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mercredi, 13 juillet 2022

Rifkin's Festival

   Il a donc fallu attendre près de trois ans (après la sortie d'Un Jour de pluie à New York) pour voir le nouveau Woddy Allen en salles. Sans surprise, le cinéaste y parle de lui, du sens de la vie, de l'amour, de la mort... et du petit monde du cinéma.

   Mort Rifkin (Wallace Shawn) est le double d'Allen, un petit vieux dingue de cinéma, à la langue bien pendue. Enseignant (et écrivain raté), il accompagne son épouse (interprétée par Gina Gershon) au festival de San Sebastien, où elle va piloter la présentation du nouveau film d'un réalisateur français à la mode (et prétentieux), incarné par Louis Garrel. Dès le début, on sent que le mariage bat de l'aile. Hypocondriaque, Mort perçoit des symptômes de maladie en lui dès que la jalousie le gagne. En revanche, à partir du moment où il côtoie la ravissante (et cinéphile) doctoresse espagnole (Elena Anaya), il se sent beaucoup mieux... Comme on peut le constater, rien de nouveau sous le soleil allénien. Des couples se forment et se déforment... On évoque même à un moment la possibilité d'un « ménage à trois » (en français dans le texte).

   Ce n'est pas aussi bon que les meilleures comédies de Woody, mais c'est souvent drôle, en particulier grâce aux dialogues. Mine de rien, le sympathique Mort aime bien balancer quelques vacheries, notamment pour tourner en ridicule certaines postures adoptées par la faune du festival.

   C'est aussi (et surtout) un hommage au cinéma, aux cinémas même, à travers les rêves de Mort (joliment tournés en noir et blanc), qui détournent des scènes de films connus des cinéphiles pour les adapter à sa propre vie. J'ai beaucoup aimé la manière dont il utilise le "Rosebud" de Citizen Kane (d'Orson Welles). On reconnaît aussi des pastiches de films de Jean-Luc Godard (A bout de souffle), de François Truffaut (Jules et Jim), de Luis Bunuel (Le Charme discret de la bourgeoisie ou Le Fantôme de la liberté, j'ai un doute), d'Ingmar Bergman (peut-être Scènes de la vie conjugale... et, surtout, Le Septième Sceau).

   Au niveau de la direction d'acteurs, ce n'est pas toujours top, mais les effets comiques passent bien. Quelques visages connus font une courte apparition, en général marquante : Sergi Lopez en peintre érotomane dingo, Christoph Walz en joueur d'échecs très particulier... On est aussi ému, parce qu'à travers Mort Rifkin, Woody, le cinéaste aux cinquante films, se demande s'il est parvenu à réaliser ne serait-ce qu'un chef-d’œuvre.

16:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 12 juillet 2022

Le FEMA 2022 (fin)

   Pour moi, le festival s'est terminé par une dernière séance avec Audrey Hepburn :

DIAMANTS SUR CANAPÉ (de Blake Edwards)

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   Le film est célèbre notamment pour la scène introductive, qui voit une élégante jeune femme sortir d'un taxi, à New York, au lever du jour, et se planter devant la vitrine d'une boutique, un café à la main. Prise au premier degré, elle symbolise un certain chic... mais le titre d'origine du long-métrage (Breakfast at Tiffany's) est ironique : la boutique en question n'est en rien alimentaire : c'est une bijouterie (le collier porté par la jeune femme étant du toc). De plus, le petit-déjeuner de l'héroïne Holly (Audrey Hepburn, une fois de plus belle à tomber) n'a rien de luxueux : il est composé d'une viennoiserie et d'un café sans doute achetés au coin de la rue. L'apparence clinquante masque une grande précarité chez ce personnage, sur le plan matériel comme sur le plan affectif.

   En dépit de l'élégance affichée et de la romance qui sert de trame à son intrigue, ce film détonne dans la filmographie d'Audrey Hepburn. (D'ailleurs, au départ, ce n'était pas elle qui était prévue pour le rôle.) Elle y incarne un personnage pas tout à fait sympathique. N'ayons pas peur des mots, c'est une michetonneuse, qui cherche à se faire épouser par un héritier qu'elle pourrait mener par le bout du nez. Elle est rattrapée par son caractère bon enfant, une certaine gentillesse et une part de naïveté. C'est sans doute ce qui séduit son nouveau voisin, Paul Varjak, incarné par George Peppard, que les téléspectateurs français connaissent sous l'identité d'Hannibal, dans la série Agence tous risques. (Notons qu'une fois n'est pas coutume, le principal partenaire masculin de l'actrice n'est pas un comédien beaucoup plus âgé qu'elle.)

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   Le film est entraînant, bien rythmé par la musique d'Henry Mancini. Il alterne les moments de gaité folle et d'autres, plus sombres. Du côté joyeux, il y a les péripéties rocambolesques de la vie quotidienne des personnages... même si celui du voisin japonais acariâtre est vraiment trop caricatural. (Il est incarné par Mickey Rooney, que Blake Edwards avait dirigé dans son show télévisuel.) Se distingue la soirée organisée au domicile d'Holly, qui part en vrille. (Quelques années plus tard, Blake Edwards allait réaliser The Party, toujours avec une musique d'Henry Mancini.)

   Sur le fond, le film est assez dur. On finit par comprendre que l'héroïne a eu une enfance et une adolescence difficiles... et qu'elle n'a pas toujours été aussi jolie. Désormais dotée d'armes pour mener sa barque, elle est prête à se compromettre pour maintenir son mode de vie de fêtes et de paillettes. L'apprenti-écrivain n'est pas mieux loti : il vit aux crochets de sa maîtresse, une femme mariée qui le soutient dans ses projets littéraires... et profite de son corps.

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   Pour compléter le tableau, il manque un personnage important : le chat. Recueilli par l'héroïne, il n'a pas de nom. Il est à la fois son double (c'est un bâtard des rues) et son compagnon (il vit avec elle, contrairement aux hommes qu'elle fréquente). A un moment, on comprend qu'il pourrait aussi symboliser Paul, l'homme tendre, amoureux transi qui n'attend que ses caresses... mais est-ce ce que veut réellement Holly ?

   P.S.

   Ce chat de cinéma a un nom : Orangey. Sa carrière à Hollywood fut assez longue, sans doute en raison de sa docilité... dès que la caméra fonctionnait. En revanche, hors tournage, il paraît que l'animal était assez capricieux. En tout cas, dans ce film, il lui arrive beaucoup de choses... l'animal finit même trempé !

19:12 Publié dans Cinéma, Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 10 juillet 2022

Le FEMA 2022 (4)

   J'ai passé un dimanche très classique, en compagnie des deux principales vedettes du festival : Audrey Hepburn et Alain Delon.

CHARADE (de Stanley Donen)

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   Dans ce film sorti en 1963, l'actrice britannique retrouvait le réalisateur de Drôle de frimousse (dont j'ai parlé vendredi), qu'elle recroiserait quelques années plus tard dans Voyage à deux. Son partenaire était de nouveau un acteur connu beaucoup plus âgé qu'elle : Cary Grant, qui succédait donc à Gregory Peck (Vacances romaines), Fred Astaire (dans Funny Face) et précédait Rex Harrison (dans My Fair Lady).

   Pour l'occasion, l'une des grandes salles du CGR du centre de La Rochelle était pleine à craquer, pour (re)voir un quasi-chef-d’œuvre, mêlant, comédie, romantisme et polar. Audrey y incarne Regina Lampert, veuve d'un homme d'affaires louche dont elle s'apprêtait à divorcer. Le problème est que celui-ci était poursuivi par un trio d'individus peu recommandables. Au fur et à mesure que le film avance, on s'aperçoit que le trio est en fait un quatuor... et peut-être même un quintet. L'intrigue est complexe, bien menée.

   L'héroïne tente d'échapper aux poursuivants de son mari, grâce au séduisant Peter Joshua (Cary Grant), qui repousse régulièrement ses avances... mais n'arrête pas de lui mentir. L'un des gags récurrents porte sur l'identité adoptée par Joshua. Le seul élément commun à tous ses alias est qu'il s'est déjà marié... mais a divorcé ! L'autre comique de répétition porte sur l'utilisation des mots "espion" (spy) et "agent" quand Regina rencontre le représentant de la CIA. Je recommande aussi tout particulièrement la scène des funérailles du mari...

   C'est à la fois, drôle, mystérieux, romantique sans être nunuche. La musique d'Henry Mancini est entraînante, parfaitement adaptée aux circonstances de l'action. Bref, j'ai adoré... et j'ai l'impression que le reste de la salle aussi !

 

MÉLODIE EN SOUS-SOL (de Henri Verneuil)

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   Dans le cadre de l'hommage à Alain Delon, le FEMA a programmé une grande diversité de films jalonnant la carrière de l'acteur, qui a côtoyé certains des plus grands réalisateurs de son époque. Vendredi, j'ai évoqué Monsieur Klein (de Losey). Du côté des metteurs en scène français, les festivaliers ont pu se régaler avec des œuvres de Jacques Deray (Flic Story, Borsalino), René Clément (Plein soleil), Jean-Pierre Melville (Le Samouraï, Le Cercle rouge, Un Flic), Bertrand Blier (Notre Histoire) et donc Henri Verneuil (Le Clan des Siciliens).

   C'est un polar à l'ancienne, à la française (façon « cinéma de papa »), avec des dialogues de Michel Audiard et une pléiade d'acteurs de talent. Delon y incarne parfaitement un jeune con qui cherche à s'affirmer et qui va imprudemment s'amouracher. Il a en face de lui « le patron », Jean Gabin, gabinesque au possible. Parmi les seconds rôles, on trouve Viviane Romance, Maurice Biraud, Henri Virlojeux... et même le jeune Jean Carmet, que les festivaliers ont déjà pu croiser dans Sac de nœuds (le film de Josiane Balasko dont j'ai parlé jeudi), où il incarne un pharmacien peu conventionnel.

   Mélodie en sous-sol nous raconte l'histoire d'un casse audacieux (qui a sans doute inspiré les auteurs de la série de film Ocean's), de sa préparation à son exécution qui, on s'en doute, ne va pas se dérouler tout à fait comme prévu. Les personnages sont bien travaillés, entre l'ex-taulard vieillissant qui veut partir en beauté, le petit jeune qui veut jouer dans la cour des grands et le beau-frère plus pépère, mais qui se laisse tenter. D'un point de vue sociologique, les spectateurs du XXIe siècle observeront avec intérêt la mutation de la commune de Sarcelles, ex-périphérie campagnarde de Paris transformée en ZUP.

   Au niveau de la mise en scène, c'est brillant, en particulier dans la séquence finale, autour de la piscine. Si des jeunes cinéphiles veulent découvrir du cinéma populaire français de qualité, alors ils ont frappé à la bonne porte.

23:59 Publié dans Cinéma, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 09 juillet 2022

Le FEMA 2022 (3)

   La chaleur s'accentue à La Rochelle, bondée de vacanciers en ce début de week-end. Pour accéder aux salles projetant les films du festival, il fallait faire preuve de patience, voire d'abnégation... mais cela en valait la peine.

LA ROSE ET LA FLÈCHE (de Richard Lester)

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   Je n'avais jamais vu ce film (sorti en 1976), dont le titre anglais est Robin and Marian, le premier étant bien entendu la flèche, la seconde, la rose. (Notez que dans les deux langues on ne place pas le même protagoniste en premier.) Dans les rôles, on retrouve avec plaisir Sean Connery et Audrey Hepburn, pour lesquels l'heure de gloire était passée à l'époque. Le premier avait quitté le costume de James Bond depuis quelques années, en attendant le véritable rebond de sa carrière, dans la deuxième moitié des années 1980. La seconde s'était volontairement éloignée des plateaux de cinéma, préférant se consacrer à l'action caritative.

   Ce fut paradoxalement un excellent choix pour incarner un Robin des Bois et une Marianne "vingt ans après", façon Alexandre Dumas. En général, les œuvres de fiction s'arrêtent à la formation de ce couple mythique, laissant les spectateurs imaginer qu'ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants...

   Ici, pas vraiment. On apprend que, distingué par le roi Richard Cœur-de-Lion, Robin a rapidement quitté l'Angleterre vingt ans auparavant, pour se lancer dans les croisades. De son côté, Marianne, lasse de l'attendre (ou d'attendre de recevoir la nouvelle de sa mort), a pris le voile. De plus, on a clairement voulu montrer que les héros mythiques avaient pris un petit coup de vieux. On retrouve un Robin certes vaillant et bien bâti, mais sale, dégarni sur le dessus et grisonnant. De son côté, Marianne semble avoir moins subi les affres du temps : quand on découvre son visage émergeant de sa coiffe de bonne sœur, on croit voir l'héroïne de My Fair Lady, avec, dans le regard, cet éclair de malice hélas si peu présent ici. (Mais quelle horrible coiffure !) Car c'est sur le plan moral que ladite Marianne a pris un coup. Cela donne un film mélancolique, sur la jeunesse disparue, l'amour affadi, les espoirs envolés... quoi que. Les retrouvailles entre les deux ex sont assez cocasses, tout comme, globalement, la mise en scène de la vie des valeureux combattants. Richard Lester ne fait pas dans le grandiloquent, ni l'héroïsme à deux balles. (Ceci dit, il n'en avait peut-être pas les moyens budgétaires.) On semble avoir essayé de donner aux combats une touche plus réaliste que ce que l'on avait (à l'époque) coutume de voir sur les écrans. (Ce n'est qu'à moitié réussi...) Je pense que cet aspect, ainsi que la volonté de « casser le mythe », ont rebuté beaucoup de spectateurs (Richard Cœur-de-Lion est représenté en gros connard et Robin en quasi-adolescent attardé)... Pas à La Rochelle toutefois, puisque le film a fait salle comble et a visiblement enchanté le public.

 

L'OMBRE DE GOYA PAR JEAN-CLAUDE CARRIÈRE

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   Projeté en avant-première, ce documentaire a l'ambition de faire mieux connaître l’œuvre du peintre Francisco de Goya, à travers le regard que l'ancien scénariste de Luis Buñuel portait sur lui, juste avant sa mort.

   Première remarque : dans les dernières années de sa vie, Jean-Claude Carrière avait conservé une belle vivacité d'esprit et son talent de conteur, avec sa voix à nulle autre pareille. En dépit de l'incontestable affaiblissement dont souffre l'octogénaire à l'écran, c'est toujours un plaisir de l'entendre narrer des anecdotes bien choisies ou analyser tel tableau.

   Cela m'amène à la deuxième qualité du film : la reproduction d’œuvres picturales (tableaux, gravures, dessins, tapisseries...) sur très grand écran, en haute définition. Le tout est commenté par une brochette de spécialistes français, espagnols, américains... C'est souvent passionnant, notamment lorsqu'on évoque les conséquences de sa surdité ou quand des ponts sont établis avec des peintres postérieurs. (De mon côté, au XXe siècle, je vois plus une filiation avec Dali qu'avec Picasso.)

   Je termine par une réserve : la volonté perceptible de ne pas égratigner le peintre espagnol, qui a tout de même plusieurs fois retourné sa veste durant sa vie. Pour moi, il a eu tendance à servir les puissants... et pas forcément des progressistes.

   Le documentaire n'en est pas moins tout à fait recommandable.

 

   Je termine cette note par un volet paysager. La Rochelle est riche en « pièges à touristes », mais il en est un auquel j'ai volontiers cédé : la Grande Roue, située entre la gare SNCF et le vieux port, à proximité des lieux où se déroule le FEMA. Pour cinq euros, on a droit à trois tours, au cours desquels il est possible de prendre de bien belles photographies... par temps dégagé. Un conseil : c'est plus tranquille le matin.

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vendredi, 08 juillet 2022

Le FEMA 2022 (2)

   Confrontés à la chaleur rochelaise, les cinéphiles se sont encore rués dans les salles obscures climatisées, aujourd'hui. Il va donc être question de deux monstres sacrés... et de culture historique.

MONSIEUR KLEIN (de Joseph Losey)

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   Parfois, une pointure américaine est nécessaire à la réalisation d'un grand film français. Alain Delon s'était financièrement et artistiquement beaucoup investi dans ce qui fut à l'époque un échec commercial. C'est pourtant l'un des meilleurs films francophones sur la Shoah, de surcroît une œuvre qui, en 1976, n'hésitait pas à montrer à l'écran le rôle des policiers et gendarmes français dans la déportation des juifs.

   La distribution fourmille d'acteurs épatants, à commencer par Alain Delon, très bon en marchand d'art catholique, cynique et coureur de jupons, qui mène la belle vie dans la France occupée de 1942. Il est entouré de Michael Lonsdale, Jeanne Moreau (que j'ai connue meilleure), Jean Bouise, Suzanne Flon, Michel Aumont, Gérard Jugnot, Étienne Chicot...

   La première séquence (celle d'un examen médical très spécial) est glaçante... et présente parfaitement le contexte.

   Les ennuis du héros commencent le jour où il reçoit un courrier destiné à un autre Robert Klein, juif. Sa curiosité (savoir qui est cet autre « Monsieur Klein ») va attirer l'attention des autorités policières françaises, à tel point que le héros finit par se demander s'il n'est pas l'objet d'une machination. Une autre possibilité est qu'un secret familial se cache derrière cet apparent quiproquo. Si les parents de Klein sont catholiques, qu'en était-il des grands-parents ? Et ces lointains cousins néerlandais ?...

   C'est la grande habileté du scénario que de mêler la persécution des juifs à une énigme policière, le héros se faisant enquêteur pour son propre compte. La réponse est-elle détenue par la compagne de l'autre Klein ? Encore faudrait-il retrouver cette femme, personnage insaisissable, prénommée tantôt Isabelle, tantôt Cathy, tantôt Françoise...

   La mise en scène est assez brillante, suscitant l'inquiétude et le mystère. En cette période trouble (qui s'arrête en juillet 1942...), les individus sont susceptibles d'être broyés par l'Histoire, même quand ils pensent pouvoir lui échapper.

   Pour celles et ceux qui ne l'auraient jamais vu, c'est un film à découvrir absolument. On y voit le talent d'Alain Delon sous un autre jour.

 

VACANCES ROMAINES (de William Wyler)

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   Sortie en 1953, cette comédie romantique, scénarisée par Dalton Trumbo, a fait connaître Audrey Hepburn au grand public... et lui a valu le seul Oscar de sa carrière. La comédienne y incarne une princesse issue d'un pays qu'on présume soit nord-européen, soit est-européen. Le temps d'une journée et de deux nuits, elle échappe au protocole et rencontre un homme séduisant, en compagnie duquel elle découvre certains plaisirs de la vie...

   Très bien écrite, cette comédie est brillamment mise en scène par celui qui a réalisé, entre autres, Les Hauts de Hurlevent et Ben-Hur... et qu'Audrey Hepburn a retrouvé, par la suite, pour tourner La Rumeur et Comment voler un million de dollars. Cela commence merveilleusement bien avec une scène au cours de laquelle la princesse, évidemment magnifique, connaît quelques petits problèmes de chaussure, qu'il convient de masquer à l'assistance qui a les yeux rivés sur elle. A plusieurs reprises, on retrouve ce sens du détail comique, par exemple dès que les agents secrets (en civil) partis à la recherche de la princesse surgissent à l'écran. Celle-ci découvre la liberté en abandonnant les escarpins et en changeant de coiffure. Rétrospectivement, il est étonnant de constater combien les rôles de femme tentant de déjouer les contraintes sociales ont marqué la carrière d'Audrey Hepburn.

   Sur son chemin, la princesse en goguette croise un habile journaliste, incarné par Grégory Peck. Aux jeunes qui liraient ces lignes, je précise que cet acteur talentueux, intelligent et beau gosse était un peu le George Clooney de l'époque (en mieux). Dès que les deux personnages se rencontrent, les scènes sont traversées d'étincelles. Je pense à celle du coucher, dans l'appartement miteux du journaliste (qui fait subir à la princesse endormie un traitement qu'il m'est arrivé d'opérer sur une personne du beau sexe... rassurez-vous, rien d'illégal !). Les cinéphiles ont aussi en mémoire la cavalcade en scooter et, surtout, la soirée dansante sur le bateau... qui se termine de manière apocalyptique ! Sur le fond, cette romance se teinte d'amertume, puisqu'il est question des conventions sociales : en 1953, une histoire d'amour était-elle possible entre l'héritière d'un trône européen et un journaliste américain ? Je laisse à chacun(e) le loisir de le découvrir.

   Histoire de sortir un peu des salles de cinéma, je vous propose aussi une visite culturelle :

LE MUSÉE DU NOUVEAU MONDE

   Situé dans le centre historique de La Rochelle (à moins d'un quart d'heure du vieux port), il est hébergé dans une vieille bâtisse, l'ancien hôtel particulier Fleuriau, du nom d'une famille rochelaise qui s'était enrichie dans l'exploitation de plantations sucrières et le commerce d'esclaves.

   On l'aura donc compris, ce musée est consacré à l'histoire française de la colonisation et de l'esclavage, des prémices du XVIe siècle à la disparition partielle (au XVIIIe), en passant par la constitution du premier empire colonial, principalement au XVIIe siècle.

   Les panneaux explicatifs ne sont pas très nombreux ni compliqués à lire. Ils mettent en perspective de nombreux documents iconographiques et des objets du quotidien. Au rez-de-chaussée, il est question de l'esclavage et du rôle du port de La Rochelle. Le premier étage est consacré à la Nouvelle-France, le deuxième aux Indiens d'Amérique, aux États-Unis, avec une place importante consacrée aux travaux d'Edward Curtis, auquel nous devons de nombreuses photographies à caractère ethnographique. La visite se termine par l'Amérique vue par les Européens et des salles où nous sont racontées l'histoire de la famille Fleuriau et celle du bâtiment.

   L'entrée coûte six euros, les salles sont climatisées et l'une d'entre elles est équipée d'un distributeur d'eau fraîche (gratuit). On peut y passer une à deux heures. Cela vaut le coup.

jeudi, 07 juillet 2022

Le FEMA 2022 (1)

   Il s'agit de la cinquantième édition du festival de cinéma de La Rochelle, un festival sans compétition ni palmarès, avec quelques avant-premières, mais surtout  des ressorties et des hommages.

   Les œuvres (souvent restaurées) sont projetées en centre-ville, à proximité immédiate du vieux port, soit dans le CGR Dragon, soit dans le centre culturel La Coursive (dont les salles sont comparables à ce qu'on peut trouver, par exemple, à la Cinémathèque de Toulouse). A pieds, on se trouve à 10-15 minutes de la gare SNCF.

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   Le festival s'étend sur une dizaine de jours, du 1er au 10 juillet... la ville se préparant avec ardeur au retour prochain des Francofolies. Le programme du FEMA 2022 est alléchant, avec Alain Delon en tête de gondole, complété par une rétrospective Pasolini, une ribambelle de films d'animation est-européens et un hommage à Audrey Hepburn (qui est la cause de mon séjour en Charente-Maritime).

   Mais commençons par une réédition qui, pour moi (et visiblement de nombreux festivaliers), fut une découverte :

SAC DE NŒUDS

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   C'est la première réalisation de Josiane Balasko (qui ne devait, au départ, qu'écrire le scénario), en 1984. A l'époque, les membres de l'équipe du Splendid sont auréolés de divers succès cinématographiques et théâtraux. Certains d'entre eux sont d'ailleurs venus faire un petit coucou dans le film de la copine... mais celle-ci a tenu bon contre le producteur d'origine, Claude Berri (qui s'est ensuite retiré) : elle voulait Isabelle Huppert (et non pas Anémone) pour principale partenaire. Toutes deux forment un duo aussi dissemblable qu'explosif : la bimbo et la clodo. La première est l'épouse battue d'un policier beauf (interprété par Daniel Russo). La seconde est une célibataire suicidaire, prête à tout. Toutes deux vivent dans un ensemble collectif. Leur rencontre totalement inattendue va faire d'elles des Thelma & Louise avant l'heure (le film de Ridley Scott datant de 1991).

   Dans leur périple, elles s'allient à un immigré qui vient de sortir de prison... un peu contre son gré (et dans la violence). Farid Chopel complète agréablement ce duo détonant. En cours de route, on va croiser une infirmière libérale alcoolique (Dominique Lavanant), un pharmacien rescapé des camps (Jean Carmet, sidérant), un "artisan-entrepreneur" du sexe (Coluche, tordant)... et une famille qui finit par se demander pourquoi le sort s'acharne sur elle. (La mère est interprétée par France Rumilly, l'inoubliable sœur Clotilde des Gendarmes.) C'est un film un peu foutraque, dont certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, mais il fait preuve d'un humour corrosif réjouissant et il dénonce la situation faite aux femmes dans la société : victimes de la violence masculine, de l'exploitation sexuelle ou bien méprisées quand elles ne sont pas jugées assez "bonnes"...

   Les spectateurs attentifs remarqueront quel est le lien entre ce film et la star qui est à l'honneur lors de ce festival. Je peux juste dire qu'il est question de masturbation...

   Passons à présent à l'objet de mon désir.

MY FAIR LADY (de George Cukor)

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   Je ne suis pas un grand amateur de comédies musicales. Mais, jadis, quand j'ai vu ce film pour la première fois, j'ai été envouté par le principal personnage féminin, cette vendeuse de fleurs sortie du caniveau, capable de mystifier les gens du monde les plus soupçonneux. Audrey y est formidable, dès le début dans la séquence de rue, puis en apprentie plus ou moins assidue du connard goujat professeur Higgins, plus tard en demoiselle de bonne famille. Il y a des scènes que les cinéphiles attendent avec impatience : celle des "h" aspirés, celle de la chanson Just you wait (celle-ci avec la vraie voix de la comédienne), celle du bal bien entendu... mais, surtout, celle du champ de course, durant laquelle Eliza Doolittle fascine autant qu'elle stupéfie.

   J'adore ce film pour plusieurs raisons. C'est d'abord un propos en faveur du talent et du travail contre la naissance et les privilèges. C'est aussi la dénonciation du statut de femme-objet (ici façonnée par un homme). C'est enfin une comédie savoureuse, où transparaît la malice d'une actrice qu'on a trop souvent réduite à son charme incommensurable.

   Parmi les seconds rôles, il faut noter le père de l'héroïne (un alcoolique fort en gueule interprété par Stanley Holloway), la gouvernante du professeur Higgins (l'austère mais généreuse Mrs Pearce, incarnée par Mona Washbourne)... et le jeune soupirant, un peu fade certes, mais interprété par un certain Jeremy Brett, qui fut des années plus tard un inoubliable Sherlock Holmes pour la télévision britannique.

 

DRÔLE DE FRIMOUSSE (FUNNY FACE)

(de Stanley Donen)

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   Et c'est parti pour une deuxième dose d'Audrey Hepburn ! Elle est, avec Fred Astaire, le principal atout de cette comédie (musicale) romantique, désuète et naïve, parfois très maladroite, mais avec tellement de charme.

   L'intrigue n'est pas sans rappeler celle de My Fair Lady (postérieur de sept ans), puisqu'il y est aussi question d'une jeune femme d'origine modeste qui va connaître le glamour, la gloire... et peut être l'amour, grâce à un homme qui tente de la façonner.

   Ce petit film mérite le détour parce qu'on y voit une Audrey Hepburn plus séduisante (selon moi) en vêtements sobres que portant de la haute-couture. Quand bien même, en réalité, elle soit toujours habillée par Hubert de Givenchy, je trouve que l'austère libraire comme le mannequin en goguette à Paris (portant talons plats et vêtements sombres... dont un pantalon) ont un charme fou. Là encore, le personnage féminin se rebelle contre le rôle qu'on veut lui faire jouer. L'actrice elle-même y danse une scène de folie douce, un soir, dans un bar fumeux... Ah, si les réalisateurs avaient voulu/su davantage exploiter l'espièglerie d'Audrey, quelles comédies fabuleuses elle aurait pu tourner !

   Les Frenchies savoureront le Paris de carte postale que la Paramount a proposé au public américain. Dans la version originale, on rit du mauvais français parlé par de supposés habitants de Panam'... On va même jusqu'à ricaner au tableau du monde des "cultureux", que ce soit dans le cabaret parisien que chez le penseur à la mode, le pape de l' « empathicalisme », une théorie vaseuse qui fait des ravages chez les intellos français comme états-uniens de l'époque. Je pense qu'il s'agit d'une caricature de l'existentialisme sartrien, Jean-Paul Sartre étant d'ailleurs cité comme faisant partie des philosophes qui comptent... eh, oui, tout ça dans une comédie romantique un brin sirupeuse !

   Au-delà de l'intérêt de la programmation, j'ai été ravi de constater que ces vieux films attiraient la foule. Les grandes salles dans lesquelles je les ai vus étaient copieusement garnies. Le public était majoritairement retraité, mais j'ai quand même noté la présence de nombreuses jeunes femmes aux séances Audrey Hepburn.

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mardi, 05 juillet 2022

En roue libre

   J'ai eu très peur au début. J'ai trouvé que le film en faisait des tonnes dans la caractérisation du personnage principal, celui de Louise, infirmière hospitalière victime de ce qu'il faut bien appeler un burn out. Elle est fatiguée par son dernier service de nuit. Elle dort mal, ne semble pas bien s'alimenter, vit seule, dans un immeuble pas très haut de gamme. Visiblement, elle déprime... et elle se prend une nouvelle prune, pour stationnement gênant. (C'est bizarre d'ailleurs, cette histoire d'amende : elle semble habiter un quartier HLM, plutôt en périphérie de Beaune, disposant de nombreuses places de stationnement gratuit.) Du coup, elle est incapable de sortir de sa voiture.

   Marina Foïs a beau être très impliquée dans le rôle, j'ai mis un temps fou à entrer dans cette histoire. Ma gêne a été accentuée par plusieurs invraisemblances, au premier rang desquelles les circonstances de la rencontre entre les deux protagonistes. Comment le jeune homme peut-il ne pas voir qu'il y a déjà une personne (mal cachée) dans la voiture ? Plus tard, on est prié de croire que le véhicule (désormais doté d'un toit ouvrant très spécial) ne subit jamais les conséquences d'une météo pluvieuse...

   Le film est sauvé par ses interprètes. Marina Foïs est totalement crédible en infirmière au bout du rouleau et Benjamin Voisin (déjà remarqué dans Illusions perdues) est impeccable en petite racaille issue d'un milieu modeste. Là aussi le scénario n'y va pas avec le dos de la cuillère : le gamin a des parents "cassos", il semble avoir échoué à l'école et, surtout, il a perdu son guide, son mentor : son frère aîné.

   Sans surprise, les personnages qui, au début, se méprisent, s'insultent, se font des coups vaches, vont finir par s'apprécier... et même par s'entraider. C'est la plus belle partie du film, celle où les comédiens sortent un peu du sentier (trop) balisé. Leurs interactions sont souvent croustillantes et j'ai trouvé la mise en scène assez inventive. Didier Barcelo semble doté d'un certain talent pour utiliser des objets en apparence anodins (un gobelet de coca, une boîte de sucreries, de petits crocodiles comestibles, un chien à tête remuante...). Cela donne une touche originale à l'histoire.

   S'ajoutent à cela des seconds rôles bien campés. C'est qu'il passe du monde dans cette voiture : un délinquant, une infirmière, un éboueur, une autostoppeuse, une jeune gitane, un pépé libidineux... et même un psychologue ! On ne fait pas que conduire ou écouter de la musique dans ce véhicule hors d'âge. On y discute, on y dort, on y mange (pas très proprement), on y boit, on y pisse... La liste n'est pas exhaustive.

   Du coup, en dépit du trait surligné et d'une fin que j'estime ratée, j'ai plutôt passé un bon moment. Pour quatre euros, ça passe.

lundi, 04 juillet 2022

Entre la vie et la mort

   Léo est conducteur de métro, à Bruxelles. Un soir, il voit quasiment mourir sous ses yeux son fils unique. Celui-ci tentait d'échapper à des braqueurs, avec lesquels il s'était acoquiné. Ceux-ci sont désormais à la recherche du père... mais ce n'est pas un simple conducteur de métro : il connaît le maniement des armes et les techniques de combat rapproché. Quand je vous aurai dit qu'il est d'origine espagnole, vous aurez compris que cet homme discret cache sans doute un gros secret.

   Nous voilà embarqués dans une histoire de vengeance et de poursuites : l'un veut retrouver les assassins de son fils, une autre cherche à savoir ce qu'est devenu son collègue, tandis que les derniers veulent surtout remettre la main sur une masse de pognon. Antonio de La Torre (connu plutôt pour des rôles dans des films art et essai, comme Une Vie secrète) endosse le costume du type en apparence ordinaire qui va donner du fil à retordre à une bande de voyous, façon Bruce Willis (par exemple dans Death Wish), Denzel Washington (dans Equalizer) ou Liam Neeson (dans Taken).

   Toutefois, à la différence de ce que l'on peut voir dans les films américains, l'aspect psychologique demeure très important, prenant parfois le pas sur les scènes d'action. Celles-ci ne sont pas survitaminées. On sent la volonté du réalisateur de leur conserver un tour réaliste. Le film n'en est pas moins prenant.

   De La Torre est épaulé par une distribution franco-belge qui tient la route. Les seconds rôles sont principalement composés de truands et de policiers. Parmi ceux-ci, Olivier Gourmet incarne un commissaire qui a du mal à tenir ses troupes... en particulier sa fille, interprétée par Marine Vacth. Ce n'est pas la partie la plus convaincante de l'histoire. J'ai préféré les scènes avec les truands.

   A noter que la mise en scène et le montage maintiennent le mystère concernant plusieurs personnages et certains aspects de l'intrigue. A plusieurs reprises, on laisse le spectateur dans l'incertitude. A lui (elle) de combler les blancs, en attendant de plus amples informations. La découverte par le héros d'un document numérique va l'aider à mieux comprendre ce qu'il s'est passé.

   Ce n'est pas une œuvre majeure, mais un film de genre qui tient ses promesses... et qui risque de rapidement quitter l'affiche.

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dimanche, 03 juillet 2022

Les Minions 2

   J'ai profité d'une avant-première, précédée de la reprogrammation du premier volet. (Sept ans déjà !) J'ai donc revu celui-ci, qui m'a paru meilleur que dans mon souvenir. Peut-être n'étais-je pas alors dans d'aussi bonnes dispositions.

   Le film débute sans les personnages principaux. C'est assez gonflé de la part des créateurs, mais la première séquence, dynamique, façon Indiana Jones, permet de découvrir un groupe de vilains qui va jouer un rôle important dans l'histoire. Je n'en dis pas plus.

   Après cette entraînante mise en jambes, on retrouve Gru et les Minions, en plein dans les seventies. (Chouette ambiance musicale, soit dit en passant.) Le garçon a un peu grandi et s'est installé avec les petits bonshommes jaunes... mais on est encore loin de l'équipe découverte jadis dans Moi, moche et méchant. Du coup, pour sa carrière de brigand, Gru songe à rejoindre le groupe vu au début, d'autant qu'une place s'est libérée. La manière dont il tente d'intégrer le gang est assez cocasse... et elle nous permet de rencontrer un personnage jeune, que l'on a vu beaucoup plus âgé dans les précédents films...

   La suite de l'intrigue est une double (voire triple) poursuite. Gru est confronté à la bande de méchants, tandis que les Minions sont partis à sa recherche. On retrouve les trois héros du premier volet (Kevin, Stuart et Bob), auxquels s'est joint Otto... pour assez vite s'en séparer. Tout ce petit monde est en quête d'une amulette aux pouvoirs magiques. Otto, qui a fait une grosse bêtise, tente de se faire pardonner en se lançant à la poursuite d'un motard... avec un tricycle.

   Dans la salle, petits comme grands rient de bon cœur, soit aux pérégrinations des Minions, soit aux péripéties acrobatiques auxquelles les autres personnages sont confrontés. (Je recommande tout particulièrement la séquence avec la maîtresse kung-fu !) Sur la forme, c'est du classique : des gens qui se cassent la figure, des objets qui fonctionnent mal, des fesses (de Minion) à l’air, de la morve... mais c'est bien mis en scène, avec un incontestable sens du comique. Les adultes apprécieront aussi les clins d’œil aux films de fiction... et d’animation (Le Chat Potté). Cerise sur le gâteau, quand on tend l'oreille, on comprend deux-trois choses au salmigondis des bonshommes en jaune.

   Sur le fond, on nous montre la naissance d'une famille recomposée. Gru est aussi en quête d'une figure paternelle, que deux personnages sont susceptibles d'incarner. Les liens se resserrent avec les Minions, tandis que la mère est toujours aussi imbuvable avec son fils. C'est une autre audace scénaristique de ce film, qui tranche avec les productions aseptisées, dans lesquelles on nous présente quasi systématiquement des familles idéales.

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samedi, 02 juillet 2022

Qu'aller voir à la fête du cinéma ?

   Du dimanche 3 au mercredi 6 juillet inclus, la place est à 4 euros. C'est l'occasion, pour celles et ceux qui trouvent ce loisir trop onéreux (ou qui n'ont guère le temps le reste de l'année), de faire quelques découvertes. A l'imitation de Pascale (autre blogueuse cinéphile), je vous propose une liste de recommandations.

 

   Dans la catégorie "grosses productions spectaculaires" :

1) Top Gun - Maverick, de très loin le meilleur blockbuster sorti ces derniers mois

2) Les Animaux fantastiques 3 (encore programmé ici et là), le meilleur de la série

3) Jurassic World III (uniquement dans une grande salle, pour les effets spéciaux)

 

   Dans la catégorie "comédies françaises" (un genre à moitié sinistré) :

1) Coupez ! (même si je pense que la version japonaise était peut-être meilleure)

2) Irréductible, tout juste sortie

3) Incroyable mais vrai, l'occasion de découvrir le style de Quentin Dupieux

4) Petite Fleur, une comédie noire, franco-argentine, qui a du cachet

 

   Dans la catégorie "comédies pas françaises mais qui méritent le détour, voire plus" :

1) The Duke, une comédie sociétale britannique qui fait du bien

2) El buen patron, une comédie espagnole très engagée

3) Compétition officielle, une gentille satire du monde du cinéma

 

   Une Fête du cinéma ne serait rien sans quelques œuvres d'animation :

1) Junk Head, s'il est encore au programme (plutôt pour les adolescents et les adultes)

2) Les Minions 2, qui circule en avant-première, ici et là

3) Les Bad Guys, encore à l'affiche dans certains cinémas

4) Le Roi cerf (lui aussi en fin de parcours), dans la grande tradition de l'animation japonaise de qualité

5) Buzz l'éclair, pour les nostalgiques de Toy Story... et les amateurs de science-fiction

6) Détective Conan - La Fiancée de Shibuya, adapté d'un manga

 

   La Fête est aussi l'occasion de s'ouvrir à d'autres cinématographies :

- des Etats-Unis, avec Seule la terre est éternelle, consacré à l'écrivain Jim Harrison

- un peu plus au sud, en Bolivie, avec Utama

- pas très loin de là (mais dans le passé), au Chili, avec Je tremble ô Matador

- toujours dans le passé, mais au Royaume-Uni (et en France), avec Downton Abbey II, s'il est encore programmé près de chez vous

- un peu plus proche de nous (chronologiquement), mais en Allemagne, avec L'Affaire Collini, qui n'a pas (encore) fini sa carrière en salles

- beaucoup plus loin de nous (géographiquement), mais de nos jours, au Bhoutan, avec L’École du bout du monde

- dans un futur proche, en Allemagne, avec I'm your man

- dans un avenir un peu plus lointain, plus glauque, avec Les Crimes du futur (pour un public averti)

 

    Franchement, il y en a pour tous les goûts !

 

 

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jeudi, 30 juin 2022

Irréductible

   Quand on est humoriste et comédien, qu'on entre dans la deuxième phase de sa carrière sans avoir atteint le sommet et qu'on en a un peu marre de jouer les utilités dans des comédies faciles, le salut peut venir de la réalisation. Voilà donc Jérôme Commandeur pour la première fois seul aux manettes (son premier film étant une coréalisation) et qui, avec son équipe de scénaristes, a pu se garantir de bonnes répliques.

   Durant les vingt premières minutes, on (re)voit quasiment tous les gags de la bande-annonce, mais dans le désordre. Sans trop en révéler, je peux dire que l'une des situations montrées est le point de départ de l'histoire, mais qu'elle donne naissance à une série de retours en arrière. Le héros ne se trouve pas forcément à cet endroit pour la raison qu'on imagine.

   Curieusement, il y a donc une (petite) part de mystère dans ce qui semblait être de prime abord une comédie très balisée, un poil graveleuse. J'ai été agréablement surpris par le scénario, plus étoffé que ce que laisse présager la bande-annonce.

   A la base, il s'agit quand même d'une comédie facile, qui tape sur les fonctionnaires (surtout les municipaux et ceux de préfecture). On rit de bon cœur, même si l'on est conscient que le trait est (très) appuyé. Commandeur peut se reposer sur une brochette de seconds rôles caricaturaux, mais visiblement interprétés avec plaisir par des invités comme Gérard Darmon, Valérie Lemercier, Christian Clavier et Pascale Arbillot. C'est de surcroît plutôt bien écrit. Les dialogues font souvent mouche et le rythme est assez soutenu.

   Sur le fond, l'intrigue nous conduit à prendre du recul vis-à-vis du héros, assez égoïste au départ (jusqu'à son combat pour garder son poste de fonctionnaire). Il change parce qu'il rencontre l'amour, en la personne d'une chercheuse au mode de vie... particulier (Laeticia Dosch, très bien). On s'oriente vers une fin un peu trop bien-pensante pour moi, mais cela contribue à faire de ce film une comédie familiale, parfois un peu corsée, mais sans vulgarité.

   P.S.

   Quand on découvre, au début du film, la scène se déroulant à l'école (avec le héros jeune), on s'aperçoit que, dans la bande-annonce, on a coupé la réponse de l'une des camarades de classe du héros, une petite blonde qui a des ambitions politiques... C'est absurde sur le plan chronologique (le héros et la personne représentée ayant presque dix ans d'écart dans la réalité)... mais c'est savoureux.

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mercredi, 29 juin 2022

I'm your man

   J'ai hésité à aller voir ce film (sorti en même temps qu'une comédie française lourdingue consacrée au même sujet), parce que j'avais moyennement apprécié Stefan Zweig, adieu l'Europe (un des précédents films de la réalisatrice Maria Schrader). Mais, le bouche-à-oreille étant bon, le sujet alléchant, je me suis laissé tenter.

   C'est donc l'histoire d'une universitaire (mi-archéologue, mi-anthropologue) quadragénaire, célibataire sans enfant, qui accepte d'accueillir chez elle pendant trois semaines un androïde conçu pour être le meilleur compagnon possible. Précisons tout de suite que ledit androïde est un grand brun athlétique, à la voix grave et aux yeux bleus. (Dan Stevens très bien... trop bien même !) Il est organisé, cultivé, propre, doux, prévenant, à l'écoute des désirs de sa "compagne"... N'en jetez plus !

   J'ai bien aimé la séquence de la rencontre, dans un club qui n'est pas tout à fait ce qu'il paraît être... tout comme certaines personnes qui le fréquentent. L'héroïne Alma teste son futur "partenaire", de manière un peu surprenante... y compris pour lui !

   La première partie montre plutôt les réticences de l'universitaire (qui n'est sans doute pas la dernière à dénoncer les -nombreux- travers des véritables hommes) : son compagnon est un peu trop parfait. De plus, elle a du mal à séparer l'expérience (qu'elle doit évaluer) de la modification de sa vie privée, à laquelle elle s'oppose farouchement.

   Sans trop de surprise, elle va finir par prendre goût à son jouet technologique (je ne dirai pas jusqu'à quel point). La séquence pivot est celle de la promenade en forêt, de surcroît très bien réalisée. L'intrigue prend un tour particulier : ce n'est pas l'humanité potentielle ou simulée de Tom (l'homme au zizi synthétique) qui est le cœur du sujet, mais la vie d'une femme intelligente, indépendante, athée, accro au boulot... et qui cache un douloureux secret.

   Le film suit son petit bonhomme de chemin. C'est assez prenant, même si je trouve la fin inaboutie.

dimanche, 26 juin 2022

Elvis (dans la peau)

CRITIQUE FAVORABLE

   La tâche confiée à Baz Luhrmann était ardue : ressusciter la carrière et la vie privée de l'une des icônes de l'Amérique, mettre le tout en scène de manière à la fois crédible et attractive. Il y avait matière à grand film.... encore fallait-il trouver l'interprète. Quasi inconnu du grand public, Austin Butler réalise une performance extraordinaire, de l'ordre de celle de Rami Malek dans Bohemian Rhapsody. Sans être un sosie d'Elvis Presley, il incarne le chanteur et son appétit de vivre... certains diraient même sa "fureur de vivre", puisque l'acteur James Dean semble avoir été une référence pour Elvis, dont le rêve était de briller sur grand écran.

   En attendant la concrétisation de ses espoirs cinématographiques, le jeune homme commence à se faire connaître dans de petits concerts, comme première partie d'une vedette de la country. C'est l'une des influences que le musicien conservera tout au long de sa vie... mais ce n'est sans doute pas la plus importante. La première partie du film montre quel poids a eu la musique afro-américaine dans la genèse de l'artiste. Il a côtoyé (entre autres) BB King, Big Mama Thornton et Little Richard. On découvre un Elvis opposé à la ségrégation, parce qu'elle va contre ses fréquentations et son mode de vie.

   Cette première partie est vraiment excellente. Colorée, variée au niveau de la mise en scène, elle est à la fois riche (sur le fond) et entraînante (sur la forme). Les culs-pincés de la blanche Amérique y sont tournés en dérision. Rien ne semble pouvoir arrêter "Elvis le Pelvis", dont le déhanché fait pâmer les dames et donne des ailes aux messieurs.

   Un autre grand mérite de ce film est de mettre en valeur le rôle du deus ex machina de la carrière de l'artiste, le trouble colonel Parker, vrai manager, mais pas plus Parker que colonel. Tom Hanks est lui aussi formidable dans ce rôle, incarnant avec talent un personnage mêlant cupidité, roublardise et bonhomie.

   Une fois la vedette lancée vers les sommets, le film se fait plus classique et plus prévisible... jusqu'à la chute, qui suscite l'émotion.

   Baz Luhrmann signe une grande réussite, à voir absolument en salle !

 

CRITIQUE DÉFAVORABLE

   Depuis le succès (mérité) de Bohemian Rhapsody et (dans une moindre mesure) de Rocketman (dont Baz Luhrmann avait refusé de prendre en charge la réalisation), Hollywood sent que les films de super-héros et ceux d'animation ne sont plus les seules machines à cash du Septième Art. Le tout est de trouver la vedette qui a vendu beaucoup de disques et un(e) interprète capable d'endosser le rôle.

   C'est chose faite avec Austin Butler, un comédien vu plutôt auparavant dans des séries (même s'il a été aperçu dans Once upon a time... in Hollywood). Le jeune homme réussit à rendre vie à l'Elvis débutant, des concerts de country bas-de-gamme aux premiers gros succès enregistrés chez RCA. Il est beaucoup moins convaincant en "vieil" Elvis (quadragénaire, ceci dit). On a beau lui faire porter les mêmes fringues et les mêmes lunettes que l'ex-idole des jeunes, l'évolution de l'habillage peine à masquer le fait que l'acteur reste svelte tout au long de l'histoire, alors qu'Elvis était devenu empâté et bouffi à la fin. C'est sans doute pourquoi les ultimes images du King sont extraites de vidéos d'archives (le concert durant lequel il peine à tenir debout ou assis), et non pas une dernière incarnation par Butler.

   En revanche, on perçoit bien le vieillissement progressif de l'autre personnage principal, le colonel Parker, un redoutable filou qui, s'il a contribué à lancer la carrière d'Elvis, a bien vécu sur la bête... Dans le rôle, Tom Hanks est formidable, même si, au bout d'un moment, le fait de voir jouer cet excellent acteur avec d'imposantes prothèses devient agaçant.

   Le film est tout à la gloire d'Elvis. Le scénario gomme (sans les effacer, heureusement) les aspérités du parcours. Ainsi, on ne nous présente que brièvement les infidélités du chanteur-vedette à l'amour de sa vie, la ravissante Priscilla. Tel que c'est montré dans le film, on a l'impression que le King "faute" soit parce qu'il est sous l'emprise de drogues, parce qu'il se sent seul en tournée, soit parce que c'est le seul moyen de se redonner l'envie de vivre... Comme tout mari/compagnon infidèle, il est assez pathétique quand il dit que, malgré tout, Priscilla est la seule qu'il aime...

   Le film est aussi assez discret sur le déclin artistique d'Elvis. La carrière cinématographique du King (dans les années 1960) coïncide avec une baisse des ventes musicales (et des recettes des concerts). Elvis Presley commençait à être considéré comme ringard, les nouvelles vedettes s'appelant Beatles et Rolling Stones.

   Sur le plan formel, le film mêle les styles. Baz Luhrmann (auteur entre autres d'Australia) va parfois jusqu'à saturer l'écran pour suggérer l'explosion de vie et de désir que représente l'émergence du rock façon Elvis. Si le résultat est parfois entraînant, il faut quand même dire que le réalisateur en fait des tonnes.

   Quoi qu'il en soit, c'est un film, certes inégal, mais à voir en salle, sur un très grand écran, avec du bon son.

jeudi, 23 juin 2022

Buzz l'éclair

   Quand il apparaissait dans Toy Story, Buzz n'était qu'un jouet un peu grandiloquent, qui prêtait parfois à rire. Ce film-ci nous conte l'histoire du VRAI personnage qui inspira le jouet, un jeune space ranger, héros d'un monde à la technologie de pointe.

   ... et donc, ô surprise, ce Pixar est une œuvre de science-fiction ! Bien évidemment, on y trouve des références à de prestigieux aînés, de 2001, L'Odyssée de l'espace à Interstellar, en passant par Mission to Mars. A l'écran, c'est bigrement bien foutu. Soyez notamment attentifs aux scènes avec les casques d'astronautes : le travail sur les reflets est prodigieux.

   Sur le fond, il est question de réussite et d'échec, d'héroïsme et d'amitié, voire d'amour. On tombe, on échoue, puis on se relève et l'on tente à nouveau de réussir. Pour les enfants, c'est une leçon de vie : même le héros réputé invincible a été un débutant maladroit. On remarque aussi la poursuite du politiquement correct à la sauce Disney : les personnages principaux sont blancs et noirs, hommes et femmes (jeune et moins jeune), hétéro et homo. Quoi qu'on en pense, j'ai bien aimé la bande de bras cassés sur laquelle va s'appuyer Buzz pour tenter de mener sa mission à bien... et puis quel chat extraordinaire, ce Sox !

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   Pendant un peu plus d'une heure trente, on est pris dans un maelstrom d'aventures, de mystères et de relations intenses. A la sortie de la séance, j'ai entendu quelqu'un dire que c'était "le Disney de l'été, voire de l'année". Attendons tout de même les fêtes de Noël pour nous prononcer.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Coeurs Vaillants

   Le titre de cette fiction à caractère historique est une référence à un célèbre magazine destiné (autrefois) à la jeunesse (dans lequel furent notamment publiées les aventures de Tintin et Milou). C'est aussi une allusion au courage dont vont devoir faire preuve les jeunes héros, des enfants et adolescents  juifs (français et étrangers) tentant d'échapper à la déportation.

   J'ai été agréablement surpris par le casting. Les enfants sont bien dirigés et l'on n'a fait de leur histoire ni un drame insoutenable ni une excursion campagnarde édulcorée. Il est néanmoins vrai qu'une fois que le petit groupe s'est réfugié sur une île, dans les bois, l'intrigue navigue entre l'ambiance de scouts et celle de Sa Majesté des mouches. Les gamines et les gamins sont crédibles quand ils sont confrontés à la faim, à la peur et à la crasse. Le scénario ne cache pas que la mort est parfois au bout du chemin.

   Une autre bonne surprise est la composition de Camille Cottin, qui incarne Rose, un personnage inspiré de Rose Valland (la conservatrice du musée du Jeu de Paume qui a contribué à sauver et retrouver quantité d’œuvres d'art pillées par les nazis). D'année en année, le talent de cette comédienne se confirme. Elle a su s'émanciper du rôle de Connasse ! qui l'a fait connaître. (Pour ceux qui ne les auraient pas encore vus, précipitez-vous sur Stillwater et Mon Légionnaire, où son talent est tout aussi éclatant.) Moins glamour que Cate Blanchett dans Monuments Men, Cottin est sans doute plus proche, dans son interprétation, de ce que fut la véritable Rose Valland...

   ... même si les aventures contées dans ce film sont totalement fictives. A ma connaissance, jamais la conservatrice ne s'est occupée du sauvetage d'enfants juifs. Durant toute la guerre (et même après), elle est restée pleinement (et uniquement) investie dans la préservation, le sauvetage et la récupération d’œuvres d'art.

   Au niveau de la mise en scène, Coeurs Vaillants se distingue par la manière habile dont est utilisé le château de Chambord, un labyrinthe qui regorge de cachettes pour des enfants juifs en fuite. Les scènes tournées dans la tanière puis dans le refuge arboricole sont tout aussi réussies. Cela m'a un peu rappelé des épisodes de la série Zora la Rousse.

   Tout ça pour dire que j'ai été pris par cette intrigue... jusqu'à la scène du pont, vers la fin. J'ai trouvé celle-ci ridicule, mal jouée. On sent que même Camille Cottin n'y croit pas. C'est dommage, parce que cela gâche la bonne impression que m'a laissée ce film.

   P.S.

   Concernant Rose Valland, il serait temps qu'on se décide à lui consacrer un biopic. C'était vraiment quelqu'un de hors du commun, dès avant la Seconde Guerre mondiale. Aux amateurs je signale une courte bande dessinée, signée Catel (à qui l'on doit aussi un ouvrage monumental consacré à Olympe de Gouges) :

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   La première partie (dessinée) évoque son action pendant et après la guerre. Lui succède un cahier photographique entrecoupé d'une chronologie détaillée... qui ne passe pas sous silence son orientation sexuelle.

mercredi, 22 juin 2022

Je tremble, ô Matador

   Le titre est un extrait des paroles d'une chanson populaire, qui devient une réplique entre les deux personnages principaux, au cours d'un pique-nique (en apparence) bucolique. Bien qu'habillé en femme, l'un des deux amoureux est un travesti, qui se fait parfois appeler La Doña. L'autre est un jeune révolutionnaire. Nous sommes au Chili, dans les années 1980, sous le régime dictatorial d'Augusto Pinochet.

   A cette époque, il vaut mieux ne pas être un "inverti" ou une "tafiole", comme nous le démontre la séquence initiale. Pourtant, La Doña n'est pas une rebelle. Il (Elle... Iel ?) tente de vivre sa vie, profitant des quelques interstices de liberté qui lui sont accordés. Il vit dans un immeuble délabré, au bord de l'effondrement, dans un quartier pauvre qui a des allures de bidonville. (Joli travail sur les décors et la mise en scène.) Ici, on ne le juge pas. La voisine (la seule à posséder un téléphone fixe) lui rend de menus services... mais elle ne veut pas d'ennui. Le jour, La Doña réalise des travaux de couture ou de broderie, parfois pour des femmes d'officiers du régime. Le soir, elle se prostitue...

   ... jusqu'au jour où elle croise Carlos, un jeune révolutionnaire mexicain plein de charme, tolérant... et qui se pose des questions sur son identité sexuelle. (Une sorte de Che Guevara crytpo-gay.) Ce qui au départ n'est qu'une relation amicale, fraternelle, pourrait prendre un autre tournant.

   ... Mais le mystère subsiste sur les raisons qui ont incité Carlos à se rapprocher du milieu des travestis. Il semble être en mission, au cœur d'une opération qui nécessite qu'il passe sous les radars de la police chilienne. Quelle plus belle couverture que la fréquentation d'un milieu certes interlope, mais qui n'est pas considéré comme menaçant par le régime ? Quant à elle, La Doña se méfie autant des communistes que du pouvoir en place : des deux côtés, on méprise les "déviants" sexuels.

   Ne croyez pas toutefois que l'essentiel du propos du film soit politique. C'est la personnalité du vieux travesti qui est au premier plan. J'ai beau ne pas affectionner ce genre d'ambiance, je dois reconnaître que la performance d'Alfredo Castro est remarquable. La relation trouble qui naît entre lui et Carlos est bien mise en scène, avec toutes ses ambiguïtés. Il faut dire aussi que, par petites touches, les personnages évoluent. Le travesti apolitique devient anti-Pinochet, tandis que le beau révolutionnaire hétéro est de plus en plus attiré par l'homme...

   A une réelle qualité de réalisation s'ajoute une chouette musique d'ambiance, constituée notamment de vieilles chansons populaires, des histoires d'amour que chacun peut interpréter à sa guise.

   Cela donne un film très particulier, pas flamboyant ni tapageur, mais qui mérite d'être vu par les cinéphiles.

El buen patron

   Qu'est-ce qu'un "bon patron" ? Quelqu'un comme Blanco, qui perpétue la tradition familiale, à la tête d'une PME spécialisée dans la fabrication de balances ? Peut-être. Il porte beau, affiche des valeurs humanistes, du respect, soutient la diversité sous toutes ses formes, prône l'équité... mais pas l'égalité, hein. (Faut pas déconner, quand même !)

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   J'ai pris beaucoup de plaisir à voir évoluer Javier Bardem dans ce rôle ambigu, celui de ce patron paternaliste, habile communicant, dont on se demande jusqu'à quel point il croit à ce qu'il raconte. Le film est bien évidemment ironique, mais l'on ne rit pas vraiment à gorge déployée. On sourit et, parfois, on rit.

   La belle mécanique élaborée par Blanco, dans son entreprise comme dans sa vie, est sur le point de se gripper. Son ami d'enfance, chef de projet dans sa boîte, est devenu un boulet... et un ouvrier licencié fait de la résistance, juste devant l'entrée du site de l'entreprise. Ce qui n'est au départ qu'une petite épine dans le pied pourrait se transformer en coup de poignard : Blanco brûle d'obtenir le prix décerné par la région à l'entreprise vertueuse de l'année, le seul qui manque à son palmarès. Une inspection se profile à l'horizon... et tout pourrait être remis en cause si l'on apprenait que le "père de ses employés" menace certains d'entre eux, licencie sans état d'âme et culbute à l'occasion une jeune stagiaire. La dernière en date lui réserve d'ailleurs quelques surprises.

   C'est donc une comédie engagée, perçue sans doute par nos voisins espagnols comme dans la mouvance de Podemos. Dans la manière dont vivent les "petits" dans le monde de l'entreprise, il y a une certaine représentation de la lutte des classes : le vigile sympathise avec l'ouvrier licencié... qui réussit même à mettre une patrouille de police dans sa poche ! (Cela nous vaut une réplique croustillante de Blanco, qui se désole d'être tombé sur un "policier socialiste"...)

   Le scénario s'amuse à plonger le patron dans la merde (au propre comme au figuré). Mais le gars a de la ressource. La dernière partie nous montre ce à quoi il est prêt pour s'en sortir. La morale est que, si l'on privilégie la loi du plus fort à l'esprit d'entraide, tôt ou tard, le baiseur devient le baisé... et parfois l'inverse.

lundi, 20 juin 2022

Incroyable mais vrai

   Non, il ne va pas être ici question de l'antique émission de Jacques Martin ! (Et là je me rends compte que je vous parle d'un temps que les moins de vingt trente quarante ans ne peuveuuux pas connaîîtreuuux ! ) Non, j'ai décidé de consacrer ce billet au dernier film de Quentin Dupieux, l'inclassable réalisateur de Rubber, plus récemment de Mandibules.

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   L'intrigue tourne autour de deux couples. A gauche ci-dessus, en rouge, se trouvent Marie (Léa Drucker, un peu flippante) et Alain (Alain Chabat, débonnaire et parfois cocasse), qui décident d'acheter leur première maison, pour y vivre ensemble. Ce couple entre deux âges n'a pas d'enfant et vit dans une relative aisance, sans être particulièrement fortuné. On ne sait pas si Marie a une activité professionnelle. Alain lui est cadre dans une compagnie d'assurances, dirigée par son ami Gérard (Benoît Magimel), un beauf friqué et flambeur, dont la nouvelle compagne est Jeanne (Anaïs Demoustier, délicieusement méconnaissable), plus jeune et plus superficielle que les habituelles fréquentations du couple, semble-t-il.

   Des événements quasi surnaturels vont changer la vie de ces deux binômes. Alain et Marie cachent que leur maison possède une pièce secrète, en sous-sol. De leur côté, Gérard et Jeanne explorent un aspect inattendu du transhumanisme... Je n'en dis pas plus pour laisser à chacun(e) le plaisir de la surprise... mais sachez que le repas du soir au cours duquel Gérard et Jeanne évoquent leur secret vaut son pesant de cacahuètes.

   La comédie de mœurs mâtinée de fantastique se suit avec plaisir. Évidemment, la situation va déraper. Sans trop en révéler, je peux quand même dire que Dupieux joue sur certaines obsessions masculines (la performance sexuelle) et féminines (l'apparence physique et les affres du temps).

   Le principal problème, comme dans d'autres films du même cinéaste, est que Dupieux a du mal à tenir un scénario sur la longueur. On sent que certaines scènes ont été étirées pour donner un long-métrage. A l'inverse, on aurait aimé que le réalisateur s'étende davantage sur la partie de l'intrigue qui nous est présentée comme un quasi-roman-photo musical.

   Cela donne une œuvre bancale, qui a du style, mais que j'ai trouvée moins marquante que le récent Petite Fleur.  

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dimanche, 19 juin 2022

Le Chemin du bonheur

   Il semble bien tortueux pour le héros de cette histoire, Saül, restaurateur bruxellois juif, dragueur, généreux et dingue de cinéma, dont il est une encyclopédie vivante. Nous sommes en 1987 et ce fringant quinquagénaire, célibataire sans enfant, va voir sa vie bouleversée pour deux raisons. La première est le film que son jeune employé chilien (fils d'une réfugiée politique) veut réaliser sur la période de son enfance, pendant la guerre. La seconde est l'entrée dans son restaurant (et dans sa vie) d'une nouvelle cliente, belle, énigmatique, fuyante... et projectionniste de cinéma !

   Cette histoire vaut surtout le détour pour l'abattage de Simon Abkarian, qui est de toutes les scènes se déroulant dans les années 1980. Il fait montre de son talent, dans presque tous les registres. Mais son personnage est un peu "trop" : trop généreux, trop tombeur, trop érudit (que de citations de films !)... trop "secrètement" torturé. J'ai trouvé les scènes se déroulant dans son "delicatessen" souvent kitsch, surjouées, en dépit des nombreux invités prestigieux (comme Michel Vuillermoz, Mathilda May et Brigitte Fossey, celle-ci très mal utilisée). Je fais aussi partie des spectateurs qui ont été gênés qu'Eric Caravaca interprète deux personnages : celui de l'acteur vedette en 1987 (fils de Brigitte Fossey) et celui du père adoptif du jeune héros, au début des années 1940.

   En revanche, les séquences anciennes, situées entre 1937 et 1945, sont plutôt bien fichues, bien que parfois jouées de manière trop appuyée. Au vu de la qualité de la distribution, je pense que le problème se situe au niveau de la direction d'acteurs. Ceci dit, l'insertion de ses séquences est à mon avis bien pensée. En fonction du moment où elles sont placées, elles évoquent tantôt les souvenirs du Simon âgé, tantôt l'adaptation possible du scénario en cours d'écriture, tantôt le long-métrage en train d'être tourné (dans la dernière partie de l'intrigue).

   Au passif du film, je place la manière différente dont les rescapés du génocide en gèrent le souvenir, plus de quarante ans après. C'est maladroitement mis en scène... et l'on sent venir de très loin la révélation concernant Hannah.

   Enfin, j'ai relevé quelques anachronismes. Ainsi, évoquant le génocide des juifs, Saül utilise à plusieurs reprises le terme Shoah. Certes, l'étonnant (et formidable) documentaire de Claude Lanzmann était sorti en 1985 et il avait très tôt suscité un grand écho. Mais il a fallu pas mal d'années pour que son titre finisse par remplacer, dans le langage courant, d'autres manières de nommer le génocide. De plus, j'ai été étonné que, dans le film, des critiques de cinéma se plaignent de voir « encore » un film sur l'extermination des juifs. A l'époque, ceux-ci n'étaient pas si fréquents. C'est plutôt une attitude typique du XXIe siècle... pas forcément acceptable : un bon film reste un film à voir, quel que soit son sujet, même s'il a déjà été abordé à de multiplies reprises, sous divers angles. Malheureusement, Le Chemin du bonheur ne rentre pas dans cette catégorie.

samedi, 18 juin 2022

Petite Fleur

   C'est l'histoire d'un couple franco-argentin qui s'installe à Clermont-Ferrand, au moment de la naissance de son premier enfant. Lui (argentin) est un dessinateur qui a connu un certain succès, mais qui peine à rebondir. Elle (française) est journaliste et ne se voit pas en mère au foyer. Le couple est assez "ardent", très bien campé par Daniel Hendler et Vimala Pons.

   La situation se complique pour José (le dessinateur), qui se retrouve au chômage et, de plus en plus, dans le rôle de père au foyer. Il a du mal à l'accepter, puis il découvre les joies de la paternité active. C'est assez cocasse, mais là n'est pas le meilleur du film. Il faut attendre l'arrivée à l'écran d'un étrange voisin, Jean-Claude, un cadre sup' dandy, esthète, amateur de jazz et de vin chic... et, accessoirement, victime du défoulement de José. Dans le rôle, Melvil Poupaud est excellent.

   La trouvaille scénaristique majeure est la "résurrection" perpétuelle de ce personnage, sans que cela lui paraisse anormal. Il ne semble pas non plus tenir rigueur à José de la petite habitude qu'il prend : le zigouiller chaque semaine, le même jour (mais de manière à chaque fois différente), sachant que ce rituel annonce une soirée réussie avec sa compagne, de retour du boulot... et totalement ignorante de ce qu'il se passe dans le voisinage. (Notons que, contrairement à ce qui se produit dans Un Jour sans fin, le héros ne revit pas sans cesse la même journée.)

   La mise en scène est taquine, nous faisant croire par certains plans que ce à quoi on s'attend va se produire, faisant durer le plaisir l'attente... Le doute est aussi instillé quant à la nature de « l'amitié » qui finit par se nouer entre José et Jean-Claude.

   A cette première partie très emballante succède une seconde, sur un autre ton. Un personnage sulfureux entre en scène : Bruno (Sergi Lopez, très bien), sorte de gourou adepte des thérapies de groupe... un peu escroc sur les bords. Le personnage féminin regagne alors en importance (pas tout à fait celle qu'il avait au début, avant que José ne rencontre son voisin) et l'on se demande où le scénario est en train de nous entraîner...

   Je ne dévoilerai pas la fin, mais sachez que celle-ci donne sans doute la clé du rôle de Jean-Claude. Quant au titre du film, il est bien évidemment une référence au tube de Sidney Bechet, dont on entend plusieurs versions (dont une par Henri Salvador et une par Benjamin Biolay). Je ne révèlerai pas non plus ce que signifie l'irruption de ce morceau dans l'intrigue, à plusieurs reprises...

   C'est pour moi une très bonne surprise, un film qui tranche au niveau du style et du ton... et ce n'est pas qu'un jeu de mots !

   P.S.

   Si j'ai bien lu le générique de fin, les dessins que l'ont voit José réaliser sont l’œuvre de Mathieu Burniat.

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dimanche, 12 juin 2022

Jurassic World III

   Il aura fallu attendre quatre ans pour voir la conclusion de la trilogie... et de l'ensemble de la saga, puisqu'une partie de la distribution de Jurassic Park a été appelée à la rescousse : Laura Dern et Sam Neill, que viennent compléter B.D. Wong et Jeff Goldblum, déjà présents dans les deux trilogies.

   A la fin de Fallen Kingdom, on avait laissé les héros avec un beau bordel : tout plein de dinosaures relâchés dans la nature. L'histoire commence quelques années plus tard, dans un monde où les humains tentent de vivre avec la présence de ces grosses bébêtes reconstituées. Cela donne à ce début un tour tantôt cocasse, tantôt poétique, tantôt menaçant. C'est bigrement bien foutu... mais ce n'est pas la séquence introductive prévue à l'origine !

   Une autre surprise est la découverte de la famille recomposée formée par Claire (Bryce Dallas Howard), Owen (Chris Pratt) et la jeune Maisie (qui, rappelons-le, est un clone). Celle-ci est en pleine crise existentielle, au moment de l'adolescence qui plus est... bref, la gamine sage et prodigieuse s'est transformée en casse-couilles que ses parents super-intelligents ne savent pas trop comment gérer. Il leur faut de surcroît la protéger, contre des scientifiques rapaces qui ont engagé des hommes de main.

   Je ne sais pas si c'est voulu par la production, mais les deux vedettes incarnant les parents ont l'air d'avoir pris un petit coup de vieux par rapport aux premiers films. Ce sont désormais des quadras, Bryce s'étant un peu empâtée (plus question de piquer un sprint en chaussures à talons en pleine jungle), Chris apparaissant un peu moins punchy.

   Sur le fond, l'intrigue joue sur des idées à la mode, de la lutte antispéciste à la dénonciation des grandes firmes de biotechnologies. L'une d'entre elles sait se présenter sous un jour reluisant... alors que ses intentions réelles sont plus obscures.

   Pour des raisons différentes, les groupes de héros vont chercher à pénétrer dans la sorte de Googleplex de l'entreprise, dont le dirigeant semble être un double de Steve Jobs. Ce n'est pas l'une des moindres invraisemblances de l'histoire que de voir un si petit nombre de personnes (certaines très âgées) parvenir à déjouer les systèmes de surveillance les plus perfectionnés pour, finalement, foutre en l'air un complexe ultramoderne !

   Pour apprécier pleinement ce film, il faut donc laisser un peu de sa raison au vestiaire. Sinon, on risque d'à peine frissonner lorsqu'on verra de vilaines grosses bêtes (avec de grandes dents) tenter de boulotter les héros... qui s'en sortent presque toujours "juste à temps". On risque aussi de ricaner méchamment lors du méga affrontement final (entre deux puis trois monstres), les protagonistes humains en réchappant tous comme par miracle !

   Mais, franchement, dans une grande salle, bien équipée, c'est un sacré spectacle ! Les effets spéciaux sont excellents. Les interactions entre les acteurs et les créatures numériques (ou animées) sont très bien rendues à l'écran. C'est cependant bruyamment mis en musique. (Michael Giacchino, qu'as-tu fait de ta subtilité ?)

   J'ai vraiment passé un bon moment, tout en étant conscient de ne pas voir un chef-d’œuvre.

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lundi, 06 juin 2022

Evolution

   De Kornel Mundruczo j'avais bien aimé (il y a quelques années) White Dog. L'idée de traiter d'un sujet à travers trois personnages issus de la même famille, à trois époques différentes, m'a incité à aller voir Evolution.

   On est cueilli par la première séquence, qui dure environ vingt minutes, dont plus de quinze sans le moindre dialogue. L'action démarre dans une pièce vide, aux parois maculées, le plafond parcouru de tuyaux se terminant, à intervalle régulier, par une sorte de pommeau de douche. On ne nous dit ni où ni quand on se trouve. (A la toute fin de la séquence, c'est devenu évident, sans qu'aucun nom ni aucune date n'aient été indiqués.)

   Un groupe d'hommes d'âges différents entreprend de nettoyer cette mystérieuse pièce, parois incluses. Aucun déchet n'est visible à l’œil nu... et pourtant, au bout d'un moment, chaque homme finit par extraire quelque chose d'un endroit de la pièce... jusqu'à la découverte finale. Cette séquence, très bien mise en scène, justifie à elle seule d'aller voir le film... mais je ne cache pas qu'on pourrait se passer de la suite, nettement moins brillante.

   Une ellipse nous projette en Allemagne, des dizaines d'années plus tard. Une femme âgée peine à survivre dans un appartement en mauvais état. De plus, elle commence à montrer les symptômes de la maladie d'Alzheimer. L'arrivée de sa fille arrange et complique tout. Entre les deux femmes, il y a un passif, celui du passé. Le passé qui est encore très présent chez la mère... et qu'elle a placé tel un fardeau sur les épaules de sa fille. En théorie, cela pourrait donner quelque chose d'intéressant. Mais c'est mal filmé (sous prétexte de mettre en scène la confusion) et surtout excessivement bavard... pas facile de suivre du hongrois sous-titré !

   Une nouvelle ellipse nous conduit quelques années plus tard. Au cœur de la troisième historiette se trouve un personnage cité dans la précédente, un (pré)adolescent mal dans sa peau et victime de harcèlement. Il ne trouve du réconfort que dans le macabre (l'univers des zombies) et en compagnie d'une camarade d'école, qui elle aussi a un profil particulier. Cette dernière est le personnage le plus intéressant, le garçon étant un enfant gâté par sa mère (et sa chambre un véritable dépotoir, où surnagent nombre d'équipements qui ont dû coûter un bras à sa génitrice). Entre difficultés scolaires et renaissance de l'antisémitisme, cette partie se perd un peu, concluant sur un message certes positif (l'amour rapproche les gens de cultures différentes), mais mis en scène avec des moufles.

   Je trouve que les critiques professionnels ont un peu survendu ce film.

dimanche, 05 juin 2022

J'adore ce que vous faites

   Et c'est parti pour une comédie "à la française", signée Philippe Guillard, qui a déjà dirigé Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo et Papi-Sitter. L'intrigue s'inspire sans trop le cacher de L'Emmerdeur et surtout du Boulet (déjà avec Gérard Lanvin), cité au cours de plusieurs dialogues. On ne doit donc pas s'attendre à une originalité folle.

   Gérard Lanvin est dans son propre rôle, celui d'un acteur vieillissant, ancienne gloire des salles obscures pour laquelle les bons rôles se font de plus en plus rares. Une occasion se présente avec le tournage de la partie française de l'intrigue d'un film américain consacré au Débarquement de Provence (celui d'août 1944).

   Au départ, tout semble bien "se goupiller" pour l'acteur. Il va jouer dans une superproduction, est logé dans une villa de standing et s'entend bien avec le réalisateur états-unien. Petit à petit, tout se dégrade... à commencer par l'ambiance à la villa. Y contribue fortement un employé de l'entreprise d'entretien de piscines, "Momo", un gentil lourdaud, d'autant plus envahissant que lui et sa famille (à l'exception d'un beau-frère ou d'un cousin) sont des fans absolus de... Gérard Lanvin. Ses maladresses contribuent à compliquer l'existence du comédien, qui, dans son travail, n'aime rien tant que la rigueur et l'absence de surprise.

   Dans le rôle de Momo, Artus est très bon. On dirait que cela a été écrit pour lui. Il a de l'allant, du bagout et n'a pas peur du ridicule. Comme Lanvin a volontiers adopté le costume de psychorigide qu'on a cousu pour lui, l'association des deux fonctionne bien, sans faire toutefois d'étincelles.

   Sans surprise, on passe de la phase découverte et amusement, à celle de l'agacement, puis de la colère, de la rupture avant que, bien entendu, une réconciliation ne survienne. Il n'y a pas grand chose à attendre de ce côté-ci.

   Sur le fond, l'histoire n'est pas si idiote que ça. Elle rappelle aux vedettes du cinéma populaire que, derrière leur célébrité et leur confort pécuniaire, il y a des spectateurs parfois d'origine très modeste, auxquels ils ont apporté un peu de bonheur. Leur affection,  aussi maladroitement exprimée soit-elle, n'est pas méprisable. La scène qui se passe chez la mère de Momo (avec Lanvin) est à cet égard très réussie.

   Je ne vais pas en rajouter. Ce n'est pas la comédie du siècle, mais un honnête divertissement.

   P.S.

   Le générique de fin contient un clin d’œil aux circonstances dans lesquelles le film a été réalisé : le président Emmanuel Macron y est remercié pour avoir attendu (que s'achève) le dernier jour de tournage pour confiner les Français !

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Compétition officielle

   Le fait que ce film sorte juste après la tenue du dernier Festival de Cannes n'est évidemment pas le fait du hasard. Il propose une vision assez ironique du petit monde du septième art et, dans sa dernière partie, il contient une scène se déroulant au cours d'un festival de cinéma.

   Sans surprise, le titre est à double sens. A la compétition entre les films s'ajoute celle entre les acteurs, en particulier deux "mâles alphas" aux carrières et aux tempéraments très différents.

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   A gauche se trouve Félix, le beau gosse, mondialement connu, idole d'une partie de la jeunesse, coureur de jupons. A droite se trouve Ivan, qui participe à des productions plus confidentielles, mais dont le talent est salué par la profession. Il donne des cours de théâtre, sans doute pour compléter ses revenus.

   Leur association est due à un milliardaire, propriétaire d'un gros groupe pharmaceutique et désireux de laisser une trace dans l'Histoire. Il sent que son "œuvre" économique ne va pas faire de lui un héros de l'humanité. Alors quoi ? Construire un pont ?... et pourquoi pas financer un film ?

   Ni une ni deux, une brillante réalisatrice est engagée, les droits d'un roman achetés et les deux meilleurs acteurs du pays approchés. Tout les sépare et pourtant tous deux ont intérêt à ce que le projet réussisse : en dépit de ses fanfaronnades, Félix est conscient de ne pas avoir joué dans d'impérissables chefs-d’œuvre et Ivan crève (secrètement) d'envie de toucher enfin le grand public qu'il affirme mépriser. Dans ces deux rôles, Antonio Banderas et Oscar Martinez sont excellents. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le premier aussi bon. Le second est connu des cinéphiles pour sa participation aux Nouveaux Sauvages, à La Conspiration des belettes et à Citoyen d'honneur, déjà sous la direction de Mariano Cohn et Gaston Duprat.

   C'est donc un film d'acteurs, durant lequel chacun a droit à ses morceaux de bravoure. L'habileté des auteurs est d'entremêler fiction et réalité. Les répétitions finissent par déborder sur la vie privée qui, de son côté, rejaillit sur la préparation du film. Les répliques sont souvent à double sens...

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   A ce duo masculin il faut ajouter la délicieuse, la pétillante, la frappadingue, l'incontrôlable réalisatrice, incarnée avec entrain par Penélope Cruz, en pleine forme, belle, fine et cinglée. Elle va en faire voir de toutes les couleurs aux deux mâles dominants !

   On attend avec impatience certaines scènes, comme celle du baiser, celle des récompenses ou celle du rocher. On s'intéresse aussi au sous-texte. Il y est évidemment question des "deux cinémas", celui d'auteur et celui grand public. On s'interroge aussi sur la trace qu'on va laisser derrière soi, qu'on soit PDG, comédien, réalisatrice ou auteure de livres pour enfants. L'intrigue semble sous-entendre que tout cela n'est que vanité. C'est donc assez drôle, mais pas aussi sarcastique que ce à quoi je m'attendais. J'ai quand même passé un bon moment.

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mercredi, 01 juin 2022

Utama, la terre oubliée

   Ce petit film bolivien met en scène un vieux couple d'éleveurs de lamas vivant de manière traditionnelle dans une région reculée du pays, dans le Nord aride... de plus en plus aride. Ils n'ont ni l'eau courante ni l'électricité et se nourrissent principalement de galettes de céréales. Entre eux, ils parlent plus le quechua que l'espagnol. Leur fils unique est parti s'installer en ville (à l'image de la majorité des habitants du coin). C'est le petit-fils Clever (hispanophone strict) qui revient les voir, à la fois par amour pour eux et pour les inciter à prendre une importante décision.

   Même si le contexte est différent, j'ai trouvé que ce film résonnait étrangement avec L’École du bout du monde. Dans les deux cas, un jeune citadin un peu imbu de lui-même se rend dans un village reculé. Dans les deux cas les villageois vivent dans une grande précarité. Dans les deux longs-métrages, les réalisateurs filment avec talent et empathie ces gens de peu, attachés à leurs traditions.

   Utama se distingue toutefois de l’œuvre bhoutanaise sur plusieurs points. Il est d'abord plus militant, ce qui explique que la fiction l'emporte sur l'aspect documentaire, à tel point que, parfois, la mise en scène verse dans l'invraisemblance. On sent que le réalisateur veut nous faire plaindre le couple, notamment à travers la question de l'eau. Mais il se plante quand il montre le tonneau où aboutit la gouttière du toit : alors que la cabane est située en plein soleil, aucun couvercle n'est posé sur le tonneau (d'où sans doute la perte régulière d'une partie du précieux liquide). Pire : alors que les deux paysans semblent se contenter d'une toilette sommaire, obsédés par la réserve d'eau douce, un matin, on voit le grand-père se verser trois grandes rasades puisées dans le tonneau, juste pour se nettoyer le visage. Ce gaspillage évident se justifie par la volonté de réaliser un superbe plan, très signifiant : il faut qu'il y a ait assez d'eau dans la cuvette pour qu'on y voie le reflet du condor, au-dessus de la tête du grand-père.

   Incontestablement, Alejandro Loayza Grisi est un habile formaliste. Ses plans sont souvent très inspirés, comme cette vue de l'unique rivière du coin, qui apparaît comme une artère de sang zébrant une étendue de peau séchée.

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   Beaucoup de choses tournent autour du patriarche Virginio. C'est l'un des irréductibles du village, persuadé que les dieux vont tôt ou tard faire revenir la pluie et qui persiste à vouloir vivre à la dure, en harmonie avec son territoire, refusant de quitter la région. Son petit-fils a beaucoup de mal à le comprendre. Chacun va petit à petit faire un pas vers l'autre. Cela ne se fait pas tout seul... et c'est mis en scène avec subtilité.

   L'autre beau personnage est celui de la grand-mère, Sisa, en apparence soumise à Virgilio, mais qui semble être la seule à pouvoir l'influencer. Après la séance, j'ai été stupéfait d'apprendre que les deux personnages âgés étaient interprétés par des comédiens non professionnels. Ils sont épatants !

   Je recommande donc ce film, certes (pour moi) moins abouti que L’École du bout du monde, mais qui représente une belle expérience cinématographique.

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samedi, 28 mai 2022

Les Folies fermières

   C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).

   Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.

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   Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.

   Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.

   Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.

   Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)

   Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)

   Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.

   P.S.

   Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.

L'Ecole du bout du monde

   Sorti à l'international sous le titre Lunana : a yak in the classrom, ce film bhoutanais (coproduit par la Chine, semble-t-il) est une curiosité géographique, mais ce qu'il dit a vocation universelle.

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   Le Bhoutan est ce petit pays coincé entre la Chine et l'Inde, à l'est du Népal. Le village de Lunana (où se déroule presque toute l'action du film) est situé au nord-est de la capitale, Timphu, au sud du Tibet dont la population pourrait être originaire. Quand le jeune instituteur Ugyen  apprend qu'il est nommé dans ce village, dont l'école est réputée être la plus inaccessible du pays, il songe à démissionner. Ce citadin, qui n'a pas l'air très ardent au travail, pense surtout à jouer de la musique (avec sa guitare) et à chanter des tubes anglo-saxons. Il envisage sérieusement d'émigrer en Australie, pour y faire carrière.

   La première partie de l'histoire nous présente ce personnage, assez antipathique. Il est narcissique, ne dit ni bonjour ni merci et vit l’œil rivé sur son smartphone, quand il n'écoute pas la musique enregistrée dessus.

   En attendant son visa pour émigrer en Australie, il va prendre son poste, au printemps, au terme d'un périple de plusieurs jours, en compagnie de deux éleveurs, descendus du village pour ramener le précieux instituteur, attendu là-bas comme le Messie.

   Ce voyage initiatique est le premier choc subi par le héros. Il entre en contact avec des populations très pauvres, au mode de vie ancestral. Tout le monde ne porte pas de chaussures, on mange des choses bizarres... et l'on se torche le cul avec des feuilles d'arbre. Au fil des étapes suivies par l'équipée, des incrustations nous donnent des informations sur l'altitude (qui croît régulièrement) et la population.... qui a tendance à subir le mouvement inverse, des quelque 100 000 habitants de Timphu à la cinquantaine de Lunana.

  Le nouvel instituteur découvre des enfants avides d'apprendre (en dépit des conditions matérielles difficiles) et des villageois prêts à se couper en quatre pour lui simplifier la vie. Jusqu'à la fin de l'automne, il s'investit de plus en plus dans son travail... mais je ne dirai pas jusqu'où nous emmène l'intrigue.

   C'est donc une histoire assez balisée, très prenante malgré tout. Les paysages bhoutanais sont superbes et l'on sent de la part du réalisateur la volonté de mettre en valeur le mode de vie de ces paysans montagnards. Les acteurs sont bons et certaines trognes d'enfant sont adorables, à commencer par celle de la déléguée de classe, Pem Zam, qui s'attache de plus en plus au nouveau "Maître". De son côté, celui-ci découvre la vie des villageois... et croise une ravissante chanteuse. La musique va rapprocher tout ce petit monde, y compris le maire, un vieil homme dévoué au service public, mais brisé par un drame familial.

   Je recommande vivement ce film, qui fait l'éloge des gens modestes, du "vivre ensemble" et de l'envie d'apprendre / de transmettre.

   P.S. I

   Conformément au titre anglo-saxon, on finit bien par voir un yak dans la salle de classe. (L'animal joue un rôle clé dans le village, ne serait-ce que par l'apport vital que constituent ses bouses, une fois séchées.) Au sens métaphorique, ce yak désigne le nouvel instituteur.

   P.S. II

   Le village de Lunana s'est lancé dans le tourisme !

18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 27 mai 2022

Coupez !

   Ce film de Michel Hazanavicius est le remake du japonais Ne coupez pas ! (sorti en France en 2019). Il est construit exactement de la même manière : la première partie est un plan-séquence d'environ une demi-heure, qui montre l'irruption d'authentiques zombies sur le tournage d'un film d'horreur (mise en abyme 1)... ce qui est en réalité le scénario du véritable film (mise en abyme 2), dont on nous explique ensuite la genèse. Hazanavicius a donc tourné un film sur un film évoquant l'irruption de zombies sur le tournage d'un film de zombies... vous suivez toujours ? C'est la mise en abyme 3.

   La première partie est une bouse. C'est (volontairement) mal filmé, mal joué (on comprend plus tard pourquoi), avec les événements qui dérapent. Curieusement, dans ce magma à prétention cinématographique, Romain Duris et Bérénice Bejo surnagent, lui en réalisateur au taquet, elle en reine de la hache...

   La deuxième partie n'est qu'un peu plus emballante. On nous raconte la naissance du projet et les difficultés rencontrées, notamment lors des répétitions. Je pense que le réalisateur en profite pour régler quelques comptes avec des professionnels du monde du cinéma (producteur casse-couilles, acteur qui se la pète, technicien poil-dans-la-main...).

   C'est dans la troisième partie que cela devient fendard. On découvre pourquoi les acteurs ont l'air de si mal jouer et pourquoi certaines scènes de la première partie semblaient si mal fagotées. Notons qu'Hazanavicius a eu abondamment recours aux fluides corporels (vomi, diarrhée et giclées de sang). J'ai aussi follement apprécié certaines répliques, du jeu de mots "Je veux Ken" à "Pourritures de Zombies ! J'vais vous fendre le cul !", déclamé avec tellement d'élégance par Bérénice Bejo.

   Même si je n'ai pas boudé mon plaisir, je regrette qu'il faille attendre aussi longtemps pour vraiment profiter du film. La version japonaise était plus courte. Bien que moins "léchée" sur le plan formel, elle était plus tonique.

22:49 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 26 mai 2022

Détective Conan - La Fiancée de Shibuya

   Sous ce titre débarque en France l'un des plus gros succès en salles au Japon, adapté d'un manga et d'un animé très populaires. A celles et ceux qui ne connaîtraient pas la série d'origine, une partie du début du film présente les principaux personnages. (Sinon, voir ici.)

   Conan n'est pas le véritable nom du héros, qui s'appelle en réalité Shinichi. Celui-ci a été laissé pour mort par les hommes de main d'une mafia locale. En fait, il a muté. Son esprit de jeune homme (17-18 ans) se retrouve emprisonné dans le corps d'un garçon d'école primaire ! Le choix du prénom Conan est évidemment un clin d’œil au créateur de Sherlock Holmes. D'autres allusions au roman policier britannique classique sont disséminées dans le film.

   Ce long-métrage a une intrigue particulièrement élaborée. Un mystérieux criminel sévit, aussi bien en Russie qu'au Japon. C'est un spécialiste des explosifs. Il semble actuellement s'en prendre à des policiers, pour une raison mystérieuse, presque autant que son identité. Du côté japonais, la brigade criminelle entre en concurrence avec la Sécurité intérieure (l'antiterrorisme, dirait-on chez nous). Conan est proche de certains des policiers ou de leur famille (en particulier la fille d'un enquêteur, dont il est secrètement amoureux... mais qui ignore tout de son état).

   C'est donc d'abord un polar, sur fond technologique, avec de grandes pincées d'humour bon enfant. Les personnages ont de grands yeux étoilés et l'on rougit facilement dès qu'il est question de sentiments. On est donc bien dans la tradition de l'animation populaire grand public... mais sans que la violence soit édulcorée. On n'est pas chez Disney.

   Au niveau de l'animation, c'est du bon travail, certains décors étant particulièrement réussis. C'est plein de rebondissements et (cerise sur le gâteau) on y croise des Russes, des gentils et des méchants. La résolution de l'énigme va nécessiter la collaboration des Japonais et de ces Moscovites, qui, de prime abord, ont plutôt tendance à se regarder en chiens de faïence.

   Quant aux amoureux du Japon, ils retrouveront dans les décors des quartiers de l'agglomération de Tokyo, en particulier celui de Shibuya, dont certaines des rues principales forment un gigantesque symbole du yen... un élément clé de l'intrigue.

14:19 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 25 mai 2022

Les Crimes du futur

   Cela fait un petit moment que je ne vais plus voir systématiquement les films de David Cronenberg (seulement deux des huit derniers, dont Map to the stars). Et pourtant, c'est l'un des cinéastes qui me donna jadis furieusement envie de fréquenter les salles obscures, avec Videodrome, The Dead Zone, La Mouche, Faux-Semblants... jusqu'à Crash. J'ai retenté ma chance ici... et j'ai retrouvé avec plaisir les qualités du cinéaste, mais aussi certains de ses défauts.

   Le début est emballant, faussement anodin... jusqu'à ce que l'extraordinaire se produise. Cela, avec une économie de moyens et une mise en scène sobre. On découvre un garçon sur une plage, à proximité d'une villa décrépie, d'où sa mère l'interpelle. Elle craint que le gamin n'avale une cochonnerie sur la plage. Qui n'a jamais assisté à une telle scène ? Pourtant, quelques minutes plus tard, quand on retrouve le gosse dans la salle de bains, on est stupéfait par ce qu'on le voit grignoter... La scène suivante, tout aussi anodine au départ, voit Cronenberg briser l'un des tabous de notre civilisation. Je n'en dis pas plus.

   A la suite d'une ellipse, on se retrouve plongé dans une tout autre ambiance. Au cœur de l'histoire se trouve désormais un étrange duo (et même un couple), qui rappelle ceux formés par un magicien et son assistante. Mais Viggo Mortensen et Léa Seydoux incarnent des personnages bien plus complexes. Lui a la faculté de faire pousser des organes inconnus en son corps. Elle est une championne de la chirurgie, dont elle fait un spectacle... contre rémunération, bien sûr.

   La première fois qu'on la voit "intervenir" sur le corps de son partenaire, on ne sait pas trop ce qu'elle lui fait "subir". Il faut attendre la première "performance" du duo pour tout comprendre. Âmes sensibles s'abstenir... surtout que la suite est encore plus "gore"...

   Dans ce monde futuriste, où des fauteuils vivants programmables rendent de grands services, certains humains voient leur corps se modifier, à cause d'étranges mutations. D'autres choisissent de recourir à la chirurgie "inesthétique". Je laisse à chacun le plaisir de découvrir, outre le résultat, parfois, la manière de procéder. Le tout sous les yeux de cultureux avant-gardistes... et de policiers infiltrés.

   Eh, oui. "Cronnie" a greffé une intrigue policière à son délire sociétal. Du coup, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d'accorder sa confiance, tant les protagonistes semblent habiles dans l'art de la dissimulation. L'un des sommets du film est atteint lors de la "performance d'autopsie", qui révèle un secret. Dans la foulée, je m'attendais à une autre scène marquante, transgressive. Le réalisateur conclut bien son histoire sur un mano a mano, mais celui-ci m'a déçu.

23:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films