphie "KAEM", elle est une forme ancienne du nom de la ville, qui remonte au Moyen-Age.
Enfin, la partie supérieure du dessin est semble-t-il occupée par une référence à une boutique de fringues pour hommes, où l'on trouve peut-être des vêtements estampillés SMC (un peu de publicité ne fait pas de mal).
20:06 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sport, sports, football, foot, occitanie, actu, actualite, actualites, acutalité, actualités
mercredi, 03 janvier 2018
Médiocrité journalistique
Aujourd'hui, alors que j'étais en voiture, j'écoutais ma radio d'information préférée. Après un flash, un entretien a été diffusé. L'invité représentait la fédération française de golf, me semble-t-il. Sa venue se justifiait par la prochaine tenue en France d'une prestigieuse compétition, la Ryder's Cup.
Mais voilà-t-y pas que l'invité se permet d'affirmer que le golf est le premier sport individuel de France... et même du monde ! Il a fini par donner des chiffres : 400 000 licenciés (pour la France) et, au total, 800 000 pratiquants. Le problème est que ces données ne font pas du golf le premier sport individuel de notre pays, ce qu'un des journalistes présents aurait dû rappeler aux auditeurs.
Si l'on se réfère à des statistiques de 2014, le tennis, l'équitation et le judo viennent avant le golf... et encore, on ne compte pas tous ceux qui pratiquent la marche, la natation, le jogging ou le vélo pour le plaisir. Même avec 400 000 licenciés et 800 000 pratiquants, le golf est très loin d'occuper la première place des sports individuels.
On peut compléter par des statistiques plus récentes, disponibles pour la plupart des sports français. En nombre de licenciés, le tennis est loin devant, avec plus d'un million (contre 400 000 au golf, rappelons-le). L'équitation culmine à presque 700 000 licenciés et le judo à environ 600 000. Cela fait beaucoup de démentis possibles à l'affirmation de l'invité de France Info, qui a pu tranquillement développer sa propagande son discours, les journalistes n'étant visiblement là que pour lui servir les plats.
De manière générale, je suis agacé par la médiocrité de certains programmes d'information radiophonique. Beaucoup de journalistes ne sont que des animateurs, qui visiblement travaillent peu leurs sujets et ne sont pas dotés d'une grande culture personnelle. Les sujets abordés sont trop souvent survolés.
PS
Un peu plus tard dans la journée, une représentante d'ATTAC n'a pas bénéficié du même traitement de faveur. Le journaliste qui l'a interrogée l'a un peu contredite, ce qui l'a obligée à préciser son argumentation... et c'était très bien comme ça. Une bonne radio d'information doit un peu titiller les neurones et non pas se contenter de déverser du liquide vaisselle dans les oreilles de ses auditeurs.
17:08 Publié dans Presse, Société, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme, sports, france
samedi, 05 novembre 2016
Mercenaire
Il a fallu presque un mois pour que ce film, dont l'acteur-vedette a été étudiant à Rodez (au lycée Monteil), soit programmé dans le cinéma du chef-lieu aveyronnais. D'ailleurs, le 7 octobre dernier, le quotidien Centre Presse, dans un bref article intitulé "Du XV à Aurillac à Cannes" regrettait l'absence du film des écrans aveyronnais :
Cap Cinéma s'est rattrapé mercredi dernier, en organisant une soirée spéciale, en présence de l'acteur principal, Toki Pilokio, actuellement joueur de rugby à Aurillac. Par contre, si l'on a raté cette occasion, il n'est pas facile de voir le film à Rodez, les autres séances ayant été programmées à des horaires propres à satisfaire uniquement les chômeurs, les retraités et les femmes au foyer.
Mais revenons à l'oeuvre. Le titre fait référence à la réplique d'un personnage, qui reproche son comportement au héros. Pourtant, à ce moment de l'intrigue, ce n'est pas à un mercenaire que fait penser Soane, mais plutôt à un domestique, tant on peut dire que sa situation n'a rien de mirobolant.
L'histoire commence en Nouvelle-Calédonie, où réside la plus importante communauté wallisienne du monde (plus qu'à Wallis-et-Futuna même, une collectivité d'outre-mer qui a tendance à se dépeupler). Toute la première partie (en dialecte sous-titré, la plupart du temps) est un tableau sociologique d'une communauté méconnue. On découvre la complexité des liens familiaux, la précarité et les rapports de force à l'oeuvre dans la sphère masculine.
La suite se déroule en France métropolitaine. Il arrive au héros un peu l'équivalent de ce que subit, dans le monde du football, le personnage principal de Comme un lion. Au départ, pour la plupart des Métropolitains, c'est un Maori. Personne ou presque ne semble être conscient de ses difficultés. Même dans la "communauté" wallisienne, il n'a pas que des amis. Mais il fait la rencontre de Coralie, une aventure d'un soir qui pourrait bien changer sa vie. Signalons la qualité de la composition de l'actrice Iliana Zabeth (dont certaines expressions du visage ne sont pas sans rappeler celui de Léa Seydoux), qu'on a vue récemment dans Les Cowboys.
Le jeune Wallisien ayant des aptitudes physiques et de la pratique (au rugby), il se fait remarquer et comprend qu'il a de l'avenir dans ce sport... à condition d'accepter certains "accommodements". C'est courageux de la part du réalisateur de montrer les travers d'un monde qu'on a tendance à idéaliser, en comparaison de l'univers de football. Notons que les scènes de match et d'entraînement sont très réalistes.
Pour Soane (le héros), cette aventure est initiatique. Il va devoir rapidement mûrir et régler ses problèmes, parfois de manière "virile". Rien n'est édulcoré, mais la mise en scène n'est pas racoleuse. Elle est bien servie par une musique et des chants parfois envoûtants.
Vraiment, si vous avez l'occasion de le voir, ce film est une découverte à ne pas manquer.
14:19 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, sports