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samedi, 30 novembre 2013

Sondage bidon

   A l'image d'autres quotidiens, Midi Libre consulte la population, sur la Toile et dans la rue. Cela donne, en fin de journal, une rubrique, "la question", illustrée par le résultat des votes d'internautes et l'opinion de quatre anonymes, que l'on a (en général) pris soin de choisir dans quatre départements différents de la zone de diffusion du quotidien montpelliérain.

   Ce samedi, la question était : "Chômage : croyez-vous à une baisse durable ?" Voici les réponses publiées :

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   Seuls les Aveyronnais auront tiqué en reconnaissant, à droite, une lectrice bien particulière : Monique Bultel-Herment, première adjointe (P.S.) au maire de Rodez. Très optimiste (pourquoi pas, après tout), elle est la seule du panel à répondre oui à la question.

   Alors ? La rédaction montpelliéraine s'est-elle fait piéger ou bien, faute de trouver un-e optimiste convaincant-e parmi les internautes lambda, s'est-on rabattu sur l'élue locale ? Je ne suis pas loin de penser que les journalistes puisent dans leur stock de connaissances pour élaborer le "casting" du micro-trottoir. Ainsi, dans le numéro du 31 octobre dernier, il était demandé : "Faut-il payer pour libérer nos otages ?" Voici les réponses :

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   Philippe Andréani n'est pas un inconnu dans le Sud Aveyron. Après avoir fait les beaux jours du club de rugby de Millau, il achève sa carrière à Saint-Affrique, comme le rappelle un article du même Midi Libre du 13 janvier dernier.

   Rebelote dans le numéro du 14 novembre 2013. La question posée était : "La gentillesse est-elle une qualité actuelle ?" Voici les réponses :

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   C'est de nouveau l'Aveyronnais de service qui m'a interpellé. Gilles Bargoin est un sacré bonhomme. Handicapé moteur sévère, il s'efforce quand même de prendre goût à la vie. C'est en juin dernier que Midi Libre a publié un entretien avec celui qui envisage de participer à un raid.

   Etonnant, non ?

Cuisine interne du cinéma

   Dans le numéro du 27 novembre dernier de l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain, on peut lire avec profit un entretien accordé par André Oskola à la journaliste Valérie Schmitt.

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   L'article commence par une présentation de celui qui s'est fait connaître comme le gérant éclairé du cinéma de Millau "Les Lumières de la ville", dont le départ, en 2011, s'est fait dans des circonstances qui ont suscité la polémique. L'article se garde bien de revenir sur cette affaire.

   Il n'en est pas moins fort intéressant, car il rappelle qu'André Oskola est depuis fort longtemps un militant du cinéma pour tous, qu'il a contribué à relancer certaines salles (dont celle de Capdenac-Gare, aujourd'hui sous la direction de Figeac Communauté). Il a aussi joué un rôle moteur dans l'opération "Collège au cinéma"... dont le Conseil général de l'Aveyron s'est retiré cette année. (Là encore, le sujet polémique est passé sous silence.) Notons que, sous son influence, notre département était auparavant à la pointe de ce dispositif : ces dernières années, il appartenait au groupe dont plus de 50 % des collégiens bénéficiaient de l'opération "Collège au cinéma" (et même 69 % en 2009-2010, record national, juste devant la Creuse et la Corrèze !). Aujourd'hui, il anime bénévolement le ciné-club de Saint-Affrique.

   Mais l'article mérite aussi le détour pour ce que dit André Oskola de l'exploitation des films en France. Il y est question du numérique, de la gestion du son dans les salles, des relations avec les distributeurs ainsi que des films art et essai.

16:08 Publié dans Cinéma, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

Room 514

   Ce film israélien (qui date de 2011) est un quasi - huis clos : l'action se déroule principalement dans la salle 514 (d'où le titre, hein), quelques scènes ayant lieu dans un bus.

   Cette pièce est une salle d'interrogatoire, où officie une jeune femme (Anna) qui achève son (long) service national. Elle ambitionne une carrière juridique. Voilà sans doute pourquoi on a eu l'idée de l'affecter à la police militaire, qui enquête notamment sur les manquements à l'honneur des soldats israéliens.

   Au départ, j'ai été un peu dérouté par ce personnage féminin. Je m'attendais à quelqu'un de plus hiératique, hanté par une mission sacrée. Il y a un peu de cela, mais la jeune femme déborde de sensualité (ce qui l'aide dans sa tâche, reconnaissons-le). L'actrice (Asia Naifeld) est une sorte de Mathilde Seigner israélienne qui aurait décidé de faire carrière dans l'art et essai.

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   Elle vit avec sa mère, séparée de son père, dont on devine qu'il a une très bonne situation. Notons qu'il s'agit d'une famille d'origine russe, une communauté qui a eu du mal à trouver sa place en Israël.

   Il se passe de drôles de choses dans cette salle 514. C'est d'abord le lieu des interrogatoires, filmés de près, sous une multitude d'angles. C'est très efficace. J'ai aussi apprécié l'utilisation du hors-champ : à plusieurs reprises, on ne sait pas tout de suite à qui l'héroïne s'adresse. De plus, lors des entretiens, il arrive fréquemment que l'un des interlocuteurs n'apparaisse que très partiellement à l'écran. Là encore, c'est habile.

   La salle est aussi le théâtre des ébats d'Anna et de son supérieur hiérarchique, un beau gosse très conventionnel, qui est sur le point d'épouser une fille de la bonne société. Cela nous vaut une jolie scène de sexe, dans laquelle l'actrice principale fait presque tout le boulot :

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   De manière symbolique, Anna parvient aussi à dominer les grands mecs baraqués qui défilent dans son bureau. Pourtant, de prime abord, elle semble ne pas avoir le dessus, que ce soit sur le prévisible Nimrod que sur le héros de guerre Davidi, excellemment interprété par Udi Persi. Les scènes de confrontation entre l'enquêtrice et cet officier des forces spéciales sont les plus prenantes, tant au niveau du jeu des acteurs que de ce qui est dit (et sous-entendu).

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   Toutefois, contrairement à ce pourrait laisser penser l'enthousiasme excessif d'une partie de la critique, ce n'est pas le chef-d'oeuvre de l'année. On remarque ici ou là quelques maladresses. Il aurait fallu rejouer certaines scènes pour leur donner encore plus de relief. Mais cela reste un joli tour de force, sur un sujet que le cinéma israélien n'a pas fini d'épuiser.

mercredi, 27 novembre 2013

Le pot de confiture

Dans la contrée où fleurit le roi des fromages

Un Milan sénatorial règne sans partage

 

De sa place conquise de haute lutte

Il voit trop tard de son fidèle la chute

 

Cheval de poste, dans l'ombre du firmament

Fier de chaque pièce de son harnachement

Ne s'aperçoit pas qu'il est devenu gourmand

 

Milan sénatorial lui confia son canton

Que Cheval de poste peina à conserver

Plus tard son boulot fut de vaincre un vil félon

Qui trouvait qu'il avait du mal à partager

 

A la Communauté il prit la succession

Cumula quatre mille euros d'indemnités

 

Mais il a oublié qu'aucune monture

Ne doit s'approcher du pot de confiture

Sa ration de foin doit amplement lui suffir'

S'il ne veut par le peuple se faire équarrir

 

Cheval de poste se voit en haridelle

Il assiste à l'ascension du benoît Aiglon

Qui du Milan suit la voie professionnelle

En attendant de récupérer la Maison.


Henri Cool de Source

dimanche, 24 novembre 2013

Transperceneige, l'intégrale

   Les éditions Casterman ont eu la bonne idée de ressortir les trois tomes de la bande dessinée qui a inspiré le film Snowpiercer. Réunis en un volume, ils forment une saga d'environ 250 pages, qui s'étale sur plusieurs dizaines d'années.

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   Les différents auteurs, ainsi que l'aventure de la bande dessinée, nous sont présentés en introduction. (Pour mieux connaître Jean-Marc Rochette, on peut lire l'entretien qu'il a accordé au site Rue89.) Vient ensuite le premier tome, Le Transperceneige, qui a pour l'essentiel fourni la trame du film. On n'y trouvera cependant pas les personnages coréens. Les héros vont former un couple. Lui vient du fond du train :

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   A première vue, ce Proloff ne paie pas de mine, mais il a tout de même réussi à se hisser seul jusqu'à la frontière entre la queue du train (où végètent les "queutards") et le milieu (où vit, dans de meilleures conditions, ce qu'on pourrait appeler la classe moyenne). Plus loin, la classe supérieure se la coule douce, coupée de l'extrémité avant, occupée par on ne sait qui.

   Dans son périple, Proloff va être accompagné par une ravissante ressortissante du milieu du train, Adeline Belleau, une militante qui lutte contre les inégalités :

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   L'expression "tiers-convoi" fait évidemment allusion au Tiers Etat français. On remarque aussi que la bande dessinée désigne clairement les militaires (avec leurs grades) comme étant le bras armé de la dictature qui règne sur le train. (Dans le film, ils apparaissent plus comme une milice.) La dénonciation du clergé officiel est encore plus virulente :

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   On en apprend au fur et à mesure que le couple, sous bonne garde, remonte vers l'avant du train. Plusieurs scènes "pittoresques" émaillent le parcours, comme la rencontre de bandits de grand chemin, la découverte de la "cuisine centrale" (encore plus étrange que celle du film) et de wagons-jardins, comme celui-ci :

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   Quelques très belles vues de l'extérieur nous sont proposées. Le convoi est de plus équipé d'un poste d'observation en hauteur, vers l'avant. Il constitue un avantage indéniable pour ceux qui le maîtrisent :

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   Si, comme dans le film, la dernière partie de l'histoire nous met en contact avec le mystérieux occupant de la locomotive, les circonstances divergent par rapport au film... et ménagent une suite différente. On la découvre dans le tome 2, L'Arpenteur, qui semble se dérouler une trentaine d'années plus tard. Il commence pourtant par un retour en arrière, qui situe l'action à un stade intermédiaire. On découvre les deux jeunes personnages qui vont former le nouveau duo de héros.

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   Puig Vallès est d'abord un gamin curieux, fasciné par les "arpenteurs", ces soldats-suicides qui explorent les environs du train lors de ses arrêts. Il ne s'agit plus du Transperceneige, mais du Crève-Glace. On ne saura que plus tard ce qu'il est advenu du premier train. On découvre aussi de nouveaux éléments sur ce qui est arrivé à la planète. La société est tout aussi inégalitaire et semble s'inspirer du roman 1984 et du film Soleil Vert.

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   Kennel est la tête politique de l'oligarchie qui contrôle le train. Sa fille Val, à l'esprit éveillé, va devenir la créatrice en chef des fictions mentales dans lesquelles l'élite du wagon se plonge pour passer le temps. Elle se pose néanmoins beaucoup de questions sur le fonctionnement du Crève-Glace.

   Puig Vallès est d'abord utilisé par les dirigeants, avant de conquérir son indépendance. Dans le même temps, la population du train est travaillée par le doute et un mouvement apocalyptique émerge.

   Cela nous mène au troisième tome, intitulé La Traversée. Deux intrigues s'entrecroisent. Il est toujours question du devenir du train en liaison avec le climat de la planète. De mystérieux signaux ont été perçus. Doit-on essayer d'entrer en contact avec leurs émetteurs ? Dans le même temps, les wagons fourmillent de complots. La tension monte, jusqu'au dénouement final.

   Je trouve la bande dessinée plus forte, plus fouillée... et politiquement plus incorrecte. Mais le film est incontestablement plus spectaculaire, plus travaillé sur le plan visuel (même si le noir et blanc de la BD est de qualité)... plus optimiste aussi.

samedi, 23 novembre 2013

Petit dérapage au "Petit Journal"

   Il ne va pas être question ici d'un programme télévisé diffusé sur Canal +, mais d'un mensuel d'informations locales, Le Petit Journal, qui existe en différentes déclinaisons départementales (essentiellement midi-pyrénéennes).

   Dans son ouvrage Presse Business (toujours disponible dans les bonnes librairies et certains dépôts de presse), Hugues Robert se pose la question du financement de ce journal de combat, qui carbure à la micro-info locale et aux faits divers. Politiquement, il penche vers l'UMP. Ses cibles sont donc à gauche. Il y a quelques années de cela, j'avais bien aimé un article qui revenait sur la répartition des subventions du Conseil régional de Midi-Pyrénées aux villes. Qu'un organe de presse, orienté ou pas, pointe les travers d'élus en place me satisfait pleinement... quand c'est argumenté.

   Le malaise naît lorsque cela fonctionne par allusion. C'est le cas me semble-t-il dans le numéro du 21 novembre 2013, dont la "Une" évoque une affaire qui vient de défrayer la chronique :

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   Après tout, pourquoi pas ? D'autres journaux, ainsi que le site Aligorchie, ont parlé de la chose. Je suis donc allé voir l'article, page 7 :

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   Pour lire le corps du texte, il faudra acheter le journal (ou aller le feuilleter en médiathèque) ! Notons que le titre est moins correctement écrit que sur la "Une" : le "de" a été remplacé (par erreur) par "d' ".

   Le début de l'article relate les faits, de manière neutre. Le malaise vient du dernier paragraphe. L'auteur-e fait allusion à un entretien accordé par Nicole Laromiguière à la radio CFM, en 2012. Le lien internet figure dans le journal.

   Le problème est que, lorsqu'on écoute l'émission, on ne retrouve pas exactement ce qui est écrit dans l'article. Celui-ci parle de "son incopréhention [sic]² quand [re-sic] au comportement du maire, ses motivations et le bien fondé [re-re-sic] de ses choix d'affection [sic ?] de certains collaborateurs (trices) à des postes qui ne s'improvisent pas [sic encore et toujours]." Vu que cette affirmation conclut l'article qui évoque le soupçon de harcèlement sexuel, le lecteur de base sera tenté de penser que le maire de Rodez pourrait être adepte de la "promotion canapé".

   Voici ce qu'a exactement déclaré Nicole Laromiguière :





   En clair : on lui a demandé de démissionner pour laisser la place à Sarah Vidal. Mme Laromiguière reconnaît à celle-ci la capacité de travail et de réelles aptitudes, mais pas la connaissance du domaine qui va devenir le sien au conseil municipal. C'est tout. C'est déjà suffisant pour nourrir des griefs contre le maire de Rodez, mais utiliser cette histoire pour alourdir le soupçon de harcèlement sexuel me paraît très discutable.

   Une précision : l'entretien sur CFM a été réalisé par Myriam Laur, présentée comme "responsable éditoriale du Petit Journal Aveyron". Or, l'article est signé "MLG" (mention encadrée en rouge sur la seconde image). MLG comme Myriam Laur G ?

   P.S.

   Si vous êtes allés faire un tour sur le site du Petit Journal, vous avez pu accéder à la majorité des articles publiés dans le numéro du 21 novembre. (Ils ont été mis en ligne le 19.) Curieusement, au moment où j'écris ces lignes, celui qui est consacré à Christian Teyssèdre n'y figure pas.

vendredi, 22 novembre 2013

Il était une forêt

   Connu pour son formidable documentaire La Marche de l'empereur (sur les manchots de l'Antarctique), Luc Jacquet est de retour avec une œuvre d'inspiration écologiste, où les incrustations numériques jouent un grand rôle.

   Cela commence pourtant par un éloge de la tradition : le scientifique Francis Hallé (que certains de ses amis écolos surnomment "Hallé les Verts !"... OK, je sors) est filmé en train de dessiner la végétation tropicale, au crayon et au feutre fin.

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   Les gros plans sont superbes. Puis, la vision s'élargit et l'on découvre la canopée, qui fascine le chercheur, qui redoute sa possible disparition.

   Au départ, j'ai eu peur que le film ne se complaise dans la contemplation stérile des merveilles de la nature. Heureusement, il n'en est rien. Le point de départ de "l'intrigue" est la déforestation : on nous montre une zone ravagée par le feu, les engins de chantier et les tronçonneuses. C'est le départ d'une renaissance, occasion de nous raconter l'histoire de la formation d'une forêt primaire.

   J'ai été un peu surpris par les premiers effets numériques. L'arrivée des premières pousses vertes tout comme l'émergence des fougères m'ont limite agacé. Très vite, on s'habitue à ces incrustations, d'autant plus qu'elle apportent des éléments de compréhension appréciables pour un public profane.

   La forêt tropicale (ici péruvienne et gabonaise) n'abrite pas que des végétaux. Des animaux apparaissent à l'écran, comme ce petit singe, qui déguste le nectar de fleurs dont il va transporter involontairement le pollen.

   Le film excelle à conter les relations tumultueuses des mondes animal et végétal. J'ai en tête cet arbre qui, pour se protéger des chenilles, a développé une stratégie d'accueil des fourmis... qui vont faire fuir son prédateur.

   Passionnante aussi est l'histoire de la passiflore et du papillon heliconius, chacun s'adaptant à l'autre pour en profiter ou s'en protéger. Ce petit jeu du chat et de la souris est très bien rendu par les effets numériques.

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   Impressionnante est la séquence consacrée au figuier étrangleur, dont l'action, lente et irrémédiable, vient à bout d'un arbre pluricentenaire.

   Le mode de communication des lignés est illustré de manière particulièrement spectaculaire. Le film s'attache à décrire leur mode de reproduction, mais aussi la manière dont les autres sont avertis d'un danger... et le moyen d'écarter un prédateur.

   Les animaux, souvent dangereux, sont aussi de bons véhicules pour les graines qu'ils finissent par expulser, de leur bouche comme ce singe particulièrement gourmand... ou de leurs intestins, comme les éléphants.

   L'importance de l'eau pour cet écosystème est rappelée. La fin nous ramène sur la canopée reconstituée :

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   Fort logiquement, l'histoire de cette renaissance s'achève par la mort naturelle (spectaculaire) d'un arbre, elle-même source de vie. Cet hymne panthéiste d'un peu moins d'1h20 n'est pas pesant. Le rythme n'est certes pas trépidant, mais c'est pour faire comprendre que la nature avance à petits pas.

   P.S.

   La sortie du film s'accompagne de celle d'un livre, dont des extraits sont accessibles en ligne.

mercredi, 20 novembre 2013

Capitaine Phillips

   Paul Greengrass, à qui l'on doit (notamment) Bloody Sunday, Vol 93 et Green Zone, s'est lancé dans la mise en scène de cette histoire vraie, celle de pirates somaliens partis à l'assaut d'un cargo américain, en 2009. Aux cinéphiles avertis, cette intrigue rappellera quelque chose, puisque l'été dernier, une autre fiction (palpitante) avait abordé le même thème (avec un arrière-plan danois toutefois) : Hijacking.

   Le film sorti ce mercredi s'en démarque sur plusieurs points. Il nous propose d'abord, dans sa première partie, un portrait de ces groupes de Somaliens désœuvrés, qui attendent leur salut d'un bon coup pour le compte de mystérieux commanditaires, qui tirent les ficelles de cette lucrative activité qu'est le détournement de navires de commerce (associé à la prise d'otages). Les acteurs qui incarnent ceux qui vont mener à bien l'attaque du cargo sont inconnus... mais excellents : Barkhad Abdi (dont le personnage est indéchiffrable, charismatique et déterminé), Barkhad Addirahman (qui interprète un jeune qui doute), Faysal Ahmed et Mahat M. Ali (dans des rôles moins nuancés). Signalons que, dans la version française, seuls les Américains sont doublés, les dialogues entre les Somaliens étant sous-titrés, ce qui renforce l'impression de réalisme.

   Sans surprise, Tom Hanks "assure"... mais, là, franchement, comme une bête. Au début, on nous présente Richard Phillips comme un bon "taulier", rigoureux, méthodique et en aucun cas démago avec l'équipage. La deuxième partie du film révèle le héros... avant que la troisième n'en dévoile les faiblesses, avec quelques moments d'émotion très réussis. L'acteur américain parvient à nous y faire croire, quel que soit le registre de son jeu. (Normalement, c'est le moment qu'il faut choisir pour suggérer qu'il est oscarisable... sans oublier qu'il a déjà reçu la précieuse récompense à deux reprises.)

   Evidemment, Greengrass a soigné les scènes d'action. Je recommande tout particulièrement l'assaut du cargo (après deux scènes de traque très maîtrisées), à la fois spectaculaire et (relativement) dépouillé. Voilà une jolie leçon donnée aux godelureaux qui ne jurent que par le numérique. On passe ensuite au huis-clos des soutes du navire, lorsque les pirates partent à la recherche de l'équipage. La tension monte. C'est formidable, avec des plans dans la demi-obscurité d'une grande beauté. L'ambiance est encore plus confinée dans la troisième partie, qui se déroule essentiellement dans un module de sauvetage.

   C'est à ce moment de l'intrigue que les militaires et les forces spéciales vont débarquer. Un conseil : si vous ne supportez pas les uniformes et le complexe militaro-industriel, n'allez pas voir ce film. Greengrass sait comment utiliser ce type de personnages, et ici, il les met particulièrement en valeur. De surcroît, le Pentagone semble lui avoir facilité la tâche pour intégrer les équipements de la Défense à son histoire.

   C'est donc un formidable divertissement, qui dit aussi beaucoup de choses sur notre époque et sonde les tréfonds de l'âme humaine.

   P.S.

   A Rodez, j'ai eu la chance de voir le film dans la salle 1, la plus grande. LE PIED !

21:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 17 novembre 2013

La Brigade juive - tome 1 Vigilante

   Cette nouvelle bande dessinée, dont l'histoire sera développée sur trois tomes, a pour toile de fond un aspect méconnu de l'histoire :

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   La Seconde guerre mondiale vient de s'achever (officiellement) en Europe... mais la violence n'a pas disparu. En Pologne, deux soldats juifs rattachés à l'armée britannique mènent une bien étrange mission, qui les mène dans un couvent :

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   La gamine aux cheveux bruns va jouer un rôle croissant dans l'intrigue, mais elle constitue une sorte d'épisode imprévu dans le projet des deux soldats, qui sont là d'abord pour se venger. Il leur faut ruser avec les principales forces d'occupation de la Pologne libérée du nazisme, celles de l'Armée rouge :

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   Mais c'est au détour d'une colline que peut surgir le plus terrible danger. La Prusse orientale n'est pas loin... et l'on se demande un instant si cette apparition n'est pas celle d'un fantôme :

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   Si la quête des deux soldats est fictive, le contexte dans lequel elle est placée est authentique : les massacres ont continué (certes, avec une intensité plus faible) dans plusieurs régions d'Europe, après la capitulation allemande... et la Brigade juive, recrutée en Palestine mandataire, a bien existé. (Comme on le voit dans la bande dessinée, avant d'arriver en Europe de l'Est, les soldats ont combattu en Italie du Nord.) Certains de ses membres ont même constitué un groupe de vengeurs, dont les projets, s'ils n'ont pas toujours abouti, étaient assez "radicaux".

   A la fin de l'épisode, les personnages principaux se demandent si leur avenir n'est pas plutôt en Palestine. A suivre...

samedi, 16 novembre 2013

L'école au péril des égoïsmes

   Pour un gouvernement (de gauche comme de droite), il est toujours risqué d'enclencher une réforme sociétale en période de crise économique. Il peut voir s'agglutiner contre lui les opposants traditionnels, les déçus d'hier et les aigris de toujours. J'ai le sentiment que c'est ce qui se passe avec la réforme des rythmes scolaires, dont j'ai déjà causé en février dernier.

   Il faut commencer par aborder le temps de travail des professeurs des écoles. Dans ce domaine, on tombe vite dans la caricature, soit qu'on les estime excessivement privilégiés (peu d'heures de cours, de longues vacances...), de surcroît jamais contents, soit qu'on les plaigne pour le stress, la charge de travail à domicile... et le fait de devoir supporter des progénitures au comportement de moins en moins exemplaire.

   Qu'en est-il de leur temps de travail (hors domicile) ? L'analyse des textes officiels publiés sous la Ve République permet de se faire une idée de son évolution :

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      On constate que c'est l'année 1969 qui constitue la rupture. Sinon, en apparence, depuis près de 45 ans, le volume global n'a pas changé. Dans le détail, les différentes réformes ont abouti à diminuer les heures de cours dispensées aux élèves (30, puis 27, 26 et enfin 24 par semaine). Le temps dégagé a été réaffecté à d'autres tâches : le travail en équipe, la formation pédagogique, le suivi des élèves handicapés, le lien avec les parents et l'organisation des conseils d'école. C'est une reconnaissance du travail qui était (normalement) déjà effectué auparavant par les enseignants. On pourrait en conclure que leur charge de travail a diminué. Pour être honnête, il faudrait ajouter que le fait que ces "activités complémentaires" soient officiellement reconnues a sans doute contribué à inciter les enseignants à s'y investir davantage. Ne restent plus hors du décompte de leur service que la préparation des cours et la correction des cahiers des élèves.

   J'ai volontairement laissé de côté la partie "aide personnalisée" du complément horaire. Introduite en 2008, elle devait permettre aux professeurs de davantage se consacrer aux élèves en difficulté. C'est le talon d'Achille de notre système éducatif : il forme des élites efficaces mais laisse trop de gens sur le côté de la route. Le problème est que le trio Sarkozy-Fillon-Darcos a couplé cette nouveauté avec le passage généralisé à la semaine de quatre jours. Or, il se trouve que cette aide personnalisée (comme une partie du reste des activités complémentaires) a très souvent été dispensée les mêmes jours que ceux de classe, alourdissant encore l'emploi du temps de nos chères têtes blondes. (Ce ne fut pas le cas partout. Je connais au moins un cas, hors Aveyron, où les professeurs organisaient le soutien en français et mathématiques durant les vacances.)

   Curieusement, la fronde contre la réforme Darcos n'a pas suscité le même rejet que celle de Vincent Peillon. Elle a définitivement libéré le week-end des enseignants et des parents (qui n'ont plus eu à se lever le samedi matin... tu parles !). Elle a par contre laissé de côté les élèves les plus faibles, ceux qui ont besoin de plus de temps pour apprendre, qui ne peuvent pas assimiler énormément de choses en une journée. Mais ce ne sont pas des enfants d'enseignants, ni d'hommes politiques, ni de délégués de parents d'élèves. Ces enfants sont plutôt issus de catégories modestes, qu'on entend peu... et qui votent de moins en moins.

   Il y a beaucoup d'hypocrisie dans l'opposition à la réforme Peillon. Il y a d'abord ceux qui estiment que l'école telle qu'elle est fonctionne très bien... pour leurs enfants. Si les gamins des pauvres sont plus souvent en échec scolaire (et ce dès le primaire), c'est leur problème ! Il y a ensuite ceux qui n'ont pas envie de changer leurs habitudes, n'hésitant pas à proférer de gros mensonges à propos du mercredi matin. Beaucoup d'enfants se levaient, ce jour-là comme les autres, pour être emmenés en garderie ou chez un membre de la famille (ou une connaissance), qui acceptait de s'en occuper pendant que les parents travaillaient.

   Et parmi ceux qui dénoncent la supposée fatigue plus grande des gamins aujourd'hui, combien veillent à ce que leurs enfants soient couchés tôt le soir, loin de la télévision, de l'ordinateur ou de la console de jeux ?

   Du côté des politiques, l'honnêteté n'est pas forcément plus grande. La droite et l'extrême-droite, c'est de bonne guerre, sautent sur l'occasion pour gêner le gouvernement. (Ceux qui croient que le FN ou la nouvelle génération de l'UMP ont l'intention de faire de la politique autrement se font de grosses illusions...) Enfin, quelle que soit la couleur politique de la municipalité (s'il y en a une), c'est la capacité à s'organiser qui fera la différence, plus que les moyens. Certaines communes font preuve d'imagination. Celles (pas forcément riches ou très peuplées) qui avaient déjà réfléchi à l'animation locale ont des ressources pour se lancer dans la semaine de 4,5 jours.

   Une dernière chose : contrairement à ce qu'affirment certains opposants à la réforme Peillon, la masse des enseignants du primaire semble plutôt y adhérer. Le récent appel à la grève n'a été suivi que par environ un quart d'entre eux (encore moins dans l'Aveyron).

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(Centre Presse, 15 novembre 2013)

   Certes, on peut estimer qu'une (faible ?) partie de ceux qui rejettent la réforme ont choisi de faire cours ce jour-là. Il est aussi possible que d'autres motivations aient poussé certains grévistes à participer au mouvement : la "gauche de la gauche" est surreprésentée dans le monde enseignant ; c'était là l'occasion d'exprimer le rejet d'une politique jugée trop sociale-libérale.

   Pourtant, le gouvernement avait pris soin de caresser les professeurs des écoles dans le sens du poil. Le 31 août dernier est paru au Journal Officiel un décret instaurant une "indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves". Elle est censée permettre la mise en place de la réforme... sauf qu'elle ne rémunère aucune nouvelle activité, celles mentionnées dans le décret étant déjà assurées auparavant par les professeurs des écoles.

   Paris constitue une exception, avec un corps enseignant visiblement très remonté contre Vincent Peillon. Et pourtant... En février dernier, dans un article qui n'a pas eu le retentissement qu'il méritait, Le Monde rappelait l'existence dans la capitale des P.V.P. (professeurs Ville de Paris). Dans les faits, ces personnes sont payées par la mairie pour faire une partie du travail qui incombe aux professeurs des écoles. Voilà de quoi rendre le métier plus confortable qu'en province... et ce sont ceux-là qui se plaignent le plus !

mercredi, 13 novembre 2013

Il était temps

   Camarades mâles hétérosexuels, soyons honnêtes : il est des films que l'on se résout à aller voir par esprit de conciliation... et c'est parfois source d'un plaisir inattendu ! Que celui qui n'a jamais apprécié une (bonne) comédie romantique avec Julia Roberts me jette la première bobine de pellicule !

   Cette bluette sort de l'ordinaire grâce au petit argument de science-fiction qu'on lui a greffé : le personnage principal peut retourner dans son passé, le revivre... et le modifier. S'ajoute une touchante relation père-fils, qui ne cesse de prendre de l'épaisseur au fur et à mesure de l'intrigue.

   Le postulat de base est un peu éculé : le héros est un jeune Anglais coincé (pléonasme ?), qui semble toutefois très bien s'en sortir dans ses études de droit (il va intégrer un cabinet d'avocats). Ses parents sont l'équivalent des bobos français : riches, décontractés, cultivés et un brin excentriques, à leur manière. J'adore le personnage de la mère, interprété par Lindsay Duncan. Signalons aussi la jolie performance de Lydia Wilson dans le rôle de Kit Kat, la soeur un peu fofolle du héros.

   A partir du moment où Tim (Domhnall Gleeson, pas dément) commence à tester son pouvoir, cela devient drôle. Il est évidemment maladroit... et profite de son don pour revivre certaines situations le plus avantageusement possible ! Petit à petit, il va découvrir que, parfois, on ne peut échapper à son destin...

   Sa vie sentimentale tourne autour de trois jeunes femmes : le flirt d'un soir de nouvel an, la bonne copine de sa soeur et le possible grand amour, rencontré lors d'un dîner en aveugle... dans un restaurant portant un nom français (Dans le noir si je me souviens bien). Le romantisme à la française est aussi présent à travers la grande affiche du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain qui orne la chambre du héros. Les situations faisant intervenir ces trois personnages féminins sont inégales : soit c'est très drôle, soit cela tombe à plat, peut-être en raison d'un doublage en français pas toujours réussi.

   Au niveau du scénario, on a pris soin de ne pas tomber dans la facilité. Sans complexifier l'intrigue comme dans L'Effet papillon, on a limité les possibilités d'action du jeune homme : remonter avant la naissance d'un membre de la famille en perturbe radicalement le destin. Voilà donc Tim voué (comme son père) à utiliser son talent pour améliorer le quotidien. Cela donne une belle petite histoire, à la fois délicate et morale.

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dimanche, 10 novembre 2013

L'endettement des communes aveyronnaises

   C'est l'un des thèmes qui sera sans doute l'objet de débats intenses lors de la prochaine campagne des municipales (en 2014). Les premières salves ont d'ailleurs déjà été tirées.

   Cette semaine, l'hebdomadaire Le Villefranchois s'est intéressé à l'endettement des communes de l'Ouest du département. Cela nous vaut un bel article, page 2 du premier cahier, agrémenté d'un tableau comparatif tenant compte du facteur démographique. Le commentaire est nuancé et essaie d'apporter d'autres éléments d'analyse que les chiffres bruts : une commune peu endettée peut tout simplement être une commune qui n'investit pas et où les équipements sont vieillissants voire inexistants.

   Certains cas sont néanmoins inquiétants, comme celui de Saint-Parthem, où l'endettement culmine à 2 400 euros par habitant, alors que la moyenne de la strate est d'environ 500. Des travaux d'assainissement sont la cause de cette poussée (en 2010, l'endettement se montait à 521 euros par habitant). Visiblement, la communauté de communes de la vallée du Lot n'a pas épaulé Saint-Parthem, ce secteur ne faisant pas partie de ses compétences. (Elle aurait quand même pu donner un coup de pouce...)

   Il faudrait aussi croiser ces informations avec la fiscalité locale. Certaines communes font le choix de faibles taux d'imposition, ce qui les oblige à davantage emprunter. A l'inverse, les municipalités qui veulent éviter le recours à l'emprunt auront tendance à jouer sur la fiscalité pour augmenter leurs ressources. Voyons ce qu'il en est dans les principales villes du département.

   Le cas de Rodez est assez connu, puisqu'il en a déjà été question dans la presse à plusieurs reprises, soit que le maire Christian Teyssèdre se soit vanté de la bonne gestion de son équipe, soit que ses adversaires aient contesté les chiffres avancés. Qu'en est-il en réalité ?

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   De 2000 à 2012, l'endettement par habitant est toujours resté inférieur à la moyenne des communes appartenant à la même strate (la courbe bleue est sous la courbe rouge). De ce point de vue, il n'y a donc pas de réelle rupture entre la gestion Censi et la gestion Teyssèdre. On remarque toutefois qu'alors que l'endettement avait tendance à (lentement) diminuer de 2000 à 2006, l'approche des élections de 2008 l'a vu remonter. De mauvais esprits pourraient suspecter l'ancienne majorité municipale d'avoir davantage recouru à l'emprunt pour éviter d'augmenter la pression fiscale (déjà bien assez grande) à un moment stratégique du mandat. Cela n'a pas suffi pour conserver la mairie de Rodez. De son côté, l'équipe Teyssèdre a, dans un premier temps, diminué l'endettement, avant que le lancement des grands travaux (à partir de 2010) ne fasse remonter la courbe. Il reste néanmoins 20 % plus bas que celui des communes de la strate.

   Pour être juste, je dois signaler que l'endettement de la communauté d'agglomération ne cesse lui d'augmenter. (La hausse est de plus de 50 % depuis 2008.) Elle assume le gros du financement des projets.

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   Cette fois-ci, les mauvaises langues vont dire que le chef-lieu se déleste d'une partie des dépenses d'investissement sur l'agglomération... mais ce n'est que justice, si l'ensemble de l'agglomération en tire bénéfice.

   Passons à Villefranche-de-Rouergue. Serge Roques est en place depuis 2001.

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   Jusqu'en 2006, la situation de la commune était plus enviable que la moyenne de celles de sa strate. Elle s'est dégradée depuis, si bien qu'aujourd'hui elle est comparativement plus endettée que Rodez : 1 017 euros par habitant (contre 852). Et elle ne bénéficie pas d'un environnement aussi dynamique. Mais la situation n'est pas désespérée : le taux de la taxe d'habitation y est faible, très en-dessous de la moyenne de la strate de Villefranche (environ 5 points). Autant dire tout de suite qu'après les municipales de 2014, quelle que soit la liste qui l'emportera, les impôts vont augmenter.

   Mais il existe plusieurs communes plus mal en point que Villefranche-de-Rouergue. Parmi celles-ci se trouve Millau :

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   Elle est dans une situation diamétralement opposée à Rodez : depuis 2000, que ce soit sous la gestion Godfrain ou la gestion Durand, l'endettement par habitant est élevé, davantage que la moyenne de la strate (la courbe bleue est toujours au-dessus de la courbe rouge). En 2012, on en est à 1 400 euros par habitant ! Et pourtant, au niveau de la fiscalité, les marges ne sont pas grandes : toutes les taxes (habitation, foncier bâti et foncier non bâti) ont des taux supérieurs (voire très supérieurs) à la moyenne de la strate. Le salut viendra peut-être de l'extension géographique de la communauté de communes de Millau-Grands-Causses et de l'augmentation du nombre de ses compétences...

   Retour à droite, à présent, avec Espalion :

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   Du seul point de vue de l'endettement et en dépit de toutes les critiques que la gestion de Gilbert Cayron peut susciter, il semble que la situation de la commune se soit améliorée au fil du temps. Jusqu'en 2005, l'endettement par habitant était supérieur à la moyenne de la strate. La situation s'est inversée depuis. Espalion n'a pas suivi le mouvement de hausse de l'endettement des communes de sa catégorie, peut-être en raison de ressources fiscales suffisantes (les taux sont assez élevés, notamment sur le foncier). Espalion bénéficie aussi de sa position stratégique, entre le Nord Aveyron et Rodez : notons que le conseil général va intégralement financer le contournement de la commune !

   Terminons avec l'une des communes les plus peuplées du département, Onet-le-Château. Sa situation apparaît très enviable :

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   En effet, l'endettement par habitant y est bas (à peine plus de 300 euros par habitant) et surtout trois fois plus faible que la moyenne de la strate. De surcroît, des marges existent au niveau de la fiscalité, puisque le taux de la taxe d'habitation représente moins de 60 % de celui appliqué par les communes de la même catégorie.

   Et pourtant... Dieu sait que le maire Fabrice Geniez est impopulaire auprès des "élites" du Grand Rodez (de gauche comme de droite). Cela ne l'a pas empêché d'être réélu en 2008 et je pense que, s'il arrive à constituer une liste d'union de la gauche, il a toutes ses chances pour 2014. Il aura pourtant un adversaire habile face à lui : Jean-Philippe Keroslian, qui a accordé un long et instructif entretien au Ruthénois de cette semaine. A mon avis, celui-ci part toutefois avec deux gros handicaps : il n'a pas réussi (pour l'instant) à rallier à lui l'équipe de Didier Gaffard, qui a pourtant mené un travail d'opposition sérieux pendant 5 ans et il ne pourra pas longtemps tenir son positionnement apolitique. Sa liste sera de droite ou de centre-droit. Son ambiguïté pourrait finalement lui nuire.

samedi, 09 novembre 2013

Lettre à Momo

   Contrairement à ce que pensait un petit garçon dans la file d'attente du cinéma, "Momo" n'est pas ici le diminutif de Mohammed, d'abord parce que le héros éponyme est une fille, ensuite parce qu'elle est japonaise.

   C'est une préadolescente d'une dizaine d'années. Elle est fille unique. Son univers a récemment été bouleversé par la mort de son père, océanographe, et le déménagement de sa mère, qui  a choisi de tout quitter à Tokyo pour retourner s'installer dans le village d'origine de sa famille, sur une île située dans la mer Intérieure :

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   Le film illustre le manque de communication entre une mère encore jeune, moderne, dotée d'un caractère solide et une fille citadine dans l'âme, tiraillée par la dispute qu'elle a eue avec son père, juste avant la mort de celui-ci. Il n'a même pas eu le temps d'écrire la lettre qu'il lui destinait.

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   Se greffe là-dessus la vie tranquille d'un bourg de province, complètement isolé du pays quand survient un typhon. Les personnes âgées sont nombreuses. Les plaisirs des rares enfants y sont simples. La petite Momo a quelques difficultés à s'intégrer.

   La troisième couche est d'ordre surnaturel. Dès le début, on comprend que des événements peu communs vont survenir. Cela commence par des bruits suspects dans le grenier de la vieille maison que les arrivantes vont occuper. Seuls les enfants distinguent des ombres suspectes. On se demande alors si le réalisateur ne va pas orienter l'histoire dans un sens effrayant : ce sont là des codes propres aux films d'horreur japonais.

   Comme c'est un dessin animé destiné au (pas trop) jeune public, on se dit que l'intrigue ne va pas s'engager dans cette voie. C'est plutôt le ressort comique qui est mis à contribution. Momo va devoir apprendre à surmonter sa peur et à dompter ces esprits facétieux, capricieux... et affamés ! Cela nous vaut une séquence ébouriffante, avec un drôle de quatuor embarqué dans l'ascension d'une montagne verdoyante, sur un chariot automatique... fuyant une meute de sangliers !

   L'entente finit par régner (à peu près) entre ces protagonistes. Les esprits ont une mission à mener, que Momo ne doit surtout pas découvrir avant qu'elle ne soit réalisée. J'ai encore en mémoire la scène qui voit tout ce petit monde se lancer dans une danse magique, pour faire parvenir un message à l'au-delà !

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   La dernière partie du film tourne autour du typhon. Le déchaînement des éléments précipite la résolution de l'énigme et place chacun face à ses responsabilités. Je recommande tout particulièrement le franchissement d'un pont, grâce à un tunnel de fantômes en mouvement... impressionnant !

   L'histoire se conclut sur une plage, où est célébrée une fête traditionnelle, au cours de laquelle de petits bateaux illuminés sont mis à l'eau. C'est visuellement magnifique. (C'est le moment de signaler que l'auteur n'est autre qu'Hiroyuki Okiura, à qui l'on doit le superbe Jin-Roh - La Brigade des loups et qui a contribué à l'animation de chefs-d'oeuvre comme Ghost in the Shell, Metropolis et Paprika.)

   A l'issue de ces aventures, la jeune Momo a mûri et va pouvoir enfin se jeter dans le grand bain !

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vendredi, 08 novembre 2013

Anne Frank au pays du manga

   J'ai récemment découvert (par hasard) ce reportage en bandes dessinées, publié par Les Arènes et Arte Editions :

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   A l'origine, c'est une oeuvre multimédia, encore consultable sur le site d'Arte. Aux dessins s'ajoutent des contenus audio et vidéo, ainsi que des animations particulières à certains dessins. On remarque que le chef de l'équipe qui s'est rendue au Japon n'est pas le dessinateur, qui a semble-t-il eu tout loisir d'égratigner son patron (Alain Lewkowicz) dans le récit qu'il a mis en images.

   Le projet était de comprendre les raisons du succès du Journal d'Anne Frank adapté en manga et de confronter la mémoire occidentale de la Seconde guerre mondiale à la perception qu'en ont les Japonais.

   Le premier chapitre est consacré à la découverte de l'ampleur du phénomène des mangas. Il y en a pour tous les goûts... et l'on publie vraiment sur tout et n'importe quoi, sans hiérarchiser (les oeuvres de Victor Hugo côtoient Mein Kampf d'Hitler), ce qui a conduit Alain Leiwkowicz à imaginer le générique d'une émission "grand public" pour rendre cette idée :





   Les reporters ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils rencontrent la personne qui veille à la publication du manga consacré à l'enfant juive. C'est un chrétien, qui a appris l'hébreu. Il est même à l'origine de la création d'un musée de l'extermination des juifs... près d'Hiroshima !

   Les Français constatent que la population japonaise est ignorante de ce qui s'est passé en Europe durant la Seconde guerre mondiale... et qu'elle n'en sait pas plus sur les crimes commis par l'armée japonaise en Asie. L'ironie de l'histoire est qu'un diplomate japonais est l'auteur de l'un des plus beaux gestes d'humanité de la guerre : Chiune Sugihara a accordé des milliers de visas pour le Japon à des juifs lituaniens, malgré l'opposition formelle de ses supérieurs. (Bien entendu, un manga lui a été consacré.) L'équipe de journaliste finit par rencontrer son fils, qui leur paraît peu concerné par la chose.

   Le deuxième chapitre mène le groupe au sanctuaire de Yasukuni, où sont vénérés les mânes des soldats morts pour la patrie... y compris les criminels de guerre condamnés par le procès de Tokyo :

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   C'est le début d'une série de rencontres avec divers représentants de l'extrême-droite nippone. Nombre d'entre eux disent être "non acceptionnistes" : ils nient la réalité du massacre de Nankin commis par les troupes japonaises en 1937.

   Au temple, plusieurs entretiens ont été réalisés. Le premier montre un homme encore jeune, développer un discours argumenté, sur un ton calme. On peut aussi entendre une vieille dame, inoffensive au premier abord, mais qui finit par se déclarer fière de l'attaque de Pearl Harbor, à laquelle son beau-père a participé. Plus tard, les journalistes rencontrent des militants nationalistes, plus ou moins subtils.

   Cependant, si l'on peut regretter leur aveuglement quant aux crimes du Japon militaristes, on ne peut pas rejeter tous leurs arguments : l'impérialisme américain n'est pas une légende et la Chine communiste a massacré bien plus de monde. C'est peut-être de ce côté-là que les journalistes auraient dû creuser : dans quelle mesure l'émergence de la Chine comme puissance économique explique-t-elle la résurgence du nationalisme nippon ?

   Le troisième chapitre met les Français en contact avec le monde des mangas engagés. Ils font la rencontre de Motomiya Hiroshi, qui a osé jadis mettre en scène le massacre de Nankin. Ils découvrent un homme ordinaire, qui a dû en rabattre pour continuer à gagner sa croûte. Par la suite, c'est un éditeur "révisionniste" qui les reçoit. Pour se remonter le moral, le trio d'enquêteurs part à la rencontre d'une enseignante qui a été suspendue pour avoir contesté les aspects nationalistes de l'éducation de son pays.

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   Le quatrième et dernier chapitre mène les journalistes dans la préfecture d'Hiroshima (au sud). Ils y retrouvent le révérend Otsuka et son musée du génocide. (On peut y entendre un témoignage marquant, celui d'Otto Frank, le père d'Anne, qui a rencontré jadis le révérend et a été très touché par la connaissance que les Japonais avaient de l'histoire de sa fille.) Ils sont un peu désarçonnés par le fait que, pour l'équipe du musée, il soit plus important de transmettre un message de paix et de gentillesse que d'enseigner de manière rigoureuse l'histoire de la Seconde guerre mondiale.

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   Le périple s'achève au mémorial d'Hiroshima, qui est dirigé par... un Américain, Steven Leeper, un sage :

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   Les journalistes français quittent le Japon avec peut-être moins de certitudes qu'à leur arrivée. La bande dessinée a l'honnêteté de retracer ce cheminement, sans chercher à enjoliver : elle montre notamment qu'Alain Lewkowicz avait, au départ, des idées très (trop ?) arrêtées. C'est de plus joliment dessiné (en noir et blanc) et cela fourmille d'anecdotes sur le Japon contemporain.

jeudi, 07 novembre 2013

Inside Llewyn Davis

   Les frères Coen s'attaquent à la folk song et à l'Amérique contemporaine, mais attention, pas celle des paillettes et du clinquant, celle des gens pas connus, certains vivant à l'aise, d'autres tirant le diable par la queue.

   C'est dans la seconde catégorie qu'il faut placer le héros éponyme, un chanteur et guitariste talentueux mais qui joue de malchance et semble un peu trop souvent choisir les chemins qui le mènent à l'échec. Dans la première moitié du film, cela donne de nombreux moments de comédie. L'un des fils rouges est... un chat au pelage... roux... très ronronnant, très docile (il ne bouge pas dans les bras du héros, même sous la pluie !... on voit bien qu'on est au cinéma...)... et vraiment très photogénique :

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   Bon, en fait, il y a deux chats, un mâle (nommé Ulysse... qui va faire un "beau" voyage) et une femelle des rues. Franchement, je les kiffe tous les deux. Le héros ne mérite pas l'affection de ces deux adorables sacs-à-puces !

   Parlons-en, du héros. Il a du talent, mais ne perce pas. Il plaît à la copine de son frère (incarnée par Carey Mulligan, exquise jusque dans la grossièreté) mais ne veut pas s'engager avec elle. Il est reçu comme le nouveau Bob Dylan par un couple de bobos new-yorkais et finit par couvrir d'injures la femme de son hôte...

   On rigole quand même souvent, de ses mésaventures comme des situations cocasses dans lesquelles certains personnages vont se fourrer. Et puis il y a cette savoureuse séquence avec John Goodman, dans une bagnole improbable en route vers Chicago. De quoi vous dégoûter du covoiturage à vie !

   La seconde partie est clairement mélancolique... et très complaisante avec le héros. Certes, il semble avoir eu une enfance difficile et le suicide de son partenaire a plombé sa carrière. Mais il ne réagit pas, a du mal a saisir les perches qui lui sont tendues.

   J'ai néanmoins apprécié le "volet social" de son histoire. On découvre qu'il appartient à une famille de marins, son père finissant péniblement ses jours dans un hospice miteux, où le fils décide de se rendre et lui joue un superbe morceau. Ce très beau moment ne suffit toutefois pas à faire de ce long métrage un grand film. C'est un "Coen" mineur, à rapprocher de Burn after reading, loin derrière There will be blood, No Country for old men et True Grit.

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mercredi, 06 novembre 2013

Snowpiercer, le Transperceneige

   Ce film d'anticipation grand public est une surprise à plus d'un titre. C'en fut d'abord une pour moi quand, à l'occasion de sa sortie, j'ai appris que cette oeuvre américano-coréenne est l'adaptation d'une bande dessinée française, dont l'intégrale, encore disponible dans le commerce il y a moins d'un moins, est actuellement en cours de réimpression, tant la demande est forte. (Fallait anticiper, les gars !)

   L'intrigue est construite en trois actes. Dans le premier, on découvre le fond du convoi, où végète ce qui est supposé être la lie de la population. Ils sont sales, vivent les uns sur les autres, dans le bruit et l'insécurité, celle-ci imposée par les nervis aux ordres de l'élite qui vit très bien, presque à l'autre bout du train. Je me demande si, dans la peinture de ce sous-univers qui ne manque toutefois pas de dignité, le réalisateur n'a pas été influencé par Les Bas-Fonds (ceux d'Akira Kurosawa ou peut-être ceux de Jean Renoir). C'est très bien filmé, par l'auteur de The Host et de Memories of murder.

   On notera la présence d'un personnage absent de la BD... un dessinateur, qui "croque" ce trouble univers et distribue une partie de ses oeuvres à ses modèles. Si, dans le film, le rôle est tenu par un acteur, les dessins ont été exécutés par l'auteur français, "invité" à participer au tournage.

   Le portrait de groupe placé au début pose bien les bases de l'intrigue et expose le relationnel qui unit tel personnage à tel autre. Au niveau de la distribution, il faut d'ailleurs signaler la bonne performance de Chris Evans, limite méconnaissable... et surtout de Tilda Swinton, dans un rôle ingrat (une méchante très très laide) qu'elle illumine de son talent.

   Les cinéphiles invétérés remarqueront peut-être quelques clins d'oeil placés ici ou là. A un moment, on a même voulu faire croire aux vieux fans de SF qu'on allait leur resservir un peu de Soleil vert...

   La deuxième partie est un concentré de tension et d'action. Et va-s-y que je te cogne, que je t'écrase, que je te renverse, que je t'étripe... Là encore, c'est bien foutu. Faut juste supporter ce genre de spectacle.

   De temps en temps, une séquence en apparence plus anodine vient interrompre le déferlement de violence. J'ai particulièrement aimé celle de la classe d'école, dans laquelle la bonne conscience rivalise avec la fausse mièvrerie. D'autres épisodes (qui suivent la progression du groupe de rebelles vers l'avant du train) sont plus convenus. Mais si ce n'est pas toujours très original, ce n'est jamais mauvais.

   La dernière partie est plus philosophique. On y découvre aussi certains éléments clés de l'intrigue. La fin m'a un peu déçu, mais elle est dans la logique de ce qui a été dit et montré plus tôt dans le film.

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samedi, 02 novembre 2013

Un couteau policier

   Après Les Experts, après Profilage, une nouvelle série policière a mis en scène le plus célèbre couteau du monde, je veux bien entendu parler du Laguiole. Cette fois-ci, c'est le service public qui est à l'honneur, avec la nouvelle série Cherif, diffusée le vendredi sur France 2 depuis une semaine.

   Au cours du quatrième épisode, intitulé "Injustice", on voit le héros, le capitaine Kader Cherif, s'introduire subrepticement dans le bureau d'un expert judiciaire (soupçonné de meurtre), au sein même du tribunal. Comme il n'est pas très discret de nature, il se fait surprendre par deux avocates, l'une d'entre elles étant son ex-femme. Assis au bureau de l'expert judiciaire, le policier se voit asséner une leçon de droit... et lève soudain la main droite, qui semble tenir un objet à la forme familière :

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   Quelques instants plus tard, à la consternation des avocates (à qui il promet d'aller chercher une commission rogatoire dès qu'il sortira du bureau...), il entreprend d'ouvrir un tiroir fermé à clé :

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   La forme de la lame ne laisse plus aucun doute. On n'est donc guère surpris de le voir, quelques instants plus tard, replier celle-ci pour ranger le couteau dans la poche gauche de son pardessus :

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vendredi, 01 novembre 2013

Gravity

   Cette "gravité" n'est pas que l'attraction terrestre. En anglais comme en français, le terme fait aussi bien allusion au sérieux qu'à la dangerosité. C'est d'abord un film à grand spectacle... et assez peu bavard. Les dialogues soit ont un aspect comique (avec cette véritable machine à blagues qu'est le commandant Kowalski, alias George Clooney, en forme), soit évoquent la vie de l'héroïne Ryan Stone (Sandra Bullock, habituée aux films insignifiants, à quelques exceptions près comme Entre deux rives). Le reste du temps, les sons sont distribués parcimonieusement et la musique (parfaitement adaptée) n'est pas envahissante.

   On peut donc se concentrer sur les images, qui sont magnifiques. C'est joli et spectaculaire, avec notamment un triple bombardement de particules à la dérive. On nous a abondamment montré le premier, mais sachez qu'il y en a deux autres plus tard, dans le film. Cuaron, déjà remarqué (entre autres) pour Les Fils de l'homme, confirme qu'il est un metteur en scène de talent.

   Par contre, je me suis posé la question du réalisme de l'intrigue. Si la vie en orbite semble fidèle à la réalité (comme a pu en témoigner par exemple Claudie Haigneré), je me demande s'il est faisable de rejoindre la station internationale puis la station chinoise.

   En tout cas, cela nous vaut la plus belle séquence du film, dans l'ISS puis le module Soyouz. C'est l'occasion pour le réalisateur de nous faire admirer la plastique de Sandra Bullock (encore super bien gaulée à près de cinquante balais... mais avec un visage qui a subi des retouches) :

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   Le grand écran permet aux spectateurs attentifs de remarquer les superbes abdominaux et les cuisses de nageuse de l'actrice : comme son rôle est assez physique, il est évident qu'elle a dû compléter sa gym régulière par un entraînement un peu plus poussé. (D'ailleurs, d'après Allociné, on avait d'abord pensé à la sportive Angelina Jolie pour incarner l'héroïne.)

   Mais revenons à l'épisode Soyouz. Il est riche à plus d'un titre. Il montre l'apprentie astronaute hésiter entre l'abandon et l'instinct de survie. La relation avec Kowalski-Clooney prend de plus un tour inattendu (alors que ce personnage masculin a connu une évolution à la Mission to Mars quelques minutes auparavant...). L'avant-dernière séquence, dans la station chinoise (elle aussi abandonnée) est presque aussi réussie... et contient une surprenante conversation avec un Chinois !

   La fin pourra décevoir certains, mais elle est dans la logique de l'histoire. J'ai plutôt été agacé par la prolifération du "juste à temps". Le réalisateur aime jouer avec nos nerfs... un peu trop souvent !

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Omar

   La première demi-heure de ce film palestinien est une comédie de moeurs. On y découvre trois amis d'enfance : Tarek, le meneur (qui sort des blagues pourries de chez pourries), Amjad, le hâbleur (dont l'imitation de Marlon Brando fait les délices du quartier) et Omar, le beau gosse intègre, employé sérieux dans une boulangerie. Le héros en pince secrètement pour Nadia, la soeur cadette de Tarek. Régulièrement, il "fait le mur" pour rencontrer en cachette sa dulcinée... et il lui écrit des mots doux.

   Sauf que tout ceci se passe entre Israël et Palestine, la Cisjordanie étant traversée par le mur de séparation. En maints endroits rôdent des soldats de Tsahal qui, à l'occasion, humilient le Palestinien de passage.

   De plus, les trois jeunes hommes sont engagés politiquement, plutôt dans la résistance laïque (peut-être les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa). Notons que la soeur de Tarek ne porte pas le moindre voile. La décision de passer à l'action va bouleverser la vie des trois hommes... et de la jeune femme.

   L'armée israélienne (plus précisément son service de renseignement) se met à jouer un rôle crucial. L'intérêt de ce film est de dénoncer non pas la violence physique exercée par l'occupant, mais la violence morale, à travers les choix cornéliens qui sont imposés aux jeunes Palestiniens. Qu'est-ce qui compte le plus à leurs yeux ? Jusqu'où chacun est-il prêt à aller pour la cause ?... Et qui trahit qui ?

   Le film devient un polar très bien construit, où l'on tente de démêler le vrai du faux. On ne sait pas jusqu'à quel point les personnages mentent. C'est du niveau d'une tragédie grecque : il n'y a pas de bonne solution. Alors, quelle est la moins mauvaise ?

   La montée en tension est maîtrisée, avec toutefois deux invraisemblances : Omar croit un peu trop vite un gros mensonge qu'un personnage lui balance pour sauver sa vie et, plus tard, c'est au tour d'un agent israélien de se faire un peu trop facilement berner.

   La réalisation est au cordeau, avec quelques scènes très enlevées, celles des poursuites dans les ruelles de la ville palestinienne. Après Ajami, Inch'Allah et L'Attentat, c'est une nouvelle fiction coup-de-poing sur le conflit proche-oriental.

   Malheureusement, le talent déployé dans ces films semble inversement proportionnel aux perspectives de règlement du conflit...