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samedi, 28 avril 2012

Tucker et Dale fightent le mal

   C'est une parodie de film d'épouvante (le tout début est un clin d'oeil à [Rec]), qui en retourne une partie des codes, tout en en respectant le schéma général. Le titre pourrait laisser croire qu'il s'agit d'un nanard... et c'est peut-être un peu le cas, en fait. Mais c'est un bon nanard !

   L'argument est classique : un groupe de djeunses (la plupart insupportables... on a donc vite envie qu'il leur arrive des trucs très très moches) part kiffer la life dans la forêt, dans une zone quasi désertique où ne vivent que quelques "bouseux" attardés. La rencontre avec deux d'entre eux va transformer l'escapade en réjouissante boucherie. S'ajoute à cela la révélation que le lieu d'excursion a été le théâtre d'un drame horrible quelque 18 ans auparavant... Un tueur en série rôderait-il dans la région ?

   Le principal retournement à l'oeuvre ici est le fait que les vrais héros sont les deux "bouseux", Tucker et Dale. L'un d'entre eux est un gros gentil, super cultivé, mais hyper timide et pas franchement canon. Si vous ajoutez à cela des goûts vestimentaires très contestables, on comprend qu'il puisse inspirer de la méfiance, de prime abord. Son pote est plus à l'aise dans sa tête... mais il est quand même un peu frappadingue.

   L'autre retournement concerne le personnage féminin principal (interprété par Katrina Bowden, superbe plante que l'on va voir dans American Pie IV). Au départ, on la prend pour une blondasse insipide. La suite du film la montre pleine de ressources... et plutôt futée.

   La rencontre entre les deux héros et la bande d'ados attardés maladroits tourne mal à cause d'une série de quiproquos, qui deviennent de plus en plus sanglants. Il faut reconnaître au réalisateur un certain savoir-faire dans la manière de mettre en scène l'étripage successif des campeurs bourges. Si l'on ajoute à cela quelques traits d'humour dans les dialogues (l'un des personnages, qui vient de perdre plusieurs phalanges, dit qu'il était "à deux doigts de mourir"...), on passe finalement un agréable moment.

13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 27 avril 2012

Le Fils de l'autre

   Lorraine Lévy s'est embarquée dans un sujet "casse-gueule" : le conflit israélo-palestinien, vu par un biais familial. Un échange (involontaire) de bébés, survenu des années plus tôt, a des conséquences dramatiques.

   Une banale visite médicale fait comprendre à un couple de classe moyenne que celui qu'ils prennent pour leur fils est en réalité le rejeton de Palestiniens ! Ceux-là ont aussi du mal à admettre qu'il ont élevé un enfant de l'ennemi.

   La nouvelle est d'autant plus mal perçue du côté du couple israélien que le père (Pascal Elbé, excellent) est un officier de Tsahal ! En face, l'autre père vit mal son déclassement social, attribué à l'occupant israélien. C'est donc des femmes que la solution pourrait émerger. Autant le dire : Emmanuelle Devos (la maman franco-israélienne) a su trouver le ton juste, toujours sur la corde raide. Orith a compris qu'on lui reproche (implicitement) de ne pas avoir senti que le bébé à peine né qu'on lui avait remis dans les bras n'était pas le sien. Elle aime finalement ces deux garçons, tout comme la Palestinienne.

   Le film mérite aussi le détour pour certains aperçus des sociétés israélienne et palestinienne. On mesure l'importance du service militaire chez les jeunes Israéliens... et le sentiment ambigu de celui qui en est dispensé, grâce au piston paternel croit-on, parce qu'il n'est pas considéré comme juif en réalité. On touche aussi du doigt le degré d'enfermement de la plupart des Palestiniens, soumis au contrôle de l'armée occupante.

   La réalisatrice n'a pas craint de se coltiner l'intégrisme juif (avec ce rabbin si pétri de certitudes)... sans oublier son pendant musulman, incarné par le frère palestinien de l'un des héros (Mahmud Shalaby, déjà remarqué dans Les Hommes libres, très bon), une vraie tête de con.

   Les deux fistons sont bien interprétés, par Jules Sitruk et Mehdi Dehbi.

   Le principal défaut du film est sa conclusion. Pendant 1h30, la réalisatrice fait monter la tension, laissant entrevoir plusieurs fins possibles. Même si un accès de violence survient, cela reste un peu trop "politiquement correct" à mon goût.

jeudi, 26 avril 2012

Avengers

   Une fois de plus, on se demande pourquoi le distributeur n'a pas cru bon de traduire : "Les Vengeurs" est porteur de sens en français, puisque c'est sous ce titre qu'est connue l'équipe de super-héros popularisée par les bandes dessinées.

   Après la séquence qui sert de déclenchement (bien foutue), on nous présente successivement chacun des futurs membres. La deuxième partie voit évoluer le groupe de manière maladroite, avec des tensions. La troisième partie montre l'équipe en train de vraiment se constituer et de fonctionner dans la castagne.

   Ce film est dans la tradition du genre : les costumes sont parfois ridicules, les situations à la limite du vraisemblable et certains dialogues sont à chier. Mais il regorge aussi de qualités, faisant preuve parfois d'un peu d'audace. Ainsi, lorsque Natasha Romanoff est sur le point d'être contactée par le Shield, le spectateur (non russophone) est laissé pendant plusieurs minutes dans l'ignorance de ce qui se dit en russe, sans le moindre sous-titrage. La fin de la scène apporte des éléments d'explication et l'on comprend que ce que l'on a vu au début ne rendait pas compte de la réalité de la situation. C'est d'ailleurs souvent le cas des scènes faisant intervenir la Veuve Noire (Scarlett Johansson, très excitante) et l'un de ses adversaires : elle excelle à se faire passer pour ce qu'elle n'est pas.

   Au niveau des dialogues, j'ai apprécié les scènes où Tony Stark (Robert Downey Junior, qui progresse dans sa composition de Iron Man) laisse libre cours à son ironie (ainsi, il appelle Thor "Point Break" !!!). Mais le reste n'est pas du même niveau.

   Ceci dit, des pointes d'humour sont judicieusement placées en plusieurs endroits du film. Le personnage de Hulk est d'ailleurs souvent lié à ces moments de décompression. Je recommande la scène qui le montre, en compagnie de Thor, en train de dézinguer quantité de méchants envahisseurs... scène qui se termine de manière inattendue, puérile... et tordante. Le public appréciera aussi la façon dont le gros bonhomme vert manifeste son respect au dieu Loki (doté d'un costume vraiment très moche) ou encore la manière dont Tony Stark revient à lui, vers la fin du film...

   La dernière partie est constituée principalement de bastons, avec des effets numériques à gogo. New York est le siège d'une bataille impitoyable... et, franchement, ça déchire sa race.

   P.S.

   Comme tout cela est une grosse entreprise commerciale, on nous ménage bien évidemment une suite... et le film est émaillé de références aux précédentes aventures (individuelles) des héros. Courez acheter les DVD, bonnes gens !

19:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mardi, 24 avril 2012

Flanby strikes back !

   Le candidat du Parti socialiste a été souvent moqué durant cette campagne électorale. Qualifié de "mou", de "fade" voire de "capitaine de pédalo", il a même fini par être associé à un dessert peu glorifiant. Voilà que le résultat du premier tour donne lieu à un retournement de sens. De péjorative, la référence au "Flanby" devient valorisante, au second degré. C'est la revanche du Mou !

   On partait de loin. Fin 2011, non sans talent, un blogueur gauchisant greffait une tête de François Hollande (non amaigri) sur un corps "flanbesque", plutôt pour suggérer le pathétique du personnage :

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   Six mois plus tard, la même image peut se lire comme un surgissement victorieux inattendu... et plutôt sympathique. Cela n'a sans doute pas vaincu les réticences de ceux qui se voyaient mal glisser un bulletin "François Hollande" dans l'urne. Encore fallait-il parvenir à réaliser ladite opération :

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   Alors, pas assez mou pour rentrer dans une enveloppe... mais trop pour faire prise à une persécution vaudoue ? Les avis divergent sur la Toile (et, comme tous les fans de Desproges le savent, "dix verges, ça fait beaucoup") :

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   Du coup, on est moins étonné de voir Sondron dessiner le dessert en question remporter une course aussi importante :

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   A l'extrême-gauche (!) de la caricature sont disposés deux éléments de l'anatomie du troisième de la course : une jambe féminine et un groin, allusion peu délicate à Marine Le Pen, bien entendu.

   De vainqueur, Flanby devient même source d'humiliation pour son concurrent direct :

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   Notons que l'internaute s'appuie ici sur une caractéristique importante du désormais célèbre dessert. Il manque toutefois une référence à la languette. Ajoutons que le perdant est mauvais joueur. S'il est devancé, c'est forcément que les gens ont mal compris ou voté pour de mauvaises raisons. Il y a aussi l'idée que Nicolas Sarkozy ne supporte pas d'être mis en difficulté par quelqu'un qu'il méprise.

   Du coup, Flanby jubile, tantôt discrètement...

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   ... tantôt plus ostensiblement :

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   Devrait-on désormais écrire "Flamby" le flambeur, nouveau candidat rayonnant ? Le paradoxe est que ces deux dernières représentations, qui pourraient rendre compte fidèlement de l'humeur du candidat arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, datent des primaires socialistes. Faut-il en conclure que Nicolas Sarkozy et l'UMP ont, tout comme ses camarades socialistes, sous-estimé le potentiel du Corrézien d'adoption ?

   Mais le symbole le plus réussi est à mon avis le détournement du poing à la rose, devenu "poing au Flanby", dans un geste aussi culinaire que révolté :

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   Ici encore, à l'origine de l'image se trouve un blogueur (de gauche... décidément) très critique vis-à-vis du supposé manque de fermeté des convictions de François Hollande. Aujourd'hui, après le premier tour de la présidentielle, ce symbole peut être retourné en faveur du candidat rassembleur, qui a su passer outre le mépris de certains bien-pensants de son propre camp.

lundi, 23 avril 2012

Qui a gagné ?

   C'est la grande question. On a évidemment pensé à cette personne-là :

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   On s'est aussi dit qu'une autre personne semblait avoir beaucoup gagné à cette élection, même si les profits qu'elle en retire sont pour l'instant indirects :

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   Les véritables vainqueurs sont peut-être très nombreux, des dizaines de millions :

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   En tout cas, il est difficile de croire que ce soit lui :

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   A la télévision, le président sortant est toutefois apparu pugnace. C'est un battant, qui va jouer sa carte jusqu'au bout. J'apprécie cette attitude, qui rend hommage à tous ceux qui croient en lui... et qui va contraindre François Hollande à montrer un peu plus ce qu'il a dans le ventre.

   Ceci dit, il m'est quand même paru très agressif. Quand on sait à quel point les comportements publics sont calculés au millimètre, on ne peut s'empêcher de penser que, derrière le candidat qui a mûri (par rapport à l'excité de 2007) se cache encore l'enfant chéri de sa maman, un brin colérique, habitué à voir ses désirs exaucés... l'enfant qui s'est emparé de la mairie de Neuilly au nez et à la barbe de Charles Pasqua, à 28 ans... l'enfant qui a conquis Cécilia, presque sous les yeux de son mari Jacques Martin... l'enfant qui a pris le contrôle de l'UMP, en dépit de l'opposition de Jacques Chirac... l'enfant qui a écarté tous ses rivaux de droite sur le chemin de l'Elysée... l'enfant qui a terrassé aussi bien le FN que le PS (en 2007)... l'enfant qui a mis le grappin sur l'un des mannequins les plus en vue des années 1980-1990... enfin l'enfant qui voit pour la première fois depuis longtemps un jouet menacer de lui échapper. Pour sûr, il n'est pas content !

samedi, 21 avril 2012

L'affiche de François Hollande

   Celle de Nicolas Sarkozy a suscité beaucoup de sarcasmes... et de détournements. Celle de son adversaire social-démocrate, si elle se prête moins à ce genre de plaisanterie, est par contre plus riche de sens.

Hollande 2012.jpg

   Je me retrouve en partie dans les analyses publiées dans un article de L'Express et le billet d'un blog consacré à l'image.

   On a très vite tracé un parallèle avec l'affiche de 1981 de François Mitterrand (la photographie prise dans la Nièvre ayant été légèrement retouchée) :

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   C'est le paysage rural, situé à l'arrière-plan, qui a incité les commentateurs à faire le rapprochement. On note toutefois l'absence du clocher sur celle prise en Corrèze pour François Hollande. D'autres différences apparaissent. Le candidat de 1981 se positionne clairement à gauche, alors que celui de 2012 est en position centrale (-iste ?). De plus, si Mitterrand regarde vers la gauche de l'affiche, Hollande fixe les passants du regard.

   Il est tout de même sidérant qu'aucun des candidats (à part peut-être Jacques Cheminade) ne fasse figurer un paysage urbain sur son affiche de campagne, alors que 80 % de la population française vit en ville !

   Mais revenons à celle de François Hollande. Son positionnement centriste se trouve confirmé par l'absence de rose et de rouge, le bleu étant la couleur dominante (habituellement monopolisée par la droite). On aurait pu s'attendre à une cravate rosée. C'est la continuation de ce qui était déjà apparu au cours des primaires socialistes.

   Une analyse plus serrée de l'image permet de tirer d'autres conclusions :

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   Commençons par l'arrière-plan. La tête du candidat se dégage bien, dans le ciel... et même au-dessus des nuages, histoire sans doute d'éviter les plaisanteries faciles. Le buste se trouve au niveau du paysage rural. On présume que les pieds sont solidement posés sur le sol. Le message est clair : le candidat est au contact de la "vraie vie", mais il est aussi capable d'évoluer dans les "hautes sphères".

   Je note que, malgré ses 57 ans et demi, François Hollande ne semble pas avoir de cheveux gris, à l'exception de la tempe droite. Hum...  Les lunettes font "moderne". Il apparaît là encore que l'on veut rassurer les électeurs : ce personnage ancré dans la tradition est censé permettre à la France de se moderniser dans la douceur.

   Il reste ce sourire énigmatique, à peine esquissé, que certains observateurs ont rapproché de celui de la Joconde. Encore faut-il recadrer les images de manière à pouvoir les comparer :

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   Outre le sourire, il y a le paysage rural indéfini en arrière-plan et cette espèce "d'enfumage" (sfumato), le flou artistique qui ne permet pas de bien distinguer les contours. Par contre, les deux visages (tout comme les regards) ne sont pas orientés de manière identique.

   Finalement, je me demande si les socialistes n'auraient pas pu utiliser un autre fond pour l'affiche...

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mercredi, 18 avril 2012

L'étrange vice-président argentin

   Il y a cinq mois de cela, Le Nouvel Hebdo avait levé un beau lièvre : le nouveau vice-président argentin, Amado Boudou, serait un descendant d'émigrés aveyronnais. La presse "de référence" a enchaîné un peu plus tard. Au niveau national, on s'est en général borné à indiquer que le vice-président avait des origines françaises. On peut retrouver le détail de sa filiation sur le site genealogie-aveyron.fr. Fort opportunément, l'association Rouergue - Pigüé a lancé une invitation au descendant d'Aveyronnais.

   Le bonhomme a un parcours atypique. Il n'est pas issu du moule politique argentin traditionnel. Presque tous les articles, comme celui publié dans La Dépêche du Midi le 3 janvier dernier, ou celui de Rolling Stone, traduit dans Courrier international en octobre 2011, s'étendent sur son côté rock and roll.

   On s'attarde moins en général sur son basculement politique. Il a commencé dans la mouvance conservatrice, s'acoquinant même avec le président Carlos Menem, péroniste certes, mais furieusement néo-libéral. Le jeune homme a ensuite su habilement basculer vers la face gauchisante du péronisme : il s'est rapproché du couple Kirchner, auquel il aurait suggéré la nationalisation des fonds de pension. En voilà encore un qui me semble illustrer à merveille la chanson de Jacques Dutronc L'Opportuniste.

   Devenu vice-président, il est passé au premier plan de l'actualité quand il a dû assurer l'interim de la présidence, Cristina Kirchner étant indisposée par des ennuis de santé (on a même cru à un cancer). Le voilà de nouveau sous les feux des projecteurs, mais pour une raison moins glorieuse : il est soupçonné de trafic d'influence, comme le révèle Le Monde du 8 avril dernier :

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   On peut dire que le bougre ne se laisse pas faire. Il a réussi à provoquer la démission du procureur général argentin (sorte d'équivalent du procureur général de la Cour de cassation, chez nous). Il semble que, derrière cette affaire, se profile la question de la succession de l'actuelle présidente, qui achèvera en 2015 son deuxième et dernier mandat. La vieille garde péroniste voudrait peut-être éviter que le jeune loup ne capte à son unique profit l'héritage politique des Kirchner. Il faudra aussi compter avec Maximo, le fils aîné du couple : il contrôle l'influente Campora, qui fédère les jeunes militants péronistes... et c'est lui qui aurait tenu les fils du pouvoir, pendant l'absence de sa mère.

La science du vote

   Elle a fait l'objet d'une double page dans le supplément "Science et techno" du Monde du 7 avril dernier. Les mathématiques, la logique notamment, sont mises à contribution pour comparer différents modes de scrutin. Le coeur du problème est l'insatisfaction procurée par le scrutin majoritaire à deux tours (le nôtre, dans la plupart des élections), illustrée par le paradoxe de Condorcet : un candidat peut-être exclu du second tour, alors que c'est celui qui, des trois arrivés en tête, serait préféré par le plus grand nombre en cas de face-à-face (exemple : F. Bayrou en 2007 qui, s'il avait été qualifié, aurait vaincu n'importe lequel des deux finalistes... même chose sans doute pour L. Jospin en 2002... et peut-être pour R. Barre en 1988).

   Mais le plus intéressant est l'application, par les journalistes du "quotidien de référence", des autres modes de scrutin aux candidats de 2007 et de 2012. Pour éviter toute accusation de partialité dans la présentation des résultats des simulations, ceux de cette année sont placés par ordre alphabétique, de Nathalie Arthaud à Nicolas Sarkozy.

   Voici ce que cela donne pour le vote par approbation, qui permet aux électeurs de choisir deux (ou trois) candidats :

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   Un test réalisé en 2007 en Normandie et en Alsace a débouché sur des résultats différents du vote réel (mais les électeurs testés auraient-ils agi de la même manière si ce mode de scrutin avait été réellement appliqué ?), au bénéfice de François Bayrou, mais aussi de Dominique Voynet et d'Olivier Besancenot.

   Une autre possibilité est de voter par note. Les électeurs attribuent à chaque candidat une note, soit entre 0 et 2, soit entre 0 et 20 :

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    Appliqué en 2007, ce système aurait pu avantager les petits candidats et aurait désavantagé Jean-Marie Le Pen qui, s'il recueille l'adhésion d'une proportion non négligeable de l'électorat, suscite le rejet d'une part encore plus importante.

   Le système du jugement majoritaire fonctionne selon un principe similaire. Au lieu d'être quantitative (numérique), l'évaluation des candidats est qualitative :

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   En 2007, ce mode de scrutin aurait placé François Bayrou devant Ségolène Royal. Les candidats des extrêmes auraient été pénalisés. (Ils sont plus souvent que les autres jugés peu crédibles ou dangereux, et donc affublés de l'appréciation "Insuffisant" ou "A rejeter".)

   Il reste le vote alternatif (ou vote préférentiel transférable), qui exige des électeurs qu'ils classent les candidats par ordre de préférence. Il est utilisé en Irlande et en Australie  :

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   Dans ce cas, les résultats obtenus lors du test ne diffèrent pas forcément de ceux issus du scrutin de 2007. Cela dépend de la méthode de dépouillement et de la manière d'éliminer successivement les plus mauvais candidats et de répartir les voix qui se sont portées sur eux.

   Mais laissons là la fiction politique. Bien après la lecture de l'article, quelque chose a fini par me venir à l'esprit. Les illustrations sont orientées. En effet, ces petites croix, ces numéros et ces bulles ne sont pas toujours placées au hasard. D'abord, leur disposition ne dépend pas du contenu de l'encadré qu'elles accompagnent. Par contre, toutes ont un point commun. Alors que 7 candidats sur 10 figurent alternativement dans les favoris ou les rejetés des électeurs fictifs, une seule est systématiquement placée dans la catégorie la plus négative : Marine Le Pen. (Nicolas Dupont-Aignan est à peine mieux traité.)

   Ainsi, elle ne fait pas partie des trois exemples entourés dans le cas du vote par approbation. Elle est l'un des quatre auxquels la note 0/2 (la plus mauvaise) est attribuée dans le vote par note. Elle est (apparemment) la seule à être classée dans la catégorie la plus infamante du vote par jugement majoritaire : "A rejeter". Enfin, elle n'est même pas retenue dans les six candidats préférés de l'exemple du vote alternatif.

   On retrouve ici un procédé déjà observé à propos des rapprochements photographiques effectués par Le Monde (entre autres) : si les journalistes s'interdisent l'expression d'une opinion personnelle dans le coeur de l'article, cette rigueur intellectuelle est moins souvent à l'oeuvre dans les illustrations.

   P.S.

   Si vous avez bien compté, il manque un candidat : 7 sur 10 tour à tour bien ou mal classés + 1 systématique mal classée + 1 autre presque toujours mal classé = 9. Il nous reste le cas Eva Joly : elle fait partie des trois candidats sélectionnés dans l'exemple du vote par approbation ; elle est notée 2/2 dans l'exemple du vote par note ; elle bénéficie de l'appréciation "Très bien" dans l'exemple du jugement majoritaire et elle est classée 4e (sur 10) dans l'exemple du vote alternatif. Etonnant, non ?

mardi, 17 avril 2012

Les Adieux à la reine

   Voici donc la prise de la Bastille (et ses conséquences immédiates) vue du petit monde du château de Versailles. C'est principalement un film de femmes, qui tourne autour de Marie-Antoinette (Diane Kruger, émouvante), sa maîtresse Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen, une vieille connaissance de Benoît Jacquot, glaciale et sulfureuse) et la lectrice de la reine, Sidonie (Léa Seydoux, étonnamment bonne).

   Le réalisateur aime les femmes. Il est soucieux de mettre en valeur tel décolleté (j'ai en mémoire une scène où la caméra se balade entre le visage -charmant- de Léa Seydoux et son avant-bras, s'attardant complaisamment sur sa jolie poitrine...), telle jambe, tel bras, telle nuque. On a donc droit à de beaux aperçus de l'anatomie de ces femmes, en particulier Virginie Ledoyen et Léa Seydoux. Celle-ci est d'ailleurs filmée comme l'était Ledoyen dans La Fille seule (vue de derrière quand elle déambule dans les couloirs de Versailles) et La Vie de Marianne (dont il est question à un moment dans le film... petit clin d’œil ?). Je me demande même dans quelle mesure la jeune actrice n'a pas copié (ou n'a pas été dirigée comme) celle qui l'a précédée dans le cœur de Jacquot.

   N'oublions cependant pas les seconds rôles. Noémie Lvovsky est excellente en madame Campan, tout comme Michel Robin en archiviste et surtout Julie-Marie Parmentier, qui incarne Honorine, une amie (très piquante) de Sidonie. Les séquences qui se déroulent dans "l'envers du décor" sont d'ailleurs les meilleures du film. On se lâche dans ces moments où ne pèse pas l'étiquette.

   Ce pourrait donc être un film épatant... s'il n'était pas orienté. Eh oui, comme d'autres avant lui, Benoît Jacquot (peut-être lié par le livre de Chantal Thomas) n'arrive pas à se dépêtrer de la fascination toute parisienne pour le monde "raffiné" de la Cour. Les parasites qui la composent sont dépeints avec une excessive indulgence, alors que les "gens normaux", le peuple, qui vit à l'extérieur, n'est montré que de manière caricaturale, presque uniquement négative.

12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 16 avril 2012

Cheval de guerre

   J'ai eu l'occasion de voir, avec retard, ce film de Steven Spielberg. Les amoureux du cheval seront ravis, puisque le véritable héros de l'histoire est un équidé. Cette famille d'animaux est d'ailleurs omniprésente dans le film, des travaux des champs aux tranchées de la Première guerre mondiale.

   On se rend rapidement compte que Spielberg a digéré des westerns ainsi que des films plus résents, consacrés à l'univers de la guerre : Mémoires de nos pères, de Clint Eastwood, et Joyeux Noël, de Christian Carion. Cela donne une drôle de bouillie, soulignée par la musique de John Williams, archi-traditionnelle, trop lourde parfois.

   Si l'une des qualités du film est de faire vivre les chevaux (et Joey en particulier) comme des personnages, de montrer leurs émotions, Spielberg va à mon avis trop loin quand il les assimile carrément à des humains. Cela donne quelques moments à la limite de la vraisemblance. De la même manière, on a tenté de nous montrer les zones de combat avec un certain réalisme... mais l'assaut des cavaliers britanniques est caviardé : on ne voit ni les cavaliers se faire descendre, ni les chevaux mourir, alors qu'ils se font mitrailler. Seule l'étendue des pertes figure à l'écran, après la bataille.

   Question invraisemblance, on a aussi le personnage du grand-père français, cultivateur de fraises, interprété par Niels Arestrup, mal dirigé, aussi bien dans son comportement avec sa petite fille qu'à la fin, après les enchères. Et que dire de ces combattants, qui parlent tous de la même manière, qui semblent agir selon les mêmes motivations, qu'ils soient allemands ou britanniques ! La délivrance du cheval emprisonné dans les fils de fer barbelés, qui est un moment important du film, est en partie gâchée par ce manque de rigueur dans les dialogues et la direction d'acteurs.

   Il reste plusieurs moment inspirés. Parmi ceux-ci, je distinguerais le dressage du cheval, les changements de propriétaires successifs et sa folle cavalcade dans le no-man's-land après la mort de son compagnon, qui m'a rappelé une scène de Jarhead (excellent film de Sam Mendes sur la guerre du Golfe... avec, là, une super musique d'accompagnement, signée Thomas Newman). De temps à autre, Spielberg nous rappelle qu'il est capable de soigner ses plans, comme lors de l'exécution des déserteurs ou du retour du fils prodigue.

   Si l'on est prêt à supporter les lourdeurs et les maladresses, cela reste un divertissement acceptable.

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dimanche, 15 avril 2012

La Nuit nomade

   C'est un documentaire d'1h30, tourné par Marianne Chaud dans une région froide (!) située dans le Nord de l'Inde, le Ladakh.

   La réalisatrice, passionnée par l'Himalaya, s'est intéressée plus particulièrement aux éleveurs nomades. On suit principalement deux couples, l'un âgé (on voit surtout l'homme), l'autre plus jeune, composé du fils du premier (avec un petit côté "djeunse") et de son épouse, qui se révèle assez caustique.

   Ce sont des semi-nomades. Ils évoluent entre plusieurs bases, perdues dans la montagne. (Notons que les paysages sont magnifiques.) Chacune est composée d'un village formé de maisonnées que jouxtent ce qui peut sembler être de prime abord des ruines. Ce sont en fait des enclos, pour les bêtes (des chèvres).

   On voit à la fois les travaux quotidiens et les évolutions saisonnières. La réalisatrice, que l'on entend interroger les protagonistes (elle parle leur langue), n'apparaît jamais à l'écran. On se doute qu'elle ne doit pas être vilaine, puisqu'elle suscite quelques remarques soupçonneuses de l'épouse du jeune homme.

   L'action montrée à l'écran se déroule essentiellement de jour. Le titre est donc métaphorique : ce monde est en train de disparaître. Chaque année, une partie des villageois part pour la ville, où se trouvent déjà certains des enfants du couple. Le documentaire aborde tous les aspects de cet exode : économiques, sociologiques, culturels.

   C'est joli à regarder, mais peut-être un peu long. A la télévision, cela donnerait un format d'une cinquantaine de minutes. Mais la qualité des images est vraiment grande. Cela méritait un grand écran.

21:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 14 avril 2012

Titanic en 3D

   C'était la première fois que je voyais ce film au cinéma. Il y a 15 ans, face au matraquage, j'avais obstinément refusé de m'y rendre, me contentant d'une vision ultérieure sur petit écran. La découverte des bonus du DVD m'a donné envie d'en savoir plus. Alors, même si cela dure 3h20, j'ai tenté l'expérience.

   C'est globalement très plaisant. Même sans la 3D, le film doit être spectaculaire. Qu'apporte cette technologie ? Pas énormément, à mon avis. Elle est surtout utile à partir de la rencontre de l'iceberg, dès que des objets et des personnages commencent à déambuler un peu partout sur l'écran. (Le moment où le bateau se casse en deux, avec mouvements de la poupe, est particulièrement impressionnant.)

   Dans la première partie du film, on la remarque au moment du chargement du paquebot (notamment avec une voiture). Elle a aussi servi à mieux distinguer les personnages à l'écran, qui ne sont pas tous mis sur le même plan.

   Alliant reconstitution historique, grand spectacle, effets spéciaux, histoire d'amour et réflexion sociale (oui !), Titanic mérite vraiment le détour, même si, dans la dernière demi-heure, il y aurait des coupes à pratiquer.

   P.S.

   Ceux qui veulent en apprendre davantage peuvent visionner un documentaire diffusé il y a peu sur France 2. Comme il est en grande partie composé de scènes reconstituées, on peut s'amuser à voir les différences d'interprétation avec le film de James Cameron.

   P.S. II

   Le magazine National Geographic, dans son dernier numéro, publie des images inédites du bateau. Sur son site internet, on peut accéder à une série d'articles et de vidéos fort intéressants.

   P.S. III

   Les gros fans de leur race peuvent se rendre sur un site personnel consacré au Titanic, sous toutes ses formes. Il est très documenté.

   P.S. IV

   Les amateurs de drogue dure auront peut-être envie de consulter les documents liés aux deux enquêtes menées en 1912 (l'une par le Sénat des États-Unis, l'autre sous l'autorité du ministère du Commerce, au Royaume-Uni). Attention, c'est en anglais !

11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 13 avril 2012

Colonel Blimp

   C'est une réédition, celle d'un film de Michael Powell, sorti initialement en 1943. Il se présente sous la forme d'un long retour en arrière biographique, qui nous offre un panorama de l'histoire internationale (vue du côté britannique) de la première moitié du XXe siècle.

   Ce long retour en arrière nous ramène à la séquence du début du film, qu'on ne voit plus du tout sous le même angle. On en sait plus sur les personnages qui y figurent. C'est habile. (N'oublions pas que cela a été tourné il y a environ 70 ans.)

  On suit donc Clive Blimp de la guerre des Boers à la Seconde guerre mondiale, en passant bien entendu par la première. Les relations avec l'Allemagne (et un Allemand en particulier, incarné avec brio par Anton Walbrook) sont au coeur de l'intrigue. Cela commence par un drôle de duel, continue par un mariage, la capture de prisonniers et finit par un retour au pays.

   La première partie du film fait découvrir au spectateur non initié la mentalité nationaliste dans laquelle baignaient les associations étudiantes (et la majorité des élites) sous le IIe Reich. Le film évite toutefois de tracer un raccourci entre le militarisme prussien et le nazisme. Il propose néanmoins une intéressante mise en perspective.

   Ces quelque 2h40 (avec 1h30 de rêve au début) passent vite aussi parce que les dialogues sont très bien écrits, émaillés de traits d'humour. Les personnages se "chambrent"... et font aussi preuve (parfois) d'autodérision.

   La personne-clé de ce film n'est paradoxalement pas le héros, un peu Matamore, mais l'actrice Deborah Kerr, qui incarne trois personnages successifs : l'indépendante fille de bonne famille britannique qui tente de faire carrière à Berlin, l'infirmière future épouse dévouée et le chauffeur intrépide du vieil officier. Elle excelle dans les trois rôles... et introduit une touche féministe inattendue dans cette histoire au prime abord très masculine. Ce film de 1943 était, de ce point de vue, plutôt en avance sur son époque.

jeudi, 12 avril 2012

Le Policier

   Ce film israélien est construit en trois parties. La première nous présente un groupe de jeunes hommes très sportifs, la seconde une bande d'étudiants rebelles, la troisième mène à la confrontation des deux.

   L'habileté de la mise en scène ne permet pas à un spectateur ignorant de l'intrigue de déduire immédiatement que le groupe de mecs est composé exclusivement de policiers, membres d'unités d'intervention (genre le R.A.I.D.). Ils ont la trentaine, sont musclés (sauf l'un d'entre eux, dont on apprend vite qu'il a un cancer). Ils semblent très soudés, très virils (et va-z-y que je flanque une tape dans le dos, et c'est parti pour une accolade entre mecs... on s'attend presque à les voir se rouler des pelles, tellement ils ont l'air de s'aimer). Les femmes sont secondaires dans cet univers : elles sont les compagnes (plutôt effacées) de ces messieurs et portent leur progéniture.

   Le portrait de groupe n'est donc pas unilatéral. On perçoit le rôle dominant de l'un d'entre eux et la pression qui existe pour que les individus se soumettent au clan. Il est même question de faire porter le chapeau d'une bavure à celui qui est gravement malade, histoire que personne ne soit sanctionné !

   L'objectif du réalisateur est de montrer que l'autre groupe, quoique très différent en apparence, fonctionne sur des schémas semblables. On y trouve aussi un chef charismatique (un fils de bourges qui se la joue rebelle), ainsi qu'un acolyte dévoué, un puceau amoureux (couvé par son papa)... et une jeune femme ténébreuse, révoltée, au regard intense, incarnée par Yaara Pelzig. On sent que son personnage a été inspiré par certains membres de la Fraction Armée Rouge.

   Mais, si cette actrice éclabousse l'écran de son talent, on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres. J'ai beau ne pas comprendre l'hébreu de la version originale (sous-titrée en français), j'ai pu me rendre compte que certains dialogues sonnent faux, que le ton des acteurs n'est pas toujours naturel. Cela nuit à l'intérêt du film, qui se termine de manière assez prévisible.

13:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 10 avril 2012

The Plague Dogs

   Les Chiens de la peste est un film d'animation datant de 1982, jamais sorti en France avant aujourd'hui. Attention : ce n'est pas pour les tout petits. Ces chiens sont un terrier (peut-être un jack russel) et un labrador, qui parviennent à s'échapper d'un centre d'expérimentations animales.

   La première séquence nous "met dans le bain" : ces animaux sont torturés. On est d'ailleurs sidéré par la manière neutre dont l'un des scientifiques (dont on ne voit jamais le visage) raconte, plus loin dans le film, les expériences que son laboratoire impose aux animaux. Je me demande si les auteurs n'ont pas voulu que les spectateurs fassent le rapprochement avec les camps nazis. Il n'est pas non plus impossible que ce film ait inspiré une partie de La Planète des singes : les origines.

   Le titre fait référence à la crainte des humains : que les animaux échappés du laboratoire y aient contracté le virus de la peste, puisqu'il semble que des expériences ultra-secrètes y sont menées à ce sujet. Le bien-être animal ne vient qu'en second, quand il est abordé.

   Notons que l'histoire nous est racontée du point de vue des animaux. L'un des deux chiens, Snitter, a la voix de John Hurt, very British ! Ils rencontrent d'autres canidés, ainsi que des moutons, qui deviennent leur proie de prédilection. En cela, ils sont aidés par un curieux renard, fourbe à première vue, mais qui va s'avérer une aide précieuse.

   Les animaux et leurs mouvements sont dessinés avec un grand soin, ce qui fait que cette animation n'a pas trop vieilli. Il aurait peut-être fallu retravailler la bande son. Les décors sont moins aboutis que ce que l'on a pris l'habitude de voir dans les productions japonaises, par exemple.

   L'histoire est dure. Celui qui semble avoir le plus souffert est Snitter, qui a connu un maître bon, mais dont il a provoqué (involontairement) la mort. Parvenus à regagner la liberté, les deux chiens jouent leur survie. On ne nous cache pas comment ils se nourrissent. Ils finissent même par manger de la chair humaine (celle d'un chasseur payé pour les abattre), passage escamoté dans la version courte du film.

   On peut comprendre la toute fin de plusieurs manières, mais c'est quand même globalement triste. Il reste un plaidoyer efficace contre la vivisection.

12:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 09 avril 2012

La Dame en noir

   Daniel Radcliffe tente de sortir du personnage d'Harry Potter dans ce film d'épouvante dont l'action est principalement située dans le fin fond de la campagne britannique. Il est épaulé par une brochette de seconds rôles chevronnés, à l'image de Ciaran Hinds (récemment vu dans La Taupe, L'Affaire Rachel Singer, Life during wartime) et de Janet McTeer (épatante dans Albert Nobbs).

   Ceux qui ont vu beaucoup de films de ce genre ne seront pas surpris par le déroulement de l'histoire. On comprend même assez vite de quoi il retourne. Les effets de terreur sont classiques, soulignés par une musique idoine.

   Le ressort de l'intrigue est religieux, comme souvent dans ce type d'oeuvre anglo-saxonne. Ceux dont le corps n'a pas été retrouvé et ceux qui se sont suicidés deviennent des âmes errantes. La clé se trouve dans une injustice ancienne, à laquelle le héros se doit de remédier. Le jeune employé d'une étude de notaire va donc mener une sorte d'enquête... à ses risques et périls. Mais il faut dire qu'il n'a pas trop le choix (il est au bord du licenciement) et que la perte de sa femme le rend -au départ, du moins- peu sensible aux "histoires de bonne femme" qui circulent à propos du manoir et de cette mystérieuse dame.

   Voilà un personnage à part entière de ce film : le manoir. A marée haute, il est isolé du reste du monde. Il a son propre cimetière, son jardin... et surtout ses marais, si dangereux. Il regorge de pièces tantôt closes tantôt ouvertes. Certaines dissimulent des secrets. Cette bâtisse est une sacrée trouvaille ! Et la réalisation la met bien en valeur. De manière générale, c'est filmé avec beaucoup de soin, joli à voir, avec de multiples effets. Cela compense le caractère convenu de l'intrigue... même si la fin nous réserve une petite surprise.

   Cela donne un divertissement de bonne facture, d'environ 1h30.

22:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 08 avril 2012

My Week with Marilyn

   Le paradoxe de ce film est qu'il est à la fois consacré à un mythe (l'actrice qui incarna jadis le summum de l'érotisme féminin) et à une femme fragile. Il nous présente le côté cour et le côté jardin.

   Il associe des acteurs britanniques et américains. Parmi les premiers se distinguent Kenneth Branagh (en Laurence Olivier), Judi Dench et Emma Watson... oui, Hermione dans Harry Potter ! Côté américain, Michelle Williams fait une prestation remarquable... qui n'est pas due qu'à sa plastique (fort appétissante). On a déjà pu admirer son talent dans La Dernière Piste. Elle est ici d'une troublante ressemblance avec M. Monroe... peut-être plus jolie encore, même si elle ne "dégage" pas autant que son modèle.

   Lorsque M. Williams joue l'actrice, elle est à mon avis moins convaincante que lorsqu'elle interprète la femme, dans le "civil". Je fais partie de ceux qui ont vu les films de Marilyn et, un peu comme certaines personnes face au Coluche interprété par François-Xavier Demaison, si je note la performance d'acteur, je reste gêné par rapport au personnage d'origine.

   Deux séquences m'ont particulièrement marqué. La première voit la vedette passer l'après-midi en compagnie du narrateur de l'histoire, l'homme à tout faire du réalisateur. La seconde montre les deux tourtereaux fuyant la pesanteur des lieux de tournage, pour une journée champêtre, un brin érotique. Michelle Williams excelle ici à faire revivre la jeune femme éprise de fantaisie et de douceur.

   Le tour de force du réalisateur est d'avoir tourné un film qui peut intéresser aussi bien les admirateurs que les non admirateurs de Marilyn Monroe. Les premiers y retrouveront sa fraîcheur, sa spontanéité, sa faiblesse, plus ou moins simulée. Les seconds y verront la confirmation qu'elle n'était pas une grande actrice, juste une fille superbe, qui prenait bien la lumière et qu'on a utilisée comme une vivante "machine à cash".

15:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 07 avril 2012

2 days in New York

   4 ans et demi après le drôlissime 2 days in Paris, Julie Delpy revient, sans Adam Goldberg, avec un nouveau petit copain, Chris Rock... et une famille toujours aussi frappadingue.

   La situation familiale a toutefois quelque peu changé. Un jeu de marionnettes-chaussettes est chargé de nous l'expliquer, au début. Nous sommes à la place de l'enfant auquel maman raconte le passé récent. (On retrouve ce petit jeu à la fin, pour nous relater les dernières évolutions.)

   On retrouve donc papa Delpy, qui n'a pas changé. Il est peut-être un peu moins excessif que dans le premier film, ce dont on ne se plaindra pas. La sœur est aussi de retour. Elle est toujours aussi pétasse, jalouse de son aînée, allumeuse voire nymphomane. Elle amène avec elle un horrible blaireau, sorte de beauf de gauche, crétin et suffisant. (Alexia Landeau et Alexandre Nahon rendent vraisemblables ces personnages hautement inintéressants.)

   Julie Delpy ne se donne pas forcément le beau rôle, comme dans le premier volet. Elle a pris quelques kilos et ne fait pas preuve d'une grande recherche dans son habillement. (Elle prend néanmoins soin de préciser qu'elle n'est pas sans atouts, entre sa jolie poitrine et sa maîtrise de la caresse bucco-génitale...) Ceci dit, cette fois-ci, ce n'est pas autour de ses ex que tourne le débat, mais du comportement de la troupe familiale, certes attachante, mais franchement envahissante, voire sans-gêne.

   Cela nous donne une kyrielle de moments savoureux, entre les quiproquos linguistiques, les a priori culturels respectifs et les coups du sort qui semblent s'accumuler. (La meilleure trouvaille scénaristique est sans doute le mensonge autour de la maladie de l'héroïne, de son invention -à cause d'une scène d'ascenseur- à l'inattendu dénouement autour de ses photographies !)

   J'ai toutefois trouvé cela un peu moins drôle que 2 days in Paris. La première raison est que le couple formé par la frangine et son copain est vraiment insupportable. J'ai d'ailleurs été ravi de voir partir le type un peu après la moitié du film. Il a aussi manqué un fil rouge narratif. Le film accumule les saynètes comiques, mais le liant n'est pas assez développé.

   Ces moments foufous méritent quand même à eux seuls que l'on se déplace. Je pense notamment à cette séquence au cours de laquelle il est question de la bite du garçon. Le grand-père se voit débordé par le débat virulent qui oppose ses deux filles, les deux "chiffonnières", comme il les a appelées dans le repas.

   P.S.

   Il n'est pas impossible que Julie Delpy ait aussi cherché à faire passer quelques messages à ses amis Frenchies. Dans ce film, nos compatriotes passent vraiment pour des gens à la ramasse, nombrilistes et arrogants. Dans le milieu "bobo" que fréquente Delpy des deux côtés de l'Atlantique, les Américains semblent être partis de plus loin, mais il ont peut-être plus progressé...

23:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 05 avril 2012

Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout

   La "patte" des studios Aardman (créateurs de Wallace et Gromit et Chicken run, entre autres) se retrouve dans cette animation qui mélange pâte à modeler et images de synthèse.

   Les héros forment une bande de pirates d'opérette, qui amasse bien peu de butin et qui, quand elle réussit à prendre le contrôle d'un navire, s'aperçoit qu'il s'agit, au choix, d'un bateau de lépreux, d'un vaisseau fantôme ou d'un navire-école !

   Le capitaine est fait du même bois. C'est une sorte de Matadore gentil, à la barbe fleurie. Il est secondé par un lieutenant qui tient la baraque. Le reste de l'équipage n'est pas aussi réussi. Signalons toutefois une femme à barbe... et un dodo, qui va se retrouver au coeur de l'intrigue.

   Le patron de cette fine équipe voudrait enfin remporter le titre de "pirate de l'année", statuette à la clé (il s'agit bien entendu d'une allusion aux Oscars, le film étant lui-même une gigantesque métaphore du monde du cinéma). Sur son chemin, il croise Charles Darwin... et finit par rencontrer la reine Victoria, qu'on croirait tout droit sortie d'Alice au pays des merveilles.

   C'est vivant et truculent, plein de clins d'oeil, de détails qui font sourire, voire rire. Les "grands" peuvent s'amuser à relever les invraisemblances et les anachronismes. Les petits rient aux ridicules du Capitaine Pirate, apprécient les rebondissements. Ceux qui sont un peu plus âgés peuvent goûter toute la saveur des cartons du domestique-singe muet (qui ressemble curieusement à celui que l'on voit dans Un Monstre à Paris...).

   C'est bien fichu, enlevé, pas vulgaire. On passe un bon moment, sans plus. Mais c'est déjà ça !

00:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 02 avril 2012

L'Hiver dernier

   La titre sous-entend que le film est construit sur un retour en arrière. Il faut aussi le comprendre comme l'expression "jugement dernier" : il s'agit du dernier hiver pour ce jeune éleveur attaché aux traditions et à une certaine idée de l'agriculture.

   Cependant, le réalisateur n'a pas choisi de donner un tour militant à son propos. Il est souvent contemplatif, pour le plus grand plaisir du spectateur calé dans l'un des confortables fauteuils de la salle 2 du cinéma le Club à Rodez. Les paysages sont magnifiques. Lever et coucher de soleil sont à couper le souffle. Mais il faut reconnaître que l'action n'est pas trépidante.

   On nous fait comprendre que, par son attachement aux traditions (certains diraient son entêtement), le héros Johann passe à côté de plein de choses. Il laisse ainsi filer l'occasion de rendre son élevage plus profitable et n'approfondit pas sa relation sentimentale avec la charmante Anaïs Demoustier.

   Comme le film a été tourné en partie en Aveyron, on croise quelques belles Aubrac, mélangées à d'autres races. (Il m'a semblé reconnaître des Limousines... mais je ne suis pas aussi compétent en la matière que Bruno Lemaire !) Normalement, un éleveur de races à viande du Nord Aveyron aurait dû s'engager dans une démarche de qualité (Boeuf Fermier Aubrac ou Fleur d'Aubrac). Mais le réalisateur a voulu rester dans le flou quant au territoire concerné et à l'orientation de l'exploitation. On saura juste qu'il vent ses veaux.

   Notons qu'un éleveur de La Terrisse a conseillé le réalisateur, ainsi qu'il le précise dans un entretien publié dans le dossier de presse téléchargeable sur le site de son distributeur français, Le Pacte :

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   Au-delà de la beauté de certaines scènes (la messe en pleine montagne, l'incendie d'un bâtiment d'élevage), le film, à mon avis, tourne à vide... et l'on sort de là un peu déçu. Si vous êtes amateur-trice de film rural, je vous conseille plutôt l'original Bovines... et surtout le fantastique polar belge Bullhead.

23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema