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dimanche, 08 août 2021

Profession du père

   C'est l'histoire d'un homme, André Choulans, marié, père de famille provincial, frustré dans sa vie professionnelle, aigri par la politique française et qui a tendance à voir des complots partout. Eh non, il ne s'agit pas d'un de ces manifestants antivax... puisque l'intrigue débute en 1961, au moment du putsch des généraux en Algérie.

   Le film repose beaucoup sur le talent de Benoît Poelvoorde, qu'on a déjà vu dans des rôles de perdant magnifique. Ici, le père de famille en apparence débonnaire va petit à petit dévoiler un côté psychopathe de plus en plus inquiétant.

   Son fils, Émile (incarné jeune par le surprenant Jules Lefebvre) ne sait pas trop comment renseigner la ligne "profession du père", le jour de la rentrée des classes (au collège). Doit-il écrire "chanteur" ? (Son père prétend avoir fait partie des membres fondateurs des Compagnons de la chanson.) Doit-il écrire "agent secret" ? (Le meilleur ami de son père, Ted, serait membre de la CIA.) Doit-il écrire "joueur de football" ? "professeur de judo" ? "parachutiste" ?... Son père ne cesse de lui raconter des  histoires, au propre comme au figuré. Comment démêler le vrai du faux, dans ce magma auquel la mère (Audrey Dana, très bien) a renoncé à apporter un minimum de cohérence ?

   La première partie du film met en scène le "bourrage de crâne" familial, sous les yeux d'une épouse qui reconnaît de moins en moins l'homme charmant qu'elle a jadis épousé. Rappelons que nous sommes au début de la Ve République, à Lyon, dans un ménage de "Français moyens". À la maison, c'est l'homme qui commande, au besoin par la force... même (surtout ?) si c'est sur les épaules de madame que repose le foyer.

   La deuxième partie de l'intrigue renforce l'intérêt du film : le gamin se met à son tour à inventer des histoires. On a bien compris qu'il ne croit pas à tout ce que lui raconte son père mais, comme lui, il développe une propension à la mythomanie pour rendre son quotidien plus supportable. Il s'imagine membre actif de "l'organisation" (l'O.A.S.). Je ne vais pas en dire plus, mais sachez que cela va très loin, surtout à partir du moment où débarque au collège un jeune pied-noir (Tom Levy, lui aussi très bien), dont Émile cherche à devenir l'ami.

   Au-delà du contexte de la Guerre d'Algérie (le film adapte un roman de Sorj Chalandon, en partie autobiographique), c'est une réflexion sur l'influence qu'ont les parents sur leurs enfants et comment leurs délires peuvent en faire des individus névrosés, voire dangereux. Je trouve que c'est d'une étonnante actualité.

   P.S.

   Les spectateurs aveyronnais doivent être particulièrement attentifs à la première scène de repas familial, au début de l'histoire. On y voit André Choulans déplier un célèbre couteau de poche (avec tire-bouchon)...

Profession du père

   C'est l'histoire d'un homme, André Choulans, marié, père de famille provincial, frustré dans sa vie professionnelle, aigri par la politique française et qui a tendance à voir des complots partout. Eh non, il ne s'agit pas d'un de ces manifestants antivax... puisque l'intrigue débute en 1961, au moment du putsch des généraux en Algérie.

   Le film repose beaucoup sur le talent de Benoît Poelvoorde, qu'on a déjà vu dans des rôles de perdant magnifique. Ici, le père de famille en apparence débonnaire va petit à petit dévoiler un côté psychopathe de plus en plus inquiétant.

   Son fils, Émile (incarné jeune par le surprenant Jules Lefebvre) ne sait pas trop comment renseigner la ligne "profession du père", le jour de la rentrée des classes (au collège). Doit-il écrire "chanteur" ? (Son père prétend avoir fait partie des membres fondateurs des Compagnons de la chanson.) Doit-il écrire "agent secret" ? (Le meilleur ami de son père, Ted, serait membre de la CIA.) Doit-il écrire "joueur de football" ? "professeur de judo" ? "parachutiste" ?... Son père ne cesse de lui raconter des  histoires, au propre comme au figuré. Comment démêler le vrai du faux, dans ce magma auquel la mère (Audrey Dana, très bien) a renoncé à apporter un minimum de cohérence ?

   La première partie du film met en scène le "bourrage de crâne" familial, sous les yeux d'une épouse qui reconnaît de moins en moins l'homme charmant qu'elle a jadis épousé. Rappelons que nous sommes au début de la Ve République, à Lyon, dans un ménage de "Français moyens". À la maison, c'est l'homme qui commande, au besoin par la force... même (surtout ?) si c'est sur les épaules de madame que repose le foyer.

   La deuxième partie de l'intrigue renforce l'intérêt du film : le gamin se met à son tour à inventer des histoires. On a bien compris qu'il ne croit pas à tout ce que lui raconte son père mais, comme lui, il développe une propension à la mythomanie pour rendre son quotidien plus supportable. Il s'imagine membre actif de "l'organisation" (l'O.A.S.). Je ne vais pas en dire plus, mais sachez que cela va très loin, surtout à partir du moment où débarque au collège un jeune pied-noir (Tom Levy, lui aussi très bien), dont Émile cherche à devenir l'ami.

   Au-delà du contexte de la Guerre d'Algérie (le film adapte un roman de Sorj Chalandon, en partie autobiographique), c'est une réflexion sur l'influence qu'ont les parents sur leurs enfants et comment leurs délires peuvent en faire des individus névrosés, voire dangereux. Je trouve que c'est d'une étonnante actualité.

   P.S.

   Les spectateurs aveyronnais doivent être particulièrement attentifs à la première scène de repas familial, au début de l'histoire. On y voit André Choulans déplier un célèbre couteau de poche (avec tire-bouchon)...

vendredi, 06 août 2021

Nadia, Butterfly

   Tourné en 2019 pour sortir en 2020, au moment des Jeux de Tokyo (durant lesquels est censée se dérouler l'action), ce film a subi le même sort que les compétitions olympiques : le report. Son arrivée dans les salles obscures françaises est opportune à plusieurs titres, d'autant qu'il aborde un sujet qui a récemment fait l'actualité (à propos de la joueuse de tennis Noami Osaka et de la gymnaste Simone Biles) : la difficulté d'être une sportive professionnelle et la charge mentale qui pèse sur les jeunes femmes. (Les Frenchies auront tendance à faire le lien avec le cas Laure Manaudou.)

   Cette fiction à caractère documentaire revêt donc plusieurs intérêts. Notons que les quatre actrices principales sont nageuses de formation. Dans l'intrigue, elles constituent une équipe de relais canadien, où l'on trouve "l'ancienne" (qui approche la trentaine !) en fin de carrière, deux nageuses confirmées plus jeunes et le grand espoir national (encore mineure). Trois sont québécoises, la quatrième anglophone stricte.

   L'héroïne est Nadia, spécialiste du papillon (d'où le titre). À 23 ans, elle est un pilier de l'équipe nationale et l'une des meilleures spécialistes mondiales de sa discipline. On la suit tout d'abord à l'entraînement, avec de superbes plans de piscine. Un regard extérieur aurait tendance à la voir comme une machine : la jeune femme aux larges épaules et aux cuisses musculeuses enchaîne les longueurs avec une apparente impassibilité. En réalité, cela bouillonne dans sa tête : elle a décidé d'arrêter la natation et de reprendre ses études après les Jeux. Cela suscite beaucoup d'incompréhension dans son entourage où, curieusement, on note l'absence totale des membres de sa famille (même en communication à distance).

   La compétition, à Tokyo, est filmée de manière classique. Notons que le scénariste avait quasiment prévu l'exact podium du relais (dont la finale s'est déroulée le 1er août dernier) ! En alternance, on nous montre les à-côtés de la vie des sportifs du village, entre soirées, obligations médiatiques et découverte du Japon. La scène qui voit Nadia tenter de gagner une peluche (de la mascotte olympique) à un jeu de capture est symbolique de ce que vit la jeune femme, qui peine à obtenir ce qu'elle veut... pour finalement changer d'avis. Elle ne sait plus trop où elle en est.

   Les Jeux sont aussi l'occasion de faire des rencontres... du moins quand sa part de compétition est achevée. Deux des membres du relais vont s'offrir une soirée déjantée, avec maquillage, godasses de "poulette", musique, alcool fort et mecs dispos. Cette séquence devrait rayonner de bonheur... mais le mal-être n'est pas loin.

   Nadia, qui a consacré la majeure partie de son temps à la natation depuis l'âge de dix ans, a l'impression d'être passée à côté de sa jeunesse. La période des Jeux est celle des choix, non sans regrets, contre lesquels elle tente de se prémunir à l'aide de son smartphone. (Soyez attentifs à ce qu'elle fait avec.)

   J'ai trouvé cette histoire très touchante, avec des interprètes authentiques et une caméra près des corps, mais sans impudeur.

Nadia, Butterfly

   Tourné en 2019 pour sortir en 2020, au moment des Jeux de Tokyo (durant lesquels est censée se dérouler l'action), ce film a subi le même sort que les compétitions olympiques : le report. Son arrivée dans les salles obscures françaises est opportune à plusieurs titres, d'autant qu'il aborde un sujet qui a récemment fait l'actualité (à propos de la joueuse de tennis Noami Osaka et de la gymnaste Simone Biles) : la difficulté d'être une sportive professionnelle et la charge mentale qui pèse sur les jeunes femmes. (Les Frenchies auront tendance à faire le lien avec le cas Laure Manaudou.)

   Cette fiction à caractère documentaire revêt donc plusieurs intérêts. Notons que les quatre actrices principales sont nageuses de formation. Dans l'intrigue, elles constituent une équipe de relais canadien, où l'on trouve "l'ancienne" (qui approche la trentaine !) en fin de carrière, deux nageuses confirmées plus jeunes et le grand espoir national (encore mineure). Trois sont québécoises, la quatrième anglophone stricte.

   L'héroïne est Nadia, spécialiste du papillon (d'où le titre). À 23 ans, elle est un pilier de l'équipe nationale et l'une des meilleures spécialistes mondiales de sa discipline. On la suit tout d'abord à l'entraînement, avec de superbes plans de piscine. Un regard extérieur aurait tendance à la voir comme une machine : la jeune femme aux larges épaules et aux cuisses musculeuses enchaîne les longueurs avec une apparente impassibilité. En réalité, cela bouillonne dans sa tête : elle a décidé d'arrêter la natation et de reprendre ses études après les Jeux. Cela suscite beaucoup d'incompréhension dans son entourage où, curieusement, on note l'absence totale des membres de sa famille (même en communication à distance).

   La compétition, à Tokyo, est filmée de manière classique. Notons que le scénariste avait quasiment prévu l'exact podium du relais (dont la finale s'est déroulée le 1er août dernier) ! En alternance, on nous montre les à-côtés de la vie des sportifs du village, entre soirées, obligations médiatiques et découverte du Japon. La scène qui voit Nadia tenter de gagner une peluche (de la mascotte olympique) à un jeu de capture est symbolique de ce que vit la jeune femme, qui peine à obtenir ce qu'elle veut... pour finalement changer d'avis. Elle ne sait plus trop où elle en est.

   Les Jeux sont aussi l'occasion de faire des rencontres... du moins quand sa part de compétition est achevée. Deux des membres du relais vont s'offrir une soirée déjantée, avec maquillage, godasses de "poulette", musique, alcool fort et mecs dispos. Cette séquence devrait rayonner de bonheur... mais le mal-être n'est pas loin.

   Nadia, qui a consacré la majeure partie de son temps à la natation depuis l'âge de dix ans, a l'impression d'être passée à côté de sa jeunesse. La période des Jeux est celle des choix, non sans regrets, contre lesquels elle tente de se prémunir à l'aide de son smartphone. (Soyez attentifs à ce qu'elle fait avec.)

   J'ai trouvé cette histoire très touchante, avec des interprètes authentiques et une caméra près des corps, mais sans impudeur.

Le Soupir des vagues

   Sous ce titre ressort en France un film du Japonais Koji Fukada. Depuis deux-trois ans, ses œuvres arrivent sur nos écrans, un peu dans le désordre. Leur qualité est d'ailleurs inégale. Si j'avais apprécié L'Infirmière, l'an dernier, j'ai globalement été déçu cette année par Hospitalité (son premier long métrage, moins maîtrisé que les suivants), qui nous a été un peu survendu par la critique.

cinéma,cinema,film,films

   Il y a deux ans, au mois de juin, le cinéma CGR de Rodez avait programmé plusieurs films japonais (parfois en avant-première), sur deux semaines. C'est à cette occasion que j'avais pu voir L'Homme qui venait de la mer... qui ressort donc sous un nouveau titre. Je ne vais pas réécrire le billet. Pour lire ma recension, il suffit de cliquer sur le lien précédent. Ce film mérite vraiment le détour.

00:35 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Soupir des vagues

   Sous ce titre ressort en France un film du Japonais Koji Fukada. Depuis deux-trois ans, ses œuvres arrivent sur nos écrans, un peu dans le désordre. Leur qualité est d'ailleurs inégale. Si j'avais apprécié L'Infirmière, l'an dernier, j'ai globalement été déçu cette année par Hospitalité (son premier long métrage, moins maîtrisé que les suivants), qui nous a été un peu survendu par la critique.

cinéma,cinema,film,films

   Il y a deux ans, au mois de juin, le cinéma CGR de Rodez avait programmé plusieurs films japonais (parfois en avant-première), sur deux semaines. C'est à cette occasion que j'avais pu voir L'Homme qui venait de la mer... qui ressort donc sous un nouveau titre. Je ne vais pas réécrire le billet. Pour lire ma recension, il suffit de cliquer sur le lien précédent. Ce film mérite vraiment le détour.

00:35 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 05 août 2021

Benedetta

   J'ai rechigné à aller voir ce film, tant le battage fait autour de certains aspects (supposés) provocateurs m'a paru artificiel. Et puis, récemment, j'ai profité d'un déplacement pour m'offrir la séance, dans un cinéma qui le programme depuis sa sortie à Cannes. À ma grande surprise, la salle fut aux trois quarts pleine, avec comme public un océan de tempes argentées (plutôt féminines), dans lequel s'étaient noyés un étudiant et quelques actifs en goguette.

   Commençons par l'aspect technique : c'est bien filmé, avec de bons décors. Le contexte de l'Italie du Nord du début du XVIIe siècle (à peine sortie du Moyen-Âge...) est assez bien planté, quoique de manière sommaire.

   Les scènes les plus intéressantes sont (pour moi) celles qui se déroulent à l'intérieur du couvent. Plus que le confinement, c'est la promiscuité qui a été mise en scène, avec ces pseudo-cellules monastiques qui ne sont séparées que par un rideau pas tout à fait opaque. Le mystère et le désir qui accompagnent cette fausse étanchéité sont quasiment palpables.

   À cela s'ajoute la prestation des acteurs. J'ai été davantage convaincu par les deux principales interprètes féminines (Virginie Éfira et Daphne Patakia) que par les deux "anciens" (Lambert Wilson, juste correct dans le rôle du nonce, Charlotte Rampling très à la peine). Heureusement, une pléiade de seconds rôles bien campés (notamment par Olivier Rabourdin et Louise Chevillotte) donne de la consistance à la distribution.

   Reste le propos global. Bien que Verhoeven s'en défende, il a construit une œuvre anticléricale, provocatrice (un peu tape-à-l'oeil) et dans l'air du temps pro-LGBT. Cela ne me dérange guère, à ceci près qu'il a déformé l'histoire (réelle) de cette religieuse homosexuelle (bisexuelle sans doute) pour la faire cadrer avec ses idées.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Contrairement à ce que j'ai parfois lu et entendu, le livre dont s'est inspiré Paul Verhoeven n'est pas un roman. C'est une étude universitaire rigoureuse, parue il y a plus de trente ans et que les éditions Gallimard ont fort opportunément décidé de republier (pas en collection de poche, toutefois... il n'y a pas de petit profit). De plus, le film n'est pas la simple adaptation du livre. Il y a eu réécriture de l'histoire, au profit d'un scénario en partie fictif... et ce n'est a priori pas forcément un mal.

   L'ouvrage de l'universitaire états-unienne mérite le détour pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il présente beaucoup mieux le contexte, évoquant notamment la place de la "déviance" sexuelle dans la société de l'époque... ainsi qu'au sein de l'Église. Le livre est beaucoup plus intéressant que le film par l'analyse détaillée qu'il fait des enquêtes ecclésiastiques. La hiérarchie toscane s'est demandée si Benedetta n'avait pas rêvé, puis si ses visions relevaient de l'extase ou du ravissement... et surtout si ce n'était pas Satan qui était derrière.

   À la lecture de l'étude, on comprend mieux quels étaient les enjeux de pouvoir, entre les autorités locales et régionales, entre les hommes et les femmes, entre les riches et les pauvres. Durant 90 % de l'ouvrage, l'historienne se garde de prendre position, se contentant de rendre compréhensibles par un public du XXe siècle (époque de la première publication) les mentalités de l'époque. Ce n'est qu'à la toute fin qu'elle semble trancher au niveau de la réalité des visions et de la relation nouée entre Benedetta et sa "protégée". Le livre n'est pas toujours facile à lire, mais il est passionnant. Il contient en outre de précieuses annexes traduites.

Benedetta

   J'ai rechigné à aller voir ce film, tant le battage fait autour de certains aspects (supposés) provocateurs m'a paru artificiel. Et puis, récemment, j'ai profité d'un déplacement pour m'offrir la séance, dans un cinéma qui le programme depuis sa sortie à Cannes. À ma grande surprise, la salle fut aux trois quarts pleine, avec comme public un océan de tempes argentées (plutôt féminines), dans lequel s'étaient noyés un étudiant et quelques actifs en goguette.

   Commençons par l'aspect technique : c'est bien filmé, avec de bons décors. Le contexte de l'Italie du Nord du début du XVIIe siècle (à peine sortie du Moyen-Âge...) est assez bien planté, quoique de manière sommaire.

   Les scènes les plus intéressantes sont (pour moi) celles qui se déroulent à l'intérieur du couvent. Plus que le confinement, c'est la promiscuité qui a été mise en scène, avec ces pseudo-cellules monastiques qui ne sont séparées que par un rideau pas tout à fait opaque. Le mystère et le désir qui accompagnent cette fausse étanchéité sont quasiment palpables.

   À cela s'ajoute la prestation des acteurs. J'ai été davantage convaincu par les deux principales interprètes féminines (Virginie Éfira et Daphne Patakia) que par les deux "anciens" (Lambert Wilson, juste correct dans le rôle du nonce, Charlotte Rampling très à la peine). Heureusement, une pléiade de seconds rôles bien campés (notamment par Olivier Rabourdin et Louise Chevillotte) donne de la consistance à la distribution.

   Reste le propos global. Bien que Verhoeven s'en défende, il a construit une œuvre anticléricale, provocatrice (un peu tape-à-l'oeil) et dans l'air du temps pro-LGBT. Cela ne me dérange guère, à ceci près qu'il a déformé l'histoire (réelle) de cette religieuse homosexuelle (bisexuelle sans doute) pour la faire cadrer avec ses idées.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Contrairement à ce que j'ai parfois lu et entendu, le livre dont s'est inspiré Paul Verhoeven n'est pas un roman. C'est une étude universitaire rigoureuse, parue il y a plus de trente ans et que les éditions Gallimard ont fort opportunément décidé de republier (pas en collection de poche, toutefois... il n'y a pas de petit profit). De plus, le film n'est pas la simple adaptation du livre. Il y a eu réécriture de l'histoire, au profit d'un scénario en partie fictif... et ce n'est a priori pas forcément un mal.

   L'ouvrage de l'universitaire états-unienne mérite le détour pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il présente beaucoup mieux le contexte, évoquant notamment la place de la "déviance" sexuelle dans la société de l'époque... ainsi qu'au sein de l'Église. Le livre est beaucoup plus intéressant que le film par l'analyse détaillée qu'il fait des enquêtes ecclésiastiques. La hiérarchie toscane s'est demandée si Benedetta n'avait pas rêvé, puis si ses visions relevaient de l'extase ou du ravissement... et surtout si ce n'était pas Satan qui était derrière.

   À la lecture de l'étude, on comprend mieux quels étaient les enjeux de pouvoir, entre les autorités locales et régionales, entre les hommes et les femmes, entre les riches et les pauvres. Durant 90 % de l'ouvrage, l'historienne se garde de prendre position, se contentant de rendre compréhensibles par un public du XXe siècle (époque de la première publication) les mentalités de l'époque. Ce n'est qu'à la toute fin qu'elle semble trancher au niveau de la réalité des visions et de la relation nouée entre Benedetta et sa "protégée". Le livre n'est pas toujours facile à lire, mais il est passionnant. Il contient en outre de précieuses annexes traduites.

mardi, 03 août 2021

OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire

   Cela fait plus de douze ans que les cinéphiles attendent la suite des aventures d'Hubert Bonisseur de la Bath, que l'on avait laissé du côté de Rio, en galante compagnie. Je connais des fans qui redoutaient le changement de réalisateur. Mais, comme le scénario et les dialogues sont restés de la main de Jean-François Halin, le passage de témoin s'est fait sans heurt.

   Nicolas Bedos a gardé les éléments identitaires des précédents films : le pastiche/hommage à des films de genre et la mise en scène d'une franchouillardise qu'on est censé prendre au second (troisième ? quatrième ?) degré. Le générique de début est d'ailleurs un montage de plans faisant référence à plusieurs James Bond. C'est assez joliment réalisé... et Jean Dujardin est toujours aussi bon.

   Le vieillissement de son personnage fait partie des réussites du film. On le sent moins svelte qu'auparavant... et moins "vigoureux" au lit. (Je recommande vivement toutes les scènes de chambre à coucher !) On le voit porter des lunettes de lecture et se mettre à l'informatique. Surtout, l'arrivée à ses côtés de l'agent "1001" (Pierre Niney, très bien) contribue à le ringardiser. L'association de ces deux tempéraments, issus de deux générations différentes, est une autre réussite du film.

   Les dialogues sont souvent savoureux. Halin a pris plaisir à placer dans la bouche du héros des répliques qui, soit sont d'une consternante beaufitude, soit sont à double-sens. Même quand il essaie de passer pour un type bien, le héros finit par sortir des énormités. Mais c'est un bon agent de terrain. Sa mission en Afrique noire subsaharienne est riche en péripéties, parfois spectaculaires, comme l'intrusion des deux espions français dans la cache des trafiquants d'armes.

   Culturellement, l'histoire baigne dans la fin des années 1970 et le début des années 1980 (avec notamment le célèbre générique de la Gaumont, en introduction). Cela aura comme un petit goût de madeleine de Proust pour les spectateurs entre deux âges. Toutefois, en fil rouge sous-jacent, ce sont plutôt des questionnements contemporains que l'on trouve. Le duo Bedos-Halin s'amuse du "politiquement correct" à la française et de ses dérives... tout en dénonçant (gentiment) la "Françafrique".

   Pour un film de divertissement grand public, ce n'est déjà pas si mal.

   P.S.

   La toute fin laisse présager une suite, sous la forme d'une dernière référence cinématographique, cette fois-ci à La Revanche des Sith !

23:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire

   Cela fait plus de douze ans que les cinéphiles attendent la suite des aventures d'Hubert Bonisseur de la Bath, que l'on avait laissé du côté de Rio, en galante compagnie. Je connais des fans qui redoutaient le changement de réalisateur. Mais, comme le scénario et les dialogues sont restés de la main de Jean-François Halin, le passage de témoin s'est fait sans heurt.

   Nicolas Bedos a gardé les éléments identitaires des précédents films : le pastiche/hommage à des films de genre et la mise en scène d'une franchouillardise qu'on est censé prendre au second (troisième ? quatrième ?) degré. Le générique de début est d'ailleurs un montage de plans faisant référence à plusieurs James Bond. C'est assez joliment réalisé... et Jean Dujardin est toujours aussi bon.

   Le vieillissement de son personnage fait partie des réussites du film. On le sent moins svelte qu'auparavant... et moins "vigoureux" au lit. (Je recommande vivement toutes les scènes de chambre à coucher !) On le voit porter des lunettes de lecture et se mettre à l'informatique. Surtout, l'arrivée à ses côtés de l'agent "1001" (Pierre Niney, très bien) contribue à le ringardiser. L'association de ces deux tempéraments, issus de deux générations différentes, est une autre réussite du film.

   Les dialogues sont souvent savoureux. Halin a pris plaisir à placer dans la bouche du héros des répliques qui, soit sont d'une consternante beaufitude, soit sont à double-sens. Même quand il essaie de passer pour un type bien, le héros finit par sortir des énormités. Mais c'est un bon agent de terrain. Sa mission en Afrique noire subsaharienne est riche en péripéties, parfois spectaculaires, comme l'intrusion des deux espions français dans la cache des trafiquants d'armes.

   Culturellement, l'histoire baigne dans la fin des années 1970 et le début des années 1980 (avec notamment le célèbre générique de la Gaumont, en introduction). Cela aura comme un petit goût de madeleine de Proust pour les spectateurs entre deux âges. Toutefois, en fil rouge sous-jacent, ce sont plutôt des questionnements contemporains que l'on trouve. Le duo Bedos-Halin s'amuse du "politiquement correct" à la française et de ses dérives... tout en dénonçant (gentiment) la "Françafrique".

   Pour un film de divertissement grand public, ce n'est déjà pas si mal.

   P.S.

   La toute fin laisse présager une suite, sous la forme d'une dernière référence cinématographique, cette fois-ci à La Revanche des Sith !

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lundi, 02 août 2021

Jungle Cruise

   Et c'est parti pour un nouveau blockbuster de l'été !... avec encore une production Disney, au moins ma troisième de la saison, après le surprenant Cruella et et le bastonnant Black Widow.

   C'est un film d'aventures, bourré d'effets spéciaux, inspiré paraît-il d'une attraction d'un des parcs d'attractions de la Mickey Company. Les spectateurs pas trop mous du bulbe remarqueront aussi des ressemblances avec Pirates des Caraïbes (les conquistadors espagnols remplaçant les écumeurs des mers) et avec Indiana Jones (le vilain prince allemand semblant être un précurseur des nazis opposés à l'homme au fouet). Les plus âgés se souviendront d'autres œuvres de fiction (cinématographiques ou télévisuelles) ayant pour cadre une forêt tropicale.

   Attention toutefois : il n'est pas question ici de présenter les peuples indigènes comme de redoutables sauvages... même si le film s'amuse à jouer avec les clichés (le cannibalisme et la réduction des têtes). On a aussi modernisé la caractérisation des personnages, avec la présence (parmi les protagonistes) d'un homosexuel et une romance interraciale. Ceci dit, ces éléments ont été insérés avec une relative finesse.

   Ainsi, l'histoire d'amour entre le baroudeur très musclé et l'entreprenante exploratrice britannique met du temps à émerger... et c'est tant mieux. Dans ces deux rôles, Dwayne Johnson et Emily Blunt (délicieux accent britannique en V.O.) font merveille.

   En 1916, une petite expédition s'enfonce dans la forêt amazonienne, à la recherche d'un arbre miraculeux. Les Britanniques sont poursuivis par de méchants Allemands (leur chef étant une caricature vivante). Ils doivent aussi échapper à de dangereux fantômes, qui hantent la forêt... mais seulement à proximité du fleuve. Celui-ci recèle bien d'autres menaces, dont doivent se méfier de riches touristes de passage, limite inconscients.

   Aux manettes se trouve Jaume Collet-Serra, qui a déjà prouvé qu'il sait mettre en scène un film d'action (récemment dans The Passenger). On ne s'ennuie pas une seconde, avec quelques séquences particulièrement spectaculaires, comme la première poursuite avec le sous-marin et le périple dans une grotte mystérieuse. L'humour (familial) est très présent, notamment à travers les chamailleries entre les deux héros. À ce sujet, à titre exceptionnel, j'aurais tendance à recommander plutôt la VF, si l'on n'a pas une bonne maîtrise de l'anglais : Frank Wolff / Dwayne Johnson ne cesse de balancer des calembours plus ou moins réussis, au grand désespoir de son entourage. D'après ce que j'ai vu des traductions, ils m'ont l'air plus savoureux en français qu'en anglais !

   J'ai passé un très bon moment.

23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Jungle Cruise

   Et c'est parti pour un nouveau blockbuster de l'été !... avec encore une production Disney, au moins ma troisième de la saison, après le surprenant Cruella et et le bastonnant Black Widow.

   C'est un film d'aventures, bourré d'effets spéciaux, inspiré paraît-il d'une attraction d'un des parcs d'attractions de la Mickey Company. Les spectateurs pas trop mous du bulbe remarqueront aussi des ressemblances avec Pirates des Caraïbes (les conquistadors espagnols remplaçant les écumeurs des mers) et avec Indiana Jones (le vilain prince allemand semblant être un précurseur des nazis opposés à l'homme au fouet). Les plus âgés se souviendront d'autres œuvres de fiction (cinématographiques ou télévisuelles) ayant pour cadre une forêt tropicale.

   Attention toutefois : il n'est pas question ici de présenter les peuples indigènes comme de redoutables sauvages... même si le film s'amuse à jouer avec les clichés (le cannibalisme et la réduction des têtes). On a aussi modernisé la caractérisation des personnages, avec la présence (parmi les protagonistes) d'un homosexuel et une romance interraciale. Ceci dit, ces éléments ont été insérés avec une relative finesse.

   Ainsi, l'histoire d'amour entre le baroudeur très musclé et l'entreprenante exploratrice britannique met du temps à émerger... et c'est tant mieux. Dans ces deux rôles, Dwayne Johnson et Emily Blunt (délicieux accent britannique en V.O.) font merveille.

   En 1916, une petite expédition s'enfonce dans la forêt amazonienne, à la recherche d'un arbre miraculeux. Les Britanniques sont poursuivis par de méchants Allemands (leur chef étant une caricature vivante). Ils doivent aussi échapper à de dangereux fantômes, qui hantent la forêt... mais seulement à proximité du fleuve. Celui-ci recèle bien d'autres menaces, dont doivent se méfier de riches touristes de passage, limite inconscients.

   Aux manettes se trouve Jaume Collet-Serra, qui a déjà prouvé qu'il sait mettre en scène un film d'action (récemment dans The Passenger). On ne s'ennuie pas une seconde, avec quelques séquences particulièrement spectaculaires, comme la première poursuite avec le sous-marin et le périple dans une grotte mystérieuse. L'humour (familial) est très présent, notamment à travers les chamailleries entre les deux héros. À ce sujet, à titre exceptionnel, j'aurais tendance à recommander plutôt la VF, si l'on n'a pas une bonne maîtrise de l'anglais : Frank Wolff / Dwayne Johnson ne cesse de balancer des calembours plus ou moins réussis, au grand désespoir de son entourage. D'après ce que j'ai vu des traductions, ils m'ont l'air plus savoureux en français qu'en anglais !

   J'ai passé un très bon moment.

23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Sorcières de l'Orient

   Entre 1960 et 1982, le Japon fut une nation majeure du volley-ball féminin, avec deux titres olympiques, trois de championnes du monde et cinq places de finaliste, toutes compétition confondues.

   Ce documentaire, tourné par le Français Julien Faraut, rend hommage à la première génération de volleyeuses championnes, celle des années 1960, surnommée par les Soviétiques "les sorcières de l'Orient". Le film entremêle les séquences tournées au XXIe siècle, des extraits de manga (apparemment de la série Les Attaquantes, même si j'ai parfois eu l'impression de revoir Jeanne et Serge) et des images d'époque (actualités, reportage sur les joueuses et extraits de matchs).

   Pour qui a déjà pratiqué le volley-ball, il est évident que les adaptations animées manquent de réalisme (contrairement aux versions papier, paraît-il). Toutefois, le choix des extraits est pertinent, parce que ceux-ci font écho à ce qu'on peut voir dans les images d'archives ou celles tournées très récemment. Le montage a été judicieux.

   Le documentaire est particulièrement évocateur lorsqu'il s'appuie sur les films tournés dans les années 1960, auxquels sont juxtaposés les témoignages de celles qui sont désormais souvent grands-mères (quand elles sont encore en vie). La plus jeune devait avoir, au moment du tournage, autour de 75 ans ! Deux d'entre elles font encore beaucoup d'efforts pour rester en forme, l'une continuant à promouvoir son sport de prédilection auprès des jeunes générations.

   À ce sujet, le contraste entre les années 1960 et notre époque est flagrant au niveau de l'entraînement (même si les groupes filmés n'évoluent pas au même niveau). À celles et ceux qui l'ignoreraient, le documentaire montre quels sacrifices il faut être prêt(e) à faire pour jouer au très haut niveau. On a d'ailleurs eu tendance à estimer que le charismatique entraîneur des Japonaises avait quasiment fait œuvre de maltraitance auprès des joueuses. C'était oublier un peu vite les conditions dans lesquelles ces jeunes femmes vivaient, à l'époque. La majorité avait perdu son père très jeune (surtout à cause de la Seconde Guerre mondiale). Presque toutes ont découvert le volley-ball au lycée et ont continué une fois devenues actives. C'étaient des ouvrières du textile. Je pense qu'on peut considérer que, vu la place des femmes au Japon à cette époque et vu leur situation professionnelle, s'engager dans la compétition sportive de haut niveau a été perçu comme une forme d'ascension sociale et d'épanouissement personnel. (On pourrait comparer cela à l'épopée des Verts au football, en France, dans les années 1960-1970.) L'emploi du temps des joueuses n'en était pas moins effrayant ! Quoi qu'il en soit, l'équipe est devenue très populaire, parce qu'elle a contribué au regain de fierté nationale d'un pays qui cherchait à retrouver le lustre passé (celui d'avant 1945).

   Sur le plan cinématographique, ce n'est pas particulièrement emballant. La réalisation est très classique. Mais quel sujet !

Les Sorcières de l'Orient

   Entre 1960 et 1982, le Japon fut une nation majeure du volley-ball féminin, avec deux titres olympiques, trois de championnes du monde et cinq places de finaliste, toutes compétition confondues.

   Ce documentaire, tourné par le Français Julien Faraut, rend hommage à la première génération de volleyeuses championnes, celle des années 1960, surnommée par les Soviétiques "les sorcières de l'Orient". Le film entremêle les séquences tournées au XXIe siècle, des extraits de manga (apparemment de la série Les Attaquantes, même si j'ai parfois eu l'impression de revoir Jeanne et Serge) et des images d'époque (actualités, reportage sur les joueuses et extraits de matchs).

   Pour qui a déjà pratiqué le volley-ball, il est évident que les adaptations animées manquent de réalisme (contrairement aux versions papier, paraît-il). Toutefois, le choix des extraits est pertinent, parce que ceux-ci font écho à ce qu'on peut voir dans les images d'archives ou celles tournées très récemment. Le montage a été judicieux.

   Le documentaire est particulièrement évocateur lorsqu'il s'appuie sur les films tournés dans les années 1960, auxquels sont juxtaposés les témoignages de celles qui sont désormais souvent grands-mères (quand elles sont encore en vie). La plus jeune devait avoir, au moment du tournage, autour de 75 ans ! Deux d'entre elles font encore beaucoup d'efforts pour rester en forme, l'une continuant à promouvoir son sport de prédilection auprès des jeunes générations.

   À ce sujet, le contraste entre les années 1960 et notre époque est flagrant au niveau de l'entraînement (même si les groupes filmés n'évoluent pas au même niveau). À celles et ceux qui l'ignoreraient, le documentaire montre quels sacrifices il faut être prêt(e) à faire pour jouer au très haut niveau. On a d'ailleurs eu tendance à estimer que le charismatique entraîneur des Japonaises avait quasiment fait œuvre de maltraitance auprès des joueuses. C'était oublier un peu vite les conditions dans lesquelles ces jeunes femmes vivaient, à l'époque. La majorité avait perdu son père très jeune (surtout à cause de la Seconde Guerre mondiale). Presque toutes ont découvert le volley-ball au lycée et ont continué une fois devenues actives. C'étaient des ouvrières du textile. Je pense qu'on peut considérer que, vu la place des femmes au Japon à cette époque et vu leur situation professionnelle, s'engager dans la compétition sportive de haut niveau a été perçu comme une forme d'ascension sociale et d'épanouissement personnel. (On pourrait comparer cela à l'épopée des Verts au football, en France, dans les années 1960-1970.) L'emploi du temps des joueuses n'en était pas moins effrayant ! Quoi qu'il en soit, l'équipe est devenue très populaire, parce qu'elle a contribué au regain de fierté nationale d'un pays qui cherchait à retrouver le lustre passé (celui d'avant 1945).

   Sur le plan cinématographique, ce n'est pas particulièrement emballant. La réalisation est très classique. Mais quel sujet !

samedi, 31 juillet 2021

C'est la vie

- M'sieur l'producteur ! M'sieur l'producteur !

- Oui Julien ?

- J'voudrais faire une comédie sociétale, avec plein d'acteurs connus à la tél...

- ... J't'arrête tout de suite, bonhomme, on en a déjà plein des comme ça !

- ... Oui, mais celle-là, elle sera pas chère !

- Je t'écoute.

- Imaginez cinq femmes sur le point d'accoucher. Elles ont des âges différents et sont issues de milieux hétérog... euh très variés !

- Oui ? Et ?...

- Ben, on aurait une pédégère quadragénaire, maîtresse femme soutenue par un mari dévoué et qui arrive à jongler entre toutes ses obligations !

- Pas mal, ça. C'est bien de briser le plafond de verre au cinéma ! Continue, mon garçon !

- Il y aurait aussi un couple recomposé, la femme attendant son deuxième enfant, sous le regard d'une mère très envahissante...

- C'est pas un peu trop cliché, ça ?

- Oui, mais, j'ai ajouté un truc : le jour où sa compagne accouche, le mari apprend le décès de son propre père ! C'est pas génial ?

- Mouais... Faut voir comment c'est joué. Quoi d'autre ?

- L'une des femmes arrive seule à la maternité. L'enfant a été conçu avec un type trouvé sur une appli de rencontre. C'est trop moderne !

- Mouais... On espère que les spectateurs oublieront que, lors de ce genre de rencontre, les adultes responsables sont censés avoir des capotes sous la main...

- Pensez donc ! Le public est prêt à croire n'importe quoi ! Y en a même qui défilent contre la vaccination !

- T'as raison, bonhomme. Certains de nos compatriotes sont de grosses truffes.

- Ah, pis j'ai mis de la diversité aussi : un couple lesbien, dont l'un des membres est "d'ascendance africaine" !

- Bien joué ! C'est toujours mieux avoir les assoc' de son côté. Et puis tu connais le petit monde du cinéma...

- Pour l'émotion, j'ai prévu une naissance prématurée, les parents étant séparés par une grande distance. Ce sera le fil rouge de l'histoire : le père parviendra-t-il à assister à la naissance de son premier enfant ? Suspens...

- Aaaah, ça j'aime ! N'oublie pas de souligner ces "moments d'émotion" à coups de musique d'ascenseur. Ça coûte que dalle et ça tire toujours des larmes dans les chaumières !... Finalement, tu m'as l'air d'avoir bien préparé ton affaire. Que te manque-t-il ?

- Six millions !

- Tu les as !

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

C'est la vie

- M'sieur l'producteur ! M'sieur l'producteur !

- Oui Julien ?

- J'voudrais faire une comédie sociétale, avec plein d'acteurs connus à la tél...

- ... J't'arrête tout de suite, bonhomme, on en a déjà plein des comme ça !

- ... Oui, mais celle-là, elle sera pas chère !

- Je t'écoute.

- Imaginez cinq femmes sur le point d'accoucher. Elles ont des âges différents et sont issues de milieux hétérog... euh très variés !

- Oui ? Et ?...

- Ben, on aurait une pédégère quadragénaire, maîtresse femme soutenue par un mari dévoué et qui arrive à jongler entre toutes ses obligations !

- Pas mal, ça. C'est bien de briser le plafond de verre au cinéma ! Continue, mon garçon !

- Il y aurait aussi un couple recomposé, la femme attendant son deuxième enfant, sous le regard d'une mère très envahissante...

- C'est pas un peu trop cliché, ça ?

- Oui, mais, j'ai ajouté un truc : le jour où sa compagne accouche, le mari apprend le décès de son propre père ! C'est pas génial ?

- Mouais... Faut voir comment c'est joué. Quoi d'autre ?

- L'une des femmes arrive seule à la maternité. L'enfant a été conçu avec un type trouvé sur une appli de rencontre. C'est trop moderne !

- Mouais... On espère que les spectateurs oublieront que, lors de ce genre de rencontre, les adultes responsables sont censés avoir des capotes sous la main...

- Pensez donc ! Le public est prêt à croire n'importe quoi ! Y en a même qui défilent contre la vaccination !

- T'as raison, bonhomme. Certains de nos compatriotes sont de grosses truffes.

- Ah, pis j'ai mis de la diversité aussi : un couple lesbien, dont l'un des membres est "d'ascendance africaine" !

- Bien joué ! C'est toujours mieux avoir les assoc' de son côté. Et puis tu connais le petit monde du cinéma...

- Pour l'émotion, j'ai prévu une naissance prématurée, les parents étant séparés par une grande distance. Ce sera le fil rouge de l'histoire : le père parviendra-t-il à assister à la naissance de son premier enfant ? Suspens...

- Aaaah, ça j'aime ! N'oublie pas de souligner ces "moments d'émotion" à coups de musique d'ascenseur. Ça coûte que dalle et ça tire toujours des larmes dans les chaumières !... Finalement, tu m'as l'air d'avoir bien préparé ton affaire. Que te manque-t-il ?

- Six millions !

- Tu les as !

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 30 juillet 2021

The Suicide Squad

   En ajoutant l'article défini, la Warner retente le coup avec son équipe d'anti-super-héros, cinq ans plus tard. De la distribution principale d'origine ne restent que Viola Davis (en directrice d'agence sans scrupule), Joel Kinnaman (en boy-scout bodybuildé), Jai Courtney (un délinquant adepte du boomerang) et, surtout, Margot Robbie, de nouveau dans la peau d'Harley Quinn, un an après Birds of Prey.

   L'histoire débute dans une prison, dans une cour de promenade, où l'on découvre l'un des personnages "à haut potentiel". J'aime beaucoup la manière dont cette scène est réalisée : ce n'est pas parce que la prod' a dépensé des dizaines de millions en effets spéciaux qu'il ne faut pas travailler la mise en scène ! Et puis... cela se conclut de manière "politiquement incorrecte". À un moment, on comprend que le personnage a une idée en tête. Les scénaristes ont-ils osé ? se demande-t-on. Oui !

   C'est à l'image du film, à la photographie chiadée et au ton mal élevé. Ainsi, une délicate petite brune évoque la possibilité d'introduire des rats dans l'anus d'un scientifique, tandis qu'Harley Quinn n'hésite pas à révéler la cause de son retard : un passage par les toilettes, pour la grosse commission... Amis de la délicatesse, bonjour ! Comme les messieurs ne sont pas en reste (l'un d'entre eux se baladant le soir en slip kangourou), c'est assez fendard.

   Tout en recyclant les codes du film de super-héros, celui-ci se positionne comme un anti-Marvel (ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que le réalisateur, James Gunn, est celui des Gardiens de la galaxie). Ainsi, c'est un Noir et non un Blanc qui va diriger l'équipe, dans laquelle on distingue une sorte de Captain America (le mal nommé Peace maker)... mais en nettement moins sympathique. Il est incarné par John Cena, dont les gros muscles sont aussi à l'affiche de Fast & Furious 9.

   De son côté, au vu de la sorte d'armure qu'il porte, l'ancien tueur à gages Bloodsport (Idris Elba, chargé de remplacer Will Smith, qui n'a pas rempilé) pourrait être un succédané d'Iron Man. Complètent le groupe un homme-requin aussi balèze qu'Hulk (mais anthropophage) et un type indéfinissable, qui balance... des pastilles !

   Attention toutefois : le début est trompeur. Les spectateurs sont (presque) mis dans la position des habitants d'une île. Dans un premier temps, on nous immerge dans un arc narratif... que l'on finit par voir sous un autre angle, un peu à l'image de ce qui est présenté dans Deadpool 2 (le plus DC des Marvel).

   Le scénario est narquois à un point tel que je ne peux pas raconter en détail. Sachez néanmoins que, lorsque l'équipe finale est constituée, elle engage son premier véritable combat contre un adversaire sur lequel elle se trompe grandement. C'est savoureux, après coup !

   L'humour est souvent présent, en particulier quand Harley Quinn est à l'écran. J'ai adoré la parodie de romance entre la garce blonde et le nouveau dictateur... ainsi que sa conclusion. Il vaut mieux ne pas contrarier l'ex-patineuse, qui a des valeurs ! Quant à son évasion, c'est est une véritable symphonie sanguinaire...

   Les amateurs de crânes éclatés, de membres arrachés et de giclées de sauce tomate sont servis par les péripéties de l'intrigue. La petite armée d'un dictateur centre-américain fournit une pelletée de victimes convenables. (Au passage, le scénario, s'il ridiculise les combattants latinos, dénonce la politique étrangère états-unienne.) Cependant, au sein d'une tour fortifiée, se trouve un ennemi autrement plus dangereux : une créature extra-terrestre, jusque-là prisonnière, mais qui, bien entendu, va parvenir à se libérer.

   Le combat final est mi-héroïque mi-parodique, les membres du commando affrontant une créature aussi gigantesque que ridicule... mais bigrement redoutable. (Je pense que la séquence du combat, en zone urbaine, est un décalque ironique d'un des Avengers, alors que les avatars de la créature sont une référence à Alien.) Cette dernière partie est assez prévisible (en particulier concernant le rôle joué par Harley Quinn), mais on passe toujours un bon moment.

   P.S.

   La musique, plutôt rock'n'roll, est sympa !

   P.S. II

   Deux scènes supplémentaires encadrent le générique de fin. Chacune voit le retour à la vie d'un des personnages présumés décédés...

00:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Suicide Squad

   En ajoutant l'article défini, la Warner retente le coup avec son équipe d'anti-super-héros, cinq ans plus tard. De la distribution principale d'origine ne restent que Viola Davis (en directrice d'agence sans scrupule), Joel Kinnaman (en boy-scout bodybuildé), Jai Courtney (un délinquant adepte du boomerang) et, surtout, Margot Robbie, de nouveau dans la peau d'Harley Quinn, un an après Birds of Prey.

   L'histoire débute dans une prison, dans une cour de promenade, où l'on découvre l'un des personnages "à haut potentiel". J'aime beaucoup la manière dont cette scène est réalisée : ce n'est pas parce que la prod' a dépensé des dizaines de millions en effets spéciaux qu'il ne faut pas travailler la mise en scène ! Et puis... cela se conclut de manière "politiquement incorrecte". À un moment, on comprend que le personnage a une idée en tête. Les scénaristes ont-ils osé ? se demande-t-on. Oui !

   C'est à l'image du film, à la photographie chiadée et au ton mal élevé. Ainsi, une délicate petite brune évoque la possibilité d'introduire des rats dans l'anus d'un scientifique, tandis qu'Harley Quinn n'hésite pas à révéler la cause de son retard : un passage par les toilettes, pour la grosse commission... Amis de la délicatesse, bonjour ! Comme les messieurs ne sont pas en reste (l'un d'entre eux se baladant le soir en slip kangourou), c'est assez fendard.

   Tout en recyclant les codes du film de super-héros, celui-ci se positionne comme un anti-Marvel (ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que le réalisateur, James Gunn, est celui des Gardiens de la galaxie). Ainsi, c'est un Noir et non un Blanc qui va diriger l'équipe, dans laquelle on distingue une sorte de Captain America (le mal nommé Peace maker)... mais en nettement moins sympathique. Il est incarné par John Cena, dont les gros muscles sont aussi à l'affiche de Fast & Furious 9.

   De son côté, au vu de la sorte d'armure qu'il porte, l'ancien tueur à gages Bloodsport (Idris Elba, chargé de remplacer Will Smith, qui n'a pas rempilé) pourrait être un succédané d'Iron Man. Complètent le groupe un homme-requin aussi balèze qu'Hulk (mais anthropophage) et un type indéfinissable, qui balance... des pastilles !

   Attention toutefois : le début est trompeur. Les spectateurs sont (presque) mis dans la position des habitants d'une île. Dans un premier temps, on nous immerge dans un arc narratif... que l'on finit par voir sous un autre angle, un peu à l'image de ce qui est présenté dans Deadpool 2 (le plus DC des Marvel).

   Le scénario est narquois à un point tel que je ne peux pas raconter en détail. Sachez néanmoins que, lorsque l'équipe finale est constituée, elle engage son premier véritable combat contre un adversaire sur lequel elle se trompe grandement. C'est savoureux, après coup !

   L'humour est souvent présent, en particulier quand Harley Quinn est à l'écran. J'ai adoré la parodie de romance entre la garce blonde et le nouveau dictateur... ainsi que sa conclusion. Il vaut mieux ne pas contrarier l'ex-patineuse, qui a des valeurs ! Quant à son évasion, c'est est une véritable symphonie sanguinaire...

   Les amateurs de crânes éclatés, de membres arrachés et de giclées de sauce tomate sont servis par les péripéties de l'intrigue. La petite armée d'un dictateur centre-américain fournit une pelletée de victimes convenables. (Au passage, le scénario, s'il ridiculise les combattants latinos, dénonce la politique étrangère états-unienne.) Cependant, au sein d'une tour fortifiée, se trouve un ennemi autrement plus dangereux : une créature extra-terrestre, jusque-là prisonnière, mais qui, bien entendu, va parvenir à se libérer.

   Le combat final est mi-héroïque mi-parodique, les membres du commando affrontant une créature aussi gigantesque que ridicule... mais bigrement redoutable. (Je pense que la séquence du combat, en zone urbaine, est un décalque ironique d'un des Avengers, alors que les avatars de la créature sont une référence à Alien.) Cette dernière partie est assez prévisible (en particulier concernant le rôle joué par Harley Quinn), mais on passe toujours un bon moment.

   P.S.

   La musique, plutôt rock'n'roll, est sympa !

   P.S. II

   Deux scènes supplémentaires encadrent le générique de fin. Chacune voit le retour à la vie d'un des personnages présumés décédés...

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jeudi, 29 juillet 2021

Spirale : l'héritage de Saw

   Le plus important est dans le sous-titre : ce film-ci se place dans la continuité de la (lucrative) série Saw qui, jadis, avait (un peu) renouvelé le genre horrifique. J'ai tenté le coup pour voir où les scénaristes en étaient. (Je m'étais arrêté à Saw IV.)

   Un nouveau tueur en série s'en prend cette fois-ci spécifiquement à des policiers. Le choix cornélien auquel il confronte ceux-ci est toujours aussi tordu que dans les précédents films. Je dois reconnaître que les dispositifs de torture sont bien conçus et efficacement mis en scène (par Darren Lynn Bousman, qui avait déjà tourné trois des précédents volets)... mais c'est à peu près tout.

   Le scénario est hyper-classique. Le montage n'est pas très réussi : l'insertion des retours en arrière arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme les scénaristes n'ont pas su/voulu correctement raccrocher l'intrigue de Spirale à celle des précédents films, ils ont été obligés de recourir à ces acrobaties.

   De surcroît, quand on est un minimum dégourdi et qu'on a déjà vu des films / épisodes de série dans le même genre, on comprend assez rapidement qui est derrière ce qui ressemble à une vengeance. Du coup, les policiers apparaissent vraiment pas très futés, tombant facilement dans les pièges tendus par l'assassin.

   J'ajoute que, pour attirer un public particulier, les auteurs ont mâtiné leur histoire d'un côté Black Lives Matter. Il est question de corruption et de violence policières... dont les responsables sont aussi bien blancs que noirs, soit dit en passant (le "bon" flic étant afroaméricain).

   Je ne sais pas trop ce que Samuel L. Jackson est venu faire là-dedans. (N'a-t-il pas été assez payé pour Hitman & Bodyguard 2 ?) Bref, ce sera vite oublié.

15:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Spirale : l'héritage de Saw

   Le plus important est dans le sous-titre : ce film-ci se place dans la continuité de la (lucrative) série Saw qui, jadis, avait (un peu) renouvelé le genre horrifique. J'ai tenté le coup pour voir où les scénaristes en étaient. (Je m'étais arrêté à Saw IV.)

   Un nouveau tueur en série s'en prend cette fois-ci spécifiquement à des policiers. Le choix cornélien auquel il confronte ceux-ci est toujours aussi tordu que dans les précédents films. Je dois reconnaître que les dispositifs de torture sont bien conçus et efficacement mis en scène (par Darren Lynn Bousman, qui avait déjà tourné trois des précédents volets)... mais c'est à peu près tout.

   Le scénario est hyper-classique. Le montage n'est pas très réussi : l'insertion des retours en arrière arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme les scénaristes n'ont pas su/voulu correctement raccrocher l'intrigue de Spirale à celle des précédents films, ils ont été obligés de recourir à ces acrobaties.

   De surcroît, quand on est un minimum dégourdi et qu'on a déjà vu des films / épisodes de série dans le même genre, on comprend assez rapidement qui est derrière ce qui ressemble à une vengeance. Du coup, les policiers apparaissent vraiment pas très futés, tombant facilement dans les pièges tendus par l'assassin.

   J'ajoute que, pour attirer un public particulier, les auteurs ont mâtiné leur histoire d'un côté Black Lives Matter. Il est question de corruption et de violence policières... dont les responsables sont aussi bien blancs que noirs, soit dit en passant (le "bon" flic étant afroaméricain).

   Je ne sais pas trop ce que Samuel L. Jackson est venu faire là-dedans. (N'a-t-il pas été assez payé pour Hitman & Bodyguard 2 ?) Bref, ce sera vite oublié.

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La Loi de Téhéran

   Voici venu le désormais traditionnel polar étranger de l'été, une catégorie qui, ces dernières années, a vu la sortie en France de La Isla minima, Que Dios nos perdone, Lands of Murders ou encore Le Caire confidentiel. C'est avec celui-ci que la parenté est la plus forte, puisque l'action se déroule au Moyen-Orient (en Iran au lieu de l'Égypte) et que l'enquête policière est prétexte à dresser un portrait socio-politique du pays.

   Intitulé "Six et demi" dans la version originale, le film se concentre sur la lutte contre le trafic de crack, une drogue qui fait des ravages en Iran, avec 6,5 millions de consommateurs ! Dès le départ, on est plongé dans le travail de la police, avec l'interpellation d'un revendeur, incluant une course-poursuite dans les rues tortueuses de la capitale. Lui succèdent des séquences mises en scène avec le même brio. J'ai été particulièrement impressionné par le coup de filet organisé dans un bidonville, entre carcasses de voiture et grands cylindres de béton (avec immeubles en construction à l'arrière-plan). À cette séquence succèdent d'autres moments parfaitement maîtrisés : la garde à vue de masse, au commissariat, puis les scènes de cellule, avec le rôle stratégique du "coin toilettes". Très vite s'impose à nos oreilles la "jactance" de Samad, le chef de groupe, un policier intègre, tenace, qui n'hésite pas à bousculer les prévenus. Il est interprété par Payman Maadi, que les spectateurs français ont vu dans Une Séparation.

cinéma,cinema,film,films

   Face à lui se trouve le chef du réseau de trafiquants. Dans la première partie de l'histoire, une aura de mystère enveloppe ce personnage (à droite ci-dessus), avant que son côté "caïd" ne prenne le dessus. Dans la dernière partie, le réalisateur essaie de développer un propos plus sociologique, montrant ce personnage sous un jour nouveau.

   Saeed Roustayi est un inconnu pour moi, mais ce réalisateur semble bourré de qualités. Il a réussi aussi bien les scènes d'intervention de la police que celles d'interrogatoire, s'appuyant sur des seconds rôles très bien campés. Outre les policiers et les délinquants, je signale deux personnages féminins, celui de l'épouse d'un petit trafiquant (au cours d'une scène de perquisition qui se termine de manière surprenante) et celui de l'ancienne petite amie du caïd, interprétée par la ravissante Parinaz Izadyar. Mais je pourrais aussi parler du fils d'un consommateur de drogue ou du juge qui interroge, avec équanimité, criminels présumés, témoins et policiers.

   Sur le fond, le scénario a dû jouer avec la censure iranienne. Ici ou là, il suggère que, pour que le trafic ait pu prendre une telle ampleur, il faut que les délinquants aient bénéficié de protections, parfois haut placées. Du côté des consommateurs, discrètement, il pointe la misère sociale présente en Iran. Mais les spectateurs attentifs remarqueront aussi que les trafiquants et consommateurs de crack sont très souvent occidentalisés, tandis que les valeureux policiers portent une barbe "islamiquement correcte" (pour les messieurs) ou un strict tchador (pour les dames). Je conseille aussi d'être attentif aux chaussures des personnes arrêtées.

   La dernière demi-heure réserve quelques surprises. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film, selon moi, mais le reste est tellement prenant que je ne peux que recommander ce long-métrage.

La Loi de Téhéran

   Voici venu le désormais traditionnel polar étranger de l'été, une catégorie qui, ces dernières années, a vu la sortie en France de La Isla minima, Que Dios nos perdone, Lands of Murders ou encore Le Caire confidentiel. C'est avec celui-ci que la parenté est la plus forte, puisque l'action se déroule au Moyen-Orient (en Iran au lieu de l'Égypte) et que l'enquête policière est prétexte à dresser un portrait socio-politique du pays.

   Intitulé "Six et demi" dans la version originale, le film se concentre sur la lutte contre le trafic de crack, une drogue qui fait des ravages en Iran, avec 6,5 millions de consommateurs ! Dès le départ, on est plongé dans le travail de la police, avec l'interpellation d'un revendeur, incluant une course-poursuite dans les rues tortueuses de la capitale. Lui succèdent des séquences mises en scène avec le même brio. J'ai été particulièrement impressionné par le coup de filet organisé dans un bidonville, entre carcasses de voiture et grands cylindres de béton (avec immeubles en construction à l'arrière-plan). À cette séquence succèdent d'autres moments parfaitement maîtrisés : la garde à vue de masse, au commissariat, puis les scènes de cellule, avec le rôle stratégique du "coin toilettes". Très vite s'impose à nos oreilles la "jactance" de Samad, le chef de groupe, un policier intègre, tenace, qui n'hésite pas à bousculer les prévenus. Il est interprété par Payman Maadi, que les spectateurs français ont vu dans Une Séparation.

cinéma,cinema,film,films

   Face à lui se trouve le chef du réseau de trafiquants. Dans la première partie de l'histoire, une aura de mystère enveloppe ce personnage (à droite ci-dessus), avant que son côté "caïd" ne prenne le dessus. Dans la dernière partie, le réalisateur essaie de développer un propos plus sociologique, montrant ce personnage sous un jour nouveau.

   Saeed Roustayi est un inconnu pour moi, mais ce réalisateur semble bourré de qualités. Il a réussi aussi bien les scènes d'intervention de la police que celles d'interrogatoire, s'appuyant sur des seconds rôles très bien campés. Outre les policiers et les délinquants, je signale deux personnages féminins, celui de l'épouse d'un petit trafiquant (au cours d'une scène de perquisition qui se termine de manière surprenante) et celui de l'ancienne petite amie du caïd, interprétée par la ravissante Parinaz Izadyar. Mais je pourrais aussi parler du fils d'un consommateur de drogue ou du juge qui interroge, avec équanimité, criminels présumés, témoins et policiers.

   Sur le fond, le scénario a dû jouer avec la censure iranienne. Ici ou là, il suggère que, pour que le trafic ait pu prendre une telle ampleur, il faut que les délinquants aient bénéficié de protections, parfois haut placées. Du côté des consommateurs, discrètement, il pointe la misère sociale présente en Iran. Mais les spectateurs attentifs remarqueront aussi que les trafiquants et consommateurs de crack sont très souvent occidentalisés, tandis que les valeureux policiers portent une barbe "islamiquement correcte" (pour les messieurs) ou un strict tchador (pour les dames). Je conseille aussi d'être attentif aux chaussures des personnes arrêtées.

   La dernière demi-heure réserve quelques surprises. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film, selon moi, mais le reste est tellement prenant que je ne peux que recommander ce long-métrage.

lundi, 26 juillet 2021

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

   Présenté au dernier Festival de Cannes, dans la sélection "Un certain regard", ce film franco-japonais raconte l'histoire extraordinaire d'Hiroo Onoda, un soldat nippon envoyé en 1944 sur une petite île des Philippines, Lubang (à peine plus grande que la commune de Paris).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Sa mission est d'y organiser une guérilla susceptible de contrecarrer la progression des troupes américaines, qui se rapprochent dangereusement du Japon. L'une des séquences du début montre d'ailleurs le débarquement nocturne de "l'ennemi" et les ravages que l'armée d'Oncle Sam fait dans le camp japonais, pas très bien préparé à l'affronter.

   Ce n'est pas l'un des moindres intérêts de cette fiction à caractère documentaire. Même si l'on y croise des soldats et officiers imprégnés de la mentalité de samouraï, prêts à tous les sacrifices au nom du Japon, on s'aperçoit que beaucoup d'autres ne sont pas de cette trempe, soit qu'ils soient lassés de la guerre, soit qu'ils jugent ces efforts inutiles, soit qu'ils aient tout simplement la trouille.

   On retrouve (en partie) ces nuances au sein du quatuor de survivants, réfugié dans la jungle philippine, d'où le dernier, Hiroo Onoda, n'est sorti qu'en... 1974. (Il est décédé en 2014.) Celui-ci semble tout d'un bloc : patriote, obéissant, tenace... et même buté. Ses deux adjoints, Shimada et Kozuka, ont un peu plus d'expérience, de vécu. Le premier, ancien charbonnier, sait comment vivre dans les bois. Complète la bande le plus jeune, Akatsu, sans doute récemment incorporé... et pas vraiment adapté à la vie militaire.

   Curieusement, ce film en apparence authentiquement japonais a été réalisé par... un Français, Arthur Harari, remarqué il y a quelques années grâce à un excellent polar, Diamant noir. Il est parvenu à faire de la jungle tropicale un véritable personnage du film. La chance des quatre hommes est qu'elle fournit de quoi se sustenter, s'habiller... et même se loger. Ici, le film se fait documentaire, montrant comment les hommes parviennent à se nourrir, à construire une cabane ou à tresser des semelles de chaussures.

   Cependant, si l'environnement est source de vie, il représente aussi parfois une gêne considérable. On y croise de nombreuses petites bêtes invasives et, surtout, le climat n'est pas propice à une vie saine : les soldats subissent l'alternance de deux longues saisons : la sèche (très chaude) et l'humide, pénible pour les organismes, mais protectrice pour les fugitifs.

   Pendant la saison des pluies, les paysans de l'île ne s'aventurent pas dans la forêt. Les patrouilles des forces de l'ordre se font rares. Dans un premier temps, les quatre soldats tentent d'échapper aux troupes américaines. Quelques années plus tard (les Philippines étant devenues indépendantes en 1947, ce que les protagonistes ignorent), ce sont d'autres uniformes qui patrouillent dans l'île. Des Japonais finissent même par y revenir... mais des civils, ce qui perturbe fortement les soldats, persuadés que la guerre continue.

   C'est l'autre grand intérêt de cette histoire : montrer comment ces hommes (trois sur les quatre, en fait) se sont convaincus que le Japon ne pouvait pas s'être rendu aux États-Unis et donc que leur mission continuait. Onoda est incontestablement le plus buté, refusant de voir l'évidence, même quand des journaux japonais sont laissés à leur intention ou quand, après avoir récupéré un poste de radio, ils parviennent à capter des émissions de leur pays. (Le rejet des -supposés- "médias officiels" et l'adhésion aux "vérités alternatives" ne datent pas d'aujourd'hui !)  Cet aveuglement culmine dans une scène sidérante, au cours de laquelle Onoda, en s'appuyant sur un planisphère rudimentaire, tente d'expliquer à Kozuka la "nouvelle" géopolitique mondiale, totalement farfelue. Ici, le film fait écho à notre époque, où l'aveuglement idéologique (ou tout simplement la bêtise) fait croire tellement d'âneries à des gilets jaunes, antivax, complotistes divers.

   À la description minutieuse d'une auto-aliénation collective, le film ajoute la naissance d'un compagnonnage forcé, à quatre, puis trois, puis deux... Les tensions alternent avec les moments de camaraderie, voire de fraternité. Les deux derniers, Onoda et Kozuka, grisonnants et complices, finissent quasiment par former un vieux couple. C'est l'occasion d'évoquer la sexualité, très peu présente dans cette histoire de quatre hommes jeunes (âgés de 20-25 ans au début) confinés dans la jungle. Dans la première partie, un plan suggère la pratique du plaisir solitaire. Dans le dernier tiers de l'histoire, on se demande si, à certaines occasions, ces hommes n'ont pas abusé de Philippines. Globalement, les relations ne sont pas bonnes entre les soldats et la population locale, qui n'a pas gardé de bons souvenirs de la domination impériale japonaise. De plus, la propension des fugitifs à pratiquer des "réquisitions" (un euphémisme pour "vols") chez les paysans du coin, tout comme leurs activités de sabotage, leur ont valu beaucoup d'inimitié.

   Pourtant, quand Onoda finit par regagner le monde réel, il a droit à une cérémonie d'honneur. Les temps ont changé et, au bout de trente ans, la ressentiment a laissé la place à de la curiosité et de la pitié. Le plus marquant est la rencontre entre Onoda et... un touriste japonais. Se font alors face le Japon traditionnel (militariste, nationaliste, plutôt renfermé) et le moderne (pacifique, technophile et ouvert sur le monde).

   Concernant le film, je vais m'arrêter là, mais vous avez sans doute compris que j'ai été envoûté par cette histoire d'une grande richesse sur le plan historique mais aussi sur celui de la nature humaine. En complément, je suggère la lecture d'Au nom du Japon, l'autobiographie d'Onoda :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Publiée dès 1974 au Japon, elle n'est sortie en France que l'an dernier. Je ne sais pas si c'est lié à la rédaction d'origine ou à la qualité de la traduction (effectuée par Sébastien Raizer, un écrivain français vivant à Kyoto), mais cela se lit comme un roman. Le livre fourmille de détails qu'il n'était pas possible d'intégrer au film. On y découvre la "vie d'avant" d'Onoda et la relation particulière qu'il entretient avec son frère aîné. La vie quotidienne des soldats (dans la jungle) y est aussi décrite plus longuement, certains événements représentés une seule fois à l'écran figurant à plusieurs reprises. On peut même s'amuser au "jeu des 7 différences" (entre le livre et le film).

Onoda - 10 000 nuits dans la jungle

   Présenté au dernier Festival de Cannes, dans la sélection "Un certain regard", ce film franco-japonais raconte l'histoire extraordinaire d'Hiroo Onoda, un soldat nippon envoyé en 1944 sur une petite île des Philippines, Lubang (à peine plus grande que la commune de Paris).

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Sa mission est d'y organiser une guérilla susceptible de contrecarrer la progression des troupes américaines, qui se rapprochent dangereusement du Japon. L'une des séquences du début montre d'ailleurs le débarquement nocturne de "l'ennemi" et les ravages que l'armée d'Oncle Sam fait dans le camp japonais, pas très bien préparé à l'affronter.

   Ce n'est pas l'un des moindres intérêts de cette fiction à caractère documentaire. Même si l'on y croise des soldats et officiers imprégnés de la mentalité de samouraï, prêts à tous les sacrifices au nom du Japon, on s'aperçoit que beaucoup d'autres ne sont pas de cette trempe, soit qu'ils soient lassés de la guerre, soit qu'ils jugent ces efforts inutiles, soit qu'ils aient tout simplement la trouille.

   On retrouve (en partie) ces nuances au sein du quatuor de survivants, réfugié dans la jungle philippine, d'où le dernier, Hiroo Onoda, n'est sorti qu'en... 1974. (Il est décédé en 2014.) Celui-ci semble tout d'un bloc : patriote, obéissant, tenace... et même buté. Ses deux adjoints, Shimada et Kozuka, ont un peu plus d'expérience, de vécu. Le premier, ancien charbonnier, sait comment vivre dans les bois. Complète la bande le plus jeune, Akatsu, sans doute récemment incorporé... et pas vraiment adapté à la vie militaire.

   Curieusement, ce film en apparence authentiquement japonais a été réalisé par... un Français, Arthur Harari, remarqué il y a quelques années grâce à un excellent polar, Diamant noir. Il est parvenu à faire de la jungle tropicale un véritable personnage du film. La chance des quatre hommes est qu'elle fournit de quoi se sustenter, s'habiller... et même se loger. Ici, le film se fait documentaire, montrant comment les hommes parviennent à se nourrir, à construire une cabane ou à tresser des semelles de chaussures.

   Cependant, si l'environnement est source de vie, il représente aussi parfois une gêne considérable. On y croise de nombreuses petites bêtes invasives et, surtout, le climat n'est pas propice à une vie saine : les soldats subissent l'alternance de deux longues saisons : la sèche (très chaude) et l'humide, pénible pour les organismes, mais protectrice pour les fugitifs.

   Pendant la saison des pluies, les paysans de l'île ne s'aventurent pas dans la forêt. Les patrouilles des forces de l'ordre se font rares. Dans un premier temps, les quatre soldats tentent d'échapper aux troupes américaines. Quelques années plus tard (les Philippines étant devenues indépendantes en 1947, ce que les protagonistes ignorent), ce sont d'autres uniformes qui patrouillent dans l'île. Des Japonais finissent même par y revenir... mais des civils, ce qui perturbe fortement les soldats, persuadés que la guerre continue.

   C'est l'autre grand intérêt de cette histoire : montrer comment ces hommes (trois sur les quatre, en fait) se sont convaincus que le Japon ne pouvait pas s'être rendu aux États-Unis et donc que leur mission continuait. Onoda est incontestablement le plus buté, refusant de voir l'évidence, même quand des journaux japonais sont laissés à leur intention ou quand, après avoir récupéré un poste de radio, ils parviennent à capter des émissions de leur pays. (Le rejet des -supposés- "médias officiels" et l'adhésion aux "vérités alternatives" ne datent pas d'aujourd'hui !)  Cet aveuglement culmine dans une scène sidérante, au cours de laquelle Onoda, en s'appuyant sur un planisphère rudimentaire, tente d'expliquer à Kozuka la "nouvelle" géopolitique mondiale, totalement farfelue. Ici, le film fait écho à notre époque, où l'aveuglement idéologique (ou tout simplement la bêtise) fait croire tellement d'âneries à des gilets jaunes, antivax, complotistes divers.

   À la description minutieuse d'une auto-aliénation collective, le film ajoute la naissance d'un compagnonnage forcé, à quatre, puis trois, puis deux... Les tensions alternent avec les moments de camaraderie, voire de fraternité. Les deux derniers, Onoda et Kozuka, grisonnants et complices, finissent quasiment par former un vieux couple. C'est l'occasion d'évoquer la sexualité, très peu présente dans cette histoire de quatre hommes jeunes (âgés de 20-25 ans au début) confinés dans la jungle. Dans la première partie, un plan suggère la pratique du plaisir solitaire. Dans le dernier tiers de l'histoire, on se demande si, à certaines occasions, ces hommes n'ont pas abusé de Philippines. Globalement, les relations ne sont pas bonnes entre les soldats et la population locale, qui n'a pas gardé de bons souvenirs de la domination impériale japonaise. De plus, la propension des fugitifs à pratiquer des "réquisitions" (un euphémisme pour "vols") chez les paysans du coin, tout comme leurs activités de sabotage, leur ont valu beaucoup d'inimitié.

   Pourtant, quand Onoda finit par regagner le monde réel, il a droit à une cérémonie d'honneur. Les temps ont changé et, au bout de trente ans, la ressentiment a laissé la place à de la curiosité et de la pitié. Le plus marquant est la rencontre entre Onoda et... un touriste japonais. Se font alors face le Japon traditionnel (militariste, nationaliste, plutôt renfermé) et le moderne (pacifique, technophile et ouvert sur le monde).

   Concernant le film, je vais m'arrêter là, mais vous avez sans doute compris que j'ai été envoûté par cette histoire d'une grande richesse sur le plan historique mais aussi sur celui de la nature humaine. En complément, je suggère la lecture d'Au nom du Japon, l'autobiographie d'Onoda :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Publiée dès 1974 au Japon, elle n'est sortie en France que l'an dernier. Je ne sais pas si c'est lié à la rédaction d'origine ou à la qualité de la traduction (effectuée par Sébastien Raizer, un écrivain français vivant à Kyoto), mais cela se lit comme un roman. Le livre fourmille de détails qu'il n'était pas possible d'intégrer au film. On y découvre la "vie d'avant" d'Onoda et la relation particulière qu'il entretient avec son frère aîné. La vie quotidienne des soldats (dans la jungle) y est aussi décrite plus longuement, certains événements représentés une seule fois à l'écran figurant à plusieurs reprises. On peut même s'amuser au "jeu des 7 différences" (entre le livre et le film).

samedi, 24 juillet 2021

La Conspiration des belettes

   Cette comédie sarcastique argentine est centrée sur un quatuor atypique, quatre vieux personnes âgées, toutes retraitées du monde du cinéma : un ancien réalisateur, son ancien scénariste et un couple d'anciens acteurs, la vedette étant la dame, Mara Ordaz, qui vit encore dans le souvenir de sa gloire passée, symbolisée par l'Oscar reçu jadis, qui trône désormais dans le hall d'entrée de la demeure que les quatre protagonistes partagent.

   Cette demeure est l'enjeu d'une série de manœuvres et de manipulations, certaines venant contrecarrer les autres. Mara en a plus qu'assez de la présence du réal' et du scénariste, deux veufs caractériels et agaçants, qui avaient autrefois épousé la sœur et la meilleure amie de Mara. Avec son mari Pedro cela se passe mieux (plutôt : moins mal), mais Mara voudrait que l'ancien acteur médiocre s'émancipe de ses deux vieux camarades. Toute la première partie du film est nourrie de leurs chamailleries avec des répliques (à savourer dans la version originale sous-titrée, la VF étant paraît-il très médiocre) souvent mordantes, voire vachardes.

   L'arrivée d'un jeune couple d'agents immobiliers attise les rivalités entre les retraités. Ces deux trentenaires sont pleins de charme : Francisco (Gourmand de son nom, évidemment pas choisi au hasard) passe de la pommade sur les plaies de l'actrice oubliée, tandis que Barbara, d'une beauté redoutable, tente d'entortiller les messieurs.

   Jusque-là, je me disais que j'assistais à une comédie sympathique, peut-être un peu trop fondée sur l'entre-soi cinématographique. C'était oublier qu'aux manettes se trouve Juan José Campanella, oscarisé il y a une dizaine d'années avec Dans ses yeux. C'est quelqu'un qui sait mener un suspens, comme il l'a prouvé en réalisant des épisodes de séries comme Colony, New York Section Criminelle et New York Unité Spéciale.

   La troisième partie bascule dans le thriller. Petit à petit, le passé inavoué refait surface et les manigances prennent un tour plus macabre. L'humour est toujours féroce, parfois indéniablement méchant. Ce petit film en apparence inoffensif est une délicieuse perle de venin.

21:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Conspiration des belettes

   Cette comédie sarcastique argentine est centrée sur un quatuor atypique, quatre vieux personnes âgées, toutes retraitées du monde du cinéma : un ancien réalisateur, son ancien scénariste et un couple d'anciens acteurs, la vedette étant la dame, Mara Ordaz, qui vit encore dans le souvenir de sa gloire passée, symbolisée par l'Oscar reçu jadis, qui trône désormais dans le hall d'entrée de la demeure que les quatre protagonistes partagent.

   Cette demeure est l'enjeu d'une série de manœuvres et de manipulations, certaines venant contrecarrer les autres. Mara en a plus qu'assez de la présence du réal' et du scénariste, deux veufs caractériels et agaçants, qui avaient autrefois épousé la sœur et la meilleure amie de Mara. Avec son mari Pedro cela se passe mieux (plutôt : moins mal), mais Mara voudrait que l'ancien acteur médiocre s'émancipe de ses deux vieux camarades. Toute la première partie du film est nourrie de leurs chamailleries avec des répliques (à savourer dans la version originale sous-titrée, la VF étant paraît-il très médiocre) souvent mordantes, voire vachardes.

   L'arrivée d'un jeune couple d'agents immobiliers attise les rivalités entre les retraités. Ces deux trentenaires sont pleins de charme : Francisco (Gourmand de son nom, évidemment pas choisi au hasard) passe de la pommade sur les plaies de l'actrice oubliée, tandis que Barbara, d'une beauté redoutable, tente d'entortiller les messieurs.

   Jusque-là, je me disais que j'assistais à une comédie sympathique, peut-être un peu trop fondée sur l'entre-soi cinématographique. C'était oublier qu'aux manettes se trouve Juan José Campanella, oscarisé il y a une dizaine d'années avec Dans ses yeux. C'est quelqu'un qui sait mener un suspens, comme il l'a prouvé en réalisant des épisodes de séries comme Colony, New York Section Criminelle et New York Unité Spéciale.

   La troisième partie bascule dans le thriller. Petit à petit, le passé inavoué refait surface et les manigances prennent un tour plus macabre. L'humour est toujours féroce, parfois indéniablement méchant. Ce petit film en apparence inoffensif est une délicieuse perle de venin.

21:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 22 juillet 2021

Fast & Furious 9

      Cette saga de la mécanique est ce qu'on appelle "un aspirateur à beaufs", même si le simple film de bagnoles (et de jolies poupées) du début s'est peu à peu transformé en Mission impossible version tuning. J'ai donc attendu que s'achève la première semaine (où ce fut la ruée dans les salles ruthénoises) et que soit instauré le "passe sanitaire". Résultat : j'ai eu droit à une séance tranquille, dans une grande salle, sans public indésirable.

   Cet épisode commence d'ailleurs par une sorte de retour aux sources, avec une séquence de course automobile très bien filmée (peut-être la meilleure du film, d'ailleurs).  On n'est pas très loin de Le Mans 66 (la subtilité scénaristique en moins).

   L'action se déroule plus de trente ans en arrière. Du coup, c'est la version jeune de Dom qui apparaît à l'écran, incarnée par un autre acteur que Vin Diesel. Est-ce le fait du hasard ? Son personnage a plus de texte... et il est plus convaincant que l'original. C'est le problème de Vin : il ne sait pas bien jouer (à part une ou deux expressions). C'est particulièrement voyant vers la fin, quand il est censé exprimer une grande émotion... ratage complet en gros plan.

   Heureusement, il y a les cascades. Même si les effets spéciaux sont de la partie (et longuement crédités au générique), le grand mérite de cette série de films est de faire reposer ses scènes d'action sur le travail des cascadeurs (plus nombreux au générique que les authentiques acteurs). Outre la course du début, je recommande les deux poursuites dont des extraits ont été largement diffusés dans les salles ces dernières semaines. La première (située au début de l'histoire) inclut l'improbable franchissement d'un pont effondré (impressionnante sur grand écran). La seconde fait l'objet d'une longue séquence, dans le dernier tiers du film. Elle tourne autour d'un convoi de véhicules blindés, en plein cœur de Tbilissi. Ce n'est pas toujours réaliste, loin s'en faut, mais c'est spectaculaire.

   Pour parler "moderne", je dirais que c'est l'ADN de la série de films : des bagnoles (de plus en plus grosses), des mecs stéroïdés-tatoués-burnés... et des gonzesses bien roulées, quelques-unes badass : ce ne sont plus des potiches, mais elles aussi des pilotes... et elles cognent ! La compagne de Dom excelle à moto, sa sœur n'est pas maladroite en bagnole... et une petite nouvelle se révèle au volant d'un fourgon, au centre de Londres.  Cette séquence (pas la plus réussie au niveau des cascades) est surtout comique. On comprend très vite que l'humour va reposer sur certains personnages, presque tous afro-américains. Deux d'entre eux sont un peu les Laurel & Hardy de l'histoire. Les concernant, le scénario devient particulièrement invraisemblable, puisqu'on finit par les retrouver au volant d'une bagnole très spéciale... dans l'espace.

   Eh oui... pour apprécier cette meringue à l'huile de vidange, il faut laisser sa rigueur cartésienne au vestiaire. Plusieurs dialogues ironisent d'ailleurs sur l'incroyable destin des membres de la "tribu" de Dom. Ils ont beau se faire allègrement tirer dessus, ils s'en sortent quasiment sans une égratignure. (Il y en a même un qui "ressuscite"... mais chuut !) Et je ne vous parle pas des explosions et autres accidents : les héros en réchappent sans presque avoir besoin d'envoyer leur costume au pressing.

   Sur le fond, c'est une histoire de famille, la biologique (Dom reprend contact avec son frère, qui s'est fait greffer des bras épais comme trois cuisses) et celle du cœur (multiethnique), avec les potes. Ce n'est pas d'une originalité foudroyante, tout comme la conclusion de l'histoire, autour d'un banquet, un peu façon Astérix.

   P.S.

   La scène intercalée dans le générique de fin suggère qu'un personnage de la série, absent de ce film-ci mais longuement vu dans le "spin-off" Hobbs & Shaw, va refaire son apparition. Au moins deux suites sont programmées, sans parler des films dérivés. Tant que cela cartonne au box-office, il n'y a pas de raison que cela s'arrête...

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Fast & Furious 9

      Cette saga de la mécanique est ce qu'on appelle "un aspirateur à beaufs", même si le simple film de bagnoles (et de jolies poupées) du début s'est peu à peu transformé en Mission impossible version tuning. J'ai donc attendu que s'achève la première semaine (où ce fut la ruée dans les salles ruthénoises) et que soit instauré le "passe sanitaire". Résultat : j'ai eu droit à une séance tranquille, dans une grande salle, sans public indésirable.

   Cet épisode commence d'ailleurs par une sorte de retour aux sources, avec une séquence de course automobile très bien filmée (peut-être la meilleure du film, d'ailleurs).  On n'est pas très loin de Le Mans 66 (la subtilité scénaristique en moins).

   L'action se déroule plus de trente ans en arrière. Du coup, c'est la version jeune de Dom qui apparaît à l'écran, incarnée par un autre acteur que Vin Diesel. Est-ce le fait du hasard ? Son personnage a plus de texte... et il est plus convaincant que l'original. C'est le problème de Vin : il ne sait pas bien jouer (à part une ou deux expressions). C'est particulièrement voyant vers la fin, quand il est censé exprimer une grande émotion... ratage complet en gros plan.

   Heureusement, il y a les cascades. Même si les effets spéciaux sont de la partie (et longuement crédités au générique), le grand mérite de cette série de films est de faire reposer ses scènes d'action sur le travail des cascadeurs (plus nombreux au générique que les authentiques acteurs). Outre la course du début, je recommande les deux poursuites dont des extraits ont été largement diffusés dans les salles ces dernières semaines. La première (située au début de l'histoire) inclut l'improbable franchissement d'un pont effondré (impressionnante sur grand écran). La seconde fait l'objet d'une longue séquence, dans le dernier tiers du film. Elle tourne autour d'un convoi de véhicules blindés, en plein cœur de Tbilissi. Ce n'est pas toujours réaliste, loin s'en faut, mais c'est spectaculaire.

   Pour parler "moderne", je dirais que c'est l'ADN de la série de films : des bagnoles (de plus en plus grosses), des mecs stéroïdés-tatoués-burnés... et des gonzesses bien roulées, quelques-unes badass : ce ne sont plus des potiches, mais elles aussi des pilotes... et elles cognent ! La compagne de Dom excelle à moto, sa sœur n'est pas maladroite en bagnole... et une petite nouvelle se révèle au volant d'un fourgon, au centre de Londres.  Cette séquence (pas la plus réussie au niveau des cascades) est surtout comique. On comprend très vite que l'humour va reposer sur certains personnages, presque tous afro-américains. Deux d'entre eux sont un peu les Laurel & Hardy de l'histoire. Les concernant, le scénario devient particulièrement invraisemblable, puisqu'on finit par les retrouver au volant d'une bagnole très spéciale... dans l'espace.

   Eh oui... pour apprécier cette meringue à l'huile de vidange, il faut laisser sa rigueur cartésienne au vestiaire. Plusieurs dialogues ironisent d'ailleurs sur l'incroyable destin des membres de la "tribu" de Dom. Ils ont beau se faire allègrement tirer dessus, ils s'en sortent quasiment sans une égratignure. (Il y en a même un qui "ressuscite"... mais chuut !) Et je ne vous parle pas des explosions et autres accidents : les héros en réchappent sans presque avoir besoin d'envoyer leur costume au pressing.

   Sur le fond, c'est une histoire de famille, la biologique (Dom reprend contact avec son frère, qui s'est fait greffer des bras épais comme trois cuisses) et celle du cœur (multiethnique), avec les potes. Ce n'est pas d'une originalité foudroyante, tout comme la conclusion de l'histoire, autour d'un banquet, un peu façon Astérix.

   P.S.

   La scène intercalée dans le générique de fin suggère qu'un personnage de la série, absent de ce film-ci mais longuement vu dans le "spin-off" Hobbs & Shaw, va refaire son apparition. Au moins deux suites sont programmées, sans parler des films dérivés. Tant que cela cartonne au box-office, il n'y a pas de raison que cela s'arrête...

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Racines du monde

   Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.

   La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).

cinéma,cinema,film,films

   Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.

   Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.

   Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.

   Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)

   J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Racines du monde

   Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.

   La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).

cinéma,cinema,film,films

   Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.

   Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.

   Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.

   Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)

   J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.

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