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jeudi, 12 janvier 2017

Deuxième gifle pour Jean-Claude Anglars

   En a peine plus d'un mois, c'est la deuxième fois que le maire de Sébrazac, vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron (et titulaire de bien d'autres fonctions) échoue à se faire désigner au poste qu'il convoite, alors qu'il est le favori.

   A la fin de novembre 2016, c'est le basculement d'une voix qui l'avait empêché de remporter l'investiture du centre et de la droite pour la prochaine élection du président du Conseil départemental, qui devrait avoir lieu mardi 24 janvier. Hier, pour l'élection du président de la nouvelle communauté de communes Comtal-Lot-Truyère, l'écart a été plus grand, puisque son adversaire du jour, Jean-Michel Lalle, l'a emporté par 24 voix contre 16, d'après Centre Presse.

   Pour comprendre le résultats de ce vote, il faut analyser la composition de cette nouvelle structure intercommunale, résultat de la fusion de trois communautés, celles d'Entraygues-sur-Truyère, d'Espalion-Estaing et de Bozouls-Comtal :

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   Cette fusion est une conséquence de la loi NOTRe, qui impose un seuil de 20 000 habitants, avec dérogation pour les territoires montagnards ou à faible densité. Dans le cas qui nous intéresse, la création de la communauté Comtal-Lot-Truyère est la conclusion d'un mouvement en plusieurs étapes, dont Jean-Claude Anglars comptait bien profiter.

   Sur la carte ci-dessus, j'ai entouré en jaune la communauté de communes d'Estaing, qu'il présidait. Elle a compté 4 puis 5 communes membres, avec l'arrivée du Nayrac, au début du XXIe siècle. Il y a un peu plus de deux ans, cet ensemble a fusionné avec les communes de l'Espalionnais et Campuac, isolée tout à l'ouest. Cette nouvelle communauté, baptisée Espalion-Estaing, regroupait un peu moins de 10 000 habitants, soit quasiment  autant que celles de Bozouls-Comtal (environ 7 500) et d'Entraygues (environ 2 500) réunies. Voilà qui posait son président J-C Anglars en favori pour mener la nouvelle structure. De surcroît, le vice-président du Conseil départemental de l'Aveyron, aussi président du pays du Haut-Rouergue, pensait pouvoir compter sur l'influence qu'il exerçait par ce biais.

   Mais, face à lui, il avait un vieux routier de la politique aveyronnaise, un de ses alliés du temps où il siégeait lui aussi au conseil général. La différence entre les deux est que le maire de Rodelle a lâché son mandat de conseiller, pour se concentrer sur ses mandats locaux. De plus, étant plus âgé que son collègue et rival, il a déjà fait valoir ses droits à la retraite. Il est donc totalement disponible pour la fonction, ce qui a pu faire pencher la balance de son côté.

   On ne peut pas non plus écarter l'hypothèse que le récent échec de J-C Anglars à la primaire départementale ait fait la preuve de sa perte d'influence.

   En tout cas, quelque chose me dit que le maire de Sébrazac n'a pas pris ce second échec avec philosophie. C'est en tout cas ce que l'on pouvait déduire de la photographie d'illustration publiée dans l'édition papier de l'article de Centre Presse : On voit clairement que J-C Anglars (qui se trouve à gauche) tire une tronche de dix kilomètres.

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   Curieusement, lorsque la version numérique a été mise en ligne, c'est une autre photographie qui a été choisie pour l'illustrer :

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   Etonnant, non ?

 

mercredi, 11 janvier 2017

Tintin colorisé

   Dans le petit monde de la bande dessinée, c'est l'événement de janvier 2017 : la sortie (pour la première fois) en couleurs du premier album dans lequel apparaît un jeune reporter appelé à devenir célèbre, Tintin au pays des Soviets.

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   Notons que l'oeuvre a été republiée sous deux formats, l'un classique, sans "bonus", mais doté d'une couverture originale (pour moins de 15 euros), l'autre, plus grand, présenté sous un titre légèrement modifié et augmenté d'une préface illustrée (le tout pour un peu plus de 30 euros). C'est cette seconde version que j'ai achetée.

   La préface est signée Philippe Goddin, éminent spécialiste de l'oeuvre d'Hergé. On y apprend (si on l'ignorait) que le personnage inventé par Georges Rémi s'inspirait sans doute d'un jeune globe-trotter danois, Palle Huld. Le contexte dans lequel la bande dessinée a été créée est rappelé, illustrations à la clé. Philippe Goddin évoque aussi le style d'Hergé, pas encore abouti. Au cas où on ne le saurait pas, on découvre un homme en prise avec son époque et fasciné par la vitesse. La représentation de l'automobile en mouvement qui illustre la couverture de l'édition en couleurs s'inspire sans doute d'une photographie. Intéressante aussi est la double-page consacrée aux liens entre Hergé et les marques publicitaires. En se plongeant ensuite dans la (re)lecture, on peut s'amuser à les débusquer, au détour d'une vignette.

   Cela nous amène à l'oeuvre en tant que telle. Je trouve que les couleurs accentuent les contrastes : elles soulignent davantage les faiblesses de certaines pages et, au contraire, mettent encore plus en valeur les passages les plus réussis de l'album. Du coup, le lecteur de la version en noir et blanc retrouve les mêmes qualités et défauts.

   Cette bande dessinée qui dénonce la propagande des Bolcheviks est elle-même une oeuvre de propagande, parfois outrancière... et porteuse de sous-entendus, comme lorsqu'apparaît, au détour d'une page, un tailleur russe. Celui-ci, à l'apparence physique "codée", s'exprime aveg un agzent chermanique, manière de faire comprendre à un lectorat de culture catholique et conservateur qu'il s'agit d'un juif...

   Fort heureusement, l'humour d'Hergé est là, notamment grâce à la présence de Milou, auquel la colorisation n'apporte rien... et c'est tant mieux !

   Signalons que l'édition collector contient une planche bonus, la fameuse planche surnuméraire d'origine, celle qui décalait la mise en page lorsque l'album a été constitué (après la publication en feuilleton). Elle avait été retirée de la version en noir et blanc rééditée jadis, facilitant la lecture de l'album, souvent conçu sur le principe de doubles-pages. On pouvait néanmoins la retrouver dans le premier tome des Archives Hergé, publié en 1973. Elle s'intercale entre les planches 97 et 98.

   C'est donc un plaisir d'adulte que la relecture de cet album m'a procuré. On y perçoit les prémices de l'oeuvre à venir, certaines vignettes annonçant  des scènes que l'on retrouve dans des albums ultérieurs.

   Pour compléter cette lecture, je conseille un autre ouvrage, paru fin 2016, sous la plume d'un autre éminent tintinologue, Albert Algoud :

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   Dans cette somme (composée de plus de 230 entrées), il est notamment question des principaux personnages, avec un article assez osé sur la Castafiore (homme ? femme ? castrat ?), plusieurs autres où il est question de l'origine du capitaine Haddock (Hergé lui-même ? Un personnage de Jules Verne ? La catastrophe du Titanic ?)... et une révélation sur Milou, qui serait... une chienne ! On le voit, c'est à la fois drôle et érudit, sans éviter les questions qui fâchent (sur le racisme, l'antisémitisme). A picorer au lit, au coin d'un feu, dans le train, dans une salle d'attente...

lundi, 05 décembre 2016

Mauvaise traduction

   Actuellement, France Ô rediffuse la saison 5 de Meurtres au paradis, une série policière (comique) produite par la BBC et tournée en Guadeloupe. L'été dernier, c'est sur France 2 que les épisodes avaient été programmés, notamment "Le Rocher de la discorde", qui met en scène une rivalité entre l'île de Sainte-Marie (anglaise, mais autrefois française) et un département d'outremer nommé Saint-Robert, tout aussi fictif.

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   Au cours de cette scène, l'inspecteur Humphrey Goodman (débarqué d'Angleterre) se fait expliquer les subtilités de l'histoire et de la géographie locales. Sur la carte murale, j'ai entouré l'île de Saint-Marie, située juste au nord de sa rivale Saint-Robert, les deux étant encadrées par d'autres bien réelles, la Guadeloupe (en forme de papillon) au nord et la Dominique au sud. Dans la réalité, comme on peut le constater dans l'image extraite de GoogleEarth ci-dessous, rien ne se trouve entre la Guadeloupe (et ses dépendances) et la Dominique :

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   La "francitude" n'en constitue pas moins l'un des aspects de l'intrigue. Le scénario égratigne la présence française à travers le personnage antipathique du président du Conseil général François Tromeur (qui a de petits airs de Laurent Wauquiez) :

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   C'est une caricature de "Parisien", homme arrogant et mari volage, ce qui me fait dire que les scénaristes se sont trompés de cible. Ce n'est pas un élu local que le personnage aurait dû représenter, mais un haut fonctionnaire, comme un préfet ou un haut commissaire.

   La langue française est elle aussi présente dans l'épisode, à travers certains dialogues (dans la version originale anglaise)... et à travers la Une d'un journal local (côté français), qui comporte une coquille :

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   Voilà une erreur ("history" devenue "historie" ou lieu d'"histoire") qui n'aurait pas échappé à un oeil français !

samedi, 03 décembre 2016

L'hémicycle de Midi-Languedoc

   Il en a été question aujourd'hui dans un article du quotidien Midi Libre. C'est l'un des sujets de déconnade au sein de la nouvelle (et artificielle) grande région... Mais ne riez pas trop, parce que c'est avec notre pognon que cela se fait !

   Voilà le problème : le conseil régional de Midi-Languedoc est composé de 158 élus, soit presque la somme exacte du nombre d'élus des anciens conseils régionaux de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon (91 + 68 - 1). Or, aucun bâtiment officiel existant ne peut contenir un groupe aussi nombreux. Du coup, c'est... au parc des expositions de Montpellier que se déroulent les assemblées plénières. Voici ce à quoi cela ressemble :

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   On nous a vendu la fusion comme devant être une source d'économies... On attend de voir. En tout cas, cette histoire d'assemblée plénière est en train de devenir une plaie budgétaire. D'après ce qu'a dit Carole Delga au cours de la dernière réunion, la visio-conférence serait sur le point de se mettre en place pour les commissions sectorielles, ce qui limiterait les déplacements. Néanmoins, il reste le cas des assemblées plénières et des réunions de la commission permanente.

   Construire ex-nihilo un nouveau bâtiment pour un usage somme toute limité serait, en ces temps de frugalité budgétaire, très mal vu (et sans doute superflu). On pourrait donc se contenter de louer une salle pour les quelques réunions qui s'imposent... Mouais. Il existe une autre solution, plus audacieuse, mais qui permettrait de réaliser de substantielles économies (à partir de 2021), sans remettre en question le fonctionnement du conseil régional : la réduction du nombre d'élus, d'au moins 30 %. Si l'on va jusqu'au tiers, l'assemblée plénière perdrait 53 conseillers, pour passer de 158 à 105 membres, ce qui ne serait guère plus élevé que le total de conseillers de l'ancienne région Midi-Pyrénées (91). Je pense que l'hémicycle toulousain pourrait supporter cette modification, sans qu'il soit nécessaire d'engager de dispendieux travaux.

   La conséquence serait la diminution de la représentation de chaque département. Pour les Aveyronnais, cela conduirait à passer de 8 à 5 conseillers régionaux... que de toute façon l'écrasante majorité de la population ne connaît pas. Pour rappel, voici ceux qui ont été élus en 2015 :

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   Le principal changement survenu depuis est le remplacement de Dominique Reynié par Christophe Saint-Pierre.

mercredi, 30 novembre 2016

Le choix de la continuité ?

   Les conseillers départementaux aveyronnais appartenant à la majorité de Jean-Claude Luche (30 sur 46) se sont réunis pour désigner le candidat de leur camp à sa succession. Cela fait plusieurs mois que les langues s'agitent à ce sujet. Cinq candidats s'étaient finalement déclarés, tous des hommes : Vincent Alazard, Jean-Claude Anglars, Jean-François Galliard, Jean-Philippe Sadoul et Bernard Saules.

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   Dans une assemblée désormais totalement paritaire, il est étonnant que les cinq candidats soient du même sexe. Leur moyenne d'âge est d'environ 59 ans, le plus jeune en ayant 52, le plus âgé 68. C'est d'ailleurs celui-ci qui a été élu : Jean-François Galliard. La prime à l'expérience ? Du point de vue professionnel, oui. Et du point de vue politique ? Il n'est conseiller départemental que depuis 2011, vice-président depuis 2015, ce qui fait dire à certains qu'il a gravi décidément très vite les marches du pouvoir.  Ces mauvaises langues sous-entendent que certains de ses concurrents étaient plus qualifiés car plus expérimentés que lui. Ce serait oublier qu'auparavant, il fut maire de Nant (de 1995 à 2008), même s'il fut battu par une liste de gauche en 2008.

   Mais revenons au scrutin. C'est dans La Dépêche du Midi qu'on peut en lire le compte-rendu le plus précis. Le premier tour n'a finalement mis aux prises que trois candidats, Jean-Philippe Sadoul et Bernard Saules ayant décidé de jeter l'éponge... peut-être sur les conseils d'amis bien placés. Résultat ? Une égalité parfaite entre les deux favoris, Jean-Claude Anglars et Jean-François Galliard, avec 12 voix chacun. Vincent Alazard arrive troisième, avec six voix. On notera que personne ne s'est abstenu ou n'a voté blanc... et que tout le monde était présent. Quel civisme ! Cela veut aussi dire que Jean-Claude Luche, le toujours président du Conseil départemental, a exprimé un vote... oui, mais lequel ? Mystère.

   Le second tour n'a pas plus permis de départager les deux candidats arrivés en tête, puisqu'ils ont obtenu 15 voix chacun. Damned ! Comment désigner le vainqueur ? Au bénéfice de l'âge ? A la longueur du pénis en érection ? Allait-on devoir organiser un duel entre les deux prétendants ? Et pourquoi pas un combat dans la boue ? Que nenni ! On procéda à un troisième tour. (C'est à ce genre de détails que l'on reconnaît un pays civilisé.) Comme par miracle, ce troisième tour vit se dégager une (courte) majorité, à 16 voix contre 14 pour Jean-François Galliard. Jean-Claude Anglars fou de rage, insulta l'assemblée, cracha par terre, renversa les tables et les chaises félicita dignement son adversaire victorieux. Celui que l'on a parfois surnommé "Mini-Luche", l'élu ultra-local cumulard, omniprésent dans la presse, celui dont on disait qu'il disposait des meilleurs réseaux, a été battu.

   Les supputations vont bon train concernant l'élu-e qui a fait basculer ce scrutin historique. D'abord, il ne faut pas exclure que plusieurs élu-e-s aient changé de vote (dans les deux sens), et qu'au final un-e de plus ait basculé en faveur de Jean-François Galliard. Le plus cocasse serait que l'élu à bascule soit Jean-Claude Luche lui-même. Mais je n'y crois guère. Pour qui suit un peu la politique aveyronnaise, il semble que l'actuel président du Conseil départemental, bien que très proche de l'élu de Sébrazac, ait plutôt misé sur les compétences (et la disponibilité) de l'ancien fiscaliste, de surcroît âgé de 68 ans, donc peu susceptible de s'incruster dans le poste. Il y a fort à parier que, s'il est élu président, l'ancien maire de Nant placera ses pas dans ceux de son prédécesseur.

   P.S.

   La désignation de Jean-François Galliard comme candidat de la Majorité départementale est aussi une petite révolution, puisque, s'il est élu en 2017, il sera le premier président du Conseil départemental à ne pas être né dans l'Aveyron depuis... Paul Ramadier, soit près de 70 ans. En effet, Jean-François Galliard est né à Alger, en 1948. Il est arrivé à Nant, avec ses parents, en 1962, année de l'indépendance de l'Algérie. C'est donc un "pied-noir".

mardi, 22 novembre 2016

Meurtre au Laguiole

   Hier lundi, l'émission L'Heure du crime, présentée par Jacques Pradel, sur RTL, était consacrée à un mystérieux crime, qui a été perpétré dans le métro parisien, en 1937. La particularité de ce meurtre est d'avoir été commis avec un couteau Laguiole, qui fut planté dans le cou d'une jeune femme, Laetitia Toureaux. (Rappelons que l'an dernier, l'émission s'était intéressée à l'affaire Fualdès.)

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   Aucun Aveyronnais ne semble mêlé à ce crime, qui porte plutôt la marque des Italiens : le couteau a été laissé dans la plaie. Or, la victime (née Yolande Nourrissat) était originaire du Val d'Aoste, Toureaux étant le nom de son mari, décédé quelques années auparavant. Comme la jeune femme avait la réputation de servir d'indic à la police et qu'elle a été vue en compagnie d'Italiens supposés fascistes, on a pensé à un règlement de compte politique.

   Deux universitaires américaines sont allées plus loin et ont publié en 2010 un ouvrage dans lequel elles développent la thèse que l'assassinat est lié à la Cagoule, l'organisation d'extrême-droite qui a tenté d'instaurer un régime fasciste en France dans l'Entre-deux-guerres. Leurs arguments sont résumés ici.

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   Cependant, dans l'émission radiophonique, Jacques Pradel comme son invité privilégient l'hypothèse du crime passionnel, confortée par l'envoi d'une lettre anonyme de dénonciation, 25 ans après les faits ! L'auteur présumé (resté inconnu) étant originaire de Perpignan, il n'est pas invraisemblable qu'il ait été en possession d'un couteau aveyronnais.

samedi, 19 novembre 2016

De l'art en barres

   Le dernier numéro du Canard enchaîné contient une demi-page sur les suites de l'enquête menée sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy... de 2007. Si, en cette période préélectorale, il ne faut pas écarter la possibilité de coups tordus (à l'image de ce que la droite a connu en 1994-1995, au plus fort de la rivalité entre Chirac et Balladur), on en apprend quand même de belles à propos des fréquentations de quelques hommes politiques... et de certains journalistes.

   Mais c'est pour une autre raison que la page 4 de l'hebdomadaire satirique a attiré mon attention. Il y est question d'une conversation entre l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin et l'homme d'affaires-entremetteur-facilitateur Alexandre Djouhri :

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   Vous noterez le prix demandé par le spéculateur collectionneur suisse : 2,4 millions d'euros. Peut-être vous rappelez-vous qu'en 2008, lors d'une vente aux enchères, une oeuvre de Soulages ("Peinture, 21 juillet 1958") s'était vendue plus d'un million et demi d'euros.

   C'est une nouvelle confirmation que je ne vis décidément pas dans le même monde que ces gens-là.

dimanche, 13 novembre 2016

Un numéro collector

   Voici ce que j'ai récemment trouvé en furetant chez un marchand de journaux :

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   Les initiateurs de cette publication ont sans doute voulu réaliser un coup éditorial, en prévision de l'élection présidentielle américaine (dont je reparlerai bientôt)... sauf qu'Hillary Clinton a été battue (au nombre de grands électeurs). Cette revue n'en est pas moins fort intéressante.

   Disons-le tout de suite : imprimée sur papier glacé, nourrie de nombreuses photographies (parfois originales), cette publication ne vise pas à présenter une biographie totalement objective de la candidate démocrate. C'est globalement une apologie de la dame, même si les côtés sombres du couple Clinton ne sont pas cachés.

   A ceux qui ne connaîtraient pas bien la vie d'Hillary, la revue apprendra qu'elle est issue d'un milieu républicain. La père, commerçant, était très autoritaire... et misogyne. Le paradoxe est que le mépris dont il a accablé son épouse (qui votait sans doute démocrate) n'a pas rejailli sur sa fille aînée, obéissante et bonne élève, en qui il plaçait beaucoup d'espoir.

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   Pour la petite histoire, sachez qu'elle est née à Chicago, Etat dont Barack Obama est devenu bien plus tard un élu emblématique ! A la récente présidentielle, l'Illinois est d'ailleurs l'un des Etats à l'avoir placée en tête. Elle y a même obtenu son septième score national, avec 55,4 % des voix, loin devant Donald Trump, qui n'y a récolté que 39,4 % des suffrages exprimés. Quand on regarde les résultats en détail, on s'aperçoit que, conformément à ce qui a été constaté dans les autres Etats, la démocrate semble réaliser de meilleurs scores dans les zones urbaines plutôt que dans les zones rurales :

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   Sans surprise, c'est dans le comté de Cook (entouré en noir) qu'elle a "performé", avec 74,4 % des suffrages exprimés. Cette circonscription englobe le centre de Chicago (où Hillary a vécu ses premières années) et la banlieue chic de Park Ridge, où la famille s'est ensuite installée. C'est assez révélateur de la diversité de l'électorat d'Hillary Clinton : elle s'est attirée les suffrages des minorités (ici les Noirs du centre-ville) et de certaines populations aisées (en général d'un bon niveau scolaire).

   Mais revenons à notre revue. Plusieurs articles évoquent le précoce intérêt d'Hillary pour les élections. Au lycée, elle a cependant connu l'échec, battue par... un garçon quand elle briguait la présidence des élèves. Elle s'est rattrapée à l'université de Wellesley, réservée aux filles... et de sensibilité républicaine ! Dès la première année, elle s'est fait élire présidente des élèves, qu'elle tente d'orienter dans un sens plus "moderne".

   Cela m'amène à aborder une question que je ne pensais pas avoir à traiter : le physique d'Hillary Clinton. Ces derniers temps, j'ai entendu des propos peu obligeants à son égard, me rappelant la goujaterie dont Eva Joly fut aussi la cible.

   A la fac, elle est devenue une intello à grosses lunettes, pas très soucieuse de son apparence vestimentaire, visiblement :

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   En réalité, elle savait s'arranger quand elle le voulait :

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   Sur cette dernière photographie, elle est un petit peu plus jeune, mais là n'est pas vraiment la question. Dès qu'une femme brigue un poste politique d'importance, son physique est l'objet de toutes les attentions, ce qui n'est pas le cas de ses camarades ou concurrents masculins.

   Sur le fond, je dirais qu'Hillary est restée la femme engagée de sa jeunesse jusqu'au premier mandat présidentiel de Bill Clinton. Après l'échec de la création d'une sécurité sociale, confrontée à la haine des républicains et aux scandales sexuels de son mari, elle se blinde et devient une professionnelle de la politique. Ça lui a servi pour la suite (et sa carrière de sénatrice puis de secrétaire d'Etat), mais cela a constitué un inconvénient pour affronter Donald Trump, pourtant moins compétent qu'elle pour exercer la fonction présidentielle.

   Quelques mots sur la France. Bien que conçue au Royaume-Uni, la revue comporte un texte d'accompagnement qui a été rédigé à l'intention d'un lectorat français. On le voit aussi au niveau des photographies. L'une d'entre elles montre Hillary en compagnie de Nicolas Sarkozy, l'autre avec François Hollande, à chaque fois sur le perron de l'Elysée. Les auteurs ne se sont pas risqués à en ajouter une avec Alain Juppé !

vendredi, 04 novembre 2016

Puissance éducative

   J'ai souri en lisant hier un article du quotidien aveyronnais Centre Presse. Il est consacré aux devoirs à la maison et à leur contestation par certains parents d'élèves espagnols. Ceux-ci trouvent qu'on bourre trop le crâne de leurs chérubins... mais on peut légitimement les soupçonner de ne pas apprécier d'avoir à surveiller les devoirs de leurs enfants le soir après le boulot.

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   Je me suis fait un plaisir de relever l'héneaurme faute d'orthographe présente dans le titre. Gageons que son rédacteur (pas nécessairement le même que celui de l'article) n'a pas dû consacrer beaucoup de temps, jadis, après les cours, à perfectionner sa maîtrise de la langue française.

   Sur le fond, l'article est aussi contestable en raison de la comparaison abusive qu'il utilise pour appuyer le mouvement des parents d'élèves. Il se contente de mettre en regard le nombre d'heures consacrées aux devoirs à la maison et les résultats aux tests Pisa... comme si un seul facteur permettait d'expliquer le succès ou l'échec d'une masse d'élèves !

   Il est aussi intéressant de relever les deux "bons" exemples mis en valeur par l'article : la Finlande et la Corée du Sud, dont les élèves obtiennent de bons résultats sans avoir à trimer après les cours chez leurs parents. Il est un autre facteur dont l'article aurait pu faire mention : le plus ou moins grande homogénéité des populations. Ainsi, l'écrasante majorité de la population finlandaise est issue du même groupe ethno-culturel, la principale minorité étant celle des suédophones, une population associée à un pays voisin et plus riche que la Finlande. Quant aux immigrés, ils représentent sans doute environ 4% de la population. En Corée du Sud, l'homogénéité est peut-être encore plus grande : la seule minorité est chinoise, qui pèse vraisemblablement moins de 1% du total. (Sur le plan religieux, la diversité est plus importante qu'en Finlande, avec la cohabitation du bouddhisme et de différentes formes de christianisme.) Attention : je ne dis pas que la diversité des origines ethno-culturelles des élèves suffit à expliquer leurs résultats, mais je fais remarquer que cela pourrait être un critère aussi (voire plus) pertinent que le nombre d'heures de devoirs à la maison.

   Enfin, l'article semble classer la Corée du Sud dans la catégorie des pays dont le système scolaire est très peu coercitif avec les enfants (puisqu'il impose peu de devoirs à la maison). C'est un contresens total. Si le temps scolaire semble s'arrêter assez tôt dans la journée, il est massivement suivi d'heures de cours complémentaires. De surcroît, le nombre de jours passés à l'école dans l'année est très élevé : 220 en Corée du Sud, 190 en Finlande... contre moins de 180 en Espagne (et moins de 150 en France).

   On pourrait continuer comme cela encore longtemps. Mon but n'est pas de dénigrer tel journal ou tel article, mais de faire comprendre que sur ce sujet (comme parfois sur d'autres), des médias, en reprenant des affirmations toutes faites, transmettent une image déformée de la réalité. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit de faire croire que l'école, le collège et le lycée français seraient trop exigeants avec les élèves... une guignolade qui tombe d'elle-même quand on constate les lacunes de certains bacheliers (voire diplômés du supérieur) qui postulent à des emplois.

vendredi, 28 octobre 2016

"Le Canard enchaîné" en bande dessinée

   Il y a quelques semaines est sorti aux éditions des Arènes un ouvrage intitulé L'incroyable histoire du Canard enchaîné. Les auteurs (Didier Convard et Pascal Magnat) ne sont pas membres de l'équipe de l'hebdomadaire satirique, mais ils en sont des sympathisants. Et comme cette année, on célèbre le "centenaire bis" de la naissance du journal, l'occasion était belle.

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   Le début rappelle à ceux qui l'ignoreraient que Le Canard est né deux fois, la première version, créée en 1915, n'ayant pas connu le succès. Pourtant, dès le début, les journalistes ont pour ambition de dénoncer les mensonges de la mauvaise presse, au service de la propagande de guerre. C'est aussi l'occasion de mettre un visage sur des noms qui soit figurent encore en page 7 du journal, soit sont régulièrement cités lorsqu'il est question de son passé.

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   Je vous laisse goûter le jeu de mots qui orne l'une des vignettes. Le style du dessin est classique, même si les auteurs ne s'interdisent pas, de temps en temps, un peu de fantaisie. Dans cette histoire, notre guide est un canard qui parle... et qui a même la langue bien pendue.

   Ce livre n'est toutefois pas une hagiographie. Il ne cache pas l'aveuglement dont l'hebdomadaire a fait preuve face à la montée du nazisme. Il fait aussi le bilan du comportements de ses rédacteurs et dessinateurs pendant la Seconde guerre mondiale. Tous n'ont pas été honorables.

   La lecture est globalement instructive. La vie du journal suit celle du pays. Certaines anecdotes sont peu connues, comme le cas de ce concurrent marseillais, nommé Le Merle blanc, qui avait un temps débauché une partie de l'équipe du Canard. Il est aussi question de la tentative de meurtre dont Léon Blum fut la cible, en février 1936, et de l'histoire du numéro imprimé à Londres, pendant la Seconde guerre mondiale.

   En 1944, le journal reparut mais connut des temps difficiles. Sa dernière mue intervint avec la Ve République. L'hebdomadaire développe les enquêtes et se pose en organe d'opposition au pouvoir gaulliste, qui le lit avec attention.

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   C'est la Une du 4 juin 1958, une de celles qui sont reproduites dans l'ouvrage. Mais la période gaulliste a été surtout marquée par la chronique "La Cour" (par Ribaud et Moisan), qui associait langage relevé et dessin chiadé pour brosser un tableau satirique du nouveau régime.

   A partir des successeurs de de Gaulle, l'histoire prend la forme de vignettes, qui toutes évoquent une "affaire" dans laquelle des puissants ont trempé. Gauche et droite n'en sortent pas grandis et l'on peut se désoler que la chronique de la Ve République puisse se limiter à une série de scandales. C'est néanmoins un rappel salutaire, qui permet de prendre du recul par rapport à notre époque.

   A la fin, le ton en général enjoué se fait chagrin, avec la liste des morts successives de collaborateurs victimes de l'âge ou d'un accident. Il devient même grave avec le rappel des récentes tueries parisiennes, de janvier et novembre 2015 :

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   Notez le choix des couleurs : le noir associé au rouge, avec du blanc, comme sur le drapeau à croix gammée.

   Malgré les drames, malgré la médiocrité de notre personnel politique, malgré l'arrogance des riches, les auteurs ont voulu terminer sur une note d'humour, cette arme si utile pour ridiculiser les puissants.

   P.S.

   Dans ce travail de grande qualité, il me semble avoir repéré deux petites erreurs : page 126 une confusion entre Gérard et Philippe de Villiers ; page 133 une autre confusion, entre millions et milliards à propos de l'affaire des frégates de Taïwan.

lundi, 24 octobre 2016

Le logo du futur PNR Aubrac

   Le projet de parc interrégional est bien avancé. On peut même dire qu'il est quasiment bouclé. Il reste quelques démarches à accomplir... et à choisir son logo. J'ai appris cela en lisant Centre Presse aujourd'hui. Ce choix est l'objet d'une consultation populaire, par internet... comme quoi la mise en valeur du patrimoine emprunte parfois les chemins de la modernité. Sur le site du PNR, on peut visualiser en détail les quatre propositions que voici :

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   Chacune porte un numéro, plus précisément une lettre (A, B, C ou D). Voici comment les nommer :

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   Autant le dire tout de suite : j'élimine d'entrée la proposition C, sur laquelle ne figure pas la vache Aubrac. Il est pour moi impensable de communiquer sur le territoire sans faire mention de l'animal qui en est devenu emblématique.

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    Il reste les propositions A, B et D qui, en plus de la vache, comportent une représentation d'un buron. Je rejette la proposition D parce qu'elle semble n'associer le territoire qu'à la saison hivernale (avec la référence à la neige), même si la présence de la fenêtre sur le bâtiment est un plus.

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   Il ne nous reste plus qu'à choisir entre les propositions A et B. Toutes deux sont dotées d'un arbre en plus des autres symboles. C'est important, dans la mesure où le PNR (sans être un conservatoire comme les parcs nationaux) va permettre de préserver la biodiversité. De surcroît, le tourisme ne doit pas compter que sur la neige (sans quoi il serait bien dépourvu). Il me semble d'ailleurs que la (future) charte du parc intègrera la notion de "tourisme des quatre saisons".

   Je retiens finalement la proposition A, en raison de la présence de chemins. C'est un signe d'ouverture, preuve que le territoire a vocation à rester en relation avec l'extérieur. Cela peut aussi être vu comme une référence aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui, si je ne m'abuse, sont empruntés par environ 20 000 personnes chaque année dans l'Aveyron. Exit donc la proposition B :

Logo B.jpg

   And the winner is :

Logo A bis.jpg

samedi, 15 octobre 2016

José Bové repart en campagne

   Cette semaine, l'annonce de l'expulsion de José Bové du Canada a fait la Une des médias français, avant que son séjour ne soit finalement autorisé. Il semble évident que le député européen a programmé sa venue au Canada pour qu'elle coïncide avec la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, le tout dans le contexte de la ratification du traité économique entre l'Union européenne et le Canada.

   La question qui se pose est celle-ci : le gouvernement français a-t-il suggéré de ne pas laisser entrer Bové, ou bien est-ce une initiative purement canadienne ? Si tel est le cas, l'expulsion est-elle le fait de fonctionnaires un peu trop zélés, ou bien avaient-ils reçu des instructions ? C'est troublant, parce que, si l'on ne considère que des personnalités françaises, on constate qu'Alain Juppé, bien que condamné peu de temps auparavant par la justice française, avait pu enseigner à l'ENA québécoise. Quant à Marine Le Pen, elle n'a rencontré aucune difficulté pour effectuer une visite de propagande en mars dernier (même si elle a été tenue à l'écart).

   Concernant Alain Juppé, la lecture de son blog (qu'il tient depuis des années) mérite le détour. Il ne paraît pas avoir "fait le ménage" dans ce qu'il a écrit durant son séjour canadien. Du coup, c'est avec plaisir qu'on peut encore lire le billet du 7 mai 2005, sobrement intitulé "Mexico". Alors que l'essentiel du propos est consacré à la mondialisation, le dernier paragraphe évoque l'avenir de celui qui n'est plus à l'époque qu'un ancien Premier ministre :

Juppé blog 07 05 2005.jpg

   Je sens qu'on va me dire que, depuis mai 2006, de l'eau a coulé sous les ponts (de la Garonne, mais aussi de la Seine...) et que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, selon la formule proverbiale. Et, comme Alain Juppé se considère sans doute comme le contraire d'un imbécile... Notons que le billet a suscité -à l'heure où j'écris ces lignes- 92 commentaires, tous datés de mai 2006. Certains font état de la triste situation (économique, sociale, politique, morale...) de notre pays... sous Chirac et Villepin.

   Mais revenons à nos moutons... et même à nos brebis laitières, puisqu'il est question de José Bové. Cela fait plusieurs mois qu'il sonne le tocsin contre les dangers du traité de libre-échange avec le Canada. Le 11 septembre, il avait signé une tribune dans Libération, dans laquelle il évoquait un gros problème : le traité aboutit à la reconnaissance de certaines AOP fromagères, en laissant tomber toutes les autres. Au départ, ses propos ont eu peu d'écho. Ils ont même été tournés en dérision dans Le Canard enchaîné du 14 septembre :

CanardEnchaîné 14 09 2016.jpg

   J'ai été surpris de lire sous la plume d'un journaliste de mon hebdomadaire préféré, une conclusion qui semble plutôt se réjouir d'une éventuelle baisse du prix de ces fromages. Faut-il rappeler à cet imbécile que le prix de ces produits, qui peut paraître élevé en comparaison de celui de concurrents bas-de-gamme, se justifie (entre autres) par l'exigence du cahier des charges des appellations et par la volonté de fournir un revenu décent aux producteurs de denrées agricoles ? L'auteur aurait pu contacter le député européen, par ailleurs lecteur du Volatile depuis des années :

Canard Bové lapresse b.jpg

   J'ai souligné dans l'article les noms de certains fromages dont l'appellation n'est pas reconnue par le traité. Si l'on en consulte le texte officiel, on constate que seules les "grosses marques" ont obtenu la reconnaissance de leur AOP, comme le comté, le reblochon, le roquefort (ouf !), le camembert, le brie, l'emmental, le maroilles (erreur dans l'article du Canard), le cantal, le bleu d'Auvergne... mais pas celui des Causses, ni le rocamadour, ni le laguiole ! 

   Un article du Monde a pris le contrepied de la position de José Bové. Il explique (ce qui n'est pas faux) que le traité signé, bien qu'imparfait, représente un progrès par rapport à la situation actuelle. D'ailleurs, il ne fait pas l'unanimité du côté canadien non plus. On peut penser que les producteurs canadiens qui proposent actuellement des fromages copiés sur des modèles européens redoutent de voir débarquer les originaux. Mais il existe aussi une production fermière locale, qui a peur de se voir manger par les "gros".

   C'est aussi une crainte que peuvent nourrir des producteurs français : voir débarquer en Europe des fromages "Canada dry", qui ressemblent aux nôtres, portent (presque ?) le même nom mais ne sont pas produits selon les mêmes critères ni, surtout, sur le même terroir. De surcroît, le Canada étant lié aux Etats-Unis par l'ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain), ne pourrait-il pas constituer un cheval de Troie pour des industriels yankees ? Plus vraisemblablement, les concurrents des AOP non reconnues pourront leur tailler des croupières à l'exportation. Or, rien ne dit que les petits fromages d'aujourd'hui ne deviendront pas grands demain. Les actuels géants du secteur ont tous démarré petits.

   La presse française n'a pas été la seule à discuter des propos de José Bové. Dès mai 2016, La Presse (quotidien montréalais) s'est faite l'écho des déclarations du député européen, suivie en septembre par son concurrent Le Devoir. La semaine dernière, on pu voir dans le même journal une caricature plutôt sympathique :

Caricature LeDevoir 12 10 2016.jpg

   Signalons que dimanche 17 (demain, à l'heure où j'écris ces lignes) sera diffusée l'émission Tout le monde en parle (version québécoise), qui a apparemment été enregistrée jeudi 13. José Bové figure parmi les invités.

   On va dire que j'en fais un peu trop à propos du député européen. Pourtant, l'Aveyronnais que je suis n'a jamais été une "groupie" du paysan rebelle... même si je reconnais que j'ai suivi avec bienveillance sa défense du Roquefort et le conflit qui l'a opposé à une entreprise de restauration rapide dont je me garde bien de fréquenter les établissements. J'ai aussi une opinion plutôt favorable du député européen, qui a cosigné un bouquin très intéressant en 2014. Entre 2009 et 2014 (durant son premier mandat), il faisait partie des plus assidus (au contraire des Philippe de Villiers, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon) :

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   Depuis sa réélection, en 2014, son activité ne semble pas avoir faibli, d'après ce qui figure sur le site VoteWatch.

samedi, 01 octobre 2016

Un couteau anal

   Septembre a sonné la rentrée pour l'équipe de Groland, dont la nouvelle émission s'appelle "Le Zapoï", une sorte de zapping entre les chaînes d'un bouquet satellite naze, qui n'est pas sans rappeler la forme prise par le best-of sorti en DVD il y a plus de dix ans (Grolandsat).

   Du coup, pour les vieux fans, l'émission a un petit goût de déjà-vu, d'autant plus que certains anciens sketchs (très bons au demeurant) sont recyclés dans la nouvelle mouture. Il manque aussi à celle-ci le dynamisme insufflé naguère par le tournage en direct du faux journal.

   Néanmoins, au détour d'un sujet, on peut trouver son bonheur. C'était le cas samedi dernier. Après une petite pique destinée à l'ancien président Nicolas Sarkozy, a été diffusée une série de bandes-annonces jouant sur les récents problèmes de Jean-Marc Morandini. On a pu voir ensuite une parodie de publicité fromagère et un reportage s'inspirant des Jeux paralympiques.

   Mais c'est la petite fiction qui lui a succédé qui a attiré mon attention. On y découvre Jules-Edouard Moutic au réveil, dans la chambre d'un hôtel aussi luxueux que discret. Dans le lit, il découvre un curieux objet :

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   On le voit un peu mieux quelques secondes plus loin :

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   Il s'agit sans doute d'un couteau Laguiole... peut-être un faux, s'il est cranté. Mais que diable faisait-il dans le lit et quel est le lien avec l'anus de Jules-Edouard Moutic ? Je laisse à chacun le loisir de le découvrir.

   La suite de l'émission propose plusieurs sujets croquignolesques, comme celui consacré à la supposée pollution d'un bassin situé en zone urbaine, un autre célébrant l'excellence du système scolaire grolandais, un autre encore mettant en scène la dépendance de certains consommateurs aux produits de haute technologie dont on nous rabat les oreilles.

   J'ai été moins emballé par le reportage consacré à un Américain croyant avoir trouvé un tableau de valeur chez lui... et je n'ai pas trop compris ce que venait faire Jean Lassalle dans l'émission (pas plus que Gérard Depardieu, un peu plus loin). Fort heureusement, la bonne humeur était de retour avec le sujet "VMVN" ("Vis ma vie de nain") !

   Il y a donc à boire et à manger dans l'émission, qui ne me semble pas avoir encore trouvé son rythme de croisière.

vendredi, 23 septembre 2016

Une ville de délinquants

   Portant (en français) le titre "La ville des exclus" ("Pariahville" dans la version originale), l'épisode 6 de la onzième saison de la série Esprits criminels (diffusé sur TF1 lundi dernier) a pour cadre une zone urbaine particulière. Les maisons y ont été rachetées par une association, à la tête de laquelle se trouve un révérend désireux de réinsérer des délinquants.

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   Ceux-ci sont fichés "délinquants sexuels non violents" : la plupart du temps, ce sont des voyeurs ou des exhibitionnistes. Certains cas sont à la limite de la délinquance : une femme, ex-enseignante, a embrassé l'un de ses élèves ; un jeune homme a commis l'erreur de sortir avec une adolescente jugée un peu trop jeune pour lui etc.

   Mais il apparaît qu'un prédateur est à l'oeuvre dans la petite ville. Est-ce l'un des résidents ? Est-ce un voisin qui profite de cette proximité pour détourner les soupçons ? Ou bien est-ce un proche d'une ancienne victime d'un des condamnés ? Le scénario maintient longtemps le suspense.

   On se dit que les auteurs ont décidément une imagination débordante... à ceci près que cette ville existe bel et bien, en Floride. Il y a un peu plus de deux ans, le quotidien Libération a publié un reportage AFP très intéressant à son sujet.

dimanche, 18 septembre 2016

Confucius a des poils

   Ce Confucius n'est pas le penseur chinois, mais un chat de fiction, qui occupe une place non négligeable dans l'épisode 15 de la deuxième mouture des Petits meurtres d'Agatha Christie, diffusé vendredi. Dans cette "affaire de Styles", on découvre le matou lorsque la journaliste Alice Avril rend visite à la propriétaire d'une institution de soins. Curieusement, alors que le félin se méfie grandement des étrangers, il adopte immédiatement l'héroïne :

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   Un peu plus tard, en raison de circonstances que je ne peux pas révéler, le chat devient le compagnon d'Alice, désormais installée dans l'hôtel pour écrire son article... et mener l'enquête (dans le dos du commissaire Laurence) :

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   Ce n'est toutefois pas la seule personne dont la proximité n'effraie pas Confucius. Lorsque l'une des employées de l'institution rend visite à Alice, non seulement il ne fuit pas, mais voilà qu'il fait le "kéké", signe qu'il est en confiance :

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   Il faut dire que les deux jeunes femmes sont liées (sans le savoir au départ) et que c'est ce lien qui pourrait expliquer l'attitude du chat envers elles. C'est tout de même Alice qu'il préfère. Elle lui laisse faire à peu près ce qu'il veut !

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   Je vous laisse découvrir ce qui lui arrive dans la suite de l'épisode. Il joue un rôle important dans le déroulement des événements.

   Ce n'est toutefois pas le seul intérêt de cette série, vraiment savoureuse. L'histoire qui nous a été proposée vendredi (qui est une réécriture du roman d'Agatha Christie) mélange intrigue policière, marivaudage et satire sociale. Le commissaire Laurence, touché par la cinquantaine, cherche à faire jeune (mais toujours classe). La journaliste va apprendre l'identité de sa mère biologique. Enfin, au commissariat, débarque un nouveau médecin légiste, dont le tempérament va heurter quelques habitudes.

   Pour mieux connaître les personnages principaux, on peut regarder les petites vidéos mises en ligne sur le site de France 2. Je recommande particulièrement celle confrontant Élodie Frenck à Marlène... où comment les costumes, le maquillage et le talent d'actrice peuvent transformer une femme d'apparence ordinaire en vamp télévisuelle. Notons qu'on avait déjà pu voir ce dédoublement à l’œuvre, dans l'épisode Pension Vanilos, dans lequel l'actrice incarnait à la fois la secrétaire du commissaire et la sœur de celle-ci.

   Quant au chat si docile, il me semble l'avoir vu ailleurs, au cinéma. C'est peut-être le même animal qui officiait comme compagnon d'Isabelle Huppert dans Elle.

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   Il ressemble aussi au matou de Josiane Balasko, dans Retour chez ma mère.

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mardi, 13 septembre 2016

Capitaine Jeanne d'Arc

   Depuis quelques mois, France 3 diffuse, de manière irrégulière, les épisodes d'une mini-série policière intitulée "Capitaine Marleau". L'héroïne est un officier de gendarmerie atypique, grande gueule, un peu anar et pas très soucieuse de son apparence physique. Elle est incarnée (avec fougue) par Corinne Masiero :

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   L'actrice est devenue une figure familière du petit écran et des salles obscures, où elle occupe rarement la première place. Ces dernières années, on a pu la voir dans La Marche, L'Hermine et surtout Discount.

   L'épisode diffusé la semaine dernière a pour titre "Les mystères de la foi". Il s'appuie sur une pléiade de seconds rôles connus du grand public, ainsi que sur quelques vedettes, dont Victoria Abril (en mère supérieure tourmentée) et Irène Jacob (en nonne zélée).

   L'histoire a été tournée dans une bourgade alsacienne, Altorf, connue pour son patrimoine religieux. On en voit plusieurs aspects au cours de certaines scènes. L'une d'entre elles montre l'héroïne se rendant au poste de gendarmerie en voiture. Elle passe rapidement devant un drôle de monument :

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   Il s'agit bien d'une statue de Jeanne d'Arc, située sur le monument aux morts de la commune. Elle est l'oeuvre d'un sculpteur strasbourgeois, Guillaume Schroth. La facture est un peu rugueuse. On a donné à la Pucelle un air martial, qui la rapproche de figures teutoniques :

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   Par sa stature massive, elle n'est pas sans ressembler à la sculpture (toutefois plus "sexy") présente à Albi, à proximité de la gare SNCF, mise en place à la fin du XIXe siècle :

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   Même si les moeurs de la capitaine incarnée par Corinne Maserio semblent (a priori) peu compatibles avec le tempérament de la sainte, la manière dont la gendarme houspille parfois ses interlocuteurs (notamment masculins) n'est pas sans rappeler l'audace de la "bonne Lorraine"... et cette femme attachée au triomphe de la justice mène une quête qui la rend un peu solitaire.

mardi, 06 septembre 2016

Le Roquefort à l'honneur sur France Inter

   C'était dimanche, en fin de matinée, dans l'émission culinaire On va déguster, intitulée ce jour-là "On explore le Roquefort". Les animateurs avaient invité le directeur de Gabriel Coulet (une des sept marques de l'emblématique fromage persillé) et l'historienne Sylvie Vabre. Cette dernière doit commencer à bien connaître les couloirs de la Maison ronde, puisque, l'an dernier, elle était déjà intervenue dans La Marche de l'histoire, à l'occasion de la parution de son maître-livre, Le Sacre du Roquefort.

   La séquence consacrée au "roi des fromages" commence après une dizaine de minutes. On y entend Sylvie Vabre remettre (prudemment) en question la belle histoire racontée à propos de la naissance du Roquefort. Plus inattendue est l'affirmation du rôle qu'aurait joué Jean-Antoine Chaptal. Celui-ci, plus connu pour son rôle dans l'élaboration du champagne, a consacré un mémoire au fromage aveyronnais.

   On passe ensuite à des informations plus techniques. Les habitués du Roquefort n'apprendront pas grand chose. On notera quelques hésitations des animateurs concernant certains détails : le nombre de transformateurs (sept, même si l'on n'en connaît le plus souvent que deux ou trois) et l'étendue de l'aire de collecte du lait, sur six départements :

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   La suite de l'émission est principalement consacrée à des aspects culinaires. Néanmoins, les menaces qui pèsent sur ce fromage de qualité ne sont pas dissimulées. Certaines anecdotes sont croustillantes, comme celle révélant les privilèges dont bénéficient les employés des fabricants.

   Avant de s'achever, l'émission évoque les vins aveyronnais, méconnus même quand ils ont décroché une AOP. L'un des animateurs me semble de bon conseil : il suggère d'associer davantage le Roquefort aux productions viticoles du département.

   Après avoir écouté cela, on n'a plus qu'une seule envie : manger !

samedi, 03 septembre 2016

Une élue aveyronnaise de plus en plus choyée

   Il en est question, de manière anonyme, dans le dernier numéro de L'Hebdo. Un article évoque les prochaines élections législatives (celles de 2017), dans la première circonscription de l'Aveyron, qui englobe un vaste territoire, allant de Rodez à l'Aubrac. Le sortant est Yves Censi. Il compte bien se représenter, mais son colistier devrait changer. Depuis 2002, il s'agit d'André Raynal, maire de Cantoin (depuis 1983 !), l'une des communes les plus au nord du département. Cet ancien agriculteur songe peut-être à la retraite (il a 68 ans), ou bien il n'est plus très chaud pour servir de béquille rurale à un député assez peu présent sur le terrain.

   Selon L'Hebdo, c'est une femme qui serait pressentie pour former un nouveau duo avec le député sortant. Son nom n'est pas donné, mais, compte tenu des informations qui figurent dans l'article, on est amené à penser qu'il s'agit de Magali Bessaou. Elle n'est pas encore connue du grand public : elle n'est devenue maire de La Loubière qu'en 2014 (elle menait la seule liste de candidats sur sa commune) et conseillère départementale en 2015 (élue dès le premier tour, en duo avec le maire de Bozouls, Jean-Luc Calmelly).

   En cela, elle est bénéficiaire de la loi sur les collectivités locales votée par la gauche. La carte des cantons a été modifiée et les candidatures ont pris la forme d'un binôme homme/femme. Intérêt supplémentaire de la loi de 2013, les exécutifs départementaux ont dû davantage s'ouvrir aux femmes. A peine élue conseillère, Magali Bessaou devient vice-présidente et n°2 de la commission qui a en charge les collèges.

   Cela explique qu'elle ait été mise en valeur lors de la rentrée 2016. La presse s'est faite l'écho de l'action du Conseil départemental, évidemment incarné par son président Jean-Claude Luche. Mais les articles publiés ont pris soin de mentionner le nom des personnes qui accompagnaient celui-ci. Parmi ces noms figure celui de Magali Bessaou, présente aussi sur la photographie d'illustration. (Ci-dessous, sur la droite, c'est la femme qui semble regarder en direction du photographe.) Celle qui est parue dans Centre Presse est la même que celle que l'on peut trouver sur la page d'actualités du Conseil départemental :

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   Si l'article est bien signé par un journaliste, la photographie semble avoir été fournie par le Conseil départemental. D'ailleurs, dans le quotidien, elle n'est pas créditée. Ne vous offusquez pas trop vite : c'est une pratique courante, qui s'étend aux chaînes de télévision, ravies de disposer d'extraits vidéo "offerts" par les équipes de communication des politiques (ou des entreprises) qui font l'actualité. Cela permet d'éviter la publication d'une image prise sur le vif, mais qui, parfois, ne met pas particulièrement en valeur la personnalité. J'en ai une en mémoire, prise lors du salon de l'agriculture 2011, et publiée par le Bulletin d'Espalion.

   La croissante visibilité de Magali Bessaou a suscité des rumeurs, l'une d'entre elles lui prêtant le projet de concourir à la présidence du Conseil départemental, lorsque Jean-Claude Luche s'en retirerait. Dans L'Hebdo, on peut lire un démenti de sa part, disant qu'on la mettait en avant parce qu'elle est une femme. De surcroît, l'assemblée aveyronnaise héberge un nombre important de vieux renards de la politique, qui n'ont sans doute pas l'intention de lui servir la présidence sur un plateau d'argent. En tout cas, elle fait partie de la "famille" de la majorité départementale, et ce depuis un petit moment déjà. Alors qu'elle n'était encore que conseillère municipale de La Loubière, elle avait pour fonction (au sein du Conseil général de l'Aveyron) la formation des élus locaux. Elle a aussi très tôt fait partie de l'Association des maires de l'Aveyron (qu'elle dirige aujourd'hui). Comme on peut le voir sur son profil (sur l'annuaire des élus du Conseil départemental), elle cumule désormais beaucoup d'activités.

   C'est un paradoxe : deux lois initiées par un gouvernement de gauche bénéficient (dans un premier temps) surtout à des élues de droite, puisque celle-ci contrôle la majorité des exécutifs locaux. Il reste à ces élues locales, désormais plus nombreuses, à convaincre les électeurs qu'elles ont une conscience de l'intérêt général plus aiguë que certains de leurs collègues masculins.

lundi, 29 août 2016

Trahi par le Roquefort !

   Un an après avoir commencé à diffuser la huitième saison des aventures de l'inspecteur Murdoch, France 3 est passée à la saison 9, dont le premier épisode s'intitule Coupable.

   Au cours d'une enquête particulièrement délicate (qui doit permettre de disculper l'ancien adjoint de Murdoch, Crabtree), le seul indice laissé derrière lui par l'assassin présumé est un sachet en papier, marqué d'une tache de graisse et au fond duquel les policiers trouvent... des traces de moisissure. Et voilà l'inspecteur et sa compagne (Julia Ogden, médecin de formation) lancés dans leur travail d'experts scientifiques avant l'heure :

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   Le mystère semble particulièrement épais. Néanmoins, les deux héros vont parvenir à des conclusions surprenantes, mais non moins déterminantes pour la conclusion de l'enquête :


podcast

   Les aventures de l'inspecteur Murdoch sont censées de dérouler au début du XXe siècle. A cette époque, le plus célèbre fromage aveyronnais est déjà exporté outre-Atlantique, comme on peut l'apprendre dans un ouvrage érudit, Le Sacre du Roquefort, de Sylvie Vabre :

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   L'auteure y établit des statistiques pour plusieurs périodes du XIXe siècle et pour le début du XXe. Ainsi, en 1913, les exportations représentent un quart du chiffre d'affaires de Société. Un tiers de ces exportations passe par New York, dont on peut penser qu'elle est la porte d'entrée pour toute l'Amérique du Nord.

   C'est évidemment un produit de luxe, dont la trace découverte dans le sac va permettre de retrouver un dangereux personnage, une brute sans doute, mais avec des goûts raffinés !

vendredi, 12 août 2016

Journaux de guerre II, numéro 33

   En 2014 et 2015, ce sont les journaux de la Première guerre mondiale qui ont été réédités, la publication se poursuivant intelligemment après la fin du conflit... jusqu'en 1939. Fort opportunément, l'éditeur s'est lancé dans une nouvelle collection, celle des journaux de la Seconde guerre mondiale. Au départ, je n'avais pas prévu de poursuivre mes achats : les périodiques d'il y a cent ans étaient les plus rares, alors que ceux datant des années 1939-1945 avaient déjà fait l'objet d'une publication. J'ai révisé mon jugement devant l'originalité de certains choix. C'est le cas pour le numéro de cette semaine, centré sur les maquisards dans l'année 1943 :

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   Le florilège commence avec un quotidien collaborationniste, Le Petit Parisien, daté des 13-14 novembre 1943. Il est toujours bon de se replonger (un peu) dans ce genre de torchon pour réaliser à quel niveau peut s'abaisser la presse de caniveau... mais aussi pour comprendre certaines mentalités de l'époque. Ce numéro s'en prend vigoureusement aux "terrorises" (comprendre les résistants) et aux "crimes" commis par les Alliés (anglo-soviéto-américains). L'expansion du communisme semble être particulièrement redoutée par les auteurs (qui s'intéressent aux péripéties chinoises, en liaison avec les gisements de pétrole), qui n'hésitent pas à présenter de Gaulle comme une marionnette de Moscou :

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   On ne s'étonnera pas de trouver un éloge de Pétain et de constater que les rédacteurs se réjouissent des difficultés électorales des démocrates aux Etats-Unis, Franklin Roosevelt étant l'une de leurs bêtes noires. A l'époque, le magazine Life, tout comme Le Petit Parisien, s'était demandé si le pays n'était pas en train de devenir républicain. Rappelons qu'on était à environ un an de la présidentielle de 1944, qui n'était pas gagnée d'avance pour Roosevelt (si d'aventure il briguait un quatrième mandat). Le symbole du basculement (possible) du pays était l'Etat New York, où le républicain Joe Hanley avait réussi à se faire élire vice-gouverneur :

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   Pour la petite histoire, signalons que Joe Hanley avait été "poussé" par le gouverneur de New York, un certain Thomas Dewey qui, en 1944, allait se présenter contre Roosevelt. Il fut battu, tout comme en 1948 (d'assez peu, cette fois-ci), par le sortant (et ex-vice-président de Roosevelt) Harry Truman.

   Le deuxième journal qui nous est proposé est Combat, sous la forme d'une simple feuille recto, non datée. Il y est uniquement question de la manifestation d'Oyonnax du 11 novembre 1943, qui a vu une troupe du maquis narguer l'occupant dans une ville de plus de 10 000 habitants.

   L'événement est salué aussi par Bir-Hakem, journal clandestin de la résistance gaulliste, dans son numéro du 31 décembre 1943. La plus grande partie de l'espace est toutefois occupée par la dénonciation de "traîtres" (comprendre collaborateurs) issus de diverses catégories socio-professionnelles (des parlementaires aux commerçants, en passant par les religieux, les journalistes ou encore les fonctionnaires). On remarque aussi la virulence du ton à l'égard de tous ceux qui pourraient faire de l'ombre à de Gaulle.

   On termine avec le document de la semaine, un avis de la Kommandantur de Lille du 12 mai 1941. Les autorités allemandes y déplorent la célébration, la veille, de la fête de Jeanne d'Arc :

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   Rappelons que celle-ci, qui commémore la délivrance d'Orléans, est, depuis 1920, la seconde fête nationale française, dite "fête du patriotisme". Ce sont les gaullistes qui sont derrière cette manifestation, un appel ayant été lancé sur Radio Londres. Ils n'ont pas voulu laisser la "bonne Lorraine" à la propagande de Vichy, qui a tenté de la récupérer à son profit.

   Ce numéro des Journaux de guerre est décidément très riche.

jeudi, 11 août 2016

Le Laguiole vu d'ailleurs

   Hier, en lisant le quotidien régional L'Est Républicain, je suis tombé sur un article intitulé "Le Laguiole, un couteau indémodable". (Il est paru dans les autres quotidiens dépendant du même groupe de presse, Ebra, contrôlé par le Crédit Mutuel.)

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   L'article principal évoque l'histoire aveyronnaise du couteau et s'appuie principalement sur le témoignage du directeur de la Forge de Laguiole, Thierry Moysset. Si les propos rapportés ont bien été tenus, on peut en déduire qu'il a profité de l'entretien pour balancer une petite vacherie sur le compte des fabricants thiernois. Je ne sais pas si l'on a contracté de manière un peu abrupte les propos du gérant, mais ce qui est écrit n'est pas tout à fait exact.

   Si des Laguiole bas-de-gamme sont bien vendus sous des marques thiernoises, ce sont (à ma connaissance) uniquement les premiers prix. C'est néanmoins l'occasion de rappeler que certains entrepreneurs auvergnats ont délocalisé une partie de leur production en Chine, comme le révélait il y a cinq an un billet du blog d'un journaliste du Monde. (Au passage, signalons que Thierry Déglon, le patron de coutellerie à l'époque maire de Thiers, a été battu par une liste socialo-communiste aux municipales de 2014, pourtant peu favorables à la gauche.)

   Je rassure nos amis thiernois : la chronologie (sommaire) qui accompagne l'article rend hommage au rôle des couteliers auvergnats dans la perpétuation du Laguiole. La langue de Thierry Moysset a peut-être fourché en raison du récent rapprochement entre les producteurs de Thiers et certains couteliers aveyronnais (qu'une mauvais esprit de ma connaissance qualifie d'assembleurs plus que de couteliers).

   L'article principal est complété par un second, plus court, intitulé "Bataille juridique pour la marque Laguiole".

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   Ici, c'est le maire de Laguiole (Vincent Alazard) qui sert de référence au journaliste. Celui-ci s'est peut-être à nouveau un peu emmêlé les crayons, à propos de la décision de la Cour de Justice de l'Union européenne, dont j'ai parlé l'an dernier. En effet, l'article affirme que c'est à la commune de Laguiole que le tribunal a donné raison, alors que c'est la Forge qui a obtenu (partiellement) gain de cause contre Gilbert Szajner.

   Ce papier est un travail un peu approximatif (certes, sur un sujet complexe), mais qui offre une belle publicité aux couteaux aveyronnais.

vendredi, 22 juillet 2016

La France russe

   C'est le titre du livre publié par Nicolas Hénin, un journaliste français qui a passé dix mois dans les geôles de l'Etat islamique il y a deux-trois ans. Très critique du régime de Bachar el-Assad, il s'en prend ici à l'influence qu'exerce l'un de ses principaux soutiens, la Russie de Vladimir Poutine.

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   L'auteur y déplore qu'en raison des actes terroristes qui ont frappé notre pays, les efforts du contre-espionnage français se soient massivement déployés dans une direction, négligeant les autres menaces, la première d'entre elle étant pour lui l'influence russe.

   Elle séduit différentes catégories de personnes, parmi lesquelles on trouve des gauchistes, qui voient dans la Russie actuelle l'héritière de l'URSS, alors que l'idéologie en place a complètement changé. Il y a aussi ceux qui, d'un point de vue géopolitique, trouvent pertinent de s'appuyer sur la Russie pour contrebalancer l'influence américaine. Il y a aussi tous ceux qu'une petite somme d'argent ou quelques honneurs habilement distribués suffisent à acheter. Et il y a surtout tout une mouvance de droite extrême et d'extrême-droite, séduite par le caractère autoritaire du gouvernement de Vladimir Poutine... voire par certaines idées nauséabondes qui peuvent circuler en Russie (et ailleurs).

   La propagande russe est donc véhiculée (parfois mot à mot... le livre propose quelques exemples) par des Français de bonne volonté, stipendiés ou pas, mais aussi par une galaxie d'associations et de sites internet liés au Kremlin. On notera aussi le rôle important de l'ambassadeur Alexandre Orlov, en poste à Paris depuis 2008, et qui, visiblement, sait se faire des amis. Nicolas Hénin cite les noms de quelques personnalités françaises particulièrement russophiles.

   Parmi celles-ci se distingue Thierry Mariani, député UMP originaire du Vaucluse (en région PACA), aujourd'hui représentant les Français de l'étranger. A l'Assemblée, il est vice-président du groupe d'amitié France-Russie, où il siège depuis plus de vingt ans. Certaines mauvaises langues ont un temps suggéré que c'est son épouse (depuis 2005) d'origine russe qui l'aurait fait basculer dans le camp poutinien. Il s'avère que l'intérêt du député pour la Russie remonte très loin, à l'époque de la Guerre Froide. En tout cas, à l'heure actuelle, il copréside (avec un proche de Vladimir Poutine) la principale organisation de lobbying russe en France, l'Association Dialogue Franco-Russe.

   Si le Kremlin s'est approché d'élus UMP, le courant n'est pas forcément bien passé avec Nicolas Sarkozy lorsqu'il était président. Cela m'amène à l'une des révélations de ce livre, à propos d'un "incident" s'étant déroulé lors du G8 d'Heiligendamm (en Allemagne), en 2007. La vidéo d'un président français supposé "pompet" a fait le tour de la Toile. En réalité, d'après une source anonyme (sans doute l'une des personnes qui accompagnait le président) qu'évoque Nicolas Hénin, Nicolas Sarkozy (qui ne boit quasiment jamais d'alcool), sortait d'un entretien houleux avec Vladimir Poutine. Le président français se serait montré présomptueux. En face, le président russe aurait été particulièrement menaçant (genre caïd de banlieue). D'ailleurs, en regardant attentivement la vidéo (ce qu'avait fait à l'époque une journaliste de Libération), on s'aperçoit que N. Sarkozy est un peu essoufflé... et estomaqué, sans doute par ce qu'il vient d'entendre.

   Au chapitre des révélations, on a une analyse approfondie de l'affaire du contrat Mistral. Vu la manière dont les choses avaient parfois été présentées à l'époque, j'avais eu l'impression que l'annulation n'était due qu'à la politique étrangère russe (dont l'impérialisme n'a pas grand chose à envier à celui d'Oncle Sam). A la lecture du livre, on réalise que le contrat signé sous Nicolas Sarkozy était très avantageux pour la partie russe... qui avait visiblement bénéficié de soutiens efficaces, côté français.

   Je pourrais continuer longtemps sur ce livre (d'une lecture agréable), qui évoque, entre autres, le financement russe du Front national (un vrai parti de l'étranger !), le projet de construction, au coeur de Paris, d'une église orthodoxe (soupçonnée d'être le paravent des services d'espionnage russes) ou encore les bobards véhiculés sur le conflit en Ukraine.

   On l'a compris, c'est globalement un livre à charge (argumenté), mais qui présente aussi le point de vue russe. A Moscou, on semble être un peu paranoïaque : on voit des ennemis partout. Au niveau des mentalités, il y a aussi un décalage : les dirigeants russes sont très conservateurs, notamment sur le plan des moeurs, et manquent de culture démocratique.

   Cela nous ramène au Moyen-Orient. La France a-t-elle raison de s'allier à la Russie, qui soutient le régime meurtrier de Bachar el-Assad ? N'est-ce pas là le pire message adressé aux civils musulmans... et une opportunité de recrutement offerte à l'Etat islamique ?

dimanche, 17 juillet 2016

Une "vieille" affaire aveyronnaise

   Il en est question dans le dernier numéro de L'Hebdo, paru vendredi 15 juillet. Les débuts remontent à une dizaine d'années. Je dois dire qu'à l'époque, je suis passé complètement à côté de cette histoire, qui n'a pas dû faire la Une de la presse locale.

   De quoi s'agit-il ? D'un conflit entre ce qui était à l'époque le Conseil général de l'Aveyron (aujourd'hui Conseil départemental) et une société de conseil (privée), Labhya. Celle-ci a été créée en 2001 par un Aveyronnais revenu au pays, Frédéric Soulié. En 2002, elle acquiert un laboratoire, qui va finalement s'installer à Flavin (juste à côté de Rodez). C'est ce laboratoire qui va rencontrer quelques difficultés avec le Conseil général, difficultés qui ont débouché sur une procédure judiciaire.

   Comme ce sont les décisions d'une collectivité territoriale que Labhya a contestées, c'est devant le Tribunal administratif de Toulouse que l'affaire a été portée. Celui-ci a donné raison au Conseil général. Labhya a fait appel. Le 13 octobre 2011, la Cour administrative d'appel de Bordeaux a donné raison au laboratoire. D'une part, elle a invalidé le jugement du tribunal toulousain (qui avait rejeté le recours de Labhya pour des questions de forme). D'autre part, sur le fond, la Cour a estimé que la société d'économie mixte créée sous l'impulsion du Conseil général de l'Aveyron n'était pas encore légalement constituée au moment de l'appel d'offres et que donc elle n'aurait pas dû y répondre ni bien sûr l'emporter. De surcroît, les règles d'équité n'ont pas été respectées entre les deux candidats.

   L'histoire ne s'arrête pas là. Mécontent de ce jugement, le Conseil général a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat, dont la décision a été rendue le 19 décembre 2012. (Centre Presse l'a évoquée, sur sa page Facebook.) Elle confirme totalement le verdict de la Cour de Bordeaux. Les dépens auxquels le Conseil général est condamné passent de 2000 à 3000 euros.

   Notons que la décision a fait jurisprudence. Elle est désormais citée dans des revues juridiques. Un prof de droit grenoblois lui a même consacré une chronique, en 2013 (voir page 4 de son CV).

   Et ce n'est pas (encore) terminé ! Si Labhya a obtenu le remboursement de ses frais de justice, le labo n'est (à ma connaissance) pas parvenu à décrocher le marché convoité. Il entend donc être dédommagé. (Notons que cette affaire ne semble pas avoir entravé le développement de Labhya. D'après le Journal de la CCI aveyronnaise de janvier dernier [page 11], entre 2003 et 2016, l'entreprise est passée de 5 à 30 personnes et le chiffre d'affaires a quasiment septuplé.) Quant à la SEM Aveyron Labo, elle existe toujours, mais sous le statut de Groupement d'Intérêt Public.

   Et puis... je me suis demandé s'il n'y avait pas des implications politiques à cette histoire. Pour cela, il faut remonter aux élections municipales de 2008 (auxquelles j'avais consacré un billet peut-être parfois inutilement acerbe). Frédéric Soulié (le patron de Labhya, à l'époque en conflit avec le Conseil général, dirigé par une coalition UMP - divers droite) avait monté une liste classée à droite (sur laquelle figurait, en dernière position, le maire sortant, Marc Censi)... alors que l'UMP soutenait sa propre liste (menée par Régine Taussat et Bernard Saules). On peut penser que cette liste avait le soutien de la Majorité départementale, celle qui avait décidé la création de la société d'économie mixte qui avait indûment décroché le marché. Marc Censi n'aurait pas voulu laisser les clés de "sa" ville (et de l'agglomération) à un groupe trop proche de l'ancien président du Conseil général Jean Puech, qu'il déteste. Comme la liste menée par le socialiste Christian Teyssèdre l'a emporté dès le premier tour, on ne saura pas si une réconciliation était possible.

   Pour cela, intéressons-nous aux élections cantonales de 2008, sur le canton de Rodez-Ouest. Christian Teyssèdre l'a largement emporté, au second tour, sur un candidat Nouveau-Centre, Jean-François Théron (ancien adjoint de Marc Censi). Au premier tour avait été éliminé (notamment) Bruno Astoul, soutenu par l'UMP (et fils de Michel, qui fut le premier adjoint de... Marc Censi). Or, celui-ci figurait en 10e position sur la liste Taussat (aux municipales), alors que J-F Théron était placé 33e sur la liste Soulié. L'étendue de la victoire de Christian Teyssèdre (au second tour) n'était peut-être pas due qu'à l'engouement qu'il a suscité : entre les deux tours, la participation a perdu 2 000 voix, dont beaucoup de droite, qui ont sans doute manqué à Jean-François Théron.

samedi, 09 juillet 2016

L'équipe de France de la diversité

   C'est la conclusion à laquelle on arrive quand on analyse la composition de l'effectif (les 23) sélectionné par Didier Deschamps pour l'Euro 2016 de football. En complétant les informations glanées sur le site de L’Équipe par des recherches complémentaires, on fait même quelques trouvailles.

   La première remarque est que cette équipe est composée massivement de joueurs nés en France (20 sur 23). Les trois nés à l'étranger (Patrice Evra au Sénégal, Samuel Umtiti au Cameroun et Steve Mandanda en République Démocratique du Congo) sont arrivés très jeunes en France (avant l'âge de trois ans). Il n'y a donc pas de naturalisés de complaisance dans ce groupe. Notons que 19 des 20 joueurs nés en France ont vu le jour en métropole (dont 1 en Corse : Adil Rami), le vingtième (Dimitri Payet) étant originaire de La Réunion.

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   L'outremer est en réalité davantage présent dans l'effectif. En effet, Anthony Martial est né dans l'Essonne de parents martiniquais, tandis que Kingsley Coman est né à Paris de parents guadeloupéens. Cela nous amène à nous intéresser aux départements métropolitains de naissance de 19 des 23 sélectionnés.

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   Sans surprise, la région Ile-de-France domine, avec 7 joueurs (2 de Paris, 2 de Seine-et-Marne, 1 d'Essonne, 1 des Hauts-de-Seine et 1 de Seine-Saint-Denis). Sinon, tous les coins de l'Hexagone sont représentés, sauf la Bretagne.

   En piochant un peu plus, je suis tombé sur des informations portant sur les ascendants (parents, grands-parents) des joueurs. 8 d'entre eux ont des parents étrangers et 4 autres ont au moins un grand-parent étranger. Cela donne la carte suivante, avec, en rouge, les pays d'origine des parents, et, en jaune, les pays d'origine des grands-parents non français :

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   Sans surprise, l'Afrique domine chez les parents étrangers. Ceux de Moussa Sissoko et de N'Golo Kanté sont maliens. Ceux d'Adil Rami sont marocains. Ceux de Paul Pogba sont guinéens. Ceux de Blaise Matuidi sont angolais. Ceux d'Eliaquim Mangala sont congolais (de R.D.C.). Enfin, le père de Bacary Sagna est sénégalais. Complète le tableau Hugo Lloris, dont le père est originaire d'Espagne, plus précisément de Catalogne.

   Quand on remonte jusqu'aux grands-parents, les résultats changent. Ainsi, c'est l'Europe qui est l'origine la plus fréquente. Sachez qu'Olivier Giroud a deux grands-mères italiennes, que Laurent Koscielny a un grand-père polonais... et que la nouvelle icône du football français, Antoine Griezmann, a deux grands-parents (du côté maternel)... portugais ! La palme de l'origine la plus exotique revient à Yohan Cabaye, dont l'une des grands-mères est d'origine vietnamienne.

   Qu'en est-il de ceux qui jouent le plus ? Prenons l'exemple de la récente demi-finale, contre l'Allemagne. Deux des trois joueurs nés à l'étranger se trouvaient sur le terrain, tout comme six des huit joueurs (remplaçants inclus) qui ont au moins un parent étranger. Les quatre joueurs qui ont au moins un grand-parent étranger ont foulé la pelouse, ce qui n'est le cas que d'un seul des joueurs qui n'ont aucune ascendance étrangère proche : Dimitri Payet, le Réunionnais. J'ai comparé avec la composition de l'équipe qui a disputé le premier match (contre la Roumanie) : remplaçants inclus, 11 des 14 joueurs qui ont foulé la pelouse du Stade de France ce vendredi 10 juin ont une ascendance étrangère. Les trois autres (D. Payet, A. Martial et K. Coman) ont des parents domiens.

   Ce sont aussi très majoritairement des joueurs qui évoluent à l'étranger. En demi-finale, 12 des 14 rentrés sur le terrain évoluaient l'année écoulée dans un championnat étranger. (Les deux exceptions sont Blaise Matuidi, du PSG, et Samuel Umtiti, de Lyon.) C'était même pire lors du match contre la Roumanie, qui a seulement vu Matuidi fouler la pelouse.

   Voyons ce qu'il en est pour l'ensemble des 23 sélectionnés. 18 évoluent dans un championnat étranger, dont 11 au Royaume-Uni ! D'ailleurs, en demi-finale, 8 des 14 Français qui ont foulé la pelouse jouaient la saison passée dans un club anglais ! Cela me rappelle la "promotion" de 1998 (celle des champions du monde), dans laquelle les salariés de clubs italiens étaient nombreux (Zidane, Desailly, Deschamps, Boghossian, Djorkaeff et Thuram), même si les clubs anglais pointaient déjà le bout de leur nez. En 2016, 5 des sélectionnés jouaient dans un club londonien, 4 dans l'un des deux clubs de Manchester, 1 à Newcastle et 1 à Leicester.

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   Après le championnat britannique viennent les championnats français (5 sélectionnés), italien (3 sélectionnés), espagnol (2 sélectionnés), allemand (1 sélectionné)... et mexicain (1 sélectionné : André-Pierre Gignac).

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   Conclusions ? Les sélectionnés en équipe de France sont d'abord des joueurs nés et formés en France. Ils ont souvent une ascendance étrangère. Le football a pu être perçu comme un bon moyen de réussir dans la vie (plus que l'école, en tout cas). Enfin, ces très bons joueurs sont partis gagner leur croûte à l'étranger, dans des championnats relevés, pas très loin de la France métropolitaine.

   P.S.

   Si l'on considère le cas des "grands absents" (côté français) de cet Euro (évoqués dans un article du Monde), on constate qu'ils rentrent dans ce schéma. Tous sont nés en France métropolitaine (Raphaël Varane ayant un père martiniquais). Trois recrues potentielles sont nées de parents étrangers : sénégalais pour Mamadou Sakho, maliens pour Lassana Diarra, centrafricains pour Kurt Zouma. Sur les sept grands absents, deux évoluaient dans le championnat français (Diarra à Marseille, Debuchy à Bordeaux). Des cinq autres, deux jouaient en Angleterre, trois en Espagne.

mercredi, 06 juillet 2016

Michel Rocard et les hypocrites

   Le décès de l'ancien Premier ministre, le week-end dernier, a donné lieu à un concert de louanges dont l'unanimisme a de quoi interloquer, tant l'homme politique a pu susciter la critique et la raillerie, souvent dans son propre camp. Avec le recul, on loue son intégrité personnelle et son sens du dialogue. On se rappelle de son gouvernement comme d'un des rares (à gauche) à avoir maintenu une assez forte croissance économique (avec celui de Lionel Jospin, entre 1997 et 2002) :

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   Malgré leurs différends, les deux hommes ont beaucoup de points communs. Ils sont de culture protestante, assez rigides et adeptes de la social-démocratie plutôt que du socialo-marxisme. On comprend pourquoi Michel Rocard a essuyé de très vives attaques au sein du PS (et de ce que l'on n'appelait pas encore la "gauche de la gauche"). Voilà pourquoi la tentative de récupération de Jean-Luc Mélenchon est pathétique. D'ailleurs, le numéro du Canard enchaîné paru ce mercredi (un exemplaire collector publié pour le centenaire "officiel" de l'hebdomadaire satirique) prend un malin plaisir à commenter les divers hommages rendus à Michel Rocard.

   C'est d'autant plus cocasse que l'ancien Premier ministre détient (de très loin) la palme du recours à l'article 49.3 de la Constitution de la Ve République, comme on peut le constater dans un article du Monde récemment mis à jour :

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   Avec 28 utilisations, Michel Rocard devance largement un trio formé de Raymond Barre, Jacques Chirac et Edith Cresson. Qu'est-ce qui peut expliquer cette profusion ? Revenons à la situation, à l'Assemblée nationale, en 1988 :

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   Les socialistes gouvernent avec les radicaux de gauche, mais sans les communistes. François Mitterrand, réélu président de la République peu de temps auparavant, tente l'ouverture au centre (droit), qui ne fonctionne qu'à moitié : il a rallié à lui certaines personnalités (plutôt des ambitieux), mais les groupes UDC et UDF lui demeurent en général hostiles. Et voilà le PS qui, avec 275 députés, ne dispose que d'une majorité relative. C'est pourquoi Michel Rocard, puis Edith Cresson (8 fois en un an, tout de même) et Pierre Bérégovoy (3 fois) ont souvent eu recours à l'article 49.3.

   A contrario, on remarque que Lionel Jospin, en cinq ans de gouvernement, n'a pas eu recours une seule fois à ce procédé et ce alors que le PS ne disposait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale et que ses alliés étaient très divers au sein de la "gauche plurielle" sortie vainqueur des élections législatives de 1997 :

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   Même si la dernière année a vu cette architecture se déliter, il faut reconnaître un certain savoir-faire politique à l'ancien élu de Cintegabelle, savoir-faire que ne maîtrisent visiblement pas ses successeurs. De surcroît, la gauche plurielle avait assez rapidement fait passer ses deux plus grandes réformes (les 35 heures et la parité en politique), alors que le duo Hollande-Ayrault a perdu beaucoup de temps et d'énergie avec le "mariage pour tous". Du coup, en fin de mandat, les socialistes en sont encore à lancer des réformes de fond, alors que le mécontentement est grand dans le pays et leur majorité parlementaire fragile :

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   Voici la situation à l'été 2016, après la dissolution du groupe écologiste et le "gonflement" du groupe socialiste, rebaptisé "socialiste, écologiste et républicain". Avec 291 députés sur 577, il dispose de la majorité absolue... en théorie. Si un groupe de "frondeurs" internes décide de rompre et de s'aligner sur les positions du Front de Gauche, il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale. D'où le recours à l'article 49.3, la cinquième fois pour Manuel Valls.

lundi, 04 juillet 2016

Un député très occupé

   Hier dimanche, le quotidien aveyronnais Centre Presse a publié un entretien avec le député de la troisième circonscription (celle de Millau - Saint-Affrique), Arnaud Viala :

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   L'élu est présenté comme membre de la commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie. Le mois dernier, j'avais fait le point de sa participation à ladite commission, ce qui n'était pas à son avantage. C'est l'occasion de mettre à jour les chiffres avancés, 34 comptes-rendus étant désormais accessibles sur le site de l'Assemblée nationale.

   J'en profite pour corriger deux petites erreurs commises dans le billet précédent, erreurs liées au mauvais téléchargement de l'un des comptes-rendus. Ainsi, Arnaud Viala a assisté (au moins partiellement) à 9 (et non pas 8) des 22 premières séances ; il s'y est exprimé deux fois (et non une). Si l'on élargit l'analyse aux 12 séances suivantes, voici le bilan que l'on peut tirer :

- présence à 15 séances sur 34 (soit 44 %)

- participation active (avec au moins une intervention) à 6 séances (la 16e, la 20e, la 23e, la 24e, la 27e et la 32e)

- absence excusée à 2 séances

- absence non excusée à 17 séances

   Bien que peu impliqué dans le déroulement de la commission d'enquête, il a été interrogé par le quotidien aveyronnais à l'occasion de la mise en ligne (par l'association L214) d'une nouvelle vidéo comportant des images insoutenables.

   Je suis d'accord avec plusieurs des propos du député, aussi bien ceux rapportés par Centre Presse que ceux qu'il a pu tenir les rares fois où il s'est exprimé en commission. Il affirme à raison qu'il ne faut pas généraliser à tous les abattoirs et à toute l'année ce qui est montré dans les vidéos qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. On sent quand même le député plus préoccupé par la santé économique des entreprises de la filière agroalimentaire que par le bien-être animal. Il a la même position que les quatre députés socialistes héraultais (dont celui de la circonscription de Pézenas Sébastien Denaja), qui ont cosigné un communiqué de presse en ce sens. Notons que ces députés avaient visité l'abattoir local en mars dernier et n'y avaient visiblement rien trouvé à redire. Leur a-t-on proposé à l'époque  la vision d'une sorte de village de Potemkine ?

   Dans sa réponse à la question du journaliste de Centre Presse, Arnaud Viala évoque des personnes auditionnées qui auraient remis en question la véracité de certaines scènes filmées. Dans les comptes-rendus des séances auxquelles il a participé, j'ai trouvé une occurrence, lors de la 27e session, qui a vu témoigner notamment Paul Lopez, premier vice-président de la Fédération des industries avicoles. C'est au cours de cette séance que le député est le plus intervenu (à trois reprises). Alors que l'intervenant critique le montage opéré dans l'une des vidéos (à propos du broyage des poussins), c'est le député aveyronnais qui le relance (page 19 du compte-rendu au format pdf) en évoquant  une "mise en scène". Dans sa réponse, Paul Lopez n'ose pas aller aussi loin et semble même un peu se rétracter.

   Lors de deux autres séances (la cinquième et la sixième), auxquelles le député aveyronnais n'a pas assisté, deux intervenants ont aussi critiqué les vidéos de L214. Lors de la cinquième séance, c'est Roland Canayer (président de la Communauté de communes du Pays Viganais) qui dénonce le caractère biaisé du montage et certains commentaires erronés. Lors de la sixième séance, c'est Michel Etchebest (maire de Mauléon-Licharre) qui dénonce un montage orienté. Mais les actes filmés n'en sont pas moins vrais. Parler de "mise en scène", comme Arnaud Viala, me paraît tendancieux.

   Je suis par contre plus en accord avec sa manière de questionner l'une des expertes lors de la 23e séance. Elle s'appelle Florence Burgat et nous est présentée comme philosophe, directrice de recherche à l'INRA. Le député cherche à savoir quel est son positionnement personnel sur le sujet (page 11 du compte-rendu). L'universitaire finit par reconnaître (de manière alambiquée) qu'elle est contre la consommation de viande vue comme un plaisir. Voilà qui est bon à savoir, pour éviter l'instrumentalisation dans cette affaire : des militants tentent de s'appuyer sur des dérives scandaleuses dans les abattoirs pour dénigrer l'élevage et la consommation de viande.

   Arnaud Viala n'est pas le seul député aveyronnais à avoir participé aux débats. Yves Censi, déjà venu deux fois auparavant, a aussi montré le bout de son nez à la 30e séance, ainsi qu'à la 34e. Lors de la première, les personnes auditionnées étaient des autorités religieuses. Les divers participants ont fait assaut de courtoisie et affirmé leur attachement à la liberté religieuse et à la laïcité. Sur le fond, les religieux sont arc-boutés sur le refus de l'étourdissement préalable... et pointent le risque d'un recours aux importations, si la France légifère de manière restrictive. Vous avez dit chantage ?

   Les enjeux économiques sont encore mieux présentés dans la 34e séance, en particulier par Philippe Dumas, président de Sicarev-Aveyron. Il apparaît que l'abattage rituel (qui fait davantage souffrir les animaux) occupe une place plus grande que prévue dans l'activité des abattoirs. Cela s'explique par la volonté de valoriser le plus grand nombre de morceaux des carcasses. Or, le marché du halal valorise davantage de morceaux (notamment des ovins). On le savait déjà en Aveyron : il y a plus de quatre ans, l'information avait filtré à propos de l'abattoir de Villefranche-de-Rouergue. D'un autre côté, l'abattage rituel est moins rentable parce qu'il impose de ralentir la cadence, un point qui contribue à le faire apprécier du personnel.

   On peut le vérifier à la lecture d'un petit livre fort instructif, A l'abattoir, de Stéphane Geffroy... qui a d'ailleurs été auditionné lors de la 25e séance, à laquelle hélas aucun député aveyronnais n'a daigné assister. (Un entretien a aussi été publié dans le Midi Libre du samedi 2 juillet.)

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   On y découvre le parcours atypique de ce fils de menuisier, en situation d'échec scolaire, qui a trouvé son salut dans un petit abattoir breton, dans l'atelier de "tuerie". Il décrit la dureté du métier, sans fard, mais parle aussi de ce qu'il lui a apporté. Il est finalement devenu délégué du personnel... et juré d'Assises, deux expériences qui lui ont ouvert des perspectives. Je recommande la lecture de ce livre tout particulièrement à Arnaud Viala, qui fut prof d'anglais. Il découvrira quel rapport avait l'auteur avec l'enseignement de la langue de Shakespeare...

vendredi, 01 juillet 2016

Les gros bosseurs de la Territoriale

   Au départ, c'est un petit encadré en page 8 du Canard enchaîné paru le 29 juin 2016 qui a attiré mon attention. Intitulé "Les collectivités en petite forme", il aborde la question de l'absentéisme dans les collectivités territoriales (communes, départements, régions).

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   L'hebdomadaire satirique s'appuie sur une étude de la Sofaxis, une société d'assurance spécialisée dans les collectivités. Concrètement, on constate une coïncidence entre la suppression du jour de la carence par la gauche et la (re)montée de l'absentéisme. Allons voir cela dans le détail.

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   L'analyse du taux d'absentéisme permet de constater que presque 10 % du temps de travail théorique est supprimé à cause des absences (justifiées) liées à l'état de santé. C'est énorme, d'autant plus que s'ajoutent à ces heures non effectuées les stages suivis par le personnel et ses congés règlementaires. Autant dire qu'à plusieurs moments de l'année, il est évident que certains services tournent au ralenti...

   On remarque aussi que ce sont les petits congés maladie qui pèsent le plus dans ces absences : environ la moitié du total temps et plus de 80 % des arrêts. Là est sans doute le problème : la multiplication de ces petits congés maladie, certains justifiés, d'autres de confort... avec, désormais, la certitude de ne pas perdre le moindre jour d'indemnisation. Soyons honnêtes, il existe un autre facteur d'explication : le vieillissement des agents.

   Fait extraordinaire : en 2015, presque la moitié des fonctionnaires territoriaux ont été absents au moins une fois pour raison de santé. On ne mesure pas à quel point les épidémies de grippe font des ravages dans certains bureaux climatisés...

   Parmi les autres enseignements de cette passionnante étude, il y a la variation de l'absentéisme en fonction de la taille de la collectivité territoriale (page 5 du document) :

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   Plus la collectivité emploie d'agents, plus la proportion d'heures perdues en raison d'arrêts maladie est grande. Attention, il s'agit bien de taux et pas de nombres. S'il est logique que le nombre d'heures perdues augmente avec le nombre d'agents, il n'est pas normal que, plus une collectivité compte d'agents, plus ils aient tendance à tomber malades !

   Des scientifiques pourraient m'opposer le fait que, plus un service compte d'agents, plus les risques de propagation de germes sont élevés. Mais, j'aurais plutôt tendance à penser que, là où les agents sont plus nombreux, on trouve plus facilement à remplacer un(e) collègue "indisposé(e)". On a peut-être moins tendance à vérifier que le congé maladie est réel, ou alors on met moins de pression sur les employés. Notons qu'un seul des critères explique la différence entre les collectivités : les petits congés maladie.

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   C'est encore plus flagrant si l'on considère le nombre d'arrêts pour cent agents, dans les cas de "maladies ordinaires". Dans les collectivités employant moins de 10 agents, ceux-ci posent deux fois moins d'arrêts maladie que les agents des collectivités employant entre 30 et 149 personnes... et entre trois et quatre fois moins que les agents des collectivités employant plus de 349 agents ! En gros, plus la collectivité dans laquelle travaillent les agents est importante, plus ils ont tendance à poser de petits congés maladie ! C'est le genre d'étude dont la lecture aurait été utile aux membres du gouvernement Valls, qui pousse au contraire à la formation de collectivités plus grandes.

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   Terminons par la proportion d'agents absents. Plus la collectivité emploie de personnes, plus la proportion de celles qui sont absentes pour raison de santé est élevée. Là encore, ce sont les petits arrêts maladie qui expliquent à eux seuls les écarts constatés. Il est tout de même sidérant de constater que, dans les collectivités employant moins de 10 agents, 21 % d'entre eux aient été absents pour "maladie ordinaire" en 2015... contre 60 % dans les collectivités employant plus de 349 agents !

   C'est d'autant plus étonnant que c'est dans les petites collectivités que le travail des agents est le plus susceptible de varier (et de susciter le stress, l'accident lié à la maladresse), alors que dans les grandes collectivités, les agents sont souvent plus spécialisés, davantage intégrés dans une forme de routine.

   Bilan ? La suppression par François Hollande du jour de carence a été une fausse bonne idée. Elle a incité certains personnels (minoritaires certes, mais leur comportement pèse sur la collectivité) à adopter une attitude moins responsable à l'égard de leur mission de service public.

vendredi, 24 juin 2016

Les enfants gâtés du Royaume-Uni

   Et si on causait un peu du Brexit, de ses tenants et de ses aboutissants ? Commençons par l'analyse des résultats. Une carte globale a été publié par Le Monde :

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   Elle permet de formuler quelques remarques de base : Les Ecossais et les Nord-Irlandais ont massivement rejeté la sortie de l'Union européenne, tout comme la majorité des Londoniens. Par contre, Gallois comme Anglais ont manifesté leur désir de quitter l'UE. Ils l'ont emporté.

   Cependant, quand on regarde les résultats en détail (comme sur le site du New York Times), on découvre quelques nuances parfois surprenantes. Ainsi, si toutes circonscriptions écossaises se sont prononcées pour le maintien dans l'UE, celle de la capitale Edimbourg (où le Scottish National Party est très bien implanté) a voté contre le Brexit à près de 75 % ! Voilà qui annonce des années mouvementées au Royaume-Uni, si le SNP préserve son influence.

   L'Irlande du Nord a été moins unanime que sa voisine l'Ecosse, puisque certaines circonscriptions se sont quand même prononcées en faveur du Brexit (elle sont en rose sur la carte ci-dessous) :

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   Qu'est-ce qui peut expliquer une telle fracture territoriale, perceptible jusque dans le chef-lieu, Belfast ? Remontons un peu en arrière, jusqu'en mars 2015, avant les dernières élections législatives :

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   Sur cette carte, publiée par The Economist, on réalise que les circonscriptions en vert ou gris-vert sont les mêmes que celles qui ont choisi de rester dans l'UE. Elles élisent traditionnellement des députés membres du Sinn Fein ou du SDLP, deux partis catholiques qui penchent pour une réunification de l'île. Pour que l'Irlande ne (re)fasse plus qu'un, un jour, encore faudrait-il que le Royaume-Uni reste dans l'UE, comme la République de Dublin.

   Au Pays-de-Galles, la situation n'est pas simple non plus. Globalement, les habitants ont voté comme leurs voisins Anglais, mais de manière moins tranchée.

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   A Cardiff et autour, comme dans certaines villes anglaises (Londres bien sûr, mais aussi Liverpool, Manchester, Oxford et... Cambridge), on a voté à plus de 60 % (voire à plus de 70 % dans les villes universitaires) pour rester dans l'Union européenne. (Les deux régions rurales de l'Ouest sont elles marquées par le mouvement nationaliste gallois, très hostile à Londres.) Sur la carte, on voit comme un "couloir de l'ouverture" qui part de Londres, vers l'ouest, jusqu'à Cardiff, embrassant Oxford.

   De beaux esprits se sont crus autorisés à affirmer que c'était là la preuve de la coupure entre les élites et le peuple. C'est une analyse à courte vue. Certes, dans les circonscriptions urbaines qui ont massivement rejeté le Brexit, les classes moyennes et supérieures sont très présentes. Mais c'est aussi le cas dans de nombreuses autres circonscriptions anglaises qui ont voté pour sortir de l'UE, notamment dans le Sud de l'Angleterre.

   A Londres, le vote pour ou contre la sortie de l'UE ne dépend pas du niveau de richesse. Pour s'en persuader, il suffit de comparer la carte du New York Times avec celle de la pauvreté infantile publiée naguère par le Guardian :

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   Parmi les partisans du maintient dans l'UE, on trouve aussi bien des districts où la pauvreté infantile est faible que d'autres où elle est forte. Par contre, les districts périphériques (à l'ouest et à l'est), qui ont plutôt voté contre le maintien, sont des quartiers bourgeois.

   Il nous reste à aborder les raisons qui expliquent que le Brexit l'ait emporté. Le Parti conservateur a toujours été divisé quant à la construction européenne. David Cameron fait partie des "libéraux", qui pensent que la chance du Royaume-Uni est dans l'ouverture vers le continent, alors que les "souverainistes" rejettent l'aventure commune de l'UE pour prendre le large. Ils jugent que l'Union européenne coûte plus qu'elle ne rapporte à leur pays. C'est l'une des idées reçues sur lesquelles Le Monde est revenu en février dernier :

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   Sur un plan strictement comptable, le Royaume-Uni était jusqu'à présent légèrement déficitaire ; autrement dit, c'est un contributeur net au budget européen : il lui verse plus que ce qu'il en reçoit. Mais c'est beaucoup moins, en nombre, que la France et l'Allemagne, et très loin, en pourcentage du PIB, de ce que cela représente pour les Pays-Bas ou la Suède.

   C'est dû au fameux rabais britannique, obtenu jadis par Margaret Thatcher... et totalement injustifié aujourd'hui. Le Brexit aura au moins ce grand avantage que de supprimer cette charge pour la France. De surcroît, c'est une analyse à courte vue. Il ne faut pas prendre en compte uniquement l'aspect budgétaire, mais considérer comment l'argent redistribué au sein de l'Union est utilisé. S'il circule majoritairement entre les pays et entreprises de l'UE, tout le monde en sort bénéficiaire. Dans cette optique, c'est plutôt le fanatisme libéral des dirigeants britanniques qui est une menace pour l'Union, affaiblissant les solidarités communautaires.

   Cette influence ultralibérale s'exerce au sein même des institutions européennes, où travaillent encore plus de 1 000 fonctionnaires britanniques (ils ont été jusqu'à 1 500 il y a une dizaine d'années). Un récent article des Echos révèle qu'ils occupent plus de 10 % des postes de direction, une surreprésentation qui n'est dépassée (depuis peu) que par celle des Allemands. Les politiques du Royaume-Uni sont donc de mauvaise foi quand ils dénoncent une UE antibritannique. Celle-ci subit toujours une forte influence anglo-saxonne. D'un point de vue politique, l'effacement du Royaume-Uni est d'abord le fait de ses élus, qui estiment que si l'Union n'est pas conforme à leurs moindres désirs, alors mieux vaut la boycotter voire la quitter.

   La gestion des mouvements de population est un autre motif de mécontentement des Britanniques. Pourtant, ils ne sont pas membres de l'espace Schengen, à l'intérieur duquel les contrôles aux frontières sont supprimés (sauf événement extraordinaire). Mais la liberté de circulation s'applique bien au Royaume-Uni. Elle était prévue dès le traité de Rome (en 1957) et a été sanctuarisée par celui de Maastricht (en 1992). Elle était associée à la circulation des marchandises, des capitaux et des services. C'est l'un des enjeux des négociations qui vont débuter dans les semaines qui viennent. Les Britanniques vont sans doute tenter d'avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire les capitaux, les marchandises, les services, les permis de travail... mais pas les migrants indésirables. Il est possible que le Royaume-Uni demande à être intégré à l'espace économique européen, qui regroupe l'UE et ce qu'il reste des membres de l'AELE.

   Le plus cocasse serait que, dans 8 à 10 ans, un nouveau gouvernement britannique, sans envisager une ré-adhésion, demande l'entrée de son pays dans l'espace Schengen, dont sont membres des pays extérieurs à l'UE, comme la Norvège, l'Islande, le Liechtenstein... et la Suisse, dont l'attitude vis-à-vis de la construction européenne semble inspirer les conservateurs britanniques.

vendredi, 17 juin 2016

Midi-Languedoc : un vote biaisé

   Les résultats du sondage organisé par le nouveau conseil régional de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées sont tombés : c'est la proposition "Occitanie" qui arrive en tête, apparemment loin devant les quatre autres... Mais tout dépend de la manière de présenter les résultats. Comme vous allez le constater, dans la réalité, c'est beaucoup plus serré qu'il n'y paraît.

   Commençons par la participation. Seuls 203 993 votes ont été exprimés (selon les résultats détaillés disponibles en ligne). Est-ce beaucoup ? Non. Les politiques en espéraient 500 000, en sachant que, dans la région, plus de quatre millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales. De surcroît, les adolescents de 15-17 ans pouvaient voter, tout comme certaines personnes extérieures à la région, mais y ayant des attaches. Cela donne un taux de participation inférieur à 5 %. Etant donné que l'on pouvait voter de chez soi, sur ordinateur, ou par courrier, on peut parler de fiasco : le vote n'a pas massivement intéressé les électeurs. Cela donne plus de poids aux votes des minorités actives, capables de se mobiliser pour un scrutin de faible importance. Cela se voit dans les résultats.

   Les médias ont communiqué sur un seul chiffre, le pourcentage de premières places obtenu par chaque liste. A ce petit jeu, "Occitanie" arrive largement en tête. Cependant, le principe du vote était de classer les cinq propositions de 1 à 5. Que constate-t-on ? Que la proposition "Occitanie" est la dernière choisie pour les 2e, 3e et 4e rangs. Certes, comme elle a été souvent choisie pour la 1ère place, cela diminue d'autant le nombre de chances d'être désigné 2e, 3e ou 4e. Mais cela traduit aussi un rejet de cette proposition de la part des votants qui ont choisi une autre solution en 1er.

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   Une autre proposition semble presque aussi populaire qu'Occitanie : "Languedoc-Pyrénées". C'est la plus souvent retenue en 2e et 3e places, devant "Pyrénées-Méditerranée". De plus, si l'on s'intéresse à l'autre bout du classement, à savoir les propositions classées en 5e place, on s'aperçoit que, de très loin, c'est la proposition "Languedoc-Pyrénées" qui a été la moins souvent choisie (5 413 fois contre 22 333 pour "Occitanie" et 67 149 pour "Languedoc", par exemples). C'est donc la moins clivante des propositions.

   Du coup, j'ai imaginé le système de pondération suivante : j'ai attribué à chaque liste un nombre de points dépendant de sa place dans chaque vote, soit 5 points pour une première place, quatre points pour une deuxième place, trois points pour une troisième place, deux points pour une quatrième place et un point pour une cinquième place. Ensuite, j'ai multiplié par le nombre de places obtenu dans chaque position et j'ai effectué la somme, pour chaque proposition. Voici les résultats :

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   O surprise ! Avec ce mode de calcul, la proposition "Occitanie" arrive en tête, mais de justesse, devant "Languedoc-Pyrénées" : la première n'a recueilli 24,4 % des préférences (somme des points obtenus en additionnant les premières, deuxièmes, troisièmes, quatrièmes et cinquièmes places), contre 22,2 % à la deuxième (qui devraient être arrondis à 22,3 %, mais cela aboutirait à un total de 100,1 %). "Pyrénées-Méditerranée" occupe bien la troisième place (20 %), devant "Occitanie-Pays catalan" (16,8 %), une proposition pénalisée par son très grand nombre de cinquièmes places (70 911) et qui a failli être dépassée par "Languedoc" (16,6 % des préférences).

   Contrairement à ce qu'on a commencé à entendre et à lire jeudi soir, le véritable résultat de ce vote n'est pas une victoire écrasante de la proposition "Occitanie". Elle arrive en tête, mais de peu, à l'issue d'un scrutin serré. Il serait donc nécessaire d'organiser un second tour entre les deux propositions les plus populaires. Cependant, je n'y crois guère. Depuis le début, je sens que le conseil régional comme la quasi-totalité des médias locaux sont très sensibles à la pression du lobby occitaniste. C'est dommage, parce qu'on avait là un bel exemple d'exercice démocratique.

lundi, 13 juin 2016

Jeune député, vieilles pratiques ?

   C'est une contribution à L'Hebdo paru vendredi 10 juin qui a attiré mon attention. Elle est signée Bernard Dufay, un habitué des tribunes engagées (à droite) qui, depuis plus de dix ans, a pour cible privilégiée le maire (socialiste) de Saint-Affrique Alain Fauconnier. S'il a dû se résoudre à voir celui-ci conserver son mandat de maire (en 2008 et 2014), il a pu se réjouir de sa défaite aux sénatoriales de 2014 (suivie de la proclamation de son inéligibilité pour un an, en 2015) et de la perte par la gauche de son canton d'origine, aux élections départementales de mars 2015, au profit d'un binôme de droite mené par Sébastien David.

   Outre une allergie à tout ce qui semble être de gauche, Bernard Dufay semble avoir aussi été motivé par le rejet de certaines pratiques. Ainsi, il avait été reproché à Alain Fauconnier, lorsqu'il était sénateur, d'avoir embauché son propre fils comme assistant parlementaire... ainsi que la compagne du président du Sénat de l'époque, le socialiste Jean-Pierre Bel. Sur la forme, tout était légal. Sur le fond, la méthode avait fait jaser... et ricaner, à droite.

   On se disait donc que la nouvelle génération d'élus allait tourner le dos à ces pratiques douteuses. Aujourd'hui, certains électeurs de droite doivent déchanter. Dans L'Hebdo de cette semaine, il est question des assistants parlementaires d'Arnaud Viala, élu député de l'Aveyron en septembre dernier. Sur sa déclaration d'intérêts et d'activités (merci la loi sur la transparence de la vie publique votée par la gauche !) comme sur le site du Projet Arcadie, on trouve les trois mêmes noms : Guiseppina Benel, Jean-Robert Bosc et F.

   D'après Bernard Dufay, l'une d'entre eux serait la compagne de Sébastien David, conseiller départemental Les Républicains... et suppléant d'Arnaud Viala. Ecartons tout de suite Jean-Robert Bosc, qui travaille aussi pour Alain Marc. Je doute que Sébastien David ait contracté un "mariage pour tous". Ce ne peut pas être non plus F. D'après son profil LinkedIn, elle a cessé son travail parlementaire en février 2016, emploi où elle avait débuté en janvier 2014. Accessoirement, cela prouve qu'elle a travaillé pour au moins un autre député qu'Arnaud Viala (qui, rappelons-le, n'a été élu qu'à la fin de 2014). Parions que c'était un membre de LR : en février 2016, la jeune femme a été embauchée par le conseil régional d'Ile-de-France (désormais présidé par Valérie Pécresse), à un poste stratégique. Ajoutons qu'elle dirige un comité de soutien à la candidature d'Alain Juppé (aux prochaines présidentielles).

   Apparemment, il ne nous reste plus que Guiseppina Benel. Sur le site d'Arnaud Viala, on la découvre sous l'identité de Joséphine Benel. C'est d'ailleurs sous ce nom et ce prénom qu'elle a créé un profil LinkedIn. Apparemment, c'est la personne de confiance d'Arnaud Viala, qui "tient la boutique" en son absence, à la mairie de Vezins comme à la communauté de communes. Quelle que soit l'identité sur laquelle on effectue une recherche, on ne trouve rien qui la relie intimement à Sébastien David. Une question demeure : pourquoi cette différence de prénom, sur des documents pourtant officiels ? Est-ce une sorte de négligence volontaire ?

   En tout cas, jusqu'à présent, rien ne vient confirmer les accusations de Bernard Dufay. Cependant, la page d'accueil du site d'Arnaud Viala ne mentionne que deux assistants, prenant acte du départ de F. La déclaration d'intérêts n'a pas été mise à jour, à l'heure où j'écris ces lignes. Alors ? Allons voir à l'onglet "Equipe". On y découvre une troisième personne, simplement prénommée Caroline. O coïncidence, cette femme (ravissante) ressemble beaucoup à celle qui est présentée comme la compagne de Sébastien David, sur Copains d'avant :

Caroline 2.jpg

   Si c'est bien la personne à laquelle je pense, elle tient une boutique de lingerie "de l'amour" (qui a sa page Facebook) à Saint-Affrique.

   Bref, on a ici l'exemple de deux élus dits "prometteurs", censés incarner la relève à droite, et qui commettent les mêmes erreurs que leurs aînés.

   Un autre point abordé dans la tribune publiée dans L'Hebdo me cause souci : le lien qui existerait entre le repreneur de l'abattoir de Saint-Affrique et Sébastien David. (On note que celui-ci s'est abstenu au moment du vote du conseil communautaire.) Ce proche de la famille serait donc Jacques Poujol... un sacré pedigree : l'ancien propriétaire de l'abattoir de Sainte-Geneviève-sur-Argence (surnommé à l'époque "l'usine à steaks hachés") serait impliqué dans le scandale de la viande de cheval. Il me semble que la procédure le concernant est toujours en cours : sa mise en examen n'a pas été levée, à ma connaissance. Dans ces conditions, même s'il est présumé innocent, était-il judicieux de lui confier les clés de l'abattoir ?

   C'est un secteur qui subit actuellement beaucoup de pressions. Cela explique qu'une commission d'enquête ait été nommée sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français. Arnaud Viala en est membre. Même s'il n'y joue qu'un rôle secondaire, est-ce compatible avec le fait que son suppléant soit proche du repreneur du principal abattoir de sa circonscription ?

   P.S.

   Sur le site de l'Assemblée nationale, on peut lire (entre autres) les comptes-rendus de la commission d'enquête. Ils sont très instructifs à plusieurs niveaux. A partir d'eux, on peut faire le décompte des présences et absences des 22 députés membres. Je dois hélas révéler qu'Arnaud Viala est jusqu'à présent l'un des moins assidus. Sur les 22 premières réunions, il n'a été présent que 8 fois : les trois premières, puis les septième et huitième réunions, sans prononcer le moindre mot. (On peut émettre l'hypothèse qu'il a compté sur la présence de son smartphone à côté de lui...) Il est revenu à la douzième réunion, qui a vu les membres de la commission (mais pas A. Viala) dialoguer avec le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Pour la petite histoire, un autre député aveyronnais a assisté à la séance : Yves Censi, qui n'était visiblement venu que pour poser une question en rapport avec la grève des techniciens et vétérinaires officiant à l'abattoir de Sainte-Geneviève-sur-Argence. (On remercie au passage le député pour son travail d'information, les médias locaux étant restés très discrets sur ce conflit social...)

   Arnaud Viala ne s'est exprimé qu'une fois (il a posé une question sur la méthode d'abattage), lors de la vingtième réunion... à laquelle assistait aussi Yves Censi. Précisons que c'était une table ronde avec des universitaires, des pointures chacun dans son domaine.

   Sur les douze séances "séchées" par Arnaud Viala, il n'a été excusé que deux fois. Pour traduire : il a été absent à une séance sur deux, sans même prévenir ni s'excuser. Parmi les séances qu'il a ratées, il y avait, au début, les trois consacrées aux abattoirs dans lesquels des vidéos choquantes ont été tournées. Cela dénote un manque d'implication de sa part dans un sujet pourtant important, pour l'alimentation des Français et pour l'économie aveyronnaise. A titre de comparaison, le député de la Lozère, Pierre Morel-A-L'Huissier (membre lui aussi du groupe Les Républicains) a assisté à 13 des 22 premières réunions (et aux douze premières)... et il a été bien plus actif pendant les séances.