vendredi, 13 septembre 2024
Silex and the City, le film
Après la série de bandes dessinées, après les courts-métrages télévisés, après le jeu de société, voici le film ! (Si cela continue ainsi, Jul pourrait, dans une sorte d'involontaire mise en abyme, devenir l'incarnation de ce que son film dénonce...)
Le tout début est sympatoche. Il fait intervenir un ancien président de la République et sa compagne (que l'on retrouve à la fin), qui se révèlent capables d'autodérision. C'est conforme à la marque de fabrique des adaptations de la BD, qui ont fait intervenir quantité de personnalités (plutôt de gauche) dans des rôles taillés sur mesure.
La suite est beaucoup moins emballante. On a beau retrouver le style, les anachronismes, les jeux de mots, les effets de décalage, cela ne fonctionne qu'en de rares occasions. Dans la salle où je me trouvais, personne n'a ri pendant la projection. (Certaines bandes-annonces se sont révélées plus drôles...) Le meilleur moment est pour moi la brève incursion dans un programme télévisuel parodiant L'Île de la tentation. Ah, si tout le reste avait été de cette veine...
Le pire est atteint quand le film d'animation est interrompu par une séquence avec de vrais acteurs. C'est très mauvais. En revanche, plusieurs épisodes situés dans la deuxième partie m'ont paru plus réussis : le cours d'économie commerciale de Crao de la Pétaudière et la dérision appliquée aux religions, qui érigent en objet de culte un minuscule outil de valeur ridicule.
Quand Jul se lance dans la philosophie politique, l'intrigue, de qualité médiocre, gagne un peu en épaisseur. Mais cela ne soulève pas l'enthousiasme, d'autant que la fin est ratée.
C'est donc une déception. Mieux vaut (re)lire les albums.
21:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 08 septembre 2024
Beetlejuice
Avant la sortie en salles, mercredi prochain, de la suite tournée elle aussi par Tim Burton, certains cinémas ont eu l'excellente idée de reprogrammer le premier film, datant de 1988. A l'époque, ce fut pour moi une découverte, celle de l'univers d'un cinéaste dont j'ai par la suite vu presque toutes les œuvres (y compris animées) sorties en salles.
Avec le recul, on constate que la distribution principale était prestigieuse... ce qui n'était pas évident à l'époque : Michael Keaton (délicieusement vulgaire dans le rôle-titre) n'avait pas encore endossé le costume de Batman, Geena Davis (actuellement à l'affiche de Blink Twice) ne s'était pas encore enfuie en voiture avec Susan Sarandon, Alec Baldwin était loin de se douter qu'il regretterait un jour d'avoir manipulé une arme à feu... et Winona Ryder (mmmm) en était à ses tout débuts.
La première partie fait un peu kitsch. L'image est datée et l'aspect nunuche du couple formé par les jeunes Davis et Baldwin est encore plus apparent des années plus tard. Le contraste avec le vocabulaire et le comportement plus que déplacés de Beetlejuice n'en est que plus frappant. Comme, depuis, une certaine décence a gagné la représentation des interactions humaines à Hollywood (sauf dans des productions mal élevées comme Deadpool & Wolverine), la caractérisation du personnage éponyme fonctionne à merveille. Je préviens toutefois le jeune public qui n'aurait jamais vu ce film : Beetlejuice/Keaton y est finalement assez peu présent, et uniquement dans la deuxième partie.
Quand bien même les effets spéciaux apparaîtraient parfois un peu datés, il faut souligner la qualité des décors et du maquillage, avec, en bonus, l'utilisation de maquettes et de poupées animées. Burton s'est amusé à retourner la mise en abyme : au début, l'action se déroule dans le vrai village, dont on peut voir une représentation réduite dans le grenier de la maison des héros ; par la suite, l'action se déroule à plusieurs reprises dans la maquette, d'où l'on peut voir le grenier.
Sur le fond, la jeune Lydia et son père incarnent les aspirations de Burton : vivre à l'écart du monde contemporain, perçu comme peu intéressant voire hostile, le côté gothique de l'adolescente étant appelé à un brillant avenir au sein de l’œuvre de Burton...
Ce film est aussi une dénonciation de la mentalité reaganienne régnant à l'époque aux États-Unis : l'arrivisme, l'appât du gain et l'adhésion (selon Burton) à de fausses valeurs sont incarnés par les promoteurs immobiliers et les "cultureux", l'un d'entre eux (excellent Glenn Shadix) se révélant d'un incommensurable snobisme.
Burton le rêveur n'est pas "politiquement correct". Son humour est macabre, parfois scabreux. Il humilie certains de ses personnages, tout en gardant une âme poétique. Cet improbable équilibre est l'une des grandes réussites de film, accompagné d'une bande son entraînante.
18:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Beetlejuice
Avant la sortie en salles, mercredi prochain, de la suite tournée elle aussi par Tim Burton, certains cinémas ont eu l'excellente idée de reprogrammer le premier film, datant de 1988. A l'époque, ce fut pour moi une découverte, celle de l'univers d'un cinéaste dont j'ai par la suite vu presque toutes les œuvres (y compris animées) sorties en salles.
Avec le recul, on constate que la distribution principale était prestigieuse... ce qui n'était pas évident à l'époque : Michael Keaton (délicieusement vulgaire dans le rôle-titre) n'avait pas encore endossé le costume de Batman, Geena Davis (actuellement à l'affiche de Blink Twice) ne s'était pas encore enfuie en voiture avec Susan Sarandon, Alec Baldwin était loin de se douter qu'il regretterait un jour d'avoir manipulé une arme à feu... et Winona Ryder (mmmm) en était à ses tout débuts.
La première partie fait un peu kitsch. L'image est datée et l'aspect nunuche du couple formé par les jeunes Davis et Baldwin est encore plus apparent des années plus tard. Le contraste avec le vocabulaire et le comportement plus que déplacés de Beetlejuice n'en est que plus frappant. Comme, depuis, une certaine décence a gagné la représentation des interactions humaines à Hollywood (sauf dans des productions mal élevées comme Deadpool & Wolverine), la caractérisation du personnage éponyme fonctionne à merveille. Je préviens toutefois le jeune public qui n'aurait jamais vu ce film : Beetlejuice/Keaton y est finalement assez peu présent, et uniquement dans la deuxième partie.
Quand bien même les effets spéciaux apparaîtraient parfois un peu datés, il faut souligner la qualité des décors et du maquillage, avec, en bonus, l'utilisation de maquettes et de poupées animées. Burton s'est amusé à retourner la mise en abyme : au début, l'action se déroule dans le vrai village, dont on peut voir une représentation réduite dans le grenier de la maison des héros ; par la suite, l'action se déroule à plusieurs reprises dans la maquette, d'où l'on peut voir le grenier.
Sur le fond, la jeune Lydia et son père incarnent les aspirations de Burton : vivre à l'écart du monde contemporain, perçu comme peu intéressant voire hostile, le côté gothique de l'adolescente étant appelé à un brillant avenir au sein de l’œuvre de Burton...
Ce film est aussi une dénonciation de la mentalité reaganienne régnant à l'époque aux États-Unis : l'arrivisme, l'appât du gain et l'adhésion (selon Burton) à de fausses valeurs sont incarnés par les promoteurs immobiliers et les "cultureux", l'un d'entre eux (excellent Glenn Shadix) se révélant d'un incommensurable snobisme.
Burton le rêveur n'est pas "politiquement correct". Son humour est macabre, parfois scabreux. Il humilie certains de ses personnages, tout en gardant une âme poétique. Cet improbable équilibre est l'une des grandes réussites de film, accompagné d'une bande son entraînante.
18:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 02 septembre 2024
La Belle Affaire
Intitulée Zwei zu eins ("Deux pour un") dans la version originale, cette fiction allemande (inspirée d'une histoire vraie) évoque les mois qui ont précédé l'absorption de la RDA par la RFA la réunification allemande. Au-delà d'une certaine somme, les citoyens de RDA ont été autorisés à échanger leurs vieux marks est-allemands contre de bons Deutsche Marks, au taux (avantageux) de deux pour un... sachant qu'à l'époque, le DM s'échangeait contre environ 3,40 francs français.
L'intrigue, loufoque, met en scène des gens de peu, anciens employés de la grosse usine locale, désormais à la retraite ou au chômage et habitant le même immeuble. Durant la première demi-heure, j'ai craint d'avoir choisi de voir une de ces comédies germaniques lourdingues, aussi digestes qu'une choucroute bien grasse accompagnée d'une bière qui sent la pisse.
Ce début est à la fois misérabiliste et maladroit. La manière dont une bande de branquignoles va mettre la main sur un paquet de billets entreposés dans un bunker secret n'est guère crédible. Mais, de temps à autre, il règne une petite ambiance à la The Full Monty (le strip-tease en moins, les habitants étant de surcroît très mal vêtus).
Cela devient vraiment intéressant à partir du moment où les héros se demandent quoi faire de tout ce pognon. Ils mettent au point une première combine, avec la complicité de petits commerçants ouest-allemands aussi débrouillards que cupides.
L'immeuble d'habitat collectif devient à la fois une métaphore de la RDA finissante et une tentative d'utopie néo-communiste, mâtinée de consumérisme frénétique. J'ai beaucoup aimé cette partie, qui ne se limite pas à la comédie. Elle pose de bonnes questions sur le rôle de l'argent et les choix de vie qui se présentent parfois. Dans l'immeuble, tout le monde n'a pas envie de jouer collectif et, parmi ceux qui adhèrent à l'action de groupe, des dissensions émergent sur la manière de procéder. On nous propose une belle brochette de seconds rôles, bien qu'un peu caricaturale.
Se greffe là-dessus une intrigue amoureuse. La crise de fin de régime (communiste) provoque des retrouvailles. Les rapports humains se développent à trois niveaux : l'immeuble collectif, la famille (de cœur) élargie de l'héroïne Maren et le triangle amoureux. Je trouve que la partie sentimentale est bien insérée dans l'histoire politique... l'interprétation de Sandra Hüller n'y étant pas pour rien. De manière stupéfiante, cette comédienne réussit à incarner aussi bien l'idéaliste communiste que, naguère, l'épouse nazie du commandant du camp d'Auschwitz (dans La Zone d'intérêt). J'ai aussi apprécié l'intelligence et la malice d'une gamine à la paternité douteuse, qui contribue à un ultime rebondissement, dans un épilogue qu'il ne faut pas rater. Le générique est aussi coupé par des images d'époque, qui nous racontent la véritable histoire (pour le peu qu'on en connaisse).
Je recommande donc ce film, qui n'est pas une grande réussite en terme de comédie, mais qui mérite le détour pour les questionnements politico-sociaux qu'il met en scène.
23:41 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
La Belle Affaire
Intitulée Zwei zu eins ("Deux pour un") dans la version originale, cette fiction allemande (inspirée d'une histoire vraie) évoque les mois qui ont précédé l'absorption de la RDA par la RFA la réunification allemande. Au-delà d'une certaine somme, les citoyens de RDA ont été autorisés à échanger leurs vieux marks est-allemands contre de bons Deutsche Marks, au taux (avantageux) de deux pour un... sachant qu'à l'époque, le DM s'échangeait contre environ 3,40 francs français.
L'intrigue, loufoque, met en scène des gens de peu, anciens employés de la grosse usine locale, désormais à la retraite ou au chômage et habitant le même immeuble. Durant la première demi-heure, j'ai craint d'avoir choisi de voir une de ces comédies germaniques lourdingues, aussi digestes qu'une choucroute bien grasse accompagnée d'une bière qui sent la pisse.
Ce début est à la fois misérabiliste et maladroit. La manière dont une bande de branquignoles va mettre la main sur un paquet de billets entreposés dans un bunker secret n'est guère crédible. Mais, de temps à autre, il règne une petite ambiance à la The Full Monty (le strip-tease en moins, les habitants étant de surcroît très mal vêtus).
Cela devient vraiment intéressant à partir du moment où les héros se demandent quoi faire de tout ce pognon. Ils mettent au point une première combine, avec la complicité de petits commerçants ouest-allemands aussi débrouillards que cupides.
L'immeuble d'habitat collectif devient à la fois une métaphore de la RDA finissante et une tentative d'utopie néo-communiste, mâtinée de consumérisme frénétique. J'ai beaucoup aimé cette partie, qui ne se limite pas à la comédie. Elle pose de bonnes questions sur le rôle de l'argent et les choix de vie qui se présentent parfois. Dans l'immeuble, tout le monde n'a pas envie de jouer collectif et, parmi ceux qui adhèrent à l'action de groupe, des dissensions émergent sur la manière de procéder. On nous propose une belle brochette de seconds rôles, bien qu'un peu caricaturale.
Se greffe là-dessus une intrigue amoureuse. La crise de fin de régime (communiste) provoque des retrouvailles. Les rapports humains se développent à trois niveaux : l'immeuble collectif, la famille (de cœur) élargie de l'héroïne Maren et le triangle amoureux. Je trouve que la partie sentimentale est bien insérée dans l'histoire politique... l'interprétation de Sandra Hüller n'y étant pas pour rien. De manière stupéfiante, cette comédienne réussit à incarner aussi bien l'idéaliste communiste que, naguère, l'épouse nazie du commandant du camp d'Auschwitz (dans La Zone d'intérêt). J'ai aussi apprécié l'intelligence et la malice d'une gamine à la paternité douteuse, qui contribue à un ultime rebondissement, dans un épilogue qu'il ne faut pas rater. Le générique est aussi coupé par des images d'époque, qui nous racontent la véritable histoire (pour le peu qu'on en connaisse).
Je recommande donc ce film, qui n'est pas une grande réussite en terme de comédie, mais qui mérite le détour pour les questionnements politico-sociaux qu'il met en scène.
23:41 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
mardi, 27 août 2024
Project Silence
Le jeune cinéaste sud-coréen Tae-gon Kim mélange les genres dans cette production horrifique qui n'est pas sans rappeler de précédents films (Dernier train pour Busan et, plus récemment, Projet Wolf Hunting).
Plus précisément, il croise le film-catastrophe (genre accident d'avion, immeuble en feu ou bateau qui coule) avec le film d'horreur, une créature quasi surnaturelle (requin particulièrement coriace, alien diabolique ou crocodile très très affamé) menaçant la survie des personnages principaux, ici les occupants de divers véhicules, qui se retrouvent coincés sur un gigantesque pont à haubans (peut-être celui d'Incheon), à proximité de Séoul. Ils ignorent qu'au cours du carambolage, une troupe de chiens dressés pour tuer s'est évadée d'un fourgon...
Le côté film d'horreur est bien porté par les chiens (réels comme virtuels), la meute obéissant aux ordres d'une créature alpha, qui a échappé au contrôle des humains. Signalons que le dominant est ici une dominante, une femelle redoutable, mais dotée de sentiments.
Le problème vient des personnages humains, une brochette de caricatures comme je croyais ne plus pouvoir en trouver dans une fiction du XXIe siècle : scientifique lâche, politicien manipulateur, haut-fonctionnaire imbu de lui-même qui va renouer en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire avec un humanisme aussi bien-pensant qu'irréaliste (dans le contexte de survie sur le pont). Sa fille est faite du même tonneau, n'hésitant pas à quitter un abri sûr à plusieurs reprises, réussissant à chaque fois à échapper aux molosses qui viennent pourtant de dézinguer une unité de policiers surentraînés... et je ne vous parle pas du comique troupier de la bande, un petit arnaqueur, officiellement dépanneur routier, dont le véhicule de fonction est capable de remonter un fourgon blindé militaire...
Bref, les incohérences sont nombreuses et le comportement, soit larmoyant à l'extrême, soit totalement irresponsable, de nombreux personnages ne permet pas de relancer l'intérêt. C'est dommage, parce que les effets spéciaux sont bien fichus : le carambolage autoroutier, l'accident d'hélicoptère et la progressive désagrégation du viaduc sont mis en scène avec un incontestable savoir-faire.
A trop vouloir copier des modèles états-uniens, le réalisateur tombe à mon avis dans les mêmes travers : l'exploitation d'une intrigue familiale cousue de fil blanc et le déversement maladroit d'une morale lénifiante.
15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Project Silence
Le jeune cinéaste sud-coréen Tae-gon Kim mélange les genres dans cette production horrifique qui n'est pas sans rappeler de précédents films (Dernier train pour Busan et, plus récemment, Projet Wolf Hunting).
Plus précisément, il croise le film-catastrophe (genre accident d'avion, immeuble en feu ou bateau qui coule) avec le film d'horreur, une créature quasi surnaturelle (requin particulièrement coriace, alien diabolique ou crocodile très très affamé) menaçant la survie des personnages principaux, ici les occupants de divers véhicules, qui se retrouvent coincés sur un gigantesque pont à haubans (peut-être celui d'Incheon), à proximité de Séoul. Ils ignorent qu'au cours du carambolage, une troupe de chiens dressés pour tuer s'est évadée d'un fourgon...
Le côté film d'horreur est bien porté par les chiens (réels comme virtuels), la meute obéissant aux ordres d'une créature alpha, qui a échappé au contrôle des humains. Signalons que le dominant est ici une dominante, une femelle redoutable, mais dotée de sentiments.
Le problème vient des personnages humains, une brochette de caricatures comme je croyais ne plus pouvoir en trouver dans une fiction du XXIe siècle : scientifique lâche, politicien manipulateur, haut-fonctionnaire imbu de lui-même qui va renouer en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire avec un humanisme aussi bien-pensant qu'irréaliste (dans le contexte de survie sur le pont). Sa fille est faite du même tonneau, n'hésitant pas à quitter un abri sûr à plusieurs reprises, réussissant à chaque fois à échapper aux molosses qui viennent pourtant de dézinguer une unité de policiers surentraînés... et je ne vous parle pas du comique troupier de la bande, un petit arnaqueur, officiellement dépanneur routier, dont le véhicule de fonction est capable de remonter un fourgon blindé militaire...
Bref, les incohérences sont nombreuses et le comportement, soit larmoyant à l'extrême, soit totalement irresponsable, de nombreux personnages ne permet pas de relancer l'intérêt. C'est dommage, parce que les effets spéciaux sont bien fichus : le carambolage autoroutier, l'accident d'hélicoptère et la progressive désagrégation du viaduc sont mis en scène avec un incontestable savoir-faire.
A trop vouloir copier des modèles états-uniens, le réalisateur tombe à mon avis dans les mêmes travers : l'exploitation d'une intrigue familiale cousue de fil blanc et le déversement maladroit d'une morale lénifiante.
15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 23 août 2024
Blink Twice
Slater King est un milliardaire de la tech, qui tente de se racheter une conduite. Le brillant jeune homme (Channing Tatum, excellent), un poil arrogant, au management un peu autoritaire et dont on sent qu'il n'a pas toujours été très correct avec les dames, a décidé de devenir un type bien. Il suit une thérapie et se ressource régulièrement sur une île paradisiaque des Caraïbes, où l'on vit frugalement, sans smartphone, où l'on mange bio et où l'on se respecte. De temps à autre, il y invite quelques amis... et de jolies jeunes femmes.
Deux d'entre elles se sont tapé l'incruste lors d'une soirée consacrée au tycoon, sur le continent. Ce sont des employées de la société qui gère l'événement, mais elles font tout pour se rapprocher des vedettes... et se font remarquer... puis inviter sur l'île. Au départ, tout semble merveilleux, mais, petit à petit, Frida commence à avoir des pertes de mémoire et remarque des trucs bizarres... jusqu'à la disparition d'un invité dont personne d'autre qu'elle ne semble se souvenir.
Même si j'estime ces deux premières parties un peu trop longues, je trouve que la progressive montée en tension (liée notamment à l'étrangeté grandissante de la situation) est maîtrisée. Il y a du Shyamalan (première époque) dans ce film de Zoé Kravitz... en tout cas plus que dans le récent Trap. J'y vois aussi une pincée d'ambiance lynchienne (à la Twin Peaks), pas uniquement en raison de la présence de Kyle MacLachlan dans la distribution.
On attend évidemment que l'apparente ambiance paradisiaque vole en éclat et, quand cela arrive, on n'est pas déçu. Petit à petit, la vérité se fait jour, avec une deuxième couche concernant l'un des personnages, marqué par une discrète cicatrice, antérieure à son séjour dans l'île.
Du coup, je trouve que ce film de genre est bien maîtrisé, avec en sous-texte un brûlant sujet de société sur lequel je ne peux m'attarder, sous peine de trop déflorer l'intrigue...
... MAIS J'EN DIS PLUS CI-DESSOUS.
NE LISEZ SURTOUT PAS LA SUITE SI VOUS COMPTEZ VOIR LE FILM.
CELA RISQUE DE VOUS PRIVER D'UNE PARTIE DU PLAISIR.
Blink Twice est un film Metoo. Ce n'est pas tant le monde de la tech qui est dépeint que, par métaphore, celui du cinéma... et ce qu'il impose aux femmes en général, aux actrices en particulier.
Les hommes sont donc (presque) tous des prédateurs... et blancs (gros défaut du film, qui exonère les mâles issus des "minorités visibles" des comportements sexistes). La petite nuance porte sur l'un des mecs, qui ne participe pas, mais qui se tait et préfère oublier. A travers lui, Kravitz dénonce la passivité de certains acteurs ou réalisateurs hollywoodiens, qui ont fermé les yeux sur les déviances d'Harvey Weinstein, tant que cela ne les touchait pas de près.
La contexte des comportements prédateurs pourrait aussi faire allusion à l'affaire Epstein, même si l'intrigue se concentre sur des femmes majeures.
Enfin, il y a le cas du personnage de Stacy, la sœur de Slater, qui en sait plus qu'elle ne le dit et qui se fait la complice de l'entreprise de prédation de son frère. Elle est incarnée par Geena Davis, une comédienne investie dans la défense des droits des femmes, mais, surtout, une femme de la "génération d'avant". Je pense qu'à travers ce personnage, la réalisatrice pointe (selon elle) la responsabilité partielle de ces actrices qui n'ont pas été victimes des violences sexuelles (parce qu'elles étaient intouchables, protégées par un compagnon, aptes à se défendre... ou tout simplement très prudentes), mais se doutaient de ce qui se passait dans certaines chambres d'hôtel. Le film met en avant la sororité, cette solidarité féminine qui aurait peut-être permis d'éviter certains comportements scandaleux.
Ce petit film de genre, en apparence assez lisse, est donc au final plus profond qu'il n'en a l'air, un peu à l'image du Get out de Jordan Peele il y a quelques années.
23:28 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Blink Twice
Slater King est un milliardaire de la tech, qui tente de se racheter une conduite. Le brillant jeune homme (Channing Tatum, excellent), un poil arrogant, au management un peu autoritaire et dont on sent qu'il n'a pas toujours été très correct avec les dames, a décidé de devenir un type bien. Il suit une thérapie et se ressource régulièrement sur une île paradisiaque des Caraïbes, où l'on vit frugalement, sans smartphone, où l'on mange bio et où l'on se respecte. De temps à autre, il y invite quelques amis... et de jolies jeunes femmes.
Deux d'entre elles se sont tapé l'incruste lors d'une soirée consacrée au tycoon, sur le continent. Ce sont des employées de la société qui gère l'événement, mais elles font tout pour se rapprocher des vedettes... et se font remarquer... puis inviter sur l'île. Au départ, tout semble merveilleux, mais, petit à petit, Frida commence à avoir des pertes de mémoire et remarque des trucs bizarres... jusqu'à la disparition d'un invité dont personne d'autre qu'elle ne semble se souvenir.
Même si j'estime ces deux premières parties un peu trop longues, je trouve que la progressive montée en tension (liée notamment à l'étrangeté grandissante de la situation) est maîtrisée. Il y a du Shyamalan (première époque) dans ce film de Zoé Kravitz... en tout cas plus que dans le récent Trap. J'y vois aussi une pincée d'ambiance lynchienne (à la Twin Peaks), pas uniquement en raison de la présence de Kyle MacLachlan dans la distribution.
On attend évidemment que l'apparente ambiance paradisiaque vole en éclat et, quand cela arrive, on n'est pas déçu. Petit à petit, la vérité se fait jour, avec une deuxième couche concernant l'un des personnages, marqué par une discrète cicatrice, antérieure à son séjour dans l'île.
Du coup, je trouve que ce film de genre est bien maîtrisé, avec en sous-texte un brûlant sujet de société sur lequel je ne peux m'attarder, sous peine de trop déflorer l'intrigue...
... MAIS J'EN DIS PLUS CI-DESSOUS.
NE LISEZ SURTOUT PAS LA SUITE SI VOUS COMPTEZ VOIR LE FILM.
CELA RISQUE DE VOUS PRIVER D'UNE PARTIE DU PLAISIR.
Blink Twice est un film Metoo. Ce n'est pas tant le monde de la tech qui est dépeint que, par métaphore, celui du cinéma... et ce qu'il impose aux femmes en général, aux actrices en particulier.
Les hommes sont donc (presque) tous des prédateurs... et blancs (gros défaut du film, qui exonère les mâles issus des "minorités visibles" des comportements sexistes). La petite nuance porte sur l'un des mecs, qui ne participe pas, mais qui se tait et préfère oublier. A travers lui, Kravitz dénonce la passivité de certains acteurs ou réalisateurs hollywoodiens, qui ont fermé les yeux sur les déviances d'Harvey Weinstein, tant que cela ne les touchait pas de près.
La contexte des comportements prédateurs pourrait aussi faire allusion à l'affaire Epstein, même si l'intrigue se concentre sur des femmes majeures.
Enfin, il y a le cas du personnage de Stacy, la sœur de Slater, qui en sait plus qu'elle ne le dit et qui se fait la complice de l'entreprise de prédation de son frère. Elle est incarnée par Geena Davis, une comédienne investie dans la défense des droits des femmes, mais, surtout, une femme de la "génération d'avant". Je pense qu'à travers ce personnage, la réalisatrice pointe (selon elle) la responsabilité partielle de ces actrices qui n'ont pas été victimes des violences sexuelles (parce qu'elles étaient intouchables, protégées par un compagnon, aptes à se défendre... ou tout simplement très prudentes), mais se doutaient de ce qui se passait dans certaines chambres d'hôtel. Le film met en avant la sororité, cette solidarité féminine qui aurait peut-être permis d'éviter certains comportements scandaleux.
Ce petit film de genre, en apparence assez lisse, est donc au final plus profond qu'il n'en a l'air, un peu à l'image du Get out de Jordan Peele il y a quelques années.
23:28 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
lundi, 19 août 2024
Highway 65
Cette autoroute israélienne se trouve dans le nord du pays, coincée entre Liban, Cisjordanie, mer Méditerranée et lac de Tibériade. On la voit à plusieurs reprises dans le film, lorsque l'héroïne (Daphna) se trouve sur le balcon du logement qu'elle occupe à Afoula. Pour elle, cette autoroute symbolise peut-être la possibilité d'un retour à Tel-Aviv, d'où la policière a été récemment mutée.
La police locale ne semble pas très ardente au travail... et surtout veille à respecter les notables du coin. On le constate notamment avec l'affaire de la disparition d'une femme, Orly, peu avant le dixième anniversaire de la mort de son mari, fils d'un entrepreneur du BTP qui semble connaître tout le monde.
Le problème est que personne n'a signalé la disparition de la veuve (qui n'en est pas à sa première tentative), alors que son téléphone portable a été trouvé au bord d'un champ de maïs. On fait comprendre à la policière qu'il ne faut pas trop embêter la famille de l'entrepreneur. Ses deux fils sont jadis partis se battre au Liban. L'un n'est pas revenu, l'autre, qui travaille dans une pépinière, a été marqué à vie.
Un mystère plane, donc, que les patients et laborieux efforts de Daphna vont tenter d'éclaircir. Le problème est que la manière dont l'enquête est menée n'est pas très réaliste. Je ne suis pas au fait des procédures en Israël, mais il me semble tout de même que la policière enfreint pas mal de règles (de procédure comme de prudence). Je suis finalement arrivé à la conclusion que le réalisme n'était pas le souci de l'auteure du film, l'enquête n'étant qu'un prétexte pour aborder certaines thématiques.
Au cœur de l'intrigue se trouve la place des femmes dans cette ville provinciale qui semble fortement marquée par la domination masculine. Les quatre personnages féminins un tant soit peu développés sont tous de potentielles victimes... tout en ayant la possibilité, à certains moments, de mener le jeu. Ainsi, la disparue, Orly, ravissante trentenaire, faisait tourner la tête de bien des hommes, mais était aussi un objet de convoitise. La policière Daphna se fait rapidement gifler au cours de son enquête, puis agresser par un motard. Mais elle peut menacer des hommes, voire les mettre en garde à vue. Sa supérieure hiérarchique est à peine mieux lotie. En tant que cheffe du poste de police, elle fait partie des notables, mais, quand l'entrepreneur de BTP vient lui faire la leçon dans son propre bureau, elle est obligée d'obtempérer. Quant à la belle-mère de la disparue (épouse du chef d'entreprise), elle symbolise la génération en apparence soumise, mais qui dispose de discrètes marges de manœuvre.
En parallèle est développée la thématique de la sororité (pour employer un terme à la mode). Plus le film avance, plus deux femmes qu'a priori tout oppose voient leurs profils se rapprocher. Il s'agit de la disparue (archétype de la jolie fille, en apparence un peu superficielle) et de la policière, célibataire sans enfant, dont la cinéaste a voulu faire, au départ, un personnage aussi peu glamour que possible : elle est mal coiffée, porte des lunettes à la Harry Potter, s'habille comme une demi-clocharde et mange vraiment salement, comme on prend bien soin de nous le montrer à plusieurs reprises. On comprend toutefois assez vite que Daphna est elle-même une jolie jeune femme, mais qu'elle s'oppose, par sa manière de vivre, aux stéréotypes de genre imposés aux femmes. Comme elle a aussi envie de vivre, de vibrer, il lui faut tout de même (parfois) faire des concessions... Petit à petit, la réalisatrice instille l'idée d'une quasi-gémellité entre Orly et Daphna.
Du coup, on comprend mieux pourquoi la manière dont l'intrigue policière est menée semble artificielle. Elle n'est qu'un cadre pour un propos militant. C'est tout à fait louable, mais cela ne fait pas forcément un bon film.
13:17 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Highway 65
Cette autoroute israélienne se trouve dans le nord du pays, coincée entre Liban, Cisjordanie, mer Méditerranée et lac de Tibériade. On la voit à plusieurs reprises dans le film, lorsque l'héroïne (Daphna) se trouve sur le balcon du logement qu'elle occupe à Afoula. Pour elle, cette autoroute symbolise peut-être la possibilité d'un retour à Tel-Aviv, d'où la policière a été récemment mutée.
La police locale ne semble pas très ardente au travail... et surtout veille à respecter les notables du coin. On le constate notamment avec l'affaire de la disparition d'une femme, Orly, peu avant le dixième anniversaire de la mort de son mari, fils d'un entrepreneur du BTP qui semble connaître tout le monde.
Le problème est que personne n'a signalé la disparition de la veuve (qui n'en est pas à sa première tentative), alors que son téléphone portable a été trouvé au bord d'un champ de maïs. On fait comprendre à la policière qu'il ne faut pas trop embêter la famille de l'entrepreneur. Ses deux fils sont jadis partis se battre au Liban. L'un n'est pas revenu, l'autre, qui travaille dans une pépinière, a été marqué à vie.
Un mystère plane, donc, que les patients et laborieux efforts de Daphna vont tenter d'éclaircir. Le problème est que la manière dont l'enquête est menée n'est pas très réaliste. Je ne suis pas au fait des procédures en Israël, mais il me semble tout de même que la policière enfreint pas mal de règles (de procédure comme de prudence). Je suis finalement arrivé à la conclusion que le réalisme n'était pas le souci de l'auteure du film, l'enquête n'étant qu'un prétexte pour aborder certaines thématiques.
Au cœur de l'intrigue se trouve la place des femmes dans cette ville provinciale qui semble fortement marquée par la domination masculine. Les quatre personnages féminins un tant soit peu développés sont tous de potentielles victimes... tout en ayant la possibilité, à certains moments, de mener le jeu. Ainsi, la disparue, Orly, ravissante trentenaire, faisait tourner la tête de bien des hommes, mais était aussi un objet de convoitise. La policière Daphna se fait rapidement gifler au cours de son enquête, puis agresser par un motard. Mais elle peut menacer des hommes, voire les mettre en garde à vue. Sa supérieure hiérarchique est à peine mieux lotie. En tant que cheffe du poste de police, elle fait partie des notables, mais, quand l'entrepreneur de BTP vient lui faire la leçon dans son propre bureau, elle est obligée d'obtempérer. Quant à la belle-mère de la disparue (épouse du chef d'entreprise), elle symbolise la génération en apparence soumise, mais qui dispose de discrètes marges de manœuvre.
En parallèle est développée la thématique de la sororité (pour employer un terme à la mode). Plus le film avance, plus deux femmes qu'a priori tout oppose voient leurs profils se rapprocher. Il s'agit de la disparue (archétype de la jolie fille, en apparence un peu superficielle) et de la policière, célibataire sans enfant, dont la cinéaste a voulu faire, au départ, un personnage aussi peu glamour que possible : elle est mal coiffée, porte des lunettes à la Harry Potter, s'habille comme une demi-clocharde et mange vraiment salement, comme on prend bien soin de nous le montrer à plusieurs reprises. On comprend toutefois assez vite que Daphna est elle-même une jolie jeune femme, mais qu'elle s'oppose, par sa manière de vivre, aux stéréotypes de genre imposés aux femmes. Comme elle a aussi envie de vivre, de vibrer, il lui faut tout de même (parfois) faire des concessions... Petit à petit, la réalisatrice instille l'idée d'une quasi-gémellité entre Orly et Daphna.
Du coup, on comprend mieux pourquoi la manière dont l'intrigue policière est menée semble artificielle. Elle n'est qu'un cadre pour un propos militant. C'est tout à fait louable, mais cela ne fait pas forcément un bon film.
13:17 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 18 août 2024
City of Darkness
Cette "cité de l'obscurité" (au sens littéral comme au sens figuré) est un quartier de la mégapole hongkongaise. Celle-ci a la forme d'un petit archipel, la péninsule de Kowloon se trouvant sur la partie continentale, au sud de Shenzhen.
On y trouvait (jusqu'aux années 1990) un gigantesque bidonville, étalé (en hauteur) sur une quinzaine d'étages. Le contrôle de cette "citadelle" (et des trafics qui y prospéraient, en toute impunité) fut l'objet de la rivalité entre deux bandes, l'une finissant par triompher de l'autre, des années auparavant. Dans le même temps, un autre gang a mis la main sur le reste de la ville chinoise.
Deux trames historiques s'entremêlent donc dans ce film. A l'arrière-plan se trouve l'époque de lutte pour le contrôle de la citadelle, dans les années 1950. La majorité de l'action se déroule toutefois à la fin des années 1980, à une époque où l'on comprend que la présence britannique va tôt ou tard prendre fin. L'autonomie dont jouit la citadelle est du coup menacée.
Celle-ci est un véritable personnage de l'histoire, pas uniquement un (vertigineux) décor. C'est à la fois un labyrinthe (pour qui n'en connaît pas la géographie), un lieu de vie, de mort, de chaleur humaine... et une verrue urbaine, marquée par le manque de lumière naturelle et une grande insalubrité.
Soi Cheang (auquel on doit aussi le surestimé Limbo) réussit à rendre crédible sa reconstitution du quartier détruit. Il en tire très bien parti dans la construction de son film.
Mais ce n'est pas forcément cet aspect qui va marquer les spectateurs. A l'écran, on est surtout frappé par la virtuosité des scènes de combat, que ce soient les anciennes (se déroulant trente ans auparavant) ou les nouvelles (celles des années 1980). Des jeunes voyous aux chefs de triade, ça castagne sec. On résout ses problèmes à coups de poings, de pieds... éventuellement de couteaux. Ce n'est qu'à l'ultime fin que l'on voit débarquer des armes à feu, entre les mains de personnages montrés comme foncièrement déloyaux.
Dans ce monde en apparence sans foi ni loi, il existe pourtant des règles, dont va profiter un jeune réfugié (sans doute venu de Chine communiste). Il s'embrouille d'abord avec la triade de "Mr Big", avant d'atterrir dans la citadelle, "sécurisée" par les troupes de "Cyclone"... qui, étonnamment, va prendre le jeune homme sous son aile.
Pour celui qu'on surnomme dans un premier temps "crâne d’œuf", l'existence au sein du bidonville représente une renaissance. Il y recouvre ses forces, trouve du travail, réussissant à mettre de l'argent de côté... et se fait même des amis, le patron des voyous incarnant une figure paternelle de substitution. Tous ces aspects sont bien mis en scène, tout comme la description de la vie quotidienne des habitants de la citadelle, majoritairement commerçants et artisans (avec leurs employés, plus ou moins bien traités). Cela donne au film une épaisseur sociale inattendue.
Le passé finit par ressurgir et les bastons reprennent, encore plus sanglantes qu'au début. Certes, c'est remarquablement chorégraphié, filmé, monté... mais, au bout d'un moment, on tombe dans l'exagération, la vraisemblance ayant visiblement sombré dans les égouts de la cité. C'est un peu le retour de l'effet Chevaliers du Zodiaque, manga dans lequel, à de fréquentes reprises, les héros frôlaient la mort, se vidaient de leur sang, avant de finalement administrer une raclée au super-méchant qui semblait invincible auparavant.
Ceci dit, dans ce film-ci, les défauts sont nettement moins présents que dans Limbo. C'est plus rigoureux, plus riche aussi sur le plan scénaristique... et toujours splendide sur le plan visuel.
15:46 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
City of Darkness
Cette "cité de l'obscurité" (au sens littéral comme au sens figuré) est un quartier de la mégapole hongkongaise. Celle-ci a la forme d'un petit archipel, la péninsule de Kowloon se trouvant sur la partie continentale, au sud de Shenzhen.
On y trouvait (jusqu'aux années 1990) un gigantesque bidonville, étalé (en hauteur) sur une quinzaine d'étages. Le contrôle de cette "citadelle" (et des trafics qui y prospéraient, en toute impunité) fut l'objet de la rivalité entre deux bandes, l'une finissant par triompher de l'autre, des années auparavant. Dans le même temps, un autre gang a mis la main sur le reste de la ville chinoise.
Deux trames historiques s'entremêlent donc dans ce film. A l'arrière-plan se trouve l'époque de lutte pour le contrôle de la citadelle, dans les années 1950. La majorité de l'action se déroule toutefois à la fin des années 1980, à une époque où l'on comprend que la présence britannique va tôt ou tard prendre fin. L'autonomie dont jouit la citadelle est du coup menacée.
Celle-ci est un véritable personnage de l'histoire, pas uniquement un (vertigineux) décor. C'est à la fois un labyrinthe (pour qui n'en connaît pas la géographie), un lieu de vie, de mort, de chaleur humaine... et une verrue urbaine, marquée par le manque de lumière naturelle et une grande insalubrité.
Soi Cheang (auquel on doit aussi le surestimé Limbo) réussit à rendre crédible sa reconstitution du quartier détruit. Il en tire très bien parti dans la construction de son film.
Mais ce n'est pas forcément cet aspect qui va marquer les spectateurs. A l'écran, on est surtout frappé par la virtuosité des scènes de combat, que ce soient les anciennes (se déroulant trente ans auparavant) ou les nouvelles (celles des années 1980). Des jeunes voyous aux chefs de triade, ça castagne sec. On résout ses problèmes à coups de poings, de pieds... éventuellement de couteaux. Ce n'est qu'à l'ultime fin que l'on voit débarquer des armes à feu, entre les mains de personnages montrés comme foncièrement déloyaux.
Dans ce monde en apparence sans foi ni loi, il existe pourtant des règles, dont va profiter un jeune réfugié (sans doute venu de Chine communiste). Il s'embrouille d'abord avec la triade de "Mr Big", avant d'atterrir dans la citadelle, "sécurisée" par les troupes de "Cyclone"... qui, étonnamment, va prendre le jeune homme sous son aile.
Pour celui qu'on surnomme dans un premier temps "crâne d’œuf", l'existence au sein du bidonville représente une renaissance. Il y recouvre ses forces, trouve du travail, réussissant à mettre de l'argent de côté... et se fait même des amis, le patron des voyous incarnant une figure paternelle de substitution. Tous ces aspects sont bien mis en scène, tout comme la description de la vie quotidienne des habitants de la citadelle, majoritairement commerçants et artisans (avec leurs employés, plus ou moins bien traités). Cela donne au film une épaisseur sociale inattendue.
Le passé finit par ressurgir et les bastons reprennent, encore plus sanglantes qu'au début. Certes, c'est remarquablement chorégraphié, filmé, monté... mais, au bout d'un moment, on tombe dans l'exagération, la vraisemblance ayant visiblement sombré dans les égouts de la cité. C'est un peu le retour de l'effet Chevaliers du Zodiaque, manga dans lequel, à de fréquentes reprises, les héros frôlaient la mort, se vidaient de leur sang, avant de finalement administrer une raclée au super-méchant qui semblait invincible auparavant.
Ceci dit, dans ce film-ci, les défauts sont nettement moins présents que dans Limbo. C'est plus rigoureux, plus riche aussi sur le plan scénaristique... et toujours splendide sur le plan visuel.
15:46 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 14 août 2024
Mon Ami le petit manchot
Comme il existe la World Music, au cinéma, on pourrait parler parfois de World Movies, ces "objets gentils" conçus pour plaire au plus grand nombre, en général tournés en anglais, autour d'une vedette, avec une histoire un peu cucul-la-praline. Telle était ma crainte en allant voir ce film, se déroulant entre les côtes du Brésil et celle du sud de l'Argentine... mais où tout le monde parle anglais/français (selon la version du film que l'on voit).
La première séquence m'a sorti de mes idées préconçues. Tout d'abord, j'ai cru que je m'étais trompé de film, tant ce qui était montré à l'écran ne cadrait pas avec l'histoire d'amitié trans-spéciste que je m'attendais à voir. L'action se déroule 20-25 ans avant le cœur de l'intrigue et elle a un impact sur la suite, que je ne peux révéler. J'ai trouvé assez gonflé de commencer par là. Le jeune public risque d'être un peu perturbé mais, dans la salle où j'ai vu le film, il a été accroché par cette entrée en matière peu conventionnelle.
On finit par tomber sur ce bon vieux pêcheur brésilien, Jean Reno, rescapé du Grand Bleu... et se portant au secours d'un manchot de Magellan victime d'un dégazage sauvage. Il ne le fait pas parce qu'il est membre d'une ONG environnementale, simplement par humanisme dirais-je... mais aussi parce que l'animal qu'il recueille est un substitut (la mise en scène finissant même par suggérer la possibilité d'une réincarnation... mouais).
La relation qui se noue entre le vieil homme désabusé et le jeune animal égaré est à la fois drôle et touchante... inspirée d'une histoire vraie. DinDim (comme le surnomme une gamine du coin) se met tout le monde dans la poche, pas uniquement le pêcheur... mais il finit par partir.
Le scénario s'étoffe avec la présence d'une équipe de scientifiques, en Argentine. A la stupéfaction de tout le monde, on découvre que le petit manchot est capable d'effectuer plusieurs milliers de kilomètres pour regagner alternativement les deux mêmes endroits : sa colonie d'origine (lors de l'été austral, c'est-à-dire à partir de décembre, dans l'hémisphère Sud) et le village de pêcheurs brésiliens, plutôt en automne-hiver.
Il y a donc un aspect documentaire dans ce feel good moovie. On a filmé de véritables manchots (une dizaine rien que pour incarner DinDim, d'après le générique de fin). Les animaux sont montrés en colonies, sur terre, mais aussi dans l'eau, ce qui est l'occasion de faire de très belles images.
Plusieurs dangers guettent le manchot : les prédateurs aquatiques, l'épuisement lors de ses longues migrations, les filets de la pêche industrielle... et l'intérêt qu'il suscite auprès des scientifiques, divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de lui : le laisser évoluer dans son environnement naturel... ou le déplacer pour pouvoir l'observer tout à loisir ?
C'est parfois vraiment émouvant. Il arrive qu'une poussière se glisse dans l’œil. A proximité de moi, une maman ayant accompagné ses deux filles a fini par se moucher. Mais je rassure tout le monde : on a ménagé une fin heureuse, à la fois à l'écran et dans le texte d'accompagnement final. Il est suivi de quelques images des véritables personnages.
19:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Mon Ami le petit manchot
Comme il existe la World Music, au cinéma, on pourrait parler parfois de World Movies, ces "objets gentils" conçus pour plaire au plus grand nombre, en général tournés en anglais, autour d'une vedette, avec une histoire un peu cucul-la-praline. Telle était ma crainte en allant voir ce film, se déroulant entre les côtes du Brésil et celle du sud de l'Argentine... mais où tout le monde parle anglais/français (selon la version du film que l'on voit).
La première séquence m'a sorti de mes idées préconçues. Tout d'abord, j'ai cru que je m'étais trompé de film, tant ce qui était montré à l'écran ne cadrait pas avec l'histoire d'amitié trans-spéciste que je m'attendais à voir. L'action se déroule 20-25 ans avant le cœur de l'intrigue et elle a un impact sur la suite, que je ne peux révéler. J'ai trouvé assez gonflé de commencer par là. Le jeune public risque d'être un peu perturbé mais, dans la salle où j'ai vu le film, il a été accroché par cette entrée en matière peu conventionnelle.
On finit par tomber sur ce bon vieux pêcheur brésilien, Jean Reno, rescapé du Grand Bleu... et se portant au secours d'un manchot de Magellan victime d'un dégazage sauvage. Il ne le fait pas parce qu'il est membre d'une ONG environnementale, simplement par humanisme dirais-je... mais aussi parce que l'animal qu'il recueille est un substitut (la mise en scène finissant même par suggérer la possibilité d'une réincarnation... mouais).
La relation qui se noue entre le vieil homme désabusé et le jeune animal égaré est à la fois drôle et touchante... inspirée d'une histoire vraie. DinDim (comme le surnomme une gamine du coin) se met tout le monde dans la poche, pas uniquement le pêcheur... mais il finit par partir.
Le scénario s'étoffe avec la présence d'une équipe de scientifiques, en Argentine. A la stupéfaction de tout le monde, on découvre que le petit manchot est capable d'effectuer plusieurs milliers de kilomètres pour regagner alternativement les deux mêmes endroits : sa colonie d'origine (lors de l'été austral, c'est-à-dire à partir de décembre, dans l'hémisphère Sud) et le village de pêcheurs brésiliens, plutôt en automne-hiver.
Il y a donc un aspect documentaire dans ce feel good moovie. On a filmé de véritables manchots (une dizaine rien que pour incarner DinDim, d'après le générique de fin). Les animaux sont montrés en colonies, sur terre, mais aussi dans l'eau, ce qui est l'occasion de faire de très belles images.
Plusieurs dangers guettent le manchot : les prédateurs aquatiques, l'épuisement lors de ses longues migrations, les filets de la pêche industrielle... et l'intérêt qu'il suscite auprès des scientifiques, divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de lui : le laisser évoluer dans son environnement naturel... ou le déplacer pour pouvoir l'observer tout à loisir ?
C'est parfois vraiment émouvant. Il arrive qu'une poussière se glisse dans l’œil. A proximité de moi, une maman ayant accompagné ses deux filles a fini par se moucher. Mais je rassure tout le monde : on a ménagé une fin heureuse, à la fois à l'écran et dans le texte d'accompagnement final. Il est suivi de quelques images des véritables personnages.
19:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 12 août 2024
Petit Panda en Afrique
Comptant peut-être profiter du succès du Kung Fu Panda de DreamWorks (dont le quatrième volet est sorti au printemps dernier), cette coproduction internationale nous transporte entre Chine et Afrique australe.
Le début de l'intrigue se déroule dans le "pays du milieu", dans un village de pandas pelucheux qui cohabitent avec... des dragons. Ceux-ci ne mettent pas le feu au village, mais contribuent à faire tomber la pluie. L'ambiance est donc un mélange de réalisme (les pandas représentant des "Chinois moyens") et de féérie, le tout sur fond de musique traditionnelle asiatique.
On suit davantage les enfants que les adultes (signe que le film s'adresse davantage aux premiers qu'aux seconds). Il est question d'amitié mais aussi d'acquisition de maturité... et de courage, le petit panda partant à la recherche de son amie dragonne, qui se fait enlever.
La séquence du trajet, sur le bateau d'un babouin commerçant, est plutôt réussie, aussi bien visuellement qu'au plan de l'humour.
Pendant ce temps-là, en Afrique, on découvre un royaume fonctionnant sur le principe d'une régence : le couple de souverains lions est mort, d'une manière pas totalement claire. L'héritier du trône, un lionceau immature et capricieux, gouverne sous la férule de son oncle, redouté par tous les habitants de la savane... y compris les hyènes, réfugiées dans la forêt voisine et en conflit avec le royaume des lions. L'idée d'enlever un petit dragon vient du régent, qui a des projets en tête...
C'est donc une histoire d'amitié, de courage et d'ambition, assez classique. On apprend aux jeunes qu'il faut aider un(e) ami(e) dans le besoin et qu'il ne faut pas se décourager devant les épreuves de la vie. Le scénario privilégie aussi la négociation à la violence pour résoudre les conflits.
De belles valeurs sont mises en avant, appuyées par une animation assez réussie, en particulier les pandas et les hyènes, celles-ci très mignonnes et, une fois n'est pas coutume, présentées de manière sympathique. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les productions Pixar ou DreamWorks. Un œil avisé pourra distinguer, ici ou là, quelques défauts dans les mouvements ou les décors, mais c'est globalement du bon boulot. Je regrette quand même la quasi-absence de double niveau de lecture. Si les enfants aiment le film (qui apprendra aux tout-petits à reconnaître certains animaux), les adultes risquent d'un peu s'ennuyer.
P.S.
Le fond de l'histoire n'est pas tout à fait innocent. C'est grâce à des animaux chinois (un panda et une dragonne) que les peuples africains en conflit (ici principalement les lions et les hyènes) vont apprendre à cohabiter pacifiquement. On pourrait être tenté d'y voir une justification de la présence chinoise en Afrique, de plus en plus importante ces dernières années.
12:19 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Petit Panda en Afrique
Comptant peut-être profiter du succès du Kung Fu Panda de DreamWorks (dont le quatrième volet est sorti au printemps dernier), cette coproduction internationale nous transporte entre Chine et Afrique australe.
Le début de l'intrigue se déroule dans le "pays du milieu", dans un village de pandas pelucheux qui cohabitent avec... des dragons. Ceux-ci ne mettent pas le feu au village, mais contribuent à faire tomber la pluie. L'ambiance est donc un mélange de réalisme (les pandas représentant des "Chinois moyens") et de féérie, le tout sur fond de musique traditionnelle asiatique.
On suit davantage les enfants que les adultes (signe que le film s'adresse davantage aux premiers qu'aux seconds). Il est question d'amitié mais aussi d'acquisition de maturité... et de courage, le petit panda partant à la recherche de son amie dragonne, qui se fait enlever.
La séquence du trajet, sur le bateau d'un babouin commerçant, est plutôt réussie, aussi bien visuellement qu'au plan de l'humour.
Pendant ce temps-là, en Afrique, on découvre un royaume fonctionnant sur le principe d'une régence : le couple de souverains lions est mort, d'une manière pas totalement claire. L'héritier du trône, un lionceau immature et capricieux, gouverne sous la férule de son oncle, redouté par tous les habitants de la savane... y compris les hyènes, réfugiées dans la forêt voisine et en conflit avec le royaume des lions. L'idée d'enlever un petit dragon vient du régent, qui a des projets en tête...
C'est donc une histoire d'amitié, de courage et d'ambition, assez classique. On apprend aux jeunes qu'il faut aider un(e) ami(e) dans le besoin et qu'il ne faut pas se décourager devant les épreuves de la vie. Le scénario privilégie aussi la négociation à la violence pour résoudre les conflits.
De belles valeurs sont mises en avant, appuyées par une animation assez réussie, en particulier les pandas et les hyènes, celles-ci très mignonnes et, une fois n'est pas coutume, présentées de manière sympathique. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les productions Pixar ou DreamWorks. Un œil avisé pourra distinguer, ici ou là, quelques défauts dans les mouvements ou les décors, mais c'est globalement du bon boulot. Je regrette quand même la quasi-absence de double niveau de lecture. Si les enfants aiment le film (qui apprendra aux tout-petits à reconnaître certains animaux), les adultes risquent d'un peu s'ennuyer.
P.S.
Le fond de l'histoire n'est pas tout à fait innocent. C'est grâce à des animaux chinois (un panda et une dragonne) que les peuples africains en conflit (ici principalement les lions et les hyènes) vont apprendre à cohabiter pacifiquement. On pourrait être tenté d'y voir une justification de la présence chinoise en Afrique, de plus en plus importante ces dernières années.
12:19 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 10 août 2024
Borderlands
Tourné en plein covid (comme en témoigne abondamment le générique de fin), ce film sort presque confidentiellement, en plein été. A priori, ce n'est pas bon signe... et pourtant, la distribution est alléchante, avec Kevin Hart (en super-soldat), Cate Blanchett (en chasseuse de primes bad ass... et très maquillée), Jaimie Lee Curtis (en scientifique un brin loufoque) et la jeune pousse Ariana Greenblatt (vue l'an dernier dans 65 - La Terre d'avant).
Des individus qu'au départ tout sépare vont constituer une improbable troupe, pas très disciplinée, assez gouailleuse : une gamine rebelle aux étranges pouvoirs, un soldat as de la gâchette, une chasseuse de primes dont l'apparente désinvolture masque des failles profondes, un grand balèze, supposé sadique... et un petit robot porté sur la plaisanterie.
Cette famille recomposée (ou cette bande de faux potes - au départ) n'est pas sans rappeler Les Gardiens de la galaxie (en moins bien toutefois). L'habillage du film quant à lui fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars, avec une touche de Mad Max.
J'ai eu l'impression qu'on avait cherché à copier ce qui avait marché dans plusieurs franchises populaires, pour en créer une nouvelle. Alors, oui, les effets spéciaux sont chouettes, mais, au niveau du scénario comme de la crédibilité des situations, la copie ne vaut pas les originaux.
Dans la première moitié du film, le mélange d'action et d'humour, mâtiné d'effets spéciaux, fonctionne. Dans la seconde moitié, cela se prend un peu trop au sérieux et vise -parfois- l'épique, sans forcément l'atteindre. Les acteurs (même Cate) prennent un peu trop la pose. Comme aux manettes il y a Eli Roth (auquel on doit, entre autres, Hostel et Death Wish), c'est plutôt du bon boulot, mais, là encore (comme dans d'autres œuvres commerciales sorties cet été), certains rebondissements surgissent de manière trop abrupte. Il aurait fallu davantage développer (ou moins couper) certains fils narratifs secondaires.
Au fait, c'est l'histoire d'une gamine qui serait la clé pour accéder à l'Arche, un endroit mythique qui abriterait les secrets d'une brillante civilisation disparue. L'entrée se trouverait sur la planète Pandora, dont est originaire la chasseuse de primes, chargée de retrouver la gamine pour le compte d'un méchant industriel. Sa rencontre avec les autres protagonistes va la faire évoluer... jusqu'à un point assez inattendu ma foi (pour qui ne connaît pas le jeu vidéo d'origine).
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Borderlands
Tourné en plein covid (comme en témoigne abondamment le générique de fin), ce film sort presque confidentiellement, en plein été. A priori, ce n'est pas bon signe... et pourtant, la distribution est alléchante, avec Kevin Hart (en super-soldat), Cate Blanchett (en chasseuse de primes bad ass... et très maquillée), Jaimie Lee Curtis (en scientifique un brin loufoque) et la jeune pousse Ariana Greenblatt (vue l'an dernier dans 65 - La Terre d'avant).
Des individus qu'au départ tout sépare vont constituer une improbable troupe, pas très disciplinée, assez gouailleuse : une gamine rebelle aux étranges pouvoirs, un soldat as de la gâchette, une chasseuse de primes dont l'apparente désinvolture masque des failles profondes, un grand balèze, supposé sadique... et un petit robot porté sur la plaisanterie.
Cette famille recomposée (ou cette bande de faux potes - au départ) n'est pas sans rappeler Les Gardiens de la galaxie (en moins bien toutefois). L'habillage du film quant à lui fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars, avec une touche de Mad Max.
J'ai eu l'impression qu'on avait cherché à copier ce qui avait marché dans plusieurs franchises populaires, pour en créer une nouvelle. Alors, oui, les effets spéciaux sont chouettes, mais, au niveau du scénario comme de la crédibilité des situations, la copie ne vaut pas les originaux.
Dans la première moitié du film, le mélange d'action et d'humour, mâtiné d'effets spéciaux, fonctionne. Dans la seconde moitié, cela se prend un peu trop au sérieux et vise -parfois- l'épique, sans forcément l'atteindre. Les acteurs (même Cate) prennent un peu trop la pose. Comme aux manettes il y a Eli Roth (auquel on doit, entre autres, Hostel et Death Wish), c'est plutôt du bon boulot, mais, là encore (comme dans d'autres œuvres commerciales sorties cet été), certains rebondissements surgissent de manière trop abrupte. Il aurait fallu davantage développer (ou moins couper) certains fils narratifs secondaires.
Au fait, c'est l'histoire d'une gamine qui serait la clé pour accéder à l'Arche, un endroit mythique qui abriterait les secrets d'une brillante civilisation disparue. L'entrée se trouverait sur la planète Pandora, dont est originaire la chasseuse de primes, chargée de retrouver la gamine pour le compte d'un méchant industriel. Sa rencontre avec les autres protagonistes va la faire évoluer... jusqu'à un point assez inattendu ma foi (pour qui ne connaît pas le jeu vidéo d'origine).
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 08 août 2024
Largo Winch (film et BD)
Sans doute inspiré par la récente sortie en salles de la troisième adaptation cinématographique (Le Prix de l'argent), le service de programmation de la chaîne TMC a eu la bonne idée de rediffuser le premier film issu de la célèbre bande dessinée, lundi dernier. (Il est encore visible en séance de rattrapage pendant quelques jours, sur la plateforme TF1+.)
Pour moi, ce fut une découverte, qui m'incita à lire aussi le diptyque d'origine, les deux premiers volumes de la série, intitulés L'Héritier et Le Groupe W.
On a parfois accusé Jérôme Salle (réalisateur) et Julien Rappeneau (co-scénariste) d'avoir trahi l’œuvre de Jean Van Hamme et Philippe Francq. En effet, le film s'émancipe quelque peu des deux tomes de la bande dessinée... mais ce n'est pas forcément un mal.
Les grands traits de l'intrigue n'ont pas été modifiés. Le PDG multi-milliardaire est, dans les deux cas, mort apparemment de manière non suspecte, avant qu'on ne découvre un assassinat masqué. Largo est bien son fils adoptif caché, originaire des Balkans. Il a reçu une éducation soignée, avant de se rebeller contre son pygmalion de père. Il finit par accepter son héritage et rencontre de fortes oppositions, qui vont jusqu'à des tentatives de meurtre. Un complot est à l’œuvre pour lui faire perdre les parts du groupe W qu'il possède. Enfin, s'il convient de se méfier de presque tout le monde, Largo va quand même pouvoir s'appuyer sur de rares personnes de confiance, pour déjouer le complot.
Les modifications interviennent à trois niveaux : l'époque des faits, les lieux de l'action et certains personnages.
Commençons par l'époque... ou plutôt LES époques. Si les deux tomes ont été publiés respectivement en 1990 et 1991, le film lui date de 2008. Entre la fin de la Guerre froide et la période de guerre civile irakienne, post 11 septembre, les contextes ne sont pas les mêmes.
Voilà qui explique sans doute le changement des lieux. En 1990, l'empire de Nerio Winch est centralisé à New York, cœur du capitalisme mondial triomphant. Dix-huit ans plus tard, l'émergence de l'Asie orientale (et, peut-être, le fait que le film soit une coproduction hongkongaise...) explique la localisation à Hong Kong.
L'autre grand changement géographique porte sur l'espace où évolue Largo avant d'apprendre le décès de son père. Dans la bande dessinée, il s'agit d'Istanbul, où se déroule d'ailleurs une grande partie de l'action du volume 1. Dans le film, on découvre Tomer Sisley au Brésil, où il fait la rencontre fortuite (croit-il) d'une charmante permanente d'ONG (incarnée par la délicieuse Mélanie Thierry).
Or, ce personnage-ci est absent de la bande dessinée, dans laquelle le héros se frotte principalement à des hommes. Il fait bien la rencontre de deux (ravissantes) jeunes femmes, à Istanbul, mais il s'agit de filles de diplomates (l'une britannique, l'autre états-unienne), qui elles sont absentes du film. Cela m'amène tout naturellement à la vision des femmes. De ce point de vue, la BD est clairement datée : à l'exception d'une assistante de direction âgée (mais qui a dû être très belle), elle ne met en scène que des "bombasses", dans des rôles subalternes (employées, secrétaires, rencontres d'un soir), même si la volontaire Charity sort un peu du lot. En revanche, Marilyn Apfelmond est une caricature de "poupée" : mince, blonde à forte poitrine, court-vêtue, un peu naïve, que l'un des personnages masculins fait boire avec la claire intention de la mettre dans son lit.
Au contraire, dans le film, plusieurs personnages de femme forte nous sont proposés : outre Naomi la traîtresse (qui n'est pas sans cœur), on croise notamment Ann Ferguson, le bras droit de Nerio, interprétée par Kristin Scott Thomas.
Le film est dynamisé par ses scènes d'action et des vues paysagères dans l'ensemble réussies. Mais, au niveau du scénario, clairement, la BD est plus forte. Du coup, je trouve que les deux se complètent bien.
22:01 Publié dans Cinéma, Livre, Loisirs, Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, télé, bd, bande dessinée, bande-dessinée
Largo Winch (film et BD)
Sans doute inspiré par la récente sortie en salles de la troisième adaptation cinématographique (Le Prix de l'argent), le service de programmation de la chaîne TMC a eu la bonne idée de rediffuser le premier film issu de la célèbre bande dessinée, lundi dernier. (Il est encore visible en séance de rattrapage pendant quelques jours, sur la plateforme TF1+.)
Pour moi, ce fut une découverte, qui m'incita à lire aussi le diptyque d'origine, les deux premiers volumes de la série, intitulés L'Héritier et Le Groupe W.
On a parfois accusé Jérôme Salle (réalisateur) et Julien Rappeneau (co-scénariste) d'avoir trahi l’œuvre de Jean Van Hamme et Philippe Francq. En effet, le film s'émancipe quelque peu des deux tomes de la bande dessinée... mais ce n'est pas forcément un mal.
Les grands traits de l'intrigue n'ont pas été modifiés. Le PDG multi-milliardaire est, dans les deux cas, mort apparemment de manière non suspecte, avant qu'on ne découvre un assassinat masqué. Largo est bien son fils adoptif caché, originaire des Balkans. Il a reçu une éducation soignée, avant de se rebeller contre son pygmalion de père. Il finit par accepter son héritage et rencontre de fortes oppositions, qui vont jusqu'à des tentatives de meurtre. Un complot est à l’œuvre pour lui faire perdre les parts du groupe W qu'il possède. Enfin, s'il convient de se méfier de presque tout le monde, Largo va quand même pouvoir s'appuyer sur de rares personnes de confiance, pour déjouer le complot.
Les modifications interviennent à trois niveaux : l'époque des faits, les lieux de l'action et certains personnages.
Commençons par l'époque... ou plutôt LES époques. Si les deux tomes ont été publiés respectivement en 1990 et 1991, le film lui date de 2008. Entre la fin de la Guerre froide et la période de guerre civile irakienne, post 11 septembre, les contextes ne sont pas les mêmes.
Voilà qui explique sans doute le changement des lieux. En 1990, l'empire de Nerio Winch est centralisé à New York, cœur du capitalisme mondial triomphant. Dix-huit ans plus tard, l'émergence de l'Asie orientale (et, peut-être, le fait que le film soit une coproduction hongkongaise...) explique la localisation à Hong Kong.
L'autre grand changement géographique porte sur l'espace où évolue Largo avant d'apprendre le décès de son père. Dans la bande dessinée, il s'agit d'Istanbul, où se déroule d'ailleurs une grande partie de l'action du volume 1. Dans le film, on découvre Tomer Sisley au Brésil, où il fait la rencontre fortuite (croit-il) d'une charmante permanente d'ONG (incarnée par la délicieuse Mélanie Thierry).
Or, ce personnage-ci est absent de la bande dessinée, dans laquelle le héros se frotte principalement à des hommes. Il fait bien la rencontre de deux (ravissantes) jeunes femmes, à Istanbul, mais il s'agit de filles de diplomates (l'une britannique, l'autre états-unienne), qui elles sont absentes du film. Cela m'amène tout naturellement à la vision des femmes. De ce point de vue, la BD est clairement datée : à l'exception d'une assistante de direction âgée (mais qui a dû être très belle), elle ne met en scène que des "bombasses", dans des rôles subalternes (employées, secrétaires, rencontres d'un soir), même si la volontaire Charity sort un peu du lot. En revanche, Marilyn Apfelmond est une caricature de "poupée" : mince, blonde à forte poitrine, court-vêtue, un peu naïve, que l'un des personnages masculins fait boire avec la claire intention de la mettre dans son lit.
Au contraire, dans le film, plusieurs personnages de femme forte nous sont proposés : outre Naomi la traîtresse (qui n'est pas sans cœur), on croise notamment Ann Ferguson, le bras droit de Nerio, interprétée par Kristin Scott Thomas.
Le film est dynamisé par ses scènes d'action et des vues paysagères dans l'ensemble réussies. Mais, au niveau du scénario, clairement, la BD est plus forte. Du coup, je trouve que les deux se complètent bien.
22:01 Publié dans Cinéma, Livre, Loisirs, Télévision | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, télé, bd, bande dessinée, bande-dessinée
mercredi, 07 août 2024
Trap
Au cours d'un gigantesque concert (réunissant une quinzaine de milliers de spectateurs, majoritairement adolescents, parfois venus avec leurs parents), un impressionnant dispositif policier est mis en place. Même le FBI est présent, pour tenter de tuer/capturer "le boucher" un machiavélique tueur en série.
Il y a vingt ans, M. Night Shyamalan (dont les derniers films, Old et Knock at the cabin, n'ont guère suscité d'enthousiasme) nous aurait servi un huis clos étouffant, nous offrant une multitude de suspects, plus crédibles les uns que les autres, avec retournement complet de situation à la fin.
Tel n'est pas le cas ici (ce qui a peut-être déçu certains fans). Shyamy n'a pas eu envie de reproduire un schéma déjà utilisé, même si la première heure de ce thriller prend effectivement l'apparence d'un huis clos, dans un gigantesque complexe dont nous découvrons les arrière-cours... en suivant le tueur recherché, sur l'identité duquel ne plane aucun mystère.
Ce Cooper a les traits d'une "gueule d'ange", Josh Harnett, ex-tombeur de ces dames, dont, à l'occasion, on peut revoir le torse et l'abdomen... plutôt bien entretenus ma foi, même si l'on sent qu'au niveau des "poignées d'amour", le temps a fait son effet...
Pour certains, ce choix dans la narration et la mise en scène ne manquera pas d'être gênant. Le héros est une ordure, mais une ordure qui aime sa famille, en particulier sa fille Riley, pour laquelle ce papounet pompier a cassé sa tirelire : il s'est procuré deux places pour le concert de Lady Raven, une vedette de la pop qui semble être un mélange de Lady Gaga, Beyonce et Jennifer Lopez. Elle est interprétée (texte et chansons) par une certaine Saleka Night Shyamalan... eh, oui, l'aînée des trois filles du réalisateur, qui semble profiter de ce film pour tenter de donner un élan supplémentaire à la carrière de chanteuse et/ou d'actrice de sa progéniture. (La cadette est déjà réalisatrice.)
La première heure est une sorte d'attrape-moi-si-tu-peux. La profileuse du FBI semble avoir bien cerné la psychologie du tueur, mais elle n'en connaît pas l'apparence physique. C'est donc aux trois cents policiers, aidés de la reconnaissance faciale, de débusquer les pères trentenaires ou quadragénaires correspondant au profil. De son côté, Cooper (Coupeur ?... jeu de mots hélas sans aucun sens pour des oreilles anglo-saxonnes), une fois qu'il a compris qu'il était tombé dans un traquenard, doit développer des trésors d'ingéniosité pour échapper à une arrestation promise. C'est assez bien foutu, le suspens se mâtinant d'humour : Shyamalan pointe (gentiment) certains des travers du monde du spectacle et met en scène un tueur très organisé, tout en étant capable d'improviser. Le prédateur est devenu la proie, mais il n'est pas facile à attraper.
Si cela s'était limité à cette trame, venant de Shyamalan, le film aurait été un peu décevant. Mais, au bout d'une heure, dans des circonstances que je m'interdis de révéler, le cinéaste nous fait sortir du site du concert, avec des rebondissements à la clé. Il faut aussi s'attendre à ce que l'intrigue prenne un nouveau chemin dans la troisième partie, qui contient une révélation capitale.
Même si la fin n'est pas des plus originales, je trouve que Shyamalan a plutôt réussi son coup. Dans la salle pleine de djeunses à pop corn où je me trouvais, le public a été captivé.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Trap
Au cours d'un gigantesque concert (réunissant une quinzaine de milliers de spectateurs, majoritairement adolescents, parfois venus avec leurs parents), un impressionnant dispositif policier est mis en place. Même le FBI est présent, pour tenter de tuer/capturer "le boucher" un machiavélique tueur en série.
Il y a vingt ans, M. Night Shyamalan (dont les derniers films, Old et Knock at the cabin, n'ont guère suscité d'enthousiasme) nous aurait servi un huis clos étouffant, nous offrant une multitude de suspects, plus crédibles les uns que les autres, avec retournement complet de situation à la fin.
Tel n'est pas le cas ici (ce qui a peut-être déçu certains fans). Shyamy n'a pas eu envie de reproduire un schéma déjà utilisé, même si la première heure de ce thriller prend effectivement l'apparence d'un huis clos, dans un gigantesque complexe dont nous découvrons les arrière-cours... en suivant le tueur recherché, sur l'identité duquel ne plane aucun mystère.
Ce Cooper a les traits d'une "gueule d'ange", Josh Harnett, ex-tombeur de ces dames, dont, à l'occasion, on peut revoir le torse et l'abdomen... plutôt bien entretenus ma foi, même si l'on sent qu'au niveau des "poignées d'amour", le temps a fait son effet...
Pour certains, ce choix dans la narration et la mise en scène ne manquera pas d'être gênant. Le héros est une ordure, mais une ordure qui aime sa famille, en particulier sa fille Riley, pour laquelle ce papounet pompier a cassé sa tirelire : il s'est procuré deux places pour le concert de Lady Raven, une vedette de la pop qui semble être un mélange de Lady Gaga, Beyonce et Jennifer Lopez. Elle est interprétée (texte et chansons) par une certaine Saleka Night Shyamalan... eh, oui, l'aînée des trois filles du réalisateur, qui semble profiter de ce film pour tenter de donner un élan supplémentaire à la carrière de chanteuse et/ou d'actrice de sa progéniture. (La cadette est déjà réalisatrice.)
La première heure est une sorte d'attrape-moi-si-tu-peux. La profileuse du FBI semble avoir bien cerné la psychologie du tueur, mais elle n'en connaît pas l'apparence physique. C'est donc aux trois cents policiers, aidés de la reconnaissance faciale, de débusquer les pères trentenaires ou quadragénaires correspondant au profil. De son côté, Cooper (Coupeur ?... jeu de mots hélas sans aucun sens pour des oreilles anglo-saxonnes), une fois qu'il a compris qu'il était tombé dans un traquenard, doit développer des trésors d'ingéniosité pour échapper à une arrestation promise. C'est assez bien foutu, le suspens se mâtinant d'humour : Shyamalan pointe (gentiment) certains des travers du monde du spectacle et met en scène un tueur très organisé, tout en étant capable d'improviser. Le prédateur est devenu la proie, mais il n'est pas facile à attraper.
Si cela s'était limité à cette trame, venant de Shyamalan, le film aurait été un peu décevant. Mais, au bout d'une heure, dans des circonstances que je m'interdis de révéler, le cinéaste nous fait sortir du site du concert, avec des rebondissements à la clé. Il faut aussi s'attendre à ce que l'intrigue prenne un nouveau chemin dans la troisième partie, qui contient une révélation capitale.
Même si la fin n'est pas des plus originales, je trouve que Shyamalan a plutôt réussi son coup. Dans la salle pleine de djeunses à pop corn où je me trouvais, le public a été captivé.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 03 août 2024
Les Fantômes
Ces fantômes sont parfois des morts, parfois des vivants. Les morts sont les victimes de la dictature de Bachar el-Assad, comme l'épouse et la fille unique du héros, dont il ne parvient pas à faire le deuil. Les vivants sont les rescapés des geôles syriennes... et certains de leurs anciens bourreaux, qui ont fui en Occident et tentent, sous une nouvelle identité, de s'y faire oublier.
Ce film prend la forme d'un polar, puisque le héros a rejoint un groupe clandestin, parmi les réfugiés en Europe (principalement en Allemagne), qui traque les anciens (?) serviteurs du dictateur sanguinaire, pour les faire juger. Dans le même temps, les rencontres faites par Hamid nous mettent en contact avec différentes catégories de victimes. Comme presque tout le monde se méfie de (presque) tout le monde (à cause des agents infiltrés), il est difficile de savoir si tel ou tel interlocuteur est sincère. S'ajoutent à cela les effets secondaires de la détention d'Hamid. Il peine à surmonter les séquelles des tortures qu'il a subies, cumulées au traumatisme de la perte de son épouse et de sa fille. Par moments il se demande (et nous aussi) s'il n'a pas perdu sa lucidité.
C'est plutôt bien joué, avec Adam Bessa en réfugié justicier mutique, pas encore prêt à nouer une nouvelle relation. J'ai surtout remarqué Tawfeek Barhom, vu il y a deux ans dans La Conspiration du Caire... et surtout remarqué naguère en chanteur de Gaza ! Il réussit parfaitement à semer le trouble concernant son personnage, un étudiant en chimie qui ne veut surtout pas retourner en Syrie... mais pour quelle raison exactement ? La scène la plus marquante est celle du déjeuner, qui le voit partager une table avec Hamid, censé le traquer discrètement. Le dialogue entre les deux hommes, en arabe et en français (la scène se déroule à Strasbourg), est plein d'ambiguïtés.
Il y a d'autres réussites dans ce film, comme la mise en scène de l'utilisation de l'espace dialogue d'un jeu vidéo en ligne pour communiquer secrètement à distance. J'ai aussi aimé la sorte d'enquête auditive menée par Hamid, qui commence par essayer de capter la voix actuelle du suspect (il n'a jamais vu le visage de son tortionnaire), puis récupère des enregistrements de témoignages d'autres rescapés de la même prison. Le moindre détail peut être important. Ce n'est pas tout à fait du niveau du Chant du loup, mais c'est quand même bien foutu.
Le film, inspiré nous dit-on d'une histoire vraie (je dirais plutôt de plusieurs histoires vraies, dont celle d'Omar Alshogre et celle du tortionnaire Abdulhamid C.) est minutieusement construit, avec un évident souci du détail, essayant peut-être de pallier le manque de moyens. Les personnages secondaires sont assez bien construits.
Je n'aurais peut-être qu'une réserve à émettre : quelques longueurs, le film se traînant un peu inutilement par moments (durée officielle : 1h40... au moins 2h en ressenti). Mais il est bien construit, autour d'une histoire forte.
P.S.
La traque des criminels syriens se poursuit. Récemment, c'est aux États-Unis qu'elle a abouti.
20:18 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Fantômes
Ces fantômes sont parfois des morts, parfois des vivants. Les morts sont les victimes de la dictature de Bachar el-Assad, comme l'épouse et la fille unique du héros, dont il ne parvient pas à faire le deuil. Les vivants sont les rescapés des geôles syriennes... et certains de leurs anciens bourreaux, qui ont fui en Occident et tentent, sous une nouvelle identité, de s'y faire oublier.
Ce film prend la forme d'un polar, puisque le héros a rejoint un groupe clandestin, parmi les réfugiés en Europe (principalement en Allemagne), qui traque les anciens (?) serviteurs du dictateur sanguinaire, pour les faire juger. Dans le même temps, les rencontres faites par Hamid nous mettent en contact avec différentes catégories de victimes. Comme presque tout le monde se méfie de (presque) tout le monde (à cause des agents infiltrés), il est difficile de savoir si tel ou tel interlocuteur est sincère. S'ajoutent à cela les effets secondaires de la détention d'Hamid. Il peine à surmonter les séquelles des tortures qu'il a subies, cumulées au traumatisme de la perte de son épouse et de sa fille. Par moments il se demande (et nous aussi) s'il n'a pas perdu sa lucidité.
C'est plutôt bien joué, avec Adam Bessa en réfugié justicier mutique, pas encore prêt à nouer une nouvelle relation. J'ai surtout remarqué Tawfeek Barhom, vu il y a deux ans dans La Conspiration du Caire... et surtout remarqué naguère en chanteur de Gaza ! Il réussit parfaitement à semer le trouble concernant son personnage, un étudiant en chimie qui ne veut surtout pas retourner en Syrie... mais pour quelle raison exactement ? La scène la plus marquante est celle du déjeuner, qui le voit partager une table avec Hamid, censé le traquer discrètement. Le dialogue entre les deux hommes, en arabe et en français (la scène se déroule à Strasbourg), est plein d'ambiguïtés.
Il y a d'autres réussites dans ce film, comme la mise en scène de l'utilisation de l'espace dialogue d'un jeu vidéo en ligne pour communiquer secrètement à distance. J'ai aussi aimé la sorte d'enquête auditive menée par Hamid, qui commence par essayer de capter la voix actuelle du suspect (il n'a jamais vu le visage de son tortionnaire), puis récupère des enregistrements de témoignages d'autres rescapés de la même prison. Le moindre détail peut être important. Ce n'est pas tout à fait du niveau du Chant du loup, mais c'est quand même bien foutu.
Le film, inspiré nous dit-on d'une histoire vraie (je dirais plutôt de plusieurs histoires vraies, dont celle d'Omar Alshogre et celle du tortionnaire Abdulhamid C.) est minutieusement construit, avec un évident souci du détail, essayant peut-être de pallier le manque de moyens. Les personnages secondaires sont assez bien construits.
Je n'aurais peut-être qu'une réserve à émettre : quelques longueurs, le film se traînant un peu inutilement par moments (durée officielle : 1h40... au moins 2h en ressenti). Mais il est bien construit, autour d'une histoire forte.
P.S.
La traque des criminels syriens se poursuit. Récemment, c'est aux États-Unis qu'elle a abouti.
20:18 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 02 août 2024
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
L'été est l'occasion de ressortir en salle de "bons vieux films", soit parce qu'ils ont été restaurés, soit à l'occasion d'un anniversaire... ou, pour le cas qui nous intéresse, en raison de la tenue des Jeux Olympiques d'été à Paris. Le film véhicule une certaine image du quartier de Montmartre, déjà un peu datée à l'époque de sa sortie (2001... comme le temps passe).
Dès le début, on est pris par la voix de conteur d'André Dussolier, par les effets comiques, par la beauté de certains plans et la nostalgie douce qui émane de l'ensemble.
Revoir ce film est l'occasion de vérifier que la distribution était impressionnante. Aux côtés d'Audrey Tautou et de Mathieu Kassovitz évoluaient Isabelle Nanty, Armelle, Claude Perron, Yolande Moreau, mais aussi Rufus, Jamel Debbouze, Dominique Pinon, Urbain Cancelier, Maurice Benichou... et tant d'autres encore.
J'adore cette histoire parce qu'elle met en scène, au départ, deux perdants du monde contemporain : un jeune employé de sex shop passionné par les photomatons, se déplaçant à mobylette (sans casque !) et une jeune serveuse, orpheline de mère, amoureuse des petits plaisirs quotidiens... et à l'âme justicière.
Le film est truffé d'inventions, au plan scénaristique comme au plan visuel. On savoure les stratagèmes élaborés par Amélie pour venir en aide à ses contemporains et l'on est impressionné, plus de vingt ans après, par la qualité des effets numériques, par exemple quand Amélie se liquéfie (au propre comme au figuré) dans le restaurant où elle travaille, ou quand le mobilier de sa chambre s'anime, une fois qu'elle est endormie, ou encore quand quatre versions de Ticky Holgado (hélas prématurément décédé) rabrouent Nino Quincampoix.
J'aime aussi la progression laborieuse de cette histoire d'amour, follement romantique, qui débouche sur un moment d'une beauté absolue, sans musique ni dialogue, sur le seuil d'un appartement parisien.
Cette opportune ressortie offre bien plus de bonheur que la plupart des nouveautés qui débarquent dans nos salles obscures.
P.S.
A (re)voir aussi : Paddington. Mon impression de 2014 était bonne... et j'ai de nouveau passé un très bon moment.
19:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
L'été est l'occasion de ressortir en salle de "bons vieux films", soit parce qu'ils ont été restaurés, soit à l'occasion d'un anniversaire... ou, pour le cas qui nous intéresse, en raison de la tenue des Jeux Olympiques d'été à Paris. Le film véhicule une certaine image du quartier de Montmartre, déjà un peu datée à l'époque de sa sortie (2001... comme le temps passe).
Dès le début, on est pris par la voix de conteur d'André Dussolier, par les effets comiques, par la beauté de certains plans et la nostalgie douce qui émane de l'ensemble.
Revoir ce film est l'occasion de vérifier que la distribution était impressionnante. Aux côtés d'Audrey Tautou et de Mathieu Kassovitz évoluaient Isabelle Nanty, Armelle, Claude Perron, Yolande Moreau, mais aussi Rufus, Jamel Debbouze, Dominique Pinon, Urbain Cancelier, Maurice Benichou... et tant d'autres encore.
J'adore cette histoire parce qu'elle met en scène, au départ, deux perdants du monde contemporain : un jeune employé de sex shop passionné par les photomatons, se déplaçant à mobylette (sans casque !) et une jeune serveuse, orpheline de mère, amoureuse des petits plaisirs quotidiens... et à l'âme justicière.
Le film est truffé d'inventions, au plan scénaristique comme au plan visuel. On savoure les stratagèmes élaborés par Amélie pour venir en aide à ses contemporains et l'on est impressionné, plus de vingt ans après, par la qualité des effets numériques, par exemple quand Amélie se liquéfie (au propre comme au figuré) dans le restaurant où elle travaille, ou quand le mobilier de sa chambre s'anime, une fois qu'elle est endormie, ou encore quand quatre versions de Ticky Holgado (hélas prématurément décédé) rabrouent Nino Quincampoix.
J'aime aussi la progression laborieuse de cette histoire d'amour, follement romantique, qui débouche sur un moment d'une beauté absolue, sans musique ni dialogue, sur le seuil d'un appartement parisien.
Cette opportune ressortie offre bien plus de bonheur que la plupart des nouveautés qui débarquent dans nos salles obscures.
P.S.
A (re)voir aussi : Paddington. Mon impression de 2014 était bonne... et j'ai de nouveau passé un très bon moment.
19:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 31 juillet 2024
Largo Winch - Le prix de l'argent
Je ne suis pas un lecteur de la bande dessinée d'origine (scénarisée par Jean Van Hamme), ni un spectateur des précédentes adaptations cinématographiques. Mais j'apprécie le comédien Tomer Sisley (vu notamment dans les séries Balthazar et Vortex)... ainsi que les moments passés en zone climatisée, par temps caniculaire. (Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les récents succès télévisuels de l'acteur-vedette qui ont incité les producteurs à retenter l'aventure du long-métrage.)
Première surprise : cette coproduction, internationale dans son financement, son tournage et sa distribution, est projetée en version multilingue, le français se mêlant à l'anglais, au thaï et au birman.
J'ai trouvé la majorité des acteurs plutôt bons, avec une mention spéciale pour James Franco, qui semble avoir éprouvé un plaisir évident à incarner le super-méchant de l'histoire. Sisley fait le job, plus musculeux que jamais, tandis que Clotilde Hesme apporte un peu de subtilité, avec un personnage plus riche qu'il n'y paraît. La bonne surprise vient d'Elise Tilloloy, dont j'aurais pu jurer qu'elle était québécoise de naissance... eh bien non ! Elle a réussi à me le faire croire et, rien que pour cela, je lui tire mon chapeau. De surcroît, son personnage est assez drôle, bien qu'un peu cliché.
C'est d'ailleurs le principal défaut de ce film, qui accumule pas mal de poncifs, tant au niveau des relations entre les personnages que dans la contextualisation de fond. Ainsi, il est évident que l'assistante de Largo en pince (secrètement ?) pour son patron (comme Pepper Potts pour Tony Stark dans Iron Man). Il est tout aussi évident qu'entre l'influenceuse altermondialiste casse-couilles (pléonasme ?) et le capitaliste en cavale, l'hostilité du début va se muer en association, puis en amitié.
Je pourrais aussi m'amuser à établir la liste des invraisemblances qui émaillent l'intrigue, comme cette voiture accidentée tombée dans une rivière, qu'on ne retrouve pas (ce qui, par la suite, ne semble poser de problème à personne) ou encore le fait que Largo, après avoir assommé l'un des méchants gardiens d'une mine (c'est son côté chevaleresque), n'en subisse aucune conséquence, un trio d'infiltrés (peu discrets) se permettant même de filmer l'activité de la mine sans se faire repérer.
Ma (coupable ?) indulgence vient peut-être du fait que l'action est resserrée (à tel point que certains rebondissements surviennent parfois de manière trop abrupte), ou parce que les scènes de baston et de poursuite sont bien filmées, la musique (un peu tonitruante) accompagnant pertinemment cette meringue survitaminée.
Au vu de ce qu'on nous a proposé depuis dix-quinze ans en matière de films d'espionnage ou d'action, c'est une œuvre de gamme moyenne, pas nulle mais pas enthousiasmante non plus.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Largo Winch - Le prix de l'argent
Je ne suis pas un lecteur de la bande dessinée d'origine (scénarisée par Jean Van Hamme), ni un spectateur des précédentes adaptations cinématographiques. Mais j'apprécie le comédien Tomer Sisley (vu notamment dans les séries Balthazar et Vortex)... ainsi que les moments passés en zone climatisée, par temps caniculaire. (Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les récents succès télévisuels de l'acteur-vedette qui ont incité les producteurs à retenter l'aventure du long-métrage.)
Première surprise : cette coproduction, internationale dans son financement, son tournage et sa distribution, est projetée en version multilingue, le français se mêlant à l'anglais, au thaï et au birman.
J'ai trouvé la majorité des acteurs plutôt bons, avec une mention spéciale pour James Franco, qui semble avoir éprouvé un plaisir évident à incarner le super-méchant de l'histoire. Sisley fait le job, plus musculeux que jamais, tandis que Clotilde Hesme apporte un peu de subtilité, avec un personnage plus riche qu'il n'y paraît. La bonne surprise vient d'Elise Tilloloy, dont j'aurais pu jurer qu'elle était québécoise de naissance... eh bien non ! Elle a réussi à me le faire croire et, rien que pour cela, je lui tire mon chapeau. De surcroît, son personnage est assez drôle, bien qu'un peu cliché.
C'est d'ailleurs le principal défaut de ce film, qui accumule pas mal de poncifs, tant au niveau des relations entre les personnages que dans la contextualisation de fond. Ainsi, il est évident que l'assistante de Largo en pince (secrètement ?) pour son patron (comme Pepper Potts pour Tony Stark dans Iron Man). Il est tout aussi évident qu'entre l'influenceuse altermondialiste casse-couilles (pléonasme ?) et le capitaliste en cavale, l'hostilité du début va se muer en association, puis en amitié.
Je pourrais aussi m'amuser à établir la liste des invraisemblances qui émaillent l'intrigue, comme cette voiture accidentée tombée dans une rivière, qu'on ne retrouve pas (ce qui, par la suite, ne semble poser de problème à personne) ou encore le fait que Largo, après avoir assommé l'un des méchants gardiens d'une mine (c'est son côté chevaleresque), n'en subisse aucune conséquence, un trio d'infiltrés (peu discrets) se permettant même de filmer l'activité de la mine sans se faire repérer.
Ma (coupable ?) indulgence vient peut-être du fait que l'action est resserrée (à tel point que certains rebondissements surviennent parfois de manière trop abrupte), ou parce que les scènes de baston et de poursuite sont bien filmées, la musique (un peu tonitruante) accompagnant pertinemment cette meringue survitaminée.
Au vu de ce qu'on nous a proposé depuis dix-quinze ans en matière de films d'espionnage ou d'action, c'est une œuvre de gamme moyenne, pas nulle mais pas enthousiasmante non plus.
22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 27 juillet 2024
Le Comte de Monte-Cristo
Un mois après sa sortie, le film fait encore (presque) salle comble à Rodez. C'est, avec Un P'tit Truc en plus, Vice Versa 2 et Moi, moche et méchant 4, l'un des gros succès de ces dernières semaines.
Les trois heures passent comme un rêve. C'est prenant du début à la fin, pour différentes raisons. Il y a bien sûr l'histoire d'amour contrariée entre Edmond et Mercédès. Pierre Niney est parfait en jeune homme amoureux, un poil moins convaincant en ex-taulard revanchard, même s'il tient son rôle. Anaïs Demoustier a dû bénéficier d'un maquillage exceptionnel (ou de trucages numériques de pointe) pour paraître aussi jeune dans la première partie. Dans la seconde, elle n'est pas toujours à son aise, en particulier dans la grande scène des retrouvailles (vers la fin), dont j'ai du mal à déterminer si elle a été mal écrite ou mal jouée.
Il faut signaler la pléiade de seconds rôles, qui volent parfois la vedette aux protagonistes : Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille (stupéfiant en Danglars), Adèle Simphal et Anamaria Vartolomei, dont on comprend sans peine qu'elle puisse subjuguer le fils de Mercédès. (Notons que la comédienne aurait plutôt le physique du rôle de Mercédès jeune, celle-ci étant, dans le roman, d'origine catalane, brune au teint mat.)
Cela m'amène aux complots, d'abord celui ourdi par le trio d'enfoirés, puis celui, bien plus élaboré, préparé minutieusement par cet inconnu maltais, le richissime comte de Monte-Cristo. C'est feuilletonnesque à souhait.
Le roman de Dumas est suffisamment foisonnant pour enrichir le scénario. Il a plutôt fallu procéder à des coupes, nous privant ainsi des aventures de Dantès évadé en compagnie d'une bande de contrebandiers. Delaporte et De La Patelière ont aussi apporté des modifications à la trame d'origine. Par exemple, chez Dumas, ce n'est pas à cause du comportement de sa sœur que le substitut du procureur s'engage dans le complot, mais parce que son père est un bonapartiste non repenti. Dans le roman, il n'y a pas de sauvetage de demoiselle en détresse en mer... mais je reconnais que, dans le film, la scène a de la gueule.
Ces modifications ne m'ont pas gêné. Si l'on veut adapter en détail le roman d'origine, c'est le format d'une série qu'il faudrait choisir. Ici, le pari est tenu, celui de nous conter la perte d'un amour naissant, la chute dans un cachot (excellentes scènes de prison), l'évasion, la découverte du trésor et la machiavélique vengeance, qui ne va pas se dérouler comme prévu. C'est du grand et beau cinéma populaire, porté par une superbe photographie.
Des films français comme ça, j'en redemande.
23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films