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mercredi, 14 février 2024

Chien & chat

   Cette comédie romantique joue sur les relations entre les membres d'un double duo, celui formé par une chatte instagrameuse et un chiot abandonné d'un côté, une influenceuse et un cambrioleur de l'autre. Les premiers sont doublés (avec talent) par Inès Reg et Artus. Les second sont incarnés par Reem Kherici (la réalisatrice) et Franck Dubosc.

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   Ces associations jouent sur les contrastes : un chien et une chatte (numériques) d'un côté, une tonitruante influenceuse et un cambrioleur discrétissime de l'autre. Sans surprise, ceux qui, au départ, ont du mal à se supporter, vont finir par s'entraider et s'apprécier.

   Si la fin est des plus convenues, le chemin pour y parvenir l'est moins. On nous propose une série de péripéties assez rocambolesques, avec cascades et situations cocasses à la clé. C'est bien filmé, de manière efficace, et monté au cordeau. Une présence apporte un peu de sel à cette histoire, celle d'un étrange policier, à la fois redoutable adversaire et personnage destiné à s'en prendre plein la figure, que ce soit à cause des animaux ou des humains. Dans le rôle, Philippe Lacheau (venu prêter main-forte à son ex) excelle.

   Derrière la caméra, Reem Kherici se débrouille plutôt bien. Sans atteindre le niveau des films tournés par Lacheau, le résultat est meilleur (et moins vulgos) que le récent 3 jours max (de Tarek Boudali). Dans la salle, on a ri, de sept à soixante-dix-sept ans.

23:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Vivre avec les loups

   Jean-Michel Bertrand est de retour, avec son sujet de prédilection... et une cadreuse/directrice de la photographie de talent : Marie Amiguet, dont on a pu déjà apprécier le travail sur La Panthère des neiges.

   Bertrand est un amoureux de la nature, de la montagne, un mec sincère, selon moi. On l'accuse parfois d'être le loup écologiste qui s'avance revêtu d'une peau de brebis. Je trouve qu'ici le propos est moins manichéen que dans ses précédents films, notamment La Vallée des loups.

   La moitié du temps, on le suit à l'affût, dans sa cabane au Canada alpine ou à proximité. C'est toujours aussi passionnant à suivre, que les images soient de beaux plans chiadés ou des extraits des caméras à déclenchement automatique. (Même les scènes montrant la vie quotidienne -rustique- de Bertrand sont intéressantes.) On retrouve une grande partie de la faune sauvage aperçue auparavant. Le cinéaste se concentre sur les loups, notamment un couple qu'il avait repéré. La femelle était sur le point de mettre bas... mais il n'a jamais vu les petits. Les parents eux-mêmes ont disparu... et une (autre) petite meute est apparue, à la limite de leur territoire.

   C'est l'un des grands mérites de ce film (notamment par rapport aux précédents) : ne pas hésiter à montrer à l'écran les effets de la violence de ce prédateur, sur la faune sauvage, mais surtout sur la faune domestique.

   L'autre moitié du film (par morceaux) narre les voyages de Bertrand, dans différentes régions où la présence du loup est avérée. On va de l'Italie du Nord à la Normandie, en passant par la Bretagne, le Massif Central et la Suisse. A chaque fois, le cinéaste rencontre des éleveurs et des bergers, qu'il a sans doute choisis parmi les moins hostiles au loup. (Les autres l'ont peut-être menacé, comme le suggère une courte scène du début.) J'ai bien aimé voir ces jeunes, plutôt citadins d'origine, exposer leur ressenti, leurs doutes quant à leur "mission" : contribuer à faire exister un élevage résilient, qui s'habituerait à la présence du loup (grâce à la pose de clôtures et à la présence de chiens, notamment patous).

   Le film est suffisamment bien fait pour que partisans et adversaires du loup s'y retrouvent (au moins en partie). Je remarque que, parmi les jeunes bergers qui continuent à croire en la coexistence possible, c'est plutôt le fatalisme qui domine : les éleveurs devraient se résigner à un "pourcentage de pertes"... On est libre d'adhérer ou pas à ce propos.

   Il me reste à aborder le principal point faible de ce documentaire : la contextualisation. Un parc naturel national (comme celui des Écrins) n'a pas les mêmes fonctions qu'un parc naturel régional (comme celui de l'Aubrac ou des Grands Causses en Aveyron). L'objectif principal d'un PN est la conservation du milieu naturel. L'activité humaine est même proscrite en zone cœur. Là est possible la réintroduction d'un prédateur tel que le loup. En revanche les PNR, conçus par les acteurs locaux, sont d'abord des outils de développement rural. On tente d'y concilier activités humaines et protection de l'environnement. La réintroduction du loup dans ces espaces menace le concept même de parc régional ainsi que le maintien de certaines appellations agricoles (AOP, IGP), qui induisent un élevage extensif, le seul menacé par le retour des grands prédateurs.

   P.S.

   Avec ce film, Jean-Michel Bertrand ne livre pas un simple nouveau documentaire. Il semble faire une sorte de bilan. Il m'a un peu rappelé le Luc Jacquet de Voyage au pôle Sud.

15:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Zone d'intérêt

   Grand Prix au dernier festival de Cannes (certains affirmant que c'est la vraie Palme d'or), cette fiction à caractère documentaire de Jonathan Glaser a été tournée en allemand (pour plus de réalisme, je présume). Les dialogues n'y occupent toutefois guère de place, l'essentiel du signifiant étant porté par ce que l'on voit à l'écran... et ce que l'on n'y voit pas, mais dont on devine la présence.

   C'est toute la question qui se pose, quand on traite du fonctionnement du camp d'Auschwitz (qui, rappelons-le, fut un camp triple : d'abord de concentration, auquel se sont ajoutées deux annexes, une usine chimique et un centre d'extermination, Birkenau).

   C'est dans ce sens je pense qu'il faut comprendre l'écran noir du début. Certaines choses sont immontrables, mais on peut quand même les évoquer avec force, grâce à la mise en scène.

   Il convient donc d'être attentif aux détails, à ce qui entre au domicile de la famille de Rudolf Hœss, à ce dont on discute le plus souvent à demi-mots, à ce qu'on peut voir quand on est à la porte d'entrée ou dans le jardin.

   Le reste du temps, on nous présente la vie ordinaire d'une famille traditionnelle de cadre supérieur, l'épouse s'occupant du foyer, l'époux partant au travail le matin, revenant le soir. L'épouse (tout aussi nazie que le mari) dispose de domestiques, soit des Polonaises (catholiques) du coin, soit des détenues allemandes (non juives). Toutes sont consciences de la précarité de leur situation et des petits avantages qu'il y a à travailler sous la houlette d'une maîtresse de maison, même acariâtre.

   Cella-ci, interprétée par Sandra Hüller, vole presque la vedette à Christian Friedel (qui incarne Hœss). Le directeur du camp (de 1940 à 1943) gardera une partie de son mystère, tandis que le caractère de son épouse se dévoile au fur et à mesure que le film avance... et ce n'est pas à l'avantage du personnage.

   Martyriser des déportés et exterminer des juifs et des Tsiganes est donc un travail comme les autres pour les cadres nazis. Ils prennent soin de célébrer l'anniversaire du patron, à l'entrée de sa maison, de l'autre côté de la rue où commence le camp. Dans son salon, Hœss reçoit des gradés et les représentants d'entreprises qui tentent d'obtenir un marché crucial : celui de la construction de nouveaux crématoires et de nouvelles chambres à gaz. On est en pleine horreur humaine, mais filmée de manière glacée, frontale, sans explication. J'ai trouvé cela brillant, mais pas facile à supporter sur le plan émotionnel.

   Une séquence particulièrement signifiante est celle de la venue de la belle-mère de Hœss. Ancienne femme de ménage, elle vit comme une ascension sociale le mariage de sa fille avec un dignitaire nazi. Elle est ravie de découvrir la maison de maître (même si elle n'est pas aussi grande qu'elle se l'imaginait), la présence de domestiques (aucune n'étant juive, prend-on la peine de lui préciser)... et les petits à-côtés. Elle a appris qu'une de ses anciennes patronnes juives a été déportée au camp, sans que cela l'afflige... mais elle ne sait pas tout. Durant son bref séjour, elle va dormir dans l'une des chambres des enfants du couple Hœss. (Ils ont cinq gosses !) L'une des fenêtres donne sur le camp. De temps en temps, de la fumée sort de cheminées, au loin. Elle entend ce qui ressemble à l'arrivée de trains, des cris étouffés... La belle-mère finit par comprendre ce qu'il se passe "de l'autre côté". Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir sa réaction.

   Tout le film est comme cela, par petites touches glaçantes, la caméra et le hors-champ suggérant beaucoup, pour qui prend la peine d'écouter, de regarder et de réfléchir.

   Certes, compte tenu de son sujet, c'est un film assez pénible (sur le fond), mais, sur la forme, c'est magistral.

   P.S.

   Pour mieux comprendre la psychologie de Rudolf Hœss, on peut lire son autobiographie (rééditée en collection de poche), rédigée quand il était emprisonné en Pologne, attendant d'être jugé, après guerre. En dépit des tentatives d'autojustification (énoncées sans doute pour échapper à la peine de mort), son témoignage est fort instructif, à la fois sur l'auteur et sur le milieu dans lequel il a évolué, de sa jeunesse au commandement du camp.

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lundi, 12 février 2024

Pauvres Créatures

   J'ai enfin pu voir (en version originale sous-titrée) ce film de Yorgos Lanthimos, une sorte d'anti-conte de fées féministe. Cela démarre dans une ambiance victorienne, chez un médecin au visage rafistolé qui fait immanquablement penser à la créature du docteur Frankenstein... sauf que ce Godwin Baxter est médecin, du genre inventif. Dans le rôle, Willem Dafoe est (une fois de plus) épatant. La caméra, par le choix des focales et des prises de vue, contribue à un sentiment d'étrangeté. La musique est à l'unisson.

   On découvre très vite l'étrange fille de "God", Bella, au comportement erratique, fantasque. Elle est cruelle et sans filtre, à l'image d'une grande enfant à laquelle on n'aurait pas enseigné les limites. Le film est l'histoire de son auto-éducation, de sa libération et de son asservissement. Emma Stone prête corps et esprit à ce personnage hors du commun. Elle irradie durant tout le film.

   Un déclic se produit quand la jeune femme goûte au "fruit défendu", d'abord toute seule, puis en compagnie d'un bellâtre narcissique, incarné par un Mark Ruffalo surprenant. Leur idylle prend chair dans un Lisbonne uchronique, mis en scène avec un  incontestable brio. Petit à petit, le rapport de force s'inverse entre le vieux beau et sa jeune apprentie, qui prend de l'assurance.

   Un autre tournant survient durant une croisière de luxe. C'est l'occasion pour l'héroïne d'acquérir d'autres "compétences" que sexuelles. Une dame âgée lui fait découvrir la littérature. Le temps de la maturation intellectuelle commence, ce qui conduit la jeune femme à porter un autre regard sur les adultes qui l'entourent. Toujours aussi bien mise en scène (et interprétée), cette partie m'a enchanté.

   Je n'en dirais pas autant de l'épisode parisien. Visuellement, il rappelle la période lisboète. C'est donc joli à regarder, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur (avec toujours une bonne utilisation des espaces). Mais, sur le fond, je n'ai guère goûté cette quasi-apologie de la prostitution volontaire, appuyée de surcroît par une mise en scène limite putassière. On sent que le réalisateur a aimé filmer les corps nus, dans des positions peu valorisantes. J'y ai vu comme une mise en abyme, la comédienne se prostituant volontairement à la caméra.

   L'intrigue rebondit dans les deux dernières parties, que je ne raconterai pas. L'intérêt pour le film grandit à nouveau, jusqu'à une conclusion assez piquante.

   Voilà. J'ai été emballé. C'est brillant sur le plan visuel, les plans étant nourris de détails parfois croquignolesques, comme ces animaux chimères dans le jardin du médecin. Sur le fond, c'est signifiant, même si je ne suis pas toujours d'accord avec le propos. Après La Favorite et The Lobster, Lanthimos confirme qu'il est l'un des réalisateurs les plus talentueux de notre époque.

10:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 11 février 2024

Le Royaume de Kensuke

   C'est à un duo britannique que l'on doit cette animation (adaptée d'un roman), destinée a priori à tous les publics. L'intrigue doit se dérouler dans les années 1990, même si aucun contexte précis n'est donné. On sait juste que le vieil homme qui habite l'île perdue est un ancien soldat japonais, sans doute âgé de 70-80 ans. On pense évidemment à Onoda, même si son histoire est quelque peu différente.

   Avant d'en arriver à cette rencontre, on découvre une famille (britannique) en vacances, sur un voilier. La père et la mère sont accompagnés de leurs deux enfants, l'aînée plus mature que le cadet, un garçon assez capricieux... dont on finit par comprendre qu'il est parvenu à introduire un passager clandestin... plutôt une passagère... très poilue (Stella).

   Ce début m'a un peu agacé. J'y ai retrouvé, concernant les enfants et adolescents, des clichés trop souvent répandus dans le cinéma de fiction. Soit c'est un lieu commun pour les auteurs du Septième art, soit c'est une méthode peu subtile pour faire avancer le scénario dans la direction voulue (les gamins/ados faisant immanquablement de grosses bêtises), soit nos amis les artistes vivent dans des familles peuplées de gosses mal élevés. J'en côtoie (pré-adolescents comme adolescents) assez régulièrement et je trouve que l'écrasante majorité d'entre eux est bien plus fréquentable que les personnages censés les représenter sur grand écran.

   De ce début je sauverais juste l'apparition de la passagère clandestine poilue, incontestablement la plus sympathique des protagonistes... de surcroît très bien dessinée et animée. Il ne lui manque que la parole !

   Pour moi, le film décolle vraiment à partir du moment où l'action se déroule sur l'île. La qualité du dessin est particulièrement visible au niveau des animaux : orangs-outans, oiseaux, insectes... La forêt équatoriale (tropicale ?) réserve bien des surprises, une fois que ce petit con de Michael commence à l'explorer. Il y entre en contact avec le Kensuke du titre, le seul autre occupant humain... qui ne parle pas la même langue que lui.

   Un des enjeux de l'histoire est la naissance de cette improbable relation amicale, entre un gamin qui va rapidement beaucoup apprendre de la vie et un vieillard qui au départ ne goûte que la compagnie des forces de la nature. L'insertion progressive du gamin dans la vie quotidienne de Kensuke est touchante (bien que, là encore, agaçante au départ).

   D'autres humains vont débarquer sur l'île. Ils représentent clairement une menace : ils sont armés et se déplacent dans un bateau d'où s'échappe une vilaine fumée noire. On n'en saura guère plus sur eux. Ils sont juste là pour servir de repoussoir... tout comme l'armée américaine, présente dans les souvenirs de Kensuke.

   Celui-ci, comme Michael, a "perdu" sa famille et a trouvé du réconfort dans la compagnie des animaux. Les deux humains vont tisser des liens, entre eux et avec les animaux, dans un contexte de quasi-paradis tropical, tellement bien aménagé par le vieil homme qu'on se croirait parfois dans un village-vacances écolo-responsable.

   C'est, pour moi, là où le bât blesse. Au-delà des belles images et du propos tout à fait louable en faveur du respect de la nature, on nage en plein politiquement correct, avec de gros sabots. Pour des adultes, cela manque singulièrement de subtilité. Pour des enfants, cela peut passer.

   Un film à recommander aux (grands)parents de gauche qui voudraient formater l'esprit de leurs (petits)enfants.

23:23 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

A Man

   C'est un peu par hasard que je suis allé voir ce film japonais, d'un réalisateur inconnu (Kei Ishikawa). J'ai été attiré par l'histoire de l'épouse qui découvre, à la mort de son mari, qu'il n'était pas celui qu'il prétendait.

   Mais avant d'en arriver là, le cinéaste prend son temps. Il nous conte la naissance d'un amour, en province. Lui est un jeune homme emprunté, dessinateur compulsif, nouveau venu dans la petite ville. Elle est la fille de commerçants du coin. Elle a vécu à Yokohama (dans le Grand Tokyo), s'y est mariée, a eu deux enfants, puis a divorcé. Elle est revenue épauler ses parents dans la boutique de papeterie, juste avant la mort de son père. Ce contexte familial n'est pas ce qu'il y a de mieux mis en scène. En revanche, la naissance de l'histoire d'amour est belle, tout comme la description d'une nouvelle vie de famille... jusqu'à l'accident. (Notons que les scènes de sylviculture sont plutôt bien conçues et font respirer l'intrigue.)

   A partir de là, le polar prend le dessus. La jeune veuve engage son ancien avocat (qui l'a aidée pour son divorce). Celui-ci va donc enquêter sur le mari... mais aussi sur une personne qui porte le même nom. Dans le même temps, on découvre la vie privée du juriste, un beau gosse assez brillant, qui a la particularité d'être d'origine coréenne, ce que son beau-père (extrême-)droitier n'oublie pas de rappeler à l'occasion d'un repas de famille. J'ai aussi bien aimé les scènes de travail, au cabinet juridique, qui font intervenir l'avocat et son associé.

   En fait, l'enquête est un prétexte pour aborder des thèmes sociaux : l'usurpation d'identité, la disparition volontaire, la peine de mort, le racisme (principalement anti-coréen)... ainsi que l'univers de la boxe ! La deuxième partie du film est vraiment passionnante, tout en étant marquée par une grande délicatesse dans la peinture des relations humaines.

   Le personnage du fils aîné de l'héroïne prend un peu d'ampleur. Il se pose des questions sur son identité. Tout jeune, il a porté le nom de famille de son géniteur (qu'il a peu connu), avant de prendre celui de sa mère, après le divorce. Le remariage de celle-ci l'a conduit à adopter le nom -officiel- du bûcheron dessinateur, dont il apprend qu'il est usurpé. L'incertitude quant à l'identité réelle du second mari a des répercussions inattendues, au niveau des rites funéraires mais aussi de la transmission du produit d'une assurance-vie.

   Le séduisant avocat fait preuve d'une singulière opiniâtreté dans la résolution de cette affaire. Elle semble prendre un tour de plus en plus personnel. Cette dernière partie est un peu plus languissante, peut-être un poil moins réussie que les précédentes. Le réalisateur finit par boucler ses trois arcs narratifs... et nous réserve un petit coup de théâtre final, que chacun interprètera à sa guise.

   La sortie de ce film fut discrète, mais je conseille de ne pas le rater s'il passe près de chez vous.

   P.S.

   Certains des acteurs paraîtront familiers aux amateurs de productions japonaises. Ainsi, l'avocat est incarné par Satoshi Tsumabuki, vu l'an dernier dans La Famille Asada, tandis que Sakura Andô (la veuve) figure dans la distribution du récent Godzilla Minus One. Quant à Akira Emoto (qui interprète un criminel emprisonné), c'est un vétéran du septième art nippon, qu'on a pu voir dans L'Anguille, Zaitochi ou encore John Rabe.

10:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 février 2024

Chasse gardée

   Au mois de janvier, ce film a été l'un des plus gros succès (en terme d'entrées) au cinéma de Rodez, avec... Les SEGPA au ski... ce qui a fait dire à l'une de mes connaissances que la succession de la vieille génération de beaufs était déjà assurée.

   Faisant fi de ces préjugés, je me suis glissé dans une salle obscure, histoire de vérifier si cette comédie de prime abord franchouillarde ne valait pas mieux que cela.

   Le début est sans surprise, chaque groupe socio-professionnel étant dans son bain, une sorte de nouvelle version des rats des villes et des rats des champs. (Cette amorce ne donne pas du tout envie de vivre à Paris.)

   On attend avec impatience que débute la confrontation. Le réalisateur Frédéric Forestier (auquel on doit aussi bien Le Boulet et Stars 80 que Les Bodin's en Thaïlande...) fait durer le plaisir : les ruraux accueillent plutôt bien les Parisiens, qui font des efforts pour s'intégrer à la vie du village picard.

   La première partie de chasse est assez spectaculaire. C'est l'occasion de découvrir un sanglier dont on n'a pas fini d'entendre parler dans la suite de l'histoire. L'intrigue commence à se corser quand débarque peut-être la meilleure séquence, celle qui fait intervenir Thierry Lhermitte (le papa de la Parisienne, accessoirement redoutable avocat). Le repas de chasse vaut son pesant de terrine... et il est une nouvelle preuve qu'en France, la bouffe et le pinard contribuent au "vivre ensemble".

   La suite vire à la quasi-guerre civile. C'est plaisant parce que, des deux côtés, les comédiens ne se prennent pas au sérieux... tout en incarnant leur personnage avec conviction.

   Le scénario ménage plusieurs rebondissements. Tout le monde en prend pour son grade et, au final, chacun fait des concessions. L'histoire se conclut de manière consensuelle (anciens et néo-ruraux se coalisant contre une nouvelle menace), sur une chanson de Bourvil.

   Ce n'est pas la comédie du siècle, mais elle détend... et, comme dasola, je trouve qu'elle vaut mieux que ce qui transparaît dans la bande-annonce.

   P.S. I

   Le titre fait référence à une réplique, dans la bouche d'un personnage féminin... non chasseur.

   P.S. II

   Didier Bourdon figurant en tête de distribution, les spectateurs de ma génération attendent avec impatience le moment où il sera fait allusion au célèbre sketch des Inconnus... Il faut patienter longtemps, jusqu'à une partie de chasse qui vire au complot.

mercredi, 07 février 2024

Daaaaaali !

Anaïs Demoustier

Edouard Baer

Jonathan Cohen

Pio Marmaï

Didier Flamand

Jean-Marie Winling

Romain Duris

Gilles Lellouche

Boris Gillot

   ... nous ravissent dans le dernier film de Quentin Dupieux. Outre la performance des acteurs (au premier rang desquels je place Jonathan Cohen et Edouard Baer), il faut signaler l'inventivité de la mise en scène et l'habileté du scénario, mieux ficelé que d'habitude. On a ainsi droit à des récits emboîtés, des scènes tournées à l'envers, de la mise en abyme, du non-sens, de l'incongruité... et pas mal d'humour.

   Outre celui de Salvador Dali, l'esprit de Luis Buñuel souffle sur ce film enlevé, qui se moque de tout sauf de son public et égratigne au passage aussi bien le marché de l'art que le vedettariat.

   Voilà l’œuvre qui aurait dû représenter la France aux Oscar !

La Tresse

   J'ai fini par me laisser traîner dans une salle obscure pour voir l'adaptation du roman à succès de Laetitia Colombani (par elle-même). Dans la salle, j'ai ressenti la curieuse impression qu'une brochette de mâles étaient dans la même situation que moi.

   Hélas, seules des séances en version doublée sont disponibles dans mon cinéma local. Pour la partie canadienne, ce n'est pas gênant. Les voix semblent correspondre aux personnages. Cela devient limite pour la partie italienne, durant laquelle j'aurais tellement aimé entendre parler la langue de Giorgia Meloni Dante. De surcroît, dans cette partie, il est question d'un migrant indien (sikh) qui tente de s'améliorer dans la compréhension et la pratique de l'italien. (A ce sujet, on remarque qu'il progresse très rapidement dans la compréhension de l'Italienne...) Le pire est atteint dans la partie indienne. Elle est très correctement filmée mais, la plupart du temps, les voix ne correspondent pas aux personnages. Cela m'a gêné.

   J'ai tout de même apprécié ces portraits de femmes lumineuses, de la mère de famille intouchable qui veut un autre destin pour sa fille unique à la brillante avocate divorcée, en passant par la jeune fille de patron de PME, assez anticonformiste. Chez ce personnage, j'ai particulièrement aimé qu'on montre une protagoniste adepte de la lecture, une activité hélas souvent complètement absente des films de fiction.

   Je ne suis toutefois pas emballé par le cœur de l'intrigue. Le scénario place progressivement les trois héroïnes au fond du trou, de manière très appuyée. C'est assez attendu concernant l'Intouchable, dont j'aime toutefois qu'elle conserve sa combativité. (Par contre, sa gamine...) J'ai trouvé très datée (ie patriarcale) l'ambiance familiale italienne. Sérieusement, au XXIe siècle, en Italie ? J'ai été presque énervé par la partie canadienne, avec une héroïne agaçante à force de vouloir tout contrôler : avocate géniale, super-maman et guerrière implacable contre le cancer. Le principe de réalité finit par s'imposer à elle, mais il n'était pas nécessaire d'être aussi manichéen.

   Bref, ce n'est pas inintéressant (surtout dans la V.O. à mon avis), mais c'est trop surligné pour moi.

dimanche, 04 février 2024

Le Dernier des Juifs

   ... de sa cité. Tel est le sort qui pend au nez de Bellisha, une sorte de Tanguy juif, qui ne parvient pas à quitter l'appartement familial, qu'il partage avec sa mère, gravement malade. L'immeuble comme le quartier, jadis marqués par la présence juive (notamment originaire d'Afrique du Nord) est aujourd'hui majoritairement peuplé de (descendants de) migrants musulmans, certains hostiles aux "sionistes de merde" comme ils sont parfois appelés.

   Noé Debré réussit le tour de force de traiter avec malice (et subtilité) de sujets sérieux : la montée d'un virulent antisémitisme paré de la défense des Palestiniens, la nostalgie d'un monde qui n'est plus et les soubresauts d'une relation mère-fils.

   Le film doit beaucoup à la qualité de ses deux interprètes principaux : Agnès Jaoui en mère juive lucide (qui fait semblant de croire aux mensonges de son fils) et Michael Zindel, tout en finesse, dans le rôle d'un jeune rêveur qui ne veut pas se laisser enfermer dans les préjugés et les catégories édictés par les adultes. (Il  entretient une relation secrète avec une jeune métis... mariée !) On pourrait croire son personnage destiné à être broyé par la méchanceté humaine, mais en fait il est à la fois habile et désarmant, tout comme le scénario.

   Celui-ci joue sur les clichés et les préjugés qui entourent nos concitoyens juifs. Ainsi, dès qu'un drame survient au Proche-Orient, certains abrutis en tiennent pour responsables les juifs du monde entier, y compris ceux de Seine-Saint-Denis. Pas de bol pour eux : ils se trompent d'appartement, l'inscription antisémite "décorant" la porte d'entrée des voisins... chinois. Plus tard, le domicile de Giselle et Bellisha finit par être cambriolé... mais les voyous n'y trouvent rien d'intéressant, alors qu'ils croyaient les "feujs" pétés de thunes...

   Le second degré est aussi présent dans la manière dont les deux "assiégés" évoquent leur situation. Ainsi, lorsque la mère parle de la nécessité de quitter le quartier, plusieurs solutions sont envisagées, en France... et à l'étranger. Mais, lorsque son fils (pourtant partisan de rester) évoque la possibilité d'émigrer en Israël, c'est la mère qui refuse, jugeant que là-bas, c'est plein de juifs et que, du coup, ils risquent fort de se faire escroquer !

   Le même procédé est à l’œuvre quand Bellisha héberge un jeune délinquant de la cité d'origine subsaharienne. Celui-ci lui avoue ne pas aimer les juifs... mais que, lui ça va, il l'apprécie. Quand Bellisha, interloqué, lui demande s'ils connaît d'autres juifs (ce qui pourrait expliquer la mauvaise opinion qu'il  a d'eux), le délinquant lui répond que non, avant de se souvenir d'un mec qui a joué dans le même club de foot que lui... avec qui il s'entendait bien.

   D'autres moments sont tout aussi réjouissants et signifiants, comme le passage avec les élus municipaux (d'ardents défenseurs de la "cause" palestinienne... qui ne veulent surtout pas être soupçonnés d'antisémitisme) ou celui du cours de krav-maga, durant lequel le frêle Bellisha montre qu'il possède des ressources inattendues. J'ai aussi adoré l'une des séquences du début, qui voit le jeune homme tenter de faire signer un contrat d'installation de pompe à chaleur à un vieil homme alcoolique.

   Le dernier tiers du film est plus dans l'émotion, avec la relation mère-fils qui prend un tour moins joyeux. J'ai été touché, par cette partie comme par le reste de l'histoire, qui baigne dans les chansons d'Enrico Macias, sur fond de quartier HLM.

   Compte tenu du contexte à la fois français et international, le film a hélas peu de succès. Je conseille de se précipiter pour le voir tant qu'il est à l'affiche.

samedi, 03 février 2024

Argylle

   Le nouveau long-métrage de l'un des enfants terribles d'Hollywood, Matthew Vaughn, oscille en l'hommage et la parodie de classiques du film d'espionnage ou d'action. On est immédiatement mis en condition avec une séquence brillante qui entremêle les clins d’œil au dernier James Bond et à Mission impossible. On sent aussi que, derrière la caméra, Vaughn veut montrer qu'il n'a rien à envier à certains petits maîtres contemporains. Il le confirme avec l'éblouissante séquence du train, à la fois ultraviolente et cocasse, décalque évident de Bullet Train. Dans le rôle de l'agent aussi redoutable que décontracté, Sam Rockwell est chargé de faire (un peu) oublier Brad Pitt. Je trouve qu'il y arrive. Globalement, il réalise une excellente performance dans ce film.

   La séquence du train (pour moi la meilleure du film) n'est pas un simple décalque de son modèle. Elle met en œuvre certains des principes appliqués par Vaughn tout au long de l'histoire, avec un montage haché, limite virtuose, qui entretient la confusion entre la fiction et la réalité. Le cinéaste nous embarque dans un périple violent et halluciné, gagné par la surenchère.

   Ce sont souvent les acteurs que l'on voit dans au moins deux versions d'une histoire qui s'en sortent le mieux. Ils nous montrent plusieurs facettes de leur talent. Cela nous amène à Bryce Dallas Howard, dont le personnage d'Elly est le plus protéiforme de l'intrigue. La comédienne rend crédible presque toutes ses incarnations... mais, au bout d'un moment, cela finit par ne plus être vraisemblable du tout (en gros : dès qu'elle porte la robe jaune, vraiment moche... Il paraît que c'est du Versace...).

   Visiblement, la production a laissé les mains libres à Vaughn. Résultat : 200 millions de dollars pas toujours bien utilisés. Je pense notamment à l'une des séquences de baston, évidemment parodique, évidemment référencée : celle qui se déroule dans le mystérieux QG de la Division. C'est une relecture rose-bonbon d'un des Kingsman que j'ai trouvée proche du ridicule, quand bien même la mise en scène serait chiadée. (Et donc oui : Vaughn s'autoparodie...)

   Pendant environ 1h30, c'est drôle, surprenant, enlevé. On accepte les "juste à temps", quelques grosses ficelles et des acteurs qui en font des caisses... même le chat cabotine ! (Mais, celui-là, je l'adore !) Les trente dernières minutes tombent dans l'action-guimauve, avec un manque de vraisemblance devenu excessif. Dommage, parce deux gros tiers du film sont bien.

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vendredi, 02 février 2024

La Ferme des Bertrand

   Ce documentaire agricole retrace les grandes évolutions d'une exploitation familiale (bovine), en Haute-Savoie (commune de Mieussy), de 1972 à 2022. Les images ont été tournées en 1972 (en noir et blanc), en 1997 (en couleurs, "granuleuses", de format carré) et en 2022 (de très bonne qualité). L'auteur est un documentariste connu, Gilles Perret, engagé à gauche. On lui doit notamment Les Jours heureux et La Sociale. Ici (peut-être parce qu'il est originaire du coin), le propos militant a tendance à s'effacer derrière la volonté de rendre hommage à une lignée de travailleurs.

   Les images datant de 1972 sont les moins nombreuses. On y voit un trio de frères, jeunes, vigoureux, qui ont repris l'exploitation familiale après des trajectoires diverses, l'un des trois étant, dans un premier temps, parti chercher son bonheur à la ville. Deux d'entre eux ont effectué leur service militaire en Algérie. Au début des années 1970, l'exploitation n'est quasiment pas mécanisée.

   Vingt-cinq ans plus tard, en 1997, les trois frères sont toujours à l’œuvre... et toujours célibataires. Du coup, c'est l'un de leurs neveux, Patrick, qui les a rejoints. (Il est sans doute le fils de l'une de leurs sœurs.) Lui est marié (à Hélène, co-exploitante) et a trois enfants, deux filles et un garçon, que l'on fait témoigner. Les tracteurs et autres machines agricoles sont devenus très présents. Le travail semble moins pénible qu'autrefois.

   En 2022, deux des trois oncles sont décédés... tout comme Patrick (à 50 ans). Sa veuve est sur le point de prendre sa retraite, laissant son fils Marc et l'un de ses gendres mener leur barque. L'exploitation va se doter d'une salle de traite automatique. La nouvelle génération est encore plus branchée machines que la précédente (au point de limiter le plus possible le travail strictement manuel)... et elle est plus présente auprès des membres de sa famille.

   J'ai trouvé cela passionnant et beau. Cela dure 1h25 et l'on est pris par la diversité des thèmes abordés et l'habileté du montage, qui alterne les séquences issues de périodes différentes, plutôt que de proposer un suivi strictement chronologique.

   Je recommande vivement.

mercredi, 31 janvier 2024

Un Coup de dés

   Ce coup de dés est un tournant de la vie, qui fait que celle-ci bascule d'un côté ou de l'autre. L'intrigue de ce film d'Yvan Attal en met en scène plusieurs, de l'agression au domicile d'une famille au départ retardé d'un avion, en passant par une discussion dans une voiture, l'oubli d'un téléphone portable sur un bateau et une dispute dans un appartement.

   Alain Resnais en aurait sans doute fait une brillante comédie, à l'image du diptyque Smoking / No Smoking. Attal a choisi le drame bourgeois, voix off à la clé. Le côté polar de l'intrigue m'a plu, d'autant que l'interprétation est de qualité, avec notamment Marie-Josée Croze, Maïwenn et Guillaume Canet (Attal me paraissant un poil moins convaincant).

   En revanche, le coup de la voix off m'a déplu, d'autant qu'elle est soulignée par une musique un peu pompeuse, qui finit par agacer. Ceci dit, il convient d'un peu se méfier de ce qu'on nous montre au début, le principe des retours en arrière étant un petit peu trompeur. En dépit d'une gestion du suspens parfois maladroite, je trouve que certains effets sont réussis et que, surtout, Attal parvient à maintenir une forte tension presque tout au long du film.

   Au centre de l'histoire se trouve le duo  d'amis Mathieu-Vincent (Attal-Canet). Autant le premier est terne, modeste, introverti, respectueux des règles, autant le second est brillant, flambeur, aventurier et truqueur. Dans la vie, c'est le second qui occupe le devant de la scène. Mais il ne serait rien sans le premier. Que peut-il se passer le jour où l'homme de l'ombre, affable et soumis, décide de faire passer ses désirs avant ceux des autres ? L'intrigue tente de répondre à cette question.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais j'ai trouvé la presse bien sévère pour ce qui constitue un agréable divertissement, pas dépourvu de sens.

11:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 27 janvier 2024

Les Colons

   Le titre de ce film à prétention historique est ambigu. Le terme "colons" semble désigner les étrangers (européens ou nord-américains) venus tenter leur chance au Chili à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Ce sont plutôt des migrants, dont certains se sont mis au service des dominants, les criollos (ou créoles), descendants eux des colons installés dans les premiers temps de la conquête européenne. Cette alliance se fait au détriment des Indiens, dépossédés de leurs terres, pourchassés, voire violé(e)s, tué(e)s.

   Cet aspect-là, pour démonstratif qu'il soit, constitue la part intéressante du film, en particulier lorsqu'est mis en scène le fossé qui sépare les pauvres (qu'ils soient amérindiens ou pas) de l'élite dirigeante (fortunée), qu'elle soit conservatrice (comme le grand propriétaire Menéndez) ou progressiste (comme l'envoyé gouvernemental).

   La première partie prend la forme d'un western crépusculaire, puisqu'il s'accompagne d'exécutions et de viols. Les paysages sont jolis, mais mon Dieu que c'est poussif ! J'ai plus d'une fois piqué du nez. Je trouve aussi que le jeu de certains acteurs est maladroit. C'est dommage, parce que la cause est belle.

   Une séquence m'a particulièrement posé problème : celle qui fait intervenir des militaires en rupture de ban. Ils sont britanniques (notamment gallois). L'apparence de respect des règles va assez rapidement laisser la place à des pulsions moins civilisées. Dans cette séquence, j'ai ressenti de la part du réalisateur la double volonté de dépeindre ces Occidentaux de la manière la plus péjorative qui soit et de les humilier. Devant cette caméra, tous les vices sont européens (ou nord-américains). On tombe dans une forme de manichéisme.

   La seconde partie nous projette quelques années plus tard. Sur le fond, elle donne une autre saveur à l'histoire. Sur la forme, elle est moins intéressante.

   Le sujet était porteur, mais le résultat n'est pas particulièrement emballant.

Si seulement je pouvais hiberner

   C'est à peu près ce que déclare l'un des personnages de l'histoire (un des frères du héros), quand tous se retrouvent frigorifiés dans leur yourte sédentarisée, en banlieue d'Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie.

   Les hivers y sont beaux mais rudes. Les superbes paysages d'Asie centrale sont  parfois masqués par les fumées issues des systèmes de chauffage à l'ancienne, de vieilles chaudières à charbon, au rendement aléatoire... et  encore, quand on a du charbon.

   Se procurer cette source d'énergie fossile est l'un des objectifs prioritaires de la famille du héros, composée d'une mère et de ses quatre enfants : une fille et trois garçons. Le père est mort et la mère n'est pas bien vaillante. On comprend à demi-mots qu'elle peine à surmonter sa dépendance à l'alcool... et son peu d'appétence pour le travail.

   Du coup, c'est le fils aîné Ulzii qui prend de plus en plus en charge le ravitaillement de la famille. Pour cela, il doit jongler avec ses études. Le lycéen est doué en sciences. Il pourrait prétendre à beaucoup mieux que ses camarades de classe... à condition de réussir ce fameux concours de recrutement national, auquel son prof de physique est prêt à le préparer bénévolement. Mais, entre les tentations d'un ado et les soucis familiaux, la vie quotidienne place Ulzii devant des choix cornéliens, d'autant qu'une fierté excessive l'empêche de demander de l'aide, ne serait-ce qu'à un couple de vieux voisins compatissants.

   Dit comme ça, cela pourrait sembler misérabiliste. Pas du tout en fait. La description du quotidien de cette famille pauvre prend un tour documentaire. (Les enfants sont bien dirigés.) On découvre aussi les inégalités croissantes qui traversent la capitale, entre quartiers modernes, récemment aménagés, disposant de tout le confort, et quartiers plus traditionnels, pas dénués de charme, mais terriblement précaires.

   C'est de surcroît bien filmé, avec de beaux plans d'ensemble de la ville ou de ses abords et des scènes bien troussées en intérieur, les yourtes se révélant propices à une mise en scène plus intimiste.

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mercredi, 24 janvier 2024

Godzilla Minus One

   Curieusement, ce film japonais a "bénéficié" de deux sorties sur grand écran, en France. La première, dans une combinaison très limitée de salles, est survenue en décembre dernier. Sans doute en raison de l'engouement suscité par le film, il a été décidé de le reproposer, à un plus large public... et c'est tant mieux.

   L'intrigue n'a pas été chamboulée par rapport aux classiques de la franchise (qui compte plus de trente films mettant en scène la grosse bébête radioactive). Du côté d'Hollywood, en 1998, Roland Emmerich attribuait aux essais nucléaires français du Pacifique la naissance du monstre. Plus récemment, en 2014, Gareth Edwards remontait aux origines (l'après Seconde Guerre mondiale), en convaincant à moitié. Sans trop en dire, je peux quand même affirmer qu'ici, on sous-entend que la (re)naissance de Godzilla est un poil plus ancienne...

   Cela nous amène à l'un des grands intérêts de l'histoire : la peinture du Japon de 1945-1946, entre destructions, famine et familles déconstruites. On suit notamment un ancien kamikaze (qui n'a pas pu aller jusqu'au bout) et une mère célibataire qui sort de l'ordinaire. Après une introduction en fanfare (avec la grosse bête), l'intrigue prend des chemins à la fois sociologiques et psychologiques. On est loin des gros sabots états-uniens.

   Je rassure les fans de film à grand spectacle : on en a pour son argent, avec de bons effets spéciaux... ce qui confirme qu'il n'est pas nécessaire de mettre "un pognon de dingue" dans les technologies numériques pour créer une œuvre à la fois spectaculaire et vraisemblable.

   Godzilla joue un double rôle. D'un côté, il est le destructeur, à la fois créature de la démesure humaine et son prédateur ultime. D'une autre côté, il est le déclencheur, celui dont la présence oblige les humains à faire des choix, à mûrir, s'engager... C'est l'occasion pour nous de voir évoluer une famille recomposée, vaille que vaille. C'est assez touchant sans être hyper souligné.

   En revanche (le film étant plutôt destiné au public est-asiatique), je n'ai guère apprécié certains scènes surexpressives, dans l'autoflagellation ou le larmoiement.

   Cela reste néanmoins un film hautement recommandable.

17:09 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 21 janvier 2024

Stella, une vie allemande

   Une jeune femme répète un spectacle musical (jazzy) avec son groupe d'amis musiciens. Ils sont jeunes, bien de leur personne, assez doués, avec une forte envie de croquer la vie à pleines dents. Certains (dont l'héroïne éponyme) espèrent signer un contrat avec un producteur de Broadway... mais, voilà : nous sommes en 1940, en Allemagne (nazie)... et ces musiciens (tout comme la chanteuse) sont juifs.

   L'intrigue (inspirée d'une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag, que je conseille de ne pas lire avant d'avoir vu le film) est découpée en deux parties. La première est, à mon avis, la moins intéressante. C'est celle qui contient les scènes les plus traditionnelles, voire convenues, auxquelles le réalisateur tente d'apporter un peu d'originalité caméra à l'épaule. Le résultat n'est guère convaincant. Ainsi, on perçoit trop bien que les musiciens ne jouent pas vraiment pendant les scènes de répétition. Seule la chanteuse sonne juste. Il faut dire que Paula Beer irradie dans ce long-métrage, où elle est filmée sous toutes les coutures, dans tous les états. Elle confirme tout le bien que je pense d'elle depuis Frantz.

   Mais on a déjà vu (en mieux) les scènes de débrouille, celles de vagues d'arrestation ou de dissimulation. C'est peut-être utile pour les jeunes générations, mais les vieux cinéphiles (et lecteurs) n'auront pas le plaisir de la découverte. Certaines scènes m'ont même paru grotesques, comme la fiesta dans un riche appartement berlinois, en plein bombardement, ou le rapport sexuel à moitié consenti, dans la ferveur de l'instant.

   Le film bascule lors de l'arrestation par la Gestapo, qui enclenche une série de tortures que la caméra aborde frontalement. C'est à la limite du soutenable... et beaucoup plus réaliste que bien des œuvres antérieures consacrées au sujet, dans lesquelles souvent on élude ou on ne montre que les conséquences des mauvais traitements.

   Cette violence explicite est toutefois nécessaire pour faire comprendre le basculement de l'héroïne. Au départ, elle n'est qu'une jeune femme un peu frivole, prête à bien des concessions pour continuer à profiter de la vie, en dépit des circonstances. Elle passe d'un homme à l'autre, chaparde, truande... mais, dans cette seconde partie, son comportement devient extrêmement discutable.

   Le réalisateur ne juge pas... du moins, pas immédiatement. (On sent quand même son point de vue au moment du deuxième procès, après guerre.) Il laisse sa chance à son personnage, très bien incarné par Paula Beer. C'est un peu longuet, mais l'histoire est bigrement forte. Je ne la connaissais pas. Elle m'a vraiment retourné et je trouve que, d'un point de vue général, elle pose de bonnes questions, entre autres : qu'est-on prêt à faire pour survivre ?

samedi, 20 janvier 2024

Krisha et le Maître de la forêt

   Ce conte sibérien est une animation sud-coréenne réalisée en stop-motion : les personnages sont des poupées, qui ont été animées image par image. Cela a donc demandé un travail fou, une méticulosité de dingue. Le résultat est visuellement assez impressionnant.

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   Deux trames narratives se croisent : la vie des nomades Nénètses, en particulier celle d'une famille, dont la mère tombe malade, et l'expédition d'un duo de chasseurs, menée par un officier soviétique sans scrupule (qui déplore le peu de motivation des nomades à rejoindre les kolkhozes).

   De la part du réalisateur, on sent la volonté de montrer que la nature est belle... et cruelle. Le froid extrême qui règne dans ce grand Nord sibérien peut se révéler mortel, sans compter la présence des loups, les plus dangereux prédateurs... avec les humains.

   C'est visible par les petits et les grands, mais ce n'est pas "nunuche". On voit les nomades consommer de la viande et du sang de renne, ainsi que l'affection qui les lie aux bêtes de leur troupeau. Il y a donc du sang à l'image, y compris quand les chasseurs s'en prennent à un ours mythique, ce "Maître de la forêt" dont les adultes attentifs identifieront l'équivalent humain, en tendant l'oreille.

   C'est donc à la fois fantastique et réaliste, à l'image des anciens contes (notamment européens). Les deux enfants vont devoir surmonter des difficultés pour tenter de sauver leur mère (peut-être victime de l'anthrax). Le garçon agaçant du début (du genre capricieux) se met à penser un peu aux autres et Krisha apprend à surmonter ses pulsions (agressives ou pleurnichardes) pour parvenir à ses fins.

   Cela dure 1h10 et c'est vraiment chouette.

   P.S.

   Les Nénètses (ou Nenets) ont fait l'objet d'un semi-documentaire, il y a une douzaine d'années : Neko, dernière de la lignée.

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samedi, 13 janvier 2024

Dream Scenario

   Il y a deux ans, à Cannes, Kristoffer Borgli s'était fait remarquer avec Sick of myself, un petit bijou d'ironie mordante. Dans son nouveau film, il traite encore de la célébrité, mais sous un autre angle : ici elle survient par accident.

   C'est l'histoire de Paul Matthews, un prof de biologie évolutive dans une fac modeste. D'un côté, on peut dire qu'il a réussi. C'est un intellectuel installé à un poste d'autorité, son épouse (incarnée par une vieille connaissance : Julianne Nicholson, vue jadis dans New York, section criminelle) est belle et intelligente et il vit dans une superbe maison. Mais il n'a pas obtenu la reconnaissance académique qu'il estime mériter et ses cours en amphi ne suscitent pas l'enthousiasme des quelques étudiants qui les suivent.

   Lorsque Paul commence à apparaître dans les rêves des personnes qu'il connaît... puis dans ceux de celles qu'il ne connaît pas, il devient un phénomène de société. C'est savoureux (d'autant qu'au départ Paul semble ne jouer aucun rôle particulier dans les rêves), très bien joué par Nicolas Cage, convaincant en quinqua un peu empâté, un peu chauve, pas vraiment sexy.

   Cela dérape quand le Paul Matthews des rêves se met à agir dans ceux-ci, soit de manière positive (il provoque de profonds émois chez certaines dames), soit de manière négative (il est violent, voire il tue).

   La scène de bascule est celle qui se déroule chez la ravissante employée d'un groupe de communication, avec lequel l'enseignant est entré en contact pour promouvoir le livre qu'il ne parvient pas à écrire. Borgli a conçu une scène "déconstructive". En effet, elle semble prendre le chemin de ce qu'on a déjà beaucoup vu dans d'autres films ou séries : une belle jeune femme, fascinée par le héros (pourtant pas bien excitant), s'apprête à se donner à lui... sauf que les choses ne se passent pas comme prévu. Je n'en dirai pas plus, mais sachez que le déboutonnage de pantalon a provoqué une double salve d'éclats de rires dans la salle.

   A partir de là, le ton change. La vie du prof devient un enfer. C'est beaucoup moins drôle que dans la première partie, mais cela en dit autant voire plus. Le réalisateur décoche ses flèches contre une forme de politiquement correct, notamment la volonté du doyen de la fac de ne pas faire de vague. Le superficiel bruit médiatique du début tourne quasiment au harcèlement d'un homme qui n'a rien fait pour mériter cela... tout comme il n'avait rien fait pour mériter la célébrité. Mais les conséquences ne sont pas de même nature, ni de même intensité.

   L'histoire se conclut de manière ironique, en France. C'est sympa, mais l'intensité a baissé, je trouve.

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jeudi, 11 janvier 2024

Moi capitaine

   Environ cinq ans après Dogman, Matteo Garrone revient avec un autre film sociétal coup-de-poing, consacré cette fois aux migrants africains, ici principalement sénégalais.

   La première partie se passe autour de Dakar. On y découvre les héros de l'histoire, dont, durant tout le film, on aura du mal à dire s'ils sont frères ou bien cousins, les sous-titres naviguant entre ces deux possibilités. Ce début ne m'a pas enchanté. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire et à suivre cette intrigue en wolof (sous-titré), mâtiné de termes français. De plus, certains acteurs (visiblement non professionnels) ne sont pas convaincants.

   Pour moi, le film décolle vraiment quand les garçons arrivent aux franges du Sahara, au début d'un périple qui se révèlera plus dangereux et compliqué que ce qu'ils avaient imaginé au départ. Garrone fait montre de son savoir-faire, filmant le désert à la fois comme un piège sournois et un espace empreint de beauté.

   La meilleure partie est sans conteste le séjour en Libye, qui commence par un "détroussage" nocturne  en plein désert, suivi d'une période de semi-esclavage. Le début nous montre des passeurs et une mafia cruels au possible, avant qu'un peu de nuance ne soit introduite. Tous les Libyens ne sont pas des salauds et un peu d'humanité émerge, notamment aussi parce que certains des migrants ébauchent une forme de solidarité. Une belle relation naît entre un maçon (guinéen je crois) et le plus jeune des Sénégalais, Seydou.

   Concernant ce personnage (et celui de son cousin, Moussa), un basculement se produit. Au départ, l'aîné est le plus entreprenant et semble en position de force. Au fur et à mesure du périple, le cadet mûrit, prend de l'assurance... et des décisions parfois draconiennes, alors que l'aîné se retrouve en position de faiblesse.

   On attend avec impatience la dernière partie, censée montrer la traversée de la Méditerranée, direction l'Italie. Elle est clairement moins réussie, le discours militant prenant (pour moi) nettement le dessus sur le projet cinématographique. L'ensemble n'en constitue pas moins une œuvre forte, clairement engagée, perfectible, mais qui pose de bonnes questions.

   P.S.

   Sur le même thème, je recommande La Pirogue (à mon avis plus réussi).

samedi, 06 janvier 2024

Mon Ami Robot

   Cet étonnant film d'animation espagnol (par le réalisateur de Torremolinos 73) a pour cadre officiel le New York des années 1970-1980, ses quartiers populaires, un peu crasseux (marqués par la délinquance) et ses lieux récréatifs (peut-être Coney Island). Mais c'est aussi une histoire futuriste, dans laquelle les habitants peuvent s'acheter un robot de compagnie à monter soi-même. C'est enfin une animation recourant au classique effet de substitution, les animaux (dont le héros, Dog) remplaçant les humains, chaque espèce représentant un type de population différent.

   Le scénario est plus élaboré que ce à quoi je m'attendais. Après la description d'une solitude urbaine, le film passe au compte de fées de l'amitié, jusqu'au drame. Arrivé à ce point, je me demandais comment les scénaristes allaient pouvoir tenir leur histoire pendant encore plus d'une heure... eh bien ils ont réussi leur pari. Le héros comme son robot de compagnie, séparés, vont faire des rencontres, chacun de son côté. Ces rencontres sont plus ou moins enthousiasmantes... d'autant qu'il faut parfois se méfier de ce que l'on nous montre à l'écran. Est-ce la réalité des personnages, ou bien autre chose ?... La dernière partie nous réserve de nouvelles péripéties.

   L'animation m'a aussi agréablement surpris. C'est moins simpliste que cela en a l'air, de prime abord. Il faut s'intéresser aux décors (notamment urbains), vraiment chiadés. Il y a aussi quelques effets remarquables, comme ce dessin à la buée, sur la vitre d'un bus, qui se révèle différent de ce que l'on croit, une fois achevé et complètement révélé. Je pense aussi à la "séquence des marguerites", virtuose.

   C'est drôle dans la première partie, puis émouvant, à plusieurs titres. C'est compréhensible par les petits et les grands. (Dans la salle où j'ai vu le film, cela allait de 7 à 77 ans.) Pour moi, c'est une réelle bonne surprise, parce que j'avais peur que les critiques aient quelque peu survendu le film.

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Une Affaire d'honneur

   Après avoir tant joué dans des œuvres dites "de cape et d'épée", Vincent Perez a décidé d'en réaliser une. Son intrigue ne se déroule pas sous la monarchie, mais au début de la IIIe République. Les années 1880 sont celles de la consolidation républicaine, mais avec une profusion de duels, l'exercice étant désormais fort prisé de la bourgeoisie dominante... masculine.

   Trois histoires vont se croiser. il y a tout d'abord celle du maître d'armes (fictif) Clément Lacaze, ancien militaire, vétéran de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. C'est l'une des plus fines lames de France et c'est son orgueil. Son neveu se retrouve embarqué dans une histoire sordide : pensez donc, il s'est épris de la jeune épouse d'une gloire militaire nationale. S'ajoutent à cela les actes d'une militante féministe (qui elle a bien existé) : Marie-Rose Astié de Valsayre. En plus de revendiquer le droit de vote des femmes, elle milite pour l'abolition du décret napoléonien qui interdit le port du pantalon aux dames (à Paris)... et elle se pique de manier l'épée, comme les messieurs.

   J'ai été pris par cette triple intrigue parce que les acteurs sont très bons, en particulier Roschdy Zem, impérial en figure hiératique de l'escrime. Doria Tillier (un peu maigrichonne pour être totalement crédible en bretteuse) convainc en féministe libertaire. Vincent Perez fait un très bon antagoniste, tout comme Damien Bonnard, qui semble avoir pris plaisir à incarner un gros blaireau. A l'arrière-plan, on remarque notamment Guillaume Gallienne. Tout cela sent la "qualité française"... et ce n'est pas ennuyeux.

   La mise en scène s'est évertuée à reconstituer les rituels de duel (à l'épée, au pistolet, au sabre), tout en ménageant le suspens (jusqu'à la fin), même si l'on sent un peu trop venir le drame du début. Les quatre séquences de combat sont fort bien conçues.

   Si je devais mettre un bémol, ce serait à cause de l'ébauche de romance entre Lacaze et Astié que Perez et sa scénariste ont voulu insérer. Bof, bof...

   Si on laisse de côté cet aspect secondaire de l'intrigue, on passe un très bon moment.

mercredi, 03 janvier 2024

Kina & Yuk, renards de la banquise

   Les latitudes extrêmes sont au programme des salles obscures, ces temps derniers... mais c'est plutôt l'hémisphère austral qui a été à l'honneur jusqu'à présent, que ce soit dans le documentaire (Voyage au Pôle Sud), la fiction intimiste (Soudain seuls) ou le film à grand spectacle (Aquaman 2).

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   Ici, direction le Grand Nord canadien, plus précisément le Yukon, où évoluent des renards de la banquise, de photogéniques petites boules de fourrure, à la fois prédateurs et gibiers pour de plus gros mammifères.

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   Kina la blanche est la femelle, gravide. Sur le point de mettre bas, elle a besoin de plus de nourriture que d'habitude... et d'une tanière sûre, à l'abri des intempéries comme des prédateurs. Le mâle Yuk (au pelage brun) est à la fois son compagnon de jeux et son protecteur.

   Le début nous montre le couple en pleine idylle, gambadant dans les folles prairies de l'insouciance plaines enneigées du monde arctique. Très vite, les amoureux vont être séparés, à cause de l'imprudence de Yuk (et du vilain réchauffement climatique).

   A partir de ce moment-là, la caméra suit séparément les deux renards... et l'on s'aperçoit vite que le réalisateur s'est surtout attaché à la renarde. Kina doit d'abord échapper au renard roux, un congénère certes, mais d'une race différente... et qui ne dédaigne pas becqueter de la viande goupilesque.

   Encore plus dangereux sont les loups, qui errent aux alentours de Jack City, où la renarde trouve refuge. Elle veille aussi à se tenir à l'écart des étranges bipèdes et des monstres sur roues qui peuplent cette ville.

   Fort heureusement pour elle, elle va se faire une copine, nommée Rita.

   Je n'en dévoilerai pas plus. Les péripéties sont assez nombreuses. Elles retiennent l'attention des petits, sans surprendre les grands. Les images sont superbes, les animaux quasi magnifiés... avec réalisme toutefois. Les loups sont montrés tels qu'ils sont : de redoutables prédateurs, qui ne craignent que les ours (qui les dédaignent) et les êtres humains (qui délèguent leur défense à des chiens qui sont rarement de taille). Le réalisateur s'est cependant gardé de montrer des images choquantes, en particulier celles de la manière dont les carnassiers sauvages se nourrissent.

   C'est hyper-balisé sur le fond et de grande qualité sur la forme, comme le précédent film de Guillaume Maidatchevsky, Aïlo, une odyssée en Laponie.

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dimanche, 31 décembre 2023

Les "Riton" 2023

   L'année sur le point de se terminer fut riche en plaisirs cinématographiques. Une cinquantaine de films m'ont particulièrement "emporté" (comme l'an dernier). Sur cette cinquantaine, une vingtaine furent (pour moi) particulièrement marquants. Il m'est impossible d'en extraire un podium, tant la qualité fut présente dans les salles obscures, dans des genres différents... et encore, je ne parle que des films que j'ai pu voir. J'ai en raté quelques-uns, pas toujours mauvais...

   Sans surprise, la catégorie des "films d'animation" est très fournie. Ce genre est devenu pour moi l'une raisons qui me poussent à me rendre dans les salles obscures.

- Riton du retour du Grand Maître : Le Garçon et le héron (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation mythologique : Pattie et la colère de Poséidon

- Riton de la mise en images de légendes populaires : La Maison des égarées

- Riton de l'adaptation d'un comic book : Spider-Man across the spider-verse

- Riton de l'animation picturale : Hokusai

- Riton de l'animation d'inspiration japonaise : Mars Express

- Riton de l'animation extra-terrestre : Mad God

- Riton de l'animation au ras des pâquerettes : Marcel le coquillage (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation qui met le nez des Français sur une partie de leur passé : Interdit aux chiens et aux Italiens

- Riton de l'animation qui élève : Elémentaire

- Riton de l'animation qui fait voyager : Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire

- Riton de l'animation qui fait bouger : Détective Conan : le sous-marin noir

 

   Voilà qui nous conduit aux films réalisés par de bons cuisiniers, qui ont compris que le public ne venait pas au cinéma pour se faire chier.

- Riton du film à la sauce tomate : John Wick IV

- Riton du film à la sauce napolitaine : Equalizer 3

- Riton du film à la sauce barbecue : Mayday

- Riton du film à la sauce harissa : Babylon (un de mes films de l'année)

- Riton du film à la sauce piquante : Les Gardiens de la galaxie 3

- Riton du film à la sauce moule-burnes : The Flash

- Riton du film qui "fait revenir" ses personnages : Indiana Jones 5

- Riton du film cuisiné à l'ancienne : Mission : impossible - Dead Reckoning I (un de mes films de l'année)

- Riton du film qui embroche : Les Trois Mousquetaires (D'Artagnan comme Milady, tous deux faisant partie de mes films de l'année)

 

   C'est souvent grâce à des films d'action ou de super-héros que j'ai ri. La comédie est un genre sinistré au cinéma. Elle rapporte de l'argent (parce qu'elle ne coûte pas très cher à produire)... mais elle m'emballe rarement. Dans ce naufrage (qui n'est pas que français), je distingue les œuvres suivantes.

- Riton du film de jeune con : Alibi.com 2

- Riton du film de vieux con : Testament (un de mes films de l'année)

- Riton de la comédie sociétale qui a fait grincer quelques dents : Une Année difficile

 

   Cela m'amène aux "films de genre" (plutôt polars ou thrillers), un type d’œuvre qui a lui aussi tendance à m'attirer dans les salles obscures.

- Riton du film sardonique : Sick of myself

- Riton du film dentaire : Earwig

- Riton du film mordant : Les Meutes

- Riton du film angoissant : Missing : disparition inquiétante

- Riton du film d'enquête : Marlowe

- Riton du film à choix multiples : Le Tourbillon de la vie

- Riton du film à choix unique : Soudain seuls (un de mes films de l'année)

- Riton du film à choix cornéliens : Les Ombres persanes (un de mes films de l'année)

 

   La fiction nous ramène souvent à la réalité. Celle-ci nous a été habilement présentée par plusieurs œuvres à caractère documentaire.

- Riton moyen-oriental révoltant : 7 hivers à Téhéran (un de mes films de l'année)

- Riton ukrainien accablant : Pierre Feuille Pistolet

- Riton américain intrigant : Reality (un de mes films de l'année)

- Riton écologiste à moitié rassurant : Les Gardiennes de la planète

- Riton germanique apaisant : Anselm : le bruit du temps

- Riton japonais réjouissant : La Famille Asada (un de mes films de l'année)

- Riton polonais émouvant : Promenade à Cracovie

 

   Les films historiques sont un prolongement naturel des documentaires. Ils ont été particulièrement variés cette année.

- Riton du film qui nous en apprend encore sur la Seconde Guerre mondiale : Natural Light (un de mes films de l'année)

- Riton du film  qui nous rappelle ce que fut la terreur stalinienne : Le Capitaine Volkonogov s'est échappé (un de mes films de l'année)

- Riton du film qui évoque de manière originale une dictature disparue : Chili 1976

- Riton du film qui montre un aspect inquiétant des démocraties libérales : La Syndicaliste

- Riton du biopic : L'Abbé Pierre

- Riton du film victimaire : Emmett Till

- Riton du film qui transcende une tragédie : Killers of the Flower Moon (un de mes films de l'année)

 

   Pour terminer ce palmarès, je vais distinguer des longs-métrages que je qualifierais de "délicats". Tous sont marqués par une certaine subtilité, toutefois pas mise en scène de la même manière.

- Riton du film terrestre : L'Improbable Voyage d'Harold Fry

- Riton du film aérien : The Lost King (un de mes films de l'année)

- Riton du film climatique : En plein feu (un de mes films de l'année)

- Riton du film de destinée : La Voie royale

- Riton du chant du cygne : Vivre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de résurrection : Sur les chemins noirs (un de mes films de l'année)

- Riton du film sur les beautés simples de la vie : Perfect Days (un de mes films de l'année)

  

   Je n'ai pas placé par hasard deux œuvres "japonaises" en début et fin de palmarès. Ce sont deux des plus beaux films que j'ai vus ces dernières années. Ils ne seraient sans doute pas loin du podium, si je parvenais à en établir un.

20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 décembre 2023

Les Trois Mousquetaires : Milady

   Sortie quelques mois après le premier volet, cette seconde partie de l'adaptation du roman d'Alexandre Dumas (père) met en avant le personnage de l'espionne de Richelieu, l'envoûtante, la machiavélique, la rebelle Milady de Winter, incarnée avec toujours autant de talent par Eva Green. (Allez, un César !)

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   Paradoxalement, ce personnage n'est pas si présent que cela. Cela confirme que les deux films n'en font qu'un, l'insistance mise sur tel ou tel protagoniste étant plutôt de pure forme : D'Artagnan occupe une aussi grande place dans le second volet que dans le premier.

   Toutefois, chaque apparition de Milady est déterminante. Dans le premier tiers de l'histoire, la séquence qui lui fait retrouver le cadet de Gascogne recèle son lot de surprises. Elle est surtout virevoltante. Plus tard arrive la scène que les connaisseurs de l'histoire attendent : le face à face avec Athos (différent du roman, la scène se concluant d'une manière qui ménage l'avenir). Un moment de grâce est atteint en Angleterre, où l'on découvre Milady sous un autre visage (pour la seconde fois, victime, pas uniquement bourreau), avec aussi une incroyable scène dans la grange.

   Les autres comédiens sont convaincants. François Civil m'a semblé plus à l'aise que dans le précédent opus, mais toujours moins marquant que Romain Duris, Pio Marmaï et Vincent Cassel, qui constituent un formidable trio. J'y ajouterais Marc Barbé et surtout Eric Ruf, impeccable en cardinal de Richelieu.

   C'est toujours aussi feuilletonnesque. Le film regorge de péripéties, de cascades, de trahisons. Les dialogues sont bien écrits, souvent "piquants". Sur le fond, c'est moins joyeux, plus noir que le premier volet, ce qui me convient. Sur le plan visuel, c'est peut-être encore meilleur. J'ai passé un excellent moment... et j'aimerais bien qu'il y ait une suite (vingt ans après ?), comme la fin semble le suggérer.

18:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 28 décembre 2023

Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire

   Cette animation espagnole louche sur les films noirs et l'ambiance à la Agatha Christie (le héros, l'inspecteur Sun, étant un double parodique -et arachnéen- d'Hercule Poirot).

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   Le pari des créateurs est de faire des araignées les personnages principaux de ce film... et donc de les rendre plutôt sympathiques... ainsi qu'une pléiade de bestioles qui n'ont pas toujours bonne réputation : mouches, crickets, cafards, puces, fourmis...

   Cela passe sans problème parce que l'image est de qualité. L'assemblage des corps d'insectes ou d'arachnoïdes et de visages humains fonctionne bien, avec des yeux particulièrement expressifs (une qualité qu'on retrouve d'habitude dans les productions Pixar). On peut ajouter que les dialogues sont nourris de jeux de mots en lien avec la nature des protagonistes.

   L'intrigue est très classique : un meurtre mystérieux est commis au cours d'un voyage en avion (entre Shanghai et San Francisco). Les passagers de très petite taille empruntent le même vol que les humains, mais dans une partie différente de l'aéronef, les deux mondes finissant parfois par se croiser, lors de scènes particulièrement enlevées.

   L'inspecteur Sun, au moins autant veinard qu'habile en déduction, va s'appuyer (au début bien malgré lui) sur une nouvelle apprentie, du genre "collante", une araignée sauteuse très futée. Leur association est sympathique et elle montre un duo amical en formation, l'adulte prenant de plus en plus en considération les initiatives de la jeune.

   L'enquête réserve son lot de mystères. Elle est menée au pas de charge par Sun et son acolyte, sur fond musical jazzy. On retrouve dans l'histoire des personnages typiques du roman noir : l'homme d'affaires richissime, la femme fatale, le détective, les employés plus ou moins fiables, le voyou quasi insaisissable, le patron un peu trop présent dans l'enquête... La galerie de suspects est étoffée. Un étrange complot semble être à l’œuvre...

   Cela dure moins d'1h30. C'est visuellement bien fichu et l'on ne s'ennuie pas. Les aspects un peu sombres de l'histoire sont gommés par la fin, qui rassurera les petits. Ce film est l'une des bonnes surprises de cette fin d'année 2023.

09:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 27 décembre 2023

Soudain seuls

   J'ai fini par voir cette histoire de couple, adaptée d'un roman de la navigatrice Isabelle Autissier (que je n'ai pas lu). Tournée en Islande, elle évoque le périple d'un homme et d'une femme dans le sud de l'océan Atlantique, jusque dans ces îles (argentines ou chiliennes) d'où, parfois, on peut voir le début de la banquise.

   Le début est sans surprise, balisé, mais bien joué. On sent que cela tangue un peu, sur le bateau comme dans le couple. Les péripéties du voyage contribuent à faire éclater la crise. Cela débouche sur une soirée, dans le refuge, au cours de laquelle on se dit ses quatre vérités / on cherche à être le plus vexant possible avec l'autre. En revanche, ce qui est moins vraisemblable, c'est la rapide succession des hauts et bas dans la relation. C'est peut-être le principal point faible de ce film : la réalisation et le montage ne sont pas parvenus à transmettre la possibilité de ces évolutions.

   Un autre basculement est à l’œuvre au cours de cette histoire. Au début, on nous présente un couple assez traditionnel : Ben est un homme d'action, un sensitif, qui aime vivre au contact des forces de la nature, tandis que Laura semble plus intellectuelle, plus réfléchie. Dans un premier temps, l'homme semble plus adapté à la survie dans le nouveau contexte, celui de l'échouage sur une île déserte, où l'on ne croise que des manchots. Petit à petit, on comprend que le rapport de force s'inverse. Laura s'endurcit ; la jolie et douce blonde du début se transforme en guerrière du quotidien. Les deux acteurs (Gilles Lellouche et Mélanie Thierry) sont formidables.

   J'ai aimé cette ambiance de bout du monde, ces paysages magnifiques et cette vie âpre, où les instincts primaires ont tendance à prendre le dessus sur l'éducation et le vernis de civilisation. La conclusion est belle, bien que, pour moi, invraisemblable.

 

ATTENTION !

DIVULGÂCHAGE !

POURQUOI JE TROUVE UNE PARTIE DE L'INTRIGUE INVRAISEMBLABLE.

 

   Dans la troisième partie du film, Laura part seule dans la montagne, en quête d'un poste de secours censé se trouver sur l'île, puisqu'elle est classée en zone naturelle. Le fait qu'au bout d'efforts intenses elle puisse parvenir à la base est bien rendu à l'écran... mais le fait qu'après ce périple de plusieurs jours, suivi d'environ une semaine de rétablissement (dans la base), elle parte à la recherche de Ben... et le retrouve vivant me paraît irréaliste. Quand elle l'a quitté, il ne lui restait que peu de réserves de nourriture... et il n'était pas en état de s'en procurer de nouvelles.

10:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 26 décembre 2023

Une Equipe de rêve

   Taila Watiti a embarqué une bande de potes à Hawaï, pour y tourner une fiction commémorant le parcours (réel) de l'équipe de football des Samoa américaines en 2011, lors des éliminatoires de la coupe du monde devant se dérouler au Brésil.

   Avant cela, on découvre l'humiliation subie par cette équipe, dix ans plus tôt, face à l'Australie (0-31). L'arrivée d'un nouvel entraîneur, européen, ancien joueur de haut niveau, caractériel, est censée remettre les Samoans sur de bons rails. Cet entraîneur est interprété par Michael Fassbender, qui s'en sort bien dans un rôle atypique pour lui.

   Le début est comique quand on constate la nullité faiblesse du niveau des joueurs. Non seulement ils disposent de peu de qualités individuelles, mais ils peinent à évoluer ensemble, sur le terrain. Ne parlons pas de leur peu d'acharnement à l'entraînement... Il faut dire que tout ce petit monde cumule deux ou trois emplois à côté, afin de pouvoir vivre sa passion du football.

   Bien évidemment, au départ, entre l'entraîneur et les joueurs, cela ne va pas fonctionner. Bien évidemment, par la suite, l'Européen psycho-rigide va s'adapter aux coutumes locales, tandis que, grâce à des méthodes d'entraînement peu conventionnelles, il va parvenir à faire de sa bande de bras cassés une équipe capable d'enfin défendre ses chances sur le terrain. Au passage, le coach va régler ses problèmes personnels, plus profonds qu'on ne l'image au départ.

   Compte tenu de la charge comique quelque peu dévalorisante qui pèse sur les joueurs (et certains autres habitants), je pense que ce film n'aurait pas pu voir le jour sous la houlette d'un réalisateur blanc. Le fait que Watiti soit un métis maori a dû jouer en sa faveur... en plus de sa réputation et de sa capacité à récolter les fonds, bien entendu. (Ceci dit, le gugusse, qui m'avait favorablement impressionné avec Thor : Ragnarok, m'a déçu avec Jojo Rabbit et Thor : Love and Thunder.)

   Du côté sociétal, il faut noter la mise en valeur d'un joueur transgenre, interprété par un acteur lui-même transgenre, Kaimana, très convaincant dans le rôle.

   Il ne faut pas se laisser décourager par l'introduction, durant laquelle un pasteur s'adresse à la caméra. Le réalisateur n'a pas pu s'empêcher de faire une apparition peu subtile dans son film. (N'est pas Hitchcock qui veut...) C'est le narrateur de l'histoire.

   La suite est de meilleure qualité, sans produire d'étincelle. On navigue entre Rasta Rockett et Meurtres au paradis, sans en atteindre le niveau.

Miss Fisher et le tombeau des larmes

   Hier, en deuxième partie de soirée, après Downton Abbey, France 3 a diffusé Miss Fisher et le tombeau des larmes, l'adaptation en long-métrage de la série Miss Fisher enquête. Cette production australienne, très plaisante, raconte les aventures d'une femme célibataire, libre et fortunée, farouchement indépendante, qui joue les détectives à l'autre bout du monde durant l'Entre-deux-guerres.

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   L'intrigue de ce qui ressemble à un épisode double (censé, peut-être, conclure une série qui n'a pas eu droit à une quatrième saison) transporte les héros d'Australie au Royaume-Uni et (surtout) au Proche-Orient, plus précisément dans la Palestine sous mandat britannique. (Les téléspectateurs attentifs remarqueront que dans ce territoire ne semblent vivre que des Arabes et des Britanniques, sans aucune tension autre qu'une montée des revendications indépendantistes...)

   D'abord engagée pour sauver la nièce d'un cheikh d'un destin funeste, l'intrépide détective va tenter d'élucider la mort étrange de presque tous les habitants d'un village. En parallèle, une énigme pose problème aux héros (Miss Fisher et son commissaire chéri, quelque peu malmené dans cette histoire) : celle d'un mystérieux tombeau, entouré d'une malédiction.

   L'ambiance de la série est bien restituée, avec une touche d'Agatha Christie. Les personnages secondaires sont plutôt bien campés, même si l'on sent que l'attention de la scénariste comme du réalisateur s'est concentrée sur Essie Davis, toujours aussi pétillante dans le rôle principal... et quelle diversité de tenues, à la fois sexy et colorées !

   C'est rythmé, émaillé d'humour, bref, divertissant.

   P.S. I

   Les fans de la série regretteront que certains de ses personnages récurrents (comme Dottie et Collins) n'apparaissent que fugacement.

   P.S. II

   C'est visible en replay jusqu'au 2 janvier 2024.

lundi, 25 décembre 2023

Jeff Panacloc - A la poursuite de Jean-Marc

- Comment ça, tes gamins ne veulent pas aller au jardin public ? Ils ne vont tout de même pas rester plantés devant la télé ou les jeux vidéos ?

- Rien ne les oblige à faire tout comme les autres. Si certains veulent aller au parc, qu'ils y aillent !

- Si je peux me permettre... Il y aurait bien la solution d'une sortie ciné, pour tout le monde ou ceux qui ne vont pas au jardin public... C'est moi qui invite !

- Ça dépend de ce que tu les emmènes voir, Riton... pas un de tes film scabreux, j'espère !

- Euh... non. Je pensais aux Trois Mousquetaires - Milady.

- Trop violent.

- Ou alors Aquaman 2 ?

- Plutôt pour des ados, ça.

- Migration ?

- Déjà vu.

   La conversation risquait de s'éterniser. Il fallait proposer une solution de compromis, entre le film enfantin et l’œuvre plus mature.

- Et pourquoi pas Jeff Panacloc ? C'est tout public.

- C'est quoi, ça ? Une comédie améric...

- ... Maiiis non, voyons ! C'est l'histoire du ventriloque et de sa marionnette, un peu comme Tatayet autrefois.

   Et voilà comment on se retrouve dans une salle obscure avec deux préadolescents, ravis d'échapper à la promenade au jardin public.

   C'est le moment où le « tonton cinéphile » doit reconnaître qu'il a présenté le film de manière un peu biaisée. Par exemple, il a oublié de préciser que Jean-Marc (le singe-marionnette) est d'une abominable grossièreté, affectionnant les blagues scabreuses, souvent à connotation sexuelle. Le (jeune) public a été ravi...

   L'histoire est celle de la rencontre (fictive) entre Jean-Marc et son "maître", Panacloc donc. Celui-ci est un brave gars, pas très dynamique ni vraiment futé, mais dont le charme et la gentillesse ont séduit la fille d'un richissime industriel (interprété par un Nicolas Marié toujours aussi cabotineur). Au cours du film, l'un des personnages suggère que la dulcinée a peut-être aussi été conquise par le « gros engin » de son fiancé...

   Jean-Marc lui est une créature de laboratoire qui ne pense qu'à s'échapper et connaître la vraie vie. S'en suit une course-poursuite entre les deux héros et une bande de militaires psychopathes, la pire d'entre eux étant une lieutenante incarnée avec gourmandise par Claude Perron.

   La mise en scène de Pierre-François Martin-Laval ne va pas rester dans les mémoires (ce qui n'étonnera pas de la part de celui dont on ne retiendra comme œuvre peut-être que Fahim). Je relève surtout l'énergie des acteurs et les punchlines grossières qui sortent de la bouche peluchée de Jean-Marc. Le public a aussi beaucoup ri aux (prévisibles) mésaventures du précédent fiancé (qui ne désespère pas de retrouver son ancien "poste").

   Le film est tout à fait oubliable, mais l'on passe un bon moment.

 

   P.S.

ATTENTION ! PETIT DIVULGÂCHAGE !

 

   La conclusion du film pourrait sembler belle (et politiquement correcte) : le fiancé lâche la blanche fille de bourges (un peu cul pincé) pour épouser la charmante mécano (métisse), l'ex-fiancée se consolant dans les bras de son précédent prétendant, issu du même moule qu'elle. En gros, les prolos avec les prolos et les riches avec les riches. Bonjour la mixité sociale !

21:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films