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vendredi, 03 juillet 2020

Jean Castex et les élections

   Les portraits du nouveau Premier ministre se succèdent à un rythme effréné. Les adversaires politiques d'Emmanuel Macron ont tendance à le présenter plutôt comme un technocrate d'obédience sarkozyste, les "macronistes" comme un grand commis de l'Etat ancré localement.

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   Cet enracinement se trouve dans les Pyrénées-Orientales (même s'il est originaire du Gers), dans la commune de Prades. Depuis 2008, Jean Castex en était le maire. C'est d'un cheveu (24 voix) qu'il a remporté sa première victoire aux municipales (au second tour). A l'époque, il a évincé de justesse le maire sortant, le PRG Jean-François Denis.

   Il a dû donner toute satisfaction à ses administrés, puisque, six ans plus tard, en 2014, sa liste l'a emporté dès le premier tour, avec 70 % des suffrages exprimés. Son ancien adversaire PRG figurait pourtant sur la liste de gauche qui lui était opposée, mais en dernière position.

   Rebelote en 2020 : la liste du maire sortant a recueilli plus de 75 % des suffrages exprimés au premier tour.

   Entre ces deux échéances, Jean Castex a complété sa fonction municipale avec deux autres mandats. En 2010, il était tête de liste de la droite aux élections régionales (de Languedoc-Roussillon), dans les Pyrénées-Orientales. En 2015, en binôme avec Hélène Josende (autre maire divers droite du département), il a été élu conseiller départemental, au second tour, dans le nouveau canton "Les Pyrénées Catalanes", face à un binôme de gauche.

   La seule tache dans ce beau parcours électoral est son échec aux législatives de 2012. A l'époque, la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle avait suscité une "vague rose" aux législatives qui avaient suivi. Dans la troisième circonscription des P.O., Jean Castex avait été battu par la socialiste Ségolène Neuville. (Signalons qu'en 2017, celle-ci a été balayée au premier tour, devancée par ses concurrentes LREM et FN. Jean Castex n'était pas candidat.)

   D'après le quotidien L'Indépendant, en 2018, on avait songé à lui pour le poste de ministre de l'Intérieur.

jeudi, 25 juin 2020

Le second tour des municipales à Rodez

   Ce dimanche, les électeurs de 31 des 285 communes aveyronnaises sont appelés à voter. Alors qu'une grande incertitude pèse sur le scrutin à Millau et Saint-Affrique, c'est plutôt sur le chef-lieu départemental que l'attention s'est portée, ces dernières semaines. Il est vrai que, compte tenu de la très forte abstention lors du premier tour à Rodez, une surprise n'est pas exclure. Quoi que...

   Sur les quatre listes en compétition le 15 mars dernier, trois se sont qualifiées pour le second tour, la quatrième, menée par Jean-Philippe Murat, n'ayant pas atteint les 10 % des suffrages exprimés. Mais, ayant dépassé les 5 %, elle aurait pu fusionner avec l'une des trois autres. A ma connaissance, ce n'est pas le cas : la composition des listes qualifiées n'a pas changé... et aucune consigne de vote ne semble avoir été donnée.

   Je me suis amusé à comparer les résultats (nombre de voix et pourcentages des suffrages exprimés) du premier tour des trois derniers scrutins (ceux de 2008, 2014 et 2020) :

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   A chaque fois, la liste menée par Christian Teyssèdre est arrivée en tête. En 2008, il n'y a même pas eu de second tour, vu que l'union de la gauche ruthénoise avait recueilli dès le premier tour la majorité absolue des suffrages. Aux scrutins suivants, le nombre de voix obtenues par la liste Teyssèdre n'a cessé de diminuer : on est passé de 5 243 à 3 857 puis 2 378. Mais, en 2014 comme en 2020, le maire sortant avait des rivaux sur sa gauche (deux listes en 2014, une en 2020). Le paradoxe est que, même si le nombre de voix recueillies par la liste Teyssèdre a baissé de 38 % entre 2014 et 2020, le pourcentage obtenu a progressé (de plus de quatre points). Cela indique que les voix perdues par la liste Teyssèdre ne se sont pas (massivement) portées sur ses concurrents, mais se sont perdues dans l'abstention.

   En 2020, la liste "challenger" est celle de Rodez Citoyen. A première vue, sa progression est spectaculaire puisque, malgré la forte abstention, elle a recueilli 50 voix de plus que celle (écologiste de gauche) de Bruno Bérardi six ans plus tôt, doublant presque son pourcentage. En y regardant de plus près, c'est moins impressionnant.

   En effet, en 2014, une troisième liste de gauche était en lice, celle menée par Guilhem Serieys. Je ne vais pas rentrer dans les polémiques qui ont agité la presse locale par communiqués interposés, mais, pour celles et ceux qui connaissent un peu la vie politique ruthénoise, il ne fait aucun doute que la sensibilité représentée par les colistiers de Guilhem Serieys en 2014 est présente chez Rodez Citoyen... et certainement pas sur les listes Teyssèdre et Julien ! Par exemple, sur la liste menée par Mathieu Lebrun, on retrouve en 3e et 25e positions A. César et G. Halb, qui, en 2014, figuraient respectivement en 17e et 3e places sur la liste Serieys. (Une mienne connaissance a même surnommé cette liste la "liste Roquets rouges" !) Si l'on est rigoureux, il faut donc comparer le résultat de Rodez Citoyen avec le cumul 2014 des listes Bérardi et Serieys. Cela donne une baisse de 28 % des voix (1 250 contre 1 740 six ans plus tôt). L'engouement pour la liste Rodez Citoyen est donc nettement moins fort que ce qui a été claironné dans la presse.

   Terminons avec la liste de droite. Curieux hasard des chiffres, elle a obtenu 20,20 % des suffrages exprimés... en 2020 ! Au-delà du clin d'oeil, c'est un gros échec pour les conservateurs locaux, qui perdent 62 % des voix par rapport à la liste Censi (Yves) de 2014, au résultat pourtant déjà décevant. La tactique de Christian Teyssèdre semble avoir porté ses fruits (en accueillant des colistiers issus de la droite, il a phagocyté une partie de son électorat)... ou bien il faut y voir un manque d'enthousiasme de l'électorat ruthénois conservateur pour la (tête de) liste qui portait ses couleurs.

   Malgré tout, dimanche, un afflux massif des électeurs pourrait changer la donne. Je vois mal la liste Julien l'emporter. La véritable alternative est entre la liste menée par le maire sortant (fort de son bilan) et celle conduite par Mathieu Lebrun, riche en promesses sociales (dont le financement est loin d'être assuré).

mercredi, 17 juin 2020

L'infirmière "pacifique" et les loups de banlieue

   Peu importe son nom. Peu importe son âge. Peu importe sa situation familiale. Cette personne nous a été présentée comme une martyre de la violence policière, extraits vidéo à l'appui. La plupart du temps, ces extraits son tronqués (comme d'hab', ai-je envie de dire). Les ardents défenseurs de la manifestante "oublient" de nous montrer ceci :

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   ... ou encore cela :

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   ... encore moins ceci :

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   Dans la vidéo diffusée sur BFM TV, on voit même un autre manifestant (qui ne jette rien sur les policiers) lui faire une remarque, ce que la dame semble prendre très mal. Durant ces quelques minutes, elle est en pleine santé... et ne se plaint pas de son asthme.

   J'ai envie de rapprocher cet événement anecdotique des tensions intercommunautaires qui ont éclaté à Dijon, entre des personnes clairement identifiées comme "d'origine tchétchène" et d'autres, la plupart du temps présentées uniquement comme habitant un quartier populaire... l'expression n'incluant visiblement pas les habitants d'origine tchétchène... peut-être, dirons les mauvaises langues, parce qu'ils ne sont pas d'origine africaine.

   D'après l'un des articles du Monde, on comprend qu'il y a hostilité entre des jeunes d'ascendance maghrébine (certains trempant dans le trafic de drogues) et d'autres, d'origine tchétchène. Normalement, la police devrait régler ce genre de problème. Mais la mode est au dénigrement des forces de l'ordre. Dans certains quartiers, dès que des policiers tentent de faire correctement leur travail, on assiste à des levées de bouclier, du coup la hiérarchie conseille plutôt la "retenue"... et c'est l'anarchie qui menace.

   Cette fois-ci, c'est la population d'ascendance maghrébine qui aurait eu besoin de la protection de la police contre l'expédition punitive menée par des Tchétchènes. Ces derniers temps, on a beaucoup entendu crier au loup (contre les supposées violences policières) mais, quand le véritable loup se présente (des voyous lourdement armés, prêts à faire de gros dégâts), on se lamente du manque de réactivité de la même police, sur laquelle, les jours voire les heures précédentes, on crachait allègrement.

mercredi, 27 mai 2020

Le Canard délivré

   Deux semaines que j'attendais cela : le retour du Canard enchaîné chez les marchands de journaux. Déjà, durant la période de confinement (à partir de l'exemplaire daté du 25 mars), il avait fallu supporter de ne lire qu'un demi-numéro (quatre pages au lieu de huit).

   Le 13 mai, ô surprise, les présentoirs étaient vides... et le sont restés jusqu'à ce matin. La raison en est un mouvement de grève de l'inénarrable syndicat du Livre, mouvement qui a aussi frappé les quotidiens nationaux et les magazines.

   Comme les autres médias en ont très peu parlé (paralysés par la trouille qu'inspire ce syndicat aux méthodes qui n'ont pas grand chose à voir avec la démocratie), je conseille à ceux que le sujet intéresse d'aller lire une excellente enquête publiée il y a deux ans dans l'hebdomadaire Le 1. Vous y découvrirez peut-être avec surprise le montant des salaires de certains des employés de Presstalis... N'hésitez pas à aller en toucher deux mots à votre buraliste / marchand de journaux préféré. Nul doute qu'il aura des anecdotes croustillantes à vous distiller sur des personnes à l'utilité contestable, mais palpant 4-5000 euros par mois...

   Revenons à nos canetons. Ne voyant pas mon hebdomadaire préféré venir, je suis allé à lui, sur internet. J'ai payé pour le lire en ligne. Le journal n'est pas téléchargeable, il est juste consultable... et uniquement durant sa semaine de parution. On peut zoomer fortement sur les pages pour afficher les différents encadrés en grand. Mais, pour un vieux lecteur comme moi, attaché à la version papier, ce fut un calvaire. Je n'ai réussi à lire que trois pages, mal de crâne à la clé.

   Le numéro paru ce mercredi 27 mai ne contient pas d'article-enquête fracassant, mais les fulgurances satiriques (écrites comme dessinées) dont il est parsemé sont toujours aussi réjouissantes.

mardi, 14 avril 2020

Gros fight en Midi-Languedoc

   Au regard de la densité de l'actualité "coronavirienne", certaines informations ont tendance à passer inaperçues. C'est un peu le cas de celle-ci : Carole Delga a viré Virginie Rozière de la présidence du Comité régional du tourisme, à l'issue d'un vote (prétendûment unanime) de la commission permanente du Conseil régional.

   Tout d'abord, d'après France 3, il semblerait que les membres de la commission n'aient pas été unanimes. Le site de la télévision publique présente aussi la réaction de l'évincée, vice-présidente du Conseil régional, qui fut en 2015 tête de liste dans l'Hérault pour "Notre Sud en commun" (soutenant la candidature de Carole Delga à la présidence de Midi-Languedoc).

   Les relations entre les deux femmes se sont gâtées depuis. Des personnes connaissant mal la vie politique régionale pourraient être tentées de penser que la redistribution des cartes politiques à l'issue de l'élection d'Emmanuel Macron pourrait être la cause de la brouille. Or, en 2017, au premier tour, Virginie Rozière a appelé (tout le comme le PRG et  bien entendu le PS) à voter pour Benoît Hamon, le candidat officiel du Parti socialiste, vainqueur de la primaire.

   Des tensions sont apparues lors de la campagne des élections européennes, en 2019. Députée sortante, Virginie Rozière avait choisi de rallier la liste conduite par Raphaël Glucksmann, ce qui n'était pas du goût de Jean-Michel Baylet, patron du groupe La Dépêche et du PRG, le parti d'origine de la députée. Précisons qu'en 2017, Jean-Michel Baylet a défendu dès le premier tour la candidature d'Emmanuel Macron... et qu'il est, "en même temps", un soutien de Carole Delga au Conseil régional, même si celle-ci n'apprécie guère l'exécutif en place à Paris.

   Ces tensions se sont accrues à l'occasion de la demi-campagne des municipales 2020. A Montpellier, Virginie Rozière a finalement rallié la liste "gauche écologiste", où elle figurait en cinquième position. Or, Carole Delga a choisi de soutenir la liste menée par le socialiste Michaël Delafosse (sur laquelle figure, en cinquième position, une certaine Julie Frêche... la fille de Georges). A l'issue du premier tour (qu'il faudra peut-être rejouer), les résultats montrent un grand éparpillement des voix de gauche, empêchant sans doute la liste Delafosse de mener la danse.

   Le troisième acte (qui a sans doute précipité la disgrâce de Virginie Rozière) est le limogeage d'un certain Jean Pinard. En 2018, celui-ci avait été nommé par Carole Delga directeur du Comité régional du tourisme. Il se trouvait donc sous la tutelle de la vice-présidente du Conseil régional en charge de ce domaine, à savoir Virginie Rozière. Au-delà des compétences du bonhomme (reconnues), il était évident à tous que le candidat sélectionné était "hautement compatible" avec la majorité de gauche du Conseil régional. (Auparavant, en Auvergne, il avait occupé des fonctions similaires sous les présidences -socialistes- de Pierre-Joël Bonté et René Souchon.)

   Or, le 20 février dernier, de sa propre initiative, Virginie Rozière a renvoyé Jean Pinard, accusé de harcèlement moral (et présumé innocent jusqu'à la preuve du contraire). Je crois qu'on peut affirmer que, lorsque Carole Delga a appris que Pinard avait été viré, elle a vu rouge. (L'un des plaisirs procurés par cette affaire est que le patronyme de l'ex-directeur se prête magnifiquement aux jeux de mots raffinés, qui fuseraient dans les couloirs du Conseil régional.) Son vin sang n'a fait qu'un tour. Virginie Rozière a-t-elle poussé le bouchon un peu trop loin ? Ne s'est-elle pas emportée en voulant prouver qu'elle avait pris de la bouteille ? A-t-elle pensé que Carole Delga laisserait Pinard en carafe ? Le mystère demeure.

   De très mauvaises langues suggèrent que Carole Delga a sauté sur l'occasion pour marquer son territoire et, dans l'optique des élections régionales de 2021, affirmer son leadership sur la gauche midi-languedocienne. On sait que ces élections s'annoncent compliquées pour la présidente sortante, avec un RN sans doute haut et la concurrence (probable) d'une liste LREM sur laquelle pourraient figurer d'anciens alliés. Elle a donc besoin de rassembler son camp d"origine... et de grappiller quelques grains de raisin voix ici et là, à gauche... et à droite, comme le prouve son récent engouement pour Jacques Chirac.

samedi, 21 décembre 2019

Le coup de com' de Carole Delga

   La semaine dernière, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe en Aveyron. La présidente du Conseil régional de Midi-Languedoc, Carole Delga, avait décidé de renommer Jacques-Chirac le lycée agricole d'Onet-le-Château ! (Concrètement, elle a fait voter une décision en ce sens par la Commission permanente du Conseil régional, une "armée mexicaine" qui réunit 52 des 158 conseillers régionaux...)

Commission permanente.pdf

   Rappelons toutefois que le souhait de donner le nom de l'ancien président de la République à un lycée de la région a été annoncé par Carole Delga dès la mort de celui-ci, en septembre dernier. Le premier problème est que, dans cette annonce, elle a précisé que l'établissement serait situé dans l'ouest de la région, une zone géographique où l'on a du mal à placer l'Aveyron :

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   Le deuxième problème est que Carole Delga a déclaré vouloir contacter les deux établissements auxquels elle songeait, dès son retour du Japon. Or, une mienne connaissance au fait de ce qui se passe au lycée La Roque (le lycée agricole situé à Onet-le-Château) m'a affirmé que personne dans l'établissement n'avait été mis au courant du choix de Carole Delga, pas même le directeur ! Voilà qui est cavalier... surtout que, dès le 14 novembre dernier, dans son discours inaugural de l'assemblée plénière, la présidente avait déclaré qu'un "grand lycée agricole" allait s'appeler "Jacques-Chirac".

   Cet événement suscite deux autres questions. La présidente de la région a-t-elle le droit de faire ce qu'elle a annoncé et pourquoi s'est-elle risquée à une décision aussi abrupte ?

   La réponse à la première question est : oui, sous certaines conditions. Depuis la décentralisation des années 1982-1986 (sous le premier septennat de François Mitterrand), le pouvoir de nommer les établissements scolaires publics est passé du gouvernement aux collectivités territoriales : le conseil municipal pour les écoles, le conseil départemental pour les collèges et le conseil régional pour les lycées (agricoles inclus). La décision de la commission permanente n'est donc pas infondée. La logique voudrait qu'elle soit suivie d'un vote de l'assemble plénière du Conseil régional. Celle-ci vient de se réunir, jeudi 19 décembre. Dans le descriptif des délibérations, je n'ai pas trouvé trace du projet de Carole Delga. Aurait-elle été gagnée par une soudaine prudence ? (Ou bien peut-être que ce genre de mesure ne nécessite pas un vote de l'ensemble des élus.)

   Il se pourrait qu'elle ait eu écho des réactions suscitées par sa décision. Tant du côté du personnel du lycée, que des (anciens) élèves et des parents, c'est, au minimum, de l'incompréhension qui a surgi, voire de la colère. Il y a celles et ceux qui se sentiraient insultés que l'établissement porte le nom d'un élu qui, pour sympathique qu'il ait été, s'est quand même révélé une sacrée fripouille durant sa carrière politique. Il y aussi ceux (peut-être plus nombreux) qui, quoi qu'on pense de Jacques Chirac, sont attachés à la dénomination "La Roque", qui était déjà celle de l'établissement quand il était privé, l'Etat ayant eu la sagesse de ne pas la modifier lors du passage au public à la fin des années 1970.

   De surcroît, le lycée a son mot à dire dans le changement de nom, tout comme le maire d'Onet-le-Château d'ailleurs. Tous deux doivent être consultés par le Conseil régional. Or, jusqu'à présent, on ne trouve trace de cette consultation prévue par la loi dans aucun compte-rendu des réunions du Conseil municipal d'Onet. Quant au lycée La Roque, il a vu son conseil d'administration se réunir il y a quelques semaines avec, logiquement, un représentant du Conseil régional... qui n'a soufflé mot du sujet. Peut-être n'était-il pas au courant non plus... Si Carole Delga persiste dans sa décision, elle va donc devoir soit attendre la prochaine réunion de ce conseil d'administration (l'an prochain, en pleine campagne des régionales ?), soit demander sa convocation extraordinaire, avec un vote à la clé, vote qui pourrait ne pas lui être favorable.

   Cela m'amène à la deuxième question, celle des motifs de cette décision de renommer le lycée agricole. En septembre dernier, après l'annonce de Carole Delga, des informations ont "fuité" dans la presse. Le nom de Jacques-Chirac pourrait être donné à l'un des cinq lycées en construction dans la région. Ceux de Haute-Garonne tenaient la corde, en particulier celui de Gragnagues. Prévu pour ouvrir à la rentrée 2020, il pouvait parfaitement s'insérer dans la campagne des élections régionales, qui doivent se tenir en 2021.

   Le problème est que, si l'inauguration n'intervient qu'en septembre 2020, la présidente de région se sera peut-être fait couper l'herbe sous le pied par le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, présidé par Renaud Muselier (LR), qui considère devoir toute sa carrière à Jacques Chirac. Je ne doute pas qu'il soit sensible à l'idée de Camille Galtier, membre de LR comme lui, et partisan de donner le nom de l'ancien président à un lycée de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

   Dans cette course à l'échalote, le choix du lycée La Roque par Carole Delga est peut-être tout simplement le moyen trouvé pour être la première à inaugurer un "lycée Jacques-Chirac"... en France, puisqu'il en existe déjà un au Maroc.

   De très mauvaises langues suggèrent qu'il existe un autre motif au choix d'appeler "Jacques-Chirac" l'un des lycées de la région. Ce serait, pour Carole Delga, un moyen de se présenter comme une élue proche du peuple, en opposition à certaines élites, en particulier celles qui soutiennent le président Macron et le gouvernement Philippe.

   Dans ce gouvernement figure Nicole Belloubet, ministre de la Justice. Il se murmure qu'en 2021, elle pourrait se lancer dans la course aux régionales, à la tête d'une liste LREM... contre Carole Delga. Le plus cocasse dans cette histoire est que les deux femmes sont d'anciennes collègues, puisqu'elles ont été vice-présidentes du Conseil régional de Midi-Pyrénées, sous la présidence de Martin Malvy. J'ai d'ailleurs retrouvé une photographie (publiée en 2010, dans le n°37 du magazine régional) sur laquelle on reconnaît Carole et Nicole :

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   A l'époque, Mme Belloubet était la première vice-présidente, à laquelle on promettait la succession de M. Malvy. Mme Delga était la quinzième. Souvenirs, souvenirs...

   P.S.

   Du côté de la Corrèze, c'est le collège de Meymac qu'il est question de rebaptiser.

samedi, 30 novembre 2019

Adults in the room

   Le titre reprend une formule utilisée par le personnage de Christine Lagarde. Dans l'histoire, celle qui est à l'époque directrice du FMI (aujourd'hui présidente de la BCE) fait office de Madame Loyale, autorité bienveillante qui tente de concilier les contraires... tout en restant du côté du manche. La formule fait allusion au manque présumé de maturité des hommes qui s'affrontent au cours des réunions ayant pour but de résoudre la crise grecque (en réalité les conséquences de la crise financière de 2007-2008 sur l'Union européenne).

   Costa-Gavras nous livre une oeuvre engagée, sous forme de théâtre politique. La musique, omniprésente, souligne les moments dramatiques, cocasses... et a peut-être aussi pour mission de pallier le manque d'action à l'écran. Bien que le film soit long (il dure plus de deux heures), je trouve que le résultat est globalement réussi, sur la forme.

   C'est dû à la qualité de l'interprétation, en particulier celle de Christos Loulis, incroyable de charisme en Yanis Varoufakis (le ministre des Finances grec). Le réalisateur fait la part belle à ce personnage, ce qui d'ailleurs fait perdre à son histoire une partie de sa crédibilité. Face à lui, il faut souligner la performance d'Ulrich Tukur en Wolfgang Schäuble, l'omnipotent ministre allemand, ancien rival d'Angela Merkel qui, bien que cloué sur un fauteuil roulant, terrorise la moitié de l'Eurogroupe. Si l'acteur est excellent dans le rôle, je trouve que la représentation du ministre allemand est plutôt caricaturale. On peut faire la même remarque à propos du président (de l'époque) de la BCE, Mario Draghi, un ex de Goldman Sachs qui, à l'usage, s'est révélé beaucoup plus subtil qu'on ne l'avait craint (et qui a sans doute grandement contribué à sauver l'euro... mais c'est peut-être justement là que le bât blesse pour certains abrutis de base).

   C'est pire encore concernant d'autres personnages majeurs : le Premier ministre grec lui-même, Alexis Tsipras, est dépeint en type mou et influençable. Costa-Gavras est trop dépendant de sa principale source (le bouquin de Varoufakis, qui a rompu avec son ancien partenaire de Syriza). Concernant les représentants français, les spectateurs hexagonaux qui ne sont pas nostalgiques de la présidence Hollande apprécieront de voir Michel Sapin (le ministre des Finances) caricaturé en hypocrite veule et Pierre Moscovici présenté en notable suiviste (avec une bonne composition d'Aurélien Recoing). Des flèches encore plus acérées sont destinées au président de l'Eurogroupe de l'époque, le ministre néerlandais des Finances (travailliste) Jeroen Dijsselbloem, présenté comme un type suffisant... et un véritable laquais de l'Allemagne. C'est là que l'on mesure (quand on connaît un peu le contexte) la partialité du film (et aussi du livre, je présume). Rien ne nous est dit des difficultés avec lesquelles se débat le gouvernement néerlandais, à l'époque, difficultés qui peuvent (en partie) expliquer l'attitude du ministre dans les réunions européennes.

   De manière générale, je trouve que le film porte d'énormes oeillères, se contentant de véhiculer le point de vue de Varoufakis, en passant très vite sur les errements des précédents gouvernements grecs (dont les élus de Syriza, qu'ils le veuillent ou non, doivent gérer l'héritage). Je trouve que les enjeux européens ne sont pas suffisamment expliqués. Ils auraient permis de comprendre l'attitude de certains des acteurs majeurs de ces négociations... mais cela aurait peut-être quelque peu diminué l'éclat de l'auréole varoufakienne.

   Au final, on se retrouve avec un film à la dramaturgie élaborée, mais très orienté.

   P.S.

   La séquence conclusive, qui comprend un ballet métaphorique, est complètement ratée.

mardi, 29 octobre 2019

Fahim

   Ce film, que certaines mauvaises langues qualifient d' "immigrationniste", est inspiré d'une histoire vraie, celle de Fahim Mohammad, jeune sans-papiers bangladais... et joueur d'échecs prodige. Réalisé par Pierre-François Martin-Laval, il bénéficie de la présence au générique d'Isabelle Nanty et Gérard Depardieu.

   La première partie de l'histoire plante le décor au Bangladesh. On n'est pas du tout dans un film français. Les scènes ont été tournées en langue locale. C'est assez bon dans la manière de décrire un pays en développement. La famille de Fahim n'est ni riche ni miséreuse... mais son père milite dans les rangs de l'opposition. Le départ est vécu comme un déchirement et, hélas, mis en en scène avec beaucoup de pathos.

   La filière suivie pour arriver en France métropolitaine n'est pas décrite dans le détail. On saura juste que le père et le fils sont d'abord passés en Inde (en graissant quelques pattes).

   Le ton de la comédie l'emporte quand le gamin entre au contact d'un prof d'échecs aussi obèse que grande gueule. Dans le rôle, Depardieu est vraiment bon (meilleur encore que dans Thalasso). Les camarades de jeu de Fahim sont aussi bien campés. Le gros point faible est le personnage d'Isabelle Nanty, qui incarne une sorte de Mère Teresa laïque... et qui en fait des tonnes.

   Entre deux séances de cours (ou de parties) d'échecs, on découvre à travers les pérégrinations du duo les difficultés rencontrées par les migrants en France. La plus surprenante est liée au comportement étrange du traducteur employé par la préfecture ! (Précisons tout de même qu'on nous présente des migrants pétris de qualités : le fils est une sorte de surdoué, le père un modèle de pudeur, travailleur de surcroît et la mère restée au pays est une musulmane non voilée.)

   Bref, même si l'on ne partage pas tous les a priori qui ont guidé la création de ce film, on peut quand même savourer ce quasi-conte de fées.

   P.S.

   Il y a un mois et demi, Le Parisien a publié (sous la plume d'Agnès Vives) un excellent article (incluant un podcast très complet) revenant sur l'ensemble du parcours de Fahim, avant et après le film.

   P.S. II

   Il faut savoir "rendre à César, ce qui appartient à César". A sa toute fin, le film évoque l'action d'un ancien Premier ministre, celui qui était en poste en 2011, mais sans le nommer. A ceux qui ne maîtriseraient pas l'histoire récente de la Ve République, je conseille d'aller jeter un œil à un article du Figaro.

samedi, 26 octobre 2019

La voix d'Alfred Dreyfus

   On peut l'écouter sur le site de la BNF, dans le thème "Archives de la parole". L'extrait, qui dure environ deux minutes, a été enregistré en 1912. On peut y entendre le plus célèbre condamné à tort de l'histoire lire un extrait de ses mémoires. Il y évoque l'année 1906, en particulier la remise de sa légion d'honneur, qui bénéficia d'un cadre officiel (une bien modeste compensation aux souffrances qu'il avait endurées). Il fait un petit bilan de l'Affaire qui l'a concerné au premier chef.

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   J'ai trouvé cette référence dans un passionnant petit livre d'Alain Pagès, L'Affaire Dreyfus, Vérités et légendes, aux éditions Perrin :

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mardi, 22 octobre 2019

Alice et le maire

   Je me suis finalement décidé à aller voir cette fiction politique, qui a pour cadre Lyon, mais dont certains éléments de l'intrigue (concernant le passé du maire ou la personne à laquelle il pourrait laisser les rênes) renvoient à la commune de Paris sous Bertrand Delanoë.

   J'ai été attiré par le duo d'acteurs principaux qui, globalement, ne m'a pas déçu. Lucchini est très bon en politicien chevronné, qui se pose des questions existentielles. Anaïs Demoustier a plus de mal à exister face à lui, un peu comme son personnage, très effacé au départ, puis qui peu à peu prend de l'ampleur, aussi bien au sein de l'équipe du maire qu'à l'écran.

   Sur le fond, je trouve le film intéressant parce qu'il ne tombe ni dans la flagornerie, ni dans le poujadisme antiparlementaire, si répandu de nos jours. Cela reste néanmoins bourgeois, sur les "élites". On ne voit quasiment pas les catégories populaires, ni même la petite classe moyenne. Les politiques croisent des journalistes, des communicants et des "cultureux", certains assez gratinés. On rit donc de temps à autre.

   Il reste la relation entre la Béotienne et le Patriarche. Le scénario évite de tomber dans le graveleux, genre la petite nouvelle toute fraîche qui redonne vigueur (dans tous les sens du terme) au chef vieillissant. L'écriture du film est elle-même révélatrice du désarroi de ce qu'on appelle la "gauche de gouvernement", écartelée entre un libéralisme modernisé (genre Macron) et un militantisme gauchisant certes sincère, mais très éloigné de la gestion d'une municipalité au quotidien. Hélas, ce questionnement n'est pour moi qu'effleuré. Ce n'est ni aussi profond que L'Exercice de l’État, ni aussi virevoltant que Quai d'Orsay. Mais cela se regarde sans déplaisir.

vendredi, 18 octobre 2019

Décès du "Grand Endetteur"

   Aujourd'hui, les médias aveyronnais ont fait grand cas de la mort de Pierre Riom, qui fut (entre autres) maire de la commune de Conques de 1983 à 2001 et conseiller général de l'Aveyron pendant plus de trente ans (de 1970 à 2001 !), exerçant la vice-présidence de l'assemblée départementale de 1982 à 2001, sous le règne de l'inamovible Jean Puech.

   C'est à cet élu local aux multiples casquettes que l'on doit la construction du Centre européen de Conques... et la terrible dégradation de la situation financière de la commune, dont l'ampleur ne fut réellement découverte qu'avec l'entrée en fonction du successeur de Pierre Riom à la mairie, Philippe Varsi, en 2001.

   La nécrologie publiée aujourd'hui dans Centre Presse ne fait pas l'impasse sur les aspects les moins glorieux de la longue carrière de l'élu local. Il convient cependant d'éclairer l'une des déclarations du défunt, datant de six ans : "Un peu plus d'un milliard de francs, c'est vrai que c'était un peu cher". Pour les jeunes qui liraient cette note, il faut préciser qu'une double conversion monétaire est nécessaire. D'abord, il est question de francs, puisque Pierre Riom officia avant que l'euro ne soit disponible dans nos poches. Mais, comme il était né en 1927, il avait vécu plus de trente avec l'ancien franc en poche. Le "milliard" dont il est question correspond donc à dix millions de "nos" francs (je parle aux adultes nés sous la Ve République), soit environ 1,5 million d'euros. La somme peut paraître anecdotique au regard de tant de scandales financiers, mais il faut savoir qu'elle a pesé sur les reins d'une commune peuplée de moins de 400 habitants ! Conques fut à la fin du XXe siècle l'une des communes les plus endettées de France (LA plus, affirment certains), si l'on calcule par habitant.

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   Ce graphique permet de constater que, sous les mandats de P. Varsi (le successeur de P. Riom), l'endettement est passé de plus de 30 000 francs à moins de 1 500 francs par habitant. De très supérieur à la moyenne des communes de la même strate, il est devenu inférieur, signe de bonne gestion.

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   En volume total, la dette a été divisée par presque cinq sous les mandats de P. Varsi. Rétrospectivement, on se dit que la mise en place d'un stationnement payant jugé souvent assez onéreux avait aussi pour objectif de contribuer à faire dégonfler la dette.

   Pour la petite histoire, je signale que la brusque remontée de l'endettement global (suite à la création de la commune nouvelle, par fusion avec Grand-Vabre, Noailhac et Saint-Cyprien-sur-Dourdou, en 2016) ne doit pas (trop) inquiéter. En la rapportant au nombre total d'habitants de la commune nouvelle, la dette reste supportable.

   La gestion de Pierre Riom a fait couler beaucoup d'encre (et de hertz). C'est d'abord la défiguration du village qui a été dénoncée dès 1992 dans un article de L'Express. Un an plus tard, la même journaliste (Anne Pons) remettait le couvert dans un long article à charge, uniquement consacré à la commune aveyronnaise cette fois-ci. A l'époque, les débats avaient eu un retentissement international, des échos atteignant même The Herald Tribune.

   Mais les coups les plus rudes furent sans conteste portés par la Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées. Son rapport de mars 2001, bien que rédigé dans un langage administratif propre à atténuer les critiques, était cinglant.

   Que pouvait-on y lire ? Tout d'abord que le budget de la commune manquait de sincérité (comme on dit aujourd'hui), c'est-à-dire qu'il était particulièrement difficile de savoir comment étaient affectées les sommes dont disposait la municipalité dans les années 1990. Les magistrats toulousains s'étaient étonnés du manque de précision quant à l'utilisation des subventions reçues par la commune, certains fonds destinés à l'investissement ayant même été affectés aux dépenses de fonctionnement... Cerise sur le gâteau : la mairie aurait perdu les documents faisant état des heures de travail effectuées par les agents communaux, en particulier sur des chantiers bénéficiant de subventions... Quand on lit entre les lignes, on croit comprendre qu'une (grande ?) partie des subventions d'investissement (de provenances diverses : régionale, départementale - sans fourniture de justificatifs en retour...) pourrait avoir servi à combler le gouffre creusé par la création du Centre européen. Il semble que ce soit l'ex-Conseil général (présidé alors par Jean Puech, un allié de Pierre Riom) qui ait porté la commune à bouts de bras. En clair : les contribuables aveyronnais ont été ponctionnés de plusieurs millions de francs pour éviter la faillite d'une commune surendettée. C'est autant d'argent qui n'est pas allé aux politiques publiques dont le Conseil général avait la charge...

   Bref, le bilan de 18 ans de gestion municipale semble très négatif... quoique. J'ai connu le Conques du temps de P. Riom et de son successeur P. Varsi. Je pense que tous deux ont contribué au dynamisme et à l'embellissement du village. Et j'aime ce Centre européen, avec son bel amphithéâtre, écrin de tant de conférences passionnantes. Alors, oui, feu M. le maire fut sans (à l'image de bien des hommes de la droite locale) un contempteur de la dépense publique (au niveau national) ET un grand bénéficiaire de subventions (au niveau local), subventions dont il fit un usage semble-t-il parfois peu académique. Mais, concernant la commune en tant que telle, je ne jetterai pas le bébé avec l'eau du bain.

jeudi, 26 septembre 2019

Une carte lycéenne propagandiste ?

   C'est le genre de détails auxquels on ne prête jamais attention : la carte de lycéen.ne de nos (petits) enfants, neveux, nièces. Depuis quelques années, c'est même devenu plus compliqué, puisque les lycéens possèdent deux cartes scolaires, une de la région (qui permet d'effectuer quelques achats culturels et de recevoir un ordinateur portable gratuit) et une nationale.

   Une mienne connaissance m'a récemment montré deux exemplaires de carte nationale de lycéen, une de l'Education nationale, l'autre de l'Enseignement agricole :

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   La première est sobre, fonctionnelle, ni vraiment jolie, ni moche. La seconde fait preuve de plus de recherche. Mais, à y regarder de plus près, il y a de quoi tiquer.

   39 drapeaux sont présents sur la seconde carte. Ne les ayant pas encore comptés, j'ai eu d'abord pour pensée qu'il s'agissait des drapeaux des 28 pays membres de l'Union européenne (plus celui de l'UE). Sauf qu'il y a quelques absents.

   Ainsi, il manque soit les Pays-Bas soit le Luxembourg (l'un des six fondateurs de la CEE, tout de même), puisqu'on ne distingue qu'un seul drapeau aux bandes horizontales rouge, blanche et bleue (sans doute celui des Pays-Bas, le rouge étant foncé). Les autres absents sont ceux de Chypre, Malte et la Slovénie (ou Slovaquie).

   Donc, 24 pays de l'UE sont représentés sur la carte nationale de lycéen, 25 avec le drapeau communautaire. Cela laisse 14 drapeaux inconnus. Quels sont-ils ? Commençons par la partie située en bas à gauche :

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   A gauche du drapeau européen, on reconnaît l'emblème de la Suisse, voisin de ceux de la Géorgie, de la Moldavie, de l'Albanie, de la Macédoine et... de la Turquie (en tout petit, à côté de l'Espagne) ! Nous voici avec 31 drapeaux identifiés. A présent, passons à la partie haute :

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      Prenez pour point de repère le drapeau de la Pologne, situé au sommet. Il est entouré par, à gauche, le drapeau biélorusse, et, à droite, les emblèmes de l'Islande puis de l'Arménie. Sous ce dernier, on reconnaît le drapeau de la Bosnie-Herzégovine, puis celui de la Norvège. Nous atteignons un total de 36 drapeaux sur 39. Terminons par le bas de cette carte lycéenne :

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   On y reconnaît sans peine les drapeaux ukrainien et russe. Il reste le 39e, un tout petit emblème, coincé entre les drapeaux grec, néerlandais, norvégien et autrichien. (Voir plus haut.) Vu qu'il est noir et rouge, je penche pour le Kosovo.

   Bref, c'est vraiment n'importe quoi. Ces drapeaux ne correspondent même pas à ceux de l'ensemble des membres d'une organisation internationale (ni l'UE ni le Conseil de l'Europe, associant 47 pays). Et quand bien même, qu'est-ce qu'ils viendraient faire sur la carte nationale de lycéen (de l'enseignement agricole) ? Au mieux, celle-ci ne devrait comporter que 29 drapeaux, ceux des 28 membres de l'UE + le drapeau communautaire. Au pire, vu la taille de l'objet, on pourrait largement se contenter des emblèmes de la France et de l'Union européenne.

   Mais qui a eu l'idée incongrue de cette carte ?

jeudi, 19 septembre 2019

Faux buzz, vraie connerie

   La supposée information a fait la Une de pas mal de médias cette semaine. Elle a surtout été relayée avec complaisance par nombre d'incultes et les aigris de service sur les réseaux sociaux : la ministre de la Justice Nicole Belloubet a "négligé" de faire figurer certains de ses biens immobiliers dans sa déclaration de patrimoine, en 2017.

   Cette supposée exclu a déclenché une avalanche de vomissures sur la Toile. Bon sang, quelle révélation ! Décidément, tous pourris ! Macron démission !

   Sauf que... tout est rentré dans l'ordre depuis près de deux ans. En effet, si la première déclaration de patrimoine, celle d'août 2017, était incomplète, ce n'était plus le cas au début du mois de décembre, comme en témoigne sa fiche sur le site de la HATVP (Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique) :

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   Eh, oui, vous ne rêvez pas. Pendant moins de quatre mois, Nicole Belloubet (sans doute par négligence plus que par malhonnêteté) a été en infraction avec les nouvelles règles en vigueur au niveau de la transparence dans la vie politique. (Au fait, merci François Hollande !) Si scandale il y a eu, il est éteint depuis belle lurette, puisque, depuis décembre 2017 (soir un an et neuf mois), Nicole Belloubet est en conformité avec la loi.

   D'autre part, cet écart de conduite n'est nullement une révélation. Dès l'été 2017, il en a été question. En décembre de la même année, Le Monde avait même évoqué la rectification de la déclaration de patrimoine de la ministre de la Justice.

   Alors, pourquoi ce raffut ? Pourquoi cette fausse polémique a-t-elle été lancée en septembre 2019 ? Y aurait-il un lien avec les ennuis judiciaires de Jean-Luc Mélenchon ? Quant aux pigeons qui ont relayé le supposé scoop, ils ont une nouvelle fois donné la preuve de leur stupidité ou de leur mémoire de poisson.

   On ne sera pas non plus étonné que, sur le site de la HATVP, la fiche de Nicole Belloubet soit rapidement devenue la plus consultée :

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   En moins d'une semaine, le nombre de vues a même quadruplé !

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   Les internautes qui ont fait l'effort d'aller chercher l'information à la source ont ainsi pu constater qu'une fois de plus, l'emballement médiatique avait été créé par des personnes mal intentionnées, qui ont cherché à manipuler les citoyens français.

jeudi, 01 août 2019

Cécile Duflot sur France Culture

   Quand elle était ministre de François Hollande, je n'étais pas un grand fan de Cécile Duflot (remarquée -entre autres- par une énorme bourde géographique). Mais je n'appréciait pas plus les attaques personnelles dont elle avait été la cible, par exemple en raison de ses choix vestimentaires...

   A l'heure actuelle, (provisoirement ?) retirée de la vie politique, elle dirige Oxfam France. C'est à ce titre qu'elle était l'invitée des Masterclasses d'Etienne Klein. Je suis tombé dessus en voiture... et, à ma grande surprise, j'ai aimé.

   Dans cette émission, Cécile Duflot a parlé de son parcours, de ce qui l'a construite politiquement. Franchement, qu'on aime ou pas le personnage, c'est intéressant.

   La discussion est devenue plus pointue lorsqu'il a été question du changement climatique, un sujet cher au coeur de l'ancienne ministre. En face, Etienne Klein avait du répondant, s'appuyant plutôt sur des notions scientifiques, alors que son interlocutrice argumentait surtout au niveau politique et sociétal. Ce n'était pas rébarbatif du tout, d'autant que les deux interlocuteurs ont le sens de l'humour... et de l'autodérision.

dimanche, 21 juillet 2019

Pan sur le bec !

   Récemment, en lisant mon hebdomadaire favori, je me suis rendu compte que l'un des rédacteurs du Canard enchaîné (voire deux) avait commis une boulette en parlant de la Turquie. La montée des tensions entre le pays dirigé d'une main de fer par Recep Tayyip Erdogan et les Etats-Unis (à propos de l'achat de missiles russes) a beaucoup inspiré les journalistes français, y compris les caricaturistes du Canard. Mais c'est dans un article et un entrefilet de la rubrique "Vite dit !" (tous deux situés page 8) que l'erreur s'est glissée :

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   Si la Turquie est bien l'un des membres les plus anciens de l'OTAN (depuis 1952), elle ne fait pas partie des fondateurs de cette organisation, créée en 1949. L'entrefilet du bas fait référence à un article du Monde qui, s'il qualifie la Turquie de "Pilier oriental de l'OTAN depuis 1952", n'évoque jamais ce pays comme étant l'un des fondateurs de l'Alliance atlantique.

   Je sens que l'équipe de rédacteurs va se faire offrir (si ce n'est déjà fait) une double tournée de vin turc !

samedi, 20 juillet 2019

Les légionnaires du 14 juillet

   La liste des récipiendaires a été publiée (en plusieurs parties) au Journal Officiel. Bien qu'affectant de rompre avec l'Ancien Monde, Manu Macron en a gardé quelques oripeaux. Concernant les médailles, on remarque toutefois que la liste semble moins longue que sous ses prédécesseurs, que le nombre de femmes y est élevé et qu'on y trouve moins de "pipoles", même si ceux-ci n'en sont pas absents.

   D'ailleurs, ce sont ceux que l'on remarque le plus vite. Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale deviennent grands officiers, Costa Gavras, Françoise Fabian et... Jean-Michel Jarre sont eux promus au grade de commandeur, tandis que Marie-Claude Pietragalla et Claude Perdriel deviennent officiers. Le spationaute Thomas Pesquet devient chevalier.

   L'approche des élections municipales explique peut-être l'importance du contingent de politiques, dont je ne vais relever que quelques exemples marquants. On remarque que la dernière fournée reste dans le ton du "en même temps", nommant des personnalités de gauche et de droite, avec peut-être un léger avantage en faveur de la seconde sensibilité.

   A droite, on peut commencer avec Maurice Gourdault-Montagne (nommé commandeur), un ambassadeur certes, mais qui travailla étroitement avec plusieurs personnalités gaullistes, notamment le président Jacques Chirac, dont il fut le conseiller diplomatique. L'accompagnent Bernard Accoyer (officier) et un régiment de chevaliers : Luc Chatel, Valérie Pécresse (sur le contingent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, à la tête duquel elle fut sous Nicolas Sarkozy), Axel Poniatowski, Jean Arthuis, Michel Voisin... et une certaine Eliane Barreille, vice-présidente LR du Conseil régional de PACA, une sarkozyste qui a appelé à faire barrage au FN en 2017. Elle a été nommée sur le contingent du ministère de l'Intérieur... et elle est réputée proche de Christian Estrosi. Vous avez dit Nice ?

   A gauche se détache l'ancien Premier ministre de François Hollande Jean-Marc Ayrault (commandeur). Il est accompagné par deux "officiers" (Claude Bartolone et Michel Charrasse) et un bataillon de chevaliers : Robert Hue, Laurent Cathala (maire de Créteil), Sophie Pantel (présidente du Conseil départemental de Lozère) et... Christian Teyssèdre, le maire de Rodez, nommé sur le contingent du ministère de la Cohésion des territoires.

   Les lecteurs aveyronnais de cette liste ont intérêt à ne pas interrompre ici la découverte des promus. Un peu plus bas, sur le contingent du ministère de l'Agriculture, on découvre le nom de Marie-Thérèse Lacombe, veuve du syndicaliste agricole Raymond Lacombe et elle-même très engagée dans la défense du monde rural et de la reconnaissance du rôle que les femmes y jouent.

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jeudi, 11 juillet 2019

Emmanuel Macron et l'Aveyron

   Il y a un peu plus de deux ans, le quotidien rouergat Centre Presse avait publié une petite synthèse sur les liens entre celui qui venait d'être élu président de la République et le plus beau département du monde. Une double-page publiée dans Le Monde daté d'aujourd'hui apporte un nouvel éclairage.

   L'article est accompagné de deux photographies en noir et blanc. La première orne la Une du "quotidien de référence" :

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   La seconde illustre la double page, en position centrale :

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   Toutes deux ont été prises en 2005, lors du mariage de Sophie et Marc Ferracci, à Brommat, dans la pointe nord du département, d'où est originaire la nouvelle épouse. Emmanuel Macron et le dénommé Robert Piumati étaient les témoins du marié.

   L'article nous apprend que le futur président a rencontré ce financier du communisme dans sa jeunesse, pendant son séjour parisien. On a surtout l'impression que c'est Marc Ferracci qui a le plus côtoyé l'homme qui était réputé être un gros fêtard.

   Quoi qu'il en soit, il s'avère que, par le passé, Emmanuel Macron a fréquenté nombre de politiques plutôt marqués à gauche, puisqu'il a aussi frayé avec le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement. Cela introduit un peu de nuance dans le portrait qu'on a tendance à faire de lui, souvent résumé à ses quatre ans passés à la banque Rothschild...

   Mais revenons à nos moutons (aveyronnais)... parce qu'il existe un autre lien entre le département et le président. En étudiant sa généalogie, du côté de sa mère (Françoise Noguès), on tombe sur un grand-père (Jean Noguès) ancré dans le Sud-Ouest... et jusque dans l'Aveyron, du côté de sa mère (c'est-à-dire l'arrière-grand-mère d'Emmanuel), Esther Mas, dont la famille a ses racines à Brusque, Peux-et-Couffouleux et Camarès, au sud de Saint-Affrique, à la frontière du Tarn et de l'Hérault.

dimanche, 09 juin 2019

En hommage à Simone

   Cela fait plus de onze mois que la dépouille de Simone Veil est entrée au Panthéon de Paris, presque un an jour pour jour après son décès, survenu le 30 juin 2017. A cette occasion, je m'étais procuré ses Mémoires, dont j'ai signalé l'intérêt.

   Je ne savais pas qu'il avait été décidé d'imprimer une pièce de deux euros en son honneur. L'une d'entre elles est récemment entrée en ma possession. En voici l'avers (le côté face, si vous préférez) :

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   Outre l'année de gravure, la pièce comporte les années de naissance et de décès, auxquelles il faut ajouter deux autres mentions numériques : 1975 et 78 651. La première est l'année d'entrée en application de la loi légalisant l'IVG en France. La seconde est le matricule qui a été tatoué sur le bras gauche de la jeune Simone Jacob. Il était déjà présent sur son épée d'académicienne.

   On aurait aussi pu faire figurer 1979, année de la première élection du Parlement européen au suffrage universel direct, assemblée dont Simone Veil assura la présidence pendant trois ans.

dimanche, 19 mai 2019

Ei Reino

   J'ai enfin pu voir ce polar signé Rodrigo Sorogoyen, auteur il y a deux ans de l'excellent Que Dios nos perdone, dont on retrouve d'ailleurs ici une partie de la distribution. Le "royaume" dont il est question est bien sûr celui d'Espagne. Au sens figuré, c'est le petit monde politique dans lequel gravitent les personnages principaux, en particulier Manuel, sorte de plaque tournante des magouilles auxquelles se livre le parti au pouvoir. Dans le rôle, Antonio de la Torre (aussi à l'affiche de Companeros) est formidable... mais il n'est pas le seul. Quasiment tous les acteurs sont excellents (même si j'ai quelques réserves sur celle qui incarne la journaliste). Pour moi, l'une des plus belles prestations est fournie par Luis Zahera, dans le rôle d'un entrepreneur véreux, flambeur et au verbe haut. Sa diatribe sur le balcon de l'immeuble où se trouvent les bureaux de son entreprise mérite à elle seule le détour.

   En dépit de toutes ces qualités, le début ne m'a pas emballé. Je l'ai trouvé trop allusif. On nous plonge dans la vie au quotidien des permanents du parti au pouvoir, qui pourrait être aussi bien le PPE de Mariano Rajoy (l'un des principaux personnages féminins étant à mon avis calqué sur l'une des élues PPE) que le PSOE de Felipe Gonzalez, le jeune "M. Propre" ressemblant à José Luis Rodriguez Zapatero. (De surcroît, l'action est censée se dérouler en 2008.)

   Le réalisateur a choisi de dérouler son intrigue plutôt du point de vue du corrompu Manuel. Il le suit donc souvent caméra à l'épaule. A partie du moment où il est mis sur la sellette par les révélations médiatiques, d'autres angles de prise de vue, plus inattendus, obliques parfois, apparaissent. Cela suscite le trouble, voire l'inquiétude. Manuel ne serait-il pas victime d'un complot ? Ne tente-t-on pas de lui faire porter le chapeau ?

   Le polar va quasiment se muer en thriller... parce que Manuel ne veut pas se laisser faire. Comme le réalisateur est malin (et qu'il ne veut pas que l'on s'identifie trop au personnage  principal), il distille petit à petit les révélations dérangeantes. On comprend que Manuel n'était pas un mari modèle et qu'il est bien plus mouillé dans les scandales que ce qu'il veut reconnaître. Mais, en voulant sauver sa peau, il devient une menace pour ses collègues. Le scénario est suffisamment élaboré pour maintenir le suspens jusqu'au bout, l'action culminant dans une séquence autoroutière nocturne particulièrement réussie.

   D'un point de vue politique, l'histoire trouve sa conclusion dans une scène de télévision à double sens, puisque, dans un premier temps, les spectateurs sont tentés de penser que les deux interlocuteurs sont de connivence. La suite va prouver que non. C'est bien foutu, même si je regrette la tendance au "tous pourris".

   P.S.

   On aimerait que le cinéma français abandonne un peu les autofictions nombrilistes et les comédies bas-de-gamme pour embrasser ce genre de sujets. L'histoire de la Ve République est suffisamment riche en scandales politico-financiers pour que des scénaristes intelligents puissent en tirer de jolies histoires...

mardi, 14 mai 2019

Un sénateur "monsantesque" ?

   Je crois que vous avez compris qu'il va être question de Pierre Médevielle, sénateur UDI de Haute-Garonne, dont l'entretien accordé à La Dépêche du Midi a soulevé une intense polémique. Il a d'abord provoqué une extraordinaire onde de choc médiatique, quantité de journalistes relayant les propos du sénateur sans effectuer la moindre vérification. La douche froide est venue dès le lendemain, notamment du Monde. Grosjean comme devant, Pierre Médevielle a essayé de faire endosser la responsabilité de ses propos au journaliste de La Dépêche (qui, soit dit en passant, aurait dû croiser ses sources avant de publier...), mais celui-ci avait pris ses précautions.

   Du coup, je me suis intéressé au sénateur. Il est pharmacien de profession. Tiens, tiens... Monsanto, entreprise à laquelle nous devons le glyphosate, a longtemps possédé une division pharmaceutique, aujourd'hui rattachée à Pfitzer. Et puis chacun sait que Monsanto a été récemment rachetée par Bayer, un groupe très présent dans les produits chimiques.

   Cependant, à première vue, il n'entretient pas de lien avec les grosses firmes du secteur. Sa déclaration d'intérêts et d'activités à la haute Autorité pour la transparence de la vie politique ne contient rien de suspect.

   On en apprend davantage en consultant sa fiche sur le site nossenateurs.fr. A plusieurs reprises, il est intervenu dans la Haute Assemblée quand il était question du glyphosate, toujours en faveur de l'herbicide. De manière générale, s'intéresser à l'historique de ses votes permet de mieux cerner le bonhomme. C'est d'abord un ardent défenseur de la chasse... et du maintien de la réserve parlementaire, qui a longtemps entretenu le poison du clientélisme dans nos campagnes.

   Plus récemment, il s'est prononcé (tout comme les Aveyronnais Jean-Claude Luche et Alain Marc) en faveur de la loi sur le secret des affaires, qui menace la liberté d'informer. Il s'est par contre opposé (tout comme Alain Marc) à la loi imposant 20 % de produits bio dans les cantines d'ici 2020.

   Quel pedigree !

dimanche, 12 mai 2019

La Chinoise

   Pendant des années, le samedi, en début d'après-midi, j'ai eu l'habitude de repasser mon linge en écoutant, sur France Inter, l'émission de Patrick Pesnot Rendez-vous avec X. Le programme s'est malheureusement arrêté en 2015, sans que le mystère sur le personnage de "Monsieur X" ait été totalement levé.

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   La bonne nouvelle est que les éditions Glénat ont récemment lancé une série de bandes dessinées inspirée de l'émission de radio. Le premier volume s'appuie sur celle qui a été diffusée pour la première fois le 17 février 2001. Ce n'est pas un simple décalque du programme radio. Comme c'est la première BD (mais que ce n'était pas la première émission diffusée), les auteurs ont choisi d'y mettre en scène la rencontre entre le journaliste Pesnot et le fameux Monsieur X, alors que celle-ci a été évoquée dès la première émission de radio, consacrée (en 1997) à La Cinquième Colonne.

   L'action démarre en 1964 (et se poursuit jusqu'à nos jours), principalement en Chine. Entre Guerre froide et amour de la Chine, l'employé de l'ambassade de France Bernard Boursicot (dont, curieusement, la page Wikipédia en anglais est plus développée que son homologue française...) et l'artiste Shi Pei Pu vont vivre une étrange relation, qui conserve encore aujourd'hui une part d'obscurité.

   C'est au point que les auteurs de la bande dessinée ont choisi de garder les pseudonymes que Patrick Pesnot avait utilisés dans l'émission de radio : Pierre (Bernard dans la BD) Prudhon et Xian Djuan. A l'époque (en 2001), les deux protagonistes étaient encore vivants.

   L'histoire est prenante, bien mise en image, avec un incontestable savoir-faire au niveau des décors. Le style rappelle celui de la peinture à l'eau. C'est assez classique dans la forme. La couleur de l'arrière-plan (rouge, gris, jaune...) change en fonction du lieu ou de l'époque.

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   A la fin se trouve un cahier historique, qui présente plus en détail le contexte de l'histoire... ainsi que les véritables protagonistes. Les auteurs ne vont pas toutefois jusqu'à nommer l'ambassadeur de France en Chine, que les bons connaisseurs de l'époque décrivent comme très très très proche de Pékin. Pourtant, son identité n'est pas secrète : il s'agit d'Etienne Manac'h, décédé en 1992.

   A celles et ceux qui souhaitent en savoir plus sur l'espionnage chinois, je conseille la lecture d'un livre régulièrement réédité et augmenté, Les Services secrets chinois de Mao à nos jours, de Roger Faligot. Une vingtaine de pages est consacrée à l'affaire.

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   P.S.

   Quant au fameux "Monsieur X", il reste (partiellement) entouré d'un parfum de mystère. La manière dont il est représenté dans la bande dessinée rappelle l'aspect qu'il avait lorsqu'il a accepté, en 2015, de s'exprimer au micro de France Inter :

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   De nombreuses hypothèses ont été émises à son sujet. Il me semble évident qu'il s'agit d'un acteur, qui interprète un texte écrit pour lui par Patrick Pesnot, ce que ce dernier a fini par reconnaître, il y a quelques années, sur RTL. Il reste à découvrir le nom de cet acteur brillant, qui a su rendre vivant (et crédible) ce personnage d'ancien espion érudit.

mercredi, 23 janvier 2019

Du sang sur les mains des "gilets jaunes"

   En ces temps où déferlent violence, fake news et haine anti-flics, il est bon de rappeler quelques faits, sur lesquels les médias n'osent pas insister. Commençons par quelques "infoxications", ces mensonges éhontés véhiculés par nombre de "gilets jaunes" sur les réseaux sociaux (et ailleurs). Depuis la semaine dernière circule un bobard, présentant l'individu ci-dessous comme une récente victime des violences policières :

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   Sur le coup, on a tendance à compatir : Kevin a l'air d'en avoir pris plein la gueule. Décidément, salauds de flics... sauf que, d'après Les Décodeurs (du Monde), cet individu se prénomme Ty (et pas Kevin), qu'il ne vit pas en France (mais au Canada), que la photographie date de 2016 (et pas de 2019). Le plus cocasse est que son état n'est pas lié à une brutalité policière : il a été victime de... l'explosion d'une cigarette électronique ! Trop forts, les "gilets jaunes" ! 4 mensonges dans une infox !

   Un autre bobard a été récemment très partagé. Un manifestant aurait été tué par un tir de flash-ball. La source semblait fiable : le site 20minutes.fr. Ceux qui s'y connaissent un peu ne s'y sont pas laissé prendre : les flash-balls ont été presque partout remplacés par les désormais fameux LBD (lanceurs de balles de défense). De surcroît, un rapide coup d'oeil jeté à la source permettait de réaliser que l'information n'était pas de première fraîcheur : elle date de 2010.

   Il est par contre fort instructif d'analyser les circonstances dans lesquelles dix décès sont survenus, depuis le déclenchement du mouvement des "gilets jaunes".

   Le 17 novembre 2018, une femme (n°1) participant à un barrage a été renversée par une voiture. La conductrice a été effrayée par le mouvement de blocage. Certes, elle aurait dû rester maîtresse de son véhicule, mais la manière dont les "gilets jaunes" ont mené les blocages a contribué à en renforcer la dangerosité.

   Trois jours plus tard, le 20 novembre, un motard (n°2) a percuté une camionnette à l'approche d'un barrage organisé par les "gilets jaunes". Certes, le motard comme le conducteur ont fait preuve d'imprudence. Mais le drame ne se serait sans doute pas produit si le mouvement des "gilets jaunes" avait été plus responsable. (Vous remarquerez que, pour l'instant, les forces de l'ordre ne sont impliquées dans aucun décès.)

   Le 2 décembre, ce fut au tour d'un artisan (n°3), qui a percuté un camion à l'approche d'un barrage des "gilets jaunes". Celui-ci semble avoir été particulièrement mal organisé, mettant en danger la vie d'autrui.

   Le même jour, c'est un autre décès (n°4) qui a défrayé la chronique. A Marseille, une octogénaire est morte quelques heures après avoir été touchée par une grenade lacrymogène. Là, j'entends les contempteurs habituels des forces de l'ordre jubiler, affirmant tenir la preuve des débordements qu'ils ne cessent de dénoncer. La lecture de l'article (ainsi que celle de ceux publiés par Le Télégramme et Ouest France) invite à plus de prudence. La dame n'est pas décédée sur le coup. Elle est morte lors de son séjour à l'hôpital, de ce qui semble être un choc opératoire (sans doute lié à l'anesthésie). L'enquête étant en cours, on ne peut être totalement certain. En tout cas, la grenade a joué un rôle, puisque, si elle n'avait pas touché l'octogénaire, celle-ci ne se serait pas rendue à l'hôpital, où elle a succombé. Le problème est de déterminer les circonstances dans lesquelles elle a  été touchée. Elle se trouvait à la fenêtre de son appartement, au quatrième étage. La grenade est venue des policiers stationnés dans la rue. Or, un lanceur de grenade n'a la précision ni d'un flash-ball ni d'un LBD (et encore moins d'une arme à feu). A cette distance (entre dix et vingt mètres), il est fort probable qu'il s'agisse d'un accident. En bas, les policiers étaient bousculés, certains ont paniqué. Il est fort possible que, dans la volonté de repousser les manifestants les plus hostiles, l'un des policiers ait tiré dans la précipitation (voire involontairement), la balle atteignant la vieille dame par accident.

   Le 10 décembre, c'est une autre femme (n°5), plus jeune (âgée de 25 ans), qui a percuté un poids lourd à un barrage de "gilets jaunes"... barrage, une fois de plus mal organisé (ou sans souci de protéger les personnes).

   Trois jours plus tard, l'homme qui a perdu la vie (n°6) était à peine plus jeune (23 ans). C'était un "gilet jaune", bloquant un rond-point. Il semble qu'il ait effrayé le conducteur d'un poids lourd, qui a cru à une agression. J'ai noté la rapidité avec laquelle les médias ont précisé que ledit conducteur est polonais...

   Le lendemain, c'est à la frontière belge qu'un automobiliste de 49 ans (n°7) a percuté un poids lourd bloqué à un barrage des "gilets jaunes".

   Peu de temps après, une femme de 44 ans (n°8) a perdu la vie dans une collision, en tentant d'éviter un barrage de "gilets jaunes". Ceux-ci se contrefichent tellement de la sécurité des automobilistes qu'ils emmerdent qu'ils les poussent  à commettre des imprudences.

   Le 20 décembre, c'est un autre "gilet jaune" (n°9) qui est mort à un barrage. Il y a deux manières de présenter la chose. Soit on dit que c'est la faute du conducteur qui a voulu forcer le passage. Soit on dit que c'est la faute de ceux qui ont illégalement bloqué la circulation, empêchant le routier de faire son travail. (On peut aussi penser que les torts sont partagés.)

   Terminons cette liste macabre par un homme de 36 ans (n°10... espérons le dernier), qui a percuté un camion au niveau d'un péage bloqué (une fois de plus) par des "gilets jaunes".

   Bilan ? Cette série de décès n'est pas due à une supposée violence policière (même si le doute subsiste dans l'un des cas). C'est d'abord la mauvaise organisation des "gilets jaunes" et le comportement jusqu'au-boutiste de certains d'entre eux qui expliquent ces tragédies. Que dire après cela de ces hypocrites en jaune qui prétendent rendre hommage aux victimes, attribuant l'entière responsabilité au gouvernement ou aux forces de l'ordre... Nous voici revenus aux fake news.

dimanche, 06 janvier 2019

Un apprenti putschiste

   Il est temps de revenir sur un acteur du mouvement des "gilets jaunes" à propos duquel on a tendance à nous servir un joli conte de fées... Je veux bien entendu parler d'Eric Drouet.

   Considéré comme l'un des initiateurs du mouvement, il est apparu sous les feux des projecteurs quand il a été désigné comme l'un des huit porte-parole. Il s'exprime beaucoup par le canal de Facebook, réseau sur lequel il possède plusieurs comptes. Très vite, certains observateurs ont remarqué qu'il relayait des messages et des vidéos qui l'apparenteraient plutôt à l'extrême-droite.

   Curieusement, depuis cette époque, ses comptes ont été "nettoyés". On pourrait se dire que cet individu ordinaire, accédant à la notoriété, a voulu protéger sa vie privée. Sauf que cette opération, en supprimant le contenu politique antérieur à novembre 2018, présente E. Drouet comme un novice sans passé militant, sans opinion préconçue... et pacifique, ce qui n'est visiblement pas le cas.

   En effet, le 22 décembre dernier, à l'occasion d'une journée de manifestations (supposées "pacifiques") des "gilets jaunes", le porte-parole a été arrêté en plein Paris, rue Vignon, alors qu'il portait une matraque sur lui. L'écrasante majorité des personnes qui manifestent (ou ont manifesté) en France, y compris parmi les "gilets jaunes", vient sans arme. Alors pourquoi ? La connaissance du contexte n'est pas inintéressante. Voyons où se trouve la rue Vignon (signalée par un trait brun ci-dessous) :

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   Elle est située à moins de 500 mètres du Palais de l'Elysée, le siège de la présidence de la République. Coïncidence ? Environ deux semaines plus tôt, Eric Drouet avait incité, sur BFMTV, à tenter de rentrer dans ces lieux. Effet de manche ? Provocation ? Manoeuvre habile ? Alors qu'il était devenu une des figures les plus médiatiques du mouvement, le jeune homme ne pouvait pas ignorer que ses propos susciteraient des vocations parmi les manifestants.

   Depuis le début, Emmanuel Macron est la cible principale des  "gilets jaunes" (souvent de manière ordurière). Il est l'homme à abattre (au sens symbolique, espère-t-on). Toucher l'Elysée serait un coup d'éclat... voire plus ? C'est le coeur du pouvoir républicain. Certains mauvais esprits ont fait le lien avec le 6 février 1934. A cette époque, c'est la Chambre des députés (centre du pouvoir sous la IIIe République) qui avait été visée.

   Je doute que la majorité des "gilets jaunes" soit consciente de ce contexte. Mais, aussi bien chez les extrémistes qui ont infiltré le mouvement qu'au gouvernement, on connaît ce passé, qu'on le craigne ou qu'on le glorifie. Comment s'étonner alors que la police surveille attentivement Eric Drouet ? Avec elle, il se livre au jeu du chat et de la souris, avec la complicité de certains médias.

   Le meilleur exemple en est sa deuxième arrestation, sur les Champs-Elysées. Lui se défend en affirmant que, comme ils ne portaient pas de gilet jaune et qu'ils ne brandissaient pas de pancarte, ce n'était pas une manifestation et que, comme ils se contentaient de marcher, sur le trottoir, ce ne serait pas un attroupement. C'est méconnaître le Code de sécurité intérieure. Il s'agissait bien d'un regroupement de personnes, en mouvement, dans un but politique. C'était donc bien une manifestation, qui aurait dû être au préalable déclarée. Et, là encore, le lieu du regroupement (et de sa déambulation) n'a pas été choisi au hasard :

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   La "marche" d'Eric Drouet et de ses amis s'est déroulée entre l'Arc de triomphe et la place de la Concorde. Alors que le prétexte était de rendre un hommage, sans faire de tapage, on remarque que ce souci de discrétion a poussé les "hommagistes" à se rendre sur l'avenue la plus fréquentée de France ! (lol, comme diraient les djeunses !) De surcroît, le parcours des déambulateurs "déambuleurs" les a amenés à passer à environ 200 mètres de l'Elysée... Coïncidence ? Là encore, il ne s'agit peut-être que d'un "coup de pression", destiné à Emmanuel Macron. Mais les autorités (et le citoyen lambda) étaient parfaitement fondés à penser que ce n'était qu'un prétexte pour tenter de pénétrer dans l'Elysée. Bien entendu, caméras, appareils photographiques et micros étaient là pour immortaliser l'interpellation hyper-prévisible d'Eric Drouet, ses partisans tentant d'en faire un martyr... (Notons que le "gilet jaune" qu'on a vu dans les médias défendre Drouet n'est autre que Benjamin Cauchy, très marqué politiquement.)

   Les récents événements donnent raison au gouvernement. En effet, hier samedi, une bande de délinquants portant gilet jaune a forcé l'entrée de l'immeuble abritant les services du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

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   Le déroulement de l'intrusion est bien expliqué sur le site de France 24. Cela sent le coup prémédité. Signalons que les casseurs étaient munis de barres de fer... Quoi qu'il en soit, ce sont nos impôts qui vont payer les réparations, ici comme ailleurs.

dimanche, 30 décembre 2018

Une "Une" plus que douteuse

   Cette Une est celle de M, Le Magazine du Monde en date de samedi 29 décembre. On y voit le président de la République Emmanuel Macron, en noir et blanc, sur fond blanc et rouge avec, en incrustation, une photographie (en noir et blanc, avec des retouches de rouge) prise sur les Champs-Elysées.

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   A priori, il n'y a rien de particulier à redire. L'article utilise les événements qui se sont déroulés depuis un an et demi sur la célèbre avenue pour analyser les débuts du quinquennat macronien... dans un sens défavorable au président. L'auteure de l'article est Ariane Chemin, en pointe dans le suivi de "l'affaire Benalla" (en doublette avec Mediapart). On remarque d'ailleurs quelques approximations lorsqu'il est question des événements auxquels a été mêlé l'ancien garde du corps officieux d'Emmanuel Macron, place de la Contrescarpe : ce ne sont pas des bouteilles, mais des cendriers et des carafes d'eau que les deux "badauds pacifiques" ont jeté sur des CRS qui déambulaient. (On pouvait le constater sur une vidéo à laquelle les lecteurs du Monde ont eu beaucoup de mal à accéder, le quotidien préférant mettre en avant la suite, avec l'intervention d'A. Benalla.) A ma connaissance, Le Monde a aussi négligé de préciser que l'un des membres du "couple de la Contrescarpe", Georgios D, est fiché par les polices de plusieurs pays en raison de ses liens avec des groupes extrémistes...

   Mais plus que le fond, c'est la forme qui a choqué nombre d'abonnés au Monde. Le problème, quand on a des lecteurs cultivés, c'est qu'ils perçoivent des références ou des allusions qui échappent au commun des spectateurs des chaînes d'information. Ainsi, l'association du noir à un fond rouge et blanc est typique de l'époque nazie, ce que les auteurs de la couverture ne doivent pas ignorer, comme on va le voir plus bas.

   A partir du milieu des années 1930, Adolf Hitler a été souvent représenté avec ces trois couleurs (qui sont celles du drapeau nazi, bientôt devenu celui de l'Allemagne). L'une des plus célèbres affiches de propagande est Le Porte-drapeau, de Hubert Lanziger :

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   La comparaison devient troublante quand on place la Une de M à côté d'une récente illustration du graphiste Lincoln Agnew, publiée dans un article du Harper's Magazine de juillet 2017 :

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   Précisons que les contextes des photographies d'incrustation sont totalement différents. A gauche, il s'agit du défilé de joie après la victoire de l'équipe de France (masculine) à la dernière Coupe du monde de football. A droite, on voit des nazis tendre le bras devant le Reichstag. Néanmoins, dans les deux cas, vous remarquerez que l'auteur.e du montage a mis en relief un détail, en rouge (sur les drapeaux français à gauche, put-être sur les brassards nazis, à droite). De la part des "copieurs" français, cela ne révèle pas un grand sens de l'à-propos...

   Dans sa tentative de justification, Luc Bronner, le directeur de la publication du Monde, se tire une balle dans le pied, en révélant la référence aux oeuvres d'Agnew, mais en se gardant bien de donner des exemples compromettants...

   Cette affaire est révélatrice du tournant pris par Le Monde. En 2016-2017, on peut dire que le quotidien a été séduit par le candidat Macron (et par ses débuts à la présidence). Au bout de quelques mois, le journal est passé à une opposition franche (ce qui est parfaitement son droit), mais avec, parfois, un parti-pris qui n'est pas à l'honneur d'un quotidien dans lequel son lectorat apprécie d'abord la rigueur du traitement de l'actualité.

   PS

   En guise de dessert, je recommande de jeter un oeil à la dernière Une du Harper's Magazine. Il y est question de l'inénarrable Michel Houellebecq :

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   "Trump est un bon président", y déclare l'écrivaillon, qui exprime (dans sa contribution) son souhait de voir l'Union européenne disparaître. Certes, il faut tenir compte du fait qu'il sort un nouveau roman et qu'il a coutume de miser sur la provocation pour vendre sa soupe. Mais je trouve cette déclaration particulièrement savoureuse, alors qu'au même moment, dans Le Monde, on est d'avis que Houellebecq a renoncé à la polémique...

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samedi, 22 décembre 2018

Le mug présidentiel

   C'est l'une des nouveautés de la boutique elysee.fr, dont la sortie a été annoncée par courriel à celles et ceux qui avaient déjà commandé sur le site. La surprise est venue de l'illustration accompagnant la présentation du produit (vendu.. 24,90 euros !), que je me fais un plaisir de vous montrer :

Mug Elysée 2.jpg

   L'objet est censé être mis en valeur par la pile de livres sur laquelle il est posé. Le choix de ceux-ci est fort intéressant. Tout en haut a été placé Les Chênes qu'on abat... d'André Malraux, bilan de conversation tenues avec Charles de Gaulle après son retrait du pouvoir. On retrouve celui-ci en guise de soubassement de la pile, avec, sans doute, deux tomes d'une édition de ses oeuvres complètes, le premier comprenant La Discorde chez l'ennemi et Le Fil de l'épée, le second étant composé de Vers l'armée de métier et de La France et son armée.

   Entre Malraux et de Gaulle, on a calé un ouvrage de Pierre Nora, Recherches de la France. Cet historien s'est fait connaître jadis par l'impressionnante entreprise éditoriale qu'il a menée à bout : Les Lieux de mémoire. Cette encyclopédie historique de la France telle qu'elle s'est faite ou telle qu'on a cru qu'elle s'était faite est encore une référence aujourd'hui.

   Ce n'est pas la première fois que la présidence Macron fait (discrètement) référence au gaullisme. Même si l'époque et les tempéraments sont différents, je pense que l'actuel président de la République se voit comme un transgresseur, à l'image du fondateur de Ve République. Et, comme lui, il se méfie des vieux partis politiques, dont il a pourtant "recyclé" certains membres pour asseoir son pouvoir... tout comme son lointain prédécesseur.

dimanche, 09 décembre 2018

Défèque Niouzes sur l'ONU

   C'est une nouvelle "légende urbaine" que la secte des abrutis du net tente de propager. A l'ONU aurait été signé un traité contraignant visant à faciliter le déferlement migratoire sur les pays développés. Ce serait donc le complot du siècle... enfin un des nouveaux complots du siècle, tant la crédulité des incultes n'a pas de limite.

   Pour aborder le sujet, rien de tel que de se rendre à la source, à avoir le traité en lui-même, de son véritable titre "Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières". Tout d'abord, le texte est-il secret ? Aucunement. Le français étant l'une des langues de travail de l'ONU, on peut même télécharger une version lisible sans traduction ici (au format Word) ou encore (au format pdf).

   Premier constat. Ceux qui affirment que ce Pacte devra être suivi à la lettre n'ont visiblement pas lu le texte. Voici ce qu'on peut lire dès la page 3 :

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   Au cas où un lecteur aurait parcouru un peu trop rapidement ce passage, la page 5 se charge de rappeler quelques principes de base :

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   Il est donc clairement affirmé que les signataires du Pacte peuvent l'appliquer... ou pas, en totalité... ou pas. Surtout, ils conservent la maîtrise des flux migratoires les concernant (c'est-à-dire les flux nationaux) et décider de qui est un.e migrant.e légal.e/illégal.e et donc qui est autorisé à résider dans le pays.

   La suite est tout aussi instructive. Je recommande la lecture des objectifs du Pacte. La liste est donnée pages 7-8, avant que chacun ne soit ensuite développé. Voici par exemple ce qu'on trouve au niveau de l'objectif 9 (page 20) :

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   Les Etats signataires, s'ils mettent en oeuvre le Pacte, s'engagent donc à lutter contre les migrations illégales et les trafiquants qui en tirent du profit. Les conclusions en sont tirées dans l'objectif 21, page 35 :

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   Les pays de départ (dits aussi d'émigration) s'engagent donc, s'ils appliquent le Pacte, à accepter le retour de leurs habitants qui sont expulsés des pays d'arrivée (dits pays d'immigration).

   Loin d'être un traité imposant d'importants flux migratoires aux pays développés, ce Pacte est un compromis de gestion, facultatif, qui s'appuie sur des textes que les pays membres de l'ONU sont déjà censés appliquer, comme la Charte de 1945 et la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948. Là réside le véritable problème : nombre de membres de l'ONU ne respectent même pas ces deux textes très anciens, âgés de plus 70 ans.

jeudi, 06 décembre 2018

Un "gilet jaune" de soie

   Mardi matin, en voiture, j'ai été un peu surpris en écoutant (sur France Inter) l'entretien du jour entre la journaliste Léa Salamé et un drôle d'invité, un "gilet jaune" originaire d'Indre, Jean-François Barnaba :

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   J'ai été étonné parce que j'ai eu l'impression d'entendre un professionnel de la politique, ou un syndicaliste chevronné. (Il a quand même employé de lui-même le mot "paradigme" !) Au moins, il développe un discours argumenté et ne sombre pas dans l'invective, un travers de nombre de ses camarades de lutte. A l'écoute, je déduis qu'il a une sensibilité de gauche. Même s'il se présente comme synthétique au sein du mouvement, je pense qu'il en incarne plutôt l'aile gauche non violente.

   Notons qu'au cours de l'entrevue, Jean-François Barnaba a affirmé qu'il n'avait plus accès à son compte Facebook. Le lendemain, tout semblait revenu à la normale, selon La Nouvelle République.

   Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué dans les informations de mercredi. Ce soir-là, L'Obs révélait que ce fonctionnaire territorial est payé 2 600 euros par mois... à ne rien faire ! Voilà pourquoi il était si disponible pour parler au nom des "révoltés du diesel" !

   Aujourd'hui jeudi, ce fut au tour de Capital d'enfoncer le clou. Dans un papier fort intéressant, le magazine a décortiqué le statut très particulier de cet actif payé à se tourner les pouces. Cela fait dix ans que cela dure... et, à l'origine, il touchait même environ 4 300 euros par mois ! (Toutefois, selon un autre article de La Nouvelle République, il touchait plutôt autour de 3 100 euros par mois.)

   Cerise sur le gâteau : cet artiste de la rébellion envisage de se présenter aux prochaines élections européennes. A la fin de l'entretien, on sentait poindre la langue de bois politicienne et les affirmations fondées sur rien (notamment à propos du pouvoir d'achat des classes moyennes et des classes populaires). A bientôt donc, peut-être sur une liste LFI !

mardi, 04 décembre 2018

Macron et son programme

   Depuis plusieurs semaines, on entend tout et n'importe quoi à propos du gouvernement, notamment dans la bouche des "gilets jaunes" ou des personnes qui prétendent les soutenir. Le président de la République aurait trahi ses promesses de campagne, en particulier concernant les taxes sur le carburant. Or, que se passe-t-il quand on retourne lire le programme du candidat Macron ? Stupeur ! La plupart des mesures prises par le gouvernement Philippe figurent dans le texte, accessible à tous les électeurs, mis en ligne en 2017. En voici un échantillon.

   La réduction du nombre de fonctionnaires ? Elle est annoncée dans l'objectif 3 du thème "action publique et fonction publique".

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   On en encore loin des 120 000 suppressions, tout comme, à l'inverse, on n'en est pas à 12 000 créations de postes dans le primaire des zones prioritaires (4 000 plutôt). Au niveau des programmes, il faudrait voir si l'annonce de la priorité donnée aux apprentissages fondamentaux est suivie d'application. Vu l'illettrisme qui caractérise nombre de commentaires sur les réseaux sociaux, force est de constater que, faute de sauver les adultes, il est urgent de s'y mettre pour les enfants.

   La réforme du baccalauréat ? Elle est annoncée (tout comme les changements dans le primaire) dans le volet "éducation" du programme (objectif 2 pour le primaire, objectif 6 pour le bac) :

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   Au niveau de la fiscalité, de programme annonce aussi clairement la couleur : augmentation de la CSG, remplacement de l'ISF par l'IFI et suppression progressive de la taxe d'habitation, tout cela figure noir sur blanc dans le programme rendu public.

   Cela nous mène tout naturellement au volet "transition écologique". Et là... ô surprise ! Il est bien question des carburants fossiles et de la fiscalité du diesel, dans l'objectif 4 "Protéger la santé et l'environnement des Français" :

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   Conclusion ? Soit nombre de Français votent à la présidentielle sans lire les programmes des candidats (ce qui ferait d'eux de fieffés imbéciles - ou de grosses feignasses). Soit ils ont lu ces programmes mais ne les ont pas compris (ce qui ferait d'eux des analphabètes avec droit de vote). Soit ils les ont lus et compris... et ont voté Macron quand même (!!!!!!). Soit, tout simplement, ils les ont lus, compris... et n'ont pas voté Macron. Nombre de ces "gilets jaunes" sont des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen. Leur candidat-e a été battu-e dans les urnes, alors ils essaient de gagner dans la rue ce qui leur a échappé par un scrutin démocratique et transparent. Avec eux, ils entraînent de pauvres diables auxquels on peut faire avaler n'importe quelle fake news.

   Il serait temps que la démocratie française mûrisse. Le pays en a besoin.

 

lundi, 03 décembre 2018

Des "gilets jaunes" fascisants

   Petit à petit, le véritable visage de certains "gilets jaunes" se fait jour. Force est de constater que ce mouvement, qui se veut l'expression d'une démocratie populaire, donne plutôt l'impression de vouloir rétablir l'un des régimes totalitaires en vigueur dans les années 1930. Alors que le mouvement n'est jusqu'à présent jamais parvenu à mettre dans la rue (au niveau national) plus de 400 000 personnes et qu'il apparaît qu'il héberge plusieurs sensibilités, certains de ses nervis tentent d'empêcher toute action sortant de leur ligne.

   La semaine dernière, c'est Jason Herbert, l'un des huit porte-parole désignés, qui en a fait les frais. Le gars est victime de harcèlement, a reçu quantité de menaces de mort... de la part d'adversaires du mouvement, pensez-vous ? Eh bien, non ! Presque toutes les menaces qu'il a reçues proviennent de son propre camp.

   Aurait-il trahi le mouvement ? Rien ne vient étayer cette affirmation. Au contraire, quand il est apparu que le Premier ministre Edouard Philippe refusait que leur entretien soit retransmis en direct sur les réseaux sociaux, Jason Herbert a claqué la porte. Sa supposée faute est d'avoir adopté une attitude responsable, à savoir se montrer prêt à négocier avec le gouvernement pour obtenir quelque chose. Rappelons que, jusqu'à présent, les seuls résultats obtenus par les "gilets jaunes" sont des millions d'euros de dégâts et la chute du chiffre d'affaires des commerces de centre-ville. Joli bilan que voilà.

   Mais ce n'est pas terminé. Aujourd'hui, on apprend que d'autres "gilets jaunes", qui refusent l'extrémisme, ont eux aussi reçu des menaces de mort.

   Pendant ce temps, des feignants en gilet continuent d'emmerder les honnêtes gens qui veulent continuer à travailler pour nourrir leur famille. De leur côté, les forces de l'ordre, qui ont reçu des consignes de modération pour éviter toute bavure, se font (dans les grandes villes) copieusement insulter, caillasser voire tabasser par des manifestants surexcités. Il est temps que le gouvernement remette de l'ordre dans ce pays. L'actuel ministre de l'Intérieur est-il à la hauteur de la tâche ? On se le demande.

lundi, 26 novembre 2018

Le casting des 8

   Le mouvement des "gilets jaunes" semble acquérir une ébauche de structure... et, à voir le résultat, on se dit que ce ne sont pas des amateurs qui tirent les ficelles. La désignation des huit porte-parole a suivi des règles propres à la "vieille politique", comme on va le constater.

   Tout d'abord, alors que, de passage aux ronds-points et en regardant les actualités, j'avais été frappé par la forte proportion de personnes âgées (voire de retraité-e-s) parmi les bloqueurs, force est de remarquer qu'ils sont totalement exclus de la vitrine médiatique du mouvement : les 8 sont âgés de 21 (Mathieu Blavier) à 33 ans (Priscilla Ladosky et Eric Drouet), la moyenne approchant les 28 ans.

   Il y a déséquilibre des sexes, avec deux femmes pour six hommes. Je n'ai pourtant pas eu l'impression que les dames étaient sous-représentées parmi les bloqueurs... mmm... un vieux reste de machisme, peut-être ? Quant aux origines géographiques, elles sont assez diverses. Voici les régions d'où sont issus les porte-parole :

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   Le Sud de la métropole domine (5 sur 8, dont deux de Nouvelle-Aquitaine)... et l'outre-mer est représenté, à travers la Francilienne Priscilla Ludosky, d'origine martiniquaise.

   Concernant les professions, une tendance semble se dégager : l'emploi non protégé du privé, avec un intérimaire, une serveuse, un routier, un auto-entrepreneur (auquel on peut ajouter un étudiant qui suit le même chemin) et une commerçante. Les deux autres sont courtier et chargé de communication dans une collectivité locale (après avoir été journaliste). Il n'y a donc aucun retraité ni aucun fonctionnaire.

   On termine par la thématique qui intéressait visiblement le plus les commentateurs : l'éventuelle orientation politique des huit vedettes. Certains n'en ont a priori exprimé aucune, peut-être en raison de leur jeunesse (la serveuse corrézienne et l'étudiant de PACA). Une autre semble tout aussi apolitique... mais soucieuse de ses intérêts : tout en militant aux "gilets jaunes", elle n'oublie pas d'alimenter la page Facebook de son commerce... Le mobile du quatrième (Maxime Nicolle, le Breton de service) paraît directement lié à sa passion pour les véhicules à moteur, à ce qu'il transparaît de son compte Facebook.

   Le plus engagé, dans le sens civique du terme, est sans doute Jason Herbert. Jeune blogueur, il a monté son entreprise, puis est devenu journaliste professionnel, métier au titre duquel il a siégé au Conseil de prud'hommes (pour la CFDT). Il est désormais chargé de communication auprès de la communauté du Grand Angoulême (présidée par un maire PS).

   Les autres penchent à droite. Julien Terrier est un ancien électeur de Nicolas Sarkozy. Thomas Miralles (de Midi-Languedoc), lui, était candidat aux municipales de 2014, sur la liste "Canet Bleue Marine", en septième position :

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   Quatre ans plus tard, il présente cela comme une erreur de jeunesse. Mouais... Quant à son collègue Eric Drouet, il semble plutôt appartenir à la catégorie des "faux apolitiques", au vu de ce qu'il partage sur sa page Facebook.

   Aussi sincères soient-ils (du moins, certains d'entre eux...), ces porte-parole ne sont donc que très partiellement représentatifs des "gilets jaunes" (encore moins de "la France qui travaille"). C'est d'abord une vitrine de communication, qui vise à populariser le mouvement et à en faire oublier les errements (les derniers étant des agressions de journalistes).