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dimanche, 19 décembre 2021

House of Gucci

   ... ou quand Gucci était Gucci, pourrait-on dire. Le dernier film de Ridley Scott nous conte une ascension et une chute, confirmant ainsi une tradition prégnante dans les familles entrepreneuriales : la première génération crée, la deuxième développe et la troisième détruit.

   L'ascension est double : il s'agit de celle de Maurizio (le petit-fils qui se destine à la profession d'avocat) et de Patrizia, partie comptable dans la petite boîte familiale pour devenir la quasi-patronne du groupe de luxe.

   Le début du film montre très bien à quel point les deux "héros" sont, dans une certaine mesure, des outsiders. Maurizio est plutôt un intellectuel, de tempérament froid, assez timide et coupé des affaires de la famille. Patrizia est d'origine modeste, inculte, un brin vulgaire, mais sensuelle, pas farouche... et ambitieuse.

   Quand ce couple improbable se forme, on se dit que la "coureuse de dot" a réussi son coup... sauf que la dame est amoureuse... sentiment partagé par l'héritier (sans doute ravi d'avoir été déniaisé par une experte), très attaché à la jeune femme, qui ne manque pas de bon sens.

   La réussite de ce couple à l'écran est en grande partie due au talent des interprètes. J'ai retrouvé un très bon Adam Driver, aussi crédible en jeune coincé que, plus tard, en dirigeant retors et ambitieux. Mais cela n'a rien d'étonnant. La bonne surprise vient de Lady Gaga (Stefani Germanotta de son véritable nom), jamais vue auparavant dans un rôle consistant. La petite-fille d'immigré italien s'est parfaitement coulée dans le rôle, celui d'une jeune femme exubérante au début, devenue plus tard une redoutable matrone.

   À ces talents il faut ajouter de bons dialogues et la qualité de la photographie, dans les plans intérieurs aussi bien que dans les scènes d'extérieur. Ah, que l'Italie est belle !... même si l'on n'entend que trop peu parler la langue de Dante dans ce long-métrage, la plupart des personnages s'exprimant (mondialisation oblige, sans doute) dans un anglais marqué par un fort accent. (D'après des oreilles expertes, celui de Lady Gaga serait particulièrement factice.)

   Du côté des messieurs, Adam Driver survole une distribution certes en or, mais vacillante. J'avais souvent de la peine en regardant Al Pacino. Jeremy Irons tient mieux la route, mais il est peu présent. (J'aurais bien aimé voir De Niro dans le rôle, ce qui était prévu au départ.)

   Du côté des dames, je me dois de signaler la présence au générique de Camille Cottin, qui incarne la nouvelle compagne de Maurizio (et donc rivale de Patrizia). En quelques mois, notre Connasse nationale est donc passée des bras de Matt Damon (dans Stillwater) à ceux d'Adam Driver, à chaque fois avec talent. Je rappelle qu'on a pu aussi la voir récemment dans Mon Légionnaire. Quelle année cinématographique !

   Au final, je trouve que les 2h35 passent bien. C'est du beau travail, très classique, mais dans un bel emballage, avec, de surcroît, la présence de la musique populaire de la fin des années 1970 et des années 1980.

   P.S.

   Les héritiers Gucci seraient mécontents de l'image que le film donne de leur famille. C'est peut-être bon signe !

House of Gucci

   ... ou quand Gucci était Gucci, pourrait-on dire. Le dernier film de Ridley Scott nous conte une ascension et une chute, confirmant ainsi une tradition prégnante dans les familles entrepreneuriales : la première génération crée, la deuxième développe et la troisième détruit.

   L'ascension est double : il s'agit de celle de Maurizio (le petit-fils qui se destine à la profession d'avocat) et de Patrizia, partie comptable dans la petite boîte familiale pour devenir la quasi-patronne du groupe de luxe.

   Le début du film montre très bien à quel point les deux "héros" sont, dans une certaine mesure, des outsiders. Maurizio est plutôt un intellectuel, de tempérament froid, assez timide et coupé des affaires de la famille. Patrizia est d'origine modeste, inculte, un brin vulgaire, mais sensuelle, pas farouche... et ambitieuse.

   Quand ce couple improbable se forme, on se dit que la "coureuse de dot" a réussi son coup... sauf que la dame est amoureuse... sentiment partagé par l'héritier (sans doute ravi d'avoir été déniaisé par une experte), très attaché à la jeune femme, qui ne manque pas de bon sens.

   La réussite de ce couple à l'écran est en grande partie due au talent des interprètes. J'ai retrouvé un très bon Adam Driver, aussi crédible en jeune coincé que, plus tard, en dirigeant retors et ambitieux. Mais cela n'a rien d'étonnant. La bonne surprise vient de Lady Gaga (Stefani Germanotta de son véritable nom), jamais vue auparavant dans un rôle consistant. La petite-fille d'immigré italien s'est parfaitement coulée dans le rôle, celui d'une jeune femme exubérante au début, devenue plus tard une redoutable matrone.

   À ces talents il faut ajouter de bons dialogues et la qualité de la photographie, dans les plans intérieurs aussi bien que dans les scènes d'extérieur. Ah, que l'Italie est belle !... même si l'on n'entend que trop peu parler la langue de Dante dans ce long-métrage, la plupart des personnages s'exprimant (mondialisation oblige, sans doute) dans un anglais marqué par un fort accent. (D'après des oreilles expertes, celui de Lady Gaga serait particulièrement factice.)

   Du côté des messieurs, Adam Driver survole une distribution certes en or, mais vacillante. J'avais souvent de la peine en regardant Al Pacino. Jeremy Irons tient mieux la route, mais il est peu présent. (J'aurais bien aimé voir De Niro dans le rôle, ce qui était prévu au départ.)

   Du côté des dames, je me dois de signaler la présence au générique de Camille Cottin, qui incarne la nouvelle compagne de Maurizio (et donc rivale de Patrizia). En quelques mois, notre Connasse nationale est donc passée des bras de Matt Damon (dans Stillwater) à ceux d'Adam Driver, à chaque fois avec talent. Je rappelle qu'on a pu aussi la voir récemment dans Mon Légionnaire. Quelle année cinématographique !

   Au final, je trouve que les 2h35 passent bien. C'est du beau travail, très classique, mais dans un bel emballage, avec, de surcroît, la présence de la musique populaire de la fin des années 1970 et des années 1980.

   P.S.

   Les héritiers Gucci seraient mécontents de l'image que le film donne de leur famille. C'est peut-être bon signe !

Spider-Man : no way home

   Plutôt que "pas de retour à la maison", il aurait mieux valu intituler ce film "Spider-Man et le multivers", ce qui aurait été plus classe et (surtout) plus conforme au contenu... même si (sans trahir un secret d'État) je peux annoncer qu'à la fin, la situation du héros n'est plus celle du début. Il ne va pas retrouver l'exact monde dont il est parti.

   En attendant cette conclusion, l'histoire commence sur le mode comique. Une fois son identité secrète révélée, Peter Parker doit affronter le harcèlement des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu. S'en suit une folle échappée avec sa M-J. C'est franchement emballant et drôle. Les deux tourtereaux forment un joli couple.

   Cela se gâte quand le héros retrouve Docteur Strange. Autant j'ai eu plaisir à voir débarquer Benedict Cumberbatch, autant le tour pris par la caractérisation du personnage de Parker m'a agacé. Clairement, les scénaristes ont misé sur le côté adolescent, un peu immature et capricieux. (Fort heureusement, tous les ados ne le sont pas.) Évidemment, Parker va faire une grosse bêtise... mais une bêtise que, dans un premier temps, il contribue à réparer. (Superbe séquence de combat autour d'un pont à la clé.) C'était compter sans cette bonne vieille tante May qui, dans cette version des aventures, a les traits de Marisa Tomei. Elle est un peu "bobo gaucho", la tante May. Elle met de drôles d'idées dans la tête du jeune homme, du genre que même un criminel endurci peut être "soigné" et que donc ô grand jamais il ne faut l'envoyer à la mort, même si c'est celle qu'il a connue dans le passé.

   Ici, le propos se fait politique. Le film se place clairement sous la bannière progressiste (multiculturaliste), de surcroît adversaire de la peine de mort. Même si d'autres idées ont voix au chapitre dans l'intrigue (surtout quand on constate les dégâts provoqués par le choix de Parker), au final, la "ligne politique" est tenue.

   Cette incursion dans un débat sensible aux États-Unis est d'autant plus surprenante que l'écrasante majorité des quelque 150 minutes que dure le film est plutôt consensuelle. Entre amours adolescentes (chastes), amitié fidèle et espoir de réussite par les études, on ne peut pas dire que l'anticonformisme soit de mise.

   Au niveau du jeu des acteurs, sans surprise, c'est stéréotypé. Pas facile de faire éclater son talent devant un fond vert. Dans ce domaine, j'ai trouvé deux des vieux routiers assez convaincants : Alfred Molina (qui semble avoir vraiment aimé incarner Docteur Octopus) et Willem Dafoe, le plus ambigu de tous en Norman Osborne / Bouffon Vert.

   En parlant de vieux routiers... il ne faudrait pas que j'oublie les prestigieux anciens. Sachez, chers (potentiels) spectateurs, que, pour le prix d'un billet, vos aurez droit non pas à un, ni même à deux, mais à trois Spider-Man ! Cette improbable rencontre est chouette à voir, bien mise en scène et elle débouche sur une époustouflante séquence de combat final autour de la Statue de la Liberté.

   Même si je commence à me faire un peu vieux pour ce genre de "marvelleries", j'ai apprécié le spectacle.

   P.S. I

   Comme de coutume, il convient de ne pas quitter la salle trop tôt. Le générique de fin est interrompu par une scène faisant allusion à Venom 2. Il se confirme que Spider-Man va avoir un nouvel antagoniste...

   P.S. II

   Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Au bout du bout, ces coquins de producteurs ont demandé aux monteurs de glisser une assez longue séquence finale, qui indique que le prochain Docteur Strange est déjà tourné. (Sa sortie est programmée pour mai 2022.)

14:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Spider-Man : no way home

   Plutôt que "pas de retour à la maison", il aurait mieux valu intituler ce film "Spider-Man et le multivers", ce qui aurait été plus classe et (surtout) plus conforme au contenu... même si (sans trahir un secret d'État) je peux annoncer qu'à la fin, la situation du héros n'est plus celle du début. Il ne va pas retrouver l'exact monde dont il est parti.

   En attendant cette conclusion, l'histoire commence sur le mode comique. Une fois son identité secrète révélée, Peter Parker doit affronter le harcèlement des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu. S'en suit une folle échappée avec sa M-J. C'est franchement emballant et drôle. Les deux tourtereaux forment un joli couple.

   Cela se gâte quand le héros retrouve Docteur Strange. Autant j'ai eu plaisir à voir débarquer Benedict Cumberbatch, autant le tour pris par la caractérisation du personnage de Parker m'a agacé. Clairement, les scénaristes ont misé sur le côté adolescent, un peu immature et capricieux. (Fort heureusement, tous les ados ne le sont pas.) Évidemment, Parker va faire une grosse bêtise... mais une bêtise que, dans un premier temps, il contribue à réparer. (Superbe séquence de combat autour d'un pont à la clé.) C'était compter sans cette bonne vieille tante May qui, dans cette version des aventures, a les traits de Marisa Tomei. Elle est un peu "bobo gaucho", la tante May. Elle met de drôles d'idées dans la tête du jeune homme, du genre que même un criminel endurci peut être "soigné" et que donc ô grand jamais il ne faut l'envoyer à la mort, même si c'est celle qu'il a connue dans le passé.

   Ici, le propos se fait politique. Le film se place clairement sous la bannière progressiste (multiculturaliste), de surcroît adversaire de la peine de mort. Même si d'autres idées ont voix au chapitre dans l'intrigue (surtout quand on constate les dégâts provoqués par le choix de Parker), au final, la "ligne politique" est tenue.

   Cette incursion dans un débat sensible aux États-Unis est d'autant plus surprenante que l'écrasante majorité des quelque 150 minutes que dure le film est plutôt consensuelle. Entre amours adolescentes (chastes), amitié fidèle et espoir de réussite par les études, on ne peut pas dire que l'anticonformisme soit de mise.

   Au niveau du jeu des acteurs, sans surprise, c'est stéréotypé. Pas facile de faire éclater son talent devant un fond vert. Dans ce domaine, j'ai trouvé deux des vieux routiers assez convaincants : Alfred Molina (qui semble avoir vraiment aimé incarner Docteur Octopus) et Willem Dafoe, le plus ambigu de tous en Norman Osborne / Bouffon Vert.

   En parlant de vieux routiers... il ne faudrait pas que j'oublie les prestigieux anciens. Sachez, chers (potentiels) spectateurs, que, pour le prix d'un billet, vos aurez droit non pas à un, ni même à deux, mais à trois Spider-Man ! Cette improbable rencontre est chouette à voir, bien mise en scène et elle débouche sur une époustouflante séquence de combat final autour de la Statue de la Liberté.

   Même si je commence à me faire un peu vieux pour ce genre de "marvelleries", j'ai apprécié le spectacle.

   P.S. I

   Comme de coutume, il convient de ne pas quitter la salle trop tôt. Le générique de fin est interrompu par une scène faisant allusion à Venom 2. Il se confirme que Spider-Man va avoir un nouvel antagoniste...

   P.S. II

   Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Au bout du bout, ces coquins de producteurs ont demandé aux monteurs de glisser une assez longue séquence finale, qui indique que le prochain Docteur Strange est déjà tourné. (Sa sortie est programmée pour mai 2022.)

14:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 18 décembre 2021

Madres Paralelas

   Ces "mères parallèles" sont Janis et Ana, une photographe quadragénaire et une adolescente déscolarisée, toutes deux enceintes au début de l'histoire. L'intrigue les fait se rencontrer, s'éloigner puis se rapprocher à nouveau, pour des raisons qu'il vaut mieux ne pas révéler ici. Penelope Cruz (pour laquelle le film a sans doute été écrit) est excellente. J'ai quand même été plus emballé par les scènes qui voient surgir l'éternelle Rossy de Palma, qui a toujours autant de présence à l'écran.

   Cette intrigue essentiellement mélo est insérée dans une histoire au long cours, celle des fosses communes de la Guerre civile espagnole. La mémoire de la fin des années 1930 resurgit à travers d'autres mères, elles-mêmes filles, petites-filles voire arrière-petites filles de républicains espagnols, fusillés par les phalangistes (les miliciens franquistes). Cette histoire-là est passionnante, à tel point qu'on regrette qu'elle ait été (principalement) cantonnée au début et à la fin du film.

   De son côté, le mélo (mal relié à l'autre intrigue) n'est pas toujours bien écrit ni joué, en particulier au début (j'ai vu le film en version originale sous-titrée). C'est très prévisible. Sans avoir quasiment rien lu sur le scénario, j'étais certain de ce qui allait se passer à la maternité, quand bien même on ne le découvre que bien plus tard. Penelope Cruz a beau tirer son épingle du jeu, c'est cousu de fil blanc (tout comme l'était Julieta, d'ailleurs).

   En creusant bien, on peut quand même relever de beaux portraits de femmes, les hommes étant le plus souvent absents... et, en général, au vu du peu que l'on sait d'eux, cela vaut mieux.

   C'est un film plutôt destiné aux fans indulgent(e)s.

17:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Madres Paralelas

   Ces "mères parallèles" sont Janis et Ana, une photographe quadragénaire et une adolescente déscolarisée, toutes deux enceintes au début de l'histoire. L'intrigue les fait se rencontrer, s'éloigner puis se rapprocher à nouveau, pour des raisons qu'il vaut mieux ne pas révéler ici. Penelope Cruz (pour laquelle le film a sans doute été écrit) est excellente. J'ai quand même été plus emballé par les scènes qui voient surgir l'éternelle Rossy de Palma, qui a toujours autant de présence à l'écran.

   Cette intrigue essentiellement mélo est insérée dans une histoire au long cours, celle des fosses communes de la Guerre civile espagnole. La mémoire de la fin des années 1930 resurgit à travers d'autres mères, elles-mêmes filles, petites-filles voire arrière-petites filles de républicains espagnols, fusillés par les phalangistes (les miliciens franquistes). Cette histoire-là est passionnante, à tel point qu'on regrette qu'elle ait été (principalement) cantonnée au début et à la fin du film.

   De son côté, le mélo (mal relié à l'autre intrigue) n'est pas toujours bien écrit ni joué, en particulier au début (j'ai vu le film en version originale sous-titrée). C'est très prévisible. Sans avoir quasiment rien lu sur le scénario, j'étais certain de ce qui allait se passer à la maternité, quand bien même on ne le découvre que bien plus tard. Penelope Cruz a beau tirer son épingle du jeu, c'est cousu de fil blanc (tout comme l'était Julieta, d'ailleurs).

   En creusant bien, on peut quand même relever de beaux portraits de femmes, les hommes étant le plus souvent absents... et, en général, au vu du peu que l'on sait d'eux, cela vaut mieux.

   C'est un film plutôt destiné aux fans indulgent(e)s.

17:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 17 décembre 2021

Clifford

   Ce titre improbable est dû au nom qu'un adorable petit chien rouge reçoit d'une jeune fille solitaire, un peu à l'écart des autres gamines de son âge. De par son statut social, elle fait déjà tache dans ce quartier ultra-chicos de New York : fille de mère célibataire (avocate, tout de même), elle vit dans un appartement à loyer plafonné. Elle bénéficie sans doute d'une bourse pour fréquenter un prestigieux collège privé, où elle devient le souffre-douleur d'une sale petite pétasse privilégiée et de sa bande de grosses bourges... et voilà que je réalise -ô, surprise-  que cette comédie fantastique, destinée à un public familial, est de gôche !

   L'histoire commence sous les meilleurs auspices, avec une jolie vue plongeante de Manhattan, façon aquarelle. Dans un parc, un mystérieux et malicieux vieil homme (Coucou, John Cleese !) a planté sa tente, un étonnant abri qui, vu de l'extérieur, doit occuper une quinzaine de mètres carrés et qui, vu de l'intérieur, semble plus étendu qu'un hall de gare parisien. La jeune Emily Elisabeth y découvre un chiot à nul autre pareil... qui lui réserve bien des surprises !

cinéma,cinema,film,films

   Pour l'héroïne, les ennuis commencent quand l'animal acquiert une taille gigantesque... avec les conséquences prévisibles pour le mobilier de l'appartement ! Une fois dehors, le clébard géant se fait remarquer... et il nous fait rire : il remue la queue, joue à la (grosse) baballe, lèche goulûment, éternue, urine (façon Gargantua)... et pète ! (Quiconque n'a jamais senti la petite flatulence foireuse d'un chien ou d'un chat domestique ne peut mesurer toute la puissance de ce gag en milieu confiné.)

   Dans le même temps, Emily gagne la sympathie de la population multiculturelle du quartier, qui prend fait et cause pour elle contre le méchant tycoon pété de thunes, dont la philanthropie ostentatoire masque difficilement la volonté de puissance.

   On est évidemment dans la caricature et l'éloge lourdingue du "vivrensemble"... mais l'histoire est rythmée, avec de bons gags à intervalle régulier. Dans la salle, on rit de 7 à 77 ans.

   En revanche, la fin est particulièrement lénifiante. Cette avalanche de bons sentiments m'a presque écœuré. Dommage, car cela a (un peu) gâché le réel plaisir que j'ai eu à voir cette gentille petite comédie.

21:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Clifford

   Ce titre improbable est dû au nom qu'un adorable petit chien rouge reçoit d'une jeune fille solitaire, un peu à l'écart des autres gamines de son âge. De par son statut social, elle fait déjà tache dans ce quartier ultra-chicos de New York : fille de mère célibataire (avocate, tout de même), elle vit dans un appartement à loyer plafonné. Elle bénéficie sans doute d'une bourse pour fréquenter un prestigieux collège privé, où elle devient le souffre-douleur d'une sale petite pétasse privilégiée et de sa bande de grosses bourges... et voilà que je réalise -ô, surprise-  que cette comédie fantastique, destinée à un public familial, est de gôche !

   L'histoire commence sous les meilleurs auspices, avec une jolie vue plongeante de Manhattan, façon aquarelle. Dans un parc, un mystérieux et malicieux vieil homme (Coucou, John Cleese !) a planté sa tente, un étonnant abri qui, vu de l'extérieur, doit occuper une quinzaine de mètres carrés et qui, vu de l'intérieur, semble plus étendu qu'un hall de gare parisien. La jeune Emily Elisabeth y découvre un chiot à nul autre pareil... qui lui réserve bien des surprises !

cinéma,cinema,film,films

   Pour l'héroïne, les ennuis commencent quand l'animal acquiert une taille gigantesque... avec les conséquences prévisibles pour le mobilier de l'appartement ! Une fois dehors, le clébard géant se fait remarquer... et il nous fait rire : il remue la queue, joue à la (grosse) baballe, lèche goulûment, éternue, urine (façon Gargantua)... et pète ! (Quiconque n'a jamais senti la petite flatulence foireuse d'un chien ou d'un chat domestique ne peut mesurer toute la puissance de ce gag en milieu confiné.)

   Dans le même temps, Emily gagne la sympathie de la population multiculturelle du quartier, qui prend fait et cause pour elle contre le méchant tycoon pété de thunes, dont la philanthropie ostentatoire masque difficilement la volonté de puissance.

   On est évidemment dans la caricature et l'éloge lourdingue du "vivrensemble"... mais l'histoire est rythmée, avec de bons gags à intervalle régulier. Dans la salle, on rit de 7 à 77 ans.

   En revanche, la fin est particulièrement lénifiante. Cette avalanche de bons sentiments m'a presque écœuré. Dommage, car cela a (un peu) gâché le réel plaisir que j'ai eu à voir cette gentille petite comédie.

21:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 09 décembre 2021

Où est Anne Frank !

   J'appartiens à une génération à laquelle on a peu enseigné l'extermination des juifs. Au collège, c'était au programme de la fin de Troisième... et mon prof d'histoire de l'époque s'est davantage investi dans le récit de ses plongées sous-marines (au large de la Grèce) que dans l'étude du génocide... Rebelote en Première : la Seconde Guerre mondiale était le dernier chapitre d'histoire de l'année, que mon prof (passionnant) a tout fait pour boucler, calant cependant avant la Shoah. Je dois ma connaissance de cette époque à la télévision, au cinéma et à mes lectures. Parmi celles-ci figure le Journal d'Anne Frank.

   D'Ari Folman, on connaît les œuvres d'animation Le Congrès et surtout Valse avec Bachir. Elles sont marquées par un incontestable raffinement sur le plan visuel et la volonté d'utiliser les images pour faire passer des idées.

   Ce n'est donc pas à une simple illustration du célèbre Journal qu'il faut s'attendre ici. L'histoire croise deux trames temporelles : celle des années 1942-1944 (principalement passées dans l'Annexe -ou pièce secrète- du lieu de travail d'Otto Frank, le père d'Anne) et celle des années 2010, à Amsterdam (dans le bâtiment devenu musée et dans un squat) mais aussi plus à l'est, en Allemagne et en Pologne.

   Folman a choisi de donner vie à Kitty, l'amie imaginaire d'Anne Frank, à qui elle se confiait en rédigeant son journal. La séquence qui montre la "naissance" de ce personnage est particulièrement réussie, à l'image de tout le film d'ailleurs, marqué par l'inventivité visuelle et un certain brio au niveau de la mise en scène.

   Kitty prend forme dans les années 2010, mais, au début du film, elle ignore ce qui s'est passé dans la suite du Journal (à peine commencé dans la trame temporelle parallèle), ainsi qu'après que celui-ci s'est interrompu. On voit donc ce personnage effectuer des allers-retours entre la Seconde Guerre mondiale (où il joue le rôle de confidente d'Anne) et l'époque contemporaine, où Kitty tente de mener sa propre vie... parfois de manière rock'n'roll ! Elle y tombe amoureuse d'un gentil pickpocket, prénommé Peter, comme l'amoureux d'Anne Frank. C'est bien entendu volontaire, le réalisateur utilisant les années de guerre pour tendre un miroir à notre époque. (C'est selon moi le procédé le moins réussi du film.)

   Kitty s'étonne que dans l'Amsterdam des années 2010 autant de lieux portent le nom de son amie, une personne totalement anonyme dans les années 1940. Elle va finir par découvrir pourquoi, tout en contribuant à ressusciter, à l'écran, les événements du passé.

   Les dialogues comme la mise en scène rendent justice à l'humour (parfois piquant) et à l'esprit frondeur de la petite adolescente juive. Certains plans, quasiment oniriques, sont un hommage à son imagination débordante.

   On est en revanche consterné par la bêtise d'une partie des lycéens que leurs profs ont emmenés au théâtre, voir une pièce tirée du Journal. Pendant la séance, ces petits blaireaux préfèrent se plonger dans leur smartphone, sans la moindre considération pour leurs voisins... et sans susciter de réaction des enseignants, qui ne s'inquiètent que quand une intruse conteste ce qui est représenté sur scène...

   Sans surprise, la séquence la plus émouvante est celle au cours de laquelle Kitty découvre ce qui s'est passé après l'arrestation des occupants de l'Annexe. J'ai beau connaître cette partie de l'histoire, j'ai encore été ému.

   Je suis moins convaincu par la conclusion "immigrationniste", mais le film, dans son ensemble, m'a souvent captivé.

Où est Anne Frank !

   J'appartiens à une génération à laquelle on a peu enseigné l'extermination des juifs. Au collège, c'était au programme de la fin de Troisième... et mon prof d'histoire de l'époque s'est davantage investi dans le récit de ses plongées sous-marines (au large de la Grèce) que dans l'étude du génocide... Rebelote en Première : la Seconde Guerre mondiale était le dernier chapitre d'histoire de l'année, que mon prof (passionnant) a tout fait pour boucler, calant cependant avant la Shoah. Je dois ma connaissance de cette époque à la télévision, au cinéma et à mes lectures. Parmi celles-ci figure le Journal d'Anne Frank.

   D'Ari Folman, on connaît les œuvres d'animation Le Congrès et surtout Valse avec Bachir. Elles sont marquées par un incontestable raffinement sur le plan visuel et la volonté d'utiliser les images pour faire passer des idées.

   Ce n'est donc pas à une simple illustration du célèbre Journal qu'il faut s'attendre ici. L'histoire croise deux trames temporelles : celle des années 1942-1944 (principalement passées dans l'Annexe -ou pièce secrète- du lieu de travail d'Otto Frank, le père d'Anne) et celle des années 2010, à Amsterdam (dans le bâtiment devenu musée et dans un squat) mais aussi plus à l'est, en Allemagne et en Pologne.

   Folman a choisi de donner vie à Kitty, l'amie imaginaire d'Anne Frank, à qui elle se confiait en rédigeant son journal. La séquence qui montre la "naissance" de ce personnage est particulièrement réussie, à l'image de tout le film d'ailleurs, marqué par l'inventivité visuelle et un certain brio au niveau de la mise en scène.

   Kitty prend forme dans les années 2010, mais, au début du film, elle ignore ce qui s'est passé dans la suite du Journal (à peine commencé dans la trame temporelle parallèle), ainsi qu'après que celui-ci s'est interrompu. On voit donc ce personnage effectuer des allers-retours entre la Seconde Guerre mondiale (où il joue le rôle de confidente d'Anne) et l'époque contemporaine, où Kitty tente de mener sa propre vie... parfois de manière rock'n'roll ! Elle y tombe amoureuse d'un gentil pickpocket, prénommé Peter, comme l'amoureux d'Anne Frank. C'est bien entendu volontaire, le réalisateur utilisant les années de guerre pour tendre un miroir à notre époque. (C'est selon moi le procédé le moins réussi du film.)

   Kitty s'étonne que dans l'Amsterdam des années 2010 autant de lieux portent le nom de son amie, une personne totalement anonyme dans les années 1940. Elle va finir par découvrir pourquoi, tout en contribuant à ressusciter, à l'écran, les événements du passé.

   Les dialogues comme la mise en scène rendent justice à l'humour (parfois piquant) et à l'esprit frondeur de la petite adolescente juive. Certains plans, quasiment oniriques, sont un hommage à son imagination débordante.

   On est en revanche consterné par la bêtise d'une partie des lycéens que leurs profs ont emmenés au théâtre, voir une pièce tirée du Journal. Pendant la séance, ces petits blaireaux préfèrent se plonger dans leur smartphone, sans la moindre considération pour leurs voisins... et sans susciter de réaction des enseignants, qui ne s'inquiètent que quand une intruse conteste ce qui est représenté sur scène...

   Sans surprise, la séquence la plus émouvante est celle au cours de laquelle Kitty découvre ce qui s'est passé après l'arrestation des occupants de l'Annexe. J'ai beau connaître cette partie de l'histoire, j'ai encore été ému.

   Je suis moins convaincu par la conclusion "immigrationniste", mais le film, dans son ensemble, m'a souvent captivé.

mardi, 07 décembre 2021

Le Calendrier

   Cette coproduction franco-belge verse dans le film de genre, d'épouvante plus précisément. Les amateurs avertis percevront le croisement de deux schémas narratifs connus : le détournement d'une fête traditionnelle (ici, la période précédant Noël), un peu à l'image d'Halloween ou de Mortelle Saint-Valentin, et la réalisation de rêves inaccessibles, quel qu'en soit le prix, comme dans I Wish.

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   Ici, l'héroïne n'est pas persécutée à l'école, ni victime de tourments familiaux, mais mal considérée au travail. Cette sportive (fort bien gaulée), nageuse forcenée, est une ancienne danseuse, qui a perdu l'usage de ses membres inférieurs dans un accident de voiture dont on mettra du temps à connaître tous les ressorts. Elle est incarnée avec beaucoup de talent par Eugénie Derouan, que les téléspectateurs français ont peut-être repérée dans certaines fictions policières. À la fois faible et fort, implacable et empathique, le personnage d'Eva est porté par une interprétation très inspirée.

   Cette fois-ci, l'objet par lequel le surnaturel pénètre dans la vie de gens ordinaires n'est pas un livre ou une boîte à musique, mais un calendrier de l'Avent... un peu spécial. Tout d'abord, il semble dater de plusieurs siècles, au moins. Mais, surtout, quand minuit vient, il se met en marche tout seul, s'adresse à sa propriétaire... et semble capable de réaliser ses vœux.

   Ne vous y fiez pas, braves gens ! Cette tentation est l’œuvre du Malin. Sous prétexte d'améliorer la vie de ses proies, il étend sans cesse son empire. Jusqu'où sa nouvelle cible est-elle prête à aller pour recouvrer l'usage de ses jambes ? Mystère...

   C'est bien réalisé, sans effet de manche, avec relativement peu d'effets spéciaux... et quelques clins d’œil sympathiques, comme cette mini-boucle temporelle, en écho à un passage d'Interstellar...

20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Calendrier

   Cette coproduction franco-belge verse dans le film de genre, d'épouvante plus précisément. Les amateurs avertis percevront le croisement de deux schémas narratifs connus : le détournement d'une fête traditionnelle (ici, la période précédant Noël), un peu à l'image d'Halloween ou de Mortelle Saint-Valentin, et la réalisation de rêves inaccessibles, quel qu'en soit le prix, comme dans I Wish.

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   Ici, l'héroïne n'est pas persécutée à l'école, ni victime de tourments familiaux, mais mal considérée au travail. Cette sportive (fort bien gaulée), nageuse forcenée, est une ancienne danseuse, qui a perdu l'usage de ses membres inférieurs dans un accident de voiture dont on mettra du temps à connaître tous les ressorts. Elle est incarnée avec beaucoup de talent par Eugénie Derouan, que les téléspectateurs français ont peut-être repérée dans certaines fictions policières. À la fois faible et fort, implacable et empathique, le personnage d'Eva est porté par une interprétation très inspirée.

   Cette fois-ci, l'objet par lequel le surnaturel pénètre dans la vie de gens ordinaires n'est pas un livre ou une boîte à musique, mais un calendrier de l'Avent... un peu spécial. Tout d'abord, il semble dater de plusieurs siècles, au moins. Mais, surtout, quand minuit vient, il se met en marche tout seul, s'adresse à sa propriétaire... et semble capable de réaliser ses vœux.

   Ne vous y fiez pas, braves gens ! Cette tentation est l’œuvre du Malin. Sous prétexte d'améliorer la vie de ses proies, il étend sans cesse son empire. Jusqu'où sa nouvelle cible est-elle prête à aller pour recouvrer l'usage de ses jambes ? Mystère...

   C'est bien réalisé, sans effet de manche, avec relativement peu d'effets spéciaux... et quelques clins d’œil sympathiques, comme cette mini-boucle temporelle, en écho à un passage d'Interstellar...

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vendredi, 03 décembre 2021

Les Choses humaines

   Yvan Attal est de retour derrière la caméra, avec l'adaptation d'un roman qu'il a tirée vers une peinture de notre époque et de ses travers. Au cœur de l'intrigue se trouve la "relation" d'un soir entre deux jeunes gens, relation que le garçon estime consentie, tandis que l'adolescente dénonce un viol.

   Avant d'en arriver là, on nous présente les protagonistes, avec d'un côté la famille de grands bourgeois intellectuels, habitant en centre-ville, de l'autre, une classe moyenne moins friquée, vivant dans des appartements de taille plus modeste, plutôt en périphérie. (Les deux sont de culture juive, laïque d'un côté, religieuse de l'autre.)

   Viennent ensuite les deux versions de l'histoire, un peu comme dans Le Dernier Duel, de Ridley Scott. Ce n'est pas filmé en caméra subjective mais l'on comprend qu'on nous propose successivement la vision de la jeune femme puis celle du jeune homme. Le réalisateur n'a pas forcément fait un cadeau en confiant ce rôle à son fils Ben. Celui-ci a visiblement été chargé (avec succès) d'entretenir l'ambiguïté quant à son personnage, qui n'apparaît jamais ni complètement coupable, ni complètement innocent. Mais la véritable révélation de ce film est Suzanne Jouannet, que j'ai trouvée bouleversante. Voilà un nom à suivre.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une fois les hostilités judiciaires déclarées, le film pratique l'ellipse. On ne voit que le début de l'enquête, mais pas la suite de l'instruction. On se retrouve projetés au début du procès, deux ans et demi plus tard. C'est l'une des grandes réussites de ce film, d'un (trop ?) grand classicisme : son souci de la pédagogie, faisant toucher du doigt ce qu'est une garde à vue, une mise en examen et un procès aux Assises pour viol.

   Cela constitue le dernier tiers de l'histoire. La tension (et une certaine virtuosité) culminent au moment des plaidoiries, celle de l'avocate de la Partie civile (Judith Chemla, mordante à souhait) et celle de la Défense (Benjamin Lavernhe, excellent). En revanche, le réquisitoire du procureur, pour intéressant qu'il soit sur le fond, est débité de manière maladroite.

   Outre l'aspect judiciaire, le film aborde des thèmes comme la médiatisation des affaires criminelles, le harcèlement sur les réseaux sociaux, la division des féministes en chapelles et, bien entendu, la domination masculine. Celle-ci est mise en scène à travers le personnage du père de l'accusé, incarné par un Pierre Arditi qui singe (avec talent) un mélange de Michel Drucker et de Thierry Ardisson. Derrière une apparente bienveillance (envers les femmes), ce "vieux beau" cache un tempérament manipulateur. À l'opposé (en terme d'âge), les jeunes loups, anciens du lycée Henri IV, sont de petits prédateurs dans leur genre. On notera toutefois que l'histoire ne s'est pas attachée à dénoncer les pires, plutôt à pointer les manquements d'individus que l'éducation, les fréquentations et la culture auraient dû prémunir contre des comportements malsains.

   Certaines femmes en prennent aussi pour leur grade, à travers le débat entre féministes (pas très bien joué ni mis en scène, ceci dit) et (surtout) à travers la dénonciation sous-jacente de l'attitude de plusieurs personnages, comme la directrice des programmes, présentée comme une adepte de la "promotion canapé", ou la jeune stagiaire qui tombe enceinte d'un type qui pourrait être son grand-père. Toutefois, plus qu'un jugement moral, le film propose un portrait du désordre amoureux contemporain, entre familles recomposées, couples dissemblables et coups d'un soir.

   J'ai lu (et entendu) ici et là qu'à force de vouloir peser le pour et le contre, d'adopter tous les points de vue, le réalisateur finissait par tout mettre sur le même plan, refusant de trancher sur le fond de son histoire. C'est inexact. Certes, la séquence du procès se conclut par un morceau de bravoure, celui de l'avocat de la défense... mais c'est conforme à la procédure française. Lui succède une des scènes de retour en arrière. Elle n'apporte pas de révélation extraordinaire, mais elle s'achève sur une image qui ne laisse planer aucun doute.

   Dans la salle où j'ai vu le film, le public a été captivé du début à la fin.

Les Choses humaines

   Yvan Attal est de retour derrière la caméra, avec l'adaptation d'un roman qu'il a tirée vers une peinture de notre époque et de ses travers. Au cœur de l'intrigue se trouve la "relation" d'un soir entre deux jeunes gens, relation que le garçon estime consentie, tandis que l'adolescente dénonce un viol.

   Avant d'en arriver là, on nous présente les protagonistes, avec d'un côté la famille de grands bourgeois intellectuels, habitant en centre-ville, de l'autre, une classe moyenne moins friquée, vivant dans des appartements de taille plus modeste, plutôt en périphérie. (Les deux sont de culture juive, laïque d'un côté, religieuse de l'autre.)

   Viennent ensuite les deux versions de l'histoire, un peu comme dans Le Dernier Duel, de Ridley Scott. Ce n'est pas filmé en caméra subjective mais l'on comprend qu'on nous propose successivement la vision de la jeune femme puis celle du jeune homme. Le réalisateur n'a pas forcément fait un cadeau en confiant ce rôle à son fils Ben. Celui-ci a visiblement été chargé (avec succès) d'entretenir l'ambiguïté quant à son personnage, qui n'apparaît jamais ni complètement coupable, ni complètement innocent. Mais la véritable révélation de ce film est Suzanne Jouannet, que j'ai trouvée bouleversante. Voilà un nom à suivre.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une fois les hostilités judiciaires déclarées, le film pratique l'ellipse. On ne voit que le début de l'enquête, mais pas la suite de l'instruction. On se retrouve projetés au début du procès, deux ans et demi plus tard. C'est l'une des grandes réussites de ce film, d'un (trop ?) grand classicisme : son souci de la pédagogie, faisant toucher du doigt ce qu'est une garde à vue, une mise en examen et un procès aux Assises pour viol.

   Cela constitue le dernier tiers de l'histoire. La tension (et une certaine virtuosité) culminent au moment des plaidoiries, celle de l'avocate de la Partie civile (Judith Chemla, mordante à souhait) et celle de la Défense (Benjamin Lavernhe, excellent). En revanche, le réquisitoire du procureur, pour intéressant qu'il soit sur le fond, est débité de manière maladroite.

   Outre l'aspect judiciaire, le film aborde des thèmes comme la médiatisation des affaires criminelles, le harcèlement sur les réseaux sociaux, la division des féministes en chapelles et, bien entendu, la domination masculine. Celle-ci est mise en scène à travers le personnage du père de l'accusé, incarné par un Pierre Arditi qui singe (avec talent) un mélange de Michel Drucker et de Thierry Ardisson. Derrière une apparente bienveillance (envers les femmes), ce "vieux beau" cache un tempérament manipulateur. À l'opposé (en terme d'âge), les jeunes loups, anciens du lycée Henri IV, sont de petits prédateurs dans leur genre. On notera toutefois que l'histoire ne s'est pas attachée à dénoncer les pires, plutôt à pointer les manquements d'individus que l'éducation, les fréquentations et la culture auraient dû prémunir contre des comportements malsains.

   Certaines femmes en prennent aussi pour leur grade, à travers le débat entre féministes (pas très bien joué ni mis en scène, ceci dit) et (surtout) à travers la dénonciation sous-jacente de l'attitude de plusieurs personnages, comme la directrice des programmes, présentée comme une adepte de la "promotion canapé", ou la jeune stagiaire qui tombe enceinte d'un type qui pourrait être son grand-père. Toutefois, plus qu'un jugement moral, le film propose un portrait du désordre amoureux contemporain, entre familles recomposées, couples dissemblables et coups d'un soir.

   J'ai lu (et entendu) ici et là qu'à force de vouloir peser le pour et le contre, d'adopter tous les points de vue, le réalisateur finissait par tout mettre sur le même plan, refusant de trancher sur le fond de son histoire. C'est inexact. Certes, la séquence du procès se conclut par un morceau de bravoure, celui de l'avocat de la défense... mais c'est conforme à la procédure française. Lui succède une des scènes de retour en arrière. Elle n'apporte pas de révélation extraordinaire, mais elle s'achève sur une image qui ne laisse planer aucun doute.

   Dans la salle où j'ai vu le film, le public a été captivé du début à la fin.

dimanche, 28 novembre 2021

On est fait pour s'entendre

   De et avec Pascal Elbé, cette comédie romantique s'appuie sur un fait de société : les problèmes d'audition d'une part non négligeable de la population adulte (non retraitée). Antoine, prof d'histoire-géo dans un lycée de l'agglomération parisienne, finit par découvrir qu'il entend de moins en moins ce que ses interlocuteurs (élèves compris) lui disent et qu'il ne perçoit quasiment plus les bruits périphériques, de l'alarme du lycée à la sonnerie de son réveil-matin, en passant par les hurlements de la fille de la voisine du dessous. C'est à la fois un avantage et un inconvénient : il n'est plus perturbé par les conversations insipides et l'incivisme sonore d'une partie de ses contemporains, mais son handicap caché est source de quiproquos, souvent savoureux.

   La rencontre avec Claire (Sandrine Kiberlain, épatante comme d'hab'), l'occupante (temporaire) de l'appartement du dessous, est volcanique et délicieuse. Bon, dès le début, on sent que ces deux-là vont finir par s'apprivoiser, surtout si une gamine mutique en quête de père se met de la partie.

   Au-delà de la romance prévisible, l'intrigue évoque le deuil, la maladie, la solitude et l'incommunicabilité. Tout cela est traité avec douceur, délicatesse... et humour. Je recommande tout particulièrement la scène du restaurant, qui commence comme un gros ratage, avant de se déployer avec ravissement. À signaler aussi le duo de sœurs (incarnées par S. Kiberlain et V. Donzelli), qui fonctionne à merveille... ainsi que le faux couple formé par le héros et sa sœur éruptive (très bien interprétée par Emmanuelle Devos). Je ne peux pas conclure sur la distribution sans citer la participation de Marthe Villalonga et François Berléand, qui donnent une saveur supplémentaire à l'histoire.

   J'ai passé un très bon moment. Je suis sorti de la séance de fort bonne humeur.

On est fait pour s'entendre

   De et avec Pascal Elbé, cette comédie romantique s'appuie sur un fait de société : les problèmes d'audition d'une part non négligeable de la population adulte (non retraitée). Antoine, prof d'histoire-géo dans un lycée de l'agglomération parisienne, finit par découvrir qu'il entend de moins en moins ce que ses interlocuteurs (élèves compris) lui disent et qu'il ne perçoit quasiment plus les bruits périphériques, de l'alarme du lycée à la sonnerie de son réveil-matin, en passant par les hurlements de la fille de la voisine du dessous. C'est à la fois un avantage et un inconvénient : il n'est plus perturbé par les conversations insipides et l'incivisme sonore d'une partie de ses contemporains, mais son handicap caché est source de quiproquos, souvent savoureux.

   La rencontre avec Claire (Sandrine Kiberlain, épatante comme d'hab'), l'occupante (temporaire) de l'appartement du dessous, est volcanique et délicieuse. Bon, dès le début, on sent que ces deux-là vont finir par s'apprivoiser, surtout si une gamine mutique en quête de père se met de la partie.

   Au-delà de la romance prévisible, l'intrigue évoque le deuil, la maladie, la solitude et l'incommunicabilité. Tout cela est traité avec douceur, délicatesse... et humour. Je recommande tout particulièrement la scène du restaurant, qui commence comme un gros ratage, avant de se déployer avec ravissement. À signaler aussi le duo de sœurs (incarnées par S. Kiberlain et V. Donzelli), qui fonctionne à merveille... ainsi que le faux couple formé par le héros et sa sœur éruptive (très bien interprétée par Emmanuelle Devos). Je ne peux pas conclure sur la distribution sans citer la participation de Marthe Villalonga et François Berléand, qui donnent une saveur supplémentaire à l'histoire.

   J'ai passé un très bon moment. Je suis sorti de la séance de fort bonne humeur.

Oranges sanguines

   Jean-Christophe Meurisse et sa petite troupe nous proposent une "comédie justicière", sardonique et moralisante. La forme mélange deux modèles. Il s'agit d'abord d'un entrecroisement de trois histoires. La première a pour cadre un concours de danse rock, auquel participe un couple de retraités. La seconde tourne autour de politiques ambitieux et sans scrupule. La troisième est centrée sur une adolescente vierge, sur le point de faire "le grand saut".

   Ces trois histoires, de prime abord séparées, sont liées. L'un des politiques ambitieux est le fils des danseurs. Comme il est aussi avocat de profession, il va entrer en contact avec l'adolescente, dans des circonstances que, selon la formule consacrée, je me garderai de révéler. D'autres liens sont insérés dans l'intrigue, si bien que son déroulé prend parfois la forme d'un "marabout de ficelle".

   Cependant, bien plus que la construction intellectuelle, c'est l'humour grinçant, vachard, qui attire l'attention. Les auteurs utilisent le film pour dénoncer certains travers du monde contemporain et pour exercer une sorte de vengeance immanente à l'égard de leurs têtes de Turc.

   Ainsi, le public rit beaucoup en suivant la préparation du concours de danse. L'organisation de ce micro-événement local prend des proportions insoupçonnées à cause des préjugés des uns des autres, au cours d'une réunion où le "politiquement correct" est de mise. La caméra tourne autour du groupe de personnages, chacun débitant un texte écrit ciselé tout en donnant l'impression d'improviser. Ce début est un brin tarantinesque, sans la violence "sauce tomate" dont on sent qu'elle pourrait gicler. (Pour cela, il faut attendre la deuxième partie.)

   Du concours de danse on passe aux employés de banque (odieux avec les retraités), au ministre menteur (inspiré visiblement de Jérôme Cahuzac), à l'avocat arrogant et à l'adolescente inquiète, dans une séquence tordante où la gynécologue est incarnée par Blanche Gardin. J'adore !

   Un personnage atypique, extérieur aux groupes de départ, va faire déraper l'intrigue. Un indice : ce monsieur d'apparence anodine nourrit affectueusement un cochon domestique, très poilu et très docile, dans son salon...

   À partir de là, l'outrance l'emporte, de manière calculée... et un peu putassière. Ainsi, le portrait du ministre devient encore plus chargé (au niveau de sa vie privée), histoire de nous faire avaler ce qu'il va subir. Il faut ensuite se taper un viol et la punition de celui-ci, avant de déboucher sur un suicide. Derrière ces scènes outrancières, il y a la supposée volonté de dénoncer le mensonge et le manque d'humanité en politique, les souffrances imposées aux femmes et la persécution des petites gens (à travers le couple de retraités).

   Toutes ces causes sont louables et la mise en scène des punitions (tous les "méchants" finissent par déguster, y compris le chauffeur de taxi) est souvent savoureuse. Mais cela manque de subtilité, de nuance. Ainsi, ce serait tellement simple si les politiques étaient tels que le film les dénonce. Quant aux retraités dont la maison risque d'être saisie, ils ne sont pas pauvres. Ils ont eu les moyens d'acheter leur résidence, mais se sont endettés sans doute parce qu'ils dépensent sans compter (70 000 euros tout de même). On est loin des "vrais pauvres" de leur âge, qui, eux, ne sont pas propriétaires de leur logement. De ce point de vue, le film véhicule un parfum de "gilets jaunes". (Ce n'est pas un compliment.) Même la séquence "féministe" (ou supposée telle) repose sur des bases douteuses : la jeune femme est enlevée puis violée la nuit même où elle fait pour la première fois l'amour (acte durant lequel elle fait preuve d'un remarquable sens de l'initiative). Le rapprochement entre les deux événements pourrait n'être que le résultat d'une facilité scénaristique. Mais il pue quand même un peu de la gueule.

   Voilà. Je suis sorti de là assez content, réjoui par la vision de séquences tordantes, mais réservé quant au fond.

Oranges sanguines

   Jean-Christophe Meurisse et sa petite troupe nous proposent une "comédie justicière", sardonique et moralisante. La forme mélange deux modèles. Il s'agit d'abord d'un entrecroisement de trois histoires. La première a pour cadre un concours de danse rock, auquel participe un couple de retraités. La seconde tourne autour de politiques ambitieux et sans scrupule. La troisième est centrée sur une adolescente vierge, sur le point de faire "le grand saut".

   Ces trois histoires, de prime abord séparées, sont liées. L'un des politiques ambitieux est le fils des danseurs. Comme il est aussi avocat de profession, il va entrer en contact avec l'adolescente, dans des circonstances que, selon la formule consacrée, je me garderai de révéler. D'autres liens sont insérés dans l'intrigue, si bien que son déroulé prend parfois la forme d'un "marabout de ficelle".

   Cependant, bien plus que la construction intellectuelle, c'est l'humour grinçant, vachard, qui attire l'attention. Les auteurs utilisent le film pour dénoncer certains travers du monde contemporain et pour exercer une sorte de vengeance immanente à l'égard de leurs têtes de Turc.

   Ainsi, le public rit beaucoup en suivant la préparation du concours de danse. L'organisation de ce micro-événement local prend des proportions insoupçonnées à cause des préjugés des uns des autres, au cours d'une réunion où le "politiquement correct" est de mise. La caméra tourne autour du groupe de personnages, chacun débitant un texte écrit ciselé tout en donnant l'impression d'improviser. Ce début est un brin tarantinesque, sans la violence "sauce tomate" dont on sent qu'elle pourrait gicler. (Pour cela, il faut attendre la deuxième partie.)

   Du concours de danse on passe aux employés de banque (odieux avec les retraités), au ministre menteur (inspiré visiblement de Jérôme Cahuzac), à l'avocat arrogant et à l'adolescente inquiète, dans une séquence tordante où la gynécologue est incarnée par Blanche Gardin. J'adore !

   Un personnage atypique, extérieur aux groupes de départ, va faire déraper l'intrigue. Un indice : ce monsieur d'apparence anodine nourrit affectueusement un cochon domestique, très poilu et très docile, dans son salon...

   À partir de là, l'outrance l'emporte, de manière calculée... et un peu putassière. Ainsi, le portrait du ministre devient encore plus chargé (au niveau de sa vie privée), histoire de nous faire avaler ce qu'il va subir. Il faut ensuite se taper un viol et la punition de celui-ci, avant de déboucher sur un suicide. Derrière ces scènes outrancières, il y a la supposée volonté de dénoncer le mensonge et le manque d'humanité en politique, les souffrances imposées aux femmes et la persécution des petites gens (à travers le couple de retraités).

   Toutes ces causes sont louables et la mise en scène des punitions (tous les "méchants" finissent par déguster, y compris le chauffeur de taxi) est souvent savoureuse. Mais cela manque de subtilité, de nuance. Ainsi, ce serait tellement simple si les politiques étaient tels que le film les dénonce. Quant aux retraités dont la maison risque d'être saisie, ils ne sont pas pauvres. Ils ont eu les moyens d'acheter leur résidence, mais se sont endettés sans doute parce qu'ils dépensent sans compter (70 000 euros tout de même). On est loin des "vrais pauvres" de leur âge, qui, eux, ne sont pas propriétaires de leur logement. De ce point de vue, le film véhicule un parfum de "gilets jaunes". (Ce n'est pas un compliment.) Même la séquence "féministe" (ou supposée telle) repose sur des bases douteuses : la jeune femme est enlevée puis violée la nuit même où elle fait pour la première fois l'amour (acte durant lequel elle fait preuve d'un remarquable sens de l'initiative). Le rapprochement entre les deux événements pourrait n'être que le résultat d'une facilité scénaristique. Mais il pue quand même un peu de la gueule.

   Voilà. Je suis sorti de là assez content, réjoui par la vision de séquences tordantes, mais réservé quant au fond.

vendredi, 26 novembre 2021

L'Événement

   Je n'ai pas lu le roman d'Annie Ernaux, mais le sujet du film m'a incité à tenter l'expérience. Derrière la caméra se trouve Audrey Diwan, scénariste de Cédric Jimenez (et, accessoirement, sa compagne).

   Anne est étudiante, sans doute en propédeutique Lettres. (Aux jeunes qui liraient ce billet, je signale qu'il y a bien longtemps, pour les étudiants se destinant à la fac, il existait une année de transition entre la terminale et le début de la licence à proprement parler.) Elle est belle, intelligente et indépendante. Elle a envie de tout vivre : ses études, son amour de la littérature, les sorties rock'n'roll... et les garçons. Hélas pour elle, nous sommes en 1963, au début de la Ve République, sous le premier mandat de Charles de Gaulle. Contraception comme avortement sont illégaux. Quant à l'enseignement des "choses de la vie", il s'effectue plutôt par l'intermédiaire des revues de charme...

   La première partie est saisissante. La caméra suit l'héroïne (incarnée par Anamaria Vartolomei, déjà remarquée dans L'Échange des princesses et La Bonne Épouse), de dos, de face, de côté, du dessus. Je rassure les cinéphiles qui auraient le mal de mer, on n'est pas chez les Dardenne grande époque. Ces mouvements de caméra sont parfaitement justifiés. Ils instillent du mystère autour de la personnalité de cette jeune femme, assez mutique. Ils nous font aussi comprendre quel poids pèse sur ses épaules : celui du patriarcat, de la pesanteur sociale, du conservatisme religieux et de la chosification des jeunes femmes, surtout si elles sont jolies.

   Autour d'Anamaria gravite une brochette de comédiens de talent. Sandrine Bonnaire interprète une mère traditionnelle, besogneuse et aimant sa fille, qu'elle a de plus en plus de mal à comprendre. Pio Marmai prête son physique avantageux à un prof de fac qui a repéré l'étincelle de talent chez Anne. (Bien que je doute que le film rencontre un grand succès public, il pourrait néanmoins contribuer à l'augmentation du nombre d'inscriptions de lycéennes en fac de Lettres. Une cruelle déception les y attend...)

   J'ai trouvé que la deuxième partie patinait un peu. Enceinte, l'héroïne ne sait trop comment s'en sortir. Petit à petit, elle se coupe de toutes les personnes qui pourraient l'aider.

   Fort heureusement, l'intérêt rebondit dans la troisième partie, qui prend quasiment la forme d'un thriller. Anne se rend chez une "faiseuse d'anges", qui a la voix rocailleuse d'Anna Mouglalis. La séquence est extraordinaire d'intensité, avec une étonnante économie de moyens. À partir de ce moment-là, la tension ne retombe plus, portée par une actrice formidable... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Je recommande vivement ce film coup-de-poing, bourré de talents.

L'Événement

   Je n'ai pas lu le roman d'Annie Ernaux, mais le sujet du film m'a incité à tenter l'expérience. Derrière la caméra se trouve Audrey Diwan, scénariste de Cédric Jimenez (et, accessoirement, sa compagne).

   Anne est étudiante, sans doute en propédeutique Lettres. (Aux jeunes qui liraient ce billet, je signale qu'il y a bien longtemps, pour les étudiants se destinant à la fac, il existait une année de transition entre la terminale et le début de la licence à proprement parler.) Elle est belle, intelligente et indépendante. Elle a envie de tout vivre : ses études, son amour de la littérature, les sorties rock'n'roll... et les garçons. Hélas pour elle, nous sommes en 1963, au début de la Ve République, sous le premier mandat de Charles de Gaulle. Contraception comme avortement sont illégaux. Quant à l'enseignement des "choses de la vie", il s'effectue plutôt par l'intermédiaire des revues de charme...

   La première partie est saisissante. La caméra suit l'héroïne (incarnée par Anamaria Vartolomei, déjà remarquée dans L'Échange des princesses et La Bonne Épouse), de dos, de face, de côté, du dessus. Je rassure les cinéphiles qui auraient le mal de mer, on n'est pas chez les Dardenne grande époque. Ces mouvements de caméra sont parfaitement justifiés. Ils instillent du mystère autour de la personnalité de cette jeune femme, assez mutique. Ils nous font aussi comprendre quel poids pèse sur ses épaules : celui du patriarcat, de la pesanteur sociale, du conservatisme religieux et de la chosification des jeunes femmes, surtout si elles sont jolies.

   Autour d'Anamaria gravite une brochette de comédiens de talent. Sandrine Bonnaire interprète une mère traditionnelle, besogneuse et aimant sa fille, qu'elle a de plus en plus de mal à comprendre. Pio Marmai prête son physique avantageux à un prof de fac qui a repéré l'étincelle de talent chez Anne. (Bien que je doute que le film rencontre un grand succès public, il pourrait néanmoins contribuer à l'augmentation du nombre d'inscriptions de lycéennes en fac de Lettres. Une cruelle déception les y attend...)

   J'ai trouvé que la deuxième partie patinait un peu. Enceinte, l'héroïne ne sait trop comment s'en sortir. Petit à petit, elle se coupe de toutes les personnes qui pourraient l'aider.

   Fort heureusement, l'intérêt rebondit dans la troisième partie, qui prend quasiment la forme d'un thriller. Anne se rend chez une "faiseuse d'anges", qui a la voix rocailleuse d'Anna Mouglalis. La séquence est extraordinaire d'intensité, avec une étonnante économie de moyens. À partir de ce moment-là, la tension ne retombe plus, portée par une actrice formidable... jusqu'à une conclusion que je ne révèlerai pas.

   Je recommande vivement ce film coup-de-poing, bourré de talents.

lundi, 15 novembre 2021

Eiffel

   C'est l'un des films (avec Mourir peut attendre, Bac Nord et Venom 2) qui ont très bien marché ce mois dernier, au cinéma de Rodez. Il sera d'ailleurs toujours à l'affiche la semaine prochaine (tout comme deux des trois autres gros succès locaux). J'y suis allé pour le sujet (la construction de la célèbre tour) et parce j'avais bien aimé les précédents longs-métrages de Martin Bourboulon, les deux Papa ou maman.

   Côté positif, il y a l'interprétation de Romain Duris, crédible quand il allonge les arguments techniques de l'ingénieur et quand il fait montre de son audace entrepreneuriale. J'ai aussi apprécié les détails concernant le projet de la tour puis les étapes de sa construction. Je trouve l'ambiance bien restituée : on a oublié aujourd'hui à quel point ce projet fou a suscité l'hostilité, à l'époque. C'est (en partie) parce qu'il a été "pistonné" par certains dirigeants républicains qu'Eiffel a pu surmonter toutes les difficultés qu'il a rencontrées.

   Mais que vient faire l'improbable histoire d'amour là-dedans ? Certes, dans sa jeunesse, le véritable Gustave Eiffel a (un peu) fréquenté la jeune Adrienne Bourgès, qu'il a songé à épouser. Mais c'était surtout pour "se poser" dans la société. Faire de leur micro-histoire une romance au long cours, avec resurgissement de la lave des sentiments vingt ans plus tard, est ridicule... moins toutefois que de faire de la dame l'inspiratrice de la Tour.

   Du coup, même si c'est bien joué, même si certains plans du Paris fin XIXe siècle sont superbes, cela a gâché mon plaisir.

   P.S.

   Sur le sujet, je recommande plusieurs lectures.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Ce roman graphique, publié en 2015, a été réédité à l'occasion de la sortie du film. C'est une bonne biographie grand public de Gustave Eiffel, même si le dessin ne m'a pas enthousiasmé.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Publié dans la collection "Découvertes Gallimard", ce petit livre abondamment illustré se dévore avec grand plaisir. Il est truffé d'anecdotes.

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   Je termine par une fiction, en bandes dessinées. Les auteurs situent l'action dans le Paris des années 1880, alors que la IIIe République est fragile et que les mouvements anarchistes font régner la violence. Dans ce polar historique, on croise nombre de personnages connus... mais l'on suit surtout un (quasi-)anonyme, Antoine Vigier, un p'tit gars de la campagne cantalienne qui "monte" à Paris, à l'image de tant de bougnats de l'époque. C'est totalement fictif mais bien fichu.

Eiffel

   C'est l'un des films (avec Mourir peut attendre, Bac Nord et Venom 2) qui ont très bien marché ce mois dernier, au cinéma de Rodez. Il sera d'ailleurs toujours à l'affiche la semaine prochaine (tout comme deux des trois autres gros succès locaux). J'y suis allé pour le sujet (la construction de la célèbre tour) et parce j'avais bien aimé les précédents longs-métrages de Martin Bourboulon, les deux Papa ou maman.

   Côté positif, il y a l'interprétation de Romain Duris, crédible quand il allonge les arguments techniques de l'ingénieur et quand il fait montre de son audace entrepreneuriale. J'ai aussi apprécié les détails concernant le projet de la tour puis les étapes de sa construction. Je trouve l'ambiance bien restituée : on a oublié aujourd'hui à quel point ce projet fou a suscité l'hostilité, à l'époque. C'est (en partie) parce qu'il a été "pistonné" par certains dirigeants républicains qu'Eiffel a pu surmonter toutes les difficultés qu'il a rencontrées.

   Mais que vient faire l'improbable histoire d'amour là-dedans ? Certes, dans sa jeunesse, le véritable Gustave Eiffel a (un peu) fréquenté la jeune Adrienne Bourgès, qu'il a songé à épouser. Mais c'était surtout pour "se poser" dans la société. Faire de leur micro-histoire une romance au long cours, avec resurgissement de la lave des sentiments vingt ans plus tard, est ridicule... moins toutefois que de faire de la dame l'inspiratrice de la Tour.

   Du coup, même si c'est bien joué, même si certains plans du Paris fin XIXe siècle sont superbes, cela a gâché mon plaisir.

   P.S.

   Sur le sujet, je recommande plusieurs lectures.

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   Ce roman graphique, publié en 2015, a été réédité à l'occasion de la sortie du film. C'est une bonne biographie grand public de Gustave Eiffel, même si le dessin ne m'a pas enthousiasmé.

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   Publié dans la collection "Découvertes Gallimard", ce petit livre abondamment illustré se dévore avec grand plaisir. Il est truffé d'anecdotes.

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   Je termine par une fiction, en bandes dessinées. Les auteurs situent l'action dans le Paris des années 1880, alors que la IIIe République est fragile et que les mouvements anarchistes font régner la violence. Dans ce polar historique, on croise nombre de personnages connus... mais l'on suit surtout un (quasi-)anonyme, Antoine Vigier, un p'tit gars de la campagne cantalienne qui "monte" à Paris, à l'image de tant de bougnats de l'époque. C'est totalement fictif mais bien fichu.

samedi, 13 novembre 2021

Mon Légionnaire

   La réalisatrice Rachel Lang a fait partie de l'armée française.. Elle en connaît donc les codes et les mentalités. Cela lui a été utile pour mettre en scène cette fiction, qui tourne autour du 2e REP de la Légion, basé à Calvi, en Haute-Corse.

   Il ne faut donc pas s'attendre à un brûlot antimilitariste... pas plus qu'à une œuvre épique, à la gloire du combat. Le propos de la réalisatrice est autre. Elle plonge dans le quotidien à la fois des soldats en opération et des épouses restées au camp. C'est ce groupe-ci qui semble le plus hétérogène : entre la petite amie qui a tout plaqué pour rejoindre son jules, l'avocate qui effectue des allers-retours entre la Corse et Paris et les "tradis" (cathos bourgeoises qui perpétuent la lignée), l'écart est grand. 

   Dans le rôle de l'avocate, issue d'un milieu de gauche, qui soutient l'engagement de son époux, Camille Cottin est épatante. Elle incarne à la fois la femme indépendante (qui gère sa carrière de main de maître) et l'amoureuse, qui se languit de l'absence de Maxime.

   Un peu à ma surprise, celui-ci est très bien interprété par Louis Garrel. Physiquement, il a acquis l'épaisseur (musculaire) du rôle. Il est aussi vrai que, sans sa tignasse (et quand il est rasé de près), les traits anguleux de son visage ressortent mieux. Sa mâchoire proéminente "fait" bien soldat.

   Autour de lui gravitent d'authentiques acteurs ainsi que, me semble-t-il d'anciens (?) militaires. Cela donne un parfum de vérité aux scènes d'entraînement, de vie de camp (dans le Sahara, présume-t-on) et d'escarmouches. C'est l'occasion pour les profanes de découvrir les procédures militaires... ainsi que le perfectionnement des véhicules blindés, notamment en moyens de communication.

   Attention, je le répète, quand bien même l'on voit à deux ou trois reprises les légionnaires évoluer en milieu hostile, il s'agit d'abord d'un film d'ambiance. La tension est omniprésente, en raison d'une étrangeté : plus que le départ en OP, les militaires redoutent le retour en Corse, en famille (pour ceux qui en ont une). Ils ne peuvent (et ne veulent) pas tout dire à leur conjointe (et surtout aux enfants). On sent même qu'il y a comme un regret d'avoir quitté la zone de combat et l'ambiance très particulière qui y règne entre les hommes (et les quelques femmes qui portent l'uniforme).

   J'ai été touché par cette histoire, même si le film comporte quelques longueurs.

Mon Légionnaire

   La réalisatrice Rachel Lang a fait partie de l'armée française.. Elle en connaît donc les codes et les mentalités. Cela lui a été utile pour mettre en scène cette fiction, qui tourne autour du 2e REP de la Légion, basé à Calvi, en Haute-Corse.

   Il ne faut donc pas s'attendre à un brûlot antimilitariste... pas plus qu'à une œuvre épique, à la gloire du combat. Le propos de la réalisatrice est autre. Elle plonge dans le quotidien à la fois des soldats en opération et des épouses restées au camp. C'est ce groupe-ci qui semble le plus hétérogène : entre la petite amie qui a tout plaqué pour rejoindre son jules, l'avocate qui effectue des allers-retours entre la Corse et Paris et les "tradis" (cathos bourgeoises qui perpétuent la lignée), l'écart est grand. 

   Dans le rôle de l'avocate, issue d'un milieu de gauche, qui soutient l'engagement de son époux, Camille Cottin est épatante. Elle incarne à la fois la femme indépendante (qui gère sa carrière de main de maître) et l'amoureuse, qui se languit de l'absence de Maxime.

   Un peu à ma surprise, celui-ci est très bien interprété par Louis Garrel. Physiquement, il a acquis l'épaisseur (musculaire) du rôle. Il est aussi vrai que, sans sa tignasse (et quand il est rasé de près), les traits anguleux de son visage ressortent mieux. Sa mâchoire proéminente "fait" bien soldat.

   Autour de lui gravitent d'authentiques acteurs ainsi que, me semble-t-il d'anciens (?) militaires. Cela donne un parfum de vérité aux scènes d'entraînement, de vie de camp (dans le Sahara, présume-t-on) et d'escarmouches. C'est l'occasion pour les profanes de découvrir les procédures militaires... ainsi que le perfectionnement des véhicules blindés, notamment en moyens de communication.

   Attention, je le répète, quand bien même l'on voit à deux ou trois reprises les légionnaires évoluer en milieu hostile, il s'agit d'abord d'un film d'ambiance. La tension est omniprésente, en raison d'une étrangeté : plus que le départ en OP, les militaires redoutent le retour en Corse, en famille (pour ceux qui en ont une). Ils ne peuvent (et ne veulent) pas tout dire à leur conjointe (et surtout aux enfants). On sent même qu'il y a comme un regret d'avoir quitté la zone de combat et l'ambiance très particulière qui y règne entre les hommes (et les quelques femmes qui portent l'uniforme).

   J'ai été touché par cette histoire, même si le film comporte quelques longueurs.

vendredi, 12 novembre 2021

Les Eternels

   Quand, enfant, je lisais des comics américains, j'étais surtout intéressé par les X-Men, un peu aussi par Spiderman et Iron Man. Les Éternels font partie des séries auxquelles je n'ai pas accroché, à l'époque. Voir le film m'a rappelé pourquoi : j'avais été un peu agacé de constater le "recyclage" dont nombre de personnages importants sont révélateurs : Ikaris est un mélange de Cyclope et de Superman (dont il se moque... Tiens, prends ça dans les dents, DC !), Makkari possède les mêmes aptitudes que Vif-Argent, Phaestos, en plus d'être le décalque d'un dieu grec (comme d'autres personnages), exerce ses talents avec une dextérité qui n'est pas sans rappeler celle de Docteur Strange... 

   J'ai tenté le coup parce que j'avais envie de voir ce que donnait la réalisatrice Chloé Zhao (dont j'ai adoré le Nomadland) dans ce genre de production.

   Visiblement, on a mis le paquet sur les effets spéciaux. Sur un très grand écran, c'est impressionnant... mais, quand on y réfléchit un peu, pour les acteurs, c'est le degré zéro de l'acte de jouer. (Mais cela doit rapporter gros...) Trop de fonds verts tuent le fond vert... On aurait d'ailleurs été bien inspiré de mettre un peu plus d'argent sur les aspects techniques des scènes "classiques", parce que, parfois, j'ai eu l'impression que ce n'était pas très bien éclairé. Il aurait aussi fallu revoir un peu le montage : à deux ou trois reprises, on nous balance un retour en arrière en pleine poire, sans raccord. C'est vraiment maladroit.

   Bon, je fais la fine bouche mais, quand un film a bénéficié d'un financement de deux cents millions de dollars, on est en droit d'attendre un produit d'une qualité technique irréprochable.

    Ceci dit, en un peu plus de 2h30, on a de quoi trouver son bonheur. Contrairement à d'autres spectateurs, je n'ai pas été irrité par la volonté de construire une équipe de super-héros aussi internationale, polyglotte que multiculturelle. Si l'on ajoute à cela la féminisation de certains personnages et la valorisation des minorités sexuelles, on obtient peut-être le film commercial le plus woke de l'histoire du cinéma. Mais, comme ces retouches "politiquement correctes" n'ont pas été faites à la truelle, cela passe sans problème... surtout grâce à l'humour. En fait, c'est ça qui sauve le film. À l'image de ce que l'on a pu voir dans les divers Avengers, les héros se chambrent entre eux. Le supplément apporté par ce film est que certains traits d'humour cassent l'aspect grandiloquent de ces quasi-divinités. Cela donne une grande respiration à l'intrigue, qui s'appuie aussi sur des scènes intimes moins bâclées que dans d'autres superproductions.

   P.S.

   La salle où je me trouvais n'était pas remplie que d'habitués des films Marvel : la moitié de l'assistance est sortie dès le début du générique. (Mais peut-être en avaient-ils tout simplement marre...) Ils ont donc raté deux scènes supplémentaires. La première annonce sans doute la suite des aventures. La seconde nous apprend ce qu'un des personnages de l'histoire n'a pas eu le temps de révéler à la femme qu'il aime. On entend aussi une grosse voix, signe qu'une vieille connaissance pourrait bientôt faire son retour dans les salles obscures.

00:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Eternels

   Quand, enfant, je lisais des comics américains, j'étais surtout intéressé par les X-Men, un peu aussi par Spiderman et Iron Man. Les Éternels font partie des séries auxquelles je n'ai pas accroché, à l'époque. Voir le film m'a rappelé pourquoi : j'avais été un peu agacé de constater le "recyclage" dont nombre de personnages importants sont révélateurs : Ikaris est un mélange de Cyclope et de Superman (dont il se moque... Tiens, prends ça dans les dents, DC !), Makkari possède les mêmes aptitudes que Vif-Argent, Phaestos, en plus d'être le décalque d'un dieu grec (comme d'autres personnages), exerce ses talents avec une dextérité qui n'est pas sans rappeler celle de Docteur Strange... 

   J'ai tenté le coup parce que j'avais envie de voir ce que donnait la réalisatrice Chloé Zhao (dont j'ai adoré le Nomadland) dans ce genre de production.

   Visiblement, on a mis le paquet sur les effets spéciaux. Sur un très grand écran, c'est impressionnant... mais, quand on y réfléchit un peu, pour les acteurs, c'est le degré zéro de l'acte de jouer. (Mais cela doit rapporter gros...) Trop de fonds verts tuent le fond vert... On aurait d'ailleurs été bien inspiré de mettre un peu plus d'argent sur les aspects techniques des scènes "classiques", parce que, parfois, j'ai eu l'impression que ce n'était pas très bien éclairé. Il aurait aussi fallu revoir un peu le montage : à deux ou trois reprises, on nous balance un retour en arrière en pleine poire, sans raccord. C'est vraiment maladroit.

   Bon, je fais la fine bouche mais, quand un film a bénéficié d'un financement de deux cents millions de dollars, on est en droit d'attendre un produit d'une qualité technique irréprochable.

    Ceci dit, en un peu plus de 2h30, on a de quoi trouver son bonheur. Contrairement à d'autres spectateurs, je n'ai pas été irrité par la volonté de construire une équipe de super-héros aussi internationale, polyglotte que multiculturelle. Si l'on ajoute à cela la féminisation de certains personnages et la valorisation des minorités sexuelles, on obtient peut-être le film commercial le plus woke de l'histoire du cinéma. Mais, comme ces retouches "politiquement correctes" n'ont pas été faites à la truelle, cela passe sans problème... surtout grâce à l'humour. En fait, c'est ça qui sauve le film. À l'image de ce que l'on a pu voir dans les divers Avengers, les héros se chambrent entre eux. Le supplément apporté par ce film est que certains traits d'humour cassent l'aspect grandiloquent de ces quasi-divinités. Cela donne une grande respiration à l'intrigue, qui s'appuie aussi sur des scènes intimes moins bâclées que dans d'autres superproductions.

   P.S.

   La salle où je me trouvais n'était pas remplie que d'habitués des films Marvel : la moitié de l'assistance est sortie dès le début du générique. (Mais peut-être en avaient-ils tout simplement marre...) Ils ont donc raté deux scènes supplémentaires. La première annonce sans doute la suite des aventures. La seconde nous apprend ce qu'un des personnages de l'histoire n'a pas eu le temps de révéler à la femme qu'il aime. On entend aussi une grosse voix, signe qu'une vieille connaissance pourrait bientôt faire son retour dans les salles obscures.

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jeudi, 11 novembre 2021

30 degrés en février

   Cette mini-série suédo-thaïlandaise s'appuie sur un fait de société : la présence à l'année d'une petite communauté suédoise en Thaïlande, à laquelle venaient se joindre (avant le covid) des centaines de milliers de touristes de même origine, chaque année.

   C'est une nouvelle pépite mise en ligne par la chaîne Arte. Les deux saisons (vingt épisodes au total) sont accessibles jusqu'en septembre 2022. Quatre histoires principales s'entremêlent (plus ou moins), avec un séjour en Thaïlande comme point commun.

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   L'un des couples est constitué d'un pilote d'avion à la retraite (devenu handicapé) et de son épouse timide et dévouée. Le mec (Bengt) est puant au possible, plein de mépris pour une femme qu'il a déjà trompée et quittée (du temps où il était bel homme... et valide), mais dont il a désormais bigrement besoin. Leur venue en Thaïlande pourrait être l'occasion pour le couple de se rabibocher. Majlis (l'épouse) va connaître une lente mais spectaculaire évolution. Les deux acteurs sont formidables... et connus des amateurs de séries nordiques. Kjell Bergvist s'est récemment illustré dans Commandant Bäckström. Quant à Lotta Tejle, elle a incarné la voisine taciturne et pique-assiette du policier héros de Meurtres à Sandhamn.

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   Un autre couple est en fait un duo père-fils, formé de Chan et Pong. Le premier est un Thaïlandais expatrié en Suède, de retour au pays pour relancer une affaire locale... et tenter de renouer avec son ancienne compagne. Le fils est en pleine dérive. Le jeune acteur qui l'incarne est crédible aussi bien en drogué quasi délinquant qu'en moine bouddhiste ou barman amoureux.

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   Ce duo va entrer (à nouveau) en contact avec une famille incomplète, composée d'une mère et de ses deux filles. (Le père les a quittées quelques années auparavant.) Kajsa (la mère) est une brillante architecte qui tente de refaire sa vie en Thaïlande, où elle est déjà allée en vacances. Sa fille aînée (Joy) est en pleine crise d'adolescence, tandis que la cadette (Wilda) réclame beaucoup d'attention de la part des deux autres.

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   L'équipe de départ ne serait pas complète sans Glenn, un célibataire d'une quarantaine d'années, à l'abri du besoin sur le plan financier mais désespérément seul... et obèse. Il se rend en Thaïlande en pensant y rencontrer la femme de sa vie. Le pauvre garçon va aller de déconvenue en déconvenue... jusqu'à ce qu'il rencontre Oh, une masseuse au grand coeur... mais qui cache un gros secret.

cinéma,cinema,film,films,société,télévision

   Parti pour ne voir qu'un épisode ou deux, je me suis laissé prendre par ces personnages fouillés (aussi bien du côté suédois que du côté thaïlandais), remarquablement interprétés. J'ai même poussé le vice jusqu'à enchaîner avec la saison 2. L'histoire reprend après une catastrophe climatique, qui a un peu redistribué les cartes. Presque tous les personnages de la première saison sont présents, auxquels s'ajoutent quelques nouveaux.

   Majlis acquiert de plus en plus d'autonomie et fait même preuve d'une audace surprenante pour une femme de son âge, compte tenu surtout de l'éducation qu'elle a reçue. Le (beau) personnage de Joy (l'adolescente) reste majeur, mais les scénaristes ont choisi de davantage développer celui de sa petite sœur... et je n'ai pas été convaincu. Soit elle m'agace, soit je m'irrite des grosses ficelles utilisées : c'est un personnage qui, régulièrement, soit commet des gaffes, soit subit une contrariété. J'ai (de loin) préféré le personnage (nouveau) de Teng, une orpheline thaï dont Majlis va s'enticher.

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   De son côté, Glenn, un peu moins obèse, est toujours aussi sympathique... et maladroit. On le voit retourner en Suède... mais avec la Thaïlande au coeur.

   C'est bien filmé, accompagné d'une musique agréable. Je note que les scénaristes n'ont accablé aucun de leurs personnages : tous ont leurs bons et leurs mauvais côtés, si bien qu'ils finissent (presque) tous par m'agacer à un moment ou à un autre, y compris quand l'intrigue leur permet de se "racheter". C'est un peu la limite de cette série, un peu trop inclusive à mon goût et qui semble soutenir l'idée qu'il n'existe pas de méchante personne, juste des gens ordinaires qui, parfois ont dérivé.

30 degrés en février

   Cette mini-série suédo-thaïlandaise s'appuie sur un fait de société : la présence à l'année d'une petite communauté suédoise en Thaïlande, à laquelle venaient se joindre (avant le covid) des centaines de milliers de touristes de même origine, chaque année.

   C'est une nouvelle pépite mise en ligne par la chaîne Arte. Les deux saisons (vingt épisodes au total) sont accessibles jusqu'en septembre 2022. Quatre histoires principales s'entremêlent (plus ou moins), avec un séjour en Thaïlande comme point commun.

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   L'un des couples est constitué d'un pilote d'avion à la retraite (devenu handicapé) et de son épouse timide et dévouée. Le mec (Bengt) est puant au possible, plein de mépris pour une femme qu'il a déjà trompée et quittée (du temps où il était bel homme... et valide), mais dont il a désormais bigrement besoin. Leur venue en Thaïlande pourrait être l'occasion pour le couple de se rabibocher. Majlis (l'épouse) va connaître une lente mais spectaculaire évolution. Les deux acteurs sont formidables... et connus des amateurs de séries nordiques. Kjell Bergvist s'est récemment illustré dans Commandant Bäckström. Quant à Lotta Tejle, elle a incarné la voisine taciturne et pique-assiette du policier héros de Meurtres à Sandhamn.

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   Un autre couple est en fait un duo père-fils, formé de Chan et Pong. Le premier est un Thaïlandais expatrié en Suède, de retour au pays pour relancer une affaire locale... et tenter de renouer avec son ancienne compagne. Le fils est en pleine dérive. Le jeune acteur qui l'incarne est crédible aussi bien en drogué quasi délinquant qu'en moine bouddhiste ou barman amoureux.

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   Ce duo va entrer (à nouveau) en contact avec une famille incomplète, composée d'une mère et de ses deux filles. (Le père les a quittées quelques années auparavant.) Kajsa (la mère) est une brillante architecte qui tente de refaire sa vie en Thaïlande, où elle est déjà allée en vacances. Sa fille aînée (Joy) est en pleine crise d'adolescence, tandis que la cadette (Wilda) réclame beaucoup d'attention de la part des deux autres.

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   L'équipe de départ ne serait pas complète sans Glenn, un célibataire d'une quarantaine d'années, à l'abri du besoin sur le plan financier mais désespérément seul... et obèse. Il se rend en Thaïlande en pensant y rencontrer la femme de sa vie. Le pauvre garçon va aller de déconvenue en déconvenue... jusqu'à ce qu'il rencontre Oh, une masseuse au grand coeur... mais qui cache un gros secret.

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   Parti pour ne voir qu'un épisode ou deux, je me suis laissé prendre par ces personnages fouillés (aussi bien du côté suédois que du côté thaïlandais), remarquablement interprétés. J'ai même poussé le vice jusqu'à enchaîner avec la saison 2. L'histoire reprend après une catastrophe climatique, qui a un peu redistribué les cartes. Presque tous les personnages de la première saison sont présents, auxquels s'ajoutent quelques nouveaux.

   Majlis acquiert de plus en plus d'autonomie et fait même preuve d'une audace surprenante pour une femme de son âge, compte tenu surtout de l'éducation qu'elle a reçue. Le (beau) personnage de Joy (l'adolescente) reste majeur, mais les scénaristes ont choisi de davantage développer celui de sa petite sœur... et je n'ai pas été convaincu. Soit elle m'agace, soit je m'irrite des grosses ficelles utilisées : c'est un personnage qui, régulièrement, soit commet des gaffes, soit subit une contrariété. J'ai (de loin) préféré le personnage (nouveau) de Teng, une orpheline thaï dont Majlis va s'enticher.

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   De son côté, Glenn, un peu moins obèse, est toujours aussi sympathique... et maladroit. On le voit retourner en Suède... mais avec la Thaïlande au coeur.

   C'est bien filmé, accompagné d'une musique agréable. Je note que les scénaristes n'ont accablé aucun de leurs personnages : tous ont leurs bons et leurs mauvais côtés, si bien qu'ils finissent (presque) tous par m'agacer à un moment ou à un autre, y compris quand l'intrigue leur permet de se "racheter". C'est un peu la limite de cette série, un peu trop inclusive à mon goût et qui semble soutenir l'idée qu'il n'existe pas de méchante personne, juste des gens ordinaires qui, parfois ont dérivé.

dimanche, 07 novembre 2021

Manhunt : sur la piste du tueur

   Pour une raison qui m'est inconnue, ce dimanche soir, France 3 a remplacé l'excellente McDonald & Dodds par une autre série britannique, d'anthologie celle-là. Les trois épisodes de la première saison de Manhunt traitent d'une seule affaire criminelle.

cinéma,cinema,film,films,télévision

   Cette affaire n'est pas fictive, mais bien réelle. Le scénario est inspiré du récit qu'en a fait le principal enquêteur de l'époque : Colin Sutton, au centre sur l'image ci-dessus. Mais la traque du criminel fut une œuvre collective, qui impliqua des dizaines de policiers.

    C'est à leur travail ingrat que cette mini-série rend hommage. Ici, vous ne verrez pas de poursuite en voiture, pas d'analyse ADN effectuée dans la journée ou de gadget électronique facilitant de travail des enquêteurs. Nous sommes au début des années 2000. Si les principaux personnages sont rivés à leurs téléphones portables, aucun de ceux-ci n'est "intelligent".

   La série ne fait pas dans le clinquant. Le chef de groupe (remarquablement interprété par Martin Clunes) est du genre bonnet de nuit, mais il se donne à fond dans son travail... ce qui lui pose quelques problèmes dans sa vie privée (classique). On notera aussi le souci de réalisme, jusque dans la mise en scène des petites tensions entre services de police et même au sein d'un service.

   Plusieurs pistes sont proposées aux téléspectateurs, avant qu'une sorte du lot. Mais avoir la certitude de la culpabilité d'un individu est une chose, pouvoir la prouver en est une autre. L'obstination des enquêteurs est-elle venue à bout de la ruse du criminel ? Je laisse à chacun le soin de le découvrir.

Manhunt : sur la piste du tueur

   Pour une raison qui m'est inconnue, ce dimanche soir, France 3 a remplacé l'excellente McDonald & Dodds par une autre série britannique, d'anthologie celle-là. Les trois épisodes de la première saison de Manhunt traitent d'une seule affaire criminelle.

cinéma,cinema,film,films,télévision

   Cette affaire n'est pas fictive, mais bien réelle. Le scénario est inspiré du récit qu'en a fait le principal enquêteur de l'époque : Colin Sutton, au centre sur l'image ci-dessus. Mais la traque du criminel fut une œuvre collective, qui impliqua des dizaines de policiers.

    C'est à leur travail ingrat que cette mini-série rend hommage. Ici, vous ne verrez pas de poursuite en voiture, pas d'analyse ADN effectuée dans la journée ou de gadget électronique facilitant de travail des enquêteurs. Nous sommes au début des années 2000. Si les principaux personnages sont rivés à leurs téléphones portables, aucun de ceux-ci n'est "intelligent".

   La série ne fait pas dans le clinquant. Le chef de groupe (remarquablement interprété par Martin Clunes) est du genre bonnet de nuit, mais il se donne à fond dans son travail... ce qui lui pose quelques problèmes dans sa vie privée (classique). On notera aussi le souci de réalisme, jusque dans la mise en scène des petites tensions entre services de police et même au sein d'un service.

   Plusieurs pistes sont proposées aux téléspectateurs, avant qu'une sorte du lot. Mais avoir la certitude de la culpabilité d'un individu est une chose, pouvoir la prouver en est une autre. L'obstination des enquêteurs est-elle venue à bout de la ruse du criminel ? Je laisse à chacun le soin de le découvrir.