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samedi, 31 octobre 2015

Seul sur Mars

   Matt Damon, Jessica Chastain, l'espace... tout cela fait diablement penser à Interstellar, d'autant plus que la séquence de la première tempête de sable rappelle celle des vagues monstrueuses sur la planète Miller... à ceci près que, chez Nolan, c'est bien mis en scène, alors qu'ici, c'est convenu, prévisible et surjoué.

   Mon inquiétude a grandi avec la première scène de conférence de presse. C'est très platement filmé et pas franchement utile à l'intrigue, qui s'étire sur deux heures vingt. De surcroît, Jeff Daniels, qui incarne le directeur de la NASA, ne semble pas beaucoup croire à son rôle. Le problème est qu'on le fait intervenir à intervalle régulier, pas pour le meilleur.

   Cela s'arrange ensuite, parce que Matt Damon "assure", notamment dans la scène d'auto-chirurgie, où Ridley Scott montre qu'il sait encore réaliser. Mais les moments les plus brillants du film sont sans conteste situés dans les quarante dernières minutes, quand la tension est à son comble. Notons que l'une des scènes est une référence à Mission to Mars... mais pas un décalque.

   Entre ces deux extrêmes, on nous propose d'abord un quasi-conte de fées, dans lequel Matt Damon crée un petit champ de pommes de terre martiennes. C'est quand même parfois drôle, parce que le héros utilise un engrais d'origine humaine... et qu'il ne réussit pas tout du premier coup, notamment quand il est question de produire de l'eau.

   Toutefois, l'ensemble est "très américain", comme j'ai entendu une spectatrice le dire après la séance. Même si tout ne fonctionne pas à la perfection, c'est un éloge de l'esprit pionnier des Etats-Unis et de leur maîtrise scientifique. Si besoin était, des drapeaux américains font régulièrement leur apparition à l'écran. On a concédé un peu de place à l'Allemagne et surtout à la Chine... mais c'est pour le business. Comme ce pays est devenu un énorme marché pour les productions cinématographiques, on a intégré certains éléments à l'intrigue : on y voit des personnages chinois et le programme spatial (secret) de Pékin va venir en aide aux Américains. Cela conduit les foules urbaines du "pays du milieu" à s'intéresser au devenir des astronautes, en temps réel.

   Cela m'amène à quelque chose qui m'a dérangé : l'aspect télé-réalité d'une partie de l'intrigue. Sur Mars, certaines des images montrant le héros seul sont censées être tournées par celui-ci, un peu comme si Antoine de Maximy s'était lancé dans le projet "J'irai dormir sur Mars"... Je suis conscient que cela introduit de la variété dans la mise en scène, mais j'ai trouvé ce procédé un peu facile. Cependant, le plus énervant vient des scènes de groupe. Je ne supporte plus de voir des grappes de personnages filmées en train d'applaudir. Cela n'apporte rien... et que dire de l'avalanche de gros plans, dont la seule fonction semble de mettre en valeur la dentition des acteurs... Je n'ai pas apprécié non plus la manière dont la tentative de sauvetage du héros est médiatisée : elle est diffusée en direct en mondiovision. C'est surtout l'occasion de montrer des foules de différents pays, histoire d'attirer du spectateur.

   Si on laisse de côté ces faiblesses, il reste un film à grand spectacle, qui se suit sans déplaisir, mais rien de plus.

   P.S.

   J'ai récemment revu Blade Runner, dans une version restaurée (celle qui correspond aux souhaits de Ridley Scott)... et ce n'est pas à l'avantage de Seul sur Mars. Alors que Blade date de plus de trente ans, il est bien plus inventif et emballant que la production qui vient de sortir sur les écrans.

10:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 30 octobre 2015

Qui est le pigeon ?

   C'est la question que tout le monde se pose à Rodez et dans les alentours, depuis la semaine dernière, quand, dans le quotidien Centre Presse, est paru un article évoquant l'abracadabrantesque escroquerie dont a été victime un élu de l'agglomération. Le quotidien, pas plus que ses confrères, n'avait publié l'identité de la victime... "soulagée" au total de 49 000 euros !

   L'Hebdo paru ce vendredi a vendu la mèche, sans nommer explicitement l'élu en question... mais son profil est tracé avec une précision telle qu'il est impossible de se tromper. Voyez plutôt : cet élu serait vice-président de Rodez Agglomération, il aurait (eu) en charge la culture... serait-ce Jean-Michel Cosson ? Sans doute que non, puisqu'un autre article de L'Hebdo évoque la commune d'Onet-le-Château, tandis que Gérard Galtier parle du promoteur de l'installation d'un cinéma d'art et d'essai. Cela correspond donc plutôt à Fabrice Geniez, l'ancien maire d'Onet-le-Château, toujours conseiller communautaire mais plus vice-président depuis 2014.

   Au-delà de l'anecdote, cette affaire révèle la sophistication de certaines arnaques, même si, en la matière, l'élu local s'est montré naïf et imprudent. J'ai déjà reçu le type de courriel auquel il s'est laissé prendre... et je suis sûr que je ne suis pas le seul. On aura quand même appris qu'il disposait d'une coquette somme sur ses comptes bancaires.

   Si cette histoire rocambolesque contribue à rendre les gens plus prudents dans leur usage d'internet, elle aura servi à quelque chose malgré tout.

Ni le ciel ni la terre

   Le jeune réalisateur Clément Cogitore mêle deux styles très différents dans cette œuvre ambitieuse, dont l'action se déroule à la frontière afghano-pakistanaise.

   C'est d'abord un film de guerre, qui évoque l'action de l'OTAN (et plus particulièrement de l'armée française) contre les talibans, dans une zone reculée, très traditionaliste, où les villageois ont des coutumes qui peuvent sembler étranges, y compris à d'autres Afghans.

   Cela nous mène à l'autre angle d'attaque de l'histoire : l'intervention du surnaturel (ou de ce que l'on prend pour tel). Dans cette zone de combat, soudain, des soldats (des deux camps) commencent à disparaître, sans laisser la moindre trace. Le Projet Blair Witch débarque en pleine guerre contre le terrorisme !

   A l'écran, cela donne deux types d'images. Les soldats maîtrisent (ou pensent maîtriser) la situation le jour. On les suit dans leur vie quotidienne, pas trépidante... sauf quand se déclenche une escarmouche avec les talibans du coin. Les relations avec les paysans du village le plus proche ne sont pas non plus toujours très cordiales. Notons que le réalisateur a été sensible à la beauté minérale des paysages de montagne.

   Mais c'est la nuit que surviennent les véritables problèmes. Les personnages nous sont montrés à travers des caméras thermiques (ou des viseurs nocturnes). Cela renforce l'angoissante étrangeté de certaines scènes... et c'est filmé avec une incontestable maîtrise.

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   A cela s'ajoute une interprétation de grande qualité. Jérémie Renier (déjà remarquable dans Cloclo) crève l'écran... mais pas tout seul. Les seconds rôles sont eux aussi excellents. Ils donnent de l'épaisseur aux personnages de jeunes soldats, des hommes ordinaires qui se retrouvent confrontés à quelque chose qui les dépasse.

   Je mets quand même un gros bémol à mon enthousiasme : la conclusion de l'histoire. On sent que le réalisateur n'a pas trop su comment terminer. C'est dommage, mais cette déception mise à part, le film est très bon.

12:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 29 octobre 2015

Mune, le gardien de la Lune

   Cette animation française s'inspire, dans sa trame narrative, de ce que l'on appelait jadis les "romans de formation". Les trois jeunes héros vont, au cours d'une série d'aventures, gagner en maturité et (peut-être) connaître le bonheur.

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   Chacun incarne une population de cet étrange monde, tout droit sorti des contes de fées. A ma droite se trouve Mune, le héros éponyme, représentant le peuple de la nuit, adolescent insouciant et facétieux, qui va réaliser à quel point ses actes, même anodins, peuvent avoir de lourdes conséquences. A ma gauche se trouve Sohone, destiné à devenir le nouveau gardien du Soleil, pour le peuple du jour. Ce grand costaud arrogant va devoir en rabattre un peu. Au centre se trouve Cire, dont le corps ne supporte ni la chaleur extrême du jour ni la fraîcheur de la nuit noire. Son coeur va balancer entre le sportif jovial et le poète inventif.

   Mais, tout d'abord, ces gamins vont se rendre insupportables au public d'adultes : ils vont faire des bêtises. C'est toutefois indispensable au déroulement de l'intrigue : ils vont ensuite avoir un peu plus d'une heure pour tenter de remédier à la catastrophe qu'ils ont provoquée. Notons qu'ils ne sont pas les seuls à mal agir. L'un des adultes va pécher par ambition et jalousie, tandis que, dans l'ombre, s'affaire un méchant très très méchant.

   Cela devient donc un roman d'aventures, avec de multiples rebondissements... et de l'humour (qui passe notamment par les araignées et les acolytes du méchant très très méchant). L'histoire acquiert même une surprenante profondeur, quand il est question des anciens maîtres du Soleil et de la Lune, l'un d'entre eux jouant un rôle non négligeable dans l'intrigue. Les amateurs d'heroic fantasy ne seront pas dépaysés.

   Mais il faut surtout dire que le scénario est soutenu par une animation de grande qualité. J'ai particulièrement aimé les scènes de nuit, dans les teintes bleutées, absolument magnifiques. Les effets luminescents, avec des couleurs chatoyantes, sont splendides. C'est encore plus beau que dans Hôtel Transylvanie 2.

   Cela dure moins d'1h30 et c'est visible par les petits et les grands. C'est l'une des bonnes surprises de ce mois d'octobre.

22:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le retour de Groland

   Quand je pense que l'émission "Made in Groland" a redémarré samedi dernier et que je ne m'en étais même pas aperçu ! Vive la télévision de rattrapage !

   Une surprise attendait les téléspectateurs... le costume porté par le présentateur Jules-Edouard Moustic, celui d'une Bretonne traditionnelle :

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   C'est évidemment une allusion à la main-mise de Vincent Bolloré sur le groupe Canal+. Le premier sujet est d'ailleurs consacré à un produit à l'usage particulier, fabriqué par une entreprise qui fut longtemps l'un des fleurons du groupe Bolloré. Cela continue par une enquête sans concession, menée par le meilleur journaliste de la chaîne, j'ai nommé l'incomparable, l'inarrêtable, l'incommensurable Michael Kael :

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   D'autres membres de l'équipe (dont quelques petits nouveaux) ont creusé de leur côté. L'un d'entre eux a découvert la véritable cause du succès de Marine Le Pen dans le nord de la France métropolitaine :

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   Mais, sans conteste, le territoire le plus à l'honneur dans cette émission a été l'Aveyron... eh, oui ! D'abord, il était représenté sur le plateau, par un syndicaliste-PDG (double de Xavier Beulin) auquel un célèbre moustachu a prêté ses traits :

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   Un peu plus tôt, c'est dans une publicité détournée que le plus beau département du monde de France est apparu, de manière sous-jacente :

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   C'est un pastiche d'une publicité pour un fromage au lait de brebis, Lou Pérac. (C'est un concurrent pasteurisé du Roquefort, qui lui est au lait cru. Il est vendu par Société, du groupe Lactalis, que l'on soupçonne de vouloir délaisser le "roi des fromages".) On remarque aussi la présence d'un couteau Laguiole, ou supposé tel. Celui qu'on voit à la fin du pastiche (ci-dessus) n'est d'ailleurs pas le même que celui qui est visible auparavant (qui n'est sans doute pas un authentique Laguiole) :

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   Mais revenons à l'actualité politique, cible privilégiée de l'équipe de "Made in Groland". Devinez de quel ancien président de la République il est question dans ce sujet :

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   J'ai aussi bien aimé la satire d'une émission de télé-réalité... qui ne se déroule pas tout à fait selon le scénario de départ :

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   On termine par quelques friandises. On découvre quelle terrible arme secrète le Groland vient de mettre en point :

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   Et voici une devinette, puisée dans "les infos made in ailleurs". Qu'est-ce qui met la jeune femme visible au bas de l'image dans un tel état ?

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   Banzaï !

mercredi, 28 octobre 2015

Cela sent le roussi pour Dominique Reynié

   La parachutage du politologue aveyronnais continue de susciter la polémique... curieusement, principalement dans sa famille politique, l'ex-UMP. Sa désignation comme tête de liste aux prochaines élections régionales n'a toujours pas été encaissée par certains barons gaullistes de Midi-Languedoc, en particulier Jean-Pierre Grand, maire LR de Castelnau-le-Lez, dans l'Hérault. Il  a commencé par émettre des doutes sur l'éligibilité de Dominique Reynié, ce qui a conduit celui-ci à répondre en détail, jouant la transparence.

   Le problème est qu'en dévoilant sa position, le politologue a laissé davantage de prise à la critique, ce dont ne se sont pas privés deux journalistes de France 3 Midi-Pyrénées, qui ont soulevé un beau lièvre, celui de la date réelle de la signature du bail du candidat à Onet-le-Château (dans l'Aveyron).

   Là-dessus, Jean-Pierre Grand a décidé de mettre une deuxième couche, comme on a pu s'en apercevoir dans La Dépêche du Midi de ce mercredi (édition d'Auch) :

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   Un mystère demeure : comment Jean-Pierre Grand est-il entré en possession d'une lettre de l'avocat de son rival ? Si c'est légalement, cela veut dire qu'il bénéficie de soutiens haut-placés dans le parti de Nicolas Sarkozy. Sinon, il risque des poursuites. C'est d'ailleurs en ce sens qu'a réagi Dominique Reynié, qui vient de déposer plainte contre son rival.

   Mais ce n'est pas encore fini. Toujours cette semaine, on a appris que le politologue vient de se faire lâcher par sa directrice de campagne, qui pourrait même retirer sa candidature de la liste LR-UDI-Modem.

   Derrière tout cela, il y a d'abord une guerre des coqs à droite. La gauche gouvernementale souffrant d'une grande impopularité et Martin Malvy ne se représentant pas, nombre de roitelets LR (ex-UMP) se sont senti pousser des ailes. L'arrivée de Dominique Reynié a fait l'effet d'une douche froide. La surprise s'est transformée en colère quand il s'est agi de composer les listes départementales de candidats. (L'enjeu était bien entendu de désigner les plus compétents ou les plus dévoués à l'intérêt général...) Du côté gaulliste, on a accusé D. Reynié de faire un peu trop de place aux alliés de centre-droit.

   Du coup, certains, comme Jean-Pierre Grand, ont commencé à regarder ailleurs... du côté du maire de Montpellier, par exemple ! Dans cette campagne des régionales, Philippe Saurel aura gagné le surnom de "Recyclator", pour sa capacité à intégrer les aigris et has been de droite et de gauche partisans d'une autre approche politique. En Aveyron, il s'est adjoint les services de Régis Cailhol, conseiller régional socialiste sortant, mais pas reconduit sur la nouvelle liste PS-PRG. En Ariège, les "Citoyens du Midi" seront menés par l'ancien maire (socialiste) de Prayols et dans les Hautes-Pyrénées, c'est l'ancien maire UMP de Lourdes (de 2000 à 2014) qui tiendra la barre pour le compte de P. Saurel. (On pourrait continuer ainsi encore longtemps...)

   Du côté de certains membres de LR, on table visiblement sur une contreperformance de Dominique Reynié au soir du premier tour pour changer la tête de liste de droite pour le second. D'autres, comme Jean-Pierre Grand, pensent peut-être que le maire de Montpellier, soutenu par une partie de la droite, serait le meilleur candidat pour battre la liste conduite par le PS. Quant à Philippe Saurel, il se rêve sans doute en plus petit dénominateur commun à la gauche et à la droite républicaines pour battre une liste FN qui arriverait en tête au premier tour.

lundi, 26 octobre 2015

Elser

   Le régime nazi a suscité des oppositions et il n'a jamais, par des moyens légaux, obtenu le soutien de la majorité des Allemands. Le grand mérite de ce film est de faire découvrir un aspect méconnu de l'antinazisme allemand. Il y a quelques années, Hollywood nous a donné une version spectaculaire d'un complot militaire, dans Walkyrie. Plus intéressant était Sophie Scholl, sorti en 2006 et consacré à l'opposition d'étudiants catholiques. Trois ans auparavant, Rosenstrasse évoquait ce que l'on a appelé "la résistance des coeurs".

   L'intrigue est construite sur deux trames chronologiques. La principale démarre  la veille de l'attentat organisé par le menuisier Georg Elser (en novembre 1939) et se poursuit jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale (et même au-delà pour l'un des personnages). La seconde trame nous est proposée par des retours en arrière. Elle va des années 1920 jusqu'à la décision d'Elser d'organiser son attentat.

   Soulignons dès à présent la qualité de l'interprétation. Christian Friedel est un excellent Elser. Katharina Schüttler est troublante en femme insatisfaite, qui cherche sa voie dans ce monde d'hommes. Du côté des nazis se détachent Burghart Klaussner et Johann von Bülow (vu récemment dans Le Labyrinthe du silence).

   La double trame permet d'éviter de trop faire peser le poids de la fatalité sur cette histoire, dont on sait dès le début qu'elle se termine plutôt mal. Par contre, elle nous fait mieux découvrir la personnalité de cet opposant solitaire, plutôt de gauche mais réfractaire aux appartenances politiques. C'était d'abord un bon vivant, amateur de femmes, qu'il parvenait à séduire grâce à ses talents de musicien. Cela donne un tour joyeux à nombre de scènes. (Pour le public français, les séquences de baignade auront un petit goût de Front Populaire.)

   A l'opposé, on voit grandir progressivement l'emprise du nazisme. Ce film rappelle à ceux qui l'auraient oublié que les premières victimes du régime hitlérien ont été des Allemands. Il est aussi important que soit montrée la cruauté des nazis, à travers les tortures qu'ils infligent à leurs prisonniers.

   La réalisation est propre, classique. Les amateurs d'inventivité formelle seront déçus, mais ce n'est pas forcément ce que l'on attend de ce genre de long-métrage.

Des travaux à effectuer

   Samedi, dans Midi Libre (édition de Rodez), est paru un article consacré à l'un des quartiers du chef-lieu aveyronnais et intitulé "Saint-Eloi - Ramadier : le grand malaise des habitants". (Il est depuis aujourd'hui accessible sur le site de Centre Presse.)

   Disons-le tout de suite : à Rodez, ce quartier n'a pas bonne réputation. Régulièrement, les forces de l'ordre sont amenées à s'intéresser aux activités de certains de ses habitants et, sur la commune de Rodez, il est des commerçants qui ne livrent pas dans cette zone, certes un peu excentrée, mais surtout mal famée... à tel point que j'ai déjà entendu une très mauvaise langue user du surnom de "Racailladier" à son sujet. C'est évidemment une généralisation abusive.

   Récemment, deux drames ont marqué certains habitants. Cet été, un enfant s'est tué à proximité des immeubles, en faisant du VTT. Au niveau local, l'émotion avait été forte et au niveau national, les médias s'étaient fait l'écho de l'événement (avec des articles dans Le Parisien, Ouest France, 20minutes, Metronews...). Le mois dernier, un jeune délinquant originaire du quartier s'est suicidé dans sa cellule de la prison de Druelle, à proximité de Rodez.

   Dans l'article de Midi Libre, il est question de promesses non tenues de la municipalité. Le grillage qui entoure l'école maternelle serait troué en (au moins) un endroit, laissant la possibilité à des enfants de sortir dans la rue... ou à un intrus de pénétrer dans l'établissement. De plus, aucune mesure de sécurité supplémentaire n'aurait été prise au niveau des lieux de l'accident du vététiste.

   C'est la première adjointe au maire, Monique Herment-Bultel, qui répond aux questions du journal. Elle m'a semblé botter en touche, se contentant de rappeler les projets à moyenne échéance, trop lointaine pour les habitants. Rappelons (si besoin est) que l'action d'une mairie ne se mesure pas qu'aux grandes réalisations médiatisées. Les petits travaux du quotidien occupent une place importante aux yeux des habitants d'un quartier. Il ne devrait pas être bien difficile (ni très coûteux) de remplacer un bout de grillage de l'école (surtout en période de vacances) ni d'installer un dispositif de sécurité (haie ou grille de protection) sur les lieux du récent accident. Un peu de bonne volonté, que diable !

   Ce manque de réactivité est d'autant plus étonnant que la première adjointe est candidate aux élections régionales qui approchent (elle est numéro 2 sur la liste aveyronnaise PS-PRG). On n'attend pas de l'équipe municipale qu'elle accepte toutes les demandes des habitants (certains récriminant parfois comme des enfants gâtés), mais un peu de bon sens devrait conduire les élus à être plus à l'écoute.

   Ces menus travaux auraient le mérite de témoigner de l'intérêt porté par la municipalité à ce quartier, et ce alors que, visiblement, les adultes peinent à "tenir" les jeunes désoeuvrés, qui peuvent se transformer en fouteurs de merde. On a bien vu, à l'occasion du suicide de la prison, que certains d'entre eux pouvaient tenir des propos farfelus. (On voit qu'ils ne se rendent absolument pas compte de ce que c'est que de passer 23 heures sur 24 dans une cellule d'une dizaine de mètres carrés, certes confortable, mais dans un relatif isolement.)

   Si j'avais un conseil à donner aux habitants du quartier qui ont accès à internet, c'est d'utiliser les ressources proposées par la municipalité. Sur le site de la ville de Rodez, on peut remplir un formulaire ou trouver les coordonnées téléphoniques du service "Mairie Intervention Rapide"... à user tant que les petits travaux n'auront pas été réalisés ?

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dimanche, 25 octobre 2015

Adama

   Cette animation réunionnaise a pour cadre la Première guerre mondiale et la contribution de l'Afrique de l'Ouest à l'effort de guerre français. La forme choisie est celle du conte, qui permet de s'affranchir du réalisme à tout crin... et qui laisse de la place aux inventions poétiques.

   J'ai lu ici ou là quelques critiques sur la qualité de l'animation. Certains regrettent une esthétique qui ressemblerait à celle des jeux vidéo. Il est certain que ce n'est pas une manière classique de faire du dessin animé. Le réalisateur se serait appuyé sur le travail d'un sculpteur pour mettre en forme(s) ses personnages. Voici ce que cela donne pour le héros éponyme :

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   Bon, c'est sûr, ce n'est pas aussi virtuose qu'une oeuvre de Miyazaki, ni aussi réussi qu'une autre animation française récemment sortie sur les écrans (Mune), mais, après une phase d'adaptation, j'ai trouvé que c'était adapté à la forme du conte. Cela donne un aspect d'étrangeté à l'histoire.

   Celle-ci se découpe en deux parties. La première se déroule dans le village africain. Elle dépeint la vie quotidienne des habitants et les problèmes qui agitent les hommes à cette époque, en 1916. Le frère aîné d'Adama a accepté l'or de mystérieux guerriers de l'extérieur. Il va fuir le village et devenir un soldat.

   La seconde partie raconte le périple d'Adama, parti à la recherche de son frère, d'abord en Afrique, puis en France métropolitaine... jusqu'à Verdun. En chemin, il va faire une multitude de rencontres, principalement de soldats (blancs et noirs). L'un d'entre eux est un griot, moitié sorcier, moitié voleur, qui va jouer un rôle déterminant.

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   J'ai particulièrement aimé le passage par Paris, où le héros tombe sur des gamins des rues, malins comme des singes... et pas très respectueux d'autrui. Fort heureusement pour Adama, une bonne âme va le prendre sous son aile.

   Cela nous mène à la séquence la plus forte, celle de Verdun, qui nous vaut les images les plus belles (mais les plus dures) du film.

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   Rassurons les parents : c'est visible par les petits... d'autant plus que l'histoire s'achève par une sorte de pirouette, bien dans l'esprit du conte, et qui dédramatise un peu la situation. Signalons que le film ne dure qu'1h20.

samedi, 24 octobre 2015

Fatima

   C'est le titre du nouveau film de l'un des meilleurs cinéastes français actuels, Philippe Faucon. Il y a trois ans et demi, il nous avait livré, avec La Désintégration, une œuvre prémonitoire et nuancée. Il récidive aujourd'hui avec un portrait de femme(s).

   Au cœur de l'histoire se trouve Fatima, le personnage éponyme, femme de ménage, mère de deux enfants et épouse abandonnée. Mais sa principale difficulté est d'ordre linguistique : immigrée algérienne, elle comprend difficilement le français et le parle encore moins. Cette femme courageuse, dévouée à la réussite de ses enfants, rappellera à nombre de "Français de souche" une mère ou une grand-mère du temps jadis. C'est aussi une personne ouverte sur son époque : elle porte le voile, mais ne l'a pas imposé à ses filles.

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   L'aînée Nesrine est une bonne élève. Elle va débuter sa première année de médecine, la plus difficile. Elle est tiraillée entre plusieurs aspirations. D'un côté, elle rêve de devenir médecin et voudrait combler les attentes de sa mère (et faire la nique aux mauvaises langues du quartier). D'un autre, elle est une jeune femme séduisante, sollicitée et, dans la ville universitaire, les tentations sont grandes. Sa colocataire, future infirmière, ne se prive d'ailleurs pas d'y succomber.

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   Sa sœur cadette, Souad, est beaucoup moins sérieuse. Ce pourrait être un garçon. Elle en a la tchatche et l'insolence. Elle fait sa crise d'adolescence au plus mauvais moment et se rebelle contre cette mère qu'elle juge trop soumise. Celle-ci finit par rappeler à la geigneuse tout ce dont elle bénéficie (notamment grâce à elle). L'ado, menteuse et capricieuse, est au second plan de l'histoire, mais elle apporte un contrepoint intéressant. Notons la justesse du jeu des actrices.

   A l'arrière-plan se trouvent les mecs, eux qui occupent habituellement les premières places. Ce qui est sous-entendu n'est pas à leur avantage. Le père des deux filles est visiblement celui qui a émigré le premier. Mais il a contracté un autre mariage en France, faisant de Fatima une compagne de second rang, bientôt délaissée. On le voit toutefois se préoccuper de l'avenir de ses filles. Il semble avoir prise sur Souad, sans doute parce qu'il incarne un exemple de réussite. L'aînée se méfie plus de lui et de ses idées conservatrices sur les femmes.

   Quant aux jeunes hommes, "gaulois" comme maghrébins, ils sont montrés comme superficiels, ne pensant qu'à s'amuser, écouter de la musique ou draguer. Mais ce propos est assez secondaire, l'essentiel portant sur le parcours des trois femmes.

   Tout ne passe pas par les dialogues. La gestuelle des corps dit beaucoup de choses et certains plans sont conçus pour que l'on comprenne sans les paroles, comme lors de la visite avortée de l'appartement à louer.

   L'histoire s'achève d'ailleurs sur un très joli cadrage, montrant l'une des héroïnes approchant son doigt d'une vitre, à travers laquelle elle parvient à déchiffrer quelque chose qui la met en joie.

   P.S.

   Les hasards de la vie cinématographique font que ce film sort quelques mois à peine après Une Seconde Mère, dans lequel une femme de ménage brésilienne se dévoue pour que sa fille puisse mener de brillantes études. Les contextes sont différents, mais le questionnement sociétal est proche de part et d'autre de l'océan Atlantique.

The Look of Silence

   Ce documentaire de Joshua Oppenheimer traite d'un gigantesque massacre méconnu, celui d'environ un million d'Indonésiens communistes (ou supposés tels), en 1965-1966, en pleine Guerre froide. Le "héros" de ce film est un ophtalmologue né deux ans après les événements, Adi Rukun. Il n'a pas connu son frère aîné, mort pendant les massacres. C'est donc à la fois une enquête sur ce qui est réellement advenu de ce frère (et sur ses assassins) et un portrait de famille : Adi s'occupe de ses parents âgés, en particulier de son père, quasi infirme.

   Le réalisateur suit l'ophtalmo dans sa quête, qui commence par des visites médicales. Tant de gens ont vu et entendu des choses, mais se gardent d'en parler ! La symbolique est claire : Adi essaie d'ouvrir les yeux de la population, au propre comme au figuré. Le film fonctionne très bien parce que l'ophtalmologue est d'un calme impressionnant. Même si, à certains moments, on sent poindre l'indignation en lui, il reste posé, conscient que tout éclat nuirait à la démarche engagée avec le réalisateur.

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   Cela nous donne des scènes à la limite du soutenable, durant lesquelles Adi (ou le metteur en scène) dialogue avec les assassins de son frère, devenus des grands-pères en apparence inoffensifs. Certains passages sont à peine soutenables, tant ce qui est dit (ou mimé) est cruel... et les tueurs sont très fiers de ce qu'ils ont fait ! D'autres personnes rencontrées, plus gênées, excipent de la menace communiste, du risque de troubles et/ou des ordres reçus de leurs supérieurs. Certains refusent d'évoquer le passé, voire menacent leur interlocuteur. Rouvrir les vieilles blessures ne mènerait à rien de bon. Il vaut mieux oublier ou conserver le silence. (On pense au récent Labyrinthe du silence, sur la gestion du passé nazi en Allemagne.)

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   A la vision de ce documentaire, on ne peut pas ne pas penser à d'illustres prédécesseurs, Shoah de Claude Lanzmann (sur l'extermination des juifs) et S-21 de Rithy Panh (sur le génocide cambodgien). Dans le détail, le massacre indonésien fait penser à la fois au Cambodge de Pol Pot (sauf qu'ici les communistes sont les victimes) et au Rwanda de 1994 (voir le récent entretien accordé par Jean Hatzfeld au Monde) : le meurtre de masse a été commis avec des moyens relativement rudimentaires, avec l'intervention déterminante de milices locales (liées à l'armée). De nos jours, les descendants des victimes côtoient parfois ceux des tueurs. (On en a un exemple dans le film.)

   The Look of Silence n'est pas un documentaire comme les autres aussi parce qu'il consacre une place non négligeable à la famille du "héros". On comprend à demi-mots qu'il a été conçu (par des parents qui n'étaient déjà plus si jeunes) pour remplacer le fils aîné assassiné. Très belles sont les scènes qui le montrent en train de s'occuper de son père. Elles pourraient sembler impudiques, mais ce n'est pas le cas. Et que dire de la mère, un sacré tempérament !

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   C'est vraiment un film choc, très beau mais très dur.

   P.S.

   Signe que le sujet est encore extrêmement sensible, une partie de l'équipe technique a tenu à rester anonyme, ce qui donne un aspect surréaliste au générique de fin.

   P.S. II

   Le site dédié est très bien conçu.

vendredi, 23 octobre 2015

La SNCF sous contrôle ?

   Aujourd'hui, quand j'ai vu dans quoi il fallait embarquer pour se rendre en train à Toulouse, je me suis dit que le voyage n'allait pas manquer d'animation. Une seule voiture avait été mise en place en gare de Rodez. (D'habitude, il y en a au moins deux.) Et cet autorail (diesel) n'était pas de prime jeunesse. C'était un truc dans ce genre-là :

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   Là, vous vous dites que c'est petit. L'avantage du tracé de la ligne est que les Aveyronnais sont les premiers servis, en terme de places assises (dans le sens de la marche, de préférence). Mais, vu le nombre de personnes qui étaient déjà montées à Rodez, je nourrissais quelques inquiétudes quant à la situation en gare d'Albi-ville.

   En attendant ce moment merveilleux, j'ai pu constater, au cours de la première heure de trajet, que d'autres voyageurs se sont joints aux passagers de départ. Tous ont d'ailleurs été contrôlés avant l'arrivée dans le chef-lieu du Tarn. Par contre, à partir d'Albi, il n'a plus été question de vérifier la validité (voire l'existence) des titres de transport, l'unique contrôleuse ne pouvant se déplacer dans la voiture qu'avec la plus grande difficulté. Même le mini-couloir des toilettes était encombré !

   Comme à l'accoutumée, en gare d'Albi-ville, environ la moitié des passagers étaient montés. Bon sang, les cadres de la SNCF le savent ! En plus, un vendredi ! Renseignements, pris, il semblerait que, depuis quelques semaines, on soit à cours de motrice en Midi-Pyrénées, notamment en raison de pannes ou de problèmes de sécurité, qui incitent certains employés à utiliser leur droit de réserve pour refuser de prendre leur service à bord de certains autorails. (Le week-end dernier, cela m'a valu un trajet mémorable, un peu à l'image de ce que j'avais connu en 2013... J'en causerai peut-être bientôt.)

   Cahin-caha, le convoi a pu repartir d'Albi-ville chargé à bloc... et des gares suivantes ultra-chargé, vu que quelques voyageurs se sont rajoutés au troupeau de sardines déjà constitué. Notons que le chauffeur a bien roulé, puisque nous sommes arrivés quasiment à l'heure à Toulouse-Matabiau.

   Nous y attendait une petite surprise, annoncée peu de temps auparavant au micro : des contrôles volants sont désormais organisés en gare, à la descente de certains trains, histoire de décourager les fraudeurs. (C'est indirectement la preuve que la SNCF est consciente que ne placer qu'un agent de bord par TER est irresponsable.)

   A ce moment-là, un frisson d'angoisse a dû parcourir l'échine de certains resquilleurs tarnais, qui ont dû regretter s'être déjà positionnés dans l'allée pour sortir dans les premiers (quitte à bousculer légèrement certaines personnes âgées...). De surcroît, ils n'étaient pas très discrets. Les garçons se sont mis à mélanger l'arabe dialectal au français pour masquer le contenu d'une partie de leur conversation, sans doute digne d'un grand intérêt. Ils ont très vite repéré les "condés" (les policiers) présents sur le quai en compagnie des agents du train.

   Bien qu'étant sorti du wagon dans les derniers, je n'ai pas assisté à la conclusion de l'histoire. Le contrôle de certains passagers a pris un peu de temps, tandis que j'ai vite passé le barrage, vu que je possédais un billet en règle. C'était aussi le cas de l'une de mes voisines, qui a cependant râlé contre ce contrôle jugé intempestif. On lui a fait remarquer que la gêne provenait d'abord des fraudeurs : leurs méfaits contribuent à renchérir le prix des billets et leur présence bonde encore plus les wagons. Mentalement, j'ai ajouté une réponse que j'aurais pu faire à la dame pas contente : durant le trajet, son propre comportement n'avait pas été exemplaire ; elle avait complaisamment étalé ses bagages, sans souci des autres passagers, et elle a passé presque tout le temps le nez rivé à l'écran de son téléphone portable, pestant quand une coupure de réseau venait perturber son autisme geek.

jeudi, 22 octobre 2015

Sicario

   Etymologiquement, un sicaire est un tueur au poignard, en général isolé. Dans le contexte de l'histoire qui nous est racontée, on pense a priori à un tueur à gages. Le scénario entretient longtemps le mystère sur ce mystérieux tueur, dont on se demande s'il n'est pas infiltré dans la police.

   Aux manettes on retrouve Denis Villeneuve, l'un des plus brillants réalisateurs de sa génération. Je l'avais découvert avec Incendies. L'an dernier, avec Enemy, il nous a livré l'un des films les plus mystérieux de la décennie. Il ne déçoit pas ici. Il réussit à créer une tension palpable en recourant assez rarement à la violence. Vu le sujet (la lutte contre les cartels mexicains de la drogue), je m'attendais à un abondant étalage de sauce tomate. Il y a bien quelques moments d'ultra-violence (à déconseiller aux âmes sensibles), mais l'essentiel est suggéré. De surcroît, certaines scènes font preuve d'une grande maîtrise, comme celles qui se déroulent autour et dans un tunnel.

   On est mis dans le bain dès la première séquence, celle de la découverte d'une cache des trafiquants, en plein Arizona, dans une zone pavillonnaire. Les enquêteurs du FBI ne sont pas au bout de leurs surprises. C'est l'occasion de nous présenter l'héroïne, une trentenaire divorcée, un peu à la ramasse sur le plan sentimental, mais percutante sur le plan professionnel. Dans le rôle de Kate Macer, Emily Blunt confirme tout le bien que l'on pense d'elle. Je regrette toutefois qu'on ait davantage insisté sur son côté fragile, loin de la femme d'action qu'elle incarnait avec panache dans Edge of tomorrow.

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   C'est que l'intrigue va tourner autour de quelques mecs : gros muscles, grosses burnes et gros flingues vont mener la danse... à tel point que Kate se demande ce qu'elle fait là. L'un des mystères à élucider est en effet de comprendre pourquoi, dans cette équipe de baroudeurs sans scrupules, on a placé cet agent du FBI.

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   Un autre mystère tourne autour d'Alejandro (Benicio Del Toro, excellent) : qui est-il exactement et quelles sont ses motivations ? Pour compléter le tout, sachez que l'un des principaux dirigeants du cartel de drogue est une sorte de fantôme : on connaît son nom, mais nul ne semble l'avoir jamais vu.

   Cela donne polar tendu, quasiment de la première à la dernière minute, avec une musique au diapason. Pour les amateurs du genre, c'est un régal. Pour les autres, ce n'est peut-être pas un film indispensable.

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mercredi, 21 octobre 2015

Prostitution à Rodez

   Ce mercredi (jour des enfants), dans Centre Presse, un article évoquait les conséquences plutôt désagréables d'une activité discrètement implantée sur le Piton. La lecture apprendra aux Ruthénois qui l'ignoreraient qu'il ne s'agit pas d'une légende urbaine et que la prostitution existe bel et bien dans le chef-lieu aveyronnais.

   La version papier de l'article est un peu plus complète que la version numérique. On peut s'appuyer sur les deux (et sur un plan de Rodez digne de ce nom) pour cartographier l'activité de "charmes tarifés" dans la ville natale de Pierre Soulages :

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   Le premier "lieu de perdition" mentionné dans l'article est situé avenue Victor-Hugo (donc pas très loin du musée Soulages), plus précisément entre la rue Planard et la place d'Armes... c'est-à-dire dans le pâté de maisons où se trouve le siège de Centre Presse ! Seules les mauvaises langues prétendront que les journalistes détiennent là une information de première main...

   Le deuxième lieu de délinquance spécialisée (qui fait l'objet de l'essentiel de l'article) est situé boulevard Paul-Ramadier, plutôt vers le haut, donc en direction du centre-ville. Je penche pour le long immeuble du côté ouest, pas très éloigné d'Aquavallon et du dojo. N'oublions pas qu'après les militaires, les sportifs (en concurrence avec les routiers et les cadres commerciaux) constituent une clientèle privilégiée du commerce d'esclaves sexuelles.

   Enfin, la version papier de l'article évoque les soupçons qui pèsent sur un bâtiment de la rue Béteille. Au vu de ce qui précède, on serait tenté de penser que c'est le haut de la rue qui est concerné, à proximité de la place d'Armes. Mais on ne peut pas exclure non plus la partie basse, l'une des zones où certains commerces changent fréquemment de localisation (et de gérant ?), un endroit où l'on a pu remarquer la présence de ce qui ressemble à des guetteurs. Il s'y vend peut-être des substances illicites, auxquelles serait éventuellement associée la prostitution.

   Quant aux "quartiers périphériques" où se dérouleraient des rencontres tarifées, leur localisation reste imprécise. D'instinct, on aurait tendance à penser aux abords de la gare SNCF, mais il se murmure qu'il faudrait plutôt chercher du côté de la rocade...

   En guise de dessert, sur le plan, j'ai aussi mis en valeur (dans le coin sud-est) l'ancien pôle de prostitution de Rodez, la rue de la Bullière, où des générations de bourgeois sont allés enrichir leur microfaune pubienne.

mardi, 20 octobre 2015

Umrika

   Il a fallu du temps pour que ce film indien, sorti en juillet dernier, arrive à Rodez. L'histoire nous est racontée en partie par une voix-off, dont on finit par comprendre qu'elle est celle de l'auteur adulte de certaines lettres, jamais lues auparavant.

   L'action débute au milieu des années 1980, dans le nord de l'Inde. La région est très pauvre... et très éloignée psychologiquement du monde moderne incarné par les Etats-Unis, où certains jeunes hommes décident d'émigrer, pour changer de vie et tenter d'améliorer celle de leur famille. Le lien entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés est maintenu par des lettres, si possibles illustrées de photographies. Leur absence peut être lourde de conséquences.

   La première moitié de l'histoire est jouée sur le ton de la comédie. La vie au village est assez pittoresque. A un moment, le couple principal nous est même décrit comme l'équivalent du duo Reagan-Gorbatchev ! On se régale aussi de l'incompréhension née du fossé culturel qui sépare les Etats-Unis de l'Inde rurale.

   La deuxième partie se déroule quelques années plus tard. Elle voit Ramakant (le fils cadet de la famille principale) partir à la recherche de son aîné Udai, sur l'émigration duquel il a des doutes. Que lui est-il réellement arrivé ? S'il est mort, qui l'a tué ? S'il est vivant, où se trouve-t-il ?

   Il débarque dans une grande ville, où il va découvrir la promiscuité, la délinquance... et peut-être l'amour. D'un côté, il mène sa petite enquête pour tenter de retrouver les traces du passage de son frère. De l'autre, il économise pour pouvoir se payer le passage (clandestin) pour les Etats-Unis. Mais la vie de tous les jours n'est pas des plus simples et la ville recèle de nombreux dangers. Même si des éclairs d'humour surgissent de temps à autre, cette seconde partie est plus sombre. Les jeunes personnes dont nous suivons les efforts vont chacune devoir faire des choix cruciaux. Entre l'envie de vivre, l'appât du gain et l'honneur familial, le coeur balance...

   La réalisation est parfois un peu maladroite, ou théâtrale, mais l'humour et la tension créée par l'histoire emportent l'adhésion. C'est un bon film indien, qui s'écarte des clichés de Bollywood.

22:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 19 octobre 2015

Par accident

   Ce thriller social français part d'une soirée entre collègues (employés dans une blanchisserie), qui se conclut, pour l'une des protagonistes (Amra), par un accident de la circulation : l'attention occupée par son téléphone portable, elle perd de vue la route... et renverse un piéton.

   Amra est d'autant plus inquiète que sa situation en France est précaire : immigrée originaire d'Algérie, elle est en voie de régularisation. C'est pire pour son compagnon, travailleur clandestin qui vit dans l'angoisse d'un contrôle policier. L'héroïne est interprétée (avec talent) par Hafsia Herzi (révélée par La Graine et le mulet, remarquée aussi dans Héritage et La Marche).

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   L'une des trouvailles du scénario est de faire vivre le couple dans une cabane au fond des bois. Cela donne un aspect bucolique à certaines scènes. En revanche, les moments de tension prennent un tour plus inquiétant.

   L'intrigue gagne en épaisseur avec l'intervention d'un témoin providentiel, incarné par Émilie Dequenne (petit pincement au cœur du vieux cinéphile, pour qui elle restera à jamais la jeune Rosetta des frères Dardenne). Autant Amra est (au début) terne et renfermée, autant Angélique est (en apparence) vibrante et extravertie. Le courant passe bien entre les deux contraires, qui vont se découvrir et s'épauler. Il y a un côté "Thelma et Louise" dans cette relation asymétrique.

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   L'histoire gagne encore en complexité quand on découvre, petit à petit, que l'un des personnages semble faire preuve de machiavélisme. Qui manipule qui et pourquoi ? La réalisation nous laisse longtemps dans l'expectative, empêchant les spectateurs de trancher avec certitude entre plusieurs versions possibles. Cela nous mène à la séquence finale, au style trop appuyé à mon goût. Mais elle clôt logiquement l'intrigue.

   Si vous en avez l'occasion, allez voir ce film atypique, qui, mine de rien, dit des choses intéressantes sur les relations humaines et la société française contemporaine.

23:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 18 octobre 2015

Fou d'amour

   Ce film de Philippe Ramos s'inspire d'un célèbre fait divers, l'affaire du curé d'Uruffe, avec laquelle il a pris quelques libertés pour organiser le récit. Celui-ci nous est conté par un homme qui a perdu la tête... au propre comme au figuré. Notons que le film commence par un beau plan-séquence. C'est indicateur du talent du réalisateur, qui fait preuve d'inventivité dans pratiquement chaque scène.

   Mais c'est d'abord le ton de la première partie qui retient l'attention. On se croirait presque dans un roman libertin, dont l'action se déroule dans la campagne rhône-alpine (de cheval). C'est que l'arrivée du nouveau curé ne manque pas de susciter de l'émotion dans le village. L'homme est jeune, cultivé, bien bâti. Il s'occupe avec passion de l'instruction religieuse mais aussi des loisirs des enfants. Il écoute avec patience les doléances des épouses... et, accessoirement, il en "besogne" quelques-unes, mettant un point d'honneur à leur faire atteindre le septième ciel. Dans le rôle, Melvil Poupaud s'en donne à cœur joie.

   L'intrigue bascule quand débarque une jeune aveugle, innocente et belle comme le jour. Le curé, qui n'était jusque-là qu'un hédoniste égaré en religion, tombe raide dingue de cette femme à nulle autre pareille. Le film le montre chuter de son piédestal, devenir finalement un homme comme les autres. Bref, il ne maîtrise plus la situation.

   Subrepticement, la mise en scène place davantage les femmes au centre. Au départ, elles ne sont que les objets du désir du curé. Signalons qu'elles sont interprétées avec talent, notamment par Dominique Blanc, excellente en châtelaine d'âge mur travaillée par le désir, une quasi-cougar avant l'heure !

   C'est aussi un film de mec. Le point de vue du curé est mis en valeur et la caméra s'attarde avec une certaine complaisance sur quelques superbes corps de femme, en particulier ceux de l'aveugle et de la laitière, celle-ci évidemment dotée d'une très avantageuse poitrine... Mais l'image est soignée. Bien que l'histoire soit très différente, on retrouve la même sensualité que dans Jeanne captive.

   Par souci d'honnêteté, le réalisateur a inséré sur la fin quelques plans pour éviter que l'empathie du spectateur envers le "héros" ne soit trop grande. Cela donne un très bon film, servi par d'excellents acteurs.

   P.S.

   Le site internet dédié au film est bien fichu.

   P.S. II

   Sur RTL, Jacques Pradel a consacré une émission de "L'heure du crime" à la célèbre affaire.

Mort d'un journal aveyronnais ?

   Dans le dernier numéro de l'hebdomadaire aveyronnais Le Ruthénois, on peut trouver un surprenant encadré, page 17 :

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   Cela confirme l'information publiée le mois dernier par un site professionnel :

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   Actuellement, la presse en général connaît d'assez grandes difficultés. Dans l'Aveyron, depuis 2015, les trois quotidiens (Centre Presse, Midi Libre et La Dépêche du Midi) font partie du même groupe (celui de La Dépêche). Par le passé, on a vu la disparition de plusieurs périodiques, comme Le Rouergat et L'Aveyronnais.

   En mars 2010, j'avais salué la parution du nouvel hebdomadaire, à l'époque dirigé par Hugues Robert. En un peu plus de cinq ans, il a connu une histoire assez mouvementée. Dès août 2010, le directeur était viré. Il y avait sans doute conflit entre ce qu'il voulait faire du Ruthénois (un hebdomadaire irrévérencieux) et la recette plus classique que les propriétaires voulaient suivre (un journal d'infos locales voire ultralocales).

   2013 fut une année charnière. Le journal ne rencontrant pas le succès escompté, la formule a été modifiée (en mai) et le personnel réduit. En juillet, l'hebdomadaire est devenu bimensuel. Mais on ne peut pas dire que la qualité n'ait pas été au rendez-vous. Le principal rédacteur, Benjamin Laumaillé, a tenté de concilier une plume un brin contestataire avec le cahier des charges qui lui était imposé. Il a levé quelques lièvres, notamment celui du candidat FN ayant tenu des propos antisémites.

   Mais, à Rodez, la sauce n'a pas trop pris. De nos jours, le lectorat urbain se contente trop souvent de ce qu'il trouve gratuitement sur la Toile ou en médiathèque. De plus, Le Ruthénois ne dispose pas d'une zone de diffusion assez large. Il aurait peut-être fallu davantage axer les informations sur le rural périurbain, du côté de Salles-la-Source, Marcillac-Vallon, Moyrazès, Flavin, La Loubière voire Laissac.

   Résultat ? A tout casser 2 000 exemplaires vendus chaque semaine (comme on l'apprend dans un article du Nouvel Economiste de 2013). Les (modestes) aides de l'Etat n'ont visiblement pas suffi. A ce sujet, on remarque, quand on consulte les chiffres fournis par le gouvernement, que Le Ruthénois n'était pas l'hebdomadaire le plus richement doté, alors qu'il était sans doute le plus en difficulté. En 2014 (comme en 2012 et 2013), c'est Le Journal de Millau qui a le plus touché (5 919, puis 6 064 et 6 367 euros). Le Villefranchois arrive en deuxième position, devant un trio dont la composition a évolué. En 2012 et 2013, il s'agit du Bulletin d'Espalion, du Progrès Saint-Affricain et du Ruthénois. Ils ont reçu 2 820 puis 2 940 euros. En 2014, Le Nouvel Hebdo a remplacé [dans la liste des bénéficiaires] l'hebdomadaire devenu quinzomadaire. Chacun des membres du trio a touché 3 125 euros.

   A titre de comparaison, Le Tarn Libre a touché 8 478 euros en 2014, loin toutefois du Courrier Cauchois et de La Manche Libre, qui ont chacun bénéficié d'une obole de 31 250 euros !

   A ceux qui ne connaîtraient pas bien Le Ruthénois, j'en conseille la lecture. Cette semaine, il est question (entre autres) des élections régionales qui approchent, du nouveau préfet de l'Aveyron, du recours du FN contre Jean-Claude Luche, de la création d'un site de traitement des déchets, de la gauche de la gauche etc. Je recommande le papier, assez caustique, sur la venue du secrétaire d'Etat aux sports !

vendredi, 16 octobre 2015

Aferim !

   Le titre de cette coproduction tchéco-bulgaro-roumaine est une interjection turque, généralement traduite par "Bravo !". Vu les circonstances dans lesquelles elle est proférée, elle pourrait aussi être l'équivalent d'un "Dieu soit loué !" ou d'un "Inch Allah !"

   L'action se déroule en Roumanie (sans doute en Moldavie), en 1835, à une époque où les influences russe et ottomane s'entrechoquent dans cette partie des Balkans. Mais l'essentiel de l'intrigue traite des relations de la population orthodoxe avec les Roms, nommés ici Tziganes. On notera aussi le statut inférieur des femmes, épouses trompées, prostituées, concubines plus ou moins forcées.

   C'est d'abord un superbe noir et blanc, qui m'a, par instants, rappelé Heimat. L'image est souvent très belle, surtout dans les scènes nocturnes. On a aussi visiblement bien travaillé les décors.

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   On a beaucoup parlé des dialogues, truculents, mais dont on ne perçoit toutefois pas toute la saveur : faute de comprendre le roumain, on doit se contenter des sous-titres. Je recommande quand même l'une des séquences du début, faisant intervenir un pope très intolérant, qui tient des propos dont la cohérence intellectuelle n'est pas la première qualité...

   Nous voilà en compagnie d'une sorte de gendarme et de son assistant de fils, partis à la recherche d'un Rom qui, en plus d'être un esclave en fuite, a contre lui d'avoir copulé avec l'épouse légitime du potentat local.

   J'ai eu du mal à rentrer dans le film. L'intrigue met du temps à se mettre en place et les dialogues, aussi savoureux soient-ils (parfois), semblent placés là pour faire couleur locale. Heureusement, il y a les images et les détails de certains plans, que l'auteur a construits avec soin.

   Inexplicablement (pour moi), cela bascule dans la seconde moitié de l'histoire. A partir du moment où les gardes ont capturé le Rom, cela devient captivant. On comprend mieux le foisonnement des conditions sociales, en particulier la situation extrêmement précaire des Roms, victimes d'un esclavage organisé. (Le scénario est assez subtil pour suggérer qu'ils exercent aussi une sorte de fascination sur les autres habitants de la région.)

   Mais, ce sont toutes les catégories populaires qui souffrent. La perversité du système archaïque en place à l'époque est de monter les groupes (voire les individus) les uns contre les autres, pour le plus grand profit des dominants. Et l'on finit par se dire qu'à travers cette époque révolue, le réalisateur Radu Jude pointe discrètement certains travers du XXIe siècle.

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mardi, 13 octobre 2015

Un couteau saoudien ?

   Je me suis posé la question en écoutant le "podcast" de l'émission "Si tu écoutes, j'annule tout" de ce mardi. L'invitée de référence était la chanteuse et actrice Nicole Croisille. Le programme du jour s'est achevé par une mini-fiction, où il était question de la venue de Manuel Valls en Arabie saoudite. C'est à cette occasion que le berceau aubracien du plus beau couteau du monde a été mentionné :


podcast

   Il reste à savoir si, quand Alex Vizorek évoque le "patron de Laguiole", il s'agit de Thierry Moysset, le gérant de la Forge. Etait-il du voyage ? Il faut dire que de nombreux chefs d'entreprise ont accompagné le Premier ministre à Riyad. Les estimations varient en fonction des médias. Europe 1 a avancé un peu vite le chiffre de 200, alors que La Croix, plus prudente, n'évoque que "130 chefs ou cadres d'entreprise".

   Les célèbres couteaux sont connus au Moyen-Orient. J'en veux pour preuve ce témoignage de représentants en couteaux Laguiole... de Thiers... qui sont passés l'an dernier par les Emirats arabes unis.

dimanche, 11 octobre 2015

Petits branleurs

   Je suis tombé par hasard sur un article pittoresque du quotidien La Provence. Il est question de lycéens d'Aix-en-Provence qui ont manifesté jeudi et vendredi derniers. Si, le premier jour, le mouvement semblait organisé et "conscientisé" (avec des revendications visibles et, semble-t-il, assez légitimes), le lendemain, on se demande vraiment pourquoi les adolescents ont défilé dans les rues. (Et encore, "défilé" est un bien grand mot.)

   Le meilleur vient des réponses aux questions posées par la journaliste envoyée sur place. Alors que, la veille, le mouvement avait dénoncé les classes "surchargées", le vendredi, le même adjectif n'évoque, pour le lycéen interrogé, que l'excès de travail ! De sa part, il ne faut visiblement pas attendre trop de précisions sur la nature du travail (supposé) excessif que l'on attend de lui. On comprend surtout qu'il estime passer trop de temps en classe. Voilà sans doute ce que ce jeune homme appelle "travailler" ! La suite de sa réponse est du même tonneau. Ce lycéen modèle regrette que, dans son établissement "on peut pas faire ce qu'on veut"... et ça, c'est vraiment pas cool !

   Les lecteurs attentifs auront remarqué l'absence du "ne" de négation dans sa réponse. Quand on lit certains des commentaires des internautes, en particulier celui de l'un des participants aux manifs, on ne peut que constater que, loin d'avoir trop travaillé ou subi des enseignants trop sévères, ces jeunes souffrent d'abord d'une maîtrise très approximative de la langue française :

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   Je recommande tout particulièrement les "allégations de rentre scolaire"...

   Pour terminer, signalons que, ce vendredi-là, les services météorologiques annonçaient une journée radieuse et l'on imagine combien la perspective de passer une partie de cette journée en classe a pu paraître pénible à ces lycéens motivés.

samedi, 10 octobre 2015

L'Odeur de la mandarine

   Cette odeur est celle qui émane du museau des chevaux. C'est aussi celle de la jument (qui porte le nom du fruit), lorsqu'elle a ses chaleurs. C'est donc évidemment une allusion à l'accouplement, celui des animaux et celui des humains, dont les chevaux sont des substituts.

   L'action se déroule à la fin de la Première guerre mondiale, entre juillet et novembre 1918, en Picardie, à proximité immédiate du Front (côté français). A plusieurs reprises, on perçoit un écho étouffé des combats, si proches et pourtant si lointains de la vie quotidienne des héros, qu'ils ont pourtant marqués au fer rouge.

(Je tiens à signaler que je suis très satisfait de la phrase précédente.)

   Ces héros sont un homme et une femme. A ma droite voici Charles, officier de cavalerie récemment amputé d'une jambe. C'est un célibataire endurci, qui n'a sans doute connu que des filles de joie. Il vit entouré de ses vieux domestiques... et de sa jument, Mandarine, qu'il a réussi à préserver des réquisitions. Est-il utile de préciser qu'Olivier Gourmet est remarquable dans le rôle ?

Mandarine 2.jpg

   A ma gauche voilà Angèle, l'infirmière douce, la veuve éplorée, hantée par la mémoire de l'amour disparu. C'est aussi une jeune femme indépendante, cultivée, dotée d'un sens de la répartie qui contribue à "épicer" l'intrigue. A la fois belle, drôle et émouvante, Georgia Scalliet est la révélation de ce film, auquel son personnage (et sa manière de l'interpréter) donne une épaisseur inattendue.

   Signalons que les seconds rôles sont à la hauteur, avec (notamment) Dimitri Storoge (vu l'an dernier dans Belle et Sébastien) en soldat-palefrenier inquiétant et Hélène Vincent en vieille nourrice dévouée.

   La première partie de l'histoire montre la naissance d'une complicité. Ces trois-quarts d'heure passent comme un rêve. Quand l'intrigue a pris un tour plus conflictuel, j'ai eu peur que le scénario ne tienne pas la route... et j'avais tort. On nous a ménagé de petits rebondissements, à intervalle régulier, sans que cela soit apparent.

   Il est bientôt question d'un soldat déserteur et de l'étalon qu'il traîne avec lui. Ce magnifique cheval noir est l'objet de toutes les convoitises. On songe notamment à l'accoupler avec Mandarine, dans une association que l'on est tenté de comparer avec les protagonistes qui se déplacent sur deux pattes (ou une et demi).

   Autre attrait du film : la qualité de l'image. C'est souvent superbe à l'écran. (Merci Yves Angelo.) Certaines scènes ont été tournées dans les forêts de Rambouillet et de Fontainebleau. Plusieurs moments-clés se déroulent à proximité d'un lac... et font intervenir un cerf majestueux, sorte d'esprit animal chargé de veiller sur la jeune femme.

   Moins strictement historique de La Peur (mais plus réussie sur le plan cinématographique), cette fiction est pour moi un film à voir absolument.

vendredi, 09 octobre 2015

Hôtel Transylvanie 2

   Sorti il y a deux ans et demi, le premier opus avait été une agréable surprise. On reprend l'histoire là où on l'avait laissée : la fille du comte Dracula (Virginie Efira, impeccable), amoureuse de son djeunse, va l'épouser... puis tomber enceinte. Eh, oui : même les monstres ont une vie "normale" !

   Le début est donc assez vaudevillesque, gentiment drôle sans être hilarant. On retrouve des références à La Famille Adams, ainsi qu'à Mon Beau-père et moi. De temps en temps, un détail piquant vient rappeler l'irrévérence du premier film. (J'ai ainsi été particulièrement sensible au vomi de mouton !)

   L'histoire se corse quand la question de la nature du bébé se pose : est-il un vampire ou un humain ? Pas facile à dire, vu que les rejetons des suceurs de sang peuvent attendre jusqu'à cinq ans avant de voir pousser leurs impressionnantes canines. Plus le moment fatidique approche, plus Dracula (Kad Merad, très bien) angoisse : il ne faudrait tout de même pas que sa descendance rejoigne le camp des humains ! Cela nous vaut plusieurs scènes très réussies, au cours desquelles le comte et sa bande de bras cassés tentent d'éveiller le gamin à sa "véritable nature".

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   Cela se complique un peu plus quand débarque celui que papy Dracula fait tout pour tenir à l'écart de la vie familiale : son propre père. Celui-ci, quoique plus tout à fait vaillant, dispose encore d'un considérable pouvoir de nuisance. Dans la version française, Michel Galabru prête sa verve à cet aristocrate ultraconservateur, doté d'un nez et d'un menton immenses... et dont la seule compagnie est constituée des monstres les plus horribles que la Terre ait sans doute portés.

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   Au niveau de l'animation, c'est du bon boulot. On a particulièrement travaillé le contraste des lumières. Certaines scènes de nuit, bleutées, sont superbes. Du côté des personnages, ce sont les chauves-souris qui m'ont le plus impressionné. La qualité est proche de celle de Ratatouille, c'est dire !

   Signalons que dans la dernière partie de l'histoire survient un affrontement assez inattendu, qui dégénère en quasi-pugilat général. Je recommande tout particulièrement ces cinq-dix minutes de folie, qui méritent à elles seules le détour.

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jeudi, 08 octobre 2015

Une Femme iranienne

   Tourné en 2011, ce film iranien n'est sorti en France qu'au printemps dernier... et il arrive en Aveyron au début de l'automne. La première partie de l'histoire, qui évoque la vie difficile d'une conductrice de taxi (par nécessité), n'est pas sans rappeler Taxi Téhéran et Ten. Ce n'est toutefois pas aussi habilement filmé. Cela vaut surtout par la description des difficultés de la jeune femme, dont le mari est en prison et qui doit rompre avec certaines convenances pour s'en sortir financièrement. Par petites touches, on a aussi un aperçu des tensions sociales qui traversent le pays.

   La deuxième partie de l'histoire m'a fait penser à Thelma et Louise. Deux femmes aux tempéraments très différents partent à l'aventure, en voiture, l'une d'entre elles fuyant un homme autoritaire. Notons que les deux actrices principales sont excellentes. C'est la mise en scène qui n'est pas toujours à la hauteur. Ne vous attendez pas non plus à une qualité d'image exceptionnelle. Mais ce n'est pas laid pour autant.

   Hélas, le film bascule ensuite dans le mélo. Le ton parfois ironique du début cède la place au style plaintif, le tout au service d'une défense appuyée, lourde, soulignée au gros feutre rouge du droit à la différence. J'ai trouvé plus intéressant qu'au second degré, la réalisatrice se serve du cas des "transgenres" pour soutenir le droit des femmes à choisir leur mari et à vivre leur quotidien avec plus d'autonomie.

dimanche, 04 octobre 2015

L'Aristocrate fantôme

   C'est ainsi que s'intitule l'un des trois volumes consacrés aux femmes de la Commune de Paris, publiés sous le titre générique de Communardes !

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   Le scénario est de Wilfrid Lupano, les dessins d'Anthony Jean. Disons tout de suite que c'est superbe sur le plan graphique. Les couleurs sont splendides et l'édition est très soignée. Le livre est un bel objet.

   L'héroïne est une ravissante jeune femme, Elisabeth Dmitrieff, issue de la noblesse russe, polyglotte, engagée pour la cause des femmes et, plus généralement, le progrès social.

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   A ceux qui trouveraient invraisemblable (ou cliché) ce personnage romanesque, je précise qu'elle a réellement existé. Elle fut proche de Karl Marx (qui apparaît dans la bande dessinée) et contribua à la fondation de la première Internationale. Elle a même une place à son nom, à Paris, dans le IIIe arrondissement :

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   Mais revenons à la bande dessinée. L'action de l'héroïne est présentée dans le contexte de la Commune, dont on ne nous cache pas les tensions internes... ainsi que le scepticisme que suscite parfois l'activisme féminin. C'est qu'Elisabeth n'est pas qu'une militante "de gauche". Elle veut que tous les hommes respectent davantage leurs congénères de l'autre sexe... et que les femmes puissent se battre à leurs côtés. Dans le même temps, elle est censée renseigner Karl Marx (resté à Londres) sur ce que sont ces étranges révolutionnaires, pas tout à fait dans la ligne de l'Internationale.

   C'est vivant et souvent truculent. Certaines scènes sont assez crues et le langage est du même tonneau :

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   Je reviens sur la forme, vraiment belle. Le dessin, de facture classique de prime abord, se révèle sophistiqué quand il s'agit de représenter les émotions. Et quelles belles scènes de nuit !

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   Pour savoir ce qui a provoqué un tel effarement chez l'héroïne (au coeur pourtant solidement accroché), il faudra vous plonger dans cette bd très réussie, dont on peut lire un extrait sur le site des éditions Vents d'Ouest.

samedi, 03 octobre 2015

Les Chansons que mes frères m'ont apprises

   Ces chansons, l'héroïne Jashaun va petit à petit les entendre au contact de membres de sa tribu (des Sioux, plus précisément des Lakotas), notamment des hommes de sa famille élargie. Elle découvre l'existence de la plupart d'entre eux à la suite du décès de son père : celui-ci a eu 25 enfants, de neufs femmes différentes !

   L'action se déroule dans des paysages magnifiques, ceux d'une réserve indienne (Pine Ridge) située dans le Dakota du Sud. A première vue, ce lieu n'évoque pas grand chose aux oreilles européennes. Lorsque l'on apprend que c'est dans cette zone que s'est produit le massacre de Wounded Knee, en 1890, on en comprend toute la charge symbolique.

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   Ce qu'il reste des Lakotas se débat dans de considérables difficultés. A l'intérieur de la réserve, 80 % des actifs sont au chômage et l'alcool, bien qu'interdit, fait des ravages. Il est introduit en douce par des trafiquants issus eux-mêmes de la réserve. Le frère de Jashaun, Johnny, sert de coursier à l'un d'entre eux. Au début, on nous présente le frère et la soeur comme entretenant une relation quasi fusionnelle, en harmonie avec leur environnement.

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   Mais le jeune homme ne pense qu'à partir, pour accompagner sa petite amie en Californie, où elle va poursuivre ses études pour devenir avocate. (Apparemment elle est l'une des rares bonnes élèves du lycée local). Au passage, on nous propose une séquence quasi surréaliste dans l'établissement scolaire, avec un enseignant qui ressemble davantage au gourou d'une secte qu'à un prof. Pendant le dernier cours, on remarque surtout que la plupart des élèves manipulent des animaux qui, dans le monde "civilisé", feraient fuir la population !

   En réalité, Johnny ne sait pas trop où il va. Il est dingue de sa petite amie (fort charmante il est vrai), mais il n'a qu'une vague idée de la vie qu'il va mener à Los Angeles. Il a encore l'espoir de percer dans la boxe, mais ses illusions vont tomber. Enfin, même son petit trafic est menacé par de potentiels rivaux.

   Si l'histoire nous est contée sous le regard des deux jeunes, c'est celui de la benjamine, âgée d'une douzaine d'années, qui prend le dessus. (L'actrice est épatante.) Ah, oui, j'oubliais : il y a un frère aîné, mais il est en prison. Quant à la mère, elle ne se distingue pas par son implication dans l'éducation des enfants.

   Présenté ainsi, le film pourrait paraître déprimant. Ce n'est heureusement pas le cas. D'abord, parce que la mise en scène est réussie, certaines scènes étant littéralement envoûtantes. Ensuite parce que la petite Jashaun va prendre son destin en mains. Elle va se rapprocher d'un étrange tatoueur (alcoolique lui aussi, mais sympa), dans l'espoir qu'il lui confectionne une robe traditionnelle pour un pow-wow. De plus, bien qu'attachée à la culture ancestrale, la pré-adolescente n'en manifeste pas moins de l'intérêt pour une activité "de Blancs" qui fascine les hommes : le rodéo.

   Cela donne un ensemble étonnant, d'une beauté douce et (parfois) triste. Signalons que la réalisatrice, Chloé Zhao, est née en Chine.

   P.S.

   Un musée virtuel de Wounded Knee est accessible (en anglais) sur la Toile.

12:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 02 octobre 2015

La Peur

   Ce film est l'adaptation d'un roman qui avait été publié en 1930, avant d'être interdit. Sur le fond, le propos est assez antimilitariste, ceci expliquant peut-être cela.

   Mais c'est d'abord une œuvre de fiction, à la fois dure et d'une grande beauté plastique, par instants. Je pense notamment aux scènes de nuit et à la mort du cheval, qui m'a rappelé un plan saisissant de Jarhead, qui se déroule pourtant dans un contexte très différent (celui de la première guerre du Golfe). Le réalisateur est aussi très doué pour filmer les corps, ceux des "poilus" (en plus ou moins bon état) et ceux de jolies jeunes femmes (la compagne du héros et une infirmière, dont les spectateurs n'ignoreront plus rien de l'anatomie).

   Sur le fond, le scénario vise à l'exhaustivité, introduisant, au fur et à mesure de l'histoire, tous les aspects du conflit, de l'entrée en guerre plus ou moins joyeuse au soulagement de l'armistice, en passant par la dureté de la vie dans les tranchées, le fracas des armes et les relations parfois difficiles entre soldats et officiers. Le souci de réalisme a sans doute poussé le réalisateur à calquer certains plans sur des photographies anciennes ou des images d'actualité (en particulier quand on voit des soldats se mouvoir dans les tranchées).

   Pour moi, les meilleurs moments sont ceux qui se déroulent dans l'hôpital où atterrissent les blessés graves. Des acteurs truculents donnent vie à ces corps brisés, face à des infirmières présentées plutôt comme des objets que comme des sujets. J'ai aussi bien aimé la séquence avec le fou alcoolique, qui évolue dans les limbes de la guerre et de la conscience humaine.

   Tout cela devrait donc donner un excellent film. Et pourtant... c'est long et par moments un peu pénible, pour une raison : la diction des acteurs (sans doute mal dirigés), dont le jeu est excessivement théâtral. Ajoutons que le héros est un personnage assez fade, de surcroît incarné par un acteur peu charismatique. C'est vraiment dommage.