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dimanche, 22 mars 2015

Equité électorale

   J'ai un peu tiqué aujourd'hui en lisant le quotidien Centre Presse. Dans le second cahier, page 20, se trouve un petit article intitulé "Les écoliers rencontrent le sénateur". La scène se déroule à Flavin, une commune de la banlieue de Rodez (mais qui a veillé à ne pas appartenir à la communauté d'agglomération). Le texte précise que c'est l'école Saint-Charles (privée) qui accueille Alain Marc.

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   On va me dire qu'il n'y a rien là que de très normal. Les professeurs des écoles ont dû vouloir donner un peu de corps à une leçon d'instruction civique... en faisant venir quelqu'un qui n'est, à l'heure où j'écris ces lignes, que sénateur à titre provisoire, tant que le recours déposé par Alain Fauconnier n'a pas été traité par le Conseil constitutionnel. (Au vu de l'évolution du travail de l'institution, la décision ne devrait toutefois pas tarder.)

   Précisons aux professeurs des écoles qui l'ignoreraient que le site du Sénat est riche en contenus, y compris mutimédia, et que son utilisation serait sans doute plus enrichissante que la conférence d'un élu en costume-cravate... qui a d'ailleurs l'air de copieusement barber certaines des têtes blondes !

   Mais là n'est pas le coeur du problème. Cette rencontre a eu lieu le 16 mars 2015, en pleine campagne des élections départementales. Il n'a échappé à personne que le sénateur à titre provisoire, ex-député, est aussi conseiller général sortant et candidat dans le nouveau super-canton Raspes-et-Lévézou. (Il vient d'ailleurs d'être réélu, en compagnie de Christel Sigaud-Laury.)

   Les observateurs vigilants (qui ont en tête la carte des nouveaux cantons aveyronnais) vont me dire que Flavin ne fait pas partie de ce canton, mais de celui de Nord-Lévézou. C'est juste, mais on n'est vraiment pas loin :

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   Qu'à moins d'une semaine du vote, une telle rencontre soit organisée, médiatisée et que le compte-rendu en soit publié le jour même de l'élection me paraît très contestable. La venue du sénateur-candidat aurait dû être programmée avant le début de la campagne des départementales ou bien après le second tour. Alain Marc n'avait de plus sans doute pas besoin de ce petit coup de pub obligeamment fourni par une école de la République, censée être politiquement neutre.

   P.S.

   Les liens entre Alain Marc et l'école Saint-Charles ne datent pas d'aujourd'hui. Quand il siégeait à l'Assemblée nationale, il a accompli la même démarche à au moins deux reprises, en 2011 et en 2013... et, en 2010, c'étaient les élèves qui étaient venus à lui, dans le cadre d'un voyage parisien. Cette belle fidélité pourrait faire accroire qu'il n'existe qu'un seul parlementaire dans l'Aveyron.

   Curieusement, en 2012 (année électorale), on ne trouve pas trace d'une rencontre entre Alain Marc et les bambins de son école préférée. Le fait que la commune de Flavin se trouve dans la troisième circonscription législative de l'Aveyron (celle de l'ancien député) n'y est sans doute pas étranger.

dimanche, 22 février 2015

Peste brune en Aveyron

   L'information a commencé à circuler vendredi matin, après la mise en ligne d'un article de Centre Presse évoquant les propos antisémites tenus sur sa page Facebook (aujourd'hui supprimée) par un candidat du Front national aux élections départementales.

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   Mais, rendons à César ce qui appartient à César : c'est sans doute Benjamin Laumaillé qui, dans Le Ruthénois, a levé le lièvre. Le quinzomadaire paraissant le vendredi, il doit être imprimé le mercredi ou le jeudi... et les articles doivent avoir été rendus au plus tard un ou deux jours auparavant. Cela fait donc maintenant au moins une semaine que le journaliste (peut-être rencardé par un de ses camarades des "Roquets Rouges") s'est aperçu qu'Alexandre Larionov a tenu des propos particulièrement odieux.

   On pouvait les trouver dans trois billets éructations du 3 août 2014 (visibles presque en entier sur la capture d'écran publiée dans Centre Presse). Y sont attaqués les Francs-maçons (le terme n'étant jamais correctement orthographié...) et les juifs, "qui merritent que la mort cruelle"... en français dans le texte. Ce jeune homme semble visiblement influencé par les vieilles théories du complot judéo-maçonnique, très à la mode à la fin du XIXe siècle et au XXe. Dans ce domaine, le faux le plus célèbre est le Protocole des sages de Sion, élaboré au début du XXe siècle par des Russes (et s'inspirant d'un pamphlet hostile... à Napoléon III !).

   Un siècle plus tard, on en retrouve encore l'influence dans les "écrits" d'un jeune Franco-russe... ou plutôt Russo-français, pour ce que j'ai pu en juger d'après sa page Facebook, que j'ai consultée juste avant qu'elle ne soit supprimée. De nombreux messages étaient rédigés en russe et la plupart des "amis" (virtuels) d'Alexandre Larionov étaient visiblement eux aussi russes. La plupart... mais pas tous. L'un d'entre eux est incontestablement français :

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    Il serait intéressant de savoir à quand remonte l'amitié (virtuelle) entre ce membre du FN et A. Larionov. Si elle est ancienne (par exemple si elle remonte à l'adhésion du jeune homme, il y a six mois), on peut s'étonner que L. Bourrillon (par ailleurs candidat FN sur le canton Lot et Palanges) n'ait pas été choqué par ce qui figurait sur la page de son "ami". (Il a eu au moins la prudence de ne pas "liker" les messages les plus odieux, contrairement me semble-t-il à un membre du Judo Rodez Aveyron...) Cette page n'était pourtant pas alimentée régulièrement. En quelques minutes à peine, on pouvait lire l'essentiel de ce qui était (approximativement) écrit en français. Peut-être aussi cette amitié virtuelle était-elle toute récente, datant de la désignation du jeune homme comme candidat FN.

   A ce sujet, il me semble que la position du parti de Marine Le Pen est un peu hypocrite. Dès le vendredi de la parution des articles, Alexandre Larionov a été exclu... et on ne peut que s'en réjouir. Mais, si l'information n'avait pas été publiée ? Est-ce que personne n'avait vraiment rien remarqué à propos de ce candidat ? En tout cas, jusqu'à très récemment (au moins jusqu'au 12 février), il était publiquement associé au FN, comme on a pu le voir dans les articles traitant de la présentation des candidats aux élections départementales. On peut l'entrevoir sur les photographies d'illustration, au fond de la salle, un peu plus clairement dans Centre Presse que dans La Dépêche du Midi. C'est plus net sur l'une des photos publiée sur la page Facebook du FNJ :

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   Le garçon a l'air un peu isolé, pas très bien intégré au groupe. Il est peut-être intimidé. A l'occasion de cette affaire, on a pu lire ici ou là que, cherchant désespérément des candidats (sûr que les électeurs étaient prêts à voter pour un-e inconnu-e, du moment que l'étiquette du parti était apposée), le FN avait parfois investi n'importe qui.

   Quand même... le rédacteur du communiqué du FN nous prend un peu pour des imbéciles. Il affirme que le jeune homme n'était adhérent que depuis six mois, alors que les propos qui lui sont reprochés sont plus anciens. Faisons le calcul. Si, à partir du 20 février 2015, on remonte six mois dans le temps, on arrive au 20 août 2014. Or, les propos antisémites ont été publiés le... 3 août 2014. Comme c'est pratique ! Au passage, quand on reçoit l'adhésion d'un nouveau membre, la moindre des choses, quand on est un parti responsable, est d'effectuer quelques recherches basiques sur internet. A cette époque, les propos antisémites de Larionov devaient apparaître en tête de sa page Facebook.

   On y trouvait d'autres choses, comme cette curieuse photographie, à moitié floue :

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   Elle semble avoir été prise face au tableau de bord (donc par le conducteur), alors que le compteur affiche plus de 190 km/h... Le texte semble dire "Je suis faible - je suis rapide"... Si le conducteur était bien A. Larionov, cela nous révèle qu'il aime la vitesse excessive et qu'il n'hésite pas à conduire d'une main pendant que de l'autre (sans doute avec un téléphone portable) il prend un cliché du compteur.

   En tout cas, sa récente mise en examen n'est pas liée à un délit routier, mais bien à ses propos antisémites d'un autre âge.

   P.S.

   Ce garçon a aussi sévi sur Youtube... (Les ajouts de couleur brune sont de ma création.)

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samedi, 07 février 2015

Pourquoi C. Teyssèdre ne pouvait pas gagner

   Dans la course à l'investiture du Parti socialiste pour les élections régionales de décembre prochain, le maire de Rodez a fini par "jeter l'éponge", comme on dit en général dans ces cas-là. Bref, il a renoncé avant le vote des militants, parce qu'il a compris qu'il ne pouvait pas l'emporter.

   Mais la première question qui vient à l'esprit de l'observateur avisé est plutôt celle-ci : pourquoi diable s'était-il lancé dans cette aventure, avec si peu de chances de succès ? De prime abord, on serait tenté de penser qu'il estimait (à tort ou à raison) avoir accompli l'essentiel de son oeuvre à la tête de la commune de Rodez. Il lui fallait donc un nouveau défi.

   Pourquoi pas la députation ? Il avait (vainement) tenté sa chance en 2007, mais il me semble que Christian Teyssèdre soit plus intéressé par la gestion d'une collectivité territoriale que par le travail parlementaire. Ceci dit, je fais partie de ceux qui pensent qu'en 2012, il aurait pu enlever la première circonscription au député sortant Yves Censi, réélu de justesse face à Monique Bultel-Herment.

   Une autre possibilité était la conquête du conseil général de l'Aveyron. Mais, en 2011, c'est Guy Durand (à l'époque maire de Millau) qui avait mené ce combat. En 2015 comme en 2011, en dépit de la réforme territoriale, la gauche risque fort de mordre à nouveau la poussière. Dans le passé, C. Teyssèdre a pu réaliser ce que c'est que d'être conseiller général dans l'opposition. Il ne semble pas qu'il souhaite vivre à nouveau cette situation.

   Il restait donc la succession de Martin Malvy à la présidence du conseil régional de Midi-Pyrénées. Ce n'est que tardivement que l'on a appris officiellement le renoncement du sortant (un secret de Polichinelle, pour ceux qui savaient lire entre les lignes). Depuis deux-trois ans, on s'agite beaucoup dans le dos du président. Voilà sans doute pourquoi le maire de Rodez n'avait pas démissionné de son poste de vice-président, contrairement à l'un de ses engagements de campagne. Il a peut-être été conforté dans sa démarche par l'éviction successive de plusieurs des prétendants au trône : Kader Arif (rattrapé par la justice), Philippe Martin (plus préoccupé par le conseil général du Gers... et dont le passage au gouvernement n'a pas laissé une trace indélébile) et surtout Nicole Belloubet, opportunément nommée au Conseil constitutionnel en 2013.

   Comptant profiter de la disparition de ses principaux concurrents et s'appuyant sur l'inauguration réussie du musée Soulages, Christian Teyssèdre n'a pas compris que, début 2015, la situation avait changé. Cette élection est d'abord celle de la fusion de deux régions. Or, le maire de Rodez s'est présenté en solitaire, sans penser à former un tandem (voire une équipe) avec une élue languedocienne. En face, l'idée du duo Delga-Alary est une bonne trouvaille : on associe deux élus de grosses fédérations du PS, des deux régions d'origine ; on maintient (en cas de victoire) la présidence midi-pyrénéenne, tout en attribuant un beau lot de consolation à celui qui ne voulait pas de la fusion. Pour que sa candidature soit plus crédible, Christian Teyssèdre aurait dû rechercher l'alliance d'au moins une collègue socialiste de Languedoc-Roussillon... pas forcément montpelliéraine d'ailleurs.

   Le contexte de janvier 2015 a aussi été défavorable à la candidature du maire de Rodez. L'attitude de François Hollande suite aux meurtres commis par des terroristes islamistes a renforcé sa stature de président... et sa crédibilité aux yeux des militants socialistes. La solution imposée par les dirigeants du PS (qui a dû obtenir l'aval de l'Elysée) n'aurait sans doute pas été aussi bien acceptée quelques semaines auparavant. De ce point de vue, les attaques de Christian Teyssèdre contre l'appareil du PS sont arrivées à contre-temps. Les militants socialistes l'ont sans doute plus perçu comme un diviseur que comme un rassembleur... impression renforcée par ses bisbilles avec le PRG local. Ils ont choisi la sécurité de la solution proposée par Paris.

   Ce n'est pas tant dans les médias qu'auprès des militants de base qu'il aurait fallu intervenir, en utilisant ses réseaux. S'il avait vraiment déjà en tête sa candidature il y a trois-quatre ans, le maire de Rodez aurait dû mettre à profit sa vice-présidence de Midi-Pyrénées pour étoffer son carnet d'adresses. Il s'est peut-être un peu trompé de campagne... ou alors, faute d'un réseau suffisamment développé au sein de l'appareil, il a dû tenter de passer au-dessus, en utilisant principalement la presse... dont l'impact est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a vingt ans.

   Il y a pourtant bien eu une campagne interne au PS. Les non-initiés en ont eu des échos dans les journaux. Le maire de Rodez s'est rendu jusqu'à Tarbes pour tenter de convaincre les militants et on a pu voir Mme Delga à Albi où, d'après Le Tarn libre, elle a été bien accueillie par la fédération PS (sans doute déjà acquise à sa cause) :

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   Quatre débats ont même été organisés (d'après ce qu'on pouvait lire dans le cahier régional de Midi Libre de vendredi), le dernier semble-t-il à Toulouse :

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   Cette mini-campagne n'en a pas moins eu un certain retentissement. Outre les médias locaux et régionaux, quelques médias nationaux en ont rendu compte, comme Le Parisien et 20minutes. Quant à Christian Teyssèdre, il va désormais pouvoir pleinement se consacrer à Rodez et à sa communauté d'agglomération. D'autres tâches l'attendent, peut-être moins clinquantes que celles auxquelles il espérait se consacrer à l'Hôtel de région, mais tout aussi importantes pour l'avenir de cette partie de l'Aveyron.

lundi, 19 janvier 2015

Poker menteur à Villefranche-de-Rouergue

   On le sentait venir gros comme une maison en décembre dernier : la vieille gué-guerre entre socialistes et radicaux villefranchois (qui a contribué à asseoir confortablement la carrière politique de Serge Roques) est sur le point de se rallumer à l'occasion de la campagne des élections départementales.

   Les récentes manifestations en hommage aux victimes de l'islamo-fascisme ont été l'occasion pour nombre de dirigeants politiques (locaux comme nationaux) d'afficher leur indéfectible soutien à la liberté de la presse ainsi qu'à la défense de la veuve et de l'orphelin. Si, à cette occasion, leur bobine s'est retrouvée à la une des journaux, c'est pure coïncidence. Voici donc la photographie qui a été publiée dans Le Villefranchois du 15 janvier dernier :

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   Toute la crème politique villefranchoise était réunie derrière la banderole de soutien à Charlie Hebdo. En numéro 1 se trouve Patrice Couronne, naguère encore maire de Morlhon-le-Haut, mais toujours solidement accroché à la présidence de la communauté de communes du Villefranchois. Il côtoie Serge Roques, le maire de Villefranche-de-Rouergue (numéro 2) et son principal opposant, le radical de gauche Eric Cantournet, toutefois un peu placé à l'écart (numéro 3).

   Mais voilà que, ô surprise, au deuxième rang, un petit malin a réussi à glisser sa tête (surmontée du chapeau si reconnaissable) entre le maire et l'actuel conseiller général. Il s'agit de Jean-Michel Bouyssié (numéro 4). Plus loin, en page 9 de l'hebdomadaire, on apprend qu'il sera candidat aux prochaines élections départementales, avec pour suppléant André Valentin (un ancien socialiste passé au Front de Gauche)... mais sans que l'on connaisse sa partenaire de binôme, au contraire d'Eric Cantournet, annoncé en compagnie d'Odette Taïocchi, qui a déjà mené plusieurs campagnes à ses côtés.

   La cerise sur le gâteau est venue de l'article paru ce lundi dans Centre Presse. On ne sait toujours pas qui sera la colistière de Jean-Michel Bouyssié, mais celui-ci fait porter la responsabilité de la désunion sur les épaules d'Eric Cantournet. Pourtant, quand on analyse la chose en détail, il y a comme une embrouille. Certes, chaque nouveau canton doit désigner deux conseillers... mais un homme et une femme. Comme Eric Cantournet est le sortant, il paraît logique qu'il occupe la place éligible. Son éventuel allié socialiste ne pouvait donc au mieux envisager que celle de suppléant. Mais cela ne lui suffisait peut-être pas... et, en face, E. Cantournet a sans doute encore sur le coeur les séquelles de la campagne des municipales, durant laquelle on ne peut pas dire que le soutien des socialistes ait été des plus ardents...

   En mars prochain, il y a fort à parier que le premier tour de l'élection départementale servira de primaire à gauche... à condition qu'il y ait un second tour. A droite, Serge Roques a lancé son jeune poulain (et potentiel successeur à la mairie) Laurent Tranier, accompagné de Colette Lefevre. C'est un duo de choc, composé des deux premiers adjoints de Villefranche, qui pourrait faire regretter leurs querelles d'égos aux candidats de gauche.

   P.S.

   A ceux qui s'étonneraient que le débat d'idées et les programmes soient absents de ce billet, je répondrais qu'il n'est que le reflet de la situation actuelle. On attend de voir ce que la gauche aveyronnaise (éventuellement unie) a à proposer pour renverser la majorité départementale actuelle.

dimanche, 11 janvier 2015

C'est pas gagné pour les régionales

   Tout part d'un entrefilet paru dans Le Monde daté du 7 janvier 2015, page 16. Il y est question de l'annonce, par Martin Malvy, de sa non-candidature aux élections régionales de décembre prochain. A bientôt 79 ans, le patron de la gauche midi-pyrénéenne (déjà diminué physiquement ces derniers temps) évite de se lancer dans la campagne de trop.

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   Quelques noms de candidats à la candidature sont proposés... mais pas celui de Christian Teyssèdre. Pourtant, L'Hebdo paru vendredi 9 janvier évoque clairement les ambitions du maire de Rodez sous le titre : "Teyssèdre candidat à la primaire socialiste".

   L'entrefilet du Monde a donné naissance à un article, signé Stéphane Thépot. La liste des postulants socialistes (midi-pyrénéens comme languedociens) est bien plus longue... mais ne comporte toujours pas le nom du maire de Rodez. C'est grosso modo la même liste qui est citée par France 3. Seule La Tribune mentionne Christian Teyssèdre parmi les candidats. Tous les médias s'accordent toutefois pour dire qu'une élue haut-garonnaise tiendrait la corde.

   Le déficit de notoriété du maire de Rodez ne date pas d'aujourd'hui. Certes, en 2011, L'Express avait consacré un "décrochage local" au chef-lieu aveyronnais et au bilan de son maire. Mais, lorsque, en 2012, Le Journal toulousain a évoqué la succession de Martin Malvy, le premier édile ruthénois n'a pas été mentionné. Des progrès ont été réalisés depuis, puisqu'en novembre 2014, la candidature du maire de Rodez commence à être prise au sérieux... mais il lui faut encore se faire un prénom !

 

jeudi, 01 janvier 2015

Des nouvelles de Béatrice Marre

   On en a par l'entremise du Journal Officiel, plus précisément d'un décret de la présidence de la République : l'ancienne élue aveyronnaise a été nommée chevalier de la légion d'honneur, sur le contingent du ministre de l'Intérieur (page 16 du fac-similé). Quoi de plus normal pour une préfète ?

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   Le décret nous apprend qu'elle est chargée de mission au ministère. (Cela ressemble un peu à une bonne planque.) Elle doit occuper ce poste depuis mars 2014, époque à laquelle Nicole Bricq a cessé d'exercer la fonction de ministre : membre du gouvernement Ayrault, elle n'a pas été reconduite dans l'équipe Valls ; elle est redevenue sénatrice

   D'après Documents et informations parlementaires (où l'on peut trouver une biographie détaillée, pages 4-5), Béatrice Marre était devenue la collaboratrice de la ministre du Commerce extérieur en janvier 2013. Cela lui avait d'ailleurs valu un article dans La Dépêche du Midi.

   Les Aveyronnais connaissent l'ancien chef de cabinet de François Mitterrand surtout pour son passage dans le Sud Aveyron. En 2007, elle avait, sous les couleurs socialistes, tenté sa chance contre Alain Marc, lors des élections législatives. En 2008, elle avait participé au succès de la liste d'union de la gauche (conduite par Guy Durand), à Millau. Toutefois, bien que quatrième sur la liste vainqueur, elle n'avait pas obtenu de poste d'adjointe. Signalons que (d'après Roger Lajoie-Mazenc, dans son livre Fantassins de la démocratie) le futur maire de Millau, qui avait aussi décroché le mandat de conseiller général, n'avait été désigné candidat socialiste (aux cantonales) qu'avec une voix d'avance sur Béatrice Marre...

   On comprend mieux pourquoi, en 2012, certains caciques socialistes ont laissé la place aux Verts, dans la troisième circonscription aveyronnaise (dévolue à une candidate). Les mauvaises langues disent que certains dirigeants socialistes locaux préféraient encore voir le député UMP sortant réélu plutôt que d'assister à la victoire d'une redoutable concurrente... L'exclusion du PS de Béatrice Marre (qui n'a pas participé aux municipales de 2014) ne l'a visiblement pas empêchée de se reconvertir, avec l'aide d'amis présents au gouvernement (ou à l'Elysée).

   En remontant dans le temps, on constate que sa carrière a été fortement dépendante de la couleur politique du pouvoir exécutif. Jusqu'aux débuts de la première présidence Mitterrand, elle fut une sorte d'apparatchik du PS, avant de travailler pour plusieurs ministres de gauche puis de devenir sous-préfète (en 1985, peu avant la première cohabitation). Elle atteignit la notoriété en devant chef de cabinet du président durant son second mandat. C'est au début de 1995 qu'elle fut promue préfète, certes pendant la deuxième cohabitation, mais à une époque où le gouvernement Balladur acceptait de recaser les fidèles serviteurs du président mourant.

   Je pense que le duo Chirac-Juppé, aux manettes entre 1995 et 1997, n'a pas fait preuve du même esprit de conciliation. Ils ont visiblement placé Béatrice Marre dans un beau placard, en la nommant préfète hors cadre en 1996. De 1997 à 2008, elle vécut sa première carrière d'élue, loin de l'Aveyron, dans l'Oise.

   En parallèle, elle poursuivit (un peu en sourdine) son parcours de haut-fonctionnaire. En 2006, elle fut nommée à la Commission de recours contre les décisions de refus de visa d'entrée en France (en tant que représentante du ministère de l'Intérieur). En 2010, le gouvernement Fillon (plus précisément le ministère de l'immigration et de l'identité nationale) l'éjecta de ce poste en douceur, en la nommant préfète honoraire :

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   La légion d'honneur attribuée à Mme Marre est un peu son bâton de maréchal. A bientôt 63 ans, elle est proche de la retraite (de fonctionnaire... mais peut-être pas en retrait de la politique).

mardi, 23 décembre 2014

Diviser pour régner

   C'est une tactique vieille comme la politique, appliquée tant au niveau national qu'au niveau local, comme on vient d'en avoir récemment la confirmation, dans l'ouest de l'Aveyron, du côté de Villefranche-de-Rouergue.

   C'est d'abord à l'occasion de la réunion du conseil de la communauté de communes du Villefranchois qu'une petite manoeuvre a été tentée. D'après ce qu'on peut lire dans La Dépêche du Midi, lorsqu'il s'est agi de désigner les membres de la commission des impôts directs, des noms ont été proposés. Surprise dans le camp de l'opposition villefranchoise (représentée à la communauté de communes) : aucun membre de leur liste ne figure parmi les candidats soumis, alors qu'on y trouve un ancien élu socialiste, Jean-Michel Bouyssié. Celui-ci ne détient à ma connaissance plus aucun mandat. (Il peut donc se consacrer pleinement à son activité professionnelle : il est fonctionnaire au Conseil général du... Tarn.) Or, il a été proposé par le maire de Villefranche-de-Rouergue (UMP) Serge Roques. Curieux, non ?

   Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennent qu'aux dernières municipales, Jean-Michel Bouyssié ne figurait pas sur la liste d'union de la gauche conduite par le radical Eric Cantournet et, qu'à l'issue du vote, il avait félicité Serge Roques et balancé le coup-de-pied de l'âne à son rival du PRG.

   Que la manoeuvre réussît ou pas, je pense que le but de l'UMP villefranchoise était d'attiser les tensions entre le PS et le PRG. Serge Roques s'est excusé et a modifié la liste de candidats à la commission. Viré par la porte, Jean-Michel Bouyssié est revenu par la fenêtre, comme on a pu le vérifier dans le numéro de Centre Presse paru samedi 20 décembre :

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   C'est encore la municipalité de Villefranche qui est à l'origine de sa promotion. Elle est intervenue dans le cadre de la mise en place d'un ersatz de démocratie de proximité, avec la création d'un "conseil citoyen". Une partie de ses membres est censée représenter les associations et les acteurs locaux. Si tout un chacun a pu se porter volontaire, c'est le maire qui a pris la décision finale... et donc qui a choisi Jean-Michel Bouyssié. (A quel titre ? Mystère...)

   2015 et les élections départementales approchent. Le canton de Villefranche-de-Rouergue perd quelques communes (au nord), pour devenir encore plus urbain qu'auparavant. Le sortant est Eric Cantournet (PRG), qui, en 2011, avait (assez largement) battu Serge Roques au second tour, après avoir pris le dessus sur le sortant socialiste Claude Penel. La municipalité UMP ne serait sans doute pas attristée qu'une candidature PS ou divers gauche (au hasard, celle de Jean-Michel Bouyssié) vienne perturber la campagne du chef de l'opposition villefranchoise...

dimanche, 21 décembre 2014

Mais qu'a-t-il donc fait ?

   C'est la question que se pose le commun des mortels, qui a appris par voie de presse que l'un des adjoints du maire de Rodez s'est vu retirer sa délégation et l'indemnité afférente. A l'heure où j'écris ces lignes, c'est d'ailleurs le seul moyen d'avoir des informations sur le sujet, puisque le compte-rendu de la dernière réunion du Conseil municipal n'est toujours pas disponible sur le site de la commune de Rodez. C'est l'occasion de signaler qu'il y a du relâchement dans la mise en ligne  de ces fameux comptes-rendus. Déjà que d'habitude, il faut attendre plusieurs semaines, en 2014, on a l'impression qu'aucune réunion ne s'est tenue entre le 18 avril et le 14 novembre. Alors, paresse ? Mauvaise volonté ?

   Je penche pour un brin de fainéantise vu que, sur le trombinoscope du Conseil municipal, Daniel Rozoy (l'élu récemment sanctionné) figure toujours en tant que dixième adjoint :

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   Plus comique encore est la fin du document, où sont présentés les simples conseillers municipaux. Il manque la photographie d'un seul d'entre eux et, curieuse coïncidence, il s'agit du chef de l'opposition :

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   Mais revenons à Daniel Rozoy. D'après les "personnes autorisées" qui s'expriment sur le sujet, les relations entre l'élu PRG et une partie des dirigeants PS de la mairie de Rodez sont tendues depuis plusieurs années. Apparemment, pas pour des raisons idéologiques.

   Et pourtant, il semble que l'adjoint radical de gauche (en sixième place lors de la première mandature de Christian Teyssèdre) n'a pas ménagé sa peine pour se faire bien voir du maire de Rodez. En septembre 2012, il s'était un peu trop précipité pour le féliciter de son accession à la vice-présidence du Conseil régional de Midi-Pyrénées. En mars 2013, quand la promotion devint officielle, il fut le premier à s'en réjouir. Cette obséquiosité n'était sans doute pas désintéressée : à la même époque, le départ de Ludovic Mouly du Conseil d'agglomération du Grand Rodez était connu, libérant une place de vice-président (Christian Teyssèdre abandonnant la sienne pour assumer la présidence de l'intercommunalité). Hélas, trois fois hélas ! Le maire de Rodez ayant visiblement décidé de ne soutenir aucune candidature, Daniel Rozoy se fit souffler la treizième vice-présidence par un socialiste ruthénois, Gilbert Gladin (un militant de longue date), pourtant placé derrière lui dans l'ordre protocolaire ruthénois. Depuis, la révolte gronde, un peu entretenue par des rivaux du maire de Rodez, ravis de voir sa majorité se déliter.

   On s'est quand même rabiboché pour les municipales de 2014. Mais il semblerait que la cause de la rupture soit la proximité des élections départementales. Certains membres du PS semblent vouloir faire cavalier seul et certains de leurs alliés semblent avoir très envie de les faire chier leur créer quelques soucis. Christian Teyssèdre ne faisant pas dans la dentelle, il a choisi de trancher, sans donner de véritables raisons : "Nous avons besoin de cohésion municipale améliorée" a-t-il déclaré. C'est peut-être aussi un avertissement adressé à Stéphane Mazars (lui aussi PRG), au cas où il envisagerait de se présenter contre un-e sortant-e PS, l'an prochain.

   La méthode Teyssèdre est abrupte. Pour des questions de personnes, il risque de se fâcher avec des alliés qui seraient précieux dans la conquête du Conseil régional, fin 2015. Martin Malvy avait lui bien compris qu'il devait construire une majorité large et plurielle, s'il voulait l'emporter. A moins que... Christian Teyssèdre ne soit plus intéressé par la présidence de la nouvelle grande région. Il est pourtant toujours vice-président de l'actuel Conseil régional, alors qu'il avait promis de démissionner. A-t-il négligé de respecter son engagement pour mieux préparer les régionales de 2015 (auquel cas il a mal géré la situation aveyronnaise) ou bien ne démissionne-t-il pas à la demande de Martin Malvy, qui estime trop compliqué de redistribuer à nouveau les vice-présidences en tenant compte des sensibilités politiques comme des origines géographiques ? A suivre...

samedi, 08 novembre 2014

"Le trublion Eric Teyssedre"

   J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :

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   A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.

   Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)

    P.S.

   Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.

jeudi, 16 octobre 2014

Le renard est sorti du bois

Maître Maçon, sur son causse perché, tenait en son bec un fromage.

Peu sûr de son avenir, il fut par un plus gros gâteau alléché.

Il se tourna vers le Lutteur du Nord, qui l'abrita sous son plumage.

Voyant cela, le Renard des Lacs voulut saisir l'opportunité.

Lui qui cumulait déjà une très longue brochette d'apanages

Rêva d'errer, aux frais du contribuable, dans la Grande Cité.

Pour ce faire, il oublia son ancienne campagne sans affichage

Et retourna sa veste, pour ressortir son étiquette UMP.

 

Henri Cool de Source

samedi, 04 octobre 2014

Qui a payé ?

   C'est une question à laquelle on aurait aimé avoir la réponse en lisant la presse locale. Dimanche 28 septembre 2014, le président du Conseil général Jean-Claude Luche a été facilement élu sénateur de l'Aveyron. Il a entraîné avec lui le député Alain Marc (accessoirement premier vice-président du Conseil général), à qui il a cependant fallu un second tour, une centaine de grands électeurs (sans doute ruraux), pourtant proches de la Majorité départementale, ne jugeant pas sa candidature légitime (et osant l'exprimer dans les urnes).

   Après le stress du dépouillement, à la salle des fêtes de Rodez, est venu le temps des réjouissances, dans le nouvel espace culturel de Saint-Geniez-d'Olt, dans le fief de Jean-Claude Luche. Cela nous a valu un bel article dans Centre Presse, jeudi 2 octobre (le temps pour le journaliste de se remettre de cette soirée mémorable, sans doute) :

CPresse 02 10 2014.jpg

   Plus de cinq cents personnes ont assisté à ce qui est qualifié d' "apéritif dînatoire", en clair un mini-gueuleton que l'on savoure plutôt debout. Mais, s'il y avait des invités, c'est donc qu'il y avait un hôte. Qui cela pouvait-il bien être ?

   La logique voudrait que ce soit Jean-Claude Luche, sur ses deniers personnels (ne vous emballez pas : ce sont les indemnités de ses différents mandats, qui sortent de notre poche), qui ait réglé la note. Est-ce le cas ? On ne nous le dit pas.

   La petite sauterie s'est passée à Saint-Geniez-d'Olt, dans une salle qui a été rénovée notamment grâce à 100 000 euros issus de la partie ministérielle de la réserve parlementaire, en 2011. L'ancienne salle polyvalente étant un équipement intercommunal, l'invitant était-il la Communauté de communes des pays d'Olt et d'Aubrac ? Si oui, à quel titre ? Précisons que celle-ci est présidée (depuis 2014) par le maire de Sainte-Eulalie-d'Olt (depuis 2008), Christian Naudan.

   On pourrait aussi s'intéresser au montant. Offrir un "apéritif dînatoire" à plus de 500 personnes n'est pas donné à tout le monde. Mettons qu'à tout casser il y ait eu 600 pique-assiette convives à régaler ce soir-là. Une collation modeste peut revenir à cinq euros par personne. Si les petits-fours sont de grande qualité et qu'on a sorti quelques bonnes bouteilles, cela peut monter facilement à quinze euros, soit un total compris entre 3 000 et 9 000 euros... sans prendre en compte la location (mise à disposition ?) de la salle, l'éclairage, l'utilisation des sanitaires...

   L'addition pourrait être encore plus salée si les coûts de personnels sont inclus. Certains membres du fan club de Jean-Claude Luche se sont-ils crus obligés de procéder (bénévolement) à la mise en place et au service, ou bien a-t-on rémunéré deux ou trois personnes pour officier ce jour-là ? Il y aurait bien une troisième solution, mais j'ai peine à croire qu'on ait pu demander à des employés municipaux (ou intercommunaux) de venir servir le gratin de la droite aveyronnaise un soir d'élection.

   Je termine par quelques mots sur la photographie d'illustration. Yves Censi (de nouveau très pote avec Luluche... mais qui a sérieusement cru qu'ils ne se parlaient plus ?) a tombé la cravate, tout comme Alain Marc. Seul J-C Luche, en boss qui garde la tête froide, conserve toute sa dignité vestimentaire. Les suppléantes sont là pour éviter les accusations de phallocratie... mais il manque une personne, pour laquelle le résultat de ces élections constitue une petite revanche (par procuration) : Jean Puech, dont le successeur au Conseil général a repris certaines méthodes.

   Jean-Claude Luche est donc bien le "patron" du département (le seul pouvant lui faire ombrage étant visiblement surtout attiré par le Conseil régional), mais, il a quand même cru nécessaire de faire attribuer un volant de subventions du Conseil général à quelques mois du vote...

samedi, 20 septembre 2014

Un nouveau préfet (de gauche) pour l'Aveyron

   C'est inhérent à la fonction : régulièrement, un mouvement de "chaises musicales" vient redistribuer les postes de haut fonctionnaire. On doit aussi s'y attendre dès qu'un gouvernement change de composition, que le titulaire de l'Intérieur reste le même ou pas. (Ainsi, Bernard Cazeneuve est resté en place dans le deuxième gouvernement Valls.) Par contre, le vivier dans lequel puisent les ministres pour constituer leur cabinet a beaucoup en commun avec celui d'où sortent les préfets.

   Jean-Luc Combe, le nouveau représentant de l'Etat en Aveyron est un "voisin", puisqu'il était en poste dans le Cantal depuis un an et demi. Mais son parcours (détaillé dans un article de Centre Presse) est bien plus long... et surtout moins stéréotypé que celui de nombre de ses collègues.

   Il a commencé sa carrière en 1981, en Seine-Saint-Denis, à Noisy-le-Sec, en tant que responsable du secrétariat général. La date (année de la première élection de François Mitterrand à la présidence de la République) et le lieu (un département qui fut longtemps géré par le Parti communiste) pourraient nous inciter à penser qu'il était proche de la gauche. D'ailleurs, le maire au service duquel il entre (et dont il a ensuite été directeur de cabinet) est Roger Gouhier, un communiste d'origine ouvrière.

   Il a 26 ans à l'époque. La Dépêche du Midi nous apprend qu'il est titulaire d'une licence d'histoire-géographie, décrochée à Toulouse (alors qu'il est né à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, pas très loin de la Seine-Saint-Denis). Il n'est donc pas un exemple de haut fonctionnaire issu d'une grande école, au parcours balisé. Ses débuts se rapprochent plutôt de ceux de nombre de fonctionnaires territoriaux qui ont commencé leur carrière dans les années 1980. Les lois Defferre ont accordé plus de pouvoirs aux collectivités territoriales, qui ont dû, dans la foulée, recruter rapidement de nouveaux collaborateurs. A l'époque, les formations spécifiques n'étaient pas légion. On a donc abondamment puisé dans les universités (plutôt en Lettres, Sciences économiques et Droit).

   En 1988, Jean-Luc Combe devient secrétaire général de la commune de Vigneux-sur-Seine, dans l'Essonne, au sud d'Ivry. Là encore, il s'agit d'une mairie communiste, qui a été dirigée pendant 21 ans par un homme de terrain, Lucien Lagrange. (C'était l'époque où le PCF avait un réservoir de militants dévoués, très souvent d'origine populaire... et beaucoup plus d'électeurs.)

   En 1993, il retourne en Seine-Saint-Denis, à Epinay-sur-Seine, cette fois au service d'un élu socialiste, Gilbert Bonnemaison. Assez vite (peut-être en raison du retrait du maire d'Epinay), il revient dans l'Essonne, auprès du maire d'Evry Jacques Guyard, lui aussi membre du PS. L'évolution politique des employeurs du futur préfet aveyronnais est-elle révélatrice du changement de sa "sensibilité" ? Il aurait été proche du PCF dans sa jeunesse, avant d'évoluer vers le PS.

   On en a la confirmation en 1998, quand il devient directeur général des services du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, présidé par le socialiste Jean-Louis Bianco... depuis 1998.

   En 2005, il passe à la Communauté d'agglomération d'Angers, elle aussi présidée par un membre du PS, Jean-Claude Antonini.

   Notre homme a toujours la bougeotte, puisque dès 2007, il change à nouveau d'affectation, peut-être pour se rapprocher de sa région d'origine. Il se retrouve au Conseil général de Seine-et-Marne, présidé là encore par un socialiste, Vincent Eblé.

   Celui-ci devient sénateur en 2011, année qui voit Jean-Luc Combe passer au service du nouveau président (socialiste) de la Haute Assemblée, Jean-Pierre Bel. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une coïncidence. En devenant sénateur, Vincent Eblé a pu bénéficier de fonds pour rémunérer ses collaborateurs. Il n'avait peut-être plus besoin de celui qu'il avait recruté au Conseil général. De surcroît, ce dernier connaissait peut-être Jean-Pierre Bel depuis longtemps. Bien que quelques années les séparent (ils sont nés en 1955 et 1951), ils ont pu se rencontrer à Toulouse, où ils ont tous deux poursuivi leurs études... et Jean-Pierre Bel étant issu d'une famille communiste, il est possible que les deux jeunes hommes se soient croisés lors de soirées militantes.

   En arrivant dans l'Aveyron, Jean-Luc Combe pousse vers la sortie Cécile Pozzo di Borgo, qui avait été nommée par le gouvernement Fillon en 2011. Agée de 62 ans, elle se dirige tout doucement vers la retraite, à un poste que certaines mauvaises langues n'hésitent pas à qualifier de sinécure : l'administration des T.A.A.F. (Terres Australes et Antarctiques Françaises).

mardi, 29 juillet 2014

Timidité parlementaire

   C'est l'une des (timides) réformes utiles de la majorité actuelle : la loi sur la transparence de la vie politique. On a en vu très tôt l'une des applications : la déclaration de patrimoine des membres du gouvernement Ayrault, puis celle des membres du gouvernement Valls (les précédentes étant dès lors inaccessibles, si leurs auteurs avaient perdu leur portefeuille ministériel). Dans ce cadre a été créée la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, dont le site internet permet d'accéder aux déclarations.

   Plus récemment, les parlementaires ont dû remettre leur déclaration d'intérêts et d'activités, qui viennent d'être rendues accessibles au grand public (au contraire du patrimoine des députés et sénateurs, difficilement consultable... et surtout pas publiable). Je me suis intéressé aux cinq actuels élus nationaux de l'Aveyron : Marie-Lou Marcel, Alain Marc et Yves Censi (députés) ; Anne-Marie Escoffier et Alain Fauconnier (sénateurs).

   Quatre d'entre eux sont officiellement à la retraite. Qui ne le savait pas s'en serait douté pour A-M Escoffier et A Fauconnier, respectivement nés en 1942 et 1945. C'est un peu moins connu pour M-L Marcel, qui a fait valoir ses droits (de manière légèrement anticipée) à 60 ans, en 2013. C'est limite polémique à propos d'Alain Marc, qui (comme je l'ai rappelé naguère) n'a pas trouvé gênant de profiter d'une retraite anticipée à 53 ans... tout en votant la loi reportant l'âge légal de départ à 62 ans. Curieusement, seule M-L Marcel a cru nécessaire de faire figurer, dans le cadre 1 de la déclaration (celui réservé aux rémunérations liées à une activité professionnelle autre que parlementaire), le fait qu'elle touche une pension de retraite. C'est peut-être lié au fait qu'elle a bénéficié d'un congé spécial de fin de carrière. Vous allez me dire : mais quel conflit d'intérêt peut naître de cette situation ? Eh bien, par exemple, il est intéressant de connaître l'exacte situation professionnelle de ceux qui votent les lois sur nos (futures) retraites... ainsi que le montant de leur pension, au moment où l'on demande aux Français de base de faire des sacrifices.

   Passons maintenant aux indemnités parlementaires. C'est la déception pour M-L Marcel, qui n'intègre pas la sienne dans sa déclaration. De son côté, A-M Escoffier mentionne son salaire de ministre déléguée, puisqu'elle a fait partie du gouvernement Ayrault. Yves Censi déclare pour seul revenu son indemnité de député... sans en préciser le montant. Guère moins hypocrite, Alain Marc donne le chiffre annuel (environ 66 000 euros), et pas mensuel (environ 5 400 euros nets)... peut-être pour éviter certaines comparaisons. Le champion de la transparence est, de ce point de vue, Alain Fauconnier, qui précise le montant mensuel de son indemnité de sénateur, ainsi que celui de son indemnité de frais de mandat, qui est un revenu complémentaire masqué.

   Venons-en aux autres indemnités. Yves Censi est le seul non-cumulard. Il devance Anne-Marie Escoffier, conseillère générale qui ne donne que son indemnité annuelle brute et M-L Marcel, qui est aussi conseillère régionale (environ 2 000 euros nets par mois). Pour cette dernière, si on fait la somme (avec les indemnités de la députée et sa retraite), on dépasse sans doute (légalement) 15 000 euros de revenu par mois.

   C'est peut-être davantage pour Alain Fauconnier et Alain Marc, deux cumulards dont les indemnités subissent néanmoins l'écrêtement. Ces deux parlementaires ne peuvent toucher plus de 8 300 euros (bruts) par mois, au titre de leurs mandats. Le sénateur-maire de Saint-Affrique dépasse légèrement les 7 000 euros nets, auxquels s'ajoutent environ 600 euros au titre de la présidence du PNR des Grands Causses (qu'il vient d'ailleurs de proroger). Ce n'est donc pas par générosité qu'il ne touche rien au titre de président de la communauté de communes du Saint-Affricain (qu'il vient aussi de récupérer). Il a toutefois l'honnêteté de faire figurer la somme qu'il recevait quand il était vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées. Mais l'on ne sait rien du montant de sa retraite (il a été conseiller d'éducation).

   On n'a pas plus d'information sur la pension d'Alain Marc. Il est de surcroît sans doute lui aussi écrêté. Si l'on ajoute son indemnité parlementaire à celle de vice-président du Conseil général de l'Aveyron, on ne doit pas être loin du maximum autorisé. Notons que pour cette indemnité comme pour la précédente, le député donne le chiffre annuel arrondi (23 000 euros). Il gagnerait donc à ce titre environ 1 900 euros nets par mois. Or, la population aveyronnaise se situant dans la tranche 250 000 - 500 000 (habitants), un vice-président du Conseil général doit toucher plus de 2 600 euros bruts (vraisemblablement plus de 2 100 euros nets). Alors ? A-t-il volontairement minoré sa déclaration ou n'a-t-il inscrit que le montant après écrêtement ? D'autre part, il se garde bien de préciser qu'il est aussi président de la communauté de communes de la Muse et des Raspes du Tarn (reconduit en 2014)... et (premier) adjoint au maire d'Ayssènes. En raison de l'écrêtement (disposition introduite en 1992 par le gouvernement d'Edith Cresson... eh oui !), il ne peut sans doute rien toucher au titre de ces mandats.

   Hors revenus "publics", nos élus ne reçoivent aucune rétribution. Ils n'exercent aucune activité de "conseil" et, lorsqu'ils occupent diverses présidences, c'est à titre bénévole.

   J'ai envie de terminer par leurs collaborateurs parlementaires. Quatre en déclarent trois, A-M Escoffier se contentant de deux. Rappelons qu'ils sont payés par nos impôts, par l'intermédiaire du crédit affecté à la rémunération de collaborateurs (9 500 euros par mois pour un député, 7 500 pour un sénateur).

   Je ne suis pas assez savant pour pouvoir décrypter tout l'arrière-plan du recrutement des assistants parlementaires. Mais je peux faire quand même quelques remarques. La principale est qu'une partie non négligeable des collaborateurs est composée de proches. C'est particulièrement visible pour Alain Fauconnier, qui a recruté son fils (qui, "dans le civil", travaille dans le lycée où a longtemps officié son père). La déclaration du sénateur mériterait éventuellement une mise à jour, puisque Doris Niragire Nirere n'est peut-être plus une collaboratrice à temps plein : elle travaillerait désormais aussi pour Amnesty International. Signalons aussi qu'un ancien collaborateur du sénateur est devenu son adjoint (et son hypothétique successeur, selon certains) à la mairie de Saint-Affrique.

   De son côté, Marie-Lou Marcel emploie Bertrand Cavalerie, conseiller général (socialiste) de Capdenac-Gare, et Cécile Boullet-Laumond, elle aussi militante socialiste... qui fit, dans sa jeunesse, un bout de chemin avec le Parti de Gauche. Notons que le troisième membre de l'équipe, Jérôme Hébert, est partagé avec une autre députée, Martine Martinel (élue de Haute-Garonne, née la même année que Marie-Lou Marcel), ce qui figure aussi dans la déclaration de sa collègue.

   Yves Censi n'échappe pas à la règle de la grande proximité politique, puisque sa principale assistante parlementaire, Stéphanie Lacombe, est une militante UMP et qu'elle a même figuré (en 13e position) sur la liste menée par Régine Taussat, candidate aux municipales de 2008, à Rodez. Le député de la première circonscription aveyronnaise a peut-être eu besoin de se rassurer, après le conflit qui l'a opposé à l'une de ses anciennes employées, conflit qui s'est mal conclu pour l'élu. (Une autre de ses assistantes est restée en place moins de deux ans. Elle a par la suite rejoint le cabinet de Jean-François Copé. Elle est aujourd'hui consultante.)

   Terminons par l'équipe d'Alain Marc. Elle comporte une militante de la droite aveyronnaise, Nathalie Bécu, qui fut candidate aux élections municipales de Saint-Affrique, en 2008 sur la liste menée par Serge Wenner (en 14e position), en 2014 sur celle menée par Sébastien David (en 22e position). Est-il nécessaire de préciser que chacune de ces listes s'opposait à celle du socialiste Alain Fauconnier ? Beaucoup moins classique est le parcours de Paskalita Francheteau. Elle fut d'abord employée par l'acteur Richard Berry, puis la chanteuse Jeane Manson, avant de passer au service de Jacques Godfrain, le mentor d'Alain Marc.

vendredi, 18 juillet 2014

Trois de chute pour Daniel Diaz

   C'est un scrutin en apparence anodin, mais qui se révèle riche d'enseignements sur la vie politique aveyronnaise : l'élection du président du parc naturel régional des Grands Causses, qui s'est déroulée à la fin du mois de juin. Un peu à la surprise générale (des non-initiés), le sénateur-maire de Saint-Affrique Alain Fauconnier (qui avait de surcroît récemment récupéré la présidence de la communauté de communes du Saint-Affricain...) a été réélu et même confortablement, puisque, d'après La Dépêche du Midi, il a obtenu 30 voix, contre 19 à son concurrent Daniel Diaz.

   Pourtant, c'est plutôt l'inverse qui était attendu par certains observateurs. En effet, les dernières élections municipales ont fait passer plusieurs mairies dans le camp de la majorité départementale (dont se réclame Daniel Diaz), notamment Millau. Ainsi, les représentants de cette commune et ceux de la communauté de communes Millau-Grands-Causses n'apporteraient pas leurs suffrages au président sortant A. Fauconnier. Cela devait suffire à faire basculer la majorité puisque, trois ans auparavant, le socialiste (malgré le succès rencontré par la gauche aux municipales de 2008) ne l'avait emporté que de 3 voix sur son adversaire.

   Le scrutin semblait toutefois suffisamment ouvert pour permettre à un candidat pas trop marqué de tirer son épingle du jeu. Quatre personnes se sont présentées au départ : Christian Font, président délégué (et maire de Saint-Juéry), Alain Fauconnier, Daniel Diaz et Christophe Laborie (maire et conseiller général de Cornus), proche de Jean-Claude Luche. Le sortant a paraît-il hésité à se représenter. Ses amis politiques lui auraient d'ailleurs conseillé de laisser C. Font courir le risque de la défaite. Mais il s'est finalement lancé, ce qui a incité son président délégué à renoncer, alors qu'à droite, C. Laborie a décidé (tout seul ou sur le conseil de personnes bien intentionnées) d'abandonner la course, au profit de Daniel Diaz.

   Celui-ci restait sur deux échecs... et même trois, si l'on remonte aux municipales de 2008, qui ont vu la défaite de la liste menée par Jacques Godfrain (maire sortant de Millau, à l'époque), liste sur laquelle figurait Daniel Diaz, en 17e position. Il ne fut pas élu conseiller municipal, puisque seuls les 7 premiers de la liste Godfrain eurent ce bonheur. Six ans plus tard, les difficultés de l'équipe Durand s'ajoutant à l'impopularité du gouvernement de gauche, il y avait un boulevard pour une liste de droite bien structurée. Encore fallait-il en choisir la tête. Les militants de la droite et du centre ont préféré Christophe Saint-Pierre (UMP, ancien adjoint de Jacques Godfrain) à Daniel Diaz. L'article ne donne pas le détail du vote. A l'époque, on a spéculé sur un possible accord entre les deux hommes, Saint-Pierre se réservant la mairie et Diaz obtenant la communauté de communes.

   La campagne 2012 ne fut pourtant pas une partie de plaisir, notamment parce qu'une autre liste (celle menée par Philippe Ramondenc) leur a disputé les voix du centre et de la droite modérée. Elle est arrivée avec moins de 200 voix de retard sur la liste UMP-UDI au premier tour. Certaines mauvaises langues osent même affirmer que, si Daniel Diaz avait été tête de liste, c'est son adversaire Ramondenc qui serait arrivé en tête. Au second tour, le duo Saint-Pierre / Diaz l'a emporté, mais finalement d'assez peu.

   Arrivent ensuite les élections à la communauté de communes, dont j'ai déjà parlé. Daniel Diaz y connaît un second échec... et même un troisième, puisqu'il n'obtient que la deuxième vice-présidence, avec seulement 23 voix... et 23 bulletins blancs (d'après le Journal de Millau). Certains élus du centre et de droite, urbains comme ruraux, ont visiblement voulu marquer leur désaccord.

   Dans cette perspective, la présidence du PNR pouvait constituer un beau lot de consolation pour Daniel Diaz. Alain Fauconnier a senti qu'il y aurait des réticences dans le groupe d'élus ruraux "sans étiquette". Je pense qu'il y a sans doute eu aussi un accord avec Philippe Ramondenc, qui est devenu membre du bureau syndical du parc, alors que Daniel Diaz n'y figure pas. La vice-présidence attribuée au représentant des communes urbaines a été décrochée par Sylvie Ayot, deuxième adjointe au maire de Millau.

   C'est un résultat qui n'a visiblement pas plu au rédacteur du Journal de Millau, d'après ce qu'on peut lire dans un article du 26 juin dernier :

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   Derrière toute cette agitation se profilent les élections sénatoriales de septembre prochain. L'Aveyron est l'un des départements "renouvelables". Au vu des résultats aux municipales, il est évident que la gauche ne va pas garder ses deux sénateurs... surtout qu'en face, le président du Conseil général Jean-Claude Luche est en campagne depuis plusieurs mois, sous couvert de réunions d'information des élus municipaux des cantons.

   La question est : la droite va-t-elle récupérer les deux sièges ou un seul ? La logique arithmétique voudrait que la gauche perde tout. Mais, comme de nombreux grands électeurs sont des conseillers municipaux "sans étiquette", il est possible que l'un des deux sortants tire son épingle du jeu. Cela paraît compliqué pour Anne-Marie Escoffier, qui ne sort pas particulièrement grandie de son passage au gouvernement. Peut-être faudrait-il qu'elle laisse la place à quelqu'un de plus jeune, qui n'aura pas peur de cette "mission impossible". Mais il est bien tard pour commencer une campagne...

   Au vu des scrutins qui se sont déroulés en 2014, il y a peut-être de la place pour un sénateur de gauche qui arriverait à recueillir beaucoup de voix auprès des "sans étiquette" du Sud du département. A. Fauconnier y sera en concurrence (notamment) avec Alain Marc, le député réélu en 2012, qui est aussi vice-président du Conseil général (conseiller du canton de Saint-Rome-de-Tarn), président de la communauté de communes de la Muse et des Raspes du Tarn... et adjoint au maire d'Ayssènes.

   Ce sera donc cumulard contre cumulard... à ceci près que, s'il est compréhensible qu'un sénateur sortant cherche à se faire réélire (bien qu'il soit très occupé ailleurs...), on a du mal à voir pourquoi un député à peine reconduit cherche à entrer dans la Haute Assemblée. Le duo Luche-Marc a avancé l'idée qu'il fallait deux candidats de poids pour regagner les sièges perdus en 2008 et ainsi faire basculer le Sénat à droite. Tu parles ! Comme s'il n'existait pas d'autre candidat potentiel dans le département ! Et puis, au vu de la lourde défaite de la gauche aux municipales de 2012, il est presque certain (malgré les retouches au mode de scrutin) que la droite va reconquérir la majorité.

   P.S.

   Cette hypocrisie électorale a inspiré un joli dessin à l'un des contributeurs du Nouvel Hebdo paru ce vendredi :

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Merci, Baraqueville !

   Le mois dernier, une consultation a été organisée dans la commune de Baraqueville. A une large majorité, les personnes qui se sont déplacées pour voter ont choisi de ne pas rester dans la communauté d'agglomération du Grand Rodez. C'était d'ailleurs le souhait du nouveau maire, Jacques Barbezange, qui, plusieurs mois auparavant, s'était engagé à consulter la population à ce sujet s'il remportait les élections municipales. Alors, victoire de la démocratie locale ?

   On s'est d'abord demandé pourquoi le maire a organisé une consultation et non pas un référendum local, comme il en avait la possibilité. La principale différence entre les deux est que le résultat du second, quel qu'il soit, s'impose à la mairie qui l'a organisé, alors que la consultation ne débouche que sur un avis, dont le maire peut tenir compte... ou pas.

   Une autre raison tient aux modalités de vote. A l'occasion de la consultation baraquevilloise, il n'a pas été possible de voter par procuration. De plus, d'autres personnes que les électeurs inscrits (des contribuables non électeurs sur la commune) ont pu participer. L'organisation d'un référendum local aurait été plus lourde pour la mairie... et davantage porteuse d'incertitude : si l'on savait par avance que les contribuables non électeurs étaient massivement contre l'adhésion au Grand Rodez, il n'était pas dit qu'une majorité de Baraquevillois serait du même avis. Les résultats l'ont confirmé : 86 % des non électeurs qui se sont exprimés ont choisi la sortie du Grand Rodez, soit 20 points de plus que la proportion d'électeurs. On remarque toutefois que seuls 25 % de ces contribuables ont participé à la consultation.

   On peut aussi penser que, si c'est un référendum qui avait été organisé, il aurait fallu respecter une certaine équité entre les deux camps. Telle n'était peut-être pas l'intention des organisateurs de la consultation. Peu avant le vote, ils ont distribué, dans les boîtes aux lettres de la commune, un fort joli document de 6 pages (en quadrichromie)... que j'ai réussi à me procurer :

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   Au bas de la page 6, il est précisé que "Les frais de réalisation et d'impression sont intégralement pris en charge par les élus". Je crois qu'il faut en conclure que élus de la nouvelle majorité municipale ont financé le document de leur poche et pas sur le budget communal. C'est bien... et c'est tant mieux, parce que, sinon, ce pourrait être un motif d'invalidation.

   La page 2 évoque les conséquences des transferts de compétences... en "oubliant" les subventions votées par le Grand Rodez le 25 février dernier (pages 8-10) : une attribution compensatoire de 265 000 euros et une subvention d'équipement de plus de 530 000 euros.

   La page 3 prête moins à polémique. La fiscalité des deux communautés (celle du Pays baraquevillois et celle du Grand Rodez) est comparée. Les taux cités me semblent justes. Fort logiquement, ils sont plus élevés dans le Grand Rodez (qui donne accès à plus de services), mais l'écart n'est pas grand... sauf pour la cotisation foncière des entreprises, nettement plus lourde dans le Grand Rodez. (Ce fut d'ailleurs l'objet d'une polémique, il y a un an et demi.) On comprend par là quels ont été les soutiens de Jacques Barbezange.

   Après les critiques, le document passe aux propositions. Il promeut un "Grand Ségala", qui s'étendrait à Naucelle, Rieupeyroux voire Calmont. Encore faudrait-il que les autres intercommunalités du Ségala veuillent se joindre à celle du baraquevillois. C'est ici que la question de l'endettement devient cruciale (celui de la commune et celui de la communauté de communes). Jacques Barbezange "oublie" de la mentionner, ce qui lui évite d'avoir à préciser que le Grand Rodez avait décidé, lors de l'adhésion de Baraqueville, de reprendre à son compte la part de la dette (1 million d'euros tout de même) qui incombait à Baraqueville concernant l'aménagement de la zone d'activités du Puech. Ce n'est pas écrit dans le document, mais le Conseil général a promis de mettre la main à la poche... (Il faut dire que celui-ci a reçu davantage de subventions de l'Etat, au titre de la péréquation interdépartementale. Le procédé est quelque peu cavalier, ces sommes n'ayant pas vocation à peser sur la carte des intercommunalités.)

   Concernant le projet de "Grand Ségala", le document n'a pas tort de rappeler qu'en 2012, l'INSEE ne plaçait pas la commune dans le bassin de vie de Rodez. Il faudrait voir ce qu'il en est aujourd'hui, d'autant plus que Baraqueville fait partie de l'aire urbaine de Rodez (qui s'étend sur une quarantaine de communes) : la majorité de ses actifs travaille dans le pôle urbain ruthénois. Il suffit de prendre la RN 88 en direction d'Albi pour s'en rendre compte tous les jours. Il n'en est nullement question dans le document. Le doublement de la RN 88 est présenté comme un futur axe structurant. Attendons de voir le contournement de Baraqueville.

   Le résultat de la consultation est net, puisque les deux tiers des suffrages exprimés (sans prendre en compte les contribuables non électeurs) se sont portés sur le "oui", choisissant de quitter le Grand Rodez. Ceci dit, la participation dépasse à peine 50 %, sans doute en raison de l'appel à l'abstention de l'opposition (qui conteste la validité de la consultation, le délai de deux mois prévu par la loi n'ayant pas été respecté, empêchant une véritable campagne de s'engager). Des quatre bourgs composant la commune, c'est à Baraqueville même qu'on a le moins voté. Mais le "oui" est largement majoritaire partout. En dépit de l'inéquitabilité de la campagne électorale, l'opposition menée par l'ancienne maire a sans doute commis une erreur (selon moi). Si elle et ses partisans avaient appelé à participer et à voter "non", la victoire du "oui" aurait été plus étriquée. (Je ne pense pas que, vu l'ambiance qui régnait depuis plusieurs mois, le "non" ait pu l'emporter.) Il lui aurait certes fallu reconnaître une seconde défaite (après celle des municipales), mais, avec un petit "oui", le maire n'aurait pas eu les coudées franches.

   De mon côté, en tant que contribuable ruthénois, je ne peux que me réjouir de la sortie de Baraqueville du Grand Rodez, peut-être bientôt suivie par Manhac et Camboulazet. Ce sont des charges en moins pour l'agglo, qui en a déjà bien assez à assumer !

mercredi, 02 juillet 2014

L'Aveyron dans la réforme de la carte régionale

   Ce billet s'appuie sur un passionnant article du Monde, de l'excellente rubrique des "Décodeurs". Il y est question de la réforme territoriale proposée par le gouvernement Valls... mais aussi des solutions avancées par les formations politiques plus ou moins en opposition à la majorité actuelle.

   On commence par la carte du projet gouvernemental, qui ferait passer le nombre de régions métropolitaines de 22 à 12 :

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   L'Aveyron, département excentré de Midi-Pyrénées, se retrouverait dans un grand Languedoc en compagnie des voisins lozérien, gardois et héraultais. Ce n'est pas illogique... mais cela met en fureur les Montpelliérains, qui perdraient le chef-lieu, au profit de Toulouse. Pourquoi ne pas avoir plutôt rapproché Midi-Pyrénées de l'Aquitaine ? En raison des équilibres démographiques.

   Comme le rappelait le rapport du Comité Balladur (dès mars 2009), ce n'est pas tant la taille des régions françaises de métropole qui pose problème que leur relative faible population. (Rappelons que la France est -de loin- le pays le plus vaste de l'Union européenne.)

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   Le Comité Balladur avançait l'idée qu'il fallait atteindre les 3-4 millions d'habitants pour (sauf exception liée à une configuration géographique particulière) être visible (et peser) au niveau européen. L'Aquitaine atteint (de justesse) ce seuil, alors que ce n'est le cas ni de Midi-Pyrénées ni surtout de Languedoc-Roussillon. La fusion des deux (peut-être allégée d'un ou deux départements) permettrait d'atteindre 5 millions d'habitants, dans un ensemble pas si incohérent que cela. (Pour les Aveyronnais, c'est une bien meilleure solution que la fusion avec l'Aquitaine qui, si elle aurait préservé le chef-lieu toulousain, aurait accentué la localisation périphérique de notre département.)

   Dans le même ordre d'idée, l'Alsace, trop faible démographiquement, est rapprochée de la Lorraine (elle aussi sous-peuplée), avec une partie de laquelle elle partage une longue histoire commune. Voilà pourquoi d'autres régions comme les deux Normandie, l'Auvergne, le Limousin, la Picardie, la Bourgogne, Champagne-Ardenne, la Franche-Comté, Centre et le Poitou-Charentes ne peuvent rester en l'état. Il restait les cas de la Bretagne et des Pays-de-la-Loire, dont la population avait atteint le pallier fatidique. Les rapprocher n'est toutefois pas illogique. Par contre, dans le projet gouvernemental, deux nouvelles régions ont des formes absurdes : l'ensemble Centre-Limousin-Charentes et la Picardie-Champagne. De ce point de vue, le premier projet, que l'hebdomadaire Challenges avait révélé en avril dernier, était plus sage :

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   Notons que, pour l'Aveyron, cela ne changeait rien. Par contre, le grand Sud-Ouest aquitain (peut-être un peu trop vaste) semblait plus cohérent, laissant une région centre-ouest se former aux portes de la Bretagne, agrandie de la Loire-Atlantique. Dans le Nord-Est, la Picardie était rapprochée du Nord-Pas-de-Calais, tandis que la Champagne-Ardenne était ajoutée à l'ensemble alsacien-lorrain. Mais certains barons du P.S. ont visiblement fait pression pour que la carte soit "adaptée". Du coup, les autres partis politiques s'y sont mis. Voici (toujours d'après Le Monde) la carte proposée par les communistes :

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   C'est d'un conservatisme affligeant, la seule retouche concernant les deux Normandie. Il est vrai que le PCF a déjà bien du mal à obtenir des élus dans les conseils régionaux actuels. Cela risquerait d'être encore plus difficile dans des ensembles plus vastes. Les écologistes sont beaucoup moins timides :

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   Il semble qu'ils aient été sensibles à certains aspects "identitaires". Cela donne une très grande disparité territoriale, qui ne tient pas compte des réalités économiques. Cette carte s'appuie aussi sur un non-dit : le rattachement potentiel de portions du territoire français (côtés basque et catalan) à des régions étrangères (espagnoles). Quant à l'Aveyron, il ferait partie d'une grande région toulousaine, aux côtés notamment de la Lozère et de l'Hérault. Ce n'est pas idiot. Je pense par contre que la fusion du Limousin et de l'Auvergne, pour créer une entité identifiée au Massif Central, si elle est séduisante sur le papier, ne serait pas porteuse de dynamisme. De surcroît, l'ensemble pèserait à peine 2 millions d'habitants, ce qui serait insuffisant. On verra plus loin qu'un autre parti propose une solution plus ambitieuse à ce sujet.

   Passons à présent aux radicaux de gauche, dont le projet est mi-chèvre mi-chou :

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   On ne toucherait pas à Midi-Pyrénées, mais l'on garderait les deux anomalies du projet gouvernemental (centre-Charentes et Picardie-Champagne). Bof... Les propositions des centristes de l'U.D.I. paraissent plus audacieuses :

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   Côté positif, on trouve de vastes régions cohérentes, avec une Bretagne élargie, un Nord étendu vers le sud-est, une grande Alsace-Lorraine, un territoire construit autour de l'axe Saône-Rhône et une zone méditerranéenne concentrée sur les départements littoraux.

   Côté négatif, il y a ce gigantesque Sud-Ouest bordelo-toulousain, qui s'arrêterait aux portes de l'Aveyron, rattaché à une espèce de Massif Central sans les "poignées d'amour", organisé selon un axe nord-sud. Enfin, ce projet créerait une vaste région parisienne, qui écraserait encore plus le pays que l'actuelle Ile-de-France.

   Quant à l'UMP, il se borne à envisager une fusion Alsace-Lorraine :

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   Pourquoi soutiendrait-il la diminution du nombre de régions, alors qu'il pense que les élections de 2015 vont lui permettre de prendre le contrôle de presque la totalité d'entre elles ? C'est un calcul politique à courte vue. Le niveau de réflexion est encore plus faible avec le Front national, qui prône la disparition des régions :

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   L'actuel projet gouvernemental est imparfait. Le précédent (celui de mars-avril) paraissait plus abouti. C'est plutôt sur cette base (avec certains apports de l'U.D.I.) qu'il faudrait réfléchir pour refondre la carte régionale de la France métropolitaine.

mercredi, 25 juin 2014

Orthographe journalistique

   Les journaux se plaignent de perdre des lecteurs. Je le regrette tout comme eux, mais encore faudrait-il que les articles soient correctement rédigés. Régulièrement, les quotidiens et hebdomadaires aveyronnais me font penser que le français n'est plus la "langue de Molière", mais plutôt celle de Nabilla Benattia.

   La Dépêche du Midi de ce mercredi en est l'illustration. L'exemple le plus flagrant en est l'article consacré à la manifestation d'agriculteurs devant la préfecture, annoncé dans le déroulé du site internet avec deux "héneaurmes"  fautes :

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   Bien entendu, il aurait fallu écrire : "On n'en peut plus !"

   Dans un premier temps, on se dit que c'est une coquille due à l'inattention ou la fatigue mais, quand on accède à l'article, on constate dès le titre que ce n'est pas une simple étourderie :

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   On en a la confirmation à la lecture du corps du texte :

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   Le même auteur (J.-L. P.) se fait remarquer par sa maîtrise approximative de la langue (ou son manque de rigueur dans la relecture) à d'autres occasions, notamment dans l'article consacré à la candidature de Jean-Louis Grimal aux sénatoriales :

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   Sur le fond, les observateurs avisés auront remarqué que la refonte de la carte cantonale a des conséquences insoupçonnées, en particulier sur la course aux sénatoriales. Ainsi, il n'est pas étonnant que le cumulard conseiller général de Salles-Curan se présente : la nouvelle carte fusionne son territoire d'élection avec les cantons de Vezins-de-Lévézou (dont l'élu est Arnaud Viala, entre autres vice-président du Conseil général) et de Saint-Rome-de-Tarn (dont l'élu est Alain Marc, député et lui aussi vice-président du Conseil général). Comme tout ce beau monde fait partie de la majorité départementale, on a compris qu'en 2015, parité oblige, il risquait d'y avoir deux morts et un miraculé à l'issue des élections départementales. Voilà donc Jean-Louis Grimal qui sort du bois, suivi bientôt dit-on par Alain Marc lui-même (qui sent peut-être que sa circonscription de député n'est plus aussi sûre qu'auparavant)... voire par Arnaud Viala, à qui l'on prête aussi des ambitions sur le Conseil général...

   ... à condition que l'actuel président s'en désengage. Il semble bien que, depuis plusieurs mois, Jean-Claude Luche mène, aux frais des contribuables, une campagne sénatoriale qui ne dit pas son nom. Elu du canton de Saint-Geniez-d'Olt, il voit celui-ci fusionné avec celui de Laissac et une partie de celui d'Espalion. Nous revoilà avec trois élus de la majorité départementale (J-C Luche, Jean-Paul Peyrac et Simone Anglade) pour cette fois-ci deux places en 2015, puisqu'il sera possible de former un "ticket" Peyrac-Anglade, si celle-ci souhaite se représenter et si elle choisit le nouveau canton "Lot et Palanges" plutôt que "Lot et Truyère" (auquel a été attribuée l'autre partie de son actuelle circonscription et notamment la commune d'Espalion).

   Ces considérations, qui éclaireraient les lecteurs de La Dépêche, sont malheureusement absentes de l'article. On se contentera de regretter que, dans un autre papier du même auteur (qui se contente de relayer la bonne parole de la "majorité départementale"), on retrouve une nouvelle coquille énorme :

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   Vive la presse libre... et alphabétisée !

vendredi, 13 juin 2014

Il voulait devenir maire de Rodez

   Il va bien entendu être question de Christian Teyssèdre, auquel le journaliste Gérard Galtier consacre un livre, qui n'est pas une biographie au sens strict, plutôt le récit (nourri d'anecdotes) d'un parcours atypique :

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   Soyons clairs : si le bouquin contient, ici ou là, quelques critiques à l'égard de celui qui vient de se faire réélire maire de Rodez, le propos est globalement en empathie avec le personnage. Je pense que les deux hommes ont quelques points communs, notamment celui d'être, chacun dans leur domaine, des francs-tireurs.

   Christian Teyssèdre est un enfant du Faubourg, quartier moins bourgeois et plus frondeur que le sommet du chef-lieu aveyronnais. (Rappelons que Gérard Galtier s'y est présenté aux élections cantonales en 2011 et qu'il y a résidé, comme il l'avait précisé en réponse à l'un de mes billets.) A ceux qui ne le connaîtraient pas, le journaliste évoque l'épisode de la commune libre du Faubourg, dans les années 1930.

   Les amateurs de détails biographiques apprendront avec plaisir que le futur maire du Piton a effectué son service militaire dans l'infanterie de Marine (en tant qu'infirmier) et que, s'il a bien été reçu au concours d'entrée à EDF, il avait aussi réussi celui d'inspecteur de police !

   Le passage par EDF a visiblement joué un rôle non négligeable dans la carrière de Christian Teyssèdre. Il y a fait quelques rencontres (notamment celle d'Anne-Christine Her, aujourd'hui neuvième adjointe au maire), s'y est investi dans le travail syndical (à la CFDT)... et s'y est visiblement ennuyé, ce qui l'a peut-être poussé à s'engager en politique.

   Gérard Galtier s'attarde un peu plus sur les premiers pas du futur maire. Il a rejoint le PS, où il fait un peu tache. La plume se fait ici acerbe vis-à-vis de ces notables de gauche qui se sont très bien accommodés de la droite pendant des années, à Rodez et dans le reste de l'Aveyron. Il m'a semblé percevoir un poil de rage dans l'écriture de cette partie. L'auteur s'est longtemps battu contre l'ancien président du Conseil général, Jean Puech, qui, selon certains observateurs, a maintenu le département sous cloche (et sous son contrôle) pendant trois décennies.

   Mais c'est un autre élu de la "Majorité départementale" qui hérite nominalement de ses piques : Michel Astoul, qui fut l'adjoint de Marc Censi de 1989 à 2008. Gérard Galtier brosse un rapide portrait du cumulard, qui ne se représente pas sur le canton de Rodez-Est en 1998, où Christian Teyssèdre décide de se lancer.

   Les péripéties de la campagne sont contées par le menu détail, jusqu'aux recours en justice. Battu au second tour de seulement trente voix, le candidat socialiste a estimé que le journal de campagne distribué juste avant le premier tour de l'élection enfreignait le code électoral. C'est allé jusqu'au Conseil d'Etat, dont la décision, si elle déboute Christian Teyssèdre, reconnaît que la distribution du journal violait le code électoral, mais qu'elle ne suffit pas à expliquer la défaite du socialiste, pourtant de seulement trente voix ! Si on lit entre les lignes, le texte semble dire que la requête de Christian Teyssèdre aurait pu aboutir s'il l'avait présentée autrement.

   Ceci dit, cette affaire ne fut qu'une étape dans l'ascension politique du futur maire de Rodez. Son concurrent victorieux, Dominique Costes, n'a pas longtemps profité du mandat, puisqu'il a été battu en 2004 et qu'il a échoué aux municipales suivantes. Aujourd'hui recasé à la CCI, aux côtés de Manuel Cantos, il continue à faire de la politique (selon les mauvaises langues), mais de manière plus subreptice.

   La suite du livre de Gérard Galtier nous mène aux municipales de 2008 et à la victoire pas si surprenante que cela de la liste d'union de la gauche, dès le premier tour. L'auteur rappelle en effet qu'en janvier 2008, un sondage de l'IFOP avait donné la liste Teyssèdre en tête du premier tour... avec 51 % des voix. (En mars suivant, elle a finalement recueilli 52,5 % des suffrages exprimés.)

   Le livre décevra ceux qui s'attendaient à ce qu'il règle quelques comptes post-2014. (Il contient juste une phrase, en fin de volume.) Son propos s'arrête au début du premier mandat. Mais nul doute que, si le maire n'avait pas été reconduit cette année, la conclusion aurait été différente.

samedi, 24 mai 2014

Hold-up à Bruxelles

   Tel est le titre du dernier livre corédigé par José Bové et Gilles Luneau et sorti en librairie en février dernier :

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   Je ne suis pas particulièrement fan du député européen, mais j'apprécie son côté "fouteur de merde", parce qu'il veut faire avancer les choses (ce qui n'est pas le cas de tous ceux qui s'agitent devant les photographes et les caméras). Ce livre-là m'a d'autant plus intéressé qu'il n'est pas un simple plaidoyer pro domo d'un député sortant sollicitant à nouveau les suffrages des électeurs. En décrivant de l'intérieur le fonctionnement de la machine institutionnelle communautaire, il fait oeuvre civique.

   Au coeur du premier chapitre ("Les agents doubles des biotechnologies") se trouve l'Efsa, l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Il est beaucoup question des conflits d'intérêts qui ont faussé les avis rendus par cette institution, et de son ancienne présidente, Diana Banati. L'affaire de la pomme de terre transgénique Amflora a cristallisé les oppositions. Le duo Bové-Luneau raconte la découverte de sa malhonnêteté et le processus qui va aboutir à son éviction à la manière d'un roman policier. On y découvre le rôle trouble d'un drôle d'institut, l'Ilsi (International Life Sciences Institute), inconnu du grand public alors qu'il est le plus important groupe de pression agro-industriel du monde.

   Le chapitre 2 ("Le plan fumeux du lobby du tabac") nous fait toucher du doigt l'importance du lobbying au sein des institutions bruxelloises. Cette fois-ci, on a l'impression de se retrouver dans un mauvais roman d'espionnage, qui voit un commissaire européen, John Dalli, être la cible d'un double complot, un mené par Philip Morris International (le célèbre cigarettier, bénéficiant de complicités au sein des institutions européennes), l'autre par des rivaux maltais de l'homme politique. Le plus cocasse dans l'histoire est que c'est un sujet en apparence anodin, le snus (du tabac à priser), qui a déclenché la tourmente. Bové se dépeint presque en Don Quichotte de la transparence face aux moulins à vent de l'industrie. Le récit n'en est pas moins passionnant. On y découvre un président de la Commission (José Manuel Barroso) au mieux incompétent, au pire manipulateur, et des hauts fonctionnaires européens adeptes du pantouflage et du mélange des genres.

   Avec le troisième chapitre ("Une PAC sous influence"), on entre dans le coeur de compétence du député, l'agriculture et le vote par le Parlement européen des orientations agricoles pour cinq ans. On découvre les méandres du travail en commission et les débats suscités, par exemple, par la volonté de limiter les subventions aux exploitations. Bové y raconte ses espoirs et sa déception. Au départ, il avait l'ambition de limiter à 100 000 euros (ce qui était déjà une très belle somme) les versements aux exploitations. Cela permettait de récupérer des milliards d'euros, destinés à bénéficier aux exploitations de taille plus modeste et à financer le développement rural. Il s'est vite rendu compte que sa proposition n'avait aucune chance de passer. Il trouvait que 300 000 euros étaient une limite trop haute. Il pensait transiger à 200 000 (l'équivalent de plus de 16 000 euros par mois !), mais une courte majorité a finalement préféré la proposition de la Commission Barroso. Les votes des députés allemands et français sont commentés.

   Bové signale au passage l'incohérence du Front national, qui prétend défendre les exploitants modestes, et dont les deux députés présents (B. Gollnisch et J-M Le Pen) ont voté contre le plafonnement. Quant à Marine elle était, ce jour-là comme tant d'autres, absente de l'hémicycle. En voilà une autre que nos impôts paient à ne rien faire...

   Le chapitre suivant ("Insecticides : le goût de la victoire") est l'occasion de se regonfler le moral. Mais ce ne fut pas sans mal. Les auteurs y dénoncent les méthodes de voyous employés par certains grands groupes agrochimiques (bien aidés par les partisans de l'agriculture intensive...). Cette fois-ci,  le "bien" a triomphé du "mal".

   Plus inattendu est le chapitre consacré au Maroc ("Le Maroc, banc d'essai européen du libre-échange"). A la lecture, on comprend que Bové, qui sentait qu'on lui avait tendu un piège en lui confiant la rédaction d'un rapport sur les relations commerciales (agricoles) entre l'Union européenne et le Maroc, a pris plaisir à jouer l'empêcheur de tourner en rond, mettant sur la sellette la question du Sahara occidental, dont personne ne voulait entendre parler. C'est savoureux mais aussi instructif sur le comportement prédateur de certains Européens et Marocains, qui ne visent que l'enrichissement d'une minorité, au détriment de la masse des agriculteurs des deux pays. Les auteurs relient aussi le projet d'accord UE-Maroc aux politiques libérales soutenues par différentes institutions internationales (OCDE, FMI...). (Pour un point de vue totalement différent, vous pouvez écouter un sujet diffusé sur RFI, qui présente la coopération économique franco-marocaine uniquement sous un jour favorable.)

   Dans le chapitre 6 ("La bataille du gaz de schiste, ou comment garder le pouvoir sur son cadre de vie"), les lecteurs qui ont suivi cette affaire n'apprendront pas grand chose, à part sur le contexte polonais, avec des témoignages touchants. Bové et Luneau ont l'honnêteté de préciser que, pour les Polonais, s'émanciper du fournisseur russe est un enjeu important. Mais de là à accepter le saccage de l'environnement...

   Le septième chapitre ("La grande bataille du libre-échange avec l'Amérique du Nord") aborde un sujet qui défraie la chronique, celui du projet de traité entre l'Union européenne et les Etats-Unis, négocié par la Commission européenne dans une relative opacité. (Décidément, vivement que Barroso "dégage" !) Bové et Luneau relient ce projet aux négociations commerciales déjà engagées avec le Canada, qui pourraient servir de modèle. Le prochain Parlement européen aura à se prononcer dessus. D'où l'importance des élections de ce dimanche 25 mai.

   Le livre s'achève sur des propositions ("Refonder l'Europe"), organisées selon trois axes. Bové prône la constitution de listes paneuropéennes, pour une partie des députés. Il souhaiterait augmenter les ressources propres de l'Union, sans recourir aux dotations des pays membres. Une taxe sur les transactions financières lui paraît appropriée. Enfin, contre les politiques de rigueur, il en appelle à la relance économique.

   Il reste à savoir si les élections de dimanche vont donner naissance à une majorité sensible à ces propositions.

lundi, 21 avril 2014

Elections communautaires

   Dans les principales villes aveyronnaises, ce que l'on appelle parfois "le troisième tour des municipales" a réservé quelques surprises. Mais les situations du Grand Rodez, de Millau-Grands Causses et du Villefranchois diffèrent.

   Commençons par le chef-lieu départemental. Si la victoire de la liste Teyssèdre aux dernières municipales est incontestable, une petite incertitude planait sur l'élection à la présidence de l'agglomération. On s'est livré à de savants calculs. Officiellement, le maire de Rodez ne disposait que de 16 des 51 voix. Il fallait leur ajouter celles des listes victorieuses à Olemps (2) et Sébazac-Concourès (2)... ainsi que celles des listes vaincues à Onet-le-Château (2) et Baraqueville (1). Cela donnait 23 voix acquises sur 51, la majorité des autres conseillers étant classés "divers droite".

   Avant même que l'on apprenne que les maires des communes de l'agglomération s'étaient réunis à la demande de Christian Teyssèdre, il n'était pas nécessaire de réfléchir très longtemps pour arriver à la conclusion que le sortant réussirait sans peine à rallier à sa candidature une bonne partie des "divers" (notamment du côté du Monastère et de Sainte-Radegonde) avec lesquels il travaille depuis plusieurs années.

   Mais tout vote à bulletins secrets comporte des risques (voir en fin de billet)... Le jour venu, trois candidats se sont présentés, Yves Censi et Bruno Bérardi briguant eux aussi les suffrages des délégués communautaires. Le résultat, sans appel (38 voix pour Christian Teyssèdre, 7 pour Yves Censi, 4 pour Bruno Bérardi et 2 bulletins blancs), a surpris. On a attribué aux "manoeuvres" du sortant sa très large victoire, alors qu'en 2013, il n'avait recueilli que 27 voix (contre 16 à Bruno Bérardi) :

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    Rappelons qu'en 2008 Ludovic Mouly (soutenu par le maire de Rodez) avait été élu avec 38 voix, contre 5 à Maïté Laur et 2 bulletins blancs :

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   En réalité, c'était couru d'avance, mais pour d'autres raisons. Compte tenu de la large réélection de Christian Teyssèdre, il serait apparu comme un détournement du vote démocratique que l'un des deux vaincus de la municipale revienne par la fenêtre de l'agglomération.

   Pour contester le sortant, il aurait fallu que l'un des maires "divers droite" de l'agglo se présente contre lui. Dans l'état actuel des choses, deux personnes auraient pu endosser le costume de rival : Jean-Philippe Keroslian et Jean-Philippe Sadoul. Mais le premier, à peine élu à Onet-le-Château, a très vite fait savoir qu'il n'était pas intéressé... surtout si on lui laissait la première vice-présidence. De plus, il s'entendrait assez bien avec le maire de Rodez (qu'il a peut-être connu jadis à EDF...). Restait Jean-Philippe Sadoul, triomphalement réélu à Luc-La Primaube. Membre de l'UDI, le parti de Jean-Claude Luche (qui voulait faire tomber Christian Teyssèdre), il semble avoir d'abord tenu compte des réalités locales... et il a peut-être surtout pensé à l'implantation du futur parc des expositions.

   A Millau-Grands Causses, la messe était dite pour la gauche : elle avait perdu la commune centre, elle allait perdre la direction de l'intercommunalité. Mais qui, à droite, allait succéder à Guy Durand ? Le nouveau maire de Millau, Christophe Saint-Pierre, a fait campagne sur le non-cumul... et il a dû tenir compte des ambitions de son colistier, Daniel Diaz (neveu d'un ancien maire de Millau). Le duo avait par contre sous-estimé l'indépendance d'esprit des autres élus de droite de la communauté, nombre d'entre eux étant de surcroît nouveaux venus dans l'assemblée.

   Sur 48 élus, 20 sont de Millau. 14 de ces 20 sont issus de la liste Saint-Pierre/Diaz, les deux listes vaincues se partageant équitablement les 6 autres. La droite millavoise a pensé qu'il serait facile de gagner une dizaine d'élus à sa cause. La réunion des maires a été un premier signal négatif, confirmé par l'élection jeudi 17 avril de Gérard Prêtre. C'est un maire "périphérique" (celui de Saint-Georges-de-Luzençon), qui "a la carte" (il est membre de l'UMP) et qui a la confiance des élus locaux (il était le premier vice-président sortant et a travaillé six ans avec la gauche). Il a recueilli 31 des 48 votes, contre seulement 14 à Daniel Diaz. Le candidat millavois n'a donc visiblement recueilli que les voix des membres de sa liste. Cela veut donc dire qu'aucun élu communautaire périphérique n'a voté pour lui, son adversaire ayant sans doute rallié ce type de suffrage.

   Il reste les autres voix millavoises, celles de la liste socialiste et celles de la liste Ramondenc, un divers droite qui a ratissé large aux municipales, mordant sans doute un peu sur l'électorat de gauche et récupérant un vote contestataire qui n'a pas trouvé d'autre moyen de s'exprimer. Pendant la campagne municipale de Millau, les échanges ont été assez durs entre les membres des listes Saint-Pierre et Ramondenc. Le refus de fusionner de ce dernier (au second tour) a été très mal pris, en face. A la communauté de communes, il y a fort à parier que les trois membres de liste Ramondenc ont voté Prêtre. Les élus socialistes auraient voté blanc.

   Les élus communautaires ont donc rejeté l'arrangement conclu entre les deux meneurs de la liste vainqueur à Millau. Peut-être que, si Christophe Saint-Pierre avait été candidat, il aurait été élu. Mais il aurait trahi une promesse de campagne... ce qu'il a d'ailleurs à moitié fait, puisqu'il est quand même devenu premier vice-président de la communauté de communes, devant Daniel Diaz, dont le rejet en troisième position (une place certes honorifique, mais qui n'est pas celle qu'il briguait) est une nouvelle claque. Toutefois, les élus millavois restent globalement dominants. Toutes ces péripéties semblent avoir été avant tout des questions de personnes.

   Passons à Villefranche-de-Rouergue. L'incertitude était plus grande quant à la présidence de la communauté de communes. Le sortant était Patrice Couronne (un divers gauche en place depuis 2001), qui souhaitait ne plus être que conseiller municipal de Morlhon-le-Haut, la commune dont il était maire. Cela risquait de fragiliser sa position à la communauté, d'autant plus qu'il a été le moins bien élu des conseillers de Morlhon.

   Il avait pour rivaux le battu de Villefranche, Eric Cantournet (PRG), et son vainqueur, Serge Roques (UMP), qui avait tardé à se déclarer. Je pense qu'il y a eu beaucoup d'agitation en coulisses, à gauche comme à droite. A gauche, Patrice Couronne voulait rassembler les élus de la périphérie (qu'il connaît bien) autour de lui. Cela devait lui permettre d'être désigné dès le premier tour et d'éviter ainsi de voir les Villefranchois éventuellement se liguer contre lui (17 des 35 conseillers venant de la commune centre). Surprise le jour du vote : si P. Couronne arrive en tête, il n'obtient pas la majorité absolue, avec 17 voix, contre 13 à Serge Roques et 5 à Eric Cantournet, qui a récupéré le vote d'un conseiller rural. Au second tour, la gauche fait bloc et Couronne l'emporte avec 21 voix contre 13 à Serge Roques, l'un des conseillers (peut-être celui qui avait voté Cantournet au premier tour) choisissant de voter blanc. Logiquement, au vu du score étriqué, la désignation des vice-présidences aurait dû permettre de réconcilier tout le monde, gauche et droite, ville et campagne. Eric Cantournet et ses colistiers sont exclus du partage... Voilà qui semble être une nouvelle séquelle des querelles à gauche, notamment entre socialistes et radicaux, dont j'ai parlé récemment.

   L'hebdomadaire Le Villefranchois (favorable à Serges Roques) a rendu compte de ces tractations en insistant sur l'échec du candidat radical de gauche, dans un article intitulé  "Comment Eric Cantournet s'est fait rouler... (Drame en trois actes et un épilogue de tragédie grecque)"

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   J'attire votre attention sur la fin de l'article, particulièrement orientée. L'auteur regrette que la présidence ait échappé à Villefranche-de-Rouergue, à cause selon lui de l'attitude d'Eric Cantournet. Mais pourquoi aurait-il dû voter pour son adversaire municipal, alors qu'à Rodez comme à Millau, la présidence n'a pas été un enjeu communal mais communautaire ? Qui plus est, depuis le temps que la présidence est exercée par un maire d'une autre commune, Villefranche n'a pas eu vraiment à en souffrir. Alors, parler d'une décision "lourde de conséquences pour les Villefranchois" n'est pas très honnête. Un esprit mal intentionné serait tenté de voir dans la fin de l'article l'expression de la volonté d'affaiblir la position du principal opposant à Serge Roques, dans la perspective des élections à venir (les départementales en 2015, les législatives en 2017 et les municipales en 2020)...

   Terminons par une note d'humour. La communauté de communes du Plateau de Montbazens nous en fournit l'occasion. Une seule personne était candidate à la présidence : Jacques Molières, tout juste élu maire de Montbazens. (Claude Catalan ne se représentait pas). Il pensait que ce ne serait qu'une formalité. O surprise ! A l'issue du premier tour, quelqu'un a bien rassemblé la majorité absolue des suffrages exprimés, mais c'est Antoine Stouff (13 voix) et non Jacques Molières (12 voix). Précisons que le premier, adjoint au maire de Roussennac (et agriculteur, comme son adversaire du jour), n'était pas candidat, mais avait semble-t-il exprimé une vision du fonctionnement intercommunal légèrement différente de celle de Jacques Molières.

   Depuis, c'est un peu la pagaille dans la région. On a annoncé puis démenti la démission d'Antoine Stouff. Des pressions se sont-elles exercées sur lui ? Rappelons que Jacques Molières, président de la Chambre d'agriculture (fonction qui lui laisserait du temps libre...), est réputé proche du président du Conseil général, Jean-Claude Luche. Le retrait annoncé de deux élus locaux (Claude Catalan, maire et président de l'intercommunalité, et Gisèle Rigal, conseillère générale) lui offrait une belle occasion de se constituer un petit fief électoral. Ce modeste vote à bulletins secrets sonne comme une éclatante rebuffade.

   P.S.

   Dans les semaines qui viennent, on attend que Christian Teyssèdre applique sa première promesse : démissionner de la vice-présidence du Conseil régional de Midi-Pyrénées, comme il s'y est encore engagé dans Le Ruthénois du 4 avril dernier :

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samedi, 05 avril 2014

Fléchettes municipales

   La claque prise par la gauche aux récentes élections municipales a conduit les médias à se contenter parfois d'une analyse de surface, où l'on pourrait éventuellement percevoir un poil de partialité.

   Dans l'Aveyron, ce fut flagrant dans le commentaire des résultats à Villefranche-de-Rouergue et Onet-le-Château, deux communes où la gauche pensait l'emporter. Pour souligner l'éclatante victoire de la droite (J-F Keroslian n'étant subitement plus classé "sans étiquette"...), plusieurs journalistes n'ont pas craint de dire voire d'écrire qu'elle avait été obtenue dès le premier tour. Le Petit Journal en est l'illustration, avec un billet figurant page 8 du numéro du 29 mars 2014 :

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   Le clou est enfoncé dans le même numéro, page 26 :

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   Rappelons qu'à Villefranche-de-Rouergue (comme à Onet-le-Château), seules deux listes étaient en concurrence :

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   Le vainqueur ne pouvait donc l'emporter qu'au premier tour ! Il n'y a aucun mérite à cela ! La même remarque s'impose à propos de la commune de Lavaur (citée dans l'article du Petit Journal) :

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   Vous aurez aussi noté l'optimisme excessif du journaliste à l'égard de l'avenir de la liste UMP à Lourdes : elle "n'a pas encore gagné"... elle a même été battue au second tour. On sent que la plume de droite avait perçu le risque puisque, juste au-dessous de l'article, figurait un appel où l'on avait bien du mal à retrouver une quelconque impartialité :

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   A ceux qui croiraient que ce papier s'adressait aux électeurs ruthénois de la liste Bérardi, dont le maintien était (éventuellement) susceptible de mettre en difficulté Christian Teyssèdre, je rappellerais qu'à Lourdes, c'est une liste Front National qui jouait le rôle de l'invité surprise. (Accessoirement, c'est révélateur de la mentalité de pas mal de personnes, à droite, qui estiment que les voix du FN ont vocation à se reporter sur les candidats UMP. Ils sous-estiment le rejet du système de ces électeurs... et oublient qu'une partie d'entre eux viennent de la gauche et qu'ils n'ont aucune envie de faciliter l'élection des amis de Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé.)

   Plus rares ont été les médias à proposer une analyse approfondie. Cela a été plus souvent le cas concernant la commune d'Onet. Pour Villefranche-de-Rouergue, il faut se tourner vers un article de La Dépêche du Midi (signé Jean-Paul Couffin)... et lire entre les lignes des tribunes publiées dans Le Villefranchois. Ce dernier est globalement très favorable à Serge Roques, le maire réélu. On peut d'ailleurs reconnaître à celui-ci un indéniable savoir-faire, qui lui a permis de perturber le jeu de la gauche dans l'ouest aveyronnais depuis plus de vingt ans. Voici donc ce qu'on pouvait lire dans l'hebdomadaire du 27 mars dernier :

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   Le signataire n'est autre que Jean-Michel Bouyssié, un cadre du Parti socialiste local, dont les ambitions ont été contrariées par la percée du radical de gauche Eric Cantournet. J-M Bouyssié fut adjoint au maire (radical de gauche) Jean Rigal. Il avait tenté sa chance en 2008... et l'on peut dire qu'il s'était "ramassé" :

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   Les électeurs de gauche avaient visiblement privilégié la liste (déjà) conduite par le radical Eric Cantournet. Par contre, le spectacle de la désunion à gauche avait sans doute (déjà) favorisé la réélection de Serge Roques.

   La hache de guerre n'était pas enterrée pour autant entre le PS et le PRG. Les cantonales de 2011 en ont été la preuve, avec, à Villefranche-de-Rouergue, un premier tour en forme de primaire à gauche, entre Eric Cantournet et Claude Penel, ancien maire socialiste de Villefranche (bénéficiant de la démission de Jean Rigal, quand il était devenu député en 1997), qui avait échoué à se faire élire en 2001.

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   A l'issue de ces élections, Eric Cantournet apparaissait comme l'opposant numéro 1 à Serge Roques... et preuve était faite que la gauche unie pouvait, au second tour, renverser l'UMP. Restait à conclure un accord entre le PS et le PRG. Il semblerait qu'une partie des dirigeants socialistes locaux aient été mécontents des conditions qui leur étaient proposées par le PRG, à qui devait revenir la tête de liste (et la majorité des places de délégué à la communauté de communes), alors qu'à Rodez, le socialiste Teyssèdre a compris qu'il ne fallait pas se montrer hégémonique. (De son côté, le radical de gauche Mazars semble avoir saisi que les sirènes de droite, du centre et d'ailleurs, qui lui susurraient de se présenter contre le sortant, ne cherchaient qu'à faire tomber la municipalité de gauche.) Le PRG villefranchois aurait pu conclure un deal réservant la présidence de la communauté de communes au PS, en cas de conquête de la mairie.

   Bref, à Villefranche-de-Rouergue, la participation a été étonnamment basse et Eric Cantournet a réalisé qu'il lui avait manqué des voix de gauche pour l'emporter. On a avancé (non sans raison) que le manque de charisme du candidat, associé à une campagne assez terne, expliquaient au moins en partie son échec. Mais les félicitations adressées par l'ancien rival de gauche au maire de droite réélu me semblent être un incontestable pied-de-nez au radical vaincu.

   Quelques mauvaises langues insinuent aussi qu'à la discorde PS-PRG se superposerait un antagonisme personnel. L'un des deux ne supporterait pas les succès de l'autre (de surcroît un peu plus jeune que lui)... succès qui feraient obstacle à ses propres ambitions.

   Mais laissons là les gamineries villefranchoises pour nous intéresser à un autre échec de la gauche à ces municipales : la commune de Baraqueville, où la campagne fut particulièrement animée. On a souligné la défaite de la sortante de gauche, dont le choix d'adhérer au Grand Rodez aurait facilité la tâche de ses adversaires de droite, coalisés contre elles au second tour. C'est sans doute pertinent mais, force est de constater que, malgré le matraquage dont elle a été victime dans tout le canton, la liste conduite par Mme Marty est quand même arrivée en tête au premier tour, réunissant 658 voix, loin toutefois des 1 027 qui s'étaient portées sur son nom en 2008 (avec un autre mode de scrutin).

   En théorie, elle ne disposait d'aucune réserve de voix pour le second tour, à l'exception de quelques abstentionnistes supplémentaires par rapport à 2008. Or, le dimanche suivant, la liste Marty, si elle a bien été battue, a obtenu 780 voix, soit 122 de plus qu'au premier tour. Ses adversaires ont plafonné à 870, alors qu'ils pouvaient en espérer au moins 950. Notons que la participation a été quasi identique, mais que le nombre de bulletins blancs a fortement diminué. Une partie de l'électorat a semble-t-il commencé à tourner casaque...

   ... et la nouvelle équipe municipale risque de décevoir ceux qui ont voté pour elle en espérant qu'elle retourne à la communauté de communes du pays baraquevillois ! Le nouveau maire (ancien rugbyman) a tendance à botter en touche, reportant à plus tard les questions douloureuses. Il est une qui risque d'emporter la décision : la dette. Baraqueville comme la communauté de communes ont des marges de manoeuvre réduites, marges qui s'étaient améliorées pour Baraqueville grâce au soutien de la communauté d'agglomération du Grand Rodez. Il suffit de consulter le compte-rendu de la réunion du 25 février dernier (pages 9-10) pour constater que l'agglo a repris à son compte un reliquat d'emprunt d'un million d'euros et qu'elle a accordé une subvention de plus de 500 000 à la commune de Baraqueville. Comment le nouveau maire de cette commune compte-t-il faire pour rembourser ces sommes, si sa commune quitte le Grand Rodez ? Il ne le dit pas. Cerise sur le gâteau, l'ancienne maire a publié un communiqué dans Le Petit Journal pour rappeler les tenants et les aboutissants de l'affaire... et pour souligner les difficultés qui attendent la nouvelle équipe si elle persiste dans son projet irréaliste :

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   Dans l'Aveyron, la gauche ne fut pas la seule à connaître des déconvenues. La majorité départementale UMP-UDI a vu deux des siens mordre la poussière, à Saint-Côme-d'Olt et à Nant. On a entendu parler du premier résultat parce que la sortante, Nathalie Auguy-Périé, ne se représentait pas sur place, mais à Rodez, sur la liste conduite par Yves Censi. Son bilan était sujet à polémique, mais l'on ne savait pas dans quelle mesure cela allait influer sur les votes en 2014.

   Le résultat est sans appel : la liste d'opposition a raflé plus de 56 % des suffrages exprimés. En face, c'est une équipe sortante fortement renouvelée qui a mené campagne : en plus de la maire en titre, trois des quatre adjoints ne se représentaient pas. C'est une simple conseillère municipale qui a tenu la barre et dû assumer la défaite : sa liste n'a recueilli que 384 voix, loin des 600 et quelques obtenues six ans plus tôt (avec un autre mode de scrutin, il est vrai). La campagne a visiblement là aussi été rude, si l'on se fie au communiqué que Mme Besombes-Palous a envoyé à Centre Presse (qui l'a publié le 3 avril) :

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   Les journaux se sont beaucoup moins étendus sur les résultats de la commune de Nant, située dans le Sud du département. Elle se trouve juste sous la barre des mille habitants (929 en 2011, sans les "comptés à part"). Elle devait donc désigner 15 conseillers municipaux, au scrutin majoritaire. Les listes complètes n'étaient pas obligatoires, mais, curieusement, 30 candidats (deux fois 15) se sont présentés. On a compris qu'il y avait deux "obédiences".

   A l'issue du premier tour, le suspens était à son comble. La liste soutenue par le maire sortant Bernard Saquet (qui ne se représentait pas) a vu six des siens se faire élire (dont la tête de liste Richard Fiol), contre cinq pour la liste adverse, pourtant conduite par le conseiller général Jean-François Galliard (issu de la majorité départementale UMP-UDI), ce dernier étant d'ailleurs bien élu, en deuxième place.

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   Au soir du second tour, ô surprise, ce sont quatre membres de la liste Fiol qui ont décroché les dernières places, avec une trentaine de voix d'avance sur leurs concurrents. C'est net et sans bavure. C'est donc un nouvel échec pour celui qui, devenu maire de Nant en 1995, fut une première fois battu en 2008.

   Pour la petite histoire, le contentieux est ancien dans la commune. En 2001, l'élection municipale (qui avait vu finalement la victoire des troupes de J-M Galliard) avait été annulée par le Tribunal administratif de Toulouse, saisi par le candidat d'opposition Alain Lourdel. L'année suivante, le Conseil d'Etat avait finalement donné raison au maire sortant.

   Si vous voulez connaître les détails de cette histoire pittoresque (où est en cause une lettre du curé de la paroisse...), je vous conseille de lire la décision du Conseil d'Etat, accessible sur la Toile. Vous devinerez sans difficulté qui se cache derrière les formulations "Jean-François G..." et "Alain L...". Pour certains des autres noms (ceux des plaignants qui contestent l'annulation du scrutin), il faut piocher dans la liste des élus de 2001 :

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La Dépêche du Midi, 12 mars 2001

 

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Centre Presse, 13 mars 2001

   Bon, c'est pas tout ça, mais je m'aperçois que je n'ai plus le temps de vous parler de Saint-Affrique. La situation mérite que j'y consacre un prochain billet.

lundi, 31 mars 2014

Qui imprime qui ?

   Les élections mettent un peu de beurre dans les épinards des imprimeurs locaux... surtout quand elles s'étalent sur deux tours ! Le sujet a inspiré un article à l'hebdomadaire Le Villefranchois, publié le 20 mars dernier :

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   Il y était question de Grapho 12, une entreprise qui était en difficulté il y a quelques années, et qui semble remonter la pente. Elle a imprimé une partie du matériel électoral utilisé dans l'ouest du département. Mais à Rodez ?

   Le nom de l'imprimeur doit figurer sur les documents officiels. Je me suis donc intéressé aux professions de foi des cinq listes en piste au premier tour.

   Le Front de Gauche a recouru aux services de l'imprimerie du Progrès, qui appartient au groupe qui édite l'hebdomadaire Le Ruthénois.

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   La liste du maire sortant (et confortablement réélu, malgré les arguments biaisés avancés contre lui) a recouru, comme en 2008, aux services de la ruthénoise SIAG (société d'imprimerie d'art graphique).

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   La liste "Rodez Citoyen", comme la précédente, a fait imprimer sur papier recyclé, mais s'est adressée à une autre entreprise, le groupe Burlat :

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   La liste UMP-UDI est passée par Grapho 12... et donc, curieusement, pas par un imprimeur du Grand Rodez :

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   Enfin, la liste Danen s'est offert les services de...

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   ... ben de personne, si l'on se fiait au recto-verso distribué avec les bulletins de vote. Fort heureusement, j'ai en ma possession un document de quatre pages qui détaille (un peu) le programme et donne la liste complète des candidats. Y figure la mention de l'imprimeur :

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   Précisons qu'Hérail avait été retenu par Bernard Saules pour sa campagne aux cantonales de 2011 et par Régine Taussat pour les municipales de 2008.

   Je voulais aussi revenir sur les couleurs des tracts et professions de foi. Au début de mars 2014, la chroniqueuse des "Roquets Rouges" (sur CFM) s'était émue de la confusion des repères, le tract de la liste Teyssèdre (PS) étant bleu et celui de la liste Censi (UMP) étant rouge :

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   Je ne sais pas si cela a rassuré Miss Roquette, mais le programme de la liste Teyssèdre qui a ensuite été distribué dans les boîtes aux lettres comporte des couleurs plus "conformes" aux valeurs de la gauche :

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      Et puis, quand on remonte à 2008, on s'aperçoit que cette ventilation des couleurs n'est pas une nouveauté. Ainsi, la liste PS-PCF-Verts-MRC-PRG était présentée dans une ambiance à dominante bleue :

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   En face, les deux listes de droite (celle de Régine Taussat et celle de Frédéric Soulié, soutenu par Censi père) baignaient fièrement dans le rouge et l'orange :

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vendredi, 28 mars 2014

Yves Censi et le MoDem

   C'est Le Nouvel Hebdo qui, la semaine dernière, a levé le lièvre. Dans un encadré intitulé "Censi et le MoDem", il est question des multiples références à un supposé soutien du mouvement de François Bayrou à la liste menée par Yves Censi.

   En janvier dernier, le député déclarait vouloir réunir tout le centre et la droite. Il espérait parvenir à un accord avec le MoDem. Depuis, pas de nouvelles. Ah, si : le 13 mars, sur CFM, il a affirmé être soutenu par le mouvement centriste. Voici l'extrait crucial (situé au début de l'entretien) :




   Cela s'est poursuivi par des tracts, puis la profession de foi :

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   Le problème est qu'aucun soutien officiel du MoDem Aveyron ne semble avoir été exprimé. Aucun membre de la liste Censi n'a cette étiquette, alors que, sur les deux autres listes encore en course à Rodez, on note la présence d'anciens membres ou de sympathisants de ce parti (Maïté Laur sur la liste Teyssèdre, par exemple).

   On trouve aussi un autre ancien du MoDem à la tête de la rédaction du Petit Journal de l'Aveyron : Hugues Robert. Or, cet organe de presse est le seul, à ma connaissance, à avoir continué à présenter la liste Censi comme étant soutenue par le MoDem. C'était particulièrement apparent dans deux articles du 15 février dernier. Le premier était consacré à la liste Censi, présentée comme une liste d'union UMP-UDI-MoDem. Le second se faisait le relais des déclarations d'Yves Censi, toujours sous l'étiquette union UMP-UDI-MoDem.

   Mais cette supercherie n'a pas pour auteur Hugues Robert. Les articles qu'il rédige sont signés "H.R." (et, quand il évoque la liste Censi, il n'est question que de l'UMP et de l'UDI). Tel n'était pas le cas ici. Sur internet, l'auteure n'est pas mentionnée. Il faut se plonger dans la version papier. On constate que les deux articles sont signés "MLG" :

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   Derrière ces initiales se cache Myriam Laur, rédactrice au Petit Journal, qui intervient aussi régulièrement sur la radio CFM. Beaucoup de gens ignorent qu'en 2007, elle a milité pour le candidat Nicolas Sarkozy, jouant le rôle d'animatrice pour le quartier de Rodez-Ouest :

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   Elle est aujourd'hui candidate, en 22e position sur la liste Censi :

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   Rétrospectivement, on comprend mieux la manière dont elle a rendu compte de la procédure judiciaire engagée puis close contre le maire de Rodez. Voilà une belle leçon de déontologie journalistique !

   Mais revenons au MoDem. Il semble qu'Yves Censi (ou un membre de son entourage) ait souhaité prendre des précautions vis-à-vis de la supposée alliance. C'est pourquoi elle n'est pas mentionnée sur les affiches de campagne :

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   Cependant, vous aurez remarqué la couleur avec laquelle l'orientation politique de la liste est écrite : l'orange, utilisée par le MoDem. C'est vraiment prendre les gens pour des cons !

   Le résultat du premier tour n'étant pas satisfaisant, le tract édité pour le second ne s'embarrasse pas de ces précautions :

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mercredi, 26 mars 2014

Yves Censi, le roi du gag

   A Rodez, la campagne municipale qui s'achève n'aura pas marqué les esprits par sa subtilité, ni par l'enthousiasme qu'elle a suscité. Ce sont plutôt les aigreurs que l'on a remarquées : aigreur du Front de Gauche de s'être fait éconduire par la liste "Rodez Citoyen" ; aigreur ressentie par certains membres du "collectif citoyen" à l'égard de Christian Teyssèdre ; aigreur de ce dernier face à la multiplication des pains dans la gueule listes de gauche ; aigreur des candidats UMP face aux attaques de Teyssèdre contre Yves Marc Censi... et à sa prétention de mieux gérer que la droite ; aigreur de la liste Danen de ne pas se retrouver au second tour, contrairement à ce que les sondages laissaient présager.

   Toutefois, dans cet océan d'acidité électorale s'est glissé un lutin facétieux : Yves Censi (le fils de l'autre, rappelons-le). Ce matin, en passant chez le marchand de journaux pour me procurer un exemplaire d'un hebdomadaire satirique cher à mon coeur, j'ai machinalement jeté un oeil aux gros titres de la presse locale. J'ai frôlé l'arrêt cardiaque en regardant la "une" de Midi Libre :

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   Deuxième couche, page 2 (c'est ce que l'on appelle le comique de répétition) :

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   Il faut dire qu'une campagne municipale, c'est usant. Il faut un peu se dévoiler aux électeurs, aller à leur rencontre, se laisser toucher, faire semblant de les écouter, de les comprendre... de les approuver. Arrive l'accident bête : l'usage du second degré devant un journaliste de la presse régionale. Risqué, comme procédé. Va-t-il comprendre ? Un sourire complice va-t-il apparaître sur son visage ? Ah ben, non. Le voilà qui prend des notes !

- Chaque quartier... par coeur ? fait-il répéter. Trop tard pour nier ou rectifier.

   Et pourtant... Combien de fois, à peine sorti de l'avion, le député parisien a-t-il arpenté, les cheveux la barbe au vent, les rues du Piton, vêtu simplement de sa cape d'invisibilité ? Combien de fois est-il allé sur Google Street View taper la discute avec ses potes du quartier Ramadier, ou de Gourgan ? On sous-estime le nombre de paires de pompes à 300 euros qu'il a niquées en allant fraterniser avec le peuple.

   P.S.

   Au détour de l'article, on apprend quand même que l'exercice de la fonction de député -façon Yves Censi- représente 2,5 à 3 jours de boulot à Paris. En voulant briser son image d'élu "hors sol", souvent loin de l'Aveyron (et donc de Rodez), il se tire une balle dans le pied. Il passe pour un dilettante, lui qui touche une indemnité de plus de 5 000 euros nets par mois, à laquelle s'ajoutent quelque 6 400 euros pour frais de représentation (en gros, il s'habille et voyage aux frais de la princesse).

dimanche, 16 mars 2014

On s'écharpe sur le Ségala

   Les élus de sept communes du pays baraquevillois viennent de rendre leurs écharpes à la préfecture de l'Aveyron... à une semaine du premier tour des élections municipales. Ce mouvement d'humeur médiatique plonge ses racines dans la réforme de l'intercommunalité décidée par le gouvernement Fillon (sous le quinquennat Sarkozy), reprise en partie par le gouvernement Ayrault. A l'époque, les "communes" orphelines ont été invitées à rejoindre une structure intercommunale et on a incité celles-ci à s'étendre et à intensifier leurs coopérations.

   La commune de Baraqueville n'était au départ pas forcément concernée par ce "big bang territorial". Elle appartenait à la communauté de communes du pays baraquevillois (en vert sur la carte), proche mais séparée du Grand Rodez (en rouge) :

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   Mais, pour qui connaît un peu la région, il est évident que plusieurs des communes du Baraquevillois sont des dépendances économiques du pôle urbain ruthénois. L'INSEE utilise la notion d'aire urbaine, y incluant les communes dont plus de 40 % des actifs travaillent dans le pôle. Voici ce que cela donne en 2010 :

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   Alors que la communauté d'agglomération du Grand Rodez regroupait alors à peine plus de 50 000 habitants, c'est plus de 80 000 qui vivent au rythme du chef-lieu aveyronnais. Vous noterez d'ailleurs que, parmi la quarantaine de communes figurant dans l'aire urbaine, on trouve Baraqueville, Manhac, Camboulazet... ainsi que Boussac, Gramond et Moyrazès, toutes adhérentes (à l'époque) de la communauté de communes du pays baraquevillois.

   Il a donc paru pertinent à la maire de Baraqueville de poser la question de son rattachement au Grand Rodez. Contrairement à ce que ses opposants affirment, la décision n'est pas sortie du chapeau en quelques jours, il y a eu plusieurs mois de discussion au préalable, comme la maire l'a rappelé dans une tribune publiée le 7 mars dans Le Ruthénois :

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   Voilà donc trois des communes (Baraqueville, Manhac et Camboulazet) parties. Concernant la dernière, on nous a dit que son rattachement au Grand Rodez s'effectuait uniquement en raison de critères géographiques. Certes, elle se retrouve coupée des autres communes qui n'ont pas suivi Baraqueville. Mais elle aurait pu se rapprocher du Naucellois ou de Cassagnes-Bégonhès. Ce serait oublier que nombre de ses actifs travaillent à Rodez, Onet-le-Château ou Luc-Primaube, donc dans le Grand Rodez, où les ménages effectuent aussi une partie de leurs achats...

   Le contentieux s'est déplacé sur la répartition des actifs et de la dette de la communauté baraquevilloise. Cela s'est de plus compliqué avec la réforme de la fiscalité locale et la création d'indemnités compensatoires.

   Bref, les élus des "communes abandonnées" (qui n'ont pas rejoint le Grand Rodez) semblent avoir voulu faire payer la note à Baraqueville, Manhac et Camboulazet. On n'a pas les chiffres exacts mais, il était question de leur attribuer 75 % de la dette, alors que ces trois communes pesaient ensemble moins de 50 % de la population intercommunale (environ 4 200 des 8 900 habitants).

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   Bien évidemment, d'autres critères que la seule démographie sont à prendre en compte lors de telles négociations. Si elles n'aboutissent pas, les communes peuvent se tourner vers la préfecture, ce qu'a fait Baraqueville, en juin dernier.

   C'est en décembre 2013 (et pas 2014, contrairement à ce qui figure sur la première page du recueil des actes administratifs) que la préfecture a rendu sa décision. Elle attribue à Baraqueville environ 59 % de l'endettement non individualisé (et un peu plus de 5 % à Manhac)... à régler au plus tard le 31 janvier 2014. De surcroît, Baraqueville a dû aussi prendre à son compte l'emprunt pour une zone d'activités intercommunale qu'elle a récupérée (soit un million de plus...).

   Si Baraqueville a accepté l'arbitrage, elle en conteste les modalités d'exécution (le paiement rapide en une fois). Le conseil municipal du 10 février dernier a proposé de commencer les versements, mais de réclamer un délai (le total dépasse tout de même deux millions d'euros). Cela n'a pas satisfait les élus des autres communes, visiblement mécontents aussi de la répartition, alors que la préfecture s'est appuyée sur les textes produits par l'ancienne structure intercommunale. Le tribunal administratif de Toulouse semble avoir récemment donné raison à Baraqueville.

   Les difficultés de cette commune sont réelles.  Pour pouvoir appliquer la décision de la préfecture, elle a dû de nouveau recourir à l'emprunt, comme on l'apprend dans le compte-rendu du conseil municipal du 24 février dernier. Son profil financier n'est pas apparu assez solide aux banques pour que l'une des quatre sollicitées accepte de lui prêter l'intégralité de la somme demandée. Il a fallu souscrire deux emprunts, auprès de deux établissements différents.

   Fort heureusement pour Baraqueville, le Grand Rodez a repris à son compte la dette portant sur la zone d'activités. De plus, une subvention d'équipement lui a été attribuée. (Voir la séance du Conseil d'agglo du 25 février 2014, pages 9 à 11.) Cela va permettre à la commune de garder la tête hors de l'eau, elle qui, depuis trois mandats (de gauche comme de droite), souffre d'un endettement important.

   On a aussi agité le chiffon de l'emploi pour dénigrer la démarche de la municipalité baraquevilloise : son départ de la communauté de communes pourrait conduire à des licenciements dans la fonction publique territoriale. Force est de constater que, jusqu'à présent, pour les compétences que la commune a récupérées, il y a eu transfert du personnel de la communauté à la commune (et au Grand Rodez pour la compétence "déchets").

   Dans cette affaire, si la volonté de la municipalité baraquevilloise de rejoindre la communauté d'agglomération du chef-lieu a pu être perçue dans les campagnes environnantes comme une trahison, elle tient compte de l'évolution du territoire et de la sociologie de sa population. En face, certains maires ruraux comptaient peut-être sur Baraqueville et la communauté de communes pour continuer à s'endetter à bon compte...

   Il est par contre indéniable que cette histoire est actuellement instrumentalisée, dans le contexte de la campagne des municipales. La majorité départementale semble vouloir faire tomber la maire de Baraqueville... et reconquérir le Grand Rodez. Yves Censi ne parviendra peut-être pas à déboulonner Christian Teyssèdre à Rodez même, mais, si les différentes listes de droite ou (faussement) apolitiques présentées de Sébazac-Concourès à Baraqueville font de bons scores, la majorité pourrait basculer à la communauté d'agglomération.

   P.S.

   On est aussi en train de préparer les prochaines sénatoriales. Si la presse s'est fait l'écho des difficultés à trouver des candidats dans certaines communes très peu peuplées, dans beaucoup d'autres, des listes se sont facilement montées. Quand on lit entre les lignes de la presse locale, on sent bien que, dans nombre de cas, l'une des deux listes penche à gauche et l'autre à droite. Rappelons que 95 % des grands électeurs (qui élisent les sénateurs) sont des conseillers municipaux...

mardi, 04 mars 2014

Combien ça coûte ?...

   ... un stand au Salon de l'agriculture ? Eh bien, les estimations varient. Sans subvention, l'agriculteur paie de 10 000 à 12 000 euros... sans compter les frais annexes (transport, logement... ainsi que l'eau et l'électricité sur le stand). Comme me l'a fait remarquer un ami, fin connaisseur du monde rural, cette somme représente une année de revenu pour nombre d'exploitations aveyronnaises. Qu'aurait-il dit si je lui avait cité le cas de cet ostréiculteur, qui estime à 30 000 euros le coût de sa venue au SIAL ?

   Certaines organisations et collectivités locales assurent une présence plus marquée que les simples agriculteurs. C'est le cas de la Chambre d'agriculture de l'Aveyron. Il n'est pas facile de savoir quelle dépense cela représente. Pour en avoir une idée, il faut feuilleter le Bulletin Officiel du Conseil général de l'Aveyron. "Pourquoi donc ?", me demande la dame assise au fond. Parce que, chaque année (au moins depuis 2009), le Conseil général vote une subvention à la Chambre, deux à quatre mois après la tenue du Salon (entre mars et juin donc).

   Dans le numéro de mars 2009, c'est à la page 18 que l'on trouve mention de la subvention :

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   La somme est de 30 000 euros. Couvre-t-elle l'ensemble des dépenses de la Chambre ? On ne le sait pas. Par contre, on prend soin de préciser que l'un des conseillers généraux, Jean-Claude Anglars a été tenu à l'écart. On sous-entend qu'il n'a pas pu influencer ce vote. Précisons que cet élu a un pied dans chaque structure. Il est présent à la Chambre, d'une manière ou d'une autre, depuis la fin des années 1980. Aujourd'hui encore, on le retrouve dans l'organigramme du service "aménagement rural urbanisme et environnement".

   Rebelote dans le numéro du Bulletin Officiel du Département d'avril 2010, page 80 :

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   La somme ne change pas... et elle est toujours "ronde", alors que, comme la subvention est votée a posteriori, elle pourrait correspondre à une dépense (totale ou partielle) précise. La précaution d'usage figure encore en bonne place.

   Par contre, elle est absente du numéro de mai 2011, lorsqu'il est question de la même subvention, d'un montant inchangé (page 44) :

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   Si je ne m'abuse, à cette date, Jean-Claude Anglars est devenu président de la commission de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Aménagement de l'espace et de l'Aménagement du territoire.

   Cela semble être devenu la norme de présentation, puisqu'on la retrouve dans le numéro de juin 2012 (page 84) :

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   Par contre, on en apprend un peu plus sur le coût de la présence de la Chambre d'agriculture à Paris. L'autorité consulaire a en effet demandé 60 000 euros de subvention. Il est logique de penser que cette somme doit couvrir l'intégralité des frais engagés. Cela représente donc deux fois les dépenses maximales d'un agriculteur isolé.

   On en a la confirmation dans le numéro de mai 2013 (page 36) :

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   Vous noterez que les chiffres sont de plus en plus précis. Peut-être que, sous la pression de la Cour régionale des comptes, les collectivités locales sont "incitées" à faire preuve de davantage de transparence... D'ici quelques mois, on aura les chiffres pour 2014.

   Mais quelle est la dépense totale assumée par le Conseil général ? Alors là, mystère. Le détail doit figurer dans les documents annexes, qui ne sont hélas pas mis en ligne. Ce pourrait être un travail pour l'opposition départementale mais, comme ces subventions sont votées à l'unanimité, je doute qu'un conseiller de gauche ait envie de se plonger dans cette passionnante documentation.

   Entendons nous bien. Je soutiens la politique de promotion de l'Aveyron menée par la majorité départementale. Je me pose juste quelques questions que le financement et la ventilation des dépenses. M'est avis qu'au total, le Conseil général doit y mettre entre 100 000 et 200 000 euros.

   Revenons maintenant à M. Anglars. Lui et Jean-Claude Luche sont les émissaires privilégiés du département de l'Aveyron au Salon de l'agriculture. Voici ce que l'on peut lire dans le Bulletin Officiel du département de février 2010 (page 22) :

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   Pour l'année 2011, c'est dans le numéro de décembre 2010 qu'il faut chercher l'information :

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   Le télescopage entre la préparation du SIAL (organisé en février) et la campagne des élections cantonales (qui ont eu lieu en mars) explique sans doute la précocité de la prise de décision. Cette année-là, Jean-Claude Luche a senti son fauteuil vaciller, même si sa majorité est sortie de cette épreuve finalement renforcée.

   La situation est redevenue "normale" l'année suivante, comme on peut le constater dans le numéro de janvier 2012 (page 23) :

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   On ne change pas une équipe qui gage ; on ne s'étonnera donc pas de lire ce qu'on peut lire dans le Bulletin Officiel de février 2013 (page 52) :

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   Et cette année ? La tradition a été respectée et nos Laurel & Hardy aveyronnais ont pu renouveler leur séjour parisien, comme on peut le constater dans le Bulletin Officiel de janvier dernier (page 41) :

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   Tout cela pour dire quoi ? Ben que, d'après les témoignages qui remontent de Paris, le Salon de l'agriculture est un vrai moment de convivialité pour nos zélus et leurs zamis... aux frais de la princesse. Bien évidemment, ce n'est pas dans les comptes-rendus laudatifs de la presse locale qu'il faut espérer trouver une analyse critique de ces déplacements. Toutefois, quand le texte n'est pas libre, c'est l'image qui peut parler, même involontairement. En 2011, c'est dans le très luchophile Bulletin d'Espalion que j'avais trouvé une photographie qui en disait long.

   Cette année, je cherche encore ma pitance. Faute de grives, on se contente de merles, comme cette "une" de Midi Libre du 26 février dernier :

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   On y constate le manque de savoir-vivre de deux de nos députés : au premier plan, à droite, Marie-Lou Marcel (PS) et au fond Alain Marc (UMP). Cette addiction au téléphone portable est partagée par nombre de nos "huiles", comme je l'ai déjà fait remarquer. Tout récemment, c'est Yves Censi qui s'est distingué par son impolitesse. Au niveau du culot, il a toutefois un sérieux concurrent : Arnaud Viala (l'un des vice-présidents du Conseil général).

   Mais, plus que ces gamineries, c'est une autre question qui me taraude. La rumeur court que cette année, l'un de ces repas officiels aurait été le théâtre d'une petite supercherie. Un parfait inconnu se serait introduit au sein de l'auguste aréopage aveyronnais. Vêtu d'un costume impeccable, il aurait côtoyé nos chers zélus et (surtout) profité de la nourriture mise à disposition, sans que quiconque ne réalise, dans un premier temps, qu'il n'avait rien à faire à cette table. Alors, intox ?

samedi, 01 mars 2014

Le cul entre deux chaises

   Telle est parfois la position du sénateur aveyronnais Stéphane Mazars (PRG), comme lorsque a été discutée la proposition de loi de son collègue saint-affricain (socialiste) Alain Fauconnier, visant à interdire la culture de maïs OGM en France. Ce jour-là, la motion d'irrecevabilité présentée par l'UMP (et annulant la proposition de loi) a été adoptée d'extrême justesse :

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   Première remarque : il y avait foule dans la Haute Assemblée (347 présents, c'est-à-dire tout le monde, l'un des sièges étant vacant me semble-t-il). Quand on analyse le détail du scrutin, on se rend compte qu'à gauche communistes, écologistes et socialistes ont unanimement rejeté la motion alors qu'à droite gaullistes et non inscrits (des divers droite) l'ont adoptée. Le vote a donc basculé en raison du vote des centristes de gauche et de droite, partagés sur le sujet.

   La gauche étant légèrement majoritaire au Sénat, c'est donc du côté du R.D.S.E. (composé de sénateurs des deux bords, ceux de gauche étant les plus nombreux) qu'il faut chercher les défaillances. La majorité des membres de ce groupe a rejeté la motion présentée par l'UMP (10 contre et 7 pour). Mais pas Jean-Pierre Chevènement, qui a joint sa voix à celles de la droite. Il a aussi manqué celle de Françoise Laborde, élue PRG de Haute-Garonne : elle s'est abstenue. Faut-il voir un lien avec la forte orientation céréalière de son département d'origine ?

   Quant à son collègue Stéphane Mazars, il n'a même pas pris part au vote. Pourtant, d'après le site nossenateurs.fr, il était présent ce jour-là (17 février 2014). Comme les radicaux de gauche n'ont pas adopté une attitude uniforme lors de ce scrutin, on peut en déduire que la non-participation est un choix de S. Mazars. Est-ce une attitude attentiste, se réservant pour le texte qui ne manquera pas de revenir de l'Assemblée nationale ? Est-ce de la prudence, au regard de sa terre d'élection ? Est-ce un réflexe de juriste, face à un texte qu'il a jugé peut-être mal ficelé ? On ne sait pas.

   Concernant le fondement juridique de la proposition de loi d'Alain Fauconnier, il y a débat. Contrairement aux élus UMP, le ministère de l'Ecologie estime qu'il y a des faits nouveaux qui peuvent justifier l'adoption d'un nouveau texte.

   Pour la petite histoire, la motion d'irrecevabilité (opposée au texte d'Alain Fauconnier) a été présentée par un sénateur normand, Jean Bizet, réputé très proche des défenseurs des OGM...

   N'oublions pas que les élections (municipales, européennes... puis sénatoriales) approchent à grands pas. Cela donne un coup de fouet à l'assiduité des élus, d'autant plus que, sur le sujet, une récente décision communautaire a provoqué un vif émoi, comme l'a rappelé Alain Fauconnier. Il n'est pas impossible non plus que les socialistes soient à la manoeuvre, coupant l'herbe sous le pied des écologistes et forçant l'UMP à apparaître comme pro-OGM à l'approche d'échéances cruciales...

   A suivre, donc.

samedi, 01 février 2014

Dette ou pas dette, telle est la question

   La présentation des voeux et l'approche des élections municipales sont source de propos parfois agressifs des uns et des autres quant à la gestion des collectivités territoriales aveyronnaises. A Rodez, c'est le bilan de l'équipe Teyssèdre qui est en question. Mais la tenue des comptes du Conseil général fait aussi l'objet de l'attention publique. Après tout, les élections départementales ne sont pas si éloignées que cela (mars 2015)... et certains observateurs pensent que la majorité qui gère le Conseil général est actuellement - discrètement - à la manoeuvre (de conserve avec le député Yves Censi) pour faire basculer le Grand Rodez du "bon" côté. La constitution de listes d'opposition aux équipes sortantes, à Olemps et Sébazac-Concourès, n'est sans doute pas le fruit du hasard.

   Intéressons-nous donc aux comptes des collectivités. La loi impose leur publicité et, vu l'enjeu qu'ils représentent (de surcroît dans un pays très endetté), des analyses comparatives ont été pratiquées. Que dit la droite ? Que le département de l'Aveyron est géré en "bon père de famille" et que l'équipe Teyssèdre conduit Rodez à sa ruine. Que dit la gauche ? Que Jean-Claude Luche n'a pris la mesure de la crise et que Rodez est un modèle de gestion rigoureuse.

   Commençons par la commune de Rodez. La droite pointe son fort endettement (852 euros par habitant fin 2012, selon le site decomptes-publics.fr), bien plus important que celui du département (725 euros par habitant fin 2013, d'après ce que l'on peut lire dans La Dépêche du Midi). Cependant, ne faudrait-il pas plutôt comparer chaque collectivité avec celles de sa catégorie ? Ainsi, les communes de la strate de Rodez sont bien plus endettées (1 066 euros par habitant). A l'inverse, le département de l'Aveyron est plus endetté que ceux de sa catégorie : 639 euros par habitants contre 529, en 2011, toujours d'après decomptes-publics.fr.

   On pourrait aussi s'amuser à mettre en regard les statistiques des autres départements midi-pyrénéens. Dans trois d'entre eux (le Gers, le Tarn et le Tarn-et-Garonne), la dette par habitant est plus élevée que dans l'Aveyron (avec respectivement 703, 776 et 826 euros par habitant en 2011). Dans les quatre autres (Ariège, Haute-Garonne, Lot et Hautes-Pyrénées), elle est plus basse (98, 572, 599 et 458 euros par habitant). En croisant les critères "dette", "investissements", "fonctionnement" et "impôts locaux", on arrive à un classement, où l'Aveyron se situe dans la catégorie moyenne, moyenne basse même. Il n'y a donc ni motif de glorification, ni raison de dénigrer excessivement la gestion départementale.

   Il y a bien un point qui rapproche la commune de Rodez du Conseil général : l'évolution de l'endettement. A Rodez, celui-ci a augmenté de 14 % en trois ans... mais de près de 34 % pour le département de l'Aveyron ! Et comme, entre 2011 et 2013, on est passé de 639 à 725 euros par habitant, une nouvelle hausse de 13 % s'est ajoutée aux précédentes, dans l'Aveyron. Dans les deux cas, je pense que cela peut s'expliquer (au moins en partie) par la volonté de ne pas augmenter brutalement les impôts locaux (déjà plus élevés que la moyenne de la strate, pour les deux collectivités). Du coup, on emprunte. A terme, il va falloir rembourser le capital avec les intérêts (ce qui alourdit la note), mais la facture est étalée dans le temps... ce qui est bien pratique quand vient le temps des élections.

   La situation de l'Aveyron n'est donc pas si bonne que cela, sa solvabilité n'étant notée que 2 sur 10. Pour améliorer celle-ci, il faudrait augmenter les ressources du Conseil général. Rendez-vous après les élections de 2015 pour la hausse des impôts... et peut-être une petite saignée dans les effectifs de la fonction publique territoriale.

   Même motif même punition en perspective pour Villefranche-de-Rouergue. Le maire sortant Serge Roques ne cesse de clamer sa fierté d'avoir maintenu une pression fiscale faible (ce dont l'hebdomadaire Le Villefranchois se réjouit dans le numéro de cette semaine). A y regarder de plus près, c'est juste concernant la taxe d'habitation (plus faible de cinq points que dans les communes comparables), mais le foncier bâti est presque autant imposé qu'ailleurs... et le foncier non bâti beaucoup plus. De surcroît, Villefranche est assez fortement endettée (plus de 1 000 euros par habitant) et l'augmentation de la dette y est plus rapide que dans les communes de la même strate. Etant donné que les charges en personnel y sont déjà bien plus basses que la moyenne, il est évident qu'après les municipales, les Villefranchois vont se faire administrer une petite ponction fiscale.

   Mais revenons à l'Aveyron. Le département a un profil atypique. Sa population y est plus âgée que la moyenne : en 2010, les 65 ans et plus représentaient 24 % du total, contre 18 % au plan national. L'INSEE fournit des chiffres aussi pour les 60 ans et plus, qui représentent 32 % de la population aveyronnaise... mais seulement 25 % de la population française. Cela permet de comprendre pourquoi l'Aveyron était (en 2012) le troisième département pour les aides versées aux personnes âgées. C'est une dépense fixe considérable (171 euros par habitant par an, contre 62 euros pour Paris, par exemple), qui n'est pas amenée à baisser dans un avenir proche (sauf si de nombreux actifs viennent s'installer dans l'Aveyron).

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   Par contre, selon la même source, le département dépense peu pour le RSA : 56 euros par habitant, contre 236 en Seine-Saint-Denis (et plus de 600 à la Réunion). C'est évidemment dû au taux de chômage relativement bas, comparé à ceux des autres départements. (Au passage, on appréciera la discrétion des statisticiens, qui ont négligé de faire figurer dans le tableau les taux des DOM, supérieurs à 20 %.) On comprend l'angoisse des membres de la majorité de Jean-Claude Luche, quand on ils constaté l'augmentation de ce taux. (Il a atteint 8,1 % fin 2013.) Si cette tendance se maintient, les finances départementales seront gravement menacées.

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   Dans cette perspective, on peut comprendre la politique menée par Jean-Claude Luche : investissement et compétitivité sont deux clés pour favoriser la création d'emplois. (Ah, si la RN 88...) Il estime que chaque euro dépensé concourt à faire baisser le chômage (ou à en limiter la hausse)... et que cela coûte moins cher que de verser le RSA. Quant au développement de l'attractivité du département, il est nécessaire pour en faire augmenter le nombre d'actifs, sur lesquels repose notre système fiscal.

jeudi, 30 janvier 2014

Réserve parlementaire (suite)

   A deux reprises, déjà, grâce à des articles du Monde, j'ai pu analyser l'utilisation communale de la réserve parlementaire des élus aveyronnais, en 2011 et en 2012. Cette fois-ci, l'information est parue dans Centre Presse, qui a signalé la publication, par l'Assemblée nationale, des données concernant l'usage de ces sommes par les députés. Voici la localisation des bénéficiaires des largesses des trois députés aveyronnais l'an passé :

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   La première remarque qui s'impose est que chaque élu a distribué la manne exclusivement dans les communes de sa circonscription législative.

   Concernant Yves Censi (auquel a été associé un bleu mat), l'année 2013 a marqué une nette évolution. Certes, le Nord Aveyron et la région de Bozouls-Espalion sont toujours privilégiés. Mais le député semble avoir soudainement découvert que la majorité des habitants résident dans le Grand Rodez. L'approche des élections municipales aurait-elle eu une incidence sur la ventilation des subventions ? On n'ose le croire.

   Toutefois, quand on regarde les chiffres dans le détail, on réalise que le changement est moins grand qu'il n'y paraît. Yves Censi a disposé de 150 000 euros, répartis sur 36 projets (ayant reçu de 1 000 à 20 000 euros). La moyenne est d'un peu plus de 4 100 euros. 11 des 36 projets ont décroché plus que cette somme. Or, si on laisse de côté la subvention exceptionnelle accordée au RAF, c'est à des communes "nordistes" que sont allées les sommes les plus importantes : 20 000 euros à Lassouts, 15 286 euros à Lacalm, 10 000 euros au Nayrac et 9 000 à Cantoin.

   Le profil des aides d'Alain Marc (auquel est associé un bleu clair) est légèrement différent. Le député du Sud n'a semble-t-il disposé que de 124 500 euros, répartis sur 54 projets (avec une moyenne de 2 300 euros par projet). L'écart entre les subventions est beaucoup moins grand que chez Yves Censi, puisqu'elles s'étendent de 1 000 à 7 000 euros. 18 projets dépassent cette moyenne. (Je n'ai toutefois pas pu tout localiser, l'attribution de certaines subventions manquant de précision.)

   Force est de constater que le secteur du BTP est cher au coeur du député. Les projets les plus importants portent sur la réfection de bâtiments ou des travaux routiers. Voilà qui se rapproche étrangement de l'un des principaux domaines d'intervention du Conseil général. Curieuse coïncidence, Alain Marc en est le président de la commission des infrastructures routières. Ou comment l'argent de la réserve parlementaire sert à consolider un mandat de conseiller général... On aura aussi remarqué que le député ventile davantage ses subventions. D'un côté, on peut dire qu'il ne favorise personne outrageusement. De l'autre, on se demande si ce n'est pas une tactique pour se faire un maximum d'obligés... et pouvoir se montrer à un grand nombre d'inaugurations !

   La manière dont Marie-Lou Marcel (à laquelle est associée la couleur rouge) a utilisé la somme qui lui était allouée est encore légèrement différente. En 2013, elle a disposé de 130 000 euros (à peine plus qu'Alain Marc... et surtout nettement moins qu'Yves Censi, qui est pourtant dans l'opposition). 21 projets ont été financés, en moyenne à 6 200 euros (de 1 500 à 15 000 euros). Seuls sept d'entre eux ont bénéficié de subventions supérieures à la moyenne.

   D'un côté, on peut constater que la députée préfère financer moins de projets, mais les aider davantage que ses collègues. D'un autre côté, on remarque que les cantons de Baraqueville (avec Castanet, Pradinas et Sauveterre) et de Capdenac-Gare ont été particulièrement bien dotés. Précisons que le conseiller général de Baraqueville (conseiller municipal de Sauveterre-de-Rouergue) est Didier Mai-Andrieu, l'une des voix de l'opposition de gauche au sein de l'hémicycle départemental. Pas très loin de là se trouve la commune de Quins, qui a reçu 13 000 euros pour la rénovation d'une salle d'animation... et dont le maire Jean-Pierre Mazars (conseiller général de Naucelle) est classé à gauche.

   On ne s'étonnera pas de voir Capdenac-Gare en tête des communes subventionnées (pour un aménagement d'intérêt collectif, reconnaissons-le). Le maire (Stéphane Bérard) comme le conseiller général (Bertrand Cavalerie) sont des "valeurs sûres" de la gauche ouest-aveyronnaise, le second étant même l'ancien attaché parlementaire de Marie-Lou Marcel. Tout comme Didier Mai-Andrieu, il a parrainé François Hollande pour la présidentielle de 2012.

mardi, 21 janvier 2014

Un autre discours palpitant

   Le Bulletin d'Espalion paru jeudi dernier est décidément d'une grande richesse. J'ai déjà parlé de la manière dont l'opposition de la majorité départementale au redécoupage cantonal est traitée dans l'hebdomadaire. Il a aussi été question du discours du premier adjoint de Saint-Côme-d'Olt.

   Quelques pages plus loin, c'est la présentation des voeux du maire de Bozouls, Jean-Luc Calmelly, qui occupe deux pleines pages, illustrées de trois photographies. C'est la plus grande d'entre elles qui a attiré mon regard. Elle montre l'assistance (nombreuse) lors du discours du maire :

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   Au premier rang se trouve le député de la première circonscription (dont fait partie Bozouls), Yves Censi. A le regarder, on le sent captivé par les propos du maire... puisqu'il est concentré sur l'écran de son téléphone portable. Il faut dire que ce dernier ne l'a pas cité dans son discours, au contraire d'Arnaud Viala, qui partage avec Yves Censi une certaine dépendance vis-à-vis de son smartphone...

   P.S.

   On peut feuilleter le Bulletin pour d'autres raisons. Je recommande par exemple l'article traitant d'un impôt méconnu, le "commun de paix". On lira aussi avec profit la demi-page consacrée aux chènevières et celle qui évoque les Jeux olympiques d'hiver.