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jeudi, 20 novembre 2014

La gaffeuse du tribunal

   C'est l'un des sujets de conversation du moment, sur le Piton. Comment diable une magistrate expérimentée a-t-elle pu se laisser aller à transporter jusqu'au tribunal où ils sont jugés deux des accusés dans l'affaire Jean-Ronald... d'autant plus qu'elle est assesseur suppléant dans le même procès ?

   Tout d'abord, on peut noter que les médias locaux ont fait preuve de plus ou moins de discrétion quant à l'identité de la magistrate. Pour les lecteurs de Centre Presse, elle demeure totalement inconnue, seule sa fonction étant mentionnée. L'article de Midi Libre auquel il renvoie ne donne guère plus de détails... à ceci près qu'il est illustré d'une capture d'écran réalisée (par le journaliste) sur le site de covoiturage qui est au coeur de cette histoire. On peut y lire sans problème le prénom et l'initiale du nom de la juge.

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   La fiche de renseignements de la conductrice indique qu'elle s'est inscrite à la fin du mois d'août dernier. C'est à ce moment qu'elle a dû apprendre qu'elle serait assesseur au procès de Rodez. Or, elle est affectée à Montpellier (voir plus loin). La perspective d'effectuer quinze à vingt trajets entre les deux villes (en deux mois) n'a pas dû l'enchanter. Les icônes révèlent qu'elle "discute selon l'envie", que la cigarette la dérange et qu'elle est susceptible d'accepter le compagnon animal d'une personne transportée.

   Comme c'est d'usage sur ce genre de site, les participants font l'objet d'une évaluation. Sa note n'est pas significative, puisqu'elle résulte de seulement deux avis. (Les conducteurs populaires sont évalués entre 4,5 et 5 sur 5.) Une question se pose : les deux accusés du procès de Rodez (qu'elle a transportés) vont-ils évaluer leur expérience en sa compagnie ?

   Si vous avez lu les articles auxquels mènent les liens du début, vous vous êtes rendu compte que la magistrate a, comme c'est la règle, monnayé le covoiturage. Cela m'a toutefois laissé perplexe. N'est-elle pas indemnisée par le ministère de la Justice pour les frais de déplacement occasionnés par sa participation au procès de Rodez ? (D'après RTL, oui.) Mais peut-être a-t-elle tout simplement renoncé à cette indemnisation.

   Dans cette affaire, les deux accusés ne sont pas tout nets non plus. Alors que, lorsqu'on effectue une rapide recherche, on peut trouver plusieurs propositions de covoiturage sur le même trajet (et des moins coûteuses), pourquoi les deux jeunes hommes ont-ils choisi celle de Magali J ? Serait-ce parce que, sur sa fiche de renseignements, elle a précisé sa profession ? De là à ce que cette histoire soit une "occasion" saisie par l'un des avocats de la défense pour tenter d'obtenir l'arrêt du procès (qui tourne plutôt mal pour la bande d'abrutis qui s'en est pris à Jean-Ronald en 2010), il y a un pas que je me garderai bien de franchir... mais ça discute, sur le Piton !

   De tous les organes d'information que j'ai consultés, un seul a révélé l'identité complète de la magistrate : La Dépêche du Midi. Cela m'a donné l'envie d'en savoir un peu plus sur elle (en faisant attention aux homonymies). Au vu de son âge, je pense qu'elle est la Magali J. qui a été déclarée admissible au premier concours d'entrée (l'externe) de l'Ecole Nationale de la Magistrature, en novembre 1992. En janvier 1993, elle a été nommée auditeur de justice (magistrat stagiaire). Elle a donc été reçue au concours. Vu que la formation dure un peu moins de trois ans, elle a dû faire partie (d'après Wikipedia) de la promotion "Alfred Dreyfus".

   Quelques années plus tard, en 2000, on la retrouve nommée au tribunal d'instance de Montpellier. Elle a poursuivi sa carrière sur place, au tribunal de grande instance puis à la cour d'appel, où elle a été promue récemment, en juillet 2013. Voilà qui explique sa présence en 2014 à Rodez, en cour d'assises.

   A ceux qui seraient curieux de connaître son apparence, je conseille de regarder les images prises de la Cour depuis l'ouverture du procès. Elle apparaît aux côtés des autres magistrats. (Ils sont quatre, trois titulaires -le président plus deux assesseurs- et la suppléante, semble-t-il.). Mais, la dernière semaine, elle a été remplacée (par une autre femme brune).

samedi, 15 novembre 2014

Des nouvelles du drapeau

   Sur M6, la diffusion de la saison 11 de la série NCIS est sur le point de s'achever... et, comme le mois dernier, en regardant attentivement l'épisode 22 (programmé hier vendredi 14 novembre), les téléspectateurs ont pu remarquer la présence, dans le labo d'Abby, du drapeau israélien, associé au souvenir de Ziva David / Cote de Pablo :

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   Cette scène se situe dans la première moitié de l'épisode, quand l'agent Gibbs (à gauche sur l'image) débarque dans le laboratoire, en quête d'informations sur le décès d'un marine. On le revoit (le drapeau) dans la seconde moitié, à l'occasion de la venue de l'agent McGee (mal rasé... c'est l'un des running gags de l'épisode) :

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   Sur les deux écrans d'ordinateurs s'affichent des renseignements sur une jeune femme, une SDF pour laquelle Abby s'est prise d'affection. L'histoire est d'ailleurs marquée par la découverte, à deux pas des locaux du NCIS (à Washington), d'un quartier délabré où vivotent les exclus de la société... et parmi eux, d'anciens marines.

   Les épisodes rediffusés à la suite de celui-ci (inédit) m'ont permis de me rendre compte que la présence du drapeau israélien est plus ancienne que ce que je croyais. Auparavant, il me semblait qu'elle ne remontait qu'à la saison 10. Or, hier, j'ai pu constater la présence du petit objet dans deux épisodes de la saison 9, le premier :

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   ... et le deuxième :

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mardi, 11 novembre 2014

Journaux de guerre n°13

   Le numéro paru le 7 novembre (pas un jeudi, contrairement à l'habitude) est principalement consacré au torpillage du paquebot Lusitania, déjà évoqué dans l'un des journaux fournis avec le numéro 10, il y a quelques semaines.

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   L'affiche de la semaine est britannique. Elle s'adresse aux Irlandais et tente de convaincre ceux qui sont à l'époque des sujets de George V de s'engager dans l'armée de Sa Majesté :

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   La présentation des journaux ne fait pas qu'analyser les causes et les conséquences de cet acte de piraterie. Elle s'attarde de manière plus générale sur la rivalité navale entre le Royaume-Uni et l'Allemagne.

   Le premier des quotidiens reproduits est La Petite Gironde du 25 mars 1915. En première page, de nombreuses photographies représentent des soldats britanniques. On peut aussi y trouver un article sur les retraits de naturalisations au XVIe siècle. Page 2, un entrefilet évoque l'exécution d'une femme (sans doute allemande) pour espionnage, à Nancy. Un peu plus loin, il est toujours question du "deuxième sexe" :

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   Un peu plus loin, un article évoque les bagarres entre dockers français et espagnols à Bordeaux. Les employeurs locaux ont choisi de faire venir sur place une main-d'oeuvre... marocaine, qui semble donner entière satisfaction.

   Le Sud-Ouest est décidément bien représenté dans ce numéro de Journaux de guerre, puisque le second quotidien de province est La Dépêche, du 11 mai 1915. On s'y intéresse notamment à l'attitude des dirigeants italiens et états-uniens, en particulier du président Wilson.

   Page 2, il est question de l'interdiction de la vente d'alcool dans la zone des armées. Cela rejoint les préoccupations qui perçaient, chez les civils, dans les journaux fournis avec le numéro 11. On s'inquiète aussi du sort de l'aviateur Roland-Garros, prisonnier en Allemagne. (Rappelons qu'il est décédé en octobre 1918.)

   Les Aveyronnais découvriront peut-être avec surprise que des prisonniers allemands s'étaient évadés de Millau. Enfin, les amateurs de numérologie seront ravis par un article qui spécule sur la date de la fin du conflit :

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   On termine avec un exemplaire de l'un des quotidiens les plus lus de l'époque, Le Journal, du 8 mai 1915. La première page est largement consacrée au torpillage du Lusitania. L'identité de quelques victimes célèbres est mentionnée. Sous le titre "Juste châtiment", on trouve un peu plus loin un encadré qui se réjouit qu'une attaque au gaz allemande se soit retournée contre ses instigateurs. Ce n'est pas le seul journal à se réjouir de ce genre de péripétie. C'est un moyen d'atténuer le choc qu'a constitué l'emploi de cette nouvelle arme, qui a finalement fait beaucoup moins de dégâts que les obus.

   Page 2, un long article évoque la situation financière du pays et les emprunts à contracter. Il est donc question des Etats-Unis, dont il est dit qu'ils n'ont pas encore l'habitude de prêter de l'argent aux Européens...

   En bas de page, on retrouve une figure familière, utilisée ici non pas de manière hostile, contre l'Allemagne, mais pour symboliser la bonne entente entre la France et l'Angleterre :

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   En Extrême-Orient, on commence à réaliser que le Japon, allié de la Triple Entente, mène une politique étrangère très "personnelle" et profite de la guerre pour s'implanter en Chine.

   En dernière page, on peut savourer deux caricatures nord-américaines qui se moquent de l'empereur Guillaume II. L'une d'entre elles (issue d'un quotidien québécois) est très "datée" :

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samedi, 08 novembre 2014

"Le trublion Eric Teyssedre"

   J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :

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   A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.

   Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)

    P.S.

   Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.

samedi, 01 novembre 2014

Petite vacherie en passant

   Le diable se niche décidément dans les détails. Vendredi soir, parmi les épisodes de la série NCIS rediffusés par la chaîne M6, deux, assez anciens (faisant partie de la quatrième saison), mettaient en scène un trafiquant d'armes très très vilain, surnommé "la Grenouille" (en français dans le texte). Le personnage (René Benoit) est d'ailleurs français, jusqu'à la caricature.

   La première partie de l'épisode 23 nous le montre dans son jet privé, en compagnie de sa charmante assistante. Il est en train de lire un journal... mais pas n'importe lequel :

Grenouille 4-23.jpg

   Aux Etats-Unis, l'épisode a été diffusé en mai 2007. Le personnage de ce Français louche, à la fois raffiné et antipathique, a été créé l'année précédente. A l'époque, les relations franco-américaines ne se sont pas encore totalement remises de l'opposition des Froggies à l'intervention militaire yankee en Irak.

   Mais ce n'est pas le gouvernement français qui est visé ici. Ce sont les intellectuels de gauche, dont Le Monde diplomatique constitue le mensuel de référence. Quand on sait que les auteurs de NCIS sont plutôt d'obédience républicaine, on comprend qu'il ne s'agit pas ici d'un hommage. C'est de plus un moyen de caractériser le personnage du "méchant" : un type intelligent, cultivé... et plutôt progressiste.

   Il restait à savoir si c'était un exemplaire réel du mensuel tiers-mondiste qui avait été utilisé. En observant attentivement l'image, on arrive à lire le titre de deux articles : "Pologne parano" (à gauche, au-dessus de la photographie) et "Travailler plus pour gagner moins", à droite (!).

   Si vous avez suivi les liens ci-dessus, vous avez pu constater que les deux articles existent bel et bien et qu'ils datent d'avril 2007. Or, l'épisode 23 de la saison 4 de NCIS a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis le 8 mai 2007 (d'après Allociné). Il a sans doute été tourné quelques semaines auparavant, au mois d'avril... juste après la sortie du numéro du "Diplo". Voilà qui témoigne d'une belle réactivité !

   P.S.

   A ceux qui auraient l'exemplaire entre les mains, il reste à vérifier si les propos mis dans la bouche du trafiquant sont bien en rapport avec le contenu de l'un des articles du Monde diplomatique d'avril 2007, ou si c'est une manière d'appuyer le trait concernant le personnage, qui semble très intéressé par l'opéra et les ballets classiques.



    P.S. II

   Je me suis aperçu que je ne suis pas le premier à m'être intéressé à ce détail piquant... ce qui est fort logique, puisque l'épisode a été diffusé pour la première fois en France il y a plus de six ans :

http://l-esprit-de-l-escalier.hautetfort.com/archive/2008/08/24/la-grenouille-l-opera-de-paris-et-le-monde-diplomatique-fabl.html

La maison du Grand Luc

   Sous cette appellation mystérieuse se cache un bâtiment à la triste réputation : le siège de la Gestapo (en réalité le SIPO-SD), à Rodez, pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale. Il en a été question dans le quotidien Centre Presse du lundi 27 octobre, dans une double-page consacrée à Arthur Fienemann. Dans l'article, l'historien aveyronnais Jean-Michel Cosson évoque la double vie de cet individu peu recommandable, d'abord adversaire implacable de la Résistance française, avant de se reconvertir dans les arts, où il s'est construit une situation. Il est mort en 1982, libre.

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   Pour mieux connaître le contexte local de l'action d'Arthur Fienemann durant le second conflit mondial, on peut lire un passionnant ouvrage, cosigné par Jean-Michel Cosson (encore lui !) et Stéphane Monnet, publié il y a un peu moins de dix ans aux éditions De Borée, et qu'on peut depuis peu se procurer à nouveau, chez les marchands de journaux, pour moins de quinze euros :

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   Arrivé à Rodez en 1943, Fienemann (qui se fait rapidement appeler "le Grand Luc") est officiellement interprète. Dans la réalité, il mène les interrogatoires sans ménagement, en compagnie du chef du SIPO-SD et il semble avoir joué un rôle décisif dans le massacre de Sainte-Radegonde du 17 août 1944.

   Le service de répression nazie, d'abord installé rue Saint-Cyrice (dans la "maison des Illustres", située à l'emplacement de l'actuelle MJC), a ensuite emménagé dans une villa se trouvant rue Grandet (pas très loin du siège actuel de la CAF, à quelques centaines de mètres du musée Denys-Puech). L'article de Centre Presse contient une photographie d'époque du bâtiment :

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   Je pense qu'il s'agit de la même que celle qui a été publiée dans le livre dont j'ai parlé plus haut, sauf qu'elle a été recadrée :

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   Sachez que la maison existe toujours. En voici une vue récente, prise avec un angle assez proche de celui de la photographie ancienne :

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   Le poteau électrique visible à gauche n'a pas changé. Par contre, le bâtiment du fond a été complété par des garages et un nouveau poteau (sur lequel la plaque de la rue est fixée) masque la vue, au premier plan.

   Il reste une incertitude, portant sur le numéro de l'immeuble. Dans le livre qu'il a coécrit, Jean-Michel Cosson parle du 15, rue Grandet (à trois reprises). Dans l'article de Centre Presse, l'emplacement exact n'est pas donné. Or, aujourd'hui, l'immeuble se trouve au numéro 23 :

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   Alors ? Y a-t-il eu une erreur dans la rédaction du livre paru en 2006, ou bien la numérotation de la rue Grandet a-t-elle changé entre 1943 et aujourd'hui ?

mardi, 28 octobre 2014

Journaux de guerre n°11

   La livraison de jeudi 23 octobre met l'accent sur le génocide des Arméniens par les Turcs (de l'Empire ottoman) :

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   Fort logiquement, l'affiche en couleurs de grand format qui accompagne ce numéro fait allusion au drame qui se joue, à l'époque, au Proche-Orient. Elle a été créée par le Comité de secours américain aux Arméniens et aux Syriens :

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   Le paradoxe est que les massacres qui se déroulent en Méditerranée orientale occupent une place relativement réduite dans les journaux français de l'époque... ou alors, leur portée n'est pas totalement perçue.

   On commence avec Le Petit Journal du 20 mars 1915. Il s'intéresse surtout aux opérations militaires qui se déroulent du côté du détroit des Dardanelles. On se pose aussi des questions à propos de l'attitude de deux pays neutres (la Grèce et la Bulgarie) voisins de ce nouvel allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie :

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   Parmi les articles anecdotiques dont la lecture peut s'avérer plaisante, je conseille celui qui est intitulé "Femme d'espion". Le plus cocasse se trouve page 4. Il s'agit d'un encart publicitaire dont j'ai parlé vendredi dernier.

   Passons à présent au Phare de la Loire, de Bretagne et de Vendée du 7 juin 1915. On peut y lire ce qui est présenté comme une lettre d'un instituteur (parti au Front) à ses élèves. Il y est notamment question des qualités et des défauts des soldats français. Le passage suivant m'a paru d'une singulière lucidité :

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   Page 2, on trouvera une foultitude d'informations intéressantes. Cela va de la nouvelle constitution danoise (qui octroie le droit de vote aux hommes et femmes âgés de plus de 25 ans) au commerce germano-argentin, en passant par le pavillon français de l'exposition de San Francisco et une affaire de faux-monnayage.

   Un autre quotidien régional nous est proposé cette semaine. Il s'agit de La Dépêche de Lyon du 30 septembre 1915. L'éditorial condamne "l'ignoble crime" commis contre les Arméniens. Comme dans Le Petit Journal, on s'interroge sur la position de la Grèce et de la Bulgarie. A ce sujet, je note un fort contraste entre ce que l'on peut lire page 1 et page 2 :

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   A plusieurs reprises, on perçoit les interrogations de la presse française, qui croit (à tort) que la germanophilie bulgare se limite aux cercles dirigeants (le roi étant issu de la noblesse allemande) et qui sous-estime le poids des tensions (et des ambitions) balkaniques.

   Le florilège se termine avec l'un des principaux quotidiens du pays, Le Matin, daté du 10 novembre 1915. Le premier article aborde la question de l'autorité religieuse du sultan ottoman, de nombreux musulmans habitant des territoires soumis aux pays de la Triple Entente. Le papier se veut rassurant. Plus exotique est la correspondance de l'envoyé spécial au Japon (pays qui a rejoint l'Entente), consacrée au statut de l'empereur-dieu Yoshihito (père de Hirohito) :

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   Plus loin, c'est d'alcool qu'il est question. Le ministre de l'Intérieur Louis Malvy (grand-père de l'actuel président du Conseil régional de Midi-Pyrénées) s'évertue à limiter la vente et la consommation d'alcool :

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   Précisons que pour les femmes (!) et les mineurs de moins de 18 ans (la majorité est à 21), l'interdiction est totale. Dans la prose du ministre, on sent l'envie sincère de protéger la santé publique, les forces vives de la Nation... et l'intégrité des foyers. Lui fait écho un entrefilet publié en dernière page, qui évoque les conséquences de la consommation chronique d'alcool :

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   Il y a encore bien d'autres petits trésors dissimulés dans ces journaux d'époque, qu'on lit toujours avec un grand plaisir.

 

lundi, 27 octobre 2014

La leçon de français de l'inspecteur Murdoch

   Elle nous a été donnée dimanche dernier, sur France 3, dans un épisode des Enquêtes de Murdoch, le septième de la saison 4, actuellement rediffusée en complément de la saison 7, qui occupe la première partie de soirée.

   Cette série canadienne (dont j'ai déjà parlé l'an dernier) mêle intrigue policière, contexte historique et découvertes scientifiques de la fin du XIXe siècle. Ici, il est question du cadavre d'un ancien ministre canadien, remontant à l'époque de la Guerre de Sécession (chez le voisin états-unien). Les deux principaux inspecteurs de la maréchaussée de Toronto (l'ingénieux Murdoch et l'impétueux Brackenreid) sont sur le coup :


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   Précisons que William Murdoch (à gauche sur l'image) est un catholique fervent. Cela pourrait sous-entendre une origine québécoise. (Le site de la chaîne de télévision CBC dit qu'il est né dans l'est du Canada : vu son nom, ce pourrait être en Nouvelle-Écosse ou au Nouveau-Brunswick.) L'acteur qui l'incarne, Yannick Bisson, est lui-même québécois. Quoi qu'il en soit, dans la version originale, c'est en anglais que la leçon de vocabulaire est administrée. Il faut croire que l'abus de langage (à propos du mot "conséquent") sévit dans les deux langues... et d'ailleurs je pense que c'est plutôt un clin d’œil (parmi les nombreux dont fourmille la série) à notre époque et non pas à celle de la série.

   A la fin de l'épisode, l'inspecteur principal Brackenreid prouve qu'il a bien assimilé les explications de son savant subordonné :



   P.S.

   Pour la petite histoire, sachez que, parmi les William Murdoch ayant réellement existé, il en fut un qui vécut un peu avant notre héros, aux XVIIIe et XIXe siècles. Il travailla pour James Watt et se révéla un brillant inventeur.

dimanche, 26 octobre 2014

Le peintre des criminels

   Décidément... les séries policières (de TF1) semblent raffoler du "maître de l'outrenoir". En février dernier, c'est dans un épisode de R.I.S. que l'on a pu voir un brou de noix, dans le salon d'un homme machiavélique, qui avait tué son épouse.

   Jeudi dernier, dans le quatrième épisode de la cinquième saison de Profilage (un peu en dessous des saisons précédentes, je trouve), c'est dans la péniche où s'est réfugiée une criminelle (incarnée avec talent par une certaine Julie Gayet) que le commandant Rocher et la psycho-criminologue Chloé Saint-Laurent découvrent, accrochée au mur, une toile au style caractéristique :

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   Notons que les enquêteurs lui accordent à peine un regard, se concentrant sur les objets que la suspecte recherchée semble avoir accumulés de manière compulsive.

   Une question demeure sans réponse : la présence d'un tableau de Pierre Soulages au domicile d'une personne est-elle révélatrice de ses tendances meurtrières ?

   P.S.

   Si vous êtes observateurs, vous vous êtes rendus compte que les deux peintures (celle de l'épisode de R.I.S. et celle de Profilage) ont comme un lien de parenté... à tel point qu'une idée m'est venue à l'esprit : faire pivoter la seconde pour la mettre dans le même sens que la première. Voilà ce que cela donne :

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   Eh, oui ! Le tableau est identique ! (L'angle de la prise de vue a légèrement déformé la seconde image.) Conclusion : soit c'est vraiment une œuvre de Soulages, qui a pu être facilement prêtée à la production, soit c'est un faux (très ressemblant), conservé dans une réserve, et utilisé pour caractériser la demeure de certains personnages de fiction.

   Le tableau le plus ressemblant que j'aie pu trouver est ce Brou de noix de 1948 :

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   Le voici dans un autre sens, qui le rapproche de la "toile" des fictions de TF1 :

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mercredi, 22 octobre 2014

Journaux de guerre n°10

   Il est paru jeudi 16 octobre, mais on pourra encore le trouver une semaine chez certains marchands de journaux... et, après cela, le commander sur le site officiel.

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   Le document iconographique est la reproduction d'une affiche de propagande britannique de 1915 :

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   La présentation de ce numéro met l'accent sur les gaz asphyxiants et le rôle nouveau des engins aériens, en particulier les dirigeables allemands. Si l'introduction de ces nouveautés a pu, dans un premier temps, donner l'impression qu'elles pourraient faire pencher la balance de manière décisive dans le conflit, très vite, les dirigeants ont réalisé que le profit à en attendre était davantage psychologique que tactique.

   Le florilège de journaux démarre avec L'Action française (du 22 mars 1915), l'organe de l'extrême droite bourgeoise. L'essentiel du numéro est occupé par le passage des fameux "Zeppelins" dans le ciel français. Si le ton est agressivement patriotique, je dois reconnaître que dans son éditorial, Léon Daudet analyse la chose avec clarté. Plus loin dans le journal, Charles Maurras s'en prend à ses têtes de Turc habituelles : les républicains, qu'ils soient libéraux, radicaux ou socialistes. En lisant entre les lignes, page suivante, on comprend que les cibles du journal sont aussi (surtout ?) les juifs, les protestants et les francs-maçons. Mais, le contexte étant ce qu'il est, il est contraint à un peu de retenue.

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   Précisons que le député Joseph Reinach était l'un des ténors de la mouvance républicaine modérée, qu'il fut un ardent défenseur d'Alfred Dreyfus (et le premier grand historien de l'Affaire)... et qu'il était juif.

   En contrepoint de L'Action française nous est proposé un exemplaire de La Dépêche (de Toulouse) datée du même jour. Ici aussi l'action des dirigeables allemands fait la Une. La première page contient aussi un article intéressant sur les Tchèques en Autriche-Hongrie. (Du côté de l'Entente, on compte sur leur insoumission.)

   La page 2 comporte un hommage à un conseiller d'Etat, mort au Front au milieu des soldats. On y trouve aussi une évocation de l'attitude des députés socialistes allemands (tout comme dans L'Action française, d'ailleurs). Si la rébellion d'une minorité est soulignée, on rappelle le vote des crédits de guerre par la majorité. Plus loin, dans ce qui semble être une sorte de courrier des lecteurs, on peut lire des conseils pratiques appliqués à la guerre, comme celui-ci :

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   Encore plus riche est l'exemplaire de La Croix du 27 avril 1915. En page 1, on y dénonce la propagande allemande véhiculée par La Gazette des Ardennes, que l'on a déjà eu l'occasion de feuilleter il y a quelques semaines.

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   En page 2, on trouvera un hommage aux troupes coloniales... hommage un peu ambigu, puisque l'auteur insiste sur la férocité des soldats engagés :

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   (Au passage, je me demande s'il est légitime de parler de "troupes noires" s'il n'y avait que des Zouaves. Ces troupes étaient composées de soldats d'origine européenne, qu'ils soient métropolitains ou "pieds noirs". Durant la Grande Guerre, on a certes créé des unités mélangées, avec des tirailleurs nord-africains. Difficile toutefois de parler de "troupes noires".)

   Dans ce numéro, les Aveyronnais seraient bien avisés de lire les avis de décès, deux d'entre eux concernant directement notre département :

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   On ne sera pas non plus étonné de retrouver (comme dans l'exemplaire fourni avec le numéro 6 de Journaux de guerre) une allusion à Jeanne d'Arc, dans un article consacré à sainte Odile.

   On termine avec Le Radical (de Marseille) du 11 mai 1915. Ce quotidien républicain laïc s'intéresse tout particulièrement à la diplomatie du Vatican, au moment où l'Italie rejoint la Triple Entente. Il se fait aussi un malin plaisir à citer la bonne opinion que le gouvernement allemand a de la presse vaticane... Cela ne l'empêche pas de dénoncer l'attitude de l'évêque de Metz, qui a ordonné d'enlever les statues de Jeanne d'Arc des églises de son diocèse. On n'oubliera pas non plus de lire, page 2, le long article consacré au torpillage du Lusitania par un sous-marin allemand. On s'attend, à plus ou moins longue échéance, à l'entrée en guerre des Etats-Unis.

dimanche, 19 octobre 2014

Toujours le petit drapeau

   Les concepteurs de la série NCIS semblent avoir décidé d'en faire un élément permanent du décor du laboratoire d'Abby. Dans l'épisode 16 de la saison 11 (diffusé vendredi 17 octobre), on peut encore voir (même si c'est plus discret que dans l'épisode 12), au détour d'une scène se déroulant dans l'antre de la chercheuse, le drapeau israélien, posé sur l'un de ses bureaux :

Labo 11-16.jpg

   Il n'est plus du tout question de l'agent Ziva David dans les enquêtes du NCIS, mais les scénaristes ont peut-être longtemps caressé l'espoir d'un retour de l'actrice Cote de Pablo.

samedi, 18 octobre 2014

Journaux de guerre n° 7 et 8

   Le numéro 7 de cette passionnante collection traite du premier hiver dans les tranchées. Les "poilus" découvrent la guerre de position, dans des conditions climatiques difficiles :

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   On commence doucement avec L'Intransigeant du 1er janvier 1915. On n'y lira pas grand chose d'intéressant, le quotidien reproduisant pour l'essentiel le discours officiel sur la guerre.

   Beaucoup plus enrichissante est la lecture du Petit Parisien du 6 janvier 1915. En première page, un article évoque une Alsace-Lorraine redevenue française. On remarque aussi un papier consacré aux revendications territoriales roumaines, au premier rang desquelles la Transylvanie. Neutre à l'époque, le pays a fini par rejoindre l'Entente en août 1916. Dès 1915, dans la presse française, on peut percevoir l'écho de l'activité diplomatique menée en direction de la Roumanie.

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   Page 2, celui qui est l'un des quotidiens les plus lus de l'époque revient sur les "atrocités allemandes" et ajoute plusieurs considérations sur le traitement des prisonniers de guerre français. Un peu plus loin, il est question du sportif Jean Bouin, décédé lors de la bataille de la Marne, et qui a été (provisoirement) enterré au château de Bouconville, dans la Meuse. Encore plus sinistre est l'article qui se réjouit de la condamnation d'une avorteuse :

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   Le feu d'artifice continue page 3, où le journal évoque les champs pétrolifères austro-hongrois, la neutralité états-unienne, l'activité des Allemands autour de Metz... et les obsèques de Bruno Garibaldi, petit-fils du célèbre combattant italo-français. C'est le seul des six frères (tous engagés dans la Légion étrangère, l'Italie étant encore officiellement neutre) à porter un prénom français. L'action des combattants "garibaldiens" de 1914 est fréquemment citée dans la presse hexagonale. Le décès de Bruno a même fait l'objet d'une illustration héroïque :

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   Le florilège de journaux contient un représentant de la presse régionale, Le Progrès de l'Allier, du 21 janvier 1915. On peut y glaner quelques informations, au travers de petits articles en apparence anodins. On comprend que l'interdiction de la vente de l'absinthe est proche. (La situation a changé... en 2011.) Plus grave est la situation des juifs palestiniens, qui, depuis l'entrée en guerre de l'Empire ottoman (aux côtés de l'Allemagne), voient leur situation se dégrader :

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   Page 3, on lira avec stupéfaction l'histoire du médecin-major Dercle, qui aurait été blessé... quatre-vingt-dix-sept fois !

   On termine par une curiosité, un journal des tranchées (composé par des soldats du Quercy), L'Echo des gourbis du 15 mars 1915. Je recommande tout particulièrement la lecture, page 4, des lettres au Front (et non pas du Front), preuve que certains poilus avaient conservé leur sens de l'humour...

   Passons à présent au numéro 8 de ces Journaux de guerre. Il est consacré à la "guerre d'usure", notamment aux illusions entretenues en France à propos d'un possible rapidement effondrement de l'Allemagne :

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   Il contient une affiche de propagande française (de grand format) en faveur de la "journée du poilu" :

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   L'Humanité du 5 janvier 1915 commence par un éditorial de Marcel Cachin, l'un des rares à prendre le contrepied de l'opinion dominante : l'Allemagne n'est pas (encore) à genoux. La guerre est loin d'être finie. La suite du journal s'intéresse au sort de différents groupes de population. Celui des prisonniers en Allemagne semble correct, contrairement à ce qui est véhiculé dans d'autres journaux. Un peu plus loin, le quotidien a le courage de publier la lettre d'une internée civile (née de père allemand), qui "en a bavé".

   Les Aveyronnais seront particulièrement attentifs à la page 2, où il est question de Paul Ramadier, déjà membre de la SFIO mais pas encore député.

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   L'article fait allusion à un début de mutinerie qui s'était produit à Rodez, en 1913, très bien raconté par Jean-Michel Cosson dans le numéro de Centre Presse paru lundi 17 février dernier :

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   A noter aussi, page 2, une rubrique qui hélas ne cesse de s'enrichir depuis le début du XXe siècle, dans les villes : les accidents de la circulation. Ici, ce sont des enfants qui ont été écrasés par divers véhicules.

   Le Phare de la Loire, de la Bretagne et de la Vendée  (du 20 janvier 1915) m'est apparu beaucoup moins riche. On peut signaler, en première page, un article assez approfondi sur le cinéma en Allemagne. Page 3, il est question des exploits d'un aviateur français, Eugène Gilbert.

   L'Ouest-Eclair (du 27 février 1915) est encore moins intéressant. J'y ai quand même trouvé une publicité en faveur de ce qui n'était pas encore un monstre de l'agroalimentaire :

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   L'une des pépites de ce numéro de Journaux de guerre est sans contexte l'exemplaire du Bonnet rouge, qui se présente comme "le seul grand journal républicain du soir". A la Une, on peut lire le texte d'une chanson (Le Boche et le Turco), à la fois hommage aux troupes coloniales et miroir du paternalisme européen (un peu comme Pan pan l'Arbi, dont il a été question l'été dernier sur France Info) :

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   Plus loin, le quotidien de gauche évoque un meeting socialiste (en soutien à Karl Liebknecht) interdit à Stuttgart. Enfin, si vous avez envie de ricaner à bon compte, vous lirez le papier prophétiquement titré (en mars 1915, rappelons-le) "La guerre se terminera cette année" !

   Après cette avalanche de gauchisme, il serait malséant de terminer sans un passage par la droite de la droite. Voici donc le numéro du 29 avril 1915 de La Libre Parole, le torche-cul d'Edouard Drumont. On ne sera pas étonné d'y trouver une virulente attaque contre les Rothschild autrichiens. Rebelote page 2, en bas, lorsque le "journal" cite les biens allemands et austro-hongrois mis sous séquestre en France : il prend visiblement un malin plaisir à citer ceux de fourreurs sans doute juifs...

   De manière générale, on s'amusera à repérer, dans chacun des quotidiens, les passages laissés en blanc, sur lesquels la censure a visiblement porté son attention.

mercredi, 15 octobre 2014

NCIS et le(s) drapeau(x)

   Le mois dernier, la diffusion par M6 d'un épisode (le douzième) de la saison 11 de la célèbre série états-unienne avait provoqué maintes discussions sur la Toile, à cause de la présence, discrète mais répétée, d'un drapeau israélien à l'écran (dans le labo d'Abby).

   Ce n'était pourtant pas la première fois. Déjà, dans la saison 10 (rediffusée actuellement en complément des épisodes inédits de la saison 11), on avait pu remarquer le curieux objet, dans un contexte toutefois moins surprenant :

Ziva 10-15 a.jpg

   A plusieurs reprises, dans l'épisode 15, on peut voir l'emblème de l'Etat hébreu sur le bureau de Ziva David. Pourtant, l'ex-agent du Mossad est à l'époque devenue citoyenne américaine... mais elle vient de perdre son père, qui dirigeait l'agence d'espionnage à laquelle elle avait appartenu. Dans la psychologie du personnage (mais peut-être pas dans l'esprit des scénaristes de la série), il faut y voir plus une manifestation de sentimentalisme que l'expression d'un quelconque nationalisme. Pourtant, sur le bureau d'en face, il n'y a guère d'ambiguïté dans l'organisation de l'espace de l'agent DiNozzo :

Tony10-15.jpg

   Dans l'épisode 16 (toujours de la saison 10), c'est moins flagrant, mais un téléspectateur attentif saura repérer l'objet insolite :

Ziva 10-16 a.jpg

   Je n'en parle qu'aujourd'hui pour la bonne et simple raison que, depuis environ un an, j'avais un peu laissé de côté mon ancienne série fétiche. Je n'en ai repris la vision qu'il y a quelques semaines, profitant des rediffusions pour assimiler la saison précédente.

lundi, 06 octobre 2014

Chaud(es Aigues) devant !

   L'information est parue dans le Bulletin d'Espalion de cette semaine, en page 31, sous le titre "Une webcam pour le touriste" :

Chaudes-Aigues webcam.jpg

   Je suis donc allé vérifier, en me rendant sur le site de la commune de Chaudes-Aigues (située dans le Cantal, mais dans la partie Sud du département, qui fait partie de l'Aubrac). Voici ce que la caméra a capturé à 6h19, au moment où j'écrivais ces lignes :

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   Le site permet de consulter les prises de vue précédentes. Voilà une initiative originale... et guère attentatoire à la vie privée, puisque seuls les environs immédiats de la célèbre source du Par (la plus chaude d'Europe) est filmée. C'est l'occasion d'aller visiter la commune et ses alentours. Il n'y a pas que les thermes et le casino !

samedi, 04 octobre 2014

Qui a payé ?

   C'est une question à laquelle on aurait aimé avoir la réponse en lisant la presse locale. Dimanche 28 septembre 2014, le président du Conseil général Jean-Claude Luche a été facilement élu sénateur de l'Aveyron. Il a entraîné avec lui le député Alain Marc (accessoirement premier vice-président du Conseil général), à qui il a cependant fallu un second tour, une centaine de grands électeurs (sans doute ruraux), pourtant proches de la Majorité départementale, ne jugeant pas sa candidature légitime (et osant l'exprimer dans les urnes).

   Après le stress du dépouillement, à la salle des fêtes de Rodez, est venu le temps des réjouissances, dans le nouvel espace culturel de Saint-Geniez-d'Olt, dans le fief de Jean-Claude Luche. Cela nous a valu un bel article dans Centre Presse, jeudi 2 octobre (le temps pour le journaliste de se remettre de cette soirée mémorable, sans doute) :

CPresse 02 10 2014.jpg

   Plus de cinq cents personnes ont assisté à ce qui est qualifié d' "apéritif dînatoire", en clair un mini-gueuleton que l'on savoure plutôt debout. Mais, s'il y avait des invités, c'est donc qu'il y avait un hôte. Qui cela pouvait-il bien être ?

   La logique voudrait que ce soit Jean-Claude Luche, sur ses deniers personnels (ne vous emballez pas : ce sont les indemnités de ses différents mandats, qui sortent de notre poche), qui ait réglé la note. Est-ce le cas ? On ne nous le dit pas.

   La petite sauterie s'est passée à Saint-Geniez-d'Olt, dans une salle qui a été rénovée notamment grâce à 100 000 euros issus de la partie ministérielle de la réserve parlementaire, en 2011. L'ancienne salle polyvalente étant un équipement intercommunal, l'invitant était-il la Communauté de communes des pays d'Olt et d'Aubrac ? Si oui, à quel titre ? Précisons que celle-ci est présidée (depuis 2014) par le maire de Sainte-Eulalie-d'Olt (depuis 2008), Christian Naudan.

   On pourrait aussi s'intéresser au montant. Offrir un "apéritif dînatoire" à plus de 500 personnes n'est pas donné à tout le monde. Mettons qu'à tout casser il y ait eu 600 pique-assiette convives à régaler ce soir-là. Une collation modeste peut revenir à cinq euros par personne. Si les petits-fours sont de grande qualité et qu'on a sorti quelques bonnes bouteilles, cela peut monter facilement à quinze euros, soit un total compris entre 3 000 et 9 000 euros... sans prendre en compte la location (mise à disposition ?) de la salle, l'éclairage, l'utilisation des sanitaires...

   L'addition pourrait être encore plus salée si les coûts de personnels sont inclus. Certains membres du fan club de Jean-Claude Luche se sont-ils crus obligés de procéder (bénévolement) à la mise en place et au service, ou bien a-t-on rémunéré deux ou trois personnes pour officier ce jour-là ? Il y aurait bien une troisième solution, mais j'ai peine à croire qu'on ait pu demander à des employés municipaux (ou intercommunaux) de venir servir le gratin de la droite aveyronnaise un soir d'élection.

   Je termine par quelques mots sur la photographie d'illustration. Yves Censi (de nouveau très pote avec Luluche... mais qui a sérieusement cru qu'ils ne se parlaient plus ?) a tombé la cravate, tout comme Alain Marc. Seul J-C Luche, en boss qui garde la tête froide, conserve toute sa dignité vestimentaire. Les suppléantes sont là pour éviter les accusations de phallocratie... mais il manque une personne, pour laquelle le résultat de ces élections constitue une petite revanche (par procuration) : Jean Puech, dont le successeur au Conseil général a repris certaines méthodes.

   Jean-Claude Luche est donc bien le "patron" du département (le seul pouvant lui faire ombrage étant visiblement surtout attiré par le Conseil régional), mais, il a quand même cru nécessaire de faire attribuer un volant de subventions du Conseil général à quelques mois du vote...

jeudi, 02 octobre 2014

Extant

   C'est le titre de la nouvelle série américaine de science-fiction (coproduite par un certain Steven Spielberg) diffusée en France par M6 (depuis lundi dernier). Le premier épisode, Retour sur Terre, nous présente les personnages principaux, au premier rang desquels l'astronaute Molly Woods (incarnée par Halle Berry, que l'on a plaisir à retrouver dans un rôle pas trop formaté) :

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   L'héroïne revient chez elle après une longue et solitaire mission dans l'espace... enfin... pas si solitaire que cela, puisqu'on finit par apprendre qu'elle a fait une curieuse rencontre très loin, là-haut... Du coup, on est moins étonné de découvrir que cette femme stérile, qui n'a eu aucun rapport sexuel avec un homme depuis des mois, se retrouve enceinte.

   Cet "heureux événement" risque de perturber grandement sa carrière professionnelle, ainsi que sa vie familiale. Son mari, un petit génie des biotechnologies, remarque que tout ne tourne pas rond, tout comme leur fils adoptif, un androïde ultraperfectionné qui suscite beaucoup d'interrogations :

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   Le deuxième épisode, Extinction, voit l'héroïne découvrir à quel point sa grossesse inexpliquée perturbe son corps et son psychisme :

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   Dans la boîte où elle travaille, certains dirigeants semblent cacher de lourds secrets, dont un concerne un ancien collègue de Molly, qui a pris contact avec elle et qu'elle va essayer de retrouver. En coulisses manoeuvre un discret mécène japonais, qui a choisi de financer le projet un peu fou de l'époux de Molly :

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   Le troisième épisode, L'Enfant venu d'ailleurs, place davantage l'androïde Ethan au centre de l'action. Il en devient même inquiétant :

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   De son côté, sa mère adoptive Molly constate la détérioration de son état physique et psychique. Une soirée entre amis va cristalliser les tensions :

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   J'ai été "pris" par cette série, dont le scénario est de qualité. La distribution s'appuie sur un mélange d'acteurs expérimentés et d'inconnus pas maladroits. Au niveau de la réalisation, on a soigné les effets spéciaux, en particulier ceux qui concernent les corps humains et le séjour dans l'espace, régulièrement porté à l'écran à coups de retours en arrière et de cauchemars.

   Sur le fond, pour autant qu'on puisse en juger, l'histoire mélange la science, le paranormal et les secrets familiaux. On a envie de connaître la suite !

mercredi, 24 septembre 2014

Journaux de guerre n°6

   Le numéro paru jeudi 18 septembre est consacré à la manière dont l'Arrière a perçu le début de la Première guerre mondiale. La double-page de présentation évoque le cas des enfants, les relations familiales en période de conflit, la communication de guerre ainsi que le rôle du cinéma. Trois journaux d'époque sont reproduits.

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   Le Sud-Ouest est représenté par La Petite Gironde du 1er décembre 1914. Fait rare dans la presse régionale de ces temps troublés, la première des quatre (grandes) pages est illustrée de quatre photographies (en noir et blanc), l'une montrant un village construit par les soldats hexagonaux, une autre un convoi de ravitaillement en eau, la troisième une voiture (hippomobile) régimentaire russe et la quatrième des mortiers pris aux Allemands :

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   L'éditorial, de ton revanchard, est suivi d'un article sur la guerre marine puis d'une chronique de la vie bordelaise. Une partie de la page 2 est occupée par la recension d'un Livre jaune sur la guerre européenne, qui rejette l'entière responsabilité du conflit sur les épaules allemandes.

   Plus loin, un entrefilet intitulé "LE DEVOIR DES ETATS-UNIS" sous-entend que ce pays ne devrait pas tarder à s'engager en faveur de la Triple Entente. Dans le même ordre d'idée, on trouve la mention d'un hommage brésilien aux soldats français.

   Un lecteur attentif finit par tomber, quelque part page 3, sur un entrefilet qui fait écho à ce dont il a été question dans l'exemplaire de La Lanterne fourni avec le numéro 4 de Journaux de guerre :

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   Page 4, il est (brièvement) question de l'Aveyron quand le journal évoque la possibilité d'employer des réfugiés français ou belges là où le manque de main-d'oeuvre se fait sentir, dans plusieurs départements du Massif Central.

   Le deuxième quotidien régional nous fait faire un joli bond, puisqu'il s'agit de L'Est Républicain, publié à Nancy (le 20 décembre 1914), donc tout près du Front. La première page est presque uniquement occupée par l'actualité internationale liée à la guerre, les nouvelles étant quasi exclusivement favorables à l'Entente.

   L'autre grand sujet auquel sont consacrés plusieurs articles est la vie dans les régions sous occupation allemande. Cela commence par la ville de Metz, annexée en 1871, mais où le patriotisme français reste vivace. En Alsace, c'est à travers l'action d'un instituteur que l'amour de la Mère Patrie est évoqué. Dans le Pays Haut, à Longwy, la population découvre la vie sous la férule allemande.

   Dans le département voisin de la Meuse, directement soumis au feu ennemi, ce n'est pas n'importe quel citoyen qui se réjouit des pertes allemandes, mais l'évêque de Verdun, qui n'est autre que Charles Ginisty (originaire de Saint-Saturnin-de-Lenne, dans l'est de l'Aveyron). Ses propos sont extraits d'une lettre qui a été adressée à un abbé ruthénois :

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   On termine par un quotidien national, La Croix, daté du 27 décembre 1914. Il est bien entendu question du premier Noël de guerre. Curieusement, ce sont des extraits de lettres écrites par des enfants de 6 à 9 ans au Père Noël ou au "petit Jésus" qui occupent la plus grande place. Truffées de fautes (ce qui n'est pas étonnant au vu de l'âge de leurs auteurs, qui débutent leur apprentissage), ces messages regorgent d'altruisme juvénile, à tel point que la présentation de Journaux de guerre met en doute leur authenticité.

   Page 3 est retranscrit le discours d'un évêque, construit autour de l'action de la Vierge Marie, réputée avoir déjà sauvé la France à plusieurs reprises. La cinquième partie évoque un "ange, une femme, une libératrice"... Jeanne d'Arc (à l'époque bienheureuse, pas encore sainte). On retrouve la Pucelle page 5, au coeur d'un long article consacré à ce qui se passe en Alsace-Lorraine :

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      Page 7, c'est la lucidité qui l'emporte, puisque le directeur de l'édition de Limoges y affirme que la guerre sera longue... et victorieuse, les Français s'étant progressivement endurcis au combat.

   Les journaux sont complétés par la reproduction d'une affiche de propagande (de 1916) faisant appel au civisme des enfants : "Nous saurons nous en priver".

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   P.S.

   Ma navigation sur la Toile m'a conduit au site (officiel) france.fr, qui dit deux-trois choses de Jeanne d'Arc. Mon regard a plutôt été attiré par ce qui figure dans une colonne, à droite, sous le titre "personnages historiques". Cherchez l'erreur...

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dimanche, 21 septembre 2014

Présence subliminale

   M6 diffuse actuellement la saison 11 de la série NCIS. Vendredi soir, dans l'épisode 12, les téléspectateurs attentifs ont pu remarquer, à plusieurs reprises, la présence d'un curieux objet dans le champ de la caméra, d'abord à l'arrière-plan :

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   C'est à peine perceptible un peu plus loin, puisqu'on n'en distingue qu'un morceau :

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   Le drapeau israélien finit par apparaître clairement, planté dans l'une des tasses d'Abby, la laborantine à la fois foldingue, gothique et surdouée :

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   C'est évidemment une allusion au personnage de Ziva David, l'ex-agent du Mossad qui était devenue un pilier de l'équipe de Gibbs, et qui a quitté la série au début de la saison. Abby était une grande amie de Ziva, qu'elle considérait comme sa soeur. Celle-ci avait acquis la nationalité états-unienne à la fin de la saison 7. Faire référence à ce personnage à l'aide du drapeau israélien n'est donc pas ce qu'il y a de plus pertinent. Par contre, c'est un clin d'oeil à un pays "ami", les auteurs de la série étant visiblement de sensibilité républicaine. A plusieurs reprises, les saisons précédentes, on a pu sentir qu'ils ne sont pas très éloignés des néo-conservateurs. Mais la série n'en reste pas moins de qualité.

   On peut aussi vérifier dans les anciens épisodes. On n'y voit pas de drapeau israélien dans le labo d'Abby. La grande tasse apparaît à plusieurs reprises, comme dans l'épisode 9 de la saison 10 (parfois hilarant, avec le retour de l'ex-femme de Gibbs et de l'agent Fornell) :

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   Un petit cadeau pour terminer. J'ai remarqué que, parmi les visiteurs qui arrivent par hasard sur mon blog, se trouvent des personnes qui recherchent des informations sur Cote de Pablo, l'actrice qui interprétait l'agent du Mossad. Apparemment, ce sont des informations concernant son physique (avantageux) qui suscitent l'intérêt de ces internautes... puisque le billet qui les attire est celui que j'ai consacré jadis au string qui apparaît au détour d'un épisode de la saison 5.

   A ces personnes en quête de réponses existentielles, j'offre ce présent: une vision du joli petit cul de l'actrice (dans son pantalon), saisi au vol par Anthony DiNozzo dans l'épisode 11 de la saison 4. Si la mémoire vous fait défaut, je vous laisse redécouvrir les circonstances dans lesquelles a été pris cet acrobatique cliché :

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samedi, 20 septembre 2014

Un nouveau préfet (de gauche) pour l'Aveyron

   C'est inhérent à la fonction : régulièrement, un mouvement de "chaises musicales" vient redistribuer les postes de haut fonctionnaire. On doit aussi s'y attendre dès qu'un gouvernement change de composition, que le titulaire de l'Intérieur reste le même ou pas. (Ainsi, Bernard Cazeneuve est resté en place dans le deuxième gouvernement Valls.) Par contre, le vivier dans lequel puisent les ministres pour constituer leur cabinet a beaucoup en commun avec celui d'où sortent les préfets.

   Jean-Luc Combe, le nouveau représentant de l'Etat en Aveyron est un "voisin", puisqu'il était en poste dans le Cantal depuis un an et demi. Mais son parcours (détaillé dans un article de Centre Presse) est bien plus long... et surtout moins stéréotypé que celui de nombre de ses collègues.

   Il a commencé sa carrière en 1981, en Seine-Saint-Denis, à Noisy-le-Sec, en tant que responsable du secrétariat général. La date (année de la première élection de François Mitterrand à la présidence de la République) et le lieu (un département qui fut longtemps géré par le Parti communiste) pourraient nous inciter à penser qu'il était proche de la gauche. D'ailleurs, le maire au service duquel il entre (et dont il a ensuite été directeur de cabinet) est Roger Gouhier, un communiste d'origine ouvrière.

   Il a 26 ans à l'époque. La Dépêche du Midi nous apprend qu'il est titulaire d'une licence d'histoire-géographie, décrochée à Toulouse (alors qu'il est né à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, pas très loin de la Seine-Saint-Denis). Il n'est donc pas un exemple de haut fonctionnaire issu d'une grande école, au parcours balisé. Ses débuts se rapprochent plutôt de ceux de nombre de fonctionnaires territoriaux qui ont commencé leur carrière dans les années 1980. Les lois Defferre ont accordé plus de pouvoirs aux collectivités territoriales, qui ont dû, dans la foulée, recruter rapidement de nouveaux collaborateurs. A l'époque, les formations spécifiques n'étaient pas légion. On a donc abondamment puisé dans les universités (plutôt en Lettres, Sciences économiques et Droit).

   En 1988, Jean-Luc Combe devient secrétaire général de la commune de Vigneux-sur-Seine, dans l'Essonne, au sud d'Ivry. Là encore, il s'agit d'une mairie communiste, qui a été dirigée pendant 21 ans par un homme de terrain, Lucien Lagrange. (C'était l'époque où le PCF avait un réservoir de militants dévoués, très souvent d'origine populaire... et beaucoup plus d'électeurs.)

   En 1993, il retourne en Seine-Saint-Denis, à Epinay-sur-Seine, cette fois au service d'un élu socialiste, Gilbert Bonnemaison. Assez vite (peut-être en raison du retrait du maire d'Epinay), il revient dans l'Essonne, auprès du maire d'Evry Jacques Guyard, lui aussi membre du PS. L'évolution politique des employeurs du futur préfet aveyronnais est-elle révélatrice du changement de sa "sensibilité" ? Il aurait été proche du PCF dans sa jeunesse, avant d'évoluer vers le PS.

   On en a la confirmation en 1998, quand il devient directeur général des services du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, présidé par le socialiste Jean-Louis Bianco... depuis 1998.

   En 2005, il passe à la Communauté d'agglomération d'Angers, elle aussi présidée par un membre du PS, Jean-Claude Antonini.

   Notre homme a toujours la bougeotte, puisque dès 2007, il change à nouveau d'affectation, peut-être pour se rapprocher de sa région d'origine. Il se retrouve au Conseil général de Seine-et-Marne, présidé là encore par un socialiste, Vincent Eblé.

   Celui-ci devient sénateur en 2011, année qui voit Jean-Luc Combe passer au service du nouveau président (socialiste) de la Haute Assemblée, Jean-Pierre Bel. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une coïncidence. En devenant sénateur, Vincent Eblé a pu bénéficier de fonds pour rémunérer ses collaborateurs. Il n'avait peut-être plus besoin de celui qu'il avait recruté au Conseil général. De surcroît, ce dernier connaissait peut-être Jean-Pierre Bel depuis longtemps. Bien que quelques années les séparent (ils sont nés en 1955 et 1951), ils ont pu se rencontrer à Toulouse, où ils ont tous deux poursuivi leurs études... et Jean-Pierre Bel étant issu d'une famille communiste, il est possible que les deux jeunes hommes se soient croisés lors de soirées militantes.

   En arrivant dans l'Aveyron, Jean-Luc Combe pousse vers la sortie Cécile Pozzo di Borgo, qui avait été nommée par le gouvernement Fillon en 2011. Agée de 62 ans, elle se dirige tout doucement vers la retraite, à un poste que certaines mauvaises langues n'hésitent pas à qualifier de sinécure : l'administration des T.A.A.F. (Terres Australes et Antarctiques Françaises).

jeudi, 18 septembre 2014

Rodez sur TripAdvisor

   La perle informative dont il va être ici question est parue discrètement, mardi 16 septembre, dans "Pitonnerie", la rubrique scrutée à la loupe par certains lecteurs du quotidien aveyronnais Centre Presse :

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   En consultant le site TripAdvisor, on constate, un peu à la surprise générale, que, parmi les visites touristiques associées à la commune de Rodez, celle du musée Fenaille recueille un indice de satisfaction plus élevé que celle du musée Soulages, qui devance toutefois la cathédrale locale. (A mon humble avis, c'est plutôt çà le scandale...)

    Pourtant, la lutte n'est pas égale entre les deux musées. Depuis des mois, l'établissement consacré à l'oeuvre de Pierre Soulages bénéficie d'une couverture médiatique peut-être jamais vue pour un musée provincial. Dans un premier temps, le succès (relatif) des grosses boîtes à chaussures du Foirail a rejailli sur la vieille bâtisse donnant sur l'antique forum. 

   Mais, en matière de musée comme dans le cinéma, le nombre des entrées est à relativiser par l'indice de satisfaction. Combien de bouses filmiques attirant les masses ravissent à peine plus de 50 % de leur public, alors que des productions plus confidentielles (mais pas nécessairement élitistes) suscitent l'enthousiasme des spectateurs ? Sans maquillage outrancier ni tenue extravagante, l'altière Fenaille semble avoir procuré davantage de plaisir que la courtisane Soulages.

   Notons toutefois que le nouveau musée recueille quand même un très bon indice de satisfaction. Quand on lit le détail des observations des visiteurs, on constate qu'il existe un grand contraste entre une majorité de très contents et une mince minorité de furieux. Si quelques-uns de ceux-ci ont été déçu par le contenu, ce sont surtout les défauts d'organisation et le comportement de certains membres du personnel qui semblent expliquer les mauvaises notes.

   Du côté de Fenaille, on peut parler de belle surprise pour les visiteurs dont la destination première était sans doute le musée Soulages. L'impact des statues-menhirs (encore récemment mises à l'honneur sur Arte) explique sans doute en partie le bon classement du musée, dont les collections bénéficient d'un travail de présentation en général clair et érudit. S'y ajoute la qualité de l'exposition temporaire présente jusqu'au 26 octobre 2014 : "Impression d'Afrique".

   Espérons que la suivante poursuivra sur cette lancée. Dans un avenir proche, le musée Fenaille pourrait aussi voir son intérêt relancé par le toilettage des collections permanentes. Il semblerait que quelques ajouts soient en cours. J'ai entendu parler d'un squelette de cheval (issu d'une tombe gallo-romaine) et... d'une nouvelle statue-menhir ! S'agira-t-il de l'une de celles qui n'avaient été exposées que temporairement en 2010 ? S'agira-t-il de celle qui a été découverte l'an dernier, aux confins du Tarn et de l'Hérault ?

samedi, 13 septembre 2014

Journaux de guerre n°4 et 5

   Paru jeudi dernier, le numéro 4 tente de démêler le vrai du faux dans ce que l'on a appelé "les atrocités allemandes", un thème qui a été largement développé à l'époque, avant de devenir plus anecdotique (la Seconde guerre mondiale et ses horreurs étant passées par là)... pour finalement être redécouvert au début du XXIe siècle :

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   Les rumeurs ont commencé à circuler dès le tout début de la guerre. Les exemplaires de la presse française fournis avec le numéro 2 de Journaux de guerre contenaient déjà des allusions aux crimes de l'armée allemande. Ici, cela commence avec L'Echo d'Alger du 13 août 1914, dans lequel il faut faire le tri :

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   Sous le titre "Atrocités !!!", le quotidien évoque les incendies de villages (belges et français, une réalité de la guerre), et l'histoire des bonbons empoisonnés (notamment dans le Lot), qui serait une légende. Ici le fantasme meurtrier rejoint la crainte de la présence d'agents allemands à l'intérieur du pays. Dans le cas qui nous concerne, on a même parfois avancé que ce seraient des hommes déguisés en femmes qui auraient distribué les bonbons. La présence d'agents infiltrés n'en est pas moins réelle, mais plutôt dans des lieux stratégiques. Le journal cite plusieurs cas, à Paris, Versailles et Bruxelles.

   Parmi les curiosités lisibles dans le quotidien d'Algérie, je signale la mention d'une "prophétie", une prédiction d'un général japonais (qui s'est suicidé en 1912). Dès 1904 (au cours de la guerre russo-japonaise), il aurait annoncé le déclenchement de deux grands conflits au XXe siècle. Le premier prenait sa source dans les antagonismes franco-allemand et anglo-allemand (qu'il voyait s'achever par une défaite de l'Allemagne, après que celle-ci eût violé la neutralité belge). Le second conflit devait naître de la rivalité entre les Etats-Unis et le Japon. Ici s'arrêtait le don de prescience du général Nogi, qui voyait son pays sortir vainqueur de la guerre pour le Pacifique.

   Dernière pépite : les encouragements prodigués aux soldats français par un voisin inattendu... le prince de Monaco (Albert Ier, lointain ancêtre d'Albert II). Celui-ci a profité de l'occasion pour rappeler qu'il avait combattu pour la France, en 1870 (dans la Marine).

   Le deuxième journal reproduit dans ce numéro de Journaux de guerre est Le Rappel du 19 août 1914 (2 Fructidor an 122, comme il est précisé en haut à gauche de l'exemplaire). Un grand titre barre la première page : "Ils avouent leurs Crimes". Les "atrocités allemandes" sont dénoncées à partir d'un rapport du préfet de Meurthe-et-Moselle et de lettres de soldats allemands, qui ont été interceptées. L'éditorial est consacré au même thème, avec, entre autres, l'évocation de l'affaire de "l'enfant au fusil". La page 2 est occupée par une gigantesque carte du Front.

  L'Humanité du 17 septembre 1914 apporte une note discordante. L'éditorial de Jean Longuet (dont un paragraphe semble avoir été victime de la censure) appelle au bon sens... et à ne se fier qu'aux témoignages corroborés. Pour les socialistes français, le véritable ennemi n'est pas le soldat allemand, mais le militarisme prussien. Un peu plus loin dans le journal, on peut trouver un tableau comparatif des forces maritimes des cinq principaux belligérants :

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   Si la supériorité franco-britannique paraît évidente au niveau des torpilleurs, l'importante flotte allemande de contre-torpilleurs a de quoi inquiéter...

   Au niveau des alliés, le positionnement de l'Empire ottoman suscite beaucoup d'interrogations. Au fur et à mesure qu'on lit l'ensemble des journaux, on comprend à demi-mots qu'Istanbul devrait, à terme, rejoindre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. L'Humanité nous apprend que c'est un amiral allemand qui va commander la flotte ottomane.

   Enfin, je vous laisse découvrir pour quels motifs le Conseil de Guerre a condamné diverses personnes à la réclusion ou aux travaux forcés.

   Le quatrième quotidien français est La Lanterne du 14 octobre 1914. L'éditorial de Félix Hautfort s'en prend assez violemment à l'Appel aux Nations civilisées, signé par 93 intellectuel allemands, qui rejettent les accusations portées contre l'armée de leur pays. Le journal s'intéresse aussi au positionnement du gouvernement roumain, qui louche sur la Transylvanie hongroise. En page 2, on lira avec plaisir le récit de l'affrontement entre deux biplans, un français, l'autre allemand, la victoire revenant bien évidemment... au français !

   Mais la perle de ce numéro de Journaux de guerre est l'exemplaire de La Gazette des Ardennes (du 27 décembre 1914), organe de propagande allemand publié en zone occupée pendant presque quatre ans. Pour gagner les faveurs de la population française, la tactique est de dénigrer les Belges et les Anglais...

   Complète ce florilège la reproduction d'une affiche (française) dénonçant le bombardement de Reims.

   Passons à présent au numéro 5, sorti ce jeudi 11 septembre. Il est principalement consacré à la bataille de la Marne, qui permit à la France de poursuivre la guerre :

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   Le premier quotidien reproduit est La Guerre Sociale (du 31 août 1914), dirigé par Gustave Hervé, qui, à l'époque, était une sorte de "gauchiste"... mais un gauchiste que la guerre a converti aux vertus du patriotisme et qui, des années plus tard, s'est vautré dans le "social-nationalisme" et le pétainisme... avant de recouvrer ses esprits, peu avant sa mort.

   Dans ce numéro, La Guerre Sociale se préoccupe de la défense de Paris, rien ne semblant, jusqu'à présent, arrêter l'avancée allemande. Le journal, comme ses confrères tout aussi mal informés, se console avec de supposés succès russes sur le front Est. Je signale aussi un article de l'aveyronnais Emile Pouget, consacré aux faits divers, en particulier à la baisse de la délinquance à Paris, depuis le début de la guerre.

   Il est aussi question du passage d'un avion allemand au-dessus de Paris et du largage de deux bombes, pas très dangereuses. (C'était une action de guerre psychologique.) En page 2 se trouve une carte du Front Ouest, ainsi qu'une tribune du comte Tarnowski, qui développe l'idée que les Polonais sont bien mieux traités dans la Galicie austro-hongroise que dans l'empire russe.

   L'Intransigeant du 4 septembre 1914 aborde des thèmes semblables. Il s'attarde beaucoup sur le survol de Paris par l'avion allemand et prodigue des conseils aux civils. Un paragraphe attirera plus particulièrement l'attention des Aveyronnais :

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   Cette semaine, la presse de province est à l'honneur à travers Le Petit Marseillais du 12 septembre. On y célèbre amplement la victoire de la Marne, sans tomber dans un optimisme excessif. L'un des premiers articles spécule sur la durée de la guerre. L'auteur s'appuie sur des propos tenus à l'étranger pour sous-entendre qu'un conflit de trois ans est tout à fait envisageable.

   Il faut attendre la page deux pour trouver un entrefilet faisant allusion aux récentes défaites russes (à Tannenberg et aux lacs Mazures)... et félicitant surtout nos alliés pour leur honnêteté :

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   Le journal publie aussi des extraits de lettres de soldats (riches d'anecdotes), ainsi qu'un communiqué des réfugiés lorrains, qui remercient la population marseillaise pour son accueil.

   On termine par L'Echo de Paris du 14 septembre 1914, dont les colonnes sont elles aussi largement occupées par la récente victoire des troupes françaises. Un article fort intéressant est consacré aux mines sous-marines. Il complète un paragraphe qui évoque le parcours du Lutetia, un croiseur en provenance d'Amérique du Sud, qui a réussi à échapper aux navires de guerre allemands.

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   Complète ce florilège une reproduction d'une affriche française, ironisant sur l'échec des Allemands sur la Marne.

samedi, 06 septembre 2014

Les statues-menhirs sur Arte

   Plusieurs numéros de l'émission documentaire Sur nos traces, diffusée sur la chaîne franco-allemande, sont consacrés à la préhistoire, notamment à la période Néolithique. C'est dans l'épisode qui traite des activités artisanales qu'une statue-menhir apparaît fugitivement :

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   Sauf erreur de ma part, il s'agit de celle du Mas d'Azaïs, trouvée sur le territoire de la commune de Montlaur, dans le sud du département, à proximité de Saint-Affrique :

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   Elle se trouve aujourd'hui au Musée d'Archéologie Nationale, à Saint-Germain-en-Laye. J'en ai trouvé une photographie prise par un touriste britannique visiblement passionné par les mégalithes :

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   Dans ce volet de la série, certains apprendront peut-être avec surprise que l'on estime que c'étaient (majoritairement) les femmes qui pratiquaient la poterie et le tissage. La reconstitution d'un métier à tisser est assez impressionnante, tout comme l'expédition dans une mine de silex. La journaliste Nadia Cleitman est dynamique et l'on sent sa volonté de vulgariser les connaissances scientifiques et historiques.

   C'est dans l'épisode consacré à la spiritualité des hommes du Néolithique que les statues-menhirs sont à l'honneur. On nous y parle d'abord des pratiques d'inhumation (avec l'apparition du cimetière), avant que la présentatrice ne nous mène à Lacaune, dans le Tarn, à côté de Pierre Plantée, la plus grande des statues-menhirs connues :

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   Laissée sur site, elle paraît avoir perdu ses gravures (mais il me semble qu'on la voit de dos). J'en ai trouvé une photographie plus ancienne sur le blog d'un cyclotouriste :

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   Et voici la schématisation que propose Michel Maillé, dans le superbe ouvrage Hommes et femmes de pierre, publié en 2010 :

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   On ne s'étonnera pas de voir la journaliste, un peu plus tard dans le documentaire, venir faire un tour dans le plus intéressant des musées ruthénois :

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   Elle y rencontre Aurélien Pierre, qui, très pédagogue, explique le détail des gravures, aidé par une caméra qui filme intelligemment, avec notamment des gros plans très réussis. Evidemment, la célèbre Dame de Saint-Sernin finit par passer à l'écran. La réalisatrice nous en propose un peu plus loin une vision quasi fantasmagorique :

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   La troisième partie de l'émission nous fait découvrir un autre monument mégalithique (breton celui-là), le Cairn de Gavrinis. Si, de l'extérieur, il a déjà l'air impressionnant, la visite (commentée) de l'intérieur le rend encore plus intéressant, avec ces étranges dessins qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres d'art aborigènes :

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   Il reste quelques jours pour (re)voir ces émissions (les deux dont j'ai parlé mais aussi les autres épisodes) en "télé de rattrapage". En consultant le programme d'Arte, il est aussi possible de trouver des rediffusions.

   P.S.

   En poussant un peu, on pourrait affirmer qu'il est (indirectement) question des statues-menhirs dans un troisième film de la série, celui qui est intitulé L'homme de pouvoir.

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   On y découvre un étrange ustensile, à l'usage inconnu, et qualifié de "Tour Eiffel", faute de mieux. Disposé à côté de la dépouille d'un chef du Néolithique, il n'est pas sans rappeler le fameux "objet" visible sur certaines statues-menhirs masculines, comme celle de Pousthomy :

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samedi, 30 août 2014

A l'ombre des 100 000 visiteurs

   La presse a abondamment relayé l'information concernant le grand nombre de visiteurs du musée Soulages, dépassant les prévisions de ses promoteurs. Mais les auteurs des articles n'ont pas trop cherché à en savoir plus. Ainsi, à l'exception notable du Nouvel Hebdo, aucun périodique n'a précisé le nombre d'entrées payantes.

   Du côté des quotidiens locaux, on a fait surtout de la communication. Centre Presse y va fort en qualifiant le musée de "phare culturel de la ville" et insiste sur l'impact touristique de Soulages, évoquant aussi l'augmentation du nombre de visiteurs des autres musées ruthénois. Midi Libre souligne aussi cet aspect, mais se consacre davantage à l'hôtellerie-restauration. Au passage, l'auteure de l'article lance une pique aux "soulageophobes" locaux, oubliant que c'est sur le long terme qu'il faudra juger du succès de l'établissement.

   La Dépêche du Midi cite les propos du maire de Rodez (Christian Teyssèdre) et donne des chiffres précis... mais pas tous ceux que l'on attendait, hélas. On apprend toutefois que les 100 000 entrées n'ont rapporté que 417 000 euros... alors que le billet (commun aux trois musées, ce qui est une bonne idée) coûte 7 euros (4 euros pour les comités d'entreprises et les - environ 11 000 - titulaires de la carte XXL du Grand Rodez). Cela signifie qu'une part importante des visiteurs n'a pas payé. On ne sait pas quelle proportion ils représentent, faute de connaître le nombre de billets à 7 et 4 euros.

   On apprend aussi que la boutique du musée connaît un grand succès, ce dont tout visiteur du début avait pu se rendre compte. Déjà, le 16 juin dernier, Centre Presse parlait de la ruée sur le petit espace commercial du musée... sous-entendant que tous ceux qui repartaient avec un ou deux ouvrages n'avaient pas forcément payé. Et pourtant, au début du projet, cette boutique n'avait pas d'existence assurée. On réalise aujourd'hui qu'on a bien fait de l'étoffer et que c'est même devenu un atout de l'établissement, qui deviendrait ainsi, le siège de la librairie de référence sur Soulages.

   Sans surprise, le quotidien économique Les Echos s'appuie lui aussi sur ces données pour évoquer la réussite du musée. Il est même plus précis sur le chiffre d'affaires de la boutique (329 575 euros, contre 329 000 selon La Dépêche).

   Le Figaro rentre moins dans le détail des recettes, mais il précise le nombre d'entrées par mois. Il relaie aussi les critiques émises à propos des horaires d'ouverture. On peut en effet légitimement penser qu'avec une offre plus étendue, le musée aurait accueilli encore plus de visiteurs. La journaliste a peut-être copié ce qu'elle a lu dans l'article de Centre Presse (paru une semaine plus tôt), auquel elle a aussi emprunté la formule "phare culturel".

   On termine avec La Croix et un article assez long. On y retrouve et le détail des recettes et les entrées par mois. Manquent juste la proportion d'entrées payantes et l'origine des visiteurs.

   Tournons-nous donc vers Le Nouvel Hebdo et le "Grain de sel" de Gérard Galtier. On y découvre que la part d'entrées payantes n'atteint même pas 60 % du total. En effet, aux visiteurs de l'inauguration (portes ouvertes), il faut ajouter ceux du premier dimanche de chaque mois, où l'entrée est gratuite. Affluence garantie... signe aussi (peut-être) que les locaux, s'ils viennent jeter un oeil au musée qui a fait la "une" des médias, ne sont pas prêts à payer pour cela. A l'avenir, il est un autre public qui contribuera à accroître le nombre d'entrées sans participer financièrement : les scolaires... mais cela fait partie des missions de tout établissement de ce type.

   Ceci dit, on ne va pas faire la fine bouche. En tant que contribuable du Grand Rodez, je me réjouis que les recettes du musée soient plus importantes que prévu. C'est autant que nous n'aurons pas à remettre au pot. Notons toutefois qu'il s'agit (concernant les entrées payantes) des recettes des musées, le billet étant commun.

   Je termine par une information que, là encore, je n'ai lue que dans Le Nouvel Hebdo. Figurez-vous que le directeur du musée, tout comme son adjointe, ont choisi le mois d'août pour partir en vacances et ce, alors que la tension était à son comble en matière de gestion du personnel. En effet, le succès du nouvel établissement a contraint de revoir les emplois du temps... et il me semble que l'on a un peu déshabillé Fenaille (et Denys-Puech) pour habiller Soulages. Visiblement, pendant que l'élite partait se dorer la pilule, la valetaille était priée d'assurer le service...

samedi, 23 août 2014

Le jeu des sept erreurs

   Dans son cahier "Région", le quotidien Midi Libre a pris l'habitude de recommander une visite touristique, en avant-dernière page. Ce sont d'abord des lieux emblématiques du Grand Sud qui sont mis à l'honneur. Hier vendredi, c'est la cathédrale de Rodez qui a bénéficié d'un coup de projecteur, illustré par une prise de vue du photographe maison, Yves Estival :

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   Le problème est que tout Ruthénois qui se respecte (et tout individu récemment passé par le centre-ville de Rodez) ne peut que tiquer devant cette image qui représente la place d'Armes telle qu'elle n'existe plus. En voici une photographie récente :

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   Alors, on se lance dans le jeu ?

   Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir...

   Je sens que vous avez déjà repéré quelques différences flagrantes :

   - la place d'Armes n'est plus défigurée par ces horribles bacs à fleurs

   - on y a planté de jeunes arbres

   - on y a ajouté de petits poteaux métalliques et des boules au sol (pour décourager les automobilistes indélicats)

   C'est tout ? Allons, regardez le sol d'un peu plus près :

   - les espèces d'escaliers ont été remplacés par un sol uni, en légère déclivité

   - les petites piles, à gauche, ont disparu (les arbres se trouvent à leur place)

   - un feu tricolore a été installé

   Maintenant, soyez attentifs aux édifices :

   - les échafaudages ont disparu de l'immeuble voisin de la cathédrale (à droite sur l'image)

   ... et ? (Une huitième, pour la route !)

   Indice : il faut lever la tête et avoir une excellente vue.

   Je vous aide : regardez la tour Sud (à droite sur l'image).

   Les inscriptions, découvertes en 2010 à l'occasion de travaux de rénovation, n'apparaissent pas sur la photographie de Midi Libre. Cette image a donc plus de trois ans et demi ! Pourtant, les locaux communs au quotidien montpelliérain et à Centre Presse sont situés avenue Victor Hugo, à moins de cent mètres de là ! Trop dure, la life !

jeudi, 14 août 2014

Journaux de guerre

   Les moins de vingt ans ne connaissent sans doute pas la première série qui a porté ce nom. Sortie pour les cinquante ans de la Seconde guerre mondiale, elle associait une (courte) présentation historique à un florilège de la presse de l'époque concernée.

   Aujourd'hui, la formule est réutilisée dans le cadre du centenaire de la Première guerre mondiale, en association avec la BNF. Il y a deux semaines est paru le premier numéro, consacré à l'entrée en guerre :

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   La partie historique contient une carte des blocs militaires en 1914. Il y est aussi question de l'assassinat de Jean Jaurès (auquel une bande dessinée vient d'être consacrée). Un mini-dossier aborde l'entrée en guerre des Français : les soldats sont-ils vraiment partis "la fleur au fusil" ? Le tout est complété par une reproduction de l'ordre de mobilisation générale.

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   Les autres documents sont les fac-similés de trois quotidiens de l'époque : L'Humanité du 1er août 1914, L'Est Républicain du 5 août 1914 et L'Ouest-Eclair du 2 août 1914. C'est le premier qui est le plus intéressant. Au vu de la date, vous vous doutez qu'il y est principalement question de l'assassinat de Jean Jaurès (qui a eu lieu la veille de sa parution). D'autres articles sont consacrés au contexte international. La vie économique et sociale est aussi largement commentée. Au niveau littéraire, on note une publicité pour une édition des oeuvres complètes illustrées de Victor Hugo (avec l'exemple du tome contenant Les Misérables). En bas de page, à deux reprises, on trouve un extrait de roman. Page 2, il s'agit d'un inédit, Fleurette, de l'Aveyronnais Emile Pouget. Page 5, il s'agit d'une réédition de La Débâcle, d'Emile Zola.

   Ce jeudi est paru le deuxième numéro de ces Journaux de Guerre. Il y est question des premiers combats de la fin de l'été 1914 :

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   Le document joint est une affiche et le texte d'une chanson rendant hommage à l'Alsace-Lorraine, théâtre des premières escarmouches en France métropolitaine. Les armées de l'Hexagone y ont connu de petits succès (progressant jusqu'à Mulhouse), avant de rapidement reculer. Dans le même temps, les Belges affrontent le gros de l'armée allemande, qui applique le plan Schlieffen.

   Tous les journaux font leurs gros titres sur les petits succès de l'armée française et l'héroïsme des Belges. Cinq quotidiens sont reproduits dans ce numéro.

   Le Petit Parisien du 8 août est le plus riche, à mon avis. Il y est question d'un armistice (très localisé et temporaire) demandé par les Allemands, source de confusion pour un lectorat inattentif. On y évoque aussi des demandes d'engagement d'Américains (donc normalement neutres) dans l'armée française. En page 2, on lira avec plaisir une "vieille prédiction" concernant Guillaume II. Plus intéressant est l'article intitulé "Glorieux souvenirs", où l'on nous parle des guerres de la Révolution et de l'Empire. Une femme (une Belge) est mise à l'honneur : Marie-Jeanne Schellinck. Moins élégant, une semaine après la mort de Jaurès, un entrefilet rend hommage à la loi de trois ans, qu'il avait âprement combattue.

   La Lanterne du 12 août se distingue par la caricature reproduite en Une, qui a été empruntée au Charivari, un organe satirique célèbre à l'époque. On peut aussi y trouver l'une des premières dénonciations des "atrocités allemandes", en France comme en Belgique. En page 2, parmi les anecdotes, j'ai repéré la mention du premier soldat tué depuis la déclaration de guerre, le Parisien Fortuné Emile Pouget, mort le 4 août. (Rappelons que le caporal Jules André Peugeot est décédé deux jours plus tôt, mais avant ladite déclaration.)

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   Un autre fait divers tragique est cité par le journal : un soldat français a abattu un curé, qui n'avait pas entendu ses sommations. Voilà qui n'est pas sans rappeler l'histoire du fils du douanier de Magny, "l'enfant au fusil" dont j'ai parlé hier. Son histoire est rapidement évoquée par Le Gaulois, dans son numéro du 18 août 1914 :

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   Moins intéressante, La Dépêche de Lyon contient toutefois un entrefilet qui mérite le détour. Intitulé "Les pousse-pousse chinois à la guerre", il traite de la reconversion de ces modes de transport : ils vont désormais être utilisés pour déplacer les blessés. L'auteur se réjouit que ce soient des brancardiers métropolitains qui les manipulent, et non des Chinois, qu'il trouve "encombrants et indésirables"...

   On termine avec La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, un quotidien sans grand relief, qui publie néanmoins douze éditions par jour et se vante de donner les nouvelles "24 heures avant les journaux de Paris" ! Comme la plupart des périodiques de l'époque, il dénonce les atrocités allemandes (on y trouve une allusion aux civils morts du côté de Belfort). Il se fait aussi un devoir de mentionner les actes patriotiques, comme l'engagement dans l'armée du boxeur Georges Carpentier (qui devint champion du monde après-guerre).

   Voilà. Ce n'est qu'un florilège de ce que l'on peut trouver dans ces journaux. A chacun son petit bonheur...

mardi, 05 août 2014

Au pied du mur... de l'argent

   Il va être question du jeu télévisé animé par Jean-Luc Reichmann (dont j'ai déjà parlé il y a deux ans). L'émission de ce mardi 5 août 2014 n'a vu participer qu'une seule concurrente, une infirmière prénommée Claire, originaire du Gard, qui avait commencé sa partie la veille.

   En termes médiatiques, c'est ce qu'on appelle "une bonne cliente". Elle est jeune, plutôt jolie, exerce un métier qui a une bonne image (infirmière). Elle appartient au coeur de cible des annonceurs de la chaîne privée : les ménagères de moins de 50 ans. Cerise sur le gâteau : elle est télégénique, n'hésitant pas à "payer de sa personne", se muant en quasi co-animatrice de l'émission :

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   Son comportement est un mélange de candeur et d'extraversion qui, à faible dose, est sympathique, mais qui, à la longue, est plutôt irritant... et qui pourrait même passer pour artificiel. Je pense que la jeune femme "surjoue" son tempérament. C'est peut-être dû aux consignes données avant l'enregistrement de l'émission. (Elle a de plus sans doute été repérée pendant les sélections.) C'est peut-être aussi dû au stress. A plusieurs reprises, au cours du jeu, on voit (fugacement, le réalisateur ne souhaitant visiblement pas s'attarder sur ce genre de plans) son visage adopter d'autres expressions, comme l'angoisse ou au contraire une grande résolution. C'est pourquoi je me suis même demandé si elle n'était pas une actrice payée par la production. Ce serait quand même énorme. Je penche plutôt pour la "bonne poire", qui convient parfaitement au cadre de l'émission.

   Elle a jusqu'à présent réussi un brillant parcours. Enfin, quand je dis brillant, faut pas exagérer non plus. Hier lundi, elle avait commencé par une question (sur l'emplacement d'attestation d'assurance automobile) qu'aucun conducteur ne peut méconnaître. Au cas où, les autres propositions de réponse étaient assez farfelues.

   Ce mardi, la candidate a été interrogée sur le film Supercondriaque, l'un des cartons de l'année 2014 (avec plus de cinq millions d'entrées)... et, accessoirement, une coproduction TF1 (tout comme Boule et Bill, d'ailleurs). D'un côté, le jeu avantage le public-cible de la chaîne (qui, même s'il n'a pas vu le film en salles, a été abreuvé d'extraits dans différentes émissions), de l'autre, l'émission fait indirectement la promotion d'un produit-maison. On retrouve d'ailleurs régulièrement, dans les jeux de TF1, des questions sur les émissions ou les animateurs de la chaîne.

   La suite n'était guère plus homérique : il fallait trouver le pays d'origine du pape François, en éliminant, comme mauvaises réponses, la France et l'Allemagne. Puis vint une question sur la tarte Tatin, qui n'a pas perturbé la jeune mère de famille. Elle dut ensuite choisir entre trois séries populaires (une seule de TF1... ouf !), la réponse étant facile à trouver par élimination.

   On continua dans le haut de gamme, avec une question sur la compagne du nageur Camille Lacourt, Valérie Bègue, une ancienne miss France... que l'on peut voir régulièrement sur TF1, comme participante ou co-animatrice.

   Arriva enfin (au bout de 24 minutes) une question un peu culturelle, sur le nom porté par les cyclones en Asie orientale. On sentait la candidate moins sûre d'elle... et, ô surprise, il m'a semblé que Jean-Luc Reichmann lui donnait un petit coup de pouce :

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   Juste après avoir énoncé la première proposition de réponse (qui était la bonne), il s'est tourné de son côté et a marqué un petit arrêt, dont il n'était pas coutumier jusqu'à présent. (Et il ne l'a pas fait pour les autres propositions.) Si, lors de chaque émission, l'animateur se tourne dans plusieurs directions (et notamment sur sa droite, où se trouve l'une des caméras), il est rare qu'il regarde directement un-e candidat-e quand il énonce les propositions de réponse, encore moins qu'il s'attarde un peu plus, avec un léger mouvement de tête. Je vois peut-être le mal partout, mais je ne peux m'empêcher de trouver ce mouvement suspect. (La candidate a évidemment correctement répondu.)

   Du côté de TF1, à chaque émission, on ne perd pas le nord. Tout est bon pour inciter les téléspectateurs à appeler un numéro surtaxé ou envoyer un texto. Il y a quelques années, il avait été calculé qu'une émission de "The Voice" rapportait, par ce biais, plusieurs centaines de milliers d'euros. (Et l'on ne parle même pas des publicités diffusées en access prime time...) La chaîne a donc intérêt à ce qu'un-e candidat-e aille, de temps en temps, très loin dans le jeu, puisqu'il (elle) va partager son gain avec un téléspectateur ayant décroché son téléphone.

   Les sommes distribuées aux différents types de candidat (ceux du "mur", ceux du plateau et les téléspectateurs) sont à comparer à ce que gagne la chaîne. Au cours d'une émission, en général, c'est entre 5 000 et 20 000 euros qui sont distribués (exceptionnellement 100 000). Rien qu'avec les appels surtaxés et les textos, la chaîne rentre largement dans ses frais... De surcroît, produire ce genre de jeu n'est pas très coûteux (même en incluant le salaire de l'animateur).

   P.S.

   Sachez que ces appels peuvent être remboursés !

vendredi, 25 juillet 2014

Millau, la série noire

   ... aurait pu continuer. Depuis au moins 2010, la "Cité du gant" est le théâtre, chaque année, d'un fait divers sanglant. La récente agression des rugbymen de Clermont-Ferrand a failli très mal se terminer.

   Mais remontons un peu le temps. En mai 2010, la ville a été bouleversée par le meurtre du jeune Jean-Ronald, à la fois par l'injustice du sort qui frappait ce garçon sans histoire (venu à Millau pour vivre sa passion du rugby) et à cause de la violence de la mise à mort, au cours d'une expédition punitive à laquelle plus de vingt personnes ont participé, trois personnes ayant été blessées à coups de couteaux. Accessoirement, cet assassinat révélait les tensions existant entre les communautés antillaises et maghrébines, la victime ayant vécu à Haïti et Saint-Martin, ses agresseurs étant d'origine nord-africaine. A l'époque, une équipe de l'émission Sept à Huit est même venue enquêter sur place. Ce n'est qu'en septembre prochain que le procès va débuter !

   Un peu plus d'un an plus tard, en plein mois d'août, c'est dans le village voisin d'Aguessac qu'une adolescente de 17 ans a été victime d'un viol collectif, au cours d'une fête. Elle était originaire d'une commune proche, Saint-Georges-de-Luzençon, ses bourreaux venaient de l'Hérault. 

   En juin 2012, ce fut au tour d'un jeune homme d'origine maghrébine de décéder dans la sous-préfecture aveyronnaise, abattu par un policier de la BAC alors qu'il tentait de forcer un barrage, après une course-poursuite. Notons que ce jeune homme jusque-là sans histoire avait une grande quantité de drogue dans son véhicule. (Il a peut-être servi de "mule" à des trafiquants locaux.) Cette mort idiote a suscité beaucoup d'émotion. Paradoxalement, on n'a remis en cause que l'action des policiers. On a évité de se poser des questions sur le comportement du jeune. Il reste à espérer que l'enquête a permis de lever les derniers doutes.

   Nous voilà arrivés en décembre 2013. Une nouvelle fois, la Cité du gant a été frappée par l'horreur : une adolescente de 14 ans a été mortellement poignardée par un déséquilibré (qui semblait fasciné par le destin tragique de Jean-Ronald). Les médias nationaux se sont de nouveau intéressés à Millau pour de mauvaises raisons.

   En juillet 2014, si le sang a coulé à Millau, personne n'est décédé (fort heureusement). Mais cela aurait pu se terminer de manière plus tragique, si les victimes des agresseurs avaient été moins costaudes que les rugbymen, ou si d'autres personnes n'étaient intervenues pour les aider. Le pire dans cette histoire est que les quelque dix agresseurs sont issus de la petite communauté antillaise de Millau. Certains sont connus des services de police. Il n'est pas impossible que, parmi les complices, on trouve des personnes qui ont connu naguère Jean-Ronald. De surcroît, le mode opératoire de l'agression des rugbymen (une expédition de groupe) et les armes utilisées ne sont pas sans rappeler l'agression du jeune Haïtien en 2010. La haine et la violence semblent s'être propagées d'un groupe à l'autre. Voilà qui n'est guère encourageant.

dimanche, 20 juillet 2014

Inégalités en Suisse et en France

   L'information, parue il y a deux jours, a rapidement fait la Une de nombreux journaux : la Suisse compterait plus de millionnaires (en dollars) que de bénéficiaires de l'aide sociale (330 000 contre 250 000, en 2012). Et la France ? Après une petite recherche, on trouve environ 2 600 000 (ménages) millionnaires dans l'Hexagone en 2011 (d'après l'hebdomadaire Challenges). Quant à l'aide sociale, elle bénéficierait à 3 600 000 personnes en France métropolitaine en 2012. En ajoutant les bénéficiaires résidant outremer, on doit atteindre les 4 millions de personnes. La situation est donc inverse entre la France et la Suisse.

   Mais, si l'on y regarde de plus près, les pays ne sont pas si différents que cela. Il faut d'abord comparer le nombre de millionnaires à celui des foyers. D'après le recensement de 2012, la Suisse en compte 3 553 700. Cela donne un millionnaire pour 10,8 ménages. Et en France ? D'après l'INED, en 2011, notre pays comptait 27 347 600 ménages. Cela donne un millionnaire pour 10,5 ménages, une proportion équivalente à celle de la Suisse (et même légèrement plus haute) ! Ceci dit, si l'on considère les "super riches", nos voisins helvétiques sont largement en tête.

   On arrive à une conclusion logique : si la France compte la même part de millionnaires que la Suisse, les pauvres y sont proportionnellement plus nombreux. On en a la confirmation indirecte par le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités internes (plus il est bas, plus les inégalités sont faibles). D'après Eurostat, en 2012, il est de 30,5 en France et de 28,8 en Suisse (22,6 en Norvège, 35 en Espagne, plus de 40 en Turquie). Si les inégalités sont un peu plus faibles en Suisse qu'en France, c'est parce que les pauvres sont moins nombreux et moins pauvres en Suisse qu'en France.

   L'évolution récente est aussi riche d'enseignements. Depuis 2008, le coefficient de Gini ne cesse de diminuer en Suisse : il est passé de 31,1 à 28,8. En France, c'est presque l'inverse, puisque de 2008 à 2012, il a successivement été de 29,8 ; 29,9 ; 29,8 ; 30,8 et 30,5.

   Il manque un dernier point à cette comparaison : l'origine des millionnaires. Globalement, la Suisse est un pays à forte immigration, à tel point que les étrangers résidents permanents (très majoritairement européens) représentent 23 % de la population (1 870 000 sur 8 039 100 habitants en 2012). En France, sur un total de 65 252 000 habitants, en 2012 (selon l'INSEE), les étrangers (en situation régulière) sont 2 881 872 (selon un rapport du ministère de l'Intérieur). Cela représente 4,4 %. Allez, voyons large et comptons 3 500 000 étrangers dans notre pays (en ajoutant -à grands coups de louche- les clandestins). Cela donnerait 5,4 % de la population totale. 

   Concernant les millionnaires, je n'ai pas de chiffres précis mais, compte tenu de l'origine des étrangers résidant dans les deux pays (les ressortissants des pays développés sont proportionnellement bien plus nombreux en Suisse qu'en France), je pense qu'il y a de fortes chances pour la part d'étrangers dans les millionnaires soit bien plus élevée en Suisse qu'en France... d'autant plus si l'on considère les conditions fiscales qui sont faites aux grandes fortunes dans les deux pays. (Pour les milliardaires, c'est déjà certain : d'après le site de la radio-télévision suisse, neuf des treize plus riches résidents sont de nationalité étrangère... ce qui n'est évidemment pas le cas en France.)

   Qu'en conclure ? Eh bien que, malgré une fiscalité plus lourde et moins opaque, la France produit proportionnellement plus de millionnaires que la Suisse. Notre système économique produit aussi plus de pauvreté, en dépit des reversements qui contribuent à atténuer les inégalités. C'est un peu à l'image du système éducatif : il fonctionne bien pour 70 à 80 % des élèves ; il produit une élite (scientifique, administrative...) que d'autres pays nous envient... mais il laisse une part (trop) importante de son public de côté.

vendredi, 18 juillet 2014

Trois de chute pour Daniel Diaz

   C'est un scrutin en apparence anodin, mais qui se révèle riche d'enseignements sur la vie politique aveyronnaise : l'élection du président du parc naturel régional des Grands Causses, qui s'est déroulée à la fin du mois de juin. Un peu à la surprise générale (des non-initiés), le sénateur-maire de Saint-Affrique Alain Fauconnier (qui avait de surcroît récemment récupéré la présidence de la communauté de communes du Saint-Affricain...) a été réélu et même confortablement, puisque, d'après La Dépêche du Midi, il a obtenu 30 voix, contre 19 à son concurrent Daniel Diaz.

   Pourtant, c'est plutôt l'inverse qui était attendu par certains observateurs. En effet, les dernières élections municipales ont fait passer plusieurs mairies dans le camp de la majorité départementale (dont se réclame Daniel Diaz), notamment Millau. Ainsi, les représentants de cette commune et ceux de la communauté de communes Millau-Grands-Causses n'apporteraient pas leurs suffrages au président sortant A. Fauconnier. Cela devait suffire à faire basculer la majorité puisque, trois ans auparavant, le socialiste (malgré le succès rencontré par la gauche aux municipales de 2008) ne l'avait emporté que de 3 voix sur son adversaire.

   Le scrutin semblait toutefois suffisamment ouvert pour permettre à un candidat pas trop marqué de tirer son épingle du jeu. Quatre personnes se sont présentées au départ : Christian Font, président délégué (et maire de Saint-Juéry), Alain Fauconnier, Daniel Diaz et Christophe Laborie (maire et conseiller général de Cornus), proche de Jean-Claude Luche. Le sortant a paraît-il hésité à se représenter. Ses amis politiques lui auraient d'ailleurs conseillé de laisser C. Font courir le risque de la défaite. Mais il s'est finalement lancé, ce qui a incité son président délégué à renoncer, alors qu'à droite, C. Laborie a décidé (tout seul ou sur le conseil de personnes bien intentionnées) d'abandonner la course, au profit de Daniel Diaz.

   Celui-ci restait sur deux échecs... et même trois, si l'on remonte aux municipales de 2008, qui ont vu la défaite de la liste menée par Jacques Godfrain (maire sortant de Millau, à l'époque), liste sur laquelle figurait Daniel Diaz, en 17e position. Il ne fut pas élu conseiller municipal, puisque seuls les 7 premiers de la liste Godfrain eurent ce bonheur. Six ans plus tard, les difficultés de l'équipe Durand s'ajoutant à l'impopularité du gouvernement de gauche, il y avait un boulevard pour une liste de droite bien structurée. Encore fallait-il en choisir la tête. Les militants de la droite et du centre ont préféré Christophe Saint-Pierre (UMP, ancien adjoint de Jacques Godfrain) à Daniel Diaz. L'article ne donne pas le détail du vote. A l'époque, on a spéculé sur un possible accord entre les deux hommes, Saint-Pierre se réservant la mairie et Diaz obtenant la communauté de communes.

   La campagne 2012 ne fut pourtant pas une partie de plaisir, notamment parce qu'une autre liste (celle menée par Philippe Ramondenc) leur a disputé les voix du centre et de la droite modérée. Elle est arrivée avec moins de 200 voix de retard sur la liste UMP-UDI au premier tour. Certaines mauvaises langues osent même affirmer que, si Daniel Diaz avait été tête de liste, c'est son adversaire Ramondenc qui serait arrivé en tête. Au second tour, le duo Saint-Pierre / Diaz l'a emporté, mais finalement d'assez peu.

   Arrivent ensuite les élections à la communauté de communes, dont j'ai déjà parlé. Daniel Diaz y connaît un second échec... et même un troisième, puisqu'il n'obtient que la deuxième vice-présidence, avec seulement 23 voix... et 23 bulletins blancs (d'après le Journal de Millau). Certains élus du centre et de droite, urbains comme ruraux, ont visiblement voulu marquer leur désaccord.

   Dans cette perspective, la présidence du PNR pouvait constituer un beau lot de consolation pour Daniel Diaz. Alain Fauconnier a senti qu'il y aurait des réticences dans le groupe d'élus ruraux "sans étiquette". Je pense qu'il y a sans doute eu aussi un accord avec Philippe Ramondenc, qui est devenu membre du bureau syndical du parc, alors que Daniel Diaz n'y figure pas. La vice-présidence attribuée au représentant des communes urbaines a été décrochée par Sylvie Ayot, deuxième adjointe au maire de Millau.

   C'est un résultat qui n'a visiblement pas plu au rédacteur du Journal de Millau, d'après ce qu'on peut lire dans un article du 26 juin dernier :

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   Derrière toute cette agitation se profilent les élections sénatoriales de septembre prochain. L'Aveyron est l'un des départements "renouvelables". Au vu des résultats aux municipales, il est évident que la gauche ne va pas garder ses deux sénateurs... surtout qu'en face, le président du Conseil général Jean-Claude Luche est en campagne depuis plusieurs mois, sous couvert de réunions d'information des élus municipaux des cantons.

   La question est : la droite va-t-elle récupérer les deux sièges ou un seul ? La logique arithmétique voudrait que la gauche perde tout. Mais, comme de nombreux grands électeurs sont des conseillers municipaux "sans étiquette", il est possible que l'un des deux sortants tire son épingle du jeu. Cela paraît compliqué pour Anne-Marie Escoffier, qui ne sort pas particulièrement grandie de son passage au gouvernement. Peut-être faudrait-il qu'elle laisse la place à quelqu'un de plus jeune, qui n'aura pas peur de cette "mission impossible". Mais il est bien tard pour commencer une campagne...

   Au vu des scrutins qui se sont déroulés en 2014, il y a peut-être de la place pour un sénateur de gauche qui arriverait à recueillir beaucoup de voix auprès des "sans étiquette" du Sud du département. A. Fauconnier y sera en concurrence (notamment) avec Alain Marc, le député réélu en 2012, qui est aussi vice-président du Conseil général (conseiller du canton de Saint-Rome-de-Tarn), président de la communauté de communes de la Muse et des Raspes du Tarn... et adjoint au maire d'Ayssènes.

   Ce sera donc cumulard contre cumulard... à ceci près que, s'il est compréhensible qu'un sénateur sortant cherche à se faire réélire (bien qu'il soit très occupé ailleurs...), on a du mal à voir pourquoi un député à peine reconduit cherche à entrer dans la Haute Assemblée. Le duo Luche-Marc a avancé l'idée qu'il fallait deux candidats de poids pour regagner les sièges perdus en 2008 et ainsi faire basculer le Sénat à droite. Tu parles ! Comme s'il n'existait pas d'autre candidat potentiel dans le département ! Et puis, au vu de la lourde défaite de la gauche aux municipales de 2012, il est presque certain (malgré les retouches au mode de scrutin) que la droite va reconquérir la majorité.

   P.S.

   Cette hypocrisie électorale a inspiré un joli dessin à l'un des contributeurs du Nouvel Hebdo paru ce vendredi :

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Merci, Baraqueville !

   Le mois dernier, une consultation a été organisée dans la commune de Baraqueville. A une large majorité, les personnes qui se sont déplacées pour voter ont choisi de ne pas rester dans la communauté d'agglomération du Grand Rodez. C'était d'ailleurs le souhait du nouveau maire, Jacques Barbezange, qui, plusieurs mois auparavant, s'était engagé à consulter la population à ce sujet s'il remportait les élections municipales. Alors, victoire de la démocratie locale ?

   On s'est d'abord demandé pourquoi le maire a organisé une consultation et non pas un référendum local, comme il en avait la possibilité. La principale différence entre les deux est que le résultat du second, quel qu'il soit, s'impose à la mairie qui l'a organisé, alors que la consultation ne débouche que sur un avis, dont le maire peut tenir compte... ou pas.

   Une autre raison tient aux modalités de vote. A l'occasion de la consultation baraquevilloise, il n'a pas été possible de voter par procuration. De plus, d'autres personnes que les électeurs inscrits (des contribuables non électeurs sur la commune) ont pu participer. L'organisation d'un référendum local aurait été plus lourde pour la mairie... et davantage porteuse d'incertitude : si l'on savait par avance que les contribuables non électeurs étaient massivement contre l'adhésion au Grand Rodez, il n'était pas dit qu'une majorité de Baraquevillois serait du même avis. Les résultats l'ont confirmé : 86 % des non électeurs qui se sont exprimés ont choisi la sortie du Grand Rodez, soit 20 points de plus que la proportion d'électeurs. On remarque toutefois que seuls 25 % de ces contribuables ont participé à la consultation.

   On peut aussi penser que, si c'est un référendum qui avait été organisé, il aurait fallu respecter une certaine équité entre les deux camps. Telle n'était peut-être pas l'intention des organisateurs de la consultation. Peu avant le vote, ils ont distribué, dans les boîtes aux lettres de la commune, un fort joli document de 6 pages (en quadrichromie)... que j'ai réussi à me procurer :

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   Au bas de la page 6, il est précisé que "Les frais de réalisation et d'impression sont intégralement pris en charge par les élus". Je crois qu'il faut en conclure que élus de la nouvelle majorité municipale ont financé le document de leur poche et pas sur le budget communal. C'est bien... et c'est tant mieux, parce que, sinon, ce pourrait être un motif d'invalidation.

   La page 2 évoque les conséquences des transferts de compétences... en "oubliant" les subventions votées par le Grand Rodez le 25 février dernier (pages 8-10) : une attribution compensatoire de 265 000 euros et une subvention d'équipement de plus de 530 000 euros.

   La page 3 prête moins à polémique. La fiscalité des deux communautés (celle du Pays baraquevillois et celle du Grand Rodez) est comparée. Les taux cités me semblent justes. Fort logiquement, ils sont plus élevés dans le Grand Rodez (qui donne accès à plus de services), mais l'écart n'est pas grand... sauf pour la cotisation foncière des entreprises, nettement plus lourde dans le Grand Rodez. (Ce fut d'ailleurs l'objet d'une polémique, il y a un an et demi.) On comprend par là quels ont été les soutiens de Jacques Barbezange.

   Après les critiques, le document passe aux propositions. Il promeut un "Grand Ségala", qui s'étendrait à Naucelle, Rieupeyroux voire Calmont. Encore faudrait-il que les autres intercommunalités du Ségala veuillent se joindre à celle du baraquevillois. C'est ici que la question de l'endettement devient cruciale (celui de la commune et celui de la communauté de communes). Jacques Barbezange "oublie" de la mentionner, ce qui lui évite d'avoir à préciser que le Grand Rodez avait décidé, lors de l'adhésion de Baraqueville, de reprendre à son compte la part de la dette (1 million d'euros tout de même) qui incombait à Baraqueville concernant l'aménagement de la zone d'activités du Puech. Ce n'est pas écrit dans le document, mais le Conseil général a promis de mettre la main à la poche... (Il faut dire que celui-ci a reçu davantage de subventions de l'Etat, au titre de la péréquation interdépartementale. Le procédé est quelque peu cavalier, ces sommes n'ayant pas vocation à peser sur la carte des intercommunalités.)

   Concernant le projet de "Grand Ségala", le document n'a pas tort de rappeler qu'en 2012, l'INSEE ne plaçait pas la commune dans le bassin de vie de Rodez. Il faudrait voir ce qu'il en est aujourd'hui, d'autant plus que Baraqueville fait partie de l'aire urbaine de Rodez (qui s'étend sur une quarantaine de communes) : la majorité de ses actifs travaille dans le pôle urbain ruthénois. Il suffit de prendre la RN 88 en direction d'Albi pour s'en rendre compte tous les jours. Il n'en est nullement question dans le document. Le doublement de la RN 88 est présenté comme un futur axe structurant. Attendons de voir le contournement de Baraqueville.

   Le résultat de la consultation est net, puisque les deux tiers des suffrages exprimés (sans prendre en compte les contribuables non électeurs) se sont portés sur le "oui", choisissant de quitter le Grand Rodez. Ceci dit, la participation dépasse à peine 50 %, sans doute en raison de l'appel à l'abstention de l'opposition (qui conteste la validité de la consultation, le délai de deux mois prévu par la loi n'ayant pas été respecté, empêchant une véritable campagne de s'engager). Des quatre bourgs composant la commune, c'est à Baraqueville même qu'on a le moins voté. Mais le "oui" est largement majoritaire partout. En dépit de l'inéquitabilité de la campagne électorale, l'opposition menée par l'ancienne maire a sans doute commis une erreur (selon moi). Si elle et ses partisans avaient appelé à participer et à voter "non", la victoire du "oui" aurait été plus étriquée. (Je ne pense pas que, vu l'ambiance qui régnait depuis plusieurs mois, le "non" ait pu l'emporter.) Il lui aurait certes fallu reconnaître une seconde défaite (après celle des municipales), mais, avec un petit "oui", le maire n'aurait pas eu les coudées franches.

   De mon côté, en tant que contribuable ruthénois, je ne peux que me réjouir de la sortie de Baraqueville du Grand Rodez, peut-être bientôt suivie par Manhac et Camboulazet. Ce sont des charges en moins pour l'agglo, qui en a déjà bien assez à assumer !