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dimanche, 26 juin 2022

Elvis (dans la peau)

CRITIQUE FAVORABLE

   La tâche confiée à Baz Luhrmann était ardue : ressusciter la carrière et la vie privée de l'une des icônes de l'Amérique, mettre le tout en scène de manière à la fois crédible et attractive. Il y avait matière à grand film.... encore fallait-il trouver l'interprète. Quasi inconnu du grand public, Austin Butler réalise une performance extraordinaire, de l'ordre de celle de Rami Malek dans Bohemian Rhapsody. Sans être un sosie d'Elvis Presley, il incarne le chanteur et son appétit de vivre... certains diraient même sa "fureur de vivre", puisque l'acteur James Dean semble avoir été une référence pour Elvis, dont le rêve était de briller sur grand écran.

   En attendant la concrétisation de ses espoirs cinématographiques, le jeune homme commence à se faire connaître dans de petits concerts, comme première partie d'une vedette de la country. C'est l'une des influences que le musicien conservera tout au long de sa vie... mais ce n'est sans doute pas la plus importante. La première partie du film montre quel poids a eu la musique afro-américaine dans la genèse de l'artiste. Il a côtoyé (entre autres) BB King, Big Mama Thornton et Little Richard. On découvre un Elvis opposé à la ségrégation, parce qu'elle va contre ses fréquentations et son mode de vie.

   Cette première partie est vraiment excellente. Colorée, variée au niveau de la mise en scène, elle est à la fois riche (sur le fond) et entraînante (sur la forme). Les culs-pincés de la blanche Amérique y sont tournés en dérision. Rien ne semble pouvoir arrêter "Elvis le Pelvis", dont le déhanché fait pâmer les dames et donne des ailes aux messieurs.

   Un autre grand mérite de ce film est de mettre en valeur le rôle du deus ex machina de la carrière de l'artiste, le trouble colonel Parker, vrai manager, mais pas plus Parker que colonel. Tom Hanks est lui aussi formidable dans ce rôle, incarnant avec talent un personnage mêlant cupidité, roublardise et bonhomie.

   Une fois la vedette lancée vers les sommets, le film se fait plus classique et plus prévisible... jusqu'à la chute, qui suscite l'émotion.

   Baz Luhrmann signe une grande réussite, à voir absolument en salle !

 

CRITIQUE DÉFAVORABLE

   Depuis le succès (mérité) de Bohemian Rhapsody et (dans une moindre mesure) de Rocketman (dont Baz Luhrmann avait refusé de prendre en charge la réalisation), Hollywood sent que les films de super-héros et ceux d'animation ne sont plus les seules machines à cash du Septième Art. Le tout est de trouver la vedette qui a vendu beaucoup de disques et un(e) interprète capable d'endosser le rôle.

   C'est chose faite avec Austin Butler, un comédien vu plutôt auparavant dans des séries (même s'il a été aperçu dans Once upon a time... in Hollywood). Le jeune homme réussit à rendre vie à l'Elvis débutant, des concerts de country bas-de-gamme aux premiers gros succès enregistrés chez RCA. Il est beaucoup moins convaincant en "vieil" Elvis (quadragénaire, ceci dit). On a beau lui faire porter les mêmes fringues et les mêmes lunettes que l'ex-idole des jeunes, l'évolution de l'habillage peine à masquer le fait que l'acteur reste svelte tout au long de l'histoire, alors qu'Elvis était devenu empâté et bouffi à la fin. C'est sans doute pourquoi les ultimes images du King sont extraites de vidéos d'archives (le concert durant lequel il peine à tenir debout ou assis), et non pas une dernière incarnation par Butler.

   En revanche, on perçoit bien le vieillissement progressif de l'autre personnage principal, le colonel Parker, un redoutable filou qui, s'il a contribué à lancer la carrière d'Elvis, a bien vécu sur la bête... Dans le rôle, Tom Hanks est formidable, même si, au bout d'un moment, le fait de voir jouer cet excellent acteur avec d'imposantes prothèses devient agaçant.

   Le film est tout à la gloire d'Elvis. Le scénario gomme (sans les effacer, heureusement) les aspérités du parcours. Ainsi, on ne nous présente que brièvement les infidélités du chanteur-vedette à l'amour de sa vie, la ravissante Priscilla. Tel que c'est montré dans le film, on a l'impression que le King "faute" soit parce qu'il est sous l'emprise de drogues, parce qu'il se sent seul en tournée, soit parce que c'est le seul moyen de se redonner l'envie de vivre... Comme tout mari/compagnon infidèle, il est assez pathétique quand il dit que, malgré tout, Priscilla est la seule qu'il aime...

   Le film est aussi assez discret sur le déclin artistique d'Elvis. La carrière cinématographique du King (dans les années 1960) coïncide avec une baisse des ventes musicales (et des recettes des concerts). Elvis Presley commençait à être considéré comme ringard, les nouvelles vedettes s'appelant Beatles et Rolling Stones.

   Sur le plan formel, le film mêle les styles. Baz Luhrmann (auteur entre autres d'Australia) va parfois jusqu'à saturer l'écran pour suggérer l'explosion de vie et de désir que représente l'émergence du rock façon Elvis. Si le résultat est parfois entraînant, il faut quand même dire que le réalisateur en fait des tonnes.

   Quoi qu'il en soit, c'est un film, certes inégal, mais à voir en salle, sur un très grand écran, avec du bon son.

Elvis (dans la peau)

CRITIQUE FAVORABLE

   La tâche confiée à Baz Luhrmann était ardue : ressusciter la carrière et la vie privée de l'une des icônes de l'Amérique, mettre le tout en scène de manière à la fois crédible et attractive. Il y avait matière à grand film.... encore fallait-il trouver l'interprète. Quasi inconnu du grand public, Austin Butler réalise une performance extraordinaire, de l'ordre de celle de Rami Malek dans Bohemian Rhapsody. Sans être un sosie d'Elvis Presley, il incarne le chanteur et son appétit de vivre... certains diraient même sa "fureur de vivre", puisque l'acteur James Dean semble avoir été une référence pour Elvis, dont le rêve était de briller sur grand écran.

   En attendant la concrétisation de ses espoirs cinématographiques, le jeune homme commence à se faire connaître dans de petits concerts, comme première partie d'une vedette de la country. C'est l'une des influences que le musicien conservera tout au long de sa vie... mais ce n'est sans doute pas la plus importante. La première partie du film montre quel poids a eu la musique afro-américaine dans la genèse de l'artiste. Il a côtoyé (entre autres) BB King, Big Mama Thornton et Little Richard. On découvre un Elvis opposé à la ségrégation, parce qu'elle va contre ses fréquentations et son mode de vie.

   Cette première partie est vraiment excellente. Colorée, variée au niveau de la mise en scène, elle est à la fois riche (sur le fond) et entraînante (sur la forme). Les culs-pincés de la blanche Amérique y sont tournés en dérision. Rien ne semble pouvoir arrêter "Elvis le Pelvis", dont le déhanché fait pâmer les dames et donne des ailes aux messieurs.

   Un autre grand mérite de ce film est de mettre en valeur le rôle du deus ex machina de la carrière de l'artiste, le trouble colonel Parker, vrai manager, mais pas plus Parker que colonel. Tom Hanks est lui aussi formidable dans ce rôle, incarnant avec talent un personnage mêlant cupidité, roublardise et bonhomie.

   Une fois la vedette lancée vers les sommets, le film se fait plus classique et plus prévisible... jusqu'à la chute, qui suscite l'émotion.

   Baz Luhrmann signe une grande réussite, à voir absolument en salle !

 

CRITIQUE DÉFAVORABLE

   Depuis le succès (mérité) de Bohemian Rhapsody et (dans une moindre mesure) de Rocketman (dont Baz Luhrmann avait refusé de prendre en charge la réalisation), Hollywood sent que les films de super-héros et ceux d'animation ne sont plus les seules machines à cash du Septième Art. Le tout est de trouver la vedette qui a vendu beaucoup de disques et un(e) interprète capable d'endosser le rôle.

   C'est chose faite avec Austin Butler, un comédien vu plutôt auparavant dans des séries (même s'il a été aperçu dans Once upon a time... in Hollywood). Le jeune homme réussit à rendre vie à l'Elvis débutant, des concerts de country bas-de-gamme aux premiers gros succès enregistrés chez RCA. Il est beaucoup moins convaincant en "vieil" Elvis (quadragénaire, ceci dit). On a beau lui faire porter les mêmes fringues et les mêmes lunettes que l'ex-idole des jeunes, l'évolution de l'habillage peine à masquer le fait que l'acteur reste svelte tout au long de l'histoire, alors qu'Elvis était devenu empâté et bouffi à la fin. C'est sans doute pourquoi les ultimes images du King sont extraites de vidéos d'archives (le concert durant lequel il peine à tenir debout ou assis), et non pas une dernière incarnation par Butler.

   En revanche, on perçoit bien le vieillissement progressif de l'autre personnage principal, le colonel Parker, un redoutable filou qui, s'il a contribué à lancer la carrière d'Elvis, a bien vécu sur la bête... Dans le rôle, Tom Hanks est formidable, même si, au bout d'un moment, le fait de voir jouer cet excellent acteur avec d'imposantes prothèses devient agaçant.

   Le film est tout à la gloire d'Elvis. Le scénario gomme (sans les effacer, heureusement) les aspérités du parcours. Ainsi, on ne nous présente que brièvement les infidélités du chanteur-vedette à l'amour de sa vie, la ravissante Priscilla. Tel que c'est montré dans le film, on a l'impression que le King "faute" soit parce qu'il est sous l'emprise de drogues, parce qu'il se sent seul en tournée, soit parce que c'est le seul moyen de se redonner l'envie de vivre... Comme tout mari/compagnon infidèle, il est assez pathétique quand il dit que, malgré tout, Priscilla est la seule qu'il aime...

   Le film est aussi assez discret sur le déclin artistique d'Elvis. La carrière cinématographique du King (dans les années 1960) coïncide avec une baisse des ventes musicales (et des recettes des concerts). Elvis Presley commençait à être considéré comme ringard, les nouvelles vedettes s'appelant Beatles et Rolling Stones.

   Sur le plan formel, le film mêle les styles. Baz Luhrmann (auteur entre autres d'Australia) va parfois jusqu'à saturer l'écran pour suggérer l'explosion de vie et de désir que représente l'émergence du rock façon Elvis. Si le résultat est parfois entraînant, il faut quand même dire que le réalisateur en fait des tonnes.

   Quoi qu'il en soit, c'est un film, certes inégal, mais à voir en salle, sur un très grand écran, avec du bon son.

jeudi, 23 juin 2022

Buzz l'éclair

   Quand il apparaissait dans Toy Story, Buzz n'était qu'un jouet un peu grandiloquent, qui prêtait parfois à rire. Ce film-ci nous conte l'histoire du VRAI personnage qui inspira le jouet, un jeune space ranger, héros d'un monde à la technologie de pointe.

   ... et donc, ô surprise, ce Pixar est une œuvre de science-fiction ! Bien évidemment, on y trouve des références à de prestigieux aînés, de 2001, L'Odyssée de l'espace à Interstellar, en passant par Mission to Mars. A l'écran, c'est bigrement bien foutu. Soyez notamment attentifs aux scènes avec les casques d'astronautes : le travail sur les reflets est prodigieux.

   Sur le fond, il est question de réussite et d'échec, d'héroïsme et d'amitié, voire d'amour. On tombe, on échoue, puis on se relève et l'on tente à nouveau de réussir. Pour les enfants, c'est une leçon de vie : même le héros réputé invincible a été un débutant maladroit. On remarque aussi la poursuite du politiquement correct à la sauce Disney : les personnages principaux sont blancs et noirs, hommes et femmes (jeune et moins jeune), hétéro et homo. Quoi qu'on en pense, j'ai bien aimé la bande de bras cassés sur laquelle va s'appuyer Buzz pour tenter de mener sa mission à bien... et puis quel chat extraordinaire, ce Sox !

cinéma,cinema,film,films

   Pendant un peu plus d'une heure trente, on est pris dans un maelstrom d'aventures, de mystères et de relations intenses. A la sortie de la séance, j'ai entendu quelqu'un dire que c'était "le Disney de l'été, voire de l'année". Attendons tout de même les fêtes de Noël pour nous prononcer.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Buzz l'éclair

   Quand il apparaissait dans Toy Story, Buzz n'était qu'un jouet un peu grandiloquent, qui prêtait parfois à rire. Ce film-ci nous conte l'histoire du VRAI personnage qui inspira le jouet, un jeune space ranger, héros d'un monde à la technologie de pointe.

   ... et donc, ô surprise, ce Pixar est une œuvre de science-fiction ! Bien évidemment, on y trouve des références à de prestigieux aînés, de 2001, L'Odyssée de l'espace à Interstellar, en passant par Mission to Mars. A l'écran, c'est bigrement bien foutu. Soyez notamment attentifs aux scènes avec les casques d'astronautes : le travail sur les reflets est prodigieux.

   Sur le fond, il est question de réussite et d'échec, d'héroïsme et d'amitié, voire d'amour. On tombe, on échoue, puis on se relève et l'on tente à nouveau de réussir. Pour les enfants, c'est une leçon de vie : même le héros réputé invincible a été un débutant maladroit. On remarque aussi la poursuite du politiquement correct à la sauce Disney : les personnages principaux sont blancs et noirs, hommes et femmes (jeune et moins jeune), hétéro et homo. Quoi qu'on en pense, j'ai bien aimé la bande de bras cassés sur laquelle va s'appuyer Buzz pour tenter de mener sa mission à bien... et puis quel chat extraordinaire, ce Sox !

cinéma,cinema,film,films

   Pendant un peu plus d'une heure trente, on est pris dans un maelstrom d'aventures, de mystères et de relations intenses. A la sortie de la séance, j'ai entendu quelqu'un dire que c'était "le Disney de l'été, voire de l'année". Attendons tout de même les fêtes de Noël pour nous prononcer.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Coeurs Vaillants

   Le titre de cette fiction à caractère historique est une référence à un célèbre magazine destiné (autrefois) à la jeunesse (dans lequel furent notamment publiées les aventures de Tintin et Milou). C'est aussi une allusion au courage dont vont devoir faire preuve les jeunes héros, des enfants et adolescents  juifs (français et étrangers) tentant d'échapper à la déportation.

   J'ai été agréablement surpris par le casting. Les enfants sont bien dirigés et l'on n'a fait de leur histoire ni un drame insoutenable ni une excursion campagnarde édulcorée. Il est néanmoins vrai qu'une fois que le petit groupe s'est réfugié sur une île, dans les bois, l'intrigue navigue entre l'ambiance de scouts et celle de Sa Majesté des mouches. Les gamines et les gamins sont crédibles quand ils sont confrontés à la faim, à la peur et à la crasse. Le scénario ne cache pas que la mort est parfois au bout du chemin.

   Une autre bonne surprise est la composition de Camille Cottin, qui incarne Rose, un personnage inspiré de Rose Valland (la conservatrice du musée du Jeu de Paume qui a contribué à sauver et retrouver quantité d’œuvres d'art pillées par les nazis). D'année en année, le talent de cette comédienne se confirme. Elle a su s'émanciper du rôle de Connasse ! qui l'a fait connaître. (Pour ceux qui ne les auraient pas encore vus, précipitez-vous sur Stillwater et Mon Légionnaire, où son talent est tout aussi éclatant.) Moins glamour que Cate Blanchett dans Monuments Men, Cottin est sans doute plus proche, dans son interprétation, de ce que fut la véritable Rose Valland...

   ... même si les aventures contées dans ce film sont totalement fictives. A ma connaissance, jamais la conservatrice ne s'est occupée du sauvetage d'enfants juifs. Durant toute la guerre (et même après), elle est restée pleinement (et uniquement) investie dans la préservation, le sauvetage et la récupération d’œuvres d'art.

   Au niveau de la mise en scène, Coeurs Vaillants se distingue par la manière habile dont est utilisé le château de Chambord, un labyrinthe qui regorge de cachettes pour des enfants juifs en fuite. Les scènes tournées dans la tanière puis dans le refuge arboricole sont tout aussi réussies. Cela m'a un peu rappelé des épisodes de la série Zora la Rousse.

   Tout ça pour dire que j'ai été pris par cette intrigue... jusqu'à la scène du pont, vers la fin. J'ai trouvé celle-ci ridicule, mal jouée. On sent que même Camille Cottin n'y croit pas. C'est dommage, parce que cela gâche la bonne impression que m'a laissée ce film.

   P.S.

   Concernant Rose Valland, il serait temps qu'on se décide à lui consacrer un biopic. C'était vraiment quelqu'un de hors du commun, dès avant la Seconde Guerre mondiale. Aux amateurs je signale une courte bande dessinée, signée Catel (à qui l'on doit aussi un ouvrage monumental consacré à Olympe de Gouges) :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   La première partie (dessinée) évoque son action pendant et après la guerre. Lui succède un cahier photographique entrecoupé d'une chronologie détaillée... qui ne passe pas sous silence son orientation sexuelle.

Coeurs Vaillants

   Le titre de cette fiction à caractère historique est une référence à un célèbre magazine destiné (autrefois) à la jeunesse (dans lequel furent notamment publiées les aventures de Tintin et Milou). C'est aussi une allusion au courage dont vont devoir faire preuve les jeunes héros, des enfants et adolescents  juifs (français et étrangers) tentant d'échapper à la déportation.

   J'ai été agréablement surpris par le casting. Les enfants sont bien dirigés et l'on n'a fait de leur histoire ni un drame insoutenable ni une excursion campagnarde édulcorée. Il est néanmoins vrai qu'une fois que le petit groupe s'est réfugié sur une île, dans les bois, l'intrigue navigue entre l'ambiance de scouts et celle de Sa Majesté des mouches. Les gamines et les gamins sont crédibles quand ils sont confrontés à la faim, à la peur et à la crasse. Le scénario ne cache pas que la mort est parfois au bout du chemin.

   Une autre bonne surprise est la composition de Camille Cottin, qui incarne Rose, un personnage inspiré de Rose Valland (la conservatrice du musée du Jeu de Paume qui a contribué à sauver et retrouver quantité d’œuvres d'art pillées par les nazis). D'année en année, le talent de cette comédienne se confirme. Elle a su s'émanciper du rôle de Connasse ! qui l'a fait connaître. (Pour ceux qui ne les auraient pas encore vus, précipitez-vous sur Stillwater et Mon Légionnaire, où son talent est tout aussi éclatant.) Moins glamour que Cate Blanchett dans Monuments Men, Cottin est sans doute plus proche, dans son interprétation, de ce que fut la véritable Rose Valland...

   ... même si les aventures contées dans ce film sont totalement fictives. A ma connaissance, jamais la conservatrice ne s'est occupée du sauvetage d'enfants juifs. Durant toute la guerre (et même après), elle est restée pleinement (et uniquement) investie dans la préservation, le sauvetage et la récupération d’œuvres d'art.

   Au niveau de la mise en scène, Coeurs Vaillants se distingue par la manière habile dont est utilisé le château de Chambord, un labyrinthe qui regorge de cachettes pour des enfants juifs en fuite. Les scènes tournées dans la tanière puis dans le refuge arboricole sont tout aussi réussies. Cela m'a un peu rappelé des épisodes de la série Zora la Rousse.

   Tout ça pour dire que j'ai été pris par cette intrigue... jusqu'à la scène du pont, vers la fin. J'ai trouvé celle-ci ridicule, mal jouée. On sent que même Camille Cottin n'y croit pas. C'est dommage, parce que cela gâche la bonne impression que m'a laissée ce film.

   P.S.

   Concernant Rose Valland, il serait temps qu'on se décide à lui consacrer un biopic. C'était vraiment quelqu'un de hors du commun, dès avant la Seconde Guerre mondiale. Aux amateurs je signale une courte bande dessinée, signée Catel (à qui l'on doit aussi un ouvrage monumental consacré à Olympe de Gouges) :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   La première partie (dessinée) évoque son action pendant et après la guerre. Lui succède un cahier photographique entrecoupé d'une chronologie détaillée... qui ne passe pas sous silence son orientation sexuelle.

mercredi, 22 juin 2022

Je tremble, ô Matador

   Le titre est un extrait des paroles d'une chanson populaire, qui devient une réplique entre les deux personnages principaux, au cours d'un pique-nique (en apparence) bucolique. Bien qu'habillé en femme, l'un des deux amoureux est un travesti, qui se fait parfois appeler La Doña. L'autre est un jeune révolutionnaire. Nous sommes au Chili, dans les années 1980, sous le régime dictatorial d'Augusto Pinochet.

   A cette époque, il vaut mieux ne pas être un "inverti" ou une "tafiole", comme nous le démontre la séquence initiale. Pourtant, La Doña n'est pas une rebelle. Il (Elle... Iel ?) tente de vivre sa vie, profitant des quelques interstices de liberté qui lui sont accordés. Il vit dans un immeuble délabré, au bord de l'effondrement, dans un quartier pauvre qui a des allures de bidonville. (Joli travail sur les décors et la mise en scène.) Ici, on ne le juge pas. La voisine (la seule à posséder un téléphone fixe) lui rend de menus services... mais elle ne veut pas d'ennui. Le jour, La Doña réalise des travaux de couture ou de broderie, parfois pour des femmes d'officiers du régime. Le soir, elle se prostitue...

   ... jusqu'au jour où elle croise Carlos, un jeune révolutionnaire mexicain plein de charme, tolérant... et qui se pose des questions sur son identité sexuelle. (Une sorte de Che Guevara crytpo-gay.) Ce qui au départ n'est qu'une relation amicale, fraternelle, pourrait prendre un autre tournant.

   ... Mais le mystère subsiste sur les raisons qui ont incité Carlos à se rapprocher du milieu des travestis. Il semble être en mission, au cœur d'une opération qui nécessite qu'il passe sous les radars de la police chilienne. Quelle plus belle couverture que la fréquentation d'un milieu certes interlope, mais qui n'est pas considéré comme menaçant par le régime ? Quant à elle, La Doña se méfie autant des communistes que du pouvoir en place : des deux côtés, on méprise les "déviants" sexuels.

   Ne croyez pas toutefois que l'essentiel du propos du film soit politique. C'est la personnalité du vieux travesti qui est au premier plan. J'ai beau ne pas affectionner ce genre d'ambiance, je dois reconnaître que la performance d'Alfredo Castro est remarquable. La relation trouble qui naît entre lui et Carlos est bien mise en scène, avec toutes ses ambiguïtés. Il faut dire aussi que, par petites touches, les personnages évoluent. Le travesti apolitique devient anti-Pinochet, tandis que le beau révolutionnaire hétéro est de plus en plus attiré par l'homme...

   A une réelle qualité de réalisation s'ajoute une chouette musique d'ambiance, constituée notamment de vieilles chansons populaires, des histoires d'amour que chacun peut interpréter à sa guise.

   Cela donne un film très particulier, pas flamboyant ni tapageur, mais qui mérite d'être vu par les cinéphiles.

Je tremble, ô Matador

   Le titre est un extrait des paroles d'une chanson populaire, qui devient une réplique entre les deux personnages principaux, au cours d'un pique-nique (en apparence) bucolique. Bien qu'habillé en femme, l'un des deux amoureux est un travesti, qui se fait parfois appeler La Doña. L'autre est un jeune révolutionnaire. Nous sommes au Chili, dans les années 1980, sous le régime dictatorial d'Augusto Pinochet.

   A cette époque, il vaut mieux ne pas être un "inverti" ou une "tafiole", comme nous le démontre la séquence initiale. Pourtant, La Doña n'est pas une rebelle. Il (Elle... Iel ?) tente de vivre sa vie, profitant des quelques interstices de liberté qui lui sont accordés. Il vit dans un immeuble délabré, au bord de l'effondrement, dans un quartier pauvre qui a des allures de bidonville. (Joli travail sur les décors et la mise en scène.) Ici, on ne le juge pas. La voisine (la seule à posséder un téléphone fixe) lui rend de menus services... mais elle ne veut pas d'ennui. Le jour, La Doña réalise des travaux de couture ou de broderie, parfois pour des femmes d'officiers du régime. Le soir, elle se prostitue...

   ... jusqu'au jour où elle croise Carlos, un jeune révolutionnaire mexicain plein de charme, tolérant... et qui se pose des questions sur son identité sexuelle. (Une sorte de Che Guevara crytpo-gay.) Ce qui au départ n'est qu'une relation amicale, fraternelle, pourrait prendre un autre tournant.

   ... Mais le mystère subsiste sur les raisons qui ont incité Carlos à se rapprocher du milieu des travestis. Il semble être en mission, au cœur d'une opération qui nécessite qu'il passe sous les radars de la police chilienne. Quelle plus belle couverture que la fréquentation d'un milieu certes interlope, mais qui n'est pas considéré comme menaçant par le régime ? Quant à elle, La Doña se méfie autant des communistes que du pouvoir en place : des deux côtés, on méprise les "déviants" sexuels.

   Ne croyez pas toutefois que l'essentiel du propos du film soit politique. C'est la personnalité du vieux travesti qui est au premier plan. J'ai beau ne pas affectionner ce genre d'ambiance, je dois reconnaître que la performance d'Alfredo Castro est remarquable. La relation trouble qui naît entre lui et Carlos est bien mise en scène, avec toutes ses ambiguïtés. Il faut dire aussi que, par petites touches, les personnages évoluent. Le travesti apolitique devient anti-Pinochet, tandis que le beau révolutionnaire hétéro est de plus en plus attiré par l'homme...

   A une réelle qualité de réalisation s'ajoute une chouette musique d'ambiance, constituée notamment de vieilles chansons populaires, des histoires d'amour que chacun peut interpréter à sa guise.

   Cela donne un film très particulier, pas flamboyant ni tapageur, mais qui mérite d'être vu par les cinéphiles.

El buen patron

   Qu'est-ce qu'un "bon patron" ? Quelqu'un comme Blanco, qui perpétue la tradition familiale, à la tête d'une PME spécialisée dans la fabrication de balances ? Peut-être. Il porte beau, affiche des valeurs humanistes, du respect, soutient la diversité sous toutes ses formes, prône l'équité... mais pas l'égalité, hein. (Faut pas déconner, quand même !)

cinéma,cinema,film,films,société,économie

   J'ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer Javier Bardem dans ce rôle ambigu, celui de ce patron paternaliste, habile communicant, dont on se demande jusqu'à quel point il croit à ce qu'il raconte. Le film est bien évidemment ironique, mais l'on ne rit pas vraiment à gorge déployée. On sourit et, parfois, on rit.

   La belle mécanique élaborée par Blanco, dans son entreprise comme dans sa vie, est sur le point de se gripper. Son ami d'enfance, chef de projet dans sa boîte, est devenu un boulet... et un ouvrier licencié fait de la résistance, juste devant l'entrée du site de l'entreprise. Ce qui n'est au départ qu'une petite épine dans le pied pourrait se transformer en coup de poignard : Blanco brûle d'obtenir le prix décerné par la région à l'entreprise vertueuse de l'année, le seul qui manque à son palmarès. Une inspection se profile à l'horizon... et tout pourrait être remis en cause si l'on apprenait que le "père de ses employés" menace certains d'entre eux, licencie sans état d'âme et culbute à l'occasion une jeune stagiaire. La dernière en date lui réserve d'ailleurs quelques surprises.

   C'est donc une comédie engagée, perçue sans doute par nos voisins espagnols comme dans la mouvance de Podemos. Dans la manière dont vivent les "petits" dans le monde de l'entreprise, il y a une certaine représentation de la lutte des classes : le vigile sympathise avec l'ouvrier licencié... qui réussit même à mettre une patrouille de police dans sa poche ! (Cela nous vaut une réplique croustillante de Blanco, qui se désole d'être tombé sur un "policier socialiste"...)

   Le scénario s'amuse à plonger le patron dans la merde (au propre comme au figuré). Mais le gars a de la ressource. La dernière partie nous montre ce à quoi il est prêt pour s'en sortir. La morale est que, si l'on privilégie la loi du plus fort à l'esprit d'entraide, tôt ou tard, le baiseur devient le baisé... et parfois l'inverse.

El buen patron

   Qu'est-ce qu'un "bon patron" ? Quelqu'un comme Blanco, qui perpétue la tradition familiale, à la tête d'une PME spécialisée dans la fabrication de balances ? Peut-être. Il porte beau, affiche des valeurs humanistes, du respect, soutient la diversité sous toutes ses formes, prône l'équité... mais pas l'égalité, hein. (Faut pas déconner, quand même !)

cinéma,cinema,film,films,société,économie

   J'ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer Javier Bardem dans ce rôle ambigu, celui de ce patron paternaliste, habile communicant, dont on se demande jusqu'à quel point il croit à ce qu'il raconte. Le film est bien évidemment ironique, mais l'on ne rit pas vraiment à gorge déployée. On sourit et, parfois, on rit.

   La belle mécanique élaborée par Blanco, dans son entreprise comme dans sa vie, est sur le point de se gripper. Son ami d'enfance, chef de projet dans sa boîte, est devenu un boulet... et un ouvrier licencié fait de la résistance, juste devant l'entrée du site de l'entreprise. Ce qui n'est au départ qu'une petite épine dans le pied pourrait se transformer en coup de poignard : Blanco brûle d'obtenir le prix décerné par la région à l'entreprise vertueuse de l'année, le seul qui manque à son palmarès. Une inspection se profile à l'horizon... et tout pourrait être remis en cause si l'on apprenait que le "père de ses employés" menace certains d'entre eux, licencie sans état d'âme et culbute à l'occasion une jeune stagiaire. La dernière en date lui réserve d'ailleurs quelques surprises.

   C'est donc une comédie engagée, perçue sans doute par nos voisins espagnols comme dans la mouvance de Podemos. Dans la manière dont vivent les "petits" dans le monde de l'entreprise, il y a une certaine représentation de la lutte des classes : le vigile sympathise avec l'ouvrier licencié... qui réussit même à mettre une patrouille de police dans sa poche ! (Cela nous vaut une réplique croustillante de Blanco, qui se désole d'être tombé sur un "policier socialiste"...)

   Le scénario s'amuse à plonger le patron dans la merde (au propre comme au figuré). Mais le gars a de la ressource. La dernière partie nous montre ce à quoi il est prêt pour s'en sortir. La morale est que, si l'on privilégie la loi du plus fort à l'esprit d'entraide, tôt ou tard, le baiseur devient le baisé... et parfois l'inverse.

lundi, 20 juin 2022

Incroyable mais vrai

   Non, il ne va pas être ici question de l'antique émission de Jacques Martin ! (Et là je me rends compte que je vous parle d'un temps que les moins de vingt trente quarante ans ne peuveuuux pas connaîîtreuuux ! ) Non, j'ai décidé de consacrer ce billet au dernier film de Quentin Dupieux, l'inclassable réalisateur de Rubber, plus récemment de Mandibules.

cinéma,cinema,film,films

   L'intrigue tourne autour de deux couples. A gauche ci-dessus, en rouge, se trouvent Marie (Léa Drucker, un peu flippante) et Alain (Alain Chabat, débonnaire et parfois cocasse), qui décident d'acheter leur première maison, pour y vivre ensemble. Ce couple entre deux âges n'a pas d'enfant et vit dans une relative aisance, sans être particulièrement fortuné. On ne sait pas si Marie a une activité professionnelle. Alain lui est cadre dans une compagnie d'assurances, dirigée par son ami Gérard (Benoît Magimel), un beauf friqué et flambeur, dont la nouvelle compagne est Jeanne (Anaïs Demoustier, délicieusement méconnaissable), plus jeune et plus superficielle que les habituelles fréquentations du couple, semble-t-il.

   Des événements quasi surnaturels vont changer la vie de ces deux binômes. Alain et Marie cachent que leur maison possède une pièce secrète, en sous-sol. De leur côté, Gérard et Jeanne explorent un aspect inattendu du transhumanisme... Je n'en dis pas plus pour laisser à chacun(e) le plaisir de la surprise... mais sachez que le repas du soir au cours duquel Gérard et Jeanne évoquent leur secret vaut son pesant de cacahuètes.

   La comédie de mœurs mâtinée de fantastique se suit avec plaisir. Évidemment, la situation va déraper. Sans trop en révéler, je peux quand même dire que Dupieux joue sur certaines obsessions masculines (la performance sexuelle) et féminines (l'apparence physique et les affres du temps).

   Le principal problème, comme dans d'autres films du même cinéaste, est que Dupieux a du mal à tenir un scénario sur la longueur. On sent que certaines scènes ont été étirées pour donner un long-métrage. A l'inverse, on aurait aimé que le réalisateur s'étende davantage sur la partie de l'intrigue qui nous est présentée comme un quasi-roman-photo musical.

   Cela donne une œuvre bancale, qui a du style, mais que j'ai trouvée moins marquante que le récent Petite Fleur.  

00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Incroyable mais vrai

   Non, il ne va pas être ici question de l'antique émission de Jacques Martin ! (Et là je me rends compte que je vous parle d'un temps que les moins de vingt trente quarante ans ne peuveuuux pas connaîîtreuuux ! ) Non, j'ai décidé de consacrer ce billet au dernier film de Quentin Dupieux, l'inclassable réalisateur de Rubber, plus récemment de Mandibules.

cinéma,cinema,film,films

   L'intrigue tourne autour de deux couples. A gauche ci-dessus, en rouge, se trouvent Marie (Léa Drucker, un peu flippante) et Alain (Alain Chabat, débonnaire et parfois cocasse), qui décident d'acheter leur première maison, pour y vivre ensemble. Ce couple entre deux âges n'a pas d'enfant et vit dans une relative aisance, sans être particulièrement fortuné. On ne sait pas si Marie a une activité professionnelle. Alain lui est cadre dans une compagnie d'assurances, dirigée par son ami Gérard (Benoît Magimel), un beauf friqué et flambeur, dont la nouvelle compagne est Jeanne (Anaïs Demoustier, délicieusement méconnaissable), plus jeune et plus superficielle que les habituelles fréquentations du couple, semble-t-il.

   Des événements quasi surnaturels vont changer la vie de ces deux binômes. Alain et Marie cachent que leur maison possède une pièce secrète, en sous-sol. De leur côté, Gérard et Jeanne explorent un aspect inattendu du transhumanisme... Je n'en dis pas plus pour laisser à chacun(e) le plaisir de la surprise... mais sachez que le repas du soir au cours duquel Gérard et Jeanne évoquent leur secret vaut son pesant de cacahuètes.

   La comédie de mœurs mâtinée de fantastique se suit avec plaisir. Évidemment, la situation va déraper. Sans trop en révéler, je peux quand même dire que Dupieux joue sur certaines obsessions masculines (la performance sexuelle) et féminines (l'apparence physique et les affres du temps).

   Le principal problème, comme dans d'autres films du même cinéaste, est que Dupieux a du mal à tenir un scénario sur la longueur. On sent que certaines scènes ont été étirées pour donner un long-métrage. A l'inverse, on aurait aimé que le réalisateur s'étende davantage sur la partie de l'intrigue qui nous est présentée comme un quasi-roman-photo musical.

   Cela donne une œuvre bancale, qui a du style, mais que j'ai trouvée moins marquante que le récent Petite Fleur.  

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dimanche, 19 juin 2022

Le Chemin du bonheur

   Il semble bien tortueux pour le héros de cette histoire, Saül, restaurateur bruxellois juif, dragueur, généreux et dingue de cinéma, dont il est une encyclopédie vivante. Nous sommes en 1987 et ce fringant quinquagénaire, célibataire sans enfant, va voir sa vie bouleversée pour deux raisons. La première est le film que son jeune employé chilien (fils d'une réfugiée politique) veut réaliser sur la période de son enfance, pendant la guerre. La seconde est l'entrée dans son restaurant (et dans sa vie) d'une nouvelle cliente, belle, énigmatique, fuyante... et projectionniste de cinéma !

   Cette histoire vaut surtout le détour pour l'abattage de Simon Abkarian, qui est de toutes les scènes se déroulant dans les années 1980. Il fait montre de son talent, dans presque tous les registres. Mais son personnage est un peu "trop" : trop généreux, trop tombeur, trop érudit (que de citations de films !)... trop "secrètement" torturé. J'ai trouvé les scènes se déroulant dans son "delicatessen" souvent kitsch, surjouées, en dépit des nombreux invités prestigieux (comme Michel Vuillermoz, Mathilda May et Brigitte Fossey, celle-ci très mal utilisée). Je fais aussi partie des spectateurs qui ont été gênés qu'Eric Caravaca interprète deux personnages : celui de l'acteur vedette en 1987 (fils de Brigitte Fossey) et celui du père adoptif du jeune héros, au début des années 1940.

   En revanche, les séquences anciennes, situées entre 1937 et 1945, sont plutôt bien fichues, bien que parfois jouées de manière trop appuyée. Au vu de la qualité de la distribution, je pense que le problème se situe au niveau de la direction d'acteurs. Ceci dit, l'insertion de ses séquences est à mon avis bien pensée. En fonction du moment où elles sont placées, elles évoquent tantôt les souvenirs du Simon âgé, tantôt l'adaptation possible du scénario en cours d'écriture, tantôt le long-métrage en train d'être tourné (dans la dernière partie de l'intrigue).

   Au passif du film, je place la manière différente dont les rescapés du génocide en gèrent le souvenir, plus de quarante ans après. C'est maladroitement mis en scène... et l'on sent venir de très loin la révélation concernant Hannah.

   Enfin, j'ai relevé quelques anachronismes. Ainsi, évoquant le génocide des juifs, Saül utilise à plusieurs reprises le terme Shoah. Certes, l'étonnant (et formidable) documentaire de Claude Lanzmann était sorti en 1985 et il avait très tôt suscité un grand écho. Mais il a fallu pas mal d'années pour que son titre finisse par remplacer, dans le langage courant, d'autres manières de nommer le génocide. De plus, j'ai été étonné que, dans le film, des critiques de cinéma se plaignent de voir « encore » un film sur l'extermination des juifs. A l'époque, ceux-ci n'étaient pas si fréquents. C'est plutôt une attitude typique du XXIe siècle... pas forcément acceptable : un bon film reste un film à voir, quel que soit son sujet, même s'il a déjà été abordé à de multiplies reprises, sous divers angles. Malheureusement, Le Chemin du bonheur ne rentre pas dans cette catégorie.

Le Chemin du bonheur

   Il semble bien tortueux pour le héros de cette histoire, Saül, restaurateur bruxellois juif, dragueur, généreux et dingue de cinéma, dont il est une encyclopédie vivante. Nous sommes en 1987 et ce fringant quinquagénaire, célibataire sans enfant, va voir sa vie bouleversée pour deux raisons. La première est le film que son jeune employé chilien (fils d'une réfugiée politique) veut réaliser sur la période de son enfance, pendant la guerre. La seconde est l'entrée dans son restaurant (et dans sa vie) d'une nouvelle cliente, belle, énigmatique, fuyante... et projectionniste de cinéma !

   Cette histoire vaut surtout le détour pour l'abattage de Simon Abkarian, qui est de toutes les scènes se déroulant dans les années 1980. Il fait montre de son talent, dans presque tous les registres. Mais son personnage est un peu "trop" : trop généreux, trop tombeur, trop érudit (que de citations de films !)... trop "secrètement" torturé. J'ai trouvé les scènes se déroulant dans son "delicatessen" souvent kitsch, surjouées, en dépit des nombreux invités prestigieux (comme Michel Vuillermoz, Mathilda May et Brigitte Fossey, celle-ci très mal utilisée). Je fais aussi partie des spectateurs qui ont été gênés qu'Eric Caravaca interprète deux personnages : celui de l'acteur vedette en 1987 (fils de Brigitte Fossey) et celui du père adoptif du jeune héros, au début des années 1940.

   En revanche, les séquences anciennes, situées entre 1937 et 1945, sont plutôt bien fichues, bien que parfois jouées de manière trop appuyée. Au vu de la qualité de la distribution, je pense que le problème se situe au niveau de la direction d'acteurs. Ceci dit, l'insertion de ses séquences est à mon avis bien pensée. En fonction du moment où elles sont placées, elles évoquent tantôt les souvenirs du Simon âgé, tantôt l'adaptation possible du scénario en cours d'écriture, tantôt le long-métrage en train d'être tourné (dans la dernière partie de l'intrigue).

   Au passif du film, je place la manière différente dont les rescapés du génocide en gèrent le souvenir, plus de quarante ans après. C'est maladroitement mis en scène... et l'on sent venir de très loin la révélation concernant Hannah.

   Enfin, j'ai relevé quelques anachronismes. Ainsi, évoquant le génocide des juifs, Saül utilise à plusieurs reprises le terme Shoah. Certes, l'étonnant (et formidable) documentaire de Claude Lanzmann était sorti en 1985 et il avait très tôt suscité un grand écho. Mais il a fallu pas mal d'années pour que son titre finisse par remplacer, dans le langage courant, d'autres manières de nommer le génocide. De plus, j'ai été étonné que, dans le film, des critiques de cinéma se plaignent de voir « encore » un film sur l'extermination des juifs. A l'époque, ceux-ci n'étaient pas si fréquents. C'est plutôt une attitude typique du XXIe siècle... pas forcément acceptable : un bon film reste un film à voir, quel que soit son sujet, même s'il a déjà été abordé à de multiplies reprises, sous divers angles. Malheureusement, Le Chemin du bonheur ne rentre pas dans cette catégorie.

samedi, 18 juin 2022

Petite Fleur

   C'est l'histoire d'un couple franco-argentin qui s'installe à Clermont-Ferrand, au moment de la naissance de son premier enfant. Lui (argentin) est un dessinateur qui a connu un certain succès, mais qui peine à rebondir. Elle (française) est journaliste et ne se voit pas en mère au foyer. Le couple est assez "ardent", très bien campé par Daniel Hendler et Vimala Pons.

   La situation se complique pour José (le dessinateur), qui se retrouve au chômage et, de plus en plus, dans le rôle de père au foyer. Il a du mal à l'accepter, puis il découvre les joies de la paternité active. C'est assez cocasse, mais là n'est pas le meilleur du film. Il faut attendre l'arrivée à l'écran d'un étrange voisin, Jean-Claude, un cadre sup' dandy, esthète, amateur de jazz et de vin chic... et, accessoirement, victime du défoulement de José. Dans le rôle, Melvil Poupaud est excellent.

   La trouvaille scénaristique majeure est la "résurrection" perpétuelle de ce personnage, sans que cela lui paraisse anormal. Il ne semble pas non plus tenir rigueur à José de la petite habitude qu'il prend : le zigouiller chaque semaine, le même jour (mais de manière à chaque fois différente), sachant que ce rituel annonce une soirée réussie avec sa compagne, de retour du boulot... et totalement ignorante de ce qu'il se passe dans le voisinage. (Notons que, contrairement à ce qui se produit dans Un Jour sans fin, le héros ne revit pas sans cesse la même journée.)

   La mise en scène est taquine, nous faisant croire par certains plans que ce à quoi on s'attend va se produire, faisant durer le plaisir l'attente... Le doute est aussi instillé quant à la nature de « l'amitié » qui finit par se nouer entre José et Jean-Claude.

   A cette première partie très emballante succède une seconde, sur un autre ton. Un personnage sulfureux entre en scène : Bruno (Sergi Lopez, très bien), sorte de gourou adepte des thérapies de groupe... un peu escroc sur les bords. Le personnage féminin regagne alors en importance (pas tout à fait celle qu'il avait au début, avant que José ne rencontre son voisin) et l'on se demande où le scénario est en train de nous entraîner...

   Je ne dévoilerai pas la fin, mais sachez que celle-ci donne sans doute la clé du rôle de Jean-Claude. Quant au titre du film, il est bien évidemment une référence au tube de Sidney Bechet, dont on entend plusieurs versions (dont une par Henri Salvador et une par Benjamin Biolay). Je ne révèlerai pas non plus ce que signifie l'irruption de ce morceau dans l'intrigue, à plusieurs reprises...

   C'est pour moi une très bonne surprise, un film qui tranche au niveau du style et du ton... et ce n'est pas qu'un jeu de mots !

   P.S.

   Si j'ai bien lu le générique de fin, les dessins que l'ont voit José réaliser sont l’œuvre de Mathieu Burniat.

16:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Petite Fleur

   C'est l'histoire d'un couple franco-argentin qui s'installe à Clermont-Ferrand, au moment de la naissance de son premier enfant. Lui (argentin) est un dessinateur qui a connu un certain succès, mais qui peine à rebondir. Elle (française) est journaliste et ne se voit pas en mère au foyer. Le couple est assez "ardent", très bien campé par Daniel Hendler et Vimala Pons.

   La situation se complique pour José (le dessinateur), qui se retrouve au chômage et, de plus en plus, dans le rôle de père au foyer. Il a du mal à l'accepter, puis il découvre les joies de la paternité active. C'est assez cocasse, mais là n'est pas le meilleur du film. Il faut attendre l'arrivée à l'écran d'un étrange voisin, Jean-Claude, un cadre sup' dandy, esthète, amateur de jazz et de vin chic... et, accessoirement, victime du défoulement de José. Dans le rôle, Melvil Poupaud est excellent.

   La trouvaille scénaristique majeure est la "résurrection" perpétuelle de ce personnage, sans que cela lui paraisse anormal. Il ne semble pas non plus tenir rigueur à José de la petite habitude qu'il prend : le zigouiller chaque semaine, le même jour (mais de manière à chaque fois différente), sachant que ce rituel annonce une soirée réussie avec sa compagne, de retour du boulot... et totalement ignorante de ce qu'il se passe dans le voisinage. (Notons que, contrairement à ce qui se produit dans Un Jour sans fin, le héros ne revit pas sans cesse la même journée.)

   La mise en scène est taquine, nous faisant croire par certains plans que ce à quoi on s'attend va se produire, faisant durer le plaisir l'attente... Le doute est aussi instillé quant à la nature de « l'amitié » qui finit par se nouer entre José et Jean-Claude.

   A cette première partie très emballante succède une seconde, sur un autre ton. Un personnage sulfureux entre en scène : Bruno (Sergi Lopez, très bien), sorte de gourou adepte des thérapies de groupe... un peu escroc sur les bords. Le personnage féminin regagne alors en importance (pas tout à fait celle qu'il avait au début, avant que José ne rencontre son voisin) et l'on se demande où le scénario est en train de nous entraîner...

   Je ne dévoilerai pas la fin, mais sachez que celle-ci donne sans doute la clé du rôle de Jean-Claude. Quant au titre du film, il est bien évidemment une référence au tube de Sidney Bechet, dont on entend plusieurs versions (dont une par Henri Salvador et une par Benjamin Biolay). Je ne révèlerai pas non plus ce que signifie l'irruption de ce morceau dans l'intrigue, à plusieurs reprises...

   C'est pour moi une très bonne surprise, un film qui tranche au niveau du style et du ton... et ce n'est pas qu'un jeu de mots !

   P.S.

   Si j'ai bien lu le générique de fin, les dessins que l'ont voit José réaliser sont l’œuvre de Mathieu Burniat.

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dimanche, 12 juin 2022

Jurassic World III

   Il aura fallu attendre quatre ans pour voir la conclusion de la trilogie... et de l'ensemble de la saga, puisqu'une partie de la distribution de Jurassic Park a été appelée à la rescousse : Laura Dern et Sam Neill, que viennent compléter B.D. Wong et Jeff Goldblum, déjà présents dans les deux trilogies.

   A la fin de Fallen Kingdom, on avait laissé les héros avec un beau bordel : tout plein de dinosaures relâchés dans la nature. L'histoire commence quelques années plus tard, dans un monde où les humains tentent de vivre avec la présence de ces grosses bébêtes reconstituées. Cela donne à ce début un tour tantôt cocasse, tantôt poétique, tantôt menaçant. C'est bigrement bien foutu... mais ce n'est pas la séquence introductive prévue à l'origine !

   Une autre surprise est la découverte de la famille recomposée formée par Claire (Bryce Dallas Howard), Owen (Chris Pratt) et la jeune Maisie (qui, rappelons-le, est un clone). Celle-ci est en pleine crise existentielle, au moment de l'adolescence qui plus est... bref, la gamine sage et prodigieuse s'est transformée en casse-couilles que ses parents super-intelligents ne savent pas trop comment gérer. Il leur faut de surcroît la protéger, contre des scientifiques rapaces qui ont engagé des hommes de main.

   Je ne sais pas si c'est voulu par la production, mais les deux vedettes incarnant les parents ont l'air d'avoir pris un petit coup de vieux par rapport aux premiers films. Ce sont désormais des quadras, Bryce s'étant un peu empâtée (plus question de piquer un sprint en chaussures à talons en pleine jungle), Chris apparaissant un peu moins punchy.

   Sur le fond, l'intrigue joue sur des idées à la mode, de la lutte antispéciste à la dénonciation des grandes firmes de biotechnologies. L'une d'entre elles sait se présenter sous un jour reluisant... alors que ses intentions réelles sont plus obscures.

   Pour des raisons différentes, les groupes de héros vont chercher à pénétrer dans la sorte de Googleplex de l'entreprise, dont le dirigeant semble être un double de Steve Jobs. Ce n'est pas l'une des moindres invraisemblances de l'histoire que de voir un si petit nombre de personnes (certaines très âgées) parvenir à déjouer les systèmes de surveillance les plus perfectionnés pour, finalement, foutre en l'air un complexe ultramoderne !

   Pour apprécier pleinement ce film, il faut donc laisser un peu de sa raison au vestiaire. Sinon, on risque d'à peine frissonner lorsqu'on verra de vilaines grosses bêtes (avec de grandes dents) tenter de boulotter les héros... qui s'en sortent presque toujours "juste à temps". On risque aussi de ricaner méchamment lors du méga affrontement final (entre deux puis trois monstres), les protagonistes humains en réchappant tous comme par miracle !

   Mais, franchement, dans une grande salle, bien équipée, c'est un sacré spectacle ! Les effets spéciaux sont excellents. Les interactions entre les acteurs et les créatures numériques (ou animées) sont très bien rendues à l'écran. C'est cependant bruyamment mis en musique. (Michael Giacchino, qu'as-tu fait de ta subtilité ?)

   J'ai vraiment passé un bon moment, tout en étant conscient de ne pas voir un chef-d’œuvre.

00:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Jurassic World III

   Il aura fallu attendre quatre ans pour voir la conclusion de la trilogie... et de l'ensemble de la saga, puisqu'une partie de la distribution de Jurassic Park a été appelée à la rescousse : Laura Dern et Sam Neill, que viennent compléter B.D. Wong et Jeff Goldblum, déjà présents dans les deux trilogies.

   A la fin de Fallen Kingdom, on avait laissé les héros avec un beau bordel : tout plein de dinosaures relâchés dans la nature. L'histoire commence quelques années plus tard, dans un monde où les humains tentent de vivre avec la présence de ces grosses bébêtes reconstituées. Cela donne à ce début un tour tantôt cocasse, tantôt poétique, tantôt menaçant. C'est bigrement bien foutu... mais ce n'est pas la séquence introductive prévue à l'origine !

   Une autre surprise est la découverte de la famille recomposée formée par Claire (Bryce Dallas Howard), Owen (Chris Pratt) et la jeune Maisie (qui, rappelons-le, est un clone). Celle-ci est en pleine crise existentielle, au moment de l'adolescence qui plus est... bref, la gamine sage et prodigieuse s'est transformée en casse-couilles que ses parents super-intelligents ne savent pas trop comment gérer. Il leur faut de surcroît la protéger, contre des scientifiques rapaces qui ont engagé des hommes de main.

   Je ne sais pas si c'est voulu par la production, mais les deux vedettes incarnant les parents ont l'air d'avoir pris un petit coup de vieux par rapport aux premiers films. Ce sont désormais des quadras, Bryce s'étant un peu empâtée (plus question de piquer un sprint en chaussures à talons en pleine jungle), Chris apparaissant un peu moins punchy.

   Sur le fond, l'intrigue joue sur des idées à la mode, de la lutte antispéciste à la dénonciation des grandes firmes de biotechnologies. L'une d'entre elles sait se présenter sous un jour reluisant... alors que ses intentions réelles sont plus obscures.

   Pour des raisons différentes, les groupes de héros vont chercher à pénétrer dans la sorte de Googleplex de l'entreprise, dont le dirigeant semble être un double de Steve Jobs. Ce n'est pas l'une des moindres invraisemblances de l'histoire que de voir un si petit nombre de personnes (certaines très âgées) parvenir à déjouer les systèmes de surveillance les plus perfectionnés pour, finalement, foutre en l'air un complexe ultramoderne !

   Pour apprécier pleinement ce film, il faut donc laisser un peu de sa raison au vestiaire. Sinon, on risque d'à peine frissonner lorsqu'on verra de vilaines grosses bêtes (avec de grandes dents) tenter de boulotter les héros... qui s'en sortent presque toujours "juste à temps". On risque aussi de ricaner méchamment lors du méga affrontement final (entre deux puis trois monstres), les protagonistes humains en réchappant tous comme par miracle !

   Mais, franchement, dans une grande salle, bien équipée, c'est un sacré spectacle ! Les effets spéciaux sont excellents. Les interactions entre les acteurs et les créatures numériques (ou animées) sont très bien rendues à l'écran. C'est cependant bruyamment mis en musique. (Michael Giacchino, qu'as-tu fait de ta subtilité ?)

   J'ai vraiment passé un bon moment, tout en étant conscient de ne pas voir un chef-d’œuvre.

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mardi, 07 juin 2022

Tandem "soulagien"

   La chaîne France 3 diffuse actuellement la sixième saison de la comédie policière Tandem, dont les héros (un couple d'officiers de gendarmerie divorcés, mais qui continuent à travailler dans la même brigade) sont incarnés par Astrid Veillon et Stéphane Blancafort.

   J'ai découvert cette série à sa quatrième saison, pendant le premier confinement. Je lui suis resté fidèle, contrairement à d'autres (françaises comme américaines) qui, pour moi, se sont essoufflées. J'aime le mélange d'intrigue policière et de comédie familiale, pimentées parfois d'un poil d'Histoire ou de légendes locales.

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Dans le cinquième épisode de la sixième saison (diffusé ce mardi soir, sous le titre "Cœur de pirate"), ce ne sont pas les démêlés des héros qui ont le plus retenu mon attention, mais une anecdote concernant deux personnages secondaires : à gauche Thomas (le fils des gendarmes qui, au grand dam de ses parents, effectue un stage dans la brigade), à droite Célestin (un enquêteur zélé mais un peu casse-couille, qui essaie toujours de se faire bien voir de la hiérarchie). Le premier ne sait comment attirer l'attention de Nour, la cousine d'une collègue de son père. Il joue la carte culturelle :

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Le second se propose de lui donner des conseils. Voici ce qu'on entend au cours de l'épisode :

VP100007.MP3

   Donc, draguer une fille en lui proposant d'aller voir une expo Soulages, c'est un peu ringard (en tout cas, sûrement intello)...

   Au niveau culturel, l'épisode ne manque pas d'intérêt, puisqu'il est question du trésor du pirate Barberoussette... non, pas Barberousse. Barberoussette (alias Gaspard Dot) a bien existé et il n'a pas laissé que de bons souvenirs dans la région. Ah, j'aime quand, au cours d'une enquête, il est question d'archéologie (comme dans le troisième épisode de la saison 4) ou des Templiers (dans le onzième épisode de la saison 3) !

Tandem "soulagien"

   La chaîne France 3 diffuse actuellement la sixième saison de la comédie policière Tandem, dont les héros (un couple d'officiers de gendarmerie divorcés, mais qui continuent à travailler dans la même brigade) sont incarnés par Astrid Veillon et Stéphane Blancafort.

   J'ai découvert cette série à sa quatrième saison, pendant le premier confinement. Je lui suis resté fidèle, contrairement à d'autres (françaises comme américaines) qui, pour moi, se sont essoufflées. J'aime le mélange d'intrigue policière et de comédie familiale, pimentées parfois d'un poil d'Histoire ou de légendes locales.

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   Dans le cinquième épisode de la sixième saison (diffusé ce mardi soir, sous le titre "Cœur de pirate"), ce ne sont pas les démêlés des héros qui ont le plus retenu mon attention, mais une anecdote concernant deux personnages secondaires : à gauche Thomas (le fils des gendarmes qui, au grand dam de ses parents, effectue un stage dans la brigade), à droite Célestin (un enquêteur zélé mais un peu casse-couille, qui essaie toujours de se faire bien voir de la hiérarchie). Le premier ne sait comment attirer l'attention de Nour, la cousine d'une collègue de son père. Il joue la carte culturelle :

télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,cinéma,cinema,film,films

   Le second se propose de lui donner des conseils. Voici ce qu'on entend au cours de l'épisode :

VP100007.MP3

   Donc, draguer une fille en lui proposant d'aller voir une expo Soulages, c'est un peu ringard (en tout cas, sûrement intello)...

   Au niveau culturel, l'épisode ne manque pas d'intérêt, puisqu'il est question du trésor du pirate Barberoussette... non, pas Barberousse. Barberoussette (alias Gaspard Dot) a bien existé et il n'a pas laissé que de bons souvenirs dans la région. Ah, j'aime quand, au cours d'une enquête, il est question d'archéologie (comme dans le troisième épisode de la saison 4) ou des Templiers (dans le onzième épisode de la saison 3) !

lundi, 06 juin 2022

Evolution

   De Kornel Mundruczo j'avais bien aimé (il y a quelques années) White Dog. L'idée de traiter d'un sujet à travers trois personnages issus de la même famille, à trois époques différentes, m'a incité à aller voir Evolution.

   On est cueilli par la première séquence, qui dure environ vingt minutes, dont plus de quinze sans le moindre dialogue. L'action démarre dans une pièce vide, aux parois maculées, le plafond parcouru de tuyaux se terminant, à intervalle régulier, par une sorte de pommeau de douche. On ne nous dit ni où ni quand on se trouve. (A la toute fin de la séquence, c'est devenu évident, sans qu'aucun nom ni aucune date n'aient été indiqués.)

   Un groupe d'hommes d'âges différents entreprend de nettoyer cette mystérieuse pièce, parois incluses. Aucun déchet n'est visible à l’œil nu... et pourtant, au bout d'un moment, chaque homme finit par extraire quelque chose d'un endroit de la pièce... jusqu'à la découverte finale. Cette séquence, très bien mise en scène, justifie à elle seule d'aller voir le film... mais je ne cache pas qu'on pourrait se passer de la suite, nettement moins brillante.

   Une ellipse nous projette en Allemagne, des dizaines d'années plus tard. Une femme âgée peine à survivre dans un appartement en mauvais état. De plus, elle commence à montrer les symptômes de la maladie d'Alzheimer. L'arrivée de sa fille arrange et complique tout. Entre les deux femmes, il y a un passif, celui du passé. Le passé qui est encore très présent chez la mère... et qu'elle a placé tel un fardeau sur les épaules de sa fille. En théorie, cela pourrait donner quelque chose d'intéressant. Mais c'est mal filmé (sous prétexte de mettre en scène la confusion) et surtout excessivement bavard... pas facile de suivre du hongrois sous-titré !

   Une nouvelle ellipse nous conduit quelques années plus tard. Au cœur de la troisième historiette se trouve un personnage cité dans la précédente, un (pré)adolescent mal dans sa peau et victime de harcèlement. Il ne trouve du réconfort que dans le macabre (l'univers des zombies) et en compagnie d'une camarade d'école, qui elle aussi a un profil particulier. Cette dernière est le personnage le plus intéressant, le garçon étant un enfant gâté par sa mère (et sa chambre un véritable dépotoir, où surnagent nombre d'équipements qui ont dû coûter un bras à sa génitrice). Entre difficultés scolaires et renaissance de l'antisémitisme, cette partie se perd un peu, concluant sur un message certes positif (l'amour rapproche les gens de cultures différentes), mais mis en scène avec des moufles.

   Je trouve que les critiques professionnels ont un peu survendu ce film.

Evolution

   De Kornel Mundruczo j'avais bien aimé (il y a quelques années) White Dog. L'idée de traiter d'un sujet à travers trois personnages issus de la même famille, à trois époques différentes, m'a incité à aller voir Evolution.

   On est cueilli par la première séquence, qui dure environ vingt minutes, dont plus de quinze sans le moindre dialogue. L'action démarre dans une pièce vide, aux parois maculées, le plafond parcouru de tuyaux se terminant, à intervalle régulier, par une sorte de pommeau de douche. On ne nous dit ni où ni quand on se trouve. (A la toute fin de la séquence, c'est devenu évident, sans qu'aucun nom ni aucune date n'aient été indiqués.)

   Un groupe d'hommes d'âges différents entreprend de nettoyer cette mystérieuse pièce, parois incluses. Aucun déchet n'est visible à l’œil nu... et pourtant, au bout d'un moment, chaque homme finit par extraire quelque chose d'un endroit de la pièce... jusqu'à la découverte finale. Cette séquence, très bien mise en scène, justifie à elle seule d'aller voir le film... mais je ne cache pas qu'on pourrait se passer de la suite, nettement moins brillante.

   Une ellipse nous projette en Allemagne, des dizaines d'années plus tard. Une femme âgée peine à survivre dans un appartement en mauvais état. De plus, elle commence à montrer les symptômes de la maladie d'Alzheimer. L'arrivée de sa fille arrange et complique tout. Entre les deux femmes, il y a un passif, celui du passé. Le passé qui est encore très présent chez la mère... et qu'elle a placé tel un fardeau sur les épaules de sa fille. En théorie, cela pourrait donner quelque chose d'intéressant. Mais c'est mal filmé (sous prétexte de mettre en scène la confusion) et surtout excessivement bavard... pas facile de suivre du hongrois sous-titré !

   Une nouvelle ellipse nous conduit quelques années plus tard. Au cœur de la troisième historiette se trouve un personnage cité dans la précédente, un (pré)adolescent mal dans sa peau et victime de harcèlement. Il ne trouve du réconfort que dans le macabre (l'univers des zombies) et en compagnie d'une camarade d'école, qui elle aussi a un profil particulier. Cette dernière est le personnage le plus intéressant, le garçon étant un enfant gâté par sa mère (et sa chambre un véritable dépotoir, où surnagent nombre d'équipements qui ont dû coûter un bras à sa génitrice). Entre difficultés scolaires et renaissance de l'antisémitisme, cette partie se perd un peu, concluant sur un message certes positif (l'amour rapproche les gens de cultures différentes), mais mis en scène avec des moufles.

   Je trouve que les critiques professionnels ont un peu survendu ce film.

dimanche, 05 juin 2022

J'adore ce que vous faites

   Et c'est parti pour une comédie "à la française", signée Philippe Guillard, qui a déjà dirigé Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo et Papi-Sitter. L'intrigue s'inspire sans trop le cacher de L'Emmerdeur et surtout du Boulet (déjà avec Gérard Lanvin), cité au cours de plusieurs dialogues. On ne doit donc pas s'attendre à une originalité folle.

   Gérard Lanvin est dans son propre rôle, celui d'un acteur vieillissant, ancienne gloire des salles obscures pour laquelle les bons rôles se font de plus en plus rares. Une occasion se présente avec le tournage de la partie française de l'intrigue d'un film américain consacré au Débarquement de Provence (celui d'août 1944).

   Au départ, tout semble bien "se goupiller" pour l'acteur. Il va jouer dans une superproduction, est logé dans une villa de standing et s'entend bien avec le réalisateur états-unien. Petit à petit, tout se dégrade... à commencer par l'ambiance à la villa. Y contribue fortement un employé de l'entreprise d'entretien de piscines, "Momo", un gentil lourdaud, d'autant plus envahissant que lui et sa famille (à l'exception d'un beau-frère ou d'un cousin) sont des fans absolus de... Gérard Lanvin. Ses maladresses contribuent à compliquer l'existence du comédien, qui, dans son travail, n'aime rien tant que la rigueur et l'absence de surprise.

   Dans le rôle de Momo, Artus est très bon. On dirait que cela a été écrit pour lui. Il a de l'allant, du bagout et n'a pas peur du ridicule. Comme Lanvin a volontiers adopté le costume de psychorigide qu'on a cousu pour lui, l'association des deux fonctionne bien, sans faire toutefois d'étincelles.

   Sans surprise, on passe de la phase découverte et amusement, à celle de l'agacement, puis de la colère, de la rupture avant que, bien entendu, une réconciliation ne survienne. Il n'y a pas grand chose à attendre de ce côté-ci.

   Sur le fond, l'histoire n'est pas si idiote que ça. Elle rappelle aux vedettes du cinéma populaire que, derrière leur célébrité et leur confort pécuniaire, il y a des spectateurs parfois d'origine très modeste, auxquels ils ont apporté un peu de bonheur. Leur affection,  aussi maladroitement exprimée soit-elle, n'est pas méprisable. La scène qui se passe chez la mère de Momo (avec Lanvin) est à cet égard très réussie.

   Je ne vais pas en rajouter. Ce n'est pas la comédie du siècle, mais un honnête divertissement.

   P.S.

   Le générique de fin contient un clin d’œil aux circonstances dans lesquelles le film a été réalisé : le président Emmanuel Macron y est remercié pour avoir attendu (que s'achève) le dernier jour de tournage pour confiner les Français !

16:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

J'adore ce que vous faites

   Et c'est parti pour une comédie "à la française", signée Philippe Guillard, qui a déjà dirigé Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo et Papi-Sitter. L'intrigue s'inspire sans trop le cacher de L'Emmerdeur et surtout du Boulet (déjà avec Gérard Lanvin), cité au cours de plusieurs dialogues. On ne doit donc pas s'attendre à une originalité folle.

   Gérard Lanvin est dans son propre rôle, celui d'un acteur vieillissant, ancienne gloire des salles obscures pour laquelle les bons rôles se font de plus en plus rares. Une occasion se présente avec le tournage de la partie française de l'intrigue d'un film américain consacré au Débarquement de Provence (celui d'août 1944).

   Au départ, tout semble bien "se goupiller" pour l'acteur. Il va jouer dans une superproduction, est logé dans une villa de standing et s'entend bien avec le réalisateur états-unien. Petit à petit, tout se dégrade... à commencer par l'ambiance à la villa. Y contribue fortement un employé de l'entreprise d'entretien de piscines, "Momo", un gentil lourdaud, d'autant plus envahissant que lui et sa famille (à l'exception d'un beau-frère ou d'un cousin) sont des fans absolus de... Gérard Lanvin. Ses maladresses contribuent à compliquer l'existence du comédien, qui, dans son travail, n'aime rien tant que la rigueur et l'absence de surprise.

   Dans le rôle de Momo, Artus est très bon. On dirait que cela a été écrit pour lui. Il a de l'allant, du bagout et n'a pas peur du ridicule. Comme Lanvin a volontiers adopté le costume de psychorigide qu'on a cousu pour lui, l'association des deux fonctionne bien, sans faire toutefois d'étincelles.

   Sans surprise, on passe de la phase découverte et amusement, à celle de l'agacement, puis de la colère, de la rupture avant que, bien entendu, une réconciliation ne survienne. Il n'y a pas grand chose à attendre de ce côté-ci.

   Sur le fond, l'histoire n'est pas si idiote que ça. Elle rappelle aux vedettes du cinéma populaire que, derrière leur célébrité et leur confort pécuniaire, il y a des spectateurs parfois d'origine très modeste, auxquels ils ont apporté un peu de bonheur. Leur affection,  aussi maladroitement exprimée soit-elle, n'est pas méprisable. La scène qui se passe chez la mère de Momo (avec Lanvin) est à cet égard très réussie.

   Je ne vais pas en rajouter. Ce n'est pas la comédie du siècle, mais un honnête divertissement.

   P.S.

   Le générique de fin contient un clin d’œil aux circonstances dans lesquelles le film a été réalisé : le président Emmanuel Macron y est remercié pour avoir attendu (que s'achève) le dernier jour de tournage pour confiner les Français !

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Compétition officielle

   Le fait que ce film sorte juste après la tenue du dernier Festival de Cannes n'est évidemment pas le fait du hasard. Il propose une vision assez ironique du petit monde du septième art et, dans sa dernière partie, il contient une scène se déroulant au cours d'un festival de cinéma.

   Sans surprise, le titre est à double sens. A la compétition entre les films s'ajoute celle entre les acteurs, en particulier deux "mâles alphas" aux carrières et aux tempéraments très différents.

cinéma,cinema,film,films

   A gauche se trouve Félix, le beau gosse, mondialement connu, idole d'une partie de la jeunesse, coureur de jupons. A droite se trouve Ivan, qui participe à des productions plus confidentielles, mais dont le talent est salué par la profession. Il donne des cours de théâtre, sans doute pour compléter ses revenus.

   Leur association est due à un milliardaire, propriétaire d'un gros groupe pharmaceutique et désireux de laisser une trace dans l'Histoire. Il sent que son "œuvre" économique ne va pas faire de lui un héros de l'humanité. Alors quoi ? Construire un pont ?... et pourquoi pas financer un film ?

   Ni une ni deux, une brillante réalisatrice est engagée, les droits d'un roman achetés et les deux meilleurs acteurs du pays approchés. Tout les sépare et pourtant tous deux ont intérêt à ce que le projet réussisse : en dépit de ses fanfaronnades, Félix est conscient de ne pas avoir joué dans d'impérissables chefs-d’œuvre et Ivan crève (secrètement) d'envie de toucher enfin le grand public qu'il affirme mépriser. Dans ces deux rôles, Antonio Banderas et Oscar Martinez sont excellents. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le premier aussi bon. Le second est connu des cinéphiles pour sa participation aux Nouveaux Sauvages, à La Conspiration des belettes et à Citoyen d'honneur, déjà sous la direction de Mariano Cohn et Gaston Duprat.

   C'est donc un film d'acteurs, durant lequel chacun a droit à ses morceaux de bravoure. L'habileté des auteurs est d'entremêler fiction et réalité. Les répétitions finissent par déborder sur la vie privée qui, de son côté, rejaillit sur la préparation du film. Les répliques sont souvent à double sens...

cinéma,cinema,film,films

   A ce duo masculin il faut ajouter la délicieuse, la pétillante, la frappadingue, l'incontrôlable réalisatrice, incarnée avec entrain par Penélope Cruz, en pleine forme, belle, fine et cinglée. Elle va en faire voir de toutes les couleurs aux deux mâles dominants !

   On attend avec impatience certaines scènes, comme celle du baiser, celle des récompenses ou celle du rocher. On s'intéresse aussi au sous-texte. Il y est évidemment question des "deux cinémas", celui d'auteur et celui grand public. On s'interroge aussi sur la trace qu'on va laisser derrière soi, qu'on soit PDG, comédien, réalisatrice ou auteure de livres pour enfants. L'intrigue semble sous-entendre que tout cela n'est que vanité. C'est donc assez drôle, mais pas aussi sarcastique que ce à quoi je m'attendais. J'ai quand même passé un bon moment.

00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Compétition officielle

   Le fait que ce film sorte juste après la tenue du dernier Festival de Cannes n'est évidemment pas le fait du hasard. Il propose une vision assez ironique du petit monde du septième art et, dans sa dernière partie, il contient une scène se déroulant au cours d'un festival de cinéma.

   Sans surprise, le titre est à double sens. A la compétition entre les films s'ajoute celle entre les acteurs, en particulier deux "mâles alphas" aux carrières et aux tempéraments très différents.

cinéma,cinema,film,films

   A gauche se trouve Félix, le beau gosse, mondialement connu, idole d'une partie de la jeunesse, coureur de jupons. A droite se trouve Ivan, qui participe à des productions plus confidentielles, mais dont le talent est salué par la profession. Il donne des cours de théâtre, sans doute pour compléter ses revenus.

   Leur association est due à un milliardaire, propriétaire d'un gros groupe pharmaceutique et désireux de laisser une trace dans l'Histoire. Il sent que son "œuvre" économique ne va pas faire de lui un héros de l'humanité. Alors quoi ? Construire un pont ?... et pourquoi pas financer un film ?

   Ni une ni deux, une brillante réalisatrice est engagée, les droits d'un roman achetés et les deux meilleurs acteurs du pays approchés. Tout les sépare et pourtant tous deux ont intérêt à ce que le projet réussisse : en dépit de ses fanfaronnades, Félix est conscient de ne pas avoir joué dans d'impérissables chefs-d’œuvre et Ivan crève (secrètement) d'envie de toucher enfin le grand public qu'il affirme mépriser. Dans ces deux rôles, Antonio Banderas et Oscar Martinez sont excellents. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le premier aussi bon. Le second est connu des cinéphiles pour sa participation aux Nouveaux Sauvages, à La Conspiration des belettes et à Citoyen d'honneur, déjà sous la direction de Mariano Cohn et Gaston Duprat.

   C'est donc un film d'acteurs, durant lequel chacun a droit à ses morceaux de bravoure. L'habileté des auteurs est d'entremêler fiction et réalité. Les répétitions finissent par déborder sur la vie privée qui, de son côté, rejaillit sur la préparation du film. Les répliques sont souvent à double sens...

cinéma,cinema,film,films

   A ce duo masculin il faut ajouter la délicieuse, la pétillante, la frappadingue, l'incontrôlable réalisatrice, incarnée avec entrain par Penélope Cruz, en pleine forme, belle, fine et cinglée. Elle va en faire voir de toutes les couleurs aux deux mâles dominants !

   On attend avec impatience certaines scènes, comme celle du baiser, celle des récompenses ou celle du rocher. On s'intéresse aussi au sous-texte. Il y est évidemment question des "deux cinémas", celui d'auteur et celui grand public. On s'interroge aussi sur la trace qu'on va laisser derrière soi, qu'on soit PDG, comédien, réalisatrice ou auteure de livres pour enfants. L'intrigue semble sous-entendre que tout cela n'est que vanité. C'est donc assez drôle, mais pas aussi sarcastique que ce à quoi je m'attendais. J'ai quand même passé un bon moment.

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mercredi, 01 juin 2022

Utama, la terre oubliée

   Ce petit film bolivien met en scène un vieux couple d'éleveurs de lamas vivant de manière traditionnelle dans une région reculée du pays, dans le Nord aride... de plus en plus aride. Ils n'ont ni l'eau courante ni l'électricité et se nourrissent principalement de galettes de céréales. Entre eux, ils parlent plus le quechua que l'espagnol. Leur fils unique est parti s'installer en ville (à l'image de la majorité des habitants du coin). C'est le petit-fils Clever (hispanophone strict) qui revient les voir, à la fois par amour pour eux et pour les inciter à prendre une importante décision.

   Même si le contexte est différent, j'ai trouvé que ce film résonnait étrangement avec L’École du bout du monde. Dans les deux cas, un jeune citadin un peu imbu de lui-même se rend dans un village reculé. Dans les deux cas les villageois vivent dans une grande précarité. Dans les deux longs-métrages, les réalisateurs filment avec talent et empathie ces gens de peu, attachés à leurs traditions.

   Utama se distingue toutefois de l’œuvre bhoutanaise sur plusieurs points. Il est d'abord plus militant, ce qui explique que la fiction l'emporte sur l'aspect documentaire, à tel point que, parfois, la mise en scène verse dans l'invraisemblance. On sent que le réalisateur veut nous faire plaindre le couple, notamment à travers la question de l'eau. Mais il se plante quand il montre le tonneau où aboutit la gouttière du toit : alors que la cabane est située en plein soleil, aucun couvercle n'est posé sur le tonneau (d'où sans doute la perte régulière d'une partie du précieux liquide). Pire : alors que les deux paysans semblent se contenter d'une toilette sommaire, obsédés par la réserve d'eau douce, un matin, on voit le grand-père se verser trois grandes rasades puisées dans le tonneau, juste pour se nettoyer le visage. Ce gaspillage évident se justifie par la volonté de réaliser un superbe plan, très signifiant : il faut qu'il y a ait assez d'eau dans la cuvette pour qu'on y voie le reflet du condor, au-dessus de la tête du grand-père.

   Incontestablement, Alejandro Loayza Grisi est un habile formaliste. Ses plans sont souvent très inspirés, comme cette vue de l'unique rivière du coin, qui apparaît comme une artère de sang zébrant une étendue de peau séchée.

cinéma,cinema,film,films

   Beaucoup de choses tournent autour du patriarche Virginio. C'est l'un des irréductibles du village, persuadé que les dieux vont tôt ou tard faire revenir la pluie et qui persiste à vouloir vivre à la dure, en harmonie avec son territoire, refusant de quitter la région. Son petit-fils a beaucoup de mal à le comprendre. Chacun va petit à petit faire un pas vers l'autre. Cela ne se fait pas tout seul... et c'est mis en scène avec subtilité.

   L'autre beau personnage est celui de la grand-mère, Sisa, en apparence soumise à Virgilio, mais qui semble être la seule à pouvoir l'influencer. Après la séance, j'ai été stupéfait d'apprendre que les deux personnages âgés étaient interprétés par des comédiens non professionnels. Ils sont épatants !

   Je recommande donc ce film, certes (pour moi) moins abouti que L’École du bout du monde, mais qui représente une belle expérience cinématographique.

20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Utama, la terre oubliée

   Ce petit film bolivien met en scène un vieux couple d'éleveurs de lamas vivant de manière traditionnelle dans une région reculée du pays, dans le Nord aride... de plus en plus aride. Ils n'ont ni l'eau courante ni l'électricité et se nourrissent principalement de galettes de céréales. Entre eux, ils parlent plus le quechua que l'espagnol. Leur fils unique est parti s'installer en ville (à l'image de la majorité des habitants du coin). C'est le petit-fils Clever (hispanophone strict) qui revient les voir, à la fois par amour pour eux et pour les inciter à prendre une importante décision.

   Même si le contexte est différent, j'ai trouvé que ce film résonnait étrangement avec L’École du bout du monde. Dans les deux cas, un jeune citadin un peu imbu de lui-même se rend dans un village reculé. Dans les deux cas les villageois vivent dans une grande précarité. Dans les deux longs-métrages, les réalisateurs filment avec talent et empathie ces gens de peu, attachés à leurs traditions.

   Utama se distingue toutefois de l’œuvre bhoutanaise sur plusieurs points. Il est d'abord plus militant, ce qui explique que la fiction l'emporte sur l'aspect documentaire, à tel point que, parfois, la mise en scène verse dans l'invraisemblance. On sent que le réalisateur veut nous faire plaindre le couple, notamment à travers la question de l'eau. Mais il se plante quand il montre le tonneau où aboutit la gouttière du toit : alors que la cabane est située en plein soleil, aucun couvercle n'est posé sur le tonneau (d'où sans doute la perte régulière d'une partie du précieux liquide). Pire : alors que les deux paysans semblent se contenter d'une toilette sommaire, obsédés par la réserve d'eau douce, un matin, on voit le grand-père se verser trois grandes rasades puisées dans le tonneau, juste pour se nettoyer le visage. Ce gaspillage évident se justifie par la volonté de réaliser un superbe plan, très signifiant : il faut qu'il y a ait assez d'eau dans la cuvette pour qu'on y voie le reflet du condor, au-dessus de la tête du grand-père.

   Incontestablement, Alejandro Loayza Grisi est un habile formaliste. Ses plans sont souvent très inspirés, comme cette vue de l'unique rivière du coin, qui apparaît comme une artère de sang zébrant une étendue de peau séchée.

cinéma,cinema,film,films

   Beaucoup de choses tournent autour du patriarche Virginio. C'est l'un des irréductibles du village, persuadé que les dieux vont tôt ou tard faire revenir la pluie et qui persiste à vouloir vivre à la dure, en harmonie avec son territoire, refusant de quitter la région. Son petit-fils a beaucoup de mal à le comprendre. Chacun va petit à petit faire un pas vers l'autre. Cela ne se fait pas tout seul... et c'est mis en scène avec subtilité.

   L'autre beau personnage est celui de la grand-mère, Sisa, en apparence soumise à Virgilio, mais qui semble être la seule à pouvoir l'influencer. Après la séance, j'ai été stupéfait d'apprendre que les deux personnages âgés étaient interprétés par des comédiens non professionnels. Ils sont épatants !

   Je recommande donc ce film, certes (pour moi) moins abouti que L’École du bout du monde, mais qui représente une belle expérience cinématographique.

20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 28 mai 2022

Les Folies fermières

   C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).

   Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.

cinéma,cinema,film,films,société

   Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.

   Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.

   Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.

   Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)

   Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)

   Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.

   P.S.

   Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.

Les Folies fermières

   C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).

   Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.

cinéma,cinema,film,films,société

   Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.

   Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.

   Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.

   Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)

   Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)

   Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.

   P.S.

   Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.