samedi, 25 février 2023
The Fabelmans
Ce nom de famille fictif est un masque pour les Spielberg. Le fiston s'est donc enfin décidé à faire œuvre ouvertement autobiographique. Plus qu'une fresque familiale, il s'agit d'une enfilade de moments censés expliquer pourquoi Steven Spielberg est devenu ce qu'il est aujourd'hui : un réalisateur de grand talent, renommé, mais travaillé par des troubles profonds.
Ces troubles remontent aux années 1950-1960, qu'on pourrait qualifier d'années collège-lycée. Sans avoir quasiment rien lu sur le film auparavant, je n'ai pas mis très longtemps à comprendre quel était le "secret" de la mère... mais il m'a fallu ensuite supporter pendant plus d'une heure l'incompréhension ostensible des autres membres de la famille, le héros Sam découvrant le pot au rose de manière cinématographique (j'y reviendrai).
C'est pour moi l'un des points faibles du film : le (pesant) mélo construit autour d'un couple dysfonctionnel, quand bien même les comédiens jouent leur partie avec talent. (Mention spéciale plutôt à Paul Dano qu'à Michelle Williams, celle-ci en faisant un peu trop, tandis que celui-là confirme tout le bien que je pense de lui depuis -au moins- The Batman.) Au niveau du cercle familial, je trouve que les filles s'en sortent bien, même si le réalisateur ne leur laisse que la portion congrue de l'histoire. En revanche Seth Rogen, qui incarne le meilleur ami, en fait des caisses. (Mais c'est peut-être ainsi qu'il a été dirigé, Spielberg n'étant pas réputé pour sa grande finesse en terme d'analyse des sentiments.)
La première partie comporte quand même de bons moments. J'ai bien aimé tout ce qui a trait aux débuts de l'apprenti-cinéaste, avec de petites caméras et les premières tables de montage. Cela nous mène à l'une des meilleures séquences du film, pendant laquelle la mère calme son mal de vivre au piano, sous les yeux de son père, tandis que, dans une autre pièce de la maison, le fils réalise le montage de la récente sortie pique-nique en forêt. Il y a mise en abîme : la séquence est construite sous forme d'un montage alterné, technique à laquelle le fils va recourir. C'est aussi le moment où il comprend ce que lui cache sa mère, d'une manière qui est un hommage au Blow-Up d'Antonioni.
Un autre bon moment est l'intrusion d'un autre membre de la famille, le grand-oncle gouailleur. Celui-ci a les traits de Judd Hirsch, un vétéran de la télévision (et de la saga Independence Day) qui sait comme personne comment incarner un vieux tonton juif, dont l'anglais est mâtiné de termes yiddish.
Le problème est qu'entre ces moments très réussis, on sent bigrement le temps passer. Cela redevient intéressant quand Sam se retrouve au lycée, en Californie. Il va y subir des brimades antisémites, mais aussi y rencontrer son premier amour, en la personne de Monica, une chrétienne aussi ravissante que farfelue. (Chloe East, un nom à retenir.) Les interventions de ce personnage (dans la chambre à coucher -scène d'anthologie- comme dans la voiture) sont une bouffée d'air frais dans un ensemble qui sent un peu trop le renfermé.
Un autre grand moment est la projection du film de fin d'année, œuvre de Sam, qui y règle quelques comptes, mais y introduit aussi ses préoccupations cinématographiques. Il y a de la romance, de l'humour, de l'action. La "patte" du futur réalisateur multi-oscarisé commence à prendre forme. En revanche, l'une des scènes suivantes (avec le sportif beau gosse) est à mon avis ratée.
Cela se termine sur une très bonne note : la rencontre d'une légende du cinéma. (Pour les spectateurs malcomprenants ou tout simplement incultes, on a mis dans la bouche de Sam une réplique qui nomme le réalisateur.) Après son bac, Sam décide de tenter sa chance à Hollywood. On apprend à cette occasion qu'il a failli travailler sur la série Stalag 13 (connue aussi sous le titre Papa Schultz). Mais, alors, il a fait une rencontre déterminante. Le personnage (incarné avec gourmandise par... David Lynch) lui donne un conseil judicieux quant à la manière de réaliser un plan... conseil que Spielberg met en pratique... juste après, à la toute fin de son film ! J'ai bien aimé cette conclusion en forme de clin d’œil. Elle rattrape un peu l'ensemble, un assez bon film certes, avec quelques très bons moments, mais trop long et mélo à mon goût.
21:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Fabelmans
Ce nom de famille fictif est un masque pour les Spielberg. Le fiston s'est donc enfin décidé à faire œuvre ouvertement autobiographique. Plus qu'une fresque familiale, il s'agit d'une enfilade de moments censés expliquer pourquoi Steven Spielberg est devenu ce qu'il est aujourd'hui : un réalisateur de grand talent, renommé, mais travaillé par des troubles profonds.
Ces troubles remontent aux années 1950-1960, qu'on pourrait qualifier d'années collège-lycée. Sans avoir quasiment rien lu sur le film auparavant, je n'ai pas mis très longtemps à comprendre quel était le "secret" de la mère... mais il m'a fallu ensuite supporter pendant plus d'une heure l'incompréhension ostensible des autres membres de la famille, le héros Sam découvrant le pot au rose de manière cinématographique (j'y reviendrai).
C'est pour moi l'un des points faibles du film : le (pesant) mélo construit autour d'un couple dysfonctionnel, quand bien même les comédiens jouent leur partie avec talent. (Mention spéciale plutôt à Paul Dano qu'à Michelle Williams, celle-ci en faisant un peu trop, tandis que celui-là confirme tout le bien que je pense de lui depuis -au moins- The Batman.) Au niveau du cercle familial, je trouve que les filles s'en sortent bien, même si le réalisateur ne leur laisse que la portion congrue de l'histoire. En revanche Seth Rogen, qui incarne le meilleur ami, en fait des caisses. (Mais c'est peut-être ainsi qu'il a été dirigé, Spielberg n'étant pas réputé pour sa grande finesse en terme d'analyse des sentiments.)
La première partie comporte quand même de bons moments. J'ai bien aimé tout ce qui a trait aux débuts de l'apprenti-cinéaste, avec de petites caméras et les premières tables de montage. Cela nous mène à l'une des meilleures séquences du film, pendant laquelle la mère calme son mal de vivre au piano, sous les yeux de son père, tandis que, dans une autre pièce de la maison, le fils réalise le montage de la récente sortie pique-nique en forêt. Il y a mise en abîme : la séquence est construite sous forme d'un montage alterné, technique à laquelle le fils va recourir. C'est aussi le moment où il comprend ce que lui cache sa mère, d'une manière qui est un hommage au Blow-Up d'Antonioni.
Un autre bon moment est l'intrusion d'un autre membre de la famille, le grand-oncle gouailleur. Celui-ci a les traits de Judd Hirsch, un vétéran de la télévision (et de la saga Independence Day) qui sait comme personne comment incarner un vieux tonton juif, dont l'anglais est mâtiné de termes yiddish.
Le problème est qu'entre ces moments très réussis, on sent bigrement le temps passer. Cela redevient intéressant quand Sam se retrouve au lycée, en Californie. Il va y subir des brimades antisémites, mais aussi y rencontrer son premier amour, en la personne de Monica, une chrétienne aussi ravissante que farfelue. (Chloe East, un nom à retenir.) Les interventions de ce personnage (dans la chambre à coucher -scène d'anthologie- comme dans la voiture) sont une bouffée d'air frais dans un ensemble qui sent un peu trop le renfermé.
Un autre grand moment est la projection du film de fin d'année, œuvre de Sam, qui y règle quelques comptes, mais y introduit aussi ses préoccupations cinématographiques. Il y a de la romance, de l'humour, de l'action. La "patte" du futur réalisateur multi-oscarisé commence à prendre forme. En revanche, l'une des scènes suivantes (avec le sportif beau gosse) est à mon avis ratée.
Cela se termine sur une très bonne note : la rencontre d'une légende du cinéma. (Pour les spectateurs malcomprenants ou tout simplement incultes, on a mis dans la bouche de Sam une réplique qui nomme le réalisateur.) Après son bac, Sam décide de tenter sa chance à Hollywood. On apprend à cette occasion qu'il a failli travailler sur la série Stalag 13 (connue aussi sous le titre Papa Schultz). Mais, alors, il a fait une rencontre déterminante. Le personnage (incarné avec gourmandise par... David Lynch) lui donne un conseil judicieux quant à la manière de réaliser un plan... conseil que Spielberg met en pratique... juste après, à la toute fin de son film ! J'ai bien aimé cette conclusion en forme de clin d’œil. Elle rattrape un peu l'ensemble, un assez bon film certes, avec quelques très bons moments, mais trop long et mélo à mon goût.
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Les Gardiennes de la planète
Ces gardiennes sont les baleines, héroïnes de ce documentaire qui rappellera aux vieux cinéphiles La Planète bleue et Océans, de Jacques Perrin (décédé l'an dernier).
Pour sensibiliser son public à la protection de l'écosystème marin (et des cétacés), le film recourt à l'émerveillement, les images tournées sur et sous l'eau étant souvent de toute beauté.
On a bien évidemment soigné les plans (larges ou serrés) des différentes baleines, qu'elles soient grises, bleues, à bosse ou boréales. On a ajouté un peu d'inventivité visuelle, certaines prises de vues ayant été tournées... à l'envers. Ainsi, à l'écran, on a l'impression que les animaux glissent sur la surface interne de l'océan. C'est joliment fait.
Parents comme enfants goûteront les scènes montrant une mère avec son baleineau. Les cinéastes ont ajouté une image extraordinaire, où j'ai cru distinguer une vue d'un fœtus de baleine ! Impressionnante aussi est la scène d'allaitement :
Ce documentaire est l'occasion de voyager. Différentes équipes ont parcouru le globe, du pôle nord au pôle sud, en passant par la côte atlantique de l'Europe, la Méditerranée, les rives du Brésil, de l'Argentine, du sud de l'Afrique, du Kamtchatka et de l'Australie.
Contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres documentaires, l'intérêt de celui-ci n'est pas que contemplatif. Le commentaire (dit par Jean Dujardin) nous informe du mode de vie des cétacés, de leur alimentation, leurs déplacements, leur communication, leur reproduction, leurs jeux... C'est instructif sans être pesant.
Sachez donc que ces animaux sont apparus il y a environ cinquante millions d'années. Leur système de communication sonore aurait été créé au bout de plusieurs millions d'années. Chaque espèce a le sien... et son territoire de vie (en général, dans l'un des deux hémisphères).
L'accouplement et la phase immédiatement postérieure à la naissance des petits se déroulent en eaux chaudes. Les eaux plus froides sont recherchées le reste de l'année, davantage consacré à l'alimentation. Spectaculaire est la manière dont des groupes de baleines s'organisent, de manière quasi circulaire, projetant des masses de bulles d'air pour ensuite "coincer" le plancton et le krill qu'elles vont absorber en grande quantité. Je n'avais jamais vu cela à l'écran auparavant.
Le chapitre qui traite de la reproduction mérite à lui seul le détour. Sachez que les baleines femelles sont de grandes coquines. Durant la saison du rut, elles s'accouplent avec de multiples mâles, certaines d'entre elles pratiquant... le triolisme (avec deux mâles en même temps) ! Les spectateurs masculins éviteront de comparer leur organe génital avec celui des cétacés mâles... l'engin dépassant à lui seul la taille d'un humain adulte. (Et, d'après le commentaire, la langue d'une baleine bleue, un mastodonte de plus de 150 tonnes, est plus lourde qu'un éléphant !)
Tout au long de ces découvertes, à intervalle régulier, nous avons droit à un interlude, une séquence qui sert de fil rouge : l'histoire d'une baleine échouée sur une plage, à marée basse, et que des secouristes bénévoles vont tenter de sauver en attendant le retour de la marée haute. Cela se passe en Namibie. (Un autre exemple est visible ici.)
Cela nous amène tout naturellement aux menaces qui pèsent sur les cétacés. Elles sont sans surprise d'origine humaine. Ici, le propos se fait militant, pour la bonne cause. Quelques rappels historiques (sur l'ampleur de la chasse à la baleine, jadis) sont les bienvenus. Le film se conclut sur les leçons que les humains pourraient tirer du mode de vie des cétacés. C'est un peu trop appuyé à mon goût, mais ça ne peut pas faire de mal.
Je recommande vivement ce documentaire, une petite merveille qui dure moins d'1h20.
P.S.
Pour en savoir plus (voire s'engager), je conseille le site associé au film.
01:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, écologie, nature, biodiversité, mer, planète, océan
Les Gardiennes de la planète
Ces gardiennes sont les baleines, héroïnes de ce documentaire qui rappellera aux vieux cinéphiles La Planète bleue et Océans, de Jacques Perrin (décédé l'an dernier).
Pour sensibiliser son public à la protection de l'écosystème marin (et des cétacés), le film recourt à l'émerveillement, les images tournées sur et sous l'eau étant souvent de toute beauté.
On a bien évidemment soigné les plans (larges ou serrés) des différentes baleines, qu'elles soient grises, bleues, à bosse ou boréales. On a ajouté un peu d'inventivité visuelle, certaines prises de vues ayant été tournées... à l'envers. Ainsi, à l'écran, on a l'impression que les animaux glissent sur la surface interne de l'océan. C'est joliment fait.
Parents comme enfants goûteront les scènes montrant une mère avec son baleineau. Les cinéastes ont ajouté une image extraordinaire, où j'ai cru distinguer une vue d'un fœtus de baleine ! Impressionnante aussi est la scène d'allaitement :
Ce documentaire est l'occasion de voyager. Différentes équipes ont parcouru le globe, du pôle nord au pôle sud, en passant par la côte atlantique de l'Europe, la Méditerranée, les rives du Brésil, de l'Argentine, du sud de l'Afrique, du Kamtchatka et de l'Australie.
Contrairement à ce que j'ai pu voir dans d'autres documentaires, l'intérêt de celui-ci n'est pas que contemplatif. Le commentaire (dit par Jean Dujardin) nous informe du mode de vie des cétacés, de leur alimentation, leurs déplacements, leur communication, leur reproduction, leurs jeux... C'est instructif sans être pesant.
Sachez donc que ces animaux sont apparus il y a environ cinquante millions d'années. Leur système de communication sonore aurait été créé au bout de plusieurs millions d'années. Chaque espèce a le sien... et son territoire de vie (en général, dans l'un des deux hémisphères).
L'accouplement et la phase immédiatement postérieure à la naissance des petits se déroulent en eaux chaudes. Les eaux plus froides sont recherchées le reste de l'année, davantage consacré à l'alimentation. Spectaculaire est la manière dont des groupes de baleines s'organisent, de manière quasi circulaire, projetant des masses de bulles d'air pour ensuite "coincer" le plancton et le krill qu'elles vont absorber en grande quantité. Je n'avais jamais vu cela à l'écran auparavant.
Le chapitre qui traite de la reproduction mérite à lui seul le détour. Sachez que les baleines femelles sont de grandes coquines. Durant la saison du rut, elles s'accouplent avec de multiples mâles, certaines d'entre elles pratiquant... le triolisme (avec deux mâles en même temps) ! Les spectateurs masculins éviteront de comparer leur organe génital avec celui des cétacés mâles... l'engin dépassant à lui seul la taille d'un humain adulte. (Et, d'après le commentaire, la langue d'une baleine bleue, un mastodonte de plus de 150 tonnes, est plus lourde qu'un éléphant !)
Tout au long de ces découvertes, à intervalle régulier, nous avons droit à un interlude, une séquence qui sert de fil rouge : l'histoire d'une baleine échouée sur une plage, à marée basse, et que des secouristes bénévoles vont tenter de sauver en attendant le retour de la marée haute. Cela se passe en Namibie. (Un autre exemple est visible ici.)
Cela nous amène tout naturellement aux menaces qui pèsent sur les cétacés. Elles sont sans surprise d'origine humaine. Ici, le propos se fait militant, pour la bonne cause. Quelques rappels historiques (sur l'ampleur de la chasse à la baleine, jadis) sont les bienvenus. Le film se conclut sur les leçons que les humains pourraient tirer du mode de vie des cétacés. C'est un peu trop appuyé à mon goût, mais ça ne peut pas faire de mal.
Je recommande vivement ce documentaire, une petite merveille qui dure moins d'1h20.
P.S.
Pour en savoir plus (voire s'engager), je conseille le site associé au film.
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vendredi, 24 février 2023
Terminator, 40 ans après
Le film "culte" (enfin, pas pour tous les cinéphiles, loin de là) de James Cameron est de retour dans les salles, peut-être en raison de la sortie d'Avatar 2 (et de la re-re-ressortie de Titanic). Pour être honnête, je dois signaler que cela ne fait pas tout à fait quarante ans, le film datant de 1984.
A la base, je ne suis pas fan. Je n'avais vu ce film que sur petit écran et je n'avais pas pris la peine de voir les autres en salle... avant de tenter ma chance avec Genisys (honnête divertissement, sans plus) et Dark Fate, le dernier en date (un peu plus réussi).
Le début m'a plutôt confirmé dans mon ancienne impression. La musique n'est pas bonne et les effets spéciaux ont beaucoup vieilli : on voit dans certaines scènes (futuristes) qu'il s'agit de maquettes et le squelette du cyborg est moyennement réussi. En revanche, on a fait un usage judicieux des prothèses et du maquillage.
Ce retour dans les années 1980 m'a aussi confirmé que je ne regrettais pas la disparition de certaines coiffures comme de certaines fringues. A un autre niveau, il est une fois de plus intéressant de constater qu'une œuvre de science-fiction des années 1970-1980 avait surestimé la rapidité du progrès technologique (bombe atomique exclue), imaginant une Terre dominée par les machines en 2029, notamment une intelligence artificielle. (Mais, qui sait, on en sera peut-être là dans six ans.)
A part ça, l'intrigue est toujours aussi solide. L'arrivée de deux mecs musclés tout nus crée une ambiance particulière, que le mutisme du personnage interprété par Arnold Schwarzenegger renforce. C'est bien filmé, avec de bonnes poursuites, même si cela tire dans tous les coins, sans trop de souci de vraisemblance.
J'ai retrouvé avec plaisir la "vraie" Sarah Connor (Linda Hamilton), un peu genre cruche au début, mais qui va s'endurcir.
Au niveau du scénario, la boucle temporelle fonctionne et elle a sans doute inspiré des œuvres ultérieures.
C'est donc devenu une curiosité cinématographique, mais rien de transcendant.
02:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Terminator, 40 ans après
Le film "culte" (enfin, pas pour tous les cinéphiles, loin de là) de James Cameron est de retour dans les salles, peut-être en raison de la sortie d'Avatar 2 (et de la re-re-ressortie de Titanic). Pour être honnête, je dois signaler que cela ne fait pas tout à fait quarante ans, le film datant de 1984.
A la base, je ne suis pas fan. Je n'avais vu ce film que sur petit écran et je n'avais pas pris la peine de voir les autres en salle... avant de tenter ma chance avec Genisys (honnête divertissement, sans plus) et Dark Fate, le dernier en date (un peu plus réussi).
Le début m'a plutôt confirmé dans mon ancienne impression. La musique n'est pas bonne et les effets spéciaux ont beaucoup vieilli : on voit dans certaines scènes (futuristes) qu'il s'agit de maquettes et le squelette du cyborg est moyennement réussi. En revanche, on a fait un usage judicieux des prothèses et du maquillage.
Ce retour dans les années 1980 m'a aussi confirmé que je ne regrettais pas la disparition de certaines coiffures comme de certaines fringues. A un autre niveau, il est une fois de plus intéressant de constater qu'une œuvre de science-fiction des années 1970-1980 avait surestimé la rapidité du progrès technologique (bombe atomique exclue), imaginant une Terre dominée par les machines en 2029, notamment une intelligence artificielle. (Mais, qui sait, on en sera peut-être là dans six ans.)
A part ça, l'intrigue est toujours aussi solide. L'arrivée de deux mecs musclés tout nus crée une ambiance particulière, que le mutisme du personnage interprété par Arnold Schwarzenegger renforce. C'est bien filmé, avec de bonnes poursuites, même si cela tire dans tous les coins, sans trop de souci de vraisemblance.
J'ai retrouvé avec plaisir la "vraie" Sarah Connor (Linda Hamilton), un peu genre cruche au début, mais qui va s'endurcir.
Au niveau du scénario, la boucle temporelle fonctionne et elle a sans doute inspiré des œuvres ultérieures.
C'est donc devenu une curiosité cinématographique, mais rien de transcendant.
02:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 23 février 2023
Natural Light
Inspiré d'un roman et de journaux écrits par des soldats de l'époque, ce film hongrois a pour cadre l'invasion de l'URSS par l'armée allemande et ses alliés, durant la Seconde Guerre mondiale. L'action se déroule en 1943, donc à un moment où le conflit est en train de basculer.
Durant 1h40, on ne verra toutefois ni uniforme de la Wehrmacht, ni uniforme de l'Armée rouge. A l'écran ne sont présents que des militaires hongrois et des civils ukrainiens... certains d'entre eux soutenant la résistance soviétique (ce sont des partisans).
La "lumière naturelle" évoquée par le titre (aussi bien en magyar qu'en anglais... du coup, pourquoi ne pas l'avoir traduit en français ?) est à double sens. Pour les spectateurs, c'est d'abord, de manière évidente, une référence à la manière dont le film a été tourné, en utilisant la lumière du soleil et, parfois, l'éclairage rudimentaire présent dans les habitations. Cela donne une ambiance austère et naturaliste à la plupart des scènes. Le résultat témoigne d'un réel tour de force, le réalisateur (Dénes Nagy) s'appuyant sur cette contrainte pour tourner ses scènes.
Tantôt c'est caméra à l'épaule qu'il suit le défilé de soldats, plus ou moins perdus dans ces forêts humides d'Europe de l'Est, qui semblent recéler nombre de pièges. Tantôt la caméra est posée dans la rue, ou à l'intérieur d'un bâtiment, dévoilant furtivement tel ou tel élément, le hors-champ jouant un rôle non négligeable dans la construction des plans.
Le non-dit est aussi très présent. Il est utilisé pour faire comprendre à quel point la situation des civils est précaire, coincés qu'ils sont entre les exactions des occupants et la crainte de représailles de la part des partisans s'ils se montrent trop accommodants avec les Hongrois, quand bien même certains d'entre eux se comporteraient de manière correcte.
C'est je pense l'autre sens de cette "lumière naturelle", ce fond humaniste qui tenaille le héros, Semetka, un type taiseux et obéissant devenu sous-officier. Par sa rectitude, il a gagné le respect de ses hommes. Par sa docilité, il a gagné la confiance de ses supérieurs. En clair, quoi qu'il pense, il ne la ramène pas... mais cela ne l'empêche pas, de temps à autre, de faire preuve d'indulgence et d'avoir, vis--vis des civils, le petit geste qui ne changera pas le cours de la guerre, mais rendra leur quotidien un peu moins exécrable.
Ainsi, il ne dénonce pas la petite combine d'une habitante, une jeune femme régulièrement violée par ses supérieurs... mais il ne consomme pas son port-de-vin, ayant peut-être un doute sur le rôle que joue le jeune homme qu'elle nourrit secrètement. Il fait aussi en sorte d'améliorer la situation des habitants rassemblés dans la grange, contre lesquels il n'envisage aucune mesure de rétorsion. Enfin, envoyé en patrouille hors du village, il fait semblant de ne pas voir une habitante en fuite, cachée dans ce qui semble être une tourbière, dans une scène saisissante, sans dialogue, au cours de laquelle on se demande longtemps si la jeune femme est morte et si le soldat hongrois l'a bien vue.
C'est hélas un film qui ne rencontre pas son public, alors que c'est pour moi l'un des meilleurs que j'ai vus en ce début d'année 2023.
16:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Natural Light
Inspiré d'un roman et de journaux écrits par des soldats de l'époque, ce film hongrois a pour cadre l'invasion de l'URSS par l'armée allemande et ses alliés, durant la Seconde Guerre mondiale. L'action se déroule en 1943, donc à un moment où le conflit est en train de basculer.
Durant 1h40, on ne verra toutefois ni uniforme de la Wehrmacht, ni uniforme de l'Armée rouge. A l'écran ne sont présents que des militaires hongrois et des civils ukrainiens... certains d'entre eux soutenant la résistance soviétique (ce sont des partisans).
La "lumière naturelle" évoquée par le titre (aussi bien en magyar qu'en anglais... du coup, pourquoi ne pas l'avoir traduit en français ?) est à double sens. Pour les spectateurs, c'est d'abord, de manière évidente, une référence à la manière dont le film a été tourné, en utilisant la lumière du soleil et, parfois, l'éclairage rudimentaire présent dans les habitations. Cela donne une ambiance austère et naturaliste à la plupart des scènes. Le résultat témoigne d'un réel tour de force, le réalisateur (Dénes Nagy) s'appuyant sur cette contrainte pour tourner ses scènes.
Tantôt c'est caméra à l'épaule qu'il suit le défilé de soldats, plus ou moins perdus dans ces forêts humides d'Europe de l'Est, qui semblent recéler nombre de pièges. Tantôt la caméra est posée dans la rue, ou à l'intérieur d'un bâtiment, dévoilant furtivement tel ou tel élément, le hors-champ jouant un rôle non négligeable dans la construction des plans.
Le non-dit est aussi très présent. Il est utilisé pour faire comprendre à quel point la situation des civils est précaire, coincés qu'ils sont entre les exactions des occupants et la crainte de représailles de la part des partisans s'ils se montrent trop accommodants avec les Hongrois, quand bien même certains d'entre eux se comporteraient de manière correcte.
C'est je pense l'autre sens de cette "lumière naturelle", ce fond humaniste qui tenaille le héros, Semetka, un type taiseux et obéissant devenu sous-officier. Par sa rectitude, il a gagné le respect de ses hommes. Par sa docilité, il a gagné la confiance de ses supérieurs. En clair, quoi qu'il pense, il ne la ramène pas... mais cela ne l'empêche pas, de temps à autre, de faire preuve d'indulgence et d'avoir, vis--vis des civils, le petit geste qui ne changera pas le cours de la guerre, mais rendra leur quotidien un peu moins exécrable.
Ainsi, il ne dénonce pas la petite combine d'une habitante, une jeune femme régulièrement violée par ses supérieurs... mais il ne consomme pas son port-de-vin, ayant peut-être un doute sur le rôle que joue le jeune homme qu'elle nourrit secrètement. Il fait aussi en sorte d'améliorer la situation des habitants rassemblés dans la grange, contre lesquels il n'envisage aucune mesure de rétorsion. Enfin, envoyé en patrouille hors du village, il fait semblant de ne pas voir une habitante en fuite, cachée dans ce qui semble être une tourbière, dans une scène saisissante, sans dialogue, au cours de laquelle on se demande longtemps si la jeune femme est morte et si le soldat hongrois l'a bien vue.
C'est hélas un film qui ne rencontre pas son public, alors que c'est pour moi l'un des meilleurs que j'ai vus en ce début d'année 2023.
16:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
mercredi, 22 février 2023
Marlowe
Neil Jordan est un cinéaste inégal, mais dont les œuvres, en général, ne manquent pas d'intérêt. Dans ce film-ci, il retrouve son compatriote (irlandais) Liam Neeson (qu'il a dirigé jadis dans Michael Collins), entre deux films de baston (le dernier sorti sur nos écrans étant Blacklight). Celui-ci partage l'affiche avec Diane Kruger, avec laquelle il a déjà tourné dans Sans identité.
Neil Jordan a voulu ressusciter le Los Angeles de 1939, sa lumière, ses espoirs, sa vie nocturne trépidante, sa violence, sa corruption. Dans ce marigot tente de surnager un Philip Marlowe vieillissant (Liam Neeson), revenu de tout, mais qui reste accroché à certaines valeurs. C'est ce qui le pousse à aider une ravissante cliente (Diane Kruger, évidemment), à la recherche de son amant, sans trop éveiller les soupçons de son mari (à moitié) complaisant ni l'attention de sa mère (Jessica Lange, piquante à souhait).
On est dans le film noir classique. L'alcool et la drogue circulent à flots. Les riches et les puissants se tapent de jeunes prostituées. On règle ses comptes à coups de poings et de flingues, voire au couteau.
J'ai bien aimé la résurrection de cette époque, à travers les décors, les costumes, les voitures, la lumière. Même si le rythme est un peu lent (peut-être adapté à celui de la vedette septuagénaire, dont le personnage reconnaît qu'il est "trop vieux pour ce genre de choses"), j'ai été pris par cette intrigue à tiroirs, où l'on se demande qui manipule qui.
Liam est bon en gentleman-détective. Il côtoie une brochette de seconds rôles masculins bien campés, notamment par Danny Huston, Adewale Akinnuoye-Agbaje (repéré dans Suicide Squad et Dalton Trumbo) et Alan Cumming (que le public français a récemment pu voir dans la série Instinct).
Mais je ne cache pas que l'un des principaux attraits de ce film est le personnage de "femme fatale" (en français dans le texte) qu'incarne Diane Kruger. Dès qu'elle apparaît à l'écran, c'est l'incendie de la cave au grenier !
11:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Marlowe
Neil Jordan est un cinéaste inégal, mais dont les œuvres, en général, ne manquent pas d'intérêt. Dans ce film-ci, il retrouve son compatriote (irlandais) Liam Neeson (qu'il a dirigé jadis dans Michael Collins), entre deux films de baston (le dernier sorti sur nos écrans étant Blacklight). Celui-ci partage l'affiche avec Diane Kruger, avec laquelle il a déjà tourné dans Sans identité.
Neil Jordan a voulu ressusciter le Los Angeles de 1939, sa lumière, ses espoirs, sa vie nocturne trépidante, sa violence, sa corruption. Dans ce marigot tente de surnager un Philip Marlowe vieillissant (Liam Neeson), revenu de tout, mais qui reste accroché à certaines valeurs. C'est ce qui le pousse à aider une ravissante cliente (Diane Kruger, évidemment), à la recherche de son amant, sans trop éveiller les soupçons de son mari (à moitié) complaisant ni l'attention de sa mère (Jessica Lange, piquante à souhait).
On est dans le film noir classique. L'alcool et la drogue circulent à flots. Les riches et les puissants se tapent de jeunes prostituées. On règle ses comptes à coups de poings et de flingues, voire au couteau.
J'ai bien aimé la résurrection de cette époque, à travers les décors, les costumes, les voitures, la lumière. Même si le rythme est un peu lent (peut-être adapté à celui de la vedette septuagénaire, dont le personnage reconnaît qu'il est "trop vieux pour ce genre de choses"), j'ai été pris par cette intrigue à tiroirs, où l'on se demande qui manipule qui.
Liam est bon en gentleman-détective. Il côtoie une brochette de seconds rôles masculins bien campés, notamment par Danny Huston, Adewale Akinnuoye-Agbaje (repéré dans Suicide Squad et Dalton Trumbo) et Alan Cumming (que le public français a récemment pu voir dans la série Instinct).
Mais je ne cache pas que l'un des principaux attraits de ce film est le personnage de "femme fatale" (en français dans le texte) qu'incarne Diane Kruger. Dès qu'elle apparaît à l'écran, c'est l'incendie de la cave au grenier !
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mardi, 21 février 2023
Emmett Till
Le film aurait plutôt dû s'intituler "Le Combat d'une mère", tant c'est ce personnage-là (Mamie Till-Mobley) qui occupe l'écran, même si le drame a d'abord frappé son fils Emmett.
Le début est une reconstitution soignée du Chicago de 1955. Les tons sont chauds. Une partie de la population afro-américaine a acquis une relative aisance matérielle, tout en bénéficiant (en théorie) des mêmes droits que les Blancs. Une scène dans un grand magasin est toutefois chargée de nous rappeler que cela passe moyennement auprès d'une partie de la population. Dans le Sud ségrégationniste, c'est bien pire, puisque les meurtres de "nègres" y sont en augmentation, dans un contexte d'incitation à voter aux élections.
C'est très proprement mis en scène, avec de belles couleurs, de beaux costumes, auxquels ne manque aucun bouton. C'est plutôt bien joué, avec cependant une énorme réserve : le personnage principal, celui de la mère, semble, comme les spectateurs, s'attendre à la suite. Je veux bien qu'une mère afro-américaine s'inquiète de ce qui pourrait arriver à son fils parti en vacances dans le Mississippi, mais, tout de même, c'est trop appuyé. C'est d'autant plus regrettable que la comédienne, Danielle Deadwyler, est remarquable tout au long du film. Elle campe une femme indépendante, une veuve d'abord préoccupée par sa vie de famille, mais que le destin va conduire à faire d'autres choix.
Le premier moment fort (en terme de mise en scène) est la séquence clé de l'épicerie, où le gamin va commettre un acte presque bénin, pas très malin certes, mais qui ne méritait pas de susciter un tel déchaînement de violence.
Notons que si le film est parfois un peu biaisé sur certains détails (sur lesquels je reviendrai), il évite de montrer le lynchage qu'a subi le jeune Emmett. On entend (un peu) ce qu'il lui arrive, avant, assez tard, de découvrir les conséquences du lynchage. Parce que le sujet du film n'est pas tant l'immonde traitement infligé au gamin que la douleur de sa mère et le combat qu'elle a mené, qui a contribué à lancer le mouvement des Droits civiques.
Ici aussi, je suis partagé. Je trouve surjouée la scène d'arrivée du cercueil à la gare, avec de surcroît une représentation très "genrée" du deuil, les femmes se montrant particulièrement expressives, alors que les hommes ne manifestent quasiment pas d'émotion (seuls les jeunes cousins sont au bord des larmes). En revanche, j'ai beaucoup aimé la scène de la morgue, en particulier le moment où la mère se retrouve seule avec le cadavre de son fils. Les spectateurs sont confrontés aux conséquences du massacre, à l'image de ce qui va se produire ensuite auprès du grand public, la mère ayant décidé de procéder aux funérailles cercueil ouvert. Celles-ci sont bien mises en scène, malgré là encore une tendance au pathos.
La suite est passionnante, autour de l'organisation du soutien à Mamie et de la préparation du procès. D'après les images publiées dans Life, la reconstitution est très fidèle, jusque dans le choix des figurants (composition du public et membres du jury). Je laisse à chacun le loisir de découvrir comment cela se conclut.
P.S.
J'en viens maintenant à mes réserves concernant les petites "retouches" effectuées à l'histoire d'origine. L'opinion des spectateurs est d'abord guidée par les choix des acteurs. Dans le film, souvent, on a privilégié des comédiens qui ressemblaient aux personnages... sauf pour deux femmes : Mamie (la mère) et Carolyn Bryant (la commerçante, dont on sait maintenant qu'elle a menti au procès). Pour incarner la première, on a volontairement choisi une très belle femme (plus "sexy" que la Mamie d'origine).
A l'inverse, pour la commerçante, on a choisi une représentation qui la dévalorise quelque peu : elle est surmaquillée et engoncée dans une robe moche, alors que la Carolyn Bryant d'origine était une ancienne reine de beauté :
On a volontairement enlaidi la comédienne Hayley Bennett (vue notamment dans Equalizer).
Sur le fond, le scénario a choisi de privilégier l'hypothèse la plus favorable au gamin qui, dans le magasin, se serait contenté de siffler la commerçante, après lui avoir parlé. (Même si, dans la réalité, il s'est peut-être montré un peu plus familier, cela ne justifie en rien ce qu'on lui a infligé ensuite.)
Il y aurait aussi des choses à dire sur certains personnages masculins. Le père (décédé) d'Emmett est présenté comme un combattant de la Seconde Guerre mondiale, qui a donné sa vie pour son pays. On a su après le procès que sa mort ne fut peut-être pas si glorieuse que cela. A l'inverse, le film se garde bien de préciser que les auteurs du lynchage (Bryant et son demi-frère), sont eux aussi des vétérans, l'un d'entre eux même décoré. Cela n'excuse en rien leur geste abominable, mais cela nous confirme que les concepteurs du film ont effectué des choix, dans un but précis... et il est atteint : le film est marquant et l'on sort de là bouleversé.
10:13 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Emmett Till
Le film aurait plutôt dû s'intituler "Le Combat d'une mère", tant c'est ce personnage-là (Mamie Till-Mobley) qui occupe l'écran, même si le drame a d'abord frappé son fils Emmett.
Le début est une reconstitution soignée du Chicago de 1955. Les tons sont chauds. Une partie de la population afro-américaine a acquis une relative aisance matérielle, tout en bénéficiant (en théorie) des mêmes droits que les Blancs. Une scène dans un grand magasin est toutefois chargée de nous rappeler que cela passe moyennement auprès d'une partie de la population. Dans le Sud ségrégationniste, c'est bien pire, puisque les meurtres de "nègres" y sont en augmentation, dans un contexte d'incitation à voter aux élections.
C'est très proprement mis en scène, avec de belles couleurs, de beaux costumes, auxquels ne manque aucun bouton. C'est plutôt bien joué, avec cependant une énorme réserve : le personnage principal, celui de la mère, semble, comme les spectateurs, s'attendre à la suite. Je veux bien qu'une mère afro-américaine s'inquiète de ce qui pourrait arriver à son fils parti en vacances dans le Mississippi, mais, tout de même, c'est trop appuyé. C'est d'autant plus regrettable que la comédienne, Danielle Deadwyler, est remarquable tout au long du film. Elle campe une femme indépendante, une veuve d'abord préoccupée par sa vie de famille, mais que le destin va conduire à faire d'autres choix.
Le premier moment fort (en terme de mise en scène) est la séquence clé de l'épicerie, où le gamin va commettre un acte presque bénin, pas très malin certes, mais qui ne méritait pas de susciter un tel déchaînement de violence.
Notons que si le film est parfois un peu biaisé sur certains détails (sur lesquels je reviendrai), il évite de montrer le lynchage qu'a subi le jeune Emmett. On entend (un peu) ce qu'il lui arrive, avant, assez tard, de découvrir les conséquences du lynchage. Parce que le sujet du film n'est pas tant l'immonde traitement infligé au gamin que la douleur de sa mère et le combat qu'elle a mené, qui a contribué à lancer le mouvement des Droits civiques.
Ici aussi, je suis partagé. Je trouve surjouée la scène d'arrivée du cercueil à la gare, avec de surcroît une représentation très "genrée" du deuil, les femmes se montrant particulièrement expressives, alors que les hommes ne manifestent quasiment pas d'émotion (seuls les jeunes cousins sont au bord des larmes). En revanche, j'ai beaucoup aimé la scène de la morgue, en particulier le moment où la mère se retrouve seule avec le cadavre de son fils. Les spectateurs sont confrontés aux conséquences du massacre, à l'image de ce qui va se produire ensuite auprès du grand public, la mère ayant décidé de procéder aux funérailles cercueil ouvert. Celles-ci sont bien mises en scène, malgré là encore une tendance au pathos.
La suite est passionnante, autour de l'organisation du soutien à Mamie et de la préparation du procès. D'après les images publiées dans Life, la reconstitution est très fidèle, jusque dans le choix des figurants (composition du public et membres du jury). Je laisse à chacun le loisir de découvrir comment cela se conclut.
P.S.
J'en viens maintenant à mes réserves concernant les petites "retouches" effectuées à l'histoire d'origine. L'opinion des spectateurs est d'abord guidée par les choix des acteurs. Dans le film, souvent, on a privilégié des comédiens qui ressemblaient aux personnages... sauf pour deux femmes : Mamie (la mère) et Carolyn Bryant (la commerçante, dont on sait maintenant qu'elle a menti au procès). Pour incarner la première, on a volontairement choisi une très belle femme (plus "sexy" que la Mamie d'origine).
A l'inverse, pour la commerçante, on a choisi une représentation qui la dévalorise quelque peu : elle est surmaquillée et engoncée dans une robe moche, alors que la Carolyn Bryant d'origine était une ancienne reine de beauté :
On a volontairement enlaidi la comédienne Hayley Bennett (vue notamment dans Equalizer).
Sur le fond, le scénario a choisi de privilégier l'hypothèse la plus favorable au gamin qui, dans le magasin, se serait contenté de siffler la commerçante, après lui avoir parlé. (Même si, dans la réalité, il s'est peut-être montré un peu plus familier, cela ne justifie en rien ce qu'on lui a infligé ensuite.)
Il y aurait aussi des choses à dire sur certains personnages masculins. Le père (décédé) d'Emmett est présenté comme un combattant de la Seconde Guerre mondiale, qui a donné sa vie pour son pays. On a su après le procès que sa mort ne fut peut-être pas si glorieuse que cela. A l'inverse, le film se garde bien de préciser que les auteurs du lynchage (Bryant et son demi-frère), sont eux aussi des vétérans, l'un d'entre eux même décoré. Cela n'excuse en rien leur geste abominable, mais cela nous confirme que les concepteurs du film ont effectué des choix, dans un but précis... et il est atteint : le film est marquant et l'on sort de là bouleversé.
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lundi, 20 février 2023
Tel Aviv - Beyrouth
Deux femmes sont dans la même voiture (une Volkswagen antédiluvienne), quelque part au Proche-Orient, en route pour on ne sait où. L'une des deux est israélienne, habitant Tel Aviv. L'autre est libanaise, d'une famille originaire de Beyrouth. La scène se déroule en 2006, mais la suite du film va nous projeter successivement en 1984 puis 2000, avant de revenir au "présent" (de 2006). Ces retours en arrière vont nous permettre de comprendre ce qui lie ces deux femmes et pourquoi elles se sont associées dans ce périple automobile.
De la réalisatrice Michale Boganim, j'avais bien aimé La Terre outragée. C'était profond et subtil, déjà sur un sujet sensible (la catastrophe de Tchernobyl). Mais là... quelle déception ! Si on laisse de côté la séquence automobile initiale (plutôt bien foutue), la première partie du film est une catastrophe. C'est mal joué, mal écrit, mal dirigé et farci d'invraisemblances. Je vous en cite deux, parmi d'autres. En 1984, une petite fille libanaise suit un groupe de soldats israéliens qui distribue des bonbons à la sortie de l'école... elle va jusqu'à les pister jusqu'au lieu d'une intervention, où sa vie est en danger. Et voilà que débarque un milicien chrétien (maronite), allié des Israéliens... qui n'est autre que le père de la petite ! Plus tard, il est question d'un chat, trouvé par la gamine dans les ruines d'une maison. La famille l'adopte. On le retrouve en l'an 2000, ce qui n'est pas invraisemblable (j'ai possédé un félin qui a vécu plus de vingt ans.)... à ceci près qu'en seize ans, l'animal n'a pas du tout changé !
C'est vraiment dommage parce que l'intrigue avait de l'intérêt. La réalisatrice semble avoir voulu montrer que le conflit proche-oriental fracasse les familles de chaque côté de la frontière, sans distinction entre les supposés vainqueurs et les supposés vaincus. Mais Dieu que tout cela est maladroit !
J'ai eu aussi de la peine pour les acteurs. Ils ont souvent dû jongler entre plusieurs langues (hébreu, arabe, anglais et français), ce qui, là encore, n'est pas invraisemblable sur le fond. Mais la manière dont c'est mis en scène rend tout cela très artificiel, en particulier dans la famille libanaise chrétienne. Je suis conscient qu'il était jadis courant dans la classe moyenne de ce pays d'apprendre la langue de Molière, mais, à l'écran, il y a un trop grand écart de maîtrise entre la mère d'une part (Sofia Essaïdi, qui n'est visiblement pas habituée à étendre du linge sur une corde), son mari et ses filles d'autre part. C'est moins flagrant (et plus justifié par le contexte) au niveau de la famille israélienne, la mère étant d'origine française. (Elle est interprétée par Sarah Adler, vue notamment dans Foxtrot.)
Le film prend enfin son envol quand on retrouve les deux femmes en 2006, en expédition quelque part dans le nord d'Israël, en pleine période de tensions. Cela devient plus intéressant, mais, hélas, la réalisatrice retombe ensuite dans ses travers. La fin est très prévisible, avec l'accent mis sur la symétrie de destins de deux personnages masculins. Décidément, les bons sentiments ne suffisent pas à faire un bon film.
P.S.
En effectuant quelques recherches (après avoir vu le film), j'ai eu la confirmation d'une approximation supplémentaire, qui survient dès le début de l'histoire. Dans leur périple automobile, les deux femmes suivraient le tracé d'une ancienne voie ferrée, qui reliait jadis Tel Aviv à Beyrouth, "avant la guerre"... C'est beau sur le plan symbolique... mais c'est selon complètement bidon sur le plan historique.
La carte ci-dessus (que j'ai légèrement modifiée) est extraite d'une étude sur les chemins de fer au Proche-Orient au début du XXe siècle.
En bleu, j'ai matérialisé les lieux où se déroule l'action, dans le film : Jaffa-Tel Aviv (celle-ci pas encore très développée à l'époque de la carte) et Beyrouth encadrées, deux étoiles marquant le Sud-Liban (occupé dans les années 1980-1990 par Israël) et la ville côtière (israélienne) de Nahariya, où des familles de miliciens chrétiens ont pu se réfugier, quand Tsahal a quitté le Liban.
Les traits rouges de différentes formes signalent les voies ferrées, d'écartement différent. Il n'y a pas d'axe Tel Aviv - Beyrouth. Pour se rendre d'une ville à l'autre, il faut changer plusieurs fois de train et traverser différents territoires, le Liban étant entre 1920 et 1943 un mandat français, La Transjordanie et la Palestine des mandats britanniques.
21:39 Publié dans Cinéma, Histoire, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, conema, film, films
dimanche, 19 février 2023
Juste ciel !
Attiré par la brillante distribution (principalement féminine, mais aussi masculine), j'ai tenté ma chance avec ce film qui, assez vite, m'a rappelé La Bonne Épouse. La principale différence est que l'histoire ne se déroule pas à la fin des années 1960, mais de nos jours. Derrière la caméra aussi, ce n'est pas Martin Provost, mais Laurent Tirard. Son Retour du héros me l'avait fait remonter en estime... parce que sinon, il a tout de même commis une adaptation d'Astérix et celles du Petit Nicolas !
Hélas, on comprend assez vite que le réalisateur est retombé dans ses travers. Trop de scènes sont mal écrites, les comédiennes (pourtant de talent) sont mal dirigées. Dès le début, j'ai été énervé par la "scène des tomates", avec Guilaine Londez. Je me suis dit : "Il ne va quand même pas oser"... ben si... avec, en prime, à la fin, un gros plan sur le jupon remonté, avec quelques tomates rescapées du désastre, qui vont bien évidemment finir sur le sol.
La deuxième grande déception est le jeu de Valérie Bonneton, outrancier au possible. On ne croit pas une seconde à son personnage de Mère supérieure de ce couvent de bénédictines. Je préfère encore la prestation de Sidse Babett Knudsen en cheffe ultra-rigoriste d'un groupe de Clarisses. C'est caricatural mais, au moins, ça tient la route.
Dans le groupe de bénédictine, je sauverais toutefois deux personnages : sœur Augustine et sœur Bernadette. La première est incarnée avec talent par Camille Chamoux. La seconde, muette, a les traits de Claire Nadeau, qui s'exprime par l'intermédiaire d'un petit tableau blanc, source de quelques-uns des rares gags réussis de ce film.
La vie bien rangée des bénédictines est perturbée par l'arrivée d'une stagiaire, une véritable petite conne jeune en recherche qui, évidemment, après s'être rebellée et avoir bien fait chier enquiquiné ses (potentielles futures) collègues, va mûrir et se faire accepter.
L'autre cause de troubles est la quête d'une subvention, qui passe par la victoire à un critérium cycliste, auxquelles les nonnes décident de participer. Faute de pouvoir triompher à la régulière, elles choisissent de nuire à la concurrence... y compris celle des Clarisses. (Autant le dire franchement : les fervents catholiques qui s'aventureraient dans une salle projetant ce film risquent la crise de rage.)
En dépit de quelques scènes réussies, de quelques gags bien amenés, je suis sorti de là plutôt insatisfait... et je pense que je ne suis pas le seul. Il m'a bien semblé qu'à certains moments, François Morel et Sidse Babett Knudsen se demandaient ce qu'ils faisaient dans cette galère...
16:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Juste ciel !
Attiré par la brillante distribution (principalement féminine, mais aussi masculine), j'ai tenté ma chance avec ce film qui, assez vite, m'a rappelé La Bonne Épouse. La principale différence est que l'histoire ne se déroule pas à la fin des années 1960, mais de nos jours. Derrière la caméra aussi, ce n'est pas Martin Provost, mais Laurent Tirard. Son Retour du héros me l'avait fait remonter en estime... parce que sinon, il a tout de même commis une adaptation d'Astérix et celles du Petit Nicolas !
Hélas, on comprend assez vite que le réalisateur est retombé dans ses travers. Trop de scènes sont mal écrites, les comédiennes (pourtant de talent) sont mal dirigées. Dès le début, j'ai été énervé par la "scène des tomates", avec Guilaine Londez. Je me suis dit : "Il ne va quand même pas oser"... ben si... avec, en prime, à la fin, un gros plan sur le jupon remonté, avec quelques tomates rescapées du désastre, qui vont bien évidemment finir sur le sol.
La deuxième grande déception est le jeu de Valérie Bonneton, outrancier au possible. On ne croit pas une seconde à son personnage de Mère supérieure de ce couvent de bénédictines. Je préfère encore la prestation de Sidse Babett Knudsen en cheffe ultra-rigoriste d'un groupe de Clarisses. C'est caricatural mais, au moins, ça tient la route.
Dans le groupe de bénédictine, je sauverais toutefois deux personnages : sœur Augustine et sœur Bernadette. La première est incarnée avec talent par Camille Chamoux. La seconde, muette, a les traits de Claire Nadeau, qui s'exprime par l'intermédiaire d'un petit tableau blanc, source de quelques-uns des rares gags réussis de ce film.
La vie bien rangée des bénédictines est perturbée par l'arrivée d'une stagiaire, une véritable petite conne jeune en recherche qui, évidemment, après s'être rebellée et avoir bien fait chier enquiquiné ses (potentielles futures) collègues, va mûrir et se faire accepter.
L'autre cause de troubles est la quête d'une subvention, qui passe par la victoire à un critérium cycliste, auxquelles les nonnes décident de participer. Faute de pouvoir triompher à la régulière, elles choisissent de nuire à la concurrence... y compris celle des Clarisses. (Autant le dire franchement : les fervents catholiques qui s'aventureraient dans une salle projetant ce film risquent la crise de rage.)
En dépit de quelques scènes réussies, de quelques gags bien amenés, je suis sorti de là plutôt insatisfait... et je pense que je ne suis pas le seul. Il m'a bien semblé qu'à certains moments, François Morel et Sidse Babett Knudsen se demandaient ce qu'ils faisaient dans cette galère...
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samedi, 18 février 2023
Titina
Le héros éponyme est... une chienne abandonnée, qu'un ingénieur italien recueille, dans les années 1920, en pleine période fasciste. Cet Umberto Nobile est marié, a une fille, qui se réjouit de l'arrivée de l'affectueux animal dans la famille. Son nom lui a été donné en référence à une chanson populaire (Je cherche après Titine), qui a connu de multiples versions, l'une d'entre elles ayant été interprétée (à sa manière) par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.
Le concepteur italien de dirigeables est engagé par l'explorateur norvégien Roald Amundsen (découvreur du pôle sud), qui voudrait être le premier à parvenir au pôle nord par ce moyen de transport.
Ce film d'animation norvégien prend la forme d'un semi-documentaire, composé de dessins et d'images d'actualité (parfois saisissantes). On pouvait s'attendre à ce qu'il donne le beau rôle à Amundsen... eh bien pas du tout, puisque c'est l'Italien qui est à l'honneur, notamment parce qu'il emmène la chienne dans ses pérégrinations.
Toute cette histoire nous est présentée sous la forme d'un grand retour en arrière, le film débutant chez un Umberto très âgé, dont la petite fille vient s'occuper. Bien qu'il y ait près de cinquante ans d'écart entre cette scène et le voyage en dirigeable, la chienne nous est montrée encore vivante... ce qui est impossible. Mais, à la toute fin, quand on est de retour dans l'appartement, on comprend que cette présence n'était peut-être qu'une illusion.
Le début est savoureux pour la vision ironique du (premier) fascisme qu'il nous livre, Mussolini ressemblant presque à un personnage de manga, avec sa tête disproportionnée.
La rencontre entre les Italiens et les Norvégiens ne manque pas de sel non plus, les premiers, tactiles et enjoués, contrastant avec les seconds, distants et réservés. Les deux équipes vont plus ou moins fraterniser... avant qu'une certaine rivalité n'émerge, autour de la paternité de la découverte du pôle nord. Le film, bien que norvégien, met, dans un premier temps, davantage en valeur Nobile, ingénieur méticuleux très attaché à sa chienne, face à un Amundsen très imbu de sa personne.
Cela devient un véritable roman d'aventures, un peu à la Jules Verne, avec des éléments déchaînés, des humains courageux... et une baleine amicale.
Le ton change ensuite, la comédie cédant la place à une histoire plus triste. Les anciens associés sont devenus rivaux. Si Amundsen garde son tempérament, Nobile est montré comme plus renfermé, orgueilleux. Je laisse à chacun le soin de découvrir comment cela se termine.
Le dessin m'est apparu assez simple, peu raffiné, convenant plutôt à des enfants. J'ai en revanche beaucoup aimé la musique d'accompagnement, qui entremêle des airs traditionnels italiens, du jazz et au moins une mélodie que j'avais déjà entendue dans The Grand Budapest Hotel.
22:44 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Titina
Le héros éponyme est... une chienne abandonnée, qu'un ingénieur italien recueille, dans les années 1920, en pleine période fasciste. Cet Umberto Nobile est marié, a une fille, qui se réjouit de l'arrivée de l'affectueux animal dans la famille. Son nom lui a été donné en référence à une chanson populaire (Je cherche après Titine), qui a connu de multiples versions, l'une d'entre elles ayant été interprétée (à sa manière) par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.
Le concepteur italien de dirigeables est engagé par l'explorateur norvégien Roald Amundsen (découvreur du pôle sud), qui voudrait être le premier à parvenir au pôle nord par ce moyen de transport.
Ce film d'animation norvégien prend la forme d'un semi-documentaire, composé de dessins et d'images d'actualité (parfois saisissantes). On pouvait s'attendre à ce qu'il donne le beau rôle à Amundsen... eh bien pas du tout, puisque c'est l'Italien qui est à l'honneur, notamment parce qu'il emmène la chienne dans ses pérégrinations.
Toute cette histoire nous est présentée sous la forme d'un grand retour en arrière, le film débutant chez un Umberto très âgé, dont la petite fille vient s'occuper. Bien qu'il y ait près de cinquante ans d'écart entre cette scène et le voyage en dirigeable, la chienne nous est montrée encore vivante... ce qui est impossible. Mais, à la toute fin, quand on est de retour dans l'appartement, on comprend que cette présence n'était peut-être qu'une illusion.
Le début est savoureux pour la vision ironique du (premier) fascisme qu'il nous livre, Mussolini ressemblant presque à un personnage de manga, avec sa tête disproportionnée.
La rencontre entre les Italiens et les Norvégiens ne manque pas de sel non plus, les premiers, tactiles et enjoués, contrastant avec les seconds, distants et réservés. Les deux équipes vont plus ou moins fraterniser... avant qu'une certaine rivalité n'émerge, autour de la paternité de la découverte du pôle nord. Le film, bien que norvégien, met, dans un premier temps, davantage en valeur Nobile, ingénieur méticuleux très attaché à sa chienne, face à un Amundsen très imbu de sa personne.
Cela devient un véritable roman d'aventures, un peu à la Jules Verne, avec des éléments déchaînés, des humains courageux... et une baleine amicale.
Le ton change ensuite, la comédie cédant la place à une histoire plus triste. Les anciens associés sont devenus rivaux. Si Amundsen garde son tempérament, Nobile est montré comme plus renfermé, orgueilleux. Je laisse à chacun le soin de découvrir comment cela se termine.
Le dessin m'est apparu assez simple, peu raffiné, convenant plutôt à des enfants. J'ai en revanche beaucoup aimé la musique d'accompagnement, qui entremêle des airs traditionnels italiens, du jazz et au moins une mélodie que j'avais déjà entendue dans The Grand Budapest Hotel.
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Dounia et la princesse d'Alep
Dounia est une petite fille syrienne. La princesse qui la protège est un mélange de fée et des souvenirs de sa mère. S'inspirant du vécu de plusieurs familles de migrants, la réalisatrice Marya Zarif a écrit cette fiction qui débute dans une Syrie en paix, avant la guerre civile.
A celles et ceux qui connaissent la suite, cette introduction apparaîtra comme un paradis perdu, dans une ville où les communautés cohabitaient harmonieusement. (Il y a un quartier chrétien, où réside une amie de la famille de Dounia.) On prend toutefois soin de préciser qu'il fallait faire attention à ce qu'on disait, puisque "les murs ont des oreilles". La dictature de Bachar el-Assad finit par frapper la famille, mais le pire arrive avec la guerre. Une partie des habitants de la ville décide d'émigrer.
La deuxième partie montre cette migration, qui passe par la Turquie, la Grèce et l'Europe centrale. Destination : l'Allemagne, la Suède... ou un autre pays, que l'on ne découvre qu'à la fin de l'histoire.
La singularité de ce film-ci tient dans les interventions miraculeuses, qui permettent aux migrants de surmonter certains obstacles. De mystérieuses graines jouent un rôle décisif, tout comme la fameuse princesse... ainsi qu'une ancienne divinité mésopotamienne. On a visiblement placé l'intrigue sous l'égide du multiculturalisme, en évitant de présenter le moindre migrant de manière négative : ils sont tous gentils et bienveillants. Les passeurs sont l'exception. De manière tout à fait justifiée, ils apparaissent (syriens ou turcs) comme des profiteurs, en général peu fiables. (Je me dois toutefois de signaler une incohérence dans l'intervention du second : j'ai d'abord eu l'impression qu'il embarquait sur le canot pneumatique en compagnie des migrants... mais on ne le voit plus ensuite.)
Sur le plan visuel, il n'y a rien d'exceptionnel, mais le style est assez accrocheur, un peu dans le ton des films de Michel Ocelot. Il règne parfois une ambiance digne des Mille et une nuits dans ce film, agrémenté d'une musique orientale entraînante.
J'ai aussi bien aimé les aspects liés à la vie quotidienne des Syriens, notamment tout ce qui a trait à la nourriture, transmis soit par la grand-mère cuisinière, soit par le commerçant fier de son ingrédient secret.
En dépit de quelques facilités, le film est à l'image de son personnage principal : attachant.
17:34 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Dounia et la princesse d'Alep
Dounia est une petite fille syrienne. La princesse qui la protège est un mélange de fée et des souvenirs de sa mère. S'inspirant du vécu de plusieurs familles de migrants, la réalisatrice Marya Zarif a écrit cette fiction qui débute dans une Syrie en paix, avant la guerre civile.
A celles et ceux qui connaissent la suite, cette introduction apparaîtra comme un paradis perdu, dans une ville où les communautés cohabitaient harmonieusement. (Il y a un quartier chrétien, où réside une amie de la famille de Dounia.) On prend toutefois soin de préciser qu'il fallait faire attention à ce qu'on disait, puisque "les murs ont des oreilles". La dictature de Bachar el-Assad finit par frapper la famille, mais le pire arrive avec la guerre. Une partie des habitants de la ville décide d'émigrer.
La deuxième partie montre cette migration, qui passe par la Turquie, la Grèce et l'Europe centrale. Destination : l'Allemagne, la Suède... ou un autre pays, que l'on ne découvre qu'à la fin de l'histoire.
La singularité de ce film-ci tient dans les interventions miraculeuses, qui permettent aux migrants de surmonter certains obstacles. De mystérieuses graines jouent un rôle décisif, tout comme la fameuse princesse... ainsi qu'une ancienne divinité mésopotamienne. On a visiblement placé l'intrigue sous l'égide du multiculturalisme, en évitant de présenter le moindre migrant de manière négative : ils sont tous gentils et bienveillants. Les passeurs sont l'exception. De manière tout à fait justifiée, ils apparaissent (syriens ou turcs) comme des profiteurs, en général peu fiables. (Je me dois toutefois de signaler une incohérence dans l'intervention du second : j'ai d'abord eu l'impression qu'il embarquait sur le canot pneumatique en compagnie des migrants... mais on ne le voit plus ensuite.)
Sur le plan visuel, il n'y a rien d'exceptionnel, mais le style est assez accrocheur, un peu dans le ton des films de Michel Ocelot. Il règne parfois une ambiance digne des Mille et une nuits dans ce film, agrémenté d'une musique orientale entraînante.
J'ai aussi bien aimé les aspects liés à la vie quotidienne des Syriens, notamment tout ce qui a trait à la nourriture, transmis soit par la grand-mère cuisinière, soit par le commerçant fier de son ingrédient secret.
En dépit de quelques facilités, le film est à l'image de son personnage principal : attachant.
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jeudi, 16 février 2023
Quantumania
Quatre ans et demi après Ant-Man et la Guêpe, les mini-super-héros sont de retour... encore plus petits, puisqu'ils se retrouvent piégés dans un univers minuscule, qu'ils découvrent peuplé d'une multitude de peuples... et d'un dictateur sanguinaire : Kang (qui est un gros cong).
Toutefois, avant d'en arriver là, deux séquences nous sont proposées. La première se déroule plusieurs dizaines d'années auparavant, déjà dans le mini-univers. Elle laisse surtout des questions en suspens. La seconde a pour cadre la Californie actuelle. Elle nous propose un "moment familial" évidemment atypique (puisqu'il concerne la tribu Lang-Pym), bien que très traditionnel au fond : on se fade un repas de famille et l'on découvre les héros sous la forme d'un couple de bobos dont la fille, jeune adulte élevée dans un milieu privilégié, ressent furieusement l'envie de sauver Willy le système de retraite par répartition la planète.
Du coup, dans un premier temps, on est content de voir tout ce joli monde projeté dans l'infiniment petit. C'est aussi l'occasion pour la famille de découvrir que mamie Janet leur a caché bien des choses. Dans le rôle, Michelle Pfeiffer est délicieuse. C'est l'un des bons moments du film.
Il faut quand même laisser sa rationalité au vestiaire... et se montrer indulgent envers le gros pompage de Star Wars : ce mini-mini-univers abrite une diversité de peuples qui n'est pas sans rappeler la saga de George Lucas. On se dit que, du côté de Disney, on semble aimer le recyclage la mutualisation des moyens.
Dans une grande salle, on peut toutefois profiter du spectacle, vu qu'un "pognon de dingue" a été dépensé dans les effets spéciaux. Mais cette histoire de multivers (la nouvelle marotte de Marvel) est plus soûlante qu'autre chose... et c'est une technique de feignasse, pour éviter d'avoir à inventer de nouveaux personnages : il suffit d'introduire une nouvelle version de l'existant. Le scénario n'est donc pas dément, pas plus que la progression de la tension. Seule séquence marquante, limite dingo : la quête quantique d'Ant-Man, épaulé par la Guêpe et des millions de versions de lui-même.
De manière générale, assez classiquement (hélas), on nous sert un méchant qui apparaît invulnérable dans un premier temps et qui finit par être vaincu par des êtres pas plus extraordinaires que cela... et qu'il semblait capable, une heure auparavant, de réduire en poussière d'un claquement de doigts. De la saga Star Wars, les scénaristes ont aussi retenu l'entremêlement de plusieurs trames, qui voient différents groupes de personnages œuvrer contre le mal, pour finalement joindre leurs forces (et, bien entendu, triompher).
Au niveau de l'humour, compte tenu de la réussite du précédent film, je m'attendais à mieux. Les chamailleries familiales m'ont laissé froid (sauf quand Papounnet montre à Fifille comment être une bonne Ant-Girl... la relève est assurée, mon gars !). En revanche, j'ai bien aimé l'introduction d'un personnage... sans orifice, qui s'interroge quant au nombre d'ouvertures anatomiques que possèdent les humains (et à ce qui en sort). Hélas, ce personnage plein de finesse n'a droit qu'à deux scènes (marquantes).
Comme de bien entendu, le générique est interrompu par une scène bonus, dans laquelle on découvre d'autres versions du super-méchant. Les plus courageux, qui sont restés jusqu'à la fin, ont eu droit à une scène vintage, qui semble se situer dans un passé lointain. On y retrouve une autre version de Kang... et un visage qui semblera familier aux spectateurs d'Avengers.
23:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Quantumania
Quatre ans et demi après Ant-Man et la Guêpe, les mini-super-héros sont de retour... encore plus petits, puisqu'ils se retrouvent piégés dans un univers minuscule, qu'ils découvrent peuplé d'une multitude de peuples... et d'un dictateur sanguinaire : Kang (qui est un gros cong).
Toutefois, avant d'en arriver là, deux séquences nous sont proposées. La première se déroule plusieurs dizaines d'années auparavant, déjà dans le mini-univers. Elle laisse surtout des questions en suspens. La seconde a pour cadre la Californie actuelle. Elle nous propose un "moment familial" évidemment atypique (puisqu'il concerne la tribu Lang-Pym), bien que très traditionnel au fond : on se fade un repas de famille et l'on découvre les héros sous la forme d'un couple de bobos dont la fille, jeune adulte élevée dans un milieu privilégié, ressent furieusement l'envie de sauver Willy le système de retraite par répartition la planète.
Du coup, dans un premier temps, on est content de voir tout ce joli monde projeté dans l'infiniment petit. C'est aussi l'occasion pour la famille de découvrir que mamie Janet leur a caché bien des choses. Dans le rôle, Michelle Pfeiffer est délicieuse. C'est l'un des bons moments du film.
Il faut quand même laisser sa rationalité au vestiaire... et se montrer indulgent envers le gros pompage de Star Wars : ce mini-mini-univers abrite une diversité de peuples qui n'est pas sans rappeler la saga de George Lucas. On se dit que, du côté de Disney, on semble aimer le recyclage la mutualisation des moyens.
Dans une grande salle, on peut toutefois profiter du spectacle, vu qu'un "pognon de dingue" a été dépensé dans les effets spéciaux. Mais cette histoire de multivers (la nouvelle marotte de Marvel) est plus soûlante qu'autre chose... et c'est une technique de feignasse, pour éviter d'avoir à inventer de nouveaux personnages : il suffit d'introduire une nouvelle version de l'existant. Le scénario n'est donc pas dément, pas plus que la progression de la tension. Seule séquence marquante, limite dingo : la quête quantique d'Ant-Man, épaulé par la Guêpe et des millions de versions de lui-même.
De manière générale, assez classiquement (hélas), on nous sert un méchant qui apparaît invulnérable dans un premier temps et qui finit par être vaincu par des êtres pas plus extraordinaires que cela... et qu'il semblait capable, une heure auparavant, de réduire en poussière d'un claquement de doigts. De la saga Star Wars, les scénaristes ont aussi retenu l'entremêlement de plusieurs trames, qui voient différents groupes de personnages œuvrer contre le mal, pour finalement joindre leurs forces (et, bien entendu, triompher).
Au niveau de l'humour, compte tenu de la réussite du précédent film, je m'attendais à mieux. Les chamailleries familiales m'ont laissé froid (sauf quand Papounnet montre à Fifille comment être une bonne Ant-Girl... la relève est assurée, mon gars !). En revanche, j'ai bien aimé l'introduction d'un personnage... sans orifice, qui s'interroge quant au nombre d'ouvertures anatomiques que possèdent les humains (et à ce qui en sort). Hélas, ce personnage plein de finesse n'a droit qu'à deux scènes (marquantes).
Comme de bien entendu, le générique est interrompu par une scène bonus, dans laquelle on découvre d'autres versions du super-méchant. Les plus courageux, qui sont restés jusqu'à la fin, ont eu droit à une scène vintage, qui semble se situer dans un passé lointain. On y retrouve une autre version de Kang... et un visage qui semblera familier aux spectateurs d'Avengers.
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Sacrées momies
Cette animation nous vient d'Espagne... avec toutefois un formatage à l'anglo-saxonne : l'intrigue inclut une histoire d'amour (hétérosexuelle), un petit garçon joue un rôle important (sauvant la mise aux adultes), un animal de compagnie se révèle parfois très utile, le méchant est très méchant, ses acolytes très crétins... et il y a des chansons.
La comédienne de doublage (en français) a beau avoir du talent, je n'ai pas été emballé... sauf peut-être au cours de la battle, quand les intrus s'incrustent dans une représentation d'opéra, la séquence n'étant pas sans évoquer les émissions de télé-réalité. Quoi qu'il en soit, le seul titre qui recueille mes suffrages est ce tube des Bangles, dont on entend des extraits à plusieurs reprises et qui se marie tellement bien à l'intrigue.
Celle-ci tourne autour de deux trames : d'un côté l'ambition et la mégalomanie d'un archéologue de l'autre, la volonté de la fille du pharaon (vouée à un mariage arrangé) de vivre sa vie. Le premier, Lord Carnaby, est un évident décalque de Lord Carnavon, tandis que la seconde, Néfer, porte un prénom inspiré de deux grandes reines antiques : Néfertiti, épouse d'Akhenaton (le père de Toutankhamon), et Néfertari, épouse de Ramsès II. C'est une très belle jeune femme, au caractère bien trempé et qui va faire tourner la tête à conducteur de chars renommé. (Le grand public sera tenté de l'associer à Cléopâtre.)
Il est nécessaire de préciser que les personnages "égyptiens" sont des défunts, plus précisément leurs momies, qui ont droit à une nouvelle existence, dans "l'autre monde", souterrain, inconnu des humains du XXIe siècle. Ainsi, quand l'archéologue véreux s'empare d'une précieuse bague, il pense tout d'abord n'avoir découvert qu'un exceptionnel témoignage d'un passé révolu... Il n'avait pas envisagé que des momies partent à sa poursuite jusqu'au Royaume-Uni !
La suite est donc un roman d'aventures, avec des méchants et des gentils, de la romance (l'animosité entre la princesse et le conducteur de char faisant petit à petit place à d'autres sentiments...)... et de l'humour. Certains gags font intervenir un petit crocodile domestique, vraiment adorable, dont les borborygmes m'ont parfois fait penser à de petits pets. (Dans la salle, les enfants adorent... mais les adultes ne sont pas en reste.)
Dès le début, dans le "monde des momies", l'humour est présent à travers les clins d’œil à notre époque : le conducteur de chars signe des autographes sur des papyrus, l'une de ses fans veut réaliser un "selfie"... avec un miroir et, dans la rue, un agent de circulation se la joue Walk like an Egyptian (un gag que l'on retrouve plus tard, quand certains personnages tentent de passer inaperçus)...
Une autre source d'amusement est la découverte, par des êtes issus du monde antique, d'une mégapole du XXIe siècle. Ce "choc des cultures" a déjà été mis en scène à de multiples reprises, dans d'autres histoires, mais il fonctionne quand même assez bien. (L'une des séquences est un hommage à Pretty Woman.)
Mon principal regret est que cela va un peu vite. J'aurais aimé pouvoir davantage profiter de certains moments cocasses et je trouve que certaines situations problématiques se dénouent un peu vite. Mais, pour des enfants, c'est parfait.
19:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sacrées momies
Cette animation nous vient d'Espagne... avec toutefois un formatage à l'anglo-saxonne : l'intrigue inclut une histoire d'amour (hétérosexuelle), un petit garçon joue un rôle important (sauvant la mise aux adultes), un animal de compagnie se révèle parfois très utile, le méchant est très méchant, ses acolytes très crétins... et il y a des chansons.
La comédienne de doublage (en français) a beau avoir du talent, je n'ai pas été emballé... sauf peut-être au cours de la battle, quand les intrus s'incrustent dans une représentation d'opéra, la séquence n'étant pas sans évoquer les émissions de télé-réalité. Quoi qu'il en soit, le seul titre qui recueille mes suffrages est ce tube des Bangles, dont on entend des extraits à plusieurs reprises et qui se marie tellement bien à l'intrigue.
Celle-ci tourne autour de deux trames : d'un côté l'ambition et la mégalomanie d'un archéologue de l'autre, la volonté de la fille du pharaon (vouée à un mariage arrangé) de vivre sa vie. Le premier, Lord Carnaby, est un évident décalque de Lord Carnavon, tandis que la seconde, Néfer, porte un prénom inspiré de deux grandes reines antiques : Néfertiti, épouse d'Akhenaton (le père de Toutankhamon), et Néfertari, épouse de Ramsès II. C'est une très belle jeune femme, au caractère bien trempé et qui va faire tourner la tête à conducteur de chars renommé. (Le grand public sera tenté de l'associer à Cléopâtre.)
Il est nécessaire de préciser que les personnages "égyptiens" sont des défunts, plus précisément leurs momies, qui ont droit à une nouvelle existence, dans "l'autre monde", souterrain, inconnu des humains du XXIe siècle. Ainsi, quand l'archéologue véreux s'empare d'une précieuse bague, il pense tout d'abord n'avoir découvert qu'un exceptionnel témoignage d'un passé révolu... Il n'avait pas envisagé que des momies partent à sa poursuite jusqu'au Royaume-Uni !
La suite est donc un roman d'aventures, avec des méchants et des gentils, de la romance (l'animosité entre la princesse et le conducteur de char faisant petit à petit place à d'autres sentiments...)... et de l'humour. Certains gags font intervenir un petit crocodile domestique, vraiment adorable, dont les borborygmes m'ont parfois fait penser à de petits pets. (Dans la salle, les enfants adorent... mais les adultes ne sont pas en reste.)
Dès le début, dans le "monde des momies", l'humour est présent à travers les clins d’œil à notre époque : le conducteur de chars signe des autographes sur des papyrus, l'une de ses fans veut réaliser un "selfie"... avec un miroir et, dans la rue, un agent de circulation se la joue Walk like an Egyptian (un gag que l'on retrouve plus tard, quand certains personnages tentent de passer inaperçus)...
Une autre source d'amusement est la découverte, par des êtes issus du monde antique, d'une mégapole du XXIe siècle. Ce "choc des cultures" a déjà été mis en scène à de multiples reprises, dans d'autres histoires, mais il fonctionne quand même assez bien. (L'une des séquences est un hommage à Pretty Woman.)
Mon principal regret est que cela va un peu vite. J'aurais aimé pouvoir davantage profiter de certains moments cocasses et je trouve que certaines situations problématiques se dénouent un peu vite. Mais, pour des enfants, c'est parfait.
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dimanche, 12 février 2023
Le retour de McDonald & Dodds
Ce soir, France 3 diffuse Le Petit Homme qui n'était pas là, le premier épisode de la deuxième saison de cette série policière britannique atypique. (Il est déjà disponible en ligne.) Le public français l'avait découverte il y a près d'un an et demi.
L'intrigue des épisodes se déroule dans la région de Bath, ville touristique (et rugbystique) de l'ouest de l'Angleterre. Pour une Londonienne pur jus comme la capitaine de police Lauren McDonald, c'est un lieu agréable où passer un week-end voire de courtes vacances, mais un peu trop "provincial" et excentré pour y vivre en permanence... et y faire carrière.
J'ai retrouvé avec plaisir le duo a priori mal assorti que forment la policière rentre-dedans et le précautionneux lieutenant Dodds. Tous deux s'entendent mieux qu'au début de leur collaboration. Une certaine complicité semble naître entre les deux protagonistes, mise en scène avec subtilité.
Dans cet épisode, le plus cocasse est que la capitaine va avoir l'étrange impression de se retrouver coincée entre deux collaborateurs jumeaux. En effet, à la suite d'un accident de montgolfière, le Bureau des affaires aériennes dépêche un expert, pour épauler la police criminelle. Il se révèle aussi maniaque et bizarre que le partenaire de la policière, ce qui nous vaut quelques moments assez croustillants.
L'intrigue est vraiment fouillée, tortueuse, à double voire triple détente. (Cela semble être une marque de fabrique de cette série, qui bénéficie d'une grande qualité d'écriture.) Un meurtre survenu trente-cinq ans plus tôt est sans doute à l'origine de tout.
C'est à suivre de préférence en version originale sous-titrée, pour pouvoir savourer les délicieux accents British.
P.S. I
En attendant la rediffusion des premiers épisodes (en deuxième partie de soirée, dans les semaines qui viennent), on peut revoir (uniquement en version française, hélas) Un Désert de miroirs, déjà programmé en 2021.
P.S. II
Dans la nuit de dimanche à lundi, c'est la mini-série Manhunt que rediffuse France 3, à la suite de l'épisode inédit de "McDonald & Dodds".
16:51 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : télévision, cinéma, cinema, film, films, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
Le retour de McDonald & Dodds
Ce soir, France 3 diffuse Le Petit Homme qui n'était pas là, le premier épisode de la deuxième saison de cette série policière britannique atypique. (Il est déjà disponible en ligne.) Le public français l'avait découverte il y a près d'un an et demi.
L'intrigue des épisodes se déroule dans la région de Bath, ville touristique (et rugbystique) de l'ouest de l'Angleterre. Pour une Londonienne pur jus comme la capitaine de police Lauren McDonald, c'est un lieu agréable où passer un week-end voire de courtes vacances, mais un peu trop "provincial" et excentré pour y vivre en permanence... et y faire carrière.
J'ai retrouvé avec plaisir le duo a priori mal assorti que forment la policière rentre-dedans et le précautionneux lieutenant Dodds. Tous deux s'entendent mieux qu'au début de leur collaboration. Une certaine complicité semble naître entre les deux protagonistes, mise en scène avec subtilité.
Dans cet épisode, le plus cocasse est que la capitaine va avoir l'étrange impression de se retrouver coincée entre deux collaborateurs jumeaux. En effet, à la suite d'un accident de montgolfière, le Bureau des affaires aériennes dépêche un expert, pour épauler la police criminelle. Il se révèle aussi maniaque et bizarre que le partenaire de la policière, ce qui nous vaut quelques moments assez croustillants.
L'intrigue est vraiment fouillée, tortueuse, à double voire triple détente. (Cela semble être une marque de fabrique de cette série, qui bénéficie d'une grande qualité d'écriture.) Un meurtre survenu trente-cinq ans plus tôt est sans doute à l'origine de tout.
C'est à suivre de préférence en version originale sous-titrée, pour pouvoir savourer les délicieux accents British.
P.S. I
En attendant la rediffusion des premiers épisodes (en deuxième partie de soirée, dans les semaines qui viennent), on peut revoir (uniquement en version française, hélas) Un Désert de miroirs, déjà programmé en 2021.
P.S. II
Dans la nuit de dimanche à lundi, c'est la mini-série Manhunt que rediffuse France 3, à la suite de l'épisode inédit de "McDonald & Dodds".
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samedi, 11 février 2023
Alibi.com 2
Philippe Lacheau a attendu près de six ans pour tourner la suite d'Alibi.com, une des comédies françaises les plus efficaces de ce début de XXIe siècle. Entre temps, on a pu voir l'acteur-réalisateur notamment dans Super-héros malgré lui.
Et donc après avoir découvert les impayables parents de Flo (Nathalie Baye et Didier Bourdon, qui sont de retour) dans le premier opus, c'est au tour des géniteurs de Grégory de faire leur apparition... en double exemplaire. Eh oui, le futur époux de Flo n'envisage pas de lui présenter l'actrice érotique vieillissante qu'est sa mère (Arielle Dombasle, dans un rôle qui semble fait pour elle)... pas plus que l'escroc invétéré qu'est son père (Gérard Jugnot, qui connaît déjà la "bande à Lacheau", depuis Babysitting et Nicky Larson). Ils vont cependant quand même débarquer en plein préparatifs de mariage... ainsi que leurs "doublures" !
En attendant cette séquence d'anthologie (qui, à elle seule, justifie que je retourne voir ce film), on redécouvre le couple chahuteur que forment les deux héros. Élodie Fontan incarne une promise très indépendante, belle et piquante à la fois. Le film constitue une sorte de chant d'amour de Lacheau à sa compagne, sur un mode humoristique.
En terme de scénario et de mise en scène, le vu et revu côtoie l'audacieux, l'intrigue conduisant Greg et ses potes à organiser deux mariages, le même jour... dans deux propriétés voisines, avec le même marié, mais deux épouses différentes, l'une forcément fictive. Le pari risqué est tenu, avec un certain brio. (Comme on s'y attend un peu, le mariage part en vrille, mais vraiment bien...)
L'humour repose sur les quiproquos et le comique de situation, le menteur s'enferrant de plus en plus dans ses mensonges, ceux-ci débouchant sur des situations de plus en plus abracadabrantesques. Lacheau est bien épaulé par ses deux compères, Tarek Boudali et Julien Arruti, qui continuent à me surprendre par leur aptitude à incarner des crétins ou des ahuris. (Mention spéciale à la scène avec la lunette des WC...)
Comme d'habitude, Lacheau ne respecte rien : vieux comme jeunes, hommes comme femmes, blancs comme noirs, riches comme pauvres en prennent pour leur grade... sans oublier les animaux, du chien à la colombe... alors qu'un chat se révèle de nouveau particulièrement vicieux !
Une des scènes marquantes voit le futur beau-père de Greg s'opposer violemment à un présumé cambrioleur... qui n'est autre que son futur gendre. L'affrontement dérape complètement... pour le plus grand plaisir des spectateurs ! (Signalons que, pour cette scène, Didier Bourdon a été doublé par... un catcheur !)
La salle, copieusement garnie, a ri de bon cœur. Pour être honnête, je dois reconnaître que, pas très loin de moi, dans la foule des spectateurs, j'ai bien vu un ou deux visages consternés... par ce qu'ils voyaient et parce qu'autour d'eux, on s'esclaffait de ces situations dégradantes. Fallait pas se tromper de salle, les gars !
21:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Alibi.com 2
Philippe Lacheau a attendu près de six ans pour tourner la suite d'Alibi.com, une des comédies françaises les plus efficaces de ce début de XXIe siècle. Entre temps, on a pu voir l'acteur-réalisateur notamment dans Super-héros malgré lui.
Et donc après avoir découvert les impayables parents de Flo (Nathalie Baye et Didier Bourdon, qui sont de retour) dans le premier opus, c'est au tour des géniteurs de Grégory de faire leur apparition... en double exemplaire. Eh oui, le futur époux de Flo n'envisage pas de lui présenter l'actrice érotique vieillissante qu'est sa mère (Arielle Dombasle, dans un rôle qui semble fait pour elle)... pas plus que l'escroc invétéré qu'est son père (Gérard Jugnot, qui connaît déjà la "bande à Lacheau", depuis Babysitting et Nicky Larson). Ils vont cependant quand même débarquer en plein préparatifs de mariage... ainsi que leurs "doublures" !
En attendant cette séquence d'anthologie (qui, à elle seule, justifie que je retourne voir ce film), on redécouvre le couple chahuteur que forment les deux héros. Élodie Fontan incarne une promise très indépendante, belle et piquante à la fois. Le film constitue une sorte de chant d'amour de Lacheau à sa compagne, sur un mode humoristique.
En terme de scénario et de mise en scène, le vu et revu côtoie l'audacieux, l'intrigue conduisant Greg et ses potes à organiser deux mariages, le même jour... dans deux propriétés voisines, avec le même marié, mais deux épouses différentes, l'une forcément fictive. Le pari risqué est tenu, avec un certain brio. (Comme on s'y attend un peu, le mariage part en vrille, mais vraiment bien...)
L'humour repose sur les quiproquos et le comique de situation, le menteur s'enferrant de plus en plus dans ses mensonges, ceux-ci débouchant sur des situations de plus en plus abracadabrantesques. Lacheau est bien épaulé par ses deux compères, Tarek Boudali et Julien Arruti, qui continuent à me surprendre par leur aptitude à incarner des crétins ou des ahuris. (Mention spéciale à la scène avec la lunette des WC...)
Comme d'habitude, Lacheau ne respecte rien : vieux comme jeunes, hommes comme femmes, blancs comme noirs, riches comme pauvres en prennent pour leur grade... sans oublier les animaux, du chien à la colombe... alors qu'un chat se révèle de nouveau particulièrement vicieux !
Une des scènes marquantes voit le futur beau-père de Greg s'opposer violemment à un présumé cambrioleur... qui n'est autre que son futur gendre. L'affrontement dérape complètement... pour le plus grand plaisir des spectateurs ! (Signalons que, pour cette scène, Didier Bourdon a été doublé par... un catcheur !)
La salle, copieusement garnie, a ri de bon cœur. Pour être honnête, je dois reconnaître que, pas très loin de moi, dans la foule des spectateurs, j'ai bien vu un ou deux visages consternés... par ce qu'ils voyaient et parce qu'autour d'eux, on s'esclaffait de ces situations dégradantes. Fallait pas se tromper de salle, les gars !
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vendredi, 10 février 2023
L'Abîme
C'est le titre de la nouvelle mini-série de France 2, dont les deux premiers épisodes ont été diffusés mercredi dernier. L'intégralité est déjà disponible sur le site france.tv. J'ai vu les six épisodes en deux salves.
L'intrigue tourne autour d'un couple de classe moyenne aisée, Elsa et Laurent Lacaze. Elle est agent immobilier, pas très sociable et très discrète sur son passé. Lui est un architecte plutôt bien en cour, encore très amoureux de son épouse après quelque chose comme vingt ans de relation. Il est aussi très proche de leur fille unique, une adolescente un peu casse-couilles sur les bords.
La disparition d'Elsa, un matin, alors qu'elle doit conclure une importante vente, met en branle la gendarmerie locale... et va nous mener de surprise en surprise. Au moins deux meurtres sont commis... et Laurent découvre petit à petit le passé que sa femme lui a dissimulé.
J'ai accroché en raison des mystères qui enrobent l'histoire (il est aussi question d'un frère disparu, dont le corps n'a jamais été retrouvé) et de l'interprétation. Les deux héros sont incarnés par des acteurs que j'apprécie : Sara Mortensen (que j'attends avec impatience de retrouver dans Astrid et Raphaëlle) et Gil Alma (dans un rôle très différent de celui qu'il joue dans César Wagner).
Les seconds rôles bénéficient aussi d'interprètes de qualité : Hélène Seuzaret (une habituée des séries policières), Christopher Bayemi (vu récemment dans A l'instinct) et Samuel Labarthe, l'inoubliable commissaire Laurence des Petits Meurtres d'Agatha Christie.
De plus, l'intrigue est servie par un cadre superbe, une partie des Alpes-de-Haute-Provence et des Bouches-du-Rhône (pas très loin de l'étang de Berre), avec notamment l'ancienne poudrerie de Saint-Chamas.
J'ai littéralement "avalé" les trois premiers épisodes. Le suspens est bien mené, la tension bien gérée... même si deux des protagonistes parviennent un peu trop facilement à échapper aux gendarmes. Mon intérêt est retombé quand j'ai pensé avoir compris qui se cachait derrière la machination. J'avais de gros soupçons dès le quatrième épisode... et plus aucun doute au début du cinquième, le moins bon de la série.
Je trouve néanmoins que le sixième épisode conclut l'histoire de manière satisfaisante.
23:38 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, cinéma, cinema, film, films, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
L'Abîme
C'est le titre de la nouvelle mini-série de France 2, dont les deux premiers épisodes ont été diffusés mercredi dernier. L'intégralité est déjà disponible sur le site france.tv. J'ai vu les six épisodes en deux salves.
L'intrigue tourne autour d'un couple de classe moyenne aisée, Elsa et Laurent Lacaze. Elle est agent immobilier, pas très sociable et très discrète sur son passé. Lui est un architecte plutôt bien en cour, encore très amoureux de son épouse après quelque chose comme vingt ans de relation. Il est aussi très proche de leur fille unique, une adolescente un peu casse-couilles sur les bords.
La disparition d'Elsa, un matin, alors qu'elle doit conclure une importante vente, met en branle la gendarmerie locale... et va nous mener de surprise en surprise. Au moins deux meurtres sont commis... et Laurent découvre petit à petit le passé que sa femme lui a dissimulé.
J'ai accroché en raison des mystères qui enrobent l'histoire (il est aussi question d'un frère disparu, dont le corps n'a jamais été retrouvé) et de l'interprétation. Les deux héros sont incarnés par des acteurs que j'apprécie : Sara Mortensen (que j'attends avec impatience de retrouver dans Astrid et Raphaëlle) et Gil Alma (dans un rôle très différent de celui qu'il joue dans César Wagner).
Les seconds rôles bénéficient aussi d'interprètes de qualité : Hélène Seuzaret (une habituée des séries policières), Christopher Bayemi (vu récemment dans A l'instinct) et Samuel Labarthe, l'inoubliable commissaire Laurence des Petits Meurtres d'Agatha Christie.
De plus, l'intrigue est servie par un cadre superbe, une partie des Alpes-de-Haute-Provence et des Bouches-du-Rhône (pas très loin de l'étang de Berre), avec notamment l'ancienne poudrerie de Saint-Chamas.
J'ai littéralement "avalé" les trois premiers épisodes. Le suspens est bien mené, la tension bien gérée... même si deux des protagonistes parviennent un peu trop facilement à échapper aux gendarmes. Mon intérêt est retombé quand j'ai pensé avoir compris qui se cachait derrière la machination. J'avais de gros soupçons dès le quatrième épisode... et plus aucun doute au début du cinquième, le moins bon de la série.
Je trouve néanmoins que le sixième épisode conclut l'histoire de manière satisfaisante.
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jeudi, 09 février 2023
La Famille Asada
C'est l'histoire d'une famille japonaise atypique, un peu loufoque... qui existe dans la réalité. Cela commence par une veillée funèbre, celle du père, qui a transmis sa passion de la photographie à son fils cadet, Masashi.
Ce père n'est pas le personnage principal (c'est le fils), mais il a été le déclencheur. C'est en voulant réaliser le rêve d'enfance de celui-ci que le fils cadet se découvre une passion et un certain talent pour la prise de vues. Le père a renoncé à ses ambitions professionnelles pour devenir un homme au foyer. Il s'est occupé des enfants, est devenu un cuistot hors pair, permettant à son épouse de progresser dans son emploi d'infirmière (en chef).
Le début m'a fait un peu peur. J'ai craint qu'on ne s'oriente vers un portrait de famille boursouflé de civilité qui, pour un Occidental, peut passer pour de l'obséquiosité. Fort heureusement, l'humour arrive assez vite et l'on s'éloigne (un peu) de l'ambiance de politesse excessive.
J'ai beaucoup aimé la mise en scène du sens de l'autodérision de cette famille, qui se fait photographier en groupe de soulards, en yakuzas, sportifs, super-héros d'opérette, à l'hôpital... Le fils cadet devient plus sympathique quand on découvre les difficultés qu'il rencontre pour percer. Le film devient franchement touchant quand il montre les premiers clients privés de Masashi, des familles auxquelles il apporte du réconfort grâce à son art, du "trio au cerisier" jusqu'au "quatuor à l'arc-en-ciel".
Le film prend une autre dimension quand survient la catastrophe de Fukushima. Le photographe délaisse son appareil pour devenir bénévole. Faute de sauver des vies, il travaille à préserver et restaurer des milliers de clichés de famille, retrouvés par les secouristes dans les albums échoués au détour d'une rue ou dans les décombres d'une maison effondrée. Les rencontres que fait le héros sont diverses. Elles sont sources d'émotions supplémentaires, mises en scène avec retenue. (Ah, si seulement les cinéastes occidentaux retenaient cette leçon de pudeur !)
On se dirige tout doucement vers une fin qui nous ramène au début. C'est alors que survient un coup de théâtre, que je n'avais pas du tout senti venir. Il confirme que les auteurs de ce film sont bien à l'image de cette famille : farfelus !
C'est incontestablement l'un des meilleurs films de ce début d'année 2023.
19:46 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films