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vendredi, 14 décembre 2012

Le cheval blanc d'Henri IV

- Ville de Rodez, bonjour !

- Bonjour madame. Je suis bien à la mairie de Rodez ?

- Oui.

- Je suis de passage à Rodez et je cherche la réponse à une question : quelle était la couleur du cheval blanc d'Henri IV ?

- Euh... Vous pouvez patienter s'il-vous-plaît ?

- Oui ! ?

...

- Allo ?

- Oui, je vous passe le service qui s'en occupe !

 

   Cette scène surréaliste est bien entendu inspirée de ce que l'on a pu entendre sur Europe 1, mercredi, dans l'émission de Laurent Ruquier "On va s'gêner". (Au passage, précisons que le "Vert Galant", avant de devenir roi de France, fut comte de Rodez, grâce à sa mère, Jeanne d'Albret, qui était la fille de Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier.)

   Je n'ai pas entendu l'émission au moment de sa diffusion. Les âmes charitables n'ont pas manqué pour signaler à mon attention cette pépite, condensée en un quart d'heure dans la version diffusée sur Youtube.

   Une fois que l'on a bien ri, on peut faire quelques remarques. D'abord, parmi les fonctionnaires de la mairie de Rodez, les femmes semblent nombreuses. Ensuite, aucune de ces personnes (pas plus que les employés de l'évêché) n'a su ou voulu tenter une réponse. Pourtant, nombre d'entre elles doivent passer quotidiennement devant la cathédrale ! (C'est encore plus vrai pour les employés de l'évêché, qui n'ont que la rue Frayssinous à traverser...)

Couleur.jpg

   On peut regretter la timidité des employés (sans doute soucieux de ne pas se couvrir de ridicule... c'est raté), mais leur attitude est peut-être le reflet d'une sorte de conditionnement. Le travail au standard est formaté : il faut ventiler les coups de fil vers les personnes compétentes et écarter les gêneurs. L'employée a agi de même avec Laurent Ruquier. Elle n'a sans doute pas pensé, de prime abord, qu'elle pourrait répondre à sa question : ce n'est pas son boulot. Ceci dit, au standard de la mairie de Rodez, elle doit parfois en entendre de belles...

   Bref, toutes ces personnes se sont refilé la patate chaude. Voilà l'animateur d'Europe 1 baladé de service en service, à l'image des héros de Goscinny et Uderzo, dans une séquence restée célèbre des Douze Travaux d'Astérix. On pourrait aussi penser au sketch de Pierre Palmade, La Moto.

   A Paris, on a fini par comprendre que les Ruthénois (pas les Rodéziens, hein !) ne sont même pas d'accord entre eux sur la couleur de la cathédrale. Comment est-ce possible ? La photographie d'une partie de l'auguste bâtiment va nous être utile :

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   Nous sommes au pied de la façade Ouest, qui donne sur la place d'Armes. La prise de vue date d'octobre dernier, le jour où j'avais pris en photo certains éléments de la tour Sud, notamment. Vous aurez remarqué la diversité des teintes. N'oublions pas que l'édifice, dans sa forme actuelle, résulte d'une série de travaux s'étalant sur deux siècles et demi (de la fin du XIIIe au début du XVIe). Si vous ajoutez à cela les restaurations successives, il n'est pas étonnant de rencontrer une telle variété.

   A la base, comme le précise l'office du tourisme (qu'aurait pu penser à contacter Laurent Ruquier), c'est en grès rose que la cathédrale a été construite. Avec le temps, certaines pierres (surtout pas des briques !)  ont noirci. En fonction de l'ensoleillement, certaines parties peuvent passer pour rouges ou ocres.

   Cela, les chroniqueurs de l'émission "On va s'gêner" auraient pu le trouver sans problème, à l'heure des smartphones et tablettes reliées à Internet. C'est à se demander si la démarche téléphonique est aussi spontanée qu'elle en a eu l'air. L'émission étant enregistrée, pendant ce qui est présenté comme la pause publicitaire, la moindre recherche sur la Toile aurait mené la fine équipe (ou plutôt leurs assistants dévoués) à la bonne réponse. (Il semble toutefois que les assistants ne soient pas d'une grande habileté : quand l'animateur leur a demandé, en désespoir de cause, de contacter un café local, ils ont choisi le torréfacteur Cafés Ruthéna !) On a peut-être pensé jouer un joli coup. Après tout, pourquoi ne pas tenter la démarche téléphonique. On ne sait jamais sur quoi cela va déboucher...

   Cela n'exonère pas pour autant les employés de leur responsabilité. Combien de Ruthénois (et d'Aveyronnais), passant à proximité de la cathédrale, ont le nez plongé sur l'écran de leur téléphone portable ? Quelle part des habitants aurait pu répondre à la question simple posée par l'animateur ? Je suis persuadé que les réponses auraient par contre fusé si les mêmes personnes avaient été interrogées sur le gagnant de telle ou telle émission de télé-réalité... Triste époque !

samedi, 03 novembre 2012

La chasse au couteau

   Ce n'est pas une blague de la Toussaint : le 1er novembre, le quotidien Midi Libre a signalé que le célèbre mensuel Le Chasseur Français consacre, dans son numéro de novembre, un petit dossier à ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Laguiole", signalé en "une" du journal :

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   L'éditorial d'Antoine Berton (au titre gaullien : "L'appel de Laguiole") est consacré à ce même sujet :

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   J'y ai souligné deux éléments importants : l'engagement du mensuel de ne plus utiliser d'articles de contrefaçon lors de ses opérations promotionnelles et le lancement d'une pétition en faveur du village aveyronnais.

   Je me rappelle qu'il y a des années de cela, une célèbre marque de saucissons secs "offrait" avec sa marchandise un exemplaire de couteau censé avoir été fabriqué sur l'Aubrac. Quand on sait que les babioles chinoises et pakistanaises peuvent se vendre (aujourd'hui) à 1 euro en grande surface, on mesure la valeur du "cadeau". (Pour la petite histoire : cette pratique commerciale a contaminé jusqu'aux identitaires corses, qui avaient lancé, l'an dernier, des porte-clés nationalistes... fabriqués en Chine...)

   Pour ceux que la pétition du Chasseur Français tenterait (ou qui voudraient la faire circuler), voici l'encadré qui a été publié dans le numéro du mois de novembre :

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   A présent, venons-en au mini-dossier. Il commence sur les propos de Thierry Moysset, le directeur de la Forge de Laguiole, très en pointe dans l'affaire. Plus loin dans l'article, il est question d'une autre coutellerie qui a pignon sur rue, Honoré Durand & fils. La parole est aussi donnée au maire et conseiller général, Vincent Alazard. Une chronologie complète le propos, illustré par des photographies des personnes interrogées, mais aussi de l'actuel (Gilbert Cestrières) comme de l'ancien (André Valadier, accompagné d'une vache Aubrac) président de la coopérative Jeune Montagne, ainsi que de Michel Bras (dont on connaît la passion pour les couteaux).

   Le mensuel ne donne pas la parole à Gilbert Szajner et ne cite pas non plus la voix discordante de Gérard Galtier (du Nouvel Hebdo). L'article s'achève sur l'évocation du projet d'extension des IGP aux produits non agroalimentaires, qui nécessite une loi.

mercredi, 24 octobre 2012

Beautés de la cathédrale

   Notre-Dame de Rodez est un peu comme certaines actrices anglo-saxonnes : la façade est perpétuellement en travaux. On pourrait d'ailleurs conseiller à leurs chirurgiens esthétiques d'aller observer le travail des artisans qui s'activent sur les échafaudages ruthénois.

   Il y a deux ans, on avait découvert d'anciennes inscriptions, situées sur la tour Sud, en hauteur. Aujourd'hui, les travaux se sont déplacés plus haut rue Salvaing. Le soleil illuminant l'auguste monument a attiré mon regard sur l'angle de la tour, donnant sur la place d'Armes :

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   Voici la gargouille, prise de côté, dos au Monoprix :

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   (A propos, a-t-on vraiment cru, à la mairie de Rodez, que le quartier de la cathédrale avait une chance d'être reconnu par l'Unesco avec la verrue du Monoprix juste à côté de l'édifice religieux ? Faut redescendre sur terre, les gars !)

   Revoici la même, prise de la place d'Armes :

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   Au départ, vu de loin, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'une femme portant une cruche d'eau. Une fois la photographie agrandie, j'ai plutôt eu l'impression de me trouver face à un bourgeois (regardez sa perruque et ses habits) accroché à une bourse grande ouverte... un symbole de la cupidité ou de l'avarice, peut-être ?

   Sur la première image, à droite de la gargouille, vous avez sans doute remarqué un drôle d'écusson, que voici :

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   C'est le blason de la famille d'Estaing, dont l'un des membres, François, fut évêque de Rodez de 1501 à 1529. Il intervint pour faire construire le clocher de la cathédrale.

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   En remontant la rue Salvaing, une autre sculpture s'impose au regard :

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   Je la trouve magnifique. Admirez les détails, jusqu'aux pattes de l'être mi-homme mi-bête, qui pourrait être un moine paillard.

   J'espère que les gargouilles de la face nord de l'église, que le gel avait si curieusement mises en valeur en février dernier, seront restaurées avec le même talent.

samedi, 13 octobre 2012

Aveyron : le temps de la terre (1950 - 1960)

   C'est le titre d'un livre événement, sorte de compilation de magnifiques photographies en noir et blanc, prises par Jean Ribière au coeur de ce qu'on a appelé "les Trente Glorieuses" :

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   Marie-Claude Dupin-Valaison signe les légendes (souvent très pertinentes) d'un florilège classé en quatre thèmes.

   Une large place est consacrée à l'ensemble des activités agricoles. Fait remarquable, le rôle des femmes est particulièrement mis en valeur, à l'image de cette vachère tricoteuse, placée en introduction :

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   Un peu plus loin, l'intégralité de la photographie nous est proposée... et l'on se rend compte à quel point le cadrage peut changer le sens d'une image :

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   L'auteure pose cette grave question : le chien est-il en train de s'abriter du soleil ou de soulager une envie pressante ?

   Dans cette première partie, titrée Le Temps des campagnes, j'ai aimé la représentation des travaux des champs, à l'ancienne. On se croirait dans Farrebique, l'excellent documentaire-fiction de Georges Rouquier. Au détour d'une page, on découvre une scène surprenante, avec là encore une femme :

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   Cette photographie a été prise à Réquista. On pourrait donc croire que la paysanne transporte du lait de brebis à la laiterie. La légende précise cependant qu'il s'agit de lait de vache, ce que la forme du bidon semble confirmer.

   Un peu plus loin, toujours dans l'esprit de Farrebique, on voit un vieil agriculteur se coupant une tranche de pain.

   On les attendait... et elles finissent par arriver. Je veux bien entendu parler des vaches Aubrac, héroïnes d'une scène particulièrement attendrissante :

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   On en revoit à plusieurs reprises, notamment dans la troisième partie du livre, où une photographie illustre une scène de traite, avec une explication très pédagogique de la marche à suivre pour que la mère Aubrac livre son lait.

   La deuxième partie est titrée Le Temps des foires et des marchés. Plusieurs figures émergent de ce tableau commercial, à commencer par le marchand de cordes :

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   La légende précise qu'il est cantalien... et l'on remarque la fascination que son activité semble exercer sur une petite fille, placée en bas à droite de l'image, un peu comme le chien dont il a été question plus haut. Ce photographe avait visiblement un sens du cadrage très développé. On peut voir dans cette pratique une sorte de préfiguration du tic adopté par certains dessinateurs (Gotlib, Plantu), qui ont pris l'habitude de disposer dans un coin de leurs oeuvres un petit personnage donnant du sens à l'ensemble.

   Un peu plus loin nous est proposée une (reconstitution de) scène de négociation entre un maquignon et un éleveur. Paradoxalement, les deux donnent l'impression d'avoir fait une bonne affaire...

   Etonnante est cette autre image, assez mystérieuse de prime abord :

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   Il s'agit d'une vue de l'arrière de la voiture d'un boulanger !

   On passe ensuite à la troisième partie, titrée Le Temps de l'artisanat et de l'industrie. On retrouve les vaches Aubrac dans le cadre des burons, avec un descriptif des étapes de la fabrication du fromage Laguiole. En contrepoint est proposée une série d'images du Larzac, des troupeaux de brebis à l'affinage du Roquefort. Les cabanières ne sont pas oubliées.

   Une bouffée de nostalgie nous saisit ensuite lorsque l'on se retrouve face aux images du travail de ganterie, à Millau. On réalise à quel point le monde a changé :

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   Eh non, il ne s'agit pas d'un atelier travaillant pour un parti fascisant, adepte du bras tendu !... L'étape représentée ici est le repassage, grâce à la "main chaude", une matrice métallique comportant quatre doigts, sur laquelle était enfilé le gant.

   Cette séquence est suivie d'images pittoresques, comme celle d'un élevage de truites à Laguiole (qu'un lecteur inattentif pourrait prendre pour une station d'épuration). Impressionnante est aussi cette photographie d'un casseur de pierres du Nord Aveyron, plus forte encore que celle du barrage de Sarrans. Incontestablement, c'est le travail des hommes que Jean Ribière a voulu mettre en valeur.

   La quatrième partie, titrée Le Temps de la fête et de la foi, nous offre notamment des scènes champêtres : certaines messes avaient lieu en plein air. On y découvre aussi les Aveyronnais s'amusant, comme ces danseurs de la place du Taureau, à Laguiole :

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   L'auteure de la légende présume qu'au pied du tas de vêtements se trouve un magnétophone ou l'un des premiers postes à transistor, qui diffuse la musique sur laquelle évoluent les couples.

   Originale est aussi la photographie de ces pêcheurs, quasiment placés au pied du Vieux Palais d'Espalion, vu en contre-plongée.

   L'ouvrage s'achève sur une note optimiste, avec ce garçon au caneton, très poétique :

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   Alors, n'hésitez pas à acheter ce livre. Il fourmille d'images passionnantes, de bien meilleure qualité que les reproductions qui figurent dans ce billet.

   Il coûte 25 euros. Il est publié aux éditions du Rouergue... mais a été imprimé en Italie (à Vérone) !

mardi, 02 octobre 2012

De l'aligot à l'hospice des Vieux Glands

   Pour connaître la solution de l'énigme, il faut écouter l'émission "La Morinade" du lundi 1er octobre, accessible sur le site du Mouv'. Dans la deuxième partie du programme est intervenu l'inénarrable Albert Algoud, qui a successivement incarné le Père Albert et surtout le Maréchal Ganache, pensionnaire d'un célèbre hospice.

   Voici un extrait :





vendredi, 28 septembre 2012

Devinette

   Elle est posée en dernière page du Nouvel Hebdo de cette semaine, au coeur d'un long article consacré aux récents déboires juridiques de la commune de Laguiole :

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   La photographie est extraite du quotidien auvergnat La Montagne qui, le 19 septembre dernier, a consacré un papier à ce qu'il convient d'appeler "l'affaire Laguiole". Il n'est pas illogique que le chef cuisinier, qui a contribué à la notoriété du village aveyronnais et qui soutient la démarche engagée par la municipalité et certains artisans locaux, soit choisi pour illustrer l'article. Mais... est-ce bien un couteau Laguiole qu'il tient dans la main ? Regardons de plus près :

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   Si l'hebdomadaire satirique pose la question, c'est sans doute parce qu'il se doute que non. Au départ, j'avais pensé à un couteau originaire de Thiers, ville dont les liens avec Laguiole sont anciens. On y fabrique de très bons produits, mais pas ce couteau-là.

   C'est alors que je me suis souvenu de la passion qu'éprouve le cuisinier pour le Japon (perceptible dans le documentaire Entre les Bras, sorti cette année). A partir de là, ma recherche n'a pas été longue. Je suis arrivé sur un blog dédié à la consommation. On y apprend que Michel Bras s'est fait faire ses propres couteaux, par le japonais KAI. C'est même devenu une gamme, dont on peut faire l'acquisition sur un site internet spécialisé. Pour la petite histoire, l'exemplaire de la photographie semble être un couteau à volaille :

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   C'est (involontairement) bien choisi, puisque, dans cette affaire, la commune de Laguiole se fait plumer !

   Pour terminer, je me suis intéressé au retentissement de "l'affaire Laguiole". Elle a été évoquée par certains médias nationaux, notamment France Info. Je suis aussi allé voir ce qu'en disait un site d'information du Val-de-Marne. Pourquoi diable ? Eh bien, parce que l'entreprise de Gilbert Szajner est basée à Saint-Maur-des-Fossés, juste à côté de Créteil :

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   Curieusement, les sites d'entreprises comme manageo.fr donnent une certaine Etsuko Nakazawa comme présidente de "Laguiole Licences SAS". Mais cette société n'a été fondée qu'en 2009. Elle doit dépendre de Laguiole SA, qui, d'après verif.com, a été créée en 1986 et a son siège dans le premier arrondissement de Paris. Si Etsuko Nakazawa en est la directrice générale, le Conseil d'administration est présidé par Gilbert Szajner. Quand on regarde la liste des administrateurs, on se dit que les choses se passent en famille : à Etsuko Nakazawa s'ajoutent Nathalie et Yaël Szajner, visiblement les filles du patron.

   Mais revenons à l'article du site val-de-marnais (improprement titré "Victoire juridique pour le Laguiole made in Val de Marne" !). Il qualifie Gilbert Szajner d' "entrepreneur inventif", tout en précisant qu'il a profité du vide juridique qui entourait le nom Laguiole. L'auteur ajoute que le récent verdict est un coup dur pour la petite commune aveyronnaise. Il cite les éléments qui appuient la décision de justice... mais se garde bien de révéler où les produits vendus par l'entreprise de Gilbert Szajner sont fabriqués... (Je conseille aussi la lecture des réponses d'internautes, certains visiblement aveyronnais.)

   Signalons que cette affaire a été évoquée, jusqu'au Royaume-Uni (en 2010), dans un article du Daily Telegraph, un quotidien conservateur très lu outre-Manche.

vendredi, 14 septembre 2012

Les mutinés de Villefranche-de-Rouergue

   L'an prochain sera célébré, à Villefranche-de-Rouergue, le 70e anniversaire de la révolte de troupes SS originaires des Balkans, plus précisément du pays qu'on a appelé jadis la Yougoslavie. Ces Croates et ces Bosniens avaient sans doute été recrutés de force. (Curieusement, presque un an plus tard, Rodez fut le théâtre d'une révolte similaire, celle de soldats soviétiques incorporés de force à l'armée allemande.)

   Le déroulement de la rébellion est bien raconté par le site de l'ambassade de Croatie en France. La commémoration de cet acte héroïque a longtemps été l'objet de la polémique, en raison de l'histoire troublée des Balkans. C'est bien raconté dans le livre écrit par Mirko Grmek et Louise Lambrichs, Les Révoltés de Villefranche :

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   On pourrait croire qu'aujourd'hui que la Yougoslavie a disparu, que la guerre fait partie du passé, la commémoration est définitivement apaisée.

   Un récent article de La Dépêche du Midi nous apprend que non. Le problème ne vient pas du côté croate, mais du côté français. En effet, le monument a été modifié. Villefranche-de-Rouergue, jumelée avec la ville de Pula, en Croatie, a récupéré une copie des statues qui, à l'origine, lui étaient destinées, mais qui n'avaient finalement pas quitté la Yougoslavie :

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   Le mémorial a été réaménagé. La stèle d'origine a disparu. Il se trouve que je l'avais prise en photo il y a une dizaine d'années :

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   Elle se trouvait dans un parc anodin, à l'écart de la ville :

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   L'ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Ami-e-s de la Résistance) déplore la transformation du mémorial, parce qu'elle élimine les références à la Yougoslavie. Un mauvais esprit se demanderait si ce n'est pas la disparition de la référence au communisme qui a irrité certains adhérents.

   Cette transformation n'en était pas moins dans la logique des choses : les nouveaux Etats, issus de l'ex-Yougoslavie (au premier rang desquels la Croatie) sont à la recherche de références symboliques. Voilà pourquoi les révoltés yougoslaves sont devenus croates... et bosniaques. De surcroît, en 1943, la Yougoslavie n'existait plus. Il aurait peut-être été plus juste de mêler les deux types de référence dans le nouveau mémorial.

   Mais il y a peut-être encore autre chose derrière tout cela. On nous a enseigné que, durant la Seconde guerre mondiale, en Europe, certains pays se sont lancés dans la collaboration à outrance avec l'Allemagne nazie. Le régime croate des Oustachis faisait partie de ceux-là. Du coup, dans l'esprit de pas mal de monde, croate = collabo = nazi des Balkans. C'est oublier un peu vite que le chef de la résistance communiste, Josip Broz (Tito) était... croate et que le premier président de la Croatie indépendante (dans les années 1990), Franjo Tudjman, a bien combattu pendant la Seconde guerre mondiale, mais dans les rangs de la résistance communiste, pas du côté des Oustachis. C'est des années plus tard qu'il s'est détaché de Tito, lassé par la tendance des Serbes à monopoliser le pouvoir (en Yougoslavie) et à jeter l'opprobre sur les Croates. Il a fini par verser dans le nationalisme le plus intransigeant, ce qui a pu influencer la lecture qu'à l'étranger on a faite du passé de la région.

lundi, 16 juillet 2012

Le barrage de Sarrans

   Le quotidien aveyronnais Centre Presse vient de lancer une série d'articles sur les grands barrages qui ont été construits jadis dans le département :

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   Dans le numéro de ce lundi, une double-page est consacrée au barrage de Sarrans. On peut y trouver un historique de la construction, plusieurs documents d'époque et d'autres informations. C'est richement illustré.

   Il est notamment question de la presqu'île de Laussac et d'une curiosité touristique : des chalets flottants, développés par Gérard Sol à Thérondels :

chalet-flottant.pdf

   On nous suggère une lecture, La Vallée noyée, les chantiers de Sarrans, d'Annick et Louis Le Bail :

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   Il a été publié par ces Cantaliens en 2011. Très agréable, imprimé sur papier glacé ("issu de forêts gérées durablement", nous précise-t-on en fin d'ouvrage), il regorge de documents. EDF a semble-t-il soutenu sa parution... et il se trouve que, depuis quelques années, l'entreprise semi-publique s'efforce d'améliorer son image, puisque l'exploitation des barrages est soumise à concurrence, le dernier groupe à s'être manifesté étant le finlandais Fortum.

jeudi, 21 juin 2012

"Les Experts" (de Las Vegas) et le couteau Laguiole

   L'avant-dernier épisode de la saison 11 de la célèbre série scientifico-policière met les enquêteurs aux prises avec un machiavélique tueur en série (ça, c'est le côté énervant). Celui-ci s'illustre dans des meurtres particulièrement sordides et des tortures diverses (ça, c'est le côté réjouissant).

   Ainsi, en fuite, accompagné d'une groupie (presque) aussi dingue que lui, il s'attire la sympathie d'un couple friqué qui a la très mauvaise idée d'inviter le duo à dîner. Les policiers finissent par arriver sur les lieux, qu'ils trouvent copieusement barbouillés de sauce tomate... En examinant la "scène de crime", ils découvrent ceci :

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   A ce moment de l'intrigue, Sara Sidle (interprétée par Jorja Fox) prend les indices en photographie. Quelques instants plus tard, on la voit tenir le mystérieux objet :

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   Il s'agit visiblement d'un couteau à fromage, qui ressemble bigrement à ceux que l'on peut acheter (notamment) à Laguiole :

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   Ce n'est pas la première fois que cet ustensile culinaire est associé à un acte sanglant. L'an dernier, un dessinateur du Canard enchaîné l'a mis en scène dans la représentation d'un coup de poignard dans le dos.

   On ne peut toutefois que regretter que le sang séché qui garnit la lame empêche de voir la moindre marque d'origine. Ne reste que la forme caractéristique pour identifier la provenance du célèbre couteau.

dimanche, 18 mars 2012

Exposition au musée Fenaille

   Le musée a des réserves bien garnies, dans lesquelles il a pioché pour nous proposer ses "Curiosités et merveilles", dans une exposition visible jusqu'au 20 mai 2012.

   Dans la première salle, il est question de la IIe République. Un drapeau tricolore "Liberté Egalité Fraternité - Vive la République", brandi sur les barricades de 1848, un peu amoché, a atterri en Aveyron (en 1852). A côté de lui, on a disposé des fragments du gilet de l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, né à Saint-Rome-de-Tarn, tué sur les barricades en juin 1848. (Il a sa statue place de la cité, à Rodez.)

   Sur le mur opposé se trouve une étrange bannière, offerte à l'Aveyron en 1849 :

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   Dans l'exposition, c'est l'autre côté qui est montré, sur lequel est écrit "République française - A l'Aveyron - Les Pyrénées-Orientales". Cet objet est lié à un procès en cour d'Assises, qui s'est tenu à Rodez en 1849 : six Perpignanais, défendus par l'Aveyronnais Louis Bouloumié (fils d'un ancien maire de Rodez, qui a développé la station thermale de Vittel), ont été acquittés... alors que les autorités avaient sans doute pensé qu'un jury issu de ce département conservateur aurait immanquablement condamné des insurgés républicains.

   Cette première salle est remplie d'objets collectés en Afrique et en Amérique, au XIXe siècle principalement. Cela va d'un bouclier touareg à des parures (dorsale et pectorale), en passant par des statuettes, des sagaies, des gourdes et un poignard. Les donateurs sont des militaires ayant opéré outre-mer, des médecins / infirmiers, des religieux, des fonctionnaires coloniaux ou des commerçants.

   Dans les salles suivantes, l'Asie est plus présente. On est saisi par la minutie du travail qui a conduit à la fabrication de la maquette d'une jonque, en ivoire, bois et tissu :

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   Elle est accompagnée de pipes et boîtes à opium, rapportées d'Extrême-Orient... par un missionnaire !

   Mais la plus belle pièce est sans conteste le portrait d'une jeune Chinoise, sur verre :

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(Cette minable capture d'écran ne rend absolument pas compte de la beauté de l'objet, saisissante.)

   La salle du bout contient d'autres objets rapportés d'Afrique (une cartouchière notamment), d'Asie ou d'Amérique (des pointes de flèches), ainsi que des éléments inclassables, comme un tatou... et un cochon à cinq pattes (venu de la commune aveyronnaise d'Espeyrac) :

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   Sur place, il faut bien tordre le cou pour apercevoir l'animal en entier. A-t-il été tué jeune pour rejoindre une collection ?

   Cet aspect morbide est contrebalancé par une grivoiserie : un jeton de maison close, dont la gravure est très explicite... (Si vous voulez en savoir plus, allez voir l'expo, bande de cochons !)

   Les curieux s'attarderont aussi sur une drôle de bonbonnière, censée contenir de la terre placée dans les fondations de la colonie romaine, il y a plus de 2 000 ans.

   Signalons que la première salle contient elle aussi quelques "perles", comme le couteau de chasse du contrebandier Mandrin (à la bande duquel un film a été récemment consacré) :

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   Comment ce couteau est-il arrivé en Aveyron ? Tout ce que je peux dire est qu'un noble local a joué un rôle dans le "transfert" de l'objet...

   Plus douteuse est l'origine du pommeau de canne (accompagné de son fac-similé) réputé ayant appartenu à Adelard de Flandres, fondateur mythique de l'hôpital d'Aubrac :

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     Bref, cette exposition est passionnante, plus riche encore que ce que laisse entrevoir le sujet diffusé sur France 3 Quercy-Rouergue. Elle invite aussi à retourner aux collections permanentes du musée, des statues-menhirs aux pièces de monnaie frappées à Mexico, en passant par la cité gallo-romaine et la chevalerie.

samedi, 11 février 2012

Les gargouilles de la cathédrale

   Elles constituent l'une des attractions de la cathédrale Notre-Dame de Rodez. L'été, elles font la joie des touristes armés d'appareils photographiques. Les Ruthénois ont perdu l'habitude de les regarder... sauf quand un événement inhabituel les met en relief.

   On ne s'étonne plus de voir les abords de la cathédrale encombrés d'échafaudages et barrières diverses, tant elle constitue un chantier de rénovation quasi permanent. Toutefois, certains obstacles installés très récemment auraient dû mettre la puce à l'oreille des passants. C'est un article de La Dépêche du Midi qui a levé le lièvre.

   Les récentes abondantes chutes de neige, couplées à une vague de froid, ont provoqué la formation de stalactites au niveau desdites gargouilles. Le moindre redoux menace de les faire tomber brusquement, les transformant en armes dangereuses.

   Côté Sud, rue Salvaing, j'ai détecté l'une de ces menaces juste en face du Monoprix, à proximité immédiate d'un échaffaudage :

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   Vu son air ravi et la glace qui semble comme couler de son visage, j'ai surnommé celle-ci "le morveux". On dirait en effet un gamin qui vient d'éternuer un gros truc pas propre et qui se tourne vers son copain tout fier de sa grosse muculence...

   Un peu plus haut dans la rue, nous avons droit à une belle conférence :

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   Des quatre mégères en train de dauber sur le genre humain, seules les deux du bas ont encore de la glace à la gueule. Je les appelle "les commères".

   Sur le côté Nord (rue Frayssinous), on en trouve d'autres, comme celui-ci :

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   Je l'appelle "le mec bourré".

   En se rapprochant de la place d'Armes, on peut observer de magnifiques "barbus" :

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   Les Ruthénois (résidents ou de passage) ont encore quelques jours pour profiter de ces curiosités de la nature...

mercredi, 01 février 2012

Premières neiges à Rodez

   Le chef-lieu aveyronnais a connu mardi ses chutes de neige les plus importantes depuis 2010. Comme il fait froid depuis, la couverture ouatée se maintient là où la circulation routière n'est pas trop dense.

   Les berges de l'Aveyron se sont ainsi retrouvées soigneusement enveloppées, comme à proximité du gué de Salelles :

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   En dépit du temps couvert, on distingue sans peine, dans le ciel, les fumées qui émanent de la zone industrielle, celles provenant de l'usine Bosch étant perceptibles sur la partie gauche de la photographie. Mais faisons demi-tour et reprenons notre promenade en direction de Layoule.

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   On croise peu de monde en cette fin d'après-midi. Les rencontres les plus fréquentes sont celles de volatiles : corbeaux, oiseaux divers cherchant leur pitance. Les canards se laissent un peu plus approcher, mais ont quand même la prudence de rapidement se réfugier dans les eaux froides de l'Aveyron.

   Me voici arrivé à l'entrée de Layoule :

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   Vient le moment de regagner le centre-ville. Il faut emprunter l'un des chemins rendus célèbres par la "montée Piton", le chemin Pré-Conquet, en direction de l'avenue de Montpellier. Au dénivelé s'ajoute la pénibilité de la marche, rendue plus ardue par l'enneigement :

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   La seconde côte, dite du Maroc (qui mène aux horribles bâtiments du foyer d'hébergement d'urgence), a par contre été partiellement déblayée. Cela rend la fin de parcours moins chaotique.

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   D'en haut, la vue mérite le détour :

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   En regardant bien, on aperçoit encore les Ruthénois qui se sont précipités pour dévaler les pentes de Layoule à coups de luge :

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   A présent, direction la vieille ville, sous l'oeil vigilant de gardiens qui ont besoin de se réchauffer :

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   Me voilà arrivé à proximité de la cathédrale, au clocher majestueux quel que soit l'angle de prise de vue :

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   Les rues sont par contre boueuses, sans charme particulier. Il commence à faire sombre. Un retour au bercail s'impose, suivi d'une bonne soupe chaude !

vendredi, 20 janvier 2012

Pauvre Jeanne !

   La Pucelle de Lorraine intervient dans l'actualité de manière décidément bien surprenante... toujours à son corps défendant, d'ailleurs. Récemment, on l'a associée à Nicolas Sarkozy, les Le Pen père et fille... et même François Hollande !

   La semaine dernière, c'est dans l'Aveyron qu'un curieux événement s'est produit. On en a eu l'écho dans la presse locale, notamment dans Le Petit Journal, photographie à l'appui :

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   Il y a fort à parier que le sacrilège se soit produit à l'occasion d'une de ces beuveries étudiantes dont on peut percevoir les conséquences sonores et (semi-)liquides chaque semaine que Dieu fait. Mais regardons plus attentivement la photographie :

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   Eh, oui ! Il semble bien qu'une personne facétieuse ait placé un gobelet dans la main gauche de la sainte. Voici ce à quoi ressemblait la statue avant cet acte de terrorisme :

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   C'est à propos du contenu du gobelet que les organes de presse divergent. Si le correspondant du Petit Journal se désole que le verre soit rempli d'eau, son confrère de La Dépêche du Midi semble y a voir vu autre chose quelques jours plus tôt :

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   Il n'est tout simplement pas impossible que les pluies récemment tombées sur l'Aveyron aient contribué à modifier le contenu du gobelet... Voilà une "intervention du ciel" que n'aurait pas reniée celle qui s'est évertuée à moraliser le comportement de ses troupes !

mercredi, 16 novembre 2011

L'Aligot Bar de Toulouse

   J'avais découvert son existence grâce à la presse locale, notamment un article de Midi Libre paru il y a quelques mois de cela. Mais je n'y avais plus trop repensé par la suite.

   Récemment, de passage à Toulouse, j'ai profité d'un moment de détente pour rechercher l'établissement. Il se trouve en plein centre-ville, à proximité immédiate de la célèbre place du Capitole, rue du Taur :

société,économie

   A première vue, cela ressemble à nombre de sandwicheries qui peuplent les rues de la capitale midi-pyrénéenne. On y trouve même des produits standardisés... et d'autres, estampillés Aveyron. (On peut télécharger la carte sur le site internet dédié, joliment fait ma foi.)

   J'ai bien entendu commandé un aligot-saucisse. La portion n'était pas excessivement généreuse. C'était bon, mais un peu neutre de goût. On a semble-t-il limité l'apport en ail pour ne pas offusquer les palais délicats. La saucisse était très bonne.

   Pour faire passer la chose, j'ai pris un peu de vin blanc... non aveyronnais. (Je me suis permis de signaler aux personnes présentes l'existence de bons petits vins locaux, qui viennent d'obtenir l'AOC.)

   Pour le dessert, je n'ai pas cherché à faire original ni "terroir". Je me suis rabattu sur une crêpe au nutella... delicieuse !

   Pendant que l'on mange, on voit défiler sur un écran un film publicitaire à la gloire de notre département chéri. Je me suis demandé si ce n'était pas celui qui est sorti en 2006. (Si certaines images étaient identiques, il m'a semblé toutefois que le film diffusé dans le petit resto est plus court. Je n'ai pu comparer ni la musique ni le commentaire, vu que le son était coupé - ou trop bas.)

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vendredi, 09 septembre 2011

C'est la gloire !

- Dis, Henri, as-tu jeté un oeil au Nouvel Hebdo qui vient de sortir ?

- Je n'ai pas encore eu le temps. Pourquoi ?

- Eh bien, on y cause de toi !

- De moi ?

- Enfin, pas de toi, mais de ton blog.

- Bigre ! Cela me fait donc (après Le Ruthénois n°6 et A l'oeil n°35) trois mentions dans la presse locale ! Et on dit du bien de moi ?

- Plutôt !

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   Dans le même numéro, en dernière page, le journal renoue avec les "notes" d'un politique local, ici Norbert Castelltort, président de la section aveyronnaise du Parti Radical.

   Mais, ces derniers jours, ce sont d'autres Aveyronnais qui ont connu la gloire médiatique : les organisateurs et participants d'Agrifolies, plus particulièrement ceux qui se sont essayés à l'agridating.

   La presse locale a bien entendu suivi la préparation et le déroulement de la manifestation. Le Ruthénois de cette semaine y consacre même une page entière (la 7), comme il l'avait déjà fait la semaine dernière.

   Mais le plus étonnant est que des médias nationaux... et même internationaux se sont déplacés et/ou ont consacré articles et sujets à cet événement. La liste publiée par Midi Libre impressionne :

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   Le seul problème est qu'ils se copient souvent... ou plutôt qu'ils ont tous consciencieusement "pompé" l'article publié par l'AFP. Ainsi, France Soir, Libération, 20minutes et Direct Matin nous proposent un joli copié-collé, jusque dans le titre. Au niveau de la photographie, Libé et Direct semblent suggérer que tout cela est une histoire de blé, 20 minutes ayant "tapé" dans une banque de données pour nous ressortir une photo de 2010 (ambiance bucolique). France Soir a fait de même, mais l'image retenue montre l'organisateur de la manifestation, Bruno Montourcy, sans doute pris devant la préfecture de Rodez.

   Du côté des hebdomadaires, L'Express et Le Point ne se sont pas démarqués de leurs confrères provinciaux, aussi bien pour le texte que pour l'illustration. (Les épis de blé ont rencontré un franc succès !) N'attendons pas plus d'originalité de la part de TF1, dont pourtant une équipe a suivi l'un des candidats à la rencontre amoureuse.

   Mais le retentissement d'Agrifolies ne s'est pas limité à l'Hexagone. Nos voisins belges se sont intéressés à la chose. 7/7.be a fait comme ses camarades français : du copiage, sauf pour la photographie. La Libre Belgique, plus originale, propose une petite vidéo, en plus du texte de l'AFP.

   Plus sensationnel encore : le prestigieux quotidien américain, The New York Times, a dépêché une journaliste dans l'Aveyron. Son article s'appuie d'abord sur le cas d'un agriculteur de l'Ouest de la France, qui a trouvé chaussure à son pied grâce à un site de rencontres. C'est dans la seconde partie qu'il est question de l'Aveyron, présenté comme le département du Roquefort (ça parle aux Ricains). Bruno Montourcy semble avoir été interrogé avant la tenue d'Agrifolies.

   Quoi qu'on pense de ce genre de manifestation (où, côté "guest star de seconde zone", Emma Daumas a succédé à Elodie Gossuin, venue en 2010...), il faut reconnaître qu'avec 20 000 participants et une importante couverture médiatique, le (presque plus) président des Jeunes Agriculteurs a réussi un joli coup.

   P.S.

   Pour la petite histoire, on retiendra que l'heureux organisateur d'un système de drague rurale "moderne" serait un néo-célibataire ! (Il s'était déclaré "en divorce" dans l'entretien accordé au Ruthénois sorti le 27 mai dernier.)

jeudi, 21 juillet 2011

Exposition Numa Ayrinhac

   Elle est visible (jusqu'au 9 août 2011) à Espalion, au Vieux Palais. L'entrée est gratuite et, franchement, elle mérite le détour.

   Numa Ayrinhac était un peintre argentin d'origine aveyronnaise. (Ses parents ont rejoint à Pigüé d'autres émigrés rouergats.) En fin de parcours, au sous-sol, un petit film (en espagnol, mais la traduction du commentaire est disponible en français) explique son parcours. Il s'est fait connaître en France avant la Première guerre mondiale, au cours de laquelle il a combattu sous l'uniforme français.

   L'exposition propose échantillon très diversifié de son oeuvre, que je ne savais pas aussi éclectique. Il y a bien sûr les paysages de la pampa argentine, comme celui-ci, datant de 1923 :

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   L'une de ses oeuvres les plus spectaculaires est sans conteste la représentation des gauchos :

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(Duel chez les gauchos, 1912)

   L'artiste s'est aussi attaché à peindre la ville d'Espalion, notamment le Vieux Palais :

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   Moins connues sont les scènes de la vie aveyronnaise. Ayrinhac s'est aussi attaché à représenter des animaux, notamment des ânes ! On lui doit aussi quelques natures mortes très réussies.

   Au cours de la visite, on peut faire d'autres découvertes. L'artiste a par exemple eu une période religieuse. Il a réalisé des vitraux pour l'église de Pigüé (hélas perdus), ainsi que des peintures pour des communautés religieuses. Une figure revient plusieurs fois : Jeanne d'Arc

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   Plus célèbres sont les portraits. Localement, on connaît celui du maire de Rodez de l'époque, Eugène Raynaldy. Mais, en Argentine, Numa Ayrinhac est devenu un proche du couple Peron, au pouvoir juste après la Seconde guerre mondiale. La toile emblématique est celle représentant le président argentin et son épouse, si populaire :

art,culture,peinture

   Mais il y en a d'autres, consacrées uniquement à "Evita", qui sont très belles.

   Pour compléter la visite, on peut acquérir le livret de l'exposition, très bien fichu :

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dimanche, 10 juillet 2011

Ein Saucisse, ein Bier !

   On a coutume de dire qu'à Onet-le-Château, si l'on excepte le parc de Vabre, l'absence de jardin public est flagrante. Pourtant, ce n'est pas la place qui manque : la commune a une superficie de 40 km² (presque quatre fois celle de Rodez, qui, elle, n'est pas dépourvue d'espaces verts à vocation distractive, comme on dit dans le milieu).

   Eh bien on se trompe ! Depuis un an environ, peu après le pont des Quatre-Saisons (c'est-à-dire à l'entrée sud d'Onet), un jardin public a été aménagé :

Jardin public bières.jpg

   Je l'ai entouré en vert. En rouge, j'ai souligné le tracé de la route d'Espalion, tandis qu'avec un T noir j'ai marqué l'emplacement du futur théâtre, qui enthousiasme tant une partie de la bourgeoisie locale. Comme la capture d'écran a été réalisée à partir d'une vue satellite de Google Earth datant de janvier 2008, le jardin n'a pas encore été créé. Les arbres qui longeaient la rue sont même encore présents. Ils ont depuis disparu, mais le parc est devenu l'un des endroits les plus agréables de l'agglomération : les bancs sont relativement confortables et ils bénéficient à tour de rôle de l'ombre projetée par les arbres. Voici comment il est présenté sur le site de la commune d'Onet-le-Château :

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   La semaine passée, j'ai remarqué la présence d'un nouveau panneau à l'entrée, où il est question de bière. Mais quel est ce mystère ? La réponse se trouve au fond du parc, où se trouve une cabane que, jusqu'à tout récemment, j'avais toujours vue fermée.

   Cet été, elle sert de Q.G. à un employé de l'usine Bosch (dont la récente journée portes ouvertes a été un grand succès), elle-même située à proximité : on peut la rejoindre en passant par l'avenue de Bamberg, repassée en vert sur la première image.

   Cet employé a obtenu de la mairie l'autorisation de tenir une sorte de mini-snack germanique : on peut y consommer (contre une somme modique) deux sortes de bière (servie fraîche !) et une délicieuse saucisse grillée, que l'on peut agrémenter de moutarde (on a le choix entre une moutarde classique, forte, et une sucrée... délicieuse !).

   La cabane au fond du jardin... public vient de faire l'objet d'un article de Midi Libre. Mais, curieusement, c'est la mairie de Rodez qui y est à l'honneur, en raison du jumelage avec Bamberg. Il m'aurait semblé logique qu'Onet-le-Château y soit associée.

   Sur la photographie publiée par le quotidien de Montpellier, vous noterez la présence d'une charmante jeune femme (à droite) : c'est sans doute une étudiante qui bénéficie d'un stage d'été rémunéré, prévu dans la convention de jumelage (voir le lien précédent).

mardi, 05 juillet 2011

Humour corrézien, aveyronnais...

   C'est un petit encadré, publié dans Le Canard enchaîné du 22 juin dernier, qui m'avait échappé :

Sarkozy Laguiole 22 03 2011.jpg

   C'est évidemment une référence aux propos tenus par Jacques Chirac, à Sarran, une dizaine de jours auparavant.

   J'aime  beaucoup le dessin d'Escaro. Ce trait d'humour "aveyronnais" s'appuie sur un produit local (enfin presque local...), le couteau Laguiole. Qu'est-ce qui peut expliquer que le caricaturiste ait songé à ce type de couteau ? Est-ce le Massif Central, territoire commun à la Corrèze et à l'Aveyron ? (Vu de Paris, c'est la porte à côté.) Est-ce la venue du président l'an dernier dans notre département ? Est-ce parce qu'il s'en était fait offrir un en 2008, lors du Salon de l'Agriculture ?

   Je me demande dans quelle mesure c'est une bonne publicité pour le couteau...

vendredi, 24 juin 2011

"Le Fou du roi" à Millau

   C'était jeudi 23 juin, de 11 heures et des poussières à 12h30. Pour les gens qui bossent sans pouvoir écouter la radio (et pour les autres), fort heureusement, le site de France Inter permet d'écouter ou de réécouter l'émission.

   Cela a commencé par une introduction de Stéphane Bern, farcie de jeux de mots. (On en a une petite idée dans l'article de La Dépêche du Midi publié le lendemain.) Lui a succédé la chronique de Daniel Morin, à goûter au second degré. (Moi, j'aime, mais le journaliste de Midi Libre semble avoir peu apprécié.)

   On a ensuite donné la parole aux personnalités présentes : Guy Durand, René Quatrefages et Léon Maillé... du moins quand on leur a permis de finir leurs phrases. (Ce manque de respect est une marque de fabrique de l'émission...) En fin d'heure, il a été question des gants, avec Manuel Rubio.

   Et donc... voilà une manifestation médiatique d'où Jean-Claude Luche a été absent ! On n'a pas non plus été très sympathique avec l'ancien maire de Millau, Jacques Godfrain, qui n'a pas été invité et dont on a parlé plutôt de manière négative. (Stéphane Bern, qui est plus subtil que ce que le commun des mortels croit, s'est même permis une allusion au SAC.)

   Côté musique, nous n'avons eu droit qu'à des chansons en anglais, malgré la présence d'artistes du cru ! Ceci dit, j'ai bien aimé les Montpelliérains de The Chase, qui ont interprété I like U et une jolie reprise de There must be an angel. (Ce groupe va bientôt assurer la première partie de Gaëtan Roussel... qui est né à Rodez.) Par contre, la performance des Saint-Affricains de Caylus a été pénalisée par un son pourri, notamment au niveau de la guitare. Dommage. On nous a aussi proposé Dreamin, d'Oslo Swan. Bof...

   Si vous voulez savoir pourquoi on peut affirmer que Guy Durand "a la plus grosse", il faut absolument écouter la deuxième heure de l'émission. Vous y entendrez aussi les chroniques de Régis Mailhot et Vincent Roca. Le premier s'est taillé un franc succès en qualifiant Millau d' "ancienne banlieue sud de Rodez, aujourd'hui reconvertie en cité-dortoir de Montpellier". (Le Ruthénois que je suis a bien rigolé !) Quant à Vincent Roca, il nous a offert un de ces textes ciselés dont il a le secret.

  

lundi, 20 juin 2011

Portes ouvertes à l'usine Bosch

   C'est le premier employeur privé du département, avec 1 800 salariés. Ce dimanche 19 juin 2011, pour les 125 ans du groupe, l'usine de Rodez ouvrait ses portes. En réalité, il fallait se rendre aux confins de Rodez et d'Onet-le-Château, où est implanté le site :

actualité,économie

   Pour faciliter le repérage, sur l'image, j'ai marqué d'une croix noire l'emplacement de la cathédrale de Rodez. En vert, j'ai colorié le site de l'hôpital de Bourran et en rouge, celui de l'usine, qui se trouve donc un peu à l'écart, à l'est, pas très loin de la RN 88.

   C'était la quatrième fois que le groupe se livrait à ce genre d'opération de communication. En 2002, j'avais raté le coche. Cette fois-ci, j'ai réservé mon dimanche après-midi.

   A l'arrivée, sur le parking sud, on est accueilli par des parterres bien aménagés, comme celui qui est planté de lavande :

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   C'est une heureuse surprise : les bâtiments sont entourés de quelques espaces verts très bien entretenus. L'intérieur a lui été visiblement nettoyé à fond. Comme l'a fait remarquer une personne de sexe féminin qui suivait la visite en ma compagnie, il était très difficile de trouver un grain de poussière. Le moindre coin de fenêtre semblait avoir été examiné !

   Après avoir monté les escaliers, on passait par un petit chapiteau, où l'on recevait le plan des visites possibles :

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   Après, chacun faisait ce qu'il voulait, dans l'ordre qu'il voulait. Les explications étaient fournies par des personnes se trouvant à l'intérieur des bâtiments, ainsi que sur des panneaux conçus pour l'occasion.

   J'ai commencé par la partie E1, le traitement des eaux. Au fond de la salle, un type, micro en main, expliquait le trajet suivi par les rejets liquides et les traitements appliqués. C'était très intéressant. Une partie de ces rejets passe par la station d'épuration de Cantaranne toute proche. Mais ils ne représentent que 1% des eaux traitées là, la grande majorité étant issue des laiteries et des abattoirs voisins. Notons qu'ensuite les eaux sont envoyées à Bénéchou, pour être notamment déphosphorées.

   En sortant de là, j'ai sauté une étape pour tout de suite entrer dans le bâtiment-roi, celui qui est consacré à la fabrication des injecteurs Common Rail, la pépite industrielle du site (E3). Bon, je dois avouer que j'étais un peu largué par les aspects techniques. Notons qu'à l'étage se trouve un atelier "sous cloche", une salle blanche isolée du reste du bâtiment, où l'on n'entre qu'en passant par des sas et vêtu de manière appropriée.

   Juste à côté (E2) sont fabriquées les bougies, un secteur traditionnel de l'entreprise. Un parcours a été ménagé pour les visiteurs, avec des haltes qui portent des noms aveyronnais ("Belcastel", "Marcillac", "Laguiole"...). Notons qu'une légère majorité de cette activité n'est pas destinée à la "première monte" (les bougies installées sur les voitures neuves), mais aux réparations : si certains constructeurs cherchent à rogner sur les coûts en se fournissant chez la concurrence, il semble que les garagistes et les automobilistes avertis préfèrent, ensuite, les produits Bosch.

   Ensuite, j'ai eu un petit coup de pompe. Je suis passé assez vite  dans le bâtiment 108 ("maintenance et environnement"). Il y avait pourtant des trucs intéressants. L'entreprise se veut un héraut du développement durable. L'usine s'est engagée dans des programmes européens (GreenLight et Motor Challenge). Elle a aussi obtenu des prix au sein du groupe Bosch. De manière générale, il est frappant de constater la place prise par les différents types de bacs et poubelles qui servent à trier les déchets.

   L'entreprise cultive donc l'excellence et on ressent chez ses employés une certaine fierté à en faire partie. D'ailleurs, parmi les nombreux visiteurs de ce dimanche se trouvaient d'anciens ouvriers et cadres, ainsi que les membres des familles. C'est un signe qui ne trompe pas.

   Autre signe qui ne trompe pas : la présence du directeur de l'usine, Albert Weitten, qui a circulé entre les différents bâtiments, sans manifester le moindre pédantisme.

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(Centre Presse, 17 juin 2011)

   La fin de la visite n'a fait que confirmer une impression de départ : le poids considérable des machines dans la fabrication des pièces. Etre ouvrier aujourd'hui, c'est savoir utiliser un matériel de pointe (parfois). Dans certains ateliers, les panneaux explicatifs étaient accompagnés d'un petit film montrant certaines de ces machines en action, impressionnantes de complexité et de précision.

   Je ne sais pas si des élus locaux sont venus le matin même. Toujours est-il que certains d'entre eux figurent sur l'un des panneaux, qui évoque une situation un peu ancienne : sur les photographies, on pouvait reconnaître Marc Censi (l'ancien maire de Rodez, en compagnie d'une partie de son équipe municipale d'alors), Jean Puech (l'ancien président du Conseil général) et les députés Jacques Godfrain et Yves Censi (ce dernier sans barbe mais avec des cheveux).

   Avant de partir, un petit passage par la cantine du site s'imposait. On pouvait y boire de l'eau, une boisson gazeuse ou des jus de fruits... et surtout y déguster une délicieuse fouace ! Pour passer le temps, il était possible de regarder une animation numérique montrant l'évolution du site sur près de 50 ans ou de lire les derniers panneaux, consacrés à la vie et à l'oeuvre de Robert Bosch.

   On avait pensé aux gamins, qui ont pu se dépenser sur un tatami. Les grands enfants sont repartis de la salle avec une boîte en fer-blanc aux couleurs de l'entreprise :

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   Bref, ce fut une opération de communication réussie, au service d'une entreprise capitale pour l'économie du Grand Rodez, mais qui n'est hélas pas suffisamment connue.

dimanche, 19 juin 2011

Bourran, quartier d'avenir ?

   Vendredi, le quotidien aveyronnais Centre Presse proposait un supplément consacré à ce "nouveau quartier" de Rodez, à l'occasion des vingt ans de l'inauguration du pont qui le relie au vieux centre ruthénois :

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   L'intérêt de cette "une" n'est pas uniquement d'observer la modification du paysage induite par la construction de ce que l'on nomme parfois improprement le "viaduc" (il s'appelle le Pont de l'Europe, en réalité). On remarque aussi combien les abords du pont, côté centre-ville, ont été transformés.

   A l'intérieur du supplément, on trouve d'autres photographies anciennes, fort intéressantes, ainsi qu'un entretien avec l'initiateur du projet, l'ancien maire Marc Censi, qui révèle à cette occasion que, si l'Union européenne s'est montrée particulièrement généreuse, le piston semble aussi hélas avoir joué en faveur de la réalisation du projet.

   Mais c'est un autre article qui a attiré mon attention. Son contenu a dû faire bondir plus d'un Ruthénois :

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   Eh oui ! L'urbaniste a été primé (en 1996 et 1998) pour la manière dont ce nouveau quartier a été organisé !

   Il est vrai que, vu du dessus, tout à l'air parfaitement en ordre :

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   J'ai retouché cette vue de Google Earth, en entourant grossièrement en marron la colline ruthénoise, en délimitant en vert le quartier de Bourran et en mettant en valeur le pont, à l'aide de rouge.

   Voici ce que cela donne quand on "zoome" sur Bourran :

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   Notez que l'image satellite date du 1er janvier 2008, ce qui explique la faiblesse de la circulation et l'aspect clairsemé des parkings. Et puis, quinze ans se sont passés. N'importe quel Ruthénois pourra vous que, jusqu'à une époque récente, circuler et se garer dans ce quartier étaient des exercices de haute voltige, nécessitant une patience d'ange.

   L'ouverture du nouvel hôpital n'avait pas arrangé les choses... encore que... certains automobilistes peu scrupuleux ont décidé de profiter du parking de l'établissement (en haut à gauche de l'image précédente) à des fins autres que médicales.

   Depuis, un peu d'ordre a été mis à tout cela. Davantage de zones de stationnement ont été délimitées et une navette régulière reliant le quartier au centre-ville a été mise en place.

   Mais tout cela s'est fait bien après 1998 ! A cette époque, c'était plutôt le bordel. On pourrait aussi parler de l'aménagement du point de vue des plus anciens habitants du quartier. Combien de ceux qui, jusqu'au début du XXIe siècle, avaient une vue magnifique de chez eux, se retrouvent aujourd'hui avec une brochette de béton en guise de perspective ? On a donc sans doute un peu vite congratulé les "metteurs en espace"...

samedi, 14 mai 2011

Cascade aveyronnaise : un vote qui ne coule pas de source !

   Vendredi 13 mai s'est réunie la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites, organe consultatif amené à se prononcer sur le projet de la préfecture de l'Aveyron concernant la cascade de Salles-la-Source. C'est l'une des polémiques du moment, qui fait s'entrecroiser politique locale, protection du patrimoine, arrière-plan historique... et gros sous.

   Cette commission, présidée par la préfète de l'Aveyron, est composée de la manière suivante :

- des membres de droit, hauts fonctionnaires, dont le chef de la DREAL ; en tant que membres de droit, ils sont indépendants de toute nomination... mais oseront-ils s'opposer à un projet de la préfecture ?

- des représentants élus des collectivités territoriales

- des "personnalités qualifiées" (des scientifiques et des membres d'associations)

- des "personnalités compétentes" (en fonction du sujet abordé)

   Sauf erreur de ma part, les deux dernières catégories regroupent des membres nommés par la préfecture.

   Du coup, lorsque la préfète est venue présenter son projet (favorable à la reconduction de la micro-centrale électrique), on pouvait s'attendre à ce que la majorité se prononce clairement en sa faveur. Sauf que... il semble y a voir eu des problèmes à l'allumage : sur 18 voix potentielles, le projet n'en a recueilli que 8, l'opposition 7, 2 membres s'étant abstenus... et il y aurait eu un-e absent-e ?

   Difficile de connaître le détail du vote. D'après un article de La Dépêche du Midi, le vice-président du Conseil général Pierre-Marie Blanquet aurait voté contre. Et les autres élus aveyronnais ? D'après le site Ranimons la cascade ! , tous les fonctionnaires ont voté pour... Quel beau sens de la discipline !

   Restent les deux abstentionnistes, qui auraient pu faire basculer le scrutin. Sans les connaître et sans vouloir présumer de leurs motivations, on peut cependant affirmer que, par le non-vote, ils ont exprimé leur méfiance vis-à-vis du projet proposé :

- s'il est bon, pourquoi ne pas avoir voté en sa faveur ? (A moins que ce ne soient deux élus locaux qui n'aient pas voulu "se mouiller"...)

- s'il est mauvais, il aurait fallu prendre un risque : désavouer l'autorité publique ; s'abstenir était un moindre risque...

   Pour plus de transparence (après tout, ne sommes-nous pas en démocratie ?), il serait bon que le vote de chaque membre de la commission soit connu.

vendredi, 29 avril 2011

La cascade de Salles-la-Source

   Salles-la-Source est une charmante commune d'environ 2 000 habitants, située à proximité de Rodez, au nord-ouest de l'agglomération :

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   Dans le département (et au-delà), elle est réputée pour sa cascade, très pittoresque, dont le site peut faire l'objet d'une petite randonnée.

   Cette cascade est plus ou moins spectaculaire, selon le débit des sources qui l'alimentent... et selon les prélèvements effectués par un producteur (privé) d'électricité. C'est l'objet de la polémique qui agite la région depuis plusieurs années. Une association, " Ranimons la cascade ! ", s'est créée pour préserver le site naturel de l'exploitation industrielle. Régulièrement, la presse se fait l'écho de ses initiatives. Elle est soutenue par la mairie, dont un communiqué est paru ce vendredi dans Centre Presse :

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    L'arrêt de l'exploitation est réclamé, alors que la préfecture veut maintenir la production d'électricité, tout en préservant le cadre de la cascade :

politique,écologie,environnement,presse

   Le 2 février dernier (toujours dans Centre Presse), la préfète avait détaillé la position de ses services sur la question, en réponse au président de l'association "Ranimons la cascade !". J'ai souligné plusieurs passages qui me paraissent importants. En rouge, j'ai mis en valeur plusieurs aspects de la position préfectorale. Il paraît évident que la préfète n'envisage pas un instant l'arrêt de la petite centrale hydroélectrique. C'est donc sur le versement (par l'exploitant) d'une redevance que travaille son administration. Signalons que ledit exploitant ne verse plus rien depuis plus de cinq ans... On notera aussi que la préfète admet que la personne qui a conduit l'enquête publique s'avouait pas tout à fait compétente sur certains points...

   En vert j'ai souligné les passages évoquant l'action du Conseil général, dont on parle peu dans cette affaire. Et pour cause... Jean-Claude Luche et sa majorité ont roupillé sur ce dossier : leur réponse a été déclarée favorable (à l'exploitant de la mini-centrale) parce qu'ils n'ont pas rendu d'avis dans le temps imparti ! Par contre, les fonctionnaires du Conseil général, eux, se sont mouillés... en faveur de l'exploitant. Signalons (mais c'est sans doute un hasard) que la commune de Salles-la-Source est située dans le canton de Marcillac-Vallon, dont l'élue, Anne Gaben-Toutant, n'appartient pas à la "Majorité départementale"...

   J'ai aussi encadré (en bleu) un paragraphe qui expose les désagréments provoqués par un débit trop important de la cascade. C'est un temps aujourd'hui lointain... Reste à en déterminer un débit minimal, alors que le renouvellement de la concession précise que l'exploitant pourra accroître la production d'électricité hydraulique... et donc sans doute diminuer le débit de l'eau alimentant la cascade.

   Cette histoire est remontée jusqu'aux oreilles d'un journaliste du Canard enchaîné qui, dans l'édition du 20 avril dernier, a évoqué l'affaire :

C enchaîné 20 04 2011.JPG

    Si la fin de l'article a pu déplaire aux sympathisants de "Ranimons la cascade !", le reste du papier apporte un arrière-plan historique sur lequel il n'est pas inintéressant de revenir.

   Que dit l'ami coin-coin ? Que le détournement de l'eau des sources remonte aux années 1920. De 1921 à 1930, Amédée Vidal fut sénateur de l'Aveyron... et plus que cela. C'était une sorte d'archétype du notable de la IIIe République : il avait une formation d'avocat et possèdait du terrain, dans l'Est du département. S'ajoutait à cela une activité industrielle : une filature, à Salles-la-Source, pour laquelle je pense qu'il devait déjà recourir à l'eau des sources. En 1928 donc, il obtient de pouvoir utiliser l'eau pour alimenter sa centrale hydroélectrique.

   Voyez le beau paradoxe géographique : ce sénateur aveyronnais fut aussi maire, conseiller d'arrondissement puis conseiller général... de Peyreleau (à proximité de Millau), alors qu'il était possessionné juste au sud de l'Aubrac (à Saint-Laurent-d'Olt) et qu'il avait développé une activité industrielle à proximité de Rodez ! Cela donnait ceci :

Amédée Vidal.jpg

    (Sur la carte, j'ai colorié en violet le territoire de la commune de Rodez.)

   Du côté de Salles-la-Source, Amédée Vidal n'était de surcroît pas privé de soutien. En 1930, le Conseil municipal avait autorisé l'occupation du domaine public (un point qui fait aujourd'hui encore débat). Dans cette région, plusieurs représentants de la famille Gaffier ont exercé des responsabilités. Edouard Gaffier a été député de Rodez et président du Conseil général de l'Aveyron. Deux de ses neveux, Bernard et Henri, se sont succédé au poste de 1er adjoint à la mairie de Salles-la-Source, entre 1945 et 1959. Or, il se trouve qu'Edouard Gaffier n'était autre que... le cousin germain  (par alliance) d'Amédée Vidal. (Je tire ces informations de l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille, les têtes couronnées de la démocratie.) Comme le monde est petit ! (D'après un livre publié en 1924,  accessible sur Google books, Amédée Vidal avait épousé une fille Gaffier, qui devait donc être la cousine germaine d'Edouard.)

   L'actuel maire de Salles-la-Source, en place depuis 2008, ne semble pas lié à cette fratrie, alors que l'exploitant de la mini-centrale, Jean-Gérard Guibert, est, selon Le Canard enchaîné, un descendant d'Amédée Vidal. La montée de l'opposition à la mini-centrale serait-elle liée à la perte d'influence d'une famille dans la commune ? Il est difficile de conclure.

   Il est aussi évident qu'il est question de gros sous. L'entreprise dirigée par Jean-Gérard Guibert, la "Société hydroélectrique de la vallée de Salles-la-Source - Etablissements Amédée Vidal", a réalisé, en 2009, un résultat net de  19 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 206 000, soit plus de 9 % ! (L'excédent brut d'exploitation se montait lui à 42 000 euros.) A titre de comparaison, le dernier bilan chiffré de L'Epi du Rouergue (entreprise bien connue des Aveyronnais) fait apparaître un résultat net de 190 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 11 930 000, soit environ 1,6 %.

   Il n'est pas impossible non plus que la politique partisane se greffe sur l'affaire. Il me semble que, à tort ou à raison, les dirigeants de l'association "Ranimons la cascade !" sont classés plutôt à gauche, alors que la préfète (récemment promue officier de la légion d'honneur) et l'entrepreneur, à tort ou à raison, sont étiquetés plutôt à droite.

   Bref, pour le citoyen de base, au-delà de l'aspect patrimonial et touristique de la cascade, les soubassements de la controverse ne sont pas suffisamment éclairés.

mercredi, 02 mars 2011

Du pastis aveyronnais !

   Eh oui, ça existe ! Il est produit par l'entreprise Marius Bonal, qui a son siège juste à côté de Rodez, à Onet-le-Château. Il vient d'obtenir une médaille d'or (page 3) au récent Salon de l'Agriculture, ainsi que l'a révélé Midi Libre dans son édition du 25 février :

 

Pastis médaille MLibre 25 02 2011.jpg

 

   Pour tout dire, je suis en train d'en déguster un ! Voici à quoi ressemble la bouteille :

Pastis Aubrac.JPG

   Vous allez me dire : mais qu'a-t-il de différent ? Après tout, n'est-ce pas une boisson anisée de plus, qui se couvre d'un vernis identitaire pour toucher un public ciblé ?

   Ce n'est pas faux. Commençons par comparer les ingrédients du pastis aveyronnais avec ceux du concurrent d'une grande marque (ce que j'appelle "le pastis de circuit automobile"). Voici l'étiquette du produit local :

Pastis Aubrac 2.JPG

   Les deux boissons (45 % de volume) ont une base d'alcool, de sucre, d'extraits aromatiques de plantes et comportent 2 % d'anis.

  Chose curieuse, seule l'étiquette du Ricard mentionne la présence d'eau. Elle certifie aussi l'apport d'extraits naturels de réglisse. Le pastis aveyronnais ajoute "arôme naturel" à ceux déjà mentionnés. L'étiquette sous-entend que la flore d'Aubrac est à l'origine de cet ajout. Par contre, la réglisse n'est pas mentionnée.

   Enfin, les deux boissons ne contiennent pas exactement le même colorant caramel : E150b pour le pastis aveyronnais, E150c pour l'autre. Le premier est fabriqué avec du sulfite de soude, le second avec de l'ammoniaque... Il me semble préférable de consommer le premier.

   Bref, les deux produits se ressemblent. Le pastis aveyronnais est cependant un produit local, avec un goût légèrement différent du concurrent standardisé (un peu plus d'arômes, semble-t-il)... et un colorant moins "suspect".

 

 

 

 

 

 

 

lundi, 14 février 2011

Rodez dans "Le Monde"

   Je ne suis pas le premier à en parler (KaG notamment m'a brûlé la politesse), mais je tiens à revenir sur l'article publié dans Le Monde daté du 8 février dernier.

   J'ai lu la version papier. Très vite, j'ai senti qu'il y avait quelque chose de familier. Suspicieux de nature, je me suis demandé si le journaliste n'aurait un peu puisé dans le travail d'un-e collègue. Je me souvenais de dossiers parus dans les hebdomadaires... oui, vous savez, les machins que l'on fait semblant de placer en "une" (en "une" de surcouverture, en fait) pour que les bouseux de province croient qu'un grand média national titre sur son petit monde.

   J'ai cherché, j'ai cherché... et j'ai fini par trouver : un article du Point de novembre 2006, ce qui ne nous rajeunit pas. On pourrait penser qu'en un peu plus de quatre ans les choses ont beaucoup changé... pas tant que cela finalement.

   L'article du Monde consacré à Rodez fait partie d'un dossier dont le premier volet s'étale sur une double page intérieure. Ce volet est introduit par une carte des zones étonnamment peu touchées par le chômage :

Photo 08 02 2011 (3).JPG

   Or, il se trouve que l'article du Point commençait précisément par la comparaison de taux de chômage, le cas de Rodez étant rapproché de ceux de Roissy et d'Orsay, que j'ai soulignés en rouge sur la carte publiée dans Le Monde.

   On continue avec les gros employeurs locaux. Le Monde comme Le Point citent la RAGT et Bosch, ce dernier cas étant placé dans la deuxième moitié de l'article, propos du directeur du site (l'inamovible Albert Weitten) à la clé. En 2006 (2000 emplois), on agitait le spectre de la fermeture du site, le directeur promettant des investissements massifs. En 2011 (1900 emplois), on assure avoir amorti le choc de la crise. Dans les deux cas, la concurrence des pays à bas coûts salariaux est évoquée.

   L'autre gros pourvoyeur d'emplois est l'hôpital de Bourran (à l'inauguration duquel je me suis intéressé jadis), "flambant neuf" en 2006... et toujours qualifié ainsi dans l'article du Monde de 2011 !

   Au niveau du tissu industriel, l'article du Monde est toutefois plus détaillé : les informations ont été mises à jour. Les deux journaux n'oublient pas de citer le secteur agricole.

   La proximité des articles est encore grande quand ils vantent le travail de la main-d'oeuvre locale. Si Le Point parle de "qualités aveyronnaises", Le Monde ose l'expression "Homo aveyronnicus". Dans les deux cas, la filiation avec le monde paysan est soulignée. Dans les deux cas encore, on insiste sur le faible taux d'absentéisme (perso, je le trouve déjà bien assez élevé), même si Le Point se distingue en signalant l'inadéquation entre l'offre et la demande d'emplois.

   La ressemblance des articles est tout aussi frappante quand il est question des jeunes : on relève leur fort taux de chômage et leur exode. Dans les deux cas, ces considérations s'appuient sur une citation de Jean-Louis Chauzy, président du CESR puis du CESER. En 2006, il déclarait :  "90 % de la jeunesse qui s'en va ne revient pas". En 2011, il dit que ces jeunes étudiants "ne reviennent pas dans 80 % des cas". A-t-on hâtivement recyclé une citation de J-L Chauzy ? Celui-ci a-t-il balancé une estimation à la louche ? Faut-il voir dans cette différence un signe de relative amélioration, les jeunes étant proportionnellement moins nombreux à ne pas revenir ?

   On remarque aussi que les intervenants politiques sont les mêmes. En 2006, Le Point donne la parole au maire de l'époque, Marc Censi, mais encore plus à son principal opposant, Christian Teyssèdre. En 2011, le journaliste du Monde est bien entendu allé voir le socialiste devenu maire et fait référence à Marc Censi dans l'article.

   Du côté des syndicats, on remarque que Le Point a sollicité la C.F.D.T., Le Monde  Force Ouvrière.

   Je termine par la photographie illustrant l'article du Monde :

Photo 08 02 2011.JPG

   Il s'agit d'une vue de Bourran, qualifié de "quartier tout neuf"... du neuf qui commence à se faire vieux toutefois. Curieusement, quand il est question des logements créés là-bas, on cite ceux à loyer modéré (que l'on doit d'ailleurs un peu plus à la nouvelle municipalité qu'à l'ancienne), en oubliant d'évoquer les autres, bien plus nombreux, bien plus chers. Quant à la manière dont l'aménagement de ce quartier a été géré... Cela aurait mérité que le journaliste creuse un peu son sujet.

   On aurait pu aussi relire plus attentivement l'article : la légende de la photographie (encadrée en rouge ci-dessus) est rédigée dans un français approximatif :

Photo 08 02 2011 (2).JPG

   Pour un "quotidien de référence", ça la fout mal !

mercredi, 22 décembre 2010

Aveyron en force à Toulouse !

   Si vous êtes de passage à Toulouse, pour des raisons professionnelles ou pour le loisir, je vous recommande d'aller faire un tour place du Capitole.

   On y trouve une sorte de "marché de Noël", inspiré du modèle alsacien qui rencontre tellement de succès. D'habitude, je ne fais pas trop attention à ces opérations commerciales. Mais bon, ce jour-là, je sortais du cinéma Utopia et j'avais faim. Or, en approchant de la place, j'ai vu plusieurs personnes en train de consommer une étrange substance jaune clair dans une barquette en plastique. De l'aligot ? A Toulouse ? Sapristi ! J'ai donc cherché au milieu des cabanes et j'ai fini par trouver le chalet proposant ce "produit d'Auvergne" (sic)...

   Bon, allez, on ne va pas se fâcher avec les Cantaliens, surtout que, renseignements pris, c'est une majorité d'Aveyronnais qui fait tourner la boutique... et l'aligot ! Oui, devant nos yeux ! 

   On peut commander des portions de différentes tailles : petite (à 4 euros), moyenne (à 6 euros), grande (à 8 euros) ou maxi  (à 10 euros), pour ceux qui n'ont pas mangé depuis deux jours. Les fourchettes en plastique sont gracieusement offertes.

   Pour aider à faire passer le tout, on peut se tourner vers les chalets qui proposent des boissons, notamment du vin chaud. Il se trouve qu'un Aveyronnais est dans ce cas. Le vin est sucré, puisqu'il a été chauffé avec des morceaux de fruits. C'est délicieux et, franchement, pouvoir se bourrer la gueule légalement, en plein centre-ville, pour quelques euros, c'est-y pas la preuve que Noël approche ?

   En partant, on peut s'attarder devant les stands de certains artisans. Parmi eux se trouve un coutelier aveyronnais, dont l'échoppe est située en face de la place du taureau, à Laguiole. Il a même un site internet.

dimanche, 05 décembre 2010

Retour à Pigüé

   Cette petite ville argentine fut d'abord un village de colonisation, peuplé d'Aveyronnais, dont les descendants vivent toujours sur place.

   Samedi 4 décembre, l'émission de TF1 Reportages était consacrée à la venue de trois soeurs rouergates (enfin, y en a une qui vit à Albi). C'est du TF1, c'est-à-dire que l'accent est mis sur l'émotion, mais c'est un travail honnête. Les connaisseurs tiqueront toutefois en entendant le commentaire affirmer que c'est la crise du phylloxéra qui est à l'origine de l'émigration aveyronnaise. Si la viticulture locale a souffert, comme dans les autres régions, le contexte économique général était difficile.

   En cherchant un peu, j'ai découvert qu'un autre film a été tourné sur le sujet, par des universitaires toulousains.

   Sur la Toile, on peut consulter certaines des pages d'un site personnel consacré à la commune d'Aurelle-Verlac. Le rédacteur a eu la bonne idée d'insérer des documents d'époque (plans, photographies). C'est globalement bien fichu (malgré une petite confusion entre les années 1881 et 1884). Pour une meilleure lisibilité, je conseille d'utiliser Internet Explorer (plutôt que Mozilla Firefox, une fois n'est pas coutume) : je pense que le site a été conçu pour le premier navigateur.

   Pigüé fait toujours l'objet d'études. On peut ainsi lire avec profit un article de Christophe Albaladejo, de 2004, consacré aux évolutions agricoles, ainsi qu'une synthèse (sur la Pampa) inspirée d'une thèse rédigée par Marcelo Sili.

   Signalons enfin un récent article publié dans le magazine Ulysse, fort intéressant, malgré une bourde sur la commune d'Aurelle-Verlac, imprudemment qualifiée de "plus vaste commune du département" : ses 55 km² ne sont certes pas négligeables, mais d'autres communes (Nant, Saint-Affrique, Salles-Curan, Ségur, Bozouls, Laguiole...) sont plus vastes, à commencer par celle de Millau, d'une superficie de 168 km².

  

dimanche, 21 novembre 2010

Les barrages hydroélectriques ne sont pas éternels

   Je ne fais pas allusion aux catastrophes naturelles, qui peuvent les endommager ou les détruire (ce qui est très rare), mais à la décision prise parfois de supprimer un barrage hydroélectrique existant. C'est ce que l'on appelle l'effacement de barrages.

   Il en a été question lors de la réunion organisée vendredi 19 novembre à Entraygues-sur-Truyère. Lors de l'une des séances de questions du public, Anne Verlaguet-Souliès a évoqué cet aspect méconnu de la vie des barrages. (Elle l'a rappelé dans la réponse qu'elle a écrite à mon précédent billet.) Elle a demandé s'il était envisageable d'appliquer cette procédure à l'une des structures construites sur le Lot ou la Truyère.

   L'un des intervenants (Jean Comby, si je me souviens bien) a répondu que la chose avait été faite en Bretagne. Je ne me souviens plus de l'exemple cité, mais j'ai retrouvé le cas du barrage de Kernansquillec, démantelé entre 1996 et 2001. (Ecologie et tourisme sont devenus les deux mamelles du développement de la vallée du Léguer.) Il en a été de même pour celui de Maisons-Rouges (en Indre-et-Loire) en 1998-1999.

   D'après un ouvrage publié en 2005, Eaux et territoires : tensions, coopérations et géopolitique de l'eau (voir pages 153-155), la France et les Etats-Unis ont été pionniers dans l'effacement des barrages. Sur le site rivernet.org, on peut trouver une liste de sites concernés, en France, en Espagne aux Etats-Unis. (Les fiches auxquelles renvoient certains de mes liens ont été produites par l'Onema, Office national de l'eau et des milieux aquatiques, sur le site duquel on peut trouver une liste d'aménagements des cours d'eau, parmi lesquels l'effacement de barrages.)

   Cela m'a conduit à la Haute-Loire, évoquée par Mme Verlaguet. Le barrage de Saint-Etienne-du-Vigan (situé à la pointe sud du département) a bien été détruit à la toute fin du XXe siècle. Dans la plupart des cas, c'est la circulation et la reproduction des saumons qui semblent avoir fortement pesé dans la décision. Le sort des anguilles peut-il jouer ce rôle vis-à-vis du barrage de Castelnau ? J'en doute. (Encore que... J'ai appris tout récemment que la France avait mis au point un "plan anguille", en application d'un règlement européen qui a pour but de sauvegarder cette espèce menacée.)

   P.S.

   Anne Verlaguet-Souliès a été candidate aux dernières élections régionales, (numéro 4) sur la liste Modem conduite par Jean-Marie Daures. On peut la découvrir dans une petite vidéo publiée sur le site Dailymotion. Elle enseigne l'histoire-géographie et cela s'est senti le soir de la réunion organisée par EDF : au cours de l'une de ses interventions, elle a fait référence au bon classement de la Norvège selon l'I.D.H. (l'indice de développement humain). Ce pays est d'ailleurs en tête selon le dernier rapport publié par le P.N.U.D. au début du mois de novembre.

samedi, 20 novembre 2010

EDF communique sur les barrages hydroélectriques aveyronnais

   Vendredi 19 novembre, au gymnase d'Entraygues-sur-Truyère, à partir de 20h15, s'est tenue une réunion d'information ("une rivière, un territoire"), co-organisée par les élus locaux et l'entreprise E.D.F., concessionnaire des barrages construits sur le Lot et surtout sur son affluent la Truyère. Voici une carte de l'ensemble des barrages d'amont, qui dépendent du G.E.H. (Groupe d'Exploitation Hydraulique) Lot-Truyère, qui a son centre... à Aurillac.

Barrages carte.jpg

   La réunion a été préparée avec soin, annoncée dans la presse locale, par des articles mais aussi des publicités, comme celle-ci, publiée dans Centre Presse à plusieurs reprises :

19 11 2010.JPG

   Le plan des thématiques abordées a été légèrement modifié, sans doute pour mieux tenir compte des préoccupations des riverains. Ainsi, on a commencé par un thème qui n'était même pas prévu dans le programme originel, la sûreté des barrages et de leurs environs, avant de passer à la gestion de l'eau (au sens large), puis à la mise en concurrence pour le renouvellement des concessions et enfin au développement économique du territoire.

   C'est un ancien de Sud Radio qui a animé la soirée, rivé à son I-Pad (et cloué à son oreillette), assisté d'une régie installée en fond de salle, alors que sur l'estrade, les intervenants étaient placés sous un écran de taille moyenne (mais le son était de très bonne qualité).

   L'animateur a un peu gonflé son auditoire au début. J'ai eu l'impression qu'il se croyait dans une salle de concert ou dans une émission de télé-réalité. Ses supposés traits d'esprit et ses flatteries grossières n'ont pas convaincu le public, au point qu'à un moment, un papy a pris la parole pour lui demander d'arrêter de se croire "au music-hall". La flèche a touché son destinataire : l'animateur a été plus sobre par la suite (même s'il a mal encaissé la critique, à laquelle il a fait deux fois allusion) et il a bien joué son rôle de Monsieur Loyal, permettant aux cadres d'E.D.F. de s'exprimer dans de bonnes conditions, tout en donnant la parole à la salle.

   Chaque partie a débuté par un petit film accompagné parfois d'un diaporama, auxquels succédaient les commentaires des spécialistes de l'entreprise, notamment Jean Comby (la soixantaine, maîtrisant très bien son sujet, assez clair dans ses explications et à jour des modifications juridiques) et Luc Tabary (la quarantaine, pas très à l'aise au début, plus intéressant et sûr de lui à la fin de la soirée). Ensuite, parole était donnée à la salle, pour des questions.

   A ce sujet, j'ai senti un certain étonnement dans la foule quand les gens ont constaté que l'animateur gardait le micro en main pendant que les spectateurs posaient leur question ou exprimaient une opinion. C'est devenu la règle dans ce genre de manifestation, pour éviter que des activistes (ou un type un peu timbré) ne détournent la chose à leur unique profit. Il manifeste ainsi sa volonté de rester le maître du jeu.

   Le premier thème a donc porté sur la sécurité, sujet extrêmement sensible pour l'auditoire, qui ne s'est pas facilement rendu aux arguments des spécialistes. Plusieurs échanges ont ainsi porté sur l'usage de la "sirène" (une corne de brume, en fait), testée le premier mercredi de chaque mois, mais à des heures différentes. Le détail des mesures de prévention, ainsi que le processus d'évacuation en cas d'accident majeur, ne sont pas bien connus des habitants de la région. (C'est peut-être une pierre jetée dans le jardin des élus locaux, dont certains se sont longtemps reposés sur les uniques efforts d'EDF...) L'un des intervenants a tenté de rassurer la foule en affirmant que la sûreté des installations était le souci majeur du groupe et qu'un rapport à ce sujet était accessible sur la Toile... ce qui est exact.

   On sait toutefois que les rives de la Truyère et du Lot font partie des espaces les plus menacés par le "risque barrages" (coloriés en bleu foncé sur la carte) :

Risque barrages.jpg

   C'est une femme qui a, la première, osé poser des questions. (Elle est intervenue à plusieurs reprises, toujours pertinemment. A la fin de la réunion, j'ai fini par connaître son nom, cité par Jean-Claude Luche : il s'agit je crois de Marie Verlaguet.) Au départ, elle m'a paru défendre son petit jardin (elle habite à proximité de l'évacuation de l'eau du barrage de Castelnau, vers Espalion). A la fin de la soirée, j'avais changé d'avis, tant ses remarques et questions ultérieures m'ont paru marquées du coin du bon sens... et parfois de l'espièglerie : elle a reproché à EDF d'avoir manqué "d'énergie" dans l'animation du territoire, soupçonnant la récente débauche d'efforts de séduction d'être liée à la mise en concurrence.

   Le deuxième thème a porté sur la gestion de l'eau, en amont comme en aval des barrages. C'est à ce moment-là que les membres des associations de pêche ont donné de la voix. Il a notamment été question des éclusages, de l'évacuation (ou plutôt de la non évacuation) des limons. Ce fut un moment fort intéressant, qui a vu dialoguer de jeunes ingénieurs d'EDF, lestés de leur maîtrise scientifique des sujets, et des retraités pêcheurs, ayant plutôt une connaissance empirique du milieu. On s'est aussi aperçu que les élus locaux n'ont pas forcément les mêmes intérêts, selon que leur commune est située en amont ou en aval d'un barrage. Le partage de l'eau est une question sensible, même dans une région aussi relativement humide que le Nord Aveyron...

   Le troisième thème fut consacré au renouvellement des concessions et à la mise en concurrence. EDF doit faire face à GDF-Suez, au groupe norvégien Statkraft, à l'autrichien Verbund (devenu le principal actionnaire de Poweo) et au canadien Hydro-Québec. Le plus croustillant dans cette affaire est que l'obligation de mise en concurrence découle du changement de statut d'EDF, qui d'E.P.I.C. (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) est devenue une société par actions. Hé, oui ! Si EDF était restée publique, cette procédure n'aurait pas lieu d'être. J'ai du mal à croire que le gouvernement qui a ouvert le capital du groupe n'ait pas eu ce type de conséquence à l'esprit...

   Bon là, en gros, on a senti que les politiques aveyronnais comme les spectateurs de la salle comptaient sur cette procédure pour inciter EDF à en faire davantage pour l'Aveyron. Les applaudissements les plus spontanés de la soirée sont nés à cette occasion : à la question d'un jeune homme, demandant aux ingénieurs pourquoi on devrait les choisir eux plutôt que leurs concurrents et qu'est-ce qui garantissait que leurs belles promesses n'allaient pas s'évanouir une fois le renouvellement des concessions obtenu, Luc Tabary a obtenu un franc succès en développant l'argument que son entreprise n'avait pas l'intention de limiter son action aux seuls barrages aveyronnais et que le meilleur moyen d'obtenir d'autres concessions était d'être exemplaire ici. (Il a aussi présenté son travail comme le résultat d'un engagement fort et pas comme un simple gagne-pain, ce qui a plus à l'assistance.)

   Cela nous a tout naturellement menés au quatrième thème, plus strictement économique. Les représentants d'EDF ont assuré faire grand cas des entreprises locales dans leurs commandes. On a aussi appris la création d'un poste d'animateur de territoire, chargé de mettre en musique une brochette de projets d'aménagement à vocation touristique, en liaison avec le Conseil général de l'Aveyron. Cela s'appelle la "route de l'énergie". L'enthousiasme de la salle a cependant été douché quand on a appris que ce nouvel arrivant loge à... Arpajon-sur-Cère, dans le Cantal, à proximité d'Aurillac (ce qui n'est pas un hasard).  Ceci dit, parmi la vingtaine de jeunes embauchés récemment par EDF, il y a quelques Aveyronnais.

   Les élus locaux ont eu ensuite droit à leur quart d'heure sur l'estrade... sans que l'on demande au bas peuple s'il avait des questions à leur poser. La palme du plus beau costume est revenue à Jean-Claude Luche, président du Conseil général (arrivé en retard et, une fois assis au premier rang, longtemps concentré sur autre chose que les débats de l'estrade). Il a insisté (avec raison) sur la nécessité de localiser en Aveyron un centre de gestion des activités hydroélectriques. On avait en effet découvert plus tôt que les barrages sont dirigés à distance, de Toulouse, tandis que les centres de décision se trouvent à Aurillac, Brive, Limoges ou Paris.

   A Luche a succédé Jean-François Albespy, conseiller général du canton d'Entraygues-sur-Truyère, qui a flatté de manière éhontée son président. Il a cédé la parole à Jean-Claude Anglars, conseiller général d'Estaing (parmi une floppée de casquettes), et médaille d'argent du plus beau costume. Le maire d'Entraygues a fermé le bal. Tout cela pour dire quand même que derrière l'effort (louable) d'information du public pointe la précampagne électorale des cantonales de mars 2011. Et puis... un esprit un peu réfléchi a compris que tout est déjà ficelé. EDF va très certainement obtenir le renouvellement des concessions et le Conseil général va redorer son image à bon prix.

   Après toutes ces émotions, la foule en délire a pu accéder au buffet très classieux offert par EDF. C'est là que j'ai regretté d'avoir fait un dîner copieux : malgré l'heure tardive (23h tout de même), je n'avais plus de place pour le solide. J'ai quand même goûté le champagne, très correct.

samedi, 13 novembre 2010

Des sacs-cabas "identitaires"

   Récemment, de passage dans l'hypermarché Géant Casino pour faire deux-trois courses, je fus attiré par de curieux objets placés en bout de rayon, à proximité des caisses.

   Ce sont des sacs-cabas, d'assez grande taille donc, destinés à recevoir les achats des consommateurs. Ils sont plus grands et ont l'air plus solides que les sacs en plastique réutilisables proposés par toutes les grandes surfaces. (Ils ont un peu la même texture que les sacs distribués pour la collecte sélective des déchets, vous savez, ces grands sacs blancs à poignées jaunes.) Ils sont donc logiquement plus coûteux : 1,90 euro contre environ 0,15 pour les sacs en plastique.

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   L'une des faces nous propose une vue classique de la cathédrale de Rodez et de ses environs immédiats, by night, ce qui est plus chic.

   L'autre côté est plus généraliste :

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   Il illustre les deux grands terroirs, du nord et du sud de l'Aveyron, avec leurs animaux caractéristiques (la vache Aubrac et la brebis Lacaune) ainsi que les productions emblématiques (l'aligot et le Roquefort). On a pris soin de faire figurer, à l'arrière-plan, le désormais célèbre viaduc de Millau.

   En ballade dans le vieux Rodez, j'ai remarqué qu'on pouvait se procurer ce sac à la Maison de la Presse. Reste à savoir si les Aveyronnais vont adhérer au "sac identitaire".