vendredi, 30 juillet 2021
The Suicide Squad
En ajoutant l'article défini, la Warner retente le coup avec son équipe d'anti-super-héros, cinq ans plus tard. De la distribution principale d'origine ne restent que Viola Davis (en directrice d'agence sans scrupule), Joel Kinnaman (en boy-scout bodybuildé), Jai Courtney (un délinquant adepte du boomerang) et, surtout, Margot Robbie, de nouveau dans la peau d'Harley Quinn, un an après Birds of Prey.
L'histoire débute dans une prison, dans une cour de promenade, où l'on découvre l'un des personnages "à haut potentiel". J'aime beaucoup la manière dont cette scène est réalisée : ce n'est pas parce que la prod' a dépensé des dizaines de millions en effets spéciaux qu'il ne faut pas travailler la mise en scène ! Et puis... cela se conclut de manière "politiquement incorrecte". À un moment, on comprend que le personnage a une idée en tête. Les scénaristes ont-ils osé ? se demande-t-on. Oui !
C'est à l'image du film, à la photographie chiadée et au ton mal élevé. Ainsi, une délicate petite brune évoque la possibilité d'introduire des rats dans l'anus d'un scientifique, tandis qu'Harley Quinn n'hésite pas à révéler la cause de son retard : un passage par les toilettes, pour la grosse commission... Amis de la délicatesse, bonjour ! Comme les messieurs ne sont pas en reste (l'un d'entre eux se baladant le soir en slip kangourou), c'est assez fendard.
Tout en recyclant les codes du film de super-héros, celui-ci se positionne comme un anti-Marvel (ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que le réalisateur, James Gunn, est celui des Gardiens de la galaxie). Ainsi, c'est un Noir et non un Blanc qui va diriger l'équipe, dans laquelle on distingue une sorte de Captain America (le mal nommé Peace maker)... mais en nettement moins sympathique. Il est incarné par John Cena, dont les gros muscles sont aussi à l'affiche de Fast & Furious 9.
De son côté, au vu de la sorte d'armure qu'il porte, l'ancien tueur à gages Bloodsport (Idris Elba, chargé de remplacer Will Smith, qui n'a pas rempilé) pourrait être un succédané d'Iron Man. Complètent le groupe un homme-requin aussi balèze qu'Hulk (mais anthropophage) et un type indéfinissable, qui balance... des pastilles !
Attention toutefois : le début est trompeur. Les spectateurs sont (presque) mis dans la position des habitants d'une île. Dans un premier temps, on nous immerge dans un arc narratif... que l'on finit par voir sous un autre angle, un peu à l'image de ce qui est présenté dans Deadpool 2 (le plus DC des Marvel).
Le scénario est narquois à un point tel que je ne peux pas raconter en détail. Sachez néanmoins que, lorsque l'équipe finale est constituée, elle engage son premier véritable combat contre un adversaire sur lequel elle se trompe grandement. C'est savoureux, après coup !
L'humour est souvent présent, en particulier quand Harley Quinn est à l'écran. J'ai adoré la parodie de romance entre la garce blonde et le nouveau dictateur... ainsi que sa conclusion. Il vaut mieux ne pas contrarier l'ex-patineuse, qui a des valeurs ! Quant à son évasion, c'est est une véritable symphonie sanguinaire...
Les amateurs de crânes éclatés, de membres arrachés et de giclées de sauce tomate sont servis par les péripéties de l'intrigue. La petite armée d'un dictateur centre-américain fournit une pelletée de victimes convenables. (Au passage, le scénario, s'il ridiculise les combattants latinos, dénonce la politique étrangère états-unienne.) Cependant, au sein d'une tour fortifiée, se trouve un ennemi autrement plus dangereux : une créature extra-terrestre, jusque-là prisonnière, mais qui, bien entendu, va parvenir à se libérer.
Le combat final est mi-héroïque mi-parodique, les membres du commando affrontant une créature aussi gigantesque que ridicule... mais bigrement redoutable. (Je pense que la séquence du combat, en zone urbaine, est un décalque ironique d'un des Avengers, alors que les avatars de la créature sont une référence à Alien.) Cette dernière partie est assez prévisible (en particulier concernant le rôle joué par Harley Quinn), mais on passe toujours un bon moment.
P.S.
La musique, plutôt rock'n'roll, est sympa !
P.S. II
Deux scènes supplémentaires encadrent le générique de fin. Chacune voit le retour à la vie d'un des personnages présumés décédés...
00:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Suicide Squad
En ajoutant l'article défini, la Warner retente le coup avec son équipe d'anti-super-héros, cinq ans plus tard. De la distribution principale d'origine ne restent que Viola Davis (en directrice d'agence sans scrupule), Joel Kinnaman (en boy-scout bodybuildé), Jai Courtney (un délinquant adepte du boomerang) et, surtout, Margot Robbie, de nouveau dans la peau d'Harley Quinn, un an après Birds of Prey.
L'histoire débute dans une prison, dans une cour de promenade, où l'on découvre l'un des personnages "à haut potentiel". J'aime beaucoup la manière dont cette scène est réalisée : ce n'est pas parce que la prod' a dépensé des dizaines de millions en effets spéciaux qu'il ne faut pas travailler la mise en scène ! Et puis... cela se conclut de manière "politiquement incorrecte". À un moment, on comprend que le personnage a une idée en tête. Les scénaristes ont-ils osé ? se demande-t-on. Oui !
C'est à l'image du film, à la photographie chiadée et au ton mal élevé. Ainsi, une délicate petite brune évoque la possibilité d'introduire des rats dans l'anus d'un scientifique, tandis qu'Harley Quinn n'hésite pas à révéler la cause de son retard : un passage par les toilettes, pour la grosse commission... Amis de la délicatesse, bonjour ! Comme les messieurs ne sont pas en reste (l'un d'entre eux se baladant le soir en slip kangourou), c'est assez fendard.
Tout en recyclant les codes du film de super-héros, celui-ci se positionne comme un anti-Marvel (ce qui ne manque pas de sel, quand on sait que le réalisateur, James Gunn, est celui des Gardiens de la galaxie). Ainsi, c'est un Noir et non un Blanc qui va diriger l'équipe, dans laquelle on distingue une sorte de Captain America (le mal nommé Peace maker)... mais en nettement moins sympathique. Il est incarné par John Cena, dont les gros muscles sont aussi à l'affiche de Fast & Furious 9.
De son côté, au vu de la sorte d'armure qu'il porte, l'ancien tueur à gages Bloodsport (Idris Elba, chargé de remplacer Will Smith, qui n'a pas rempilé) pourrait être un succédané d'Iron Man. Complètent le groupe un homme-requin aussi balèze qu'Hulk (mais anthropophage) et un type indéfinissable, qui balance... des pastilles !
Attention toutefois : le début est trompeur. Les spectateurs sont (presque) mis dans la position des habitants d'une île. Dans un premier temps, on nous immerge dans un arc narratif... que l'on finit par voir sous un autre angle, un peu à l'image de ce qui est présenté dans Deadpool 2 (le plus DC des Marvel).
Le scénario est narquois à un point tel que je ne peux pas raconter en détail. Sachez néanmoins que, lorsque l'équipe finale est constituée, elle engage son premier véritable combat contre un adversaire sur lequel elle se trompe grandement. C'est savoureux, après coup !
L'humour est souvent présent, en particulier quand Harley Quinn est à l'écran. J'ai adoré la parodie de romance entre la garce blonde et le nouveau dictateur... ainsi que sa conclusion. Il vaut mieux ne pas contrarier l'ex-patineuse, qui a des valeurs ! Quant à son évasion, c'est est une véritable symphonie sanguinaire...
Les amateurs de crânes éclatés, de membres arrachés et de giclées de sauce tomate sont servis par les péripéties de l'intrigue. La petite armée d'un dictateur centre-américain fournit une pelletée de victimes convenables. (Au passage, le scénario, s'il ridiculise les combattants latinos, dénonce la politique étrangère états-unienne.) Cependant, au sein d'une tour fortifiée, se trouve un ennemi autrement plus dangereux : une créature extra-terrestre, jusque-là prisonnière, mais qui, bien entendu, va parvenir à se libérer.
Le combat final est mi-héroïque mi-parodique, les membres du commando affrontant une créature aussi gigantesque que ridicule... mais bigrement redoutable. (Je pense que la séquence du combat, en zone urbaine, est un décalque ironique d'un des Avengers, alors que les avatars de la créature sont une référence à Alien.) Cette dernière partie est assez prévisible (en particulier concernant le rôle joué par Harley Quinn), mais on passe toujours un bon moment.
P.S.
La musique, plutôt rock'n'roll, est sympa !
P.S. II
Deux scènes supplémentaires encadrent le générique de fin. Chacune voit le retour à la vie d'un des personnages présumés décédés...
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jeudi, 29 juillet 2021
Spirale : l'héritage de Saw
Le plus important est dans le sous-titre : ce film-ci se place dans la continuité de la (lucrative) série Saw qui, jadis, avait (un peu) renouvelé le genre horrifique. J'ai tenté le coup pour voir où les scénaristes en étaient. (Je m'étais arrêté à Saw IV.)
Un nouveau tueur en série s'en prend cette fois-ci spécifiquement à des policiers. Le choix cornélien auquel il confronte ceux-ci est toujours aussi tordu que dans les précédents films. Je dois reconnaître que les dispositifs de torture sont bien conçus et efficacement mis en scène (par Darren Lynn Bousman, qui avait déjà tourné trois des précédents volets)... mais c'est à peu près tout.
Le scénario est hyper-classique. Le montage n'est pas très réussi : l'insertion des retours en arrière arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme les scénaristes n'ont pas su/voulu correctement raccrocher l'intrigue de Spirale à celle des précédents films, ils ont été obligés de recourir à ces acrobaties.
De surcroît, quand on est un minimum dégourdi et qu'on a déjà vu des films / épisodes de série dans le même genre, on comprend assez rapidement qui est derrière ce qui ressemble à une vengeance. Du coup, les policiers apparaissent vraiment pas très futés, tombant facilement dans les pièges tendus par l'assassin.
J'ajoute que, pour attirer un public particulier, les auteurs ont mâtiné leur histoire d'un côté Black Lives Matter. Il est question de corruption et de violence policières... dont les responsables sont aussi bien blancs que noirs, soit dit en passant (le "bon" flic étant afroaméricain).
Je ne sais pas trop ce que Samuel L. Jackson est venu faire là-dedans. (N'a-t-il pas été assez payé pour Hitman & Bodyguard 2 ?) Bref, ce sera vite oublié.
15:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Spirale : l'héritage de Saw
Le plus important est dans le sous-titre : ce film-ci se place dans la continuité de la (lucrative) série Saw qui, jadis, avait (un peu) renouvelé le genre horrifique. J'ai tenté le coup pour voir où les scénaristes en étaient. (Je m'étais arrêté à Saw IV.)
Un nouveau tueur en série s'en prend cette fois-ci spécifiquement à des policiers. Le choix cornélien auquel il confronte ceux-ci est toujours aussi tordu que dans les précédents films. Je dois reconnaître que les dispositifs de torture sont bien conçus et efficacement mis en scène (par Darren Lynn Bousman, qui avait déjà tourné trois des précédents volets)... mais c'est à peu près tout.
Le scénario est hyper-classique. Le montage n'est pas très réussi : l'insertion des retours en arrière arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme les scénaristes n'ont pas su/voulu correctement raccrocher l'intrigue de Spirale à celle des précédents films, ils ont été obligés de recourir à ces acrobaties.
De surcroît, quand on est un minimum dégourdi et qu'on a déjà vu des films / épisodes de série dans le même genre, on comprend assez rapidement qui est derrière ce qui ressemble à une vengeance. Du coup, les policiers apparaissent vraiment pas très futés, tombant facilement dans les pièges tendus par l'assassin.
J'ajoute que, pour attirer un public particulier, les auteurs ont mâtiné leur histoire d'un côté Black Lives Matter. Il est question de corruption et de violence policières... dont les responsables sont aussi bien blancs que noirs, soit dit en passant (le "bon" flic étant afroaméricain).
Je ne sais pas trop ce que Samuel L. Jackson est venu faire là-dedans. (N'a-t-il pas été assez payé pour Hitman & Bodyguard 2 ?) Bref, ce sera vite oublié.
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La Loi de Téhéran
Voici venu le désormais traditionnel polar étranger de l'été, une catégorie qui, ces dernières années, a vu la sortie en France de La Isla minima, Que Dios nos perdone, Lands of Murders ou encore Le Caire confidentiel. C'est avec celui-ci que la parenté est la plus forte, puisque l'action se déroule au Moyen-Orient (en Iran au lieu de l'Égypte) et que l'enquête policière est prétexte à dresser un portrait socio-politique du pays.
Intitulé "Six et demi" dans la version originale, le film se concentre sur la lutte contre le trafic de crack, une drogue qui fait des ravages en Iran, avec 6,5 millions de consommateurs ! Dès le départ, on est plongé dans le travail de la police, avec l'interpellation d'un revendeur, incluant une course-poursuite dans les rues tortueuses de la capitale. Lui succèdent des séquences mises en scène avec le même brio. J'ai été particulièrement impressionné par le coup de filet organisé dans un bidonville, entre carcasses de voiture et grands cylindres de béton (avec immeubles en construction à l'arrière-plan). À cette séquence succèdent d'autres moments parfaitement maîtrisés : la garde à vue de masse, au commissariat, puis les scènes de cellule, avec le rôle stratégique du "coin toilettes". Très vite s'impose à nos oreilles la "jactance" de Samad, le chef de groupe, un policier intègre, tenace, qui n'hésite pas à bousculer les prévenus. Il est interprété par Payman Maadi, que les spectateurs français ont vu dans Une Séparation.
Face à lui se trouve le chef du réseau de trafiquants. Dans la première partie de l'histoire, une aura de mystère enveloppe ce personnage (à droite ci-dessus), avant que son côté "caïd" ne prenne le dessus. Dans la dernière partie, le réalisateur essaie de développer un propos plus sociologique, montrant ce personnage sous un jour nouveau.
Saeed Roustayi est un inconnu pour moi, mais ce réalisateur semble bourré de qualités. Il a réussi aussi bien les scènes d'intervention de la police que celles d'interrogatoire, s'appuyant sur des seconds rôles très bien campés. Outre les policiers et les délinquants, je signale deux personnages féminins, celui de l'épouse d'un petit trafiquant (au cours d'une scène de perquisition qui se termine de manière surprenante) et celui de l'ancienne petite amie du caïd, interprétée par la ravissante Parinaz Izadyar. Mais je pourrais aussi parler du fils d'un consommateur de drogue ou du juge qui interroge, avec équanimité, criminels présumés, témoins et policiers.
Sur le fond, le scénario a dû jouer avec la censure iranienne. Ici ou là, il suggère que, pour que le trafic ait pu prendre une telle ampleur, il faut que les délinquants aient bénéficié de protections, parfois haut placées. Du côté des consommateurs, discrètement, il pointe la misère sociale présente en Iran. Mais les spectateurs attentifs remarqueront aussi que les trafiquants et consommateurs de crack sont très souvent occidentalisés, tandis que les valeureux policiers portent une barbe "islamiquement correcte" (pour les messieurs) ou un strict tchador (pour les dames). Je conseille aussi d'être attentif aux chaussures des personnes arrêtées.
La dernière demi-heure réserve quelques surprises. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film, selon moi, mais le reste est tellement prenant que je ne peux que recommander ce long-métrage.
12:49 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Loi de Téhéran
Voici venu le désormais traditionnel polar étranger de l'été, une catégorie qui, ces dernières années, a vu la sortie en France de La Isla minima, Que Dios nos perdone, Lands of Murders ou encore Le Caire confidentiel. C'est avec celui-ci que la parenté est la plus forte, puisque l'action se déroule au Moyen-Orient (en Iran au lieu de l'Égypte) et que l'enquête policière est prétexte à dresser un portrait socio-politique du pays.
Intitulé "Six et demi" dans la version originale, le film se concentre sur la lutte contre le trafic de crack, une drogue qui fait des ravages en Iran, avec 6,5 millions de consommateurs ! Dès le départ, on est plongé dans le travail de la police, avec l'interpellation d'un revendeur, incluant une course-poursuite dans les rues tortueuses de la capitale. Lui succèdent des séquences mises en scène avec le même brio. J'ai été particulièrement impressionné par le coup de filet organisé dans un bidonville, entre carcasses de voiture et grands cylindres de béton (avec immeubles en construction à l'arrière-plan). À cette séquence succèdent d'autres moments parfaitement maîtrisés : la garde à vue de masse, au commissariat, puis les scènes de cellule, avec le rôle stratégique du "coin toilettes". Très vite s'impose à nos oreilles la "jactance" de Samad, le chef de groupe, un policier intègre, tenace, qui n'hésite pas à bousculer les prévenus. Il est interprété par Payman Maadi, que les spectateurs français ont vu dans Une Séparation.
Face à lui se trouve le chef du réseau de trafiquants. Dans la première partie de l'histoire, une aura de mystère enveloppe ce personnage (à droite ci-dessus), avant que son côté "caïd" ne prenne le dessus. Dans la dernière partie, le réalisateur essaie de développer un propos plus sociologique, montrant ce personnage sous un jour nouveau.
Saeed Roustayi est un inconnu pour moi, mais ce réalisateur semble bourré de qualités. Il a réussi aussi bien les scènes d'intervention de la police que celles d'interrogatoire, s'appuyant sur des seconds rôles très bien campés. Outre les policiers et les délinquants, je signale deux personnages féminins, celui de l'épouse d'un petit trafiquant (au cours d'une scène de perquisition qui se termine de manière surprenante) et celui de l'ancienne petite amie du caïd, interprétée par la ravissante Parinaz Izadyar. Mais je pourrais aussi parler du fils d'un consommateur de drogue ou du juge qui interroge, avec équanimité, criminels présumés, témoins et policiers.
Sur le fond, le scénario a dû jouer avec la censure iranienne. Ici ou là, il suggère que, pour que le trafic ait pu prendre une telle ampleur, il faut que les délinquants aient bénéficié de protections, parfois haut placées. Du côté des consommateurs, discrètement, il pointe la misère sociale présente en Iran. Mais les spectateurs attentifs remarqueront aussi que les trafiquants et consommateurs de crack sont très souvent occidentalisés, tandis que les valeureux policiers portent une barbe "islamiquement correcte" (pour les messieurs) ou un strict tchador (pour les dames). Je conseille aussi d'être attentif aux chaussures des personnes arrêtées.
La dernière demi-heure réserve quelques surprises. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film, selon moi, mais le reste est tellement prenant que je ne peux que recommander ce long-métrage.
12:49 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 26 juillet 2021
Onoda - 10 000 nuits dans la jungle
Présenté au dernier Festival de Cannes, dans la sélection "Un certain regard", ce film franco-japonais raconte l'histoire extraordinaire d'Hiroo Onoda, un soldat nippon envoyé en 1944 sur une petite île des Philippines, Lubang (à peine plus grande que la commune de Paris).
Sa mission est d'y organiser une guérilla susceptible de contrecarrer la progression des troupes américaines, qui se rapprochent dangereusement du Japon. L'une des séquences du début montre d'ailleurs le débarquement nocturne de "l'ennemi" et les ravages que l'armée d'Oncle Sam fait dans le camp japonais, pas très bien préparé à l'affronter.
Ce n'est pas l'un des moindres intérêts de cette fiction à caractère documentaire. Même si l'on y croise des soldats et officiers imprégnés de la mentalité de samouraï, prêts à tous les sacrifices au nom du Japon, on s'aperçoit que beaucoup d'autres ne sont pas de cette trempe, soit qu'ils soient lassés de la guerre, soit qu'ils jugent ces efforts inutiles, soit qu'ils aient tout simplement la trouille.
On retrouve (en partie) ces nuances au sein du quatuor de survivants, réfugié dans la jungle philippine, d'où le dernier, Hiroo Onoda, n'est sorti qu'en... 1974. (Il est décédé en 2014.) Celui-ci semble tout d'un bloc : patriote, obéissant, tenace... et même buté. Ses deux adjoints, Shimada et Kozuka, ont un peu plus d'expérience, de vécu. Le premier, ancien charbonnier, sait comment vivre dans les bois. Complète la bande le plus jeune, Akatsu, sans doute récemment incorporé... et pas vraiment adapté à la vie militaire.
Curieusement, ce film en apparence authentiquement japonais a été réalisé par... un Français, Arthur Harari, remarqué il y a quelques années grâce à un excellent polar, Diamant noir. Il est parvenu à faire de la jungle tropicale un véritable personnage du film. La chance des quatre hommes est qu'elle fournit de quoi se sustenter, s'habiller... et même se loger. Ici, le film se fait documentaire, montrant comment les hommes parviennent à se nourrir, à construire une cabane ou à tresser des semelles de chaussures.
Cependant, si l'environnement est source de vie, il représente aussi parfois une gêne considérable. On y croise de nombreuses petites bêtes invasives et, surtout, le climat n'est pas propice à une vie saine : les soldats subissent l'alternance de deux longues saisons : la sèche (très chaude) et l'humide, pénible pour les organismes, mais protectrice pour les fugitifs.
Pendant la saison des pluies, les paysans de l'île ne s'aventurent pas dans la forêt. Les patrouilles des forces de l'ordre se font rares. Dans un premier temps, les quatre soldats tentent d'échapper aux troupes américaines. Quelques années plus tard (les Philippines étant devenues indépendantes en 1947, ce que les protagonistes ignorent), ce sont d'autres uniformes qui patrouillent dans l'île. Des Japonais finissent même par y revenir... mais des civils, ce qui perturbe fortement les soldats, persuadés que la guerre continue.
C'est l'autre grand intérêt de cette histoire : montrer comment ces hommes (trois sur les quatre, en fait) se sont convaincus que le Japon ne pouvait pas s'être rendu aux États-Unis et donc que leur mission continuait. Onoda est incontestablement le plus buté, refusant de voir l'évidence, même quand des journaux japonais sont laissés à leur intention ou quand, après avoir récupéré un poste de radio, ils parviennent à capter des émissions de leur pays. (Le rejet des -supposés- "médias officiels" et l'adhésion aux "vérités alternatives" ne datent pas d'aujourd'hui !) Cet aveuglement culmine dans une scène sidérante, au cours de laquelle Onoda, en s'appuyant sur un planisphère rudimentaire, tente d'expliquer à Kozuka la "nouvelle" géopolitique mondiale, totalement farfelue. Ici, le film fait écho à notre époque, où l'aveuglement idéologique (ou tout simplement la bêtise) fait croire tellement d'âneries à des gilets jaunes, antivax, complotistes divers.
À la description minutieuse d'une auto-aliénation collective, le film ajoute la naissance d'un compagnonnage forcé, à quatre, puis trois, puis deux... Les tensions alternent avec les moments de camaraderie, voire de fraternité. Les deux derniers, Onoda et Kozuka, grisonnants et complices, finissent quasiment par former un vieux couple. C'est l'occasion d'évoquer la sexualité, très peu présente dans cette histoire de quatre hommes jeunes (âgés de 20-25 ans au début) confinés dans la jungle. Dans la première partie, un plan suggère la pratique du plaisir solitaire. Dans le dernier tiers de l'histoire, on se demande si, à certaines occasions, ces hommes n'ont pas abusé de Philippines. Globalement, les relations ne sont pas bonnes entre les soldats et la population locale, qui n'a pas gardé de bons souvenirs de la domination impériale japonaise. De plus, la propension des fugitifs à pratiquer des "réquisitions" (un euphémisme pour "vols") chez les paysans du coin, tout comme leurs activités de sabotage, leur ont valu beaucoup d'inimitié.
Pourtant, quand Onoda finit par regagner le monde réel, il a droit à une cérémonie d'honneur. Les temps ont changé et, au bout de trente ans, la ressentiment a laissé la place à de la curiosité et de la pitié. Le plus marquant est la rencontre entre Onoda et... un touriste japonais. Se font alors face le Japon traditionnel (militariste, nationaliste, plutôt renfermé) et le moderne (pacifique, technophile et ouvert sur le monde).
Concernant le film, je vais m'arrêter là, mais vous avez sans doute compris que j'ai été envoûté par cette histoire d'une grande richesse sur le plan historique mais aussi sur celui de la nature humaine. En complément, je suggère la lecture d'Au nom du Japon, l'autobiographie d'Onoda :
Publiée dès 1974 au Japon, elle n'est sortie en France que l'an dernier. Je ne sais pas si c'est lié à la rédaction d'origine ou à la qualité de la traduction (effectuée par Sébastien Raizer, un écrivain français vivant à Kyoto), mais cela se lit comme un roman. Le livre fourmille de détails qu'il n'était pas possible d'intégrer au film. On y découvre la "vie d'avant" d'Onoda et la relation particulière qu'il entretient avec son frère aîné. La vie quotidienne des soldats (dans la jungle) y est aussi décrite plus longuement, certains événements représentés une seule fois à l'écran figurant à plusieurs reprises. On peut même s'amuser au "jeu des 7 différences" (entre le livre et le film).
14:18 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Onoda - 10 000 nuits dans la jungle
Présenté au dernier Festival de Cannes, dans la sélection "Un certain regard", ce film franco-japonais raconte l'histoire extraordinaire d'Hiroo Onoda, un soldat nippon envoyé en 1944 sur une petite île des Philippines, Lubang (à peine plus grande que la commune de Paris).
Sa mission est d'y organiser une guérilla susceptible de contrecarrer la progression des troupes américaines, qui se rapprochent dangereusement du Japon. L'une des séquences du début montre d'ailleurs le débarquement nocturne de "l'ennemi" et les ravages que l'armée d'Oncle Sam fait dans le camp japonais, pas très bien préparé à l'affronter.
Ce n'est pas l'un des moindres intérêts de cette fiction à caractère documentaire. Même si l'on y croise des soldats et officiers imprégnés de la mentalité de samouraï, prêts à tous les sacrifices au nom du Japon, on s'aperçoit que beaucoup d'autres ne sont pas de cette trempe, soit qu'ils soient lassés de la guerre, soit qu'ils jugent ces efforts inutiles, soit qu'ils aient tout simplement la trouille.
On retrouve (en partie) ces nuances au sein du quatuor de survivants, réfugié dans la jungle philippine, d'où le dernier, Hiroo Onoda, n'est sorti qu'en... 1974. (Il est décédé en 2014.) Celui-ci semble tout d'un bloc : patriote, obéissant, tenace... et même buté. Ses deux adjoints, Shimada et Kozuka, ont un peu plus d'expérience, de vécu. Le premier, ancien charbonnier, sait comment vivre dans les bois. Complète la bande le plus jeune, Akatsu, sans doute récemment incorporé... et pas vraiment adapté à la vie militaire.
Curieusement, ce film en apparence authentiquement japonais a été réalisé par... un Français, Arthur Harari, remarqué il y a quelques années grâce à un excellent polar, Diamant noir. Il est parvenu à faire de la jungle tropicale un véritable personnage du film. La chance des quatre hommes est qu'elle fournit de quoi se sustenter, s'habiller... et même se loger. Ici, le film se fait documentaire, montrant comment les hommes parviennent à se nourrir, à construire une cabane ou à tresser des semelles de chaussures.
Cependant, si l'environnement est source de vie, il représente aussi parfois une gêne considérable. On y croise de nombreuses petites bêtes invasives et, surtout, le climat n'est pas propice à une vie saine : les soldats subissent l'alternance de deux longues saisons : la sèche (très chaude) et l'humide, pénible pour les organismes, mais protectrice pour les fugitifs.
Pendant la saison des pluies, les paysans de l'île ne s'aventurent pas dans la forêt. Les patrouilles des forces de l'ordre se font rares. Dans un premier temps, les quatre soldats tentent d'échapper aux troupes américaines. Quelques années plus tard (les Philippines étant devenues indépendantes en 1947, ce que les protagonistes ignorent), ce sont d'autres uniformes qui patrouillent dans l'île. Des Japonais finissent même par y revenir... mais des civils, ce qui perturbe fortement les soldats, persuadés que la guerre continue.
C'est l'autre grand intérêt de cette histoire : montrer comment ces hommes (trois sur les quatre, en fait) se sont convaincus que le Japon ne pouvait pas s'être rendu aux États-Unis et donc que leur mission continuait. Onoda est incontestablement le plus buté, refusant de voir l'évidence, même quand des journaux japonais sont laissés à leur intention ou quand, après avoir récupéré un poste de radio, ils parviennent à capter des émissions de leur pays. (Le rejet des -supposés- "médias officiels" et l'adhésion aux "vérités alternatives" ne datent pas d'aujourd'hui !) Cet aveuglement culmine dans une scène sidérante, au cours de laquelle Onoda, en s'appuyant sur un planisphère rudimentaire, tente d'expliquer à Kozuka la "nouvelle" géopolitique mondiale, totalement farfelue. Ici, le film fait écho à notre époque, où l'aveuglement idéologique (ou tout simplement la bêtise) fait croire tellement d'âneries à des gilets jaunes, antivax, complotistes divers.
À la description minutieuse d'une auto-aliénation collective, le film ajoute la naissance d'un compagnonnage forcé, à quatre, puis trois, puis deux... Les tensions alternent avec les moments de camaraderie, voire de fraternité. Les deux derniers, Onoda et Kozuka, grisonnants et complices, finissent quasiment par former un vieux couple. C'est l'occasion d'évoquer la sexualité, très peu présente dans cette histoire de quatre hommes jeunes (âgés de 20-25 ans au début) confinés dans la jungle. Dans la première partie, un plan suggère la pratique du plaisir solitaire. Dans le dernier tiers de l'histoire, on se demande si, à certaines occasions, ces hommes n'ont pas abusé de Philippines. Globalement, les relations ne sont pas bonnes entre les soldats et la population locale, qui n'a pas gardé de bons souvenirs de la domination impériale japonaise. De plus, la propension des fugitifs à pratiquer des "réquisitions" (un euphémisme pour "vols") chez les paysans du coin, tout comme leurs activités de sabotage, leur ont valu beaucoup d'inimitié.
Pourtant, quand Onoda finit par regagner le monde réel, il a droit à une cérémonie d'honneur. Les temps ont changé et, au bout de trente ans, la ressentiment a laissé la place à de la curiosité et de la pitié. Le plus marquant est la rencontre entre Onoda et... un touriste japonais. Se font alors face le Japon traditionnel (militariste, nationaliste, plutôt renfermé) et le moderne (pacifique, technophile et ouvert sur le monde).
Concernant le film, je vais m'arrêter là, mais vous avez sans doute compris que j'ai été envoûté par cette histoire d'une grande richesse sur le plan historique mais aussi sur celui de la nature humaine. En complément, je suggère la lecture d'Au nom du Japon, l'autobiographie d'Onoda :
Publiée dès 1974 au Japon, elle n'est sortie en France que l'an dernier. Je ne sais pas si c'est lié à la rédaction d'origine ou à la qualité de la traduction (effectuée par Sébastien Raizer, un écrivain français vivant à Kyoto), mais cela se lit comme un roman. Le livre fourmille de détails qu'il n'était pas possible d'intégrer au film. On y découvre la "vie d'avant" d'Onoda et la relation particulière qu'il entretient avec son frère aîné. La vie quotidienne des soldats (dans la jungle) y est aussi décrite plus longuement, certains événements représentés une seule fois à l'écran figurant à plusieurs reprises. On peut même s'amuser au "jeu des 7 différences" (entre le livre et le film).
14:18 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 24 juillet 2021
La Conspiration des belettes
Cette comédie sarcastique argentine est centrée sur un quatuor atypique, quatre vieux personnes âgées, toutes retraitées du monde du cinéma : un ancien réalisateur, son ancien scénariste et un couple d'anciens acteurs, la vedette étant la dame, Mara Ordaz, qui vit encore dans le souvenir de sa gloire passée, symbolisée par l'Oscar reçu jadis, qui trône désormais dans le hall d'entrée de la demeure que les quatre protagonistes partagent.
Cette demeure est l'enjeu d'une série de manœuvres et de manipulations, certaines venant contrecarrer les autres. Mara en a plus qu'assez de la présence du réal' et du scénariste, deux veufs caractériels et agaçants, qui avaient autrefois épousé la sœur et la meilleure amie de Mara. Avec son mari Pedro cela se passe mieux (plutôt : moins mal), mais Mara voudrait que l'ancien acteur médiocre s'émancipe de ses deux vieux camarades. Toute la première partie du film est nourrie de leurs chamailleries avec des répliques (à savourer dans la version originale sous-titrée, la VF étant paraît-il très médiocre) souvent mordantes, voire vachardes.
L'arrivée d'un jeune couple d'agents immobiliers attise les rivalités entre les retraités. Ces deux trentenaires sont pleins de charme : Francisco (Gourmand de son nom, évidemment pas choisi au hasard) passe de la pommade sur les plaies de l'actrice oubliée, tandis que Barbara, d'une beauté redoutable, tente d'entortiller les messieurs.
Jusque-là, je me disais que j'assistais à une comédie sympathique, peut-être un peu trop fondée sur l'entre-soi cinématographique. C'était oublier qu'aux manettes se trouve Juan José Campanella, oscarisé il y a une dizaine d'années avec Dans ses yeux. C'est quelqu'un qui sait mener un suspens, comme il l'a prouvé en réalisant des épisodes de séries comme Colony, New York Section Criminelle et New York Unité Spéciale.
La troisième partie bascule dans le thriller. Petit à petit, le passé inavoué refait surface et les manigances prennent un tour plus macabre. L'humour est toujours féroce, parfois indéniablement méchant. Ce petit film en apparence inoffensif est une délicieuse perle de venin.
21:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Conspiration des belettes
Cette comédie sarcastique argentine est centrée sur un quatuor atypique, quatre vieux personnes âgées, toutes retraitées du monde du cinéma : un ancien réalisateur, son ancien scénariste et un couple d'anciens acteurs, la vedette étant la dame, Mara Ordaz, qui vit encore dans le souvenir de sa gloire passée, symbolisée par l'Oscar reçu jadis, qui trône désormais dans le hall d'entrée de la demeure que les quatre protagonistes partagent.
Cette demeure est l'enjeu d'une série de manœuvres et de manipulations, certaines venant contrecarrer les autres. Mara en a plus qu'assez de la présence du réal' et du scénariste, deux veufs caractériels et agaçants, qui avaient autrefois épousé la sœur et la meilleure amie de Mara. Avec son mari Pedro cela se passe mieux (plutôt : moins mal), mais Mara voudrait que l'ancien acteur médiocre s'émancipe de ses deux vieux camarades. Toute la première partie du film est nourrie de leurs chamailleries avec des répliques (à savourer dans la version originale sous-titrée, la VF étant paraît-il très médiocre) souvent mordantes, voire vachardes.
L'arrivée d'un jeune couple d'agents immobiliers attise les rivalités entre les retraités. Ces deux trentenaires sont pleins de charme : Francisco (Gourmand de son nom, évidemment pas choisi au hasard) passe de la pommade sur les plaies de l'actrice oubliée, tandis que Barbara, d'une beauté redoutable, tente d'entortiller les messieurs.
Jusque-là, je me disais que j'assistais à une comédie sympathique, peut-être un peu trop fondée sur l'entre-soi cinématographique. C'était oublier qu'aux manettes se trouve Juan José Campanella, oscarisé il y a une dizaine d'années avec Dans ses yeux. C'est quelqu'un qui sait mener un suspens, comme il l'a prouvé en réalisant des épisodes de séries comme Colony, New York Section Criminelle et New York Unité Spéciale.
La troisième partie bascule dans le thriller. Petit à petit, le passé inavoué refait surface et les manigances prennent un tour plus macabre. L'humour est toujours féroce, parfois indéniablement méchant. Ce petit film en apparence inoffensif est une délicieuse perle de venin.
21:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 22 juillet 2021
Fast & Furious 9
Cette saga de la mécanique est ce qu'on appelle "un aspirateur à beaufs", même si le simple film de bagnoles (et de jolies poupées) du début s'est peu à peu transformé en Mission impossible version tuning. J'ai donc attendu que s'achève la première semaine (où ce fut la ruée dans les salles ruthénoises) et que soit instauré le "passe sanitaire". Résultat : j'ai eu droit à une séance tranquille, dans une grande salle, sans public indésirable.
Cet épisode commence d'ailleurs par une sorte de retour aux sources, avec une séquence de course automobile très bien filmée (peut-être la meilleure du film, d'ailleurs). On n'est pas très loin de Le Mans 66 (la subtilité scénaristique en moins).
L'action se déroule plus de trente ans en arrière. Du coup, c'est la version jeune de Dom qui apparaît à l'écran, incarnée par un autre acteur que Vin Diesel. Est-ce le fait du hasard ? Son personnage a plus de texte... et il est plus convaincant que l'original. C'est le problème de Vin : il ne sait pas bien jouer (à part une ou deux expressions). C'est particulièrement voyant vers la fin, quand il est censé exprimer une grande émotion... ratage complet en gros plan.
Heureusement, il y a les cascades. Même si les effets spéciaux sont de la partie (et longuement crédités au générique), le grand mérite de cette série de films est de faire reposer ses scènes d'action sur le travail des cascadeurs (plus nombreux au générique que les authentiques acteurs). Outre la course du début, je recommande les deux poursuites dont des extraits ont été largement diffusés dans les salles ces dernières semaines. La première (située au début de l'histoire) inclut l'improbable franchissement d'un pont effondré (impressionnante sur grand écran). La seconde fait l'objet d'une longue séquence, dans le dernier tiers du film. Elle tourne autour d'un convoi de véhicules blindés, en plein cœur de Tbilissi. Ce n'est pas toujours réaliste, loin s'en faut, mais c'est spectaculaire.
Pour parler "moderne", je dirais que c'est l'ADN de la série de films : des bagnoles (de plus en plus grosses), des mecs stéroïdés-tatoués-burnés... et des gonzesses bien roulées, quelques-unes badass : ce ne sont plus des potiches, mais elles aussi des pilotes... et elles cognent ! La compagne de Dom excelle à moto, sa sœur n'est pas maladroite en bagnole... et une petite nouvelle se révèle au volant d'un fourgon, au centre de Londres. Cette séquence (pas la plus réussie au niveau des cascades) est surtout comique. On comprend très vite que l'humour va reposer sur certains personnages, presque tous afro-américains. Deux d'entre eux sont un peu les Laurel & Hardy de l'histoire. Les concernant, le scénario devient particulièrement invraisemblable, puisqu'on finit par les retrouver au volant d'une bagnole très spéciale... dans l'espace.
Eh oui... pour apprécier cette meringue à l'huile de vidange, il faut laisser sa rigueur cartésienne au vestiaire. Plusieurs dialogues ironisent d'ailleurs sur l'incroyable destin des membres de la "tribu" de Dom. Ils ont beau se faire allègrement tirer dessus, ils s'en sortent quasiment sans une égratignure. (Il y en a même un qui "ressuscite"... mais chuut !) Et je ne vous parle pas des explosions et autres accidents : les héros en réchappent sans presque avoir besoin d'envoyer leur costume au pressing.
Sur le fond, c'est une histoire de famille, la biologique (Dom reprend contact avec son frère, qui s'est fait greffer des bras épais comme trois cuisses) et celle du cœur (multiethnique), avec les potes. Ce n'est pas d'une originalité foudroyante, tout comme la conclusion de l'histoire, autour d'un banquet, un peu façon Astérix.
P.S.
La scène intercalée dans le générique de fin suggère qu'un personnage de la série, absent de ce film-ci mais longuement vu dans le "spin-off" Hobbs & Shaw, va refaire son apparition. Au moins deux suites sont programmées, sans parler des films dérivés. Tant que cela cartonne au box-office, il n'y a pas de raison que cela s'arrête...
23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Fast & Furious 9
Cette saga de la mécanique est ce qu'on appelle "un aspirateur à beaufs", même si le simple film de bagnoles (et de jolies poupées) du début s'est peu à peu transformé en Mission impossible version tuning. J'ai donc attendu que s'achève la première semaine (où ce fut la ruée dans les salles ruthénoises) et que soit instauré le "passe sanitaire". Résultat : j'ai eu droit à une séance tranquille, dans une grande salle, sans public indésirable.
Cet épisode commence d'ailleurs par une sorte de retour aux sources, avec une séquence de course automobile très bien filmée (peut-être la meilleure du film, d'ailleurs). On n'est pas très loin de Le Mans 66 (la subtilité scénaristique en moins).
L'action se déroule plus de trente ans en arrière. Du coup, c'est la version jeune de Dom qui apparaît à l'écran, incarnée par un autre acteur que Vin Diesel. Est-ce le fait du hasard ? Son personnage a plus de texte... et il est plus convaincant que l'original. C'est le problème de Vin : il ne sait pas bien jouer (à part une ou deux expressions). C'est particulièrement voyant vers la fin, quand il est censé exprimer une grande émotion... ratage complet en gros plan.
Heureusement, il y a les cascades. Même si les effets spéciaux sont de la partie (et longuement crédités au générique), le grand mérite de cette série de films est de faire reposer ses scènes d'action sur le travail des cascadeurs (plus nombreux au générique que les authentiques acteurs). Outre la course du début, je recommande les deux poursuites dont des extraits ont été largement diffusés dans les salles ces dernières semaines. La première (située au début de l'histoire) inclut l'improbable franchissement d'un pont effondré (impressionnante sur grand écran). La seconde fait l'objet d'une longue séquence, dans le dernier tiers du film. Elle tourne autour d'un convoi de véhicules blindés, en plein cœur de Tbilissi. Ce n'est pas toujours réaliste, loin s'en faut, mais c'est spectaculaire.
Pour parler "moderne", je dirais que c'est l'ADN de la série de films : des bagnoles (de plus en plus grosses), des mecs stéroïdés-tatoués-burnés... et des gonzesses bien roulées, quelques-unes badass : ce ne sont plus des potiches, mais elles aussi des pilotes... et elles cognent ! La compagne de Dom excelle à moto, sa sœur n'est pas maladroite en bagnole... et une petite nouvelle se révèle au volant d'un fourgon, au centre de Londres. Cette séquence (pas la plus réussie au niveau des cascades) est surtout comique. On comprend très vite que l'humour va reposer sur certains personnages, presque tous afro-américains. Deux d'entre eux sont un peu les Laurel & Hardy de l'histoire. Les concernant, le scénario devient particulièrement invraisemblable, puisqu'on finit par les retrouver au volant d'une bagnole très spéciale... dans l'espace.
Eh oui... pour apprécier cette meringue à l'huile de vidange, il faut laisser sa rigueur cartésienne au vestiaire. Plusieurs dialogues ironisent d'ailleurs sur l'incroyable destin des membres de la "tribu" de Dom. Ils ont beau se faire allègrement tirer dessus, ils s'en sortent quasiment sans une égratignure. (Il y en a même un qui "ressuscite"... mais chuut !) Et je ne vous parle pas des explosions et autres accidents : les héros en réchappent sans presque avoir besoin d'envoyer leur costume au pressing.
Sur le fond, c'est une histoire de famille, la biologique (Dom reprend contact avec son frère, qui s'est fait greffer des bras épais comme trois cuisses) et celle du cœur (multiethnique), avec les potes. Ce n'est pas d'une originalité foudroyante, tout comme la conclusion de l'histoire, autour d'un banquet, un peu façon Astérix.
P.S.
La scène intercalée dans le générique de fin suggère qu'un personnage de la série, absent de ce film-ci mais longuement vu dans le "spin-off" Hobbs & Shaw, va refaire son apparition. Au moins deux suites sont programmées, sans parler des films dérivés. Tant que cela cartonne au box-office, il n'y a pas de raison que cela s'arrête...
23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Racines du monde
Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.
La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).
Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.
Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.
Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.
Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)
J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.
14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Racines du monde
Je n'avais pas entendu parler de la sortie de ce film mais, quand j'ai appris qu'il était réalisé par la même personne que Le Chien jaune de Mongolie, je n'ai pas résisté à la tentation d'une séance à public réduit dans une salle climatisée.
La première partie est conforme à de que j'ai pu voir dans d'autres œuvres de fiction (par exemple Le Mariage de Tuya, La Jeune Fille et son aigle et La Femme des steppes, le flic et l'œuf) dont l'action se déroule dans cette région du monde. Il y a un aspect ethnographique à l'intrigue : on nous présente le mode de vie et les coutumes de ces habitants de la steppe, éleveurs d'ovins et caprins. La famille de héros fabrique même du fromage (à pâte très dure visiblement !).
Quand Byambasuren Davaa plante sa caméra en extérieur, c'est tout de suite superbe. Certains plans filmés à l'aube et au crépuscule sont vraiment magnifiques.
Ces paysages de rêve sont menacés par la prospection et l'exploitation minières. Une importante compagnie fait pression sur les habitants du village pour qu'ils lui cèdent leurs terres. Au besoin, elle n'hésite pas à empiéter sur leur propriété.
Mais l'esprit du fils aîné des éleveurs est occupé par bien autre chose. Sa vie quotidienne est rythmée par les trajets entre la yourte familiale et l'école. De plus, doté d'une jolie voix, le gamin espère participer à l'émission La Mongolie a un incroyable talent. Du coup, les préoccupations de ses parents (et leurs soucis financiers) lui passent au-dessus de la tête.
Vers le milieu du film, un événement fait basculer l'intrigue. Le gamin est contraint de mûrir précocement. On le retrouve en compagnie des "ninjas", des chercheurs d'or illégaux, dirigés par un ami de son père. Le garçon, âgé de 11-12 ans, s'est même mis à conduire l'ancienne voiture de son père, une épave qui tient encore la route. Pensez donc : c'est un fantôme de Mercedes-Benz, bricolé par le papa, qui avait ajouté le célèbre emblème sur la capot avant. (C'est l'occasion de préciser que ce long-métrage est une production allemande...)
J'ai été pris par l'intrigue et par la qualité de ce que je voyais à l'écran. Ce petit film d'à peine 1h30 mérite vraiment le détour.
14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 21 juillet 2021
Old
C'est ma première séance en mode "passe sanitaire". (Le mien est au format papier, scanné sans problème à la caisse du cinéma.)
Le début est des plus classiques. Plusieurs familles débarquent dans un hôtel de luxe, sur une île des Caraïbes. On suit plus particulièrement le couple formé par Guy et Prisca, (interprétés par Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps). Leur mariage bat de l'aile, ce qu'ils essaient de cacher à leurs enfants, Maddox et Trent, âgés de onze et six ans... au début de l'histoire.
... parce que ce petit monde va vieillir. Un matin, certains des clients de l'hôtel se voient proposer une excursion sur une plage très privée, connue de quelques initiés. Seuls des clients triés sur le volet bénéficient de ce privilège... on comprendra plus tard pourquoi.
Les protagonistes auraient dû se méfier : le minibus qui les conduit à l'entrée de la grotte menant à la plage secrète n'est pas conduit par n'importe qui : M. Night Shyamalan lui-même ! (Il se permet d'autres clins d'oeil dans la suite de l'histoire.)
Une fois qu'on a compris ce qu'il se passe sur cette plage, cela devient passionnant. Le réalisateur joue de tous les effets du vieillissement, qu'il touche les enfants, les jeunes adultes comme les personnes âgées... et même un chien ! On bascule parfois dans l'horreur et le grotesque, toujours sur fond de mystère. Même quand on a compris ce que les "plagistes" ont en commun, il reste des zones d'ombre.
Combien arriveront à s'échapper de la plage ? Comment peuvent-ils y parvenir ? La suite de l'intrigue y répond, tout en abordant des thématiques plus familiales : la peur du vieillissement et de la mort, la crainte de voir ses enfants grandir trop vite, la solidité plus ou moins grande des couples... (Lesquels sont réellement prêts à vieillir ensemble ?) sans oublier le sempiternel choix des victimes d'un complot / enlèvement / enfermement : vaut-il mieux jouer sa carte perso ou se montrer solidaire les uns des autres ?
Contrairement à ce qu'on a pu voir dans d'autres films de Shyamalan, il ne laisse guère subsister de mystères à la fin. Les spectateurs un peu mous du bulbe apprécieront sans doute cet effort didactique... tout comme la production, qui semble avoir un peu tordu le bras du réalisateur, afin qu'il ne perturbe pas trop le public.
22:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Old
C'est ma première séance en mode "passe sanitaire". (Le mien est au format papier, scanné sans problème à la caisse du cinéma.)
Le début est des plus classiques. Plusieurs familles débarquent dans un hôtel de luxe, sur une île des Caraïbes. On suit plus particulièrement le couple formé par Guy et Prisca, (interprétés par Gael Garcia Bernal et Vicky Krieps). Leur mariage bat de l'aile, ce qu'ils essaient de cacher à leurs enfants, Maddox et Trent, âgés de onze et six ans... au début de l'histoire.
... parce que ce petit monde va vieillir. Un matin, certains des clients de l'hôtel se voient proposer une excursion sur une plage très privée, connue de quelques initiés. Seuls des clients triés sur le volet bénéficient de ce privilège... on comprendra plus tard pourquoi.
Les protagonistes auraient dû se méfier : le minibus qui les conduit à l'entrée de la grotte menant à la plage secrète n'est pas conduit par n'importe qui : M. Night Shyamalan lui-même ! (Il se permet d'autres clins d'oeil dans la suite de l'histoire.)
Une fois qu'on a compris ce qu'il se passe sur cette plage, cela devient passionnant. Le réalisateur joue de tous les effets du vieillissement, qu'il touche les enfants, les jeunes adultes comme les personnes âgées... et même un chien ! On bascule parfois dans l'horreur et le grotesque, toujours sur fond de mystère. Même quand on a compris ce que les "plagistes" ont en commun, il reste des zones d'ombre.
Combien arriveront à s'échapper de la plage ? Comment peuvent-ils y parvenir ? La suite de l'intrigue y répond, tout en abordant des thématiques plus familiales : la peur du vieillissement et de la mort, la crainte de voir ses enfants grandir trop vite, la solidité plus ou moins grande des couples... (Lesquels sont réellement prêts à vieillir ensemble ?) sans oublier le sempiternel choix des victimes d'un complot / enlèvement / enfermement : vaut-il mieux jouer sa carte perso ou se montrer solidaire les uns des autres ?
Contrairement à ce qu'on a pu voir dans d'autres films de Shyamalan, il ne laisse guère subsister de mystères à la fin. Les spectateurs un peu mous du bulbe apprécieront sans doute cet effort didactique... tout comme la production, qui semble avoir un peu tordu le bras du réalisateur, afin qu'il ne perturbe pas trop le public.
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mardi, 20 juillet 2021
Ainbo, princesse d'Amazonie
Cette coproduction néerlando-péruvienne, animée pour une version anglaise (mais sortie chez nous doublée en français), est destinée aux enfants pas trop petits... jusqu'aux très grands ! L'histoire est assez complexe et, parfois, un peu macabre. Cependant, l'animation est de qualité, avec (parfois, pas tout le temps) de superbes décors.
Commençons par une inexactitude : Ainbo (prononcer "haine-beau") n'est pas la véritable princesse de l'histoire ; celle-ci est sa meilleure amie, Zumi. Ainbo est plutôt une fille de chamane (ou demi-sorcière). Notons que les deux adolescentes se ressemblent beaucoup physiquement et sont habillées quasiment de la même manière : elles portent un "crop-top" et une improbable mini-jupe (les femmes adultes portant la jupe longue). Est-il besoin de préciser que les héroïnes sont très minces et ont un joli minois ?
Officiellement, Ainbo n'a plus sa mère ni son père. Elle a été élevée par la sage du village... et entre en communication avec des "esprits-guides" quelque peu facétieux :
Vaca le tapir et Dillo le pangolin tatou vont aider l'héroïne à déjouer la malédiction qui pèse sur le village et a rendu son chef gravement malade. Mais, surtout, ces deux personnages sont les principales sources de gag de l'histoire.
À leur présence s'ajoute celle de quantité d'animaux qui peuplent la forêt amazonienne, des singes aux oiseaux colorés, en passant par les libellules, les tortues... et un gigantesque paresseux ! Comme vous pouvez le constater, c'est un film éducatif... et militant. Le mal, doublement incarné par un esprit reptilien et un homme blanc, est responsable de la déforestation. Je regrette toutefois qu'on se soit contenté d'évoquer l'exploitation aurifère. L'agrobusiness joue un rôle (néfaste) bien plus important.
Quoi qu'il en soit, ses aventures vont permettre à Ainbo d'acquérir de la maturité et d'en savoir plus sur ses parents.
Ce n'est (sur le fond comme sur la forme) pas du niveau d'un Pixar, mais cela se regarde avec plaisir.
P.S.
L'un des intérêts du film est de mettre en scène une civilisation amazonienne (avec ses coutumes et ses productions matérielles). Pendant très longtemps, on a cru que seuls les "grands" peuples présents à proximité des côtes avaient fondé de véritables civilisations "précolombiennes". Les recherches les plus récentes prouvent le contraire, à l'image de ce qu'on peut voir dans un documentaire récemment diffusé sur Arte (et disponible en replay).
Il s'agit d'un volet de la série "Enquêtes archéologiques", dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Dans cet épisode, on découvre d'abord les traces laissées par une ancienne occupation humaine en Guyane, dans la région marécageuse située entre la zone côtière et la forêt. Ensuite, le documentariste rejoint les archéologues qui explorent la jungle, celle-ci réservant quelques surprises.
21:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, écologie, environnement, nature
Ainbo, princesse d'Amazonie
Cette coproduction néerlando-péruvienne, animée pour une version anglaise (mais sortie chez nous doublée en français), est destinée aux enfants pas trop petits... jusqu'aux très grands ! L'histoire est assez complexe et, parfois, un peu macabre. Cependant, l'animation est de qualité, avec (parfois, pas tout le temps) de superbes décors.
Commençons par une inexactitude : Ainbo (prononcer "haine-beau") n'est pas la véritable princesse de l'histoire ; celle-ci est sa meilleure amie, Zumi. Ainbo est plutôt une fille de chamane (ou demi-sorcière). Notons que les deux adolescentes se ressemblent beaucoup physiquement et sont habillées quasiment de la même manière : elles portent un "crop-top" et une improbable mini-jupe (les femmes adultes portant la jupe longue). Est-il besoin de préciser que les héroïnes sont très minces et ont un joli minois ?
Officiellement, Ainbo n'a plus sa mère ni son père. Elle a été élevée par la sage du village... et entre en communication avec des "esprits-guides" quelque peu facétieux :
Vaca le tapir et Dillo le pangolin tatou vont aider l'héroïne à déjouer la malédiction qui pèse sur le village et a rendu son chef gravement malade. Mais, surtout, ces deux personnages sont les principales sources de gag de l'histoire.
À leur présence s'ajoute celle de quantité d'animaux qui peuplent la forêt amazonienne, des singes aux oiseaux colorés, en passant par les libellules, les tortues... et un gigantesque paresseux ! Comme vous pouvez le constater, c'est un film éducatif... et militant. Le mal, doublement incarné par un esprit reptilien et un homme blanc, est responsable de la déforestation. Je regrette toutefois qu'on se soit contenté d'évoquer l'exploitation aurifère. L'agrobusiness joue un rôle (néfaste) bien plus important.
Quoi qu'il en soit, ses aventures vont permettre à Ainbo d'acquérir de la maturité et d'en savoir plus sur ses parents.
Ce n'est (sur le fond comme sur la forme) pas du niveau d'un Pixar, mais cela se regarde avec plaisir.
P.S.
L'un des intérêts du film est de mettre en scène une civilisation amazonienne (avec ses coutumes et ses productions matérielles). Pendant très longtemps, on a cru que seuls les "grands" peuples présents à proximité des côtes avaient fondé de véritables civilisations "précolombiennes". Les recherches les plus récentes prouvent le contraire, à l'image de ce qu'on peut voir dans un documentaire récemment diffusé sur Arte (et disponible en replay).
Il s'agit d'un volet de la série "Enquêtes archéologiques", dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Dans cet épisode, on découvre d'abord les traces laissées par une ancienne occupation humaine en Guyane, dans la région marécageuse située entre la zone côtière et la forêt. Ensuite, le documentariste rejoint les archéologues qui explorent la jungle, celle-ci réservant quelques surprises.
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lundi, 19 juillet 2021
Désigné coupable
Le titre d'origine de ce biopic carcéral est The Mauritanian (Le Mauritanien). Je pense que le distributeur français a voulu, par le choix d'un autre titre, faire allusion à Présumé coupable. L'intention est claire : comme l'huissier de justice d'Outreau, Mohamedou Ould Slahi a été victime d'une flagrante injustice.
Son cas a fait l'objet d'un rapport d'Amnesty international, en 2006. Mais c'est la publication de son journal de détention qui a rendu célèbre l'ancien détenu. Curieusement, le livre, qui fut un grand succès de librairie, n'est actuellement plus réédité en français. On peut en consulter des extraits sur le site de Slate. La version intégrale d'origine a été mise en ligne par The Guardian.
Notons que le film ne retrace pas tout le parcours de Mohamedou Ould Slahi. Il se concentre sur son arrestation en Mauritanie et sa détention sur la base de Guantanamo. Le passage par la Jordanie et l'Afghanistan (la base de Bagram) est à peine évoqué. Cela a le mérite de resserrer l'action, mais, par ce biais, le film ne présente que des Américains comme tortionnaires, alors que le prisonnier a subi des mauvais traitements de la part notamment des Jordaniens. On sent que c'est un "film de gauche", conçu pour dénoncer une terrible injustice... et l'administration Bush, en évitant de pointer certains régimes peu démocratiques du monde arabo-musulman.
Derrière la caméra se trouve Kevin Macdonald, auquel on doit notamment le documentaire Whitney et surtout Le Dernier Roi d'Écosse. Cependant, même si la mise en scène est de qualité, c'est l'interprétation qui m'a marqué. En jeune Africain éduqué, broyé par la machine antiterroriste états-unienne, Tahar Rahim est formidable. Il faut signaler aussi la composition de Jodie Foster, qui incarne l'avocate qui défendit Slahi :
À ce duo d'enfer j'ajoute Benedict Cumberbatch (que l'on peut voir actuellement dans Un Espion ordinaire). Il interprète un juriste militaire, qui a perdu un ami dans les attentats du 11 septembre 2001. Ce chrétien pratiquant, chargé de mener la croisade judiciaire contre celui qu'on lui présente comme le principal recruteur d'Al Qaida, va connaître une évolution singulière, très bien rendue par le comédien. J'ajoute que l'ensemble des seconds rôles est convaincant, y compris Shailene Woodley, égérie des adolescents fans de Divergente.
On n'est pas très loin d'un film de procès, même si l'audience n'intervient qu'à la toute fin de l'histoire. Il s'agit ici de défendre le droit, les grands principes sur lesquels la démocratie états-unienne est censée être fondée... et que l'administration Bush a reniés.
Je conseille de voir le film en version originale sous-titrée, pour savourer son aspect polyglotte : on y entend de l'anglais, de l'arabe... et du français, le détenu mauritanien communiquant dans cette langue, à Guantanamo, avec un... Marseillais, évidemment passionné de football.
P.S.
En complément, je conseille la lecture d'un roman graphique de Jérôme Tubiana et Alexandre Franc, Guantanamo Kid :
Il raconte la vie d'un Tchado-soudanien, lui aussi arrêté à tort. Ce mineur a passé son adolescence en détention, mais a été libéré plus tôt que le Mauritanien. Toutefois, sa vie, une fois la liberté recouvrée, n'a pas été de tout repos...
12:50 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, amérique, usa, états-unis, etats-unis, proche orient
Désigné coupable
Le titre d'origine de ce biopic carcéral est The Mauritanian (Le Mauritanien). Je pense que le distributeur français a voulu, par le choix d'un autre titre, faire allusion à Présumé coupable. L'intention est claire : comme l'huissier de justice d'Outreau, Mohamedou Ould Slahi a été victime d'une flagrante injustice.
Son cas a fait l'objet d'un rapport d'Amnesty international, en 2006. Mais c'est la publication de son journal de détention qui a rendu célèbre l'ancien détenu. Curieusement, le livre, qui fut un grand succès de librairie, n'est actuellement plus réédité en français. On peut en consulter des extraits sur le site de Slate. La version intégrale d'origine a été mise en ligne par The Guardian.
Notons que le film ne retrace pas tout le parcours de Mohamedou Ould Slahi. Il se concentre sur son arrestation en Mauritanie et sa détention sur la base de Guantanamo. Le passage par la Jordanie et l'Afghanistan (la base de Bagram) est à peine évoqué. Cela a le mérite de resserrer l'action, mais, par ce biais, le film ne présente que des Américains comme tortionnaires, alors que le prisonnier a subi des mauvais traitements de la part notamment des Jordaniens. On sent que c'est un "film de gauche", conçu pour dénoncer une terrible injustice... et l'administration Bush, en évitant de pointer certains régimes peu démocratiques du monde arabo-musulman.
Derrière la caméra se trouve Kevin Macdonald, auquel on doit notamment le documentaire Whitney et surtout Le Dernier Roi d'Écosse. Cependant, même si la mise en scène est de qualité, c'est l'interprétation qui m'a marqué. En jeune Africain éduqué, broyé par la machine antiterroriste états-unienne, Tahar Rahim est formidable. Il faut signaler aussi la composition de Jodie Foster, qui incarne l'avocate qui défendit Slahi :
À ce duo d'enfer j'ajoute Benedict Cumberbatch (que l'on peut voir actuellement dans Un Espion ordinaire). Il interprète un juriste militaire, qui a perdu un ami dans les attentats du 11 septembre 2001. Ce chrétien pratiquant, chargé de mener la croisade judiciaire contre celui qu'on lui présente comme le principal recruteur d'Al Qaida, va connaître une évolution singulière, très bien rendue par le comédien. J'ajoute que l'ensemble des seconds rôles est convaincant, y compris Shailene Woodley, égérie des adolescents fans de Divergente.
On n'est pas très loin d'un film de procès, même si l'audience n'intervient qu'à la toute fin de l'histoire. Il s'agit ici de défendre le droit, les grands principes sur lesquels la démocratie états-unienne est censée être fondée... et que l'administration Bush a reniés.
Je conseille de voir le film en version originale sous-titrée, pour savourer son aspect polyglotte : on y entend de l'anglais, de l'arabe... et du français, le détenu mauritanien communiquant dans cette langue, à Guantanamo, avec un... Marseillais, évidemment passionné de football.
P.S.
En complément, je conseille la lecture d'un roman graphique de Jérôme Tubiana et Alexandre Franc, Guantanamo Kid :
Il raconte la vie d'un Tchado-soudanien, lui aussi arrêté à tort. Ce mineur a passé son adolescence en détention, mais a été libéré plus tôt que le Mauritanien. Toutefois, sa vie, une fois la liberté recouvrée, n'a pas été de tout repos...
12:50 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, amérique, usa, états-unis, etats-unis, proche orient
jeudi, 15 juillet 2021
17 Blocks
Ce documentaire est le résultat d'un travail au long cours. À plusieurs reprises, de 1999 à 2018 (en 1999-2000, 2009-2010 et 2016-2018), le réalisateur (Davy Rothbart) a rencontré et filmé les membres d'une famille afro-américaine installée à Washington. (Il a aussi récupéré des vidéos familiales.) Ils ont longtemps vécu dans une maison située à dix-sept pâtés de maison ("dix-sept rues", nous disent les sous-titres) de la Maison blanche. Mais, dans ce quartier, l'ambiance était moins propre et riche qu'en plein centre.
La première chose qui frappe est l'absence des pères. Les familles du quartier sont gérées (comme elles peuvent ) par les femmes. On pense d'abord que les pères sont démissionnaires, partis. On finit par découvrir que beaucoup d'hommes jeunes décèdent par balles... pas celles des policiers : celles des voyous du coin.
Cheryl (la mère, puis grand-mère) tente donc d'élever seule ses trois enfants : Smurf le basketteur aux mauvaises fréquentations, Denice la sérieuse et Emmanuel l'élève prometteur. À la maison, c'est un peu le bordel. Ça l'est un peu plus quand on retrouve la famille, moins de dix ans plus tard. Le fils aîné a arrêté l'école pour se lancer dans le "commerce" de produits interdits et Denice est déjà devenue mère. Emmanuel semble mieux s'en sortir : il a obtenu son diplôme, a une relation sérieuse avec une "fille bien" et envisage une carrière de pompier. Au fil des scènes, on comprend que la (grand)mère se drogue et consomme beaucoup d'alcool.
Un drame est au coeur de ce film et explique sans doute que le réalisateur, au départ une simple connaissance de la famille, ait décidé de s'impliquer et de faire de ces bouts de vidéos un véritable film.
On finit aussi par apprendre ce qui est arrivé à la mère (grand-mère), quand elle était jeune, et qui explique (peut-être) pourquoi elle est tombée aussi bas. Jusque-là, on nous la montrait se dépatouillant dans sa vie, parfois attachante, parfois pathétique. Le film acquiert de la profondeur. Au passage, on remarque que le seul moment de leur vie durant lequel ces Afro-américains croisent des Blancs est lors du passage de l'un d'entre eux au tribunal...
Fort heureusement, le film ménage aussi de l'espoir, dans la dernière partie. On ne verra toutefois pas les conséquences des débuts de la pandémie, mais sachez que la famille s'en est sortie.
11:30 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, états-unis, etats-unis, usa, amérique
17 Blocks
Ce documentaire est le résultat d'un travail au long cours. À plusieurs reprises, de 1999 à 2018 (en 1999-2000, 2009-2010 et 2016-2018), le réalisateur (Davy Rothbart) a rencontré et filmé les membres d'une famille afro-américaine installée à Washington. (Il a aussi récupéré des vidéos familiales.) Ils ont longtemps vécu dans une maison située à dix-sept pâtés de maison ("dix-sept rues", nous disent les sous-titres) de la Maison blanche. Mais, dans ce quartier, l'ambiance était moins propre et riche qu'en plein centre.
La première chose qui frappe est l'absence des pères. Les familles du quartier sont gérées (comme elles peuvent ) par les femmes. On pense d'abord que les pères sont démissionnaires, partis. On finit par découvrir que beaucoup d'hommes jeunes décèdent par balles... pas celles des policiers : celles des voyous du coin.
Cheryl (la mère, puis grand-mère) tente donc d'élever seule ses trois enfants : Smurf le basketteur aux mauvaises fréquentations, Denice la sérieuse et Emmanuel l'élève prometteur. À la maison, c'est un peu le bordel. Ça l'est un peu plus quand on retrouve la famille, moins de dix ans plus tard. Le fils aîné a arrêté l'école pour se lancer dans le "commerce" de produits interdits et Denice est déjà devenue mère. Emmanuel semble mieux s'en sortir : il a obtenu son diplôme, a une relation sérieuse avec une "fille bien" et envisage une carrière de pompier. Au fil des scènes, on comprend que la (grand)mère se drogue et consomme beaucoup d'alcool.
Un drame est au coeur de ce film et explique sans doute que le réalisateur, au départ une simple connaissance de la famille, ait décidé de s'impliquer et de faire de ces bouts de vidéos un véritable film.
On finit aussi par apprendre ce qui est arrivé à la mère (grand-mère), quand elle était jeune, et qui explique (peut-être) pourquoi elle est tombée aussi bas. Jusque-là, on nous la montrait se dépatouillant dans sa vie, parfois attachante, parfois pathétique. Le film acquiert de la profondeur. Au passage, on remarque que le seul moment de leur vie durant lequel ces Afro-américains croisent des Blancs est lors du passage de l'un d'entre eux au tribunal...
Fort heureusement, le film ménage aussi de l'espoir, dans la dernière partie. On ne verra toutefois pas les conséquences des débuts de la pandémie, mais sachez que la famille s'en est sortie.
11:30 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, états-unis, etats-unis, usa, amérique
mercredi, 14 juillet 2021
Titane
En 2017, Julia Ducournau avait lancé un joli pavé dans la mare cinématographique française, avec Grave. Je pense que certains des spectateurs présents aujourd'hui avec moi dans la salle n'avaient pas vu ce film-là. On y retrouve la même obsession pour les corps et pour l'étrange, l'anormal... et la présence au générique de Garance Marillier (ici dans un rôle secondaire).
Elle se fait voler la vedette par Agathe Rousselle (inconnue au bataillon), qui nous livre une prestation de haute volée. Complètement impliquée dans son personnage, elle nous fait croire aussi bien à la gogo-danseuse qu'à la psychopathe ou au garçon manqué.
La première partie est imprégnée de l'influence de Crash, de David Cronenberg... et d'un film de Stanley Kubrick, dont je ne peux révéler le titre sous peine de gâcher le plaisir de la découverte d'une séquence renversante, dans une maison bourgeoise... (Je déconseille aussi vivement d'arriver en retard : ce serait vraiment dommage de rater l'introduction du film, entre mécanique et segments humains...)
Seule ombre au tableau : une scène de sexe avec une voiture, franchement ridicule... mais indispensable à la suite de l'histoire.
À partir du moment où l'héroïne entre en contact avec Vincent, qui dirige une caserne de pompiers, le film prend une autre dimension. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Dans un premier temps, je n'ai pas été particulièrement emballé par l'arrivée à l'écran (une énième fois) du visage fatigué de Lindon. On sent que son personnage en a chié. Il a dû vivre (au moins) deux guerres mondiales, dix ans de taule et trois divorces. Ceci dit, il adore son métier, ce qui nous vaut quelques belles scènes d'intervention. Mais, au-delà de sa mission de service public, cet homme dévoué souhaiterait surtout retrouver son fils.
L'intrigue prend alors une tournure inattendue, prenante malgré quelques invraisemblances (en particulier une supercherie qui tarde à être découverte). Je n'aime pas la fin de l'histoire, mais j'ai trouvé son déroulement assez captivant.
22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Titane
En 2017, Julia Ducournau avait lancé un joli pavé dans la mare cinématographique française, avec Grave. Je pense que certains des spectateurs présents aujourd'hui avec moi dans la salle n'avaient pas vu ce film-là. On y retrouve la même obsession pour les corps et pour l'étrange, l'anormal... et la présence au générique de Garance Marillier (ici dans un rôle secondaire).
Elle se fait voler la vedette par Agathe Rousselle (inconnue au bataillon), qui nous livre une prestation de haute volée. Complètement impliquée dans son personnage, elle nous fait croire aussi bien à la gogo-danseuse qu'à la psychopathe ou au garçon manqué.
La première partie est imprégnée de l'influence de Crash, de David Cronenberg... et d'un film de Stanley Kubrick, dont je ne peux révéler le titre sous peine de gâcher le plaisir de la découverte d'une séquence renversante, dans une maison bourgeoise... (Je déconseille aussi vivement d'arriver en retard : ce serait vraiment dommage de rater l'introduction du film, entre mécanique et segments humains...)
Seule ombre au tableau : une scène de sexe avec une voiture, franchement ridicule... mais indispensable à la suite de l'histoire.
À partir du moment où l'héroïne entre en contact avec Vincent, qui dirige une caserne de pompiers, le film prend une autre dimension. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Dans un premier temps, je n'ai pas été particulièrement emballé par l'arrivée à l'écran (une énième fois) du visage fatigué de Lindon. On sent que son personnage en a chié. Il a dû vivre (au moins) deux guerres mondiales, dix ans de taule et trois divorces. Ceci dit, il adore son métier, ce qui nous vaut quelques belles scènes d'intervention. Mais, au-delà de sa mission de service public, cet homme dévoué souhaiterait surtout retrouver son fils.
L'intrigue prend alors une tournure inattendue, prenante malgré quelques invraisemblances (en particulier une supercherie qui tarde à être découverte). Je n'aime pas la fin de l'histoire, mais j'ai trouvé son déroulement assez captivant.
22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Midnight Traveler
Ce "voyageur de minuit" est un cinéaste afghan, Hassan Fazili, contraint de fuir son pays pour échapper aux talibans. Lui, son épouse (également réalisatrice) et leurs deux filles vont accomplir un véritable périple, du Tadjikistan (situé au nord-est de l'Afghanistan) jusqu'en Hongrie :
Ce périple a été filmé avec trois téléphones portables. J'ai beau avoir lu ici et là des critiques sur la qualité de l'image, franchement, à part deux ou trois scènes où l'on sent que l'un des appareils est de qualité médiocre (surtout quand les personnages sont en mouvement), le reste est plutôt bien filmé, avec même certains plans extérieurs superbes. (Il y a trois ans, Steven Soderbergh avait réussi à tourner un thriller convaincant, Paranoïa, avec des "aïlfaunes".)
Au cours de leur voyage, les membres de la famille ont l'occasion d'expérimenter le degré de liberté dont jouissent les migrants. Au départ, ils se sentent évidemment plus à l'aise au Tadjikistan que dans l'Afghanistan sous l'emprise croissante des talibans. L'arrivée en Iran constitue, notamment pour les enfants, une bouffée d'air pur, tout comme le passage par la Turquie (en particulier Istanbul).
C'est le séjour en Europe qui pose le plus de problèmes. Certains passeurs sont des arnaqueurs. Tous font chèrement payer leurs services. C'est peut-être le prix du passage qui explique que la famille opte pour la Bulgarie plutôt que la Grèce. Or, celle-là n'est pas incluse dans l'espace Schengen. Ça et le rejet des habitants (qui en ont peut-être marre que des migrants viennent chaparder dans leur jardin...) poussent la famille à tenter d'arriver en Hongrie, par la Serbie. Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire, que ce pays non membre de l'Union européenne en constitue une porte d'entrée. Au passage, même si beaucoup de visages sont floutés, on remarque la prédominance d'hommes jeunes parmi les migrants clandestins, qui ne sont pas forcément des réfugiés, loin s'en faut.
De son côté, Hassan Fazili, sans masquer leurs défauts, essaie de présenter ses proches sous un jour favorable. Il laisse un peu la main à son épouse, afin que les spectateurs ne la cantonnent pas dans le rôle d'une femme au foyer conservatrice. Mais, surtout, il met en valeur sa fille aînée, Nargis, une gamine malicieuse qui sait jouer avec la caméra. Je pense que le fait de la montrer portant un T-shirt de Mickey et en train de danser sur du Michael Jackson est censé rassurer ses spectateurs occidentaux.
Celles et ceux qui ne connaissent pas bien le sort des migrants découvriront aussi, grâce à ce film, la difficulté de leur parcours (et encore, dans une vision atténuée), mais aussi les aides dont ils peuvent bénéficier (notamment en Europe), par l'intermédiaire d'associations ou de l'ONU (le HCR, je pense).
13:20 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Midnight Traveler
Ce "voyageur de minuit" est un cinéaste afghan, Hassan Fazili, contraint de fuir son pays pour échapper aux talibans. Lui, son épouse (également réalisatrice) et leurs deux filles vont accomplir un véritable périple, du Tadjikistan (situé au nord-est de l'Afghanistan) jusqu'en Hongrie :
Ce périple a été filmé avec trois téléphones portables. J'ai beau avoir lu ici et là des critiques sur la qualité de l'image, franchement, à part deux ou trois scènes où l'on sent que l'un des appareils est de qualité médiocre (surtout quand les personnages sont en mouvement), le reste est plutôt bien filmé, avec même certains plans extérieurs superbes. (Il y a trois ans, Steven Soderbergh avait réussi à tourner un thriller convaincant, Paranoïa, avec des "aïlfaunes".)
Au cours de leur voyage, les membres de la famille ont l'occasion d'expérimenter le degré de liberté dont jouissent les migrants. Au départ, ils se sentent évidemment plus à l'aise au Tadjikistan que dans l'Afghanistan sous l'emprise croissante des talibans. L'arrivée en Iran constitue, notamment pour les enfants, une bouffée d'air pur, tout comme le passage par la Turquie (en particulier Istanbul).
C'est le séjour en Europe qui pose le plus de problèmes. Certains passeurs sont des arnaqueurs. Tous font chèrement payer leurs services. C'est peut-être le prix du passage qui explique que la famille opte pour la Bulgarie plutôt que la Grèce. Or, celle-là n'est pas incluse dans l'espace Schengen. Ça et le rejet des habitants (qui en ont peut-être marre que des migrants viennent chaparder dans leur jardin...) poussent la famille à tenter d'arriver en Hongrie, par la Serbie. Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire, que ce pays non membre de l'Union européenne en constitue une porte d'entrée. Au passage, même si beaucoup de visages sont floutés, on remarque la prédominance d'hommes jeunes parmi les migrants clandestins, qui ne sont pas forcément des réfugiés, loin s'en faut.
De son côté, Hassan Fazili, sans masquer leurs défauts, essaie de présenter ses proches sous un jour favorable. Il laisse un peu la main à son épouse, afin que les spectateurs ne la cantonnent pas dans le rôle d'une femme au foyer conservatrice. Mais, surtout, il met en valeur sa fille aînée, Nargis, une gamine malicieuse qui sait jouer avec la caméra. Je pense que le fait de la montrer portant un T-shirt de Mickey et en train de danser sur du Michael Jackson est censé rassurer ses spectateurs occidentaux.
Celles et ceux qui ne connaissent pas bien le sort des migrants découvriront aussi, grâce à ce film, la difficulté de leur parcours (et encore, dans une vision atténuée), mais aussi les aides dont ils peuvent bénéficier (notamment en Europe), par l'intermédiaire d'associations ou de l'ONU (le HCR, je pense).
13:20 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 12 juillet 2021
Teddy
Ce long-métrage s'inscrit dans la lignée de la (supposée) "nouvelle vague" française de films de genre, qui comprend le médiocre The Deep House, l'assez prenant Méandre et l'excellent La Nuée. On peut aussi y trouver des références à un grand ancien (La Mouche, de David Cronenberg) et à un récent petit bijou (Grave, de Julia Ducournau, dont il me tarde de découvrir le nouveau film, Titane).
L'histoire s'inspire clairement de devanciers états-uniens. La menace vient de l'étrangeté, l'anormalité. Celle-ci est réputée très présente dans le monde rural, domaine (présumé) des rednecks et des attardés mentaux. Ici, c'est un village des Pyrénées-Orientales qui sert de cadre à l'intrigue.
Anthony Bajon (déjà remarqué dans Au nom de la terre et La Prière) interprète le rôle-titre, celui d'une sorte de "cassos", un jeune délinquant sous-éduqué, un peu révolté, qui tente de se réinsérer en travaillant dans un salon de massage, dirigé par une matrone adepte des philosophies orientales (Noémie Lvovsky, très bien).
Teddy n'a plus ses parents, mais vit chez son oncle et sa tante, avec lesquels il s'entend plutôt bien. Si vous ajoutez à cela qu'il a une ravissante petite copine, Rebecca, élève en terminale au lycée du coin, on peut dire qu'il ne s'en est pas trop mal sorti. À certains détails, on comprend toutefois qu'il ne faudrait pas grand chose pour que ce petit bonheur s'effondre : Teddy est mal intégré dans la communauté villageoise (qui le voit comme un petit malfrat un peu débile), le boulot qu'il exerce n'est pas celui qu'il avait choisi pour sa réinsertion et il doit garder un oeil sur sa charmante copine, que d'autres mecs aimeraient "pécho".
Un événement extraordinaire va changer la donne : un jour, Teddy, pensant chasser un loup des abords du village, se fait mordre. Dès le lendemain, de petits changements se font sentir dans son comportement et son apparence physique. Je laisse aux amateurs le plaisir de découvrir jusqu'où les scénaristes ont tiré la corde...
Même si beaucoup de choses sont prévisibles dans cette histoire correctement construite, j'ai bien aimé la manière de la mettre en scène, entre chronique villageoise et film d'ados... avec du sang en plus.
20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Teddy
Ce long-métrage s'inscrit dans la lignée de la (supposée) "nouvelle vague" française de films de genre, qui comprend le médiocre The Deep House, l'assez prenant Méandre et l'excellent La Nuée. On peut aussi y trouver des références à un grand ancien (La Mouche, de David Cronenberg) et à un récent petit bijou (Grave, de Julia Ducournau, dont il me tarde de découvrir le nouveau film, Titane).
L'histoire s'inspire clairement de devanciers états-uniens. La menace vient de l'étrangeté, l'anormalité. Celle-ci est réputée très présente dans le monde rural, domaine (présumé) des rednecks et des attardés mentaux. Ici, c'est un village des Pyrénées-Orientales qui sert de cadre à l'intrigue.
Anthony Bajon (déjà remarqué dans Au nom de la terre et La Prière) interprète le rôle-titre, celui d'une sorte de "cassos", un jeune délinquant sous-éduqué, un peu révolté, qui tente de se réinsérer en travaillant dans un salon de massage, dirigé par une matrone adepte des philosophies orientales (Noémie Lvovsky, très bien).
Teddy n'a plus ses parents, mais vit chez son oncle et sa tante, avec lesquels il s'entend plutôt bien. Si vous ajoutez à cela qu'il a une ravissante petite copine, Rebecca, élève en terminale au lycée du coin, on peut dire qu'il ne s'en est pas trop mal sorti. À certains détails, on comprend toutefois qu'il ne faudrait pas grand chose pour que ce petit bonheur s'effondre : Teddy est mal intégré dans la communauté villageoise (qui le voit comme un petit malfrat un peu débile), le boulot qu'il exerce n'est pas celui qu'il avait choisi pour sa réinsertion et il doit garder un oeil sur sa charmante copine, que d'autres mecs aimeraient "pécho".
Un événement extraordinaire va changer la donne : un jour, Teddy, pensant chasser un loup des abords du village, se fait mordre. Dès le lendemain, de petits changements se font sentir dans son comportement et son apparence physique. Je laisse aux amateurs le plaisir de découvrir jusqu'où les scénaristes ont tiré la corde...
Même si beaucoup de choses sont prévisibles dans cette histoire correctement construite, j'ai bien aimé la manière de la mettre en scène, entre chronique villageoise et film d'ados... avec du sang en plus.
20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Fritzi
Les confinements successifs ont sans doute perturbé la sortie de cette animation allemande (une coproduction internationale, en fait), prévue pour le trentième anniversaire de la chute des régimes communistes en Europe.
L'action se déroule dans ce qui était la RDA (l'Allemagne communiste), principalement dans la ville de Leipzig (dans le sud-ouest du pays), où vit la famille de l'héroïne, Fritzi. L'histoire commence à l'été 1989. La meilleure amie de Fritzi, Sophie, part en vacances en Hongrie avec sa famille... sauf que ces "vacances" ont un but caché : passer à l'ouest, le rideau de fer ayant été ouvert avec l'Autriche.
Avant de partir, Sophie confie son chien Spoutnik à Fritzi, qui compte bien le lui rendre à son retour... mais cela va prendre plus de temps que prévu.
Le tableau de la RDA finissante mérite le détour. L'héroïne va à l'école Youri-Gagarine, puis à l'auberge de jeunesse Rosa-Luxembourg. La population est surveillée par l'odieuse Stasi, qui s'appuie sur une petite armée de dénonciateurs. La propagande est omniprésente dans le pays, dénigrant le monde occidental (où pourtant les "Ossies" souhaitent se rendre en masse...). Mais cette propagande communiste est surtout le fait des adultes, souvent âgés. Le reste de la population semble avoir d'autres aspirations.
L'histoire se poursuit donc sans Sophie, dans une RDA en pleine ébullition. Avant la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, des manifestations ont agité le pays, en particulier à Leipzig. C'est cette ambiance que restitue le film, entre crainte et soif de liberté.
Dans le même temps, Fritzi s'attache de plus en plus à Spoutnik et vit mal d'être séparée de sa meilleure amie. Cela va la conduire à tenter quelque chose de très risqué... mais je laisse à chacun le soin de le découvrir.
Au niveau de l'animation, ce n'est pas particulièrement brillant, même si les mouvements des personnages sont bien rendus. C'est concernant l'intrigue que j'aurais des réserves : il y a quelques invraisemblances. Je pense que, comme le film est en partie destiné au jeune public, on a insisté sur la relation entre l'adolescente et le chien. Je sais bien qu'à ces adorables bêtes il ne manque que la parole, mais le comportement du canidé n'est pas toujours réaliste. Certaines péripéties manquent un peu de crédibilité, alors que le reste de l'histoire sent le vécu. Il y a du souffle et je ne cache pas qu'à la fin, j'ai été ému.
11:51 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, allemagne
Fritzi
Les confinements successifs ont sans doute perturbé la sortie de cette animation allemande (une coproduction internationale, en fait), prévue pour le trentième anniversaire de la chute des régimes communistes en Europe.
L'action se déroule dans ce qui était la RDA (l'Allemagne communiste), principalement dans la ville de Leipzig (dans le sud-ouest du pays), où vit la famille de l'héroïne, Fritzi. L'histoire commence à l'été 1989. La meilleure amie de Fritzi, Sophie, part en vacances en Hongrie avec sa famille... sauf que ces "vacances" ont un but caché : passer à l'ouest, le rideau de fer ayant été ouvert avec l'Autriche.
Avant de partir, Sophie confie son chien Spoutnik à Fritzi, qui compte bien le lui rendre à son retour... mais cela va prendre plus de temps que prévu.
Le tableau de la RDA finissante mérite le détour. L'héroïne va à l'école Youri-Gagarine, puis à l'auberge de jeunesse Rosa-Luxembourg. La population est surveillée par l'odieuse Stasi, qui s'appuie sur une petite armée de dénonciateurs. La propagande est omniprésente dans le pays, dénigrant le monde occidental (où pourtant les "Ossies" souhaitent se rendre en masse...). Mais cette propagande communiste est surtout le fait des adultes, souvent âgés. Le reste de la population semble avoir d'autres aspirations.
L'histoire se poursuit donc sans Sophie, dans une RDA en pleine ébullition. Avant la chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, des manifestations ont agité le pays, en particulier à Leipzig. C'est cette ambiance que restitue le film, entre crainte et soif de liberté.
Dans le même temps, Fritzi s'attache de plus en plus à Spoutnik et vit mal d'être séparée de sa meilleure amie. Cela va la conduire à tenter quelque chose de très risqué... mais je laisse à chacun le soin de le découvrir.
Au niveau de l'animation, ce n'est pas particulièrement brillant, même si les mouvements des personnages sont bien rendus. C'est concernant l'intrigue que j'aurais des réserves : il y a quelques invraisemblances. Je pense que, comme le film est en partie destiné au jeune public, on a insisté sur la relation entre l'adolescente et le chien. Je sais bien qu'à ces adorables bêtes il ne manque que la parole, mais le comportement du canidé n'est pas toujours réaliste. Certaines péripéties manquent un peu de crédibilité, alors que le reste de l'histoire sent le vécu. Il y a du souffle et je ne cache pas qu'à la fin, j'ai été ému.
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