mercredi, 20 novembre 2024
Le Choix
C'est l'histoire d'un homme, un soir, pendant (environ) une heure, dans une voiture, dotée d'un téléphone, avec une destination précise (qu'on ne connaît pas au départ). Ce dispositif simple (simpliste diront certains) réunit (presque), de manière moderne, unité de temps, de lieu et d'action. Mais ce n'est pas une tragédie classique...
... et c'est la transposition en France, dans l'agglomération parisienne, de l'intrigue d'un film britannique, Locke (sorti en 2014), se déroulant principalement dans le Grand Londres. Parfois, la version française est un copié-collé, parfois un décalque intelligent : une entreprise allemande remplace une américaine, et Berlin, Chicago ; une Renault remplace une BMW, des ouvriers roumains des Hongrois...
A quelques (rares) reprises, la version hexagonale s'écarte légèrement du modèle anglais. Ainsi, on nous a épargné le rhume qui frappe le héros de la version britannique. Surtout, dans la VF, l'écart d'âge qui sépare deux des protagonistes n'est pas du tout le même, pour la simple raison que, dans le film d'origine, le conducteur est incarné par Tom Hardy (à une époque où celui-ci faisait d'autres choix artistiques... et gagnait beaucoup moins d'argent), alors que l'adaptation française est portée par l'interprétation de Vincent Lindon (Joseph Cross).
Si l'on met de côté quelques silhouettes entraperçues au tout début, c'est le seul acteur que l'on voit à l'écran. Il interagit avec les autres protagonistes uniquement par la voix. D'ailleurs, ce fut un plaisir d'entendre celles d'Emmanuelle Devos (l'épouse du héros) et de Grégory Gadebois (le supérieur hiérarchique de Joseph). En revanche, je trouve que Pascale Arbillot en fait trop dans le rôle de Béatrice.
Au final, l'exercice de style tient la route, dans un bel emballage (les vues nocturnes d'une autoroute puis de la périphérie de Paris). Mais cela ne va pas plus loin.
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dimanche, 17 novembre 2024
Venom - The Last Dance
Ce troisième volet vient clore une série commencée en 2018. La scénariste des premiers épisodes se trouve désormais aux manettes. Comme le film repose essentiellement sur des effets spéciaux et des scènes de dialogue parfois comiques, visuellement, on ne voit pas la différence avec les précédents.
La première partie est engageante. On retrouve l'étrange couple formé par Eddie et son symbiote à grosse voix. C'est toujours aussi cocasse. En parallèle, ce début introduit de nouveaux méchants, qui ont l'air extrêmement redoutables. On en apprend plus sur l'origine du symbiote.
La meilleure trouvaille scénaristique est de situer une partie de l'action dans la célèbre Zone 51. C'est vers elle que se dirige une famille de beatniks complotistes (dont le père est incarné par Rhys Ifans), que va rencontrer notre double héros.
Après, cela se gâte. On a visiblement voulu introduire plus d'émotion dans ce prétendu dernier épisode. (C'est donc moins violent que dans le deuxième volet.) Pour moi, cela fonctionne à moitié. Il y a aussi trop de clichés dans la représentation des scientifiques et des militaires, avec une opposition très schématique entre celle qui veut à tout prix préserver la vie extraterrestre et celui qui n'hésite pas à (faire) tuer quand il estime que la menace est trop importante. (Juno Temple et Chiwetel Ejiofor ont du mal à faire vivre leurs personnages.)
Cela nous amène à cette menace, d'origine extraterrestre. Au départ, elle constitue une nouvelle source de péripéties. Mais, très vite, on nous fait comprendre qu'elle est quasi invulnérable. (Je vous rassure : les héros vont finir par en venir à bout.) On comprend bien avant les dernières scènes comment tout cela va se terminer.
Je suis sorti de là assez mitigé.
11:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 10 novembre 2024
Transformers : le commencement
Ce film d'animation est une préquelle de la série de films sortie jadis et naguère (le dernier en 2023) sous la houlette de Michael Bay, qui demeure présent en tant que producteur. Le mélange d'acteurs réels et d'effets spéciaux numériques a donc laissé la place à un visuel entièrement composé d'images de synthèse, en général très réussies d'un point de vue formel. (Le réalisateur, Josh Cooley, est l'auteur de l'excellent Toy Story IV.)
L'objectif de cet épisode est de montrer comment quatre des protagonistes de la série ont acquis leurs pouvoirs et d'où ils sont partis. Deux d'entre eux sont à l'origine de super-potes. (C'est très surprenant quand on connaît la suite !) On a donc droit d'abord à une sorte de buddy movie, avec un duo a priori mal assorti : Orion Pax est un jeune foufou, un casse-cou ne rêvant que de gloire, tandis que D-16 est un robot studieux, respectueux des règles, plutôt introverti. J'ai trouvé malicieuse cette caractérisation, parce qu'elle implique que rien n'est écrit d'avance. Celles et ceux qui connaissent la série savent qu'Orion est destiné à devenir un leader charismatique, pondéré, tandis que D-16 va bigrement bifurquer...
Il y a aussi un arrière-plan social à cette histoire, puisque les héros sont issus de la classe inférieure des robots, celle qui n'est pas dotée d'un cog, une source d'énergie qui confère aux machines "supérieures" le pouvoir de se transformer... et une plus grande force. Les robots bas-de-gamme eux sont voués aux tâches ingrates : dans la mine ou au traitement des déchets. Nous voici donc face à une histoire très américaine, avec un p'tit gars de la base qui va faire son trou dans le monde des puissants.
Cette première partie est assez drôle, en raison des aventures rocambolesques que connaît le duo. On n'est pas loin de Rush Hour ou de L'Arme fatale... même si le déroulé de l'intrigue rappelle plutôt La Guerre des étoiles (en particulier les épisodes I et IV : La Menace fantôme et Un Nouvel espoir) : le futur élu est un outsider, qui va s'illustrer dans une course dans laquelle en théorie il n'a aucune chance et son monde bascule en raison d'une haute trahison, que personne n'a vu venir ; le tout est placé dans le cadre d'une histoire quasi mythologique, avec de prestigieux anciens, aux pouvoirs fabuleux. Cela rappelle évidemment l'univers des Jedi.
Le duo devient assez rapidement un quatuor, avec l'ajout d'un jeune crétin (l'usine à blagues du groupe, celles-ci pas toujours du meilleur goût) et d'un personnage féminin badass, Elita (doublée par Scarlett Johansson dans la VO, Audrey Fleurot dans la VF). Comme le chanterait Michel, elle a « réussi l'amalgame de l'autorité et du charme ». J'ai particulièrement aimé la scène où l'on voit cette pugnace combattante mater une bande de gros durs, façon maîtresse d'école. (Cela m'a rappelé un passage du récent A toute allure, avec Eye Haïdera "officiant" dans la seconde classe d'un avion long-courrier.)
Une fois le complot démasqué, les héros vont tenter de retourner la situation, qui semble pourtant désespérée. Comme c'est une préquelle, et que les quatre zigotos sont visibles dans les épisodes suivants, on se doute que la fin n'est pas tragique. La dernière partie est donc très prévisible et, selon moi, moins réussie sur le plan visuel : j'ai parfois eu l'impression de me retrouver devant un jeu vidéo.
Mais, comme c'est globalement bien foutu, avec une belle morale, je suis sorti de là très satisfait... en ayant attendu jusqu'au bout, l'ultime scène post-générique, qui voit naître les Decepticons.
PS
Actualité oblige, on pourrait aussi faire une lecture politique de l'intrigue et de l'utilisation des couleurs. Certes, traditionnellement, les gentils Autobots ont les yeux bleus, tandis que les méchants Decepticons ont les yeux rouges. Mais, comme le film est sorti en pleine année électorale, il m'a semblé que certains éléments n'avaient peut-être pas été choisis au hasard...
ATTENTION :
DIVULGÂCHAGES
!!!
En effet, au départ, Sentinelle, figure tutélaire des machines, est présenté comme un personnage positif, charismatique et bienveillant. C'est un progressiste, qui joue le rôle d'un guide : il définit ce qui est bien pour la communauté. On l'identifie à la couleur bleue.
Hélas, les héros finissent par découvrir que c'est un traître. Celui qui joue un rôle majeur dans cette découverte (et sa révélation ultérieure aux autres robots) est Orion Pax, un gars du peuple, pas très cultivé et du genre franc-tireur. Il est identifié à la couleur rouge.
Vous voyez où je veux en venir ? Peut-être que je surinterprète, mais je pense que des spectateurs états-uniens (en particulier républicains) de ce film pourraient y lire une métaphore de la (supposée) trahison des élites démocrates (les Bleus), accusées d'avoir abandonné le peuple, qui du coup a tendance à se tourner vers les Rouges, à savoir les républicains. Josh Cooley et ses co-scénaristes ont-ils voté Trump ?... à moins que ce ne soit plutôt Michael Bay, très anti-Biden. En tout cas, à la fin du film, le nouveau guide des Autobots, Optimus Prime, concilie les deux couleurs.
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A toute allure
Cette comédie romantique a notamment pour cadre un sous-marin tactique (nucléaire) de la marine française, dans lequel Marco, un chef de cabine (steward) impulsif s'est infiltré pour... retrouver l'élue de son cœur, Marianne, une lieutenante caractérielle et farouchement célibataire.
Au départ, rien ne destinait les deux tourtereaux à se revoir. Lui (Pio Marmaï, délicieusement farfelu) est un coureur de jupons, fêtard, entre deux ruptures avec son hôtesse de l'air préférée. Elle (Eye Haïdera, vue récemment dans Barbès, little Algérie, percutante) n'est pas du genre à s'amouracher et se complait dans l'accumulation des "coups d'un soir", lors des escales du sous-marin.
Le scénario renverse un peu les rôles traditionnels. En effet, même si c'est l'homme qui part à la poursuite de la femme, au départ, c'est lui le romantique qui doit convaincre celle qui se refuse à l'amour.
... et c'est d'autant plus difficile qu'il faut échapper à la vigilance du commandant du sous-marin, un psycho-rigide traditionaliste interprété avec charisme par José Garcia. Dans un premier temps, Marco se fait passer pour un cuistot de secours... et il s'évertue à se rendre sympathique à tout l'équipage (de manière assez savoureuse, ma foi). Évidemment, tout cela manque de réalisme... et c'est assumé.
Bien que pris par l'ambiance du film, je me demandais comment le cinéaste allait pouvoir tenir 1h25 en milieu confiné. Le scénario bascule dans la seconde partie, puisque l'intrigue sort un peu du sous-marin, avec une kyrielle de scènes roboratives. La troisième partie nous propose un nouveau basculement : la sous-marinière va, en quelque sorte, rendre la monnaie de sa pièce au steward.
C'est une petite comédie, sans prétention, qui m'a fait passer un très bon moment.
P.S.
En fond sonore, on entend la reprise d'un "tube" des années 1980, interprété (à l'époque) par Richard Cocciante.
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samedi, 09 novembre 2024
Croquette, le chat merveilleux
C'est une animation britannique (regardez où se trouve le volant, dans les véhicules), destinée davantage aux enfants qu'aux parents. Le héros est, au départ, un chaton abandonné, qui est recueilli par Rose, une jeune chercheuse spécialisée dans les abeilles. Malheureusement pour Croquette, qui pense avoir trouvé le foyer idéal, il épuise très vite les dernières de ses neuf vies.
Coup de bol pour lui : au paradis des chats, on lui donne une seconde chance. Il va donc retourner sur Terre, pour neuf vies supplémentaires... mais pas sous la même forme. Il sera successivement :
un blaireau
un rat
un cafard
un perroquet
un chien
un poisson
un cheval
une abeille
Si vous avez bien compté, cela fait huit réincarnations. Je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir la neuvième.
C'est souvent drôle, soit au détriment de Croquette (auquel il arrive de cocasses aventures), soit au détriment de l'un des humains qu'il croise : le directeur de recherches de Rose ou le compagnon de celle-ci, un djeunse prénommé Larry, très satisfait de lui mais pas très porté sur l'hygiène corporelle. (J'ai trouvé ce personnage particulièrement agaçant, même s'il s'améliore au cours de l'histoire.)
Ces réincarnations sont aussi pour Croquette l'occasion de changer sur le plan moral. Le matou gâté pourri par sa maîtresse, très égoïste, doit faire preuve d'altruisme. Le message à destination de la jeunesse est donc positif, puisqu'on peut légitimement penser que c'est au chat que les enfants vont s'identifier.
Sur le fond, le propos est teinté d'écologie. La chercheuse veut lutter contre l'effondrement des colonies d'insectes, alors qu'un autre protagoniste souhaite son échec pour promouvoir sa solution biotechnologique... bien plus rémunératrice.
Toutefois, au niveau de la caractérisation des personnages, deux éléments m'ont gêné. Le premier concerne Larry. Je pense qu'il correspond à l'image du jeune homme moderne "cool" dans la tête des animateurs (sans doute majoritairement de sexe masculin). On présume que la jolie, gentille et travailleuse chercheuse doit s'accommoder des défauts de Larry pour en faire son compagnon. Même si celui-ci évolue dans le bon sens (et accepte son chat), c'est surtout la jeune femme qui s'adapte à lui.
L'autre élément gênant concerne le méchant de l'histoire, qui avance masqué... mais que les adultes n'auront aucune peine à repérer. On finit par découvrir qu'il fut un élève victime de moqueries, voire de harcèlement. Il a jadis été mis à l'écart et veut prendre une revanche sur la vie. Je ne suis pas certain que ce portrait psychologique corresponde au profil des prédateurs de la planète.
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vendredi, 08 novembre 2024
The Substance
Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, ce film états-unien a été réalisé par une Française, Coralie Fargeat, qui en est aussi la scénariste. L'intrigue mêle la science-fiction à l'étude sociétale et au gore.
Dans un avenir proche, il devient possible de vivre en symbiose avec un clone de soi, plus jeune, en alternance une semaine sur deux. Cette possibilité semble être proposée à des personnes vieillissantes, ou qui se considèrent comme telles. Pour que l'alternance fonctionne, il faut suivre des règles draconiennes... que bien évidemment les clients finissent par ne plus respecter.
Un questionnement féminin (mais qui peut aussi concerner les hommes) est au cœur de l'histoire : passé un certain âge, est-on encore "bonne" à quelque chose ? Doit-on se résigner à vieillir ? Fargeat prend pour exemple le monde du spectacle, à travers l'animatrice d'une émission télévisée dédiée au bien-être, mais, au cours du film, d'autres personnages, annexes, sont montrés comme étant eux aussi victimes d'une sorte de dictature de l'apparence.
Dans le rôle d'Elisabeth Sparkle, Demi Moore est excellente. D'abord présentée comme une quinqua sexy, elle apparaît très vite (filmée en très gros plan) comme une femme certes séduisante, mais sur le corps de laquelle les effets de l'âge se font cruellement sentir. De la part d'une comédienne qui a longtemps été une icône de beauté (et qui a eu -discrètement- recours à la chirurgie esthétique), c'est assez courageux.
Son clone jeune (Sue) est incarné par Margareth Qualley, qu'on a beaucoup vue ces derniers temps, dans Drive-away Dolls (pas son meilleur rôle), Pauvres Créatures et Kinds of kindness. Ce personnage est filmé de manière extrêmement suggestive. Si cela avait été fait par un homme, je pense que la vision transmise aurait suscité des remarques critiques. En effet, si le projet est de dénoncer l'exploitation du corps des femmes, le résultat est très complaisant avec leur représentation hypersexualisée. La cinéaste semble, comme son personnage principal, fascinée par les corps féminins voluptueux, minces et fermes. Sa mise en scène, loin de susciter un regard critique, à mon avis, conforte l'idée qu'être jeune et bien gaulée est ce qu'il y a de mieux pour une femme. C'est tout de même gênant, vu le projet de départ.
Le même regard complaisant est à l’œuvre dans la partie gore de l'intrigue. Cela se sent dès la "naissance" du clone, qui n'est pas créé en laboratoire, mais à l'issue d'une sorte de mue... totalement invraisemblable : l'enveloppe d'origine (humaine) libère un nouvel être... et conserve toute sa capacité à faire revivre l'individu d'origine !
D'autres péripéties me sont apparues tout aussi farfelues. Ainsi, le personnage d'Elisabeth, qu'on voit à un moment dans la quasi-impossibilité de marcher, retrouve soudainement toute sa vigueur pour transporter un corps. De la même manière, Sue, à qui l'on a inséré les trois quarts d'une dose de potion létale, parvient à se réveiller pour, quasi immédiatement, se lancer dans une bagarre démentielle... Je pourrais aussi ajouter l'absence d'allusion au moindre paiement (pour la procédure de clonage), tout comme la disparition de la femme de ménage d'Elisabeth, dès que celle-ci s'engage dans sa dangereuse démarche. Cette absence sert (miraculeusement) le déroulement de l'intrigue, mais elle n'est pas expliquée.
... et pourtant, concernant cette femme de ménage, il y a une scène très signifiante, quand on la voit travailler dans le superbe appartement de la vedette de télévision, tandis que celle-ci découvre dans le journal qu'on cherche à la remplacer. Alors que la riche quinquagénaire, encore sexy, se désole de sa situation, elle ne voit pas la femme plus grosse, au visage mois attirant, effectuer un travail beaucoup moins rémunéré que le sien, auquel elle se consacre sans doute depuis des années. Je m'attendais à ce que le film explore cette inégalité de classe... eh ben non. On reste au niveau de ce qu'on appelle parfois le "féminisme à paillettes".
S'ajoute à cela le fait que, pour développer son histoire, la scénariste a besoin que ses personnages principaux se comportent comme des imbéciles. C'est une faiblesse que l'on trouve dans nombre de films d'horreur, qui ont visiblement inspiré Coralie Fargeat. Ceci dit, je dois reconnaître que certaines scènes gores sont bien conçues, notamment celles situées vers la fin. Mais cet incontestable savoir-faire, qui s'appuie sur un montage efficace et des décors bien choisis, ne suffit pas, pour moi, à sauver un film un peu trop cliché et un peu trop "clipesque".
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vendredi, 01 novembre 2024
Bambi
Il s'agit d'un film en prises de vue réelles... mais ce n'est pas Disney qui en est à l'origine, malgré la tendance, ces dernières années, à retourner les classiques de l'animation avec de véritables acteurs (par exemple, Dumbo, ou Le Livre de la Jungle).
En France, le lancement de ce faux documentaire a beaucoup misé sur la présence de Mylène Farmer (au commentaire). Les cinéphiles seront peut-être plus intéressés d'apprendre que le réalisateur, Michel Fessler, s'est d'abord fait connaître en tant que scénariste, sur des documentaires-fictions comme L'Odyssée de l'espèce, Le Sacre de l'Homme, AO. Il a aussi participé à l'aventure de La Marche de l'empereur et du Chêne (deux œuvres remarquables).
Ici, l'histoire du roman de Felix Salten est traitée sous la forme documentaire. On y voit bien l'enfance de Bambi, la découverte de son environnement, la rencontre d'un lapin, d'oiseaux divers, d'un raton laveur (un sacré numéro, celui-là)... et les conséquences de la présence humaine (systématiquement négatives).
Outre le remplacement de l'animation par des images réelles, la principale différence est qu'ici les animaux ne parlent pas. Le commentaire, la mise en scène (les animaux ayant été soit filmés dans leur milieu naturel, soit "guidés"... ce qui n'a pas plu à tout le monde) et le montage construisent l'histoire, celle de la naissance, des apprentissages et des débuts de la vie d'adulte du faon.
Comme chez Disney, on a un peu édulcoré ce qui est montré à l'écran : on ne voit pas la mise-bas (juste la biche avant et le faon à peine né), pas plus que la mort de la mère (suggérée par les sons et la réaction des autres personnages). Comme chez Disney, la représentation des comportements animaux est anthropomorphisée, même si le procédé de filmage renforce l'impression de réalisme.
Du coup, je suis sorti de là partagé : la qualité des images est indéniable, mais l'histoire (trop soulignée par la musique) est clairement destinée aux enfants.
P.S.
A l'occasion de cette sortie, j'ai appris que le roman d'origine a été censuré par les nazis, qui y ont vu une dénonciation déguisée de l'antisémitisme.
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jeudi, 31 octobre 2024
Juré n°2
Quatre ans après un excellent "film de droite" (Le Cas Richard Jewell), Clint Eastwood est de retour en Géorgie (État qui a mis en place une avantageuse politique d'incitations financières en faveur du cinéma).
Ici encore, il va être question d'un individu lambda, un petit Blanc de la classe moyenne, qui risque d'être "broyé par le Système". On a donc droit à une sorte de variation sur le même thème, incluant un dilemme moral, le genre de question délicate que notre bon vieux Clint aime se coltiner.
A la base, on nous propose un nouveau film de procès, de la constitution du jury au verdict final, en passant par les à-côtés (en particulier les débats au sein du jury). Les cinéphiles penseront inévitablement à Douze Hommes en colère, de Sidney Lumet. Cette impression sera accentuée par le résultat du premier vote au sein du groupe de jurés : 2 contre 10, le héros étant évidemment l'un des deux "moutons noirs", qui va tenter de convaincre les autres...
... sauf qu'ici il n'est pas motivé par le seul souci de justice. Il est directement concerné par cette affaire, sans que quiconque le sache au sein du tribunal. Eastwood pimente donc le polar judiciaire et s'éloigne ensuite de son auguste aîné pour traiter l'intrigue à sa manière.
Au cœur de celle-ci se trouve un dilemme moral : le juré n°2 (Nicholas Hoult, ma foi plutôt bon) doit-il révéler ce qu'il sait, même si cela doit l'incriminer ? Est-il certain de ce qu'il a vu le soir de la mort de Kendall Carter (interprétée par une certaine Francesca Eastwood... eh oui, Fifille !) ?
En attendant de résoudre ce problème éthique, Eastwood nous fait découvrir une galerie de personnages assez bien caractérisés. Le jury est multiethnique et le réalisateur joue avec les préjugés que les spectateurs pourraient avoir sur certains personnages. Par exemple, que cache l'acrimonie visible entre un juré noir et un juré blanc ? Pourquoi le retraité de la bande semble-t-il en savoir plus que les autres ? Les jeunes et certaines femmes très apprêtées sont-ils aussi superficiels qu'on pourrait le croire ?
Le procès est aussi le lieu de l'affrontement entre deux anciens camarades d'études (qui furent peut-être un peu plus que cela...) : l'avocat commis d'office et la procureure. Le premier (Chris Messina) apparaît comme un juriste compatissant, la seconde (Toni Collette, formidable malgré ses tailleurs pantalons portés avec des talons hauts) nous est présentée comme une ambitieuse, très rigide. A travers elle, Eastwood règle-t-il quelques comptes personnels ? La vision est cependant plus nuancée que ce qui transparaissait dans Le Cas Richard Jewell. Certes, la procureure est en campagne (peut-être pour devenir State Attorney, en gros la cheffe du Parquet de l’État de Géorgie), mais son ambition doit tout de même se plier aux impératifs de sa fonction. Elle fait passer le procès avant sa campagne et, quand un doute émerge, elle est prête à se remettre en question et à relancer l'enquête. Loin de la caricature, Eastwood réussit son principal personnage féminin, d'une épaisseur inattendue.
C'est le cas aussi de l'épouse du héros, une professeure des écoles en congé maternité (elle est sur le point d'accoucher). Au cours du film, on apprend que l'histoire de ce couple est plus complexe que ce qu'il semble de prime abord. Le héros lui-même a un passé (que l'on ne tarde pas à découvrir), les révélations concernant le couple étant distillées au cours de l'intrigue.
Les interactions entre les membres du jury révèlent aussi certains présupposés eastwoodiens. Des citoyens ordinaires, avec leurs compétences respectives et leur intégrité, font mieux le job que les professionnels impliqués dans l'affaire : des policiers pressés d'arrêter le premier suspect venu, une procureure incitée à rapidement conclure un procès qui peut lui servir personnellement et un médecin légiste qui enchaîne les autopsies, quitte à relâcher sa vigilance.
Le dilemme moral est particulièrement crucial à la fin, y compris après l'énoncé du verdict. Une scène montre deux personnages assis côte à côté, sur un banc. La question à propos de laquelle leurs avis divergent est la suivante : la justice est-elle la vérité ? Derrière ce questionnement se trouve évidemment Eastwood le libertarien, pour lequel la défense des droits individuels doit primer sur l'application stricte de la loi, pourtant censée protéger ces mêmes droits. Néanmoins, le film ne se conclut pas de manière tranchée, puisque la toute dernière scène laisse la porte ouverte à (au moins) deux interprétations.
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mercredi, 30 octobre 2024
Monsieur Aznavour
Et c'est parti pour un biopic à la française, consacré à celui qu'on a parfois considéré comme "le Sinatra français". L'hommage est rendu par deux personnes qu'on pourrait penser plus proches des "musiques urbaines" que de la variété traditionnelle : Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Ce serait méconnaître les points communs entre le crooner français et certains rappeurs contemporains : une ascendance immigrée, une jeunesse modeste voire pauvre, des débuts artistiques critiqués, une forte envie de reconnaissance et un certain goût pour les achats dispendieux, voire clinquants. Concernant Grand Corps Malade, il faudrait ajouter l'amour de la langue française et un talent indéniable pour la manier.
Pour incarner celui qui fut une star internationale, Tahar Rahim a cherché le plus possible à se faire oublier derrière le personnage. On peut admirer les efforts... tout en constatant que cela se voit trop. Quasiment à chaque scène, on a l'impression que l'acteur nous dit : « Admirez ma performance. » Du coup, cet aspect-là m'a laissé plutôt froid, d'autant plus que, durant la première heure, Tahar Rahim se fait voler la vedette par... elle
Marie-Julie Baup (vue ces dernières années dans Délicieux et L'Esprit de famille) étincelle en Édith Piaf... et la production s'en est peut-être rendu compte, puisque ce personnage est totalement passé sous silence à partir du moment où Aznavour tente de prendre seul son envol.
C'est pourtant cette première heure qui m'a le plus intéressé. Grâce à des retours en arrière, on revit l'enfance pauvre (mais pleine de chaleur humaine) de la famille (arménienne) Aznavourian. On suit plus tard le jeune Charles pendant l'Occupation, pendant qu'un autre génocide est à l’œuvre. Ce n'est pas toujours très bien joué, la mise en scène est parfois plan-plan mais, grosso modo, jusqu'à l'épisode québécois (inclus), il se passe quelque chose.
Après, le film s'enlise. Pourtant, il est servi par les chansons les plus connues de l'artiste, mais le déroulé de sa vie, pourtant riche en péripéties, manque de saveur. Rahim cabotine toujours autant et, autour de lui, l'ambiance a comme un air de déjà-vu.
Du coup, on sent bien les 2h15. Pour moi, l'émotion a du mal à passer, sauf quand les succès d'Aznavour sont intégrés à l'intrigue.
P.S.
J'ai au moins appris un truc pendant la vision de ce film : la reprise (en sample) du titre Parce que tu crois par un certain... Dr Dre. D'autres artistes a priori éloignés de l'univers d'Aznavour se sont inspirés de ses chansons, comme on a pu l'entendre récemment sur France Inter.
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mardi, 29 octobre 2024
Challenger
Ce film de boxe est une comédie douce-amère, au centre de laquelle se trouve une sorte de Rocky Balboa picard, un boxeur amateur qui n'a jamais perdu un combat... sans en avoir gagné aucun ! En effet, dans la vie comme sur un ring, Luka Sanchez (Alban Ivanov, épatant) a la faculté de savoir encaisser un max, la plupart du temps sans rendre de coup... et pourtant, il a une sacrée gauche (une "fausse patte" qui n'est pas sans rappeler celle de Rocky, dans le premier film de la franchise).
Cela commence comme le portrait d'un loser sympathique, commis de cuisine dans un restaurant quelconque, moqué par ses collègues, méprisé par sa patronne. Il n'y a guère que son amie Stéphanie (Audrey Pirault, extra !) pour le supporter... dans tous les sens du terme : opératrice de centre d'appel, fan de boxe et gameuse de choc, elle joue le rôle de manageuse pour un pugiliste que (presque) personne ne cherche à affronter. Le premier combat organisé se révèle une belle surprise !
Mais, heureusement pour Luka, le destin va (enfin) croiser sa route. Dans sa région évolue un pro qui ambitionne un jour de défier le champion d'Europe. Ce pro est un gros blaireau (façon footeux arrogant ou rappeur bling bling), coaché par un duo de pieds-nickelés qui mérite le détour : Soso Maness et David Salles. Le trio qu'ils forment est joyeusement pathétique.
Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Luka se retrouve propulsé au premier plan de l'actualité, défiant le champion d'Europe qui, jusqu'à présent, a remporté tous ses combats par KO.
La célébrité toute neuve de notre héros est l'occasion pour le réalisateur (Varante Soudjian) de brocarder certains des travers contemporains : la quête effrénée de vedettariat, le rôle des influenceuses, l'appât du gain... et un certain goût pour les fringues moches et voyantes.
Cette seconde partie n'est pas traitée que sur le mode de la dérision. Luka va vraiment s'entraîner pour le match, sous la houlette de l'ancien adversaire de son père, un ex-champion complètement psychopathe, incarné avec une évidente gourmandise par Moussa Maaskri. Dans le même temps, on se pose des questions sur la relation entre Luka et sa manageuse.
L'apogée est atteint lors du combat final, filmé avec un incontestable savoir-faire et un grand souci de réalisme. Face à Luka/Alban se trouve le redoutable Joshua, incarné par Jonas Dinal, à l'impressionnante musculature. Certains spectateurs seront surpris d'apprendre qu'il n'est pas un boxeur recruté spécialement pour ce rôle, mais un authentique acteur, qui a suivi un entraînement draconien (tout comme Ivanov, d'ailleurs).
Cette "petite" comédie est une excellente surprise.
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dimanche, 27 octobre 2024
Barbès, little Algérie
Cette fiction à caractère autobiographique a pour cadre un quartier du nord de Paris (essentiellement dans le XVIIIe arrondissement), quartier qui porte le nom d'un militant républicain du XIXe siècle, Armand Barbès. Pour les touristes et les Provinciaux de passage, le nom Barbès évoque surtout une station de métro : Barbès-Rochechouart. Le quartier est réputé multi-ethnique, à tel point que, lorsque, comme l'auteur de ces lignes, il vous est arrivé, il y a des années de cela, de vous balader dans les rues proches de la station de métro, il a fallu attendre longtemps avant de croiser une autre personne "blanche" !
Dans la première partie, le réalisateur veut mettre en valeur cette diversité (de moins en moins maghrébine, de plus en plus subsaharienne, à ce qu'on m'a dit). Il le fait de manière très maladroite, avec des acteurs visiblement souvent non-professionnels... et ça se sent (en particulier au niveau de l'interprète principal). De ce naufrage je sauverai toutefois Adila Bendimerad (qui incarne une commerçante au caractère affirmé), Eye Haïdara (dans le rôle d'une mère de famille indépendante) et Khaled Benaissa (qui interprète Préfecture, sorte de Huggy-les-bons-tuyaux franco-algérien).
Sur le fond, je suis aussi très partagé. La première demi-heure est clairement marquée par une ambiance anti-flics. Français d'ascendance africaine, étrangers en situation régulière et immigrés clandestins sont (presque) tous montrés comme victimes de violences policières. Il est vrai que les forces de l'ordre n'ont pas la tâche facile : poursuivre les auteurs de vol, lutter contre le trafic de drogues... et faire respecter horaires de confinement et port du masque (ambiance covid).
C'est dans ce domaine que la mise en scène est particulièrement farfelue : les personnages portent ou pas de masque, pratiquent ou pas les fameux gestes barrières, parfois lors de la même scène, sans que leur comportement obéisse à la moindre logique. Il y a clairement défaillance au niveau de la direction d'acteurs.
Toutefois, je trouve qu'au fur et à mesure que le film avance, le propos s'affine. Le héros, qui, au début, cherche à se procurer rapidement de quoi s'adonner à la fumette, finit par éviter le petit monde des trafiquants. Il est montré par le réalisateur comme un homme cherchant à faire le bien, un "bon musulman". Je commençais à redouter que cela ne tourne au conte de fées... lorsqu'une rupture de ton est intervenue. Elle a beau être assez mal jouée, elle redonne du tonus à l'intrigue et de la profondeur à ce portrait de quartier.
Au final, c'est tout de même décevant. Les belles idées ont besoin de qualités professionnelles pour donner de bons films.
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dimanche, 20 octobre 2024
The Apprentice
Le titre de ce demi-biopic de Donald Trump fait allusion à quelque chose qu'on ne verra pas dans ce film : la période (2004-2015) durant laquelle il a animé une émission de télé-réalité, au cours de laquelle il s'est rendu célèbre par la formule : « You're fired ! » (Vous êtes viré !).
En revanche, on suit bien les débuts du fils d'un magnat de l'immobilier, dans les années 1970-1980. C'est une sorte de roman de formation, qui voit un gosse de riche, au départ timide et plutôt respectueux des règles, devenir un requin des affaires. Dans le rôle de Trump, Sebastian Stan (le Soldat de l'hiver chez Captain America) est assez convaincant... moins toutefois que le vrai Trump, qui est lui-même acteur de sa vie. Pas facile d'imiter le modèle sans le caricaturer.
La véritable révélation (dans tous les sens du terme) de ce long-métrage est Jeremy Strong, qui incarne Roy Cohn, considéré comme le mentor -je dirais même le Pygmalion- de Trump : il l'a façonné, avec un mélange de rudesse et de tendresse (une tendresse plus sentimentale que paternelle, Cohn étant homosexuel).
La première partie est pour moi la plus intéressante, bien que la moins spectaculaire : on y découvre un Donald Trump Jr emprunté, cherchant à se faire un prénom. Son père avait d'abord misé sur son frère aîné, qui l'a déçu. Lui-même n'avait au départ rien d'un entrepreneur charismatique. Ne se droguant pas, ne buvant pas d'alcool, croyant au grand amour, respectant la loi, le jeune homme ne ressemble guère moralement à celui qui est devenu, des années plus tard, président des États-Unis. La manière dont l'avocat véreux, ami de la Mafia, à l'occasion maître-chanteur, va lancer la carrière de Trump est fort bien mise en scène (par l'auteur des Nuits de Mashhad)... et ruine la légende que ce dernier a tenté d'imposer. Si le gosse de riche est devenu multi-millionnaire, c'est en mentant, en trichant, en corrompant, en trahissant voire en volant.
L'autre facette intéressante de cette première partie est la formation du couple qu'il forme avec Ivana, très bien interprétée par Maria Bakalova. Elle est certes très belle, mais elle tranche sur le profil classique des chasseuses de mari riche : elle compte mener sa propre carrière et veut conclure un mariage d'amour. Les débuts sont filmés comme une comédie romantique, avant que les choses ne se gâtent.
C'est d'ailleurs au sein de la relation de couple que le renversement se fait sentir en premier. A la flamme des débuts a succédé une relation de convenance, qui vire au sordide lors de la scène de viol conjugal.
A partir de ce moment, on comprend que, non seulement l'élève n'a plus besoin du maître, mais qu'il l'a dépassé, tout comme il avait auparavant pris le dessus sur son frère aîné puis sur son propre père, dont il estime avoir éclipsé le succès.
Je trouve néanmoins que la peinture du Trump triomphant est moins novatrice que celle du débutant. J'aurais aimé quelque chose de plus cinglant : je pense que des partisans de Trump pourraient apprécier ce film, qui retrace la success story d'un winner sans scrupule, qui obtient l'argent, les jolies femmes et la célébrité, en attendant le pouvoir.
23:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 19 octobre 2024
Megalopolis
Le titre est un peu ambigu. De prime abord, il désigne New Rome, le projet ambitieux (démesuré ?) d'un architecte démiurge... mais il s'applique tout aussi bien à l'actuelle ville de New York et, par métonymie, à l'ensemble des États-Unis. Francis Ford Coppola se demande si son pays, celui de la liberté et de la créativité, n'est pas sur le point de sombrer sous le poids des manigances politiques et de l'appât du gain.
Pour sa démonstration, il compare New York à la Rome antique, pas celle du Bas Empire, réputé décadent, mais celle de la République finissante, qui vit se côtoyer Jules César, Crassus, Cicéron, Catilina ou encore Clodius Pulcher. Négligeant toute vraisemblance historique, Coppola réattribue les noms à sa guise, allant jusqu'à fusionner César et Catilina (pour en faire son héros).
En outre, le cinéaste cède à son péché mignon : faire de belles images. Du coup, l'aspect dénonciateur passe au second plan, enseveli sous les paillettes et les évolutions de personnages féminins à la cuisse légère...ment vêtue. (L'hyper-sexualisation de ces charmantes jeunes femmes n'a visiblement posé aucun problème à la critique bien-pensante.)
En gros, voici le tableau : un conflit éclate entre le maire de New York et l'architecte visionnaire. Le premier (incarné par Giancarlo Esposito, sorte de Morgan Freeman d'occasion) est un politique à l'ancienne, qui compose avec le système, accepte la corruption, tout en cherchant à améliorer la vie quotidienne de ses concitoyens. Le second (interprété par Adam Driver, qui semble parfois se demander ce qu'il est venu faire ici) veut renverser la table et créer une ville totalement nouvelle, futuriste, quitte à déloger les habitants modestes. Il est soutenu par un banquier philanthrope (Jon Voight, qui fait peine à voir).
A la fois dans l'ombre et sous les projecteurs (côté paillettes), Clodio Pulcher profite de la life et attend son tour. Shia LaBeouf fait bien le job, je trouve.
Les personnages féminins ont davantage retenu mon attention. La plus intéressante est sans conteste Wow Platinum, une vipère arriviste, prête à vraiment tout pour arriver à ses fins. (Très bonne prestation d'Aubrey Plaza qui, de surcroît, n'est pas désagréable à regarder.) Elle croise la route de la fille du maire, Julia, qui se cherche, tant sexuellement que politiquement. Dans la première moitié du film, ce personnage est vraiment intéressant (parce qu'il fait preuve d'indépendance) ; par la suite, Julia passe au second plan, s'affadit.
Je trouve que globalement, la caractérisation des personnages ne permet pas de réellement s'attacher à eux. Leurs interactions manquent de naturel, les dialogues étant de surcroît trop explicatifs ou démonstratifs. Résultat : on s'ennuie devant ce qui est censé être un tableau de maître, mais ressemble à de l'art pompier.
20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 18 octobre 2024
Le Robot sauvage
Ce robot est en fait une robote (Rose), échouée sur une île peuplée d'animaux sauvages, avec lesquels elle va s'évertuer à sympathiser. Pas facile quand (au début du moins) on ne comprend pas leur langage et quand on est considérée comme un monstre menaçant.
Cette amorce est particulièrement emballante, avec beaucoup de traits d'humour, destinés à la fois aux adultes et aux enfants. C'est l'une des grandes réussites de ce film d'animation que d'avoir construit une histoire à la fois limpide et complexe, accessible à différents publics.
Techniquement, c'est d'une qualité impressionnante... et c'est encore plus apparent quand, comme moi, on a vu le film sur un très grand écran. Les mouvements des animaux sauvages sont d'une incroyable fluidité, alors que ceux que la robote, moins naturels, plus élaborés, sont parfois sources de gags. (Le réalisateur, Chris Sanders, est l'auteur des Croods et de L'Appel de la forêt.) J'ai aussi été très sensible aux couleurs, à la luminosité. Le film sollicite chez son public sa capacité d'émerveillement. Ce n'est pas si fréquent.
De plus, l'histoire n'est pas cucul-la-praline. Il est certes question d'amour, d'amitié, d'entraide, d'inadaptation, de parentalité, des éléments basiques mais intégrés de manière habile à l'intrigue. Cerise sur le gâteau : si la nature est magnifiée par les images, elle est bien représentée comme cruelle. Le souci d'un certain réalisme l'a emporté sur le politiquement correct à la Disney. (Ça tombe bien : on est chez DreamWorks.)
On rit (surtout dans la première partie), on profite des péripéties... et l'on s'émeut aussi (plutôt dans la seconde partie). Je n'ai pas la larme facile, mais, franchement, ce film m'a pris aux tripes. C'est un formidable vent de fraîcheur dans un océan de productions trop aseptisées. De surcroît, la version française est excellente, avec notamment Sara Martins dans le rôle de la robote.
21:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 13 octobre 2024
L'Heureuse Elue
Cette comédie sociétale est signée Frank Bellocq, le Franki Ki de Groland, connu pour être le créateur de la série Soda. On sait donc dès le départ que le raffinement ne risque pas d'être la qualité majeure de ce film.
On semble avoir beaucoup misé sur l'interprète principale, Camille Lellouche, qui incarne une sorte de virago qui jure comme un charretier. Fiona est d'origine populaire, ex-apprentie coiffeuse devenue chauffeuse VTC. Sa rencontre avec un beau gosse de riches va produire des étincelles.
Celui-ci est incarné par Lionel Erdogan, sorte d'Ashton Kutcher à la française. Benoît s'est mis dans une situation inextricable, dont il pense pouvoir se sortir en dupant ses parents ; il fait passer Fiona pour sa fiancée, espérant ainsi récupérer au passage le financement du mariage.
L'histoire est bien lancée, avec les (gros) problèmes de Benoît et sa quête de fiancée de location (Fiona n'étant pas son premier choix). Le réalisateur mise sur l'effet de contraste : entre la prolo cash, qui jure, qui rote, qui pète (et qui vomit), et la famille de Benoît, des grands bourgeois coincés en vacances à Marrakech, cela ne peut que mal se passer.
Mais la petite Cendrillon des cités réserve quelques surprises. Elle semble (presque) capable de se faire passer pour un mannequin, à tout le moins pour une personne distinguée. Son tempérament pourrait aussi se révéler utile pour résoudre certains problèmes familiaux.
En face, la distribution est de qualité : Michèle Laroque, Gérard Darmon, Clémence Bretécher et Amaury de Crayencour ont parfaitement endossé leur costume. La première incarne une cheffe d'entreprise qui mène sa famille à la baguette. Le second est un époux et père aimant, pas emballé par le régime qu'on lui fait subir. La troisième est une petite vipère et le quatrième un connard de première. On est dans la caricature, mais bien faite, je trouve.
Sans surprise, le séjour à Marrakech ne va pas se passer comme prévu. A plusieurs reprises, cela dérape... et l'on rit.
Comme cette comédie se veut familiale, la peinture ironique des protagonistes se teinte de tendresse. Au cours de ce week-end, ils vont tous (plus ou moins) s'amender, grâce notamment à Fiona, qui, sous ses airs de poissonnière, est une jeune femme honnête au grand cœur.
Cela dure à peine 1h30 et l'on passe un bon moment.
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samedi, 12 octobre 2024
Quand vient l'automne
Un an et demi après le pétillant Mon Crime, François Ozon revient avec une chronique sociale provinciale, qui vire au thriller.
On nous présente d'abord la vie quotidienne de deux mamies d'une petite ville de Bourgogne, Michelle et Marie-Claude, chacune mère d'un enfant, la première ayant un petit-fils qu'elle adore et qu'elle accueille pour les vacances scolaires. Le début a un petit côté téléfilm policier du samedi soir sur France 3... mais, comme on est chez Ozon, on se doute bien que la surface, lisse en apparence, masque des mouvements de fond. (La scène introductive est un indice.)
Un premier pic de tension surgit à cause d'une histoire de champignons, mais c'est un événement parisien qui, apparemment, fait déraper l'histoire. Il est l'occasion pour les spectateurs de découvrir le passé de deux des personnages. Cela donne une profondeur supplémentaire au début et permet de mieux comprendre les relations entre une mère et sa fille.
Mais, attention... celles et ceux qui croiront avoir tout saisi risquent d'être surpris par la suite. Les circonstances dans lesquelles un bar est ouvert et la manière dont un problème de harcèlement scolaire est géré nous invitent à nous poser des questions sur ce que nous avons vu depuis une bonne heure. Les choses s'arrangent-elles par accident ? Le personnage de Michelle (Hélène Vincent, césarisable) est-il aussi cristallin qu'il le semble ? Aux eaux faussement calmes du début a succédé une nouvelle surface lisse, peut-être aussi trompeuse. Ozon a la malice de ne pas trancher, nous laissant sur notre faim... ou libres de nos interprétations.
Les comédiens sont très bons. Aux côtés d'Hélène Vincent, on trouve notamment Josiane Balasko, Pierre Lottin et Sophie Guillemin, celle-ci incarnant une policière à qui on ne la fait pas.
Je pourrais m'arrêter là et laisser un billet quasi dithyrambique, mais je dois quand même signaler quelques défauts. Le premier est l'introduction de visons (celle de Michelle), que j'ai trouvées totalement déplacées. Officiellement, elles sont justifiées par les prémices de la maladie qui touche le personnage principal. Officieusement, elle font sans doute écho à un sentiment de culpabilité. Mais je n'ai pas du tout été convaincu. Il me semble avoir aussi repéré une incohérente scénaristique. Dans l'un des dialogues du début, Valérie (la fille de Michelle, qui a fui la région des années auparavant pour une raison au départ inconnue) reproche à sa mère l'indulgence dont elle fait preuve vis-à-vis de Vincent (le fils de Marie-Claude, emprisonné) et d'avoir oublié ce qu'il lui aurait fait, des années auparavant. Or, plus tard dans l'intrigue, le jeune homme se rend chez Valérie qui, dans un premier temps, ne le reconnaît pas, avant de le laisser entrer chez elle, en dépit de ce qu'elle a auparavant déclaré penser de lui. Cette séquence est capitale pour le film, mais je pense qu'il aurait fallu revoir les dialogues d'une des scènes du début. Cela ne me paraît pas cohérent.
Ces réserves mises à part, on passe un très bon moment, en compagnie d'acteurs de talent, baignés dans une intrigue faussement banale, qui n'a toutefois pas le mordant de certains des précédents films d'Ozon.
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vendredi, 11 octobre 2024
Les Graines du figuier sauvage
Le nouveau film de Mohammad Rasoulov commence par deux scènes qui donnent le ton de son histoire. La première montre principalement des mains, avec une arme et des munitions. Il s'agit du pistolet remis au magistrat nouvellement promu à une fonction qui risque de lui valoir l'animosité de nombre de ses concitoyens. La seconde scène est un plan large d'une zone rurale, montagneuse, la nuit, avec un véhicule en mouvement. Il ne se passe pratiquement rien, mais c'est superbe. J'ai donc retrouvé avec plaisir le réalisateur d'Un Homme intègre, dont le talent transpire du début à la fin, dans le village troglodyte abandonné.
La première partie (qui dure, en gros, 1h20) est pour moi la plus forte. Elle montre l'émergence du conflit de générations, entre le père et ses filles. Le premier est rigoriste, rouage du régime des mollahs, tout en étant très amoureux de son épouse et attaché à sa progéniture. Il perçoit les manifestant(e)s comme des extrémistes, des dépravé(e)s. Ses filles, d'apparence plutôt sage, prennent fait et cause pour celles et ceux qui considèrent Mahsa Amini comme leur étendard.
Cette partie culmine lorsque la meilleure amie de la fille aînée, étudiante, revient se réfugier dans l'appartement occupé par la famille des deux sœurs. Pendant quelques minutes, quelque chose est filmé en gros plan. C'est à la limite du soutenable, mais c'est à mon avis parfaitement justifié... et nécessaire.
Entre le père et les deux filles, la mère se retrouve coincée. Aussi pieuse que son époux, elle comprend néanmoins les aspirations de ses filles. Concilier les deux devient de plus en plus difficile, ce que réussit parfaitement à faire passer Soheila Golestani, l'interprète tout en subtilité de cette mère conservatrice. Je suis moins convaincu par les actrices qui incarnent les deux filles, non pas parce qu'elles seraient sans talent, mais parce qu'elles m'ont semblé un peu vieilles pour leurs rôles. En dépit du maquillage et de la manière dont elle est coiffée, dans certains plans, l'aînée paraît à peine moins âgée que sa mère. Quant à la seconde, du début à la fin, elle fait nettement plus vieille qu'une collégienne de 14-15 ans.
Dans la deuxième partie, le film bascule à la fois dans le polar et le thriller. Le polar naît de la disparition de l'arme du père, à son domicile. C'est clairement l'aspect le moins réussi du film. Quand on a compris quel était le projet du réalisateur et qu'on a éliminé l'impossible, il n'est guère difficile de comprendre qui a volé l'arme. En revanche, il n'est pas vraisemblable qu'elle n'ait pas été retrouvée... d'autant qu'elle ressurgit, de manière tout aussi rocambolesque, à la fin de l'histoire.
On finit par comprendre que le cinéaste a laissé tomber la veine réaliste du début (appuyée par des extraits d'authentiques vidéos tournées par des manifestants) pour plonger dans la métaphore, pas forcément légère.
Cela donne un thriller plus ou moins convaincant. A l'image du régime des mollahs, le mari devient de plus en plus paranoïaque, de plus en plus inquiétant, tandis qu'en face, la révolte sourd au sein de sa propre famille, devenue symbole du pays opprimé. J'ai trouvé cet aspect trop surligné et pas toujours vraisemblable. Dans la vraie vie, quelques discussions auraient sans doute permis d'aplanir bien des difficultés, évitant que la situation ne dégénère...
... mais cela nous aurait privé de ce final impressionnant, dans l'Iran rural, où se trouve la maison familiale du juge. L'un des personnages découvre que, par le passé, on faisait preuve de moins de piété démonstrative dans la famille. (On écoutait de la "musique impie", dans une propriété où les symboles religieux semblent étrangement absents.)
L'ultime séquence, dans les méandres d'une cité abandonnée, est un véritable cadeau offert aux cinéphiles, malgré sa conclusion outrageusement symbolique. Le film n'en reste pas moins hautement recommandable, même si, au bout de trois heures de projection (bandes-annonces, publicités et film inclus), on a un peu mal aux fesses.
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mercredi, 09 octobre 2024
L'Histoire de Souleymane
Cette histoire est celle que tente d'apprendre Souleymane, un immigré clandestin originaire de Guinée, qui travaille à Paris, sous un faux compte, comme livreur, dans l'attente du dépôt de sa demande d'asile politique.
La première demi-heure est un quasi-reportage urbain, à vélo, entre boulevards, restauration rapide, feux rouges grillés, clients plus ou moins aimables et collègues plus ou moins solidaires. La caméra, mobile sans susciter la nausée, suit le héros à vélo ou évolue habilement à l'intérieur d'un groupe de personnages (les clients d'un snack, une troupe de livreurs, les passagers d'un bus, les occupants d'un foyer pour migrants).
Incontestablement, Abou Sangare crève l'écran. Bien dirigé et s'inspirant sans doute de son histoire personnelle, il est le principal atout de ce film militant... qui en fait un peu trop.
En effet, Boris Lojkine (dont on connaît la sympathie pour les migrants au moins depuis Hope) nous brosse le portrait d'un quasi-saint : il est poli, bosse comme un dingue, sans se plaindre, évite de s'énerver (ou alors il faut vraiment lui avoir fait une grosse crasse), cherche sans relâche des solutions à ses problèmes, aide à l'occasion un client âgé... Il est même prêt à renoncer à la femme qui l'aime, si cela peut servir au bonheur de celle-ci.
En parallèle, Lojkine confronte son héros à une impressionnante série de galères, dans un temps limité. Pensez donc : rien que la première journée, Souleymane se fait insulter, renverser, renvoyer, frapper... et presque arrêter par des flics affamés, qui finissent par le prendre en pitié.
C'est le principal reproche que l'on peut faire au réalisateur : avoir, sous le couvert d'un quasi-documentaire, fabriqué une succession factice de péripéties. Ainsi, quand le héros rate son bus, c'est de justesse... et quand il réussit à prendre le bon métro (ou RER), c'est aussi de justesse... et sans payer... et sans jamais se faire prendre. Une autre invraisemblance porte sur le fonctionnement de son smartphone (qui joue un rôle clé dans l'intrigue). Jamais rechargé, celui-ci fonctionne sans cesse, à merveille, permettant au héros de converser avec ses proches à des milliers de kilomètres de distance. On ne sait pas non plus comment il se débrouille pour toujours retrouver son vélo là où il l'a laissé (en plein Paris, sans se le faire voler !!!!).
Bon, vous voyez le topo. Je ne vais pas m'acharner, d'autant que la dernière scène, la plus longue du film, est l'une des plus réussies. Elle fait se rencontrer le héros et une employée de l'OFPRA, très bien interprétée par Nina Meurisse. Au final, le film est assez fort, habilement construit, mais il emprisonne ses spectateurs dans un dispositif qui s'apparente parfois à de la propagande.
22:14 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 06 octobre 2024
Le Fil
Ce fil est peut-être de tissu (bleu) et pourrait jouer un rôle dans la (non)condamnation de Nicolas Milik (Grégory Gadebois, formidable), accusé d'avoir tué sa femme alcoolique, mère négligente. C'est aussi le fil du rasoir, celui sur lequel se trouve l'accusé, dont l'avocat (Daniel Auteuil, sobre et plutôt bien) doit persuader un jury d'assises qu'il est innocent. L'intime conviction des jurés tient à un fil, tout comme la vie de certains protagonistes.
Cette intrigue judiciaire est donc nourrie de symboles, l'un des premiers étant le fossé socio-économique (visible à l’œil nu) qui sépare les suspects et les témoins du procès (tous issus de catégories populaires) des professionnels de la justice (avocats, juges), appartenant à la bonne bourgeoisie.
J'ai aimé à la fois la dichotomie de classes et l'énigme judiciaire, les gendarmes, les magistrats comme les avocats peinant à établir les faits survenus la nuit du meurtre de Cécile, l'épouse de Nicolas. Les comédiens sont suffisamment bons pour que chaque spectateur puisse se faire sa propre opinion, un peu comme dans Les Choses humaines, d'Yvan Attal.
Je trouve toutefois ce dernier film plus réussi. Il y a des maladresses dans la mise en scène, les dialogues et le montage du Fil. Ainsi, l'arrestation du début est inutilement mélodramatique (avec, pour la énième fois, une caméra placée dans un véhicule emmenant une personne et filmant, de l'arrière, un membre de la famille qui court après). De plus, cette arrestation me paraît un peu trop brusque et spectaculaire. L'époux suspecté aurait auparavant dû être entendu comme témoin assisté et j'ai noté l'absence des services sociaux, alors qu'il était sans doute question de placer les cinq enfants, le temps de la procédure.
J'ai aussi tiqué à une scène entre l'avocat et sa compagne (pourtant très bien incarnée par Sidse Babett Knudsen qui, neuf ans après L'Hermine, joue de nouveau les utilités dans un film de procès). Leur (brève) dispute m'est apparue un peu exagérée, manquant de naturel. Je pourrais aussi parler de l'attitude de l'avocate générale, durant le procès (pourtant correctement mis en scène). Alice Belaïdi joue bien, mais ce qu'on lui fait dire me semble manquer de vraisemblance. Par exemple, dans son réquisitoire (dont on est sans doute prié de croire qu'il ne nous en est offert qu'un extrait), elle ne s'appuie quasiment pas sur les données matérielles de l'enquête, alors que l'avocat de la défense lui répond ensuite sur ces points.
Mais, comme j'ai été pris par cette histoire, par l'interprétation... et comme j'ai aussi été stupéfait par le coup de théâtre final, je recommande ce film "de qualité française", comme on dit.
00:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 03 octobre 2024
Joker : Folie à deux
Assez impressionné par le premier volet, sorti il y a cinq ans, je me suis précipité pour voir le nouvel opus, sans avoir quasiment rien lu ou vu à son sujet. Je voulais profiter du plaisir de la découverte, en version originale sous-titrée, dans une (très) grande salle.
Les 20-25 premières minutes sont épatantes. On retrouve Arthur Fleck en prison, le corps osseux à moitié cassé, lui brisé à l'intérieur (et sous cachetons). Toutefois, il émane de l'ancien Joker une sorte de magnétisme qui, presque malgré lui, a des effets sur son entourage. A plusieurs reprises, on se dit qu'il ne faudrait pas grand chose pour que redémarre la sarabande de violence. Cette impression est renforcée par le jeu de Joaquin Phoenix, une fois de plus admirable. Il donne à son personnage un tour puissamment pathétique.
L'arrivée de sa fan déjantée (Lady Gaga, crédible quand elle est sobre) dans l'histoire ne fait pas tomber le rythme. Entre ces deux-là, il se passe quelque chose. La nouvelle Harley Quinn ne se contente pas d'être une faire-valoir. Elle nous réserve quelques surprises et manipule un peu son idole, tombé amoureux d'elle.
Le problème est que cette histoire d'amour criminel est traitée sous forme de... comédie musicale. Quelle horreur ! La plupart des chansons sont à chier et il ne s'en dégage guère d'émotion (à l'exception notable de la reprise en anglais de Ne me quitte pas). On aurait sans problème pu en jeter la moitié à la poubelle, l'autre moitié, moins inintéressante, se déroulant dans la tête du Joker.
C'est là que l'intrigue gagne en épaisseur. Les chansons fantasmées révèlent ce qu'aurait pu être le film... et comment pourrait tourner la "carrière" d'Arthur Fleck. Par un curieux (et involontaire ?) effet de mise en abyme, celui-ci déçoit ses fans de la même manière que Todd Phillips risque de décevoir celles et ceux qui s'attendaient à voir le Joker foutre à nouveau le bordel dans Gotham City.
Phillips a l'intelligence de continuer à présenter son anti-héros à la fois comme un bourreau et une victime. Il est bien aidé par l'interprétation de Joaquin Phoenix, aussi convaincant en pauvre type qu'en rusé dissimulateur, amoureux transi, danseur à claquettes ou avocat de la défense. Quel talent !
... Mais, hélas, cela ne suffit pas à sauver complètement le film, embourbé dans son procédé narratif.
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lundi, 30 septembre 2024
L'ultime aventure de Scrat
Je n'ai appris cette double nouvelle que récemment. Mon écureuil préhistorique préféré avait eu droit, en 2022, à une dernière petite aventure... et il ne serait désormais plus présent dans d'éventuelles nouvelles pérégrinations de la troupe de L'Âge de glace, pour une question de droits.
D'après Blue Sky (à l'époque filiale animation de la Twentieth Century Fox, avant son rachat par Disney), ce sont des animateurs maison (Chris Wedge et Peter de Sève) qui ont créé le personnage. Plusieurs personnes ont contesté cette version, dont l'illustratrice et influenceuse Ivy Silberstein. Après une série de procès, celle-ci a obtenu le codétention des droits puis la reconnaissance de l'originalité de sa création : un personnage appelé à l'origine Sqrat, mélange de squirrel (écureuil) et de rat (ben... rat), qu'elle aurait jadis proposé à Blue Sky. Malgré la grosse somme (300 000 dollars) offerte par Disney (après le rachat de la Fox), la créatrice s'est entêtée.
Sentant le vent du boulet, certains animateurs de Blue Sky ont créé, juste avant le passage de la Fox à Disney, un ultime court-métrage, sobrement intitulé The End...
ATTENTION : CE QUI SUIT EST UN IGNOBLE, UN SCANDALEUX, UN INADMISSIBLE DIVULGÂCHAGE !!
... dans lequel on voit Scrat... dévorer son gland (non, ce n'est pas un porno !) ... et passer à autre chose.
21:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 28 septembre 2024
Week-end à Taipei
La bande-annonce présente un film d'action mâtiné de comédie... et elle n'est pas mensongère. Mais le début nous propose un peu plus, puisqu'on y découvre l'héroïne dans un décalque de l'introduction de Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's). Gwei Lun Mei fait une Audrey Hepburn contemporaine très convaincante. Elle porte à merveille une robe de soirée qui ne permet pas d'ignorer combien elle est bien gaulée... et elle se révèle redoutable au volant d'un bolide. Comme la Holly de Blake Edwards, Joey a dû faire des concessions pour survivre dans un monde de brutes... et pour protéger son fils.
Celui-ci a été élevé (en partie) par un truand, le redoutable Kwang, devenu milliardaire par des moyens que la décence m'interdit de détailler. Il est (très bien) interprété par Sung Kang, dans lequel nombre de spectateurs des salles obscures reconnaîtront l'un des protagonistes de la franchise Fast & Furious. (Mais, ici, ce n'est pas lui le prodige du pilotage, c'est sa meuf.)
Toutefois, l'enfant n'est pas de lui, mais d'un ancien policier infiltré, retourné aux États-Unis. On découvre très rapidement Luke Evans dans ses œuvres, dans un restaurant où, à l'aide de divers instruments de cuisine, il fait feu de tout bois lorsque débarque une bande de trafiquants. Cela donne une séquence virtuose, avec des combats chorégraphiés avec soin... et une bonne dose d'humour. (Aux manettes se trouve George Huang, révélé jadis par Swimming with sharks.)
Les deux anciens tourtereaux ne le savent pas mais, sans le vouloir, un troisième protagoniste va provoquer leur rapprochement. John Lawlor est donc de retour à Taïwan, où il se découvre un fils. A partir de ce moment-là, même si l'action et les cascades restent de mise, le vaudeville prend parfois le dessus. C'est plus ou moins réussi. Gwen Lun Mei est très bien en mère à la fois aimante et autoritaire, mais Evans est moins convaincant en apprenti papounet. Je note que le gamin est un adolescent moins caricatural que ce que l'on trouve dans quantité de fictions aussi bien françaises qu'américaines : on n'a pas systématiquement envie de lui coller une paire de gifles.
Le reste de l'histoire est enlevé, avec des poursuites en bagnole, des bastons, des cascades. La musique est chouette, avec notamment une réorchestration du Paint it Black des Stones. (Il me semble avoir aussi reconnu l'air de Moon River, issu de Diamants sur canapé.) J'ai passé un agréable moment... et le film ne dure qu'1h35. C'est un bon divertissement de début de soirée.
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vendredi, 27 septembre 2024
Ni Chaînes ni Maîtres
L'esclavage a inspiré des films de styles différents : fiction à caractère documentaire, histoire d'émancipation, film-réquisitoire... Celui qui nous occupe ici n'entre pas vraiment dans l'une de ces catégories.
Le début m'a fait penser à un "12 Years a Slave à l'Île-Maurice". En un peu moins de vingt minutes, on ne nous épargne (presque) rien : l'esclave traqué, l'esclave marquée, l'esclave essorillé, l'esclave fouetté, l'esclave enfermé, l'esclave abattu... l'esclave violée étant sous-entendu. (Ouf !) Dans le rôle du maître de plantation faussement bonhomme, Benoît Magimel (entre deux cures...) est moyennement crédible.
Camille Cottin est en revanche impressionnante, dans le rôle d'une chasseuse d'esclaves en fuite (personnage qui a bien existé). A la fois victime et bourreau, elle apporte un poil de nuance dans un tableau qui en manque singulièrement : presque tous les Blancs sont des salauds, presque tous les Noirs sont des victimes. Je dois néanmoins reconnaître que, de temps à autre, on a mis en scène un geste qui sort du schéma manichéen : tel esclave en fuite n'achève pas son agresseur, sur lequel il a pourtant pris le dessus, tel traqueur de "marrons" décide de ne pas poursuivre celui en qui il finit par reconnaître un frère humain.
Ces éléments et l'interprétation brillante d'Ibrahima Mbaye rendent (presque) indulgent envers certaines facilités ou invraisemblances. Je pense notamment à la rencontre, totalement improbable, d'un autre (ancien) esclave en fuite, vêtu d'un uniforme français. Il affirme qu'on a fait de lui « un citoyen » (l'action se déroulant en 1759...) avant de le rabaisser à son ancienne condition. Ici, l'intention est de pointer l'ingratitude de la France envers les soldats issus de ses colonies (en 1919 et 1945... pas au XVIIIe siècle), qui ont pourtant versé "l'impôt du sang". Gros anachronisme, que vient compléter une incohérence scénaristique. A un moment, le principal fuyard, qui suit un itinéraire secret (fonctionnant sur l'association d'un nombre de foulées et de branches brisées, orientées), tombe d'une cascade (sans le moindre dommage). Il se retrouve éloigné du chemin d'origine... qu'il retrouve en à peine quelques minutes, juste à côté du plan d'eau où aboutit la cascade...
Comme d'autres personnes, je suis partagé quant à l'intervention du surnaturel dans l'intrigue. A plusieurs reprises, le héros en fuite reçoit l'aide de sa défunte épouse... Parti à la recherche de sa fille en fuite, il parvient sans peine à retrouver sa trace... Cela culmine lors d'une scène de combat de nuit, au cours de laquelle un guerrier mystique semble doté de pouvoirs extraordinaires et du don d'ubiquité...
Et pourtant, tout cela n'est pas filmé maladroitement (si on laisse de côté les scènes caméra à l'épaule, qui m'ont donné le tournis). La photographie est soignée, l'image belle, parfois inspirée, comme lors de cette autre scène nocturne, en pleine forêt, des bribes de luminescence perçant à travers les troncs et les branches d'arbres.
La dernière demi-heure rattrape un peu les défauts du début. On y trouve notamment une scène de groupe, fort bien maîtrisée, se déroulant au Morne Brabant. J'aurais pu y ajouter la fin, poignante, à tout le moins bien jouée... mais historiquement fausse.
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jeudi, 26 septembre 2024
Le Léopard des neiges
Le titre de cette fiction onirique fait immanquablement penser au fantastique documentaire de Marie Amiguet, Vincent Munier et Sylvain Tesson, La Panthère des neiges. D'ailleurs, les deux noms désignent le même animal. Mais le projet du cinéaste tibétain n'est pas celui des Français.
Au fin fond du Tibet chinois, des éleveurs (de yaks, de moutons ou de bharals) se plaignent des dégâts occasionnés par les léopards des neiges, plus précisément par une léoparde, qui se déplace avec son petit. Poussée par la faim, elle a réussi à pénétrer dans un enclos, où elle a provoqué la mort de « neuf béliers castrés bien gras », comme ne cesse de le répéter un éleveur local, très en colère et bigrement têtu.
Il est rejoint par une équipe de tournage, qui s'adjoint les services d'un moine bouddhiste, lui-même fils d'éleveur et surnommé « le moine léopard des neiges », tant il paraît entretenir une sorte de lien mystique avec cette force de la nature. (Un peu plus tard, on découvre dans quelles circonstances est né ce lien.)
Le début n'est pas très engageant. Les plans fixes des occupants d'un véhicule tout-terrain ne sont guère emballants, leur conversation n'ayant de surcroît aucun intérêt particulier. En revanche, dès qu'on arrive chez l'éleveur, cela devient prenant.
Celui-ci maintient prisonnière la léoparde gloutonne, très calme depuis qu'elle est repue. Il menace de zigouiller cet animal protégé (au niveau national et international). On comprend assez vite qu'il veut être indemnisé pour la perte de ses béliers, qu'il estime de grande valeur. Les employés de l'Office de la faune sauvage ne sont guère compatissants... et finissent par en appeler aux forces de l'ordre. On est parfois proche du vaudeville rural.
Cependant, tout cela manque un peu de réalisme. La léoparde est une (magnifique) création numérique. On peut en distinguer quelques défauts en la comparant avec les animaux réels figurant dans des extraits documentaires visionnés par les personnages installés dans le domicile du paysan (qui n'ose se montrer trop exigeant avec les cinéastes venus de la ville). On peut en voire d'autres ici.
Et puis, petit à petit, on se rend compte que cette "histoire naturelle", à fond social, est passée à la moulinette de la propagande chinoise. En effet, l'action se déroule dans le Tibet historique, mais dans une région (le Qinghai) qui a été détachée de celle officiellement reconnue (par Pékin) comme le Tibet.
Cette périphérie est en voie de sinisation forcée, ce à quoi fait allusion un détail du dialogue du début, dans la voiture : un Tibétain s'y montre enjoué à l'idée d'apprendre le mandarin...
La suite est du même tonneau. Les fonctionnaires du régime communiste sont présentés comme soucieux de (faire) respecter les règlements et, quand ils menacent de sévir, c'est en prenant des gants. Même le chef de la police locale, qui finit par arriver sur les lieux, se montre (relativement) à l'écoute des éleveurs tibétains, parfois très remontés contre la politique de protection des léopards. A ce sujet, je relève que le film insiste lourdement sur le fait que ce soit l’État chinois qui protège cette espèce, le niveau international n'étant évoqué qu'à une reprise...
Au-delà de la propagande politique, il reste des scènes inspirantes, comme celles tournées en caméra subjective, censées nous mettre dans la peau des léopards. C'est assez bien foutu, même si l'ensemble du film m'est apparu bancal.
19:17 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 22 septembre 2024
Beetlejuice²
Un peu plus de trente ans après, Tim Burton remet le couvert, avec une partie de la distribution d'origine : Michael Keaton, bien sûr, dans le rôle éponyme (un peu plus présent à l'écran que dans le premier film), Winona Ryder (sur laquelle le temps semble avoir peu de prise) et Catherine O'Hara, dans le rôle de la belle-doche snob... mais sans son mari, dont le décès accidentel constitue la première péripétie de l'histoire... péripétie sans doute insérée en raison des ennuis judiciaires de l'acteur Jeffrey Jones. Ceci dit, la séquence de l'accident d'avion (et de ses conséquences), en stop-motion, est assez cocasse. Sans en dire trop, je peux annoncer qu'on revoit le personnage du père à plusieurs reprises, dans la suite du film, sans qu'il soit possible d'identifier le comédien qui l'incarne...
Les autres absents de marque sont Geena Davis et Alec Baldwin, ce dernier empêtré dans les suites judiciaires du drame survenu pendant le tournage de Rust.
Ces grands anciens sont efficacement remplacés par quelques pointures : Willem Dafoe, et Monica Bellucci, auxquels il faut ajouter deux jeunes prometteurs : Jenna Ortega (vue récemment dans l'oubliable Scream VI) et Arthur Conti.
Très vite, on comprend que Tim Burton s'appuie sur le matériau d'origine (la même ambiance macabre, les allers-retours entre le monde réel et l'au-delà, en passant par la maquette du grenier), mais avec des effets spéciaux plus élaborés, parfois vertigineux. J'ai aimé cet usage de la technologie au service de l'intrigue. On en a un excellent exemple dans l'une des premières séquences, qui commence avec Danny DeVito recevant un jeune con parisien chez les morts... et se poursuit avec l'apparition, que dis-je, la résurrection du personnage incarné par Monica Bellucci. Im-pres-sion-nant.
J'en profite pour conseiller la version originale sous-titrée, au cours de laquelle on entend parler un peu français (quand il est question du tagueur parisien) et surtout italien, lors d'une scène relatant un épisode du passé lointain, qui vit Beetlejuice passer de vie à trépas.
J'ai aimé retrouver un Tim Burton en pleine forme, portant un regard mi-tendre mi-acide sur son époque. Il exprime toujours son mépris pour la course à l'argent facile et le snobisme culturel, y ajoutant la quête de renommée médiatique, la dépendance au smartphone... et un certain culte de la rationalité.
A travers le personnage d'Astrid, la fille rebelle de Lydia, il met en scène un classique conflit d'adolescence, mais aussi la confrontation entre un esprit scientifique (et engagé) et une mentalité plus poétique, qui veut croire encore au merveilleux. Winona/Lydia est de nouveau un double de Burton. Elle a un peu vendu son âme à la télévision (comme lui à Hollywood) pour bien gagner sa vie, y perdant en authenticité. Par un effet de mise en abyme, ce film, comme l'intrigue qu'il déroule, sont des tentatives de retour aux sources. Cerise sur le gâteau, le cinéaste lance quelques piques à une partie de la jeune génération. Pas sûr que le public apprécie...
Je pense en revanche que le traitement infligé au nouveau compagnon de Lydia, l'insupportable Rory (dont le moindre des ridicules n'est pas d'avoir noué ses cheveux en un petit chignon, à l'arrière du crâne), ne suscitera aucune réprobation.
J'ai toutefois un peu de regret quant au relatif effacement du personnage de Lydia. Il est vrai qu'elle est écrasée entre deux femmes fortes : sa belle-mère (que Burton choisit de rendre plus sympathique que dans le premier film) et sa propre fille. Celle-ci connaît une forte évolution, comprenant progressivement un peu mieux sa mère... et découvrant l'amour, à travers Jérémy, un garçon fort sympathique, puisqu'il collectionne les vieux vinyles et porte une chemise à carreaux (qu'il a dû voler dans ma penderie, le coquin !). Ce personnage nous réserve quelques surprises, que je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir.
Je pourrais encore en parler pendant plusieurs paragraphes, mais je ne voudrais pas trop déflorer l'intrigue, qui regorge de détails ironiques et de rebondissements, parfois complètement dingos. J'ai ri, j'ai été ébloui, ému... et j'ai aimé qu'à la fin, le réalisateur nous laisse la possibilité de plusieurs conclusions.
P.S.
La musique est toujours aussi sympa, avec un peu plus de "modernité" que dans le précédent opus.
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samedi, 21 septembre 2024
Les Barbares
Qui sont les barbares ? Les migrants moyen-orientaux, dont certains meublent assez régulièrement la chronique des faits divers, en Europe ? Ou bien ces Français en apparence bien comme il faut, mais dont le fond sent un peu (beaucoup ?) le moisi ? Julie Delpy s'est lancée dans une entreprise casse-gueule, avec ses qualités et ses défauts, tant et si bien que j'ai été amené à rédiger (comme, naguère, avec Belle et Sébastien, Elvis et L’Étoile de Noël) non pas une, mais deux critiques de ce film.
ON COMMENCE AVEC LA CRITIQUE FAVORABLE
Dans son dernier film, Julie Delpy met toute sa malice et son ironie au service d'un propos universaliste.
Ainsi, chacun des cinq actes qui constituent Les Barbares est introduit par la vue d'une peinture classique, représentant des hommes en train de commettre des crimes. Mais ces assassins ressemblent bien peu aux réfugiés qui vont être l'objet de la suspicion des Paimpontais.
La famille qui débarque en Bretagne ne correspond pas aux stéréotypes racistes concernant les migrants. Elle est issue de ce qui fut la classe moyenne syrienne (avant la guerre civile) : le père est architecte, son épouse décoratrice d'intérieur (ou graphiste, je sais plus), la sœur médecin, le grand-père se distinguant par son goût prononcé pour la poésie. Quand j'aurai ajouté que la fille ainée du couple est joueuse d'échecs, vous aurez compris que le scénario ne mise pas forcément sur le misérabilisme pour apitoyer les spectateurs.
Ces bourgeois cultivés sont victimes (entre autre) de déclassement social. Le contraste est fort avec les habitants du village, pas d'un niveau social et culturel aussi élevé... mais qui se croient plus "civilisés". Le fossé est élargi par le fait qu'au lieu d'Ukrainiens victimes de la guerre déclenchée par la Russie de Vladimir Poutine, ils accueillent une famille musulmane du Proche-Orient.
Celle-ci est très bien incarnée. Ziad Bakri excelle à faire ressentir à la fois la fierté et la fragilité du père, tandis que Rita Hayek interprète à la perfection une jeune femme à la fois brillante et brisée.
De manière générale, Julie Delpy réussit ses scènes de couple, qu'elles soient entre les Français, entre les Syriens... voire entre Français(e) et Syrien(ne). Elle introduit de la légère dans la gravité.
On rit donc souvent, soit des incompréhensions mutuelles, soit de la beauferie de certains hommes (la palme revenant à Laurent Lafitte, crédible en plombier raciste), soit de la maladresse de quelques femmes. Notons que la réalisatrice ne s'est pas attribué le plus beau rôle. Elle est certes motrice dans l'action, mais souvent un peu ridicule, en vieille fille dévouée corps et âme à ses causes progressistes. J'ai aussi beaucoup apprécié les interventions d'Albert Delpy (le papa de Julie), plutôt bien dirigé par fifille dans cette œuvre-ci.
Le scénario milite pour le "vivre ensemble", tout en pointant les petits (et grands) défauts de chacun. On passe un bon moment, tout en réfléchissant.
ET VOICI LA CRITIQUE DÉFAVORABLE
La comédienne franco-américaine Julie Delpy nous livre une œuvre militante, qu'on pourrait qualifier de propagande.
Elle nous brosse un portrait caricatural d'une France profonde (qui serait) patriarcale et gangrenée par le racisme. Aucun des personnages qui émettent des réserves quant à l'accueil de réfugiés syriens n'est présenté de manière positive.
Ainsi, on peut percevoir comme un mépris de classe dans la manière dont la résidente d'une banlieue chic (et bobo) de Los Angeles dépeint des Français (très) moyens. Du maire macroniste aux identitaires bretons, en passant par le plombier, le charcutier et l'épicier, il semble n'y avoir pas grand chose à sauver. J'ajoute que certains portraits de femmes sont embarrassants. Delpy utilise le charisme d’Émilie Gavois-Kahn pour présenter une charcutière infidèle et pas subtile, tandis qu'India Hair est chargée d'incarner l'épouse soumise et un peu stupide du plombier. (Elle ne s'exprime de manière un peu élaborée qu'à partir du moment où elle s'émancipe de l'emprise de son mari.) A l'inverse, les personnages interprétés par J. Delpy et Sandrine Kiberlain, au-delà de la pointe de ridicule qui les caractérise, sont les plus sympathiques. Un peu trop souvent, on s'aperçoit que Julie a laissé tomber la dentelle et qu'elle filme avec des moufles.
Concernant la famille syrienne, on nage en plein politiquement correct. Aucune femme de cette famille musulmane (dont certains membres estiment que Bachar El-Assad est pire que Daesh) ne porte le voile (une hypothèse envisagée par la réalisatrice, mais à laquelle elle a fini par renoncer). Et, quand on apprend que l'un des membres de la famille, qui n'a pas pu fuir la Syrie, a mal tourné, ce n'est pas parce qu'il aurait rejoint l’État islamique, mais parce qu'il s'est engagé dans l'armée du dictateur syrien ! On semble avoir voulu éviter à tout pris que la moindre tache ne souille le portrait de famille.
Le summum est atteint lors de la séquence à la plage, pour laquelle Julie chausse ses gros sabots. On sent venir la principale péripétie (et sa conclusion) à des kilomètres.
Le film semble exercer une sorte de chantage sur ses spectateurs. Si l'on est du côté du Bien, on doit forcément adhérer aux propos de la cinéaste. Sinon, c'est qu'on fait partie de la troupe d'individus pathétiques qui nous a été présentée.
16:48 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
vendredi, 20 septembre 2024
Tigresse
Quelque part en Europe de l'Est, Vera, la vétérinaire d'un parc animalier, est requise pour prendre en charge une tigresse, dans la luxueuse demeure d'un trafiquant, dont la dernière lubie a été d'acquérir (sans doute illégalement) l'un de ces splendides félins, pour l'enfermer dans son jardin, dans une cage ridiculement petite. Sans surprise, la tigresse dépérit. En parallèle, la véto découvre que son compagnon la trompe.
L'assimilation faite entre l'héroïne et son nouveau pensionnaire à quatre pattes est un peu voyante... et maladroite. Vera sort ses griffes, envoie balader son compagnon... et laisse la tigresse s'enfuir.
La suite mélange la chasse au félin (qu'il faut récupérer, de préférence vivant, avant qu'il ne commette l'irréparable) et la vie personnelle de Vera. Il est question de son couple, de maternité... et, un peu, de la manière dont une femme vétérinaire est considérée. Dit comme ça, cela pourrait sembler passionnant... pas trop, en fait. Toute la partie vie privée est plate, pas très bien jouée à mon avis. En revanche, les péripéties autour de la tigresse sont plutôt intéressantes. Celle-ci est un véritable animal, campé en recourant (me semble-t-il) à plusieurs félines, l'une d'entre elles (selon Le Canard enchaîné du 7 août dernier) ayant été utilisée jadis pour le tournage de L'Odyssée de Pi.
Le film ne dure qu'1h20. C'est une curiosité, pour cinéphiles en quête d'exotisme.
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dimanche, 15 septembre 2024
Kill
Ça n'est pas pour me vanter mais, aujourd'hui, j'ai vu un film en hindi. Il s'y mêlait un peu d'anglais, soit parce que la langue de l'ancien colonisateur s'est immiscée dans celle des colonisés (à l'image du français dans l'arabe maghrébin), soit parce que la présence de portions de dialogues en anglais rend le film plus facilement vendable hors des régions hindiphones.
Depuis quelques années, j'ai remarqué que la présence de la cinématographie indienne dans l'Hexagone ne se limitait plus aux comédies musicales sirupeuses et aux œuvres art et essai exigeantes. Désormais, à intervalle régulier, on voit débarquer sur les écrans français (souvent dans les cinémas CGR, en Province) des films de guerre, des polars, des histoires inspirées de la mythologie hindoue... et des films d'action.
Tel est le cas de celui-ci. Laksh Lawlani incarne Amrit, une sorte d'avatar de Bruce Willis, Denzel Washington, Liam Neeson et Jason Statham réunis. Le début nous le présente comme un officier des commandos de l'armée. On le suppose redoutable, mais on ne l'a pas encore vu en action. On constate juste que c'est un beau gosse...
... et ça tombe bien, puisqu'il kiffe à donf' l'une des filles d'un richissime entrepreneur de New Delhi. Hélas, le papounet ne laisse pas le choix à la belle Tulika, qu'il fiance contre son gré au rejeton d'une autre famille pétée de thunes. Cette histoire d'amour contrarié nous rappelle que, même si, ici, il va surtout être question de baston, la tradition bollywoodienne n'est pas enterrée.
La première séquence d'action nous montre deux amis officiers tentant d'empêcher une meute de bandits des grands chemins de prendre le contrôle d'un train et d'en dépouiller les voyageurs. La mise en scène illustre le contraste entre les militaires, qui tentent juste de neutraliser les délinquants (au départ sans les tuer) et ceux-ci, prêts au meurtre dès qu'on s'oppose à eux.
Pour moi, le film atteint un pic d'intensité quand le héros se décide à tuer sans ménagement. Cela devient extrêmement sanglant et cruel. On ne se frappe pas uniquement à coups de poings, de tête ou de pieds. On utilise tous les objets à sa disposition : bagages des voyageurs, porte de communication, linge du wagon-lit, extincteur (référence à Bullet Train ?), briquet... et, surtout, armes blanches. Au départ, ce sont les voleurs qui en font usage : couteaux, poignards, serpettes, hachoirs accompagnent allègrement barres de fer et démonte-pneu (je suis sûr d'en avoir vu un).
Petit à petit, on comprend que les quarante voleurs (sans Ali Baba) forment un clan soudé par les anciens, trois frères, les patriarches, les autres hommes, plus jeunes, étant tous cousins. (On ne dira jamais assez combien une démographie galopante est une menace pour la tranquillité publique...) Des dissensions apparaissent entre certains membres du clan.
Tout cela nous mène à la dernière partie, où l'on retrouve les protagonistes qui ne se sont pas encore fait tuer. La plupart sont blessés, parfois grièvement... mais cela ne les empêche nullement de reprendre le combat. Le héros détient sans conteste la palme des rescapés : il s'est pris plusieurs centaines de coups, a été atteint au moins vingt fois par une arme blanche... mais, comme il a des burnes en titane, des biceps d'acier et des abdos en béton, il continue à dézinguer ses adversaires... de plus en plus difficilement, ceci dit.
C'est évidemment totalement invraisemblable, même si le réal a affirmé s'être inspiré d'une véritable attaque de train, survenue en 1995. (J'ai aussi trouvé trace d'un événement semblable, l'an dernier, au Népal). C'est de plus un peu putassier sur le fond, mais cela dit deux-trois choses de l'Inde contemporaine (le film n'étant à l'origine pas destiné au public occidental). Quand on aime voir des truands se prendre une branlée, cela fait passer le temps de manière pas désagréable du tout.
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L'I.A. du mal
Le synopsis de ce petit film d'épouvante est une nouvelle version d'un intrus dans la maison. On nous a déjà servi ce genre de recette, avec soit un invité qui s'incruste au point de devenir menaçant, soit une nounou qui outrepasse ses fonctions, soit un robot domestique qui échappe au contrôle de ses créateurs.
Cette fois-ci, il est question d'Aia, une intelligence artificielle de nouvelle génération, une sorte de super assistant personnel, un produit annoncé comme révolutionnaire.
L'introduction nous la montre à l’œuvre dans une famille dont les trois membres sont absorbés par les écrans : le père par son smartphone, la mère par l'ordi portable et la fille par une tablette. Le pire est que, lorsque la mère semble s'inquiéter de ce que fait celle-ci, c'est pour lui demander de mettre son casque... parce que le bruit qui émane de la tablette gêne les parents ! On est donc plutôt content qu'il arrive quelques bricoles à cette famille d'esclaves numériques.
Mais tout cela n'est qu'une mise en bouche. Après une ellipse, on retrouve Aia (l'intelligence artificielle) au moment où est elle installée dans la maison de l'un des employés d'une boîte de communication, celle qui sera chargée de faire la promotion du nouveau produit. Le choix de cette installation semble être le fait du hasard... en réalité non. Si le couple et les trois enfants sont des adeptes des outils numériques, c'est avec moins d'angélisme que les personnes que l'on a vues au début : les parents lisent de vrais livres et limitent la consultation d'internet du fils cadet (collégien), qui n'a pas de smartphone. Quant au petit dernier, on le prive le plus possible d'écrans.
Sans surprise, Aia va d'abord se montrer utile aux membres de la maisonnée. Elle permet à la mère d'accomplir plus rapidement des tâches administratives, l'aide dans la gestion du foyer et des enfants. Elle vient au secours de la fille aînée, victime d'un deep fake, permet au cadet de surmonter sa phobie scolaire et elle lit des histoires au petit dernier.
Très vite, les choses vont déraper. Il semble que plusieurs personnages soient manipulés. A partir de ce moment-là, on se demande qui est derrière les événements qui surviennent. L'I.A. est-elle un outil au service d'un programme gouvernemental ultra-secret ? Sert-elle les visées d'un couple de génies de l'informatique mégalomane ? Est-elle une émanation du Diable ? S'agit-il d'une nouvelle forme de vie ?
Dans la salle, le public, plutôt jeune, à pop corn, semble avoir été pris par cette histoire. Le fantastique enrobe des problèmes de notre époque qui les touchent : les difficultés relationnelles entre parents et enfants, les premières amours contrariées d'une adolescente en quête de visibilité numérique et les tentations du net pour deux garçons.
Sans utiliser d'effets spéciaux tape-à-l’œil, la réalisation (que l'on doit à Chris Weitz, auteur jadis d'un Twilight, d'À la croisée des mondes... et du premier American Pie) suscite l'étrangeté, le trouble puis (un peu) la peur, par quelques scènes chocs et l'intrusion de plans décalés, ceux d'inconnus faisant des gestes mystérieux (dont l'explication n'est donnée qu'au cours du générique de fin : ne partez donc pas trop vite).
Sans renouveler le genre, je trouve le film plutôt bien fichu. Il tient globalement ses promesses, en moins d'1h30, ce qui laisse la possibilité de faire autre chose de sa soirée.
P.S.
Pour les spectateurs âgés désireux d'accroître leur connaissance des us et coutumes contemporains, ce film a l'avantage de mettre en scène une pratique très connue outre-Atlantique (et qui commence à faire des dégâts en France) : le swatting.
11:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, films
samedi, 14 septembre 2024
Le Procès du chien
Quelques mois après Les Chèvres, voici une nouvelle fiction (inspirée d'une histoire vraie), dans laquelle une procédure judiciaire s'interroge sur le statut d'un animal domestiqué, au comportement erratique. Il est possible que le ratage du film de Fred Cavayé explique la faible affluence dans la salle : certains spectateurs n'ont pas voulu se faire avoir deux fois...
... eh bien ils ont eu tort ! Derrière et devant la caméra, Laetitia Dosch (vue l'an dernier dans Acide) est épatante. Elle incarne une avocate suisse "engagée" (ça veut dire : de gauche), un peu excentrique, empathique, bosseuse... mais qui ne gagne guère de procès, étant donné qu'elle choisit un peu trop souvent de défendre des causes perdues d'avance.
Cette fois-ci, elle va être servie ! Elle est le dernier recours d'un handicapé, dont le chien a mordu une femme de ménage au visage. Comme il n'en est pas à sa première agression, la loi prévoit qu'il soit euthanasié (le chien, pas son maître, hein). Mais, quand on rencontre Cosmos, on ne peut qu'être séduit pas son regard expressif et son côté cabot. (Bon, celle-là, je l'ai faite.) Comme en plus son maître est incarné par François Damiens (un poil colérique, tout de même), on comprend que l'avocate, au lieu d'éviter de prendre en charge une énième affaire ingagnable, va se jeter à corps perdu dans cette nouvelle cause.
C'est donc d'abord une comédie, qui commence par un dialogue très cru, dans un café. La suite nous propose d'autres répliques bien assaisonnées, soit dans la bouche de l'héroïne (en voix off), soit dans celle du fils de ses voisins, un gamin très futé pour son âge, mais vivant dans une famille dysfonctionnelle.
Deux procès nous sont présentés, le premier, bref, permettant la tenue du second, qui va occuper presque une heure. J'ai été agréablement surpris par le fait que le scénario ménage suffisamment de rebondissements pour tenir la distance. Cela tient en partie à de truculentes scènes de dialogues, qui font notamment intervenir une autre avocate (celle de la partie civile), candidate populiste à la mairie, et un maître-chien comportementaliste perspicace (Pascal Zaïdi, sobre et efficace).
Certaines scènes valent leur pesant de croquettes, comme la réunion d'un comité d'éthique, en plein procès, au sein duquel siègent un psychiatre, un philosophe, une éthologue, un rabbin, un imam, un pasteur et une moine bouddhiste ! J'ai aussi beaucoup aimé la tentative de faire dialoguer le juge qui préside l'audience avec l'accusé (canin), à l'aide d'un procédé révolutionnaire... que je laisse à chacun le plaisir de découvrir.
Au-delà de la comédie, il est question de la place des animaux dans notre société, du rôle des femmes, des immigré(e)s... et des (mé)faits des réseaux sociaux.
En 1h20, la réalisatrice brasse beaucoup de thèmes, de manière tonique. Le film fait à la fois rire et réfléchir, ce qui n'est pas si fréquent ces dernières semaines, dans les salles obscures de l'Hexagone.
P.S.
Je pense que le titre du film s'inspire de celui d'un vieux (très bon) long-métrage, Procès de singe.
16:08 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société