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jeudi, 02 mai 2013

Claude Guéant pété de thunes

   La polémique enfle concernant les sommes d'origine suspecte qu'aurait reçues Claude Guéant entre 2002 et 2012. Des internautes facétieux se sont moqués de la défense de l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a argué de la vente de tableaux. Des "mèmes" circulent sur la Toile, dont le quotidien Midi Libre propose un échantillon savoureux. Voici mon préféré :

Mème Michel-Ange.jpg

   ... A comparer avec l'original, La Création d'Adam, de Michel-Ange :

Mème Michel-Ange 2.jpg

   Je me suis amusé à en fabriquer un (dans un genre approchant), Le Sultan offrant ses richesses au petit marquis :

Copie de Guéant Kadhafi.jpg

   Je me suis inspiré d'un tableau du XVIe siècle de Cornelis de Vos, Crésus et Solon (qui a été récemment restauré), dont j'ai bien entendu détourné le sens :

Guéant Kadhafi.jpg

   Si l'on veut rester davantage dans l'esprit du tableau original, il vaut mieux inverser les rôles, et créer une nouvelle toile, intitulée Le Conseiller impécunieux et le Prince :

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vendredi, 12 avril 2013

4 ou 4,5 jours de classe ?

   D'après un article paru dans Midi Libre jeudi 11 avril, la majorité des maires aveyronnais ont choisi de n'appliquer la réforme Peillon qu'à la rentrée 2014. Sur les 228 communes possédant au moins une école, seules 29 vont (re)passer à la semaine de 4,5 jours en 2013 :

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   Sans surprise, certains territoires, dont les élus penchent à gauche, ont décidé d'appliquer la réforme avec zèle :

- 4 des 8 communes du Grand Rodez (accompagnées de Salles-la-Source, qui vit dans son orbite)

- la majorité des communes du canton de Naucelle

- une bonne partie du Saint-Affricain (presque toute la communauté de communes)

- la majorité du bassin decazevillois (à l'exception notable d'Aubin)

   Quelques communes (comme Najac) se retrouvent isolées dans leur démarche.

   Un autre espace homogène se détache, dans le nord. Il s'agit du Carladez qui, s'il a récemment élu un conseiller général classé à gauche, n'en reste pas moins une terre encore marquée par un certain conservatisme politique. Il est possible que les choix en matière d'investissement culturel aient déterminé la position des élus locaux : depuis une bonne décennie, le Carladez se fait remarquer par un indéniable dynamisme, qui tente d'associer ruralité, tourisme et culture au sens large. Ce territoire est donc déjà bien outillé pour s'adapter aux changements induits par le passage à la semaine de 4,5 jours. Il dispose sans doute du volant d'activités et des animateurs susceptibles d'être orientés vers le jeune public qu'il faudra "occuper" intelligemment pendant le petit créneau quotidien libéré par la reventilation des heures de cours.

   Je me suis aussi demandé si l'on pouvait établir un lien entre ces communes pionnières et celles qui sont sorties du paysage scolaire, les 76 (sur 304) ne possédant plus d'école (marquées par des pointillés bleus) :

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   Une partie de ces communes forment des blocs assez homogènes, où les enfants (scolarisés ailleurs) ne connaîtront la réforme qu'en 2014 (aucune commune coloriée en rouge ne se trouvant à proximité). On remarque qu'elles sont situées dans des bastions de la majorité départementale (à proximité de Laguiole, Entraygues-sur-Truyère et Saint-Geniez-d'Olt). Les autres communes "a-scolaires" se trouvent dans l'orbite d'un pôle qui va passer aux 4,5 jours dès septembre 2013 (autour de Decazeville, Naucelle et Saint-Affrique principalement).

   Il reste un cas particulier, que j'en encadré en vert : le pôle du sud-est du département, centré sur la communauté de communes de Millau-Grands-Causses. C'est le seul territoire, où la gauche est très présente, dont les élus ont choisi de différer l'application de la réforme. L'unique commune s'engageant dès 2013 est Verrières (connue notamment pour son viaduc, qui précède celui de Millau-Creissels)... qui ne fait pas partie de la communauté de communes. Signalons qu'elle est rattachée au canton de Saint-Beauzély, et non à l'un des deux incluant une partie de Millau.

dimanche, 31 mars 2013

Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles

   La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.

   A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.

   Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?

   Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.

   Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.

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   Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :

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   Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :

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   Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :

Lagarde 2.jpg

   Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).

   On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).

   Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.

   Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.

   Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !

   Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !

vendredi, 29 mars 2013

Un nouveau vice-président aveyronnais

   A l'issue de la réunion plénière du Conseil régional de Midi-Pyrénées, le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, est devenu vice-président de ladite assemblée. Cette réunion a été retransmise en direct et enregistrée, ce qui permet de la regarder sur le site du Conseil régional. Plusieurs caméras ont filmé la séance : une placée en hauteur, qui donnait à voir presque toute la salle (ses images sont à l'écran en début et fin de réunion, ainsi que durant la pause méridienne), une face à la tribune où siégeait l'exécutif régional, une (la même ?) dirigée sur le pupitre (où se sont exprimés Martin Malvy et Jean-Louis Chauzy), une ou deux autres proposant des vues de l'hémicycle et des plans rapprochés des conseillers qui avaient la parole.

   Le début était annoncé à 10 heures. Or, quand Martin Malvy lance le départ de la déposition des listes pour le renouvellement partiel de la commission permanente, il annonce qu'il est 11h35, alors que, selon l'horloge de l'écran, la réunion a débuté 1h09 auparavant... soit à 10h26. Ah, le "quart-d'heure toulousain"...

   Comme le début a été tardif, la pause méridienne ne survient qu'à 13h16 (2h50 après le début). Les débats ont repris à 14h30 pétantes 14h44 (à l'insistance du président du Conseil régional, qui devait trouver que les troupes s'attardaient trop au café), pour s'achever, 9h35 après le départ, à 20 heures semble-t-il.

   La séance a commencé avec l'appel des conseillers, par Gérard Onesta. Sur les 91 élus, 78 étaient présents (dont 3 perdus dans les couloirs visiblement), 13 d'entre eux ayant prévu de "sécher" une partie de la réunion : leur départ était annoncé qui pour 18h30, qui pour 18h, qui pour 17h, qui pour 16h... voire 14h ! Il y en a même une (Michèle Garrigue, je crois) qui s'est fait excuser pour la tranche 11h-13h30, histoire sans doute de déjeuner en paix. (Elle est de surcroît élue de la Haute-Garonne.) Notons que la dame n'a donc suivi les débats matinaux que de 10h26 à 11h... trop dure, la life ! Les véritables absents ne seraient donc qu'au nombre de 13, soit 14 % du total. Le nombre de présents a tout de même varié durant la journée. Au maximum, il y a eu 80 votants lors des scrutins :

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   Mais, étant donné qu'une dizaine d'absents (ou de présents temporaires) avaient donné procuration à un autre conseiller, on penser qu'il y avait en moyenne entre 65 et 75 élus, soit entre 71 % et 82 %. Et les Aveyronnais là-dedans ? 7 sur 10 étaient présents. Les trois absents étaient Jean-Claude Luche (qui avait donné pouvoir de vote à Anne-Sophie Monestier-Charrié), Marie-Françoise Vabre (qui avait donné pouvoir de vote à François Simon, autre représentant d'Europe Ecologie) et Pierre Pantanella (qui avait donné pouvoir de vote à une Ariégeoise, Rolande Sassano). Marie-Lou Marcel est partie à 18h30, laissant pouvoir de vote... à un Ariégeois (Marc Carballido). La ministre (de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme) Sylvia Pinel était aussi absente.

   Si l'on ajoute le cas d'un président d'intercommunalité qui a quitté les lieux un peu avant la fin, on arrive à la conclusion que les cumulards sont moins assidus que les autres. Voilà qui devrait inspirer les rédacteurs de la future loi sur le cumul des mandats. Un président de Conseil régional, une députée et une ministre n'ont aucune raison (autre que financière) de garder un mandat de conseiller régional. Au niveau local, on s'aperçoit que ceux qui empilent les casquettes (maire, président de structure intercommunale, de syndicats divers voire secrétaire d'un parti politique) ont tendance à déserter l'hémicycle toulousain... tout en étant payés !

   Ma deuxième remarque s'applique aux élus aveyronnais de gauche. Il est étonnant que les socialistes Marie-Lou Marcel et Pierre Pantanella aient donné procuration à des Ariégeois. Les relations entre camarades aveyronais seraient-elles tendues à ce point ?

   Cela nous mène tout naturellement à Christian Teyssèdre. D'après Midi Libre de ce vendredi, le maire de Rodez semble avoir retenu les leçons de l'an passé ; il a joué la partie de manière discrète. Le voilà donc intronisé vice-président :


   Cette annonce a été faite 2h21 après le début de la retransmission, soit à 12h47. Dans le quotidien montpelliérain, Laurent Hortes précise que c'est vers 13h30 (au début de la pause méridienne, donc) qu'un "touitte" de Martin Malvy a répandu la nouvelle. Il a pourtant été pris de vitesse (toujours d'après Midi Libre) :

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   Déjà, en septembre dernier, Daniel Rozoy s'était signalé en félicitant publiquement Christian Teyssèdre pour une promotion qu'il a obtenue... cinq mois plus tard. Quelle prescience ! Rappelons que c'est le départ de Nicole Belloubet pour le Conseil constitutionnel (où elle a été nommée par le président du Sénat Jean-Pierre Bel... encore un Ariégeois !) qui a libéré un poste de vice-président. De surcroît, il écarte un candidat de poids de la course à la succession de Martin Malvy (qui a pris un petit coup de vieux).

   Si l'on écoute attentivement les minutes qui suivent, on s'aperçoit qu'une conseillère a demandé à intervenir au sujet des vice-présidences. Il s'agit de l'écologiste Marie-Christine Pons, qui regrette que les récentes retouches apportées à l'exécutif régional aient fait reculer la parité. En effet, le rapport hommes/femmes (au niveau des vice-présidences) est passé de 8/7 à 9/6. Martin Malvy a rappelé que la parité n'était qu'un des facteurs pris en compte dans la composition de l'équipe dirigeante. S'y ajoutent notamment l'origine départementale et l'appartenance politique : c'est une majorité plurielle qui administre la région.

   Je ne sais pas si cela peut consoler Mme Pons, mais le respect de l'esprit de la parité a conduit une nouvelle femme au poste de 1ère vice-présidente : Janine Loïdi. Celle-ci a connu une promotion fulgurante, puisque, n'étant pas membre de l'exécutif en 2010 (elle est néanmoins conseillère depuis 2004), elle n'est devenue vice-présidente que fin 2012, suite à trois démissions. La voilà propulsée dauphine de Martin Malvy !

   J'ai envie de terminer ce billet par quelques touches humoristiques. Certains élus n'ont visiblement pas encore réalisé que les séances étaient filmées. Se croyant protégés des regards d'en face par le rebord élevé de leur pupitre, plusieurs conseillers ont carrément sorti l'ordinateur portable. Disposant sans doute d'une connection wi-fi, ils doivent mettre à profit certains temps morts pour perfectionner leur connaissance des dossiers...

   En voici un qu'il est difficile d'identifier (compte tenu de la prise de vue) :

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   En voici un autre, qui ne se cache nullement :

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   J'ai pointé sa joue droite parce, dans la vidéo, à plusieurs reprises, on le voit mâcher ostensiblement un chewing-gum. Je ne dirai rien du col largement ouvert. Il paraît que c'est à la mode chez les bobos. Le monsieur en est peut-être un. Je pense qu'il s'agit d'un élu d'Europe Ecologie (compte tenu de son voisinage), sans doute François Arcangeli qui, lorsqu'il veut paraître, prend soin de se présenter sans lunettes :

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   Il ressemble quand même plus à celui qui était interrogé par Le Petit Journal, en 2006 :

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   Les plus malins ont peut-être placé une tablette numérique à plat sur leur bureau... ou alors ils surfent grâce à leur téléphone haut de gamme. Vont-ils jusqu'à passer des coups de fil durant la séance ? Oui... et c'est un Aveyronnais qui donne le mauvais exemple, en la personne de Jean-Louis Chauzy :

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   Le présdent du CESER (et conseiller municipal de Rodez) est intervenu au début de la réunion, puis il s'est rassis immédiatement à la droite de Martin Malvy, signe de l'estime dont il jouit. C'est peut-être la raison pour laquelle il s'est permis, quelques minutes plus tard, de prendre un appel au vu de tous.

   La fin de la séance a été émaillée de quelques joutes verbales et de mini-incidents divers. Je relève le concours de photographies auquel se sont livrés l'écologiste Gérard Onesta et le conseiller d'opposition Jacques Thouroude (un Tarnais qui siège avec J-C Luche, A-S Monestier-Charrié et S Roques dans le groupe "Osons Midi-Pyrénées") :

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   Le premier semble avoir voulu mettre en évidence les bancs quelque peu dégarnis de la droite en cette fin de journée. Son adversaire a décidé d'en faire autant... avec les bancs de la gauche. J'en profite pour signaler à mes lecteurs villefranchois que si, dans un futur proche, ils reçoivent un document illustré d'une photographie de Serge Roques dans l'hémicycle régional, il devront certainement celle-ci à son collègue tarnais.

vendredi, 15 mars 2013

Le Grand Retournement

   Ce court film (1h17) est conçu de manière originale. Les personnages (banquiers, politiques, conseillers), qui parlent de la crise financière, de ses tenants et aboutissants, s'expriment en alexandrins, habillés en costumes-cravates pour la plupart.

   Parmi les acteurs, on trouve quelques têtes d'affiche, comme Jacques Weber (le plus constant au niveau de la qualité de la diction), François Morel (très inégal, avec quelques éclairs de génie) et Edouard Baer (inconsistant). D'autres trognes sont connues, davantage que les noms : Franck de La Personne et Thibault de Montalembert notamment. D'autres sont de parfaits inconnus pour moi. Parmi ceux-ci, j'ai remarqué Patrick Mille.

   Je vais sans doute hérisser le poil des militants altermondialistes qui lisent ce billet, mais je me suis globalement fait chier durant ce film. Dans la première partie, j'ai même piqué du nez ! Et il n'est pas possible de faire porter la responsabilité de ce ratage aux comédiens, certains étant très bons. Il n'en reste pas moins vrai que la qualité du jeu est très inégale... et que cela se sent.

   L'autre problème est l'écriture des dialogues. Il ne suffit pas de construire une phrase de 6, 12 ou 24 pieds et de faire rimer deux d'entre elles pour prétendre avoir versifié. C'est trop souvent boursouflé, maladroit. Au lieu de les aider, les phrases ont considérablement compliqué la tâche des acteurs. Un auteur de talent (genre Racine ou Corneille - non, pas le chanteur) est capable de produire un texte (aussi subtil soit-il) sur lequel un bon acteur doit pouvoir s'appuyer.

   Au niveau de la mise en scène, au départ, j'ai trouvé intéressant le contexte de l'usine abandonnée. Cela avait du sens. Mais l'utilisation de cet espace devient vite maladroite, le comble étant atteint lorsque l'un des conseillers du président, devenu trop critique, se fait virer.

   Parlons enfin du fond. Le film se veut pédagogique. On commence par les causes de la crise financière, référence à l'affaire Kerviel à l'appui. On continue avec le renflouage des banques et la bêtise des politiques. Plus que les banquiers, la cible est ici l'exécutif français en place en 2009-2010, à savoir le président Sarkozy (un peu trop sobrement campé par Elie Triffault) et le premier ministre Fillon (Montalembert, très bon). Le tour des banquiers vient juste après, quand il est question de l'introduction de nouvelles normes et du rôle de la BCE.

   Le problème est que tout cela m'a semblé très manichéen. Ce n'est de plus pas destiné à un public profane, parce que, aussi simpliste soit la description des mécanismes de la crise, le fait qu'elle soit véhiculée par un langage ampoulé n'aide en rien à sa compréhension. Bref, le propos est destiné à un public plutôt cultivé, et/ou déjà convaincu.

   Quelles solutions propose l'auteur ? Rien de moins que la Révolution. En gros, les seuls vrais contestataires sont ceux qui manifestent cagoulés, qui cassent des vitrines et renvoient les bombes lacrymos à la police. Cette fin est malheureusement symbolique de l'ensemble du film, qui manque singulièrement de finesse.

   PS

   Sur la crise financière, Inside Job est plus fouillé. Cleveland contre Wall Street montre ce que peut être un vrai film de cinéma sur des questions politiques, financières et sociales. Tout aussi réussi est Margin Call, qui place le spectateur au coeur du processus. Moralité ? Louez un bon DVD.

lundi, 25 février 2013

Hypocrisie départementale (3)

   Le quotidien Midi Libre publie aujourd'hui un entretien avec Guy Durand, maire de Millau et surtout chef de file de l'opposition de gauche au Conseil général de l'Aveyron. Il y conteste les affirmations de Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, qui accuse à mots couverts le gouvernement Ayrault de mener les départements français à la ruine. Selon Guy Durand, Jean-Claude Luche tenterait de mettre sur le dos du gouvernement sa propre incapacité à maintenir l'équilibre des finances départementales.

   La charge est un peu unilatérale. Elle laisse de côté le contexte économique général, qui n'est pas en faveur des exécutifs en place. Néanmoins, en réfléchissant un peu, je me suis rappelé que Le Monde avait consacré au sujet un article fouillé, dans le numéro daté du 24 janvier 2013. Cet article est illustré par une carte intéressante :

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   Certaines informations présentes dans l'article vont dans le sens des affirmations de Jean-Claude Luche. On s'aperçoit que les gagnants de la péréquation (mis en valeur par une étoile) sont des départements gérés par la gauche : Seine-Saint-Denis, Seine-Maritime, Nord, Vaucluse et Bouches-du-Rhône.

   Par contre, les départements classés dans les perdants (mis en valeur par un éclair) sont souvent gérés par les socialistes et leurs alliés : Creuse, Nièvre, Haute-Garonne et Gers. Seul le Cantal est dirigé par une majorité de droite. Le gouvernement actuel ne cherche donc pas systématiquement à avantager les départements gérés par des personnes de la même sensibilité politique que lui.

   On arrive à des conclusions semblables si l'on s'intéresse aux couleurs utilisées sur la carte. En rose sont coloriés les départements riches, qui donnent plus qu'ils ne reçoivent. En vert sont coloriés les départements qui reçoivent plus qu'ils ne donnent. Surprise : les quatre départements du Massif Central dont les présidents hurlent à la spoliation (le Cantal, la Haute-Loire, la Lozère et l'Aveyron) et contestent la réforme des collectivités territoriales font partie des plus gros bénéficiaires de la solidarité financière (l'Aveyron un peu moins toutefois).

   Même si la gauche aveyronnaise a tendance à pilonner sans distinction l'action de la majorité départementale, il semble toutefois que Jean-Claude Luche ait choisi la posture de victime du gouvernement à des fins électorales.

lundi, 11 février 2013

Hypocrisie départementale, communale... et scolaire

   La politique politicienne est de retour, si tant est qu'elle ait jamais disparu du premier plan. Quand vous greffez là-dessus un poil de corporatisme, cela donne une situation abracadabrantesque.

   La question des rythmes scolaires, dans le primaire, fait l'actualité depuis un petit moment. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, propose une réforme qui rétablit la semaine de quatre jours et demi... à la fureur des syndicats d'enseignants, de certains délégués des parents d'élèves et d'élus locaux plutôt classés dans l'opposition. Les déclarations des uns et des autres, telles que la presse les a publiées, sont assez péremptoires, pas très développées. L'entretien que Jean-Louis Grimal, conseiller général du canton de Salles-Curan (et maire de Curan), a accordé au Ruthénois fait exception.

   L'entrevue démarre pourtant mal, l'élu choisissant d'éluder le problème-clé, celui de l'intérêt des élèves :

"Je tiens tout d'abord à faire abstraction du bien-être de l'enfant. Ce n'est pas de mon domaine de compétence. Des chronobiologistes et des psychologues y ont travaillé."

   A première vue, on pourrait saluer cet assaut de modestie de la part de l'élu local, qui évite de se prononcer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas. En creusant un peu, on se rend compte que cette pudeur est peut-être plus intéressée qu'il n'y paraît. Cela fait une demi-douzaine d'années (au moins) que circulent des études condamnant la semaine de quatre jours. Depuis deux ans, le propos s'est fait plus pressant : cette organisation du temps scolaire, qui satisfait les parents et enseignants soucieux en priorité de leur week-end, ne convient pas du tout aux élèves en difficulté, qui souffrent d'un programme trop dense... Mais le système peut très bien fonctionner avec quatre jours d'école... pour les élèves qui ne sont pas en difficulté. Et les autres ? Il suffit de lire la presse pour constater qu'ils échouent au collège et qu'on les retrouve, plus tard, dans la charrette des 100 000 qui quittent le système scolaire sans rien. Si les études avaient conclu à l'avantage de la semaine de quatre jours, nul doute que Jean-Louis Grimal, bien que non spécialiste, aurait pensé à s'appuyer dessus.

   La suite de son propos se veut budgétaire. Il a raison de regretter que l'Etat ait tendance à se décharger de certaines dépenses fondamentales sur les collectivités locales. (Cela ne date pas des socialistes... mais on n'entend les élus de droite que depuis 2011-2012...) La dotation compensatoire prévue par le gouvernement (de 50 à 90 euros par élève) ne devrait pas couvrir le surcroît de frais engagés par les communes, si l'on se fie à ce qu'affirme l'élu aveyronnais : il estime le surcoût à 250-300 euros par élève. Sauf que... l'association des maires de France l'évalue entre 50 et 150 euros par élève ! Voilà qui change pas mal de choses. Nombre de communes rurales (les plus pauvres, pas celles qui accueillent les périurbains en quête d'impôts locaux "allégés") devraient toucher 90 euros par élève (voire plus si le fonds de départ est augmenté, comme l'a sous-entendu Vincent Peillon).

   Résumons : les communes rurales (qui avaient fortement adhéré à la semaine de quatre jours), si elles se débrouillent bien, devraient pouvoir compenser presque intégralement le surcoût financier de la réforme. Le surplus qui resterait à leur charge serait à comparer aux économies que le passage à la semaine de quatre jours avait permis de réaliser jadis. Il resterait le problème du recrutement des intervenants extra-scolaires, qu'il faudra convaincre de venir en zone rurale. Je pense que les titulaires d'un BAFA au chômage (ou en sous-emploi) doivent être assez nombreux. Peut-être les communes devront-elles songer à fonctionner collectivement, pour faciliter les recrutements.

   L'autre clé du problème est le temps de travail des enseignants du primaire. La réforme Peillon va légèrement diminuer le temps de présence devant les élèves, en reconnaissant davantage le travail en dehors de la classe. Si, par rapport à 2008, les professeurs des écoles gardent une obligation de 24 heures de cours par semaine, les 108 heures annuelles supplémentaires (équivalant à 3 heures hebdomadaires) seront ventilées différemment, réduisant le nombre d'heures de soutien. On peut espérer que les 24 heures de cours vont être recentrées sur les apprentissages fondamentaux. Trop d'enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser les bases, à commencer par la lecture et l'écriture. Je vous laisse imaginer ce que cela donne 10-15 ans plus tard, quand les adolescents et les jeunes adultes écrivent des CV et des lettres de motivation. Ne parlons pas de leur compréhension d'un mode d'emploi ou de leur capacité à remplir un bon de commande, ou à lire à contrat...

   Ajoutons que, de 1991 à 2008, les élèves bénéficiaient de 26 heures de cours par semaine... et même de 27 heures, de 1969 à 1991, dont 10 heures de français et 5 heures de calcul ! Faites le compte : pour un nombre de semaines équivalent, 2 ou 3 heures de moins correspondent à un peu plus de 70 ou 100 heures par an... à multiplier par cinq (le nombre d'années de scolarité dans le primaire), soit 350 à 550 heures de moins.

   Au-delà des débats sur les méthodes d'apprentissage, l'aspect quantitatif (les enfants d'aujourd'hui passent moins d'heures en classe) et distributif (un plus faible nombre d'heures est consacré aux fondamentaux, au bénéfice de ce que l'on appelait jadis les "disciplines d'éveil") de la scolarité permet de comprendre bien des choses.

   A cela s'ajoute l'engagement plus ou moins grand des enseignants. Certes, les jeunes d'aujourd'hui doivent être plus difficiles à discipliner que ceux d'il y a 30 ou 40 ans. Mais combien d'entre nous avons pu constater que tel ou tel prof était particulièrement laxiste quant à la maîtrise de l'écrit ? Récemment, une collègue de travail m'a parlé d'un professeur des écoles, beaucoup moins choqué qu'elle par la kyrielle de fautes de français commises par son fils. Le prof lui aurait déclaré que tant qu'il arrivait à comprendre ce qu'il avait voulu dire, tout allait bien ! De même, il y a quelques années, je m'étais inquiété du cas de ma nièce, qui n'écrivait pas assez bien à mon goût (ainsi qu'à celui de sa mère). Figurez-vous que son enseignante ne prenait pas la peine de corriger toutes les fautes de son cahier ! Un changement de professeur (l'année suivante) a eu d'heureuses conséquences pour la jeune fille.

   Mais revenons aux élus locaux hostiles à la semaine de quatre jours et demi. Ils sont issus en général de la classe moyenne, celle qui peut de permettre de financer des activités extra-scolaires pour ses enfants (ou petits-enfants)... et celle dont les rejetons sont moins touchés par l'échec scolaire. Pour ces enfants-là, l'étalement des cours sur 4 ou 5 jours a peu de conséquences. Mais pourquoi se soucier des autres, après tout ?

   Dans la suite de l'entretien, Jean-Louis Grimal réaffirme ses réticences vis-à-vis de la réforme des collectivités locales et d'une loi interdisant tout cumul des mandats pour les élus nationaux. Plus nuancé que Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, il reconnaît certains mérites aux projets, mais, sur le fond, il me semble d'assez mauvaise foi quand il s'exprime sur le binôme homme-femme que chaque super-canton devrait désigner. Et je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il dit sur l'enracinement des députés et sénateurs. Rien ne les empêche d'exercer, à titre bénévole (comme des milliers d'autres, qui n'ont pas la chance de percevoir une indemnité parlementaire), la fonction de conseiller municipal, un poste idéal pour garder à l'esprit les enjeux locaux. Et puis, entre deux séances à l'Assemblée ou au Sénat, ils peuvent revenir faire un tour dans leur circonscription, même si aucune élection n'est en vue... n'est-ce pas ?

lundi, 04 février 2013

Yves Censi et le "mariage pour tous"

   Ce week-end, les débats ont été agités à l'Assemblée nationale, pour le début de l'examen du projet de loi sur "l'ouverture du mariage aux couples de personnes du même sexe". L'article 1 a fait l'objet d'échanges parfois houleux, qui ont débouché, samedi, vers 12h30, sur un premier vote d'une grande portée symbolique :

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   Regardez bien le nombre de suffrages : 346 exprimés sur 348 votants... et 575 députés ! (Deux sièges sont actuellement vacants.) Au vu du résultat, on se rend compte qu'en dépit de l'aspect "clivant" du scrutin, certains groupes n'ont pas fait le plein ce samedi. Sur les 343 députés de gauche et 225 de droite, 249 ont voté l'article 1 et 97 s'y sont opposés. Cela voudrait dire qu'en gros, les trois-quarts des députés de gauche étaient présents, contre moins de la moitié de ceux de droite. Comme c'est étrange !

   ... en fait, non : certains des députés manquants semblent avoir préféré arpenter les rues des villes de leurs circonscriptions, comme le Parisiano-aveyronnais Yves Censi, que l'on a vu samedi, en début d'après-midi, au centre de Rodez, dans la manifestation des opposants au projet de loi.

   Comme l'a fait remarquer le quotidien Centre Presse, la place d'un député de l'opposition n'était-elle pas au Palais Bourbon ?

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   Ou alors, peut-être que le député (contrairement à nombre des papys qui ont battu le pavé ruthénois samedi) ne voyait pas d'inconvénient à ce que le premier article, celui qui valide le mariage entre personnes du même sexe, soit voté. (Ou bien il a voulu éviter de courir le risque que, plus tard, on lui reproche un vote contre, quand ce mariage sera entré dans les moeurs.) On peut supposer qu'il sera ostensiblement présent lorsqu'il s'agira de se prononcer sur l'adoption d'enfants ainsi que la gestation pour autrui, deux sujets qui font moins consensus dans l'opinion.

   N'oublions pas non plus qu'Yves Censi songe à la mairie de Rodez... et pas qu'en se rasant. (Sinon, il y penserait rarement !) Il n'a pas raté l'occasion de montrer sa bobine dans le chef-lieu aveyronnais... ce qui a sans doute permis à nombre de passants de le voir en chair et en os pour la première fois depuis des années ! Mais je suis mauvaise langue...

samedi, 19 janvier 2013

Hypocrisie départementale

   La réformette des collectivités locales proposée par le gouvernement Ayrault continue de faire couler beaucoup d'encre. Un récent article de Midi Libre évoque la "fronde" de quatre présidents de conseils généraux ruraux : Haute-Loire, Aveyron, Cantal et Lozère :

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   Ainsi, de gauche à droite, on l'Altiligérien Gérard Roche, l'Aveyronnais Jean-Claude Luche, le Cantalien Vincent Descoeur et le Lozérien Jean-Paul Pourquier. Ces grands défenseurs de l'intérêt général lancent un appel qualifié de "républicain". L'article omet toutefois de préciser que ces quatre élus locaux se situent dans la même mouvance, l'UMP. C'est indéniable pour deux d'entre eux, V. Descoeur et J-P Pourquier, membres du parti de Jean-François Copé et François Fillon.

   C'est plus subtil pour G. Roche, membre de l'UDI. En 2011, il a été réélu conseiller général du canton de Fay-sur-Lignon. Comme Jean-Claude Luche dans l'Aveyron, il a utilisé la mention "majorité départementale". Le ministère de l'Intérieur, à l'époque, ne l'en a pas moins classé dans la catégorie "M", c'est-à-dire "autres candidats de la majorité présidentielle" (celle de 2011). Toutefois, aux sénatoriales de 2011, il a été élu sous l'étiquette "divers droite", opposé notamment à deux candidats UMP. A la haute assemblée, il siège dans le groupe de centre-droit, distinct de l'UMP.

   Cela nous mène à Jean-Claude Luche, un autre divers droite... qui a quitté (officiellement) l'UMP peu avant les cantonales de 2011, quand le bateau a commencé un peu trop à tanguer. Mais, en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, lorsque Nicolas Sarkozy est venu tenir un meeting important à Toulouse, les élus aveyronnais de droite (inscrits ou pas à l'UMP) étaient au premier rang pour applaudir chaleureusement leur candidat.

   A l'époque, les quatre présidents de Conseils généraux ruraux n'ont pas fait preuve de la même pugnacité contre la réforme des collectivités territoriales, présentée à tort comme une source d'économies pour les finances publiques. C'était surtout un moyen pour la droite de reprendre le contrôle des régions et de verrouiller les majorités départementales.

   On peut regretter que la réforme proposée par les socialistes et leurs alliés soit d'une grande timidité,  qu'elle ne réduise pas le nombre d'élus locaux, pléthorique dans notre pays. Mais, pour les quatre mousquetaires du monde rural, c'est surtout l'introduction de la parité et le remodelage de la carte des cantons qui est à craindre.

   Quand bien même le nombre des conseillers ne changerait pas, le nombre d'élus de sexe masculin va fortement diminuer. Dans l'Aveyron, les mâles sont au nombre de 36, contre 10 représentantes de l'autre sexe. Ils occupent donc 78 % des postes. En Haute-Loire, le rapport est de 30 contre 5 (soit 85,7 % d'hommes). En Lozère, il est de 22 contre 3 (88 % d'hommes). Le pire est atteint dans le Cantal : 24 hommes pour 3 femmes (89 % de mâles dominants) !

   Comme je l'ai déjà écrit le mois dernier, compte tenu des moyens de communication modernes et de l'amélioration des réseaux routiers, en 2013, un territoire de proximité peut (et doit) avoir une taille plus grande qu'en 1850. Il reste à voir comment le redécoupage va être effectué.

   Derrière ces protestations, on entrevoit un combat d'arrière-garde d'élus de sexe masculin, opposés à l'actuelle majorité et accrochés à leurs "prébendes". Si cette réforme est insuffisante, elle prendra peut-être tout son sens lorsqu'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats sera votée.

   Quant aux élus locaux de droite, ils peuvent se rassurer. Je suis persuadé que la gauche va perdre les élections de 2014 et peut-être celles de 2015. Ils auront donc l'occasion de conserver et même de (re)conquérir de précieux mandats...

vendredi, 11 janvier 2013

Z Minus n°4

   Ce numéro (celui de décembre-janvier) risque d'être le dernier : les ventes ne sont pour l'instant pas suffisantes. La société éditrice est en déficit. Bref, la situation est grave... et pourtant, ce périodique satirique est bourré de talent.

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   Cela commence dès la "une", avec un strip en bas de page consacré à un sujet brûlant, détourné avec un talent indéniable :

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   Les traditionalistes de tout poil devraient pourtant se réjouir que les homosexuels cherchent à se marier et élever des enfants : ils ont envie de faire les mêmes conneries qu'eux ! Mais il y a un gros non-dit que personne n'ose évoquer dans le débat. Dans l'esprit de beaucoup de gens, homosexuel (homme) = pédophile. Ce n'est pas tant le mariage qui rebute la population (qui y serait massivement favorable apparemment) que la possibilité d'adopter. Et pourtant... quiconque suit depuis un petit moment la chronique judiciaire peut constater que, bien au contraire, les auteurs d'abus sexuels sur les enfants sont des adultes hétéros (souvent d'ailleurs des membres de leur famille "génétique"). C'est donc plutôt aux hétérosexuels qu'il faudrait interdire d'avoir des enfants...

   Les amateurs de reportage BD seront servis dans ce numéro, avec une page consacrée aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame des Landes. Un peu plus loin, Thibaut Soulcié en consacre un (émouvant) à un paysan de Sologne... son père.

   Souvent, une seule image suffit à tourner en dérision un sujet d'actualité dramatique, comme les assassinats à répétition en Corse :

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   Plus loin, en trois cases, Pakman marie les genres pour évoquer une tragique affaire d'abus sexuels dans une discipline sportive très médiatisée.

   Certaines productions jouent plus sur la recherche graphique, comme la mini-histoire de Mathieu Z, qui a pour cadre la conquête espagnole de l'Amérique.

   Il est bien évidemment très souvent question de cul, comme sur la page de Rémy Cattelain, intitulée "L'histoire à Régis". C'est toutefois un peu trop bavard à mon goût. Je préfère les productions chocs de Berth :

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   A mi-chemin des deux, on trouve des strips grand format, étalés sur une double-page. Il y est notamment question de la fin du monde... avec des connotations sexuelles, bien entendu.

   Dans le genre cradingue et dérisoire, j'aime aussi les aventures du pauvre Klebs, par Giemsi :

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   Dans le supplément "Le Chakipu", les amateurs d'humour macabre liront avec plaisir plusieurs historiettes ayant pour cadre la mort. J'ai adoré la parodie de film américain, dans laquelle un soldat n'en finit pas de mourir :

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   Je ne vous ai pas mis la fin. Pour la découvrir, courez acheter Z Minus !

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jeudi, 10 janvier 2013

Deux légionnaires de plus

   Deux noms ont échappé à ma vigilance lorsque, la semaine dernière, j'ai épluché la liste des nouveaux promus aveyronnais dans l'ordre de la Légion d'honneur... et, pour l'un des deux, je suis (presque) impardonnable. Ma seule excuse est que je me suis concentré sur les nouveaux nommés, c'est-à-dire les chevaliers. Mon regard est passé très vite sur les plus haut gradés... ce qui m'a fait rater Catherine Painvin, créatrice jadis de Tartine et Chocolat (une chaîne de boutiques de vêtements pour enfants), aujourd'hui gérante d'un établissement de chambres d'hôte dans le village d'Aubrac.

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   Comme Christian Braley et Manuel Cantos, elle est nommée au titre de la "promotion du travail". C'est dans cette même catégorie que figure un autre nouveau chevalier aveyronnais, Michel Poux :

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   Je ne connaissais pas ce chef d'entreprise, fondateur de la SOFOP (Sud-Ouest Fabrication d'Outillages de Précision), société qui elle est assez renommée. Aujourd'hui, c'est son fils Grégory qui a repris le rênes de la boîte.

   Pour la petite histoire : quand le quotidien Midi Libre avait demandé à ses lecteurs d'élire celui qui était pour eux le chef d'entreprise emblématique de l'Aveyron, Grégory Poux avait été inclus dans les douze propositions :

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mardi, 01 janvier 2013

Une nouvelle légion de décorés

   Le Journal Officiel du 1er janvier 2013 contient une série de décrets prouvant que, sous la gauche comme sous la droite, on aime distribuer (et recevoir) les breloques. (La première promotion "hollandienne" remonte au 14 juillet 2012.) En cherchant bien j'ai trouvé, dans le quatrième décret, quatre noms qui ne sont pas inconnus des Aveyronnais.

   C'est page 3 que l'on trouve le premier d'entre eux,  Robert Garrigues :

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   Il est nommé chevalier sur le contingent du Premier ministre. Comme l'indique le texte, il dirige la DDCSPP de l'Aveyron. Auparavant, ce Villefranchois d'origine a été Directeur Départemental de la Jeunesse et des Sports.

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   Un peu plus bas, sur la même page, on remarque le nom de Christian Braley. Il est nommé chevalier au titre de la "promotion du travail".

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   Il a fondé une entreprise de retraitement des déchets. On lira avec profit le portrait que lui a consacré La Dépêche du Midi en décembre 2008.

   Quelques lignes plus loin, on tombe sur Manuel Cantos, président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de l'Aveyron, ancien président du Tribunal de commerce, qui s'était fait connaître dans l'activité de blanchisserie, sur Decazeville.

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   Aujourd'hui, la famille Cantos s'est orientée dans le secteur des énergies renouvelables (éoliennes, centrales hydroélectriques, parcs photovoltaïques), sous la marque Ondulia, comme nous l'apprend un passionnant dossier publié dans la revue Systèmes solaires, le journal des énergies renouvelables.

   C'est page 22 que j'ai trouvé le quatrième nom, celui de l'ancien député (et maire de Villefranche-de-Rouergue) Jean Rigal :

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   Il est nommé chevalier de la légion d'honneur sur le contingent de la ministre de la Décentralisation, l'ex-sénatrice aveyronnaise Anne-Marie Escoffier, membre du Parti Radical de Gauche comme lui.

dimanche, 09 décembre 2012

La folie du gaz de schiste

   C'est le titre d'un petit dossier publié dans le numéro de Courrier international de cette semaine :

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   Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que je pense de ce journal. Il a le grand mérite de rendre accessibles au public francophone des articles souvent passionnants issus de la presse étrangère. Il a aussi l'intelligence d'être vraiment bi-média : seule une partie des articles de la version papier est accessible sur le site internet, où l'on peut découvrir des contenus enrichis.

   Cela commence par une "accroche" qui replace la question dans un contexte international, même si les Français en entendent désormais régulièrement parler, comme on va le voir plus loin.

   Le premier véritable article, "Alerte rouge pour Gazprom", est extrait d'un magazine économique russe. Le géant du gaz naturel voit sa puissance remise en cause par l'essor des gaz non conventionnels (plus coûteux à exploiter en Russie). Il est bien entendu question de la dépendance réciproque qui lie l'entreprise à l'Europe, alors que la construction du gigantesque réseau de gazoducs South Stream vient d'être lancée.

   La perspective semble aussi se brouiller avec l'Asie, notamment la Chine ("Vu de Chine") qui, jusqu'à présent, trouve trop chers les hydrocarbures russes... et qui possèderait d'immenses réserves de gaz de schiste:

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   Une difficulté basique se présente aux autorités de Pékin : les plus grandes réserves sont situées dans des zones arides. Quand on connaît l'importance de l'eau dans le processus d'extraction, on se dit que ce n'est pas demain que la Chine cessera d'importer du gaz...

   En complément, sur le site internet de l'hebdomadaire, on peut lire un papier qui traite des revirements des autorités bulgares, qui tantôt semblent vouloir favoriser les investissements étrangers (occidentaux) dans l'exploration des gaz de schiste, tantôt semblent se découvrir une conscience écologique très prononcée... peut-être sous l'influence de Gazprom.

   "Vu de Varsovie", c'est l'indépendance énergétique qui semble l'emporter sur tout autre considération. Rappelons que l'ancienne démocratie populaire, bien que devenue indépendante de l'ancien "grand frère" russe, lui achète encore 70 % du gaz qu'elle consomme. De leur côté, la République tchèque et la Roumanie se montrent plus prudentes vis-à-vis du gaz de schiste, sans que l'on sache vraiment si l'on doit cette attitude au désir de préserver l'environnement ou à l'influence de Gazprom... c'est-à-dire du gouvernement russe.

   Aux Etats-Unis, c'est l'optimisme qui semble l'emporter : "Le grand retour de l'industrie aux Etats-Unis". La baisse du prix de l'énergie provoquée par l'exploitation massive du gaz de schiste semble favoriser la relocalisation d'entreprises. Nombre d'experts pensent que Washington est en passe de recouvrer son indépendance énergétique. Voilà qui pourrait bouleverser la géopolitique du Moyen-Orient : Oncle Sam ne se sentirait plus obligé d'y jouer le rôle de gendarme... ce qui contraindrait la Chine à s'y investir davantage.

   Qu'en pensent les autres pays en développement ? Au Mexique, on s'inquiète des conséquences environnementales. Au Maghreb, d'après la petite revue de presse publiée par l'hebdomadaire, le débat fait rage. L'Algérie s'inquiète de l'épuisement de ses ressources conventionnelles et, en Tunisie, s'il est indéniable que le pays aurait besoin de développer le potentiel national, la corruption semble à l'oeuvre...

   L'Indonésie vit une situation paradoxale. L'exploitation incontrôlée du charbon a fait la fortune d'une mince "élite"... et permis au pays de récupérer des devises, grâce aux exportations. Mais les principaux clients sont la Chine et l'Inde, dont les achats pourraient chuter s'ils développent l'extraction de gaz de schiste. Dans un cas comme dans l'autre, il ne semble pas y avoir de "bonne" solution environnementale.

   Cela nous ramène au débat français, alimenté aussi bien par des "experts" que par des vétérans de la politique qui ne se résolvent pas à ne plus jouer de rôle. L'été dernier, Le Monde comme La France agricole se sont fait l'écho des arguments échangés. Récemment, on a beaucoup parlé des déclarations de Michel Rocard au "quotidien de référence". La semaine passée, Midi Libre s'est penché sur la question. Comme le journal a donné la parole à des scientifiques partisans de l'exploitation, il s'est attiré l'ire de certains lecteurs.

   En complément des articles, le quotidien de Montpellier a publié une carte commentée des permis d'exploration :

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   L'Aveyron a été progressivement "libéré" de la menace. (Les curieux peuvent d'ailleurs se rendre sur le site du ministère du développement durable pour observer l'évolution de la carte des titres miniers d'hydrocarbures.) L'an dernier, trois permis, dont celui de Nant (qui englobait le Larzac) ont été annulés, sans doute grâce à la mobilisation locale (et à la proximité d'élections nationales). Il en restait 61... et l'ouest de l'Aveyron était concerné par celui de Cahors. Il fait partie des sept qui ont été rejetés en septembre dernier :

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   A suivre...

vendredi, 07 décembre 2012

J-C Luche et les conseillers départementaux

   Le ministre de l'Intérieur du gouvernement Ayrault, Manuel Valls, a présenté fin novembre un projet de loi relatif aux collectivités territoriales. Il y est question des départements. Hélas, il n'est pas prévu de diminuer le nombre de conseillers généraux. Ils sont 46 dans l'Aveyron et verraient leur nom changer : on les appellerait désormais "conseillers départementaux", ce qui n'est pas idiot, soit dit en passant.

   Concernant leur mode d'élection, le projet a l'habileté de concilier le mode de scrutin majoritaire (à deux tours) avec l'exigence d'une plus grande parité. Ainsi, dans l'Aveyron, les nouveaux conseillers départementaux seraient élus par "couple" (un homme et une femme), dans 23 circonscriptions. (Rappelons qu'à l'heure actuelle, les femmes ne représentent qu'environ 14 % des conseillers généraux français.) A première vue, l'idée semble devoir séduire à la fois les partisans d'un relatif statu quo (farouchement opposés à la réforme sarkozyenne qui voulaient créer des conseillers territoriaux) et ceux qui ne se satisfaisaient plus de l'ancienne situation, jugée pas adaptée à la France du XXIe siècle.

   On est donc à moitié surpris de l'opposition exprimée par le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, par exemple dans le communiqué publié dans Le Villefranchois de cette semaine :

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   (Au passage, je recommande la lecture de ce numéro, riche en informations. On y  trouve notamment une réponse de Martin Malvy aux interrogations des Aveyronnais concernant l'absence d'élu de notre département au sein du nouvel exécutif régional.)

   Le diable va se nicher dans les détails. Deux aspects de la réforme font tiquer Jean-Claude Luche : le renforcement de la parité et le redécoupage cantonal... peut-être pour d'inavouables raisons. En effet, à l'heure actuelle, sauf erreur de ma part, le Conseil général compte 10 femmes pour 36 hommes, soit environ 22 %. La réforme proposée par le gouvernement conduirait donc au moins 13 de ces élus à abandonner leur siège en 2015. Adieu veaux, vaches, cochons ! Adieu belle indemnité et copieux gueuletons ! Comme les conseillers de sexe masculin sont un peu plus nombreux du côté de la majorité départementale que de l'opposition (21 contre 15, si je ne m'abuse), on imagine sans peine quel camp risque de se déchirer quand il va s'agir de former les "tickets" pour 2015. (De surcroît, à gauche, certains vétérans de sexe masculin sont susceptibles de ne pas se représenter, ce qui faciliterait la tâche des socialistes et de leurs alliés.)

   Mais c'est peut-être le redécoupage cantonal qui risque de mettre le feu aux poudres de la majorité départementale. On pense qu'il va s'effectuer sur une base démographique : des cantons peu peuplés pourraient être fusionnés. Il faut dire qu'ils sont très inégalement peuplés, de 894 habitants (pour Saint-Chély-d'Aubrac) à 23 678 pour Rodez-Ouest, d'après l'INSEE. Je veux bien qu'il faille assurer la représentation des territoires, mais un tel écart (de 1 à 26) est excessif !

   Quant à l'argument de la proximité, il fait sourire. Le découpage cantonal est pour l'essentiel un héritage de la première moitié du XIXe siècle, époque à laquelle l'automobile n'existait pas. La possession quasi généralisée d'un véhicule, couplée aux moyens de communication modernes (téléphone et internet), rend possible la création de territoires de proximité un peu plus vastes qu'il y a 150-200 ans.

   Je ne sais pas encore comment le gouvernement compte procéder, mais il y a fort à parier qu'en Aveyron, les cantons moins peuplés que la moyenne (6 000 habitants) soient regroupés. Or, que constate-t-on lorsque l'on s'intéresse à l'orientation politique des élus desdits cantons ? Ceci :

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   J'ai retouché la carte publiée en première page de Centre Presse le lundi 28 mars 2011. Le quotidien aveyronnais avait attribué une couleur à chaque canton en fonction de l'orientation politique de son élu : rose pour la gauche, bleue pour la droite. J'ai ajouté des points blancs sur le territoire des cantons peuplés de moins de 6 000 habitants.

   L'impression visuelle est nette : ce sont majoritairement des cantons "bleus" (tenus par la droite) qui sont peu peuplés et qui risquent donc d'être fusionnés avec l'un de leurs voisins (21, contre 8 à la gauche). J'ajoute que, parmi les cantons les plus proches de la barre des 6 000, on trouve ceux détenus par la gauche (Cassagnes-Bégonhès, Naucelle, Réquista et Rignac). Il y a donc fort à parier que, si le gouvernement choisit de placer la barre un peu plus bas, la quasi-totalité des cantons aveyronnais susceptibles de fusionner pourraient être ceux détenus par des proches de Jean-Claude Luche (lui-même inclus). Voilà sans doute la véritable raison du rejet de la réforme qu'il a exprimé.

samedi, 10 novembre 2012

Feu le conseiller territorial

   Dans Le Nouvel Hebdo paru vendredi 9 novembre, une contribution de Bernard Dufay contient plusieurs approximations à propos de la réforme envisagée naguère par le gouvernement Fillon et passée à la trappe depuis le changement de majorité.

   L'auteur rebondit (de manière assez agressive) sur l'entretien (assez complaisant) accordé par la ministre Anne-Marie Escoffier au Ruthénois (peut-être aussi paru dans Le Progrès Saint-Affricain), il y a une quinzaine de jours. Il semble ne voir que des qualités dans cette réforme avortée, la première étant de faire diminuer le nombre d'élus.

   C'est vrai, mais il s'emmêle un peu les pinceaux dans les chiffres. Si l'on fait la somme des conseillers régionaux de Midi-Pyrénées et des conseillers généraux des huit départments de la région (Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne), on aboutit à 384 élus (91 + 22 + 46 + 53 + 31 + 31 + 34 + 46 + 30), dont 293 conseillers généraux. B. Dufay en a compté 379, dont 288 conseillers généraux. Même si l'on retranche du total les deux élus qui siègent dans les deux assemblées (deux Aveyronnais : Régis Cailhol et Jean-Claude Luche), on est à 382 personnes.

   De même, il commet une erreur en cette fois-ci surestimant le nombre de conseillers territoriaux attribués à Midi-Pyrénées : 261, contre 251, d'après la loi de juillet 2011. Il n'a fait que reprendre le nombre cité dans l'entretien... Il aurait dû vérifier !

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   Ceci dit, la rectification des chiffres va dans le sens de l'article de B. Dufay ; l'écart entre le nombre d'élus actuels et celui envisagé par la réforme Sarkozy est encore plus grand : 134 au lieu de 118. Mais cela ne permet pas d'affirmer que ladite réforme aurait fait faire des économies.

   Au niveau des indemnités, on pourrait penser que, comme le nombre d'élus aurait diminué, c'est sur ce poste-là que les dépenses auraient fortement baissé. En fait, non. Les conseillers territoriaux auraient été mieux indemnisés que les actuels conseillers régionaux et surtout généraux : leur indemnité aurait correspondu à celle d'un conseiller régional, augmentée de 20 %. Comme Midi-Pyrénées compte quelque 2 900 000 habitants, cette indemnité est d'environ 2 300 euros par mois. (Mais, dès que la région atteindra les 3 millions d'habitants -ce qui ne saurait tarder, l'indemnité dépassera 2 500 euros !). Si l'on ajoute 20 %, on obtient environ 2 760 euros par mois (3 200 si la région compte 3 millions d'habitants)...

   ... A comparer aux indemnités des conseillers généraux : environ 1 500 euros dans les départements comptant moins de 250 000 habitants (Ariège, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées ainsi que Tarn-et-Garonne). Si on laisse de côté présidences et vice-présidences, actuellement, les 32 conseillers régionaux et les 148 conseillers généraux issus de ces départements coûtent, en indemnités, environ 295 000 euros par mois. Avec la réforme Sarkozy, ces élus auraient été remplacés par 99 conseillers territoriaux, indemnisés en moyenne 2 760 euros, soit un coût total d'environ 273 000 euros. L'économie serait d'environ 20 000 euros par mois. Cependant, à partir du moment où la région atteindrait les 3 millions d'habitants, la réforme serait plus dépensière que l'ancien système puisqu'on aboutirait à des coûts respectifs (avant / après) de 308 000 et 317 000 euros, soit un surcoût de près de 10 000 euros par mois.

   Passons aux cas de l'Aveyron et du Tarn, qui entrent dans la tranche 250 000 - 499 999 habitants. Les conseillers généraux "de base" y touchent environ 1 900 euros par mois. La réforme Sarkozy aurait permis de réaliser une économie d'environ 50 000 euros (par mois) sur les indemnités, avec une population régionale inférieure à 3 millions d'habitants. Avec une population régionale atteignant la barre fatidique, l'économie n'est plus que d'environ 35 000 euros par mois.

   Il nous reste le département -atypique- de la Haute-Garonne. Sa population est sur le point de dépasser le seuil de 1 250 000 habitants, ce qui fera passer l'indemnité de ses conseillers généraux de 2 500 à 2 700 euros par mois. La réforme aurait avantagé ce département, qui aurait conservé  grosso modo ses élus (36 conseillers régionaux et 53 généraux remplacés par 90 territoriaux). Si l'on prend les estimations basses (ni le département ni la région ne franchissent le seuil de population qui déclenche l'augmentation des indemnités des élus), la réforme coûterait entre 30 000 et 35 000 euros par mois : le total des indemnités passerait de 215 000 à 248 000 euros. Si l'on prend en compte le franchissement des seuils, le surcoût serait de près de 50 000 euros par mois.

   Comme moi, vous en arrivez à la conclusion que, pour la région Midi-Pyrénées, la réforme des collectivités locales que le gouvernement Fillon avait concoctée ne faisait réaliser aucune économie au niveau des indemnités. (Bernard Dufay sort de son chapeau une économie de 5,5 millions d'euros... Quel joli tour de magie !) Elle aurait même occasionné davantage de dépenses de transport (les 251 conseillers territoriaux -au lieu des 91 conseillers régionaux- devant se rendre régulièrement dans le chef-lieu régional). Je ne vous parle même pas des hémicycles à reconstruire, des hôtels de région à adapter... autant de dépenses à la charge, non pas de l'Etat, mais des régions (tenues majoritairement par ceux qui formaient l'opposition de gauche, à l'époque).

   On arrive là au coeur du problème. Sous une apparence de rationalisation, cette réforme poursuivait des buts politiques. Les conseillers territoriaux auraient été élus au scrutin majoritaire, comme les actuels conseillers généraux. Le scrutin proportionnel, utilisé pour les élections régionales, aurait été supprimé. Cela aurait eu pour conséquence de faire chuter la représentation des formations minoritaires (Front de Gauche, Verts, Modem, Front National). On peut aussi penser que le gouvernement comptait sur le découpage des super-cantons pour avantager ses troupes. A terme, l'objectif semblait de garantir la victoire de l'UMP dans un minimum de régions... et de permettre la reconquête quasi-générale en cas de mauvais report des voix à gauche.

   P.S.

   Il faudrait pourtant réformer les collectivités territoriales françaises. Les communes sont trop nombreuses dans notre pays. Du coup, on peine à trouver des conseillers municipaux bénévoles, ou alors certains, une fois élus, se désintéressent vite d'une fonction qui joue un faible rôle, le pouvoir étant détenu par le maire et les adjoints.

   Les élus (rémunérés) qui siègent dans les assemblées départementales et régionales sont eux aussi trop nombreux. Combien sont payés à ne rien faire ? (On pourrait faire la même remarque à propos des députés et des sénateurs : 400 députés et une centaine de sénateurs non absentéistes suffiraient largement.)

   La réforme du gouvernement Fillon aurait été plus crédible si elle avait conduit à diminuer aussi le nombre de conseillers régionaux et si le scrutin proportionnel n'avait pas été mis à la trappe.

dimanche, 07 octobre 2012

Double dose de "Charlie Hebdo"

   On peut encore trouver dans les kiosques un drôle de numéro de Charlie Hebdo, paru le mercredi 26 septembre, une semaine après celui qui a tant fait polémique. En fait, deux numéros ont été publiés (et vendus au même prix... il n'y a pas de petits profits) ce jour-là, l'un qualifié de "responsable", l'autre d' "irresponsable" :

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   Le "journal responsable" est en grande majorité blanc, les caricatures ayant été auto-censurées, à l'image de ce qu'on voyait dans la presse au cours de la Première guerre mondiale, après le passage par les bureaux de la censure :

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   Mais il y a eu du travail au niveau des textes d'accompagnement. Ce ne sont évidemment pas les véritables titres et commentaires qui figurent dans ce numéro, mais des détournements, par exemple page 4 :

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   Au lieu de brocarder les politiques, l'hebdomadaire satirique "responsable" les remercie. L'économiste maison relaie le discours dominant et, cerise sur le gâteau, une information indispensable est fournie en haut de page : le résultat du tiercé ! Page 13, dans la rubrique "Culture", c'est le tirage du loto qui nous est donné. Je regrette que les rédacteurs n'aient pas songé à nous proposer un horoscope bidon (pléonasme).

   Page 6, on reconnaît la "patte" d'Antonio Fischetti dans la rubrique scientifique "L'empire des sciences", qui n'aborde que des sujets de fond :

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   La double-page centrale est occupée par un autre dossier de poids : "Fallait-il montrer les seins de la reine d'Angleterre ?". Deux points de vue s'opposent, celui d'Alain Finkielkraut ("Qu'aurait répondu Hannah Arendt ?") et celui d'André Glucksmann ("Le silence assourdissant d'Heidegger sur la question me trouble"). Rappelons que ce sont deux des têtes de Turc privilégiées du journal. (Précisons que la formule à propos d'Heidegger fait allusion à ses sympathies nazies.)

   Face à cela se dresse le numéro "irresponsable", qui continue son oeuvre de caricature. On n'y trouvera cependant que très peu de dessins dénigrant l'intégrisme musulman. C'est le catholicisme et le Front national qui sont les principales cibles des dessinateurs. Je dois avouer que la caricature (par Luz) des propos du cardinal Barbarin m'a bien fait rire :

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   Mais c'est sans doute Catherine qui a été la plus pertinente, avec sa réflexion sur Marine Le Pen en nouvelle disciple (gênante) de la laïcité :

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   Les textes parus dans l'hebdomadaire satirique du 26 septembre répondent à la polémique, en particulier à ceux qui ont accusé Charlie Hebdo d'en faire trop, de mettre de l'huile sur le feu. On sera plus ou moins convaincu.

jeudi, 27 septembre 2012

Caricatures de Mahomet, le retour

   Comme en 2006, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a rebondi sur une provocation droitière pour exprimer son anticléricalisme viscéral. En 2006, il avait pris la suite d'un quotidien conservateur, le Jyllands Posten (plus agressif envers l'islam qu'envers les autres religions). En 2012, les caricaturistes jouent avec la vague d'indignation suscitée par le (très mauvais) film islamophobe L'Innocence des musulmans. Le numéro de mercredi 19 septembre a été rapidement épuisé. J'ai pu me le procurer grâce au retirage effectué en fin de semaine :

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   A la lecture du journal, je dois dire que j'ai eu du mal à comprendre pourquoi l'affaire avait pris de telles proportions. (Je me fais la même réflexion à propos du film, un navet déjà un peu ancien, qui a sciemment été remis en avant.) La couverture est bien gentille... et ne fait qu'énoncer une vérité : il est aujourd'hui mal vu de s'en prendre aux religions minoritaires. L'association au film Intouchables est pleinement justifiée : le dessinateur a voulu critiquer une forme de "politiquement correct". Ce n'est pas une insulte au film que de dire qu'au-delà de la qualité de ses interprètes, le succès qu'il a rencontré est lié au sentiment de culpabilité éprouvé par nombre de personnes vis-à-vis des handicapés... et ce fut aussi l'occasion de tresser des couronnes à un acteur (fort sympathique au demeurant) issu d'une "minorité visible".

   La page 2 est dédiée aux caricatures anti-intégristes (et pas antimusulmanes). La déception vient du fait qu'elles ne sont pas très drôles.

   La quatrième de couverture est elle remplie de dessins dénigrant Mahomet et l'islam. On sent clairement l'intention de rabaisser, de faire mal. Mais rien n'oblige un musulman pieux à acheter ou lire cet hebdomadaire. Ces caricatures sont de surcroît d'un niveau médiocre. Une seule a vraiment éveillé ma curiosité :

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   Là, il y a du fond !

   L'intérêt est de voir comment d'autres organes de presse ont réagi. En 2011, quand le siège du journal avait été incendié (et le site internet piraté, déjà), c'est la solidarité professionnelle qui l'avait emporté sur les divergences d'opinion. Aujourd'hui, le rappel (nécessaire) de la défense de la liberté d'expression a été quelque peu étouffé par un discours plus critique à l'égard de la démarche de Charlie Hebdo.

   Le quotidien Le Monde illustre assez bien cette attitude. Le 19 septembre, le ton est donné par celui qui est devenu, à mon avis, le meilleur caricaturiste du journal, Xavier Gorce :

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   Ses "indégivrables" pingouins occupent la page 2 de la version papier du journal. La lecture de ses strips est très souvent un pur délice.

   Celui que j'ai reproduit ci-dessus est un éditorial à lui seul. Comment des musulmans qui se disent choqués par ceux qui dénigrent leur religion (l'accusant de propager le fanatisme et la violence) peuvent-ils espérer être crédibles s'ils commettent précisément des actes qui confirment le cliché qu'ils dénoncent ?

   Mais, dès le lendemain, Xavier Gorce montre qu'il n'adhère pas pour autant à la démarche de Charlie Hebdo :

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   Est-ce vraiment faire oeuvre de satiriste, aujourd'hui en France, que de dénoncer sans cesse les aspects rétrogrades de la religion musulmane ?

   Le jour d'après, en "une", c'est au tour de Plantu de régler ses comptes :

Plantu 21 09 2012.jpg

   Charb y est représenté en beauf' et le dessinateur associé au Monde (souvent égratigné par ses collègues "de gauche" dans le passé) ne se prive pas d'aller dans le sens de Xavier Gorce. En clair pour lui, c'est de la provocation à deux balles. Le "coup de pied de l'âne" est donné par la souris, alter ego de Plantu. Elle sodomise sans complexe un drôle de chien... qui n'est autre que Maurice (de Maurice et Patapon), animal fétiche de Charb. Et pan dans les fesses !

   Dans le même numéro du Monde, Sergueï s'en prend plutôt aux intégristes chrétiens qui ont conçu le film antimusulman :

Serguei 21 09 2012.jpg

   Sur la Toile, on peut trouver des propos approchants sur le site de Bakchich, qui estime qu'en France il y a quand même deux poids, deux mesures :

Bakchich.jpg

   J'en reviens toujours à Xavier Gorce, qui a bien perçu le risque qu'il y avait à laisser Marine Le Pen se présenter en défenseure de la laïcité à la française :

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   Mais laissons la parole à Charb, qui n'a pas tort de rappeler, dans un entretien accordé au Monde, que ses dessins sont moins dangereux pour la santé que l'activisme des militants intégristes. On a de plus oublié aujourd'hui que, si le catholicisme tolère (de gré ou de force) la critique acerbe, c'est le résultat de décennies de luttes, d'oppositions parfois très violentes. Nous ne sommes peut-être qu'au début d'une ère de questionnements abrupts à propos de la place de l'islam et des musulmans en France...

dimanche, 02 septembre 2012

"Eastwooding"

   C'est le nom que des internautes ont donné à la vague de détournements de la petite mise en scène proposée par Clint Eastwood lors de la dernière soirée de la convention républicaine en Floride. Le vieil acteur a fait semblant de s'adresser, pendant une minute, à une chaise vide sur laquelle était censé se trouver Barack Obama.

   Très vite, des parodies sont apparues sur la Toile, le président américain se fendant lui-même d'une réponse imagée.

   Ce dimanche matin, j'ai senti l'inspiration monter en moi...

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samedi, 01 septembre 2012

Le gaz de schiste toujours d'actualité

   C'est l'un des feuilletons de l'été, moins médiatique certes que la guerre civile en Syrie, les Jeux olympiques de Londres ou l'augmentation du prix de l'essence à la pompe, mais le débat n'est pas clos, contrairement à ce que certains beaux esprits ont cru, en France notamment.

   La (bonne) presse fait son travail sur le sujet. Il me semble même qu'au sein de la rédaction du Monde, des dissensions existent sur cette question, peut-être entre les économistes et les journalistes en charge de la rubrique "Planète".

   C'est à la fin du mois de juillet que les articles ont commencé à paraître en nombre. Le 25 a été mis en ligne un éditorial intitulé N'enterrons pas le débat sur les gaz de schiste. On se dit que son auteur a observé avec attention la mini-révolution en cours dans l'énergie aux Etats-Unis, qui a vu ce pays devenir le premier producteur mondial de gaz en quelques années. L'édito renvoie à un reportage (de Jean-Michel Bezat) placé au début de la version papier du quotidien, Bienvenue à Fort Worth, Texas, la capitale du gaz de schiste (accès payant), dont voici un aperçu :

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   Le lendemain, Stéphane Foucart signe un papier traitant d'un rapport bidonné (favorable au gaz de schiste) publié aux Etats-Unis, et dont l'auteur est accessoirement actionnaire d'une société de forage...

   Peu de temps auparavant, Audrey Garric, une autre journaliste de sensibilité écologiste, avait publié, sur son blog officiel, un billet sur la voracité des compagnies gazières, désireuses de forer jusque dans les cimetières...

   Le sujet rebondit au mois d'août. C'est Alain Faujas qui a dégainé le premier, avec un article intitulé Le charbon américain victime du gaz de schiste : l'exploitation de nombreux forages de gaz non conventionnel a fait chuter le prix de l'énergie et les sociétés charbonnières en sont réduites à trouver de nouveaux clients à l'exportation... notamment en Europe, où la volonté de certains dirigeants de sortir du nucléaire donne un nouvel essor à l'énergie produite à partir de houille... Bonjour la pollution !

   Fort logiquement, la rubrique "Idées" voit surgir le débat. On a pu y lire une tribune de Noël Mamère, Non, le gaz de schiste n'est pas la "nouvelle frontière". On sent le député écologiste lecteur attentif du Monde, où la parution d'articles aux perspectives différentes a dû l'inquiéter.

   Deux semaines plus tard, le sujet s'enrichit de nouveaux "papiers". On doit à Julien Bouissou, talentueux correspondant du journal à New Delhi, un article très instructif sur les conséquences de l'essor de la fracturation hydraulique sur les paysans indiens : Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste. (L'article est plus balancé que ce qu'indique le titre.)

   Dans la version papier, au bas de la même page, une correspondance américaine signale l'émergence d'un nouveau problème, qui pourrait, bien plus que l'opposition des militants écologistes, limiter le développement de l'exploitation de gaz de schiste : Aux Etats-Unis, l'eau manque pour permettre la fracturation hydraulique. Il est piquant de voir deux puissants lobbys (l'agribusiness et le secteur pétrolier) entrer en conflit à ce sujet... (Et vive le réchauffement climatique !)

   Cela nous mène à la dernière chronique du médiateur (Pascal Galinier), Ecolos de vacances (joli titre !), grâce à laquelle on peut se rendre compte qu'une partie du lectorat du quotidien voudrait que celui-ci ne transmette qu'une vision militante du sujet. Ces lecteurs semblent ne pas avoir conscience que la rédaction est composée de personnes de sensibilités différentes... et c'est très bien comme ça !

   Le "quotidien de référence" n'est pas le seul à avoir suivi la question du gaz de schiste cet été. Ainsi, le numéro du 27 juillet de La France agricole contient un article de trois pages (Gaz : une révolution dans les tuyaux) annoncé en "une" :

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   Le papier se veut neutre, abordant à la fois les avantages que retirent les pays exploitant les gaz non conventionnels et les conséquences environnementales. Le contexte français (cherté du gaz, son importation) est précisé. Incidemment, on peut lire que le gaz naturel représente 50 à 80 % du coût des engrais azotés.

   On retrouve cette préoccupation dans une vidéo mise en ligne sur le site de l'hebdomadaire agricole. L'intervenant, Joël Morlet, est le président de l'Unifa, l'Union des industries de la fertilisation. Il est aussi directeur général de Yara France, une filiale d'un grand groupe norvégien (principal fournisseur d'engrais chimiques)... ainsi que PDG (et administrateur) de la SOCOFER, une entreprise fabricant des engrais, basée dans l'Indre.

   Et dans nos régions ? A la mi-août, les opposants ont organisé une marche entre Lozère et Aveyron, pour ranimer la vigilance du public. Ils sont inquiets à cause de ce qu'ils estiment être l'ambiguïté du gouvernement. Si le président de la République, François Hollande, a réaffirmé son opposition à la fracturation hydraulique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a précisé que l'exploitation des gaz de schiste n'était toutefois pas définitivement écartée.

   Nos dirigeants ont en tête la crise économique, qui se prolonge, et le déficit de notre balance commerciale, principalement dû à l'importation d'hydrocarbures : au premier semestre 2012, ce déficit approche les 35 milliards d'euros...

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   ... alors que la facture énergétique de notre pays dépasse légèrement les 34 milliards d'euros :

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(J'ai ajouté au graphique la ligne violette, pour mieux mettre en évidence que, lors des deux premiers trimestres de l'année 2012, la facture énergétique avait légèrement dépassé les 15 milliards d'euros, ce qui nous donne un total d'environ 34 milliards pour le semestre.)

   Je pense que nos dirigeants ont aussi reçu des informations provenant de milieux scientifiques moins épidermiquement hostiles au gaz de schiste que les militants écologistes. On peut en avoir un écho dans le numéro 301 de la revue Science... et pseudo-sciences, publié en juillet 2012 :

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   On y trouve une présentation claire de ce que sont les gaz non conventionnels... et l'on découvre, au passage, que l'expression "gaz de schiste" est incorrecte. Six pages sont consacrées aux impacts environnementaux. On rentre dans le détail, puisque, par exemple, on y distingue la fracturation de la stimulation hydraulique, avec leurs éventuelles implications sismiques. Une autre partie du dossier compare la situation en France et aux Etats-Unis. Quelques réserves sont émises à propos du film Gasland.

   La revue se demande enfin s'il est possible d'exploiter "proprement" le gaz de schiste, ou avec quels coûts, environnementaux, sociétaux. (On arrive à la conclusion que, dans les régions marquées le relief calcaire, il est souhaitable, dans l'état actuel des choses, de ne pas procéder à l'extraction de gaz de schiste.) L'ensemble des articles n'a pas pour but de défendre les industriels, mais de replacer le sujet d'abord dans son contexte scientifique.

vendredi, 24 août 2012

Bienvenue chez les riches !

   C'est le titre du dossier du Canard enchaîné (le n°124) publié cet été :

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   En quelque 120 pages (contre 80 à 100 d'habitude), les journalistes de l'hebdomadaire satirique proposent un panorama synthétique de la "France des riches". Les articles sont courts (une à deux pages, illustrées d'un à trois dessins) et foumillent d'anecdotes.

   Cela commence par la définition de la richesse, entreprise hasardeuse. Pour les plus fortunés, on peut se reporter au classement des milliardaires du magazine Forbes. Deux Français font partie des vingt premiers : Bernard Arnault (4e) et Liliane Bettencourt (15e) :

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   Pour avoir plus d'informations sur les riches Français, on peut se tourner vers le magazine Challenges, qui publie un classement des 500 plus grandes fortunes professionnelles :

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   En comparant les deux palmarès, on relève des incohérences, tant au niveau de l'ordre qu'au niveau des montants : les deux classements ne se fondent pas exactement sur les mêmes critères.

   On peut aussi s'intéresser aux assujettis à l'ISF. Il y a quelques années de cela, Le Figaro a publié un tableau statistique des villes peuplées de plus de 20 000 habitants comprenant plus de 50 assujettis. Voici ce que l'on peut lire à propos de l'Aveyron (page 5) :

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   Rien que dans ces deux communes (les seules du département à dépasser les 20 000 habitants), on note la présence de près de 400 assujettis à l'ISF. Combien d'autres résident dans une commune moins peuplée ?

   Le document est aussi intéressant parce qu'il mentionne la somme moyenne versée au fisc : 4-5000 euros par an... on ne peut vraiment pas parler d'un impôt confiscatoire.

   Ces données sont à comparer avec les revenus de l'ensemble des Français. D'après l'INSEE, en 2009, les ménages français ont en moyenne un revenu de 34 540 euros, soit un peu moins de 2 900 euros par mois. Pour plus de justesse, la colonne suivante donne le revenu médian, celui qui partage la population en deux groupes égaux (en clair : la moitié gagne moins, l'autre moitié gagne plus). Et là, on constate que ce revenu n'est que de 28 740 euros, soit environ 2 400 euros par mois... merde, je suis au-dessous !

   Cet écart s'explique par les grandes inégalités : beaucoup de ménages gagnent entre 1 500 et 2 500 euros par mois, mais une minorité gagne infiniment plus, ce qui fait remonter la moyenne. Le Canard précise d'ailleurs que 90 % des Français (pas des ménages, semble-t-il) gagnent moins de 37 000 euros par an. 1 % des Français gagnent plus de 7 350 euros par mois. (Que l'on me présente leurs filles !) Quant à ceux qui culminent au-delà d'un million par an, ils ne seraient que 3 000 foyers, soit 0,0008 % du total. Dire que certains ont osé déclarer que la taxe à 75 % (qui ne ponctionnera pas 75 % des revenus : ce sera une tranche supplémentaire... avec des aménagements) s'attaquait à la classe moyenne...

   Le journal satirique revient aussi sur ces très riches qui avaient appelé à une fiscalité plus lourde (dans un appel publié par Le Nouvel Observateur). Combien sont aujourd'hui révulsés par les projets fiscaux du gouvernement Ayrault ? Sur le même sujet, la tribune signée par Warren Buffett dans The New York Times avait quand même plus de gueule. Il y écrit notamment ceci :

"People invest to make money, and potential taxes have never scared them off. And to those who argue that higher rates hurt job creation, I would note that a net of nearly 40 million jobs were added between 1980 and 2000. You know what’s happened since then: lower tax rates and far lower job creation."

   Traduction : "Les gens investissent pour gagner de l'argent, et les impôts éventuels ne les ont jamais dissuadés. A ceux qui soutiennent que les taux [d'imposition] élevés nuisent à la création d'emplois, je dirais qu'un volant d'environ 40 millions d'emplois ont été créés entre 1980 et 2000 [en clair : sous Reagan, Bush père et Clinton]. Vous savez ce qui s'est passé depuis : des taux d'imposition plus bas et beaucoup moins de création d'emplois."

   L'argumentation mériterait d'être affinée, discutée, mais, venant d'un super-riche, elle ne manque pas de sel. Voici encore ce qu'écrit Buffett, un peu plus bas :

"But for those making more than $1 million — there were 236,883 such households in 2009 — I would raise rates immediately on taxable income in excess of $1 million, including, of course, dividends and capital gains."

   Traduction : "Mais pour ceux qui gagnent plus d'un million de dollars (236 883 ménages en 2009) j'augmenterais immédiatement le taux d'imposition du revenu excédant un million de dollars, en incluant, bien sûr, les dividendes et (autres) revenus du capital."

   Alors, Warren Buffett hollandien ?

   Le journal satirique ne se prive cependant pas d'égratigner l'actuel président sur ses déclarations de patrimoine. Il semble avoir été plus honnête en 2012 qu'en 2007, sans doute pour éviter, à l'époque, de payer l'ISF... Le paradoxe est que c'est à la réforme initiée par Nicolas Sarkozy que François Hollande doit sans doute de n'y être pas assujetti aujourd'hui !

   La suite du dossier est composée de portraits des familles/individus les plus riches, de Bernard Arnault à Elisabeth Badinter, en passant par Serge Dassault et Pierre Bergé, par exemple. On y apprend incidemment une foule de choses, comme par exemple l'origine du succès de la famille Bolloré, dans le papier très fin (utilisé pour les cigarettes roulées et l'impression des bibles), auquel elle a en partie donné son nom : O.C.B. pour Odet Cascadec Bolloré.

   On peut dire que c'est Arnaud Lagardère qui reçoit le traitement le plus "acide". Ceux qui s'intéressent à l'information économique liront avec profit les pages consacrées aux familles de la grande distribution. Les "nouveaux entrepreneurs" ne sont pas oubliés, avec notamment Xavier Niel et Matthieu Pigasse, auquel un strip de Lefred-Thouron est consacré :

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   La troisième partie du dossier traite des manières de s'enrichir, de la banque à l'édition en passant par le show-business. Au passage, certains découvriront peut-être le train de vie (et les exigences professionnelles) de quelques vedettes, en particulier Dany Boon. Ceci dit, ils ne font a priori rien d'illégal, contrairement à d'autres, dictateurs africains (avec l'affaire des "biens mal acquis") ou hommes d'affaires qui sentent le soufre (vous avez dit Bernard Tapie ?). Il est aussi question de certains footballeurs, de riches agriculteurs (céréaliers) et de la famille régnante qatarie.

   La quatrième partie est plus bling bling : elle aborde les "moeurs des riches". Le dossier se termine par les soucis des fortunés, parfois proportionnels à leur richesse.

   C'est bien écrit, truffé d'informations, émaillé de traits d'humour et richement illustré... et cela ne coûte que six euros !

mardi, 21 août 2012

Retour sur la "guerre des affiches"

   Lors de la dernière campagne des élections législatives, une affaire avait secoué le landernau ruthénois. Rappelez-vous : on a accusé des militants UMP d'avoir tapissé les panneaux concurrents (et quelques autres lieux inappropriés) avec les affiches de leur candidat Yves Censi. Plainte a été déposée. (Au fait, où en est l'enquête ?) Gênées au départ, les instances de l'UMP avaient fini par accuser des voleurs d'affiches... 

   Et voilà ce sur quoi je suis tombé en lisant le numéro 10 du bimensuel satirique Zélium (dont l'ancien supplément Z Minus a pris son envol) :

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   L'un des journalistes s'est infiltré dans une section "jeunes" de l'UMP. La personne qui s'exprime, Anaïs, est une militante ardente. La voici se vantant d'avoir accompli ce dont l'UMP aveyronnaise se plaint d'avoir été victime. Que les militants appliquent donc ce sage précepte, que l'on trouve dans maintes civilisations : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse".

   Notez que le journaliste infiltré a l'honnêteté de préciser qu'il n'a jamais vu les militants commettre ce genre de geste.

   L'ensemble du reportage mérite le détour. Il est notamment illustré par un dessin que je ne résiste pas au plaisir de vous montrer :

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dimanche, 19 août 2012

Z Minus n°2

   Toujours "100 % dessin 0 % article", le bimensuel satirique est à nouveau dans les (bons) kiosques :

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   Comme le premier numéro m'avait bien plu, j'ai sorti les 4 euros 90 (ben oui, le talent, ça se paie)... et je ne le regrette pas.

   A la volée, que trouve-t-on, dans ce numéro ? De la politique, du pipi-caca, du sexe (beaucoup), avec des poils, des teubs, des nichons. L'humour noir est toujours aussi présent, à travers par exemple les dessins de Giemsi :

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   Institutions obligent, il est désormais davantage question de François Hollande que de Nicolas Sarkozy, mais les deux présidents sont "croqués" avec la même acidité.

   Pages 4 et 5, les amateurs se régaleront avec deux reportages judiciaires. Le premier narre une affaire jugée par le tribunal correctionnel de Nantes, mettant aux prises trois chauffeurs de taxi agressifs et le client de l'un d'entre eux (qui a donné sa version de l'histoire). Le second reportage traite d'une affaire sordide (digne d'un épisode des Experts ou d'Esprits criminels), jugée par la cour d'Assises de la Dordogne.

   Une page est plus spécifiquement consacrée à l'actualité internationale, à la violence qui règne sous différentes latitudes. Un peu plus loin, vous saurez enfin ce que Mohamed Merah a réellement dit aux policiers venus l'arrêter à Toulouse, en mars dernier.

   J'ai aussi beaucoup aimé la page de Marsault, dont le talent n'est pas sans rappeler celui de Gotlib :

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   Dans la lignée de Hara Kiri et Charlie Hebdo, le cul vient alterner avec des thématiques "sérieuses" :

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   Si vous en voulez davantage, il faut vous tourner vers la double-page de Rifo, La Planète des bêtes immondes, qui louche sur les films Planète Terreur et Boulevard de la mort. Le même dessinateur est l'auteur d'un supplément très bien foutu, qui raconte les origines possibles d'un super-héros pas comme les autres : Hiroshiman.

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   Je vais m'arrêter là, mais sachez que ce numéro contient bien d'autres choses, comme la mini-histoire des truands à la recherche d'un trou du cul, les aventures d'une mémé et de sa télé, la conquête spatiale version suppositoire ou encore la romance débutant entre un garçon et une fille... et se terminant de manière inattendue !

samedi, 04 août 2012

José Bové et le loup

   "Pour moi les choses sont claires, hein : c'est que si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c'est de prendre le fusil et de tirer."

   Les propos tenus courant juillet par le député européen aveyronnais, sur les ondes de la radio Totem, ont fait des vagues, un peu avec retard. Ce n'est que dans Le Monde du vendredi 3 août qu'un article s'empare de l'affaire. Le journaliste Hervé Kempf s'est d'ailleurs un peu emmêlé les pinceaux, qualifiant Totem de "radio lozérienne". Si l'ex-12 FM émet bien en Lozère (comme dans une dizaine d'autres départements), son siège est situé à proximité de Rodez, à Luc-La Primaube très exactement.

   C'est une association de protection des animaux sauvages qui vient de relancer l'affaire. D'après Midi Libre, une plainte a été déposée contre José Bové au tribunal de Mende.

   Rappelons que, selon les études officielles, les chiens divagants (parfois qualifiés à tort d'errants), s'ils attaquent moins fréquemment les troupeaux domestiques que les loups (dans les zones où ceux-ci sont présents), sont responsables de davantage de pertes. Et encore, on néglige la surdéclaration d'attaques de loups.

   L'affaire n'en est pas moins délicate. Je ne vois pas comment on pourrait interdire à des éleveurs de tenter de se débarrasser d'un loup, à partir du moment où une série d'attaques clairement identifiées se produit dans une région marquée par l'élevage. Le tout est de rester dans la mesure.

   A suivre...

dimanche, 15 juillet 2012

De nouveaux Aveyronnais décorés

   La nouvelle promotion de la Légion d'honneur (celle du 14 juillet 2012) contient son lot de "pipoles" et d'amis politiques de la nouvelle majorité... peut-être un peu moins qu'avant pour les premiers, mais ça se discute. Je vous laisse le soin de découvrir la liste des personnalités nationales dans l'article auquel mène le lien précédent. Je vais m'intéresser aux Aveyronnais.

   Depuis l'an dernier, je me suis mis à éplucher régulièrement la liste des promus. C'est ainsi qu'en janvier 2011 on trouvait le nom de Jean-Claude Luche (en compagnie notamment de Jean Laurens). Ce n'est que sept mois plus tard que la breloque lui fut remise, par l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, auquel il rendit en quelque sorte la politesse en lui offrant tout récemment la médaille du département.

   En avril 2011, c'était au tour d'un trio de vétérans de la politique aveyronnaise d'être distingués : Renée-Claude Coussergues, René Quatrefages et Bernard Seillier. De leur côté, la préfète de l'époque et Pierre Soulages montaient en grade.

   En juillet 2011, pour qu'il n'y ait pas de jaloux, Simone Anglade était à son tour nommée. La décoration ne lui fut remise qu'un an plus tard, là encore par Valéry Giscard d'Estaing.

   En janvier 2012, ce fut au tour des Lozériens de figurer sur la précieuse liste.

   Et aujourd'hui ? Un célèbre Aveyronnais de Paris, Philippe Meyer, est élevé au grade de commandeur, sur le contingent de la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti.

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   Le décret précise (page 2) qu'il était devenu officier en mars 2005, pendant le deuxième mandat de Jacques Chirac, alors que Jean-Pierre Raffarin était Premier ministre

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   ... sauf que... quand on consulte le Journal Officiel du 27 mars 2005, on ne trouve pas trace de Philippe Meyer ! Il a bien été élevé au grade d'officier, mais par un décret du 31 décembre 2004, paru au Journal Officiel du 1er janvier 2005. Il faut chercher loin dans la liste, dans le contingent du ministère de la Coopération et de la Francophonie (dont le titulaire était sauf erreur de ma part Xavier Darcos) :

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   C'est l'occasion d'apprendre que Philippe Meyer était devenu chevalier en 1996, au début du premier mandat de Jacques Chirac, Alain Juppé étant Premier ministre.

   En poursuivant ma lecture des décrets relatifs à la Légion d'honneur, je suis tombé sur d'autres Aveyronnais.

   Celui dont la notoriété est la plus grande est sans conteste Jacques Bernat (page 17), agriculteur retraité, qui fut président de la F.R.E.B. (Fédération Régionale des Éleveurs de Brebis) et président de la M.S.A. Tarn-Aveyron-Lot (dont le rapport 2006 contient un portrait du bonhomme, page 13). Il est bien évidemment nommé sur le contingent du ministère de l'Agriculture.

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   Un peu moins connue est Georgette Garric (page 10 du décret), ancienne présidente de l'U.D.A.F. (Union Départementale des Associations Familiales) :

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   Elle figure logiquement sur le contingent du ministère des Affaires sociales et de la Santé.

   Encore moins connue (sauf très localement) est Evelyne Roualdès (page 7 du décret), professeure des écoles, conseillère pédagogique de circonscription (sur Espalion). Comme les deux personnes précédentes, elle est nommée chevalier, mais sur le contingent du ministère de l’Éducation nationale.

   Pour terminer, à titre d'anecdote, signalons que le beau-frère de l'actuelle préfète de l'Aveyron, Philippe Pozzo di Borgo (dont le personnage a été interprété par François Cluzet dans le film Intouchables), a lui aussi été nommé chevalier, en raison de son action humanitaire en faveur des handicapés du Maroc. (Il est mentionné page 6 du décret.)

jeudi, 12 juillet 2012

"Nique ta mère"... en Chine

   Cet été, France Inter propose, en fin d'après-midi (approximativement de 17h à 18h), une émission très intéressante : "Le monde sur un plateau". Je n'ai pas forcément l'occasion de l'écouter en direct. Heureusement, le site de la radio est très bien fichu, permettant de télécharger ou de réécouter un programme longtemps après sa diffusion.

   Trois pays vont successivement faire l'objet de reportages : la Chine, les Etats-Unis et la Russie. Actuellement, il est question de "l'empire du milieu". J'ai récemment écouté l'émission du 4 juillet, consacrée à internet. Quelle ne fut pas ma surprise d'entendre ceci :




   C'est l'illustration de l'un des moyens utilisés pour contourner la censure. A l'image des chansonniers français, friands de calembours (plus ou moins graveleux), certains internautes jouent sur l'homophonie ou le double sens de certains mots. Le procédé a donné naissance à des vidéos (certaines parodiant les documentaires animaliers), dont le héros est Caonima, littéralement "cheval de l'herbe et de boue" (une sorte d'alpaga), dont le nom chinois signifie aussi "nique ta mère" !

   Dessins animés mis à part, il y a un petit côté South Park dans cette production irrévérencieuse.

mercredi, 11 juillet 2012

L'affaire DSK traitée par "New York Unité Spéciale"

   L'épisode (annoncé l'an dernier) a enfin été diffusé en France, sur TF1, mardi soir. Il a pour titre Terre brûlée. Attention toutefois : les auteurs ont pris beaucoup de précautions pour qu'on ne les accuse pas d'exploiter l'affaire DSK. Cela commence par un carton placé en tout début de film :

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   L'accusé n'est plus français, mais italien. (Mais c'est un rival sérieux du principal dirigeant de son pays, auquel il attribue la responsabilité de ses malheurs. Le président du Conseil Berlusconi  a ici remplacé le président de la République Sarkozy, jusque dans le mythe du complot.) La victime présumée n'est plus guinéenne, mais soudanaise. Pour bien enfoncer le clou, lorsque la (charmante) substitut du procureur, Alex Cabot, débarque au commissariat, elle demande s'il s'agit d'une "nouvelle affaire DSK"...






    ... comme pour bien souligner que, dans cet épisode, il s'agit d'autre chose. Du coup, même si l'histoire a été visiblement plaquée sur le fait divers qui a défrayé la chronique, une série de détails est chargée de marquer la différence : le diplomate a oublié son ordinateur à l'hôtel (DSK y a perdu l'un de ses téléphones portables), la femme de chambre a recraché le sperme dans le lavabo (Nafissatou Diallo l'avait fait sur la moquette) etc. Notons que l'actrice qui incarne la plaignante est très petite, contrairement à la personne qui a inspiré le rôle.

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   Nous n'échappons pas à certains moments incontournables, comme la sortie médiatisée du commissariat, sous les flashs des photographes :

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   L'épisode nous fait bien suivre la procédure judiciaire et la progressive décrédibilisation de la victime présumée, principal argument de la défense. L'avocat, très habile, a été engagé par l'épouse de l'accusé, qui s'affiche à ses côtés (et devant les caméras), aimante et solidaire :

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   La coupe de cheveux de l'épouse a incontestablement été "travaillée" de manière à ressembler à celle d'Anne Sinclair.

   Je vous laisse découvrir la conclusion de l'histoire, assez originale... et ma fois très habile sur le fond.

dimanche, 24 juin 2012

Le Monarque, son fils, son fief

   Ce livre "fait le buzz", comme on dit. Son auteure dirige le cabinet de Patrick Devedjian au Conseil général des Hauts-de-Seine. Elle a utilisé le principe du roman à clés pour vider son sac, en clair raconter les travers de la vie politique dans le département le plus riche de France (ou le deuxième plus riche, après Paris).

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   Le Monarque est Nicolas Sarkozy. Il est une grande déception pour l'auteure, qui a cru en lui et milité avec ardeur pour son élection. Il est aussi surnommé Rocky, pour son tempérament, par analogie avec Sylvester Stallone... et parce qu'il est fan de boxe, détail qui n'avait pas percé dans les médias jusqu'à présent. (On avait plutôt fait ressortir sa passion pour la course et le vélo, sports plus "présentables".)

   La première Première dame est Cécilia Sarkozy, que l'on rencontre peu dans le livre, puisqu'elle s'est éclipsée après l'élection présidentielle de 2007. La garden-party de cette année-là est néanmoins l'occasion de brosser un joli portrait de la troupe d'ambitieux qui s'accroche à la lumière. Les médias ne sont pas mieux servis, qui contribuent à la "pipolisation" de la vie politique.

   La deuxième Première dame est Carla Bruni. On la voit encore moins que la première, signe qu'elle n'intervient pas dans la politique des Hauts-de-Seine. On peut lire par contre ce que pensent d'elle les rombières de Neuilly... et ce n'est pas forcément à son avantage !

   Préfet Tigellin est Claude Guéant, dévoué corps et âme au président, éventuellement exécuteur des basses oeuvres. A cette occasion, j'ai découvert qu'un Tigellin a réellement existé : c'était un favori de l'empereur Néron, qui devint préfet du prétoire. Dans le livre, il apparaît rarement, à chaque fois plutôt menaçant.

   Maître Jourdain est Henri Guaino. On ne le croise qu'exceptionnellement.

   Conseiller aux Cultes est Patrick Buisson, sorte d'éminence grise du président (un conseiller occulte, si l'on préfère). Il s'occupe davantage de la politique nationale que des affaires altoséquanaises.

   Langue-de-VIP est Pierre Charon, qui entre un peu plus souvent en relation avec le petit monde du "neuf-deux". Le portrait qui est fait de lui est assez gratiné. Son surnom mêle habilement la propension du bonhomme à balancer des vacheries et son carnet d'adresses, riche en personnalités du show-biz.

   Langue-de-Bois est Franck Louvrier, le "communicant". Si le descriptif de sa fonction est péjoratif, dans le livre, il n'est pas dépeint comme quelqu'un de particulièrement dangereux. Il n'en est pas moins l'un des artisans de la "pipolisation" de l'image de Nicolas Sarkozy.

   Cheftaine est Emmanuelle Mignon. On la rencontre très peu, mais on sent bien que c'est quelqu'un de redouté, une des rares personnes à pouvoir et oser tenir tête au président. Son surnom vient de son passé chez les scouts (version traditionnelle : la dame est très catholique).

   Sherpa Marly est Jean-David Levitte, le très compassé conseiller diplomatique de l'Elysée, qui a sans doute été le véritable ministre des Affaires étrangères, au début du quinquennat. (La biographie à laquelle mène le lien précédent comporte au moins une erreur : Moissac, où Levitte est né, est située dans le Tarn-et-Garonne, pas le Tarn.) On peut l'opposer au titulaire du poste en 2007, Bernard Kouchner, surnommé Muet d'Orsay ! Dans le livre, la description d'un voyage retour dans l'avion présidentiel est particulièrement cruelle pour l'ancien French doctor.

   Deux autres figures emblématiques du début du mandat sont à peine égratignées. Gazelle du Sénégal est bien entendu Rama Yade, que l'on nous montre présentant son mari à la garden-party de 2007 avec un cynisme déconcertant. Belle-Amie est Rachida Dati. Je dois avouer que je ne comprends pas la fascination qu'elle semble exercer sur nombre d'observateurs de la vie politique. C'est pour moi un personnage creux, arriviste et incompétent. Le livre sous-entend quand même que celle que l'on désigne comme "la favorite" n'a pas entretenu que des relations professionnelles avec le nouveau maître des lieux.

   A l'image de l'espace de décision qui lui a été laissé en 2007, le Premier ministre François Fillon apparaît très effacé. Son surnom, @fdebeauce, fait allusion au compte twitter qu'il a un temps discrètement entretenu.

   On passe maintenant à la petite jungle de la Principauté, à savoir les Hauts-de-Seine. L'Arménien est évidemment Patrick Devedjian, présenté comme un Don Quichotte de la politique. On découvre l'ancien militant d'Occident sous un jour méconnu. Sa plus proche collaboratrice, Baronne (alias Marie-Célie Guillaume, l'auteure), éprouve beaucoup d'admiration pour lui... et pas mal d'affection. Elle fait état des rumeurs qui ont circulé sur les relations entre les deux piliers de l'exécutif altoséquanien. Devedjian a une réputation de séducteur... et figurez-vous que Baronne n'est pas qu'un directeur de cabinet travailleur, efficace et redoutable avec ses adversaires : c'est aussi une très jolie femme :

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   La voici quand elle est venue présenter son livre au Grand Journal. La voilà en compagnie de Patrick Devedjian, en 2011, à l'issue d'élections dont on va reparler plus bas :

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   Chacun semble avoir sa vie privée de son côté, mais il n'est pas exclu qu'un petit quelque chose ait eu lieu entre eux...

   Autour gravite la faune UMP du département, du plus âgé, Don Léonard (Charles Pasqua, furieux de voir Devedjian faire le ménage dans les comptes), au plus jeune, le Dauphin (Jean Sarkozy, faux-jeton comme pas deux). Pas très loin se trouvent les Thénardier, alias Isabelle et Patrick Balkany. Leurs interventions nous valent des moments particulièrement savoureux... ou ignobles, tant la manière qu'ils ont de pratiquer la politique déshonore, pour moi, la chose publique.

   Arrivent ensuite les seconds couteaux, parfois redoutables, toujours malléables. Trépané du Local est Alain-Bernard Boulanger, maire de Villeneuve-la-Garenne, présenté comme un personnage falot, avide d'honneurs, mais pas désireux de mouiller sa chemise pour les obtenir.

   Cinglé Picrochole est l'une des cibles privilégiées de l'auteure. On va comprendre pourquoi. Il s'agit de Philippe Pemezec, maire du Plessis-Robinson, connu pour ses écarts de langage (il a même été condamné pour injures), voire ses démonstrations de force. Il a menacé Baronne à plusieurs reprises, ce qui a conduit celle-ci à déposer une main courante au commissariat. Le dernier chapitre raconte comment l'élu a fini par s'excuser... Mais les couteaux n'ont semble-t-il pas été complètement rentrés. Aux récentes élections législatives, Philippe Pemezec a été battu de justesse par Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet de Martine Aubry, pourtant pas implanté localement et désigné tardivement. Par rapport au scrutin de 2007, le candidat UMP n'a pas perdu grand chose, alors que son adversaire de gauche a gagné près de 4 000 voix. Elles ne viennent sans doute pas toutes de son camp...

   Culbuto du Centre est Hervé Marseille, le roi de la volte-face, toujours en quête d'une place... et qui, à force d'avaler des couleuvres, a fini par devenir sénateur. C'est un centriste, à l'image de son chef, l'Humoriste Attitré, alias André Santini, bien sûr.

   Lesieur Homais est Jean-Jacques Guillet, maire de Chaville. C'est surtout un ancien d'Occident, devenu proche de Charles Pasqua. Il est utilisé pour éjecter Patrick Devedjian de la présidence de la fédération UMP. Notons qu'il a rencontré quelques difficultés pour conserver son siège de député. Alors qu'en 2007, surfant sur la vague sarkozyenne, il avait été réélu dès le premier tour, en 2012, il ne l'a emporté qu'au second, avec seulement un peu plus de 3 000 voix d'avance

   Le Doyen d'Age est Charles Ceccaldi-Raynaud, qui entretient une relation passionnelle avec sa fille Joëlle, au point de vouloir torpiller sa carrière politique. Dans le livre, il est surtout question de sa manière très personnelle d'introduire les séances du Conseil général, assez "vieille France".

   On termine ce florilège avec Chihuahua, alias Thierry Solère, un jeune homme plein d'avenir. Il est présenté comme un proche de Jean Sarkozy... encore que... Il ne semble pas être d'une inébranlable fidélité. La fin du livre de Marie-Célie Guillaume le montre se ralliant à Patrick Devedjian... et, ô surprise, on le retrouve candidat UMP dissident en 2012... contre Claude Guéant, l'un de ceux qui ont tenté de déboulonner l'Arménien. Les mauvaises langues disent qu'une partie de la gauche a voté pour lui, rien que pour faire battre l'ancien ministre de l'Intérieur. (Au second tour, la socialiste Martine Even ne semble pas avoir bénéficié du report des voix qui s'étaient portées sur les autres candidats de gauche une semaine auparavant... et son total personnel a même diminué !) Pour moins de 400 voix, il est donc arrivé au parachuté Guéant la même mésaventure qu'à Ségolène Royal.

   L'auteure réserve aussi quelques piques au personnel politique de Rockyville, Neuilly-sur-Seine pour les intimes. Le quatrième chapitre relate par le menu la déconfiture de Gominet, alias David Martinon, qui échoue lamentablement dans sa conquête de la mairie. A cette occasion, on commence à découvrir Jean Sarkozy à la manoeuvre... et l'on croise un authentique homme politique, bien plus honnête que la bande qui prétend régir le département : Jean-Christophe Fromantin, pourtant affublé du peu valorisant pseudo de Braconnier. Il faut dire qu'il a réussi la totale : il a successivement conquis la mairie de Neuilly (en 2008), le canton de Neuilly-sur-Seine Nord (en 2011) et, en 2012 le siège de député occupé naguère par Nicolas Sarkozy, puis Joëlle Ceccaldi-Raynaud (qui avait sèchement battu Fromantin en 2007, on l'a oublié).

   Signalons qu'en 2011, Jean-Christophe Fromantin avait battu, au second tour des cantonales, Marie-Cécile Ménard, que l'on retrouve dans le livre sous le pseudo de Dioraddict, présentée comme une "amie d'enfance" de Nicolas Sarkozy (qui lui avait "légué" son canton)... et qui est souvent la première victime collatérale des revirements de son fils Jean.

   Pour compléter le tableau, il ne manque que Recalé, un fidèle parmi les fidèles, qui n'a jamais obtenu la reconnaissance politique qu'il estime mériter : Arnaud Teullé. (Ceci dit, comme David Martinon, il  a reçu un beau lot de consolation... Et vive le piston !)

   Ce petit monde ne pourrait pas vivre sans des journalistes bien introduits, chargés de transmettre la bonne parole. Deux en particulier sont évoqués par Marie-Célie Guillaume. Papillon Kabyle est sans risque d'erreur Saïd Mahrane, qui travaille au Point et a pondu une série d'articles outrageusement flatteurs sur le Dauphin, notamment celui intitulé L'irrésistible ascension de Jean Sarkozy. Je suis dans l'expectative concernant Duchesse Aquarel, dépeinte comme une femme de grande beauté, sûre d'elle, familière de la droite. Ce doit être une journaliste du Figaro (la Pravda, dans le livre !). Sophie de Ravinel me paraît être arrivée trop tardivement. Ce pourrait être Marguerite Lefebvre. Mais je me plante peut-être complètement.

   D'autres personnages interviennent ponctuellement. Certains n'ont pas de véritable rôle politique : ils font partie de l'entourage privé de l'auteure. D'autres se distinguent à une occasion. C'est le cas de Madame de P., une élue UMP de province qui accepte de payer de sa personne pour faire avancer un dossier en faveur de la commune qu'elle gère ! Les médias ont évidemment fait leurs choux gras de la fin du chapitre VII (Rocky ou le monologue du périnée). Ce qui est dit du parcours de la dame nous conduit à penser qu'il s'agit de Marie-Josée Roig. Mais ce qui est dit de la population de la commune et de l'agglomération qu'elle gère ne correspond pas à Avignon (les chiffres sont trop élevés).

   D'autres chapitres sont particulièrement enlevés, à commencer par le quatrième (Du rififi à Rockyville), qui narre la bataille des municipales 2008 à Neuilly. Le neuvième (Banana République) relate l'affaire de l'EPAD et l'inacceptable aveuglement de N. Sarkozy. La cinquième (Mao est mort) nous montre les coulisses du Conseil général, avec Isabelle Balkany en virago. Les manigances sont à leur comble dans Drôle de guerre, qui voit Patrick Devedjian se faire évincer de la tête de la fédération UMP. La revanche intervient dans le chapitre suivant (le douzième), intitulé La grande bataille (celle des cantonales 2011), qui voit Isabelle Balkany mordre la poussière... et Patrick Devedjian triompher de ses adversaires. Mais que d'énergie dépensée en des querelles stériles !

   C'est très bien écrit, plein d'humour, d'allusions... et de révélations. Un livre à lire... et à faire lire.

samedi, 23 juin 2012

A l'arrière-plan

   A l'issue des élections législatives, un nouveau gouvernement Ayrault a été nommé, reconduisant le précédent pour l'essentiel. Quelques changements d'affectation ont été opérés mais, surtout, quatre nouveaux ont fait leur entrée, dont une sénatrice aveyronnaise, Anne-Marie Escoffier. Elle a donc fait l'objet de la sollicitation des médias, notamment de France 3, dont le fil info de Midi-Pyrénées a diffusé une courte entrevue, filmée à la sortie du Conseil des ministres.

   Au-delà des propos tenus, assez convenus, il est intéressant d'observer ce qui se passe à l'arrière-plan, pendant que la nouvelle ministre s'exprime :

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   Vous ne rêvez pas : dans le dos d'Anne-Marie Escoffier est arrivée une autre personne qui, en plein interview, décide de prendre une photographie avec ce qui ressemble à un iPhone !

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   On la voit maintenant en grande conversation avec sans doute des journalistes invisibles dans le champ de la caméra. C'est donc une habituée des lieux. Il s'agit de Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique. (Elle fut ministre de la Justice dans le gouvernement Jospin.) Elle est surtout la ministre de tutelle d'Anne-Marie Escoffier. Sa présence ostentatoire au moment cet entretien est-elle un moyen de marquer son territoire ? Bizarre.

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   Voici qu'un troisième personnage (et même un quatrième, si l'on inclut celui qui est presque entièrement masqué par la sénatrice de l'Aveyron) apparaît, sur la gauche. Sollicité par d'autres journalistes, il se livre au même exercice qu'Anne-Marie Escoffier... parce qu'il vient lui aussi d'entrer au gouvernement. Il s'agit de Thierry Repentin. On a toutefois nommé ce spécialiste du logement à la Formation professionnelle... sans doute pour éviter de gêner Cécile Duflot.

   Les progrès technologiques permettent ainsi de mettre un peu d'ordre dans la cacophonie d'une sortie de Conseil des ministres, les micros n'enregistrant que les propos tenus par la personne interrogée, pas les "bruits de fond". (Au besoin, on doit pouvoir procéder à un petit "toilettage numérique", en studio.)

vendredi, 22 juin 2012

L'Aveyron entre au gouvernement

      C'est Midi Libre qui a dégainé le premier, annonçant la nomination d'Anne-Marie Escoffier, conseillère générale et sénatrice de l'Aveyron (accessoirement ancienne préfète du département). Elle obtient le portefeuille de la décentralisation.

   D'après Le Canard enchaîné du 6 juin dernier, elle aurait même dû faire partie du premier gouvernement Ayrault, où au moins un membre du PRG devait figurer :

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   A l'époque, on lui a préféré la jeune Sylvia Pinel, deuxième plus jeune membre du gouvernement (après Najat Vallaud-Belkacem : l'article de La Dépêche du Midi auquel mène le lien qui suit comporte une erreur à ce sujet), élue du Tarn-et-Garonne... mais dont la mère est aveyronnaise d'origine.

   Conséquence indirecte : la moitié nord du département va être représentée par un nouveau sénateur. Comme Anne-Marie Escoffier a été élue au scrutin majoritaire à deux tours, c'est donc son suppléant qui devrait lui succéder... à savoir Stéphane Mazars, candidat malheureux aux récentes élections législatives.

mercredi, 20 juin 2012

Bilan du second tour des législatives en Aveyron

   Les trois sortants ont été finalement réélus, dans des conditions différentes toutefois.

   C'est dans la première circonscription que la surprise a failli se produire. En effet, Yves Censi ne l'emporte qu'avec 50,67 % des suffrages exprimés et 645 voix d'avance sur Monique Bultel-Herment. Il perd plus de 1 700 voix par rapport au second tour de 2007 et à celui de 2002. De son côté, la candidate socialiste ne gagne que 800 voix par rapport au score de Christian Teyssèdre il y a 5 ans. Elle semble avoir bien mobilisé l'électorat de gauche et une partie de celui du centre, pas suffisamment toutefois pour renverser la balance. Il est vrai qu'entre les deux tours, le nombre de bulletins blancs/nuls a presque doublé, passant de 872 à 1 645. (Mais je pense que, dans le lot se trouvent aussi des électeurs du Front national). En 2007, ce nombre était encore plus important : 1 811 (au second tour).

   Le débat diffusé par CFM a-t-il influé sur le résultat ? J'ai trouvé les deux candidats plutôt mauvais. (Mais il est facile de porter un jugement péremptoire, placé derrière son écran. Les élus locaux n'ont en général pas l'habitude de ce genre d'exercice, de cette pression.) Chacun est resté sur ses positions. J'ai peut-être trouvé Yves Censi un peu plus à l'aise, par moments. Il a mené la campagne qu'aurait menée au niveau national François Fillon s'il avait été le candidat de l'UMP. Le député sortant a je pense correctement analysé les résultats de la présidentielle dans la circonscription : même le rejet de Nicolas Sarkozy n'y était pas majoritaire. Il y avait donc la place pour un candidat de droite, avec des thèmes de droite. Mais c'est passé juste...

   Dans la deuxième circonscription, la victoire de Marie-Lou Marcel était attendue. Mais je ne la voyais pas aussi large la semaine dernière. Elle a donc bénéficié de la mobilisation de l'électorat de gauche et de celui qu'elle a conquis depuis 2007. On remarque toutefois que sa progression en voix est plus spectaculaire au premier tour qu'au second, où elle ne gagne que 3 300 voix en 5 ans. Elle profite surtout de l'effondrement de la droite locale, qui doit se chercher une nouvelle tête.

   Dans la troisième circonscription, Alain Marc est finalement facilement réélu. Il termine toutefois avec environ 2 400 voix de moins qu'en 2007 (et 4 000 de moins que Jacques Godfrain en 2002). En face, Marie-Thérèse Foulquier recueille plus de voix que Béatrice Marre 5 ans plus tôt (et beaucoup plus qu'Alain Fauconnier en 2002). Mais, visiblement, elle n'a pas fait le plein à gauche, ni au centre. On dit aussi que le caractère "non professionnel" de sa candidature, qui a suscité l'intérêt voire la sympathie, lui a aliéné certains votes. On se permet même parfois de critiquer le choix du suppléant...

   Je pense qu'Alain Marc comme Marie-Lou Marcel ont bénéficié de la prime au sortant (pour peu qu'il-elle ne se soit pas distingué-e par des propos ou un comportement jugés trop excessifs) et de leur implantation locale. Le cumul des mandats, associé à une présence sur le terrain (et dans les médias locaux...), les a incontestablement favorisés. Le paradoxe est qu'Yves Censi, qui n'exerce qu'un mandat électif, a été le plus menacé. (Les mauvaises langues disent que sa relative absence du terrain n'est pas forcément liée à un planning particulièrement chargé à Paris...)

   Je reste convaincu que les mandats nationaux (député, sénateur) devraient être uniques. Ils représentent des charges de travail suffisamment lourdes pour que l'élu-e s'y consacre à plein temps... et ils sont bien payés.