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dimanche, 29 janvier 2017

Dalida

   Presque cinq après Cloclo, le cinéma français replonge dans le biopic d'une vedette populaire morte prématurément. Coïncidence ou pas, les deux chanteurs ont passé leur enfance en Egypte, dans la communauté européenne. Ils ont aussi l'Italie en commun, plus précisément la Calabre, dont est originaire la famille de Iolanda Gigliotti, tout comme celle de la mère de Claude François. On note que les deux enfances ont été bercées par la musique, notamment celle jouée au violon.

   Là s'arrêtent les ressemblances. La vie de Dalida est un écheveau de moments d'intense bonheur et de drames, qui l'ont conduite à deux tentatives de suicide, la seconde réussie. Autre différence : la chanteuse n'a pas eu d'enfant, elle qui aurait tant voulu être mère, quitte à laisser un peu tomber sa carrière.

   Contrairement à Cloclo, Dalida nous fait découvrir le passé par touches, à l'aide de retours en arrière. Cela donne au film un côté puzzle qui n'est pas déplaisant, ni déstabilisant : on sait toujours où et quand l'action se déroule. De plus, à l'écran, les tons varient en fonction du lieu et de l'époque. C'est le moment de signaler la grande qualité de la photographie et les efforts pour mettre en scène de manière un peu originale le parcours d'une personne qui a tant occupé les écrans.

   J'ai en tête deux moments particulièrement bien filmés : la demande en mariage de Lucien Morisse, acceptée mais qui vient trop tard (ce qui nous est montré à l'aide de la dissociation des glaces du miroir de la loge) et l'entrée puis la sortie de la scène du palais des sports de Paris. La réalisatrice Lisa Azuelos a su porter à l'écran le monde des paillettes et sa face cachée.

   Pour cela, elle a pu aussi s'appuyer sur la distribution. Tout le monde le dit mais je vais le répéter quand même : dans le rôle-titre, Sveva Alviti est une révélation. Certes, à la base, il y a bien une ressemblance physique entre l'actrice et la chanteuse qu'elle est chargée d'incarner. Mais elle a su acquérir les attitudes et une partie du phrasé de la vedette. Signalons que le film est polyglotte, principalement tourné en français et en italien, avec des touches d'anglais et d'arabe. Quel plaisir que d'entendre la langue de nos amis transalpins !

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   Sveva Alviti est épaulée par une batterie d'acteurs chevronnés, de Jean-Paul Rouve à Riccardo Scamarcio (excellent en Orlando), en passant par Patrick Timsit et Nicolas Duvauchelle. J'ai cité des comédiens de sexe masculin, parce que la vie de Dalida a été marquée par ses rencontres, aussi bien artistiques que sentimentales, les deux s'entremêlant souvent. Ce biopic est donc aussi le portrait d'une femme (qui tente d'être) libre, qui a aimé l'amour et la chanson d'amour, avant de découvrir, sur le tard, qu'elle pouvait aussi interpréter des titres plus "exigeants".

   Du coup, même si on n'est pas un inconditionnel de la chanteuse (dont les titres illustrent les principaux moments de l'histoire), on peut s'attacher à ce portrait de femme, très bien interprété.

samedi, 28 janvier 2017

Les boulettes de Jean-Mimi

   La cuisine politique aveyronnaise peut, parfois, se révéler savoureuse. Hélas, d'ordinaire, elle nous propose plutôt des plats précuits, sans saveur, où l'on aurait bien de la peine à reconnaître la "patte" d'un grand chef. Dans le département, Jean-Michel Lalle est l'un des élus qui pourraient prétendre au titre de "toqué" : il est maire de Rodelle (depuis 1989 !) et a été, de 1998 à 2015, conseiller général de l'Aveyron (et même vice-président de 2008 à 2015). S'ajoute à cela la présidence d'une structure intercommunale, d'abord nommée Bozouls-Comtal, devenue récemment Comtal-Lot-Truyère.

   Cela nous ramène à la récente élection du président de cette nouvelle intercommunalité... et à ses conséquences. Dans un premier temps, J-M Lalle a habilement manoeuvré : n'étant plus conseiller général (et se trouvant à la retraite), il a communiqué sur sa totale disponibilité. Il a aussi sous-entendu qu'il ne s'éterniserait pas à ce poste. Agé de bientôt 70 ans, il pourrait quitter la fonction après les prochaines élections municipales, en 2020. (Mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient...) En sous-main, il a peut-être aussi fait quelques promesses aux maires qui l'ont soutenu...

   Une fois le président désigné, on est passé aux vice-présidents. Magnanime (et sans doute aussi pour éviter une guéguerre stérile), la majorité qui s'était portée sur J-M Lalle a laissé la première vice-présidence au candidat battu, Jean-Claude Anglars. Celui-ci doit espérer récupérer la présidence en 2020. Pour les suivants, il a fallu réaliser un dosage subtil. En effet, le territoire de la nouvelle communauté est quasi abracadabrantesque : il s'étend des portes de Rodez à l'Aubrac et à la frontière du Cantal ! Une communauté épousant les contours de la vallée du Lot était concevable, mais ici, de la part de certains élus de l'ancien canton de Bozouls, il y a eu clairement la volonté d'échapper à la fusion avec le Grand Rodez... où, pourtant, une forte proportion des actifs travaille... et où nombre d'habitants vont faire leurs courses !

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   Sur la carte ci-dessus, j'ai souligné le nom des communes dont les élus (presque tous maires) ont été désignés vice-présidents de la nouvelle intercommunalité. On remarque que toutes les communes de l'ancien canton de Bozouls ont été servies (Jean-Michel Lalle étant, rappelons-le, maire de Rodelle). Avec 13 vice-présidences prévues, on avait de quoi contenter 14 maires communes (en comptant le président de la communauté). Il était donc prévu d'en laisser 7 sans vice-présidence. En réalité, ce fut 8, puisque la commune d'Espalion a obtenu deux vice-présidences.

   D'un strict point de vue démographique, ce n'est pas totalement injustifié : la commune d'Espalion regroupe 4 500 des 19 000 habitants de la communauté. Mais cette (légère) prépondérance pourrait se concrétiser uniquement en terme de nombre de membres du conseil communautaire. De très mauvaises langues affirment que la seconde vice-présidence est venue récompenser la "trahison" de certains élus d'Espalion (notamment le maire et son adjoint), qui ont laissé tomber leur allié "naturel" (Jean-Claude Anglars).

   De surcroît, la désignation de ces vice-présidents est entachée d'illégalité. J-M Lalle (et les autres élus) ont "oublié" qu'il fallait procéder à un vote à bulletin secret. Sacrée boulette pour des politiques qui sont dans le système (pour certains) depuis plusieurs dizaines d'années ! La seconde boulette est encore plus croquignolesque, puisqu'elle nous apprend que les élus ne connaissent visiblement pas (assez bien) le code des collectivités territoriales !

   C'est l'article L5211-10 qui est en cause. Que dit-il ? Que, en règle générale, la nombre de vice-présidents ne doit pas excéder 20 % du nombre total de conseillers communautaires. La communauté Comtal-Lot-Truyère comptant 41 conseillers, le nombre de vice-présidents devrait être plafonné à... 8 (ou 9... j'y reviendrai).

   Or, ce sont bien 13 vice-présidents que l'on a, dans un premier temps, désignés. Pourquoi donc ? La suite de l'article nous apprend que le conseil communautaire peut décider, à la majorité des deux tiers, de fixer un nombre de vice-présidents plus élevé, dans la limite de 30 % des élus (ou de quinze vice-présidents). C'est là qu'on réalise que certains élus connaissent quand même un peu le code des collectivités, puisqu'ils ont fait jouer cette clause... mais l'ont mal appliquée.

   Ils ont effectué leur calcul à l'envers. Ils ont dû se dire qu'ils avaient droit à 30% de 41 élus, soit 12,3 vice-présidents, qu'ils pouvaient arrondir à l'entier supérieur, donc 13. En réalité, le calcul est un calcul de vérification, qui s'effectue après coup, pour s'assurer que le nombre de vice-présidents choisi rentre dans les clous. Donc, les élus ont voulu désigner 13 vice-présidents. Ce nombre représente 31,7 % du total des conseillers communautaires. C'est trop ! Et d'ailleurs, 13 vice-présidents pour une communauté d'à peine 19 000 habitants, c'est beaucoup trop ! 8 ou 9 auraient été largement suffisants... mais cela aurait fait des mécontents parmi les maires... privés d'une indemnité supplémentaire. (Contrairement aux conseillers communautaires de base, les vice-présidents peuvent être rémunérés.)

   Ce n'est pas la première fois que l'expérimenté Jean-Michel Lalle se prend les pieds dans le tapis. L'an dernier, il s'était un peu rapidement assis sur la laïcité à la française en autorisant, dans un premier temps, la tenue d'une cérémonie religieuse à l'occasion de l'inauguration d'un bâtiment financé par des fonds publics. Pour certains, ce n'était sans doute qu'un point de détail. Cependant, à une époque où un islam rétrograde et identitaire tente de se développer en France, il est vital que le personnel politique soit vigilant sur toute intervention du religieux dans la vie publique... quelle que soit la religion concernée.

   P.S.

   Concernant les vice-présidences de la communauté Comtal-Lot-Truyère, la presse a été parfois approximative sur l'identité de l'une des bénéficiaires. La maire de Saint-Hippolyte, Mme Lafon, ne se prénomme pas Christine mais Francine. Certes, elle n'est en place que depuis 2014, mais n'importe qui peut vérifier son identité en consultant le Livre des maires ou en se replongeant dans les résultats des dernières élections municipales...

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   La concernant, une énigme demeure, à propos de sa profession. Comme on peut le voir ci-dessus, le Livre des maires la présente comme "chauffeur", alors que toutes les autres sources que j'ai consultées (de mon-maire.fr au Monde, en passant par la-mairie.com) la présentent comme agricultrice.

vendredi, 27 janvier 2017

Une ministre qui manque de lettres

   Ce n'est qu'aujourd'hui (en lisant le dernier numéro de L'Hebdo) que j'ai pris connaissance de l'anecdote : en visite à l'école de gendarmerie de Tulle (le 13 janvier dernier), la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a laissé un petit mot sur le livre d'or... avec quelques fautes de français, que le quotidien Le Figaro s'est fait un plaisir de relever. Le document d'origine est visible sur le site de France 3 Limousin :

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   On va me dire : ce n'est pas grave, ce sont juste quelques erreurs d'étourderie ; concentrons-nous sur le fond plutôt que sur la forme. Voilà qui ne manque pas de pertinence... sauf que... la ministre semble coutumière du fait. Ainsi, Le Figaro (toujours lui) rappelle qu'on peut trouver ce genre de "bourdes" jusque sur le site internet de la ministre. Curieux, je suis allé y jeter un oeil... pour constater que les erreurs n'ont pas été corrigées (on pourrait aussi gloser sur l'emploi immodéré des majuscules) :

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   C'est tout de même la page de présentation de la ministre, qui (elle ou un-e quelconque employé-e) aurait pu faire l'effort de la rectifier. Ceci dit, après avoir consulté plusieurs billets publiés sur le site, je dois reconnaître que l'expression est en général de qualité irréprochable. D'autres que moi (un peu obsessionnels, peut-être... sont-ils aussi vigilants quant à la qualité de l'expression écrite des politiques qui ne sont pas issus de l'immigration ?) ont épluché le compte Facebook de la ministre... Faut vraiment avoir du temps à perdre... De mon côté, plus que l'orthographe de Mme Vallaud-Belkacem, c'est la teneur de certains commentaires à ses billets qui m'a fait bondir. En voici un exemple :

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   Comme vous l'avez sans doute deviné, le commentaire négationniste (qui pourrait valoir des poursuites à son auteure) a été "écrit" en réaction (je trouve que le terme est bien choisi) à un billet sur la journée de la mémoire des génocides. A ce propos, il serait bon quelqu'un signale à la ministre qu'elle devrait arrêter d'employer le mot "Holocauste", qui prête à confusion.

   Mais revenons à nos moutons. On attend de la ministre de l'Education qu'elle donne l'exemple. Trop de jeunes arrivent sur le marché du travail sans savoir rédiger la moindre phrase anodine sans faute. La récente volonté de la ministre d'appliquer une ancienne réforme de l'orthographe, dont presque plus personne ne voulait, réveille le soupçon de nivellement par le bas, qui a pesé sur tant de ses prédécesseurs...

mardi, 24 janvier 2017

Un Sac de billes

   C'est Christian Duguay (auteur récemment de l'inégal Belle et Sébastien : l'aventure continue) qui s'est chargé de cette deuxième adaptation du récit autobiographique de Joseph Joffo. Il s'est appuyé sur une distribution de luxe, les parents du gamin étant interprétés par Patrick Bruel et Elsa Zylberstein (tous deux très bien). De plus, au détour d'une scène, on croise Christian Clavier (en médecin patelin) et surtout Bernard Campan, excellent en libraire pétainiste.

   Mais la meilleure surprise fut pour moi la prestation de Kev Adams, surprenant en résistant juif. Le concernant, on sera attentif au dialogue qu'il entretient avec un officier SS, auquel il finit par lâcher : "Je suis juif... et je t'emmerde !" Je pense que, dans ce cas comme à quelques autres occasions dans le film, les situations ou les dialogues, qui s'écartent parfois un peu de l'oeuvre d'origine, répondent à des problématiques contemporaines.

   La première partie de l'histoire est assez emballante. Le film reprend la fameuse scène des clients allemands du coiffeur parisien, l'image lui donnant une tension supplémentaire par rapport au papier. Mais le plus marquant des moments est sans conteste cette soirée au cours de laquelle le père, naguère très fier de sa judéité, donne à ses fils une leçon qu'ils ne sont pas prêts d'oublier...

   Peut-être est-ce dû à mon grand âge, mais j'ai davantage apprécié les scènes faisant intervenir les adultes... peut-être tout simplement parce qu'ils jouent mieux que les enfants... surtout mieux que celui qui incarne le héros, à qui j'ai eu plus d'une fois envie de coller des gifles. Il n'y a pas que son jeu qui m'a agacé. Son personnage n'évolue quasiment pas. Il est trop souvent dans la chialerie, alors que le livre de Joffo montre bien qu'il s'est petit à petit endurci, qu'il a beaucoup mûri et, surtout, qu'il est devenu très débrouillard (tout comme son aîné d'ailleurs). Autant de choses qui sont mal rendues dans le film.

   Il reste plusieurs très jolis moments à savourer, comme ce morceau de violon en pleine cavale, ou les éructations du libraire antisémite devant son jeune protégé, qu'il prend soin d'emmener à l'église... Je suis donc sorti de là partagé. Le film est tout à fait visible et contient de très bonnes scènes, mais il est gâté par certains défauts. On pourrait aussi regretter que, par rapport au livre, il ait passé sous silence trop d'épisodes marquants (je pense notamment aux rencontres de paysans).

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   P.S.

   La déportation des juifs de Nice fut l'oeuvre notamment d'Aloïs Brunner, une des pires crapules auxquelles le IIIe Reich ait offert une carrière inespérée. On a récemment entendu à nouveau parler de lui. Une enquête publiée dans le magazine XXI affirme qu'il serait mort en 2001, dans les geôles syriennes, après avoir beaucoup servi le père de Bachar el-Assad.

dimanche, 22 janvier 2017

Basculements démographiques

   Les médias se sont récemment fait l'écho des derniers résultats du recensement partiel de la population française, qui aboutissent aux populations légales 2014. (Il y a trois ans de décalage entre la publication des estimations et la référence des données.)

   Au niveau national, on a souligné le fait que la population de la France continue d'augmenter et qu'elle dépasse désormais les 67 millions d'individus. Au niveau régional, on a mis en valeur le dynamisme de la région Midi-Languedoc. Au niveau départemental, on s'est félicité que l'Aveyron ait enrayé son déclin démographique, même si l'augmentation est une des plus faibles du pays.

   Quand on regarde le détail des résultats, on s'aperçoit que les évolutions sont très contrastées en Rouergue. L'essentiel du dynamisme repose sur l'aire urbaine de Rodez, la commune chef-lieu exclue... ou pas ? En fait, quand on compare les données chiffrées les plus récentes (celles fournies en 2016 et 2017, pour les années 2013 et 2014), on constate que, quel que soit le critère retenu (la population municipale ou la population totale), Rodez a regagné des habitants (un peu moins de 400 en terme de population totale, un peu plus de 340 en terme de population municipale), y compris par rapport aux années précédentes. Certes, ce n'est pas une augmentation fulgurante, mais cela ressemble quand même à un retournement de tendance.

   Là n'est pas toutefois la principale information contenue dans les récentes publications. La hiérarchie des villes aveyronnaises a été modifiée. Ainsi, Onet-le-Château peut désormais prétendre à la place de troisième commune aveyronnaise, sa population municipale (11 837 habitants) ayant dépassé celle de Villefranche-de-Rouergue (11 822 habitants). Cependant, au niveau de la population totale, cette dernière reste troisième (12 592 contre 12 406).

   Le basculement est plus prononcé dans un autre cas. Derrière Rodez, Millau, Villefranche, Onet et Saint-Affrique, Luc-La-Primaube a subtilisé la sixième place à Decazeville : 6 084 contre 5 899 habitants (en population totale), 5 898 contre 5 686 (en population municipale).

samedi, 21 janvier 2017

Julieta

   Séance de rattrapage cette semaine, grâce au Festival Télérama, qui permet de (re)voir certains des films art et essai qui ont marqué l'année dernière. Dans la liste, je me permets de recommander Elle (ne serait-ce que pour Isabelle Huppert), Café Society (un bon Woody Allen), Frantz (malgré Pierre Minet), Midnight Special (inclassable), Ma Vie de courgette (une animation audacieuse sur le fond). Pour la beauté des images (et pour 3,5 euros), on peut aussi éventuellement tenter La Tortue rouge.

   L'auteur de ces lignes fut un fan de Pedro Almodovar, jusqu'au milieu des années 1990. J'aimais son côté déjanté, un peu obsédé sexuel, hein, et je trouvais qu'il savait choisir ses actrices. Ce dernier point n'a pas changé, mais, depuis vingt ans, le cinéaste a pris du bide et semble bander mou. Voilà pourquoi je n'étais pas allé voir Julieta à sa sortie. Concernant Almodovar, je m'étais arrêté définitivement à Volver.

   Nous voilà en présence d'un mélo, dont les personnages principaux sont des femmes, en particulier l'une d'entre elles, dont le prénom a donné son titre au film. Elle est incarnée par deux actrices, à deux époques différentes. Celle qui nous guide dans l'histoire a plus de quarante ans. A l'aise financièrement, elle s'apprête à quitter l'Espagne pour partir vivre au Portugal avec son nouveau compagnon, qu'elle a rencontré dans sa "deuxième vie". Mais, soudain, la première va ressurgir.

   On la découvre par l'entremise du journal intime que l'héroïne se décide à écrire, en forme de lettre à sa fille qu'elle a tant aimée et qu'elle n'a pas revue depuis plus de dix ans. Les retours en arrière nous font découvrir les débuts de vie d'adulte, avec la séquence marquante du train, puis le séjour en bord de mer. C'est là que tout s'est joué. Les actrices sont épatantes. On retrouve même avec plaisir Rossy de Palma, dans un second rôle piquant voire inquiétant...

   Le problème est que c'est cousu de fil blanc. N'importe quel spectateur doté de quelques neurones comprend la véritable raison de la séparation de la fille et de la mère. Les rares péripéties de l'intrigue sont quand même téléphonées (du compagnon pécheur qui prend la mer en pleine tempête à la gamine qui s'éloigne soi-disant pour vivre une retraite spirituelle). Il reste heureusement le savoir-faire d'Almodovar, qui joue avec nous dès la première image, intrigante. Cela donne un film plaisant, sentimental dans le bon sens du terme, mais loin des chefs-d’œuvre qu'il a réalisés auparavant.

20:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 20 janvier 2017

Une claque pour un gymnase

   C'est un peu la conclusion que l'on peut tirer de la lecture d'une tribune publiée dans le dernier numéro du Bulletin d'Espalion, qui consacre une page entière à la récente élection du président de la nouvelle communauté de communes Comtal-Lot-Truyère, qui s'est déroulée il y a à peine plus d'une semaine.

   Cette tribune est signée Jean-Noël Ruffat, conseiller municipal d'opposition, élu en 2014 sur une liste de sympathisants de l'ancien maire Gilbert Cayron ("Espalion dans l'action"). Que peut-on y lire ? Que le vote du maire d'Espalion et de ses proches aurait fait basculer le scrutin, permettant à Jean-Michel Lalle de damner le pion à Jean-Claude Anglars. Or, il se trouve qu'Eric Picard (le maire d'Espalion) est aussi le suppléant d'un conseiller départemental élu en 2015... Jean-Claude Anglars ! Comment expliquer ce revirement ?

   D'après Jean-Noël Ruffat, le choix de l'emplacement où devait être construit un nouveau gymnase a été déterminant dans cette querelle. L'ancien maire d'Espalion Gilbert Cayron (dont J-N Ruffat a été l'adjoint de 2008 à 2014) avait envisagé de l'installer dans la partie basse de la commune, à proximité d'un axe structurant, rendant son accès aisé. Arrivé à la tête d'Espalion en 2014, Eric Picard s'est empressé de modifier le projet, pour tenter d'implanter ledit gymnase tout en haut de la commune, sur le plateau de la gare, un endroit souvent encombré auquel, de surcroît, l'accès n'est pas aisé. On évoquait aussi les risques que les travaux d'aménagement pourraient faire courir à certaines rues environnantes.

   Le maire d'Espalion a dû finalement manger son chapeau. A la bronca d'une partie des habitants (dont Jean-Noël Ruffat) s'est ajouté le lâchage par la communauté des communes Espalion-Estaing, présidée par... Jean-Claude Anglars. Qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ?

   Au passage, signalons que, dans l'article adjacent qui raconte la soirée qui a vu Jean-Michel Lalle triompher de J-C Anglars, la photographie d'illustration montre les deux principaux protagonistes presque au même moment que celle parue dans la version papier de Centre Presse.

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   Toutefois, sur celle publiée par le Bulletin, le vaincu du jour ne fait pas la gueule. Etonnant, non ?

jeudi, 19 janvier 2017

The Birth of a Nation

   Ce biopic rend hommage, d'une certaine manière, à Nat Turner, un esclave noir américain qui s'est révolté en 1831, dans l'Etat de Virginie. Derrière et devant la caméra, l'acteur-réalisateur Nate Parker a tenté de concilier film militant et production hollywoodienne.

   Pour cela, il a réuni une brochette de comédiens très convaincants, les méchants comme les gentils. Au niveau de la mise en scène, on remarque la volonté d'appuyer là où ça fait mal, sur les nombreuses (et diverses) violences dont les esclaves ont été victimes. Impressionnante est la scène au cours de laquelle un red neck esclavagiste casse les dents de l'une des ses "propriétés", calmement,  à coups de marteau. Le metteur en scène n'a toutefois pas osé aller "trop" loin : les viols ne sont que suggérés. On en perçoit toutefois parfaitement les conséquences, grâce au talent des actrices.

   La réalisation est assez scolaire et, à ce que j'ai pu en juger, s'inspire de prestigieux précédents. Ainsi, l'inévitable scène du fouet n'est pas sans rappeler ce que l'on voit dans 12 Years a Slave... mais en moins bien. Vers la fin, la bagarre de rue qui oppose esclaves révoltés et milice esclavagiste est un évident décalque du magnifique début de Gangs of New York... sans le talent de Scorsese. Enfin, l'esprit de révolte est bien mieux mis en scène dans l'excellent Django unchained du non moins excellent Quentin Tarantino.

   A part cela, c'est du cinéma très correct, mais qui souffre de la comparaison avec d'autres productions, assez récentes et bien meilleures. De surcroît, je soupçonne les scénaristes d'avoir un peu (beaucoup) "tordu" la réalité historique pour servir leur propos (fort louable), à savoir la dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme. C'est l'impression que j'ai eue après avoir lu  Confessions de Nat Turner, un excellent petit livre, publié aux éditions Allia (qui ont eu l'intelligence d'en mettre un extrait en ligne).

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   Encadré par une présentation et une mise en perspective, on trouve le récit du rebelle, mis par écrit par son avocat juste avant son exécution. On en regrette davantage le film auquel cela aurait pu donner naissance.

dimanche, 15 janvier 2017

Un détail révélateur

   J'aime bien les séries policières, surtout quand elles comportent une touche d'humour. Dans le genre, depuis une dizaine d'années, je trouve que c'est NCIS (la série d'origine, pas les pâles copies qui sont sorties ensuite) qui réussit le mieux. Mais, depuis quelques années, je prends plaisir à regarder Meurtres au paradis, une coproduction franco-britannique tournée en Guadeloupe (et en anglais). Signe que j'aime cette série : j'apprécie d'en revoir des épisodes, de temps à autre.

   Ce fut le cas récemment, la chaîne France Ô rediffusant la saison 1, à l'époque où officiait le plus attachant des duos d'enquêteurs, composé du britishissime Ben Stiller et de la piquante Sara Martins (qu'on a pu voir récemment dans un épisode de Cherif).

   La vision successive des épisodes 5 et 6 (L'Ange gardien et Dernière plongée) a été l'occasion d'une découverte, grâce à un détail que je n'avais jamais remarqué auparavant :

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   Cette capture d'écran a été effectuée au début de l'épisode 5. On y voit l'inspecteur nettoyer le tableau blanc dont il se sert pour synthétiser les éléments d'une enquête en cours. Pour lancer la nouvelle, il enlève les éléments de la précédente.

   Or, ce qui est écrit sur le tableau blanc correspond aux éléments de l'épisode suivant, au cours duquel un plongeur, nommé Benjamin Lightfoot, est retrouvé mort noyé. A un moment de l'enquête, les policiers vont s'intéresser à un plaisancier, qui se fait appeler Danny Barba (Fernandez de son vrai nom).

   Voilà qui tend à prouver une chose : soit les épisodes ne sont pas tournés dans l'ordre, soit l'ordre de diffusion des épisodes a été modifié après leur tournage.

samedi, 14 janvier 2017

La cathédrale de Rodez sur France 3

   Elle est apparue dans l'un des reportages de l'émission Les Nouveaux Nomades, diffusée ce samedi sur la chaîne publique. C'est d'ailleurs le premier des quatre sujets du programme, annoncé par une lucarne dans laquelle on a bien pris soin de rappeler un détail crucial concernant l'édifice :

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   Rappelez-vous, il y a environ trois ans : la couleur de l'église avait fait le buzz, à cause de l'émission On va s'gêner, animée à l'époque par Laurent Ruquier (avant qu'il ne rejoigne RTL et ses "grosses têtes"). Au passage, la vue aérienne permet d'observer, par temps ensoleillé, le superbe jardin de l'évêché, que la plupart des Ruthénois ne voient jamais...

   Dans l'émission, notre guide est Dominique Vermorel, qui a créé l'entreprise du même nom, dont le siège se trouve à Salles-la-Source, tout près de l'aéroport. Je trouve d'ailleurs que le bâtiment est assez joli, en comparaison de ce que l'on peut voir le long de la route dès qu'on quitte Rodez :

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   Concernant la cathédrale, les plus belles images qui nous sont proposées sont, pour moi, outre les vues aériennes, les plans sur les gargouilles restaurées, certaines depuis quelques années.

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   Par contre, je ne pense pas qu'il faille se fier à son analyse étymologique du mot "clochard". Cela n'a rien à voir avec les cloches d'une église, mais plutôt avec un ancien verbe qui signifier boiter (ou un nom qui désigne quelqu'un d'incapable).

La Mécanique de l'ombre

   Ce polar hexagonal a puisé sa matière dans l'histoire politique récente de la France, en mêlant plusieurs époques, à ce qu'il m'a semblé. Ainsi, en toile de fond, on reconnaîtra des aspects aussi bien de la campagne présidentielle de 1988 (avec la libération des otages du Liban en jeu) que de la rivalité Chirac-Balladur de 1995 ou encore de l'ascension politique de Nicolas Sarkozy (puisqu'il est question d'argent libyen).

   Au coeur de l'intrigue se trouvent des écoutes téléphoniques, sans doute illégales. Mais le véritable mystère porte sur le(s) commanditaire(s), que l'on va mettre du temps à découvrir. Nous voilà donc embarqués aux côtés d'un homme ordinaire, cadre moyen qui se retrouve au chômage, en dépit de réelles qualités professionnelles. Cet homme bienveillant, méthodique, qui tente de surmonter sa dépendance à l'alcool et une séparation douloureuse est incarné avec beaucoup de retenue par l'excellent François Cluzet (déjà très bon dans le récent Médecin de campagne).

   Mais le film ne serait pas aussi prenant s'il n'était pas épaulé par une formidable batterie de seconds rôles. Parmi eux, qui distinguer ? Evidemment Denis Podalydès, froid et mystérieux. Mais aussi Simon Abkarian, étonnant en agent de terrain fougueux voire incontrôlable. Je n'oublie pas non plus Sami Bouajila, Philippe Resimont (un visage connu des amateurs de séries télévisées) et Alba Rohrwacher (que l'on a pu voir récemment dans L'Ami, François d'Assise et ses frères).

   L'autre bonne surprise de ce film est la qualité de la mise en scène. Thomas Kruithof est pour moi un illustre inconnu, mais il fait preuve d'un incontestable savoir-faire. Son principal talent est de savoir susciter le malaise et l'étrangeté autour de l'ambiance de barbouzes. On perçoit très bien la paranoïa qui gagne progressivement le personnage principal, qui va d'ailleurs beaucoup évoluer dans l'histoire. Notons que les scènes d'action comme les moments intimistes sont réussis.

   Le scénario est habilement construit. Il associe la vie quotidienne d'un homme qui tente de ne pas perdre pied à la mise en place d'un complot à visée politique. Assez austère sur la forme, le film n'en constitue pas moins une excellente surprise.

vendredi, 13 janvier 2017

Passengers

   Ces "passagers" sont les 5 000 personnes en hibernation sur un vaisseau spatial en route pour une lointaine colonie. Mais l'on va s'attacher au sort de deux d'entre eux (dans un premier temps), un électro-mécanicien (Chris Pratt, très musclé et très débrouillard) et une journaliste (Jennifer Lawrence, dont le corps -magnifique- a visiblement tapé dans l'oeil du metteur en scène...).

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   Autant le dire tout de suite : j'ai été passionné par ce film, alors que les deux acteurs principaux font partie des vedettes que j'estime "surcotées". Oh, ils ne jouent pas mal (heureusement !), mais leurs performances n'ont rien d'exceptionnel. (Pour moi, c'est Michael Sheen qui est le plus convaincant, dans le rôle d'un barman-androïde !)

   Par contre, derrière la caméra, il y a un type (Morten Tyldum, auquel on doit notamment Imitation Game) qui connaît son affaire. Ce que l'on voit à l'écran est un habile assemblage de décors futuristes très variés et de paysages numériques d'une beauté somptueuse. Dès le début, j'ai été cueilli par cette vision du vaisseau dans l'espace. Et que dire des deux "promenades en terrasse", au cours desquelles les héros profitent de la vue, en scaphandre ! On pourrait aussi parler des plans du réacteur, très réussis.

   Mais la scène la plus emballante est celle qui se déroule à l'occasion d'une des pertes de gravité. L'héroïne est alors en train de nager dans la piscine-hublot (une excellente trouvaille, soit dit en passant). La voilà piégée dans une gigantesque bulle d'eau, alors que tous les objets flottent dans la pièce ! Quand on n'a pas l'oeil rivé sur le maillot de bain (exquis) que porte J. Lawrence, on peut pleinement profiter du spectacle.

   Ceci dit, le scénario n'est pas d'une grande originalité. Si plusieurs mystères planent sur le vaisseau et son fonctionnement, l'intrigue suit un chemin assez linéaire. La première partie est assez surréaliste : on suit un homme (presque) seul dans une immensité technologique. Les plafonds ont beau être très hauts, c'est parfois étouffant. Puis commence une histoire d'amour un peu particulière, qui va connaître ses hauts et ses bas. Là-dessus se greffe un joli suspense. A un moment, j'ai pensé que l'on se rapprochait un peu trop de Mission to Mars.

   On nous ménage suffisamment de rebondissements pour que l'intérêt soit maintenu jusqu'à la fin, que j'ai toutefois trouvée décevante. Mais cela reste un très bon divertissement grand public (moins prise de tête que Premier Contact), à voir absolument sur (très) grand écran.

23:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 12 janvier 2017

Deuxième gifle pour Jean-Claude Anglars

   En a peine plus d'un mois, c'est la deuxième fois que le maire de Sébrazac, vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron (et titulaire de bien d'autres fonctions) échoue à se faire désigner au poste qu'il convoite, alors qu'il est le favori.

   A la fin de novembre 2016, c'est le basculement d'une voix qui l'avait empêché de remporter l'investiture du centre et de la droite pour la prochaine élection du président du Conseil départemental, qui devrait avoir lieu mardi 24 janvier. Hier, pour l'élection du président de la nouvelle communauté de communes Comtal-Lot-Truyère, l'écart a été plus grand, puisque son adversaire du jour, Jean-Michel Lalle, l'a emporté par 24 voix contre 16, d'après Centre Presse.

   Pour comprendre le résultats de ce vote, il faut analyser la composition de cette nouvelle structure intercommunale, résultat de la fusion de trois communautés, celles d'Entraygues-sur-Truyère, d'Espalion-Estaing et de Bozouls-Comtal :

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   Cette fusion est une conséquence de la loi NOTRe, qui impose un seuil de 20 000 habitants, avec dérogation pour les territoires montagnards ou à faible densité. Dans le cas qui nous intéresse, la création de la communauté Comtal-Lot-Truyère est la conclusion d'un mouvement en plusieurs étapes, dont Jean-Claude Anglars comptait bien profiter.

   Sur la carte ci-dessus, j'ai entouré en jaune la communauté de communes d'Estaing, qu'il présidait. Elle a compté 4 puis 5 communes membres, avec l'arrivée du Nayrac, au début du XXIe siècle. Il y a un peu plus de deux ans, cet ensemble a fusionné avec les communes de l'Espalionnais et Campuac, isolée tout à l'ouest. Cette nouvelle communauté, baptisée Espalion-Estaing, regroupait un peu moins de 10 000 habitants, soit quasiment  autant que celles de Bozouls-Comtal (environ 7 500) et d'Entraygues (environ 2 500) réunies. Voilà qui posait son président J-C Anglars en favori pour mener la nouvelle structure. De surcroît, le vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron, aussi président du pays du Haut-Rouergue, pensait pouvoir compter sur l'influence qu'il exerçait par ce biais.

   Mais, face à lui, il avait un vieux routier de la politique aveyronnaise, un de ses alliés du temps où il siégeait lui aussi au conseil général. La différence entre les deux est que le maire de Rodelle a lâché son mandat de conseiller, pour se concentrer sur ses mandats locaux. De plus, étant plus âgé que son collègue et rival, il a déjà fait valoir ses droits à la retraite. Il est donc totalement disponible pour la fonction, ce qui a pu faire pencher la balance de son côté.

   On ne peut pas non plus écarter l'hypothèse que le récent échec de J-C Anglars à la primaire départementale ait fait la preuve de sa perte d'influence.

   En tout cas, quelque chose me dit que le maire de Sébrazac n'a pas pris ce second échec avec philosophie. C'est en tout cas ce que l'on pouvait déduire de la photographie d'illustration publiée dans l'édition papier de l'article de Centre Presse : On voit clairement que J-C Anglars (qui se trouve à gauche) tire une tronche de dix kilomètres.

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   Curieusement, lorsque la version numérique a été mise en ligne, c'est une autre photographie qui a été choisie pour l'illustrer :

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   Etonnant, non ?

 

mercredi, 11 janvier 2017

Tintin colorisé

   Dans le petit monde de la bande dessinée, c'est l'événement de janvier 2017 : la sortie (pour la première fois) en couleurs du premier album dans lequel apparaît un jeune reporter appelé à devenir célèbre, Tintin au pays des Soviets.

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   Notons que l'oeuvre a été republiée sous deux formats, l'un classique, sans "bonus", mais doté d'une couverture originale (pour moins de 15 euros), l'autre, plus grand, présenté sous un titre légèrement modifié et augmenté d'une préface illustrée (le tout pour un peu plus de 30 euros). C'est cette seconde version que j'ai achetée.

   La préface est signée Philippe Goddin, éminent spécialiste de l'oeuvre d'Hergé. On y apprend (si on l'ignorait) que le personnage inventé par Georges Rémi s'inspirait sans doute d'un jeune globe-trotter danois, Palle Huld. Le contexte dans lequel la bande dessinée a été créée est rappelé, illustrations à la clé. Philippe Goddin évoque aussi le style d'Hergé, pas encore abouti. Au cas où on ne le saurait pas, on découvre un homme en prise avec son époque et fasciné par la vitesse. La représentation de l'automobile en mouvement qui illustre la couverture de l'édition en couleurs s'inspire sans doute d'une photographie. Intéressante aussi est la double-page consacrée aux liens entre Hergé et les marques publicitaires. En se plongeant ensuite dans la (re)lecture, on peut s'amuser à les débusquer, au détour d'une vignette.

   Cela nous amène à l'oeuvre en tant que telle. Je trouve que les couleurs accentuent les contrastes : elles soulignent davantage les faiblesses de certaines pages et, au contraire, mettent encore plus en valeur les passages les plus réussis de l'album. Du coup, le lecteur de la version en noir et blanc retrouve les mêmes qualités et défauts.

   Cette bande dessinée qui dénonce la propagande des Bolcheviks est elle-même une oeuvre de propagande, parfois outrancière... et porteuse de sous-entendus, comme lorsqu'apparaît, au détour d'une page, un tailleur russe. Celui-ci, à l'apparence physique "codée", s'exprime aveg un agzent chermanique, manière de faire comprendre à un lectorat de culture catholique et conservateur qu'il s'agit d'un juif...

   Fort heureusement, l'humour d'Hergé est là, notamment grâce à la présence de Milou, auquel la colorisation n'apporte rien... et c'est tant mieux !

   Signalons que l'édition collector contient une planche bonus, la fameuse planche surnuméraire d'origine, celle qui décalait la mise en page lorsque l'album a été constitué (après la publication en feuilleton). Elle avait été retirée de la version en noir et blanc rééditée jadis, facilitant la lecture de l'album, souvent conçu sur le principe de doubles-pages. On pouvait néanmoins la retrouver dans le premier tome des Archives Hergé, publié en 1973. Elle s'intercale entre les planches 97 et 98.

   C'est donc un plaisir d'adulte que la relecture de cet album m'a procuré. On y perçoit les prémices de l'oeuvre à venir, certaines vignettes annonçant  des scènes que l'on retrouve dans des albums ultérieurs.

   Pour compléter cette lecture, je conseille un autre ouvrage, paru fin 2016, sous la plume d'un autre éminent tintinologue, Albert Algoud :

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   Dans cette somme (composée de plus de 230 entrées), il est notamment question des principaux personnages, avec un article assez osé sur la Castafiore (homme ? femme ? castrat ?), plusieurs autres où il est question de l'origine du capitaine Haddock (Hergé lui-même ? Un personnage de Jules Verne ? La catastrophe du Titanic ?)... et une révélation sur Milou, qui serait... une chienne ! On le voit, c'est à la fois drôle et érudit, sans éviter les questions qui fâchent (sur le racisme, l'antisémitisme). A picorer au lit, au coin d'un feu, dans le train, dans une salle d'attente...

mardi, 10 janvier 2017

Your Name

   Au Japon, Makoto Shinkai est un auteur reconnu, dont les précédents longs-métrages ne sont pas sortis en salles en France. C'est donc avec cette œuvre ambitieuse que le grand public va le découvrir. Le scénario mêle la tradition japonaise (les relations entre adolescents), le fantastique et un romantisme échevelé, surtout vers la fin.

   Cependant, dès le début, on est frappé par la qualité des images. Sur un grand écran, c'est un réel plaisir des yeux. S'y ajoute une incontestable virtuosité technique, visible par exemple quand une femme fume une cigarette ou quand des personnages se retrouvent dans une voiture : ils sont "filmés" de l'extérieur, à travers le pare-brise et les multiples reflets.

   La première partie de l'histoire est assez cocasse : une lycéenne qui s'ennuie dans son village montagnard va vivre temporairement dans la peau d'un garçon de Tokyo qui, à cette occasion, se réveille avec une jolie paire de nichons : le voilà dans le corps de la lycéenne. Cela donne naissance à de bons moments de comédie, un peu appuyés parfois.

   Les ados qui ne se connaissent pas vont apprendre à communiquer (leur interversion n'est qu'intermittente). Chacun va essayer d'améliorer la vie de l'autre. Ainsi, le garçon un peu bourru se découvre une part de féminité, ce qui ne laisse pas indifférent une partie de son entourage. Quant à la jeune fille, elle devient tout à coup plus audacieuse et même caractérielle.

   Les deux histoires vont évidemment finir par se rencontrer, une fois qu'un mystère aura été résolu. Je ne peux pas en révéler la teneur, mais l'intrigue est marquée par un coup de théâtre qui donne une autre ampleur au film. Il prend alors le chemin d'une mission impossible, à laquelle on a envie de croire... jusqu'à la toute fin, qui n'est pas sans rappeler (partiellement) celle de L'Effet papillon.

   En attendant, on aura découvert un peu le "Japon de l'envers", montagnard, rural, où subsistent certaines traditions... et des pouvoirs magiques.

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dimanche, 08 janvier 2017

Faut pas lui dire

   A première vue, on serait tenté de classer cette production franco-belge dans la catégorie des chick flicks, une expression anglo-saxonne parfois abruptement traduite en "films de gonzesses". Comme les héroïnes sont issues de la classe moyenne, on pense à Sex and the city.

   La principale qualité est le rythme. Le tempo est rapide, sur une musique entraînante... et ça ne dure qu'1h30. Les actrices (qu'on a voulues assez différentes les unes des autres) ont la pêche. Toutes les quatre sont belles, amoureuses... et trompées, d'une manière ou d'une autre.

   Au coeur de l'histoire se trouve la préparation du mariage de Yaël (Stéphanie Crayencour, qui a des airs d'Alexandra Lamy), un peu la nunuche du groupe. Ses cousines apprennent que le futur, Maxime (Arié Elmaleh, à qui l'on a envie de filer des claques), n'est pas irréprochable. Son infidélité est même un peu plus "corsée" que ce qui est dévoilé dans la bande-annonce. Pour compliquer le tout, l'ancien grand amour de Yaël (caricature d'ex-djeunse qui a gardé sa barbe de trois jours... comme la plupart des personnages masculins, d'ailleurs) est de retour.

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   Mais la véritable héroïne est la femme de tête du quatuor, Laura l'avocate, dont le personnage s'inspire sans doute du vécu de la réalisatrice, Solange Cicurel, à laquelle ressemble physiquement Jenifer Bartoli, qui interprète le personnage. Elle s'en sort d'ailleurs plutôt bien. Elle aussi se retrouve coincée entre deux mecs, son futur ex-mari (qui semble penser avec sa bite) et un nouveau client, charmeur mais un peu dépassé par les événements.

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   Ma préférée, la plus drôle de la bande, est Anouch, l'Arménienne folle de son papa (qu'aucun homme ne peut égaler). Du coup, elle batifole, évite de s'attacher... et traite les mecs assez durement. Tania Garbarski donne toute sa fougue à ce personnage moins lisse que les autres.

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   On termine avec Eve, celle qui semble la plus heureuse, au début. Elle s'agace que tout le monde lui répète sans cesse à quel point elle a de la chance d'avoir un mari séduisant, attentionné et fidèle. Le problème est que cela dure depuis vingt ans et qu'elle s'emmerde un peu ! Comme ses cousines, elle va se retrouver coincée entre deux mecs... et avec une rivale. Dans le rôle, Camille Chamoux est vraiment très bien :

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   Par contre, si les personnages féminins sont globalement sympathiques, leurs homologues masculins sont plutôt à pleurer. Grosso modo, ce sont des mous et/ou des lâches et leurs interprètes ne contribuent pas à leur donner du relief... sauf Laurent Capelluto (qu'on a vu incarner Imad Lahoud dans L'Enquête). Cela se vérifie au niveau des scènes : celles qui ne font intervenir que les femmes sont très bonnes. Par contre, quand un couple est seul à l'écran, c'est plus inégal.

   Heureusement, les dialogues sont assez bons, avec beaucoup de réparties (certaines graveleuses) qui font mouche. Alors, on se laisse volontiers entraîner dans les aventures du sympathique quatuor, en sachant que la conclusion de l'histoire risque d'être prévisible, voire politiquement correcte.

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samedi, 07 janvier 2017

Père fils thérapie !

   Tout d'abord, l'intrigue est plus complexe que ce que laissait supposer la petite bande-annonce que j'avais vue avant : ce n'est pas qu'une histoire de deux duos père-fils qui vont tenter de se rabibocher. C'est aussi une enquête policière. Sans que cela soit transcendant, cela donne un peu de piment à l'intrigue.

   Ceci dit, elle en avait besoin, parce que le début du film m'a fait craindre le pire. La mise en scène des conflits familiaux est très appuyée, mais ces scènes sont indispensables pour que la pelote se déroule complètement par la suite. Bref, l'un des duos est composé de flics, l'autre d'un avocat et de son fils drogué. Dans les deux cas, la personnalité du père (Richard Berry, Jacques Gamblin) est écrasante. Se greffe là-dessus un troisième "couple" père-fils, celui du truand intouchable (Féodor Atkine, très bien, comme d'hab') et de son rejeton un peu crétin, qui vient d'être incarcéré.

   Une fois posées les fondations, le film peut vraiment décoller avec le début du "stage de réconciliation", géré par la pétulante Julie Ferrier, qui nous livre ici une excellente composition, quelque part entre Benoît Poelvoorde et Bérengère Krief.

   Très drôles aussi sont les présentations des autres duos père-fils. Les seconds rôles sont formidables. On est encore plus emballé quand commence la série d'épreuves de réconciliation. Dès la première (le choix d'une poupée ou d'un objet pour représenter l'autre), on rit beaucoup. J'ai aussi adoré la séquence du cri primal ainsi que celle du combat de boue.

   Ah, j'oubliais : l'un des (autres) duos de participants ment, pour une raison que je ne peux pas révéler. En outre, les flics père et fils sont assistés à distance par deux collègues, l'ex-petite amie du fils (Alice Belaïdi, toujours aussi  craquante... et qui a droit à sa minute féministe) et le subalterne préféré du père (qui cache plus ou moins bien son secret).

   Du côté des papas, j'ai préféré Jacques Gamblin, qui a un rôle plus difficile que Richard Berry, et qui développe une plus grande palette de jeu, à mon avis.

   Evidemment, les pères et les fils vont se réconcilier (après moult péripéties), d'une part parce que les "vieux" vont finir par faire l'effort de se tourner vers les "jeunes", d'autre part parce que les fils vont davantage s'affirmer.

   Ce n'est pas la comédie du siècle, mais elle permet de passer un agréable moment.

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vendredi, 06 janvier 2017

Le Fondateur

   Le titre appuie là où ça fait mal : qui est le véritable créateur de la chaîne de restaurants McDonald's ? Les deux frères éponymes, Dick et Mac, inventeurs d'un nouveau type d'établissement, de "recettes" particulières, ou bien Ray Kroc, le commercial qui a contribué à répandre l'enseigne et structurer un groupe devenu tentaculaire ?

   Le scénario évite de trancher dans le vif, sans doute parce que les trois hommes sont des incarnations de la réussite à l'américaine. Dick et Mac McDonald's sont des archétypes de petits patrons besogneux, économes, honnêtes et ingénieux. Ray Kroc est une grande gueule entreprenante, avide de conquête(s) et d'enrichissement.

   Le début de l'histoire nous prend toutefois presque à contrepied. On nous présente les frères McDonald's comme des types très à cheval sur la qualité de leurs produits et la présentation de leurs restaurants. Ils sont incarnés par des acteurs "de second rang" (très bons au demeurant) : Nick Offerman (dont le public américain connaît surtout la voix, entendue dans de nombrex films d'animation) et John Carroll Lynch (un habitué des séries télévisées).

   Face à eux, Michael Keaton (ressuscité depuis Birdman) est grandiose. Dans un premier temps, on le trouve pathétique, en commercial adepte de la méthode Coué, mais qui accumule les échecs. On le sent aussi en porte-à-faux avec le milieu social dans lequel évolue son épouse, visiblement issue de la "Haute". Ceci dit, on rit volontiers de ses mésaventures. De plus, la rencontre entre le vibrionnant VRP et les taiseux frères McDonald's ne manque pas de saveur.

   La suite tente de ménager la chèvre et le chou. On nous montre Kroc comme un type très entreprenant, ayant parfois des intuitions géniales, mais ne s'embarrassant pas de scrupule pour arriver à ses fins. Quant aux frangins californiens, ils sont dépeints de telle manière que chaque spectateur en tire les conclusions qui l'arrangent. Les partisans de Kroc relèveront leur frilosité et leur côté vieux garçons coincés. Les adversaires du commercial souligneront l'éloge de leur intégrité et de leur ténacité au quotidien.

   Le basculement va s'opérer autour de la propriété des restaurants (qui commencent à ouvrir dans tout le pays) et du fonctionnement du système de franchise. Un conflit va aussi naître à propos des ingrédients. Notons que le scénario s'est efforcé d'intégrer des aspects économiques et commerciaux à l'intrigue, sans que cela soit difficile à suivre.

   Le plus cocasse est que, lorsqu'il est question de prendre un bon repas, tout ce beau monde (y compris le personnel que Kroc va recruter pour diriger les nouveaux restaurants ou gérer la société commerciale qui commence à grossir) se rend dans un établissement traditionnel, à l'opposé de la machine alimentaire fordiste dont ils assurent le développement... sans que cela paraisse contradictoire. Le film est donc assez ambigu, n'ayant pas réellement choisi de point de vue. Mais il nous raconte une formidable histoire.

jeudi, 05 janvier 2017

La Bataille géante de boules de neige

   Pour nous Français, victimes des conséquences du réchauffement climatique, cette animation canadienne joue sur la nostalgie, celle de l'époque où l'on pouvait, pendant les vacances de Noël, faire de la luge et construire des bonhommes de neige, même dans des régions situées à basse altitude.

   L'intrigue met l'accent sur l'aspect guerrier de ces divertissements hivernaux : la bataille de boules de neige. C'est aussi la mise en scène de l'antagonisme factice qui oppose souvent filles et garçons dans ces tranches d'âge (6-12 ans).

   Les auteurs ont pris soin de créer une grande variété de personnages, nombreux étant ceux dotés d'un minimum d'épaisseur. De prime abord, on aurait pu craindre que tout fût centré autour du couple de héros, le général des garçons et la meneuse du groupe adverse. Fort heureusement, il n'en est rien. Parmi les personnages principaux, on trouve un gamin très inventif, un autre adepte des gadgets que lui offrent ses parents, un troisième très attaché à sa chienne, Cléo, celle-ci occupant beaucoup d'espace, avec sa masse poilue comme avec ses flatulences... Notons aussi la présence d'un grand costaud balourd et d'une ribambelle de tout-petits, les "mini-tuques" ! Du côté des filles, c'est la soeur cadette (et rouquine) de Sophie qui m'a marqué. Quel tempérament !

   Le début met en place la rivalité qui va s'installer, sur fond d'ennui pendant des vacances passées au fin fond d'une province au climat très rude. Ensuite apparaît à l'écran ce qui va devenir l'enjeu de la bataille : un château-fort, élaboré par le petit génie de la bande de garçons. La bâtisse recèle beaucoup de surprises. Les scènes de "combat" sont très chouettes, à la fois drôles et animées.

   Les scènes intermédiaires ne sont pas bâclées pour autant. Les adultes en sont curieusement absents. On découvre le côté fragile de certains de ces enfants. Je trouve que leurs interactions sont très réalistes. Les auteurs semblent bien connaître leur sujet et évitent de tomber dans la caricature. Du côté de l'animation, c'est assez joli et propre, sans être d'une étourdissante virtuosité.

   Signalons que, dans la dernière partie de l'histoire, la comédie mélancolique subit une rupture de ton, assez gonflée, mais qui a tout son sens : plutôt que de jouer à s'entretuer, les enfants vont choisir de travailler tous ensemble. Les personnages comme leurs jeunes spectateurs auront appris une bonne leçon.

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mercredi, 04 janvier 2017

Un demi-euro balte

   J'ai récemment eu une bien belle surprise, après avoir glissé une pièce dans la fente d'un distributeur automatique de boissons.  Après avoir récupéré mon café et la monnaie, j'ai pensé à jeter un coup d'oeil aux pièces... et voici ce qui figure sur la face nationale de celle de 50 centimes :

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   Il s'agit d'une pièce lituanienne, comme l'indique la mention "LIETUVA". Elle est illustrée par le Vytis, le "chevalier poursuivant", équipé d'un bouclier orné d'une croix d'Anjou (dite aussi croix de Lorraine). C'est la reproduction des armoiries de la noblesse lituanienne et du grand-duché, dont l'existence s'étendit sur le Moyen Age et le l'époque moderne.

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   Voilà qui complète ma collection de pièces baltes, après celle venue d'Estonie (récupérée en 2011) et celle venue de Lettonie (récupérée en 2015). Signalons que la Lituanie est, à l'heure où j'écris ces lignes, le dernier pays à avoir intégré la zone euro, le 19e sur 28 pays membres de l'Union européenne.

dimanche, 01 janvier 2017

La dernière légion

   C'est la dernière promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur que François Hollande a désignée. Comme d'habitude, on y remarque la présence de beaucoup d'amis politiques. Je déplore toujours autant que des élus, des magistrats, des universitaires et des artistes qui ne font que leur métier soient distingués. (Cette fois-ci, on peut trouver le musicien électronique Laurent Garnier, par exemple...) Les médias ont souligné la présence de personnes qui ont fait preuve de courage lors de l'attentat de Nice du 14 juillet dernier. Leurs noms figurent sur la dernière page de la liste des nommés/promus du jour. (Ceux qui vont être décorés de l'Ordre national du mérite sont plus nombreux.)

   En la consultant, on tombe assez vite (page 6) sur une vieille connaissance des Aveyronnais : Cécile Pozzo di Borgo. L'ancienne préfète de notre département (entre 2011 et 2014) est, depuis son départ, en charge des T.A.A.F. (Terres Australes et Antarctiques Françaises). Elle devient officier, sur le contingent du Premier ministre Bernard Cazeneuve qui est, ne l'oublions pas, l'ancien ministre de l'Intérieur de Manuel Valls.

   Un autre haut fonctionnaire de la République est distingué : Pierre Valleix, procureur général près la Cour d'appel de Montpellier (dont dépendent les tribunaux aveyronnais, rappelons-le). Il devient chevalier, sur le contingent du ministère de la Justice. Les Aveyronnais ont entendu parler de lui à plusieurs reprises. L'an dernier, il était venu assister à l'installation, à Millau, d'une chambre détachée du TGI de Rodez. Il a aussi été mêlé à la série de procès mettant en cause les auteurs d'une page Facebook : après la relaxe du groupe en appel, il avait formé un pourvoi en cassation. (Hélas, la plus haute juridiction française a donné raison aux conducteurs inciviques.)

   Mais revenons à la liste des promus. Elle comporte de nombreux élus, notamment de la région Midi-Languedoc. La majorité d'entre eux se trouvent page 20 :

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   La liste comprend une Aveyronnaise, Anne Blanc, maire de Naucelle et conseillère départementale. Elle est accompagnée d'un ancien adjoint au maire de Toulouse (et ancien conseiller régional) centriste, Michel Valdiguié, d'un élu tarbais (Jean-Claude Palmade) et d'un autre, tarn-et-garonnais, Denis Roger. Du même département est issu, page suivante, l'ancien député-maire de Montauban (Roland Garrigues), qui figure lui sur le contingent du ministre de l'Intérieur, alors que les précédents sont promus sur celui du ministre des Collectivités territoriales, qui n'est autre que Jean-Michel Baylet, grand manitou du PRG. O surprise ! Outre Anne Blanc, deux des nouveaux chevaliers (Michèle Garrigues et Denis Roger) sont membres de ce parti, tout comme Bernard Charles, ancien député-maire de Cahors, que l'on trouve page 7, sur le contingent du Premier ministre.

   Du côté midi-pyrénéen, Rolande Sassano complète la liste (page 13), sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Ce n'est donc pas  tant l'ancienne conseillère régionale (figurant sur la liste de gauche soutenant Martin Malvy en 2004 et en 2010) que l'ex-bouchère et ex-présidente de la Chambre des métiers de l'Ariège qui a été distinguée.

    La gauche languedocienne n'a pas été oubliée, puisque le socialiste Michel Gaudy, vice-président du Conseil départemental de l'Hérault, est lui aussi présent page 20. (Il est promu officier.) Deux pages plus loin, au grade de chevalier, on trouve sa collègue gardoise Anne-Marie Vendeville, actuelle conseillère régionale de Midi-Languedoc (déjà présente sur la liste conduite par Damien Alary en 2010).

   A titre d'anecdote, je signale que, sur la même page, quelques lignes au-dessus, on sera surpris (ou pas) de découvrir le nom de Gilbert Mitterrand (un des fils de l'ancien président de la République), qui fut lui-même longtemps élu socialiste... et qui a dû attendre plus de 20 ans après la mort de son père pour être décoré. Peut-être lui avait-on déjà proposé la légion d'honneur auparavant et peut-être l'avait-il refusée ?

   Je termine sur une note d'humour. J'ai cherché à en savoir plus sur Isabelle Anglade, nommée chevalier (page 14). On nous la présente comme la présidente d'une société d'esthétique capillaire. En clair, son entreprise s'occupe de perruques et d'implants. Quand on sait quel prix François Hollande accorde à l'entretien de ses cheveux, on n'est qu'à moitié étonné. Mais le plus cocasse est que cette nomination est faite sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Il n'a échappé à personne que le titulaire du poste est Michel Sapin, qui pourrait bien avoir besoin des services de la dame !

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