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samedi, 18 janvier 2014

Propagande départementale

   Le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, multiplie les sorties contre la réforme des cantons du gouvernement Ayrault. Ces jours-ci, il profite de la moindre cérémonie pour dire tout le mal qu'il en pense... et pour faire peur aux habitants des communes rurales, suggérant que l'agrandissement des cantons va déboucher sur une nouvelle saignée dans les services publics locaux. Les arguments sont régulièrement resservis, par exemple ce vendredi dans La Dépêche du Midi.

   J-C Luche pointe l'éloignement des futurs conseillers départementaux. Soyons sérieux. Les contours des actuels cantons ont été très majoritairement dessinés au début du XIXe siècle, époque à laquelle l'automobile n'existait pas. Aujourd'hui, tout le monde se déplace en voiture et les actuels conseillers généraux (tout comme leurs administrés) ne se privent pas de l'utiliser, pour figurer sur la moindre photographie d'inauguration comme pour aller effectuer des achats en grande et moyenne surface. Il est donc légitime d'augmenter la taille des cantons... surtout s'ils sont moins peuplés.

   En m'appuyant sur les populations légales de 2011 (d'après l'INSEE) et les statistiques fournies par l'abbé Féral, dans son livre Géographie du département de l'Aveyron (publié en 1873), je me suis intéressé à l'évolution de la population de quelques cantons, choisis pas tout à fait au hasard :

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   Dans la deuxième colonne, j'ai écrit 1872, parce que je pense que l'abbé Féral a dû utiliser les résultats du recensement de cette année-là. (A l'époque, l'Aveyron comptait un peu plus de 400 000 habitants.) Dans la troisième colonne, j'ai noté la population totale, et non la population municipale, pourtant sans doute plus proche de la réalité. On peut donc penser que la population réelle des cantons en 2011 était un peu plus faible que ce qui est écrit.

   Pour tous les cantons, la chute est énorme. A l'exception de Montbazens, tous ont vu leur population divisée par plus de deux... et même par plus de trois pour Cornus. Dans le même temps, les cantons urbains se sont considérablement renforcés, au niveau démographique. Ainsi, en 1872, la commune de Rodez comptait à peine plus de 12 000 habitants, si bien qu'elle était associée (intégralement) à Druelle, Le Monastère, Luc, Moyrazès, Olemps, Onet-le-Château, Saint-Radegonde et Vors (à l'époque pas encore réunie à Baraqueville)... l'ensemble regroupant aujourd'hui plus de 50 000 habitants !

   Jean-Claude Luche aurait dû aussi tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler de "surreprésentation de l'urbain par rapport au rural". Si l'on se fie à la carte des nouveaux cantons rendue publique fin 2013, dans le Nord Aveyron, cinq cantons (Mur-de-Barrez, Sainte-Geneviève-sur-Argence, Laguiole, Saint-Chély-d'Aubrac et Saint-Amans-des-Côts) vont être fusionnés en un, appelé "Aubrac-Carladez". Faut-il préciser que quatre des cinq actuels conseillers généraux font partie de la majorité départementale ? En 2015, les couteaux (de Laguiole ou d'ailleurs) risquent d'être de sortie... Ce nouveau canton compterait entre 10 500 et 10 800 habitants, soit moins que la moyenne de 12 035 fixée pour le département. On est dans la fourchette +/- 20 % (9 628 - 14 442).

   C'est tout de même encore très inférieur à la population des cantons urbains, comme celui de Saint-Affrique (plus de 12 500 habitants) ou le futur nouveau canton de Villefranche-de-Rouergue, qui comptera près de 13 500 habitants. La réforme du gouvernement de gauche maintient une inégalité en faveur des territoires ruraux, même si elle est nettement moins prononcée qu'auparavant. (Rappelons qu'actuellement, le canton le moins peuplé, celui de Saint-Chély-d'Aubrac, compte moins de 900 habitants, contre plus de 23 000 pour celui de Rodez-ouest !)

   Au crédit de Jean-Claude Luche, on peut porter la dénonciation de la forme "bizarre" de certains nouveaux cantons du Sud Aveyron, en particulier "Tarn et Causses" et "Causse-Rougier". C'est le résultat d'un jeu de dominos : comme on n'a pas touché au canton de Saint-Affrique (dont l'ancien élu est le sénateur Alain Fauconnier... il n'y est sans doute pour rien, mais on a dû vouloir lui faire plaisir...), il a fallu créer artificiellement plusieurs cantons atteignant la limite démographique fixée. Celle-ci est à mon avis trop élevée. Il y a un peu plus d'un an, je m'étais amusé à réfléchir sur des modifications opérées sur une base de 6 000 habitants, qui était sans doute un peu basse.

   On aurait aussi pu faire preuve d'un peu plus d'imagination dans le choix des noms. Je ne partage toutefois pas l'opinion de ceux qui trouvent absurde l'appellation "Aveyron et Tarn" pour un canton où ne coule que l'une des deux rivières. Il a été nommé ainsi en référence à sa position frontalière, à la lisère du département du Tarn.

   Tout cela nous amène aux manifestations de masse organisées par les élus de la majorité départementale. Cette semaine, le Bulletin d'Espalion s'est fait le relais de l'une d'entre elles :

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   On notera le sens de la nuance dans le choix du titre : "La résistance s'organise". Bigre ! Mais contre quel ennemi redoutable ces téméraires Gaulois se rebellent-ils ? Ont-ils pensé à enfiler des gilets pare-balles, à se munir d'une armure ? L'article ne le dit pas.

   Par contre, la légende de la photographie parle de mobilisation des élus du Nord Aveyron. Un simple coup d'oeil au cliché suffit pour se rendre compte que, si mobilisation il y eut, elle ne fut pas générale : les rangs des manifestants sont clairsemés. De surcroît, on a rempli les trous avec ce qu'on a pu, puisque l'on remarque la présence, à la droite de Jean-Claude Luche, d'Arnaud Viala et de Christophe Laborie, respectivement élus de Vezins-de-Lévézou et de Cornus, cantons où, comme chacun sait, souffle le bon air pur de l'Aubrac !

   Que font-ils là ? On peut penser que Luluche leur a demandé de mouiller le maillot pour la Grande Cause Départementale. A regarder la carte des nouveaux cantons de plus près, on se dit qu'il y a sans doute une autre raison :

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   J'ai entouré en noir le territoire actuel de trois cantons : Montbazens (à l'ouest), Vezins-de-Lévézou (au centre-est) et Cornus (au sud). Christophe Laborie a effectivement de quoi s'inquiéter, puisque sa circonscription d'origine va se retrouver englobée dans une nouvelle, très vaste... et riche en concurrents. Il en est de même pour Arnaud Viala : l'incohérence géographique est moindre, mais la concurrence risque d'être plus rude, avec des élus bien en place, comme Alain Pichon à Pont-de-Salars, Jean-Louis Grimal à Salles-Curan... et surtout Alain Marc à Saint-Rome-de-Tarn.

   Quant à Gisèle Rigal, élue de Montbazens (entre Renée-Claude Coussergues et Vincent Alazard sur la photographie), elle peut regretter l'éclatement de "son" canton. Mais l'opération n'est pas scandaleuse. La partie sud est rattachée au Villefranchois, suivant la logique des voies de communication. La partie nord est rapprochée du Capdenacois, ce qui n'est pas incohérent.

   L'engagement politique du Bulletin d'Espalion se vérifie un peu plus loin, quand il est question de la gestion de la commune de Saint-Côme-d'Olt. Il est de coutume que les gazettes locales se fassent l'écho des cérémonies de voeux et des bilans dressés par les élus en place. Il est beaucoup plus rare qu'elles publient l'intégralité d'une intervention. Il s'agit ici de celle de l'adjoint aux finances, Gérard Soulier, dont voici un extrait :

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   Ces derniers temps, cette petite commune a été agitée par de vifs débats. Ils ont porté sur le coût et le financement des travaux autour d'une place, ainsi que sur le choix de l'équipe municipale de renoncer aux sources du Guzoutou pour rejoindre le syndicat des eaux de Montbazens-Rignac. Dans son intervention, l'élu municipal veut montrer que la commune est bien gérée et que l'équipe dirigeante a respecté la loi.

   Toutefois, quand on lit dans le détail, on s'aperçoit qu'il utilise les chiffres qui l'arrangent. Ainsi, il compare la situation financière de la commune tantôt à la moyenne départementale, tantôt à la moyenne des communes de la même strate. Quand il est question des taxes, c'est la moyenne départementale qui est prise comme référence. Il se trouve que, lorsqu'on compare avec les communes de la même strate (regarder la troisième colonne du tableau), l'écart est plus faible. Il reste malgré tout en faveur de Saint-Côme, où les taux de la taxe d'habitation et de la taxe sur le foncier bâti sont bas. Par contre, sur le foncier non bâti et au niveau des entreprises, la fiscalité est plus lourde que la moyenne.

   De même, quand il est question de la capacité d'autofinancement de la commune, l'élu cite les données qui vont dans son sens (l'évolution d'un indice sur deux ans), mais "oublie" de comparer les chiffres globaux avec ceux des communes de la même strate :

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   En gros, la capacité d'autofinancement est deux fois plus faible à Saint-Côme. L'écart est cependant moins élevé si l'on prend en compte la C.A.F. nette, ce qui confirme que la commune est peu endettée (en 2012). De surcroît, depuis 2009, sa C.A.F. a augmenté, un peu moins rapidement toutefois que dans les communes de la même strate.

   Qu'en conclure ? Que Saint-Côme est très dépendante d'un financement extérieur, si elle a le moindre projet un tant soit peu ambitieux. A l'image de nombreuses communes rurales aveyronnaises, elle doit prier pour décrocher une subvention départementale ou quelques miettes de la réserve parlementaire d'un-e élu-e aveyronnais.

   Vous allez me demander : pourquoi diable consacrer autant de place à une commune somme doute très modeste, où les problèmes, certes pas inexistants, ne semblent pas dramatiques ? C'est lié à la personnalité de la maire, Nathalie Auguy-Périé. Celle-ci a décidé de ne pas rempiler à Saint-Côme, pour se présenter à Rodez, sur la liste menée par Yves Censi. Les mauvaises langues diront que la gauche cherche à ternir son bilan municipal, alors que la droite le défend becs et ongles.

   C'est le moment que choisit le petit malin du fond (appelons-le Kévin) pour se faire remarquer. "A-t-elle déménagé à Rodez pour pouvoir s'y présenter ?" Cher Kévin, sache qu'elle n'a pas eu besoin d'emménager à Rodez, puisqu'elle y réside déjà et qu'elle y travaille aussi depuis des années. On peut d'ailleurs la croiser de temps à autre avenue Victor Hugo... ce qui n'est pas le cas d'Yves Censi, qui fréquente beaucoup plus les rues de la capitale française et, à la rigueur, certains villages du Nord Aveyron, dès lors qu'un photographe de la presse locale s'y trouve. Gageons que dans les semaines à venir, le député va (re)prendre goût au bitume ruthénois...

   Je vais encore plus te surprendre, mon cher Kévin. Mme Auguy-Périé pourrait très bien ne pas habiter Rodez et s'y présenter aux élections municipales. Il suffirait qu'elle y possède ou loue un bien, pour lequel elle paierait des impôts locaux. (Le code électoral dit qu'il faut être inscrit "au rôle des contributions directes" de la commune.) C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle elle est maire de Saint-Côme, où elle ne réside pas. Une propriété familiale, peut-être ?

   "Mais alors", reprend Kévin, "pourquoi change-t-elle de commune pour les élections, si elle ne déménage pas ?" C'est une excellente question, mon garçon. Il faudrait la poser à la dame. Plusieurs hypothèses circulent. A Saint-Côme, certaines méchantes langues la soupçonnent de fuir un scrutin loin d'être gagné, notamment à cause des récentes polémiques (évoquées plus haut). Rappelons qu'en 2008, elle fut plébiscitée. A Rodez, d'autres affirment que des raisons personnelles entrent en ligne de compte, des enfants qui grandissent, la volonté de limiter les déplacements automobiles etc. D'autres encore soulignent les amicales pressions des caciques de la droite locale, qui peinent à établir une liste décente pour servir les ambitions d'Yves Censi. Enfin, on évoque son profil, plutôt consensuel : femme, modérée, travailleuse et discrète, elle ne fera pas d'ombre à sa tête de liste.

mercredi, 01 janvier 2014

Une nouvelle légionnaire dans l'Aveyron

   C'est dans le troisième décret publié dans le Journal Officiel du 1er janvier 2014 que l'on trouve l'essentiel de la nouvelle promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur. Page 14 de la version pdf du document, on remarque, sur le contingent du ministre de l'Intérieur, le nom de Cécile-Marie Lenglet, secrétaire générale de la préfecture de l'Aveyron, poste auquel elle a été nommée par un décret du 27 avril 2012.

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   La date n'est pas innocente, puisqu'elle est située entre les deux tours de l'élection présidentielle. S'agissait-il d'une récompense pour une fidèle du pouvoir UMP ? Pas forcément, puisque auparavant, elle avait été (à partir de mai 2007) sous-préfète à Confolens (en Charente) puis  (à partir de janvier 2009) sous-préfète chargée de mission auprès du préfet de la région Languedoc-Roussillon. Elle a même atteint le statut "hors classe". (On peut trouver sa biographie sur le site du Bulletin d'Espalion.)

   Plus vraisemblablement, elle a atterri dans l'Aveyron parce que son prédécesseur, Jean-François Moniotte (nommé en 2010) avait été bombardé administrateur civil au ministère de l'Intérieur. (Certaines mauvaises langues diront que c'était là une bonne planque pour un haut fonctionnaire lié à l'UMP...)

   Pour la petite histoire, signalons que J-F Moniotte avait succédé à Pierre Besnard, pour lequel on peut considérer que le poste ne fut pas une grande promotion, puisqu'il avait été sous-préfet auparavant. Lié au Parti socialiste, ce dernier a vu sa carrière relancée par les succès de la gauche : en 2011, il est devenu chef de cabinet du nouveau président du Sénat, Jean-Pierre Bel, puis, en 2012, du président de la République François Hollande. Il est depuis l'été dernier préfet des Hautes-Alpes.

   Mais revenons à Cécile-Marie Lenglet. Pourquoi reçoit-elle cette distinction aujourd'hui ? S'agit-il d'une faveur accordée aux membres de la préfectorale après un certain nombre d'années de service ? Son nom a-t-il été suggéré par une personnalité politique locale (de gauche) ? Est-ce une récompense pour le travail effectué en Aveyron ?

samedi, 30 novembre 2013

Sondage bidon

   A l'image d'autres quotidiens, Midi Libre consulte la population, sur la Toile et dans la rue. Cela donne, en fin de journal, une rubrique, "la question", illustrée par le résultat des votes d'internautes et l'opinion de quatre anonymes, que l'on a (en général) pris soin de choisir dans quatre départements différents de la zone de diffusion du quotidien montpelliérain.

   Ce samedi, la question était : "Chômage : croyez-vous à une baisse durable ?" Voici les réponses publiées :

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   Seuls les Aveyronnais auront tiqué en reconnaissant, à droite, une lectrice bien particulière : Monique Bultel-Herment, première adjointe (P.S.) au maire de Rodez. Très optimiste (pourquoi pas, après tout), elle est la seule du panel à répondre oui à la question.

   Alors ? La rédaction montpelliéraine s'est-elle fait piéger ou bien, faute de trouver un-e optimiste convaincant-e parmi les internautes lambda, s'est-on rabattu sur l'élue locale ? Je ne suis pas loin de penser que les journalistes puisent dans leur stock de connaissances pour élaborer le "casting" du micro-trottoir. Ainsi, dans le numéro du 31 octobre dernier, il était demandé : "Faut-il payer pour libérer nos otages ?" Voici les réponses :

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   Philippe Andréani n'est pas un inconnu dans le Sud Aveyron. Après avoir fait les beaux jours du club de rugby de Millau, il achève sa carrière à Saint-Affrique, comme le rappelle un article du même Midi Libre du 13 janvier dernier.

   Rebelote dans le numéro du 14 novembre 2013. La question posée était : "La gentillesse est-elle une qualité actuelle ?" Voici les réponses :

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   C'est de nouveau l'Aveyronnais de service qui m'a interpellé. Gilles Bargoin est un sacré bonhomme. Handicapé moteur sévère, il s'efforce quand même de prendre goût à la vie. C'est en juin dernier que Midi Libre a publié un entretien avec celui qui envisage de participer à un raid.

   Etonnant, non ?

mercredi, 27 novembre 2013

Le pot de confiture

Dans la contrée où fleurit le roi des fromages

Un Milan sénatorial règne sans partage

 

De sa place conquise de haute lutte

Il voit trop tard de son fidèle la chute

 

Cheval de poste, dans l'ombre du firmament

Fier de chaque pièce de son harnachement

Ne s'aperçoit pas qu'il est devenu gourmand

 

Milan sénatorial lui confia son canton

Que Cheval de poste peina à conserver

Plus tard son boulot fut de vaincre un vil félon

Qui trouvait qu'il avait du mal à partager

 

A la Communauté il prit la succession

Cumula quatre mille euros d'indemnités

 

Mais il a oublié qu'aucune monture

Ne doit s'approcher du pot de confiture

Sa ration de foin doit amplement lui suffir'

S'il ne veut par le peuple se faire équarrir

 

Cheval de poste se voit en haridelle

Il assiste à l'ascension du benoît Aiglon

Qui du Milan suit la voie professionnelle

En attendant de récupérer la Maison.


Henri Cool de Source

samedi, 23 novembre 2013

Petit dérapage au "Petit Journal"

   Il ne va pas être question ici d'un programme télévisé diffusé sur Canal +, mais d'un mensuel d'informations locales, Le Petit Journal, qui existe en différentes déclinaisons départementales (essentiellement midi-pyrénéennes).

   Dans son ouvrage Presse Business (toujours disponible dans les bonnes librairies et certains dépôts de presse), Hugues Robert se pose la question du financement de ce journal de combat, qui carbure à la micro-info locale et aux faits divers. Politiquement, il penche vers l'UMP. Ses cibles sont donc à gauche. Il y a quelques années de cela, j'avais bien aimé un article qui revenait sur la répartition des subventions du Conseil régional de Midi-Pyrénées aux villes. Qu'un organe de presse, orienté ou pas, pointe les travers d'élus en place me satisfait pleinement... quand c'est argumenté.

   Le malaise naît lorsque cela fonctionne par allusion. C'est le cas me semble-t-il dans le numéro du 21 novembre 2013, dont la "Une" évoque une affaire qui vient de défrayer la chronique :

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   Après tout, pourquoi pas ? D'autres journaux, ainsi que le site Aligorchie, ont parlé de la chose. Je suis donc allé voir l'article, page 7 :

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   Pour lire le corps du texte, il faudra acheter le journal (ou aller le feuilleter en médiathèque) ! Notons que le titre est moins correctement écrit que sur la "Une" : le "de" a été remplacé (par erreur) par "d' ".

   Le début de l'article relate les faits, de manière neutre. Le malaise vient du dernier paragraphe. L'auteur-e fait allusion à un entretien accordé par Nicole Laromiguière à la radio CFM, en 2012. Le lien internet figure dans le journal.

   Le problème est que, lorsqu'on écoute l'émission, on ne retrouve pas exactement ce qui est écrit dans l'article. Celui-ci parle de "son incopréhention [sic]² quand [re-sic] au comportement du maire, ses motivations et le bien fondé [re-re-sic] de ses choix d'affection [sic ?] de certains collaborateurs (trices) à des postes qui ne s'improvisent pas [sic encore et toujours]." Vu que cette affirmation conclut l'article qui évoque le soupçon de harcèlement sexuel, le lecteur de base sera tenté de penser que le maire de Rodez pourrait être adepte de la "promotion canapé".

   Voici ce qu'a exactement déclaré Nicole Laromiguière :





   En clair : on lui a demandé de démissionner pour laisser la place à Sarah Vidal. Mme Laromiguière reconnaît à celle-ci la capacité de travail et de réelles aptitudes, mais pas la connaissance du domaine qui va devenir le sien au conseil municipal. C'est tout. C'est déjà suffisant pour nourrir des griefs contre le maire de Rodez, mais utiliser cette histoire pour alourdir le soupçon de harcèlement sexuel me paraît très discutable.

   Une précision : l'entretien sur CFM a été réalisé par Myriam Laur, présentée comme "responsable éditoriale du Petit Journal Aveyron". Or, l'article est signé "MLG" (mention encadrée en rouge sur la seconde image). MLG comme Myriam Laur G ?

   P.S.

   Si vous êtes allés faire un tour sur le site du Petit Journal, vous avez pu accéder à la majorité des articles publiés dans le numéro du 21 novembre. (Ils ont été mis en ligne le 19.) Curieusement, au moment où j'écris ces lignes, celui qui est consacré à Christian Teyssèdre n'y figure pas.

dimanche, 10 novembre 2013

L'endettement des communes aveyronnaises

   C'est l'un des thèmes qui sera sans doute l'objet de débats intenses lors de la prochaine campagne des municipales (en 2014). Les premières salves ont d'ailleurs déjà été tirées.

   Cette semaine, l'hebdomadaire Le Villefranchois s'est intéressé à l'endettement des communes de l'Ouest du département. Cela nous vaut un bel article, page 2 du premier cahier, agrémenté d'un tableau comparatif tenant compte du facteur démographique. Le commentaire est nuancé et essaie d'apporter d'autres éléments d'analyse que les chiffres bruts : une commune peu endettée peut tout simplement être une commune qui n'investit pas et où les équipements sont vieillissants voire inexistants.

   Certains cas sont néanmoins inquiétants, comme celui de Saint-Parthem, où l'endettement culmine à 2 400 euros par habitant, alors que la moyenne de la strate est d'environ 500. Des travaux d'assainissement sont la cause de cette poussée (en 2010, l'endettement se montait à 521 euros par habitant). Visiblement, la communauté de communes de la vallée du Lot n'a pas épaulé Saint-Parthem, ce secteur ne faisant pas partie de ses compétences. (Elle aurait quand même pu donner un coup de pouce...)

   Il faudrait aussi croiser ces informations avec la fiscalité locale. Certaines communes font le choix de faibles taux d'imposition, ce qui les oblige à davantage emprunter. A l'inverse, les municipalités qui veulent éviter le recours à l'emprunt auront tendance à jouer sur la fiscalité pour augmenter leurs ressources. Voyons ce qu'il en est dans les principales villes du département.

   Le cas de Rodez est assez connu, puisqu'il en a déjà été question dans la presse à plusieurs reprises, soit que le maire Christian Teyssèdre se soit vanté de la bonne gestion de son équipe, soit que ses adversaires aient contesté les chiffres avancés. Qu'en est-il en réalité ?

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   De 2000 à 2012, l'endettement par habitant est toujours resté inférieur à la moyenne des communes appartenant à la même strate (la courbe bleue est sous la courbe rouge). De ce point de vue, il n'y a donc pas de réelle rupture entre la gestion Censi et la gestion Teyssèdre. On remarque toutefois qu'alors que l'endettement avait tendance à (lentement) diminuer de 2000 à 2006, l'approche des élections de 2008 l'a vu remonter. De mauvais esprits pourraient suspecter l'ancienne majorité municipale d'avoir davantage recouru à l'emprunt pour éviter d'augmenter la pression fiscale (déjà bien assez grande) à un moment stratégique du mandat. Cela n'a pas suffi pour conserver la mairie de Rodez. De son côté, l'équipe Teyssèdre a, dans un premier temps, diminué l'endettement, avant que le lancement des grands travaux (à partir de 2010) ne fasse remonter la courbe. Il reste néanmoins 20 % plus bas que celui des communes de la strate.

   Pour être juste, je dois signaler que l'endettement de la communauté d'agglomération ne cesse lui d'augmenter. (La hausse est de plus de 50 % depuis 2008.) Elle assume le gros du financement des projets.

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   Cette fois-ci, les mauvaises langues vont dire que le chef-lieu se déleste d'une partie des dépenses d'investissement sur l'agglomération... mais ce n'est que justice, si l'ensemble de l'agglomération en tire bénéfice.

   Passons à Villefranche-de-Rouergue. Serge Roques est en place depuis 2001.

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   Jusqu'en 2006, la situation de la commune était plus enviable que la moyenne de celles de sa strate. Elle s'est dégradée depuis, si bien qu'aujourd'hui elle est comparativement plus endettée que Rodez : 1 017 euros par habitant (contre 852). Et elle ne bénéficie pas d'un environnement aussi dynamique. Mais la situation n'est pas désespérée : le taux de la taxe d'habitation y est faible, très en-dessous de la moyenne de la strate de Villefranche (environ 5 points). Autant dire tout de suite qu'après les municipales de 2014, quelle que soit la liste qui l'emportera, les impôts vont augmenter.

   Mais il existe plusieurs communes plus mal en point que Villefranche-de-Rouergue. Parmi celles-ci se trouve Millau :

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   Elle est dans une situation diamétralement opposée à Rodez : depuis 2000, que ce soit sous la gestion Godfrain ou la gestion Durand, l'endettement par habitant est élevé, davantage que la moyenne de la strate (la courbe bleue est toujours au-dessus de la courbe rouge). En 2012, on en est à 1 400 euros par habitant ! Et pourtant, au niveau de la fiscalité, les marges ne sont pas grandes : toutes les taxes (habitation, foncier bâti et foncier non bâti) ont des taux supérieurs (voire très supérieurs) à la moyenne de la strate. Le salut viendra peut-être de l'extension géographique de la communauté de communes de Millau-Grands-Causses et de l'augmentation du nombre de ses compétences...

   Retour à droite, à présent, avec Espalion :

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   Du seul point de vue de l'endettement et en dépit de toutes les critiques que la gestion de Gilbert Cayron peut susciter, il semble que la situation de la commune se soit améliorée au fil du temps. Jusqu'en 2005, l'endettement par habitant était supérieur à la moyenne de la strate. La situation s'est inversée depuis. Espalion n'a pas suivi le mouvement de hausse de l'endettement des communes de sa catégorie, peut-être en raison de ressources fiscales suffisantes (les taux sont assez élevés, notamment sur le foncier). Espalion bénéficie aussi de sa position stratégique, entre le Nord Aveyron et Rodez : notons que le conseil général va intégralement financer le contournement de la commune !

   Terminons avec l'une des communes les plus peuplées du département, Onet-le-Château. Sa situation apparaît très enviable :

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   En effet, l'endettement par habitant y est bas (à peine plus de 300 euros par habitant) et surtout trois fois plus faible que la moyenne de la strate. De surcroît, des marges existent au niveau de la fiscalité, puisque le taux de la taxe d'habitation représente moins de 60 % de celui appliqué par les communes de la même catégorie.

   Et pourtant... Dieu sait que le maire Fabrice Geniez est impopulaire auprès des "élites" du Grand Rodez (de gauche comme de droite). Cela ne l'a pas empêché d'être réélu en 2008 et je pense que, s'il arrive à constituer une liste d'union de la gauche, il a toutes ses chances pour 2014. Il aura pourtant un adversaire habile face à lui : Jean-Philippe Keroslian, qui a accordé un long et instructif entretien au Ruthénois de cette semaine. A mon avis, celui-ci part toutefois avec deux gros handicaps : il n'a pas réussi (pour l'instant) à rallier à lui l'équipe de Didier Gaffard, qui a pourtant mené un travail d'opposition sérieux pendant 5 ans et il ne pourra pas longtemps tenir son positionnement apolitique. Sa liste sera de droite ou de centre-droit. Son ambiguïté pourrait finalement lui nuire.

dimanche, 29 septembre 2013

Acte manqué ?

   Hier, à la lecture de la "une" de l'édition ruthénoise de Midi Libre, certains ont dû ricaner en voyant l'un des titres principaux :

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   Vous ne voyez pas ? Allez, je vous aide :

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   Pour les plus jeunes et ceux qui ne s'intéressent absolument pas à la politique locale : l'annonce de l'article traitant des propos d'Yves Censi est illustrée par une photographie de son père, ancien maire de Rodez !

   Est-ce une bourde de stagiaire ? Le résultat d'une erreur de manipulation du logiciel de mise en page ? La conséquence d'une lecture trop rapide de la banque de données photographiques ? Ou bien est-ce un acte volontaire, "censé" attirer l'attention des lecteurs sur un message subliminal ?

   En effet, bien des mystères entourent la constitution de la liste menée par le député. Même dans son propre camp, les informations semblent mal circuler. Certaines mauvaises langues ont trouvé l'explication : derrière le fils, c'est le père qui est à la manoeuvre, comme le sous-entend l'illustration choisie...

   Qu'en est-il de l'article ? Le journaliste Philippe Dagneaux a recueilli les propos d'Yves Censi, uniquement à charge contre le maire sortant. Mais, quand on lit entre les lignes, on se dit qu'il aurait peut-être dû tourner sept fois sa langue dans la bouche...

   La "première rafale" d'attaques porte sur la fiscalité nationale. Le député s'en prend à l'actuelle majorité, qu'il a accuse d'être responsable d'une "hausse vertigineuse" des impôts. Le problème est que des journalistes sérieux (pas forcément de gauche) ont comparé la fin du quinquennat Sarkozy et le début de celui d'Hollande. Conclusion ? D'après La Tribune, c'est quasiment un match nul. Première rafale ? Premiers mensonges. Par contre, en regardant dans le détail, on s'apercevrait de la raison de la hargne de certains élus de droite : les dernières hausses d'impôts ont davantage ciblé la classe moyenne supérieure, à laquelle ils appartiennent...

   La "deuxième rafale" porte sur les impôts locaux. On s'attendrait à ce que le candidat de l'opposition compare l'année 2012 à 2009, première intégralement gérée par l'équipe Teyssèdre. Curieusement, il remonte à 2006 et inclut donc plus de deux années de mandat de son père dans la comparaison avec le bilan de Christian Teyssèdre. Si j'étais mauvaise langue, je dirais que le député Censi essaie de mettre sur le dos de l'actuel maire une partie de l'augmentation dont est responsable son prédécesseur. Mais, en réalité, le choix de cet écart de comparaison est lié à la formulation du rapport que la Chambre régionale des comptes vient de consacrer à la commune de Rodez.

   Yves Censi prétend beaucoup s'appuyer dessus. Il a dû se dire que personne n'irait vérifier ses affirmations, ou que les quelques curieux se contenteraient de la synthèse affichée en page d'accueil, sans prendre la peine de parcourir en détail les 52 pages du rapport. Pas de chance...

   Si la chambre régionale des comptes relève bien (pages 8-9) une augmentation (de 17 ou 19 %, en fonction de l'année de clôture) du produit des impôts locaux (taxe d'habitation, taxes sur le foncier bâti et non bâti), il est immédiatement ajouté que c'est dû à une hausse des bases (de 21 % et 19 %), alors que les taux (fixés par la commune) soit ont été stables (sur le foncier bâti) soit ont baissé (pour les autres impôts).

   Précisons que la hausse des bases est principalement due à la variation nominale, liée à un coefficient voté lors de l'adoption de la loi de finances, à l'Assemblée nationale. Est-il besoin de rappeler que, pour les années 2006-2012, les lois de finances ont été adoptées par la majorité UMP, dont l'un des soutiens indéfectibles a été le député Yves Censi ? Le voilà donc qui se tire une balle dans le pied : il critique une hausse dont il est responsable !

   La suite de l'entretien me paraît tout aussi biaisée. L'élu UMP reproche le retard pris par le chantier Combarel, alors que tant d'autres occupent déjà le centre-ville. Aurait-il fallu tout faire en même temps, alors que les désagréments sont déjà grands ? De surcroît, avant de démolir l'ancien hôpital, il a fallu procéder à son désamiantage... Je n'ai de plus pas trop compris ce qu'il conteste dans l'aménagement du Foirail. Enfin, ses remarques à propos de la rocade et de la RN 88 ne devraient pas s'adresser principalement au maire, mais d'abord aux gouvernements en place depuis une dizaine d'années (qui ont laissé tomber le chantier de la RN 88), ainsi qu'au Conseil général de l'Aveyron, qui n'a pas cherché à faciliter la tâche du Grand Rodez. (Mais là, il faut reconnaître que les torts sont partagés.)

   Emporté par son élan, le député ne craint pas d'affirmer que rien n'a été réalisé depuis 1988 (en terme d'aménagement routier). Qu'avait-il pris avant l'entretien ?

   Au final, on pourrait se contenter d'en rire. Malheureusement, cela annonce une campagne 2014 de bas niveau, avec pour principaux protagonistes un maire sortant qui ne supporte pas la contradiction et un député qui aime maquiller les chiffres.

samedi, 28 septembre 2013

190 000 euros pour rien ?

   Les médias locaux sont décidément bien respectueux des politiques dominants. Ils ont presque tous transmis la bonne parole, à propos d'un "portrait identitaire" réalisé, pour le compte du Conseil général de l'Aveyron, par la société CoManaging, dont le siège est à Paris. Les voix discordantes ont été très rares. Parmi celles-ci, le directeur du Ruthénois, Bruno Aufrère, s'est permis quelques prudentes critiques dans le numéro paru vendredi 27 septembre (à lire pour une brochette d'articles fort intéressants, notamment ceux consacrés au multiplexe).

   Du côté des politiques, c'est Jean-Dominique Gonzalès qui a sonné la charge. On dira qu'il est dans son rôle d'opposant à Jean-Claude Luche. Mais, en période de vaches maigres, alors que celui-ci ne cesse de déplorer la baisse des revenus départementaux, certains choix peuvent apparaître contestables.

   De quoi est-il question ? Tout d'abord, d'une étude comme il s'en fait de plus en plus depuis une dizaine d'années. C'est à la mode, mais on ne sait pas si c'est vraiment utile. Après tout, les collectivités locales n'emploient-elles pas des personnes compétentes, aptes à travailler dans le domaine du "marketing territorial" ? On peut aussi collecter beaucoup d'informations utiles auprès d'organismes institutionnels, au premier rang desquels l'INSEE.

   Le portrait identitaire réalisé par CoManaging a été facturé 190 000 euros. La somme n'est pas anodine... et, comme par hasard, elle est située juste au-dessous de la barre de 200 000 euros, à partir de laquelle le code des marchés publics impose aux collectivités territoriales de passer par un appel d'offre. Ces marchés sont mentionnés dans le Bulletin Officiel départemental... mais détaillés seulement dans les annexes (pas accessibles sur la Toile) :

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   Alors, le Conseil général de l'Aveyron (à l'image d'autres collectivités territoriales) s'est-il fait pigeonner par des vendeurs de courants d'air, ou bien a-t-il sciemment engagé une dépense excessive et inutile pour redorer son blason aux frais du contribuable ? Il n'est pas facile de répondre.

   En comparant ce que l'on sait du contrat signé par l'exécutif aveyronnais avec ce que le Conseil régional d'Alsace a payé pour le même type de prestation, on serait tenté de penser que Jean-Claude Luche s'est peut-être fait rouler dans la farine. En effet, si la région Alsace a déboursé 350 000 euros (hors taxes), seuls 53 000 ont été affectés à l'élaboration du portrait identitaire... à comparer aux 190 000 euros claqués par les Aveyronnais ! Si la région est un peu plus petite que notre département, elle compte environ sept fois plus d'habitants et son PIB est sans commune mesure. Mais peut-être que les 190 000 euros rémunèrent plus que le simple portrait.

   Cependant, pourquoi ne pas avoir fait appel à un organisme public, le CarifOref Midi-Pyrénées (cofinancé par l'Etat et la région) ? Cela aurait permis de faire quelques économies. De surcroît, cette association avait déjà réalisé un diagnostic territorial de l'Aveyron, en 2009.

   Mais, en 2012, le cabinet CoManaging n'était pas inconnu dans le département. L'année précédente, son directeur, Joël Gayet, avait participé à un colloque qui s'était tenu à Conques. Lors de la table ronde consacrée à la question "Territoire, faut-il en faire une marque ?", il avait pu échanger notamment avec Arnaud Viala, vice-président du Conseil général (à la tête de la commission Economie et Tourisme), présent au titre d'Aveyron expansion.

   La relation entre CoManaging et le Conseil général de l'Aveyron est d'ailleurs plus poussée qu'on ne le pense, puisque les deux sont associés dans la chaire "attractivité et nouveau marketing territorial", lancée en collaboration avec Sciences Po Aix en 2012. En lisant la documentation en ligne, on découvre que le directeur de la chaire n'est autre que Joël Gayet (de CoManaging). L'Aveyron figure parmi la quinzaine de collectivités territoriales associées au projet :

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   D'après le dossier de presse, chaque collectivité s'est engagée pour trois ans, chacune devant contribuer pour 10 000 euros (hors taxes) par an. Avec 15 à 20 adhérents, cela donne un apport compris entre 150 000 et 200 000 euros par an, soit 450 000 à 600 000 au total (pour trois ans). Comme le dossier de presse parle d'un budget annuel de 250 000 euros (750 000 sur trois ans), on en arrive à la conclusion de Sciences Po Aix n'apporte presque rien... voire rien du tout, puisqu'il faut ajouter les contributions des étudiants en master : 5 000 euros chaque !

   Au regard de ce qui a été publié dans les journaux, était-il pertinent pour le Conseil général d'engager de telles dépenses pour recueillir ce qui ressemble à un catalogue de banalités ?

mercredi, 18 septembre 2013

On arrondit les angles des couteaux

   C'est ce que l'on peut conclure de la lecture du compte-rendu de la séance sénatoriale du 13 septembre, consacrée à l'examen du texte de loi sur la consommation. (Lire pages 15 à 19.) En juillet dernier, on s'était arrêté à l'article 23, dont la rédaction suscitait des controverses.

   C'est l'Aveyronnais Stéphane Mazars qui a ouvert le feu, évoquant les difficultés rencontrées par la commune de Laguiole pour utiliser son nom. Assez vite, un élu du Puy-de-Dôme (le socialiste Alain Néri) est intervenu. Il a rendu hommage au savoir-faire rouergat, mais il a remis sur le tapis l'amendement Chassaigne. Il a été appuyé par un autre sénateur, le communiste Gérard Le Cam (sans doute "missionné" par André Chassaigne). Alain Fauconnier a renouvelé son opposition à la formulation proposée, s'appuyant sur une argumentation juridique. La ministre de l'Artisanat et du Commerce Sylvia Pinel a rallié les suffrages en proposant un compromis.

   Au final, il semble que la ministre doive jouer le rôle de facilitatrice et que ce sont les professionnels (artisans et industriels du couteau) qui vont décider de l'architecture de l'IGP Laguiole. On s'oriente donc bien vers une appellation qui comprendra les fabricants aveyronnais et thiernois. Cela décevra sans doute les intégristes rouergats, les partisans du 100 % Laguiole... mais cela rassurera les artisans qui montent des couteaux avec des lames de Thiers... et cela permettra aux professionnels puydomois de récupérer une partie de l'aura attachée au nom Laguiole.

mardi, 10 septembre 2013

L'Aveyron, "déversoir" de la Seine-Saint-Denis ?

   Derrière ce titre un brin provocateur se cache un réel problème, à la fois politique, humanitaire et pénal, celui de la prise en charge des mineurs isolés étrangers (ou présumés tels). Les trois quotidiens aveyronnais ont publié ce mardi un article consacré aux propos du président du Conseil général, Jean-Claude Luche, qui accuse l'Etat de se décharger sur les départements (surtout ruraux) de sa mission de prise en charge de ces enfants et adolescents. Cependant, les trois journaux ne présentent pas l'affaire tout à fait de la même manière.

   La Dépêche du Midi montre un Jean-Claude Luche combatif et titre sur la "Rentrée de tous les fronts" :

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   Le paragraphe consacré à la polémique (en particulier le rejet de la circulaire Taubira du 31 mai dernier) reprend certains des propos tenus par le président du Conseil général, notamment ceux qui font allusion à un trafic de mineurs isolés.

   Midi Libre, à l'opposé, présente un Jean-Claude Luche assez "pépère", qui vit une "rentrée tranquille" :

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   L'article évoque le coût du placement de ces mineurs dans l'Aveyron.

   Mais le plus incisif est sans doute Centre Presse, dont l'article n'a gardé de la conférence de presse du président du Conseil général que les propos concernant l'affaire des mineurs isolés. La version papier n'est pas illustrée, mais la version numérique de l'article comporte une photographie du château de Floyrac, qui accueille les jeunes en mal d'insertion. Comme La Dépêche du Midi, Centre Presse reprend les propos sur l'existence d'un trafic des mineurs. Comme Midi Libre, Centre Presse évoque le coût du placement de ces jeunes... mais il cite davantage J-C Luche, qui parle du comportement des sept récemment accueillis, qui seraient violents et insultants, ce qu'aucun autre média local n'a évoqué. Alors, censure ? Bien-pensance ?

   A ceux qui croiraient que les affirmations qui précèdent sont pure spéculation, il convient de rappeler qu'il existe des filières qui organisent l'arrivée de mineurs en France (pas uniquement métropolitaine). L'une d'entre elles a d'ailleurs été démantelée dans l'Ariège, en juin dernier.

   Ce département fait partie de ceux qui accueillent le plus de mineurs isolés étrangers, derrière toutefois Paris, le Nord, le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis (d'après un rapport de la sénatrice Isabelle Debré). Ce dernier a décidé, en 2011, de ne plus prendre en charge ces enfants et adolescents. Il faut donc trouver de nouveaux départements où envoyer ces jeunes. Jean-Claude Luche semble calquer son attitude sur celle de Jean Arthuis, président du Conseil général de la Mayenne (sans toutefois aller aussi loin).

   A suivre...

samedi, 17 août 2013

Le Nouvel Hebdo numéro 293

   Le "petit jaune" de cette semaine évoque les à-côtés de la venue du ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll sur le Larzac. L'éditorial compare la manière dont les rebelles du Sud Aveyron ont décidé de gérer le foncier aux problèmes que rencontrent les (jeunes) agriculteurs ailleurs (en particulier dans le nord du département), tant le prix des terrains est parfois élevé.

   A ce petit coup de chapeau succède un long article de fond, qui s'en prend à certains "représentants officiels" de la lutte larzacienne. Des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont profité de la venue du ministre pour exprimer leur désaccord, ce qui n'a pas suscité l'enthousiasme des paysans rebelles. L'un des manifestants, Gilles Gesson (installé sur le causse depuis la fin des années 1990), a publié une tribune vengeresse, "Les Versaillais du Larzac".

   Notons que la visite ministérielle a "aimanté" le gratin de la gauche aveyronnaise :

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   Sur la photographie, on reconnaît le maire de Millau, Guy Durand, la députée de l'ouest du département Marie-Lou Marcel (et pas l'UMP Alain Marc), le sénateur Stéphane Mazars et le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées Martin Malvy.

   L'autre gros papier du numéro de cette semaine est consacré à l'un des couteliers de Laguiole, Honoré Durand, en pointe dans la dénonciation de la contrefaçon. Les lecteurs réguliers du Nouvel Hebdo se souviennent aussi qu'il y a signé quelques billets, en général pour critiquer le maire de Laguiole Vincent Alazard (contre lequel il s'est présenté aux municipales de 2008). L'article de cette semaine revient sur la jeunesse du futur coutelier. Gérard Galtier a enfilé ses habits de conteur pour ressusciter la vie de la campagne gardoise d'il y a plus de 50 ans.

   A signaler aussi un article qui traite d'un entrepreneur originaire de Naucelle installé au Vietnam. Pierre-Jean Malgouyres est cité dans un mini-dossier paru dans Le Monde le 9 août dernier :

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   Trois semaines plus tôt, il avait fait l'objet d'un portrait sur le blog de journalistes des Echos.

   Terminons par une séquence "hochets". L'hebdomadaire félicite (!) Florence Cayla (maire de Sébazac-Concourès et vice-présidente de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez), qui a été décorée de l'ordre national du mérite des mains d'Anne-Marie Escoffier. Elle faisait partie de la promotion du 14 novembre 2012, sur le contingent de la ministre aveyronnaise. Ajoutons qu'une autre élue locale figure à ses côtés : la maire de Naucelle Anne Blanc :

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   Mais ce n'est pas la promotion la plus récente. Une autre date du 14 mai 2013. Parmi les personnes distinguées (toujours sur le contingent de la ministre de la Décentralisation) on remarque les noms de Pierre Lançon (bibliothécaire de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron) et de Marc Gosselin, le directeur des services techniques du Grand Rodez.

mercredi, 07 août 2013

Réserve parlementaire, cuvée 2012

   Le quotidien Le Monde consacre un nouvel article, cette fois-ci à la réserve parlementaire de l'an dernier... en fait des six premiers mois : ce sont les députés de l'Assemblée nationale sortante qui ont tout dépensé... les coquins ! De l'article, on peut accéder à un moteur de recherche qui permet (malgré quelques bugs) de se concentrer sur un département, une commune ou un parlementaire. Les amateurs de drogue dure, qui ont du mal à occuper leurs soirées, peuvent se rendre sur le site du gouvernement et accéder à l'intégralité des subventions attribuées par les parlementaires. Le fichier compte plus de mille pages, où les communes bénéficiaires sont classées par ordre alphabétique, sans considération de département.

   Comme le mois dernier (avec la réserve 2011), j'ai décidé d'éplucher les données concernant l'Aveyron. En utilisant les mêmes couleurs et figurés, j'ai construit une carte du même type. Voici le résultat auquel je parviens :

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   Sans surprise, le parlementaire qui a octroyé le plus de subventions est le député Yves Censi, avec un total de 189 990 euros (selon mes calculs), répartis entre neuf communes (en bleu foncé sur la carte). Elles sont toutes situées dans sa circonscription. Cela va de 6 000 euros (pour Florentin-la-Capelle) à 43 385 euros (admirez la précision) pour Saint-Côme-d'Olt. En général, cela représente entre 3 et 20 % du coût du projet. Pruines fait exception : deux projets ont été financés à 50 % par la réserve parlementaire du député.

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   L'autre élu UMP, Alain Marc, a distribué plus de deux fois plus qu'en 2011 (142 594 euros contre 63 500)... en deux fois moins de temps (6 mois au lieu d'un an). La préparation des élections législatives expliquerait-elle cette frénésie subventionniste ? Le député du Sud Aveyron a versé des sommes s'étalant de 4 000 à 25 000 euros, à 11 projets (les communes sont en bleu clair). En valeur, ce sont deux communes (Cassagnes-Bégonhès pour la communauté de communes Viaur-Céor-Lagast, Saint-Georges-de-Luzençon pour celle de Millau-Grands Causses) qui ont reçu le plus. Mais la somme représente moins de 2 % du coût de chaque projet. En proportion, Saint-Laurent-d'Olt et Sévérac-le-Château ont été mieux dotées : leurs projets ont été financés respectivement à 50 % et 48,7 % par la réserve parlementaire.

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   A côté de ces deux pachas, la socialiste Marie-Lou Marcel, élue de l'ouest du département, faisait figure de parent pauvre : elle n'a distribué que 15 000 euros (contre 21 000 en 2011). Comme l'année précédente, elle a partagé sa réserve en parties égales, trois de 5 000 euros en 2012. (Les communes sont en rouge sur la carte.) En pourcentage, c'est moins équitable : les projets de Sainte-Croix et Vailhourles ont été financés à moins de 3 %, celui de La Rouquette à 12,8 %.

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   La sénatrice PRG Anne-Marie Escoffier a versé presque la même somme en 2012 qu'en 2011 (33 000 euros, contre 32 500 l'année précédente). Trois communes (en rose sur la carte) en ont bénéficié. Sans surprise, on retrouve Rignac (projet financé à plus de 40 % par la réserve), chef-lieu de canton dont l'élue est... A-M Escoffier. Decazeville a touché une petite somme (6 000 euros), qui n'est qu'une faible contribution à son projet (3,1 %). Par contre, Espalion a reçu 25 000 euros, qui ont financé à 35 % l'aménagement d'un terrain de jeux. Déjà l'année précédente, cette commune avait touché une jolie somme de Gérard Larcher, à l'époque président du Sénat... et élu des Yvelines. Conclusion : soit la commune d'Espalion a la cote auprès des sénateurs, soit le maire Gilbert Cayron dispose d'un très bon carnet d'adresses (maçonniques ?).

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   Comme pour l'année 2011, le nom du second sénateur aveyronnais, Alain Fauconnier, n'apparaît pas dans la liste des donateurs. Comme en 2011, le maire de Saint-Affrique s'est rasé les jambes et a troqué le pantalon contre la jupe. Revoici donc la sénatrice bretonne Odette Herviaux, qui a distribué presque 140 000 euros dans le département.  Les 25 communes bénéficiaires sont en orange sur la carte. (Pour la communauté de communes des Sept-Vallons, faute de précision, j'ai colorié Coupiac.)

   On ne s'étonnera pas que 20 des 25 communes soient situées dans le Sud du département, terre d'élection d'A. Fauconnier. Toutefois, par rapport à 2011, un petit changement est survenu : trois communes situées à l'ouest (Balaguier-d'Olt, La-Bastide-L'Evêque et Saujac), deux au nord (Entraygues-sur-Truyère et Lacroix-Barrez), ont bénéficié de subventions. Globalement, les sommes vont de 1 000 à 26 500 euros. C'est Saint-Affrique (dont le maire est... Alain Fauconnier) qui a touché le plus, et de loin, la seconde commune la mieux dotée étant Saint-Jean-et-Saint-Paul avec 10 000 euros. Précisons que Marie-Thérèse Foulquier en est la maire. Rappelons qu'elle fut candidate aux législatives de 2012, soutenue (officiellement) par le PS et Les Verts.

   En pourcentage, les projets qui ont bénéficié du meilleur soutien financier d'Odette Fauconnier (ou d'Alain Herviaux, je sais plus) sont ceux de Tauriac-de-Camarès (50 % du coût supporté par la réserve parlementaire), de Buzeins (47,4 %), de Saint-Affrique (46,5 %), de Lavernhe-de-Sévérac (46,2 %), de Verrières (de 40 %), de Millau (39 %)... et de Saint-Jean-et-Saint-Paul (37,4 %). Globalement, on remarque la prééminence des agglomérations de Saint-Affrique et de Millau.

   Cependant, c'est de la fameuse "réserve ministérielle" (anonyme dans le document officiel) que proviennent les subventions les plus abondantes : 200 818 euros. Onze communes (hachurées en noir sur la carte) en ont été bénéficiaires, pour des sommes allant de 2 000 à 54 000 euros. Trois (Buzeins, Flavin et La Bastide-Solages) ont aussi touché une somme de l'un des parlementaires aveyronnais. Dix des onze communes sont situées dans la circonscription d'Alain Marc... étonnant, non ? Une seule se trouve en déhors. Il s'agit de Sébrazac, dont le maire est un certain Jean-Claude Anglars, qui est aussi vice-président du Conseil général. Les 49 818 euros reçus représentent 10,4 % du projet. On voit par là que la réserve ministérielle n'est pas aveugle ; elle est même sans doute téléguidée.

   Les sommes versées vont de 2 000 à 54 000 euros. C'est la commune de Saint-Sernin-sur-Rance qui a reçu le plus. Les 54 000 euros ne représentent toutefois que 5,6 % du coût du projet. Précisons que le maire est Annie Bel, qui avait reconquis le canton pour le compte de la majorité départementale en 2011. Un article de La Dépêche du Midi a levé le voile sur l'origine du coup de pouce dont a bénéficié la commune. Il évoque la réserve parlementaire du député Alain Marc, mais il s'agit de la réserve ministérielle, qui a été "orientée" par le député.

   En général, l'apport gouvernemental représente une part modeste du financement. Deux communes ont été proportionnellement un peu mieux dotées : Lapanouse-de-Cernon (projet financé à 19,6 %) et Saint-Jean-du-Bruel (projet financé à 18,2 %, correspondant à un apport de 30 000 euros).

   Ce sera au moins un point positif pour le duo Hollande-Ayrault que d'avoir régulé ces pratiques inéquitables et obscures, qui ont trop longtemps permis à des potentats locaux de se bâtir un fief électoral grâce à l'argent des contribuables.

samedi, 27 juillet 2013

A couteaux tirés

   En lisant un article du quotidien La Montagne paru cette fin de semaine, on réalise que l'examen du projet de loi relatif à la consommation par la commission des affaires économiques du Sénat crée quelques tensions entre élus auvergnats et aveyronnais, à propos de la future IGP Laguiole.

   Tout part de l'examen des amendements, notamment ceux portant sur le chapitre IV et l'article 23. Pour cela, il faut revenir un peu en arrière, lorsque l'Assemblée nationale a examiné le texte. Le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a fait voter un amendement (le numéro 720) qui introduit une formule en apparence anodine dans un alinéa de l'article 23, concernant le futur cahier des charges de l'IGP :

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   Il est intéressant de lire la justification avancée par le député lorsqu'il a proposé cette modification (en compagnie de quatorze autres élus, tous membres du groupe Gauche Démocrate et Républicaine, comme lui) : "Il apparaît en effet indispensable que les conditions de création d’une indication géographique ne portent pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et d’une production de qualité existante pour un même produit. L’objectif est bien de développer l’emploi et non d’en supprimer." (C'est moi qui souligne.) Il est évidemment fait allusion à la production du bassin de Thiers.

   Dans la foulée, André Chassaigne a soutenu deux autres propositions d'amendement, avant de les retirer. Le numéro 723 était dans le même esprit que celui qui a été adopté : la défense de la production de couteaux Laguiole par les artisans thiernois ("et qui ne porte pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et à la production d’un même produit.").

   L'autre amendement retiré (le numéro 722) peut être considéré comme une petite attaque contre les couteliers aveyronnais. Il est question de l'organisme privé chargé de la défense d'une IGP. L'élu auvergnat aurait aimé qu'il figure que cet organisme soit jugé "représentatif de la profession concernée". Les couteliers aveyronnais ne formant qu'un groupe minoritaire, cela aurait conduit à inclure dans l'IGP leurs homologues thiernois, plus nombreux.

   Le texte voté par l'Assemblée nationale arrive au Sénat début juillet. C'est la commission des affaires économiques qui effectue le gros du travail en amont, avant l'examen en séance plénière. Voici ce qu'est devenu le passage qui avait été modifié à l'instigation d'André Chassaigne :

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   L'insertion a donc été supprimée par un amendement présenté par les rapporteurs Martial Bourquin et... Alain Fauconnier, le maire de Saint-Affrique. En lisant le compte-rendu des débats de la commission, on découvre sans surprise que c'est bien Alain Fauconnier qui a présenté l'amendement. Il l'a justifié en déclarant que le passage concerné n'était qu'illustratif et que la définition d'une IGP prenait en compte bien d'autres éléments absents de l'article. (C'est plutôt au cahier des charges d'établir ces critères.)

 

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   L'histoire ne s'arrête évidemment pas là. Le texte élaboré par la commission sénatoriale va être discuté en réunion plénière, avant de repasser devant les députés, les deux assemblées devant voter le même projet. Comme, en cas de désaccord, ce sont les députés qui ont le dernier mot, si André Chassaigne réussit à réintroduire son amendement, celui-ci fera partie de la loi.

dimanche, 14 juillet 2013

Des parlementaires qui ne manquent pas de réserve

   Le sujet a déjà été abordé sur le site Aligorchie. KaG a consacré deux billets à l'un des versants de la réserve parlementaire : les dons aux associations. De mon côté, grâce à un moteur de recherche accessible depuis un article du Monde, je me suis intéressé aux subventions accordées aux communes aveyronnaises en 2011. A partir de cela, j'ai tenté de construire une carte de synthèse :

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   J'ai matérialisé, d'un trait noir épais, la séparation entre les trois circonscriptions législatives. Ensuite, j'ai colorié (ou hachuré) les communes qui ont reçu une subvention issue de la réserve parlementaire. Quelles conclusions peut-on tirer de tout cela ?

   En terme de données brutes, des cinq parlementaires aveyronnais en place en 2011, c'est incontestablement le député UMP Yves Censi (à l'époque membre de la majorité) qui a le plus distribué, avec un total de 170 000 euros. A l'autre bout se trouvait la députée PS Marie-Lou Marcel (alors dans l'opposition), avec un total de 21 000 euros. Eh, oui, les parlementaires n'étaient pas tous logés à la même enseigne !

   Cependant, on verra plus bas que près de 700 000 euros ont été distribués dans le département en provenance directe de la "réserve ministérielle". On comparera la répartition de cette manne avec les subventions des parlementaires.

   Commençons avec Yves Censi, élu de la première circonscription, qui s'étend grosso modo de Rodez à l'Aubrac. En 2011, il a accordé des subventions à 6 communes (coloriées en bleu foncé sur la carte), pour 8 projets. Trois de ceux-ci concernent la seule commune d'Alpuech (la plus au nord), pour un total de 10 000 euros. Toujours sur l'Aubrac, 33 000 euros sont venus aider à la construction d'un garage communal, à Prades. Pas très loin de là, c'est Saint-Geniez-d'Olt a aussi bénéficié d'un financement partiel venant du député. Les autres communes aidées (Montrozier, La Loubière, Palmas) sont plus proches du Grand Rodez, mais situées en dehors. Logiquement, comme les deux autres députés, Yves Censi a subventionné des projets montés par des communes situées dans sa circonscription.

   Son collègue UMP Alain Marc, qui a distribué 63 500 euros, a davantage ventilé les subventions, entre 9 communes (en bleu clair sur la carte : Ayssènes, Camarès, Cassagnes-Bégonhès, Comps-Lagrand'ville, Compeyre, Coupiac, Creissels, Rullac-Saint-Cirq, Saint-Juéry et Villelaure). Les sommes sont moins inégales (entre 2 500 et 10 000 euros). Si elles excluent les deux villes gérées par le PS (Millau et Saint-Affrique), elles touchent néanmoins (me semble-t-il) aussi bien des communes qui votent à gauche que des communes qui votent à droite. Il faudrait comparer avec les années précédentes pour en tirer des conclusions plus fines. En tout cas, à un an des législatives, c'était habile de la part d'Alain Marc, dont la réélection a été en partie assurée par des voix de gauche.

   La troisième députée, Marie-Lou Marcel, a divisé la part de sa réserve attribuée aux communes en quatre parties égales de 5 250 euros. Les territoires sont coloriés en rouge sur la carte. Ce sont ceux Grand-Vabre, La-Capelle-Balaguier, Moyrazès et Saint-Igest.

   Viennent ensuite les sénateurs, tous les deux dans l'opposition en 2011. Ils ont donc bénéficié de sommes modestes. Anne-Marie Escoffier a distribué 32 500 euros à trois communes (en rose sur la carte) : Belcastel, Rignac et Villeneuve. Signalons que les deux premières sont situées dans le canton de Rignac, dont la conseillère générale est... Anne-Marie Escoffier.

   Arrive donc le moment de s'intéresser aux subventions attribuées par Alain Fauconnier. O surprise ! Son nom est introuvable dans la liste des parlementaires et, quand on vérifie l'intégralité des projets aveyronnais qui ont bénéficié de la réserve, son nom n'apparaît toujours pas. Et pourtant... si vous avez regardé attentivement la carte du début, vous vous êtes rendus compte qu'une cinquième couleur, l'orange, apparaît assez souvent dans la moitié sud du département. Les communes que j'ai fait ressortir ainsi ont bénéficié d'une subvention sénatoriale, mais pas d'Alain Fauconnier. Le nom qui apparaît dans le moteur de recherche mis en ligne par Le Monde est Odette Herviaux.

   Elle est sénatrice du Morbihan depuis 2001 et secrétaire du bureau de la Haute Assemblée depuis 2008. En 2011, elle a aidé 89 projets, dans 12 départements (dont deux outremer : la Martinique et la Guyane). Voici la répartition départementale de ses subventions en métropole :

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   En rouge figurent les départements les plus aidés (14 projets chacun). Sans surprise, on découvre que la sénatrice bretonne a été généreuse dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor. Par contre, je ne sais pas pourquoi le Doubs a été aussi bien pourvu. Un peu derrière, on trouve (en orange) l'Ardèche et l'Aveyron (11 et 10 projets), puis (en jaune) la Haute-Garonne, l'Aude et la Côte-d'Or (6, 5 et 5 projets). Enfin, en beige, j'ai colorié le Nord et le Puy-de-Dôme, qui ont chacun obtenu une seule subvention (mais d'un montant élevé pour le premier).

   Ce n'est donc sans doute pas un amour immodéré de l'Aveyron qui a conduit la sénatrice à y aider 10 projets, mais le fait que, membre du bureau du Sénat, elle disposait d'une somme bien plus importante que ses collègues. Cette attitude redistributive n'en est que plus louable. Mais revenons à l'Aveyron.

   Les subventions de Mme Herviaux semblent avoir été quelque peu "téléguidées". (N'oubliez pas que les communes concernées sont en orange sur la première carte, celle qui figure en début de billet.) Les agglomérations de Millau et surtout de Saint-Affrique (dont le maire n'est autre qu'Alain Fauconnier) ont été privilégiées : Saint-Affrique seule a reçu 25 000 euros, Saint-Izaire 2 000, Versols-et-Lapeyre 3 000.

   C'est le moment que choisit le petit malin au fond de la salle pour faire remarquer qu''il reste une couleur dont je n'ai pas parlé : le gris. Je l'ai attribué à Espalion, dont la restauration du Vieux-Palais a été financée presque à 50 % par Gérard Larcher, qui fut président du Sénat de 2008 à 2011. Faut-il y voir le résultat de l'action de Philippe Meyer, qui préside l'Association pour la renaissance du Vieux-Palais ?

   Pour terminer, voyons un peu comment la fameuse "réserve ministérielle" a été attribuée dans le département. Les communes qui en ont bénéficié sont hachurées en noir sur la première carte. Elles sont au nombre de 15, pour 16 projets. Les sommes versées vont de 4 000 à 100 000 euros et sont le plus souvent comprises entre 20 000 et 40 000. La majorité des communes qui ont touché quelque chose sont situées dans la circonscription d'Alain Marc...

   On remarque aussi que seules deux communes ont obtenu des financements de deux sources différences : Saint-Juéry et Saint-Geniez-d'Olt. Pour la première, je me demande si c'est dû aux relations de son maire, l'historien Christian Font. Concernant la seconde, il suffit de rappeler que Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) en fut maire de 1995 à 2008 (il demeure premier adjoint) et qu'il en est l'indéboulonnable conseiller général depuis près de 20 ans.

   Quand on regarde plus en détail les financements dont Saint-Geniez a bénéficié, on constate que les montants sont élevés. Ainsi, la réserve ministérielle a contribué pour 100 000 euros à des travaux de voirie et pour 100 000 euros supplémentaires à la reconversion de la salle polyvalente. Cela représente 29 % de l'ensemble des sommes attribuées à l'Aveyron par la réserve ministérielle. Pas mal, non ? De son côté, Yves Censi a versé 20 000 euros pour la réfection de la piscine du camping municipal. Si l'on ajoute à cela le fait que le canton de Saint-Geniez-d'Olt a été, de 2008 à 2011 (d'après Le Ruthénois), le plus important bénéficiaire des subventions du Conseil général (avec 345 000 euros), on réalise à quel point le manque de transparence dans l'attribution de divers financements (aussi bien locaux que nationaux) favorise les inégalités au sein du département.

vendredi, 12 juillet 2013

Petits arrangements aveyronnais

   Le dernier numéro du Ruthénois (désormais quinzomadaire) est disponible jusqu'au 18 juillet. Il contient une série d'articles intéressants, mais surtout un mini-dossier de quatre pages intitulé "Les Aveyronnais sont-ils les victimes des arrangements politiques ?"

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   Les papiers sont de Benoît Garret, qui fait partie de la rédaction du Progrès Saint-Affricain, si je ne m'abuse. Il est déjà arrivé que certains de ses articles se retrouvent dans Le Ruthénois. (L'an dernier, j'avais trouvé l'entretien mené avec Mme Escoffier excessivement complaisant.) Ici, le ton est plus incisif. Les informations concernent davantage le Sud du département que le Nord.

   Les deux premières pages du dossier sont consacrées à la répartition des aides versées par le Conseil général aux communes du département. Il apparaît clairement que la majorité réunie autour de Jean-Claude Luche finance surtout des projets dans les cantons "amis". Notons que le détail des financements est accessible sur la page Facebook de l'hebdomadaire. (Il est divisé en quinze parties.)

   Les données portent sur les années 2008-2011. Il semble donc qu'il n'y ait pas de rupture franche entre la gestion Puech et la gestion Luche. Il faudrait peut-être y regarder plus en détail.

   Intéressons-nous aux cantons qui ont touché les sommes les plus importantes. En tête se trouve celui de Saint-Geniez-d'Olt (dont est issu Jean-Claude Luche), avec 345 000 euros. Il devance finalement d'assez peu le canton de Cornus, tenu par Christophe Laborie, vice-président du Conseil général (312 400 euros). La médaille de bronze est détenue par le canton de Saint-Sernin-sur-Rance, avec 303 500 euros. Traditionnellement, c'est un fief de la droite, qui l'a toujours détenu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale... sauf entre 2004 et 2011, quand le titulaire fut Claude Boyer (élu de justesse, en ayant profité de l'affaiblissement du sortant par une candidature sans étiquette au premier tour). On peut estimer que la majorité départementale a jugé capital de récupérer ce canton en 2011.

   Sur les douze cantons qui suivent, un seul est détenu par la gauche, celui de Marcillac-Vallon. Il arrive en dixième position au niveau des subventions, avec 160 000 euros. Sur les quinze cantons les plus aidés par le Conseil général, treize étaient donc détenus par la majorité départementale. Parmi ceux-ci se trouvent Laissac, Camarès, Montbazens, Vezins-de-Lévézou, Bozouls... Rappelons qu'à l'époque, la majorité est assez mince : 25 élus contre 21 à l'opposition de gauche. Les cantons urbains ont été très peu aidés.

   Page 6, la parole est à la défense : Jean-Claude Luche est interrogé par le journaliste... et l'on sent que la discussion a été tendue. Le président du Conseil général manie un peu la langue de bois, sous-entendant que l'argent est allé aux communes et cantons dynamiques... et donc que les élus de gauche défendent mal leur territoire.

   D'un autre côté, la gauche agit-elle autrement là où elle est aux manettes ? Il faudrait effectuer la même analyse pour le département du Lot, par exemple... ou pour la Corrèze, tiens. Le Ruthénois ébauche une comparaison avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées. J'ai aussi souvenir, il y a des mois de cela, d'un article du Petit Journal qui dénonçait l'inéquitabilité de la répartition des aides régionales aux villes.

   On pourrait aussi s'appuyer sur la récente décision de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de rétablir certains tribunaux de grande instance qui avaient été supprimés par la réforme de Rachida Dati. Les communes de Saumur, Saint-Gaudens et Tulle récupèrent leur TGI. Trois autres villes (Dole, Guingamp et Marmande) obtiennent la mise en place de chambres détachées, ce qui a été refusé à Millau. Est-il étonnant de constater que 5 des 6 communes qui récupèrent quelque chose sont gérées par des majorités de gauche ? (A contrario, cela veut aussi dire que le pouvoir sarkozyen a eu tendance à supprimer des tribunaux dans des villes gérée par ses opposants...) La sixième, Saumur, est située dans le Maine-et-Loire, un département assez vaste (bien que plus petit que l'Aveyron), mais ne disposant plus que d'un seul TGI (à Angers) pour près de 800 000 habitants.

   La dernière page du mini-dossier du Ruthénois aborde l'arrière-plan des élections législatives de 2012, en particulier dans la troisième circonscription, qui a vu la réélection d'Alain Marc, alors que la gauche semblait en mesure de l'emporter. L'article évoque les divisions du camp "progressiste" et une éventuelle entente secrète entre le sénateur-maire de Saint-Affrique, le socialiste Alain Fauconnier, et le député UMP sortant. Il oublie d'évoquer la franc-maçonnerie. Sur ce sujet, il vaut mieux se reporter au chapitre 18 du livre d'Hugues Robert, Presse Business, histoire critique d'une presse bien française.

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jeudi, 11 juillet 2013

Cumul mon amour ! (2)

   Il va encore être question de la loi sur le cumul des mandats (dont j'ai parlé hier). Le détail des votes des députés est accessible sur le site de l'Assemblée nationale.

   Sans surprise, on constate que la socialiste Marie-Lou Marcel a voté le texte, tandis que ses collègues UMP Yves Censi et Alain Marc l'ont rejeté. A toutes fins utiles, rappelons que ce dernier est aussi vice-président du Conseil général de l'Aveyron, un cumul que la nouvelle loi interdit. Quant à Yves Censi, il ne cache pas vouloir conquérir la mairie de Rodez, ce qui, en cas de succès, le placerait aussi en situation de cumul prohibé... à partir de 2017.

   De manière générale, les députés de gauche ont voté la loi et ceux de droite l'ont rejetée. Si l'on y regarde de plus près, on est amené à nuancer. Tous les écologistes (bravo !), la presque totalité des socialistes et la majorité des élus du Front de Gauche ont voté le texte. Mais les chevènementistes et la majorité des radicaux s'y sont opposés.

   A droite, personne ni à l'UMP ni à l'UDI n'a voté la loi, mais quelques téméraires se sont abstenus. Ils ne sont que trois à l'UMP, dont le Toulousain Jean-Luc Moudenc et Thierry Solère, une jeune pousse des Hauts-de-Seine, qui a battu Claude Guéant en 2012... et qui avait été mêlé à la "vendetta" organisée contre Patrick Devedjian (qui a rejeté le texte). A l'UDI, 30 % des députés se sont abstenus. (Ne vous emballez pas : cela ne représente que 9 personnes !) Parmi eux, on trouve Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Hervé Morin et le Tarnais Philippe Folliot. L'ont-ils fait par conviction ? Ont-ils vu là l'occasion de se distinguer de la masse et d'afficher leur pseudo-centrisme ? C'est difficile à dire. On en saura peut-être plus quand le texte reviendra du Sénat.

   En poursuivant la lecture de la liste, on arrive aux députés non inscrits. Les deux élus d'extrême-droite (Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) ont voté la loi !

mercredi, 10 juillet 2013

Cumul mon amour !

   Les socialistes ont fini par s'y mettre. Ils ont mis le temps, ils se sont montrés très timides, mais ils ont accouché d'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats. Attention toutefois : votée par l'Assemblée nationale, elle doit encore passer devant le Sénat, dont les membres semblent majoritairement hostiles aux principes de bon sens que le texte contient.

   Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'une promesse du candidat Hollande, contenue dans l'engagement numéro 48 (au passage, je conseille à ceux qui ont joué la surprise quand le gouvernement a mis au programme le mariage homo de lire l'engagement numéro 31) :

"J’augmenterai les pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement, notamment sur les nominations aux plus hauts postes de l’État afin de les rendre irréprochables. Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. Je renforcerai la parité entre les femmes et les hommes en alourdissant les sanctions financières contre les partis politiques qui ne la respectent pas. J’introduirai une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale."

   Le formulation était vague, contrairement à ce qui est écrit dans d'autres articles. J'aurais aimé que le gouvernement aille plus loin, mais, pour l'instant, il faut se contenter de la loi que vient de voter la majorité absolue des députés. Le principe est simple : à partir de 2017, on ne pourrait plus être député (ou sénateur ou député européen) ET maire, adjoint, (vice) président de Conseil départemental, de Conseil régional ou d'un établissement intercommunal (genre la Communauté d'agglomération du Grand Rodez).

   Le diable se niche dans les détails... et dans ce qui n'est pas écrit. Cela veut donc dire que l'on pourra être parlementaire et conseiller départemental ou régional, mandats qui sont rémunérés. Les parlementaires pourront aussi rester conseillers municipaux ou intercommunaux, ces fonctions étant très souvent (mais pas toujours) bénévoles. Voilà qui ruine l'un des arguments des opposants (comme le sénateur Stéphane Mazars, qui s'est récemment exprimé dans les colonnes de Centre Presse), qui prétendent qu'un parlementaire déconnecté des réalités locales fait du moins bon travail. Grâce à cette loi sur le non-cumul, les parlementaires pourront garder un pied en province. (Selon moi, on aurait dû seulement tolérer les fonctions de conseiller municipal ou intercommunautaire... ou alors interdire le cumul des indemnités.) Notons que la loi ne change rien aux règles actuelles de cumul des mandats locaux.

   Il va être intéressant de suivre le passage au Sénat. En effet, d'après Le Monde, le texte a été voté par la grande majorité des députés PS, Verts et Front de Gauche, alors que ceux du PRG ont plutôt voté contre (en compagnie de l'UDI et de l'UMP). Quelle va être l'attitude des sénateurs radicaux du groupe RDSE (dont S. Mazars) ?

   Le piquant dans cette affaire est que les récentes péripéties de la vie politique ruthénoise ont conduit le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, qui est aussi (depuis mars 2013) vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, à s'emparer de la présidence de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez. A droite, on avait déjà "Cumuluche". Faudra-t-il désormais aussi parler de Christian "Excèdre" ?

   Blague à part, cette loi sur le cumul des mandats, bien que positive, n'en est pas moins révélatrice du conservatisme des élus de gauche comme de droite et du manque d'autorité de l'exécutif parisien. On a déjà pu le constater à propos de la transparence des richesses. Rappelez-vous : en avril dernier, tous les membres du gouvernement avaient dû publier leur déclaration de patrimoine. Ce fut indéniablement un pas important, mais, à la lecture desdites déclarations, il était clair que certains ministres avaient rusé. (Sur ce sujet, je conseille les articles que Donato Pelayo a signés, les 19 et 26 avril ainsi que le 3 mai 2013, dans Le Nouvel Hebdo.)

   En dépit (entre autres) de l'affaire Cahuzac (et de ses conséquences électorales), beaucoup de députés ont persisté à s'opposer à l'application de la transparence à leur patrimoine. La loi votée fin juin par l'Assemblée (actuellement examinée par le Sénat) est pourtant modérée dans son ambition. Si la déclaration concerne un grand nombre d'élus (ainsi que des hauts fonctionnaires), la publicité du contenu est interdite : le citoyen lambda pourrait consulter mais pas révéler publiquement ce qu'il a lu...

   Nos parlementaires sont décidément bien cachottiers... Certains jouent un peu plus franc-jeu, comme Stéphane Mazars. Dans l'entretien publié dans Centre Presse, il affirme : "Je gagne mieux ma vie en étant avocat que sénateur !" Examinons la chose. L'an dernier, j'ai salué sa décision de renoncer à ses émoluments d'adjoint au maire de Rodez. Du coup, il ne touche plus que son indemnité de sénateur, soit environ 5 500 euros nets par mois... auxquels il faut ajouter environ 6 000 euros d'I.R.F.M. (Indemnité Représentative de Frais de Mandat)... non soumise à l'impôt sur le revenu.

   Comparons aux revenus des avocats. En 2008, en moyenne, il s'agissait d'environ 6 200 euros par mois. Mais, comme les écarts sont énormes dans la profession, il peut être utile de comparer avec le revenu médian, celui qui sépare en deux groupes égaux les membres de la profession : 3 800 euros. Je pense que les revenus du sénateur aveyronnais se rapprochaient plutôt du premier chiffre, ce qui explique qu'il affirme gagner (un peu) plus en exerçant sa profession... si l'on ne compte que l'indemnité de base (6 200 euros contre 5 500). Ou alors, il gagnait vraiment très très bien sa vie et ses revenus dépassaient le cumul des deux indemnités, soit 11 500 euros par mois. Bigre ! Voilà que je me mets à regretter de ne pas porter la toge !

mardi, 11 juin 2013

Une prison de rêve

   Hier lundi, la ministre de la Justice Christiane Taubira est venue inaugurer la nouvelle cité universitaire maison d'arrêt du Grand Rodez, à Druelle. Au passage, elle est revenue sur les polémiques qui entourent la mise en service du bâtiment.

   Ainsi, la Garde des Sceaux a justifié l'installation des brumisateurs, qui permettraient d'éviter l'échauffement des esprits, en particulier en période caniculaire. On voit par là que la ministre ne sait visiblement pas que le climat qui règne dans cette partie de l'Aveyron n'est pas tout à fait le même que celui de sa Guyane natale. Ajoutons que le site de la prison, le Puech de Grèzes (qui touche la zone artisanale de Bel-Air), se trouve à presque 600 mètres d'altitude (plus de 1 900 pieds, selon Google Earth) à peine moins que le sommet de Rodez...

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   Sa visite des lieux a été amplement médiatisée. Un diaporama lui est consacré, sur le site de Centre Presse. Il est pourtant une photographie que seuls les lecteurs (acheteurs) de la version papier du quotidien auront vue, celle-ci :

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   D'autres images des cellules sont proposées, certaines permettant de découvrir le coin douche-WC. Mais seule celle ci-dessus permet de voir la télévision à écran plat et le petit réfrigérateur dont chaque pièce est équipée. Curieux, non ?

   Avec tout cela, j'ai failli oublier : le coût de la chose. Au début, il était question de 12,5 millions d'euros. Les médias aveyronnais ont parlé de 20 millions au total, soit une augmentation de 7,5 millions d'euros, qui représentent un surcoût de plus de 50 %. Dire que les contribuables n'ont même pas eu droit de visiter l'établissement !

samedi, 08 juin 2013

Une prison modèle sur le Grand Rodez ?

   Le 1er juillet 2013, officiellement, la nouvelle maison d'arrêt du Grand Rodez entrera en fonction, à Druelle, une commune de l'ouest de l'agglomération ruthénoise. Située à proximité de la zone de Bel-Air et de la route de Rignac (qui mène aussi à Villefranche-de-Rouergue), elle sera facilement accessible :

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   L'ancienne, encore en service, se trouve à Rodez même, à proximité du jardin public, à moins de 500 mètres de la cathédrale :

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   Le bâtiment est vieillot. C'est l'un des plus anciens couvents de la ville, dont la construction remonte au XVIIe siècle. Pendant la Révolution, il a été transformé en prison, fonction conservée jusqu'à aujourd'hui. Le bâtiment n'est pas aux normes. Les conditions de travail des gardiens y seraient difficiles et les cellules indignes d'un pays développé au XXIe siècle. Les locaux sont aussi trop étroits. (N'oublions pas que la population carcérale ne cesse d'augmenter.) Si l'on ajoute à cela l'enclavement urbain et la proximité du nouveau pôle festif (comprenant la salle des fêtes, le multiplexe de cinéma et le musée Soulages), on comprend qu'il a été jugé pertinent de déplacer ce petit monde dans un bâtiment plus moderne, fonctionnel... et un peu à l'écart du centre.

   Contrairement à l'ancienne, la nouvelle maison d'arrêt se visite. Attention, hein ! Ce ne sont pas les citoyens ordinaires qui ont eu droit d'observer l'utilisation de leurs impôts (contrairement à ce qui s'est fait pour l'hôpital de Bourran, en 2006). Seuls les journalistes (accompagnant de rares privilégiés) ont eu accès aux bâtiments. Cela nous a valu deux diaporamas. On notera que celui de Midi Libre met davantage en valeur les "pipoles" que les bâtiments. (Rétrospectivement, on peut estimer que ce fut un bon échauffement avant la venue de François Hollande à Rodez.) Mieux vaut donc regarder celui mis en ligne sur le site de France 3 Midi-Pyrénées. Les photographies sont de Rouzane Avanissian.

   Les cellules ont un un petit côté chambre d'étudiant :

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   On sous-entend donc que les détenus seront seuls, jamais deux (ou plus...). Hum... est-ce bien certain ? Il semble aussi que les "problèmes de douche" (et de savon qui glisse...) soient résolus avec l'équipement de chaque cellule. Là encore, c'est une information à confirmer.

   La polémique est née de la présence de la télévision. Dans l'image ci-dessus, un espace (que j'ai entouré en bleu) semble avoir été prévu pour l'installer. On peut aussi distinguer la prise électrique, au-dessous de la tablette. D'après un représentant les gardiens de prison, l'accès au bouquet de chaînes de Canal + serait fourni gratuitement aux détenus. De plus, ceux-ci auraient un petit frigo à leur disposition, dans la cellule, élément que l'on s'est bien gardé de montrer dans les diaporamas. On n'y a pas vu non plus les brumisateurs de la cour de promenade...

   Je ne suis pas choqué par la présence de la multitude d'équipements (d'autres sont montrés dans le diaporama de France 3). Il faut bien favoriser la réinsertion des détenus, dont la peine (ou le reliquat de peine) devra être inférieur à deux ans (un an dans l'ancienne prison). Mais le coup des chaînes de Canal, alors que la TNT gratuite devrait suffire (surtout en période de vaches maigres budgétaires) m'a interloqué. Quant aux brumisateurs, leur présence révèle surtout l'ignorance des personnes qui ont prévu leur installation.

   Mais il est un autre problème dont on a trop peu parlé : les malfaçons. Un article de La Dépêche du Midi cite les propos du secrétaire national de l'UFAP (principal syndicat des matons), qui évoque un million d'euros (sur 12,5 de budget initial, soit 8 % !). Il est notamment question de serrures défectueuses, un comble pour ce genre de structure ! Alors, qui est responsable ? Peut-être faut-il chercher du côté de la maîtrise d'oeuvre, dont les titulaires sont nommés sur le site du Grand Rodez :

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samedi, 01 juin 2013

La nouvelle formule du "Ruthénois"

   Vendredi 31 mai, l'hebdomadaire du Piton est sorti sous un nouveau format :

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   Voici ce que cela donne quand on place ce numéro au-dessus du précédent :

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   Il occupe un peu plus de la moitié de la surface du numéro de la semaine dernière, qui était au format berlinois (celui des quotidiens Le Monde, La Dépêche du Midi et Midi Libre). Le trait noir, au bas de l'exemplaire, marque le "point de dépassement" par rapport à l'ancien format.

   A première vue, le nouveau semble être de type tabloïd (avec un peu plus de hauteur de page), adopté naguère puis rejeté par le quotidien Centre Presse.

   Voyons le contenu à présent. On commence par une double page consacrée au réalisateur arabe israélien Alaa Ashkar (dont le nom est écorché sur la première page), qui vit en France. L'entretien, passionnant, aborde le conflit israélo-palestinien sous un angle méconnu, celui des Palestiniens restés en Israël après la guerre de 1948-1949.

   Les pages 4 et 5 traitent de la venue de François Hollande à Rodez (la première journée, à l'usine Bosch, au musée Soulages et à la mairie de Rodez).

   La suite du journal est composée de la plupart des rubriques habituelles. A signaler, un article sur l'éventuelle constitution d'une liste de gauche indépendante du maire sortant. On se garde toutefois de nous donner le moindre nom. Certains circulent en ville, mais allez savoir...

   Il est aussi question de la rencontre organisée à Paul Lignon entre des anciens de 1998 et des joueurs de l'association "Un maillot pour la vie". Pas très loin, la parole est donnée à des syndicalistes. On retiendra les propos de ceux de Sud Solidaires, qui réclament une augmentation des impôts.

   La chronique judiciaire et le courrier des lecteurs sont regroupés sur la même page. Lui succède la rubrique culture, précédant la page d'informations nationales et internationales, toujours issues de la même agence. L'hebdomadaire se termine par les annonces et l'agenda de la semaine.

   Et là vous vous dites que les pages locales, celles donnant des informations sur les communes du Grand Rodez et de sa proximité immédiate, ont disparu. Elles font les frais de la réduction de format, celle-ci ne s'accompagnant pas d'une augmentation de la pagination. D'ailleurs, à moyen terme, celle du Ruthénois a tendance à diminuer. Le premier numéro en comptait 24. Par la suite, on a oscillé entre 20 et 24. Depuis quelques mois, les exemplaires se limitent en général à 16 pages, tout comme la version tabloïd sortie hier.

   Je pense que ce changement est dû à deux phénomènes : le plafonnement des ventes de l'hebdomadaire et la recherche d'une meilleure efficacité publicitaire.

   Au niveau des ventes, Le Ruthénois se place loin des autres hebdomadaires aveyronnais : 2 000 exemplaires (selon le syndicat de la presse hebdomadaire régionale), contre environ 6 000 pour Le Journal de Millau et Le Progrès Saint-Affricain. Selon le site de l'OJD, le Bulletin d'Espalion, en perte de vitesse, dépasse à peine les 5 000 exemplaires, alors que Le Villefranchois maintient tant bien que vaille sa position de leader, avec 8 000 exemplaires vendus chaque semaine. Signalons que La Volonté paysanne, diffusée uniquement par abonnement, se vend à un peu moins de 7 000 exemplaires (toujours selon l'OJD).

   Qu'en est-il de l'efficacité publicitaire ? Selon une étude de 2008, la réduction du format des journaux et notamment le passage au tabloïd augmenterait le temps de lecture et faciliterait la reconnaissance des messages publicitaires...

   C'est un problème que ne rencontre pas Le Nouvel Hebdo, qui vit quasi exclusivement de ses ventes et abonnements. Seul Gérard Galtier pourrait donner les chiffres exacts de sa diffusion. A mon avis, le journal satirique se vend moins que les hebdos qui ont pignon sur rue (le clan des 5 - 6 000 exemplaires). Se vend-il plus que Le Ruthénois ? Mystère. Je sais qu'il est beaucoup lu (regardez l'état des exemplaires de la médiathèque de Rodez !)... mais peut-être pas suffisamment acheté.

   Les échéances électorales qui approchent, ainsi que la refonte des collectivités territoriales (qui ne fait que commencer) sont des sujets porteurs qui devraient permettre à la presse locale de retrouver des couleurs. Espérons que l'année 2013 ne verra pas disparaître l'un des hebdomadaires aveyronnais.

mercredi, 29 mai 2013

F. Hollande et les mouches ruthénoises

   La visite (très médiatisée localement) du président de la République à Rodez a donné lieu à une compétition acharnée entre les politiques locaux... pour apparaître sur les photographies aux côtés de François Hollande. Celui-ci devrait s'en réjouir car c'est le signe que, à gauche au moins, il n'est pas démonétisé.

   Le quotidien aveyronnais Centre Presse a très vite mis en ligne deux diaporamas consacrés aux deux visites principales du président. Le plus intéressant des deux est sans conteste celui qui est composé des photographies prises sur le chantier du musée Soulages.

   J'ai compté que sur les quinze photographies apparaissent au moins une fois 11 figures politiques locales... et celui dont la bobine est la plus présente n'est pas celui que l'on croit : il s'agit de Ludovic Mouly, le président de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez, visible (totalement ou partiellement) sur 12 des 15 photographies ! Ce pro de la com' (récemment passé chez le coiffeur) remporte haut la main la compétition. Notons que sa présence s'explique car le musée Soulages est un projet communautaire et que, plus tôt dans la journée, le président ne se trouvait pas dans le chef-lieu, mais à Onet-le-Château, autre commune du Grand Rodez. Une question subsiste néanmoins : est-il un grand pote (ou un cousin éloigné) du photographe de Centre Presse ?

   Sur le podium des politiques, la médaille d'argent est décernée à la ministre et conseillère générale Anne-Marie Escoffier, visible huit fois, malgré sa petite taille... et très souvent juste à côté de François Hollande. Quel métier ! Son expérience est perceptible dans le choix de ses habits. La veste qu'elle porte, d'un bleu très particulier, se remarque dans n'importe quel coin de photo !

   A côté de ces deux renards, les autres font figure d'amateurs. Ancienneté et prestige oblige, on voit tout de même cinq fois le président du Conseil régional Martin Malvy. Juste après lui se trouve le maire de Rodez (et tout récent vice-président du même Conseil) Christian Teyssèdre, qui semble un peu faire la gueule. Se serait-il aventuré à demander une rallonge pour le musée Soulages et l'aurait-on éconduit ? Mystère.

   En cinquième position, ô surprise, ce n'est pas un local de l'étape que l'on rencontre, mais le maire de Millau, Guy Durand, dont le teint étrangement hâlé contraste fortement avec la pâleur de l'assistance. Ce n'est pourtant pas dans les rues de la cité du gant qu'il a pu attraper de coup de soleil ces dernières semaines !

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   Avec trois apparitions, il est ex-aequo avec le maire d'Onet-le-Château (et 2e vice-président du Grand Rodez), Fabrice Geniez, stratégiquement placé à côté de la maquette du site du Foirail, une position que l'on imagine conquise de haute lutte.

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   Ce duo devance d'une courte tête un quatuor hétéroclite. On entraperçoit Jean-Louis Chauzy, le président du conseil économique, social et environnement régional (un conseiller municipal d'opposition en très bons termes avec le maire de Rodez). Le Sud Aveyron est à nouveau présent à travers le sénateur-maire de Saint-Affrique, Alain Fauconnier, accessoirement grand connaisseur des arcanes du PS midi-pyrénéen. Dans ce groupe, la parité est respectée, avec la députée de Villefranche-de-Rouergue (et conseillère régionale) Marie-Lou Marcel et la maire de Sébazac-Concourès (3e vice-présidente du Grand Rodez) Florence Cayla. Toutes deux ont fourni des efforts méritoires pour ne pas laisser aux mâles le monopole de la représentation politique :

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   Sur cette photographie, elles ne sont pas les seules à tendre le cou. Entre F Cayla et A-M Escoffier, on distingue nettement Jean-Philippe Sadoul, le maire (divers droite) de Luc-Primaube et premier vice-président de la Communauté d'agglomération. Sans sa présence, l'hégémonie radicale-socialiste aurait été totale !

   Pour croiser les représentants locaux de l'opposition, il fallait se rendre, plus tôt, à l'usine Bosch. L'une des photographies du premier diaporama nous permet de repérer Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) et Yves Censi (député UMP de Rodez).

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   Ils ont l'air un peu perdus dans cette ambiance ouvrièro-socialiste. Seraient-ils entrés par effraction ?

   Incidemment, lorsque j'ai visionné le diaporama en grand format, dans le coin en haut à droite, une mention est apparue. D'habitude, c'est tout ce qu'il y a de plus innocent, mais, vu le contexte, j'ai trouvé cela cocasse.
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   Mais... mais, voilà que je me rends compte que j'ai oublié quelqu'un. Et pour cause : on le distingue à peine, une fois, sur l'une des photographies du diaporama "muséal" :

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   Vous ne voyez pas de qui il s'agit ? Bon, allez, je vous aide : un grand gaillard, sportif, dont la coupe de cheveux est (secrètement) jalousée par le Dalaï-lama... Oui, c'est le sénateur Stéphane Mazars !

samedi, 25 mai 2013

Bienvenue chez les Frères !

   Ce vendredi soir, au théâtre La Baleine d'Onet-le-Château, s'est  tenue une conférence-débat sur la franc-maçonnerie, à l'occasion de la célébration du 250e anniversaire de la loge "la Parfaite-Union", fondée officiellement en juin 1762 à Rodez.

   La salle était copieusement garnie. Je dirais que peut-être 450 des 500 places étaient occupées. Même si l'on compte la soixantaine de francs-maçons locaux et leurs proches, cela veut dire que la majorité des spectateurs n'étaient pas membres de l'organisation. Certains même lui étaient sans doute hostiles.

   La soirée a commencé par un discours du maire d'Onet-le-Château, Fabrice Geniez. Fiches à la main, le premier magistrat municipal a lié son action politique au thème de la conférence, évoquant la devise républicaine (liberté égalité fraternité), qu'il il s'est félicité d'avoir fait inscrire au fronton de la mairie. Dans la dernière partie de son allocution, il a rappelé l'origine du nom du lieu et la symbolique de la baleine. Il a terminé par une évocation combative de la laïcité, tout en annonçant sa volonté de briguer à nouveau les suffrages des Castonétois : au cas où certains ne l'auraient pas encore compris, la campagne des municipales est lancée.

   Dans la salle, d'autres politiques étaient présents, notamment le conseiller général et conseiller municipal Jean-Louis Roussel, le conseiller régional et élu du Grand Rodez Guilhem Serieys, le conseiller municipal Serge Bories représentant Christian Teyssèdre. Ces figures de la gauche étaient accompagnées du député UMP Yves Censi, qu'on s'attendrait plutôt à rencontrer à une réunion de la Grande Loge de France ou de la Grande Loge Nationale Française, deux obédiences classées à droite, alors que la loge ruthénoise fait partie du Grand Orient de France, classé à gauche. D'ailleurs, au cours de la soirée, à plusieurs reprises, il a été question de l'engagement des maçons en faveur de la réduction des inégalités sociales. Cerise sur le gâteau, José Gulino, Grand maître du Grand Orient de France, présent à la conférence, a rappelé et justifié son soutien au "mariage pour tous"... contre lequel Yves Censi a manifesté.

   Coïncidence (?), à l'extérieur, un groupe de jeunes hommes (bien habillés, plutôt coupés court) distribuait des tracts contre la loi Taubira :

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   On notera la tentative de récupération de Marianne, symbole républicain, souvent représentée le sein dénudé, qui évoque pour moi davantage la liberté sexuelle que la stricte orthodoxie familiale telle que les religions monothéistes l'ont imposée en Occident. On peut aussi remarquer l'amalgame entre la loi Taubira (qui ne légalise que le mariage et l'adoption - qui, soit dit en passant, ne sera pas plus facile pour les couples homosexuels que pour les couples hétérosexuels) et deux mesures qui n'ont pas été adoptées : la procéation médicalement assistée et la gestation pour autrui. Un esprit mal intentionné serait tenté de croire que les auteurs de ce tract masquent leur opposition au mariage homosexuel derrière le refus de la PMA...

   Au verso, le propos se fait plus largement politique :

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   Une partie des Français qui auraient pu être tentés de défiler a déjà compris que certains organisateurs des manifestations ne cherchent pas vraiment à obtenir gain de cause sur ce sujet-là, l'affaire étant pliée depuis un petit moment. Il s'agit plutôt de capitaliser sur un sujet de société et sur la déception des électeurs vis-à-vis de François Hollande pour renforcer des partis politiques aujourd'hui (en partie) discrédités. Qui croira que c'est au seul gouvernement Ayrault que l'on doit la forte hausse du chômage et l'échec partiel du système scolaire français ? C'est à croire que dix ans de chiraco-sarkozysme n'ont fait que du bien à la France...

   Mais revenons à la conférence. Au discours de Fabrice Geniez a succédé un exposé d'environ une heure, faisant l'historique de la loge ruthénoise, de la monarchie absolue à la Ve République. Je n'ai malheureusement pas retenu le nom de l'intervenant, alors que sa communication était vraiment très intéressante, nourrie d'anecdotes et dite sur un ton vivant.

   L'orateur a commencé par évoquer les origines. En fait, ce n'est pas en 1762, mais dans les années 1740 que la loge aurait été fondée. Un texte de 1749 sous-entend que dès 1748 elle était constituée. Un autre évoque, en 1746, la loge ruthénoise comme une fille de celle d'Albi, née un an plus tôt. Pourtant, d'après un site maçonnique, quand elle a rejoint le Grand Orient de France (en 1789), c'est semble-t-il sous le patronnage de Montauban.

   Qui étaient ces premiers Aveyronnais francs-maçons ? Des cadets de famille, aux origines sociales aisées ou assez aisées. Certains francs-maçons aveyronnais se sont enthousiasmés pour les débuts de la Révolution (même s'il en existait de royalistes). Ils se sont divisés sous la Terreur, entre jacobins (comme François Chabot) et modérés (comme le chevalier de Panat).

   Sous Napoléon Bonaparte, l'organisation est passée sous la coupe des autorités. Les maçons ont perdu leur liberté, mais certains y ont gagné une jolie carrière. Ainsi, le premier préfet Sainthorent était membre de la confrérie. A la même époque, les quatre sous-préfets (trois d'après Jean-Michel Cosson, dans son Dictionnaire de l'Aveyron), le directeur des postes et les ingénieurs d'Etat nommés dans le département étaient tous francs-maçons !

   La loge ruthénoise n'a pas profité de la chute de l'empire. Les débuts de la Restauration (sous Louis XVIII) ont été marqués par une chasse aux révolutionnaires. A cette occasion, le conférencier a évoqué l'affaire Fualdès sous un jour méconnu, celui des rivalités francs-maçonnes. La victime était un notable de l'Empire, dont auraient cherché à se venger certains royalistes locaux, revenus au pouvoir en 1815. Signalons que, dès le départ, on a cherché à étouffer le crime : bien que le cadavre ait été retrouvé ligoté, il avait été demandé au policier menant l'enquête de classer l'affaire en suicide. Il a refusé et, peu de temps après, a été muté...

   Sous Louis-Philippe (1830-1848), la loge retrouve des couleurs. Mais c'est sous la IIe République (1848-1852) qu'elle semble s'épanouir. On n'est donc pas étonné d'apprendre que certains francs-maçons locaux ont été déportés par Louis-Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III après son coup d'Etat.

   Sous la IIIe République, la loge se porte bien. Rodez est une "ville rouge" (dirigée par un maire radical, Louis Lacombe, de 1886 à 1925) dans un département très conservateur, réputé être la "Bretagne du Midi". Le tempérament local semble d'ailleurs avoir grandement surpris les frères venus célébrer en Aveyron le 150e anniversaire de la fondation de la loge, en 1912. Le conférencier a lu plusieurs extraits de rapports écrits à cette occasion, l'un d'entre eux qualifiant même les Ruthénois d' "aborigènes" ! Dans le département, les polémiques s'observaient à travers les journaux, La Dépêche étant réputée être l'organe des francs-maçons, leur adversaire le plus irréductible étant L'Union Catholique. Les débats sur l'école publique et la séparation des Eglises et de l'Etat furent leurs terrains privilégiés d'affrontement.

   Les sources concernant cette période sont abondantes, parce qu'on ne cherchait pas à se dissimuler. D'après l'orateur, c'est la répression mise en oeuvre par le gouvernement de Vichy qui a poussé les maçons à développer la culture du secret qui est devenue par la suite leur marque de fabrique.

   Dès août 1940, les organisations maçonniques sont dissoutes et leurs biens confisqués. Les membres de la loge ruthénoise se font discrets, certains se repliant sur eux-mêmes. D'autres s'engagent dans la Résistance. Ils semblent cependant avoir évité la déportation... et aucun n'a été mis en cause pour faits de collaboration. Cependant, en 1945, lorsque la loge reprend ses activités, seules neuf personnes sont présentes. Il a fallu vingt ans pour reconstituer une équipe étoffée.

   A cet intéressant exposé a succédé le Grand maître du Grand Orient, qui a tenu à revenir sur certaines des idées reçues qui circulent au sujet des francs-maçons. Il a aussi évoqué l'origine mythique du mouvement, remontant au Moyen Age, à la construction des cathédrales. Mais l'essentiel de son intervention a été consacré aux travaux actuels de l'organisation, à sa méthode. Il s'est montré inquiet de la montée de l'intolérance, de l'extrémisme religieux et du retour de la violence politique en France. Deux anecdotes sont venues noircir le tableau, en fin de soirée.

   La première a été racontée par José Gulino. Il a révélé à l'assistance qu'un curé franc-maçon venait d'être révoqué par l'Eglise catholique, sans doute sur ordre du Vatican. Il n'a pas donné son nom ni la situation géographique de la cure. Sachez que cela s'est passé en Haute-Savoie. Une telle attitude rappelle les temps d'affrontement "musclé" entre l'Eglise et les Frères, sous la IIIe République. Est-elle l'annonce d'un durcissement doctrinal du clergé ? Je pense plutôt qu'elle témoigne de l'orientation prise par l'Eglise sous les deux précédents pontificats. Ainsi Benoît XVI, quand il n'était que le cardinal Josef Ratzinger, avait rappelé l'incompatibilité entre l'adhésion à la franc-maçonnerie et l'appartenance à la communauté catholique.

   La seconde anecdote a été racontée par le maire d'Onet, inaugurant la séance des interventions du public. Assistant à des obsèques hors du département, il a été choqué par les propos tenus par le curé, durant la messe. Celui-ci, faisant allusion aux temps troublés que nous vivons, aurait dénoncé l'action de "loups", présents jusque dans les plus hautes sphères de notre pays.

   D'autres spectateurs sont intervenus par la suite. L'un d'entre eux a bien fait rire la salle. Ce papy catholique, visiblement guère partisan de la franc-maçonnerie, s'est réjoui que la loi de séparation des Eglises et de l'Etat ait été votée en France. Grâce à elle, c'est à la puissance publique qu'incombe l'entretien de la grande majorité des bâtiments religieux. Sans cela, beaucoup seraient tombés en ruine. Le vieil homme malicieux s'est d'ailleurs réjoui que les francs-maçons participent à cette oeuvre, par leurs impôts !

   Pour être juste, il faudrait préciser que ce sont les communes qui ont en charge l'entretien des églises (construites avant 1905), les cathédrales relevant de l'Etat. On se doit d'ajouter que José Gulino a rappelé, à plusieurs reprises, son attachement  la liberté de culte et son respect pour toutes les convictions religieuses, pour peu qu'elles demeurent dans le cadre démocratique.

   Il reste la question que j'avais l'intention de poser, mais que j'ai préféré garder sous le coude, pensant que la réponse risquait de ne pas sortir d'une forme de "politiquement correct". Ma question aurait été : "Le cas de Jérôme Cahuzac est-il révélateur de l'attitude d'une partie des membres de votre organisation ?"

   Comment, vous ne saviez pas ? Pourtant, dès janvier dernier, la possible appartenance du ministre du budget avait été évoquée par la presse. Notons que Jérôme Cahuzac refusait de confirmer l'information, une attitude qui, on l'a découvert par la suite, est assez coutumière chez lui. Par contre, quand le scandale a occupé le devant de la scène, la référence franc-maçonne a été presque gommée. Le 6 avril, c'est par un minuscule entrefilet, en bas de page intérieure, que Le Monde informe ses lecteurs que Jérôme Cahuzac a été suspendu du Grand Orient de France (ce qui a sans doute permis à nombre d'entre eux d'apprendre qu'il en était membre) :

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   Voilà que je vieillis... je n'ai pas voulu "casser" l'ambiance conviviale de cette réunion, finalement fort instructive.

mercredi, 22 mai 2013

Gruiiiik ! (2)

   Un article paru aujourd'hui dans Midi Libre (et un autre dans Centre Presse) témoigne d'un nouveau rebondissement dans l'affaire de la porcherie de Causse-et-Diège. Le directeur général de Nutergia, Antoine Lagarde, envisage sérieusement de quitter l'Aveyron, à cause de l'extension de l'élevage industriel. (Il n'aurait peut-être pas à faire beaucoup de chemin pour être cordialement accueilli, dans le Lot.) Certains sont peut-être en train de se faire du souci, vu le nombre d'emplois concernés (plus de 100). L'entrepreneur ne s'est pas senti soutenu par les politiques locaux (notamment le Conseil général), qui se sont contentés de déclarations consensuelles. Les mauvaises langues disent que la majorité départementale est trop liée à la FNSEA pour pouvoir agir sereinement dans ce dossier.

   Qu'en est-il de l'Aveyron dans la filière porcine ? Les statistiques les plus répandues donnent des informations à l'échelle régionale. Voici ce qu'il en est du cheptel porcin en 2011 :

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   Midi-Pyrénées (entourée en rouge) paraît posséder un faible cheptel (moins de 800 000 têtes), comparée à la Bretagne (8 millions de têtes) ou même à Pays-de-la-Loire. Dans la revue dont j'ai tiré la carte, un tableau donne les effectifs précis : 433 000 pour la région Midi-Pyrénées, qui est la cinquième de France dans ce secteur, juste derrière le Nord-Pas-de-Calais.

   Mais, quand on recherche les données départementales, l'impression change, pour la bonne et simple raison que les quatre départements bretons possèdent de gros effectifs, ce qui fait ressortir fortement la région, alors que l'écart au niveau des départements est plus faible. Pour se faire une idée plus précise, il faut piocher dans les résultats du recensement agricole de 2010. Voici quels sont les effectifs porcins des départements français :

Cheptel porcin 2010.xls

   Voici ce que cela peut donner sur une carte des départements métropolitains :

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   Que remarque-t-on ? Bien sûr, que les quatre départements bretons (Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan, en rouge sur la carte) sont largement en tête, avec chacun plus d'un million de têtes. Les départements dont l'effectif est le plus proche (entre 200 000 et 500 000 têtes, en orange sur la carte) sont presque tous des voisins : la Manche, la Mayenne, la Sarthe, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire et la Vendée. Seul le Nord fait figure d'isolat porcin.

   C'est dans la troisième catégorie (entre 150 000 et 200 000 têtes, en jaune sur la carte) que l'on retrouve l'Aveyron, un peu seul dans son coin, tout comme les Pyrénées-Atlantiques. Notons que notre département (un des huit de Midi-Pyrénées) concentre à lui seul 43 % du cheptel porcin régional. De leur côté, le Pas-de-Calais et les Deux-Sèvres se raccrochent à une zone déjà marquée par l'élevage porcin. Encore que... il est au moins un produit qui rapproche aussi bien les Deux-Sèvres que l'Aveyron des Pyrénées-Atlantiques : le Jambon de Bayonne. Si celui-ci est élaboré dans le bassin de l'Adour, les porcs ont pu être élevés beaucoup plus loin, dans un grand Sud-Ouest qui semble manquer de cohérence :

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   La dernière catégorie de départements regroupe ceux dont le cheptel est de 100 000 à 150 000 têtes : l'Orne, la Charente et l'Ain (en beige sur la carte). Seul ce dernier fait figure d'exception, les autres se rattachant à l'une des catégories précédentes. Les autres départements ont des cheptels plus réduits, voire quasi inexistants

   Qu'en conclure ? Que l'élevage porcin français est très concentré géographiquement, qu'il a tendance à s'étendre par proximité, à quelques exceptions près, comme l'Aveyron. Notre département a-t-il vocation à prendre le relais de l'agro-industrie bretonne ? Voilà un bon sujet de débat agricole... d'autant plus que l'élevage industriel n'est pas la seule option. S'engager dans la filière bio (par exemple) pourrait s'avérer pertinent, surtout si l'on veut continuer à miser sur l'image de qualité associée aux productions aveyronnaises. D'autres départements, certains très proches, font preuve de moins de "timidité" que le nôtre :

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   Si l'on regarde au-delà de nos frontières, on s'aperçoit qu'en Europe, l'Allemagne, dans ce domaine-là comme dans d'autres, a quelques longueurs d'avance...

vendredi, 12 avril 2013

4 ou 4,5 jours de classe ?

   D'après un article paru dans Midi Libre jeudi 11 avril, la majorité des maires aveyronnais ont choisi de n'appliquer la réforme Peillon qu'à la rentrée 2014. Sur les 228 communes possédant au moins une école, seules 29 vont (re)passer à la semaine de 4,5 jours en 2013 :

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   Sans surprise, certains territoires, dont les élus penchent à gauche, ont décidé d'appliquer la réforme avec zèle :

- 4 des 8 communes du Grand Rodez (accompagnées de Salles-la-Source, qui vit dans son orbite)

- la majorité des communes du canton de Naucelle

- une bonne partie du Saint-Affricain (presque toute la communauté de communes)

- la majorité du bassin decazevillois (à l'exception notable d'Aubin)

   Quelques communes (comme Najac) se retrouvent isolées dans leur démarche.

   Un autre espace homogène se détache, dans le nord. Il s'agit du Carladez qui, s'il a récemment élu un conseiller général classé à gauche, n'en reste pas moins une terre encore marquée par un certain conservatisme politique. Il est possible que les choix en matière d'investissement culturel aient déterminé la position des élus locaux : depuis une bonne décennie, le Carladez se fait remarquer par un indéniable dynamisme, qui tente d'associer ruralité, tourisme et culture au sens large. Ce territoire est donc déjà bien outillé pour s'adapter aux changements induits par le passage à la semaine de 4,5 jours. Il dispose sans doute du volant d'activités et des animateurs susceptibles d'être orientés vers le jeune public qu'il faudra "occuper" intelligemment pendant le petit créneau quotidien libéré par la reventilation des heures de cours.

   Je me suis aussi demandé si l'on pouvait établir un lien entre ces communes pionnières et celles qui sont sorties du paysage scolaire, les 76 (sur 304) ne possédant plus d'école (marquées par des pointillés bleus) :

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   Une partie de ces communes forment des blocs assez homogènes, où les enfants (scolarisés ailleurs) ne connaîtront la réforme qu'en 2014 (aucune commune coloriée en rouge ne se trouvant à proximité). On remarque qu'elles sont situées dans des bastions de la majorité départementale (à proximité de Laguiole, Entraygues-sur-Truyère et Saint-Geniez-d'Olt). Les autres communes "a-scolaires" se trouvent dans l'orbite d'un pôle qui va passer aux 4,5 jours dès septembre 2013 (autour de Decazeville, Naucelle et Saint-Affrique principalement).

   Il reste un cas particulier, que j'en encadré en vert : le pôle du sud-est du département, centré sur la communauté de communes de Millau-Grands-Causses. C'est le seul territoire, où la gauche est très présente, dont les élus ont choisi de différer l'application de la réforme. L'unique commune s'engageant dès 2013 est Verrières (connue notamment pour son viaduc, qui précède celui de Millau-Creissels)... qui ne fait pas partie de la communauté de communes. Signalons qu'elle est rattachée au canton de Saint-Beauzély, et non à l'un des deux incluant une partie de Millau.

dimanche, 31 mars 2013

Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles

   La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.

   A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.

   Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?

   Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.

   Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.

Montastruc.jpg

   Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :

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   Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :

Carcenac.jpg

   Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :

Lagarde 2.jpg

   Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).

   On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).

   Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.

   Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.

   Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !

   Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !

vendredi, 29 mars 2013

Un nouveau vice-président aveyronnais

   A l'issue de la réunion plénière du Conseil régional de Midi-Pyrénées, le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, est devenu vice-président de ladite assemblée. Cette réunion a été retransmise en direct et enregistrée, ce qui permet de la regarder sur le site du Conseil régional. Plusieurs caméras ont filmé la séance : une placée en hauteur, qui donnait à voir presque toute la salle (ses images sont à l'écran en début et fin de réunion, ainsi que durant la pause méridienne), une face à la tribune où siégeait l'exécutif régional, une (la même ?) dirigée sur le pupitre (où se sont exprimés Martin Malvy et Jean-Louis Chauzy), une ou deux autres proposant des vues de l'hémicycle et des plans rapprochés des conseillers qui avaient la parole.

   Le début était annoncé à 10 heures. Or, quand Martin Malvy lance le départ de la déposition des listes pour le renouvellement partiel de la commission permanente, il annonce qu'il est 11h35, alors que, selon l'horloge de l'écran, la réunion a débuté 1h09 auparavant... soit à 10h26. Ah, le "quart-d'heure toulousain"...

   Comme le début a été tardif, la pause méridienne ne survient qu'à 13h16 (2h50 après le début). Les débats ont repris à 14h30 pétantes 14h44 (à l'insistance du président du Conseil régional, qui devait trouver que les troupes s'attardaient trop au café), pour s'achever, 9h35 après le départ, à 20 heures semble-t-il.

   La séance a commencé avec l'appel des conseillers, par Gérard Onesta. Sur les 91 élus, 78 étaient présents (dont 3 perdus dans les couloirs visiblement), 13 d'entre eux ayant prévu de "sécher" une partie de la réunion : leur départ était annoncé qui pour 18h30, qui pour 18h, qui pour 17h, qui pour 16h... voire 14h ! Il y en a même une (Michèle Garrigue, je crois) qui s'est fait excuser pour la tranche 11h-13h30, histoire sans doute de déjeuner en paix. (Elle est de surcroît élue de la Haute-Garonne.) Notons que la dame n'a donc suivi les débats matinaux que de 10h26 à 11h... trop dure, la life ! Les véritables absents ne seraient donc qu'au nombre de 13, soit 14 % du total. Le nombre de présents a tout de même varié durant la journée. Au maximum, il y a eu 80 votants lors des scrutins :

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   Mais, étant donné qu'une dizaine d'absents (ou de présents temporaires) avaient donné procuration à un autre conseiller, on penser qu'il y avait en moyenne entre 65 et 75 élus, soit entre 71 % et 82 %. Et les Aveyronnais là-dedans ? 7 sur 10 étaient présents. Les trois absents étaient Jean-Claude Luche (qui avait donné pouvoir de vote à Anne-Sophie Monestier-Charrié), Marie-Françoise Vabre (qui avait donné pouvoir de vote à François Simon, autre représentant d'Europe Ecologie) et Pierre Pantanella (qui avait donné pouvoir de vote à une Ariégeoise, Rolande Sassano). Marie-Lou Marcel est partie à 18h30, laissant pouvoir de vote... à un Ariégeois (Marc Carballido). La ministre (de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme) Sylvia Pinel était aussi absente.

   Si l'on ajoute le cas d'un président d'intercommunalité qui a quitté les lieux un peu avant la fin, on arrive à la conclusion que les cumulards sont moins assidus que les autres. Voilà qui devrait inspirer les rédacteurs de la future loi sur le cumul des mandats. Un président de Conseil régional, une députée et une ministre n'ont aucune raison (autre que financière) de garder un mandat de conseiller régional. Au niveau local, on s'aperçoit que ceux qui empilent les casquettes (maire, président de structure intercommunale, de syndicats divers voire secrétaire d'un parti politique) ont tendance à déserter l'hémicycle toulousain... tout en étant payés !

   Ma deuxième remarque s'applique aux élus aveyronnais de gauche. Il est étonnant que les socialistes Marie-Lou Marcel et Pierre Pantanella aient donné procuration à des Ariégeois. Les relations entre camarades aveyronais seraient-elles tendues à ce point ?

   Cela nous mène tout naturellement à Christian Teyssèdre. D'après Midi Libre de ce vendredi, le maire de Rodez semble avoir retenu les leçons de l'an passé ; il a joué la partie de manière discrète. Le voilà donc intronisé vice-président :


   Cette annonce a été faite 2h21 après le début de la retransmission, soit à 12h47. Dans le quotidien montpelliérain, Laurent Hortes précise que c'est vers 13h30 (au début de la pause méridienne, donc) qu'un "touitte" de Martin Malvy a répandu la nouvelle. Il a pourtant été pris de vitesse (toujours d'après Midi Libre) :

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   Déjà, en septembre dernier, Daniel Rozoy s'était signalé en félicitant publiquement Christian Teyssèdre pour une promotion qu'il a obtenue... cinq mois plus tard. Quelle prescience ! Rappelons que c'est le départ de Nicole Belloubet pour le Conseil constitutionnel (où elle a été nommée par le président du Sénat Jean-Pierre Bel... encore un Ariégeois !) qui a libéré un poste de vice-président. De surcroît, il écarte un candidat de poids de la course à la succession de Martin Malvy (qui a pris un petit coup de vieux).

   Si l'on écoute attentivement les minutes qui suivent, on s'aperçoit qu'une conseillère a demandé à intervenir au sujet des vice-présidences. Il s'agit de l'écologiste Marie-Christine Pons, qui regrette que les récentes retouches apportées à l'exécutif régional aient fait reculer la parité. En effet, le rapport hommes/femmes (au niveau des vice-présidences) est passé de 8/7 à 9/6. Martin Malvy a rappelé que la parité n'était qu'un des facteurs pris en compte dans la composition de l'équipe dirigeante. S'y ajoutent notamment l'origine départementale et l'appartenance politique : c'est une majorité plurielle qui administre la région.

   Je ne sais pas si cela peut consoler Mme Pons, mais le respect de l'esprit de la parité a conduit une nouvelle femme au poste de 1ère vice-présidente : Janine Loïdi. Celle-ci a connu une promotion fulgurante, puisque, n'étant pas membre de l'exécutif en 2010 (elle est néanmoins conseillère depuis 2004), elle n'est devenue vice-présidente que fin 2012, suite à trois démissions. La voilà propulsée dauphine de Martin Malvy !

   J'ai envie de terminer ce billet par quelques touches humoristiques. Certains élus n'ont visiblement pas encore réalisé que les séances étaient filmées. Se croyant protégés des regards d'en face par le rebord élevé de leur pupitre, plusieurs conseillers ont carrément sorti l'ordinateur portable. Disposant sans doute d'une connection wi-fi, ils doivent mettre à profit certains temps morts pour perfectionner leur connaissance des dossiers...

   En voici un qu'il est difficile d'identifier (compte tenu de la prise de vue) :

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   En voici un autre, qui ne se cache nullement :

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   J'ai pointé sa joue droite parce, dans la vidéo, à plusieurs reprises, on le voit mâcher ostensiblement un chewing-gum. Je ne dirai rien du col largement ouvert. Il paraît que c'est à la mode chez les bobos. Le monsieur en est peut-être un. Je pense qu'il s'agit d'un élu d'Europe Ecologie (compte tenu de son voisinage), sans doute François Arcangeli qui, lorsqu'il veut paraître, prend soin de se présenter sans lunettes :

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   Il ressemble quand même plus à celui qui était interrogé par Le Petit Journal, en 2006 :

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   Les plus malins ont peut-être placé une tablette numérique à plat sur leur bureau... ou alors ils surfent grâce à leur téléphone haut de gamme. Vont-ils jusqu'à passer des coups de fil durant la séance ? Oui... et c'est un Aveyronnais qui donne le mauvais exemple, en la personne de Jean-Louis Chauzy :

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   Le présdent du CESER (et conseiller municipal de Rodez) est intervenu au début de la réunion, puis il s'est rassis immédiatement à la droite de Martin Malvy, signe de l'estime dont il jouit. C'est peut-être la raison pour laquelle il s'est permis, quelques minutes plus tard, de prendre un appel au vu de tous.

   La fin de la séance a été émaillée de quelques joutes verbales et de mini-incidents divers. Je relève le concours de photographies auquel se sont livrés l'écologiste Gérard Onesta et le conseiller d'opposition Jacques Thouroude (un Tarnais qui siège avec J-C Luche, A-S Monestier-Charrié et S Roques dans le groupe "Osons Midi-Pyrénées") :

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   Le premier semble avoir voulu mettre en évidence les bancs quelque peu dégarnis de la droite en cette fin de journée. Son adversaire a décidé d'en faire autant... avec les bancs de la gauche. J'en profite pour signaler à mes lecteurs villefranchois que si, dans un futur proche, ils reçoivent un document illustré d'une photographie de Serge Roques dans l'hémicycle régional, il devront certainement celle-ci à son collègue tarnais.

samedi, 16 mars 2013

Gruiiiik !

   C'est l'une des polémiques qui agitent l'Aveyron depuis la fin de l'année 2012 : l'extension programmée d'une porcherie située dans l'ouest du département, sur le territoire de la commune de Causse-et-Diège (en rouge sur la carte) :

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   En dépit d'une opposition importante, des risques encourus sur le plan environnemental (et touristique), la préfète de l'Aveyron vient d'autoriser ladite extension, suivant en cela le récent avis du CODERST (Conseil Départemental de l'Environnement et des Risques Technologiques) aveyronnais.

   Cette affaire nous amène à nous interroger à plusieurs niveaux : sur le type d'élevage pratiqué, sur les rejets de nitrates, sur le rôle des pouvoirs publics et enfin sur le positionnement de l'entreprise Nutergia.

   Commençons par le type d'élevage. Le GAEC de Cassan compte, avant l'extension, un peu moins de 1200 bêtes. (Il en passe beaucoup plus durant une année mais, en moyenne, c'est l'effectif que doit compter l'exploitation.) Le premier projet prévoyait de faire passer ce nombre à près de 3 000. Il devrait finalement se limiter à 1956 bêtes. Le nombre paraît important au profane. La revue professionnelle GraphAgri (dans son édition 2012) va nous permettre de resituer cette exploitation dans le contexte français :

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   L'exploitation porcine se situe dans le "haut du panier" : les 21 % comptant le plus de têtes, cumulant 79 % du cheptel porcin français. Et encore... si le projet initial avait abouti, elle aurait rejoint le club des "2 000 et plus", 9 % des exploitations qui regroupent à elles seules... la moitié du cheptel porcin national. Je pense d'ailleurs que c'est dans cette catégorie qu'il faudra malgré tout classer l'exploitation aveyronnaise agrandie : ponctuellement, il est certain que les 1956 têtes vont devenir 2 000 voire 2 100. Qui va venir perdre des heures à compter l'ensemble ? Ce projet n'est donc pas l'illustration de la défense de la petite ou moyenne agriculture familiale. Il constitue un renforcement des structures dominantes.

   Passons à présent aux rejets de nitrates. C'est la grande crainte des riverains, pour leur santé... et pour la préservation d'un important site touristique local : la grotte de Foissac. (La commune est coloriée en vert sur la première carte.) Ceci dit, à l'heure actuelle, la qualité des eaux aveyronnaises ferait bien des envieux du côté de la Bretagne (où l'élevage porcin industriel est particulièrement développé) :

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    L'écrasante majorité du territoire connaît des taux de nitrates inférieurs à 50 mg/l. On peut considérer toutefois que, dans les zones où ce taux est compris entre 25 et 40 mg, localement, des situations problématiques peuvent se poser. (Rappelons que, pour les nourrissons, il est recommandé d'utiliser une eau contenant moins de 10 mg/l.) C'est le cas de la zone que j'ai entourée en marron, accompagnée d'un point d'interrogation. Il s'agit de la commune de Salles-Courbatiès, qui voisine Causse-et-Diège (mise en évidence par des pointillés rouges). La pollution aux nitrates (ponctuelle) dont cette commune semble être victime ne doit pas toucher ses voisines situées au nord-ouest : elle est sans doute (en partie) emportée par les cours d'eau qui se dirigent au nord, vers le Lot.

   Mais la grotte de Foissac (située ci-dessous dans la zone cerclée de vert) pourrait être menacée par les épandages supplémentaires de lisier, prévus sur des centaines d'hectares autour du GAEC de Causse-et-Diège, situé au lieu-dit Cassanus :

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   Il faut dire que, si l'élevage une fois étendu est censé n'héberger qu'environ 2 000 bêtes, c'est un total de 8 000 qu'il est prévu de faire défiler sur l'exploitation en une année ! Pluies, crues et infiltrations contribuent à mêler le nitrate aux eaux souterraines, qui s'en retrouvent acidifées. A la suite du gestionnaire de la grotte, Sébastien du Fayet de La Tour, la revue Sciences et Avenir et le site hominidés.com (parmi d'autres) ont émis de vives inquiétudes quant au devenir des peintures rupestres (récemment découvertes) et des squelettes vieux de milliers d'années. Le nouveau plan d'épandage (plus restreint) et l'augmentation du nombre de têtes moins importante que prévu suffiront-ils à préserver le site ? A suivre...

   Dans cette affaire, quel a été le rôle des pouvoirs publics ? Il est difficile de le dire avec exactitude. Le Conseil général a été d'une discrétion de violette. Traditionnellement, la majorité départementale est très proche de la direction de la FDSEA. Mais il semble que, sur ce sujet, le bloc se soit fissuré. On a même pu lire, dans Centre Presse (mercredi 13 mars), une tribune de Jean Milesi hostile au projet d'agrandissement : "Pourquoi j'ai voté contre le projet d'extension de la porcherie de Causse et Diège".

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  Il est possible qu'une action discrète ait été engagée, pour inciter l'exploitant à "réduire la voilure", pour faire passer son projet.

   De son côté, la préfecture a été attentiste puis suiviste. Il faut dire que la préfète ne connaît pas grand chose à ce type de dossier. Chartiste de formation, ambassadrice avant d'arriver dans l'Aveyron, elle doit sans doute s'en remettre aux fonctionnaires spécialisés... voire aux bons conseils de politiques qu'elle croise fréquemment. Au vu de la composition du CODERST, représentants de la Préfecture et de la majorité départementale peuvent facilement verrouiller un dossier. La nouvelle de l'approbation du projet d'extension n'était donc pas une surprise... sauf peut-être pour le rédacteur en chef du Villefranchois (Michel Heuillet), qui, dans l'édition du 28 février, s'était un peu trop avancé :

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   Il nous reste à aborder le rôle de l'entreprise Nutergia, dont le laboratoire se trouve à Capdenac-Gare (coloriée en bleu sur la première carte du billet). Le directeur, Antoine Lagarde, prévoyait de s'implanter sur la commune voisine... Causse-et-Diège. A terme, il déclarait envisager la création d'une trentaine d'emplois dans le département. Le projet d'extension de la porcherie avait tout pour lui déplaire, puisque son laboratoire communique sur son respect de l'environnement :

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   Furieux, il a même menacé un temps de délocaliser son activité... avant d'adopter une tactique plus offensive : il a proposé d'aider l'éleveur porcin à convertir son exploitation à l'agriculture biologique ! Ces coups de théâtre appellent plusieurs remarques. Tout d'abord, il est sidérant que les protestations d'un entrepreneur dynamique, créateur d'emplois, n'aient visiblement pas été considérées par les autorités locales. C'est dire aussi la puissance du lobby qui soutenait l'extension de la porcherie industrielle. Quant au projet de conversion au bio, je ne sais pas s'il tenait vraiment la route. Et puis, pouvait-on ainsi forcer la main à une famille d'exploitants ?

   Cette histoire ne me semble pas terminée pour autant. La décision de la préfecture est peut-être attaquable devant un tribunal administratif. Les opposants au projet d'extension auront-ils les moyens juridiques et financiers de continuer leur action ?

lundi, 25 février 2013

Hypocrisie départementale (3)

   Le quotidien Midi Libre publie aujourd'hui un entretien avec Guy Durand, maire de Millau et surtout chef de file de l'opposition de gauche au Conseil général de l'Aveyron. Il y conteste les affirmations de Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, qui accuse à mots couverts le gouvernement Ayrault de mener les départements français à la ruine. Selon Guy Durand, Jean-Claude Luche tenterait de mettre sur le dos du gouvernement sa propre incapacité à maintenir l'équilibre des finances départementales.

   La charge est un peu unilatérale. Elle laisse de côté le contexte économique général, qui n'est pas en faveur des exécutifs en place. Néanmoins, en réfléchissant un peu, je me suis rappelé que Le Monde avait consacré au sujet un article fouillé, dans le numéro daté du 24 janvier 2013. Cet article est illustré par une carte intéressante :

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   Certaines informations présentes dans l'article vont dans le sens des affirmations de Jean-Claude Luche. On s'aperçoit que les gagnants de la péréquation (mis en valeur par une étoile) sont des départements gérés par la gauche : Seine-Saint-Denis, Seine-Maritime, Nord, Vaucluse et Bouches-du-Rhône.

   Par contre, les départements classés dans les perdants (mis en valeur par un éclair) sont souvent gérés par les socialistes et leurs alliés : Creuse, Nièvre, Haute-Garonne et Gers. Seul le Cantal est dirigé par une majorité de droite. Le gouvernement actuel ne cherche donc pas systématiquement à avantager les départements gérés par des personnes de la même sensibilité politique que lui.

   On arrive à des conclusions semblables si l'on s'intéresse aux couleurs utilisées sur la carte. En rose sont coloriés les départements riches, qui donnent plus qu'ils ne reçoivent. En vert sont coloriés les départements qui reçoivent plus qu'ils ne donnent. Surprise : les quatre départements du Massif Central dont les présidents hurlent à la spoliation (le Cantal, la Haute-Loire, la Lozère et l'Aveyron) et contestent la réforme des collectivités territoriales font partie des plus gros bénéficiaires de la solidarité financière (l'Aveyron un peu moins toutefois).

   Même si la gauche aveyronnaise a tendance à pilonner sans distinction l'action de la majorité départementale, il semble toutefois que Jean-Claude Luche ait choisi la posture de victime du gouvernement à des fins électorales.

lundi, 18 février 2013

Imprimer dans l'Aveyron

   C'est une mini-polémique qui a vu le jour dans le département. A l'origine se trouve une information somme toute anodine : l'annonce de la parution d'un ouvrage évoquant le destin de descendants d'émigrés aveyronnais en Argentine. Les auteurs et les promoteurs du livre ont dû donner une conférence de presse, qui a suscité divers articles dont un dans le Bulletin d'Espalion et un autre dans Le Ruthénois :

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   Vous aurez remarqué que la photographie d'illustration est identique. Le contenu varie un peu. On constate une divergence au niveau des chiffres. Concernant la première vague d'émigrés, le Bulletin parle de 180 personnes, Le Ruthénois de 40. La vérité est entre les deux : 40 familles, soient 162 personnes en 1884. La suite des articles évoque principalement les descendants actuels, le Bulletin ajoutant un lien vers le site internet de l'association Rouergue-Pigüé.

   Le Ruthénois se distingue par un point de vue critique. Présent sur la même page que l'article promotionnel, un billet du directeur de la rédaction Bruno Aufrère (Un livre "made in Spain") soulève quelques problèmes. Le patron de presse - imprimeur regrette que le livre soit imprimé en Espagne (du côté de Barcelone), alors qu'il traite d'une matière aveyronnaise... et qu'il existe quantité de professionnels compétents dans le département.

   Bruno Aufrère se demande aussi si la publication du livre va bénéficier d'un soutien du Conseil général, ce qui, pour lui, serait injustifié si le livre n'est pas imprimé localement. Il évoque aussi une drôle de proximité. L'auteure des textes, Catherine Samson, présentée comme "journaliste indépendante", est la compagne d'un certain René Bécouze, conseiller relation-presse au Conseil général de l'Aveyron :

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(C'est fou ce que je peux consulter l'organigramme du Conseil général ces jours-ci !)

   L'auteur des photographies de l'ouvrage est Valentin Bécouze, fils du précédent. Après tout, pourquoi ne pas travailler en famille ? Il reste à savoir d'où viennent les financements.

   Pour son précédent livre (fort intéressant), L'Aubrac, La race d'un pays de résistants, l'impression avait été effectuée à Villefranche-de-Rouergue (ou juste à côté, à La Rouquette), l'éditeur (Toute Latitude / Terres d'excellence) étant basé à Montauban :

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(Signalons que le patron de cette petite maison d'édition n'est autre que Laurent Tranier, qui fut candidat aux législatives de 2012 sous la bannière UMP.)

   Bruno Aufrère a peut-être pris la mouche parce que, par le passé, il est déjà arrivé que le Conseil général attribue une subvention (et appose son logo) à une publication d'intérêt local... imprimée ailleurs. Il cite le cas de l'excellent Dictionnaire de l'Aveyron, de Jean-Michel Cosson, lui aussi imprimé en Espagne :

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   D'autres ouvrages d'intérêt local, qui ne bénéficient toutefois pas d'un appui du Conseil général, ont été imprimés à l'étranger. C'est notamment le cas d'un autre très bon bouquin, dont j'ai parlé : Aveyron, le temps de la terre, issu de presses italiennes. De manière plus générale, les Editions du Rouergue (certes rachetées il y a quelques années par Actes Sud) impriment de moins en moins dans l'Aveyron. Les ouvrages (comme ceux de Daniel Crozes) sortent en général quand même d'une imprimerie française, mais parfois aussi d'une imprimerie étrangère, surtout si l'iconographie est abondante.

   Des publications locales continuent pourtant de sortir des mains d'artisans rouergats, comme Châteaux et personnages du Ruthénois, de Gérard Astorg, façonné par un imprimeur de La Primaube. C'est le cas aussi des (semi) mémoires de Marc Censi (que je n'ai pas encore lus). Notons que l'ouvrage rédigé par l'ancien maire de Rodez a été imprimé à... Millau (par Maury) ! Shocking !

   La palme de la "vertu aveyronnaise" (et de l'éclectisme) revient sans conteste à Roger Lajoie-Mazenc, dont tous les ouvrages que j'ai en ma possession ont été imprimés dans le département. L'Or noir pour un troupier (où il évoque son service militaire en Algérie) et Marianne d'Aveyron sont sortis de l'imprimerie (villefranchoise) Salingardes (aujourd'hui disparue), respectivement en 1961 et 1970. Les Gros Bonnets de l'Aveyron est issu d'une imprimerie située à Bel Air (en 1980). Pour L'Aveyron en République(s), c'est l'artisan primaubois déjà mentionné qui a été mis à contribution (en 2000). Pour Maires de famille (un de mes livres de chevet), retour à Villefranche-de-Rouergue avec Grapho 12. Le Sud n'a pas été oublié, puisque Les plus fameuses citations de l'Aveyron est sorti de chez Maury, au début de l'année 2012.

   Je constate que je me suis un peu éloigné du sujet de départ.... le coup de sang de l'imprimeur Bruno Aufrère. Il faut dire que la situation est tendue dans ce secteur (comme dans d'autres). Ainsi, Grapho 12 a subi une profonde restructuration en 2011. Début 2012, Causses et Cévenne a mis la clé sous la porte. Pour l'imprimerie du Progrès (qui édite Le Progrès Saint-Affricain et Le Ruthénois), les affaires ne semblent pas si mal tourner que cela, puisque l'entreprise vient de récupérer l'impression du Journal de Millau, auparavant assurée par la SOMAP, à côté de Montpellier.

lundi, 11 février 2013

Hypocrisie départementale, communale... et scolaire

   La politique politicienne est de retour, si tant est qu'elle ait jamais disparu du premier plan. Quand vous greffez là-dessus un poil de corporatisme, cela donne une situation abracadabrantesque.

   La question des rythmes scolaires, dans le primaire, fait l'actualité depuis un petit moment. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, propose une réforme qui rétablit la semaine de quatre jours et demi... à la fureur des syndicats d'enseignants, de certains délégués des parents d'élèves et d'élus locaux plutôt classés dans l'opposition. Les déclarations des uns et des autres, telles que la presse les a publiées, sont assez péremptoires, pas très développées. L'entretien que Jean-Louis Grimal, conseiller général du canton de Salles-Curan (et maire de Curan), a accordé au Ruthénois fait exception.

   L'entrevue démarre pourtant mal, l'élu choisissant d'éluder le problème-clé, celui de l'intérêt des élèves :

"Je tiens tout d'abord à faire abstraction du bien-être de l'enfant. Ce n'est pas de mon domaine de compétence. Des chronobiologistes et des psychologues y ont travaillé."

   A première vue, on pourrait saluer cet assaut de modestie de la part de l'élu local, qui évite de se prononcer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas. En creusant un peu, on se rend compte que cette pudeur est peut-être plus intéressée qu'il n'y paraît. Cela fait une demi-douzaine d'années (au moins) que circulent des études condamnant la semaine de quatre jours. Depuis deux ans, le propos s'est fait plus pressant : cette organisation du temps scolaire, qui satisfait les parents et enseignants soucieux en priorité de leur week-end, ne convient pas du tout aux élèves en difficulté, qui souffrent d'un programme trop dense... Mais le système peut très bien fonctionner avec quatre jours d'école... pour les élèves qui ne sont pas en difficulté. Et les autres ? Il suffit de lire la presse pour constater qu'ils échouent au collège et qu'on les retrouve, plus tard, dans la charrette des 100 000 qui quittent le système scolaire sans rien. Si les études avaient conclu à l'avantage de la semaine de quatre jours, nul doute que Jean-Louis Grimal, bien que non spécialiste, aurait pensé à s'appuyer dessus.

   La suite de son propos se veut budgétaire. Il a raison de regretter que l'Etat ait tendance à se décharger de certaines dépenses fondamentales sur les collectivités locales. (Cela ne date pas des socialistes... mais on n'entend les élus de droite que depuis 2011-2012...) La dotation compensatoire prévue par le gouvernement (de 50 à 90 euros par élève) ne devrait pas couvrir le surcroît de frais engagés par les communes, si l'on se fie à ce qu'affirme l'élu aveyronnais : il estime le surcoût à 250-300 euros par élève. Sauf que... l'association des maires de France l'évalue entre 50 et 150 euros par élève ! Voilà qui change pas mal de choses. Nombre de communes rurales (les plus pauvres, pas celles qui accueillent les périurbains en quête d'impôts locaux "allégés") devraient toucher 90 euros par élève (voire plus si le fonds de départ est augmenté, comme l'a sous-entendu Vincent Peillon).

   Résumons : les communes rurales (qui avaient fortement adhéré à la semaine de quatre jours), si elles se débrouillent bien, devraient pouvoir compenser presque intégralement le surcoût financier de la réforme. Le surplus qui resterait à leur charge serait à comparer aux économies que le passage à la semaine de quatre jours avait permis de réaliser jadis. Il resterait le problème du recrutement des intervenants extra-scolaires, qu'il faudra convaincre de venir en zone rurale. Je pense que les titulaires d'un BAFA au chômage (ou en sous-emploi) doivent être assez nombreux. Peut-être les communes devront-elles songer à fonctionner collectivement, pour faciliter les recrutements.

   L'autre clé du problème est le temps de travail des enseignants du primaire. La réforme Peillon va légèrement diminuer le temps de présence devant les élèves, en reconnaissant davantage le travail en dehors de la classe. Si, par rapport à 2008, les professeurs des écoles gardent une obligation de 24 heures de cours par semaine, les 108 heures annuelles supplémentaires (équivalant à 3 heures hebdomadaires) seront ventilées différemment, réduisant le nombre d'heures de soutien. On peut espérer que les 24 heures de cours vont être recentrées sur les apprentissages fondamentaux. Trop d'enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser les bases, à commencer par la lecture et l'écriture. Je vous laisse imaginer ce que cela donne 10-15 ans plus tard, quand les adolescents et les jeunes adultes écrivent des CV et des lettres de motivation. Ne parlons pas de leur compréhension d'un mode d'emploi ou de leur capacité à remplir un bon de commande, ou à lire à contrat...

   Ajoutons que, de 1991 à 2008, les élèves bénéficiaient de 26 heures de cours par semaine... et même de 27 heures, de 1969 à 1991, dont 10 heures de français et 5 heures de calcul ! Faites le compte : pour un nombre de semaines équivalent, 2 ou 3 heures de moins correspondent à un peu plus de 70 ou 100 heures par an... à multiplier par cinq (le nombre d'années de scolarité dans le primaire), soit 350 à 550 heures de moins.

   Au-delà des débats sur les méthodes d'apprentissage, l'aspect quantitatif (les enfants d'aujourd'hui passent moins d'heures en classe) et distributif (un plus faible nombre d'heures est consacré aux fondamentaux, au bénéfice de ce que l'on appelait jadis les "disciplines d'éveil") de la scolarité permet de comprendre bien des choses.

   A cela s'ajoute l'engagement plus ou moins grand des enseignants. Certes, les jeunes d'aujourd'hui doivent être plus difficiles à discipliner que ceux d'il y a 30 ou 40 ans. Mais combien d'entre nous avons pu constater que tel ou tel prof était particulièrement laxiste quant à la maîtrise de l'écrit ? Récemment, une collègue de travail m'a parlé d'un professeur des écoles, beaucoup moins choqué qu'elle par la kyrielle de fautes de français commises par son fils. Le prof lui aurait déclaré que tant qu'il arrivait à comprendre ce qu'il avait voulu dire, tout allait bien ! De même, il y a quelques années, je m'étais inquiété du cas de ma nièce, qui n'écrivait pas assez bien à mon goût (ainsi qu'à celui de sa mère). Figurez-vous que son enseignante ne prenait pas la peine de corriger toutes les fautes de son cahier ! Un changement de professeur (l'année suivante) a eu d'heureuses conséquences pour la jeune fille.

   Mais revenons aux élus locaux hostiles à la semaine de quatre jours et demi. Ils sont issus en général de la classe moyenne, celle qui peut de permettre de financer des activités extra-scolaires pour ses enfants (ou petits-enfants)... et celle dont les rejetons sont moins touchés par l'échec scolaire. Pour ces enfants-là, l'étalement des cours sur 4 ou 5 jours a peu de conséquences. Mais pourquoi se soucier des autres, après tout ?

   Dans la suite de l'entretien, Jean-Louis Grimal réaffirme ses réticences vis-à-vis de la réforme des collectivités locales et d'une loi interdisant tout cumul des mandats pour les élus nationaux. Plus nuancé que Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, il reconnaît certains mérites aux projets, mais, sur le fond, il me semble d'assez mauvaise foi quand il s'exprime sur le binôme homme-femme que chaque super-canton devrait désigner. Et je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il dit sur l'enracinement des députés et sénateurs. Rien ne les empêche d'exercer, à titre bénévole (comme des milliers d'autres, qui n'ont pas la chance de percevoir une indemnité parlementaire), la fonction de conseiller municipal, un poste idéal pour garder à l'esprit les enjeux locaux. Et puis, entre deux séances à l'Assemblée ou au Sénat, ils peuvent revenir faire un tour dans leur circonscription, même si aucune élection n'est en vue... n'est-ce pas ?