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mercredi, 29 septembre 2021

Le Sommet des dieux

   En matière d'alpinisme, je ne suis ni croyant ni pratiquant. Mais, quand j'ai appris la sortie d'un film d'animation adapté d'un manga de Jiro Tanigushi (lui-même adapté d'un roman japonais), j'ai décidé de tenter l'expérience.

   L'intrigue nous fait suivre un photographe japonais amateur d'alpinisme. Un soir, à la sortie d'un bar de Katmandou, il pense être tombé par hasard sur Habu, une des légendes nippones de l'escalade, disparu des radars depuis plusieurs années.

   Suivent plusieurs retours en arrière. Pendant que le héros se lance à la recherche de l'alpiniste, on nous fait revivre des épisodes importants de son passé. J'ai trouvé très réussies les scènes d'escalade, à la fois belles et haletantes. (Il serait toutefois intéressant d'avoir l'opinion d'un.e spécialiste.) Certains plans d'altitude sont particulièrement beaux... même si je persiste à penser que des prises de vue réelles auraient été encore plus impressionnantes.

   L'intrigue prend aussi la forme d'un polar. En effet, il est possible qu'Habu ait trouvé, au cours d'une de ses expéditions impossibles, l'appareil photographique de feu George Mallory, dont on se demande encore aujourd'hui s'il ne fut pas,  presque trente ans avant Edmund Hillary, le premier alpiniste (occidental ?) à avoir gravi l'Everest.

   La dernière partie voit le suspens augmenter. On suit la folle tentative de deux hommes, seuls face aux éléments et à leurs faiblesses. C'est bigrement bien foutu.

   P.S.

   Le réalisateur, Patrick Imbert, est le co-auteur du Grand Méchant Renard.

21:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Sommet des dieux

   En matière d'alpinisme, je ne suis ni croyant ni pratiquant. Mais, quand j'ai appris la sortie d'un film d'animation adapté d'un manga de Jiro Tanigushi (lui-même adapté d'un roman japonais), j'ai décidé de tenter l'expérience.

   L'intrigue nous fait suivre un photographe japonais amateur d'alpinisme. Un soir, à la sortie d'un bar de Katmandou, il pense être tombé par hasard sur Habu, une des légendes nippones de l'escalade, disparu des radars depuis plusieurs années.

   Suivent plusieurs retours en arrière. Pendant que le héros se lance à la recherche de l'alpiniste, on nous fait revivre des épisodes importants de son passé. J'ai trouvé très réussies les scènes d'escalade, à la fois belles et haletantes. (Il serait toutefois intéressant d'avoir l'opinion d'un.e spécialiste.) Certains plans d'altitude sont particulièrement beaux... même si je persiste à penser que des prises de vue réelles auraient été encore plus impressionnantes.

   L'intrigue prend aussi la forme d'un polar. En effet, il est possible qu'Habu ait trouvé, au cours d'une de ses expéditions impossibles, l'appareil photographique de feu George Mallory, dont on se demande encore aujourd'hui s'il ne fut pas,  presque trente ans avant Edmund Hillary, le premier alpiniste (occidental ?) à avoir gravi l'Everest.

   La dernière partie voit le suspens augmenter. On suit la folle tentative de deux hommes, seuls face aux éléments et à leurs faiblesses. C'est bigrement bien foutu.

   P.S.

   Le réalisateur, Patrick Imbert, est le co-auteur du Grand Méchant Renard.

21:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 26 septembre 2021

Les Sorcières d'Akelarre

   En langue basque, aquelarre désigne le "pré du bouc", l'endroit où de présumées sorcières sont censées se livrer au sabbat. Au début du XVIIe siècle, l'Inquisition pourchasse, outre les divers hérétiques, les femmes soupçonnées de se livrer à des actes contraires à la morale catholique.

   Dans ce village de la côte basque, les hommes sont absents la moitié de l'année, partis pêcher au loin, jusqu'à Terre-Neuve. Des rumeurs circulent quant au comportement des épouses et des filles. Cinq d'entre elles (puis une sixième) sont arrêtées et soumises à un interrogatoire de plus en plus poussé.

   La meilleure partie du film est constituée de ces scènes, soit de cellule (les femmes étant enfermées ensemble), soit de questionnement, qui finit par prendre la forme d'une torture. Au départ, les jeunes femmes n'en reviennent pas d'avoir été arrêtées pour des comportements innocents (elles se promènent en forêt, dansent sur des chants traditionnels). Pour prouver à quel point les accusations qui pèsent sur elles sont absurdes, elles vont entrer dans le jeu de l'inquisiteur... au risque que le cours des événements dérape.

   Les images tournées dans l'obscurité ou la semi-obscurité sont belles. Elles se marient bien avec le fond de l'intrigue, l'enquête ecclésiastique peinant à déterminer si ces jeunes femmes sont de simples "dévergondées" ou d'authentiques "satanistes". Le propos du film est évidemment militant : il dénonce l'oppression des femmes par des religieux exclusivement masculins... et, incidemment, l'oppression des Basques par la Castille. Du côté français comme du côté espagnol, le "pays basque" (au sens large) a peut-être été la région la plus marquée par de supposés épisodes de sorcellerie. Toutefois, à l'époque à laquelle se déroule notre histoire, en particulier du côté espagnol, l'action de l'Inquisition fut plus modérée que ce que montre le film.

   Son propos est gâché par la fin et la séquence du sabbat, totalement grotesque. D'un côté, je comprends que le réalisateur Pablo Aguero (remarqué il y a quelques années avec Eva ne dort pas) ait voulu tourner en ridicule la petite troupe inquisitoriale. Mais c'est sa séquence elle-même qui manque de crédibilité, sans parler de la fin. C'est dommage, parce que le film charrie une force incontestable, sur des thématiques qui parlent aux spectateurs du XXIe siècle.

   P.S.

   Sorcellerie et satanisme (mélangés un peu n'importe comment) se trouvent aussi à l'arrière-plan de la Trilogie du Baztan, une production Netflix récemment mise en ligne sur le site d'Arte. L'action se déroule de nos jours, en Navarre, à proximité de la frontière avec la France. La police locale reçoit le renfort d'une enquêtrice originaire de la région, qui a travaillé avec le FBI. Ils ne seront pas de trop pour démêler une série de crimes sordides, dans une ambiance glauque, pluvieuse à l'excès. Les trois films sont adaptés des romans de Dolores Redondo. Je recommande surtout le premier volet, intitulé Le Gardien invisible (qui a peut-être inspiré la série française Zone blanche). Les deux films suivants sont de moins bonne qualité : leur intrigue ne tient pas sur la longueur et le réalisme cède petit à petit la place au grotesque.

Les Sorcières d'Akelarre

   En langue basque, aquelarre désigne le "pré du bouc", l'endroit où de présumées sorcières sont censées se livrer au sabbat. Au début du XVIIe siècle, l'Inquisition pourchasse, outre les divers hérétiques, les femmes soupçonnées de se livrer à des actes contraires à la morale catholique.

   Dans ce village de la côte basque, les hommes sont absents la moitié de l'année, partis pêcher au loin, jusqu'à Terre-Neuve. Des rumeurs circulent quant au comportement des épouses et des filles. Cinq d'entre elles (puis une sixième) sont arrêtées et soumises à un interrogatoire de plus en plus poussé.

   La meilleure partie du film est constituée de ces scènes, soit de cellule (les femmes étant enfermées ensemble), soit de questionnement, qui finit par prendre la forme d'une torture. Au départ, les jeunes femmes n'en reviennent pas d'avoir été arrêtées pour des comportements innocents (elles se promènent en forêt, dansent sur des chants traditionnels). Pour prouver à quel point les accusations qui pèsent sur elles sont absurdes, elles vont entrer dans le jeu de l'inquisiteur... au risque que le cours des événements dérape.

   Les images tournées dans l'obscurité ou la semi-obscurité sont belles. Elles se marient bien avec le fond de l'intrigue, l'enquête ecclésiastique peinant à déterminer si ces jeunes femmes sont de simples "dévergondées" ou d'authentiques "satanistes". Le propos du film est évidemment militant : il dénonce l'oppression des femmes par des religieux exclusivement masculins... et, incidemment, l'oppression des Basques par la Castille. Du côté français comme du côté espagnol, le "pays basque" (au sens large) a peut-être été la région la plus marquée par de supposés épisodes de sorcellerie. Toutefois, à l'époque à laquelle se déroule notre histoire, en particulier du côté espagnol, l'action de l'Inquisition fut plus modérée que ce que montre le film.

   Son propos est gâché par la fin et la séquence du sabbat, totalement grotesque. D'un côté, je comprends que le réalisateur Pablo Aguero (remarqué il y a quelques années avec Eva ne dort pas) ait voulu tourner en ridicule la petite troupe inquisitoriale. Mais c'est sa séquence elle-même qui manque de crédibilité, sans parler de la fin. C'est dommage, parce que le film charrie une force incontestable, sur des thématiques qui parlent aux spectateurs du XXIe siècle.

   P.S.

   Sorcellerie et satanisme (mélangés un peu n'importe comment) se trouvent aussi à l'arrière-plan de la Trilogie du Baztan, une production Netflix récemment mise en ligne sur le site d'Arte. L'action se déroule de nos jours, en Navarre, à proximité de la frontière avec la France. La police locale reçoit le renfort d'une enquêtrice originaire de la région, qui a travaillé avec le FBI. Ils ne seront pas de trop pour démêler une série de crimes sordides, dans une ambiance glauque, pluvieuse à l'excès. Les trois films sont adaptés des romans de Dolores Redondo. Je recommande surtout le premier volet, intitulé Le Gardien invisible (qui a peut-être inspiré la série française Zone blanche). Les deux films suivants sont de moins bonne qualité : leur intrigue ne tient pas sur la longueur et le réalisme cède petit à petit la place au grotesque.

vendredi, 24 septembre 2021

Dune

   Dans une très grande salle, avec un son 4K, dolby surround 7.1... et en version originale sous-titrée, il était grand temps que je m'offre une séance de la nouvelle adaptation du roman culte de Frank Herbert.

   Je suis un ancien lecteur d'une partie de la saga, le premier roman restant à mes yeux le meilleur de tous. Que Denis Villeneuve et ses scénaristes aient procédé à plusieurs modifications ne me gêne guère. Le cœur de l'histoire reste le même. C'est sur le dynamisme de l'intrigue et la mise en images que j'attendais le réalisateur (entre autres) de Blade Runner 2049.

   Sur le plan visuel, incontestablement, le film est une réussite. Les séquences de désert sont superbes... mais celles se déroulant en Écosse sur Caladan tout comme les scènes "spatiales" sont elles aussi mises en scène avec brio. On peut bien déplorer ici ou là quelques longueurs, mais je pense que, pour que l'œuvre garde un certain souffle, il était difficile de faire plus court. On aurait pu toutefois couper un peu dans les scènes de vision de Paul, trop appuyées à mon goût.

   Cela m'amène à l'interprétation. Bien que globalement satisfaisante, elle donne un peu trop souvent l'impression de prestations scolaires. Je trouve que cela manque de chair... et d'humour. (Pourtant, à Hollywood, on sait combien la présence d'au moins un joyeux drille permet de faire décompresser une intrigue trop pesante...) De plus, je sais qu'il est de bon ton de s'extasier sur le talent de Timothée Chalamet, mais là, franchement, il ne fait pas d'étincelles. Je suis plus convaincu par les compositions de Jason Momoa (Aquaman ailleurs, toujours chez la Warner) et d'Oscar Isaac (dont le personnage finit par révéler que, jeune homme, il voulait devenir pilote... un clin d'œil au Poe Dameron de la dernière trilogie Star Wars).

   J'accorde une place particulière à Dame Jessica, mon personnage préféré du roman. C'est la compagne du duc Leto et la mère de Paul Atréide. Ici, elle est incarnée par Rebecca Ferguson (vue récemment dans Reminiscence). Elle est un mélange d'aristocrate médiévale et de sorcière. Elle a été éduquée à obéir. Son mariage a sans doute été arrangé, même si l'amour s'est mis de la partie... ainsi que l'orgueil. L'ancienne pensionnaire des Bene Gesserit n'a pas tout à fait rempli la mission qui lui avait été confiée... et elle joue un rôle décisif dans le destin de son fils. J'attendais avec impatience de voir Dame Jessica en action. Je n'ai pas été déçu.

   Sur le fond, Villeneuve et ses scénaristes ont "contemporanéisé" des éléments de l'arrière-plan. L'œuvre de Frank Herbert est marquée par la tragédie antique (les Atréides étant une référence aux Atrides), la féodalité médiévale (avec la rivalité entre cousins) et peut-être la Guerre froide. Ici, l'idéologie décoloniale a laissé sa marque. Le casting très multiethnique s'ajoute à la représentation des peuples du désert (clairement issus du monde arabo-musulman). À certains moments, la profusion de femmes voilées à l'écran est assez déplaisante. En revanche, la sensibilité écologiste d'Herbert n'a pas été beaucoup exploitée dans ce film-ci. On n'a droit qu'à quelques allusions. Ce sera peut-être plus développé dans le prochain.

   Quoi qu'il en soit, le savoir-faire est là. Certains moments sont spectaculaires. Je ne m'y suis pas ennuyé, mais c'est surtout joli à regarder.

15:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Dune

   Dans une très grande salle, avec un son 4K, dolby surround 7.1... et en version originale sous-titrée, il était grand temps que je m'offre une séance de la nouvelle adaptation du roman culte de Frank Herbert.

   Je suis un ancien lecteur d'une partie de la saga, le premier roman restant à mes yeux le meilleur de tous. Que Denis Villeneuve et ses scénaristes aient procédé à plusieurs modifications ne me gêne guère. Le cœur de l'histoire reste le même. C'est sur le dynamisme de l'intrigue et la mise en images que j'attendais le réalisateur (entre autres) de Blade Runner 2049.

   Sur le plan visuel, incontestablement, le film est une réussite. Les séquences de désert sont superbes... mais celles se déroulant en Écosse sur Caladan tout comme les scènes "spatiales" sont elles aussi mises en scène avec brio. On peut bien déplorer ici ou là quelques longueurs, mais je pense que, pour que l'œuvre garde un certain souffle, il était difficile de faire plus court. On aurait pu toutefois couper un peu dans les scènes de vision de Paul, trop appuyées à mon goût.

   Cela m'amène à l'interprétation. Bien que globalement satisfaisante, elle donne un peu trop souvent l'impression de prestations scolaires. Je trouve que cela manque de chair... et d'humour. (Pourtant, à Hollywood, on sait combien la présence d'au moins un joyeux drille permet de faire décompresser une intrigue trop pesante...) De plus, je sais qu'il est de bon ton de s'extasier sur le talent de Timothée Chalamet, mais là, franchement, il ne fait pas d'étincelles. Je suis plus convaincu par les compositions de Jason Momoa (Aquaman ailleurs, toujours chez la Warner) et d'Oscar Isaac (dont le personnage finit par révéler que, jeune homme, il voulait devenir pilote... un clin d'œil au Poe Dameron de la dernière trilogie Star Wars).

   J'accorde une place particulière à Dame Jessica, mon personnage préféré du roman. C'est la compagne du duc Leto et la mère de Paul Atréide. Ici, elle est incarnée par Rebecca Ferguson (vue récemment dans Reminiscence). Elle est un mélange d'aristocrate médiévale et de sorcière. Elle a été éduquée à obéir. Son mariage a sans doute été arrangé, même si l'amour s'est mis de la partie... ainsi que l'orgueil. L'ancienne pensionnaire des Bene Gesserit n'a pas tout à fait rempli la mission qui lui avait été confiée... et elle joue un rôle décisif dans le destin de son fils. J'attendais avec impatience de voir Dame Jessica en action. Je n'ai pas été déçu.

   Sur le fond, Villeneuve et ses scénaristes ont "contemporanéisé" des éléments de l'arrière-plan. L'œuvre de Frank Herbert est marquée par la tragédie antique (les Atréides étant une référence aux Atrides), la féodalité médiévale (avec la rivalité entre cousins) et peut-être la Guerre froide. Ici, l'idéologie décoloniale a laissé sa marque. Le casting très multiethnique s'ajoute à la représentation des peuples du désert (clairement issus du monde arabo-musulman). À certains moments, la profusion de femmes voilées à l'écran est assez déplaisante. En revanche, la sensibilité écologiste d'Herbert n'a pas été beaucoup exploitée dans ce film-ci. On n'a droit qu'à quelques allusions. Ce sera peut-être plus développé dans le prochain.

   Quoi qu'il en soit, le savoir-faire est là. Certains moments sont spectaculaires. Je ne m'y suis pas ennuyé, mais c'est surtout joli à regarder.

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mercredi, 22 septembre 2021

Sans signe particulier

   L'intrigue de ce film mexicain tourne autour de quatre femmes, quatre mères. On commence par suivre deux d'entre elles, deux paysannes semi-illettrées à la recherche de leurs fils, dont elles sont sans nouvelle depuis qu'ils ont décidé de tenter ensemble l'aventure du Rêve américain. La troisième mère vient d'un milieu plus privilégié, mais elle est confrontée à la même incertitude macabre. La quatrième est l'ultime secours des mères éplorées : la Vierge Marie, en laquelle le petit peuple des villes comme des campagnes place ses derniers espoirs, quand la police ne peut plus rien.

   Nous sommes au Mexique, au XXIe siècle. L'archaïsme des mœurs y côtoie le progrès technologique... et c'est le premier qui semble avoir le dessus : la rationalité des médecins-légistes, bien qu'appuyée sur des tests ADN, est d'un faible secours face au déchaînement d'une violence parfois inexplicable.

   La concernant, la réalisatrice Fernanda Valadez (une inconnue bourrée de talents) choisit d'avancer de biais. Ce ne sont pas tant les actes de violence qui sont l'objet de la mise en scène que leurs conséquences et la perception que les personnages principaux en ont. À l'écran, cela donne une ambiance tantôt faussement calme (on se croirait dans un documentaire), tantôt digne d'un film d'horreur, dans lequel les héros seraient confrontés à une puissance maléfique.

   La deuxième partie du film montre le périple de Magdalena, l'une des mères, en quête de vérité dans le Mexique profond. Elle va y faire une rencontre enrichissante, celle d'un autre désespoir solitaire. (Tout ce qui se passe entre ces deux personnages est d'une beauté limpide.)

   Pour découvrir le fin mot de l'histoire, il lui faudra franchir un gigantesque lac de barrage et entrer en contact avec un mystérieux vieillard ne parlant pas un mot d'espagnol. Son récit coloré n'a toutefois pas besoin de traduction... jusqu'au coup de théâtre que je ne révèlerai pas.

   C'est filmé avec talent, le style documentaire alternant avec l'onirisme. Les spectateurs attentifs remarqueront que certains interlocuteurs de Magdalena n'ont pas de visage, ce qui suscite interrogations voire incompréhension. C'est la manière choisie par la réalisatrice pour nous faire comprendre le ressenti de l'héroïne, une femme entre deux âges, mal à l'aise dans le monde moderne, mais opiniâtre.

   Mon palmarès 2021 vient de s'enrichir d'un nouveau long-métrage.

Sans signe particulier

   L'intrigue de ce film mexicain tourne autour de quatre femmes, quatre mères. On commence par suivre deux d'entre elles, deux paysannes semi-illettrées à la recherche de leurs fils, dont elles sont sans nouvelle depuis qu'ils ont décidé de tenter ensemble l'aventure du Rêve américain. La troisième mère vient d'un milieu plus privilégié, mais elle est confrontée à la même incertitude macabre. La quatrième est l'ultime secours des mères éplorées : la Vierge Marie, en laquelle le petit peuple des villes comme des campagnes place ses derniers espoirs, quand la police ne peut plus rien.

   Nous sommes au Mexique, au XXIe siècle. L'archaïsme des mœurs y côtoie le progrès technologique... et c'est le premier qui semble avoir le dessus : la rationalité des médecins-légistes, bien qu'appuyée sur des tests ADN, est d'un faible secours face au déchaînement d'une violence parfois inexplicable.

   La concernant, la réalisatrice Fernanda Valadez (une inconnue bourrée de talents) choisit d'avancer de biais. Ce ne sont pas tant les actes de violence qui sont l'objet de la mise en scène que leurs conséquences et la perception que les personnages principaux en ont. À l'écran, cela donne une ambiance tantôt faussement calme (on se croirait dans un documentaire), tantôt digne d'un film d'horreur, dans lequel les héros seraient confrontés à une puissance maléfique.

   La deuxième partie du film montre le périple de Magdalena, l'une des mères, en quête de vérité dans le Mexique profond. Elle va y faire une rencontre enrichissante, celle d'un autre désespoir solitaire. (Tout ce qui se passe entre ces deux personnages est d'une beauté limpide.)

   Pour découvrir le fin mot de l'histoire, il lui faudra franchir un gigantesque lac de barrage et entrer en contact avec un mystérieux vieillard ne parlant pas un mot d'espagnol. Son récit coloré n'a toutefois pas besoin de traduction... jusqu'au coup de théâtre que je ne révèlerai pas.

   C'est filmé avec talent, le style documentaire alternant avec l'onirisme. Les spectateurs attentifs remarqueront que certains interlocuteurs de Magdalena n'ont pas de visage, ce qui suscite interrogations voire incompréhension. C'est la manière choisie par la réalisatrice pour nous faire comprendre le ressenti de l'héroïne, une femme entre deux âges, mal à l'aise dans le monde moderne, mais opiniâtre.

   Mon palmarès 2021 vient de s'enrichir d'un nouveau long-métrage.

samedi, 18 septembre 2021

One Lane Bridge

   La chaîne franco-allemande vient d'achever la diffusion de la première saison de la mini-série One Lane Bridge ("Le Pont à voie unique"), dont les six épisodes sont disponibles en ligne jusqu'à la mi-novembre.

cinéma,cinema,film,films,télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Nous sommes en Nouvelle-Zélande, en zone rurale. Ariki Davis, jeune inspecteur de police, débarque à Queenstown. Il est Maori (ses ancêtres viennent des îles Cook), mais, jusqu'à présent, a toujours vécu à Auckland. Il a accepté cette mutation pour pouvoir travailler sous les ordres d'une "pointure", Stephen Tremaire, qui dirige le commissariat local. Faute de logement disponible dans la commune, il va d'ailleurs être hébergé chez son supérieur hiérarchique, dont l'épouse ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.

   Peu de temps après son arrivée, un cadavre est découvert sous le fameux pont, qui en a déjà vu beaucoup d'autres. Mais, cette fois-ci, c'est plus personnel, puisque le mort était un ami de Tremaire... et qu'il était aussi lié à son épouse.

   L'enquête va conduire le jeune Davis à découvrir les secrets des habitants de cette petite ville provinciale, au risque de se fâcher avec son supérieur... et même de ruiner sa carrière.

   Au centre des regards se trouve une famille de paysans, dont l'exploitation est sur le point de fêter ses cent ans. Le grand-père (veuf) est atteint de démence sénile, tandis que ses enfants se déchirent pour savoir quoi faire de la ferme (qui n'est plus rentable). À l'arrière-plan évoluent des investisseurs chinois et un couple de nouveaux riches néo-zélandais, pas toujours bien perçus par les locaux.

   Une once de fantastique est introduite par des visions, celles d'Ariki qui, quand il s'approche du pont, "perçoit" des choses, du passé comme de l'avenir. Au fil des épisodes, on comprend que ce pont, en plus d'avoir mauvaise réputation, est peut-être une fenêtre sensorielle sur l'espace-temps.

   J'ai tenté cela un soir, pour voir (en version originale sous-titrée, c'est mieux)... et je n'ai pas décroché avant d'avoir avalé les six épisodes (comme pour Bron), ce qui a quelque peu écourté ma nuit. Je n'ai pas tout aimé dans la série (en particulier le personnage d'une mère alcoolique -très bien interprété- irritante au possible), mais le suspens est intense, prenant. C'est de plus bien joué, avec de très beaux plans de la campagne néo-zélandaise. Cela m'a un peu rappelé Mystery Road et Top of the Lake (une série de Jane Campion, avec Elisabeth Moss). C'est dire.

One Lane Bridge

   La chaîne franco-allemande vient d'achever la diffusion de la première saison de la mini-série One Lane Bridge ("Le Pont à voie unique"), dont les six épisodes sont disponibles en ligne jusqu'à la mi-novembre.

cinéma,cinema,film,films,télévision,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Nous sommes en Nouvelle-Zélande, en zone rurale. Ariki Davis, jeune inspecteur de police, débarque à Queenstown. Il est Maori (ses ancêtres viennent des îles Cook), mais, jusqu'à présent, a toujours vécu à Auckland. Il a accepté cette mutation pour pouvoir travailler sous les ordres d'une "pointure", Stephen Tremaire, qui dirige le commissariat local. Faute de logement disponible dans la commune, il va d'ailleurs être hébergé chez son supérieur hiérarchique, dont l'épouse ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.

   Peu de temps après son arrivée, un cadavre est découvert sous le fameux pont, qui en a déjà vu beaucoup d'autres. Mais, cette fois-ci, c'est plus personnel, puisque le mort était un ami de Tremaire... et qu'il était aussi lié à son épouse.

   L'enquête va conduire le jeune Davis à découvrir les secrets des habitants de cette petite ville provinciale, au risque de se fâcher avec son supérieur... et même de ruiner sa carrière.

   Au centre des regards se trouve une famille de paysans, dont l'exploitation est sur le point de fêter ses cent ans. Le grand-père (veuf) est atteint de démence sénile, tandis que ses enfants se déchirent pour savoir quoi faire de la ferme (qui n'est plus rentable). À l'arrière-plan évoluent des investisseurs chinois et un couple de nouveaux riches néo-zélandais, pas toujours bien perçus par les locaux.

   Une once de fantastique est introduite par des visions, celles d'Ariki qui, quand il s'approche du pont, "perçoit" des choses, du passé comme de l'avenir. Au fil des épisodes, on comprend que ce pont, en plus d'avoir mauvaise réputation, est peut-être une fenêtre sensorielle sur l'espace-temps.

   J'ai tenté cela un soir, pour voir (en version originale sous-titrée, c'est mieux)... et je n'ai pas décroché avant d'avoir avalé les six épisodes (comme pour Bron), ce qui a quelque peu écourté ma nuit. Je n'ai pas tout aimé dans la série (en particulier le personnage d'une mère alcoolique -très bien interprété- irritante au possible), mais le suspens est intense, prenant. C'est de plus bien joué, avec de très beaux plans de la campagne néo-zélandaise. Cela m'a un peu rappelé Mystery Road et Top of the Lake (une série de Jane Campion, avec Elisabeth Moss). C'est dire.

mercredi, 15 septembre 2021

Code 7500

   C'est le titre d'un téléfilm germano-américain, qu'Arte vient de diffuser et qui est encore accessible pendant quelques jours en mode rattrapage. (Il sera rediffusé le 23 septembre prochain.)

   Pendant 1h22, on suit, en temps réel, le vol d'un avion effectuant le trajet Berlin-Paris, de l'embarquement à... la fin, que je ne dévoilerai pas ici.

   Peu de temps après le décollage, le cockpit est attaqué par quatre terroristes islamistes. Un seul membre d'équipage survit. C'est Tobias Ellis, le copilote (d'origine américaine), interprété par Joseph Gordon-Lewitt. Les autres personnages semblent être tous allemands, à l'exception de quelques passagers que, dans la version originale, on entend parler français.

   À partir de là commence un huis-clos tendu à l'extrême, Tobias étant parvenu à conserver les commandes de l'avion, que les terroristes tentent par tous les moyens de lui reprendre. Le héros se retrouve face à un dilemme : doit-il suivre la procédure d'urgence à la lettre (et ne plus tenir compte de ce qui se passe en dehors du poste de pilotage, quoi que les terroristes fassent subir aux passagers)... ou bien doit-il tenter quelque chose ? Le fait que que sa compagne soit présente dans l'avion rend ce choix particulièrement cornélien.

   La scénario est excellent et s'inspire visiblement de ce qui est arrivé au Vol 93, le 11 septembre 2001, auquel Paul Greengrass a jadis consacré un bon film.

   Au cours de cette brève histoire, certains personnages évoluent. Au départ, le jeune copilote (âgé de 31 ans) paraît un peu tendre, pas taillé pour affronter ce genre de situation. Il va devoir rapidement s'endurcir. En face, l'un des quatre pirates de l'air (le plus jeune) révèle une personnalité moins monolithique que celle de ses comparses.

   Je n'attendais pas grand chose de ce téléfilm. Finalement, ce n'est pas mal du tout.

Code 7500

   C'est le titre d'un téléfilm germano-américain, qu'Arte vient de diffuser et qui est encore accessible pendant quelques jours en mode rattrapage. (Il sera rediffusé le 23 septembre prochain.)

   Pendant 1h22, on suit, en temps réel, le vol d'un avion effectuant le trajet Berlin-Paris, de l'embarquement à... la fin, que je ne dévoilerai pas ici.

   Peu de temps après le décollage, le cockpit est attaqué par quatre terroristes islamistes. Un seul membre d'équipage survit. C'est Tobias Ellis, le copilote (d'origine américaine), interprété par Joseph Gordon-Lewitt. Les autres personnages semblent être tous allemands, à l'exception de quelques passagers que, dans la version originale, on entend parler français.

   À partir de là commence un huis-clos tendu à l'extrême, Tobias étant parvenu à conserver les commandes de l'avion, que les terroristes tentent par tous les moyens de lui reprendre. Le héros se retrouve face à un dilemme : doit-il suivre la procédure d'urgence à la lettre (et ne plus tenir compte de ce qui se passe en dehors du poste de pilotage, quoi que les terroristes fassent subir aux passagers)... ou bien doit-il tenter quelque chose ? Le fait que que sa compagne soit présente dans l'avion rend ce choix particulièrement cornélien.

   La scénario est excellent et s'inspire visiblement de ce qui est arrivé au Vol 93, le 11 septembre 2001, auquel Paul Greengrass a jadis consacré un bon film.

   Au cours de cette brève histoire, certains personnages évoluent. Au départ, le jeune copilote (âgé de 31 ans) paraît un peu tendre, pas taillé pour affronter ce genre de situation. Il va devoir rapidement s'endurcir. En face, l'un des quatre pirates de l'air (le plus jeune) révèle une personnalité moins monolithique que celle de ses comparses.

   Je n'attendais pas grand chose de ce téléfilm. Finalement, ce n'est pas mal du tout.

samedi, 11 septembre 2021

Boîte noire

   Même si son aspect extérieur est rouge, on continue à appeler ainsi le système d'enregistrement en vol, dont la récupération (en bon état) est un enjeu majeur des enquêtes succédant à un accident aérien.

   Il convient d'être attentif dès le début, durant la séquence tournée à l'intérieur de l'avion (avec un beau travelling arrière). En apparence, il s'agit d'un vol ordinaire (entre Dubaï et Paris), avec certes quelques turbulences, mais a priori rien de grave. Dans la suite de l'histoire, on entend et réentend la partie son de cette séquence, sous différents angles, au fur et à mesure que les enquêteurs tentent de décrypter tous les bruits émis dans l'appareil.

   Avant cela, on découvre le fonctionnement du B.E.A. (Bureau d'enquêtes et d'analyses), de manière quasi documentaire. Le réalisateur Yann Gozlan réussit à rendre passionnante la vision d'un travail administratif souvent fastidieux. Les technologies numériques sont très bien intégrées à l'intrigue : on constate la place qu'elles prennent aussi bien dans la vie privée que dans le travail des personnages principaux.

   Le début plante aussi le décor, présentant de manière claire les relations entre les différents protagonistes. Pierre Niney incarne avec sobriété Matthieu Vasseur, un jeune enquêteur minutieux, doté d'une ouïe extraordinaire. C'est une autre qualité à porter au crédit du film : la mise en scène du travail sur le son, au cours d'une enquête. Parfois, on n'est pas très loin du Chant du loup. En raison de la manière dont le héros exploite le moindre détail du corpus audio qu'il analyse, certains cinéphiles seront tentés de penser aussi au Blow up d'Antonioni ou au Blow out de Brian de Palma.

   À la lecture de ces prestigieuses références, vous aurez compris que j'ai été emballé par ce film. C'est d'abord un excellent polar. On se demande longtemps quelle est la cause réelle du crash : une défaillance technique ? un attentat islamiste ? autre chose ? Dessus se greffe une enquête sur la disparition du supérieur hiérarchique du héros (très bien incarné par Olivier Rabourdin, vu récemment dans Benedetta). On sent Matthieu devenir petit à petit un brin paranoïaque, à tel point qu'on se demande, à l'instar de certains de ses collègues, s'il ne s'est pas fourvoyé.

   Les réponses à de nombreuses questions seront trouvées dans une mystérieuse maison, où Matthieu est amené à se rendre à deux reprises.

   C'est prenant, haletant même dans la dernière demi-heure. Les seconds rôles sont très bien interprétés, par une foultitude de guests (André Dussolier, Aurélien Recoing, Gregori Derangère...). Si vous ajoutez à cela une musique intrigante sans être trop présente, vous obtenez l'un des meilleurs films de l'année.

22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Boîte noire

   Même si son aspect extérieur est rouge, on continue à appeler ainsi le système d'enregistrement en vol, dont la récupération (en bon état) est un enjeu majeur des enquêtes succédant à un accident aérien.

   Il convient d'être attentif dès le début, durant la séquence tournée à l'intérieur de l'avion (avec un beau travelling arrière). En apparence, il s'agit d'un vol ordinaire (entre Dubaï et Paris), avec certes quelques turbulences, mais a priori rien de grave. Dans la suite de l'histoire, on entend et réentend la partie son de cette séquence, sous différents angles, au fur et à mesure que les enquêteurs tentent de décrypter tous les bruits émis dans l'appareil.

   Avant cela, on découvre le fonctionnement du B.E.A. (Bureau d'enquêtes et d'analyses), de manière quasi documentaire. Le réalisateur Yann Gozlan réussit à rendre passionnante la vision d'un travail administratif souvent fastidieux. Les technologies numériques sont très bien intégrées à l'intrigue : on constate la place qu'elles prennent aussi bien dans la vie privée que dans le travail des personnages principaux.

   Le début plante aussi le décor, présentant de manière claire les relations entre les différents protagonistes. Pierre Niney incarne avec sobriété Matthieu Vasseur, un jeune enquêteur minutieux, doté d'une ouïe extraordinaire. C'est une autre qualité à porter au crédit du film : la mise en scène du travail sur le son, au cours d'une enquête. Parfois, on n'est pas très loin du Chant du loup. En raison de la manière dont le héros exploite le moindre détail du corpus audio qu'il analyse, certains cinéphiles seront tentés de penser aussi au Blow up d'Antonioni ou au Blow out de Brian de Palma.

   À la lecture de ces prestigieuses références, vous aurez compris que j'ai été emballé par ce film. C'est d'abord un excellent polar. On se demande longtemps quelle est la cause réelle du crash : une défaillance technique ? un attentat islamiste ? autre chose ? Dessus se greffe une enquête sur la disparition du supérieur hiérarchique du héros (très bien incarné par Olivier Rabourdin, vu récemment dans Benedetta). On sent Matthieu devenir petit à petit un brin paranoïaque, à tel point qu'on se demande, à l'instar de certains de ses collègues, s'il ne s'est pas fourvoyé.

   Les réponses à de nombreuses questions seront trouvées dans une mystérieuse maison, où Matthieu est amené à se rendre à deux reprises.

   C'est prenant, haletant même dans la dernière demi-heure. Les seconds rôles sont très bien interprétés, par une foultitude de guests (André Dussolier, Aurélien Recoing, Gregori Derangère...). Si vous ajoutez à cela une musique intrigante sans être trop présente, vous obtenez l'un des meilleurs films de l'année.

22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 05 septembre 2021

Wonder Woman 1984

   En raison de la pandémie de covid (et de la prudence excessive des distributeurs), les cinéphiles n'ont pas eu la possibilité de découvrir ce long-métrage en salles. C'est donc dans une chambre d'hôtel (celui-ci abonné à une chaîne cryptée) que je me suis récemment "fait une toile".

   Ce film est censé être la suite de Wonder Woman, dont l'action se déroule majoritairement pendant la Première Guerre mondiale. Paradoxalement, cela démarre par un retour en arrière. On y voit Diana préadolescente, désireuse de remporter une prestigieuse compétition entre jeunes Amazones... quitte à contourner les règles. La séquence, bien construite, n'est pas sans rappeler certains épisodes de la saga Harry Potter. Elle aurait mérité une vision sur très grand écran.

   Ensuite, direction 1984 et l'Amérique reaganienne, en pleine Guerre froide contre l'ogre soviétique. Les femmes n'y étaient pas aussi bien considérées qu'aujourd'hui. Y compris dans le musée où elle travaille, Diana Prince tranche par son assurance... et sa faculté à se déplacer avec grâce sur de hauts talons. (Comme quoi, le mannequinat peut parfois servir à quelque chose.) Je n'ai pas trop compris où se situait la réalisatrice Patty Jenkins sur ce sujet. Au début, on perçoit de la réprobation vis-à-vis de ce code vestimentaire imposé par une vision machiste de la société. Mais, finalement, j'ai eu l'impression que le fait d'arriver à se déplacer sans problème avec ces horribles chaussures était porté au crédit des personnages.

   C'est sur le registre comique que je trouve le film plus réussi (moins toutefois que le précédent). Un personnage (interprété par Chris Bite Pine) surgit du passé de Wonder Woman. Il s'extasie sur la modernité de l'époque (les années 1980)... alors que, pour les spectateurs du XXIe siècle, ce monde a un côté vintage. Ces retrouvailles nous valent une belle scène en avion, jusque dans l'espace. Là encore, le grand écran aurait été justifié... tout comme dans la meilleure séquence d'action du film : la bagarre au sein de la Maison Blanche. Le personnage incarné par Gal Gadot (toujours aussi sensuelle...) y découvre ses faiblesses.

   Cependant, dans l'ensemble, le film est décevant. Au cœur de l'intrigue se trouve une mystérieuse pierre antique, capable d'exaucer le vœu le plus cher de la personne qui la touche. Locales au départ, les conséquences vont devenir planétaires. J'ai trouvé cela un peu gros (et un peu con), même s'il était intéressant de confronter la super-héroïne à des antagonistes qui sont, au départ, des individus ordinaires. J'ai aussi trouvé savoureux que l'on nous montre la bêtise de certains individus, lorsqu'ils ont l'occasion de réaliser leur vœu le plus cher. Mais le souci de réalisme est passé au second plan, sans parler de l'impression de se retrouver, parfois, face à un jeu vidéo. Enfin, last but not least, si Gal Gadot est impeccable dans les scènes d'action et les moments de comédie, elle est moins crédible dans les scènes d'émotion (même en V.O.). Du coup, je suis sorti de là assez partagé.

   P.S.

   Le caméo qui interrompt le générique de fin est un clin d'œil au passé télévisuel du personnage principal.

Wonder Woman 1984

   En raison de la pandémie de covid (et de la prudence excessive des distributeurs), les cinéphiles n'ont pas eu la possibilité de découvrir ce long-métrage en salles. C'est donc dans une chambre d'hôtel (celui-ci abonné à une chaîne cryptée) que je me suis récemment "fait une toile".

   Ce film est censé être la suite de Wonder Woman, dont l'action se déroule majoritairement pendant la Première Guerre mondiale. Paradoxalement, cela démarre par un retour en arrière. On y voit Diana préadolescente, désireuse de remporter une prestigieuse compétition entre jeunes Amazones... quitte à contourner les règles. La séquence, bien construite, n'est pas sans rappeler certains épisodes de la saga Harry Potter. Elle aurait mérité une vision sur très grand écran.

   Ensuite, direction 1984 et l'Amérique reaganienne, en pleine Guerre froide contre l'ogre soviétique. Les femmes n'y étaient pas aussi bien considérées qu'aujourd'hui. Y compris dans le musée où elle travaille, Diana Prince tranche par son assurance... et sa faculté à se déplacer avec grâce sur de hauts talons. (Comme quoi, le mannequinat peut parfois servir à quelque chose.) Je n'ai pas trop compris où se situait la réalisatrice Patty Jenkins sur ce sujet. Au début, on perçoit de la réprobation vis-à-vis de ce code vestimentaire imposé par une vision machiste de la société. Mais, finalement, j'ai eu l'impression que le fait d'arriver à se déplacer sans problème avec ces horribles chaussures était porté au crédit des personnages.

   C'est sur le registre comique que je trouve le film plus réussi (moins toutefois que le précédent). Un personnage (interprété par Chris Bite Pine) surgit du passé de Wonder Woman. Il s'extasie sur la modernité de l'époque (les années 1980)... alors que, pour les spectateurs du XXIe siècle, ce monde a un côté vintage. Ces retrouvailles nous valent une belle scène en avion, jusque dans l'espace. Là encore, le grand écran aurait été justifié... tout comme dans la meilleure séquence d'action du film : la bagarre au sein de la Maison Blanche. Le personnage incarné par Gal Gadot (toujours aussi sensuelle...) y découvre ses faiblesses.

   Cependant, dans l'ensemble, le film est décevant. Au cœur de l'intrigue se trouve une mystérieuse pierre antique, capable d'exaucer le vœu le plus cher de la personne qui la touche. Locales au départ, les conséquences vont devenir planétaires. J'ai trouvé cela un peu gros (et un peu con), même s'il était intéressant de confronter la super-héroïne à des antagonistes qui sont, au départ, des individus ordinaires. J'ai aussi trouvé savoureux que l'on nous montre la bêtise de certains individus, lorsqu'ils ont l'occasion de réaliser leur vœu le plus cher. Mais le souci de réalisme est passé au second plan, sans parler de l'impression de se retrouver, parfois, face à un jeu vidéo. Enfin, last but not least, si Gal Gadot est impeccable dans les scènes d'action et les moments de comédie, elle est moins crédible dans les scènes d'émotion (même en V.O.). Du coup, je suis sorti de là assez partagé.

   P.S.

   Le caméo qui interrompt le générique de fin est un clin d'œil au passé télévisuel du personnage principal.

Chers camarades !

   Moins d'un an après l'étonnant Michel-Ange, Andrey Konchalovsky ressuscite une nouvelle fois le passé, cette fois soviétique. Il s'est inspiré du massacre de Novotcherkassk (en juin 1962) pour construire une fiction à caractère documentaire, imprégnée de tragédie classique.

   Le tout début met en scène un couple de quadragénaires, dans une chambre à coucher. On comprend rapidement que tous deux sont des cadres du Parti communiste local. On est au réveil et la caméra suit Lioudmila (ou son reflet dans une glace) en train de s'habiller. Dans le même temps, une discussion de plus en plus tendue s'engage entre les deux amants. Il faut regarder avec attention cette scène : on n'est pas près de revoir cette femme aussi belle et sûre d'elle. Avant de sortir de l'appartement, elle aura empilé des vêtements et arrangé sa coiffure d'une manière qui contribue à l'enlaidir. Pour l'extérieur, la camarade adopte un profil austère. Guettez toutefois la phrase qu'elle prononce, juste avant de sortir : elle donne un sel particulier à ce que l'on vient de voir...

   La séquence suivante témoigne du même savoir-faire dans la mise en scène. L'héroïne se rend dans un magasin d'alimentation ("ΓΑCTPONOM" dans la langue de Vladimir Poutine) qui peine à contenter ses clients. Mais, quand on appartient à la nomenklatura locale, l'épicière se montre beaucoup plus accommodante...

   Bien que relativement privilégiée par rapport au reste de la population, Lioudmila est dans une situation familiale délicate. Elle a perdu son amour de jeunesse au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle vit désormais avec sa fille, une lycéenne de 18 ans, et son père (veuf), qui a connu la Guerre civile au début des années 1920... et qui conserve précieusement (outre son vieil uniforme) une icône de la Vierge, cachée au fond d'une valise.

   La relation mère-fille est houleuse. La jeune adulte rejette les conventions imposées par sa mère et la société soviétique... et elle fréquente des ouvriers rebelles de l'usine de locomotives voisine. Ceux-ci protestent contre l'augmentation des prix des produits alimentaires et les nouvelles cadences mises en place à l'usine. Nous sommes à la fin du printemps 1962, juste avant le déclenchement de la crise des missiles de Cuba. Le pouvoir soviétique ne veut pas entendre parler de mouvements de protestation. La situation va dégénérer.

   L'un des intérêts du film est de nous en proposer une vision de l'intérieur du Parti communiste. Plusieurs autorités sont mêlées à la crise : la direction de l'usine, la municipalité, le PC local et régional, la milice, l'armée régulière... et le KGB. Ici, le réalisateur, qui semblait avoir jusque-là un point de vue distancié, prend position dans l'analyse du déclenchement du massacre.

   La seconde partie de l'histoire voit Lioudmila partir à la recherche de sa fille (dans la rue, chez des amis, à la morgue, à l'hôpital, dans un cimetière...), se rapprochant d'un officier du KGB compréhensif et séduisant (il a un petit air de Jean Marais, je trouve). Serait-on en pleine science-fiction ?

   Quoi qu'il en soit, les acteurs principaux sont formidables, en particulier Yuliya Vysotskaya, qui porte le film sur les épaules et passe par tous les états émotionnels. La mise en scène est d'une grande rigueur, les plans étant construits avec soin. Outre les scènes déjà citées, je recommande le dialogue entre la mère et le grand-père, un soir, dans la cuisine, autour d'une bouteille d'alcool fort. Ou encore la perquisition menée par l'officier du KGB (dans l'appartement), durant laquelle on sent que le personnage change petit à petit d'opinion.

   Le noir et blanc, sans être d'une beauté bouleversante, est un bon choix pour accompagner ce drame du passé, au cœur duquel une communiste sincère se trouve face à des choix cornéliens.

   C'est à voir absolument.

Chers camarades !

   Moins d'un an après l'étonnant Michel-Ange, Andrey Konchalovsky ressuscite une nouvelle fois le passé, cette fois soviétique. Il s'est inspiré du massacre de Novotcherkassk (en juin 1962) pour construire une fiction à caractère documentaire, imprégnée de tragédie classique.

   Le tout début met en scène un couple de quadragénaires, dans une chambre à coucher. On comprend rapidement que tous deux sont des cadres du Parti communiste local. On est au réveil et la caméra suit Lioudmila (ou son reflet dans une glace) en train de s'habiller. Dans le même temps, une discussion de plus en plus tendue s'engage entre les deux amants. Il faut regarder avec attention cette scène : on n'est pas près de revoir cette femme aussi belle et sûre d'elle. Avant de sortir de l'appartement, elle aura empilé des vêtements et arrangé sa coiffure d'une manière qui contribue à l'enlaidir. Pour l'extérieur, la camarade adopte un profil austère. Guettez toutefois la phrase qu'elle prononce, juste avant de sortir : elle donne un sel particulier à ce que l'on vient de voir...

   La séquence suivante témoigne du même savoir-faire dans la mise en scène. L'héroïne se rend dans un magasin d'alimentation ("ΓΑCTPONOM" dans la langue de Vladimir Poutine) qui peine à contenter ses clients. Mais, quand on appartient à la nomenklatura locale, l'épicière se montre beaucoup plus accommodante...

   Bien que relativement privilégiée par rapport au reste de la population, Lioudmila est dans une situation familiale délicate. Elle a perdu son amour de jeunesse au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle vit désormais avec sa fille, une lycéenne de 18 ans, et son père (veuf), qui a connu la Guerre civile au début des années 1920... et qui conserve précieusement (outre son vieil uniforme) une icône de la Vierge, cachée au fond d'une valise.

   La relation mère-fille est houleuse. La jeune adulte rejette les conventions imposées par sa mère et la société soviétique... et elle fréquente des ouvriers rebelles de l'usine de locomotives voisine. Ceux-ci protestent contre l'augmentation des prix des produits alimentaires et les nouvelles cadences mises en place à l'usine. Nous sommes à la fin du printemps 1962, juste avant le déclenchement de la crise des missiles de Cuba. Le pouvoir soviétique ne veut pas entendre parler de mouvements de protestation. La situation va dégénérer.

   L'un des intérêts du film est de nous en proposer une vision de l'intérieur du Parti communiste. Plusieurs autorités sont mêlées à la crise : la direction de l'usine, la municipalité, le PC local et régional, la milice, l'armée régulière... et le KGB. Ici, le réalisateur, qui semblait avoir jusque-là un point de vue distancié, prend position dans l'analyse du déclenchement du massacre.

   La seconde partie de l'histoire voit Lioudmila partir à la recherche de sa fille (dans la rue, chez des amis, à la morgue, à l'hôpital, dans un cimetière...), se rapprochant d'un officier du KGB compréhensif et séduisant (il a un petit air de Jean Marais, je trouve). Serait-on en pleine science-fiction ?

   Quoi qu'il en soit, les acteurs principaux sont formidables, en particulier Yuliya Vysotskaya, qui porte le film sur les épaules et passe par tous les états émotionnels. La mise en scène est d'une grande rigueur, les plans étant construits avec soin. Outre les scènes déjà citées, je recommande le dialogue entre la mère et le grand-père, un soir, dans la cuisine, autour d'une bouteille d'alcool fort. Ou encore la perquisition menée par l'officier du KGB (dans l'appartement), durant laquelle on sent que le personnage change petit à petit d'opinion.

   Le noir et blanc, sans être d'une beauté bouleversante, est un bon choix pour accompagner ce drame du passé, au cœur duquel une communiste sincère se trouve face à des choix cornéliens.

   C'est à voir absolument.

samedi, 28 août 2021

Meurtres en Berry

   Ce samedi soir, France 3 diffuse un épisode inédit de sa collection Meurtres à... qui se déroule dans le Berry. Comme il est déjà accessible en ligne, j'ai pu le visionner. Même s'ils ne sont pas toujours bien joués (il y a peu de prises pour chaque scène), j'aime ces polars du terroir, qui font découvrir une région française et s'appuient souvent sur une légende locale. C'est encore le cas ici, même si la référence culturelle majeure est un roman de George Sand (La Mare au diable).

télévision,cinéma,cinema,film,films,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   J'ai tenté le coup en raison de la présence au générique d'Aurélien Wiik, un acteur que j'apprécie et que j'ai déjà vu dans d'autres "policiers du samedi soir".

   Comme d'habitude, le scénario croise l'intrigue criminelle avec les difficultés de la vie personnelle des enquêteurs, en saupoudrant le tout d'un début de romance. Le cahier des charges est respecté. Je signale toutefois que, pour goûter toute la saveur de l'intrigue, il faut accepter l'introduction d'un peu de "fantastique", puisqu'il est question de magnétiseurs-guérisseurs...

   A. Wiik incarne un capitaine de police basé à Bourges qui, pour les besoins d'une enquête, retourne dans son village d'origine, avec lequel il a coupé les ponts, en raison d'un passé douloureux. Bien évidemment, ce passé va refaire surface au cours de ses investigations. Même si certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, j'ai globalement apprécié cette fiction, les personnages secondaires étant bien campés.

   Les téléspectateurs aveyronnais seront particulièrement attentifs à l'arme du premier crime (présentée ci-dessous dans la salle d'autopsie) :

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   C'est fou comme le couteau Laguiole se marie bien avec les séries policières. Rappelez-vous, j'avais déjà signalé sa présence dans Les Experts (Las Vegas), Profilage, Elementary et Cherif (dont l'un des acteurs figure au générique : François Bureloup, dans le rôle du médecin légiste). Tout récemment, j'ai même pu en voir un exemplaire dans le film Profession du père, dans la main du personnage incarné par Benoît Poelvoorde.

   P.S.

   À lire, dans Le Monde, un article mettant en valeur, parmi les produits "made in France", le célèbre couteau aveyronnais.

Meurtres en Berry

   Ce samedi soir, France 3 diffuse un épisode inédit de sa collection Meurtres à... qui se déroule dans le Berry. Comme il est déjà accessible en ligne, j'ai pu le visionner. Même s'ils ne sont pas toujours bien joués (il y a peu de prises pour chaque scène), j'aime ces polars du terroir, qui font découvrir une région française et s'appuient souvent sur une légende locale. C'est encore le cas ici, même si la référence culturelle majeure est un roman de George Sand (La Mare au diable).

télévision,cinéma,cinema,film,films,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   J'ai tenté le coup en raison de la présence au générique d'Aurélien Wiik, un acteur que j'apprécie et que j'ai déjà vu dans d'autres "policiers du samedi soir".

   Comme d'habitude, le scénario croise l'intrigue criminelle avec les difficultés de la vie personnelle des enquêteurs, en saupoudrant le tout d'un début de romance. Le cahier des charges est respecté. Je signale toutefois que, pour goûter toute la saveur de l'intrigue, il faut accepter l'introduction d'un peu de "fantastique", puisqu'il est question de magnétiseurs-guérisseurs...

   A. Wiik incarne un capitaine de police basé à Bourges qui, pour les besoins d'une enquête, retourne dans son village d'origine, avec lequel il a coupé les ponts, en raison d'un passé douloureux. Bien évidemment, ce passé va refaire surface au cours de ses investigations. Même si certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, j'ai globalement apprécié cette fiction, les personnages secondaires étant bien campés.

   Les téléspectateurs aveyronnais seront particulièrement attentifs à l'arme du premier crime (présentée ci-dessous dans la salle d'autopsie) :

télévision,cinéma,cinema,film,films,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   C'est fou comme le couteau Laguiole se marie bien avec les séries policières. Rappelez-vous, j'avais déjà signalé sa présence dans Les Experts (Las Vegas), Profilage, Elementary et Cherif (dont l'un des acteurs figure au générique : François Bureloup, dans le rôle du médecin légiste). Tout récemment, j'ai même pu en voir un exemplaire dans le film Profession du père, dans la main du personnage incarné par Benoît Poelvoorde.

   P.S.

   À lire, dans Le Monde, un article mettant en valeur, parmi les produits "made in France", le célèbre couteau aveyronnais.

vendredi, 27 août 2021

Reminiscence

   On doit ce film de science-fiction aux influences multiples à Lisa Joy, la créatrice de la série Westworld. De prime abord, c'est la référence aux polars des années 1940-1950 qui frappe. La voix-off (trop présente, hélas) pourrait être celle d'un détective privé qui raconte sa dernière affaire, celle qui lui a permis de rencontrer LA femme, qu'il ne pourra jamais oublier.

   Faute de détective privé, on a Nick, un ancien marine, blessé à la jambe, devenu "entrepreneur de souvenirs". Musclé, tatoué et pas rasé, Hugh Jackman prête son physique avenant à ce personnage un peu agaçant. Un jour, presque par hasard, une nouvelle cliente (chanteuse de cabaret) pénètre timidement dans sa boutique. Rebecca Ferguson (remarquable dans Mission impossible 5) est chargée d'incarnée Mae, la femme fatale, portant des robes échancrées qui ne permettent pas d'ignorer à quel point elle est bien gaulée. Immédiatement, on constate que Nick n'est pas insensible à son charme : il a les yeux exorbités, sa langue descend jusqu'aux chevilles et une bosse suspecte apparaît au creux de son pantalon...

   Avant que je ne cause de leur amourette, je dois préciser que l'action se déroule dans un contexte post-apocalyptique : le changement climatique a provoqué une forte montée des océans, la ville de Miami se trouvant désormais à moitié sous l'eau. Cela nous vaut plusieurs plans extérieurs superbes... et, beaucoup plus tard, une scène aquatique visuellement emballante, dans le rez-de-chaussée d'une bâtisse à moitié engloutie.

   L'aspect science-fiction tient à l'enregistrement des souvenirs personnels et à la possibilité de les revivre, si l'on est un client fortuné... ou l'ami du patron. Les vieux cinéphiles amateurs de ce genre d'histoire y verront une parenté avec Strange Days, de Kathryn Bigelow.

   Le problème est que, si les décors et la mise en scène sont de qualité, les dialogues sont trop nombreux, parfois inutiles ou maladroits. On aurait surtout dû couper dans les parties de monologue. Quant à l'histoire d'amour, assumée d'abord comme un cliché, elle ne m'a pas transporté. La "scène de sexe" entre les deux amants n'est pas la plus réussie du film.

   Heureusement, la partie polar reprend le dessus. Figurez-vous que la femme fatale disparaît, au grand désespoir du héros, qui va se mettre en quatre pour la retrouver. Il va fouiller dans sa "banque de souvenirs"... voire carrément dans la mémoire de sujets non consentants. J'ai bien aimé cette enquête cérébrale, même si les scènes de baston auxquelles elle donne naissance auraient mérité quelques ajustements.

   Sur le plan formel, je me dois de signaler une faiblesse du film : la plupart du temps, les souvenirs sont représentés non pas comme la vision (subjective) de la personne qui les a en mémoire, mais comme une vue objective des événements dont elle se rappelle. Cet artifice était nécessaire à l'accomplissement du scénario puisque, bien entendu, des indices sont visibles dans certaines de ces scènes, indices dont la personne qui revit ses souvenirs n'a pas forcément conscience.

   En dépit de ses faiblesses, j'ai été pris par cette histoire follement romantique, avec ses personnages victimes d'une machination dont on découvre les mécanismes petit à petit.

16:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Reminiscence

   On doit ce film de science-fiction aux influences multiples à Lisa Joy, la créatrice de la série Westworld. De prime abord, c'est la référence aux polars des années 1940-1950 qui frappe. La voix-off (trop présente, hélas) pourrait être celle d'un détective privé qui raconte sa dernière affaire, celle qui lui a permis de rencontrer LA femme, qu'il ne pourra jamais oublier.

   Faute de détective privé, on a Nick, un ancien marine, blessé à la jambe, devenu "entrepreneur de souvenirs". Musclé, tatoué et pas rasé, Hugh Jackman prête son physique avenant à ce personnage un peu agaçant. Un jour, presque par hasard, une nouvelle cliente (chanteuse de cabaret) pénètre timidement dans sa boutique. Rebecca Ferguson (remarquable dans Mission impossible 5) est chargée d'incarnée Mae, la femme fatale, portant des robes échancrées qui ne permettent pas d'ignorer à quel point elle est bien gaulée. Immédiatement, on constate que Nick n'est pas insensible à son charme : il a les yeux exorbités, sa langue descend jusqu'aux chevilles et une bosse suspecte apparaît au creux de son pantalon...

   Avant que je ne cause de leur amourette, je dois préciser que l'action se déroule dans un contexte post-apocalyptique : le changement climatique a provoqué une forte montée des océans, la ville de Miami se trouvant désormais à moitié sous l'eau. Cela nous vaut plusieurs plans extérieurs superbes... et, beaucoup plus tard, une scène aquatique visuellement emballante, dans le rez-de-chaussée d'une bâtisse à moitié engloutie.

   L'aspect science-fiction tient à l'enregistrement des souvenirs personnels et à la possibilité de les revivre, si l'on est un client fortuné... ou l'ami du patron. Les vieux cinéphiles amateurs de ce genre d'histoire y verront une parenté avec Strange Days, de Kathryn Bigelow.

   Le problème est que, si les décors et la mise en scène sont de qualité, les dialogues sont trop nombreux, parfois inutiles ou maladroits. On aurait surtout dû couper dans les parties de monologue. Quant à l'histoire d'amour, assumée d'abord comme un cliché, elle ne m'a pas transporté. La "scène de sexe" entre les deux amants n'est pas la plus réussie du film.

   Heureusement, la partie polar reprend le dessus. Figurez-vous que la femme fatale disparaît, au grand désespoir du héros, qui va se mettre en quatre pour la retrouver. Il va fouiller dans sa "banque de souvenirs"... voire carrément dans la mémoire de sujets non consentants. J'ai bien aimé cette enquête cérébrale, même si les scènes de baston auxquelles elle donne naissance auraient mérité quelques ajustements.

   Sur le plan formel, je me dois de signaler une faiblesse du film : la plupart du temps, les souvenirs sont représentés non pas comme la vision (subjective) de la personne qui les a en mémoire, mais comme une vue objective des événements dont elle se rappelle. Cet artifice était nécessaire à l'accomplissement du scénario puisque, bien entendu, des indices sont visibles dans certaines de ces scènes, indices dont la personne qui revit ses souvenirs n'a pas forcément conscience.

   En dépit de ses faiblesses, j'ai été pris par cette histoire follement romantique, avec ses personnages victimes d'une machination dont on découvre les mécanismes petit à petit.

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jeudi, 26 août 2021

Good Doctor, saison 4

   L'an dernier, j'avais été plutôt déçu par la troisième saison de la série Good Doctor, en dépit d'un final réussi. J'ai retenté le coup avec l'épisode double qui inaugure la quatrième saison, en pleine pandémie.

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   Les scénaristes ont tiré parti du contexte sanitaire des États-Unis pour redonner goût à un programme qui commençait à ronronner. C'était aussi un choix esthétique, que n'ont pas fait la majorité des producteurs de fictions, outre-Atlantique comme en Europe : quand les tournages ont repris, entre deux confinements, la plupart du temps, on a fait comme si l'action ne se déroulait pas en temps de covid-19. Une des rares exceptions est la série Most Wanted Criminals (dérivée de FBI), dont la diffusion a été interrompue par TF1. On a quand même pu voir, dès le premier épisode de la saison 2, les protagonistes masqués :

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   Mais revenons à la saison 4 de Good Doctor. En raison du contexte, dans le premier épisode, la vie personnelle du médecin autiste passe un peu au second plan... et c'est tant mieux. Les scénaristes ont choisi d'illustrer, à travers une multitude de personnages, les difficultés de la vie quotidienne en période pandémique. Ainsi, de nombreuses familles sont divisées, d'autres cohabitent pour le meilleur et pour le pire ; quelques-uns se retrouvent isolés. Et une minorité voit mourir l'un de ses proches.

   Durant le deuxième épisode, diffusé mercredi soir, l'aspect dramatique s'intensifie. De plus en plus de personnes décèdent de la maladie, à l'hôpital. Le personnel médical fait de son mieux (la série lui rend un bel hommage), mais on comprend que c'est dur, aussi bien physiquement que psychologiquement. Au début de chaque histoire, on remarquera l'insertion d'un panneau qui vaut tous les discours :

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   J'ai particulièrement aimé deux intrigues annexes : la recherche effectuée par Claire (qui est encore sous le coup du décès du docteur Melendez, dont elle était secrètement amoureuse) et l'attention particulière portée par le docteur Park à une femme enceinte (touchée par le covid), qui n'a personne pour la soutenir.

   Je rassure tout le monde : après une période de drames, la situation s'améliore. Certains des malades que l'on a suivis pendant ces deux épisodes vont s'en sortir.

Good Doctor, saison 4

   L'an dernier, j'avais été plutôt déçu par la troisième saison de la série Good Doctor, en dépit d'un final réussi. J'ai retenté le coup avec l'épisode double qui inaugure la quatrième saison, en pleine pandémie.

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   Les scénaristes ont tiré parti du contexte sanitaire des États-Unis pour redonner goût à un programme qui commençait à ronronner. C'était aussi un choix esthétique, que n'ont pas fait la majorité des producteurs de fictions, outre-Atlantique comme en Europe : quand les tournages ont repris, entre deux confinements, la plupart du temps, on a fait comme si l'action ne se déroulait pas en temps de covid-19. Une des rares exceptions est la série Most Wanted Criminals (dérivée de FBI), dont la diffusion a été interrompue par TF1. On a quand même pu voir, dès le premier épisode de la saison 2, les protagonistes masqués :

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   Mais revenons à la saison 4 de Good Doctor. En raison du contexte, dans le premier épisode, la vie personnelle du médecin autiste passe un peu au second plan... et c'est tant mieux. Les scénaristes ont choisi d'illustrer, à travers une multitude de personnages, les difficultés de la vie quotidienne en période pandémique. Ainsi, de nombreuses familles sont divisées, d'autres cohabitent pour le meilleur et pour le pire ; quelques-uns se retrouvent isolés. Et une minorité voit mourir l'un de ses proches.

   Durant le deuxième épisode, diffusé mercredi soir, l'aspect dramatique s'intensifie. De plus en plus de personnes décèdent de la maladie, à l'hôpital. Le personnel médical fait de son mieux (la série lui rend un bel hommage), mais on comprend que c'est dur, aussi bien physiquement que psychologiquement. Au début de chaque histoire, on remarquera l'insertion d'un panneau qui vaut tous les discours :

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   J'ai particulièrement aimé deux intrigues annexes : la recherche effectuée par Claire (qui est encore sous le coup du décès du docteur Melendez, dont elle était secrètement amoureuse) et l'attention particulière portée par le docteur Park à une femme enceinte (touchée par le covid), qui n'a personne pour la soutenir.

   Je rassure tout le monde : après une période de drames, la situation s'améliore. Certains des malades que l'on a suivis pendant ces deux épisodes vont s'en sortir.

samedi, 21 août 2021

Attention au départ !

   Plusieurs couples d'adultes entre deux âges (30-45 ans) mettent en commun leur progéniture pour les vacances d'été, prévues dans le sud-est de la France. Le père de l'un des garçons est volontaire pour encadrer la petite troupe, à condition qu'une seconde personne l'épaule. Curieusement, les autres parents ont un agenda hyper-chargé... mais un grand-père (sans doute veuf) est disponible... au grand désespoir de sa fille. Un montage judicieux nous fait comprendre la cause de l'inquiétude de la maman : alors que le papy rappelle à quelles occasions il s'est déjà bien occupé de certains des enfants, à l'écran, une tout autre version des faits nous est proposée.

   André Dussollier incarne avec gourmandise ce grand-père imaginatif, pas coincé pour deux sous. À ses côtés Jerôme Commandeur interprète le père au foyer rondouillard, gentil, dont presque tout le monde se moque, enfants compris. L'un des intérêts de l'histoire est de voir lui pousser une paire de couilles, ce qui va lui permettre de résoudre certains problèmes épineux.

   Il faut dire qu'ils sont nombreux à se poser au cours de ce trajet en train, le premier étant l'absence des adultes, les deux accompagnants ayant raté le départ, dans des circonstances que je laisse à chacun le plaisir de découvrir. À partir de ce moment, l'intrigue alterne les allers et retours entre l'intérieur du train (où les gamins vont en faire voir de toutes les couleurs à un contrôleur psychopathe) et le "convoi des adultes" (qui vont tout tenter pour les rejoindre à chaque arrêt). Ce convoi très spécial est composé des deux accompagnants, auxquels s'est joint un ado (forcément en crise) amené en retard par sa mère (Nils Othenin-Girard, vu récemment dans Le Sens de la famille), puis un fêtard complètement ivre, dont les deux autres pensent "emprunter" la voiture.

   À un moment, tout part en sucette, quelque part entre les films des Charlots et ceux avec Louis de Funès. Tous les gags ne sont pas réussis, mais je trouve qu'il y a une belle énergie dans cette comédie sociétale, un poil surréaliste, que j'ai trouvée meilleure que les récents C'est la vie et C'est quoi ce papy ?!

21:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Attention au départ !

   Plusieurs couples d'adultes entre deux âges (30-45 ans) mettent en commun leur progéniture pour les vacances d'été, prévues dans le sud-est de la France. Le père de l'un des garçons est volontaire pour encadrer la petite troupe, à condition qu'une seconde personne l'épaule. Curieusement, les autres parents ont un agenda hyper-chargé... mais un grand-père (sans doute veuf) est disponible... au grand désespoir de sa fille. Un montage judicieux nous fait comprendre la cause de l'inquiétude de la maman : alors que le papy rappelle à quelles occasions il s'est déjà bien occupé de certains des enfants, à l'écran, une tout autre version des faits nous est proposée.

   André Dussollier incarne avec gourmandise ce grand-père imaginatif, pas coincé pour deux sous. À ses côtés Jerôme Commandeur interprète le père au foyer rondouillard, gentil, dont presque tout le monde se moque, enfants compris. L'un des intérêts de l'histoire est de voir lui pousser une paire de couilles, ce qui va lui permettre de résoudre certains problèmes épineux.

   Il faut dire qu'ils sont nombreux à se poser au cours de ce trajet en train, le premier étant l'absence des adultes, les deux accompagnants ayant raté le départ, dans des circonstances que je laisse à chacun le plaisir de découvrir. À partir de ce moment, l'intrigue alterne les allers et retours entre l'intérieur du train (où les gamins vont en faire voir de toutes les couleurs à un contrôleur psychopathe) et le "convoi des adultes" (qui vont tout tenter pour les rejoindre à chaque arrêt). Ce convoi très spécial est composé des deux accompagnants, auxquels s'est joint un ado (forcément en crise) amené en retard par sa mère (Nils Othenin-Girard, vu récemment dans Le Sens de la famille), puis un fêtard complètement ivre, dont les deux autres pensent "emprunter" la voiture.

   À un moment, tout part en sucette, quelque part entre les films des Charlots et ceux avec Louis de Funès. Tous les gags ne sont pas réussis, mais je trouve qu'il y a une belle énergie dans cette comédie sociétale, un poil surréaliste, que j'ai trouvée meilleure que les récents C'est la vie et C'est quoi ce papy ?!

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jeudi, 19 août 2021

Baby Boss 2 : une affaire de famille

   Quatre ans après la sortie du premier volet des aventures du héros en couches, revoilà les (anciens) enfants terribles sur nos écrans. Ils ont pris un petit coup de vieux. L'aîné, Tim, s'est marié et a eu deux filles, la dernière ne parlant pas encore (du moins, c'est ce que croient ses parents). C'est un père au foyer, un peu rêveur, un peu emprunté. Son cadet, le percutant Ted, est toujours célibataire (sans enfant). Il a réussi dans les affaires, s'est beaucoup enrichi. Ses nièces l'admirent, surtout l'aînée, une élève modèle qui fréquente une école privée aussi prestigieuse que mystérieuse.

   Deux des meilleures scènes se trouvent dans la première partie de l'histoire. On assiste tout d'abord à la transformation physique des deux hommes adultes, qui retrouvent (de manière aussi rocambolesque que cocasse) leur corps d'enfant. Vient peu après une délirante poursuite en ville, complètement invraisemblable, mais très emballante.

   Dans la salle, les bambins adorent et les parents sont rassurés : les petites transgressions insérées dans l'intrigue conservent son aspect grand public au film... et puis il y a les clins d'œil destinés aux adultes. Au hasard d'un plan, on reconnaît (entre autres) un film d'épouvante pour ados et un célèbre passage du Seigneur des anneaux.

   Pour éviter que l'histoire ne tourne trop autour des protagonistes masculins, on a développé les personnages des filles/nièces : l'élève bûcheuse et douée d'un côté, la bébé cachottière de l'autre. Le choix de doter les enfants de très grands yeux est excellent, avec un bon potentiel comique au niveau des expressions.

   L'intrigue a deux versants. Sur le plan familial, il est question de ressouder les liens entre tous les membres de la tribu. La relation entre le père et sa fille aînée prend petit à petit le dessus, même si la réconciliation des frangins demeure le fil rouge. L'autre aspect est sociétal. Insidieusement, le scénario dénonce la pression mise sur les épaules des enfants et la volonté de certains parents d'en faire des singes savants. S'ajoute à cela un portrait de la réussite sociale assez contrasté : l'argent du riche tonton est le bienvenu, mais il ne garantit pas le bonheur.

   Il y a donc pas mal de clichés dans ce film d'animation, mais, techniquement, il est réussi et l'heure trois-quarts passe sans qu'on s'en rende compte.

00:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Baby Boss 2 : une affaire de famille

   Quatre ans après la sortie du premier volet des aventures du héros en couches, revoilà les (anciens) enfants terribles sur nos écrans. Ils ont pris un petit coup de vieux. L'aîné, Tim, s'est marié et a eu deux filles, la dernière ne parlant pas encore (du moins, c'est ce que croient ses parents). C'est un père au foyer, un peu rêveur, un peu emprunté. Son cadet, le percutant Ted, est toujours célibataire (sans enfant). Il a réussi dans les affaires, s'est beaucoup enrichi. Ses nièces l'admirent, surtout l'aînée, une élève modèle qui fréquente une école privée aussi prestigieuse que mystérieuse.

   Deux des meilleures scènes se trouvent dans la première partie de l'histoire. On assiste tout d'abord à la transformation physique des deux hommes adultes, qui retrouvent (de manière aussi rocambolesque que cocasse) leur corps d'enfant. Vient peu après une délirante poursuite en ville, complètement invraisemblable, mais très emballante.

   Dans la salle, les bambins adorent et les parents sont rassurés : les petites transgressions insérées dans l'intrigue conservent son aspect grand public au film... et puis il y a les clins d'œil destinés aux adultes. Au hasard d'un plan, on reconnaît (entre autres) un film d'épouvante pour ados et un célèbre passage du Seigneur des anneaux.

   Pour éviter que l'histoire ne tourne trop autour des protagonistes masculins, on a développé les personnages des filles/nièces : l'élève bûcheuse et douée d'un côté, la bébé cachottière de l'autre. Le choix de doter les enfants de très grands yeux est excellent, avec un bon potentiel comique au niveau des expressions.

   L'intrigue a deux versants. Sur le plan familial, il est question de ressouder les liens entre tous les membres de la tribu. La relation entre le père et sa fille aînée prend petit à petit le dessus, même si la réconciliation des frangins demeure le fil rouge. L'autre aspect est sociétal. Insidieusement, le scénario dénonce la pression mise sur les épaules des enfants et la volonté de certains parents d'en faire des singes savants. S'ajoute à cela un portrait de la réussite sociale assez contrasté : l'argent du riche tonton est le bienvenu, mais il ne garantit pas le bonheur.

   Il y a donc pas mal de clichés dans ce film d'animation, mais, techniquement, il est réussi et l'heure trois-quarts passe sans qu'on s'en rende compte.

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lundi, 16 août 2021

Pil

   Ce film d'animation français a un petit goût de Sud-Ouest. Sa production a d'ailleurs été subventionnée par Toulouse Métropole et le Conseil régional de Midi-Languedoc. On ne s'étonnera donc pas d'y croiser une duchesse d'Aquitaine prénommée Aliénor, vivant sans doute au XIIe siècle, à une époque où ce duché était plus vaste que le comté de Toulouse, légèrement décalé vers l'est par rapport à la région  actuelle :

cinéma,cinema,film,films,occitanie

   Le blason du royaume fictif n'est d'ailleurs pas sans évoquer celui du comté toulousain... ainsi que celui du Rouergue (qui fut jadis sous sa dépendance) : l'association "rouge et or" est présente dans les deux cas, tout comme sur les armoiries de Lugan, commune de l'Ouest Aveyron :

cinéma,cinema,film,films,occitanie

   Pourquoi diable me suis-je intéressé à cette commune, peuplée de moins de 400 habitants ? Parce que l'un des personnages de l'intrigue, un ménestrel (entendez : un troubadour) porte ce nom. L'acteur qui lui prête sa voix s'est arrangé pour qu'en l'entendant, on pense à Francis Cabrel (originaire du Lot-et-Garonne, pas très éloigné de là... et surtout situé sur le territoire de l'ex-duché).

   Si vous ajoutez à cela le fait que l'un des protagonistes, le soldat piéton Crobar, ne cesse de s'exclamer "Coquarel !" à tout bout de champ (ce que, dans la région, chacun identifiera comme un décalque de "Macarel !"), vous aurez une idée de la couleur locale donnée à cette histoire.

   Pil est une intrépide enfant des rues, orpheline peinant à manger à sa faim. Elle partage son quotidien avec deux fouines, Griffue et Touffue (l'une des deux me donnant l'impression d'être une hermine), bientôt rejointes par Gloutonne (qui ressemble à un putois).

   Dans des circonstances que je ne vais pas révéler, Pil apprend qu'un complot a été ourdi par le régent contre l'héritier du trône, bientôt transformé en... chat-poule ! On n'est pas au bout de nos surprises, puisqu'un peu plus tard, on assiste à la naissance d'un... dragon-chien !

   À l'ambiance médiévale se superposent donc de la sorcellerie... et une chasse au trésor. Pour sauver le royaume, Pil et ses amis vont connaître de nombreuses aventures. Ainsi, pour récupérer une grosse... crotte de Licorne, ils devront affronter le redoutable Garou (pas le chanteur, je vous rassure), avant de résister à l'agression d'une bande de soudards payés par le régent. (Le Garou en question est sans doute béarnais.)

   Dans le même temps, on assiste à la formation d'une sorte de tribu familiale, composée de Pil, Crobar, Rigolin (un amuseur public pas drôle) et de la ménagerie qui les accompagne. C'est rythmé, souvent drôle, émaillé de clins d'œil à destination des adultes. L'histoire met l'accent sur des valeurs positives... et elle se finit bien.

   Cerise sur le gâteau : l'animation est soignée. C'est très joli à voir... et parfois brillant au niveau de la mise en scène, dès le plan-séquence du début.

   J'ai passé un très bon moment, tout comme les bambins (pas trop petits) de la salle.

Pil

   Ce film d'animation français a un petit goût de Sud-Ouest. Sa production a d'ailleurs été subventionnée par Toulouse Métropole et le Conseil régional de Midi-Languedoc. On ne s'étonnera donc pas d'y croiser une duchesse d'Aquitaine prénommée Aliénor, vivant sans doute au XIIe siècle, à une époque où ce duché était plus vaste que le comté de Toulouse, légèrement décalé vers l'est par rapport à la région  actuelle :

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   Le blason du royaume fictif n'est d'ailleurs pas sans évoquer celui du comté toulousain... ainsi que celui du Rouergue (qui fut jadis sous sa dépendance) : l'association "rouge et or" est présente dans les deux cas, tout comme sur les armoiries de Lugan, commune de l'Ouest Aveyron :

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   Pourquoi diable me suis-je intéressé à cette commune, peuplée de moins de 400 habitants ? Parce que l'un des personnages de l'intrigue, un ménestrel (entendez : un troubadour) porte ce nom. L'acteur qui lui prête sa voix s'est arrangé pour qu'en l'entendant, on pense à Francis Cabrel (originaire du Lot-et-Garonne, pas très éloigné de là... et surtout situé sur le territoire de l'ex-duché).

   Si vous ajoutez à cela le fait que l'un des protagonistes, le soldat piéton Crobar, ne cesse de s'exclamer "Coquarel !" à tout bout de champ (ce que, dans la région, chacun identifiera comme un décalque de "Macarel !"), vous aurez une idée de la couleur locale donnée à cette histoire.

   Pil est une intrépide enfant des rues, orpheline peinant à manger à sa faim. Elle partage son quotidien avec deux fouines, Griffue et Touffue (l'une des deux me donnant l'impression d'être une hermine), bientôt rejointes par Gloutonne (qui ressemble à un putois).

   Dans des circonstances que je ne vais pas révéler, Pil apprend qu'un complot a été ourdi par le régent contre l'héritier du trône, bientôt transformé en... chat-poule ! On n'est pas au bout de nos surprises, puisqu'un peu plus tard, on assiste à la naissance d'un... dragon-chien !

   À l'ambiance médiévale se superposent donc de la sorcellerie... et une chasse au trésor. Pour sauver le royaume, Pil et ses amis vont connaître de nombreuses aventures. Ainsi, pour récupérer une grosse... crotte de Licorne, ils devront affronter le redoutable Garou (pas le chanteur, je vous rassure), avant de résister à l'agression d'une bande de soudards payés par le régent. (Le Garou en question est sans doute béarnais.)

   Dans le même temps, on assiste à la formation d'une sorte de tribu familiale, composée de Pil, Crobar, Rigolin (un amuseur public pas drôle) et de la ménagerie qui les accompagne. C'est rythmé, souvent drôle, émaillé de clins d'œil à destination des adultes. L'histoire met l'accent sur des valeurs positives... et elle se finit bien.

   Cerise sur le gâteau : l'animation est soignée. C'est très joli à voir... et parfois brillant au niveau de la mise en scène, dès le plan-séquence du début.

   J'ai passé un très bon moment, tout comme les bambins (pas trop petits) de la salle.