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dimanche, 19 octobre 2025

Jour J

   Cette pantalonnade signée Claude Zidi Junior mêle des éléments authentiquement historiques, d'autres fictionnels mais plausibles, d'autres encore totalement grotesques.

   Du côté de la réalité se trouve l'Opération Fortitude, une entreprise de désinformation qui avait pour but de faire croire aux Allemands que le premier débarquement de 1944 allait se produire non pas en Normandie, mais dans le Pas-de-Calais. Il y a donc bien eu des chars gonflables, entre autres, pour leurrer les avions espions. Mais, à ma connaissance, c'étaient des soldats américains et britanniques qui œuvraient dans ce domaine, pas des Français.

   C'est là que les ennuis commencent. Kev Adams et Brahim Bouhlel ont beau avoir un certain talent à jouer les imbéciles, quand l'histoire est mauvaise et les dialogues mal écrits, ça ne le fait pas.

   Il y a bien quelques moments piquants, comme lorsque les deux trouducs débarquent, tout seuls, en Normandie, et se retrouvent dans un bar qui affiche les portraits d'Hitler et de Pétain (la suite réservant quelques surprises). J'ai aussi aimé les (rares) interventions de Chantal Ladesous. Dans les rôles secondaires, Didier Bourdon (en officier nazi) et Jonathan Lambert (en curé très très ouvert) font un boulot qui n'est pas déshonorant. Mais l'on sent bien que pas grand monde n'y croit. Trop de situations sont invraisemblables, ce que ne compense pas la loufoquerie assumée. (Je déconseille particulièrement ce film aux gaullistes fervents, en raison de la vision du Général qui y est proposée.)

   Le scénario est donc faiblard. Il comportait pourtant un élément intéressant, faisant intervenir une arme secrète (fictive) des nazis. Ici, on lorgne plutôt sur les aventures de Blake et Mortimer (première mouture), quand les auteurs faisaient se rencontrer histoire et science-fiction. Hélas, le site du phare est sous-exploité par le réalisateur.

   Ce pathétique long-métrage aurait pu être pour moi une nouvelle occasion de partir avant la fin... et cela aurait été une erreur (hélas commise par les deux autres seuls spectateurs de la séance). Le générique de fin est entrecoupé d'un bêtisier... et c'est le meilleur moment du film !

samedi, 18 octobre 2025

Chien 51

   Voici donc l'adaptation, par Cédric Jimenez, du roman de Laurent Gaudé (que je n'ai pas lu), dont l'intrigue futuriste est transposée de Grèce à Paris, divisée en trois zones, la première abritant l'élite politico-économique, la troisième les pauvres.

   Dans ce monde qui n'est pas sans rappeler celui du Minority Report de Spielberg, la lutte contre la délinquance ne passe pas par le recours à des "précogs", mais par l'utilisation d'Alma, une intelligence artificielle de dernière génération, capable de proposer des scénarios de crime à partir des indices relevés par les policiers sur le terrain. Elle se charge aussi de lancer des alertes, de diffuser les avis de recherche, voire d'affecter les enquêteurs aux différentes affaires.

   C'est lorsque le créateur de cette IA est assassiné, un soir, que la mécanique semble déraper. Les deux policiers associés (une rigide commandante de la zone 2 et un lieutenant débrouillard de la zone 3, le "chien" de l'histoire) commencent à avoir des doutes. D'autres meurtres surviennent jusqu'au jour où Alma, pour la première fois, ne parvient pas à proposer un scénario plausible de reconstitution de crime. L'IA est-elle défectueuse ? manipulée ? L'ambiance complotiste est à son comble...

   On prend la première séquence de plein fouet. Cela m'a mis dans de bonnes dispositions pour la suite, d'autant que les décors, la musique et l'habillage numérique du Paris futuriste sont soignés. La tension ne naît pas que des scènes d'action (domaine dans lequel on sait que Jimenez excelle), mais aussi des zones d'ombre de l'enquête.

   Mes réserves portent sur la distribution. Personne n'est vraiment mauvais, mais seule une partie des principaux interprètes m'est apparue au top : Gilles Lellouche (en vieux routard de la police, qui a perdu le sommeil) et Louis Garrel (en gourou multiforme d'un groupe de rebelles anarco-numériques). La coiffure (perruque ?) d'Adèle Exarchopoulos m'a posé problème et je l'ai trouvée moyennement convaincante dans les scènes d'action. Enfin, je en sais pas si c'est dans le roman, mais l'on aurait pu nous épargner un énième rapprochement sentimental entre une jolie trentenaire et un mec qui a l'âge d'être son père.

   Cela reste un bon divertissement, à voir sur grand écran. Mais ce n'est pas le meilleur film de Jimenez, dont j'ai (entre autres) préféré La French et Novembre.

Oui

   A priori, la proposition cinématographique était intéressante : une vue d'Israël de l'intérieur, par un cinéaste hostile à Benyamin Netanyahou, deux ans après le pogrom perpétré par le Hamas et ses alliés.

   Hélas, cela commence mal, avec une séquence tape-à-l’œil, lors d'une soirée chic, au cours de laquelle les deux animateurs (deux intermittents du spectacle en quête d'argent facile) versent dans ce qui doit être conçu comme de la provocation... sauf que, sur place, personne n'est choqué. Ce sont les spectateurs de la salle qui sont la cible de ce qui est plus une "performance d'artistes" (le mot performance étant ici particulièrement mal choisi) qu'une scène de cinéma. On va s'en taper quelques-unes comme cela durant le film (au moins une dans chacune des trois parties).

   Quand on compare ce "machin" à un film comme Un simple accident, on mesure ce qui sépare un faiseur à la mode (encensé par la critique) d'un authentique metteur en scène. Jafar Panahi n'a pas besoin de grand chose (à part son talent) pour créer un "moment de cinéma", signifiant, tandis que Nadav Lapid pense que, pour être réussi, un plan doit forcément comporter un élément qui, dans son esprit, sorte de l'ordinaire : un type qui se promène avec un canard, un couple qui se balance un bébé, ou qui lèche l'oreille interne d'une vieille pétée de thunes, un mec qui suce une teub, ou qui plonge sa tête dans un bol à punch... j'en passe, et des meilleurs pires. S'ajoute à cela une musique insupportable et un montage clipesque.

   Si, malgré ce tapage visuel et sonore, on tente de s'intéresser au film, on s'aperçoit qu'il y a des invraisemblances (ou de la paresse) dans le tournage et le montage, comme ce bébé qui, dans un plan, est un réel enfant et qui, le plan d'après, est visiblement... un baigneur.

   Sur le fond, attention, il y a du lourd. Je préviens les âmes sensibles, le message est terrible :

 

 

 

 

 

 

La guerre, c'est moche.

 

 

 

 

   En fait, Lapid n'a pas grand chose à nous dire. En revanche, inconsciemment, il révèle peut-être son malaise d'Israélien "de gôche" : les massacres commis par le Hamas (dont nombre de victimes habitaient des kibboutz progressistes) ont fichu une énorme trouille à ses concitoyens, qui sont en attente de sécurité. Dans le même temps, ils se désolent de l'image donnée par leur gouvernement, lancé dans une guerre vengeresse sans pitié.

   Conclusion (d'une grande subtilité) : prends l'oseille et tire-toi ?...

 

 

 

 

   ... En fait, je ne sais pas (mais je me suis renseigné, après coup), puisque, comme d'autres spectateurs de la séance, je suis parti avant la fin. (J'ai vu ce film au cours d'une journée-marathon, qui m'a vu enchaîner plusieurs longs-métrages.) La vie étant trop courte pour passer 2h40 à s'emmerder avec des prétentieux, j'ai commis un sacrilège de cinéphile, ce qui m'est arrivé moins de cinq fois en 35-40 ans de fréquentation des salles obscures. (La dernière, il y a une douzaine d'années, c'était lors de la projection d'une comédie états-unienne encore moins subtile que ce à quoi je m'attendais.)

   P.S.

   Avec ce film, j'ai trouvé un concurrent à Rumours pour le titre d'étron de l'année 2025.

Alger... confidentiel

   Ce polar algérien, par son intrigue urbaine, un peu dégueulasse, mêlant question sociale et arrière-plan politique, n'est pas sans rappeler d'autres films de genre,  comme l'espagnol Que dios nos perdone, l'iranien La Loi de Téhéran... et donc Le Caire confidentiel.

   Un soir, dans un quartier populaire d'Alger, une petite fille disparaît, enlevée par un conducteur masqué. Pour mener cette enquête délicate, la police se voit adjoindre une psychiatre, une femme de tête qui, très tôt, a la conviction que ce n'est pas un événement isolé. Si la confrontation entre ce personnage (bien interprété par Meriem Medjkane) et les flics bourrus est assez conventionnelle (voire, parfois, cliché), l'association des deux tempéraments fait, petit à petit, progresser l'enquête, que l'on suit avec beaucoup d'intérêt.

   Du côté des flics, l'empathie n'est pas trop au programme. Le chef d'équipe se voit en serviteur du bien commun, mais, il est du genre cassant, limite méprisant. Son principal adjoint, proche de la retraite, ne pense qu'à sa pomme et semble quelque peu corrompu. Les agents de base n'aiment pas être bousculés dans leurs habitudes. Complète le groupe un petit nouveau, qui hésite entre deux attitudes à adopter.

   C'est filmé essentiellement de nuit et c'est assez joli à regarder. Le metteur en scène a su tirer parti de l'entrelacement de ruelles du vieil Alger... et la musique est bien choisie. En revanche, ce n'est pas toujours bien interprété. J'ai trouvé le jeu de certains acteurs parfois caricatural, outré. C'est dommage, parce que le film tient globalement la route, avec un bon suspens et quelques beaux personnages. Il n'atteint toutefois pas le niveau de maîtrise des longs-métrages qui l'ont inspiré.

   P.S.

   Comme ce film n'est, à ma connaissance, diffusé qu'en version originale sous-titrée, les spectateurs français peuvent constater à quel point la langue de Sébastien Lecornu est associée à l'arabe dialectal dans le quotidien des Algérois.

08:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 17 octobre 2025

C'était mieux demain

   Cette comédie familiale, dans l'air du temps, joue sur les "clichés de genre", ceux des années 1950 et ceux de notre époque. La première partie nous présente la France de jadis, à travers une famille de classe moyenne. Le père est employé de banque, la mère au foyer. Ils ont deux enfants, l'un des deux ayant fait une grosse bêtise. Nous sommes dans un monde patriarcal, satisfait de lui-même (du point de vue des adultes). On s'amuse du fossé qui sépare les mentalités de jadis de celles de notre époque (enfin... pas partout). Didier Bourdon est efficace en père de famille sûr de son autorité... et de ses placements financiers. L'une des sources de gag est le peu de flair de l'employé de banque. Ce n'est pas bien subtil, pas toujours hyper bien joué (notamment de la part des rejetons), mais on rigole.

   La deuxième partie projette le couple dans la France du XXIe siècle, où ils retrouvent leur progéniture... quelque peu changée par l'époque. C'est la meilleure part du film, avec la stupéfaction du couple de quasi-Néandertaliens face au monde moderne. S'ajoute à cela la transformation de l'épouse, qui se plaît de plus en plus à notre époque. Dans le rôle, Elsa Zylberstein est épatante de drôlerie. Bourdon qui, en théorie, partage avec elle le haut de l'affiche, accepte de jouer les utilités, son personnage devenant homme au foyer, tandis que son épouse gère l'agence bancaire... plutôt bien, ma foi !

   Entre problèmes de (cul et de) cœur, gadgets technologiques et sens du travail, les questionnements ne manquent pas, rendus plus savoureux par la présence de quelques personnages secondaires. Dans un premier temps, le scénario nous surprend un peu, évitant le conte de fées... mais la dernière partie suit une voie (trop) balisée, consensuelle, qui affadit l'intrigue.

   C'est dommage, mais l'on passe quand même un bon moment.

dimanche, 12 octobre 2025

Une Bataille après l'autre

   L'intense conflictualité interne qui mine actuellement les Etats-Unis trouve ici sa troisième traduction cinématographique en moins de deux ans, après Civil War et surtout Eddington.

   La première partie se déroule dans un passé indéterminé, l'Amérique des années Reagan dans le roman de Pynchon, ici sans doute celle des années George W Bush. Cette grosse demi-heure est globalement décevante, compte tenu de ce que j'avais lu et entendu à propos de ce film. Anderson verse dans une sorte de néo-romantisme révolutionnaire très manichéen. Il hypersexualise les femmes noires rebelles, qui s'acoquinent à des hommes blancs mal rasés récitant péniblement leur catéchisme marxiste. Si, sur le plan de la dynamique, certaines scènes sont assez spectaculaires, j'ai trouvé les dialogues sommaires, se limitant trop souvent à des sentences peu naturelles. De surcroît, certaines scènes manquent de réalisme, comme celle de la rencontre entre la rebelle boutefeu et l'officier réac ou encore celle de l'entraînement à la mitraillette, qui nous montre une femme en fin de grossesse (dotée d'un ventre outrageusement factice) manipulant sans peine une arme lourde. Enfin, la musique est omniprésente, souvent inutilement, comme pour masquer le vide de cette séquence (ou empêcher les spectateurs de réfléchir).

   Fort heureusement, cela s'arrange lorsque l'intrigue bascule à l'époque contemporaine, seize ans plus tard. J'ai aimé l'interprétation de Leonardo DiCaprio, mi-cassos mi-papa poule, à la fois pathétique et touchant. Il en fait parfois un peu trop, notamment dans la grossièreté langagière (ou quand il tente désespérément de recharger un portable), mais ses pérégrinations en robe de chambre ont plus que retenu mon attention.

   Deux autres "mecs" se distinguent, à ses côtés. Benicio Del Toro livre une interprétation presque facétieuse d'un ancien révolutionnaire devenu un militant discret, cachant son engagement derrière des activités commerciales tout ce qu'il y a de plus respectables. Concernant l'acteur, Anderson se permet un petit clin d’œil, lorsque le personnage incarné par DiCaprio lui lance un « Viva la revolución ! » Il s'agit (à mon avis) d'une allusion au Che jadis incarné par Benicio.

   Le troisième mâle de l'intrigue est l'enfoiré de service Steven J. Lockjaw, auquel Sean Penn prête son visage tanné par les ans... et son corps marqué par les séances de musculation. Globalement, j'ai trouvé l'acteur très bon, mais son personnage est vraiment caricatural. Le concernant se pose un autre problème : son non-vieillissement apparent. On a eu beau lui changer sa coiffure, il apparaît aussi vieux dans les deux époques de l'histoire. C'est tout de même gênant.

   Du côté des dames, le réalisateur promeut des personnages forts. Teyana Taylor incarne efficacement la tête brûlée (hélas elle aussi dessinée à la hache). Chase Infiniti est une révélation en rebelle plus réfléchie (qui, au départ, paraît plus adulte que son papounnet alcoolique et drogué). Ma préférée est toutefois Regina Hall (ex-star des Scary Movie), qui joue une militante moins flamboyante, plus rigoureuse, avec une certaine subtilité.

   Les deux dernières heures du film m'ont donc davantage intéressé, avec quelques séquences marquantes, comme la poursuite automobile en pleine cambrousse, sur une route vallonnée où les conducteurs perdent temporairement, à intervalle régulier, la vue sur les véhicules qui les précèdent et les suivent. Là, on retrouve le metteur en scène de Boogie Nights, Magnolia et There will be blood. Mais ce n'est pas toujours le cas.

   P.S.

   Sur le plan politique, je pense que le film, qui est "de gauche" (voire d'extrême-gauche) joue contre son camp. Il justifie la violence des radicaux (anti-Trump), voyant en celle-ci le meilleur moyen de lutter contre l'extrême-droite. Il aurait mieux fait de se poser la question des causes de la défaite des démocrates et des moyens pour la gauche de reprendre le pouvoir par les voies légales. Trump et la galaxie Maga l'ont emporté sans tricher... et c'est bien là le cœur du problème, qui n'est pas abordé par ce film... ce qui n'est pas anormal, puisqu'il présente une vue de l'intérieur de l'autre camp. Mais caricaturer son adversaire n'est pas la meilleure façon de le vaincre.

00:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 11 octobre 2025

Cervantes avant Don Quichotte

   Le critique a été sévère pour ce film d'Alejandro Amenábar, à la diffusion restreinte. Il évoque pourtant une partie de la jeunesse du grand écrivain espagnol, en y instillant des éléments qui montrent la progressive naissance d'un (talentueux) raconteur d'histoires.

   L'épisode (réel) de la captivité de Miguel de Cervantes est évoqué, de manière allusive, dans l'une de ses Nouvelles exemplaires, celle qui est intitulée « L'Espagnole anglaise ». 

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   Le scénario a aussi puisé dans un récit ultérieur, officiellement rédigé par un moine, mais qui pourrait avoir été coécrit par Cervantes lui-même. Amenábar y a ajouté quelques inventions de son cru, ce qui lui a été reproché.

   J'ai trouvé l'entame plutôt emballante. On nous y montre les débuts de la captivité d'un groupe d'Espagnols, vendus aux enchères comme esclaves à Alger, où ils ont été livrés par des pirates à la solde des Ottomans (turcs). Signalons que le film a été tourné dans le sud de l'Espagne, où subsiste une abondante architecture de l'époque musulmane. De superbes décors ont été ajoutés, conçus en partie par un Français. Le résultat est assez bluffant.

   La suite est tout aussi passionnante. Les captifs jugés "de valeur" sont extraits de la vente aux enchères. Le pacha d'Alger Hassan Veneziano (un Italien converti) veut en tirer un bon prix, grâce à la rançon payée par les familles. A ceux pour qui le temps passe trop lentement, ou qui n'ont plus de perspective de libération par rachat, on propose la conversion (publique), qui permet de sortir de la captivité (mais pas de quitter l'Algérie).

   Les plus courageux (inconscients ?) n'envisagent qu'une sortie honorable : l'évasion. Au départ, Cervantes fait partie de ceux-ci. Le film n'évoque qu'une de ses quatre tentatives... en fait plusieurs, puisque, pour rendre plus agréable la vie de ses camarades de détention, le jeune Espagnol se met à leur raconter des histoires, tantôt inspirées de la réalité, tantôt complètement imaginées. C'est l'un des attraits de ce film que de mêler habilement les deux, sollicitant la sagacité des spectateurs.

   La réputation de conteur de Cervantes atteint les oreilles du pacha, avec lequel le captif va nouer une bien étrange relation. Ici, le film se teinte d'homo-érotisme, ce qui a provoqué quelques réactions outrées en Espagne : les spécialistes de l'écrivain réfutent l'existence d'un penchant homosexuel chez Cervantes. Dans le film, Amenábar introduit le sujet avec une certaine délicatesse... mais, bon, ce n'est pas vraiment ma came. Certaines scènes témoignent toutefois d'un incontestable savoir-faire, bien servies il est vrai par le talent de l'interprète du pacha, Alessandro Borghi. (Chez nos voisins transalpins, il est connu pour avoir récemment joué dans la mini-série Supersex, où il incarne un certain Rocco Siffredi...)

   D'autres comédiens m'ont marqué, comme Fernando Tejero (qui incarne un religieux aussi fanatique que fourbe), Miguel Rellán (qui interprète l'autre écrivain de cette histoire) et César Sarachu, alias frère Juan Gil, l'un des deux Trinitaires chargés de racheter les captifs. La première apparition des deux religieux dans l'enceinte fortifiée dirigée par le pacha ne manque pas de sel :

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   En dépit de quelques entailles à la réalité historique, j'ai été captivé par cette histoire, qui dénonce tous les extrémismes, de la cruauté des barbaresques musulmans au fanatisme d'une partie de l’Église catholique espagnole. Un grand appétit de vivre et un humanisme sincère émergent de cette petite épopée, qui se distingue des productions actuellement en salles.

dimanche, 05 octobre 2025

Un simple accident

   C'est celui qui mène une famille de classe moyenne (les parents et leur fille) à proximité d'un atelier, une nuit, dans la banlieue d'une grande ville (peut-être Téhéran). Si, lors de l'accident, ce sont les passagers de la voiture qui ont sursauté, plus tard, lorsque le conducteur cherche à faire réparer le véhicule, c'est l'artisan (Vahid) qui a le choc de sa vie, en entendant sa voix, qu'il associe à celle de son ancien tortionnaire, quand il se trouvait dans les geôles des mollahs. (On pense à Les Fantômes, qui traite une thématique approchante.)

   L'idée de départ est très bonne... mais l'introduction du film est vraiment maladroite. Dans la voiture, la gamine a un comportement caricatural (qui tranche avec ce qu'on voit plus tard de ce personnage, l'enfant étant alors mieux dirigée) et l'on sent que, derrière la caméra, Panahi déploie des trésors d'inventivité pour tenter de suggérer ce qu'il n'a pas la possibilité de montrer à l'écran.

   Fort heureusement, cela s'arrange ensuite. Cette économie de moyens est plutôt à porter au crédit du réalisateur. Il parvient à suggérer beaucoup de choses, bien servi par sa petite troupe d'acteurs (toutefois pas toujours excellents). L'intrigue suit deux directions. D'un côté, elle s'inspire de certains films indépendants états-uniens (notamment pour les scènes de désert), de l'autre elle donne naissance à un improbable road movie, dans lequel un fourgon blanc joue un rôle capital. 

   Celui-ci, au départ conduit par une seule personne, va accueillir de plus en plus de passagers : une photographe, un couple de fiancés, un homme très perturbé... sans oublier le passager clandestin, que l'on voit très peu, mais qui est l'objet de toutes les conversations.

   Avant de prendre une décision draconienne, Vahid veut être certain de l'identité de son prisonnier, d'où la consultation d'un nombre de plus en plus grand de "personnes références"... qui, bien sûr, vont toutes avoir leur avis sur la question. Il y a donc un aspect comique à cette quête pourtant meurtrière.

   Au cœur des débats entre les personnages se trouve une question morale. Ces opposants à la dictature des mollahs brandissent des valeurs humanistes, celles des droits de l'homme. Du coup, doivent-ils appliquer ces beaux principes à leurs bourreaux, ou bien leur refuser la moindre bienveillance ? Vu que le film est une coproduction franco-allemande, primée à Cannes, je pense que la réponse n'est pas difficile à deviner...

   ... mais, fort heureusement (là encore), l'ultime scène vient contrebalancer ce que la séquence précédente avait de trop démonstratif (voire bien-pensant). L'humaniste est toujours présent derrière la caméra, mais il cède la place au cinéaste, pour un dernier plan aussi habile que signifiant.

jeudi, 02 octobre 2025

Dalloway

   Dalloway est une intelligence artificielle... ou plutôt, c'est le nom donné par une romancière à la version d'une intelligence artificielle à laquelle elle est associée, dans le cadre d'une résidence, dans un immeuble ultra-moderne, ultra-chic, ultra-connecté... et peut-être ultra-dangereux.

   Comme la romancière se prénomme Clarissa et qu'elle écrit un livre sur le dernier jour de Virginia Woolf (auteure de... Mrs Dalloway), les références se croisent dans  cette intrigue qui mêle création littéraire et technologies de pointe, sous la houlette de Yann Gozlan qui, il y a quelques années de cela, nous avait livré une Boîte noire du plus bel effet.

   Dans la première partie, j'ai apprécié la progressive montée en tension. Sans être original, c'est une correcte mise en bouche, avec un immeuble en apparence bâti sur la transparence (vitrée), mais où les secrets sont nombreux. Une relation trouble se noue entre l'héroïne et l'IA. Le scénario joue sur une double possibilité. En effet, dans le roman de Virginia Woolf, la fameuse Mrs Dalloway se prénomme Clarissa. Du coup, on se demande si l'intelligence artificielle n'est pas en train de dupliquer/aspirer Clarissa, ou bien si c'est l'association de la romancière et de l'IA qui pourrait former une entité unique, reconstituant l'identité Clarissa Dalloway.

   Pour corser le tout, Gozlan ajoute une mystérieuse disparition et une vidéo-protection surveillance de plus en plus intrusive... sans parler des tout petits bruits nocturnes, qui perturbent l'héroïne. Que dire aussi de ces étranges traces poudreuses sur le plan de travail de la cuisine, là où elle a coutume de poser son verre ?... Est-elle l'objet d'une manipulation, ou bien ne serait-elle pas sur le point de sombrer dans la folie ? Hélas, le film explore peu cet aspect de l'intrigue.

   Il n'en reste pas moins très visible, bien joué, dans des décors inspirés. Sans trop en dire sur la conclusion de l'histoire (qui rapproche l'héroïne de son modèle), je peux tout de même révéler qu'elle témoigne des questionnements du cinéaste, qui fait sans doute partie de ceux qui se demandent si, à terme, les IA ne vont pas tuer la création artistique (en remplaçant les humains).

lundi, 29 septembre 2025

On the line

   Ce long-métrage franco-américain n'est pas sorti dans les salles. En France, il a d'abord été diffusé sur Canal+, puis, ce week-end, sur TFX, une chaîne du groupe TF1. Il est donc accessible en replay. (Je conseille de choisir la version originale sous-titrée, la VF étant un peu faiblarde.)

   Elvis Cooney (Mel Gibson, en forme) est un animateur radio, dont l'émission de "libre antenne", diffusée à une heure tardive, choque souvent l'auditoire (ce qui contribue à son succès), mais semble sur le déclin. (Aux auditeurs français, cela rappellera l'émission de Maurice, qui fut un temps diffusée sur Skyrock.) Un soir, la veille de l'anniversaire de l'animateur, la situation dérape : un nouvel auditeur, qui passe à l'antenne, se montre particulièrement menaçant.

   Nous voilà partis pour un peu plus d'une heure de thriller, Elvis, accompagné du nouveau technicien son, tentant de sauver sa famille et de mettre la main sur son maître-chanteur. C'est assez prenant, bien joué... surtout après le coup de théâtre, qui nous invite à reconsidérer tout ce qu'on a vu depuis le début... et on nous en réserve un deuxième, pour la route !

   Le scénario est malin, les acteurs convaincants. Ce petit film de genre fait passer une bonne soirée.

vendredi, 26 septembre 2025

Classe moyenne

   C'est la catégorie socio-économique à laquelle la majorité de la population ambitionne d'appartenir. Toutefois, dans ce film-ci, aucune des deux familles ne peut vraiment y être rattachée. Le couple grand-bourgeois formé par la comédienne et l'avocat d'affaires s'apparente davantage aux classes supérieures, tandis que les gardiens sont plutôt chargés d'incarner les prolétaires (certes sous-payés, mais profitant seuls, neuf mois sur douze, d'une villa de folie).

   Amis de la finesse, il convient de passer votre chemin. Cette farce "engagée" n'y va pas avec le dos de la cuillère, bien servie ceci dit par un quatuor d'acteurs au poil. Ramzy (actuellement à l'affiche des Tourmentés) est l'homme à tout faire, serviable, pas très futé et qui ronge son frein. Laure Calamy est sa douce compagne, chargée d'arrondir les angles (mais qui réserve quelques surprises). En face, Élodie Bouchez interprète la comédienne sur le retour, une ancienne gloire qui a de beaux restes... et une tendance à la condescendance. Je pense que je n'étonnerai personne en ajoutant que Laurent Lafitte est une fois de plus impeccable en avocat cynique et méprisant, qui se pique d'art culinaire. Il est, avec Laure Calamy, le principal atout de cette comédie facile, dont la distribution est complétée par trois jeunes acteurs, Sami Outalbali me semblant mieux tirer son épingle du jeu que ses collègues féminines, il est vrai cantonnées dans des rôles caricaturaux.

   Le début nous présente les deux familles, chaque protagoniste en prenant (plus ou moins) pour son grade. L'ambiance est plutôt doucereuse, au départ, avant qu'un coup d'éclat ne bouleverse la situation. S'engage alors une véritable lutte des classes. C'est joyeusement malséant, bien que très appuyé. Pendant un peu plus d'1h15, on passe un agréable moment.

   Hélas, 15-20 minutes avant la fin, le ton devient plus sérieux. Le réalisateur-scénariste cède à la tentation de nous donner une leçon. Il a beau terminer par une dernière scène pirouette (qu'on sent venir d'assez loin), sa conclusion (le pognon avant tout, qu'on soit riche ou pauvre) tombe un peu à plat. C'est dommage, parce qu'auparavant, j'avais bien rigolé.

jeudi, 25 septembre 2025

Exit 8

   La « sortie 8 » du métro est celle que doit atteindre le héros pour s'extirper d'un cercle vicieux, une boucle qui, s'il ne repère pas l'anomalie (ou l'absence d'anomalie) dans le couloir souterrain, le ramène toujours au même point.

   Cette quête prend la forme d'une série d'épreuves, pour passer de la « sortie 0 » à la « sortie 1 », puis à la « sortie 2 », la « sortie 3 »... sachant que toute erreur le ramène à la « sortie 0 ». L'intrigue revêt donc un aspect ludique, puisque, tout comme le héros, les spectateurs sont invités à analyser chaque nouvelle version du même couloir, pour vérifier que les affiches publicitaires, les portes, les bouches d'aération, les lumières, le bloc de casiers, le photomaton... et même le passant sont (ou pas) identiques à ceux qu'on vient de voir.

   Au bout de trois quarts d'heure, l'histoire connaît un joli rebondissement (suivi d'un second, du même genre) qui nous invite à nous interroger sur qui est l'anomalie de qui.

   Malheureusement, ce petit jeu cérébral est pollué par quelques grosses ficelles, sans doute ajoutées pour étirer le film qui, sans cela, dépasserait à peine l'heure de durée. Ainsi, un coup le héros fait une crise d'asthme en pleine épreuve, un coup il laisse tomber son inhalateur au pire moment, un coup il a très soif, un coup il trébuche... et ne parlons pas de la faiblesse intellectuelle des personnages piégés dans ce ruban de Möbius, dont on se demande comment il est possible qu'ils ne comprennent pas qu'ils sont face à une énorme anomalie... Le temps m'est apparu parfois un peu long.

   En sous-texte se trouve un questionnement existentiel. A l'image de ce qu'on a pu voir récemment dans Comme un lundi et En boucle, les Japonais du XXIe siècle se demandent quel sens a une vie limitée au métro-boulot-dodo. S'ajoute, pour le principal personnage masculin, une décision cruciale à prendre, en relation avec le coup de fil reçu juste avant qu'il n'entre dans la boucle. Cet aspect-là permet de comprendre certaines des scènes surréalistes qui surgissent au détour d'un couloir du métro.

   Du coup, même s'il y a des facilités, même si le film est inégal, je le recommande, en raison de son architecture astucieuse, bien servie par la mise en scène... et le Boléro de Ravel.

19:58 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 21 septembre 2025

Les Tourmentés

   A première vue, le titre désigne les deux personnages principaux masculins, deux anciens légionnaires, des frères d'armes, que la vie a séparés... et qui vont se retrouver dans des circonstances un peu particulières. Niels Schneider incarne (le verbe me semble ici particulièrement approprié) Skender, ex-soldat de la troupe tombé dans la clochardisation. Le concernant, j'ai trouvé que les scènes du début étaient particulièrement misérabilistes, avec un côté tire-larmes que je ne connaissais pas à Lucas Belvaux, qui m'a habitué à plus de subtilité.

   L'ancien gradé (sergent), Max, est interprété par Ramzy Bedia. Cela m'a fait plaisir de voir l'acteur dans un registre autre que celui de la comédie bas-de-gamme. Il est bien (sans être parfait) dans son rôle, qui nécessite qu'il ne dise pas tout, qu'il fasse passer des choses par sa gestuelle et les subtilités de ses expressions. L'ancien militaire est devenu l'homme à (presque) tout faire d'une richissime femme d'affaires, une veuve qu'on soupçonne d'être un peu misanthrope. La relation professionnelle nouée entre ces deux-là est source d'ambiguïtés.

   Je trouve que c'est à partir du moment où la multimillionnaire apparaît à l'écran que le film décolle. C'est peut-être lié à la qualité de son interprétation, par Linh-Dan Pham, qui apporte une profondeur supplémentaire à l'intrigue : elle aussi est une tourmentée, mais pour des raisons différentes. 

   On les découvre progressivement, à l'aide de retours en arrière (où apparaît Jérôme Robart). Ceux-ci alternent avec des "visions du futur" (des flash-forward, dans la langue de Donald Trump)... ou bien des éclairs de ce qui se pourrait se passer. C'est l'un des ressors du suspens créé par le montage : on se demande quelles visions vont se réaliser et quelles sont celles qui sont uniquement de l'ordre du fantasme.

   L'essentiel du film tourne, de manière surprenante, autour de la période de l'entre-deux : après la signature du "contrat de chasse" (Skender s'engageant à devenir le gibier de "Madame") et le début de la traque. Durant ces six mois, on s'attend à ce que les futurs participants s'entraînent... ce qu'ils font, mais pas forcément de la manière dont chacun(e) l'avait programmé. De son côté, l'ex-soldat profite de l'occasion qui lui est donnée (pour un temps limité, il est vrai) pour tenter de renouer avec sa vie d'avant, avec femme et enfants, le tout sous le regard de Max, dont la position évolue au cours de l'intrigue. Au départ, l'ancien sergent est le mieux placé : il est sorti de sa condition militaire par le haut, gagne très bien sa vie, au service d'une personne qui le respecte... et lui permet d'accéder à un univers culturel dont il se pensait exclu. Le retour de Skender perturbe tout cela, son ancien subordonné étant un combattant d'exception (peut-être meilleur que lui)... et il a construit une famille, contrairement à Max.

   Le rythme est donc plus lent que ce que le synopsis pourrait laisser croire. Ce n'est pas un film 100 % adrénaline, même si Belvaux a inséré quelques scènes coup-de-poing. Le dernier quart d'heure réserve de nouvelles surprises. Je suis toutefois resté un peu sur ma faim, le principal personnage féminin n'étant pas aussi creusé que ceux des deux protagonistes masculins.

14:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 19 septembre 2025

Downton Abbey III

   Ce long-métrage est censé clore la saga, commencée sous la forme d'une série à succès. L'action se déroule un ou deux ans après celle du précédent film, en 1930. La crise frappe les Etats-Unis, mais n'a pas encore atteint la "vieille Europe", où toutefois les familles aristocratiques voient leur petit monde se transformer, pas forcément pour le meilleur.

   Au centre de l'intrigue se trouve Lady Mary (Michelle Dockery... mmm), dont une péripétie de la vie personnelle va attirer l'attention des médias. Dans le même temps, elle se pose des questions sur son avenir et celui de la famille. Ces petits soucis ne l'empêchent nullement d'éclabousser de sa beauté froide le plus petit dîner, la moindre soirée mondaine, au cours desquels elle parvient à se mouvoir avec un naturel confondant, même quand elle porte cette incroyable robe rouge... qui ne permet pas d'ignorer à quel point elle est bien gaulée.

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   Deux thématiques traversent l'histoire, la principale étant le passage de témoin, au niveau de la gestion du manoir comme au sein des cuisines et de la direction des domestiques. Dans le même temps, les interactions humaines deviennent moins formalistes, certaines règles s'assouplissent, en conformité avec le temps présent.

   Je rassure les amateurs de l'ambiance désuètement british : c'est toujours guindé, parfois coincé, avec de petites vacheries, souvent dites avec le sourire. Cela manque toutefois de venin, la matriarche (interprétée par Maggie Smith) étant décédée à la fin du précédent épisode... mais son portrait géant trône en majesté, à l'entrée du manoir.

   L'autre faiblesse du film est sa prévisibilité. Les histoires liées aux passages de témoin sont cousues de fil blanc (même si les interprètes sont impeccables) et seuls les plus endormis des spectateurs ne repèreront pas l'arrivée d'un renard au milieu du poulailler. On a du mal à comprendre comment autant de personnes se font duper.

   Du coup, je suis un peu déçu. C'est bien mis en images, bien joué, avec ce délicieux accent anglais dans la version originale, mais cela manque de sel.

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mercredi, 17 septembre 2025

La Ferme en folie

   Ainsi s'intitule le troisième volet des aventures de Shaun le mouton (découvert en 2015), six ans après La Ferme contre-attaque. Attention toutefois : il ne s'agit pas d'une histoire unique, mais de quatre courts-métrages, l'ensemble durant environ trois quarts d'heure.

   La première historiette a pour titre "Lapin". On y croise une charmante gamine (nièce ou petite-fille du paysan), venue passer le week-end à la ferme. Hélas ! Hélas ! Trois fois hélas ! Le doudou de la gamine disparaît ! Shaun le mouton et Bitzer (le chien régisseur de la ferme) se lancent à la recherche de la peluche perdue, en utilisant des méthodes (supposées) rigoureuses...

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   Dans "Alerte aux canards", les animaux de la ferme sont confrontés à une invasion insidieuse. Au début, cela se passe dans la douceur, mais, très vite, la situation dégénère en guerre de tranchées. Les moutons se fâchent. En clair : ça va chier !

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   "Un problème épineux" fait intervenir des hérissons. C'est mignon tout plein, tendrement drôle :

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   La quatrième historiette, "Les lamas du fermier", est la plus longue... et la plus riche de sens. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, le fermier acquiert un trio de lamas assez remuants...

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   Il sont coiffés à la mode (Laquelle ? Mystère...), aiment faire la fête et ne pas suivre les règles fixées par les humains (c'est-à-dire : les grandes personnes). Au départ, les moutons (i.e. les enfants) apprécient ces énergumènes joyeux, qu'ils trouvent très cools. Mais ce trio de pique-assiette prend de plus en plus ses aises, révèlant sa vraie nature (antipathique) et il devient urgent de s'en débarrasser. Pour cela, il faut trouver son point faible...

   Visuellement, c'est très correct, sans être éblouissant. Les gags sont surtout visuels, destinés aux enfants mais les adultes apprécieront les clins d’œil... et la présence de quelques leçons de morale. Autre qualité du film : sa brièveté, qui permet d'éviter l'envie de pissou en pleine séance !

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vendredi, 05 septembre 2025

Fils de

   Pour son premier long-métrage, Carlos Abascal Peiro s'est voulu ambitieux, entremêlant une tumultueuse relation père-fils à la description scabreuse des arcanes de la vie politique française, en y ajoutant une histoire d'amour à rebondissements.

   Grosso modo, pendant une heure, cela fonctionne, pour deux raisons : le ton de comédie farcesque assumé (les répliques ciselées accompagnant quelques situations... embarrassantes) et le talent des acteurs, plutôt ceux incarnant les seconds rôles. J'ai ainsi beaucoup aimé Karin Viard en conseillère de l'ombre (personnage qui pourrait résulter de la fusion de plusieurs personnes réelles, une ancienne secrétaire générale adjointe de l’Élysée, une ancienne ministre d'Emmanuel Macron et une conseillère en com' naguère très en cour). Chez les messieurs, c'est incontestablement Alex Lutz qui tire le mieux son épingle du jeu, en (potentiel) ministre de l'Intérieur intrigant et sans scrupule. (Sa coupe de cheveux et son style m'ont rappelé Frédéric Lefebvre jeune, alors sarkozyste, depuis converti au macronisme.)

   D'autres personnages annexes sont bien campés, comme celui de l'ancienne policière un brin déjantée (Émilie Gavois-Kahn), ou encore celui du vieux routard de la politique, magouilleur au possible (Vincent Grass, dont la voix paraîtra plus familière que le visage aux amateurs de séries américaines doublées). De ce marécage nauséabond émerge le personnage de la journaliste, bien interprété par Sawsan Abès. 

   A travers le duo amoureux que celle-ci forme avec l'apprenti-politique, il y a clairement une référence au couple Salamé-Glucksmann. Un autre personnage est une allusion à une vedette de notre vie politique : Isabelle Barrère, directrice du FMI pressentie pour devenir Première ministre, est un décalque évident de Christine Lagarde.

   Plus difficile est de repérer le modèle de Lionel Perrin (François Cluzet), le père du héros. En tant que socialiste breton (assez âgé), avec un passé gauchiste, ayant exercé des fonctions politiques, sans réussir à devenir Premier ministre, il fait bigrement penser à Jean-Yves Le Drian (le physique mis à part). Mais il est sans doute le résultat d'un mélange plus élaboré.

   Quoi qu'il en soit, la relation père-fils n'est pas le point fort de ce film. Quand les choses dérapent entre les deux (au moment de l'entretien télévisé puis de la scène de parking souterrain), cela sonne faux, sans être drôle, la scène du coffre étant franchement ridicule. C'est aussi le moment où la satire joyeuse cède le pas à une forme de prêchi-prêcha guère convaincant. La romance journalistico-politique prend elle aussi un tour plus convenu.

   Je me disais que le réalisateur n'allait pas parvenir à conclure correctement son histoire lorsque deux petits coups de théâtre sont survenus. Ce n'est finalement pas si mal que cela, avec de bons moments de rigolade dans la première partie.

dimanche, 31 août 2025

Fantôme utile

   Un homme mystérieux, censé être réparateur d'électroménager, se met à raconter une bien étrange histoire, celle de fantômes. Il y a tout d'abord celui d'une jeune épouse défunte, dont l'esprit se retrouve piégé dans... un aspirateur. Il y a aussi celui d'un ouvrier, qui décède dans l'usine où il travaille, et se met à la hanter.

   Dans un premier temps, c'est le ton de la comédie (fantastique) qui domine, le jeune veuf se montrant très épris de l'aspirateur, tandis que le fonctionnement de l'usine est très perturbé par l'action de l'ouvrier fantôme. En sous-texte se trouvent deux critiques sociales, une des entrepreneurs qui ne prennent pas soin de leurs employés (il est question de poussières mortelles), l'autre d'une famille (au départ) richissime, qui semble avoir mené la vie dure à la nouvelle belle-fille (qui, de surcroît, n'a pas pu avoir d'enfant). Le côté comique est réussi. C'est délicieusement cocasse, bien joué (notamment par l'aspirateur). En revanche, la critique sociale m'est apparue un peu convenue, pas très mordante.

   Dans un deuxième temps, l'une des fantômes va reprendre forme. En quelque sorte, elle trahit son camp, pour rendre service à un personnage important (un ministre, plutôt sympathique de prime abord) et pour se faire accepter de la belle-famille. D'objet, ce personnage devient sujet. C'est assez intéressant et bien mis en scène.

   La troisième partie voit l'intrigue bifurquer dans un sens plus ouvertement politique. L'un des arguments de l'histoire est que les disparus ne meurent vraiment que lorsque leur souvenir s'efface de la mémoire de ceux qui les ont aimés. Au départ, c'est l'application romantique de ce principe qui est illustrée, mais, assez vite, on comprend qu'une partie des fantômes qui hantent la Thaïlande contemporaine sont des victimes d'assassinats politiques ou d'exécutions... et que le pouvoir en place (incarné par le ministre, entouré d'une petite cour, composée notamment de militaires) aimerait bien en faire disparaître le souvenir. Pour le public local, c'est sans doute plus évident que pour des spectateurs occidentaux : les victimes sont des "chemises rouges", des partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

   Du coup, le film, un peu lent et (en apparence) inoffensif au début, devient plus militant et plus animé sur la fin. C'est pour moi plutôt une bonne surprise. Je pense qu'on ne risque pas de voir une autre œuvre de ce style cette année.

10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 août 2025

Le Roi Soleil

   Ce bar-tabac, situé à Versailles, est le théâtre d'un drame, qui succède à une immense joie, celle d'un retraité qui découvre qu'il a décroché le super gros lot au dernier tirage (de ce qui doit être l'Euromillions), quelque chose comme 300 millions d'euros... de quoi faire rêver... et susciter des convoitises.

   Le début semble toutefois traiter d'une tout autre histoire (autour de la vie de Casanova), à tel point que certains spectateurs ont pu se demander s'ils ne s'étaient pas trompés de salle. Placée à l'origine en fin de film, cette séquence a été remontée pour servir d'introduction... et je valide ce choix.

   La suite nous replonge dans le monde contemporain et un petit puzzle de versions pas toujours concordantes (celles des clients du bar... et celles issues de l'imagination de certains personnages), nous faisant découvrir la mentalité de chaque protagoniste, des deux flics en fin de service au patron (chinois) du bar, en passant par son employée, le retraité veinard, un secouriste, un spéculateur, un type louche (enfin, encore plus que les autres)... une bien belle faune à laquelle va se joindre une emmerdeuse, à savoir la propriétaire de l'établissement, délicieusement incarnée par Maria de Medeiros.

   Quand vous saurez que le spéculateur s'est réfugié dans le bar après s'être enfui du château de Versailles, vous aurez compris que l'intrigue (du moins, dans la première partie) a un petit côté "marabout-de-ficelle", une scène rebondissant sur la précédente.

   C'est bien joué, sinueux à souhait, avec, en bonus, une très bonne utilisation des locaux, qui prennent parfois l'apparence d'un labyrinthe, notamment en sous-sol.

   La morale est que l'argent fait perdre la tête des gens, même les plus recommandables et que ce qui semble être un petit mensonge, au départ, prend des proportions insoupçonnées. Les dérapages successifs sont bien amenés, même si je regrette quelques longueurs, dans la seconde partie. De surcroît, je n'aime pas trop la manière dont les scénaristes concluent leur histoire. Le film n'en demeure pas moins hautement recommandable, entre jeu intellectuel cinéphile et comédie de mœurs (noire, très noire).

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jeudi, 28 août 2025

Pris au piège

   Je n'avais pas vu d’œuvre de Darren Aronofsky depuis son Noé... en 2014. Je me suis laissé tenter par ce qui semblait être une ambiance "indé", un peu trash. C'est à nuancer, le film se divisant grosso modo en deux parties.

   La première est la plus cliché, avec un anti-héros à la fois beau gosse et loser : Hank (Austin Butler).  C'est un ancien sportif prometteur, qu'un accident a privé d'une brillante carrière et qui, depuis, baigne dans l'alcool et les histoires sans lendemain. Tout pourrait changer, pour le meilleur avec l'irruption d'Yonne dans sa vie, pour le pire à cause de son voisin, parti aux obsèques de son père et lui ayant laissé la garde de Bud, son chat (de race sibérienne). Celui-ci est présenté comme ayant tendance à mordre les inconnus... mais, au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, on comprend que le matou a les canines sélectives. (Pour la petite histoire, je signale que, le voisin du héros étant coiffé en Iroquois, il est le représentant d'une espèce humaine rarissime : le "punk à chat".)

   Très vite, sans savoir pourquoi, le héros se retrouve confronté à divers mafieux : russes, porto-ricains, hassidiques... Cela pourrait être très drôle, à la manière des frères Coen, mais j'ai trouvé cela plutôt ennuyeux, déjà-vu, voire convenu. Heureusement que le chat est là, ainsi que les deux juifs hassidiques (que l'on voit davantage dans la seconde partie). Ils sont interprétés par Liev Schreiber et Vincent d'Onofrio, qui se sont visiblement beaucoup amusés.

   Du côté des spectateurs, il faut attendre le petit coup de théâtre placé à la moitié du film pour que cela devienne jouissif. L'histoire part un peu en sucette, avec davantage d'humour et de violence. La suite est moins prévisible, d'autant qu'un second coup de théâtre survient vers la fin, qui change la manière dont semblait devoir se conclure l'intrigue.

   Du coup, je suis sorti de là assez content, même si tout le film n'est pas réussi.

   P.S.

   Ne quittez pas la salle avant de voir à quelle comédienne correspond la voix de la mère du héros, un personnage qui, durant le film, n'intervient qu'au téléphone. Je vous promets une petite surprise.

23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 21 août 2025

Les Orphelins

   Ce film d'action, en apparence basique, réserve quelques agréables surprises. Il commence d'ailleurs de manière étonnante, puisque pendant grosso modo les dix premières minutes, il n'est pas question des deux héros musclés qui occupent le haut de l'affiche, mais de trois femmes. Il y a évidemment une raison à cela, mais, étant donné que la testostérone va se déverser à grands flots par la suite, cette entame féminine est la bienvenue, mettant de surcroît en avant trois beaux personnages féminins : une mère prévenante, sa fille "vénère" et la directrice d'un orphelinat.

   Côté négatif, je relève un certain manichéisme, les principales victimes de l'histoire étant d'ascendance maghrébine, les "méchants" appartenant à une riche famille de Blancs. Il y aussi un sous-entendu raciste à la manière dont nous est montrée la compétition de sport de combat à laquelle participe Leïla. (Le juge -blanc- la désavantage, au profit de son adversaire, dont on ne découvre le visage qu'à la fin de la scène.) C'est toutefois davantage une lutte des classes qui est mise en scène... et elle est nuancée par la suite.

   Sonia Faidi est la bonne surprise de ce film : son personnage d'adolescente rebelle (encore une...), de prime abord agaçant, acquiert une belle épaisseur. Elle est épaulée par Anouk Grinberg (la directrice de l'orphelinat), dont la douceur s'évertue à refermer les plaies, celles de sa jeune protégée, mais aussi celles de ses anciens gamins abandonnés, qui débarquent après des années d'absence.

   Alban Lenoir et Dali Benssalah incarnent très bien deux mâles alphas, bruts de décoffrage, ne disposant que de quelques centaines de mots à leur vocabulaire. A priori, la tendresse et l'empathie ne sont pas vraiment au programme... et c'est très bien comme ça (du moins, dans un premier temps). Jadis, les deux potes se sont brouillés à mort, à cause d'une histoire de fille... la mère de Leïla. Chacun des deux croit être son père... et va chercher à rattraper les années d'absence.

   Cela tombe fichtrement bien, parce que la gamine va rapidement avoir besoin d'eux. Nous voilà embarqués dans un mélange de buddy movie et de film de vengeance, dans lequel des mecs peu causants et très musclés ne pensent qu'à se tirer dessus et à se flanquer des pains. Les combats comme les poursuites en voiture sont bien chorégraphiés (c'est un ton au-dessus de Badh, par exemple). Pris par l'action, on ne s'offusquera pas que les héros échappent miraculeusement aux centaines de balles projetées contre eux, tandis qu'eux-mêmes blessent et tuent leurs cibles avec une incontestable facilité. (Du côté des antagonistes, je signale la présence de Romain Levi, en gros dur à cuire.)

   C'est rythmé, émaillé d'humour et conclu en 1h30 environ. Cela permet de digérer agréablement un bon repas.

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mercredi, 20 août 2025

Last Stop : Yuma county

   A l'échelle des Etats-Unis, Yuma est une "petite" ville, peuplée tout de même de près de 100 000 habitants. C'est donc plutôt dans sa périphérie rurale que se déroule l'intrigue de ce film, principalement dans un diner, ce restoroute typique du pays d'Oncle Sam, où les gens se croisent le plus souvent sans se parler.

   Les clients de l'établissement vont cependant être amenés à interagir, le temps que le camion ravitaillant la station-essence jouxtant le diner soit arrivé. (On ne comprend vraiment qu'à la fin pourquoi il est en retard, même si un indice -visuel- nous est donné au tout début.) 

   Cette Amérique en panne d'essence n'est pas un portrait fidèle de l'ensemble du pays. On est loin des métropoles, des quartiers riches comme des ghettos. (Au passage, l'intrigue semble se dérouler avant l'invention du téléphone portable, petit artifice scénaristique qui permet à l'histoire de se dérouler jusqu'au terme prévu par l' auteur.)

   La tenancière du diner est l'épouse du shériff, qu'elle doit solliciter pour qu'il répare la clim'. Elle ne semble pas avoir d'employé. Le gérant de la station-service est un gentil géant (afro-américain), vivant à l'écart du monde, auquel il n'est relié que par son poste de télévision, un téléphone fixe... et le klaxon des clients.

   Ceux-ci n'ont pas des profils de winners. Le premier à débarquer est un terne représentant en coutellerie. Il est suivi par un duo de types louches, un jeune excité et un vieux lascar à l’œil torve, du genre taiseux. Se rajoute un couple de touristes à la retraite, assez inoffensifs au premier regard... mais dotés tous deux d'une arme de poing. Complète le tableau un autre couple, plus jeune, composé de deux branleurs en quête d'argent facile. Le dernier arrivant est un Indien, le seul dont le véhicule n'est pas à court de carburant...

   L'enjeu est un butin, celui de l'attaque d'une banque. Il se trouve dans le coffre d'une voiture... mais laquelle ? Et qui va sortir de là avec le pognon en poche ? Suspens... L'intrigue est donc des plus classiques, mais elle est bien construite.

   Un peu comme dans le récent Évanouis (et dans Once upon a time... in Hollywood), l'auteur laisse le malaise s'installer, la tension monter, lentement, sachant qu'une bonne partie du public est venue dans l'attente de l'explosion finale. Cela donne une ambiance ressemblant à celle de certains films des frères Coen. Les acteurs sont bons, en particulier Richard Brake (en psychopathe calme) et Jim Cummings (qui, dans le genre maladroit, en fait toutefois un peu trop sur la fin).

   Le film a peut-être été un peu survendu par certains critiques, mais, franchement, en comparaison de ce qui est sorti au mois d'août, c'est plutôt une œuvre à ne pas rater, si elle passe près de chez soi.

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lundi, 18 août 2025

En boucle

   En voyant la bande-annonce de ce film, il y a quelques semaines, j'ai été troublé par la ressemblance apparente avec Comme un lundi, sorti l'an dernier sur nos écrans. Faut-il y voir, chez nos amis nippons, la persistance d'un questionnement sur le sens d'une vie quotidienne apparaissant aussi répétitive que monotone ? Ou bien n'est-ce qu'une coïncidence ?

   Les deux histoires ne sont toutefois pas complètement jumelles. Si, dans Comme un lundi, les protagonistes revivaient la même journée, ici, ce sont les deux mêmes minutes qui se répètent à l'infini... avec pour autre différence que les personnages se souviennent du passé immédiat. Cela leur permet d'évoluer au cours de ces brèves séquences... et à l'intrigue de progresser, tout en évitant la lassitude des spectateurs, les personnages revenant deux minutes en arrière une quarantaine de fois au total !

   L'action se déroule dans une auberge rurale traditionnelle du "Japon de l'envers", cette partie du pays peu urbanisée, un peu à l'écart et propre à la méditation, à l'apaisement... ou à la dépression.

   Deux jeunes femmes jouent un rôle clé : une étrangère, venue prier au temple local et Mikoto, l'une des employées de l'auberge, qui se désole que son amoureux (apprenti cuistot sur place) soit décidé à partir pour la France. La répétition de ces deux minutes va-t-elle lui permettre de le faire changer d'avis ? Suspens...

   Au fur et à mesure de la réitération de ces cent vingt secondes, on découvre les autres personnages et leurs problèmes. Ainsi, l'un des collègues de Mikoto, plus âgé, s'inquiète à propos de sa fille, qui a quitté la région pour une grande ville (Tokyo ou Kyoto). Deux des clients, amis de longue date, vont vider leur sac, tandis qu'un éditeur et son poulain comptent sur ce séjour "authentique" pour vaincre la page blanche.

   C'est parfois cocasse parce que, si les personnages peuvent modifier le déroulement de ces deux minutes, ils repartent toujours du même point d'origine... ce qui n'est pas forcément agréable (pour eux). On plaindra tout particulièrement les employés de base, obligés toutes les deux minutes de remonter plusieurs dizaines de marches, pour évoluer au sein de l'auberge... mais ça va bien les entraîner pour la séquence finale, en direction du temple. Je n'en dis pas plus !

   Sans surprise, ce temps suspendu incite chaque personnage à réfléchir sur sa vie et à régler ses problèmes. En terme de dramaturgie, une fois que les protagonistes ont compris le principe de la boucle temporelle (et une fois qu'ils se sont mis d'accord entre eux), ils s'organisent pour effectuer des actions suivies, par tranches de deux minutes. Cela confère une certaine dynamique à l'intrigue.

   Il ne faut pas y chercher grand chose de plus. C'est un petit film sympathique, qui tranche un peu sur ce que l'on peut voir cet été sur nos écrans.

14:06 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 17 août 2025

Confidente

   Tournée dans une maison transformée en centre d'appels, cette production franco-turque met en scène une opératrice du téléphone rose, à Ankara, durant une nuit, celle du séisme qui a dévasté la région d'Istanbul, à plusieurs centaines de kilomètres de là, en 1999.

   Le couple de réalisateurs (Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti) a quasiment réussi à tenir son intrigue dans un cadre classique, celui d'une unité de temps, de lieu et d'action, grâce aux téléphones. On pense inévitablement au film danois The Guilty, dont le héros était un homme.

   Ici, le personnage principal est une femme, Sabiha, une mère de famille en instance de divorce qui, comme la plupart de ses collègues, fait ce boulot pour des raisons alimentaires. En retenant le plus longtemps possible ses correspondants au téléphone, elle fait grimper leur facture et, incidemment, les revenus de son patron. Dans le rôle, la comédienne Saadet Isil Aksoy crève l'écran, portant le film de bout en bout.

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   Au centre de l'intrigue se trouve la place des femmes dans la société, thème croisé avec la corruption des élites et les conséquences du tremblement de terre. Au téléphone, Sabiha, qui a pris un pseudonyme, écoute des hommes esseulés, qui peuvent être âgés comme adolescents, d'origine modeste comme richissimes. Bien évidemment elle leur ment, mais elle donne parfois aussi des conseils. Cette empathie (et un talent pour incarner différentes personnalités) lui vaut un certain succès.

   Durant cette nuit fatale, l'héroïne va jongler entre son patron harceleur, la jalousie de ses collègues, un vieillard esseulé, un homme marié masochiste, un jeune con bloqué sous les décombres, un procureur corrompu... et des mafieux. A l'autre bout du fil, ses "clients" ne lui disent eux non plus pas forcément la vérité, ce qui corse un peu l'histoire.

   J'avais peur que cela na tienne pas la distance, mais en fait, globalement, si. D'abord parce que le film ne dure qu'1h15, ensuite parce que des rebondissements surviennent, notamment dans le dernier quart d'heure. Ce n'est pas totalement maîtrisé, mais, pour l'originalité du sujet et la prestation de l'actrice principale, cela mérite largement le détour.

vendredi, 15 août 2025

Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?

   Dans la salle où je me trouvais, à la fin de la séance, j'ai eu la conviction que deux types de public étaient venus voir ce film. D'un côté l'on avait les fans de Liam Neeson (ou de Pamela Anderson), en quête d'un moment de détente, au frais. Ces personnes-ci ont été un peu interloquées par ce qu'elles ont vu et/ou entendu... et ont rapidement quitté la salle. De l'autre côté se trouvaient celles et ceux qui savaient à quoi s'attendre : un truc profondément (?) débile, assumé comme tel. Ces personnes-là sont restées pour profiter des dernières blagues semées dans le générique de fin.

   C'est une "œuvre" farcesque, dans laquelle Liam Neeson commence par s'auto-parodier, dans une séquence qui a hélas été trop dévoilée au public. (Pour profiter des gags qui fonctionnent -ce qui n'est pas le cas de tous, loin de là- il vaut mieux ne rien avoir vu du film avant.)

   Les clins d’œil sont légion, d'abord aux anciens films de la franchise, mais aussi à des chefs-d’œuvre comme les Hot Shots (et peut-être aussi les Police Academy). Je pense qu'il doit y avoir des allusions à des séries télévisées, mais je suis loin d'avoir tout capté. En revanche, j'ai pu savourer la référence à Mission : impossible - Fallout... une parodie que les scénaristes poussent au troisième degré. Bien évidemment, nombre de gags visent (légèrement) au-dessous de la ceinture. (Je recommande tout particulièrement la séquence du dîner en amoureux, avec le chien...) 

   Jouer dans ce genre de poilade réclame des talents particuliers. Liam Neeson a fait des efforts (il est particulièrement convaincant à chaque fois qu'il reçoit du café), mais je trouve que Pamela Anderson est plus à son aise dans cette ambiance potache, tout comme Danny Huston, qui incarne le méchant de l'histoire, un milliardaire de la "tech" ultra-élitiste, inquiet de la baisse de qualité du sperme émis par les messieurs de son pays... C'est un évident mélange d'Elon Musk et de l'un des autres moguls de la Silicon Valley (Peter Thiel ou Larry Ellison). Nous sommes donc en présence d'un film sournoisement politique, plutôt démocrate (même si le héros se vante de coffrer les criminels sans respecter la loi). Cela explique sans doute que le critique du Monde ait beaucoup aimé...

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Badh

   Au cinéma, ces dernières années, on voit de plus en plus d'héroïnes badass, à la fois mignonnes et percutantes... et je ne vais pas m'en plaindre. Les lointaines ancêtres sont Anne Parillaud dans Nikita et Angelina Jolie dans Tomb Raider, à laquelle a succédé Alicia Vikander. Plus récemment, Scarlett Johansson a fait des étincelles en Veuve noire et Ana de Armas nous l'a joué "John Wick au féminin" dans Ballerina.

   Dans son deuxième long-métrage, Guillaume de Fontenay s'inspire plutôt d'un modèle masculin, Jason Bourne, dont Marine Vacth (très affûtée) incarne un pendant féminin et français. Badh est son nom de code en tant qu'agent de la DGSE, chargée de missions d'infiltration et d'exécution, ce que montre la première séquence (en Syrie), parfaitement maîtrisée.

   On retrouve l'héroïne sept ans plus tard, au Maroc, amoureuse et retirée du service. Le problème est que quand on fréquente un policier, on risque de se retrouver confronté à quelques racailles, surtout si celles-ci bénéficient de protections. A l'image de tant de héros masculins qui ont subi une perte irréparable, Badh va se transformer en redoutable Némésis, au point d'éveiller l'attention de ses anciens employeurs, qui ont quelques accointances avec des trafiquants locaux.

   On sait ce qu'on va voir : un film d'action, nourri de complotisme, assaisonné de féminisme. Derrière la caméra, Guillaume de Fontenay n'est pas malhabile. Les combats sont bien chorégraphiés (même si celui qui oppose l'héroïne à son alter-égo masculin est un peu confus), bien filmés, bien montés. Seule la séquence de poursuite en moto manque de réalisme. Si l'on n'est pas pris par le rythme, on se rend compte de certaines facilités (pour permettre à Badh de s'en sortir).

   Bref, j'ai passé un bon moment, avec une tension maîtrisée du début à la fin. Marine Vacth est impressionnante, bien épaulée par certains des seconds rôles (notamment Emmanuelle Bercot et Niels Schneider), tous n'étant cependant pas du même niveau. On pardonne quelques faiblesses, ravi de voir un Français s'adonner, avec talent, au film de genre.

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mercredi, 13 août 2025

Nobody 2

   Il y a quatre ans, la sortie du premier Nobody avait été une très agréable surprise... et une petite claque, au niveau des scènes d'action. Pour les producteurs, ce fut une bonne affaire : n'ayant coûté que seize millions de dollars, le film en avait rapporté près de soixante.

   ... et donc, on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Certes, le début a un air de déjà-vu, avec les gros plans sur le physique cabossé du héros, qui semble sortir d'un combat de MMA. Il est sans doute face à deux agents du FBI... et il est accompagné d'un quadrupède, mais, cette fois-ci, une sorte de chien-loup. Évidemment, il faut attendre un peu avant de savoir pourquoi... De plus, le retour, environ 1h15 plus tard, à cette scène de début nous réserve une petite surprise supplémentaire.

   En attendant ce moment, on nous propose un retour en arrière survitaminé. Le héros, Hutch Mansell, est de nouveau pris dans une routine, mais elle est différente de celle de ses précédentes aventures. Je n'en dirai pas plus... mais sachez qu'il lui arrive désormais de ne pas rater le passage des éboueurs !

   Hutch est surmené par son travail et sent que son foyer est menacé d'éclatement. Pour le ressouder, il propose... des vacances en famille, dans un parc d'attractions traditionnel, situé en pleine cambrousse. Pour lui, ce serait un retour aux sources... d'autant qu'il inclut son père dans l'équipée. Revoilà donc Christopher Lloyd, qu'on voit quitter l'EHPAD en claquettes-bas de contention...

   On se doute bien que tout ne va pas se passer comme prévu et que le séjour de détente va se muer en parcours épique. Cela nous vaut d'excellentes scènes de baston, la toute première étant liée au "travail" du héros. On le voit donc successivement corriger des soudards asiatiques, corses et brésiliens (munis de machettes !), avant qu'il ne se prenne la tête (et les doigts) avec quelques rednecks du parc, menés par un shérif doté d'une coupe de cheveux qui, dans un monde mentalement équilibré, devrait lui valoir une incarcération. (Ce shérif à la fois hargneux et ridicule est incarné par Colin Hanks -fils de qui vous savez- qu'on a pu voir notamment dans Jumanji : Next Level.)

   Le sommet est atteint lors des deux confrontations avec le cartel de trafiquants de drogues, la première dans un atelier clandestin, la seconde dans le parc d'attractions, transformé en camp retranché par Hutch et son nouvel allié. (On pense évidemment aux deux Equalizer, avec Denzel Washington.)

   Pendant un peu plus d'1h20, je me suis régalé (surtout pendant les scènes d'action). Mon enthousiasme est toutefois tempéré (douché, même) par la pitoyable prestation de Sharon Stone en baronne psychopathe de la drogue. Elle en fait des caisses et comme, en plus, les dialogues ne sont pas terribles, c'est limite pathétique.

   Cet aspect mis à part, j'ai passé un très bon moment, de surcroît dans une salle climatisée.

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Evanouis

   La critique s'est emballée pour ce film d'épouvante un peu atypique, puisqu'il est construit sur la base de six visions de l'histoire (ou six historiettes), qui se complètent. L'introduction et la conclusion fonctionnent avec une voix-off, celle d'une petite fille, peut-être parce qu'il s'agit d'une sorte de conte (horrifique)... ou peut-être parce qu'elle fait partie de l'intrigue. C'est elle qui relate la disparition de tous les élèves (sauf un) de la même classe, la même nuit, au même moment, dans une petite ville bourgeoise des États-Unis.

   La première vision est celle de Justine, la professeure des écoles en charge de la classe, soupçonnée par les parents d'être au moins en partie responsable des disparitions. Il faut être très attentif à cette partie, puisque toutes les autres vont la compléter, d'une manière ou d'une autre. C'est pourtant la moins intéressante, celle qui (avec la dernière) comporte le plus de maladresses et de clichés. Ainsi, bien que menacée, Justine ne verrouille pas sa voiture en rentrant chez elle et, lorsque, plus tard, elle sort pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur, elle laisse la porte grande ouverte tout en s'éloignant. (Au passage, c'est une bien jolie maison pour une enseignante du primaire...) Enfin, chacun appréciera à sa manière le fait qu'en sortant de la réunion publique, la prof se rue sur une épicerie de nuit pour s'acheter... deux bouteilles de vodka.

   La deuxième vision est celle d'Archer, un entrepreneur du BTP, père de l'un des enfants disparus. Au départ très hostile à Justine, il comprend petit à petit que plusieurs choses ne "collent pas". Il accède à des vidéos tournées la nuit des disparitions et voit la prof se faire agresser à une station-service, en plein jour, par une personne a priori insoupçonnable. C'est à partir de ce moment-là que le malaise grandit, le surnaturel (ou l'inexplicable) surgissant dans un quotidien en apparence anodin. Zach Cregger gère plutôt bien cette montée en tension et le puzzle que représente son film.

   Les historiettes suivantes sont celles de Paul (le policier qui en pince pour Justine), James (un drogué qui, involontairement, fait une sacrée découverte), Marcus (le directeur d'école) et Alex (le seul enfant non disparu de la classe, qui habite une maison légèrement différente de celle des parents de ses camarades).

   Avec le recul, on comprend que la solution de l'énigme nous avait été donnée (indirectement) dès la première "vision". Il faut toutefois attendre la cinquième historiette pour comprendre le pourquoi du comment... et c'est décevant. Je pensais (j'espérais) que le réalisateur utilisait le film de genre pour élaborer une analyse de la société états-unienne, alors qu'en réalité, il part d'un substrat sociétal pour revitaliser le film de genre (épouvante/paranormal).

   Quant à la dernière partie, elle apparaîtra soit grotesque, soit immonde, soit jouissive, selon les sensibilités. (C'est celle qu'attendaient avec impatience les djeunses présents dans la salle, qui ont néanmoins été attentifs durant toute la projection, signe que le cinéaste a réussi son coup.)

   Comme c'est plutôt bien foutu, la vision de ce film peut constituer une stratégie valable pour échapper à la canicule, pendant un peu plus de deux heures, dans une salle obscure climatisée.

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samedi, 09 août 2025

Freaky Friday 2

   Une vingtaine d'années après le succès remporté par les précédentes aventures mère-fille (déjà avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan), Disney remet le couvert, cette fois-ci avec non pas deux, mais trois générations de femmes (plus ou moins) en conflit. A Tess la mère (devenue grand-mère) et Anna la fille (devenue mère, et célibataire) s'ajoutent Harper la petite-fille surfeuse (et rebelle, forcément rebelle... mais une gentille rebelle... on est chez Disney)... et une autre adolescente, Lily (bien plus casse-couilles que la précédente), qui n'est autre que la fille du nouveau fiancé d'Anna.

   Le début met en scène les conflits de générations (plus celui entre les jeunes), auxquels se greffe un possible déménagement, de Californie à Londres. Cela ferait éclater le groupe familial d'origine. Les deux ados (qui, au départ, ne pensent qu'à leur pomme) ne veulent pas que le nouveau mariage se fasse... et entreprennent de faire échouer le projet de leurs parents respectifs.

   Le problème est que, suite à l'intervention d'une voyante à demi-compétente (assez bien jouée, ma fois), l'esprit des ados va se retrouver emprisonné dans le corps des "vieilles", et vice versa. Le procédé a beau être maintenant devenu assez commun au cinéma (on l'a notamment vu à l’œuvre dans Jumanji : Next Level), c'est souvent cocasse, notamment quand les ados découvrent les faiblesses de leur corps d'adulte. De leur côté, les "vieilles" héritent d'un corps tout neuf mais, curieusement, elles n'en profitent guère. Cela demeure très sage... et c'est bien dommage. Peut-être aussi est-ce dû au manque de talent des jeunes comédiennes, leurs aînées semblant plus habiles dans l'interprétation d'un esprit jeune dans un corps (beaucoup) plus âgé. Mention spéciale à Jamie Lee Curtis, qui, parfois, donne l'impression de s'amuser comme une petite folle.

   On s'achemine vers une fin sans surprise, au cours d'un concert qui voit les spectateurs faire des cœurs avec leurs mains. (Au secours !) On notera que les dames sont entourées de messieurs doux, compréhensifs, beaux gosses... et à l'aise financièrement, semble-t-il. (Faut pas déconner, non plus !) Aux fans de NCIS, je signale que Tess est toujours accompagnée du charmant Ryan (Mark Harmon, alias Leroy Jethro Gibbs).

   C'est un peu trop "sucré" et moralisateur à mon goût, mais cela constitue quand même une agréable détente.

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mardi, 05 août 2025

Dracula

   Le Prince des Ténèbres (et de Valachie) connaît un retour en grâce au cinéma, puisqu'en deux ans, nous avons eu droit à trois longs-métrages, le dernier en date étant celui de Luc Besson. Celui-ci semble avoir voulu amalgamer différents matériaux filmiques (pas uniquement vampiriques d'ailleurs), son intrigue louchant fortement sur celle du Dracula de Francis Ford Coppola. Certaines mauvaises langues suggèrent qu'à travers cette vision d'un "homme à (jeunes) femmes" réputé prédateur, mais amoureux, le cinéaste français s'est risqué à l'autoportrait.

   Quoi qu'il en soit, l'intrigue débute tambour battant, par une scène de passion folle (au château), suivie d'une bataille sanglante, contre les horribles islamo-fascistes Ottomans. Ici, Besson puise (un peu) dans le Vlad Tepes historique (tout comme naguère Gary Shore, avec son Dracula Untold). Si la baston est très correctement filmée, le moment où ses officiers viennent arracher Vlad aux bras de sa compagne pour l'emmener au combat frôle le ridicule. Ce qui précède suffit amplement à nous montrer à quel point il est attaché à son épouse. Il n'était pas besoin d'en rajouter... mais c'est un moment clé, qui fait basculer le "héros" dans l'anti-christianisme, ce qui lui vaut d'être victime d'une malédiction. (Les références chrétiennes sont très présentes dans le film, ce qui, outre la langue dans laquelle il a été tourné, m'incite à penser qu'il est destiné en priorité à un public plus  international que français.) Petit point historique au passage : en 1480 (année de la bataille), le Vlad historique était déjà décédé... une erreur commise dans d'autres films (notamment celui de Coppola).

   La suite nous montre la quête du prince, qui traverse les continents et les époques à la recherche d'une réincarnation de sa bien-aimée. Les décors comme les costumes sont superbes. Je signale tout particulièrement la séquence de Versailles, au cours de laquelle le vampire entre en action, avec un sous-texte évident : les courtisanes (comme jadis les religieuses) se pâment sous la morsure du prince. Certes, elles ont été attirées par son parfum maléfique, mais, derrière ces scènes, on sent la volonté de montrer que les femmes, selon le cinéaste, préfèrent les hommes qui ont du panache et qui les bousculent un peu, plutôt que ceux, un peu ternes, qui les "respectent trop".

   Cela devient évident quand entre en scène le clerc de notaire, dont la fiancée va devenir un enjeu de l'histoire. J'ai beaucoup aimé cette séquence roumaine, dans l'imposant château, avec un Caleb Landry Jones quasiment "kinskien", même s'il n'est pas aussi impressionnant que dans DogMan. Au niveau des nouveautés introduites par Besson, je signale les charmants petits compagnons du vampire, dont je laisse à chacun le plaisir de découvrir à quel point ils peuvent se montrer redoutables...

   Besson nous a épargné le transport en bateau, entre la Roumanie et l'Europe, qui est au cœur du Dernier Voyage du Demeter (sorti en 2023, que je n'ai pas chroniqué... et franchement, ça n'en valait pas la peine). 

   Autre nouveauté, la suite se déroule non pas à Londres mais à Paris, environ 400 ans après la séquence du début (en fait 409 ans, puisqu'il est question de l'Exposition universelle et de l'achèvement de la Tour Eiffel, qu'on ne peut pas rater à l'écran). Cela nous vaut quelques cartes postales de la capitale française de cette époque, en particulier lors de la fête du 14 juillet. C'est là que l'histoire d'amour est censée atteindre son point de bascule... eh ben c'est pas terrible. Autant j'ai aimé les interventions de l'acolyte de Dracula (Maria, interprétée avec gourmandise par Matilda de Angelis), autant je n'ai pas été pris par l'intrigue amoureuse, alors que Besson en a fait le cœur de son histoire. Je ne sais pas trop pourquoi. CL Jones et Zoe Bleu (fille de Rosanna Arquette) font le job, mais, pour moi, cela ne marche pas vraiment. (Il serait intéressant de savoir ce qu'en pensent des spectateurs plus jeunes, qui ont vu moins de films consacrés au vampire. En tout cas, dans la salle où je me trouvais, le public était exclusivement composé d'adultes de plus quarante ans.)

   Dans cette partie parisienne, il y a toutefois quelques moments de lueur, notamment quand Christoph Waltz est à l'écran. Il incarne le traqueur de vampire, dans un style qui n'est pas sans rappeler celui de Willem Dafoe dans le dernier Nosferatu. (Encore un que j'ai vu et pas chroniqué. Derrière la caméra, Robert Eggers n'est pas un manchot, mais trop souvent son film sombre dans le grand-guignolesque, la prestation de Lily-Rose Depp y étant pour quelque chose...)

   Un certain souffle réapparaît dans la dernière partie, qui voit le retour en Roumanie... et une bien belle baston, en intérieur cette fois. Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, que j'ai trouvé inégal.

   P.S.

   La fille de Rosanna Arquette n'est pas la seule membre de la "noblesse de pellicule" à figurer dans ce film, puisque, sauf erreur de ma part, Besson a confié à l'une de ses filles (Sateen) le rôle de la sirène, dans l'aquarium parisien.

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vendredi, 01 août 2025

Les Bad Guys 2

   Il y a un peu plus de trois ans, l'arrivée sur les écrans de cette bande de gentils délinquants avait eu un côté rafraîchissant dans le monde de l'animation. On retrouve cet esprit dans la première séquence, qui nous replonge dans le passé. Cette fois-ci (et cela se confirme durant tout le film), le scénario s'inspire davantage des Mission : impossible (de Men in Black et, peut-être, de certains James Bond) que des Ocean's. C'est drôle, rythmé, sans complexe (ni souci particulier du "politiquement correct"). Les adultes seront ravis du double niveau de lecture (un comique de situation qui vise surtout les petits, une pléiade d'allusions destinée aux "grands"). DreamWorks retrouve l'esprit frondeur qui avait distingué ses meilleures productions du tout-venant de chez Disney.

   La suite voit un léger changement de ton, mais pas d'influences cinéphiliques. Les héros sont victimes d'une machination, montée par un trio de super-vilaines... vraiment vilaines. Pour les vaincre, le loup charmeur, le serpent amoureux, le requin maladroit, l'araignée geek et le piranha péteur (qui rencontre toujours autant de succès auprès du jeune public) vont avoir besoin de l'aide de leur ancienne alliée, la renarde gouverneure... et même de celle de la commissaire pitbull.

   A l'écran, cela bouge parfois un peu trop pour moi, mais on ne s'ennuie pas une seconde. Aux manettes se trouve toujours le Français Pierre Perifel. Dans la VF, on reconnaît des voix familières, celles de Pierre Niney, de Doully, de Jean-Pascal Zadi, d'Alice Belaïdi... Du vol d'une voiture de collection au combat dans la Station spatiale internationale, en passant par une soirée de catch (public beauf garanti...) et la visite d'une prison ultra-sécurisée, on est emporté par cette intrigue sur-vitaminée... à savourer jusqu'aux toutes dernières scènes, qui annoncent une suite.

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