jeudi, 03 mai 2018
Jacques Godfrain sur France Inter
Ce jeudi matin, l'ancien député-maire de Millau (et ancien ministre) était invité sur France Inter, pour évoquer Mai 68 du côté des militants gaullistes. Il a rappelé une partie de son parcours, révélateur de la relative diversité du recrutement du mouvement gaulliste, y compris à droite. C'est un patriote, mais, d'après ses dires, pas attaché à l'Algérie française. Sur Mai 68, il réécrit un peu l'histoire me semble-t-il, s'affirmant moins hostile qu'il ne l'était sans doute en réalité.
Assez vite, il est interrogé sur son engagement au SAC (service d'action civique), sorte de service d'ordre du parti gaulliste, qui a trempé dans des histoires louches. Il fait remonter son militantisme à 1965, ce qui est conforme à ses récentes déclarations au Monde... mais diverge de ce qu'il avait affirmé en 1982, devant la commission d'enquête en charge des activités du SAC :
Ce passage est extrait du tome 2 du rapport de ladite commission, publié jadis aux éditions Alain Moreau :
Il serait intéressant de savoir pourquoi Jacques Godfrain a changé de version concernant l'ancienneté de son engagement au SAC. Peut-être a-t-il craint à l'époque (en 1982) qu'on lui reproche des actes commis par le SAC entre 1965 et 1968. Peut-être tout simplement, depuis les travaux d'un historien sur le sujet ne pouvait-il plus maintenir la version de son adhésion tardive.
La journaliste Hélène Roussel interroge ensuite son invité sur l'organisation de la manifestation du 30 mai 1968. Jacques Godfrain sous-entend qu'il a contribué à la préparer, mais qu'au départ, il ne croyait pas à l'incroyable succès qu'elle a rencontré.
L'entretien s'achève sur le constat (un peu navré) de J. Godfrain d'un monde devenu plus libre permissif (pas forcément pour le meilleur) et une comparaison un peu hâtive entre Charles de Gaulle et Emmanuel Macron.
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dimanche, 15 avril 2018
Le Tiers Monde français
Dans l'édition du quotidien Le Monde datée de vendredi 13 avril, j'ai trouvé un article particulièrement intéressant sur le train de vie des élus et fonctionnaires du 101e département français : Mayotte. Le papier mérite l'attention à double titre : il dénonce une corruption apparemment endémique (abus de bien social, détournement de fonds publics, clientélisme) et il pointe les grandes difficultés socio-économiques de l'archipel, ce confetti de l'empire colonial français, perdu dans l'océan Indien.
Commençons par un peu d'histoire. Mayotte est une partie des Comores, celle qui a été annexée en premier par la France. Au milieu des années 1970, la troisième vague de décolonisation frappe notamment les possessions portugaises : la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, Sao-Tome-et-Principe, l'Angola et surtout le Mozambique, très proche des Comores.
C'est l'époque de la Guerre froide. Les Etats-Unis se retirent piteusement du Vietnam, laissant le pays aux communistes soutenus par Moscou et Pékin. En Afrique, nombre de mouvements indépendantistes adhèrent au bloc soviétique. La position stratégique des Comores (à l'entrée du canal du Mozambique) augmente leur valeur aux yeux du pouvoir français. Si l'indépendance de l'archipel ne peut pas être empêchée, à Paris, on a tout fait pour conserver Mayotte. Le gouvernement français a profité indirectement des maladresses des nouveaux dirigeants comoriens, qui ont tenu les Mahorais à l'écart de la direction du pays.
Alors, quel est l'intérêt de conserver ce minuscule territoire, dans l'une des régions les plus pauvres du monde ? Certains répondront en faisant référence à la ZEE, la zone économique exclusive (la France possède la deuxième du monde, derrière celle des Etats-Unis). Le pays qui possède le terrain peut exploiter les fonds marins jusqu'à 370 kilomètres des côtes. Dans le cas de Mayotte, on pense à de potentiels gisements de pétrole... mais c'est tout récent. Par contre, une station d'écoute est bel et bien présente sur l'île. Certains petits malins se sont d'ailleurs amusés à débusquer les installations d'espionnage françaises... en utilisant Google.
En dépit de ses richesses (surtout potentielles), Mayotte est sans doute aujourd'hui le territoire le plus pauvre de la République française. En 2015, d'après l'INSEE, le revenu par habitant n'atteignait pas 7 000 euros... sur l'année, contre environ 20 500 en métropole (19 000 en Midi-Languedoc) et entre 10 000 et 17 000 dans les autres départements d'outremer. Aujourd'hui, Le Monde évoque un taux de chômage de 27 % et plus de 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Voilà pourquoi je me suis permis de parler de Tiers Monde.
Cette pauvreté relative n'en est pas moins attractive pour certaines populations de la région. D'après le dernier rapport de l'ONU sur le développement humain, le PIB par habitant du Mozambique était, en 2011, d'à peine plus de 1 000 dollars (par an !), ceux du Malawi, des Comores et de Madagascar n'étaient pas beaucoup plus élevés, avec respectivement 1 113, 1 364 et 1 373 dollars ! De surcroît, les Comores indépendantes sont très proches de Mayotte :
A vol d'oiseau, une soixantaine de kilomètres séparent l'île d'Anjouan des premiers récifs mahorais. Etant donné que l'écart de revenus est de 1 à 7/8, on comprend que des milliers de personnes soient tentées par l'aventure. Ce sont notamment des femmes enceintes, qui comptent accoucher sur l'île française, contribuant à l'engorgement des services hospitaliers. D'un côté, on comprend le souci de bénéficier des meilleurs soins, pour soi et son enfant. D'un autre côté, on ne peut qu'être méfiant vis-à-vis de ce qui pourrait n'être qu'une stratégie d'immigration : en vertu du droit du sol, un enfant né dans un territoire français n'est pas expulsable (sauf s'il est accompagné de ses deux parents, eux-mêmes expulsables).
Résultat ? La population de l'île connaît une croissance fulgurante, de 35 à 40 % en dix ans (entre 2007 et 2017). La densité y atteint 700 habitants par kilomètres carrés (contre 32 dans l'Aveyron, qui abrite une population à peine plus nombreuse). Plus de 40 % (certains disent 50 %) des habitants de Mayotte sont nés dans les Comores indépendantes. La majorité des habitants ne maîtrise même pas la langue française.
Fac à cette situation alarmante, les élus locaux ont donc choisi... d'embaucher massivement... et de ne pas se montrer trop exigeants quant à l'intensité au travail de la main-d'oeuvre recrutée. L'article du Monde compare le nombre de fonctionnaires départementaux mahorais à ceux du département des Hautes-Pyrénées. Il aurait été intéressant de pousser le raisonnement jusqu'au bout, et de faire le bilan de l'ensemble de la fonction publique territoriale présente sur le département. Pour cela, il faudrait disposer du nombre d'employés municipaux. Or, Mayotte ne dispose que de dix-sept communes. Soit les municipalités font preuve de la même prodigalité que le conseil départemental, soit elles n'en ont pas les moyens (ou la volonté) et la moyenne de fonctionnaires territoriaux par habitant (toutes collectivités confondues) serait moins élevée que prévu.
D'après une étude du CNFPT de 2016, dans le département des Hautes-Pyrénées travaillaient 7 400 agents territoriaux (7 873 dans l'Aveyron). Admettons qu'à l'époque, le nombre d'agents du conseil départemental fût le même qu'aujourd'hui (1 685) : il resterait 5 715 agents territoriaux dépendant des municipalités (et un peu de la région). Cette catégorie d'agents est-elle aussi nombreuse à Mayotte ? On ne le sait pas.
Quoi qu'il en soit, ainsi que le montre l'étude précédemment citée, le taux d'encadrement de la population par la fonction publique territoriale était, fin 2013, beaucoup plus élevé outremer qu'en métropole : de 39 à 47 0/00 contre 20 à 40 0/00 (Corse exclue...) :
P.S.
Parmi les joyeusetés révélées par Le Monde, il y a le nombre élevé de jours de congés, certains accordés pour des motifs particulièrement étonnants, comme la circoncision (d'un fils, présume-t-on). Elle est pas belle, la République laïque ? Encore merci au duo Sarkozy-Fillon, responsable de la départementalisation de Mayotte, qui n'a fait qu'empirer la situation déjà problématique de l'archipel.
15:58 Publié dans Politique, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, actualité, presse, médias, journalisme
dimanche, 25 mars 2018
Les sauvageons de Carcassonne... et d'ailleurs
Les récents actes de barbarie commis autour du chef-lieu de l'Aude ne doivent pas brouiller l'analyse. Commençons par le terroriste Radouane Lakdim. Certes, il était de nationalité française, mais né au Maroc en 1992. C'est à la base un petit délinquant, un de ceux qui pourrissent au quotidien la vie des honnêtes citoyens. Son profil n'est pas sans rappeler celui de plusieurs des protagonistes des attentats de Paris de 2015 (par ses origines marocaines et son parcours délictueux). Vu l'attirail trouvé dans le supermarché, il est évident qu'il a des complices, dont on espère qu'ils/elles seront tou-t-e-s mis-e-s hors d'état de nuire.
On peut estimer que Daech dispose d'un bon vivier de recrutement, déjà sur place, puisqu'à Carcassonne même, l'horreur des actes commis n'a pas dissuadé des abrutis habitant le quartier du terroriste d'acclamer leur héros. A l'autre bout de la France, un décérébré (ancien candidat) de La France insoumise s'est félicité de la mort du gendarme Arnaud Beltrame... On évitera d'en tirer des conclusions hâtives sur le mouvement de J-L Mélenchon, mais, franchement, vu le parcours du bonhomme, ça interpelle. Dans le cas de Stéphane Poussier, le problème n'est pas seulement qu'il ait pensé ce qu'il a écrit, mais qu'il l'ait publiquement proclamé. C'est une nouvelle preuve que, comme celle de Richter, l'échelle de la connerie est sans limite...
Du côté de Carcassonne, on tente visiblement d'empêcher les journalistes de faire leur travail. La liberté de publication ne gêne pas que les dictateurs, elle perturbe le fonctionnement clanique des racailles qui mettent la main sur certains territoires.
Venons-en donc à Ozanam, ce quartier situé au sud-est de Carcassonne, pas très loin de la cité médiévale inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco :
Cela fait des années que les incivilités se multiplient dans ce quartier, qui n'est toutefois pas classé en zone urbaine sensible, contrairement à celui de Saint-Jacques (situé à l'ouest) et surtout celui de La Conte (où était installée auparavant la famille Lakdim), pas très éloigné d'Ozanam. Déjà en 2012, les habitants "normaux" manifestaient leur agacement, la politique de rénovation urbaine n'ayant visiblement pas fonctionné dans leur quartier. Aux incivilités a succédé un climat de peur, perceptible en 2014. Rien ne semblait avoir changé en 2015, les pouvoirs publics semblant impuissants face à la dégradation de la qualité de vie dans ce quartier. Il y a moins de deux mois, une nouvelle étape avait été franchie, avec l'agression de policiers !
Résultat ? En laissant pourrir une situation de délinquance larvée, on a permis à des monstres de se développer. Puisse ce drame servir de leçon aux médiocres comptables qui nous gouvernent.
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lundi, 19 mars 2018
Balance ton porc... quel qu'il soit
C'est ce matin, sur France Inter, que, dans sa chronique, Claude Askolovitch a jeté un pavé dans la mare. Il a évoqué le quasi-silence médiatique qui a accueilli, en France, la publication, par l'hebdomadaire britannique The Sunday Mirror, d'une enquête accablante sur la prostitution enfantine pratiquée au Royaume-Uni par... des gangs indo-pakistanais. Les victimes sont de jeunes filles "blanches", d'origine ouvrière, dans la région de Telford :
C'est sûr qu'il est plus facile de dénoncer le comportement de prédateur de phallocrates chrétiens européens, d'un producteur américain juif ou, à la rigueur, d'un prédicateur intégriste musulman (dont le "gibier" est constitué de ses coreligionnaires).
Là, c'est un énorme tabou qui est brisé : des individus issus de "minorités visibles", considérés par nombre de penseurs médiatiques comme des "victimes de la société", peuvent se révéler aussi odieux que les pires criminels nés dans la communauté majoritaire.
C'est une nouvelle leçon pour les adeptes du prêt-à-penser : la barbarie ne connaît pas les barrières culturelles. Elle est de tous les peuples, de toutes les catégories sociales ou culturelles. Pour la combattre efficacement, il convient de ne pas regarder le monde qui nous entoure avec les oeillères de la bien-pensance.
P.S.
Une semaine après l'éclatement du scandale médiatique de l'autre côté de la Manche, 20minutes fait le point, vu de chez nous.
P.S. II
Pour la petite histoire, sachez que Telford est une ville qui accueille des séjours linguistiques destinés aux jeunes Français... Je sens que les tarifs risquent de baisser !
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vendredi, 16 mars 2018
"L'Arme fatale", saison 2
TF1 a commencé à diffuser la deuxième saison de la série adaptée des célèbres films, dans lesquels s'illustrèrent jadis Mel Gibson et Danny Glover.
Comme les héros sont un peu fatigués aujourd'hui, on a rajeuni le casting avec Damon Wayans (issu d'une célèbre fratrie) à la place de Danny Glover et Clayne Crawford dans le rôle tenu autrefois par Mel Gibson :
Au début de la saison 1, j'ai un peu tiqué. Pour moi, Wayans n'était pas à la hauteur de Glover. Crawford, lui, parvenait presque à faire oublier Gibson, mais le penchant du personnage pour la mauvaise bibine m'agaçait un peu. Néanmoins, comme c'était un peu déjanté, j'ai suivi les aventures des deux trublions de la police, qui se sont améliorées au fur et à mesure que la série avançait.
Mardi dernier, c'est donc avec plaisir que je les ai retrouvés dans le premier épisode, au Mexique, au cœur d'une histoire de vengeance qui ne se déroule pas du tout comme prévu. C'est très animé et plein de détails cocasses, comme les retrouvailles entre les deux acolytes, dans un hôtel de luxe où un truand se livre à la débauche :
Je laisse aussi aux spectateurs du replay le soin de découvrir comment cet "objet" est un arrivé dans un gobelet rempli de glaçons :
Le deuxième épisode, bien qu'un peu moins rythmé, est sur la même lancée. Il contient plus de moments d'humour, à commencer par ceux qui mettent en scène les deux héros, visiblement de plus en plus liés :
Cet épisode est aussi pour Martin Riggs l'occasion de travailler à nouveau avec un agent de la DEA très sexy, dont il avait été proche au cours de la saison 1, avant de s'en éloigner, habité qu'il était par sa soif de vengeance. La charmante Karen Palmer (interprétée par Hilarie Burton, vue récemment dans Extant) semble lui en vouloir un peu... pour l'instant :
Je pense qu'il n'est pas utile de préciser que les deux vedettes masculines sont entourées d'une pléiade d'actrices talentueuses, au physique très avantageux. Cette série ne révolutionne rien, mais elle dégage une belle énergie et fait passer de bons moments.
21:49 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actualité
samedi, 10 mars 2018
Des nouvelles du gaz de schiste en Aveyron
C'est au détour d'un article du dernier numéro du Canard enchaîné ("Hulot et la fin du pétrole : des promesses et du bidon !") que j'ai pris connaissance d'une énième péripétie (judiciaire) concernant l'exploitation de gaz de schiste. En Aveyron, c'est au début des années 2010 qu'on s'est beaucoup inquiété, à cause (notamment) du permis de Nant... et de la sortie du film Gasland. Le début du quinquennat de François Hollande avait vu l'abrogation des derniers permis d'exploration, jugés menaçants.
Cependant, cette affaire ne semblait pas close du fait des démarches engagées par Schuepbach Energy, l'une des entreprises auxquelles des permis avaient été attribués. Le Canard évoque les arrêts rendus en décembre dernier par la Cour administrative d'appel de Versailles. L'un d'entre eux a débouté Total. L'autre (dont le texte intégral est disponible ici) concerne la société Schuepbach Energy.
L'annulation des permis d'exploration est confirmée. Toutefois, l'entreprise se voit reconnaître un droit à indemnisation, mais pas en raison d'une supposée faute de l'Etat. Cette indemnisation ne couvrira pas les profits qu'envisageait de réaliser Schuepbach. Elle a vocation à rembourser les frais engagés pour obtenir les permis. Cela ne devrait représenter que quelques dizaines de milliers d'euros, à comparer aux sommes que l'entreprise demandait (plus d'un milliard au début, une centaine de millions d'euros par la suite).
P.S.
Il est possible qu'un Aveyronnais soit directement concerné par cet arrêt. En effet, parmi les décisions rendues figure le rejet de la demande d'un certain "M. A...", qualifié "d'éleveur de brebis" et, plus loin, de "député européen"... Serait-ce José Bové ?
11:57 Publié dans Economie, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, actualité, médias, presse, journalisme
mardi, 27 février 2018
Rodez, ville moyenne dynamique ?
C'est l'une des questions que l'on pouvait se poser à la lecture d'un dossier paru dans le numéro du mois de février de la revue Alternatives Economiques. L'article "Requiem pour les sous-préfectures ?" est illustré par une intéressante carte, sur la quelle est représenté le degré de fragilité des unités urbaines "moyennes" de France métropolitaine :
J'ai mis en valeur le résultat de Rodez et Albi, qui s'en sortent assez bien (un peu mieux que la moyenne des unités urbaines, selon les auteurs de la carte). C'est le cas d'Albi qui a suscité le plus d'interrogations. L'an dernier, un article catastrophiste paru dans The New York Times avait fait naître la polémique. Presque un an plus tard, le blogueur que le journaliste américain avait rencontré maintient son analyse, quant à la progressive disparition des commerces traditionnels du centre-ville. De son côté, le dossier d'Alternatives Economiques semble plus optimiste, en particulier dans l'article intitulé "Albi, la ville qui se recentre".
A Rodez, on s'est (bruyamment) réjoui du classement de l'agglomération dans le palmarès de L'Express ("Les 100 villes où il fait bon vivre et travailler"). Le chef-lieu aveyronnais se trouve même dans la première moitié, devançant Albi (45e contre 80e) dans la catégorie "travail". On s'est aussi réjoui de l'acquisition du label "Grand site Occitanie". On se targue de ce que, d'ici trois ans, toute l'agglomération soit reliée au très haut débit. Ce sont autant de facteurs d'attractivité.
Cependant, quelques nuages pointent à l'horizon. La plus grande inquiétude concerne l'avenir de l'usine Bosch, qui pourrait rapidement voir ses effectifs divisés par deux... la survie du site étant, à moyen terme, menacée. Cela a même fait l'objet d'un article du Monde, en janvier dernier. Sans diversification, l'avenir s'annonce très sombre. En terme d'emplois induits, cela risque de faire très mal à l'agglo.
S'ajoute à cela le serpent de mer de la RN 88, plus précisément de la partie ayant statut de rocade autour de Rodez. Il n'est hélas plus question de contournement. Christian Teyssèdre (maire de Rodez et président de la communauté d'agglomération) semble décidé à engager les travaux (au niveau des ronds-points de la rocade) en 2019, pour un achèvement en 2023. A cette date (à supposer que les travaux soient terminés), il restera à doubler le tronçon Rodez-Sévérac... et je pense que l'on risque d'attendre longtemps, vu que d'après le programme de modernisation des itinéraires routiers, cette portion de la RN 88 ne rentre même pas dans la catégorie "à l'étude"... Pourtant, il ne faudrait pas grand chose pour que les travaux commencent. L'itinéraire est déjà prévu, l'estimation des coûts réalisée.
Bref, à court et moyen terme, l'enclavement de l'Aveyron (et de Rodez) ne risque pas de diminuer. il se pourrait même qu'il augmente, si le département perd ses lignes ferroviaires, comme le prône le rapport Spinetta. Le gouvernement dit ne pas vouloir en suivre toutes les recommandations, mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient...
D'ici cinq à dix ans, Rodez pourrait donc perdre sa gare SNCF, alors que l'agglomération serait, dans le même temps, engorgée par une circulation automobile mal contrôlée et en ayant perdu (au moins partiellement) son principal poumon économique (la Bosch). Conclusion ? Y a le feu, d'autant que l'incontestable réussite du musée Soulages n'a pas vocation à durer éternellement. (La fréquentation a d'ailleurs récemment baissé.)
Quant aux Ruthénois, s'ils habitent le Faubourg, ils ont pu constater que le principal service public du quartier a fermé à la fin de l'année 2017. C'est seulement ces jours-ci que la presse locale (notamment La Dépêche du Midi) l'a réalisé. Mais, pour les habitants, c'est la conclusion d'un long processus de déliquescence. L'amplitude des horaires d'ouverture de l'établissement a souvent été une cause de mécontentement. Les habitants ont commencé à soupçonner le pire quand, à l'été 2016, pendant presque un mois et demi, le bureau de poste a fermé ses portes. L'année 2017 a elle été marquée par un considérablement rétrécissement des horaires d'ouverture, désormais limités à une courte plage (de 9h à 12h30), uniquement du lundi au vendredi (puis le mercredi exclu, me semble-t-il). A l'époque, un commerçant du coin m'avait dit que la direction attendait l'arrivée à échéance du bail pour fermer définitivement l'établissement... chose faite fin 2017. Pour l'instant, un distributeur automatique reste à la disposition des usagers. Pour l'envoi de courrier, il faut se rendre dans l'un des deux commerces de proximité désignés. Pour les opérations bancaires, il faut monter sur le Piton (à la poste centrale), pousser jusqu'à la place des Artistes (à Onet-le-Château)... ou se rabattre sur internet.
On voit bien que, question dynamisme, la ville a encore pas mal de progrès à faire. D'ailleurs, dans une étude de l'INSEE, parue début février, la zone d'emploi de Rodez (qui, certes, s'étend du Ségala à l'Aubrac, territoire très disparate) est classée dans celles qui connaissent de réelles difficultés, non que le taux de chômage y soit élevé, mais la population diminue, tout comme le nombre d'emplois proposés.
21:53 Publié dans Aveyron, mon amour, Economie, Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias, journalisme
samedi, 24 février 2018
Petite erreur de cadrage
On peut la voir dans L'Origine du monde, le sixième et dernier épisode de la saison 1 d'une nouvelle mini-série diffusée sur TF1, Prof T :
Lorsque l'un des personnages principaux (Dan, dragueur lourd et lieutenant de police) prend son blouson pour sortir du commissariat, un micro-perche apparaît fugacement à l'écran. Bon, là, je cherche la petite bête, parce que cette série est en général très bien mise en scène. Le héros est un universitaire, qui enseigne la criminologie... et, surtout, qui évite tout contact physique avec ses contemporains, complètement obsédé qu'il est par l'hygiène. Il est incarné (avec talent) par Mathieu Bisson :
Bien évidemment, il est entouré d'une brochette de jolies femmes, avec lesquelles il entretient des relations ambiguës. Celle qu'il voit le plus souvent est sa secrétaire (Mariamne Merlo, excellente), une femme dévouée qui aimerait bien être autre chose qu'un larbin pour lui :
Quand il aide la police à résoudre des enquêtes, il travaille avec l'une de ses anciennes étudiantes, la ravissante Lise Doumère (interprétée par Fleur Geffrier), qu'il affecte de mépriser (alors qu'il a de l'estime pour elle) :
Mais la personne qu'il connaît le mieux n'est autre que la commissaire, son ancienne compagne. Il n'a toujours pas digéré la rupture avec celle-ci, incarnée par Zoé Félix :
Il côtoie aussi quelques hommes, des personnages hauts en couleur, comme le capitaine alcoolique, le frère boulanger-pâtissier, le président de l'université qui triche aux échecs... et le lieutenant hâbleur. On secoue le tout et cela donne un ensemble primesautier, agréable à suivre, avec une musique légère bien adaptée à son style. Je signale que la créatrice (Elsa Marpeau) a écrit plusieurs des épisodes de la série "Mystère à..." et qu'elle est aussi à l'origine de Capitaine Marleau (avec Corinne Masiero).
Hélas, il risque de ne pas y avoir de saison 2 (pourtant prévue au programme), les téléspectateurs de TF1 n'ayant pas trop accroché. (Cela devait trop les changer des Tuche...)
01:27 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, médias, télévision
vendredi, 23 février 2018
Pas de loup dans le PNR Aubrac ?
Ça n'a pas traîné. Dès le lendemain de la parution d'une tribune, dans Centre Presse, le même quotidien a publié (aujourd'hui donc), en page 2 (et pas au coeur du journal, là où l'on trouve les contributions des lecteurs), la réaction d'André Valadier aux propos mettant en cause sa passivité sur la question du loup :
La mise au point est claire... et elle soulève d'autres questions. Elle rappelle que, si du côté aveyronnais du parc, on refuse les éoliennes, ailleurs (en Lozère), on n'est pas de cet avis. Et puis il y a cette allusion aux "voix discordantes" concernant la place du loup dans le PNR. Cela demande des éclaircissements.
La fin du texte est une allusion au parc des loups du Gévaudan, situé à Saint-Léger-de-Peyre, en Lozère, dans la région naturelle de Margeride... mais à l'intérieur du périmètre du PNR Aubrac (à l'extrême-est), comme on peut le voir sur la carte officielle, ainsi que sur celle du périmètre d'étude, qui se trouve dans l'atlas cartographique accessible en ligne :
Il y aura donc bien des loups dans le PNR Aubrac, mais pas en liberté... enfin, tant que ceux qui se trouvent dans le parc du Gévaudan n'auront pas été relâchés, comme c'est arrivé il y a deux ans. C'est à ce moment-là qu'on a réalisé qu'il y avait plus de loups que ce qui était déclaré par le parc (qui les avait mal comptés ?)... et que donc, on ne savait pas vraiment combien s'étaient retrouvés en liberté. De là à y voir un lien avec les récentes attaques dans le Nord Aveyron...
D'après le site internet du parc du Gévaudan, les loups captifs seraient aujourd'hui environ une centaine (admirez la précision), contre 32 déclarés il y a deux ans (en réalité plus de 40). L'effectif aurait donc plus que doublé en moins de deux ans... Espérons qu'aucune personne mal intentionnée ne les aidera à prendre la tangente...
21:02 Publié dans Aveyron, mon amour, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme
jeudi, 22 février 2018
Plan loup : Macron et Philippe font du Hollande
Presque dix mois après l'élection d'Emmanuel Macron, on peut affirmer que son mouvement, censé être transcourant, marche principalement (uniquement ?) sur sa jambe droite, à tel point qu'on peut se demander en quoi un gouvernement nommé par François Fillon (et s'appuyant sur une alliance droite-centre) aurait pu se différencier de la politique menée par Edouard Philippe.
Tel n'est pas le cas de l'attitude face au loup. Le gouvernement semble avoir voulu ménager la chèvre et le chou (ou plutôt la brebis et le loup)... ce qui conduit, de toute façon, à la dégradation inéluctable de la situation des éleveurs extensifs des zones montagneuses. Voici pourquoi.
Le Plan loup, cité par le quotidien Le Monde, estime à 360 le nombre de ces prédateurs présents en France. Or, l'objectif, à court terme, n'est pas la stabilisation de l'effectif, mais son augmentation, puisque le rapport parle de 500 loups d'ici quatre ans, soit une progression d'environ 40 % ! C'est se moquer du monde, alors que la situation est déjà intenable dans certaines zones de pâturage.
Le pire est qu'il est sous-entendu que, si l'on veut assurer la pérennité de l'espèce, c'est un effectif de 2 500 à 5 000 loups qu'il faudrait atteindre ! Cela semble être un objectif à moyen-long terme. Du coup, c'est la survie de l'élevage ovin dans le Sud Aveyron (et même une partie de l'élevage bovin dans le Nord) qui est menacée. Ce plan ne tient pas compte d'un récent rapport de l'INRA, fondé sur une méthode rigoureuse et non sur des préjugés environnementalistes, coupés de la réalité du terrain.
La contrepartie annoncée (des aides à la protection) n'est qu'un affichage, histoire de pouvoir affirmer qu'on ménage les deux parties. Mais le bilan n'est pas neutre. On sait que ne serait-ce que le maintien de l'actuelle population de loups dans les zones d'élevage pourrait, à terme, menacer l'existence de 25 % à 40 % des exploitations, dans un contexte qui est déjà celui d'une déprise agricole. Encore une fois, c'est le monde rural qui risque de trinquer à cause de politiques décidées en haut lieu sous l'influence de lobbys.
Rappelons qu'au milieu du XXe siècle, le loup avait disparu de France métropolitaine. Cinquante ans plus tôt (comme le précise une vidéo du Monde, qui donne un peu trop la parole à une ethnozoologue plutôt favorable au canidé), il était déjà absent de l'Aveyron :
Quoi qu'il en soit, la gestion de ce problème repose sur des observations de terrain. Or, comme on peut le lire dans la version numérique du Plan loup, les agriculteurs ne représentent que 3 % des membres des réseaux de correspondants, contre, par exemple, 10 % pour les associations environnementalistes et 13 % pour les "particuliers"...
Ici et là, il se murmure que nombre d'observateurs (censés être neutres) évitent de transmettre une partie de leurs découvertes, pour empêcher la localisation des meutes de loups et aussi pour minimiser leur présence, pour que le grand public ne s'alarme pas de la forte (et récente) augmentation des effectifs.
Cela permet de comprendre pourquoi une région comme l'Aubrac est désormais touchée. C'est un problème de plus qui va se poser au tout jeune PNR, dont l'objectif principal est de revitaliser la zone en s'appuyant sur la préservation du patrimoine, la valorisation de l'élevage et la promotion du tourisme. Quid du loup là-dedans ? C'est cette ambiguïté qui a sans doute suscité une virulente tribune ("Le loup traumatise la population de l'Aubrac") parue aujourd'hui dans Centre Presse.
Elle est, me semble-t-il, signée par un éleveur du Nord Aveyron, qui reproche à André Valadier (le "papa" du PNR) ses tergiversations. Celui-ci n'a pas osé prendre publiquement position contre la présence du loup. Je pense que c'est d'abord une question de contexte : le PNR n'existant pas encore officiellement (sa naissance devant être annoncée lors du Salon de l'agriculture), son promoteur, qui lui a consacré des années de sa vie, redoute qu'une énième contrariété ne vienne repousser à nouveau cette création tant désirée.
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Les Très Riches Heures (de cours) du duc d'Auvergne
Le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, défraie la chronique avec ses déclarations à l'emporte-pièce tenues lors de cours donnés à l'Ecole de management de Lyon. (Rappelons qu'en théorie, ces cours devaient prendre la forme d'interventions apolitiques...) Mais ce n'est pas tant le fond qui a attiré mon attention que le tarif auquel l'intervenant a été payé. D'après Le Canard enchaîné sorti ce mercredi, une fois que Laurent Wauquiez aura achevé sa série de leçons (composée de 24 heures au total), il recevra 1 900 euros... soit 79 euros de l'heure. Pas mal pour soulager ses aigreurs !
Voilà de quoi mettre du beurre dans les épinards de M. Wauquiez qui, en tant que président de conseil régional, gagne déjà de l'ordre de 5 000 euros par mois. N'étant plus maire, ni vice-président de communauté d'agglomération ni député (merci la loi sur le cumul votée sous la gauche !), il n'a a priori aucun autre revenu, puisque, maître des requêtes au Conseil d'Etat, il s'est (enfin) mis en disponibilité.
Ah, j'oubliais : il s'est fait voter (par "son" conseil régional) une indemnité de séjour (à Lyon, puisqu'il réside officiellement au Puy-en-Velay) de 60 euros par nuit et 15,25 euros par repas. Précisons tout de suite que la mesure est parfaitement légale. Il me semble même qu'il aurait pu demander à disposer d'un logement de fonction, à Lyon. Mais, quand on a dit haut et fort qu'on voulait diminuer les gaspillages d'argent public, c'était difficilement exigible.
Faisons un petit calcul. Admettons qu'en moyenne, sur une année, L. Wauquiez passe deux nuits par semaine à Lyon et y prenne six repas. Cela nous donne une dépense hebdomadaire de 2x60 + 6x15,25 = 211,5 euros. Sur un mois, cela correspond à plus de 800 euros... et cela comble largement la baisse d'indemnité des élus de 10 % votée au début de sa mandature. (Au passage, comme l'ancienne Rhône-Alpes était bien plus peuplée que l'Auvergne, pour les conseillers qui siégeaient autrefois à Clermont, la baisse d'indemnité imposée aux membres de la nouvelle assemblée, celle de la grande région, ne les a pas empêchés de profiter d'une hausse de leurs revenus, puisqu'ils sont désormais conseillers d'une région bien plus peuplée.)
P.S.
Ce n'est pas la première fois que L. Wauquiez est rémunéré pour une série de cours dans une école prestigieuse. Sa déclaration d'intérêts, publiée sur le site de la HATVP, précise qu'en 2012-2014 (alors qu'il était député, maire et vice-président de communauté d'agglomération...), il a touché deux fois 1 591 euros pour des interventions à l'IEP (sous-entendu Sciences Po Paris) :
Curieusement, sur le même site, sa fiche nominative ne mentionne pas exactement les mêmes sommes pour son activité rémunérée par la FNSP (Fondation Nationale des Sciences Politiques, qui gère l'IEP de Paris) :
Il serait tentant d'attribuer cette légère différence à un écart entre les montants bruts et nets. Or, les sommes sont plus élevées sur le second document, qui donne pourtant des montants nets. Quel est ce mystère ?
02:01 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, france, presse, médias, journalisme
vendredi, 16 février 2018
Trois héros américains
Il s'agit bien évidemment d'Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone, les trois jeunes hommes qui ont déjoué, en 2015, l'attaque terroriste dans le train Thalys. Dans son dernier film, Clint Eastwood a raconté leur histoire, adaptée d'un livre qu'ils ont coécrit avec un journaliste, Jeffrey E. Stern :
Le bouquin se lit très facilement. Il est construit sous forme de courts chapitres, rédigés de deux manières différentes. L'essentiel du texte est une narration qui s'appuie sur les témoignages des trois héros. On part de l'enfance (et même du passé familial) pour rejoindre août 2015 et ses conséquences. A la fin de certains chapitres sont ajoutés des éléments plus strictement liés à l'attentat, avec une graphie différente. Parfois, c'est le journaliste qui ajoute des explications, comme lorsqu'il présente (schématiquement) le fonctionnement de l'espace Schengen à son lectorat américain ou lorsqu'il évoque la situation de la minorité arabo-musulmane en France (et dans les pays voisins, comme la Belgique). Il analyse la situation avec sa grille de lecture états-unienne (sous l'angle de la ghettoïsation) et évoque très peu la religion.
A la lecture, cela donne une série de retours en arrière... qui ont parfois été intégralement "pompés" par la scénariste d'Eastwood, Dorothy Blyskal (par exemple : la rencontre entre les mères de famille et la directrice d'école, la découverte, par Anthony, des armes avec lesquelles le jeune Spencer joue ou encore la visite de Berlin à vélo, anecdote sur Hitler à la clé).
Le livre est néanmoins beaucoup plus riche en détails. Il est encore plus clair qu'Eastwood sur l'aspect religieux de la vocation des jeunes hommes. A plusieurs reprises, on tente de nous faire accroire que rien de tout ceci n'est arrivé par hasard, qu'il faut y voir la réalisation d'un projet divin. Il est vrai que le parcours suivi par les trois futurs héros (de leur rencontre à leurs débuts dans la vie active), tout comme les péripéties de la lutte dans le train (avec les armes qui s'enraient au bon moment), ne manquent pas d'étonner.
Parmi les éléments qui n'ont pas été retenus pour construire le scénario du film, il y a l'histoire familiale du djihadiste et sa vie en Europe. A mon avis, Eastwood a fait le bon choix (cinématographique) en campant un être maléfique sans voix, même si je regrette la mise sous le boisseau de l'islam intégriste. A ce sujet, on remarque que, dans le livre (qui détaille davantage la période de vacances en Europe), on comprend que deux des jeunes hommes sont étonnés (voire choqués) de croiser autant de femmes voilées en Allemagne...
L'autre matériau qui a été négligé est le vécu particulier d'Anthony Sadler, le Noir de la bande, qui est fan de rap et s'intéresse à tout ce qui touche à sa "communauté", des deux côtés de l'Atlantique. Sa relation avec son père pasteur est aussi très intéressante, surtout à partir du moment où intervient Barack Obama. Celui qui était à l'époque le président des Etats-Unis a téléphoné directement au jeune homme, avant de recevoir les trois à la Maison Blanche. Quand on connaît l'hostilité qu'éprouve Eastwood à l'égard du premier président métis, on comprend qu'il ait "zappé" ces éléments, préférant mettre en valeur la ferveur populaire qui a accueilli les héros de retour au pays.
Le livre les suit d'ailleurs au-delà. Alek le seul vrai militaire de la bande (à l'origine) est devenu une vedette de la télé-réalité : il a participé à l'émission Danse avec les stars... qu'il a remportée ! Anthony poursuit ses études et Spencer, naguère rejeté par l'armée, est désormais au service de l'US Air Force !
Et la France dans tout ça ? Elle a une place ambiguë. La réputation des Parisiens à l'étranger est encore plus exécrable que ce qui apparaît dans le film. A plusieurs reprises, des personnes ont tenté de dissuader les jeunes hommes de se rendre dans la Ville Lumière, l'Allemagne et (surtout) l'Espagne apparaissant plus accueillantes. Le passage par les Pays-Bas est l'excellente surprise de leur voyage (peut-être pas pour des raisons avouables...). Concernant la France, de l'autre côté de l'Atlantique, les parents ont encore en mémoire les attentats de 2015. (Il est plusieurs fois fait allusion à Charlie.) Mais la culture française est quand même présente (y compris par une référence à La Guerre des boutons), tout comme la maîtrise technologique (à travers le fonctionnement du train). Un bref mais incontestable hommage est aussi rendu au Français qui, le premier, s'est opposé au terroriste du train.
Voilà. Le bouquin fourmille d'anecdotes et, à mon avis, il est bien plus intéressant que le film.
samedi, 10 février 2018
Le 15h17 pour Paris
L'ami Clint a décidé de se pencher sur l'attentat du Thalys d'août 2015, en embauchant certains des protagonistes (dont les trois jeunes Américains) pour qu'ils jouent leur propre rôle. Attention toutefois : l'essentiel du film n'est pas consacré au déroulement de l'attentat, mais au passé des trois héros. Même si la première scène nous montre (de dos) l'islamo-fasciste Ayoub El-Khazzani, la suite est constituée de longs retours en arrière.
Ce n'est pas qu'une coquetterie de cinéaste. C'est lié au propos politique qui constitue l'ossature du film. Eastwood veut montrer deux choses : la première que ces jeunes hommes sont des types ordinaires, plutôt pas gâtés par le destin ; la seconde que, s'ils se sont comportés en héros, c'est en raison de l'éducation religieuse qu'ils ont reçue, de la formation que deux d'entre eux ont suivie et de leur goût pour les armes et le combat.
C'est clairement un "film de droite", un poil manichéen, sur la lutte du Bien contre le Mal. Le Bien est incarné par les valeurs américaines (même si Eastwood lance quelques piques sur ce qui se passe dans son pays) et le lien avec la France. Au début, celle-ci n'est pourtant pas montrée à son avantage : les trois jeunes hommes en vacances en Europe hésitent à se rendre à Paris, rebutés par les rumeurs concernant le mauvais accueil qu'on y réserve parfois aux touristes. Mais, comme il y a la Tour Eiffel...
Le Mal n'est que schématiquement représenté, par un homme costaud, surarmé et impitoyable. Il est de surcroît mutique, ce qui lui confère une aura menaçante supplémentaire. Notons qu'Eastwood n'associe aucun symbole religieux au personnage. Ce film n'est pas islamophobe. Il dénonce le terrorisme. C'est délicat de la part d'Eastwood, mais il est quand même culotté de passer sous silence l'idéologie mortifère qui anime le terroriste.
Ce ne sont néanmoins pas pour moi des éléments rédhibitoires. Le problème vient plutôt de la direction d'acteurs et de l'interprétation. Les premiers retours en arrière nous montrent Spencer, Anthony et Alek jeunes, scolarisés dans une école religieuse. (Cette période de leur vie avait fait l'objet d'un reportage publié dès août 2015 dans Paris Match.) C'est l'occasion pour Clint de dire ce qu'il pense d'une partie du corps enseignant. Au fil des scènes, on découvre trois garçons plutôt complexés, l'un grassouillet, les deux autres petits et maigres. Cerise sur le gâteau : leur situation familiale n'est pas des plus apaisées. Ils sont élevés principalement par leurs mères (toutes ferventes croyantes apparemment). L'absence de la figure du père peut expliquer le parcours ultérieur de ces gars, en quête de reconnaissance virile. Hélas pour les spectateurs, les gamins ne jouent pas très bien et les dialoguistes leur font tenir des propos d'adultes. (J'ai vu le film en version originale sous-titrée.)
On retrouve le même problème avec les trois jeunes hommes. Les scènes qui les font interagir sont à moitié jouées. C'est souvent maladroit. Il aurait fallu retourner certaines d'entre elles. (Peut-être serait-il préférable de voir le film en version française, si le doublage est de qualité.) J'ai cependant été touché par le parcours de Spencer (le plus charismatique de la bande), qui accumule les guignes mais essaie de garder un esprit positif.
Le film ne prend vraiment son élan que dans la dernière partie. La séquence du Thalys est très bien filmée. Il y a de l'action et de l'émotion, même si l'on connaît déjà le déroulement des événements. Seul un détail m'a fait tiquer : les vues aériennes du train le montrent se déplaçant à une vitesse assez réduite, alors qu'il est censé aller très vite !
Ah, et puis, il y a autre chose : Eastwood ne met en valeur que les passagers américains qui ont combattu le terroriste. On ne voit que brièvement le premier à s'opposer à lui, un Français (pas présenté comme tel) qui se trouvait au niveau des toilettes (et qui par la suite a souhaité garder l'anonymat). On distingue à peine le Britannique qui a contribué à maîtriser l'assassin. Il faut attendre la séquence de l’Élysée pour le découvrir vraiment. Pour cette partie, Eastwood a entremêlé les images d'archives et d'autres, retournées ensuite, avec notamment une doublure de François Hollande (incarné par Patrick Braoudé, selon Allociné). Notons que le film nous propose l'intégralité du discours présidentiel, qui est très beau.
A vous de voir : c'est clairement un Eastwood mineur et surtout un film paresseux au niveau de la direction d'acteurs.
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vendredi, 09 février 2018
La Sopave abandonnée
Depuis fin 2017, il ne se passe pas une semaine sans que l'entreprise de Viviez (connue désormais sous le sigle SRVPA) ne fasse l'actualité, hélas pas pour le meilleur. Toutefois, il a fallu attendre l'annonce officielle de la fermeture prochaine du site pour que les élus locaux semblent sortir de leur torpeur.
Il faut dire que, dans le Bassin, entre la disparition des commerces de centre-ville et les menaces qui pèsent sur les services publics, il y a de quoi s'occuper. Pourtant, depuis décembre dernier, un petit vent d'optimisme s'était mis à souffler sur le territoire. A Viviez même, c'est une autre entreprise industrielle, la SNAM (Société Nouvelle d'Affinage des Métaux), qui a annoncé un plan de développement. Dans la presse nationale, on a parlé d'environ 600 emplois putatifs (d'ici 2023), alors que Centre Presse a titré sur plus de 700, présentés dans l'article comme certains.
Dans le même temps, pas très loin de là, à Decazeville, le sort de SAM technologies suscitait de grandes inquiétudes... que l'intervention d'un groupe chinois est venue (temporairement ?) dissiper. Il reste à espérer que, dans cinq ans, le groupe Jinjiang ne lève pas le camp, emportant dans ses bagages la technologie de SAM, achetée à bon prix.
Remontons un peu en arrière... toutefois pas jusqu'à 1986 (création de l'entreprise), ni même 2006 (année de la reprise par le groupe Suez). Arrêtons-nous en septembre 2012. Ce n'est pas si lointain. A l'époque, l'ambiance est au beau fixe. Pensez donc : une nouvelle ligne de production est lancée. Tout le gratin politico-administratif est là le jour de l'inauguration. L'entreprise emploie alors 73 salariés (à comparer aux 35 qui restent aujourd'hui...). Durant les années qui suivent, le site semble continuer sur sa lancée. En 2016, la Sopave a même remporté un appel d'offre "lointain" : la fourniture de sacs jaunes (pour les déchets recyclables) à la communauté Angers-Loire-Métropole.
Cependant, la dynamique n'est plus la même. Ainsi, en janvier 2017, quand le nouveau directeur du site est interrogé, les effectifs ont fondu à 48 salariés, soit une diminution d'un tiers en environ quatre ans. Le chiffre d'affaires a reculé à cause de la baisse des commandes de sacs plastiques. L'article de La Dépêche auquel renvoie le premier lien de ce billet évoque la perte du marché des deux collectivités les plus proches (aujourd'hui fusionnées), celles de Decazeville-Aubin et de la Vallée du Lot, en 2015.
La collecte et le traitement des déchets sont l'une des compétences de l'ancienne comme de la nouvelle communauté de communes. Celle-ci est toujours présidée par le maire d'Aubin (André Martinez), dont le deuxième vice-président, qui a en charge le développement économique, est François Marty, maire de Decazeville depuis 2014. Le maire de Viviez (Jean-Louis Denoit, en place depuis 2001), troisième vice-président, n'a en charge que l'urbanisme et l'habitat. L'environnement et le cadre de vie sont du ressort de Jean-Pierre Ladrech, premier vice-président et maire de Firmi (depuis 2008). Auparavant, il avait sous sa coupe le développement économique. Voilà plusieurs personnes qu'il serait intéressant d'interroger sur la non-reconduction des marchés avec la Sopave.
Quant au groupe Suez, il se contente d'affirmer avoir beaucoup investi dans le site. Le choix d'arrêter la production de sacs plastiques a été déterminant pour la suite des opérations. Il est fort possible qu'à partir de ce moment-là, la fermeture du site ait été programmée sans que les employés n'en aient été informés.
P.S.
Je ne voudrais pas avoir l'air de lui jeter particulièrement la pierre (il est arrivé trop récemment aux commandes), mais François Marty s'est régulièrement distingué, dans ses déclarations, par sa volonté de réduire les coûts, aussi bien au niveau de la municipalité de Decazeville (récemment dans Centre Presse) que de la communauté de communes (en janvier 2017, par exemple).
Je me demande si la Sopave n'a pas été considérée comme quantité négligeable, au regard de l'enjeu représenté par le maintien de la SAM et de la SNAM.
17:42 Publié dans Economie, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, société, france, économie, actualité
mercredi, 31 janvier 2018
Les nominations pour les César 2018
Ça y est ! L'Académie des arts et techniques du cinéma (français) a rendu publique la liste des nommés. Je dois dire que, cette année, je suis plutôt satisfait des choix qui ont été faits par les votants... mais je redoute le palmarès final, qui risque d'être très éloigné du mien.
Dans un monde idéal, voici celles et ceux que j'aimerais voir récompensés.
César de la meilleure actrice : Emmanuelle Devos, dans Numéro Une (à défaut, Charlotte Gainsbourg, excellente dans La Promesse de l'Aube).
César du meilleur acteur : Reda Kateb, dont la performance dans Django a été quelque peu sous-estimée en raison du semi-échec rencontré par le film.
César du meilleur acteur dans un second rôle : Niels Arestrup ou Laurent Lafitte, dans Au revoir, là-haut.
César du meilleur espoir féminin : sans aucune contestation possible Iris Bry, dans Les Gardiennes.
César du meilleur scénario original : Julia Ducournau, pour Grave (juste devant Claude Le Pape et Hubert Charuel, pour Petit Paysan)
César de la meilleure adaptation : évidemment Albert Dupontel et Pierre Lemaitre pour Au revoir là-haut.
César de la meilleure musique originale : Christophe Julien, pour Au revoir là-haut (devant Jim Williams, pour Grave).
César du meilleur son : Jean Minondo, Gurwal Coïc-Gallas, Cyril Holtz et Damien Lazzerini pour Au revoir là-haut.
César de la meilleure photo : Vincent Mathias, pour Au revoir là-haut (ou Caroline Champetier, pour Les Gardiennes).
César du meilleur montage : Christophe Pinel, pour Au revoir là-haut (ou Julie Léna, Lilian Corbeille et Grégoire Pontecaille pour Petit Paysan).
César des meilleurs costumes : sans hésiter Mimi Lempicka, pour Au revoir là-haut.
César des meilleurs décors : Pierre Quefféléan, pour Au revoir là-haut.
César de la meilleure réalisation : sans conteste Albert Dupontel, pour Au revoir là-haut.
César du meilleur long-métrage d'animation : Zombillénium (une excellente surprise).
César du meilleur premier film : mon coeur balance entre Grave et Petit Paysan. (Le contexte socio-économique me pousserait à choisir le second, mais je pense que le premier est encore plus abouti sur le plan cinématographique.)
César du meilleur film étranger : The Square, mais je ne serai pas scandalisé si Dunkerque ou Le Caire confidentiel décroche la statuette.
César du meilleur film : évidemment, assurément, indubitablement, inévitablement, irrésistiblement Au revoir là-haut, d'Albert Dupontel.
dimanche, 28 janvier 2018
Montage approximatif
Hier samedi, France 3 a repris la diffusion de la série policière Cassandre, qui met en scène une commissaire parisienne qui a choisi de changer de vie en partant s'installer dans les Alpes. Le premier épisode (Retour de flamme) était inédit, le second (Neiges éternelles) une rediffusion. Mais je l'avais raté lors de sa première programmation, l'an dernier. En le regardant attentivement, il m'est arrivé de "tiquer".
Comme pour Profilage il y a un peu plus de deux ans (ainsi que dans un épisode des Experts, il y a quatre ans), j'ai remarqué que le montage était, par instants, peu rigoureux. En clair : on a mis bout à bout des morceaux de plusieurs prises de la même scène (une pratique hyper-classique), mais dans lesquels certains détails diffèrent. Pour un oeil exercé, ça fait tache.
Prenons par exemple la séquence de la perquisition menée chez un suspect par l'héroïne et son adjoint, incarné par Dominique Pinon (acteur que j'apprécie beaucoup au demeurant). Lorsque celui-ci pénètre dans la maison, il ne porte pas de gant :
Pourtant, quelques secondes plus tard, on le retrouve avec la main droite couverte et un second gant sorti, sans doute destiné à sa main gauche :
On va me dire qu'il s'agit d'une ellipse et, qu'entre temps, il est censé avoir procédé à ce geste mécanique indispensable au déroulement correct d'une perquisition. Le problème est que, quelques secondes après, on le retrouve... en train de sortir les gants de la poche de son blouson !
La conclusion qui s'impose est qu'au moins deux versions de cette scène ont été tournées, une qui comprend les images 1 et 3, l'autre l'image 2. Une seconde possibilité est que les images n'ont pas été montées dans l'ordre chronologique : la deuxième et la troisième ont été inversées.
J'aurais toutefois tendance à rester sur l'idée de plusieurs prises. Au niveau du commissaire Cassandre, la chronologie du port des gants est correcte. Par la suite, on voit les deux policiers continuer la perquisition les gainées de bleu. Or, quelques minutes plus tard, alors que l'adjoint fouille le dessus d'une armoire (où il va trouver un fusil), il est mains nues :
Ce n'est pas fini, puisque, lorsqu'il se retourne et descend pour examiner la housse qui était cachée au-dessus du meuble, il a de nouveau les mains gantées :
Ce genre d'erreur est d'autant plus regrettable que le scénario est assez travaillé et que l'interprétation n'est pas (trop) mauvaise.
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samedi, 27 janvier 2018
Cherif face à une fine lame
Le septième épisode de la cinquième saison de la série policière diffusée sur France 2 confirme l'impression que, malgré le départ de la comédienne Carole Bianic, l'intérêt ne faiblit pas. Les téléspectateurs aveyronnais seront encore plus attentifs que les autres, et ce dès le début de l'épisode :
Une agent de surveillance de la voie publique est sur le point de verbaliser (numériquement : regardez sa main gauche, à l'arrière-plan) un véhicule mal garé, lorsqu'elle s'aperçoit que le conducteur se trouve à l'intérieur. Elle se dirige vers lui, mais se rend compte qu'il n'est pas dans son état normal.
Visiblement, il a été poignardé avec un couteau Laguiole (un vrai, un solide). Par la suite, on apprend que la victime, vêtue d'un costume haut-de-gamme, sortait d'une soirée mondaine. L'assassin y avait-il subtilisé l'arme du crime ? Mystère.
C'est la seconde fois que le couteau aveyronnais se retrouve à l'écran dans cette série. Rappelez-vous, il y a un peu plus de quatre ans, c'est le capitaine Cherif lui-même que l'on avait vu manipuler ce superbe outil.
Mais ce n'est pas le seul intérêt de cet épisode, intitulé "Quand Cherif rencontre Huggy". Les (vieux) amateurs de séries policières américaines auront immédiatement remarqué l'allusion à Starsky et Hutch, une des références du héros, qui possède d'ailleurs une réplique miniature de la célèbre Ford. Ah, ben... tiens ! Que voit-on débarquer au détour d'un plan ?
Au cours de son enquête, Cherif va donc recevoir l'aide de "Huggy les bons tuyaux" (Huggy Bear dans la version originale). Il le voit débarquer après avoir reçu un coup sur la tête :
Il s'agit bien d'Antonio Fargas (petit entretien ici), dont on entend tout d'abord la vraie voix (sous-titrée). Très vite, on passe à la version française... avec une déception pour ceux qui ont encore en mémoire le phrasé d'Huggy : ce n'est pas la voix de doublage d'origine... et pour cause : le comédien Albert Augier, qui présidait à cette tâche, est décédé en 2007.
L'épisode n'en est pas moins fort plaisant, avec ses multiples clins d'œil et des seconds rôles toujours aussi piquants. (Deux d'entre eux, le médecin-légiste Dejax et le brigadier-chef Baudemont, sont les héros de deux "pastilles" : La Bonne allure et Knock Knock... Et, quand y en a plus, y en a encore, avec un petit bêtisier sympatoche.)
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samedi, 20 janvier 2018
"Cherif" perd son étoile
Albdelhafid Metalsi, qui incarne le héros éponyme de la série diffusée sur France 2, a en quelque sorte rendu la sienne (d'étoile... de shérif !), puisqu'on voit le capitaine de police lyonnais démissionner dans l'épisode 5 de la saison 5.
Mais c'est d'une autre étoile que je voulais parler, l'actrice Carole Bianic, qui interprétait jusque-là la partenaire du héros. On vient d'apprendre qu'elle quittait la série. Le prétexte est une grossesse, mais cela aurait pu facilement se gérer en décalant le tournage d'une partie de la saison, ou en recourant à une astuce scénaristique, le temps que la comédienne reprenne son rôle.
Peut-être les scénaristes étaient-ils à court d'idée pour faire évoluer la relation entre les deux héros (Kader et Adeline), qui ont fini par coucher ensemble et entamer une relation stable. Il semble que Carole Bianic ait voulu prendre du champ, à l'image d'Odile Vuillemin qui, il y a un peu plus d'un an, a quitté (à mon grand regret) la série Profilage (diffusée sur TF1), ce qui lui a d'ailleurs fait perdre une bonne partie de son charme à mes yeux. (Je ne la regarde plus.)
Concernant Cherif, la suite pourrait ne pas manquer d'intérêt. Depuis le début de la saison 5, les scénaristes ont été assez habiles pour glisser dans les enquêtes du capitaine une nouvelle collègue venue de la brigade des mineurs, Roxane Le Goff.
Je trouve que, dans le rôle, Aurore Erguy s'en sort très bien. Grâce aussi aux personnages secondaires qui continuent à pimenter les épisodes, la série pourrait continuer sur sa lancée.
15:39 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, actualité, médias, télévision
mercredi, 03 janvier 2018
Médiocrité journalistique
Aujourd'hui, alors que j'étais en voiture, j'écoutais ma radio d'information préférée. Après un flash, un entretien a été diffusé. L'invité représentait la fédération française de golf, me semble-t-il. Sa venue se justifiait par la prochaine tenue en France d'une prestigieuse compétition, la Ryder's Cup.
Mais voilà-t-y pas que l'invité se permet d'affirmer que le golf est le premier sport individuel de France... et même du monde ! Il a fini par donner des chiffres : 400 000 licenciés (pour la France) et, au total, 800 000 pratiquants. Le problème est que ces données ne font pas du golf le premier sport individuel de notre pays, ce qu'un des journalistes présents aurait dû rappeler aux auditeurs.
Si l'on se réfère à des statistiques de 2014, le tennis, l'équitation et le judo viennent avant le golf... et encore, on ne compte pas tous ceux qui pratiquent la marche, la natation, le jogging ou le vélo pour le plaisir. Même avec 400 000 licenciés et 800 000 pratiquants, le golf est très loin d'occuper la première place des sports individuels.
On peut compléter par des statistiques plus récentes, disponibles pour la plupart des sports français. En nombre de licenciés, le tennis est loin devant, avec plus d'un million (contre 400 000 au golf, rappelons-le). L'équitation culmine à presque 700 000 licenciés et le judo à environ 600 000. Cela fait beaucoup de démentis possibles à l'affirmation de l'invité de France Info, qui a pu tranquillement développer sa propagande son discours, les journalistes n'étant visiblement là que pour lui servir les plats.
De manière générale, je suis agacé par la médiocrité de certains programmes d'information radiophonique. Beaucoup de journalistes ne sont que des animateurs, qui visiblement travaillent peu leurs sujets et ne sont pas dotés d'une grande culture personnelle. Les sujets abordés sont trop souvent survolés.
PS
Un peu plus tard dans la journée, une représentante d'ATTAC n'a pas bénéficié du même traitement de faveur. Le journaliste qui l'a interrogée l'a un peu contredite, ce qui l'a obligée à préciser son argumentation... et c'était très bien comme ça. Une bonne radio d'information doit un peu titiller les neurones et non pas se contenter de déverser du liquide vaisselle dans les oreilles de ses auditeurs.
17:08 Publié dans Presse, Société, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme, sports, france
Le Nouveau Magazine Littéraire
L'ancienne revue consacrée à l'écriture et aux écrivains s'est transformée en magazine sociétal, toujours un brin littéraire. J'ai eu l'occasion de lire le premier numéro de la nouvelle formule, qui ne manque pas d'intérêt :
L'article qui a le plus retenu mon attention est celui intitulé "Une famille française". Marc Weitzmann y traite du cas de la famille Merah. Il cite notamment un enregistrement réalisé lorsque la mère de Mohamed est venue rendre visite en prison au frère de celui-ci, Abdelkader.
Il a été question de ces propos lors du récent procès qui a vu le frère du terroriste se faire condamner à une peine relativement légère. (Il risque de se retrouver dehors dans quelques années...) A ceux qui ignoreraient ces propos, je conseille la lecture de l'article, pour mieux comprendre l'obscurantisme et la haine qui animent certains membres de cette famille.
Mais, s'il s'arrêtait à cela, l'article n'aurait rien de particulièrement remarquable. Il tente de dresser un profil psychologique des membres de la famille, en se fondant sur ce que les enquêtes ont mis au jour et sur ce que certains ont déclaré (ou écrit, pour le fils aîné, qui s'est éloigné de sa famille d'islamo-fascistes).
On découvre un père délinquant algérien et polygame, qui cognait allègrement sur ses fils, qui ont ensuite reproduit la violence paternelle. On découvre aussi le fanatisme d'une mère dont on a récemment tenté de nous faire avaler un portrait humaniste. C'est peut-être cette mère qui a encouragé plusieurs de ses enfants à faire du petit dernier (Mohamed) leur souffre-douleur. Le plus acharné fut sans doute Abdelkader, celui qui allait par la suite devenir une sorte de guide spirituel intégriste. Plus intéressant encore, s'appuyant sur une psychanalyste, le journaliste évoque la relation trouble entre les deux frères, relation faite de sado-masochisme... et peut-être d'homosexualité incestueuse refoulée(?).
En élargissant son propos, l'auteur étonnera peut-être certains lecteurs en affirmant que les familles de djihadistes se ressemblent souvent et que celle de Mohamed et Abdelkader Merah n'est sans doute pas si exceptionnelle que cela. Je ne sais pas s'il faut s'en réjouir...
Un peu plus loin, c'est Edgar Morin qui est sur la sellette. On a droit à un entretien guère palpitant avec Raphaël Glucksmann. Je conseille plutôt la lecture de la mise au point consacrée à sa relation avec le fourbe Tariq Ramadan.
La suite du magazine contient quantité de conseils de lecture... et quelques analyses cinématographiques, dont une de l'univers de Star Wars, à l'occasion de la sortie du film Les Derniers Jedi.
01:25 Publié dans Politique, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme, société, france, politique, toulouse
mardi, 02 janvier 2018
Tropisme états-unien
Les séries américaines, en plus d'être souvent (pas toujours) divertissantes, sont un miroir (parfois involontaire) de la société de ce pays ou de la vision du monde qui y prédomine. J'ai pu encore le constater en visionnant les premiers épisodes de Salvation, actuellement diffusée sur M6.
L'habillage visuel est très réussi, bien qu'un peu tape-à-l'oeil. L'ambiance d'une série d'anticipation est bien campée. Se pose quand même un problème de vraisemblance : presque tous les postes à responsabilité (publics et privés) sont tenus par des trentenaires ou de jeunes quadragénaires... Les personnes âgées de plus de cinquante ans (qui pourtant jouent un rôle déterminant dans notre monde) sont quasiment exclues de cette fiction.
Mais c'est un autre détail qui a attiré mon attention. Dans le quatrième épisode de la saison 1 (vers la seizième minute), un planisphère apparaît dans un coin de l'écran, quand il est question de la sélection des 160 individus nécessaires à la reconstruction d'une société humaine sur Mars :
Zoomons sur la carte :
Les pourcentages peuvent correspondre à la part de la population mondiale vivant sur chaque continent, ou à la part de chaque continent dans le groupe des 160 (ce qui revient un peu au même). Le tropisme états-unien apparaît déjà : au lieu de se contenter d'une donnée chiffrée pour tout le continent américain, celui-ci est divisé en deux parties (grosso modo : l'Amérique anglo-saxonne et l'Amérique latine).
Certains de ces nombres m'ont fait tiquer. Du coup, je suis allé sur le site de l'INED, histoire de vérifier leur validité. Ô surprise ! Certains sont faux. Il s'avère que le poids de la population nord-américaine est considérablement surévalué (estimée à 21 % du total, au lieu de 5 %). C'est aussi le cas de la population européenne (même en y incluant les Russes). La conséquence est que le poids de la population asiatique est considérablement sous-évalué, puisqu'il est estimé à 29 % du total, contre près de 60 % dans la réalité ! (Sur le trombinoscope qui jouxte la carte, on constate la même surreprésentation de visages "de type européen" et la sous-représentation de faciès "de type asiatique"...) Voici ce à quoi aurait dû ressembler le planisphère :
Avis aux amateurs : c'est dans ce quatrième épisode que l'on découvre le sens caché du titre de la série. Sinon, le samedi, à la même heure, je recommande plutôt Agent Carter (sur TMC), une production originale, qui mêle ambiance de Guerre froide, science-fiction et un poil d'univers de super-héros. Si aucune de ces propositions ne vous convient, il reste l'exaltante possibilité de se rendre dans une salle obscure !
PS
Un autre détail est l'objet d'un biais de traduction. A deux reprises dans ce quatrième épisode, il est question d'un document exceptionnel, une des versions d'origine d'un texte célèbre, version que l'entrepreneur Darius Tanz acquiert lors d'une vente aux enchères et qu'il destine à être préservée pour les générations futures :
Dans la version française, on entend qu'il s'agit de la Déclaration des Droits de l'Homme. Le public hexagonal déduit que c'est celle de 1789... sauf que l'exemplaire qui est montré à l'écran est placé sous l'égide du Congrès des Etats-Unis (souligné en rouge par moi sur la capture d'écran). En réalité, il s'agit du Bill of Rights, les dix premiers amendements à la Constitution des Etats-Unis, adoptés en 1791, et dont la traduction en français donne "Déclaration des droits".
13:48 Publié dans Société, Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, médias, société, télévision, cinéma, états-unis
vendredi, 29 décembre 2017
Le loup au diable Vauvert
... mais, hélas, cela ne veut pas dire qu'il s'éloigne de nous, puisque Vauvert est une commune du département du Gard (frontalier de l'Aveyron), où la présence du loup serait en train de se développer, selon un passionnant dossier publié dans le dernier numéro de La Gazette de Montpellier :
(Notez que les auteurs ont suivi grosso modo les limites de l'ancienne région Languedoc-Roussillon, preuve que, du côté de Montpellier, on n'a toujours pas digéré la fusion-acquisition avec Midi-Pyrénées...)
Sur la carte, j'ai entouré (approximativement) les zones aveyronnaises concernées. On peut regretter que les auteurs n'aient pas tenu compte d'un récent rapport de l'INRA (dont il a beaucoup été question le mois dernier), qui confirme le renforcement de la présence lupine aussi bien sur l'Aubrac que sur le Larzac... et même à proximité de Millau.
D'ailleurs, une partie du dossier va dans ce sens. Un entretien avec José Bové évoque la sous-estimation du nombre de loups... à mon avis volontaire, pour limiter les "tirs de prélèvement". Si l'on tenait compte de la situation réelle dans les zones pastorales, on devrait autoriser l'abattage de davantage de bêtes (des loups, hein, parce que du côté de l'attaque des brebis, aucun véritable frein ne semble devoir être posé aux appétits de canis lupus lupus).
Les amateurs de curiosité découvriront peut-être dans ce dossier une photographie prise l'an dernier sur l'Aubrac (par Manoel Atman), celle d'une louve "pleine" (c'est-à-dire sur le point de mettre bas) :
Et dire qu'officiellement, on continue à affirmer qu'il n'y a qu'un seul loup dans le Nord Aveyron !
Le dossier comporte aussi deux intéressantes cartes historiques, une présentant le nombre de victimes humaines des attaques de loup, par département, entre 1271 et 1918. La seconde carte répertorie les communes où des loups ont été tués en 1796-1797... Impressionnant ! (Pour les voir, il va falloir acheter le magazine !)
D'autres articles méritent la lecture dans ce numéro de La Gazette de Montpellier. L'un d'entre eux traite du Cévenol, le train reliant le Languedoc à Clermont-Ferrand. Un autre évoque l'histoire d'un antipoison, dont la conception a nécessité des ingrédients de provenance parfois lointaine...
20:15 Publié dans Economie, Politique, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, société, actualité, occitanie, environnement, presse, médias, journalisme, agriculture, paysans
mardi, 26 décembre 2017
Qui était Fernand Forestier ?
Ceux qui l'ignoraient ont pu l'apprendre récemment en lisant la presse aveyronnaise, tout d'abord La Dépêche du Midi, avec un article publié il y a une dizaine de jours, article repris presque mot pour mot avant-hier dans Centre Presse :
Originaire du Bassin (plus précisément d'Auzits, ce qui explique la diligence de La Dépêche), il est devenu gendarme. On remarque qu'il a officié en Tunisie avant d'être nommé dans le Lot, à Figeac. Ce n'est d'ailleurs pas très loin de là qu'il a été fusillé le 8 juin 1944 : à Gramat, selon la fiche (hélas entachée d'une faute) disponible sur le site "mémoire des hommes" :
C'est dans La Dépêche que l'on peut trouver la plus grande précision quant aux auteurs de la fusillade qui a coûté la vie à Fernand Forestier : ce sont des membres de la tristement célèbre division SS "Das Reich", qui, le lendemain, frappait à Tulle, avant de se déchaîner à Oradour-sur-Glane.
Pour les habitants d'Auzits, ce gendarme résistant n'est pas un inconnu, puisque son nom figure sur le monument aux morts de la commune :
Pour la petite histoire, signalons que ledit monument a été conçu par un architecte qui avait pignon sur rue à l'époque : André Boyer. On lui doit aussi les monuments de Bertholène, Buzeins et Recoules-Prévinquières. A Rodez, il est connu pour avoir donné sa physionomie actuelle au Broussy... et pour avoir projeté de transformer la zone du Foirail, entre la place d'Armes et la gare de Paraire.
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dimanche, 24 décembre 2017
Médiocrité enseignementale
Ce n'est qu'aujourd'hui qu'une anecdote croustillante a été portée à ma connaissance, par un article de La Dépêche du Midi. Les faits se sont déroulés mercredi 13 décembre dernier. Les professeures d'une école (publique ?) de Gironde ont emmené leurs chères têtes blondes (brunes, rousses...) au cinéma, sans doute dans un but hautement éducatif.
Il est toutefois permis d'en douter quand on sait que le film au programme était L'Etoile de Noël, une animation certes très divertissante, mais dont l'intérêt pédagogique ne saute pas aux yeux. Cela ressemble bigrement à une sortie-prétexte, histoire de ne pas avoir à faire cours une demi-journée par semaine. (Entre le transport aller, l'installation dans la salle, la durée du film, le pipi de la fin et le retour au bercail, on a bien 3 heures - 3 heures 30 d'écoulées...) Nous savons bien combien le retour à la semaine de quatre jours et demi, imposé sous le quinquennat Hollande, a suscité d'oppositions égoïstes parmi certains parents, enseignants et élus locaux...
Rappelons que, même avec le passage de 4 à 4,5 jours de classe, les petits Français font partie des élèves européens (et même de l'OCDE) à avoir le moins de jours d'école dans l'année. Ailleurs (comme c'était la règle en France il y a quelques générations de cela, à une époque où l'école primaire remplissait mieux sa mission qu'aujourd'hui), les cinq jours complets sont de mise, mais avec un emploi du temps quotidien moins chargé. Voilà qui permet aux élèves plus lents (ou moins doués) d'assimiler les notions que les enfants favorisés arrivent à ingurgiter en quatre jours de scolarité chargés.
Mais, en Gironde comme parfois dans l'Aveyron, l'élite enseignementale fait de la résistance... en emmenant les gamins au cinéma le mercredi... ou le vendredi, comme j'ai déjà pu le constater à Rodez. Entendons-nous bien : le cinéphile que je suis accepte évidemment que ce genre de sortie fasse partie des activités pédagogiques. C'est de plus enrichissant sur le plan culturel. Encore faut-il au préalable avoir vu le film que l'on destine aux bambins... et préparer une (plusieurs ?) séance(s) de travail en lien avec la sortie. Visiblement, ça n'a pas été le cas de ces profs girondines quelque peu pusillanimes.
Sur la Toile, la droite identitaire s'est déchaînée, contribuant à orienter le débat sur le thème de la laïcité. Mais le véritable problème est le manque de conscience professionnelle de ces enseignantes.
PS
Curieusement, dans les écoles privées (catholiques), la projection de ce film n'a soulevé aucun problème, notamment dans le Morbihan (à Carentoir) et dans le Finistère (à Brest).
samedi, 23 décembre 2017
Le Dalaï-lama bientôt en Chine ?
C'est la question que se pose (entre autres) le correspondant du Monde en Chine, Brice Pedroletti, dans un article paru il y a deux jours. Le guide spirituel des Tibétains aurait manifesté le désir de revenir en Chine... et Pékin ne s'y serait pas montré hostile. Etonnant, non ?
Le Dalaï-lama souhaiterait se rendre sur une montagne sacrée pour les bouddhistes, qu'ils soient tibétains, chinois ou mongols : le Wutaishan. Or, cette montagne se trouve dans la province du Shanxi, dans l'est de la Chine, en dehors donc de la zone de peuplement tibétain (et donc, a fortiori, à l'extérieur de la région autonome du Tibet). Voilà qui pourrait expliquer l'accueil non défavorable des autorités chinoises.
Sur la carte ci-dessus, j'ai placé un losange jaune approximativement à l'emplacement du Wutaishan, dans le Shanxi. Un autre losange se trouve, dans le sud, dans la province du Yunnan, à Kunming, où l'envoyé du Dalaï-lama aurait été autorisé à se rendre. Là encore, c'est en dehors de la région autonome du Tibet et au-delà des limites du Tibet historique revendiqué par certains indépendantistes tibétains.
Une troisième zone est coloriée en jaune : le nord-ouest de la province du Yunnan, où l'envoyé du Dalaï-lama (selon l'article) aurait aussi été autorisé à se rendre. Ici, on est toujours en dehors de la région autonome, mais à l'intérieur du "Tibet historique", dans un de ces fragments que les autorités chinoises ont disjoints du noyau tibétain pour perturber le combat politique de leurs adversaires. C'est incontestablement une faveur faite à l'envoyé du Dalaï-lama, qui est originaire de cette région. (Pour la petite histoire : on y trouve un district qui a été rebaptisé Shangri-la pour attirer les touristes...)
Précisons que, vis-à-vis des touristes étrangers, les organismes du "pays du milieu" (comme celui-ci) continuent à présenter la région autonome comme le seul et unique territoire tibétain :
Pékin surveille comme le lait sur le feu ces régions tibétaines "de l'extérieur", où se sont déclenchés, en 2008, la plupart des mouvements de contestation de la domination chinoise, comme en témoigne une carte publiée naguère dans Courrier International :
2018 sonnera le dixième anniversaire de ces événements. Il est possible que les ouvertures faites au Dalaï-lama soient une manière de désamorcer d'éventuelles velléités de "célébration" des mouvements de protestation. Du côté du guide bouddhiste, le choix du lieu de pèlerinage pourrait être interprété comme une preuve de sa volonté de conciliation.
22:41 Publié dans Chine, Politique, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, histoire, presse, médias, journalisme
mercredi, 13 décembre 2017
Donald Trump désavoué
Les résultats de l'élection sénatoriale partielle organisée dans l'Alabama sont tombés : le candidat républicain, soutenu par le président Trump a, fait exceptionnel dans cet Etat du Sud réputé très conservateur, été devancé par son adversaire démocrate, d'un peu plus de 20 000 voix (d'après The New York Times).
Pour être honnête, rappelons que le vaincu, Roy Moore, n'était pas le premier choix de Donald Trump. Lors de la primaire républicaine, il avait soutenu son concurrent, Luther Strange, qui occupait (temporairement) le siège laissé vacant par Jeff Sessions, le sénateur titulaire nommé ministre de la Justice par Trump.
Quand on compare ces résultats à ceux de la présidentielle de l'an dernier, on constate que l'électorat démocrate est quasiment stable, alors que le vote républicain a (depuis 2016) connu une forte hémorragie, le nombre de voix ayant été divisé par deux !
Certains vont me dire que ce n'est pas la même élection et qu'il est possible que la partielle ait moins mobilisé l'électorat. La remarque serait fondée si le vote démocrate avait lui aussi connu un effondrement, ce qui n'est pas le cas. On peut aussi comparer avec une autre élection sénatoriale, qui s'est déroulée l'an dernier en Alabama :
Les résultats sont quasi identiques à ceux de la présidentielle. Clairement, un an plus tard, environ la moitié de l'électorat républicain a déserté le vote, choisissant de s'abstenir. Peut-être est-ce dû à la personnalité du candidat républicain, très controversée ? Dans ce cas, pourquoi une part de ce vote n'a-t-elle pas basculé en faveur du rival démocrate ? Peut-être parce qu'il s'agissait d'envoyer un message au président.
Les plus observateurs d'entre vous ont peut-être remarqué la relative constance du vote dans les comtés. Dans cet Etat farouchement républicain, la majorité des circonscriptions sont en rouge, couleur du parti auquel appartient Donald Trump. Seuls quelques comtés, plus urbains, sont en bleu (en particulier ceux de Birmingham et Montgomery), signe que le vote démocrate y est majoritaire. C'est un phénomène que j'avais déjà constaté à propos du vote Clinton l'an dernier et à propos du vote Obama, en 2008. A l'époque, je n'avais pas trouvé toutes les réponses à mes questions. Je crois y être parvenu aujourd'hui.
Dans un premier temps, j'ai été frappé par certaines coïncidences. Les comtés où le vote démocrate est traditionnellement prononcé sont des territoires marqués par la présence de prairies :
De manière tout aussi surprenante, ces comtés sont aussi ceux où les ressources en lignite sont abondantes :
Mais la raison la plus vraisemblable de ce vote démocrate est la répartition ethnique de la population : ce sont les comtés où la part des Afro-Américains est la plus élevée :
Et puis soudain, le nom des villes a fait tilt dans mon esprit. Ces comtés démocrates sont ceux où Martin Luther King a mené son combat contre la ségrégation, notamment dans les villes de Montgomery et Selma (comme le rappelle un film sorti il y a deux ans). Notons qu'en 2017 (comme le montre la comparaison avec la première carte), le vote démocrate l'a emporté dans des comtés plus excentrés, mais toujours assez urbanisés (Hunstville, Mobile) et comportant une importante minorité noire. Précisons que le vainqueur de l'élection, Doug Jones, est procureur à Birmingham et qu'il a poursuivi des membres du Ku Klux Klan auteurs de crimes racistes.
Même si, du point de vue des chiffres, cet étonnant résultat électoral est d'abord dû à la mise en retrait d'une part de l'électorat républicain, il constitue une sorte de butte-témoin des tensions ethniques qui sont encore aujourd'hui à l'oeuvre aux Etats-Unis.
15:14 Publié dans Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, médias, presse, journalisme
samedi, 02 décembre 2017
Le principe d'Heisenberg
Que l'on se rassure. Je ne vais pas me lancer ici dans un exposé de physique nucléaire. Cette notion scientifique est en fait le titre d'un album de bandes dessinées, le dernier mettant en scène Guy Lefranc, journaliste-enquêteur créé par Jacques Martin (pas l'ancien animateur, hein, le scénariste auquel on doit, entre autres, les aventures d'Alix).
Je ne suis pas un lecteur de cette série. Je m'y suis intéressé parce que cet épisode tourne autour d'un double meurtre horrible commis dans une région réputée sauvage et peu accessible... l'Aubrac ! L'action se déroule dans les années 1950, sous la IVe République donc, mais, surtout, en pleine Guerre froide.
Comment un journaliste parisien, dont l'employeur suit plutôt les affaires "sérieuses" (Le Globe est sans doute un décalque du quotidien Le Monde), est-il amené à se rendre en plein Rouergue ? La raison est amenée de manière assez cocasse :
L'une des connaissances de Guy Lefranc est ce qu'on pourrait appeler un "Aveyronnais de Paris", retourné au pays pour des vacances bien méritées... mais sa conscience professionnelle, elle, n'est pas en congé !
L'un des mérites de cette bande dessinée est d'apprendre à ceux qui l'ignoreraient quel périple cela représentait à l'époque de relier en voiture la capitale au Nord Aveyron. Cela nous vaut quelques images de carte postale, à Nevers, Moulins, au viaduc de Garabit et, finalement, à Saint-Geniez-d'Olt (aujourd'hui Saint-Geniez-d'Olt-et-d'Aubrac). En chemin, le héros a croisé quelques bêtes à cornes caractéristiques. Une fois arrivé à bon port, il déguste un aligot. Cette péripétie gastronomique donne naissance à une note de bas-de-page, pour expliquer au commun des mortels (non aveyronnais) en quoi consiste ce mets succulent. Je laisse à chacun apprécier la qualité de l'information donnée...
Très vite, l'intrigue policière reprend le dessus. Espionnage, meurtres, dissimulation et coups foireux sont au programme, le tout représenté dans un style très classique, proche de la "ligne claire" chère à Hergé. J'ai toutefois été un peu gêné par l'abondance de scènes de nuit, certes parfaitement justifiées par le déroulement de l'histoire, mais qui réclament une excellente luminosité pour être appréciées à leur juste valeur.
Au cours de ses aventures, Guy Lefranc croise une veille connaissance à lui, employée par la presse à sensation, qui se délecte des faits divers les plus sordides. Ce Marco di Angelo est dessinateur à ses heures. On nous propose d'ailleurs l'un de ses croquis :
L'intrigue est vraiment fouillée. Elle tient en haleine jusqu'au dénouement, qui survient dans une belle bâtisse que tout le monde reconnaîtra, d'autant plus qu'elle a été au coeur d'une autre bande dessinée, parue il y a quelques années :
PS
Je me suis rappelé un détail croustillant : l'expression graphique du bruit fait par un pistolet fonctionnant avec un silencieux :
11:44 Publié dans Aveyron, mon amour, Livre, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, livres, bd, bande dessinée
lundi, 27 novembre 2017
France Inter dans l'Aveyron
Cette semaine est diffusée la série d'émissions du Jeu des 1000 euros enregistrée il y a quelques semaines dans le nord du département. Cela a commencé aujourd'hui à Mur-de-Barrez avec des candidats brillants, l'un entre eux portant le nom Lafortune... de bon augure !
Auparavant, l'émission Carnets de campagne s'est intéressée au sud du département (Saint-Jean-d'Alcapiès et Saint-Affrique). On peut juste regretter que Philippe Bertrand ait présenté Villefranche-de-Rouergue comme la deuxième plus importante ville du département (après Rodez)... Les Millavois ont dû bondir de leur siège !
18:45 Publié dans Loisirs, Vie quotidienne, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : médias, actualité, occitanie, france, culture
dimanche, 26 novembre 2017
Le Pérail sur France Info
Cet après-midi, j'étais en train de me livrer à l'exaltante activité qui consiste à repasser du linge lorsque j'ai entendu, sur la radio publique d'information, un sujet consacré au fromage aveyronnais.
J'ai posé le fer, lâché le linge et monté le son. Dans un premier temps, je me suis réjoui qu'une radio nationale évoque ce produit de la gastronomie aveyronnaise. Mais j'ai fini par tiquer devant quelques approximations. Elles concernent principalement l'obtention des labels AOC (au niveau français) et AOP (au niveau européen). Le journaliste les considérait comme acquises (et même depuis 2015 pour l'AOC), ce qui, sauf erreur de ma part, n'est pas (encore) le cas.
Sur le site de l'INAO, on peut télécharger le dossier du projet d'AOP. Il était soumis à consultation publique jusqu'en mai dernier. Depuis, on n'a pas de nouvelles officielles, même si les promoteurs avaient l'espoir d'aboutir pour le Salon de l'agriculture 2018.
Une incertitude demeure aussi concernant l'aire géographique (la zone de collecte du lait, qui induit la localisation des élevages de brebis laitières). Sur le site créé par les promoteurs du Pérail figure une zone très étendue :
Elle ressemble bigrement à une autre aire géographique, celle de l'AOP Roquefort, qui s'étend elle aussi sur six départements (principalement l'Aveyron, le Tarn et la Lozère, avec une portion du Gard, de l'Hérault et de l'Aude) :
A l'origine, cela pouvait paraître cohérent : les animaux élevés sont les mêmes (des brebis Lacaune), la région agricole aussi (les grands causses du sud du Massif Central). Mais, dans le dossier proposé à consultation par l'INAO, la zone est plus restreinte :
Les portions héraultaise et tarnaise sont plus petites, et l'Aude a disparu de la carte.
Je termine par une autre approximation. Dans le reportage de France Info, une confusion (très répandue) est faite entre le Pérail, fromage au lait cru, et Lou Pérac, une marque de Lactalis (qui possède aussi Société), mais une marque d'un fromage (industriel) au lait... pasteurisé. Ce n'est pas du tout pareil !
Je pense d'ailleurs que, derrière la démarche des éleveurs pour obtenir l'AOP, il y a la volonté de s'émanciper de l'influence de Lactalis-Société, qui domine la production de Roquefort, mais ne valorise pas suffisamment ce délicieux fromage au lait cru, selon certains éleveurs. Du coup, un petit groupe d'irréductibles (au départ) a voulu créer un nouveau produit et obtenir pour celui-ci un label qui permette d'éviter la confusion avec la marque du grand groupe. Ce projet semble sur le point d'aboutir, mais la radio publique est peut-être allée un trop peu vite en chemin.
22:40 Publié dans Aveyron, mon amour, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme
lundi, 20 novembre 2017
Une vacherie du Salon de l'agriculture
Une fois n'est pas coutume, hier, le quotidien aveyronnais a poussé un petit coup de gueule contre la manière dont la toute nouvelle notoriété de Haute (la vache Aubrac égérie du Salon de l'agriculture 2018) est gérée :
Quand je pense qu'une agence de com' est chargée de l'image de Haute... Si cela se passe comme avec Fine l'an dernier, notre vache aveyronnaise devrait tenir un compte twitter... ou quand l'apparence et le clinquant priment sur le contenu.
Sur la même page du journal, on peut lire un vrai faux entretien avec la vache Aubrac, qui se reconnaît comme principal défaut une "tendance à ruminer un peu trop souvent" ! Presque tout l'article est du même tonneau, vraiment drôle.
Le tout est complété par un dessin de Z'lex, qui ironise sur le statut de vedette de Haute :
Notons que le dessinateur officie aussi dans La Volonté Paysanne, où il lui est déjà arrivé (notamment en 2014) de caricaturer la plus célèbre bête à cornes aveyronnaise :
17:11 Publié dans Aveyron, mon amour, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, france, presse, médias, journalisme, société