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mercredi, 03 janvier 2018

Le Nouveau Magazine Littéraire

   L'ancienne revue consacrée à l'écriture et aux écrivains s'est transformée en magazine sociétal, toujours un brin littéraire. J'ai eu l'occasion de lire le premier numéro de la nouvelle formule, qui ne manque pas d'intérêt :

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   L'article qui a le plus retenu mon attention est celui intitulé "Une famille française". Marc Weitzmann y traite du cas de la famille Merah. Il cite notamment un enregistrement réalisé lorsque la mère de Mohamed est venue rendre visite en prison au frère de celui-ci, Abdelkader.

   Il a été question de ces propos lors du récent procès qui a vu le frère du terroriste se faire condamner à une peine relativement légère. (Il risque de se retrouver dehors dans quelques années...) A ceux qui ignoreraient ces propos, je conseille la lecture de l'article, pour mieux comprendre l'obscurantisme et la haine qui animent certains membres de cette famille.

   Mais, s'il s'arrêtait à cela, l'article n'aurait rien de particulièrement remarquable. Il tente de dresser un profil psychologique des membres de la famille, en se fondant sur ce que les enquêtes ont mis au jour et sur ce que certains ont déclaré (ou écrit, pour le fils aîné, qui s'est éloigné de sa famille d'islamo-fascistes).

   On découvre un père délinquant algérien et polygame, qui cognait allègrement sur ses fils, qui ont ensuite reproduit la violence paternelle. On découvre aussi le fanatisme d'une mère dont on a récemment tenté de nous faire avaler un portrait humaniste. C'est peut-être cette mère qui a encouragé plusieurs de ses enfants à faire du petit dernier (Mohamed) leur souffre-douleur. Le plus acharné fut sans doute Abdelkader, celui qui allait par la suite devenir une sorte de guide spirituel intégriste. Plus intéressant encore, s'appuyant sur une psychanalyste, le journaliste évoque la relation trouble entre les deux frères, relation faite de sado-masochisme... et peut-être d'homosexualité incestueuse refoulée(?).

   En élargissant son propos, l'auteur étonnera peut-être certains lecteurs en affirmant que les familles de djihadistes se ressemblent souvent et que celle de Mohamed et Abdelkader Merah n'est sans doute pas si exceptionnelle que cela. Je ne sais pas s'il faut s'en réjouir...

   Un peu plus loin, c'est Edgar Morin qui est sur la sellette. On a droit à un entretien guère palpitant avec Raphaël Glucksmann. Je conseille plutôt la lecture de la mise au point consacrée à sa relation avec le fourbe Tariq Ramadan.

   La suite du magazine contient quantité de conseils de lecture... et quelques analyses cinématographiques, dont une de l'univers de Star Wars, à l'occasion de la sortie du film Les Derniers Jedi.

vendredi, 29 décembre 2017

Le loup au diable Vauvert

   ... mais, hélas, cela ne veut pas dire qu'il s'éloigne de nous, puisque Vauvert est une commune du département du Gard (frontalier de l'Aveyron), où la présence du loup serait en train de se développer, selon un passionnant dossier publié dans le dernier numéro de La Gazette de Montpellier :

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   (Notez que les auteurs ont suivi grosso modo les limites de l'ancienne région Languedoc-Roussillon, preuve que, du côté de Montpellier, on n'a toujours pas digéré la fusion-acquisition avec Midi-Pyrénées...)

   Sur la carte, j'ai entouré (approximativement) les zones aveyronnaises concernées. On peut regretter que les auteurs n'aient pas tenu compte d'un récent rapport de l'INRA (dont il a beaucoup été question le mois dernier), qui confirme le renforcement de la présence lupine aussi bien sur l'Aubrac que sur le Larzac... et même à proximité de Millau.

   D'ailleurs, une partie du dossier va dans ce sens. Un entretien avec José Bové évoque la sous-estimation du nombre de loups... à mon avis volontaire, pour limiter les "tirs de prélèvement". Si l'on tenait compte de la situation réelle dans les zones pastorales, on devrait autoriser l'abattage de davantage de bêtes (des loups, hein, parce que du côté de l'attaque des brebis, aucun véritable frein ne semble devoir être posé aux appétits de canis lupus lupus).

   Les amateurs de curiosité découvriront peut-être dans ce dossier une photographie prise l'an dernier sur l'Aubrac (par Manoel Atman), celle d'une louve "pleine" (c'est-à-dire sur le point de mettre bas) :

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   Et dire qu'officiellement, on continue à affirmer qu'il n'y a qu'un seul loup dans le Nord Aveyron !

   Le dossier comporte aussi deux intéressantes cartes historiques, une présentant le nombre de victimes humaines des attaques de loup, par département, entre 1271 et 1918. La seconde carte répertorie les communes où des loups ont été tués en 1796-1797... Impressionnant ! (Pour les voir, il va falloir acheter le magazine !)

   D'autres articles méritent la lecture dans ce numéro de La Gazette de Montpellier. L'un d'entre eux traite du Cévenol, le train reliant le Languedoc à Clermont-Ferrand. Un autre évoque l'histoire d'un antipoison, dont la conception a nécessité des ingrédients de provenance parfois lointaine...

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mardi, 26 décembre 2017

Qui était Fernand Forestier ?

   Ceux qui l'ignoraient ont pu l'apprendre récemment en lisant la presse aveyronnaise, tout d'abord La Dépêche du Midi, avec un article publié il y a une dizaine de jours, article repris presque mot pour mot avant-hier dans Centre Presse :

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   Originaire du Bassin (plus précisément d'Auzits, ce qui explique la diligence de La Dépêche), il est devenu gendarme. On remarque qu'il a officié en Tunisie avant d'être nommé dans le Lot, à Figeac. Ce n'est d'ailleurs pas très loin de là qu'il a été fusillé le 8 juin 1944 : à Gramat, selon la fiche (hélas entachée d'une faute) disponible sur le site "mémoire des hommes" :

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   C'est dans La Dépêche que l'on peut trouver la plus grande précision quant aux auteurs de la fusillade qui a coûté la vie à Fernand Forestier : ce sont des membres de la tristement célèbre division SS "Das Reich", qui, le lendemain, frappait à Tulle, avant de se déchaîner à Oradour-sur-Glane.

   Pour les habitants d'Auzits, ce gendarme résistant n'est pas un inconnu, puisque son nom figure sur le monument aux morts de la commune :

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   Pour la petite histoire, signalons que ledit monument a été conçu par un architecte qui avait pignon sur rue à l'époque : André Boyer. On lui doit aussi les monuments de Bertholène, Buzeins et Recoules-Prévinquières. A Rodez, il est connu pour avoir donné sa physionomie actuelle au Broussy... et pour avoir projeté de transformer la zone du Foirail, entre la place d'Armes et la gare de Paraire.

dimanche, 24 décembre 2017

Médiocrité enseignementale

   Ce n'est qu'aujourd'hui qu'une anecdote croustillante a été portée à ma connaissance, par un article de La Dépêche du Midi. Les faits se sont déroulés mercredi 13 décembre dernier. Les professeures d'une école (publique ?) de Gironde ont emmené leurs chères têtes blondes (brunes, rousses...) au cinéma, sans doute dans un but hautement éducatif.

   Il est toutefois permis d'en douter quand on sait que le film au programme était L'Etoile de Noël, une animation certes très divertissante, mais dont l'intérêt pédagogique ne saute pas aux yeux. Cela ressemble bigrement à une sortie-prétexte, histoire de ne pas avoir à faire cours une demi-journée par semaine. (Entre le transport aller, l'installation dans la salle, la durée du film, le pipi de la fin et le retour au bercail, on a bien 3 heures - 3 heures 30 d'écoulées...) Nous savons bien combien le retour à la semaine de quatre jours et demi, imposé sous le quinquennat Hollande, a suscité d'oppositions égoïstes parmi certains parents, enseignants et élus locaux...

   Rappelons que, même avec le passage de 4 à 4,5 jours de classe, les petits Français font partie des élèves européens (et même de l'OCDE) à avoir le moins de jours d'école dans l'année. Ailleurs (comme c'était la règle en France il y a quelques générations de cela, à une époque où l'école primaire remplissait mieux sa mission qu'aujourd'hui), les cinq jours complets sont de mise, mais avec un emploi du temps quotidien moins chargé. Voilà qui permet aux élèves plus lents (ou moins doués) d'assimiler les notions que les enfants favorisés arrivent à ingurgiter en quatre jours de scolarité chargés.

   Mais, en Gironde comme parfois dans l'Aveyron, l'élite enseignementale fait de la résistance... en emmenant les gamins au cinéma le mercredi... ou le vendredi, comme j'ai déjà pu le constater à Rodez. Entendons-nous bien : le cinéphile que je suis accepte évidemment que ce genre de sortie fasse partie des activités pédagogiques. C'est de plus enrichissant sur le plan culturel. Encore faut-il au préalable avoir vu le film que l'on destine aux bambins... et préparer une (plusieurs ?) séance(s) de travail en lien avec la sortie. Visiblement, ça n'a pas été le cas de ces profs girondines quelque peu pusillanimes.

   Sur la Toile, la droite identitaire s'est déchaînée, contribuant à orienter le débat sur le thème de la laïcité. Mais le véritable problème est le manque de conscience professionnelle de ces enseignantes.

   PS

   Curieusement, dans les écoles privées (catholiques), la projection de ce film n'a soulevé aucun problème, notamment dans le Morbihan (à Carentoir) et dans le Finistère (à Brest).

samedi, 23 décembre 2017

Le Dalaï-lama bientôt en Chine ?

   C'est la question que se pose (entre autres) le correspondant du Monde en Chine, Brice Pedroletti, dans un article paru il y a deux jours. Le guide spirituel des Tibétains aurait manifesté le désir de revenir en Chine... et Pékin ne s'y serait pas montré hostile. Etonnant, non ?

   Le Dalaï-lama souhaiterait se rendre sur une montagne sacrée pour les bouddhistes, qu'ils soient tibétains, chinois ou mongols : le Wutaishan. Or, cette montagne se trouve dans la province du Shanxi, dans l'est de la Chine, en dehors donc de la zone de peuplement tibétain (et donc, a fortiori, à l'extérieur de la région autonome du Tibet). Voilà qui pourrait expliquer l'accueil non défavorable des autorités chinoises.

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   Sur la carte ci-dessus, j'ai placé un losange jaune approximativement à l'emplacement du Wutaishan, dans le Shanxi. Un autre losange se trouve, dans le sud, dans la province du Yunnan, à Kunming, où l'envoyé du Dalaï-lama aurait été autorisé à se rendre. Là encore, c'est en dehors de la région autonome du Tibet et au-delà des limites du Tibet historique revendiqué par certains indépendantistes tibétains.

   Une troisième zone est coloriée en jaune : le nord-ouest de la province du Yunnan, où l'envoyé du Dalaï-lama (selon l'article) aurait aussi été autorisé à se rendre. Ici, on est toujours en dehors de la région autonome, mais à l'intérieur du "Tibet historique", dans un de ces fragments que les autorités chinoises ont disjoints du noyau tibétain pour perturber le combat politique de leurs adversaires. C'est incontestablement une faveur faite à l'envoyé du Dalaï-lama, qui est originaire de cette région. (Pour la petite histoire : on y trouve un district qui a été rebaptisé Shangri-la pour attirer les touristes...)

   Précisons que, vis-à-vis des touristes étrangers, les organismes du "pays du milieu" (comme celui-ci) continuent à présenter la région autonome comme le seul et unique territoire tibétain :

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   Pékin surveille comme le lait sur le feu ces régions tibétaines "de l'extérieur", où se sont déclenchés, en 2008, la plupart des mouvements de contestation de la domination chinoise, comme en témoigne une carte publiée naguère dans Courrier International :

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   2018 sonnera le dixième anniversaire de ces événements. Il est possible que les ouvertures faites au Dalaï-lama soient une manière de désamorcer d'éventuelles velléités de "célébration" des mouvements de protestation. Du côté du guide bouddhiste, le choix du lieu de pèlerinage pourrait être interprété comme une preuve de sa volonté de conciliation.

dimanche, 26 novembre 2017

Le Pérail sur France Info

   Cet après-midi, j'étais en train de me livrer à l'exaltante activité qui consiste à repasser du linge lorsque j'ai entendu, sur la radio publique d'information, un sujet consacré au fromage aveyronnais.

   J'ai posé le fer, lâché le linge et monté le son. Dans un premier temps, je me suis réjoui qu'une radio nationale évoque ce produit de la gastronomie aveyronnaise. Mais j'ai fini par tiquer devant quelques approximations. Elles concernent principalement l'obtention des labels AOC (au niveau français) et AOP (au niveau européen). Le journaliste les considérait comme acquises (et même depuis 2015 pour l'AOC), ce qui, sauf erreur de ma part, n'est pas (encore) le cas.

   Sur le site de l'INAO, on peut télécharger le dossier du projet d'AOP. Il était soumis à consultation publique jusqu'en mai dernier. Depuis, on n'a pas de nouvelles officielles, même si les promoteurs avaient l'espoir d'aboutir pour le Salon de l'agriculture 2018.

   Une incertitude demeure aussi concernant l'aire géographique (la zone de collecte du lait, qui induit la localisation des élevages de brebis laitières). Sur le site créé par les promoteurs du Pérail figure une zone très étendue :

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   Elle ressemble bigrement à une autre aire géographique, celle de l'AOP Roquefort, qui s'étend elle aussi sur six départements (principalement l'Aveyron, le Tarn et la Lozère, avec une portion du Gard, de l'Hérault et de l'Aude) :

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   A l'origine, cela pouvait paraître cohérent : les animaux élevés sont les mêmes (des brebis Lacaune), la région agricole aussi (les grands causses du sud du Massif Central). Mais, dans le dossier proposé à consultation par l'INAO, la zone est plus restreinte :

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   Les portions héraultaise et tarnaise sont plus petites, et l'Aude a disparu de la carte.

   Je termine par une autre approximation. Dans le reportage de France Info, une confusion (très répandue) est faite entre le Pérail, fromage au lait cru, et Lou Pérac, une marque de Lactalis (qui possède aussi Société), mais une marque d'un fromage (industriel) au lait... pasteurisé. Ce n'est pas du tout pareil !

   Je pense d'ailleurs que, derrière la démarche des éleveurs pour obtenir l'AOP, il y a la volonté de s'émanciper de l'influence de Lactalis-Société, qui domine la production de Roquefort, mais ne valorise pas suffisamment ce délicieux fromage au lait cru, selon certains éleveurs. Du coup, un petit groupe d'irréductibles (au départ) a voulu créer un nouveau produit et obtenir pour celui-ci un label qui permette d'éviter la confusion avec la marque du grand groupe. Ce projet semble sur le point d'aboutir, mais la radio publique est peut-être allée un trop peu vite en chemin.

lundi, 20 novembre 2017

Une vacherie du Salon de l'agriculture

   Une fois n'est pas coutume, hier, le quotidien aveyronnais a poussé un petit coup de gueule contre la manière dont la toute nouvelle notoriété de Haute (la vache Aubrac égérie du Salon de l'agriculture 2018) est gérée :

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   Quand je pense qu'une agence de com' est chargée de l'image de Haute... Si cela se passe comme avec Fine l'an dernier, notre vache aveyronnaise devrait tenir un compte twitter... ou quand l'apparence et le clinquant priment sur le contenu.

   Sur la même page du journal, on peut lire un vrai faux entretien avec la vache Aubrac, qui se reconnaît comme principal défaut une "tendance à ruminer un peu trop souvent" ! Presque tout l'article est du même tonneau, vraiment drôle.

   Le tout est complété par un dessin de Z'lex, qui ironise sur le statut de vedette de Haute :

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   Notons que le dessinateur officie aussi dans La Volonté Paysanne, où il lui est déjà arrivé (notamment en 2014) de caricaturer la plus célèbre bête à cornes aveyronnaise :

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mercredi, 15 novembre 2017

Cocori... meuh !

   Les spéculations allaient bon train. Depuis que l'on avait su que la figure emblématique du prochain Salon de l'agriculture serait une vache Aubrac, tout le monde se demandait quel élevage allait être distingué par le choix de l'animal (forcément photogénique).

   La logique voulait que la vache soit choisie dans le bassin d'origine de la race, à savoir la région naturelle se trouvant à cheval sur les départements de l'Aveyron, du Cantal et de la Lozère. Certes, depuis une dizaine d'années, on voit ces ravissantes bêtes à cornes dans un nombre croissant de départements français (et même à l'étranger), mais il ne pouvait être question d'ignorer le berceau de la race.

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   En Aveyron, il était non moins évident que c'était une bête locale qui devait être désignée. Même si les liens sont forts avec les voisins cantaliens et lozériens, il apparaissait logique qu'hommage soit rendu au travail de fond fourni d'abord sur le versant rouergat. Un jour, peut-être, on saura quels trésors de lobbying la mafia communauté des Aveyronnais de Paris a déployés pour soutenir une candidate issue de la Mère Patrie.

   Enfin, aujourd'hui, la décision est tombée : l'heureux élu est un GAEC situé sur la commune de Curières, voisine de Laguiole, frontalière du Cantal... et quasi-frontalière de la Lozère !

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   Comme quoi, le hasard fait bien les choses ! Il le fait d'autant mieux que cette exploitation agricole est gérée par un couple de trentenaires, un beau symbole pour une agriculture en quête de renouvellement.

   Quant à la vache, elle s'appelle Haute, un nom tout à fait adapté à cette zone de montagne.

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dimanche, 12 novembre 2017

Un simple oubli ?

   Ce ne sont que quelques lignes, perdues dans l'un des nombreux articles du Canard enchaîné paru mercredi dernier (en page 2). Que disent-elles ? Que certain-e-s député-e-s récemment élu-e-s ont eu besoin de retoucher leur déclaration d'intérêts et d'activités, accessible sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (l'une des bonnes réformes de la présidence Hollande).

   Pourquoi donc ? Eh bien, ces élu-e-s de la République ont négligé d'indiquer la profession qu'ils-elles exerçaient avant de devenir député-e-s, ce qui est pourtant une obligation, à laquelle est consacré le premier paragraphe de cette déclaration :

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   J'ai pris l'exemple d'une députée aveyronnaise, Anne Blanc, infirmière de son état, dont la fiche n'a pas été mise à jour à l'heure où j'écris ces lignes. (Nul doute que la rectification ne saurait tarder.) Le plus cocasse est que sur la page Facebook de LREM figure une publication remontant à mai dernier, présentant la candidate aux législatives comme une infirmière :

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   On va me dire que ce ne sont là que des peccadilles en comparaison du comportement de certains rentiers de la République. Certes, mais, à la fin du printemps dernier, un grand mouvement de "dégagisme" a bénéficié à de nombreux candidats LREM. Il ne faudrait pas qu'ils oublient que, désormais, les électeurs ne supportent plus les petits (et grands) accommodements de leurs élus.

   L'autre intérêt de la lecture des déclarations est de pouvoir estimer le revenu total que leur procurent leurs différents mandats. (Là encore, merci Hollande pour la loi sur le non-cumul.) Ainsi en 2016, lorsque Mme Blanc était maire de Naucelle, présidente de la communauté de communes et conseillère départementale, elle touchait environ 5 500 euros bruts par mois (presque 1 900 en tant que maire, un peu moins de 1 600 de la communauté et 2 100 du Conseil départemental). La question qui se pose est : s'y ajoutait-il un revenu au titre d'infirmière ? Si oui, comment trouvait-elle le temps de tout faire ?

vendredi, 03 novembre 2017

Y a comme un loup

   Aujourd'hui, les quotidiens aveyronnais (notamment Centre Presse et Midi Libre) se sont faits l'écho d'un rapport de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) consacré à l'étude de la compatibilité entre l'élevage ovin extensif et la présence du loup sur les grands causses aveyronnais. L'étude porte sur la majorité du territoire du PNR des Grands Causses, au total 45 communes du sud-est du département :

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   Précisons qu'au nord de la zone, seule une partie de la commune nouvelle de Sévérac-d'Aveyron est concernée : les anciennes communes de Sévérac-le-Château, Lapanouse et Lavernhe (Buzeins et Recoules-Prévinquières étant exclues).

   L'étoile verte est placée sur le territoire de la commune de Saint-Jean-et-Saint-Paul, où se trouve une unité expérimentale de l'INRA, depuis 1965. Entre l'Aveyron et l'institut, c'est donc une longue histoire d'amour... quelque peu perturbée ces dernières années par l'augmentation du nombre d'attaques dont sont victimes les ovins (trois rien qu'en avril dernier), à l'image de ce qui se passe à l'échelon national.

   D'après la version intégrale du rapport, à l'intérieur du périmètre d'étude, les attaques d'ovins et de caprins d'élevage (et le nombre de victimes) n'ont cessé de croître, depuis 2014 (date à laquelle la présence du loup en Aveyron est certifiée) :

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   Notons que les auteurs de l'étude ont eu l'honnêteté de distinguer les types d'attaques. Celles qui sont qualifiées de "loup non écarté" sont celles qui sont attribuées au loup (le contraire étant "loup écarté"). C'est important pour les éleveurs concernés, parce que cela donne droit à des indemnisations. (Mais celles-ci ne compensent pas la perte génétique d'un troupeau issu souvent de dizaines d'années de sélection, sans parler de la souffrance animale, un aspect de la question qui ne semble guère émouvoir les défenseurs acharnés du loup.) Quoi qu'il en soit, tous les types d'attaque sont en augmentation, que les responsables soient des loups, des chiens errants ou divagants. La présence de canis lupus n'est donc pas le seul problème qui se pose aux éleveurs de brebis. C'est l'occasion de rappeler que les maires sont tenus de faire appliquer le code rural, dans ce domaine comme dans les autres. C'est un aspect du problème qui, s'il ne doit pas faire oublier les dégâts provoqués le loup, est curieusement passé sous silence.

   J'ai quelque peu modifié l'histogramme du rapport de l'INRA pour permettre la comparaison de deux augmentations, celle du nombre total de victimes (en orange) et celle du nombre de victimes attribuées au loup (en rouge). C'est ce nombre-là qui connaît la plus forte hausse, peut-être parce qu'auparavant, on hésitait davantage à attribuer certaines attaques au loup. Il apparaît aussi que le nombre de victimes par attaque est en augmentation. Ce ne sont pas toutes des bêtes croquées par le prédateur ; dans le lot, on trouve notamment des brebis effrayées par la présence de celui-ci et qui se sont jetées d'un talus ou d'une falaise. (Ne rigolez pas, cela se produit plus fréquemment qu'on ne le pense. Les ovins peuvent rapidement adopter un comportement que nous jugerions irrationnel.)

   Les trois quarts des élevages d'ovins présents dans la zone ont fait l'objet de l'étude. Ce sont les plus importants (comptant chacun plus de 100 animaux reproducteurs), représentant au total plus de 98 % du cheptel ovin de la zone. En fonction de leurs caractéristiques, les élevages ont été classés en plusieurs catégories, chacune ayant été soumise à plusieurs scenarii fictifs... mais envisageables (quatre au total).

   La première conclusion importante est qu'au niveau des grands causses, une troisième zone (aveyronnaise) de présence permanente du loup est peut-être en train de se former. (Les deux premières se trouvent sur l'Aubrac et dans l'extrême-sud du département.) Dans deux communes (à Millau et Cornus), la présence du loup est considérée comme régulière. (Amis Millavois, ne vous emballez pas, le croqueur de moutons ne rôde pas dans la zone urbaine, mais dans la partie rurale de la Cité du gant, vaste de près de 170 km².) De plus, aucune des communes de la zone d'étude ne peut être considérée comme étant à l'abri d'une attaque de loup :

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   D'après la carte (ci-dessus) publiée dans la version intégrale du rapport, on s'aperçoit que seules des portions de quelques communes (en bleu) connaissent un risque faible (mais pas inexistant), la majorité du territoire étant soumise à un risque moyen (en orange), l'est du territoire (en brun) étant la zone la plus sensible... et c'est logique, puisque c'est une région limitrophe de la Lozère, département où le loup est encore plus menaçant... surtout quand des personnes mal intentionnées procèdent à un lâchage sauvage. (D'ailleurs, qu'en est-il de l'enquête à propos de cet acte délictuel ?)

   La suite de l'étude se concentre sur la viabilité (économique, écologique et sociétale) de l'activité d'élevage  selon le type d'exploitation et les mesures prises par les agriculteurs et les autorités. Les deux premiers scenarii sont fondés sur la mise en place d'une protection forte (avec clôtures, filets et chiens), les deux autres sur la minimisation du risque par une tactique de repli... quitte, dans le scenario 4, à sortir de l'AOP Roquefort !

   Les chercheurs ont effectué des simulations, aboutissant à une estimation des coûts directs (achat et entretien du matériel, des chiens, emploi de personnel supplémentaire...) et indirects (modification de l'organisation de l'exploitation, augmentation des achats de fourrage, baisse du prix du lait...), en partant du principe qu'on ne touchait pas au loup.

   Résultats ? En fonction du scénario adopté, de 25 % à 85 % des exploitations seraient désormais non viables (en incluant les aides publiques !), les scenarii de repli étant les moins "performants" sur le plan économique... avec, de surcroît les plus graves conséquences environnementales et sociétales : la fermeture de pans entiers du paysage et une perte en matière d'attractivité touristique. (Dans ces domaines, les conséquences sont aussi globalement négatives avec les scenarii 1 et 2.)

   Cependant, même avec des protections subventionnées, même avec une adaptation de l'élevage, ce sont 25 % à 40 % des exploitations qui ne seraient plus viables. Et encore, l'étude ne mesure pas l'augmentation de la pénibilité professionnelle, ni la perte d'attractivité du métier (déjà incontestable). Cerise sur le gâteau, les chercheurs sont partis du principe que, quel que soit le scénario, les mesures prises permettaient de contenir les attaques de loups...

   On en arrive donc à un constat proche de celui que faisait par exemple José Bové dès 2012 (et encore en 2015) : la progression du nombre de loups est incompatible avec le maintien d'un élevage extensif viable dans la région. Il convient donc, non pas d'exterminer, mais de limiter la présence de ce prédateur (dans une zone où il avait complètement disparu depuis 70 à 100 ans, rappelons-le)... sans oublier de lutter contre les dégâts provoqués par les chiens errants ou divagants.

samedi, 14 octobre 2017

Mauvaise santé aveyronnaise

   Ce titre pourrait sembler étrange à ceux qui suivent les questions médicales et leurs implications territoriales. En effet, l'Aveyron est plutôt connu comme un département où l'on vit bien et longtemps. C'est d'ailleurs l'un des départements français où l'incidence des cancers est la plus faible, pour les hommes comme pour les femmes :

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   C'est aussi l'un des départements où l'espérance de vie est plus élevée que la moyenne nationale : 80,2 ans pour les hommes (79 en France) et 85,5 pour les femmes (85,1 en France), en 2015. A titre d'anecdote, je précise que la statistique féminine place l'Aveyron en 20e position, alors que la statistique masculine le fait grimper à la... 12e !

   Tout cela pourrait être remis en question, si l'on en croit un intéressant article publié par les "Décodeurs" du Monde. Il est illustré notamment par une carte présentant la qualité de l'offre de santé accessible aux populations, par canton.

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   Presque tout l'Aveyron se trouve en "zone rose" (mais pas rouge), celle attribuée aux cantons où l'offre de soins de proximité est médiocre voire faible. C'est le cas de la majorité de l'espace rural, à l'exception notable d'une partie des Alpes et des Pyrénées. Les agglomérations les plus peuplées semblent concentrer l'offre abondante et de qualité...

    Mais affinons l'analyse. A y regarder de plus près, on remarque d'assez grandes disparités au sein même de l'Aveyron :

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   Certaines zones sont en bleu (clair), signe que l'offre de soins doit y être correcte. Il s'agit des cantons urbains de Rodez, Millau, Decazeville (et sans doute Saint-Affrique), mais aussi des (anciens) cantons ruraux de Saint-Chély-d'Aubrac, Laguiole et Salles-Curan.

   La situation est plus inquiétante pour Estaing et Cornus (en rose foncé)... et guère plus rassurante pour les autres cantons aveyronnais. On notera que la présence d'un hôpital à Villefranche-de-Rouergue ne semble pas avoir un impact aussi positif que dans les autres villes hospitalières rouergates.

   Problème supplémentaire pour l'Aveyron : la région Midi-Languedoc ne fait pas partie des mieux équipées pour traiter certaines pathologies, comme les cancers :

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   A l'échelle nationale, certaines zones semblent plus souffrir encore que l'Aveyron, notamment dans l'Ouest. La carte démontre néanmoins que, pour disposer d'une bonne offre de soins de proximité, il vaut mieux habiter un canton situé dans une grande aire urbaine. Voilà de quoi nourrir la réflexion et l'action des politiques de tout bord.

mardi, 26 septembre 2017

Le coin des copieurs

   C'est le titre d'une rubrique intermittente du Canard Enchaîné, quand l'un des journalistes du Volatile repère un emprunt non sourcé de l'un des ses confrères. Toutes proportions gardées, j'ai eu l'impression de me retrouver dans la même situation ce matin, à la lecture de l'une des "Pitonneries" de Centre Presse, sous le titre "Gazon maudit" :

CPresse 26 09 2017.jpg

   Il est sans doute inutile de rappeler aux lecteurs de ce blog que c'est dès jeudi dernier (il y a cinq jours, donc) que j'ai évoqué la mésaventure du député aveyronnais. Au passage, l'immodestie dont il a fait preuve au micro de Guillaume Meurice (et pas Meurisse, hein... ce n'est pas le petit-fils de Paul) se comprend si l'on considère la manière dont la majorité des députés pratiquent le football...

   Allez, sans rancune les gars, puisque vous me lisez !

jeudi, 14 septembre 2017

Macron et les "fainéants"

   La polémique née d'une formule extraite d'un discours prononcé par Emmanuel Macron devant l'Ecole française d'Athènes est révélatrice de la mauvaise foi (ou de l'inculture) de certains commentateurs politiques... et des médias qui leur font écho. (Le lien précédent mène à une version qui resitue la phrase dans son contexte.)

   Prenons un peu de recul. Le président de la République française s'est rendu en Grèce, le maillon faible de la zone euro, gouverné par Alexis Tsipras, un (ex ?)gauchiste qui tente de réaliser depuis deux ans la quadrature du cercle : concilier les aspirations de son électorat avec les exigences de l'UE... et le merdier laissé par ses prédécesseurs. Même s'il n'est pas de la même sensibilité qu'Emmanuel Macron, il peut avoir besoin de son appui au moment de négocier avec la Commission européenne et le FMI. De son côté, le président français est en quête de tous les soutiens possibles pour tenter d'infléchir la politique communautaire sans susciter les foudres allemandes.

   Au passage, la polémique a fait disparaître des écrans-radars le précédent discours d'E. Macron, très enlevé, qu'il a prononcé sur la colline de la Pnyx, le lieu où jadis se réunissait l'Ecclésia, l'assemblée des citoyens athéniens. C'est un éloge vibrant de la construction européenne, éloge qui n'interdit pas la critique. Le président français y lance aussi une petite pique contre les anciens dirigeants grecs et défend la souveraineté contre les souverainistes.

   Mais, depuis plusieurs mois, il semble qu'on tente d'habituer le public à ne garder en mémoire que de courtes formules sorties de leur contexte. Ainsi, le terme de "fainéants" a été tordu pour être retourné contre Emmanuel Macron. La phrase d'origine est : "Je ne cèderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes." Alors que les deux derniers termes désignent ouvertement certains de ses adversaires politiques, il s'est trouvé des commentateurs pour faire semblant de croire que le premier terme ("fainéants") s'adressait à une tout autre catégorie de personnes, à savoir les chômeurs et les travailleurs modestes.

   Il faut dire que l'actuel président (et ancien ministre) est une cible facile pour les déformateurs professionnels. Ce n'est pas un démagogue et il a parfois la langue qui fourche : il est maladroit (mais pas haineux, contrairement à nombre de ses adversaires)... et ne recule pas devant une formule qui risque de soulever une polémique. On l'a vu avec les employées de Gad, qualifiées (mais pas insultées) d'illettrées, soulignant que c'était un frein à leur reconversion. Les réactions outragées ont confondu illettrisme et analphabétisme. Or, tous ceux qui ont un tant soit peu étudié le marché du travail savent que l'un des principaux handicaps de certains chômeurs est leur manque de culture générale et leur difficulté à comprendre (et non pas déchiffrer) un texte.

   Quelques mois plus tard, c'est une altercation à Lunel qui a été montée en épingle. Là encore, de courts extraits ont été choisis plutôt pour nuire au ministre. Je conseille d'aller regarder (et écouter) une séquence (non coupée) d'environ 20 minutes, beaucoup plus révélatrice. Le type âgé qui accroche E. Macron est de toute évidence un partisan de J-L Mélenchon, qui tente de se faire passer pour un Français ordinaire et coupe régulièrement la parole au ministre. Quant au jeune homme qui l'accompagne, il semble très frustre et c'est lui qui interpelle E. Macron sur son costume (vers 2 min 25), s'attirant en réponse la remarque du ministre, qui jaillit comme une réplique de défense face à une attaque inattendue.

   Cela nous ramène aux "fainéants" du récent discours en Grèce. En réalité, quiconque suit un peu la vie politique française depuis quelques années sait que ce terme ne désigne pas des travailleurs modestes, pas plus que des chômeurs. Dès 2015, Emmanuel Macron l'a utilisé pour s'en prendre à une gauche bien-pensante et adepte de la politique politicienne. A travers ce terme, c'est la paresse intellectuelle qu'il dénonce. Mais, comme de nombreux journalistes sont des partisans de cette gauche-là (ou trop fainéants pour effectuer des recherches de base ?), ils se gardent bien de le rappeler à leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs, préférant laisser le populisme prospérer sur l'ignorance.

mardi, 29 août 2017

Une rentrée sans faute ?

  C'est la question que je me suis posée en regardant la page d'accueil de mon "quotidien de référence" :

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   Vous ne remarquez rien  ? Laissez-moi vous aider :

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   Juste au-dessus du crâne du ministre, on peut voir la date de la leçon donnée dans cette école primaire d'outre-mer. Le nom du mois (août) est écrit sans l'accent circonflexe... un comble quand on se rappelle que l'une des principales missions de l'école est d'enseigner la lecture et l'écriture du français !

   J'entends certains mauvais esprits dire que l'enseignant-e ne fait là qu'appliquer les consignes de la prédécessrice de Jean-Michel Blanquer, Najat Vallaud-Belkacem, qui  a voulu remettre au goût du jour la pseudo-réforme de l'orthographe dont presque plus personne ne voulait. L'accent circonflexe fut l'objet de débats particulièrement animés. Contre l'évidence et l'histoire de la langue française, le ministère prône l'abandon dudit accent sur le i et le u (sauf exception).

   Pourtant, cet accent est porteur de sens. Il témoigne (comme nombre d'accents présents en français) de l'origine du mot, comme le précise le Trésor de la langue française (qui ne reconnaît que la graphie "août") : le latin augustus (que l'on retrouve dans l'anglais August), devenu agustus, le premier s finissant par disparaître pour laisser place à l'accent circonflexe.

   Le plus cocasse est que le/la journaliste qui a légendé la photographie (dans la version accessible aux abonnés) a appliqué l'ancienne règle, puisque le nom du mois (encadré en rouge sur la seconde illustration) est écrit avec l'accent ! Jean-Michel Blanquer, qui semble vouloir jeter par la fenêtre l'héritage (très contestable) de sa prédécessrice, ferait bien d'étendre le nettoyage d'été à l'enseignement de l'orthographe.

vendredi, 11 août 2017

Conte d'épicier

   Il était une fois un jeune épicier d'ascendance ifriquienne, qui installa son commerce dans la capitale des Rutènes. Il y avait trouvé un bon emplacement et pensait y attirer de nombreux chalands. Ouvert le jour de repos saint, l'épicier permettait à certains indigènes du bourg de croiser des personnes qu'ils n'auraient jamais côtoyées ailleurs. Ces personnes venaient chercher à l'épicerie des produits exotiques ou conformes à ce qu'elles croyaient être la morale religieuse.

   Le commerce du jeune épicier connut le succès, qui l'incita à s'agrandir dans la rue du Général. Quelques années à peine après son installation, son activité atteignait les 470 000 ducats. Six années plus tard, elle culminait à presque 680 000 ducats.

   C'est alors que la foudre frappa pour la première fois l'épicier. Le Grand Echevin de la capitale des Rutènes décida de réaménager la rue du Général. Le commerce exotique était voué à disparaître. Mais l'épicier ne fut pas abandonné pour autant. Le Grand Echevin, magnanime, lui accorda une compensation de 110 000 ducats.

   Contraint de quitter les lieux, le jeune épicier ne voulut pas lâcher la proie pour l'ombre. Il se mit en quête d'un nouvel emplacement, qui fût aussi propice que le précédent à sa lucrative activité. La tâche n'était pas aisée, si bien que le pacte signé avec le Grand Echevin arrivait à son terme sans qu'une solution fût trouvée. Dans son malheur, le jeune épicier bénéficia de la bienveillance du Seigneur des Rutènes, qui prolongea de cinq mois la validité du pacte.

   Peu avant le terme ultime, l'épicier crut trouver son bonheur. Dans la Châtellenie voisine de la capitale des Rutènes, un autre commerce avait baissé le rideau, sans que quiconque se fût jusqu'à présent montré intéressé par l'emplacement. L'épicier se manifesta auprès des autorités et, après moult négociations, parvint à un accord avec le propriétaire des lieux.

   Deux mois plus tard, la foudre frappa une nouvelle fois l'entrepreneur. Il reçut une missive des autorités de la Châtellenie : l'accord qu'il avait signé n'était plus valable ! Par un curieux effet du Destin, les autorités de la Châtellenie venaient de décider d'acquérir l'emplacement convoité par l'épicier, pour y construire des Logements du Peuple. Ce projet causa quelque étonnement parmi la population, l'emplacement étant depuis des années voué à l'activité commerciale, tout comme les autres parcelles situées autour de la place. Par un autre effet du Destin, quelques semaines auparavant, l'Echevin Principal de la Châtellenie avait obtenu de pouvoir préempter un bien jusqu'à une valeur de 800 000 ducats. D'aucuns ne voient aucun lien entre ceci et cela, mais le jeune épicier se retrouve fort marri.

samedi, 08 juillet 2017

L'épée de Simone Veil

   J'ai lu le numéro de Paris Match de cette semaine, dont une grande partie est consacrée à la vie de Simone Veil, une femme qui a bien mieux incarné la République française que les silhouettes choisies comme modèles du buste de Marianne.

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   Dans ce numéro, les moins âgés d'entre nous découvriront des photographies de celle qui fut une ravissante jeune femme, au caractère déjà bien trempé. On lira avec profit des témoignages de la période de déportation... et un intéressant reportage, datant de l'époque où elle retourna à Auschwitz, avec ses petits-enfants. Les autres papiers, portant sur sa vie professionnelle et sa carrière politique, n'apprendront pas grand chose à la plupart des lecteurs.

   Ma curiosité a été éveillée par une photographie, située page 69 :

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   Lorsque l'ancienne ministre avait été élue à l'Académie française,en 2008, je n'y avais guère prêté attention. Et pourtant, la structure de l'épée qui lui a été offerte mérite le détour. (Rappelons que, selon le site de l'Académie, cet accessoire n'est pas obligatoire pour les dames... une tradition sexiste contre laquelle la militante féministe ne pouvait que s'élever.)

   On ne s'étonnera pas que, sur la lame, les devises française et européenne se côtoient. Guère surprenante non plus est la présence de deux mains entrelacées (symbole de réconciliation entre les peuples) au sommet de l'épée. C'est la garde qui présente le plus d'originalité. On y distingue un visage de femme, entouré du nom "Birkenau" et d'un nombre, 78651.

   Le nom fait évidemment référence à l'un des trois camps d'Auschwitz, celui d'extermination, où Simone Jacob fut déportée adolescente en 1944. Le numéro n'est autre que le matricule qui fut tatoué sur son bras gauche. Rappelons que le site d'Auschwitz fut le seul où ce type de "marquage" a été pratiqué.

vendredi, 23 juin 2017

Le griffon automobile

   On connaît le griffon, animal mythologique, généralement représenté sous la forme mi-aigle mi-lion. Il est devenu le symbole d'une marque automobile britannique, Vauxhall. Les spectateurs attentifs de France 2 ont pu noter sa présence lundi dernier, quand a été diffusé l'épisode 6 de la sixième saison de la série Meurtres au paradis (la deuxième partie de "Un homme à la mer") :

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   Exceptionnellement, cet épisode double a été tourné en partie au Royaume-Uni, où s'est poursuivie l'enquête débutée dans les Caraïbes (tournée en Guadeloupe). Il faut y voir comme un symbole de l'alchimie franco-britannique qui fait le succès de cette série.

   En effet, le nom de la marque (Vauxhall) a une origine française. Foulques de Bréauté était un chevalier normand des XIIe-XIIIe siècles, installé à la cour d'Angleterre. Le domaine qu'il occupait, à proximité de Londres, prit son nom : Falkes' (Fawkes') Hall. Les armoiries normandes devaient être présentes en ces lieux. Il n'est donc pas étonnant qu'elles aient inspiré l'emblème de l'entreprise automobile qui se développa des siècles plus tard, dans ce qui était devenu un quartier londonien.

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   L'histoire industrielle de l'Europe nous a récemment fait un petit clin d'oeil. En raison de l'achat d'Opel par le groupe PSA, la marque Vauxhall se retrouve désormais sous pavillon français !

jeudi, 15 juin 2017

Imbroglio dans la deuxième circonscription aveyronnaise

   Le premier tour des élections législatives a donné lieu à quelques surprises, dans l'Aveyron comme ailleurs. La deuxième circonscription, qui s'étend sur l'ouest du département, occupe une place à part. C'est la seule dont le titulaire ne se représentait pas, la députée socialiste Marie-Lou Marcel ayant choisi de soutenir la candidature de l'ex-PRG désormais LREM Anne Blanc.

Circonscriptions.jpg

   Dimanche dernier, celle-ci est arrivée en tête, loin devant celui qui, avant le scrutin, pouvait faire figure de favori, le gaulliste André At, un des piliers de la majorité de droite du conseil départemental. Très vite, il a annoncé son abandon, une attitude qui a suscité beaucoup de critiques, y compris dans son camp.

   Étant issu du milieu agricole, M. At devrait pourtant savoir qu'il faut attendre la fin de la foire pour compter les bouses. Là, il semble avoir piqué une petite crise (de dépit ?) et il est reparti, fier comme Artaban, dans sa bétaillère. Dans son camp, nombreux sont ceux qui pensent qu'avec un sursaut de participation, le second tour était jouable. De toute manière, il n'est pas convenable qu'un élu de la République traite aussi cavalièrement le suffrage universel.

   Du coup, le troisième du premier tour, Pascal Mazet (de La France insoumise), s'est senti pousser des ailes. Il a pensé pouvoir être repêché pour le second tour, comme deuxième candidat. Le tribunal l'a vite ramené sur terre, ce que le candidat conteste, à tort à mon avis.

   Voyons ce que dit le Code électoral à ce sujet (article L162) :

Second tour candidature.jpg

  Or, ni André At (arrivé deuxième) ni Pascal Mazet (arrivé troisième) n'atteignent le seuil de 12,5 % des inscrits : ils ont obtenu respectivement 11,62 % et 9,28 % (soit un peu moins de 6 500 voix pour P. Mazet). Le tribunal administratif s'est donc contenté d'appliquer la loi (il n'y a pas de "vide juridique", contrairement à ce qu'affirme P. Mazet) et, aussi étrange cela puisse-t-il paraître, une seule candidate sera donc présente dimanche prochain au second tour : Anne Blanc. La situation n'est pas si exceptionnelle qu'il y paraît. A chaque élection se jouant au scrutin majoritaire (législative, départementale), il arrive qu'un-e candidat-e qualifié-e pour le second tour jette l'éponge. Dans l'Aveyron, c'est rarissime, d'où peut-être l'étonnement de certains. Mais c'est ainsi que les choses se passent, conformément à la loi, depuis des dizaines d'années.

   Plutôt que de s'en prendre à la justice française, Pascal Mazet devrait plutôt déplorer l'attitude pusillanime d'André At et, surtout, le manque de constance civique des électeurs de La France insoumise. En avril dernier, au premier tour de la présidentielle, comme le montre une carte publiée par Le Monde, Jean-Luc Mélenchon était arrivé en deuxième position dans la circonscription ouest-aveyronnaise :

Aveyron résultats.jpg

   Ce genre de représentation a nourri les fantasmes de beaucoup de candidats (du FN et de LFI notamment). P. Mazet pouvait espérer récolter entre 10 000 et 12 000 voix. Pour que cela se vérifie, il aurait fallu que la participation soit aussi forte aux législatives qu'à la présidentielle et que la répartition des voix suive la même ventilation. Or, ceux qui ont voté pour tel candidat à la présidentielle n'ont pas forcément eu envie de voter pour un candidat du même bord aux législatives. Il y a un effet personnel important. Au lieu de crier à l'injustice, P. Mazet ferait mieux de réfléchir aux causes de son score mitigé.

lundi, 12 juin 2017

Branlée aveyronnaise

   Le résultat du premier tour des législatives dans l'Aveyron confirme l'adhésion (volontaire ou par défaut) d'une grande partie de l'électorat à ce qu'il faut bien commencer à appeler le "macronisme". Elle démontre aussi la perte de crédibilité des partis traditionnels... mais pas que.

   Commençons par la première circonscription, qui s'étend de Rodez à l'Aubrac. Le sortant Yves Censi réalise son pire score de premier tour, avec moins de 10 000 voix, dépassant à peine le seuil de 12,5 % des électeurs inscrits. En 2002, année de sa première victoire, il avait recueilli plus de 12 000 voix (16,7 % des inscrits), alors que la droite était profondément divisée. En 2007, année du sarkozysme triomphant, il culmine à 17 414 voix (23,3 % des inscrits). En 2012, face à la vague hollandienne (mais avec moins de concurrents sérieux à droite), il avait atteint le pic de 19 487 voix (près de 26 % des inscrits !).

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   Derrière la victoire qui se profile pour Stéphane Mazars, il y a clairement un désaveu du député sortant. De son côté, l'avocat multicarte (adjoint au maire de Rodez, conseiller d'agglomération et conseiller départemental...) a presque triplé son score de 2012, passant de moins de 7 000 à presque 20 000 voix. Il faut dire que cela fait un petit moment que l'on sentait que la circonscription pouvait basculer à gauche. En 2012, il n'avait pas manqué grand chose à Monique Bultel-Herment. Le paradoxe est que le lent travail des candidats PS (Christian Teyssèdre inclus) a finalement bénéficié au coucou PRG, qui arrive en tête dans 56 communes, contre seulement 14 pour Yves Censi. Laguiole est un symbole éclatant, qui a accordé 62 % des suffrages à Mazars, contre 24 % à Censi, qui a perdu environ 170 voix par rapport à 2012, son adversaire en ayant gagné une centaine.

   Un autre enseignement de ce scrutin est le mauvais score du candidat Front national : alors que l'époque était porteuse, Matthieu Danen recueille moins de voix que Jean-Guillaume Remise il y a cinq ans (3 232 contre 3 990) et à peine plus que la peu connue Marie-Claire de la Sayette en 2002 (2 973 voix). On appelle ça une jolie claque.

   Dans la deuxième circonscription (à l'ouest), la maire de Naucelle Anne Blanc, présidente du Pays Ségali et conseillère départementale (joli cumul), est sur le point de réussir son pari, soutenue par la députée sortante, Marie-Lou Marcel, une ex-frondeuse qui a senti le vent macronien souffler, assez puissamment pour que cela lui fasse retourner sa veste. Pour son principal adversaire, André At, c'est un coup dur. Il recueille à peine plus de 8 000 voix, contre environ 12 400 pour son ancien collègue Laurent Tranier en 2012, 19 000 pour Serge Roques en 2007, 17 000 pour le même en 2002. Le vice-président du conseil départemental est sous la barre des 12,5 % des inscrits. Seule sa deuxième place lui permet de participer au second tour.

   La situation semble moins compromise pour Arnaud Viala dans la troisième circonscription (grosso modo le Sud Aveyron). Il arrive en tête, avec 14 525 voix, soit environ 3 500 de plus que lors de la législative partielle de 2015... mais cela reste le plus mauvais score du candidat de la droite départementale à un scrutin législatif "normal" (organisé l'année de l'élection présidentielle) depuis 20 ans. Le pire est que le ballottage lui est imposé par un quasi-inconnu dans la région, Jean-Louis Austruy (à ne pas confondre avec le communiste Jean-Claude Austruy), doté de la miraculeuse étiquette "La République en Marche". Avec 13 122 voix, celui-ci est sur les talons du député sortant, ce que personne n'imaginait il y a encore une semaine. Va-t-on assister à une énorme surprise dans cette circonscription la semaine prochaine ? La réponse est en partie entre les mains des abstentionnistes.

   Je termine par "le troisième homme" de ces élections : le(la) candidat(e) de la France insoumise, qui est arrivé troisième dans chaque circonscription, en général assez loin des deux premiers (et des 12,5 % des inscrits, qui lui auraient permis de se maintenir au second tour)... sauf dans la deuxième circonscription : Pascal Mazet ne rend que quatre points à André At. C'est tout de même très en retrait par rapport aux scores réalisés par Jean-Luc Mélenchon dans les trois circonscriptions en avril dernier : respectivement 17,16 %, 22,05 % et 20,05 % des suffrages exprimés. Néanmoins, Pascal Mazet est arrivé en tête à Aubin, Cransac, Decazeville et Viviez. Cela promet pour les municipales de 2020 !

   P.S.

   Dernière minute : André At se retirerait de la course !

jeudi, 25 mai 2017

L'affaire Richard Ferrand

   La bombinette lâchée hier par Le Canard enchaîné a fait son petit effet. A un moment où une grande partie de l'électorat français compte sur Emmanuel Macron pour moraliser la vie politique de notre pays, l'affaire, pour peu importante qu'elle soit sur le plan financier, revêt une grande importance symbolique.

   Commençons par la partie annexe de cette affaire : l'emploi du fils comme assistant parlementaire. Cela a parfois été mis sur le même plan que les agissements de François Fillon. Comparons les deux cas. Richard Ferrand a trois enfants prénommés Emile, Louise et Rose. D'après Le Canard enchaîné, le premier a fait office d'assistant parlementaire pendant quelques mois, en 2014, pour un salaire brut total inférieur à 9000 euros.

   On a plus de détails sur le site Francetvinfo : le fiston a travaillé quatre mois pour son père et a touché au total moins de 7000 euros nets. Cela ressemble à un salaire réel, même si (restons soupçonneux jusqu'au bout) il conviendrait de vérifier que le fils du député a bien effectué ce pour quoi il était payé. A titre de comparaison, rappelons que, d'après Le Canard enchaîné du 1er février dernier, celui qui était entre 2005 et 2007 sénateur de la Sarthe a employé sa fille aînée Marie pendant 15 mois et son fils cadet Charles pendant presque 6, le tout pour un travail dont la réalité est contestée. De surcroît, ces rejetons ont été extrêmement bien payés (mieux que la plupart des assistants chevronnés). La fille a touché au total presque 60 000 euros (bruts), le fils un peu plus de 25 000. C'est surtout cette somme que l'on peut comparer aux émoluments d'Emile Ferrand : pour un travail (présumé) équivalent, il a touché presque trois fois moins.

   Il reste que, de la part d'une personne qui, par la suite, a condamné les pratiques de François Fillon, cela fait un peu tache. Ceci dit, il n'est pas impossible que l'excuse avancée par Ferrand soit parfaitement juste : en raison d'un surcroît de travail à sa permanence, il a eu un besoin urgent de main-d'oeuvre supplémentaire, une main-d'oeuvre en laquelle il puisse avoir entièrement confiance. Le fait qu'à l'époque son fils de 23 ans fût sans emploi a peut-être fait pencher la balance...

   En tout cas, c'est une raison plus vraisemblable -et moins méprisante- que celle avancée par un membre du cabinet du ministre. Fort heureusement, dès hier, Richard Ferrand a condamné ces propos sur son blog. Je pense que, si cette déclaration a bien eu lieu dans les termes rapportés par Francetv, il faut que son auteur soit sanctionné. De la part de celui-ci, ce n'était peut-être que de la maladresse (due à la nécessité de trouver une réponse rapide à une question imprévue)... ou bien, à l'image de ce que l'on reproche parfois aux militants d'En Marche ! (souvent diplômés voire très diplômés), la nouvelle manifestation d'une sorte de complexe de supériorité.

   Le point positif de l'histoire est qu'elle pourrait contribuer à faire inscrire dans la (future) loi l'interdiction, pour un-e parlementaire, d'employer un proche comme assistant.

   Le deuxième versant de l'affaire Ferrand touche sa compagne avocate. C'est celui qui prête le plus à polémique. Sur le fond, il n'est pas surprenant qu'une mutuelle décide de passer par une SCI pour louer un local qu'elle ne souhaite pas acheter. C'est une procédure courante dans plusieurs branches de l'économie. Ma curiosité a été piquée quand j'ai appris que la SCI liée à la compagne de Richard Ferrand avait été fondée après que le marché lui avait été attribué. Aux profanes, cela apparaîtra totalement invraisemblable, mais, dans ce secteur, ce n'est pas une pratique exceptionnelle. Il reste que la SCI SACA devait avoir bouclé au préalable son plan de financement. Pour en être sûr, il faudrait consulter son dossier de candidature (de 2010-2011) auprès des Mutuelles de Bretagne.

   Un autre point surprenant (relevé par Le Canard) est l'actionnariat de la SCI : 99 % des parts détenues par la compagne de R. Ferrand, 1 % par... un Aveyronnais (Serge C, un architecte, je crois). Au vu de la répartition du capital, il semble que cet ami du couple n'était là que pour "faire le deuxième". S'il s'avère que le conseil d'administration des Mutuelles de Bretagne était bien informé de l'implication de l'épouse dans la SCI, il semble que la ventilation du capital lui était inconnue : dans un reportage de France 3 Bretagne, l'actuel président du conseil d'administration, Rémy Salaun (par ailleurs militant communiste, donc pas suspect de macronphilie exacerbée) déclare "Il nous avait annoncé que sa femme détenait des parts dans cette SCI"... mais pas 99 %, visiblement. Cerise sur le gâteau (toujours selon Le Canard enchaîné), l'ami aveyronnais aurait revendu sa part de Saca à... l'une des filles (Louise) du couple Doucen-Ferrand. Bien que tout ait été fait dans les règles, il y a de quoi tiquer : on serait tenté de penser que l'ami aveyronnais a joué le rôle de facilitateur dans une combine légale.

   Quelques mots sur l'exploitation de l'affaire, pour terminer. Quelques personnes mal informées ou mal intentionnées  tentent d'exploiter les déboires du ministre. C'est ainsi qu'apparaissent des déformations : ce ne serait pas un membre du cabinet, mais Richard Ferrand lui-même, qui aurait tenu les propos méprisants sur les jeunes de Bretagne. Autre invention : l'actuel ministre aurait "fait acheter" aux Mutuelles de Bretagne le bien de sa compagne. Or, il n'avait pas voix au chapitre. Ce sont d'autres personnes que lui qui ont procédé au choix, en 2011. La vraie question qui demeure (à supposer qu'il y ait un doute) est la suivante : en 2011, la compétition a-t-elle été juste entre les trois offres ? (Ou, si vous préférez : l'offre de la Saca a-t-elle été la "mieux-disante" sans avoir accès à celles de ses concurrents ?)

   P.S.

   Ici ou là, on peut lire divers propos à propos de l'opportunité de la publication des détails de l'affaire. Certains affirment que Le Canard enchaîné était au courant depuis plusieurs mois et que, dans un premier temps, la rédaction a décidé de mettre le paquet contre François Fillon puis de ne pas gêner la candidature Macron contre Le Pen. Par contre, l'hebdomadaire penchant tout de même plutôt à gauche, il chercherait à mettre des bâtons dans les roues du nouvel exécutif, pour empêcher La République en marche d'obtenir seule la majorité absolue des députés.

   L'autre hypothèse est que des langues ne se sont déliées que récemment (après la nomination de Richard Ferrand dans le gouvernement Philippe) et que Le Canard utilise cette histoire pour faire comprendre au nouveau pouvoir que, s'il a dézingué certains de ses adversaires, il ne va pas le faire bénéficier d'un traitement de faveur pour autant.

mercredi, 10 mai 2017

Macron envoie val(l)ser Manuel

   L'ancien Premier ministre de François Hollande a essuyé un refus poli de la part de "La République en marche", le nouveau parti d'Emmanuel Macron. Visiblement, celui-ci ne souhaite pas qu'il porte ses couleurs à l'occasion des prochaines élections législatives. Curieux, alors que, durant la campagne présidentielle, Manuel Valls avait fait comprendre à plusieurs reprises qu'il penchait davantage du côté d'Emmanuel Macron que de celui de Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire à gauche qu'il s'était pourtant engagé à soutenir. C'est de plus un tenant de la ligne sociale-libérale, susceptible de fédérer un bon paquet d'élus PS désireux de soutenir l'action politique du nouveau président de la République.

   Mais voilà. Aujourd'hui, à gauche, Manuel Valls a l'image du traître qui lui colle à la peau (comme Nicolas Sarkozy en son temps, lorsqu'il avait laissé tomber Jacques Chirac pour Edouard Balladur). De surcroît, il porte sur ses épaules une partie du bilan du quinquennat Hollande. Pour Emmanuel Macron, qui tente d'éviter de passer pour l'héritier de celui-ci et qui ambitionne de changer la façon de faire de la politique, accepter l'allégeance de l'ancien Premier ministre serait contre-productif... pour l'instant. A gauche, certains ajoutent que Macron, c'est Valls en mieux et que ce dernier a été quelque peu ringardisé par l'ascension du premier.

   Et puis, parfois, le diable se niche dans les détails. Manuel Valls n'est-il pas quelque peu "démonétisé", sur le plan politique ? Si, dans son département d'implantation (l'Essonne), Emmanuel Macron est bien arrivé en tête au premier tour (et l'a très largement emporté au second), tel n'est pas le cas dans la première circonscription législative, celle du député Manuel Valls. Les 26-27 avril derniers, Le Monde a publié une passionnante carte, progressivement enrichie, des résultats du premier tour de la présidentielle appliqués aux circonscriptions législatives. En voici un extrait :

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   J'ai entouré la première circonscription, qui apparaît en rouge rosé, signe que c'est le candidat Mélenchon qui est arrivé en tête, avec 25 à 30 % des suffrages exprimés. Le losange indique qu'il y a risque de quadrangulaire, avec En marche, le FN et LR. Le PS serait largué. Ça, c'est dans la version papier de l'article. Dans la version numérique, la supposition est autre :

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   Les auteurs voient plutôt un duel (au second tour de la législative) entre le candidat mélenchoniste et celui de "La République en marche", les deux autres ne pouvant se maintenir. A posteriori, cela permet de comprendre pourquoi Manuel Valls met un tel acharnement à se présenter sous les couleurs macronistes plutôt que sous celles du PS. D'un autre côté, on comprend pourquoi "La République en marche" voit la candidature Valls presque comme une gêne.

   Pour le confirmer, intéressons-nous aux résultats de la présidentielle dans la commune d'Evry, dont l'ancien Premier ministre fut maire pendant onze ans. Au second tour, sans surprise, ce fut un triomphe pour Emmanuel Macron. Mais au premier, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était (largement) arrivé en tête, devant Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon, Benoît Hamon étant distancé. Au niveau des inscrits, seuls les deux premiers dépassent les 12,5 %, le seuil pour se maintenir au second tour. Etendue à l'ensemble de la circonscription (qui comprend aussi Corbeil-Essonnes, au profil identique), l'analyse permet d'arriver à la conclusion qu'un candidat "insoumis" pourrait être en mesure de damner le pion à Manuel Valls en juin prochain... surtout si celui-ci n'a pas le soutien du nouveau président de la République. En revanche, un candidat estampillé "La République en marche" moins clivant peut espérer l'emporter au second tour contre le mélenchoniste, grâce aux reports de voix.

samedi, 15 avril 2017

Le Breton de Macron vient d'Aveyron

   Présent dans l'ombre jusqu'au troisième trimestre 2016, Richard Ferrand est depuis passé sous les projecteurs. Le secrétaire général du mouvement d'Emmanuel Macron (En Marche !) est né à Rodez, une information qui circulait déjà dans la presse aveyronnaise, sans que cela suscite davantage de développement.

   Dès novembre dernier, dans Libération, on a pu lire un portrait du député PS du Finistère. Sans guère s'attarder sur la biographie de Richard Ferrand, la journaliste détaille le passage de l'authentique homme de gauche du côté de l'ex-banquier social-libéral. Elle évoque ses relations avec ses collègues socialistes et les tiraillements que le penchant libéral de Macron peut provoquer.

   A la fin de mars 2017, ce fut au tour du Monde d'évoquer le parcours de Richard Ferrand. Sa biographie est un peu plus détaillée, avec la précision de sa naissance à Rodez. L'article parle davantage de la cuisine interne d'En Marche, notant la forte présence de jeunes très diplômés. Mais le plus intéressant est la confiance absolue qui semble régner entre les deux hommes (Ferrand et Macron), le premier servant visiblement de "doublure" au second, dans nombre de meetings de Province.

   Le 9 avril dernier, il était l'un des deux invités de l'émission Questions politiques, sur France Inter. Dès le début, il a été accueilli par un portrait (de Carine Bécard) pas franchement cire-pompes (mais courtois). Cela m'a un peu rappelé une ancienne matinale (en février dernier, je crois), sur la même radio : le désormais candidat Macron n'avait pas été traité avec des gants. (De manière générale, on sent que, sur la radio publique, les journalistes et animateurs hésitent entre Hamon et Mélenchon...) De surcroît, par un curieux hasard, au cours de ladite émission, aucun des auditeurs qui sont passés à l'antenne n'était favorable à Emmanuel Macron...

   Mais revenons à Richard Ferrand. Sur France Inter, il m'est apparu assez balancé, faisant l'éloge des militants et des élus locaux du PS, mais pointant l'inefficacité (il aurait pu dire la médiocrité) de sa direction. Derrière son propos, il y a clairement l'idée que, si l'on veut une gauche de gouvernement (c'est-à-dire si l'on reste sur la démarche qui a été celle de François Mitterrand, qui a sorti les socialistes du ghetto d'opposition où certains voudraient les ramener aujourd'hui), c'est Emmanuel Macron qu'il faut soutenir. Il n'a toutefois pas été très convaincant sur la question portant sur la centralisation du mouvement En Marche ! Il est clair que, sans Macron, le mouvement ne signifie plus grand chose. Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, la démarche d'Emmanuel Macron n'est pas sans rappeler celle du Charles de Gaulle de la IVe République, au-dessus des partis, avec un RPF que l'on pouvait rejoindre tout en adhérant à un autre parti.

   Toujours sur France Inter, Richard Ferrand a été pertinent sur plusieurs sujets : la vague de ralliements à Emmanuel Macron, sa future (éventuelle) majorité parlementaire, la désignation des candidats et la montée (dans les sondages) de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier sujet nous a valu un petit moment d'humour, en raison du lapsus commis par Richard Ferrand (qui ne s'est pas démonté) :


podcast

   De manière générale, j'ai apprécié le calme et la pondération du secrétaire général d'En Marche ! On est loin de l'excitation, de l'aigreur et des mensonges de nombre des concurrents d'Emmanuel Macron.  

   Il manquait à notre connaissance des informations locales. Elles nous ont été fournies cette semaine, dans un bon article de Centre Presse. On y apprend ses liens avec la région baraquevilloise, son bac passé en Allemagne (s'il est devenu germanophone, c'est un atout de plus), ses petits boulots (notamment pour la presse). Il a acquis une connaissance du public et du privé et c'est un bon technicien du processus parlementaire. C'est plutôt le genre de personne qui redonne confiance en la chose publique.

jeudi, 13 avril 2017

François Balkany

   La droite ne s'y attendait sans doute pas, mais le gendre idéal Macron est en train de se muer en véritable compétiteur politique. Cela implique de donner des coups, en particulier quand on en reçoit.  Du côté de Les Républicains, on semble avoir renoncé aux rumeurs de bas étage et aux caricatures nauséabondes pour concentrer les attaques selon un axe : présenter le candidat d'En Marche comme l'héritier de François Hollande. D'où le surnom qui lui a été affublé : Emmanuel Hollande. Pourquoi pas François Macron me demanderez-vous ? Il ne vous aura pas échappé que, dans le camp d'en-face, le candidat se prénomme lui aussi François.

   Ce dernier se plaisant à utiliser ce drôle de surnom, Emmanuel Macron a répliqué en le qualifiant de François Balkany. D'après l'article auquel mène le lien précédent, on peut constater qu'Emmanuel Macron a utilisé une figure de style, la prétérition ("Je ne l'appellerai pas..."). On peut aussi noter qu'un argument bien plus dérangeant pour François Fillon a été énoncé : le fait que celui-ci a été pendant cinq ans le Premier ministre de Nicolas Sarkozy et que donc on puisse lui attribuer autant qu'à l'ancien président de la République l'échec du précédent quinquennat.

   La réaction de François Fillon ne manque pas de sel. D'un côté, il adopte la posture présidentielle, pointant le supposé manque de contrôle de son adversaire. D'un autre, il se montre très méprisant pour Patrick Balkany. Le problème est que Patrick Balkany est un élu LR, réputé certes plutôt proche de Nicolas Sarkozy. L'an dernier, dans un premier temps, il avait obtenu l'investiture LR pour les législatives 2017, malgré son passif judiciaire. A l'époque, le vertueux François Fillon s'en accommodait fort bien. Mieux encore : le député des Hauts-de-Seine a donné son parrainage au candidat Fillon, ainsi qu'on peut le lire sur le site du Conseil constitutionnel (page 92 du document) :

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   C'est terrible à dire, mais, plus j'en apprends sur François Fillon, plus je le trouve pathétique.

vendredi, 24 février 2017

Les collaborateurs des parlementaires aveyronnais

   En paraphrasant une célèbre formule, on pourrait affirmer que la démocratie est "un plébiscite de tous les jours". Conscients qu'elle n'est pas parfaite, les citoyen-ne-s doivent veiller à son amélioration. Ainsi, on peut porter au crédit de la présidence Hollande d'avoir fait voter une loi sur la transparence de la vie politique. De l'affaire Cahuzac aux déboires du couple Fillon (en passant par les pratiques douteuses du FN), l'actualité s'est chargée de nous rappeler combien l'être humain, même intelligent et cultivé, est susceptible de céder à la tentation du pot de confiture.

   Ces jours-ci, on reparle donc beaucoup des assistants parlementaires des députés et sénateurs. Curieusement, dans un article de Centre Presse, il n'est question que des premiers, dont la liste a été publiée sur le site de l'Assemblée nationale. Son équivalent pour les sénateurs est consultable sur le site de la Haute Assemblée. Ces documents synthétisent des informations que tout un chacun est censé pouvoir trouver sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Sauf que... les informations ne sont pas toujours à jour.

   Au passage, on remarque que la liste fournie par l'Assemblée nationale est plus facile à utiliser que celle du Sénat. Sur la première, les députés sont classés par ordre alphabétique et les noms de tous leurs collaborateurs sont donnés en une fois. Sur la seconde, ce sont les assistants parlementaires qui sont classés par ordre alphabétique. Du coup, si l'on veut savoir combien de personnes tel sénateur emploie, il convient d'éplucher toute la liste...

   Commençons par les députés. Yves Censi est le premier à apparaître dans la liste. Il emploie quatre personnes :

Aides Censi.jpg

   La première est sa collaboratrice depuis des années. La troisième est une militante LR, qui a été candidate aux municipales de 2014, à Rodez, sur la liste d'Yves Censi (où figurait aussi la première collaboratrice du député), mais n'a pas été élue. Aux départementales de 2015, associée à un ancien adjoint de Marc Censi (le papa d'Yves), elle a failli créer la surprise dans le canton de Rodez-1. Un peu plus tard, la même année, elle a connu sa troisième déconvenue électorale d'affilée lors des élections régionales. Candidate sur la liste menée par Dominique Reynié, elle n'a pas été élue (mais de peu).

   Les deux autres assistants d'Yves Censi sont moins connus (et l'ont rejoint plus récemment). On notera que le jeune homme (Benjamin Zaluski) a un profil plus "techno". Ancien de Sciences Po, il a effectué une partie de ses débuts professionnels en Israël. En France, il a fait (brièvement) partie du cabinet de François Fillon, lorsque celui-ci était Premier ministre :

Zaluski 4.jpg

   Quand on lit le descriptif de sa mission (sur son profil LinkedIn), on est amené à se demander s'il était au service du Premier ministre ou bien de l'élu sarthois... Plus récemment, ce brillant jeune homme a fait partie de l'équipe de campagne d'Alain Juppé (en course aux primaires de la droite et du centre).

   De son côté, la députée (socialiste) Marie-Lou Marcel emploie trois personnes.

Aides Marcel.jpg

   Deux d'entre elles sont en place depuis plusieurs années (au moins depuis 2014). On notera que Mme Marcel partage toujours l'un de ses assistants avec une autre députée, Martine Martinel. La nouvelle de l'équipe est Catherine Delporte, qui remplace Bertrand Cavalerie, conseiller départemental, adjoint au maire de Capdenac-Gare et... candidat à la succession de Marie-Lou Marcel.

   Le troisième député aveyronnais, Arnaud Viala emploie, comme son collègue Yves Censi, quatre collaborateurs :

Aides Viala.jpg

   La première est une fidèle du député. La dernière pourrait être une commerçante locale, compagne du suppléant d'Arnaud Viala. Les deux autres sont arrivés plus récemment, en remplacement des précédents assistants. Une travaille désormais en région parisienne, l'autre, Jean-Robert Bosc, a semble-t-il préféré suivre Alain Marc au Sénat. Des deux nouveaux (Alexi Carrière et Thomas Urquijo), l'un (sans doute le premier) est un petit-cousin du député, ainsi qu'on a pu le lire le 28 janvier dernier dans Midi Libre :

Viala MLibre 28 01 2017.jpg

   Passons aux sénateurs. Alain Marc a légèrement remanié son équipe. D'après sa déclaration d'intérêts, il emploie toujours la militante Nathalie Bécu. Jean-Robert Bosc a fini par le rejoindre (peut-être après avoir pris le temps de "lancer" le nouveau député Viala). La nouvelle arrivée est Christelle Dressayre-Coupry, qui a de l'expérience dans le domaine, puisqu'elle a débuté comme assistante parlementaire en 2002. On notera que le sénateur s'est séparé de Paskalita Francheteau (qui travailla d'abord pour Jacques Godfrain) après s'être brouillé avec son ancien mentor.

   Terminons avec Jean-Claude Luche, l'ancien président du Conseil départemental de l'Aveyron. En matière de recrutement de collaborateurs, c'est une exception, puisqu'il n'emploie à ma connaissance qu'une personne, Marie Dousset, depuis ses débuts au Sénat. Curieusement, selon le document que l'on consulte, l'identité de l'assistante est masquée ou pas. Dans la déclaration publiée en 2015, son nom figure bien dans le neuvième point. Cependant, dans la déclaration publiée en 2016, une surface grisée recouvre cette partie. Pourquoi donc ? Y aurait-il eu un changement ? Pourtant, que ce soit sur le site du groupe UDI au Sénat comme sur le site du projet Arcadie (qui suit la vie parlementaire), la jeune femme apparaît comme unique collaboratrice du sénateur. Son profil LinkedIn ne semble pas avoir été mis à jour récemment, mais il indique que, depuis 2014, elle a fait autre chose que du travail parlementaire pour Jean-Claude Luche. Voilà un mystère à éclaircir...

   P.S.

   En matière de transparence, il reste des progrès à faire. Les élus ont "verrouillé" la consultation de leurs déclarations de patrimoine. Pourtant, elles contiennent des informations propres à éclairer les débats publics. Ainsi, combien de députés et sénateurs partisans de la suppression de l'ISF sont eux-mêmes assujettis à cet impôt ?

mardi, 14 février 2017

Des députés peu (pré)occupés

   Retour sur le bien-être animal en abattoir et l'attitude de nos élus. L'été dernier, je m'étais intéressé aux travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale et plus particulièrement au rôle qu'avait pu y jouer le député aveyronnais Arnaud Viala, qui en était membre. A l'époque, la commission n'avait pas encore clôturé ses travaux. Il me manquait cinq comptes-rendus.

   Force est de constater que leur intégration dans le bilan ne change pas grand chose. A. Viala n'a été présent qu'à une seule des cinq séances concernées, la dernière, fort intéressante d'ailleurs, puisqu'elle a été le cadre d'une discussion avec Franck Ribière, un documentariste issu du monde agricole, qui s'est notamment intéressé aux abattoirs mobiles. Le député aveyronnais est allé jusqu'à poser une série de questions à l'intervenant :

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   Cette participation tardive n'améliore guère son bilan. Il n'a été présent qu'à 16 des 39 séances (41 % du total). 6 de ses 23 absences (notamment les 4 dernières) ont été excusées (ce qui ne signifie pas qu'elles étaient excusables, vu qu'on en ignore le motif). Pour les 17 autres (soit les trois quarts de ses absences), le député semble n'avoir pas fourni de justification.

   Je me suis replongé là-dedans après la lecture du compte-rendu des débats du 12 janvier dernier, en assemblée (censée être) plénière. (La vidéo est accessible ici.) Arnaud Viala a été présent dans l'hémicycle une partie de la journée (voir plus bas). Il est intervenu à deux reprises, après la discussion générale, lorsque l'article 1er a été abordé. Je dois dire que j'ai savouré le début de sa première intervention (la partie soulignée par moi n'est pas dans la vidéo ; après écoute attentive, je pense qu'elle a été coupée) :

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   Mais c'est le contexte de la seconde qui m'a le plus interloqué :

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   Tout d'abord, le député aveyronnais se dit opposé à la création d'un comité d'éthique, dont le texte prévoit pourtant une composition assez oecuménique (avec des représentants des industriels et des salariés du secteur, mais aussi ceux d'éleveurs, des associations de consommateurs et de défense des animaux...). Mais, ô surprise, dans sa réponse, Olivier Falorni a sorti la brosse à reluire ! Ses propos sont en contradiction avec ce qu'on peut déduire de la lecture des comptes-rendus. Soit ceux-ci sont incomplets, soit l'élu de gauche a flatté le député LR parce qu'il a senti qu'il avait besoin de l'appui d'au moins une partie des élus de droite pour faire aboutir le texte.

   La supposée forte implication du député aveyronnais n'est pas allée jusqu'à l'inciter à rester pour participer à tous les scrutins. Après examen de tous les amendements proposés (celui d'Arnaud Viala n'ayant pas été retenu), on a procédé à deux votes publics.

   Le premier scrutin a porté sur la possibilité, pour des parlementaires au besoin accompagnés des services vétérinaires, d'effectuer des visites surprises dans les abattoirs de leur circonscription (ce qu'ils peuvent déjà faire dans les prisons). Sur ce sujet, le gouvernement (par la voix du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll), n'a pas suivi le rapporteur de la proposition de loi (Olivier Falorni, qui, rappelons-le, a présidé la commission d'enquête sur les conditions d'abattage). Résultat des opérations : l'amendement a été rejeté par... 20 voix contre 14. (Rappelons que l'Assemblée compte 577 députés !) Socialistes et Républicains ont fait pencher la balance du côté du refus, auquel s'est associé Arnaud Viala.

   Le second vote a porté sur la réintroduction d'une mesure qui avait été supprimée en commission : l'installation de caméras dans les abattoirs. En décembre dernier, cette suppression avait provoqué une petite polémique. Notons que, lors de la réunion de la commission des affaires économiques, le 14 décembre dernier, la majorité des députés concernés étaient présents. Cependant, parmi les absents, on relève le nom de Marie-Lou Marcel (députée de l'Ouest Aveyron). Arnaud Viala n'est décidément pas le seul à pratiquer l'école buissonnière...

   Mais revenons à la séance (supposée) plénière du 12 janvier. Olivier Falorni a proposé un amendement visant à rétablir l'installation de caméras dans les abattoirs. Il a été adopté à l'écrasante majorité de 87,5 % des votants... soit 28 députés sur 32 ! Courageux mais pas téméraire, Arnaud Viala (auparavant assis place 85) avait visiblement déserté les rangs de l'Assemblée à ce moment fatidique. (Mais je suis mauvaise langue : il était sans doute aux toilettes.) Les autres députés aveyronnais (Marie-Lou Marcel et Yves Censi) n'étaient même pas présents ce jour-là.

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   Pour ne pas se limiter à l'Aveyron, il est consternant de constater la faible présence des députés français lors des débats et des scrutins publics. Quand on en consulte la table, on s'aperçoit que, depuis décembre dernier, en deux mois et demi, seuls trois scrutins ont réuni plus de 300 élus !  Ils portaient sur la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve, la prolongation de l'état d'urgence et le Grand Paris. Voilà des sujets dignes d'intéresser nos députés, visiblement pas très motivés par le travail de détail sur des sujets qui ont des conséquences sur notre vie quotidienne...

   Quant à la proposition de loi sur les abattoirs, elle est désormais sur le bureau de la commission des affaires économiques du Sénat... depuis le 13 janvier. A l'heure où j'écris ces lignes, le programme de travail du mois de février a été établi, et il ne prévoit pas l'examen de ce texte. Il risque donc de se perdre dans les limbes de la fin du quinquennat de François Hollande...

   Vivement mai-juin 2017, que la loi sur le cumul des mandats s'applique enfin, et qu'une partie de ces profiteurs perde un peu de ses privilèges !

lundi, 06 février 2017

Une célébrité aveyronnaise méconnue

   Je suis récemment retombé sur un "vieil" article du Monde, un portrait d'élus locaux publié dans le magazine M paru le 10 décembre dernier. Intitulé "Les Balkany du Roussillon", il évoque la carrière d'Alain et Joëlle Ferrand, qui se sont succédé à la tête de la mairie du Barcarès, au rythme des poursuites judiciaires dont ils ont été la cible.

   C'est un passage de l'article qui a attiré mon attention. Il y est fait mention d'une "enfance dans l'Aveyron". Après vérification dans l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Fantassins de la démocratie, j'ai réalisé qu'Alain Ferrand était né dans notre département, plus précisément à Aubin. D'après un article du Point de 2013, il serait fils d'agriculteur.

   Les ennuis judiciaires du couple expliquent que la presse aveyronnaise ne porte pas aux nues ce nouvel expatrié, qui semble avoir transmis sa passion de la politique à sa progéniture. Ainsi, lors de l'élection municipale partielle de 2011 (qui lui a permis de succéder à son épouse déclarée inéligible), Alain Ferrand a placé l'une de ses filles, Mathilde (l'aînée), sur sa liste, en 24e position, donc a priori non éligible... mais pas à la dernière place (la 27e), contrairement à ce qu'avait avait déclaré l'ex et futur maire.

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   Durant la campagne, celui-ci avait d'ailleurs autant communiqué sur sa famille que sur la liste qu'il conduisait, à tel point que les murs de la commune ont été décorés d'étranges affiches :

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   Une ancienne habitante de la région a même remarqué que ce n'était pas la première fois qu'Alain Ferrand utilisait sa famille pour mener sa carrière politique :

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   Le virus semble avoir contaminé la jeune Mathilde, puisque quatre ans plus tard, à l'occasion des élections départementales de 2015, elle a tenté sa chance, en binôme avec un vieux routier de la vie politique locale, Alain Got, maire de Saint-Laurent-de-Salanque et ancien conseiller général. Le scrutin fut serré, mais pas en la faveur de la fille du maire du Barcarès, qui a failli faire élire un binôme FN (dans lequel figurait Daniel Philippot, le frère de Florian).

   L'histoire (politique) familiale ne s'arrête pas là, puisqu'aux municipales de 2014 (de nouveau facilement remportées par Alain Ferrand), une autre fille du maire, prénommée Camille, est présente sur sa liste (peut-être pour remplacer son aînée, préservée pour les départementales à venir), en 22e position... a priori pas en position éligible... sauf que le scrutin se termine en triomphe pour papa, dont la liste obtient... 22 sièges ! (On a peut-être mieux calculé son coup qu'en 2011...)

samedi, 28 janvier 2017

Les boulettes de Jean-Mimi

   La cuisine politique aveyronnaise peut, parfois, se révéler savoureuse. Hélas, d'ordinaire, elle nous propose plutôt des plats précuits, sans saveur, où l'on aurait bien de la peine à reconnaître la "patte" d'un grand chef. Dans le département, Jean-Michel Lalle est l'un des élus qui pourraient prétendre au titre de "toqué" : il est maire de Rodelle (depuis 1989 !) et a été, de 1998 à 2015, conseiller général de l'Aveyron (et même vice-président de 2008 à 2015). S'ajoute à cela la présidence d'une structure intercommunale, d'abord nommée Bozouls-Comtal, devenue récemment Comtal-Lot-Truyère.

   Cela nous ramène à la récente élection du président de cette nouvelle intercommunalité... et à ses conséquences. Dans un premier temps, J-M Lalle a habilement manoeuvré : n'étant plus conseiller général (et se trouvant à la retraite), il a communiqué sur sa totale disponibilité. Il a aussi sous-entendu qu'il ne s'éterniserait pas à ce poste. Agé de bientôt 70 ans, il pourrait quitter la fonction après les prochaines élections municipales, en 2020. (Mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient...) En sous-main, il a peut-être aussi fait quelques promesses aux maires qui l'ont soutenu...

   Une fois le président désigné, on est passé aux vice-présidents. Magnanime (et sans doute aussi pour éviter une guéguerre stérile), la majorité qui s'était portée sur J-M Lalle a laissé la première vice-présidence au candidat battu, Jean-Claude Anglars. Celui-ci doit espérer récupérer la présidence en 2020. Pour les suivants, il a fallu réaliser un dosage subtil. En effet, le territoire de la nouvelle communauté est quasi abracadabrantesque : il s'étend des portes de Rodez à l'Aubrac et à la frontière du Cantal ! Une communauté épousant les contours de la vallée du Lot était concevable, mais ici, de la part de certains élus de l'ancien canton de Bozouls, il y a eu clairement la volonté d'échapper à la fusion avec le Grand Rodez... où, pourtant, une forte proportion des actifs travaille... et où nombre d'habitants vont faire leurs courses !

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   Sur la carte ci-dessus, j'ai souligné le nom des communes dont les élus (presque tous maires) ont été désignés vice-présidents de la nouvelle intercommunalité. On remarque que toutes les communes de l'ancien canton de Bozouls ont été servies (Jean-Michel Lalle étant, rappelons-le, maire de Rodelle). Avec 13 vice-présidences prévues, on avait de quoi contenter 14 maires communes (en comptant le président de la communauté). Il était donc prévu d'en laisser 7 sans vice-présidence. En réalité, ce fut 8, puisque la commune d'Espalion a obtenu deux vice-présidences.

   D'un strict point de vue démographique, ce n'est pas totalement injustifié : la commune d'Espalion regroupe 4 500 des 19 000 habitants de la communauté. Mais cette (légère) prépondérance pourrait se concrétiser uniquement en terme de nombre de membres du conseil communautaire. De très mauvaises langues affirment que la seconde vice-présidence est venue récompenser la "trahison" de certains élus d'Espalion (notamment le maire et son adjoint), qui ont laissé tomber leur allié "naturel" (Jean-Claude Anglars).

   De surcroît, la désignation de ces vice-présidents est entachée d'illégalité. J-M Lalle (et les autres élus) ont "oublié" qu'il fallait procéder à un vote à bulletin secret. Sacrée boulette pour des politiques qui sont dans le système (pour certains) depuis plusieurs dizaines d'années ! La seconde boulette est encore plus croquignolesque, puisqu'elle nous apprend que les élus ne connaissent visiblement pas (assez bien) le code des collectivités territoriales !

   C'est l'article L5211-10 qui est en cause. Que dit-il ? Que, en règle générale, la nombre de vice-présidents ne doit pas excéder 20 % du nombre total de conseillers communautaires. La communauté Comtal-Lot-Truyère comptant 41 conseillers, le nombre de vice-présidents devrait être plafonné à... 8 (ou 9... j'y reviendrai).

   Or, ce sont bien 13 vice-présidents que l'on a, dans un premier temps, désignés. Pourquoi donc ? La suite de l'article nous apprend que le conseil communautaire peut décider, à la majorité des deux tiers, de fixer un nombre de vice-présidents plus élevé, dans la limite de 30 % des élus (ou de quinze vice-présidents). C'est là qu'on réalise que certains élus connaissent quand même un peu le code des collectivités, puisqu'ils ont fait jouer cette clause... mais l'ont mal appliquée.

   Ils ont effectué leur calcul à l'envers. Ils ont dû se dire qu'ils avaient droit à 30% de 41 élus, soit 12,3 vice-présidents, qu'ils pouvaient arrondir à l'entier supérieur, donc 13. En réalité, le calcul est un calcul de vérification, qui s'effectue après coup, pour s'assurer que le nombre de vice-présidents choisi rentre dans les clous. Donc, les élus ont voulu désigner 13 vice-présidents. Ce nombre représente 31,7 % du total des conseillers communautaires. C'est trop ! Et d'ailleurs, 13 vice-présidents pour une communauté d'à peine 19 000 habitants, c'est beaucoup trop ! 8 ou 9 auraient été largement suffisants... mais cela aurait fait des mécontents parmi les maires... privés d'une indemnité supplémentaire. (Contrairement aux conseillers communautaires de base, les vice-présidents peuvent être rémunérés.)

   Ce n'est pas la première fois que l'expérimenté Jean-Michel Lalle se prend les pieds dans le tapis. L'an dernier, il s'était un peu rapidement assis sur la laïcité à la française en autorisant, dans un premier temps, la tenue d'une cérémonie religieuse à l'occasion de l'inauguration d'un bâtiment financé par des fonds publics. Pour certains, ce n'était sans doute qu'un point de détail. Cependant, à une époque où un islam rétrograde et identitaire tente de se développer en France, il est vital que le personnel politique soit vigilant sur toute intervention du religieux dans la vie publique... quelle que soit la religion concernée.

   P.S.

   Concernant les vice-présidences de la communauté Comtal-Lot-Truyère, la presse a été parfois approximative sur l'identité de l'une des bénéficiaires. La maire de Saint-Hippolyte, Mme Lafon, ne se prénomme pas Christine mais Francine. Certes, elle n'est en place que depuis 2014, mais n'importe qui peut vérifier son identité en consultant le Livre des maires ou en se replongeant dans les résultats des dernières élections municipales...

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   La concernant, une énigme demeure, à propos de sa profession. Comme on peut le voir ci-dessus, le Livre des maires la présente comme "chauffeur", alors que toutes les autres sources que j'ai consultées (de mon-maire.fr au Monde, en passant par la-mairie.com) la présentent comme agricultrice.

vendredi, 27 janvier 2017

Une ministre qui manque de lettres

   Ce n'est qu'aujourd'hui (en lisant le dernier numéro de L'Hebdo) que j'ai pris connaissance de l'anecdote : en visite à l'école de gendarmerie de Tulle (le 13 janvier dernier), la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a laissé un petit mot sur le livre d'or... avec quelques fautes de français, que le quotidien Le Figaro s'est fait un plaisir de relever. Le document d'origine est visible sur le site de France 3 Limousin :

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   On va me dire : ce n'est pas grave, ce sont juste quelques erreurs d'étourderie ; concentrons-nous sur le fond plutôt que sur la forme. Voilà qui ne manque pas de pertinence... sauf que... la ministre semble coutumière du fait. Ainsi, Le Figaro (toujours lui) rappelle qu'on peut trouver ce genre de "bourdes" jusque sur le site internet de la ministre. Curieux, je suis allé y jeter un oeil... pour constater que les erreurs n'ont pas été corrigées (on pourrait aussi gloser sur l'emploi immodéré des majuscules) :

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   C'est tout de même la page de présentation de la ministre, qui (elle ou un-e quelconque employé-e) aurait pu faire l'effort de la rectifier. Ceci dit, après avoir consulté plusieurs billets publiés sur le site, je dois reconnaître que l'expression est en général de qualité irréprochable. D'autres que moi (un peu obsessionnels, peut-être... sont-ils aussi vigilants quant à la qualité de l'expression écrite des politiques qui ne sont pas issus de l'immigration ?) ont épluché le compte Facebook de la ministre... Faut vraiment avoir du temps à perdre... De mon côté, plus que l'orthographe de Mme Vallaud-Belkacem, c'est la teneur de certains commentaires à ses billets qui m'a fait bondir. En voici un exemple :

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   Comme vous l'avez sans doute deviné, le commentaire négationniste (qui pourrait valoir des poursuites à son auteure) a été "écrit" en réaction (je trouve que le terme est bien choisi) à un billet sur la journée de la mémoire des génocides. A ce propos, il serait bon quelqu'un signale à la ministre qu'elle devrait arrêter d'employer le mot "Holocauste", qui prête à confusion.

   Mais revenons à nos moutons. On attend de la ministre de l'Education qu'elle donne l'exemple. Trop de jeunes arrivent sur le marché du travail sans savoir rédiger la moindre phrase anodine sans faute. La récente volonté de la ministre d'appliquer une ancienne réforme de l'orthographe, dont presque plus personne ne voulait, réveille le soupçon de nivellement par le bas, qui a pesé sur tant de ses prédécesseurs...

vendredi, 20 janvier 2017

Une claque pour un gymnase

   C'est un peu la conclusion que l'on peut tirer de la lecture d'une tribune publiée dans le dernier numéro du Bulletin d'Espalion, qui consacre une page entière à la récente élection du président de la nouvelle communauté de communes Comtal-Lot-Truyère, qui s'est déroulée il y a à peine plus d'une semaine.

   Cette tribune est signée Jean-Noël Ruffat, conseiller municipal d'opposition, élu en 2014 sur une liste de sympathisants de l'ancien maire Gilbert Cayron ("Espalion dans l'action"). Que peut-on y lire ? Que le vote du maire d'Espalion et de ses proches aurait fait basculer le scrutin, permettant à Jean-Michel Lalle de damner le pion à Jean-Claude Anglars. Or, il se trouve qu'Eric Picard (le maire d'Espalion) est aussi le suppléant d'un conseiller départemental élu en 2015... Jean-Claude Anglars ! Comment expliquer ce revirement ?

   D'après Jean-Noël Ruffat, le choix de l'emplacement où devait être construit un nouveau gymnase a été déterminant dans cette querelle. L'ancien maire d'Espalion Gilbert Cayron (dont J-N Ruffat a été l'adjoint de 2008 à 2014) avait envisagé de l'installer dans la partie basse de la commune, à proximité d'un axe structurant, rendant son accès aisé. Arrivé à la tête d'Espalion en 2014, Eric Picard s'est empressé de modifier le projet, pour tenter d'implanter ledit gymnase tout en haut de la commune, sur le plateau de la gare, un endroit souvent encombré auquel, de surcroît, l'accès n'est pas aisé. On évoquait aussi les risques que les travaux d'aménagement pourraient faire courir à certaines rues environnantes.

   Le maire d'Espalion a dû finalement manger son chapeau. A la bronca d'une partie des habitants (dont Jean-Noël Ruffat) s'est ajouté le lâchage par la communauté des communes Espalion-Estaing, présidée par... Jean-Claude Anglars. Qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ?

   Au passage, signalons que, dans l'article adjacent qui raconte la soirée qui a vu Jean-Michel Lalle triompher de J-C Anglars, la photographie d'illustration montre les deux principaux protagonistes presque au même moment que celle parue dans la version papier de Centre Presse.

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   Toutefois, sur celle publiée par le Bulletin, le vaincu du jour ne fait pas la gueule. Etonnant, non ?

mercredi, 11 janvier 2017

Tintin colorisé

   Dans le petit monde de la bande dessinée, c'est l'événement de janvier 2017 : la sortie (pour la première fois) en couleurs du premier album dans lequel apparaît un jeune reporter appelé à devenir célèbre, Tintin au pays des Soviets.

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   Notons que l'oeuvre a été republiée sous deux formats, l'un classique, sans "bonus", mais doté d'une couverture originale (pour moins de 15 euros), l'autre, plus grand, présenté sous un titre légèrement modifié et augmenté d'une préface illustrée (le tout pour un peu plus de 30 euros). C'est cette seconde version que j'ai achetée.

   La préface est signée Philippe Goddin, éminent spécialiste de l'oeuvre d'Hergé. On y apprend (si on l'ignorait) que le personnage inventé par Georges Rémi s'inspirait sans doute d'un jeune globe-trotter danois, Palle Huld. Le contexte dans lequel la bande dessinée a été créée est rappelé, illustrations à la clé. Philippe Goddin évoque aussi le style d'Hergé, pas encore abouti. Au cas où on ne le saurait pas, on découvre un homme en prise avec son époque et fasciné par la vitesse. La représentation de l'automobile en mouvement qui illustre la couverture de l'édition en couleurs s'inspire sans doute d'une photographie. Intéressante aussi est la double-page consacrée aux liens entre Hergé et les marques publicitaires. En se plongeant ensuite dans la (re)lecture, on peut s'amuser à les débusquer, au détour d'une vignette.

   Cela nous amène à l'oeuvre en tant que telle. Je trouve que les couleurs accentuent les contrastes : elles soulignent davantage les faiblesses de certaines pages et, au contraire, mettent encore plus en valeur les passages les plus réussis de l'album. Du coup, le lecteur de la version en noir et blanc retrouve les mêmes qualités et défauts.

   Cette bande dessinée qui dénonce la propagande des Bolcheviks est elle-même une oeuvre de propagande, parfois outrancière... et porteuse de sous-entendus, comme lorsqu'apparaît, au détour d'une page, un tailleur russe. Celui-ci, à l'apparence physique "codée", s'exprime aveg un agzent chermanique, manière de faire comprendre à un lectorat de culture catholique et conservateur qu'il s'agit d'un juif...

   Fort heureusement, l'humour d'Hergé est là, notamment grâce à la présence de Milou, auquel la colorisation n'apporte rien... et c'est tant mieux !

   Signalons que l'édition collector contient une planche bonus, la fameuse planche surnuméraire d'origine, celle qui décalait la mise en page lorsque l'album a été constitué (après la publication en feuilleton). Elle avait été retirée de la version en noir et blanc rééditée jadis, facilitant la lecture de l'album, souvent conçu sur le principe de doubles-pages. On pouvait néanmoins la retrouver dans le premier tome des Archives Hergé, publié en 1973. Elle s'intercale entre les planches 97 et 98.

   C'est donc un plaisir d'adulte que la relecture de cet album m'a procuré. On y perçoit les prémices de l'oeuvre à venir, certaines vignettes annonçant  des scènes que l'on retrouve dans des albums ultérieurs.

   Pour compléter cette lecture, je conseille un autre ouvrage, paru fin 2016, sous la plume d'un autre éminent tintinologue, Albert Algoud :

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   Dans cette somme (composée de plus de 230 entrées), il est notamment question des principaux personnages, avec un article assez osé sur la Castafiore (homme ? femme ? castrat ?), plusieurs autres où il est question de l'origine du capitaine Haddock (Hergé lui-même ? Un personnage de Jules Verne ? La catastrophe du Titanic ?)... et une révélation sur Milou, qui serait... une chienne ! On le voit, c'est à la fois drôle et érudit, sans éviter les questions qui fâchent (sur le racisme, l'antisémitisme). A picorer au lit, au coin d'un feu, dans le train, dans une salle d'attente...