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lundi, 03 décembre 2018

Des "gilets jaunes" fascisants

   Petit à petit, le véritable visage de certains "gilets jaunes" se fait jour. Force est de constater que ce mouvement, qui se veut l'expression d'une démocratie populaire, donne plutôt l'impression de vouloir rétablir l'un des régimes totalitaires en vigueur dans les années 1930. Alors que le mouvement n'est jusqu'à présent jamais parvenu à mettre dans la rue (au niveau national) plus de 400 000 personnes et qu'il apparaît qu'il héberge plusieurs sensibilités, certains de ses nervis tentent d'empêcher toute action sortant de leur ligne.

   La semaine dernière, c'est Jason Herbert, l'un des huit porte-parole désignés, qui en a fait les frais. Le gars est victime de harcèlement, a reçu quantité de menaces de mort... de la part d'adversaires du mouvement, pensez-vous ? Eh bien, non ! Presque toutes les menaces qu'il a reçues proviennent de son propre camp.

   Aurait-il trahi le mouvement ? Rien ne vient étayer cette affirmation. Au contraire, quand il est apparu que le Premier ministre Edouard Philippe refusait que leur entretien soit retransmis en direct sur les réseaux sociaux, Jason Herbert a claqué la porte. Sa supposée faute est d'avoir adopté une attitude responsable, à savoir se montrer prêt à négocier avec le gouvernement pour obtenir quelque chose. Rappelons que, jusqu'à présent, les seuls résultats obtenus par les "gilets jaunes" sont des millions d'euros de dégâts et la chute du chiffre d'affaires des commerces de centre-ville. Joli bilan que voilà.

   Mais ce n'est pas terminé. Aujourd'hui, on apprend que d'autres "gilets jaunes", qui refusent l'extrémisme, ont eux aussi reçu des menaces de mort.

   Pendant ce temps, des feignants en gilet continuent d'emmerder les honnêtes gens qui veulent continuer à travailler pour nourrir leur famille. De leur côté, les forces de l'ordre, qui ont reçu des consignes de modération pour éviter toute bavure, se font (dans les grandes villes) copieusement insulter, caillasser voire tabasser par des manifestants surexcités. Il est temps que le gouvernement remette de l'ordre dans ce pays. L'actuel ministre de l'Intérieur est-il à la hauteur de la tâche ? On se le demande.

dimanche, 02 décembre 2018

Groland à pleins gaz

   La dernière émission du Zapoï, diffusée samedi 1er décembre, mérite vraiment le détour. Cela commence très fort, avec un sketch mettant en scène des couples de classe moyenne réunis autour d'un repas, avec, comme principal sujet de conversation, le changement climatique :

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   A ceux qui ne sont pas familiers de l'humour grolandais, je signale qu'il s'agit de second degré, qui ironise sur l'hypocrisie d'une partie des classes moyennes, qui se déclare très attachée à la lutte contre le réchauffement... mais tient mordicus à son diesel.

   Une thématique semblable est abordée à travers le sketch consacré aux "pompes du coeur", qui lui met en scène des conducteurs de plus modeste extraction :

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   Entre temps, on aura eu droit à un sujet sur l'alcool au volant (à la sauce grolandaise), une parodie d'émission de télé-réalité (Le Grand Frère), une séance de dédicace de l'ancien président François Groland et aux conseils judicieux du médecin de la chaîne (toujours très investi dans son travail), concernant la fessée...

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   Parmi les brèves, je distingue celle qui traite des problèmes sanitaires relevés dans les restaurants d'une célèbre chaîne vendant des hamburgers. Les journalistes grolandais sont même parvenus à déterminer l'origine  des traces de sperme trouvées dans certains produits :

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   La séquence des publicités, fort bienvenue, a été l'occasion de promouvoir un produit d'une incontestable utilité, le "mouchaprout" :

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   La dernière partie commence par deux séquences importantes. La première parodie les pseudo-débats entre spécialistes auto-proclamés, qui ne font que brasser du vent. La seconde est un nouvel épisode de la mini-série Missing Misses, qui met en scène une brochette de ravissantes jeunes femmes en maillot de bain, perdues dans la campagne grolandaise. Je vous donne une idée du problème auquel elles sont confrontées cette fois-ci :

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   L'émission se poursuit par un sketch sur l'ex-PDG d'un célèbre groupe automobile, un autre sur un robot faisant office de centre d'appel... et une délicieuse parodie de "musique urbaine", autour du "rappeur écolo" MC Carotte :

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   Banzai !

lundi, 26 novembre 2018

Le casting des 8

   Le mouvement des "gilets jaunes" semble acquérir une ébauche de structure... et, à voir le résultat, on se dit que ce ne sont pas des amateurs qui tirent les ficelles. La désignation des huit porte-parole a suivi des règles propres à la "vieille politique", comme on va le constater.

   Tout d'abord, alors que, de passage aux ronds-points et en regardant les actualités, j'avais été frappé par la forte proportion de personnes âgées (voire de retraité-e-s) parmi les bloqueurs, force est de remarquer qu'ils sont totalement exclus de la vitrine médiatique du mouvement : les 8 sont âgés de 21 (Mathieu Blavier) à 33 ans (Priscilla Ladosky et Eric Drouet), la moyenne approchant les 28 ans.

   Il y a déséquilibre des sexes, avec deux femmes pour six hommes. Je n'ai pourtant pas eu l'impression que les dames étaient sous-représentées parmi les bloqueurs... mmm... un vieux reste de machisme, peut-être ? Quant aux origines géographiques, elles sont assez diverses. Voici les régions d'où sont issus les porte-parole :

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   Le Sud de la métropole domine (5 sur 8, dont deux de Nouvelle-Aquitaine)... et l'outre-mer est représenté, à travers la Francilienne Priscilla Ludosky, d'origine martiniquaise.

   Concernant les professions, une tendance semble se dégager : l'emploi non protégé du privé, avec un intérimaire, une serveuse, un routier, un auto-entrepreneur (auquel on peut ajouter un étudiant qui suit le même chemin) et une commerçante. Les deux autres sont courtier et chargé de communication dans une collectivité locale (après avoir été journaliste). Il n'y a donc aucun retraité ni aucun fonctionnaire.

   On termine par la thématique qui intéressait visiblement le plus les commentateurs : l'éventuelle orientation politique des huit vedettes. Certains n'en ont a priori exprimé aucune, peut-être en raison de leur jeunesse (la serveuse corrézienne et l'étudiant de PACA). Une autre semble tout aussi apolitique... mais soucieuse de ses intérêts : tout en militant aux "gilets jaunes", elle n'oublie pas d'alimenter la page Facebook de son commerce... Le mobile du quatrième (Maxime Nicolle, le Breton de service) paraît directement lié à sa passion pour les véhicules à moteur, à ce qu'il transparaît de son compte Facebook.

   Le plus engagé, dans le sens civique du terme, est sans doute Jason Herbert. Jeune blogueur, il a monté son entreprise, puis est devenu journaliste professionnel, métier au titre duquel il a siégé au Conseil de prud'hommes (pour la CFDT). Il est désormais chargé de communication auprès de la communauté du Grand Angoulême (présidée par un maire PS).

   Les autres penchent à droite. Julien Terrier est un ancien électeur de Nicolas Sarkozy. Thomas Miralles (de Midi-Languedoc), lui, était candidat aux municipales de 2014, sur la liste "Canet Bleue Marine", en septième position :

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   Quatre ans plus tard, il présente cela comme une erreur de jeunesse. Mouais... Quant à son collègue Eric Drouet, il semble plutôt appartenir à la catégorie des "faux apolitiques", au vu de ce qu'il partage sur sa page Facebook.

   Aussi sincères soient-ils (du moins, certains d'entre eux...), ces porte-parole ne sont donc que très partiellement représentatifs des "gilets jaunes" (encore moins de "la France qui travaille"). C'est d'abord une vitrine de communication, qui vise à populariser le mouvement et à en faire oublier les errements (les derniers étant des agressions de journalistes).

dimanche, 11 novembre 2018

Dégradation suspecte à Rodez

   Hier, le site de Centre Presse s'est fait l'écho d'une dégradation particulièrement révoltante, celle du monument aux morts de Rodez. L'article est paru dans la version papier de ce dimanche, mais les dégâts remontent sans doute à plusieurs jours. On ne s'en est aperçu que tout récemment, peut-être parce que, du trottoir, en jetant un simple coup d'oeil, un-e passant-e ne remarque rien de particulier :

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    Pour se rendre compte de la dégradation, il faut s'approcher beaucoup. Une photographie nocturne sera plus parlante :

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   Cette prise de vue pourrait nous faire croire que la plaque est complètement fichue. Fort heureusement, je crois qu'il n'en est rien, en raison de sa conception : il y a deux plaques, seule celle du dessous étant gravée. On peut d'ailleurs toujours distinguer le nom des poilus ruthénois morts pour la France :

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   Une inquiétude demeure : tout cela va-t-il rester en place lorsque l'on ôtera la plaque dégradée ? C'est d'autant plus problématique que la cause des dégâts est pour l'instant inconnue. J'ai passé la main sur les brisures et je n'ai senti aucune aspérité. Je n'ai pas non plus trouvé de point d'impact, qui serait la preuve qu'un objet (projeté ou pas) a percuté la plaque. Il me semble que les brisures ont un sens, qu'elles partent des jointures du bas vers le haut... mais ce n'est peut-être qu'une impression.

mercredi, 24 octobre 2018

Les enfants de djihadistes

   Un article du Monde mis en ligne aujourd'hui évoque la possible arrivée en France de plus d'une centaine d'enfants de djihadistes, se trouvant actuellement en Syrie. Ce n'est pas tant le nombre de personnes concernées que les principes mis en oeuvre qui sont l'objet de la polémique.

   Rappelons d'abord qu'en droit français, un enfant est doté de la nationalité française si l'un de ses parents est lui-même français, et ce quel que soit le lieu de sa naissance. Cela concerne donc tous les enfants des centaines (milliers...) d'adultes qui sont partis au Moyen-Orient au début des années 2010, que ces enfants soient nés avant l'émigration terroriste ou qu'ils soient nés après.

   En France, on se pose la question un peu tard, vu que, dès l'été 2016, on évoquait plus de 200 retours sur notre territoire. Quant au nombre d'enfants potentiellement concernés, il semble plus élevé que ce qui est dit actuellement. En mai dernier, un article du Figaro évoquait 500 enfants, environ 10 % étant âgés de plus de 13 ans. La limite d'âge choisie n'est pas innocente : au-dessous de 13 ans, un mineur ne peut être emprisonné. On sous-entend que ce sont les parents qui sont responsables de ses actes. C'est aussi l'âge auquel serait décédé le fils (combattant...) d'un couple de djihadistes strasbourgeois.

   Dans un autre article, daté de janvier 2017, le quotidien conservateur prenait l'exemple des enfants de cinq familles récemment revenues en France : ils étaient âgés (à l'époque) de 3 mois à 16 ans. Il me paraît donc évident que, depuis plusieurs années, on laisse rentrer en France des mineurs (possiblement) endoctrinés, en plus des parents qui évidemment, tentent de se présenter comme des victimes et surtout pas comme des sympathisants de l'islam intégriste.

   J'ai cité les âges parce que cela entre en ligne de compte. Je pars du principe que les enfants ne sont pas responsables des conneries faites par leurs parents. Néanmoins, on ne peut pas écarter le risque que ceux qui sont déjà assez grands ont sans doute subi une sorte de lavage de cerveau par les djihadistes (sans oublier ce qu'ils ont pu entendre au quotidien, dans la bouche de leurs parents, en France comme au Moyen-Orient...).

   Voilà pourquoi la déchéance de nationalité est revenue sur le tapis. Proposée naguère par le duo Hollande-Valls, finalement abandonnée, elle réapparaît aujourd'hui comme une solution possible. Pas sûr. Commençons par rappeler que notre Code civil prévoit la perte de la nationalité française sur décision de l'autorité publique. Mais cela ne concerne que les Français par acquisition (donc pas les Français de naissance). Le projet d'étendre cette possibilité aux Français de naissance rencontrait une limite : ne pas créer d'apatrides, et donc restreindre la portée de la réforme aux Français de naissance possédant (au moins) une autre nationalité.

   Dans le cas qui nous concerne (les enfants de djihadistes partis au Moyen-Orient), cela aurait au moins eu le mérite de ne pas attribuer automatiquement la nationalité française aux enfants des terroristes nés là-bas, pour peu que leurs parents aient été déchus auparavant. La loi actuelle précise que, même si les parents perdent la nationalité française, leurs enfants mineurs (déjà nés donc) n'en sont pas déchus. C'est ce qui semble guider la politique gouvernementale actuelle : laisser les parents djihadistes purger leur peine en Syrie, tout en acceptant d'accueillir leurs enfants mineurs en France (sans condition, semble-t-il). C'est une nouvelle application du "en même temps" macronien. Il reste la question de l'éventuel retour, dans cinq, dix, quinze, vingt ans, des parents, anciens (?) djihadistes condamnés, pas forcément repentants, chaleureusement accueillis par la République (supposée) laïque (avec nos impôts de non-djihadistes). Au risque de laisser les nids de frelons se reconstituer...

lundi, 15 octobre 2018

La France fait rêver Murdoch

   France 3 vient d'achever la diffusion de la onzième saison des aventures de William Murdoch, le détective scientifique de la maréchaussée de Toronto. Durant cette saison, la France est souvent revenue dans les conversations. Durant les premiers épisodes, on a appris que l'assistant de Murdoch, Crabtree, a accompagné la danseuse Nina Bloom à Paris. Cette escapade a eu des conséquences en fin de saison, que l'on peut voir dans l'épisode 18.

   La danseuse n'est pas la seule à rêver de la capitale française. Au détour d'une scène, on découvre le docteur Julia Ogden (l'épouse de Murdoch) sur le point d'entrer dans une mystérieuse boutique :

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    Cette agence de voyage propose des séjours en France, plus précisément à Paris (qualifiée de "Ville Lumière" en anglais), Versailles ("Palais des Rois"), Monte Carlo ("Casinos Opulents") et Nice, mise en valeur par une formule en langue française : "Promenade des Anglais". Le tout est encadré par la Tour Eiffel.

   D'un point de vue historique, l'action se déroulant au début du XXe siècle (sans doute en 1906), il est vraisemblable de présenter ces atouts français. Vu l'attirance des Anglo-Saxons pour la Côte-d'Azur, il est même possible que les charmes de la French Riviera aient supplanté, aux yeux des sujets de Sa Majesté, ceux de la Ville Lumière (parfaitement illustrés dans le dernier film de Michel Ocelot, Dilili à Paris).

vendredi, 05 octobre 2018

Un président économe

   Le soixantième anniversaire de la naissance de la Ve République a donné lieu à des articles plus ou moins intéressants. L'un d'eux, publié dans Le Monde, a retenu mon attention : il est consacré à Jérôme Solal-Céligny, l'un des rédacteurs méconnus de notre Constitution, qui a travaillé, sous les ordres de Michel Debré, à mettre en forme les idées politiques de Charles de Gaulle. (Au passage, ceux qui l'ignoreraient apprendront que le futur président de la République voulait un texte limpide et que celui qu'il nous a légué, pour alambiqué qu'il puisse paraître parfois, est une version simplifiée de ce qui lui avait été soumis...)

   A partir de cet article, on peut rebondir sur un autre papier, publié au cours de cet été, dans le cadre d'une série consacrée aux présidents de la République, après leur départ de l'Elysée. Concernant de Gaulle, la journaliste Béatrice Gurrey rappelle son souci d'économiser les deniers publics. Après l'échec du référendum de 1969, le grand Charles a quitté la scène politique aussi brusquement que discrètement, renvoyant la protection rapprochée dont il bénéficiait et refusant de toucher aussi bien sa retraite de président que l'indemnité qui lui était due en tant que nouveau membre du Conseil constitutionnel. De surcroît, il a maintenu jusqu'au bout son refus d'obsèques nationales, souhaitant être enterré à Colombey-les-Deux-Eglises aux côtés de sa fille Anne, née trisomique et décédée à l'âge de 20 ans, en 1948.

   Cette (relative) austérité personnelle s'était vue dès le début de la Ve République, lorsque le tout nouveau président français avait lancé le rapprochement franco-allemand en recevant chez lui, à Colombey, le chancelier de la RFA, Konrad Adenauer. Certes, il y avait un peu de mise en scène dans cette rencontre supposée privée entre les deux dirigeants. Il n'est pas moins vrai que de Gaulle avait, à cette occasion, évité de recourir aux "Ors de la République" pour servir sa politique.

   Les plus âgés d'entre nous connaissent cette anecdote tant répétée autrefois, selon laquelle les époux de Gaulle payaient leurs factures de gaz et d'électricité de l'Elysée, veillant à ce que les lumières soient éteintes quand une pièce se vidait. C'était un autre temps...

   Il n'est peut-être pas si éloigné que cela. L'actuel président de la République, Emmanuel Macron, semble vouloir placer ses pas dans ceux de "Mongénéral", comme le révèlent plusieurs détails récemment rendus publics. Hier, il s'est rendu à Colombey-les-Deux-Eglises pour déposer une gerbe sur la tombe de son illustre prédécesseur, sans oublier de lâcher, au passage, une formule lapidaire dans le genre de celles qu'il affectionne. Dans la foulée, on a appris le retour de la croix de Lorraine sur le blason présidentiel.

   Ce ne fut pas une surprise pour les clients de la Boutique de l'Elysée (ni pour ceux du site parodique d'ailleurs), puisque sur les produits que l'on y commande figure le logo orné de ladite croix, comme ici :

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   Sans être un héritier officiel du général, Emmanuel Macron a perçu dans son propre parcours un écho à la geste gaullienne, en particulier quand, au début de la IVe République, l'ancien chef de la Résistance s'était lancé dans l'arène politique en fondant un mouvement, le RPF, qui avait ratissé large, à droite et à gauche, tout comme l'avait fait le nouveau parti gaulliste quand son fondateur était revenu aux affaires, en 1958. A l'époque, les commentateurs politiques doutaient de la survie du mouvement après le départ de de Gaulle, tant son existence semblait liée à la vie du grand homme...

   Cerise sur le gâteau, celui qui est régulièrement caricaturé comme "le président des riches" semble aussi s'inspirer des vertus domestiques de son (lointain) prédécesseur, puisque le couple Macron règlerait de sa poche la plupart de ses dépenses quotidiennes.

mardi, 02 octobre 2018

Manuel, l'Européen

   L'annonce de la candidature de Manuel Valls aux prochaines élections municipales de Barcelone a suscité une mini-tempête médiatique... et une avalanche de commentaires orduriers, hélas révélateurs de la faiblesse intellectuelle du débat politique en France aujourd'hui. On a de surcroît pu entendre diverses affirmations aussi farfelues qu'infondées sur le parcours politique de l'ancien Premier ministre français.

   Il a été d'accusé de renier la France et de faire peu de cas de sa nationalité... sauf qu'il a toujours revendiqué (encore en 2015) son identité plurielle, française bien sûr, mais aussi espagnole, catalane... et (un peu) italo-suisse (par sa mère). Bref, c'est un Européen, ce qui, soit dit en passant, aurait pu faire de lui un bon candidat aux élections de 2019 (ce qui fut le cas du franco-allemand Daniel Cohn-Bendit, alors de nationalité allemande, tête de liste nationale des Verts en 1999 et élu de la circonscription Ile-de-France en 2009).

   On a aussi entendu des propos nauséabonds déniant la qualité de Français à Manuel Valls. S'il est né espagnol à Barcelone, il a passé toute son enfance et son adolescence à Paris, où il a entamé des études d'histoire. Sans avoir la nationalité française. De sa part, demander la naturalisation à 19-20 ans n'était pas anodin. C'était une adhésion personnelle.

   Son récent choix de tenter sa chance à Barcelone est-il un crachat à la France qui lui aurait tout donné ? Pas davantage. On ne lui a pas "donné" les mandats (de député, de maire) qu'il est allé gagner au cours de campagnes électorales animées. Lui par contre a donné beaucoup de son temps pour agir en politique... peut-être pas toujours avec la plus grande justesse.

   Une autre imbécillité proférée à son encontre est que l'aventure espagnole serait le choix de la facilité... alors qu'il lui aurait été tellement plus aisé de pantoufler comme tant d'autres à l'Assemblée nationale, où il avait un revenu mensuel de plus de 5 000 euros nets (le double avec les frais de mandat) garanti jusqu'en 2022. Il aurait pu se contenter d'attendre tranquillement cette échéance, comptant sur l'érosion d'Emmanuel Macron et la médiocrité de ses rivaux de gauche pour pouvoir se présenter en recours. On a déjà vu des retours en grâce bien plus spectaculaires dans l'histoire de la Ve République, à commencer par celui de Charles de Gaulle, sans oublier ceux de François Mitterrand (déclaré à plusieurs reprises perdu pour la politique), Jacques Chirac (au fond du trou en 1988 et en 1994) ou encore de Nicolas Sarkozy.

   Au contraire, la campagne des municipales de Barcelone s'annonce semée d'embûches... et il risque d'y achever  définitivement sa carrière politique. Il aura une multitude d'adversaires, des nationalistes catalans aux socialistes locaux, en passant par la majorité actuelle, d'une sensibilité proche de notre France Insoumise (ce qui explique sans doute en partie la hargne avec laquelle les mélenchonistes s'acharnent sur M. Valls). Pour la petite histoire, signalons que l'orientation de la liste que devrait conduire Manuel Valls serait en quelque sorte un retour aux sources familiales, puisqu'il me semble que ses grands-parents paternels étaient de sensibilité conservatrice...

   Une autre raison peut expliquer le retour du tropisme catalan dans le cheminement de l'ancien Premier ministre : sa vie privée et la relation qu'il a récemment nouée avec Susana Gallardo. Les gazettes ont lourdement insisté sur la fortune de la nouvelle compagne de Manuel Valls. On pourrait aussi noter que, contrairement à nombre de ses collègues qui, une fois la cinquantaine venue, refont leur vie avec une femme qui pourrait être leur fille, l'ancien Premier ministre s'est lié à une personne de sa génération (elle a seulement trois ans de moins que lui). Tous deux semblent partager un fort attachement à la Catalogne et le refus de l'aventure indépendantiste.

   D'une certaine manière, Manuel Valls se montre plus internationaliste que nombre de politiciens de gauche, qui se contentent de gérer leur petite boutique nationale (voire locale), faisant peu d'efforts pour tenter de construire une alternative progressiste en Europe.

   Je suis quand même d'accord (en partie) avec ceux qui affirment qu'à l'heure actuelle, Manuel Valls est un peu "grillé" en France. (Mais il aurait pu se contenter d'attendre 2022.) Se lancer dans l'aventure espagnole est peut-être un moyen de continuer à croire à son importance politique, lui qui est tombé dans la marmite quand il était étudiant et n'en est jamais sorti.

lundi, 24 septembre 2018

Le français facile

   Récemment, France 3 a voulu faire oeuvre civique en diffusant un téléfilm dont le héros est un jeune illettré. Les téléspectateurs ayant raté sa diffusion avaient la possibilité de profiter du service de vidéo de rattrapage. Voici comment le programme était présenté (dans la catégorie "séries et fictions") :

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   On retrouve la même faute sur la page de l'extrait de deux minutes que propose la chaîne :

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   Par contre, l'erreur a été corrigée sur la page proposant le film intégral.

   Le maîtrise approximative de notre langue semble hélas être chose courante dans les médias, notamment numériques. Vous avez peut-être entendu parler d'un site parodique, enlysée.fr, qui se moque de la Boutique de l'Elysée et de ses produits "personnalisés" façon Macron. Voici ce qu'on peut lire dès la page d'accueil :

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   Rappelons qu'en français, un e suivi d'un x ne prend pas d'accent, faute commise deux fois sur trois dans le texte de présentation. Il semble donc qu'une simple relecture aurait suffi à corriger ces erreurs. Elle aurait aussi permis de mieux accorder deux participes et d'écrire plus correctement certains groupes nominaux. (A priori, chaque SDF n'est en quête que d'un domicile.)

   Cela ne s'arrête pas là. Si vous souhaitez acquérir le poster géant à colorier (un détournement satirique assez savoureux, ma foi), il ne faudra pas vous formaliser du texte d'accompagnement :

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   L'authentique héros Mamoudou Gassama pourrait s'offusquer de voir son prénom mal orthographié. (Etant d'origine malienne, il n'a de surcroît rien à voir avec le chef-lieu de Mayotte...) Ajoutons que l'APL est l'aide personnalisée au logement, de genre féminin, comme l'évasion fiscale, ce dont (presque) tout le monde conviendra, quel que soit le coût de ces pratiques.

   Voilà pour la forme. Sur le fond, je trouve que c'est plutôt une bonne idée de profiter de certaines formules à l'emporte-pièce du président. (Qu'en est-il des droits d'auteur ?) Par contre, nulle part le site ne précise l'origine des produits, moins chers que ceux de la boutique officielle élyséenne (ceux-là annoncés made in France). S'ils ne sont pas fabriqués en France, peut-on au moins nous garantir qu'ils sont issus du commerce équitable ?

   Enfin, en lisant les conditions générales de vente, on apprend que les informations personnelles (pas celles concernant la carte de crédit... ouf !) peuvent être transférées... à une entreprise ayant payé la somme adéquate ?

   Il ne semble pas que les animateurs de l'émission Par Jupiter ! (qui ont offert une publicité gratuite à ce site) aient pratiqué une lecture approfondie des pages principales...

mercredi, 19 septembre 2018

Une île britannique dans la zone euro

   Ce titre est volontairement paradoxal, à l'heure où l'entrée en vigueur du Brexit se rapproche. Elle m'est venue à l'esprit en regardant les derniers épisodes de le septième saison de la série Meurtres au paradis, diffusés sur France 2.

   Les spectateurs amateurs de cette comédie policière (produite par la BBC) savent que les épisodes sont tournés en grande partie en... Guadeloupe. L'île de la fiction (censée se trouver entre ce département-région d'outremer français et la Dominique) est une possession de la Couronne, qui aurait appartenu à la France, d'où les télescopages entre les références culturelles... et une distribution franco-britannique.

   Même si les producteurs ont le souci du détail, ayant construit un arrière-plan anglo-caribéen aux intrigues, on remarque ici et là des détails qui révèlent l'implantation du tournage. Ce sont tout d'abord les plaques minéralogiques des véhicules, très souvent floutées dans les épisodes les plus récents, davantage visibles dans les plus anciens. Par exemple, voici ce qu'un œil exercé pouvait remarquer dans l'épisode 7 de la saison 7 :

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   En dépit du floutage, on réalise qu'à gauche de la plaque figure un F. A l'extrémité opposée, on doit pouvoir déchiffrer un 971, le code minéralogique de la Guadeloupe. A l'arrière-plan, l'ambulance est un véhicule Renault, sur lequel des inscriptions sont en langue française.

   Et voici une image plus ancienne, tirée de l'un des premiers épisodes (de la saison 1), dans lesquels l'enquêteur britannique Richard Poole était incarné par Ben Miller :

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   Mieux encore : dans l'épisode 8 (le dernier de la saison), un rapide plan de l'étal d'un vendeur de fruits et légumes ne laisse rien ignorer du contexte monétaire de l'île :

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   Les prix sont en euros, alors que, lorsqu'il est question d'argent dans les intrigues, c'est en dollars des Caraïbes (monnaie en vigueur -notamment- en Dominique et à Sainte-Lucie) que les sommes sont exprimées. On peut entrapercevoir le même type d'image, souvent, dans le générique de fin, par exemple dans celui de l'épisode 8 de la saison 6 :

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dimanche, 16 septembre 2018

Une nonne pas très catholique

   Depuis quelques semaines, France 3 diffuse la onzième saison d'une série policière que j'affectionne : Les Enquêtes de Murdoch. Pour faire patienter les téléspectateurs entre deux saisons, la chaîne publique avait mis en ligne, il y a plusieurs mois, une mini-série (toujours accessible sur la Toile au moment où j'écris ces lignes) au ton particulièrement décalé.

   Le neuvième épisode de la onzième saison, diffusé ce dimanche 16 septembre, n'a pas dû décevoir les fans. Les policiers (épaulés par le docteur Julia Ogden, désormais mariée à Murdoch) doivent déjouer les projets d'un tueur machiavélique, qui a fait publier dans la presse les avis de décès de personnes parfaitement en vie... mais qu'il a l'intention d'assassiner.

   L'une des victimes potentielles, amenée au poste de police, est une nonne, appelée Anna-Maria. Outre le fait qu'elle n'inspire guère de sympathie, elle se remarque par un détail saugrenu qui a visiblement échappé à la production de la série canadienne :

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   L'annulaire gauche de la moniale porte une alliance, ce qui est contradictoire avec le voeu de chasteté qu'elle est censée avoir prononcé. Ou alors cette religieuse a d'abord été mariée, avant de rejoindre les ordres. Mais elle aurait dû quand même ôter son alliance. Il est étonnant que, vu le souci du détail qui anime les auteurs de la série, personne n'ait "tiqué" devant cette incohérence. Cela rappelle certains vieux péplums, dans lesquels des acteurs ont oublié d'ôter leur montre... ou d'en masquer la trace révélée par l'absence de bronzage...

vendredi, 31 août 2018

L'Ile de Pâques sur France Inter

   En moins d'un mois, deux émissions se sont longuement penchées sur les expositions consacrées à cette étrange et célèbre île chilienne de l'océan Pacifique. Début août, c'est Le Temps d'un bivouac qui a abordé le sujet. Ce jeudi, ce fut au tour de Jean Lebrun, dans La Marche de l'histoire. Notons que la première émission a surtout interrogé l'archéologue qui a veillé à la création de la passionnante exposition du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, alors que la seconde émission s'est appuyée sur un entretien avec le commissaire de la non moins passionnante exposition de Fenaille, à Rodez.

   Cet été, j'ai vu les trois. La moins retentissante est celle du musée Champollion, à Figeac. Elle est consacrée principalement aux tablettes couvertes d'inscriptions que des érudits s'échinent à tenter de décrypter depuis plus de 150 ans. Notons que l'exposition est installée dans l'annexe du musée lotois, située dans une rue adjacente au bâtiment principal. Certains objets évoquent des thèmes traités dans les autres expositions (notamment celle de Fenaille). L'originalité de Champollion est de proposer des tablettes écrites en rongorongo et des tentatives d'explication. On peut aussi consulter (et jouer) sur des bornes tactiles, notamment pour découvrir certains endroits de l'île.

   A Rodez (comme à Toulouse), le contexte géographique est bien présenté. Le musée archéologique aveyronnais propose de découvrir l'alimentation des habitants, ainsi que la faune et la flore peuplant l'île, à diverses époques. L'organisation de la société est très bien décrite. Sans surprise, il est aussi question des sculptures géantes et des pétroglyphes, avant que l'on nous présente la spécificité de l'exposition ruthénoise : les objets rapportés de l'île, en particulier les bâtons sculptés, d'une étonnante finesse.

   A Toulouse, on a vu grand. La pièce d'introduction évoque les légendes qui ont circulé à propos de l'île, de ses habitants, de leurs sculptures. La culture populaire (en particulier la bande dessinée) n'est pas laissée de côté. La géographie de l'île et son évolution sont l'objet d'un traitement soigné. On nous présente aussi bien les voyages au long cours des Polynésiens que les différents "visiteurs" européens, ainsi que les changements de nom, Rapa Nui ayant succédé notamment à Ile San Carlos et Terre de Davis. Une grande salle oblongue est consacrée aux moai, à leur structure, à leur création et à leur(s) signification(s). On a essayé de proposer des activités susceptibles de retenir l'attention des petits. La fin de l'exposition traite des transformations que l'île a subies et des explications que la recherche apporte.

   Des trois expos, je dirais que celle de Toulouse est la plus complète, celle de Rodez est moins copieuse mais plus synthétique, avec beaucoup d'objets, celle de Figeac étant plus intéressante sur quelques points précis.

dimanche, 19 août 2018

Un cabot à l'Elysée

   En classant de vieux journaux, je suis retombé sur un article paru dans Le Monde Magazine du 13 juillet dernier. Il y est question des chiens présidentiels, une pratique qui semble intrinsèque à la Ve République, son fondateur excepté.

   En effet, l'article fait débuter à la présidence de Georges Pompidou (qui a succédé à Charles de Gaulle en 1969) la médiatisation entourant la possession d'un chien. Le plus cocasse est que le premier clébard "présidentiel" fut nommé... Jupiter ! Le voici, sur l'une des photographies illustrant l'article :

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   Le mois dernier, je n'ai guère prêté attention à cette photographie. Eh bien, j'avais tort ! En la regardant d'un peu plus près (au besoin, en la retournant), on distingue quelques détails piquants :

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   On apprend que, chez les Pompidou, on lit Elle, Françoise Sagan (Un peu de soleil dans l'eau froide, paru en 1969) et The New Yorker (en version originale, of course !). On boit visiblement du Martini (so chic !)... et on expose à l'oeil du photographe les coucougnettes de Jupiter... so class !

   La suite de l'article nous apprend que les successeurs de Pompidou ont privilégié le Labrador, à l'exception de Jupiter (le président, pas le chien !), qui a voulu un bâtard. Et de Gaulle, dans tout ça ? Il possédait bien un chien, qui gambadait, non pas à l'Elysée, mais dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Eglises. C'était un corgi, offert par la reine d'Angleterre (qui aime beaucoup cette race de chiens) :

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   Toujours aussi caustique, de Gaulle avait surnommé le cadeau royal... Rasemotte. D'après la petite-fille de Mongénéral, le canidé a dû cohabiter avec... un matou !... plus précisément un chartreux, appelé Grigri (ou Gris-gris) et qui, lui, avait le droit de se balader partout dans la propriété.

mercredi, 01 août 2018

Deux motions pour (presque) rien

   Les motions de censure présentées par les oppositions à la majorité (celle de gauche et celle de droite) n'avaient aucune de chance d'aboutir au renversement du gouvernement Philippe... mais telle n'était pas l'intention de leurs initiateurs.

   Tout d'abord, pour être votée, une motion de censure doit recueillir la majorité absolue des députés (et pas uniquement celle des présents), soit, à l'heure actuelle, plus de la moitié des 576 députés (donc au moins 289). Or, voici quelle est la composition des groupes à l'Assemblée nationale :

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   A lui seul, le groupe constitué par les députés de La République en Marche comprend 312 membres, soit bien plus que la majorité absolue. Même s'il existe quelques tensions au sein du groupe (très étoffé), il n'y avait aucune chance pour que, sur un scrutin aussi sensible, des "frondeurs" rejoignent les opposants au duo Macron-Philippe. C'était donc une démarche vouée à l'échec.

   Passons maintenant à l'analyse des scrutins. Oui, des scrutins, pas du. Chaque frange de l'opposition a voulu déposer son texte... et c'est un des éléments utiles pour comprendre leur démarche. Les députés se sont d'abord prononcés sur la proposition des élus de droite, menés par Christian Jacob. Elle n'a recueilli que 143 voix. Potentiellement, elle pouvait réunir les votes de tous les députés à l'exception de ceux membres des groupes LREM et Modem, soit 218 personnes. Il manque 2 des 103 élus LR à l'appel. Peut-être font-ils partie des 4 apparentés. Ou peut-être ont-ils des ambitions municipales dans des communes où le vote LREM a été important en 2017... Première (véritable) surprise : aucun élu UDI n'a voté la motion de censure. Certes, c'est un groupe classé au centre-droit, qu'on dit pas très éloigné des préoccupations du gouvernement, mais quand même... On peut dire la même chose des élus Nouvelle Gauche, proches pour la plupart des députés macroniens issus du PS ou du PRG. Par contre, toute La France Insoumise a voté avec la droite... et l'extrême-droite, si on regarde dans le détail le vote des députés non-inscrits. S'ajoutent à cela presque tous les députés Gauche Démocrate et Républicaine. (Seulement deux ont refusé de voter avec la droite.)

   Comparons avec le second scrutin, portant sur la motion présentée par la gauche d'opposition. Seuls 74 députés l'ont soutenue. Les groupes LFI et NG ont intégralement voté la motion, ainsi que presque tous les députés GDR (à l'exception d'une élue martiniquaise). S'y ajoutent environ la moitié des non-inscrits, dont presque tous ceux classés à l'extrême-droite : seules Marie-France Lorho et Emmanuelle Ménard ont choisi de ne soutenir que la motion de droite. Delphine Batho (ex-PS) a effectué la démarche inverse : elle n'a voté qu'en faveur de la motion de censure déposée par la gauche. L'écart entre les deux scrutins vient principalement du comportement des élus LR, qui ont presque tous refusé de voter le texte déposé par la gauche. Seuls deux d'entre eux ont franchi le pas : Eric Diard (élu dans Les Bouches-du-Rhône) et l'Aveyronnais Arnaud Viala.

   Qu'en conclure ? D'abord qu'au sein des oppositions, les élus LFI, GDR et ceux d'extrême-droite se présentent comme les plus transgressifs, prêts à voter un texte déposé par des adversaires idéologiques (en théorie). Les groupes Nouvelle Gauche et LR restent dans le clivage gauche/droite. Enfin, l'UDI, bien que ne faisant pas partie de la majorité, a refusé d'entrer dans le jeu trouble des oppositionnistes, qui ont sorti l'arme factice de la motion de censure pour faire parler d'eux et perturber le travail parlementaire. C'est un bel exemple de politique politicienne, à l'ancienne.

lundi, 30 juillet 2018

Les enfumages de l'affaire Benalla

   Il faut commencer par en dégager les aspects positifs. Jupiter est un peu descendu de son Olympe et je trouve que ce n'est pas plus mal. De leur côté les médias, très révérencieux jusqu'alors vis-à-vis de la présidence de la République, ont joué leur rôle de contre-pouvoir, même si c'est avec d'évidentes arrière-pensées. Autrefois, on aurait dit qu'il s'agissait de faire vendre du papier. Aujourd'hui, on parle d'articles "putaclics". Il suffit que quelques meneurs sortent un sujet porteur pour que tous les autres suivent, sans forcément vérifier leurs sources. Enfin, l'affaire a été instrumentalisée dans un but politique.

   Tout commence le 1er mai dernier. Les traditionnelles manifestations sont émaillées de nombreuses violences, qui ont été rarement rappelées lorsque l'affaire Benalla est sortie. Cela permet de comprendre pourquoi les policiers étaient soupçonneux vis-à-vis de l'apéro organisé place de la Contrescarpe. Les participants ont été (un peu) filtrés et parfois fouillés. Même s'il avait obtenu les autorisations nécessaires, Alexandre Benalla n'avait pas à se trouver là. On a appris depuis qu'il aime l'action et que, notamment au service d'Emmanuel Macron, il s'était déjà signalé par son comportement parfois limite.

   Cependant, comme on peut le voir sur la seconde vidéo, que j'ai découverte quelques jours plus tard sur le site de Libération, c'est lorsqu'il voit les deux supposés "badauds" (lol) balancer des projectiles sur les CRS qu'A. Benalla intervient. Au passage, contrairement à ce qui a été affirmé dans un premier temps (et à ce que hurle l'auteur de la première vidéo, Taha Bouhafs), il ne les a pas tabassés. Il a quand même frappé le jeune homme et s'est vigoureusement saisi de la jeune femme. Il a abusé de la force... mais il avait le droit d'intervenir, conformément à l'article 73 du Code de procédure pénale :

"Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d'une peine d'emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche."

   D'autres questions se posent quant à la diffusion des vidéos. Dès le 1er et le 2 mai, plusieurs ont été mises en ligne. Leurs auteurs sont le plus souvent des militants, des participants aux manifestations, comme Taha Bouhafs, qui fut candidat de La France Insoumise aux législatives de 2017 (et a failli se qualifier pour le second tour). Ce jeune homme, dont l'agressivité n'est que verbale, s'est déjà signalé lors de l'occupation du campus de Tolbiac.

   Un-e bon-ne journaliste ne doit pas se contenter d'une seule source (surtout si celle-ci a été retravaillée avant d'être mise en ligne). Dès l'article du 18 juillet, Ariane Chemin (du Monde) précise qu'elle a consulté plusieurs vidéos militantes. On ne sait pas précisément quand elle les a vues ni quelles sont ces autres vidéos, puisqu'on ne nous en montre qu'une. Ainsi, on ne sait pas si les journalistes (du Monde et d'ailleurs) avaient vu les autres images, qui montrent ce qui s'était passé avant, en particulier le comportement agressif des deux "badauds". Que les militants LFI ne le fassent pas, on le comprend, même si ce n'est pas honnête de leur part. Mais les journalistes ? On ne sait pas non plus quand exactement ils ont eu ces vidéos en leur possession ni quand ils ont formellement identifié A.Benalla. (Ariane Chemin n'en parle pas dans l'entretien accordé à France Culture, à la lecture duquel on apprend qu'elle n'a pas répondu à toutes les questions qui lui ont été posées... Lesquelles ? Mystère...)

   Tout porte à croire que c'est (bien) avant le 18 juillet que les journalistes ont eu connaissance des débordements d'A. Benalla. Je suis tenté d'affirmer qu'on a jugé que, tant que l'équipe de France de football brillait en Coupe du monde, le moment n'était pas venu de sortir l'affaire. Je suis aussi tenté d'affirmer que, dans un premier temps, on a choisi de ne mettre en valeur que la vidéo (tronquée) la plus incriminante pour le "Monsieur sécurité" d'Emmanuel Macron. J'ai d'ailleurs fini par apprendre que des militants LREM avaient mis en ligne, sur Twitter, dès le début du mois de mai, des vidéos proposant une autre vision des événements. Elles semblent avoir été négligées par les journalistes qui suivent la politique française...

   On a voulu éviter que le public voie les deux "badauds" lancer une carafe d'eau et sans doute des verres ou cendriers sur les policiers, avant l'intervention d'Alexandre Benalla. J'aimerais aussi disposer d'images antérieures du trottoir situé en face du café des Arts. C'est de là qu'a filmé Taha Bouhafs et c'est situé juste à côté de la terrasse du café où se trouvaient les deux "badauds". Ne pourrait-on pas les voir boire un coup ensemble ou discuter, quelques minutes avant que cela ne dégénère ?

   L'exploitation politicienne de cette affaire a donné lieu à une inflation de fake news (de bobards ou d'intox, comme on disait jadis). Le site de Libération (en particulier sa rubrique "CheckNews") a été en pointe dans la lutte contre le bourrage de crânes. En voici un florilège, loin d'être exhaustif. Parmi les propagateurs de fausses nouvelles, on a l'hebdomadaire Valeurs actuelles (dont on se demande s'il est utile ne serait-ce qu'à envelopper le poisson pourri), qui a tenté de faire croire à un pseudo mariage bidon d'Alexandre Benalla et affirmé sans preuve que l'Elysée a voulu le promouvoir sous-préfet. Les réseaux sociaux ne sont pas en reste dans la désinformation. Les affirmations les plus fantaisistes ont circulé, comme celle du supposé effacement de bandes vidéo sur ordre d'E. Macron ou encore la fable du changement de nom d'A. Benalla. On a aussi (volontairement ?) exagéré le montant de son salaire (5-6 000 euros et non 10 000) et la surface du logement de fonction qui lui a été attribué (80 m² et non 300 !).

   Les politiques n'ont pas échappé à l'hystérie ambiante. Ainsi, une élue EELV a colporté une rumeur infondée (sur la collecte d'ADN). Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont comparé l'affaire Benalla à celle du Watergate. Comme la plupart des Français ne savent pas ce que c'est, ça peut passer. Mais là, franchement, ils ont pris les gens pour des cons !

   J'ai gardé pour la fin mon petit préféré, Arnaud Julien. Ce militant LR (secrétaire de la fédération de l'Hérault), sans doute pris par l'enthousiasme de l'exploitation politicienne, a commis une énorme boulette, signalée par le quotidien aveyronnais Centre Presse. Il n'en est visiblement pas à sa première grosse erreur. Aux municipales de 2014, en pleine vague bleue (UMP, c'est-à-dire LR), il a réussi l'exploit de perdre un bastion UMP, la commune de Juvignac. Aux législatives de 2017, bien que bénéficiant de l'investiture LR, il s'est fait sortir dès le premier tour, terminant à une piteuse cinquième place, avec moins de 10 % des suffrages exprimés ! (Entre temps a éclaté le scandale de l'office de tourisme de Juvignac, qui ne me semble pas terminé à ce jour.)

   Mais revenons à l'affaire Benalla. Son exploitation politicienne a fait négliger certaines pistes. On en a quelques échos dans Le Canard enchaîné du 25 juillet dernier. Mais c'est surtout un article de Slate, signé Philippe Boggio (un ancien du Monde, comme nombre de contributeurs du site), qui a développé la piste des manoeuvres policières. Derrière l'exploitation de l'affaire Benalla, il y a la rivalité entre policiers et gendarmes pour assurer (seuls) la sécurité du président de la République. Se greffe là-dessus le mécontentement de voir un outsider (Benalla) leur passer devant. N'oublions pas non plus la politisation de nombre d'officiers de la Préfecture de police (de Paris). Elle a la réputation d'être un nid de sarkozystes, où François Hollande a petit à petit réussi à placer des hommes de confiance. Certains ont-ils tenté de nuire à Emmanuel Macron dans l'espoir de favoriser leur ancien patron ?

   A suivre...

jeudi, 12 juillet 2018

L'Afrique en finale

   L'équipe de France de football est une incarnation de la diversité (comme celle de 2016, d'ailleurs). Mais ce sont surtout les origines africaines des joueurs qui ressortent, quand on analyse la situation dans le détail.

   Tout d'abord, précisons que, sur les 23 joueurs sélectionnés par Didier Deschamps, seuls deux ne sont pas nés en France : Samuel Umtiti (au Cameroun) et Steve Mandanda (en République Démocratique du Congo). Mais, sur les 23, 16 ont au moins une ascendance africaine, soit 70 % de l'effectif.

   Celle-ci semble toutefois davantage répandue chez les remplaçants que chez les titulaires. Ainsi, sur les onze joueurs qui ont démarré la demi-finale contre la Belgique, seulement cinq (45 %) ont une ascendance africaine : outre Samuel Umtiti, on trouve Kylian Mbappé (de père camerounais et de mère algérienne), Blaise Matuidi (de parents angolais), N'Golo Kanté (de parents maliens) et Paul Pogba (de parents guinéens). Le total monte à 7 sur 13 (54 %) si l'on inclut les deux remplaçants entrés en cours de jeu : Steven N'Zonzi (dont le père vient de RDC) et Corentin Tolisso (de père togolais).

   Quand on ajoute les autres remplaçants, on arrive à la synthèse suivante :

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   En orange figurent les pays où est né l'un des joueurs français (Cameroun et RDC). En jaune sont coloriés les pays où sont nés uniquement les parents des joueurs sélectionnés.

   Le Mali est présent à travers Ousmane Dembélé (pour le père, la mère étant mauritanienne) et Djibril Sidibé. Le Sénégal est présent à travers Benjamin Mendy. On retrouve la République Démocratique du Congo avec Presnel Kimpembe (pour le père, la mère étant d'origine haïtienne). Enfin, l'Afrique du Nord est présente à travers Nabil Fekir (de parents algériens) et l'inénarrable Adil Rami (de parents marocains).

   Et ce n'est pas fini ! Si on ne se limite pas à l'Afrique, on verra que le troisième gardien de l'équipe, Alphonse Areola, est d'origine... philippine ! L'Europe est bien entendu présente, à travers l'Espagne pour Hugo Lloris, l'Italie pour Olivier Giroud et le Portugal pour Antoine Griezmann. Le cas de Lucas Hernandez est atypique : né en France mais ayant surtout vécu en Espagne, il a semble-t-il longtemps hésité avant d'opter pour les Bleus...

   C'est révélateur des vagues migratoires qui ont touché la France métropolitaine. A l'Europe du Sud et l'Afrique du Nord a succédé l'Afrique sub-saharienne. De surcroît, à l'exception de l'Angola (ex-possession portugaise) et de la RDC (ex-possession belge), tous les enfants d'immigrés sont issus d'anciennes colonies françaises.

   Leur bi(tri)culturalité et leur binationalité auraient pu faire pencher la balance en faveur du pays d'origine des parents. Mais ce serait oublier que ces joueurs ont été formés en France. Même s'il existe des pressions en provenance des pays d'origine pour les récupérer, on peut aussi penser que les jeunes hommes (quand ils n'ont pas laissé parler leur coeur) ont effectué un choix stratégique, celui de l'équipe nationale qui leur semblait avoir le meilleur avenir : le souvenir des Coupes du monde (1998, mais aussi 2006 et 2014) et des Championnats d'Europe (2000 et 2016) a sans doute pesé dans le choix.

   Concernant les départements d'origine des 21 sélectionnés nés en France, on constate, davantage qu'en 2016, une grande inégalité.

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   Cette carte ne mettant en valeur que les départements métropolitains, elle exclut de fait un des joueurs, Thomas Lemar, né en Guadeloupe. Il s'agit donc d'un bilan de 20 des 23 sélectionnés.

   La grande région parisienne, s'étendant de la Normandie à l'Aube, a vu naître 10 des 20 joueurs métropolitains. Loin derrière arrivent la région lyonnaise (3 voire 4 sélectionnés), le Sud-Est (3 joueurs) et le Nord (2 joueurs), le Toulousain Blaise Matuiti constituant une anomalie géographique. On retrouve la vieille France urbaine industrielle (le Nord-est excepté). De prime abord, c'est assez étonnant. L'Ouest et le Sud-Ouest ne fournissent quasiment aucun sélectionné, alors que ce sont des terres de football (surtout l'Ouest). Mais, comme l'écrasante majorité des sélectionnés est issue de l'immigration, ce sont les départements où se trouvent les villes d'accueil qui ressortent.

   Quant à moi, dimanche, vers 17 heures, je serai au cinéma. Quelque chose me dit qu'il ne devrait pas y avoir foule.

mardi, 10 juillet 2018

L'Aveyron dans "Le Canard"

   La semaine dernière, la presse locale (notamment La Dépêche du Midi) s'est fait l'écho de l'ouverture d'une nouvelle salle dans le château d'Estaing. L'ex-président de la République Valéry Giscard d'Estaing et son épouse Anne-Aymone sont venus inaugurer la chose, dans une ambiance cordiale.

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   L'atmoqphère était tellement bonne que personne n'a osé contredire l'ancien président quand il affirmé que sa famille descendait des comtes d'Estaing. Rappelons que le nom "d'Estaing" est accolé à celui de Giscard depuis 1922, suite à une décision administrative. La famille Giscard prétend descendre des d'Estaing par une branche "naturelle" (on disait "bâtarde" à l'époque) qu'elle est sans doute la seule à reconnaître. (On s'est aussi appuyé sur une homonymie à propos de Lucie-Madeleine d'Estaing.)

   Par contre, l'épouse de l'ancien chef de l'Etat (mise à l'honneur ce jour-là) est bel et bien d'ascendance noble (et même royale). Là encore, la presse s'est faite complaisante, relayant les propos giscardiens sur le rôle supposé tenu par la Première Dame à l'époque où son conjoint infidèle occupait l'Elysée...

   On ignorait par contre que, selon Le Canard enchaîné, cette inauguration a servi de prétexte à VGE pour "sécher" la cérémonie de panthéonisation de Simone Veil, organisée deux jours plus tard :

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   C'est d'autant plus cocasse qu'interrogé à Estaing, VGE n'a été qu'éloges pour son ancienne ministre.

   Ceci dit, je comprend qu'à 92 ans, l'ancien président ait préféré se faire cirer les mocassins dans la fraîcheur estagnole à devoir se tenir au garde-à-vous dans la moiteur parisienne, en l'honneur d'une roturière rescapée des camps qui s'était un temps rebellée contre lui.

mardi, 19 juin 2018

Se protéger de Facebook

   Si l'on n'est pas adepte de l'attitude radicale qui consiste à quitter définitivement le célèbre réseau social, il existe d'autres moyens de se prémunir de la présence envahissante de la firme transnationale. L'un d'entre eux est proposé par la fondation Mozilla, qui édite le célèbre navigateur Firefox.

   Depuis peu, elle propose une nouvelle extension, appelée "Facebook Container", qui met des bâtons dans les roues du système de pistage du réseau social, devenu expert dans l'exploitation des données personnelles que les internautes lui fournissent... gratuitement.

   Une fois installée, l'extension est visible dans la barre d'adresse, lorsque l'on se connecte au réseau social :

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lundi, 18 juin 2018

La chapelle des brebis

   C'est d'un édifice peu connu des Ruthénois qu'il va être question : la chapelle Notre-Dame de Pitié, qui dépendait autrefois de la Chartreuse, dont les bâtiments ont été récupérés par l'Etat lors de la Révolution pour devenir ensuite, sous l'Empire, le siège du haras de Rodez, hélas fermé depuis l'an dernier.

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   Les touristes ont plus de chance de connaître l'édifice que les Ruthénois, puisqu'il fait partie du circuit patrimonial proposé aux visiteurs du chef-lieu aveyronnais (avec le numéro 29). Pour les locaux, le lieu est ouvert au moins le 13 de chaque mois. Pendant des années, c'est un employé municipal féru d'archéologie, Roger Trémouilles, qui a veillé sur l'édifice.

   Ce samedi 16 juin 2018, exceptionnellement, la chapelle a été ouverte au public, dans le cadre d'une manifestation agricole : la (mini-)transhumance des brebis du lycée agricole La Roque, situé sur la commune voisine d'Onet-le-Château.

   La première partie du trajet a mené les ovins du gué de Salelles (numéro 1 ci-dessous) à la place du Bourg (numéro 2), en passant par Layoule, le carrefour Saint-Cyrice, la rue Béteille et la place d'Armes.

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   Le parcours du petit troupeau (une cinquantaine de bêtes) ne fut pas de tout repos. Le long des berges de l'Aveyron, la tendance des brebis à se précipiter brusquement dans une direction inattendue était facilement gérable. C'est devenu un peu plus délicat dans la montée de la rue Béteille, où les passants et les riverains ont eu droit à un étonnant spectacle. (Un des animaux se serait blessé lors d'une bousculade à l'entrée d'une boulangerie-sandwicherie. Un peu de sang a coulé, mais ce serait sans gravité.)

   Arrivées place du Bourg, les brebis ont été parquées dans un enclos amovible, où elles ont rapidement été entourées d'une foule considérable... et mitraillées par les téléphones portables. Durant presque deux heures, elles ont pu se reposer et se désaltérer, pendant qu'une animation était proposée à proximité, avec des oies et des chiens de berger.

   C'est en fin d'après-midi que les brebis se sont remises en marche, direction l'avenue Victor-Hugo puis le chemin de la Boriette, où les attendaient de vertes prairies, jouxtant la chapelle Notre-Dame de Pitié (numéro 3 ci-dessous).

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   A l'intérieur de celle-ci, on peut voir un fort joli plafond étoilé (de style marial, je crois) :

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   Plusieurs statues sont également visibles, certaines plus anciennes que d'autres. Ainsi, l'une d'entre elles représente Jeanne d'Arc. C'est un modèle de série qui doit dater du début des années 1920, peu de temps après la canonisation de la Pucelle (et la création d'une seconde fête nationale, celle du patriotisme).

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   Une autre sculpture est beaucoup plus ancienne, puisqu'elle date du XVIe siècle. Il s'agit d'une Vierge à l'enfant, classée monument historique. Mais je ne me souviens pas si elle se trouvait dans la chapelle lorsque je l'ai visitée.

mercredi, 13 juin 2018

Un billet pour la cathédrale

   J'en ai appris une bien belle en lisant la presse aveyronnaise aujourd'hui (notamment La Dépêche du Midi) : la cathédrale de Rodez a son billet, d'une valeur de... 0 euro. Il s'agit bien entendu d'un gadget touristique, appelé aussi "billet souvenir", ce dernier mot figurant d'ailleurs à des dizaines d'exemplaires sur le billet en question :

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   En bas à droite figure la signature du chef d'entreprise qui a lancé l'idée de ce produit touristique, Richard Faille (auquel on doit aussi les médailles souvenirs, pour moi d'un intérêt moindre). L'objet est fabriqué en coton... et en France, d'après ce que garantit le site internet de l'entreprise.

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   D'ailleurs, le nom de l'imprimeur figure sur l'autre côté du billet. Il s'agit d'Oberthur Fiduciaire, lointain héritier de l'entreprise bretonne fondée au milieu du XIXe siècle, qui dut sa renommée aux tonnes d'almanachs et d'annuaires téléphoniques qui sortirent de ses locaux.

   Cette partie du billet est illustrée de monuments européens (qui ont déjà eu droit à leur version du produit). On reconnaît, de gauche à droite, la Porte de Brandebourg (1), la Tour de Belem (2), le Colisée de Rome (3), la Tour Eiffel (4), la Sagrada Familia (5), le Manneken Pis (6) et, en filigrane, un demi-visage (7) faisant sans doute allusion à la Renaissance (à un tableau de Sandro Botticelli ou de Léonard de Vinci).

   C'est sympatoche et cela ne coûte que deux euros. Voilà une excellente (et parcimonieuse) idée-cadeau pour la Fête des Pères !

vendredi, 08 juin 2018

Des urnes (faussement) catalanes

   Bien qu'étant abonné au Monde, je rechigne un peu à lire le supplément du samedi, appelé "M Le magazine du Monde". La plupart des pages sont constellées de publicités chics et toc. Rares sont les articles réellement informatifs. Du coup, parfois, je me contente d'un survol... et il m'arrive de rater quelque chose.

   Je m'en suis rendu compte récemment, en classant de "vieux" journaux, avant de les apporter à la borne de collecte. J'étais passé à côté d'un article fort intéressant, "Les urnes catalanes qui venaient du Nord". En réalité, la journaliste Sandrine Morel (qui avait sans doute en tête le roman -ou le film- L'Espion qui venait du froid) aurait dû intituler son article "Les urnes catalanes qui venaient d'Orient".

   En  effet, à la lecture de son papier, on découvre que les urnes en plastique qui ont été utilisées lors du référendum d'indépendance du 1er octobre dernier ont été fabriquées en Chine et ont été débarquées en Europe dans le port de... Marseille :

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   De là, elles ont gagné la région de Perpignan (dans les Pyrénées-Orientales), plus précisément la commune d'Elne d'où elles ont ensuite été expédiées clandestinement de l'autre côté de la frontière franco-espagnole :

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   Cette commune était déjà apparue au détour d'articles traitant de la crise catalane. C'est en effet dans une imprimerie située à Elne qu'ont été édités les bulletins du référendum, transportés ensuite en Espagne par le col du Perthus, en empruntant la départementale 900, plus discrète que l'autoroute A9 qu'elle double.

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   Je vois dans cette histoire une nouvelle confirmation que l'un des effets de la mondialisation est de favoriser les replis identitaires, l'égoïsme sacré des bourgeoisies locales. Au passage, rappelons que, si le référendum a débouché (à l'issue d'une campagne médiatique outrageusement dominée, en Catalogne, par les partisans de l'indépendance) sur la victoire écrasante du "oui" (à 90 %), cela représente moins de 39 % des inscrits.

   Les élections législatives qui ont suivi ont confirmé la division des habitants de la Catalogne en deux camps quasiment équivalents : si les partisans de l'indépendance ont obtenu (de justesse) la majorité absolue des sièges, ils sont (légèrement) minoritaires en voix dans la Généralité. Si, en face, il n'y avait pas eu cet autocrate corrompu de Rajoy, mais un-e dirigeant-e pondéré-e et ouvert-e, la crise serait sans doute déjà résolue entre gens raisonnables.

   La composition du nouveau gouvernement, présidé par Pedro Sanchez, me semble encourageante. Mais cet exécutif va devoir naviguer entre de multiples écueils, puisqu'il ne dispose pas vraiment de majorité stable aux Cortes (élus en 2016).

mercredi, 30 mai 2018

Un héros peu ordinaire

   C'est un peu la vedette du moment... et c'est mérité. Le Malien Mamoudou Gassama, un "sans papiers" selon l'expression consacrée (un immigré clandestin / en situation irrégulière, disait-on autrefois), a accompli un geste que peu de personnes auraient (physiquement) pu réaliser, tout en ayant l'allure d'un jeune homme comme les autres (en tout cas, pas un fanfaron).

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   La vidéo de son exploit est visible, entre autres, sur le site du Monde. Cela donne une idée de la force et de l'agilité que celui que l'on surnomme Spiderman a dû déployer pour parvenir jusqu'à l'enfant. Cette témérité lui vient peut-être de son parcours de migrant, un périple qui l'a mené du sud-ouest du Mali (du village de Yaguiné) à Paris, en passant par le Burkina Faso, le Niger, la Libye et l'Italie :

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   Sur la carte, j'ai suggéré deux itinéraires entre la côte libyenne et l'Italie, ne sachant pas s'il a fait étape sur l'île de Lampedusa... et, aussi, parce que le jeune homme a eu besoin de deux tentatives pour réussir à "passer" en Europe.

   Ce n'est pas la première fois qu'un Malien se distingue en France par son comportement exemplaire. Souvenez-vous, en janvier 2015, un employé (musulman) du magasin Hyper Casher avait contribué à sauver la vie de plusieurs clients (juifs). Cet homme (Lassana Bathily) est originaire de la même région que Mamoudou Gassama (celle de Kayes), mais pas du même cercle (département) : celui de Yélimané pour Spiderman, celui de Kayes même pour L Bathily (si je ne m'abuse). Celui-ci, comme M Gassama, a été naturalisé français. Comme lui, il avait migré en France après un frère aîné.

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samedi, 26 mai 2018

Mahmoud Abbas à pleins tubes

   Le président de l'Autorité palestinienne est de santé fragile (à 83 ans, cela se comprend). Beaucoup de personnes se posent des questions quant à sa capacité à diriger l'Autorité palestinienne. Il semble usé par les années passées au pouvoir (plus de treize) et discrédité auprès d'une partie des Palestiniens. Est aussi évoquée la corruption de son entourage.

   La photographie publiée par Wafa (l'Agence de Presse Palestinienne, équivalent de notre AFP) va rassurer ses admirateurs... ou pas :

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   Confortablement installé dans le fauteuil d'une chambre de l'hôpital situé près de Ramallah (en Cisjordanie), M. Abbas lit ou fait semblant de lire un journal arabe, qu'on lui a peut-être tout simplement mis entre les mains, pour réaliser la photographie.

   Le problème vient de la dernière page, celle de droite. (N'oubliez pas le sens de la lecture, en arabe.) On y  distingue une caricature, dont j'ai trouvé une version plus nette :

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   Elle représente un soldat de l'armée israélienne en train d'empoisonner un bébé arabe (sans doute palestinien). C'est visiblement une allusion à l'affaire Leïla Ghandour, dont on sait aujourd'hui qu'elle a été montée en épingle (peut-être de manière infondée) dans un but de propagande.

   Cependant, le soldat n'est pas en train de lancer une grenade lacrymogène (cause supposée -et contestée- du décès) sur une foule au sein de laquelle se trouve l'enfant. Il l'empoisonne à l'aide de biberons contaminés. Certains diront que la caricature fonctionne sur le symbole, le gaz lacrymogène pouvant être comparé à un poison. (Il est certes pathogène, mais, en théorie, pas mortel.) D'autres personnes y verront une énième version d'une rumeur antisémite, qui remonte au Moyen-Age et refait périodiquement surface, la pratique de crimes rituels (le meurtre d'enfants, à l'époque de la Pâque juive).

   Par une étrange coïncidence, l'homme qui tient le journal véhiculant ce cliché infondé a tenu des propos du même tonneau, il y a deux ans, avant de s'excuser quelques jours plus tard (reconnaissant le caractère infondé de la prétendue information). Cela ne semble hélas pas lui avoir servi de leçon, puisqu'il a récemment récidivé, dans le genre cliché antisémite.

   Ce sont des éléments qui accréditent l'idée que le choix du journal (pour la photo de l'hôpital) avec la caricature nauséabonde est conforme à ce que pense le président palestinien. Pourtant, pendant des années, il est passé plutôt pour un modéré. Il fut l'une des chevilles ouvrières des Accords d'Oslo... et il a dû se coltiner les frasques de Yasser Arafat.

   A la différence de celui-ci (né au Caire), il est né dans la Palestine mandataire, plus précisément dans le Nord, en Galilée, à Safed (aujourd'hui Tsfat, en Israël) :

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   Mahmoud Abbas est donc un authentique réfugié, puisque sa famille a quitté la région lors de la première guerre israélo-arabe, celle de 1948-1949. Mais le plus remarquable est qu'en 2012, l'ancien réfugié devenu président de l'Autorité palestinienne a reconnu que, s'il aimerait beaucoup revoir la ville de son enfance, il n'envisageait pas de retourner y habiter... ce qui lui a valu la haine des extrémistes qui ont fait du droit au retour (de surcroît déformé) leur fonds de commerce politique.

   Du coup, je suis partagé. Dans ses récentes interventions publiques, Mahmoud Abbas est peut-être tout simplement un homme âgé, fatigué, déçu de ne pas avoir pu achever son oeuvre (en partie à cause des gouvernements israéliens)... ou alors, ayant perdu toute lucidité, il est manipulé par son entourage.

vendredi, 25 mai 2018

La mère de Gaza

   Rappelez-vous. C'était il y a quelques jours, lors des manifestations de Gaza. Les médias occidentaux (parmi d'autres) se sont enflammés à la vue du bilan humain (une soixantaine de morts, tous palestiniens). Dans le tohu-bohu de la fumée, du sang et des larmes, une figure iconique a surgi :

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   Il s'agit de Mariam Ghandour, mère de la petite Leïla, qu'elle tient dans ses bras, morte. Très vite, l'armée israélienne a été accusée d'avoir provoqué le décès de l'enfant avec ses lancers de grenades lacrymogènes, près de la frontière avec Gaza. (Au passage, c'est une nouvelle confirmation que Tsahal a tenté d'éviter le recours à la force ultime, celle des armes à feu.)

   D'après le récit qu'on peut lire çà et là, ce n'est pas la mère qui a amené l'enfant à proximité d'un endroit extrêmement dangereux, mais son petit frère, qui l'a finalement confiée à la grand-mère. Il n'est jamais question du père de l'enfant. Curieux. (Il me semble qu'on peut le voir sur quelques photographies, notamment celles prises lors des funérailles.) De plus, on pourra être surpris par l'âge de la mère : 17 ans. Le bébé ayant 8 mois, sa mère était peut-être âgée de 16 ans à sa naissance. Pire : selon The New York Times, Mariam Ghandour avait perdu son fils aîné (dans un incendie accidentel) il y a deux ans. Elle pourrait donc être tombée enceinte de son "mari" à seulement 14 ans !!!

   Mais là n'est pas le problème. Très vite, des rumeurs ont commencé à circuler sur la Toile. Il y aurait anguille sous roche... non que la mort de l'enfant soir une fake news (ce drame s'est malheureusement produit), mais la cause du décès est sujette à caution. L'alerte a été donnée par un site militant (mais qui se veut rigoureux sur le plan journalistique). La confirmation vient du quotidien israélien (d'opposition) Haaretz, qui cite un médecin local (sous couvert d'anonymat, tant le sujet est délicat) :

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   En clair, le bébé était déjà malade (il souffrait d'un problème au coeur, selon The New York Times) et le médecin déclare qu'il ne croit pas que le gaz lacrymogène soit la cause de la mort. Peut-être a-t-il tort. On ne le sait pas. Cela n'a pas empêché l'immense majorité des commentateurs de relayer la propagande du Hamas, contribuant à détériorer encore l'image de l'armée israélienne. Sur les photographies, on remarque d'ailleurs que, parmi les civils qui s'empressent de manifester leur compassion en public, plusieurs en profitent pour prendre le bébé mort en photo... sans doute pas dans le but de l'exposer dans leur salon. Sur l'illustration du début, on croit voir une grand-mère tenir un smartphone personnalisé :

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   Cela m'a fait tout drôle. Le téléphone ne cadre pas du tout avec le style de la grand-mère... pas plus que la main qui le brandit, quand on regarde bien : elle est manucurée, jeune. C'est en fait celle de la personne qui se tient derrière la grand-mère, que l'on aperçoit sur une autre photographie, que j'ai trouvée (en très grand format) sur le site de Haaretz (et sur celui de La Dépêche du Midi) :

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   Qui est cette femme ? Pas une proche de la famille visiblement. Il est possible qu'elle travaille pour un média issu d'un pays musulman... ou, tout simplement, que ce soit une militante du Hamas. Cela nous ramènerait à la problématique soulevée par ces "marches du grand retour" : téléguidées en sous-main par le mouvement palestinien, elles ont mêlé militants politiques et gens ordinaires, soucieux d'exprimer leur désarroi.

   Les mêmes interrogations sont nées de l'observation des photographies prises lors des funérailles, notamment de celle-ci :

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   La personne se trouvant à gauche, très calme, semble davantage se préoccuper de fixer l'image du cadavre que de réconforter la mère pourtant très proche. Gageons que les réseaux sociaux palestiniens se sont rapidement enrichis d'un nouveau contenu marquant...

   Concernant les photographies publiées par la presse, on remarque la domination de celles issues de l'AFP (l'Agence France Presse). Celle figurant en tête de ce billet est de Thomas Coex. Celle publiée dans Haaretz est de Mahmud Hams. Toutes deux présentent une mater dolorosa, pleurant le décès de son enfant bien-aimé, à l'image de la Vierge après la crucifixion, comme on peut le voir sur de nombreux tableaux occidentaux, comme la Pietà du Vénitien Giovanni Bellini (au début du XVIe siècle) :

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   A travers les images publiées lors de ces troubles, on a visiblement cherché à guider le regard des lecteurs, sans que le fondement de l'accusation soit vérifié. On peut donc affirmer qu'il s'agit ici moins de journalisme que de propagande.

   P.S.

   Je conseille vivement la lecture entière de l'article du New York Times, dans lequel on apprend que l'un des oncles de la jeune mère était un militant de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa, une milice liée au Fatah (et donc à l'OLP et à l'Autorité palestinienne). L'oncle en question a été abattu par l'armée israélienne en 2006.

   P.S. II

   La petite Leïla vient d'être retirée (provisoirement) de la liste des victimes des récents événements à Gaza. C'est le signe que les autorités palestiniennes doutent... ou qu'elles ne peuvent pas contester les doutes émis par d'autres.

mardi, 22 mai 2018

Les manifestants de Gaza téléguidés

   Ce week-end, j'ai eu un peu de temps pour trier les journaux et lire à fond. Au détour d'un article du Monde, signé Piotr Smolar, je suis tombé sur une anecdote révélatrice des arrière-pensées des organisateurs des récentes manifestations palestiniennes à Gaza. Comme le passage se situe à la fin de l'article, dans la version numérique il n'est accessible qu'aux abonnés. En voici la version papier :

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   Vous ne le savez peut-être pas, mais Israéliens et Palestiniens se livrent une lutte féroce sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont un moyen peu coûteux d'atteindre un vaste public... et de répandre sa propagande. Concernant les récentes manifestations, on comprend que nombre de personnes qui se sont approchées de la clôture frontalière avaient l'intention, une fois de l'autre côté, de rejoindre les villages israéliens les plus proches.

   Dans un précédent billet, j'en ai évoqué deux, vraiment très très proches. La question est : qu'avaient prévu de faire ces personnes, une fois arrivées dans les villages israéliens ? Rappelons que, depuis plusieurs années (et encore très récemment, début mai), des activistes palestiniens franchissent (ou tentent de franchir) la frontière, portant sur eux une ou plusieurs armes blanches. L'armée israélienne le sait, tout comme les politiques qui lui donnent des ordres. Ils seraient très imprudents s'ils laissaient de potentiels agresseurs franchir la frontière. Quant au Hamas, il joue la politique du pire : sachant que les soldats israéliens feront feu sur les personnes qui approcheront la frontière, il y  envoie des civils, parmi lesquels se cachent sans doute des militants, qui comptaient profiter de l'agitation (et de la fumée provoquée par les incendies de pneus) pour s'infiltrer en Israël...

dimanche, 20 mai 2018

Ce que vaut la vie d'un Palestinien...

   ... pour le Hamas. Pourquoi cette question ? Eh bien parce que la mort (ou la blessure) d'un-e habitant-e de Gaza sous les balles israéliennes "rapporte" à sa famille. D'après The Times of Israël, les proches d'un Palestinien mort au cours d'un affrontement avec Tsahal reçoivent la bagatelle de 3 000 dollars !

   Cette information appelle plusieurs commentaires. Certains estimeront que c'est une somme ridicule, comparée à la perte d'un être cher. D'autres placeront en regard le PIB par habitant de la bande de Gaza qui, en 2011, culminait à 1 500 dollars... par an. C'est donc l'équivalent de deux ans de revenu qui est offert par le Hamas.

   Dans l'absolu, on pourrait accepter cette forme d'Etat-providence, qui vient au secours des citoyens dans le besoin. Si la personne décédée était le père d'une famille, c'est la survie de celle-ci qui est menacée. Le problème est que ce ne sont pas des citoyens ordinaires, mais des activistes politiques, voire pire : des auteurs d'attentat.

   L'autre problème qui se pose est que ce dispositif est connu des Gazaouis. L'article où j'ai trouvé l'information date de début avril 2018, soit un mois avant les affrontements violents qui défraient la chronique. Donc, les personnes qui, ces derniers jours, se sont dirigées vers les clôtures frontalières d'Israël ont agi en connaissance de cause. Cela ne rend pas la riposte israélienne totalement justifiable, mais cela permet de comprendre la tactique du Hamas, qui cherche à s'appuyer sur la mauvaise conscience occidentale et l'opinion arabo-musulmane.

   Le Hamas ne fait que poursuivre une politique engagée par son grand rival, le Fatah, qui dirige l'Autorité palestinienne (en Cisjordanie). D'après une déposition faite devant le Congrès des Etats-Unis, plusieurs lois palestiniennes, votées entre 2004 et 2013, ont instauré une série d'allocations pour les activistes et leur famille. Pour celles dont un membre a commis un attentat-suicide, il est prévu un versement d'environ 1 500 dollars. Au total, selon les sources, cela représente entre 140 et 170 millions de dollars par an, soit 7 à 10 % du budget de l'Autorité palestinienne. Rappelons que le premier bailleur de fonds de celle-ci est... l'Union européenne (20 à 30 % du total, selon les sources et les années considérées).

   Du coup, certaines familles de victimes d'attentats palestiniens se sont tournées vers la justice pour obtenir réparation... de l'Autorité palestinienne... et elles ont gagné (en 2015), devant un tribunal new-yorkais. Cela semble avoir donné des idées à une autre famille, qui vient de lancer des poursuites contre l'Autorité palestinienne et l'OLP, devant un tribunal de Jérusalem. Notons qu'ici, les victimes sont les membres d'une famille de colons installés (illégalement, selon le droit international) en Cisjordanie, à Itamar, qui se trouve au sud-est de Naplouse.

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mardi, 15 mai 2018

PropaGaza

   L'approche du soixante-dixième anniversaire de la (re)création d'Israël a incité les dirigeants palestiniens (notamment ceux du Hamas, le mouvement islamiste qui domine la bande de Gaza) à accentuer les manifestations contre l'Etat hébreu.

   Parmi les revendications, il y a celle du "droit au retour" des réfugiés palestiniens, qui ont quitté la partie de la Palestine conquise par les sionistes au cours de la guerre de 1948-1949 (en hachures sur la carte ci-dessous).

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   Un premier problème surgit quand on recherche une estimation fiable du nombre de ces réfugiés. Les historiens sérieux avancent des chiffres de 700 à 800 000 réfugiés... mais, dans les médias français (comme Le Monde), on peut lire des estimations bien plus élevées, de l'ordre de 5 à 6 millions. D'où vient l'écart ? Pas vraiment de l'ajout d'une seconde vague de réfugiés, celle de 1967. Plutôt du fait que, pour les journalistes (et les associations palestinophiles), il faut inclure dans la liste les enfants, petits-enfants, neveux, nièces des réfugiés, alors qu'ils n'ont jamais mis les pieds sur la terre où ils sont censés "retourner" !

   D'autre part, une polémique récurrente agite les connaisseurs du dossier, concernant la cause de la fuite des Palestiniens en 1948-1949. Certains sont partis de leur plein gré (ou ont placé leur famille à l'étranger), quand ils ont compris que la situation se dégradait sur place. D'autres ont fui pendant le conflit, par peur d'être tués. D'autres enfin ont été chassés par les forces armées sionistes, qui ont détruit plusieurs villages. A ma connaissance, aucune étude sérieuse n'a été faite pour déterminer la part de chaque motivation. On en reste donc au niveau des accusations et des anathèmes. (Pour la petite histoire, j'ajoute qu'au cours du conflit de 1948-1949, à deux reprises, le principal dirigeant sioniste, David ben Gourion, a proposé d'accepter le retour d'une partie des réfugiés, 100 000 puis 200 000... des propositions sèchement refusées par des dirigeants arabes adeptes alors du tout ou rien et qui n'avaient pour objectif que foutre tous les juifs à la mer...)

   En dépit de l'aspect épidermique du sujet, je pense que, si des négociations sérieuses s'engagent un jour, un compromis pourra être trouvé entre les deux parties, pour peu que chacun y mette du sien, comme on avait pu le constater, en 2003, lors de la signature (informelle) des Accords de Genève. (Cette époque apparaît si lointaine, à présent...)

   Mais revenons à nos moutons. Les "marches du grand retour" sont une opération de propagande du Hamas, qui poursuit plusieurs buts. D'abord, je pense qu'il cherche à torpiller la célébration, par Israël, du 70e anniversaire. De manière plus hypocrite, les dirigeants islamistes essaient de détourner la colère et les frustrations de la population gazaouie (dont ils sont en partie responsables) contre les méchants Israéliens, accusés de tous les péchés. Il est vrai que la bande de Gaza est en train de devenir une enceinte de confinement de la population palestinienne : 2 millions de personnes (pour beaucoup au chômage) s'entassent sur un territoire grand comme deux fois Rodez agglomération, soit une densité de plus de 5000 hab/km² !

   Enfin, avec la complicité de médias incultes et complaisants, le Hamas cherche à faire porter le chapeau des violences à l'armée israélienne. La bande de Gaza est entourée, au niveau de ses frontières terrestres (avec Israël), par une barrière de sécurité, qui prend souvent la forme d'une simple clôture, comme ici :

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   Au passage, cette crise aura eu au moins le mérite, par les images qu'elle a contribué à diffuser, de faire comprendre que le gouvernement israélien n'avait pas encerclé la bande de Gaza par un gigantesque mur hermétique. Trop d'exagération tue l'exagération...

   Cette clôture/barrière de sécurité a pour objectif de protéger les habitants des villages israéliens proches de toute agression palestinienne. C'est le cas notamment du kibboutz Nahal Oz (encadré en bleu), situé à (presque) un jet de pierre de la frontière (soulignée en rouge):

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   Dresser la liste des avanies que les habitants de cette localité ont subies depuis des années nécessiterait la rédaction de plusieurs dizaines de billets. Limitons-nous aux dernières années, qui ont vu les Israéliens essuyer des attaques de roquettes et des Palestiniens s'infiltrer de l'autre côté de la clôture, grâce à de petits tunnels. (La dernière tentative -qui a avorté- remonte au 3 mai !) Les Français sont hélas désormais très au fait des ravages qu'un extrémiste armé d'un grand couteau peut provoquer...

   Tout récemment, c'est d'une autre joyeuseté que les Palestiniens de Gaza ont gratifié leurs voisins israéliens : des cerfs-volants et des ballons incendiaires, qui ont provoqué d'importants dégâts, notamment à Kfar Aza, voisin du kibboutz Nahal Oz :

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   Voilà pourquoi les soldats israéliens ont reçu l'ordre d'empêcher les Palestiniens d'approcher de la clôture de sécurité. Ces derniers jours, à l'incitation du Hamas (qui aurait promis de les payer pour ça !) plusieurs milliers d'entre eux se sont dirigés vers la frontière la plus proche des villages israéliens. Une fois la clôture franchie, qu'aurait fait cette foule de manifestants en arrivant dans la localité israélienne ? Vu les récents "incidents", l'armée ne pouvait pas prendre de risque. De surcroît (ce que nombre de médias français se sont gardés de préciser), les dirigeants palestiniens ont été avertis que les personnes qui s'approcheraient de la frontière risquaient fort d'être la cible des tireurs d'élite. Enfin (un élément là encore très souvent tu par les médias français), avant de tirer à balles réelles, les soldats israéliens ont envoyé des grenades lacrymogènes. Même si je suis d'accord avec le fait que ces nombreuses morts civiles sont inacceptables, que venaient faire à cet endroit dangereux des adultes avec des enfants, sinon passer pour des martyrs (et, peut-être, empocher le plus de primes possible du Hamas) ?

jeudi, 03 mai 2018

Jacques Godfrain sur France Inter

   Ce jeudi matin, l'ancien député-maire de Millau (et ancien ministre) était invité sur France Inter, pour évoquer Mai 68 du côté des militants gaullistes. Il a rappelé une partie de son parcours, révélateur de la relative diversité du recrutement du mouvement gaulliste, y compris à droite. C'est un patriote, mais, d'après ses dires, pas attaché à l'Algérie française. Sur Mai 68, il réécrit un peu l'histoire me semble-t-il, s'affirmant moins hostile qu'il ne l'était sans doute en réalité.

   Assez vite, il est interrogé sur son engagement au SAC (service d'action civique), sorte de service d'ordre du parti gaulliste, qui a trempé dans des histoires louches. Il fait remonter son militantisme à 1965, ce qui est conforme à ses récentes déclarations au Monde... mais diverge de ce qu'il avait affirmé en 1982, devant la commission d'enquête en charge des activités du SAC :

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   Ce passage est extrait du tome 2 du rapport de ladite commission, publié jadis aux éditions Alain Moreau :

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   Il serait intéressant de savoir pourquoi Jacques Godfrain a changé de version concernant l'ancienneté de son engagement au SAC. Peut-être a-t-il craint à l'époque (en 1982) qu'on lui reproche des actes commis par le SAC entre 1965 et 1968. Peut-être tout simplement, depuis les travaux d'un historien sur le sujet ne pouvait-il plus maintenir la version de son adhésion tardive.

   La journaliste Hélène Roussel interroge ensuite son invité sur l'organisation de la manifestation du 30 mai 1968. Jacques Godfrain sous-entend qu'il a contribué à la préparer, mais qu'au départ, il ne croyait pas à l'incroyable succès qu'elle a rencontré.

   L'entretien s'achève sur le constat (un peu navré) de J. Godfrain d'un monde devenu plus libre permissif (pas forcément pour le meilleur) et une comparaison un peu hâtive entre Charles de Gaulle et Emmanuel Macron.

dimanche, 15 avril 2018

Le Tiers Monde français

   Dans l'édition du quotidien Le Monde datée de vendredi 13 avril, j'ai trouvé un article particulièrement intéressant sur le train de vie des élus et fonctionnaires du 101e département français : Mayotte. Le papier mérite l'attention à double titre : il dénonce une corruption apparemment endémique (abus de bien social, détournement de fonds publics, clientélisme) et il pointe les grandes difficultés socio-économiques de l'archipel, ce confetti de l'empire colonial français, perdu dans l'océan Indien.

   Commençons par un peu d'histoire. Mayotte est une partie des Comores, celle qui a été annexée en premier par la France. Au milieu des années 1970, la troisième vague de décolonisation frappe notamment les possessions portugaises : la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, Sao-Tome-et-Principe, l'Angola et surtout le Mozambique, très proche des Comores.

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   C'est l'époque de la Guerre froide. Les Etats-Unis se retirent piteusement du Vietnam, laissant le pays aux communistes soutenus par Moscou et Pékin. En Afrique, nombre de mouvements indépendantistes adhèrent au bloc soviétique. La position stratégique des Comores (à l'entrée du canal du Mozambique) augmente leur valeur aux yeux du pouvoir français. Si l'indépendance de l'archipel ne peut pas être empêchée, à Paris, on a tout fait pour conserver Mayotte. Le gouvernement français a profité indirectement des maladresses des nouveaux dirigeants comoriens, qui ont tenu les Mahorais à l'écart de la direction du pays.

   Alors, quel est l'intérêt de conserver ce minuscule territoire, dans l'une des régions les plus pauvres du monde ? Certains répondront en faisant référence à la ZEE, la zone économique exclusive (la France possède la deuxième du monde, derrière celle des Etats-Unis). Le pays qui possède le terrain peut exploiter les fonds marins jusqu'à 370 kilomètres des côtes. Dans le cas de Mayotte, on pense à de potentiels gisements de pétrole... mais c'est tout récent. Par contre, une station d'écoute est bel et bien présente sur l'île. Certains petits malins se sont d'ailleurs amusés à débusquer les installations d'espionnage françaises... en utilisant Google.

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   En dépit de ses richesses (surtout potentielles), Mayotte est sans doute aujourd'hui le territoire le plus pauvre de la République française. En 2015, d'après l'INSEE, le revenu par habitant n'atteignait pas 7 000 euros... sur l'année, contre environ 20 500 en métropole (19 000 en Midi-Languedoc) et entre 10 000 et 17 000 dans les autres départements d'outremer. Aujourd'hui, Le Monde évoque un taux de chômage de 27 % et plus de 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Voilà pourquoi je me suis permis de parler de Tiers Monde.

   Cette pauvreté relative n'en est pas moins attractive pour certaines populations de la région. D'après le dernier rapport de l'ONU sur le développement humain, le PIB par habitant du Mozambique était, en 2011, d'à peine plus de 1 000 dollars (par an !), ceux du Malawi, des Comores et de Madagascar n'étaient pas beaucoup plus élevés, avec respectivement 1 113, 1 364 et 1 373 dollars ! De surcroît, les Comores indépendantes sont très proches de Mayotte :

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   A vol d'oiseau, une soixantaine de kilomètres séparent l'île d'Anjouan des premiers récifs mahorais. Etant donné que l'écart de revenus est de 1 à 7/8, on comprend que des milliers de personnes soient tentées par l'aventure. Ce sont notamment des femmes enceintes, qui comptent accoucher sur l'île française, contribuant à l'engorgement des services hospitaliers. D'un côté, on comprend le souci de bénéficier des meilleurs soins, pour soi et son enfant. D'un autre côté, on ne peut qu'être méfiant vis-à-vis de ce qui pourrait n'être qu'une stratégie d'immigration : en vertu du droit du sol, un enfant né dans un territoire français n'est pas expulsable (sauf s'il est accompagné de ses deux parents, eux-mêmes expulsables).

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   Résultat ? La population de l'île connaît une croissance fulgurante, de 35 à 40 % en dix ans (entre 2007 et 2017). La densité y atteint 700 habitants par kilomètres carrés (contre 32 dans l'Aveyron, qui abrite une population à peine plus nombreuse). Plus de 40 % (certains disent 50 %) des habitants de Mayotte sont nés dans les Comores indépendantes. La majorité des habitants ne maîtrise même pas la langue française.

   Fac à cette situation alarmante, les élus locaux ont donc choisi... d'embaucher massivement... et de ne pas se montrer trop exigeants quant à l'intensité au travail de la main-d'oeuvre recrutée. L'article du Monde compare le nombre de fonctionnaires départementaux mahorais à ceux du département des Hautes-Pyrénées. Il aurait été intéressant de pousser le raisonnement jusqu'au bout, et de faire le bilan de l'ensemble de la fonction publique territoriale présente sur le département. Pour cela, il faudrait disposer du nombre d'employés municipaux. Or, Mayotte ne dispose que de dix-sept communes. Soit les municipalités font preuve de la même prodigalité que le conseil départemental, soit elles n'en ont pas les moyens (ou la volonté) et la moyenne de fonctionnaires territoriaux par habitant (toutes collectivités confondues) serait moins élevée que prévu.

   D'après une étude du CNFPT de 2016, dans le département des Hautes-Pyrénées travaillaient 7 400 agents territoriaux (7 873 dans l'Aveyron). Admettons qu'à l'époque, le nombre d'agents du conseil départemental fût le même qu'aujourd'hui (1 685) : il resterait 5 715 agents territoriaux dépendant des municipalités (et un peu de la région). Cette catégorie d'agents est-elle aussi nombreuse à Mayotte ? On ne le sait pas.

   Quoi qu'il en soit, ainsi que le montre l'étude précédemment citée, le taux d'encadrement de la population par la fonction publique territoriale était, fin 2013, beaucoup plus élevé outremer qu'en métropole : de 39 à 47 0/00 contre 20 à 40 0/00 (Corse exclue...) :

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   P.S.

   Parmi les joyeusetés révélées par Le Monde, il y a le nombre élevé de jours de congés, certains accordés pour des motifs particulièrement étonnants, comme la circoncision (d'un fils, présume-t-on). Elle est pas belle, la République laïque ? Encore merci au duo Sarkozy-Fillon, responsable de la départementalisation de Mayotte, qui n'a fait qu'empirer la situation déjà problématique de l'archipel.

dimanche, 25 mars 2018

Les sauvageons de Carcassonne... et d'ailleurs

   Les récents actes de barbarie commis autour du chef-lieu de l'Aude ne doivent pas brouiller l'analyse. Commençons par le terroriste Radouane Lakdim. Certes, il était de nationalité française, mais né au Maroc en 1992. C'est à la base un petit délinquant, un de ceux qui pourrissent au quotidien la vie des honnêtes citoyens. Son profil n'est pas sans rappeler celui de plusieurs des protagonistes des attentats de Paris de 2015 (par ses origines marocaines et son parcours délictueux). Vu l'attirail trouvé dans le supermarché, il est évident qu'il a des complices, dont on espère qu'ils/elles seront tou-t-e-s mis-e-s hors d'état de nuire.

   On peut estimer que Daech dispose d'un bon vivier de recrutement, déjà sur place, puisqu'à Carcassonne même, l'horreur des actes commis n'a pas dissuadé des abrutis habitant le quartier du terroriste d'acclamer leur héros. A l'autre bout de la France, un décérébré (ancien candidat) de La France insoumise s'est félicité de la mort du gendarme Arnaud Beltrame... On évitera d'en tirer des conclusions hâtives sur le mouvement de J-L Mélenchon, mais, franchement, vu le parcours du bonhomme, ça interpelle. Dans le cas de Stéphane Poussier, le problème n'est pas seulement qu'il ait pensé ce qu'il a écrit, mais qu'il l'ait publiquement proclamé. C'est une nouvelle preuve que, comme celle de Richter, l'échelle de la connerie est sans limite...

   Du côté de Carcassonne, on tente visiblement d'empêcher les journalistes de faire leur travail. La liberté de publication ne gêne pas que les dictateurs, elle perturbe le fonctionnement clanique des racailles qui mettent la main sur certains territoires.

   Venons-en donc à Ozanam, ce quartier situé au sud-est de Carcassonne, pas très loin de la cité médiévale inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco :

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   Cela fait des années que les incivilités se multiplient dans ce quartier, qui n'est toutefois pas classé en zone urbaine sensible, contrairement à celui de Saint-Jacques (situé à l'ouest) et surtout celui de La Conte (où était installée auparavant la famille Lakdim), pas très éloigné d'Ozanam.  Déjà en 2012, les habitants "normaux" manifestaient leur agacement, la politique de rénovation urbaine n'ayant visiblement pas fonctionné dans leur quartier. Aux incivilités a succédé un climat de peur, perceptible en 2014. Rien ne semblait avoir changé en 2015, les pouvoirs publics semblant impuissants face à la dégradation de la qualité de vie dans ce quartier. Il y a moins de deux mois, une nouvelle étape avait été franchie, avec l'agression de policiers !

   Résultat ? En laissant pourrir une situation de délinquance larvée, on a permis à des monstres de se développer. Puisse ce drame servir de leçon aux médiocres comptables qui nous gouvernent.