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dimanche, 08 septembre 2024

Beetlejuice

   Avant la sortie en salles, mercredi prochain, de la suite tournée elle aussi par Tim Burton, certains cinémas ont eu l'excellente idée de reprogrammer le premier film, datant de 1988. A l'époque, ce fut pour moi une découverte, celle de l'univers d'un cinéaste dont j'ai par la suite vu presque toutes les œuvres (y compris animées) sorties en salles.

   Avec le recul, on constate que la distribution principale était prestigieuse... ce qui n'était pas évident à l'époque : Michael Keaton (délicieusement vulgaire dans le rôle-titre) n'avait pas encore endossé le costume de Batman, Geena Davis (actuellement à l'affiche de Blink Twice) ne s'était pas encore enfuie en  voiture avec Susan Sarandon, Alec Baldwin était loin de se douter qu'il regretterait un jour d'avoir manipulé une arme à feu... et Winona Ryder (mmmm) en était à ses tout débuts.

   La première partie fait un peu kitsch. L'image est datée et l'aspect nunuche du couple formé par les jeunes Davis et Baldwin est encore plus apparent des années plus tard. Le contraste avec le vocabulaire et le comportement plus que déplacés de Beetlejuice n'en est que plus frappant. Comme, depuis, une certaine décence a gagné la représentation des interactions humaines à Hollywood (sauf dans des productions mal élevées comme Deadpool & Wolverine), la caractérisation du personnage éponyme fonctionne à merveille. Je préviens toutefois le jeune public qui n'aurait jamais vu ce film : Beetlejuice/Keaton y est finalement assez peu présent, et uniquement dans la deuxième partie.

   Quand bien même les effets spéciaux apparaîtraient parfois un peu datés, il faut souligner la qualité des décors et du maquillage, avec, en bonus, l'utilisation de maquettes et de poupées animées. Burton s'est amusé à retourner la mise en abyme : au début, l'action se déroule dans le vrai village, dont on peut voir une représentation réduite dans le grenier de la maison des héros ; par la suite, l'action se déroule à plusieurs reprises dans la maquette, d'où l'on peut voir le grenier.

   Sur le fond, la jeune Lydia et son père incarnent les aspirations de Burton : vivre à l'écart du monde contemporain, perçu comme peu intéressant voire hostile, le côté gothique de l'adolescente étant appelé à un brillant avenir au sein de l’œuvre de Burton...

   Ce film est aussi une dénonciation de la mentalité reaganienne régnant à l'époque aux États-Unis : l'arrivisme, l'appât du gain et l'adhésion (selon Burton) à de fausses valeurs sont incarnés par les promoteurs immobiliers et les "cultureux", l'un d'entre eux (excellent Glenn Shadix)  se révélant d'un incommensurable snobisme.

   Burton le rêveur n'est pas "politiquement correct". Son humour est macabre, parfois scabreux. Il humilie certains de ses personnages, tout en gardant une âme poétique. Cet improbable équilibre est l'une des grandes réussites de film, accompagné d'une bande son entraînante.

18:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 02 septembre 2024

La Belle Affaire

   Intitulée Zwei zu eins ("Deux pour un") dans la version originale, cette fiction allemande (inspirée d'une histoire vraie) évoque les mois qui ont précédé l'absorption de la RDA par la RFA la réunification allemande. Au-delà d'une certaine somme, les citoyens de RDA ont été autorisés à échanger leurs vieux marks est-allemands contre de bons Deutsche Marks, au taux (avantageux) de deux pour un... sachant qu'à l'époque, le DM s'échangeait contre environ 3,40 francs français.

   L'intrigue, loufoque, met en scène des gens de peu, anciens employés de la grosse usine locale, désormais à la retraite ou au chômage et habitant le même immeuble. Durant la première demi-heure, j'ai craint d'avoir choisi de voir une de ces comédies germaniques lourdingues, aussi digestes qu'une choucroute bien grasse accompagnée d'une bière qui sent la pisse.

   Ce début est à la fois misérabiliste et maladroit. La manière dont une bande de branquignoles va mettre la main sur un paquet de billets entreposés dans un bunker secret n'est guère crédible. Mais, de temps à autre, il règne une petite ambiance à la The Full Monty (le strip-tease en moins, les habitants étant de surcroît très mal vêtus).

   Cela devient vraiment intéressant à partir du moment où les héros se demandent quoi faire de tout ce pognon. Ils mettent au point une première combine, avec la complicité de petits commerçants ouest-allemands aussi débrouillards que cupides.

   L'immeuble d'habitat collectif devient à la fois une métaphore de la RDA finissante et une tentative d'utopie néo-communiste, mâtinée de consumérisme frénétique. J'ai beaucoup aimé cette partie, qui ne se limite pas à la comédie. Elle pose de bonnes questions sur le rôle de l'argent et les choix de vie qui se présentent parfois. Dans l'immeuble, tout le monde n'a pas envie de jouer collectif et, parmi ceux qui adhèrent à l'action de groupe, des dissensions émergent sur la manière de procéder. On nous propose une belle brochette de seconds rôles, bien qu'un peu caricaturale.

   Se greffe là-dessus une intrigue amoureuse. La crise de fin de régime (communiste) provoque des retrouvailles. Les rapports humains se développent à trois niveaux : l'immeuble collectif, la famille (de cœur) élargie de l'héroïne Maren et le triangle amoureux. Je trouve que la partie sentimentale est bien insérée dans l'histoire politique... l'interprétation de Sandra Hüller n'y étant pas pour rien. De manière stupéfiante, cette comédienne réussit à incarner aussi bien l'idéaliste communiste que, naguère, l'épouse nazie du commandant du camp d'Auschwitz (dans La Zone d'intérêt). J'ai aussi apprécié l'intelligence et la malice d'une gamine à la paternité douteuse, qui contribue à un ultime rebondissement, dans un épilogue qu'il ne faut pas rater. Le générique est aussi coupé par des images d'époque, qui nous racontent la véritable histoire (pour le peu qu'on en connaisse).

   Je recommande donc ce film, qui n'est pas une grande réussite en terme de comédie, mais qui mérite le détour pour les questionnements politico-sociaux qu'il met en scène.

mardi, 27 août 2024

Project Silence

   Le jeune cinéaste sud-coréen Tae-gon Kim mélange les genres dans cette production horrifique qui n'est pas sans rappeler de précédents films (Dernier train pour Busan et, plus récemment, Projet Wolf Hunting).

   Plus précisément, il croise le film-catastrophe (genre accident d'avion, immeuble en feu ou bateau qui coule) avec le film d'horreur, une créature quasi surnaturelle (requin particulièrement coriace, alien diabolique ou crocodile très très affamé) menaçant la survie des personnages principaux, ici les occupants de divers véhicules, qui se retrouvent coincés sur un gigantesque pont à haubans (peut-être celui d'Incheon), à proximité de Séoul. Ils ignorent qu'au cours du carambolage, une troupe de chiens dressés pour tuer s'est évadée d'un fourgon...

   Le côté film d'horreur est bien porté par les chiens (réels comme virtuels), la meute obéissant aux ordres d'une créature alpha, qui a échappé au contrôle des humains. Signalons que le dominant est ici une dominante, une femelle redoutable, mais dotée de sentiments.

   Le problème vient des personnages humains, une brochette de caricatures comme je croyais ne plus pouvoir en trouver dans une fiction du XXIe siècle : scientifique lâche, politicien manipulateur, haut-fonctionnaire imbu de lui-même qui va renouer en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire avec un humanisme aussi bien-pensant qu'irréaliste (dans le contexte de survie sur le pont). Sa fille est faite du même tonneau, n'hésitant pas à quitter un abri sûr à plusieurs reprises, réussissant à chaque fois à échapper aux molosses qui viennent pourtant de dézinguer une unité de policiers surentraînés... et je ne vous parle pas du comique troupier de la bande, un petit arnaqueur, officiellement dépanneur routier, dont le véhicule de fonction est capable de remonter un fourgon blindé militaire...

    Bref, les incohérences sont nombreuses et le comportement, soit larmoyant à l'extrême, soit totalement irresponsable, de nombreux personnages ne permet pas de relancer l'intérêt. C'est dommage, parce que les effets spéciaux sont bien fichus : le carambolage autoroutier, l'accident d'hélicoptère et la progressive désagrégation du viaduc sont mis en scène avec un incontestable savoir-faire.

   A trop vouloir copier des modèles états-uniens, le réalisateur tombe à mon avis dans les mêmes travers : l'exploitation d'une intrigue familiale cousue de fil blanc et le déversement maladroit d'une morale lénifiante.

15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 23 août 2024

Blink Twice

   Slater King est un milliardaire de la tech, qui tente de se racheter une conduite. Le brillant jeune homme (Channing Tatum, excellent), un poil arrogant, au management un peu autoritaire et dont on sent qu'il n'a pas toujours été très correct avec les dames, a décidé de devenir un type bien. Il suit une thérapie et se ressource régulièrement sur une île paradisiaque des Caraïbes, où l'on vit frugalement, sans smartphone, où l'on mange bio et où l'on se respecte. De temps à autre, il y invite quelques amis... et de jolies jeunes femmes.

   Deux d'entre elles se sont tapé l'incruste lors d'une soirée consacrée au tycoon, sur le continent. Ce sont des employées de la société qui gère l'événement, mais elles font tout pour se rapprocher des vedettes... et se font remarquer... puis inviter sur l'île. Au départ, tout semble merveilleux, mais, petit à petit, Frida commence à avoir des pertes de mémoire et remarque des trucs bizarres... jusqu'à la disparition d'un invité dont personne d'autre qu'elle ne semble se souvenir.

   Même si j'estime ces deux premières parties un peu trop longues, je trouve que la progressive montée en tension (liée notamment à l'étrangeté grandissante de la situation) est maîtrisée. Il y a du Shyamalan (première époque) dans ce film de Zoé Kravitz... en tout cas plus que dans le récent Trap. J'y vois aussi une pincée d'ambiance lynchienne (à la Twin Peaks), pas uniquement en raison de la présence de Kyle MacLachlan dans la distribution.

   On attend évidemment que l'apparente ambiance paradisiaque vole en éclat et, quand cela arrive, on n'est pas déçu. Petit à petit, la vérité se fait jour, avec une deuxième couche concernant l'un des personnages, marqué par une discrète cicatrice, antérieure à son séjour dans l'île.

   Du coup, je trouve que ce film de genre est bien maîtrisé, avec en sous-texte un brûlant sujet de société sur lequel je ne peux m'attarder, sous peine de trop déflorer l'intrigue...

 

... MAIS J'EN DIS PLUS CI-DESSOUS.

NE LISEZ SURTOUT PAS LA SUITE SI VOUS COMPTEZ VOIR LE FILM.

CELA RISQUE DE VOUS PRIVER D'UNE PARTIE DU PLAISIR.

 

   Blink Twice est un film Metoo. Ce n'est pas tant le monde de la tech qui est dépeint que, par métaphore, celui du cinéma... et ce qu'il impose aux femmes en général, aux actrices en particulier.

   Les hommes sont donc (presque) tous des prédateurs... et blancs (gros défaut du film, qui exonère les mâles issus des "minorités visibles" des comportements sexistes). La petite nuance porte sur l'un des mecs, qui ne participe pas, mais qui se tait et préfère oublier. A travers lui, Kravitz dénonce la passivité de certains acteurs ou réalisateurs hollywoodiens, qui ont fermé les yeux sur les déviances d'Harvey Weinstein, tant que cela ne les touchait pas de près.

   La contexte des comportements prédateurs pourrait aussi faire allusion à l'affaire Epstein, même si l'intrigue se concentre sur des femmes majeures.

   Enfin, il y a le cas du personnage de Stacy, la sœur de Slater, qui en sait plus qu'elle ne le dit et qui se fait la complice de l'entreprise de prédation de son frère. Elle est incarnée par Geena Davis, une comédienne investie dans la défense des droits des femmes, mais, surtout, une femme de la "génération d'avant". Je pense qu'à travers ce personnage, la réalisatrice pointe (selon elle) la responsabilité partielle de ces actrices qui n'ont pas été victimes des violences sexuelles (parce qu'elles étaient intouchables, protégées par un compagnon, aptes à se défendre... ou tout simplement très prudentes), mais se doutaient de ce qui se passait dans certaines chambres d'hôtel. Le film met en avant la sororité, cette solidarité féminine qui aurait peut-être permis d'éviter certains comportements scandaleux.

   Ce petit film de genre, en apparence assez lisse, est donc au final plus profond qu'il n'en a l'air, un peu à l'image du Get out de Jordan Peele il y a quelques années.

lundi, 19 août 2024

Highway 65

   Cette autoroute israélienne se trouve dans le nord du pays, coincée entre Liban, Cisjordanie, mer Méditerranée et lac de Tibériade.  On la voit à plusieurs reprises dans le film, lorsque l'héroïne (Daphna) se trouve sur le balcon du logement qu'elle occupe à Afoula. Pour elle, cette autoroute symbolise peut-être la possibilité d'un retour à Tel-Aviv, d'où la policière a été récemment mutée.

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   La police locale ne semble pas très ardente au travail... et surtout veille à respecter les notables du coin. On le constate notamment avec l'affaire de la disparition d'une femme, Orly, peu avant le dixième anniversaire de la mort de son mari, fils d'un entrepreneur du BTP qui semble connaître tout le monde.

   Le problème est que personne n'a signalé la disparition de la veuve (qui n'en est pas à sa première tentative), alors que son téléphone portable a été trouvé au bord d'un champ de maïs. On fait comprendre à la policière qu'il ne faut pas trop embêter la famille de l'entrepreneur. Ses deux fils sont jadis partis se battre au Liban. L'un n'est pas revenu, l'autre, qui travaille dans une pépinière, a été marqué à vie.

   Un mystère plane, donc, que les patients et laborieux efforts de Daphna vont tenter d'éclaircir. Le problème est que la manière dont l'enquête est menée n'est pas très réaliste. Je ne suis pas au fait des procédures en Israël, mais il me semble tout de même que la policière enfreint pas mal de règles (de procédure comme de prudence). Je suis finalement arrivé à la conclusion que le réalisme n'était pas le souci de l'auteure du film, l'enquête n'étant qu'un prétexte pour aborder certaines thématiques.

   Au cœur de l'intrigue se trouve la place des femmes dans cette ville provinciale qui semble fortement marquée par la domination masculine. Les quatre personnages féminins un tant soit peu développés sont tous de potentielles victimes... tout en ayant la possibilité, à certains moments, de mener le jeu. Ainsi, la disparue, Orly, ravissante trentenaire, faisait tourner la tête de bien des hommes, mais était aussi un objet de convoitise. La policière Daphna se fait rapidement gifler au cours de son enquête, puis agresser par un motard. Mais elle peut menacer des hommes, voire les mettre en garde à vue. Sa supérieure hiérarchique est à peine mieux lotie. En tant que cheffe du poste de police, elle fait partie des notables, mais, quand l'entrepreneur de BTP vient lui faire la leçon dans son propre bureau, elle est obligée d'obtempérer. Quant à la belle-mère de la disparue (épouse du chef d'entreprise), elle symbolise la génération en apparence soumise, mais qui dispose de discrètes marges de manœuvre.

   En parallèle est développée la thématique de la sororité (pour employer un terme à la mode). Plus le film avance, plus deux femmes qu'a priori tout oppose voient leurs profils se rapprocher. Il s'agit de la disparue (archétype de la jolie fille, en apparence un peu superficielle) et de la policière, célibataire sans enfant, dont la cinéaste a voulu faire, au départ, un personnage aussi peu glamour que possible : elle est mal coiffée, porte des lunettes à la Harry Potter, s'habille comme une demi-clocharde et mange vraiment salement, comme on prend bien soin de nous le montrer à plusieurs reprises. On comprend toutefois assez vite que Daphna est elle-même une jolie jeune femme, mais qu'elle s'oppose, par sa manière de vivre, aux stéréotypes de genre imposés aux femmes. Comme elle a aussi envie de vivre, de vibrer, il lui faut tout de même (parfois) faire des concessions... Petit à petit, la réalisatrice instille l'idée d'une quasi-gémellité entre Orly et Daphna.

   Du coup, on comprend mieux pourquoi la manière dont l'intrigue policière est menée semble artificielle. Elle n'est qu'un cadre pour un propos militant. C'est tout à fait louable, mais cela ne fait pas forcément un bon film.

dimanche, 18 août 2024

City of Darkness

   Cette "cité de l'obscurité" (au sens littéral comme au sens figuré) est un quartier de la mégapole hongkongaise. Celle-ci a la forme d'un petit archipel, la péninsule de Kowloon se trouvant sur la partie continentale, au sud de Shenzhen.

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   On y trouvait (jusqu'aux années 1990) un gigantesque bidonville, étalé (en hauteur) sur une quinzaine d'étages. Le contrôle de cette "citadelle" (et des trafics qui y prospéraient, en toute impunité) fut l'objet de la rivalité entre deux bandes, l'une finissant par triompher de l'autre, des années auparavant. Dans le même temps, un autre gang a mis la main sur le reste de la ville chinoise.

   Deux trames historiques s'entremêlent donc dans ce film. A l'arrière-plan se trouve l'époque de lutte pour le contrôle de la citadelle, dans les années 1950. La majorité de l'action se déroule toutefois à la fin des années 1980, à une époque où l'on comprend que la présence britannique va tôt ou tard prendre fin. L'autonomie dont jouit la citadelle est du coup menacée.

   Celle-ci est un véritable personnage de l'histoire, pas uniquement un (vertigineux) décor. C'est à la fois un labyrinthe (pour qui n'en connaît pas la géographie), un lieu de vie, de mort, de chaleur humaine... et une verrue urbaine, marquée par le manque de lumière naturelle et une grande insalubrité.

   Soi Cheang (auquel on doit aussi le surestimé Limbo) réussit à rendre crédible sa reconstitution du quartier détruit. Il en tire très bien parti dans la construction de son film.

   Mais ce n'est pas forcément cet aspect qui va marquer les spectateurs. A l'écran, on est surtout frappé par la virtuosité des scènes de combat, que ce soient les anciennes (se déroulant trente ans auparavant) ou les nouvelles (celles des années 1980). Des jeunes voyous aux chefs de triade, ça castagne sec. On résout ses problèmes à coups de poings, de pieds... éventuellement de couteaux. Ce n'est qu'à l'ultime fin que l'on voit débarquer des armes à feu, entre les mains de personnages montrés comme foncièrement déloyaux.

   Dans ce monde en apparence sans foi ni loi, il existe pourtant des règles, dont va profiter un jeune réfugié (sans doute venu de Chine communiste). Il s'embrouille d'abord avec la triade de "Mr Big", avant d'atterrir dans la citadelle, "sécurisée" par les troupes de "Cyclone"... qui, étonnamment, va prendre le jeune homme sous son aile.

   Pour celui qu'on surnomme dans un premier temps "crâne d’œuf", l'existence au sein du bidonville représente une renaissance. Il y recouvre ses forces, trouve du travail, réussissant à mettre de l'argent de côté... et se fait même des amis, le patron des voyous incarnant une figure paternelle de substitution. Tous ces aspects sont bien mis en scène, tout comme la description de la vie quotidienne des habitants de la citadelle, majoritairement commerçants et artisans (avec leurs employés, plus ou moins bien traités). Cela donne au film une épaisseur sociale inattendue.

   Le passé finit par ressurgir et les bastons reprennent, encore plus sanglantes qu'au début. Certes, c'est remarquablement chorégraphié, filmé, monté... mais, au bout d'un moment, on tombe dans l'exagération, la vraisemblance ayant visiblement sombré dans les égouts de la cité. C'est un peu le retour de l'effet Chevaliers du Zodiaque, manga dans lequel, à de fréquentes reprises, les héros frôlaient la mort, se vidaient de leur sang, avant de finalement administrer une raclée au super-méchant qui semblait invincible auparavant.

   Ceci dit, dans ce film-ci, les défauts sont nettement moins présents que dans Limbo. C'est plus rigoureux, plus riche aussi sur le plan scénaristique... et toujours splendide sur le plan visuel.

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mercredi, 14 août 2024

Mon Ami le petit manchot

   Comme il existe la World Music, au cinéma, on pourrait parler parfois de World Movies, ces "objets gentils" conçus pour plaire au plus grand nombre, en général tournés en anglais, autour d'une vedette, avec une histoire un peu cucul-la-praline. Telle était ma crainte en allant voir ce film, se déroulant entre les côtes du Brésil et celle du sud de l'Argentine... mais où tout le monde parle anglais/français (selon la version du film que l'on voit).

   La première séquence m'a sorti de mes idées préconçues. Tout d'abord, j'ai cru que je m'étais trompé de film, tant ce qui était montré à l'écran ne cadrait pas avec l'histoire d'amitié trans-spéciste que je m'attendais à voir. L'action se déroule 20-25 ans avant le cœur de l'intrigue et elle a un impact sur la suite, que je ne peux révéler. J'ai trouvé assez gonflé de commencer par là. Le jeune public risque d'être un peu perturbé mais, dans la salle où j'ai vu le film, il a été accroché par cette entrée en matière peu conventionnelle.

   On finit par tomber sur ce bon vieux pêcheur brésilien, Jean Reno, rescapé du Grand Bleu... et se portant au secours d'un manchot de Magellan victime d'un dégazage sauvage. Il ne le fait pas parce qu'il est membre d'une ONG environnementale, simplement par humanisme dirais-je... mais aussi parce que l'animal qu'il recueille est un substitut (la mise en scène finissant même par suggérer la possibilité d'une réincarnation... mouais).

   La relation qui se noue entre le vieil homme désabusé et le jeune animal égaré est à la fois drôle et touchante... inspirée d'une histoire vraie. DinDim (comme le surnomme une gamine du coin) se met tout le monde dans la poche, pas uniquement le pêcheur... mais il finit par partir.

   Le scénario s'étoffe avec la présence d'une équipe de scientifiques, en Argentine. A la stupéfaction de tout le monde, on découvre que le petit manchot est capable d'effectuer plusieurs milliers de kilomètres pour regagner alternativement les deux mêmes endroits : sa colonie d'origine (lors de l'été austral, c'est-à-dire à partir de décembre, dans l'hémisphère Sud) et le village de pêcheurs brésiliens, plutôt en automne-hiver.

   Il y a donc un aspect documentaire dans ce feel good moovie. On a filmé de véritables manchots (une dizaine rien que pour incarner DinDim, d'après le générique de fin). Les animaux sont montrés en colonies, sur terre, mais aussi dans l'eau, ce qui est l'occasion de faire de très belles images.

   Plusieurs dangers guettent le manchot : les prédateurs aquatiques, l'épuisement lors de ses longues migrations, les filets de la pêche industrielle... et l'intérêt qu'il suscite auprès des scientifiques, divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de lui : le laisser évoluer dans son environnement naturel... ou le déplacer pour pouvoir l'observer tout à loisir ?

   C'est parfois vraiment émouvant. Il arrive qu'une poussière se glisse dans l’œil. A proximité de moi, une maman ayant accompagné ses deux filles a fini par se moucher. Mais je rassure tout le monde : on a ménagé une fin heureuse, à la fois à l'écran et dans le texte d'accompagnement final. Il est suivi de quelques images des véritables personnages.

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lundi, 12 août 2024

Petit Panda en Afrique

   Comptant peut-être profiter du succès du Kung Fu Panda de DreamWorks (dont le quatrième volet est sorti au printemps dernier), cette coproduction internationale nous transporte entre Chine et Afrique australe.

   Le début de l'intrigue se déroule dans le "pays du milieu", dans un village de pandas pelucheux qui cohabitent avec... des dragons. Ceux-ci ne mettent pas le feu au village, mais contribuent à faire tomber la pluie. L'ambiance est donc un mélange de réalisme (les pandas représentant des "Chinois moyens") et de féérie, le tout sur fond de musique traditionnelle asiatique.

   On suit davantage les enfants que les adultes (signe que le film s'adresse davantage aux premiers qu'aux seconds). Il est question d'amitié mais aussi d'acquisition de maturité... et de courage, le petit panda partant à la recherche de son amie dragonne, qui se fait enlever.

   La séquence du trajet, sur le bateau d'un babouin commerçant, est plutôt réussie, aussi bien visuellement qu'au plan de l'humour.

   Pendant ce temps-là, en Afrique, on découvre un royaume fonctionnant sur le principe d'une régence : le couple de souverains lions est mort, d'une manière pas totalement claire. L'héritier du trône, un lionceau immature et capricieux, gouverne sous la férule de son oncle, redouté par tous les habitants de la savane... y compris les hyènes, réfugiées dans la forêt voisine et en conflit avec le royaume des lions. L'idée d'enlever un petit dragon vient du régent, qui a des projets en tête...

   C'est donc une histoire d'amitié, de courage et d'ambition, assez classique. On apprend aux jeunes qu'il faut aider un(e) ami(e) dans le besoin et qu'il ne faut pas se décourager devant les épreuves de la vie. Le scénario privilégie aussi la négociation à la violence pour résoudre les conflits.

   De belles valeurs sont mises en avant, appuyées par une animation assez réussie, en particulier les pandas et les hyènes, celles-ci très mignonnes et, une fois n'est pas coutume, présentées de manière sympathique. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les productions Pixar ou DreamWorks. Un œil avisé pourra distinguer, ici ou là, quelques défauts dans les mouvements ou les décors, mais c'est globalement du bon boulot. Je regrette quand même la quasi-absence de double niveau de lecture. Si les enfants aiment le film (qui apprendra aux tout-petits à reconnaître certains animaux), les adultes risquent d'un peu s'ennuyer.

 

   P.S.

   Le fond de l'histoire n'est pas tout à fait innocent. C'est grâce à des animaux chinois (un panda et une dragonne) que les peuples africains en conflit (ici principalement les lions et les hyènes) vont apprendre à cohabiter pacifiquement. On pourrait être tenté d'y voir une justification de la présence chinoise en Afrique, de plus en plus importante ces dernières années.

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samedi, 10 août 2024

Borderlands

   Tourné en plein covid (comme en témoigne abondamment le générique de fin), ce film sort presque confidentiellement, en plein été. A priori, ce n'est pas bon signe... et pourtant, la distribution est alléchante, avec Kevin Hart (en super-soldat), Cate Blanchett (en chasseuse de primes bad ass... et très maquillée), Jaimie Lee Curtis (en scientifique un brin loufoque) et la jeune pousse Ariana Greenblatt (vue l'an dernier dans 65 - La Terre d'avant).

   Des individus qu'au départ tout sépare vont constituer une improbable troupe, pas très disciplinée, assez gouailleuse : une gamine rebelle aux étranges pouvoirs, un soldat as de la gâchette, une chasseuse de primes dont l'apparente désinvolture masque des failles profondes, un grand balèze, supposé sadique... et un petit robot porté sur la plaisanterie.

   Cette famille recomposée (ou cette bande de faux potes - au départ) n'est pas sans rappeler Les Gardiens de la galaxie (en moins bien toutefois). L'habillage du film quant à lui fait immanquablement penser à l'univers de Star Wars, avec une touche de Mad Max.

   J'ai eu l'impression qu'on avait cherché à copier ce qui avait marché dans plusieurs franchises populaires, pour en créer une nouvelle. Alors, oui, les effets spéciaux sont chouettes, mais, au niveau du scénario comme de la crédibilité des situations, la copie ne vaut pas les originaux.

   Dans la première moitié du film, le mélange d'action et d'humour, mâtiné d'effets spéciaux, fonctionne. Dans la seconde moitié, cela se prend un peu trop au sérieux et vise -parfois- l'épique, sans forcément l'atteindre. Les acteurs (même Cate) prennent un peu trop la pose. Comme aux manettes il y a Eli Roth (auquel on doit, entre autres, Hostel et Death Wish), c'est plutôt du bon boulot, mais, là encore (comme dans d'autres œuvres commerciales sorties cet été), certains rebondissements surgissent de manière trop abrupte. Il aurait fallu davantage développer (ou moins couper) certains fils narratifs secondaires.

   Au fait, c'est l'histoire d'une gamine qui serait la clé pour accéder à l'Arche, un endroit mythique qui abriterait les secrets d'une brillante civilisation disparue. L'entrée se trouverait sur la planète Pandora, dont est originaire la chasseuse de primes, chargée de retrouver la gamine pour le compte d'un méchant industriel. Sa rencontre avec les autres protagonistes va la faire évoluer... jusqu'à un point assez inattendu ma foi (pour qui ne connaît pas le jeu vidéo d'origine).

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jeudi, 08 août 2024

Largo Winch (film et BD)

   Sans doute inspiré par la récente sortie en salles de la troisième adaptation cinématographique (Le Prix de l'argent), le service de programmation de la chaîne TMC a eu la bonne idée de rediffuser le premier film issu de la célèbre bande dessinée, lundi dernier. (Il est encore visible en séance de rattrapage pendant quelques jours, sur la plateforme TF1+.)

   Pour moi, ce fut une découverte, qui m'incita à lire aussi le diptyque d'origine, les deux premiers volumes de la série, intitulés L'Héritier et Le Groupe W.

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   On a parfois accusé Jérôme Salle (réalisateur) et Julien Rappeneau (co-scénariste) d'avoir trahi l’œuvre de Jean Van Hamme et Philippe Francq. En effet, le film s'émancipe quelque peu des deux tomes de la bande dessinée... mais ce n'est pas forcément un mal.

   Les grands traits de l'intrigue n'ont pas été modifiés. Le PDG multi-milliardaire est, dans les deux cas, mort apparemment de manière non suspecte, avant qu'on ne découvre un assassinat masqué. Largo est bien son fils adoptif caché, originaire des Balkans. Il a reçu une éducation soignée, avant de se rebeller contre son pygmalion de père. Il finit par accepter son héritage et rencontre de fortes oppositions, qui vont jusqu'à des tentatives de meurtre. Un complot est à l’œuvre pour lui faire perdre les parts du groupe W qu'il possède. Enfin, s'il convient de se méfier de presque tout le monde, Largo va quand même pouvoir s'appuyer sur de rares personnes de confiance, pour déjouer le complot.

   Les modifications interviennent à trois niveaux : l'époque des faits, les lieux de l'action et certains personnages.

   Commençons par l'époque... ou plutôt LES époques. Si les deux tomes ont été publiés respectivement en 1990 et 1991, le film lui date de 2008. Entre la fin de la Guerre froide et la période de guerre civile irakienne, post 11 septembre, les contextes ne sont pas les mêmes.

   Voilà qui explique sans doute le changement des lieux. En 1990, l'empire de Nerio Winch est centralisé à New York, cœur du capitalisme mondial triomphant. Dix-huit ans plus tard, l'émergence de l'Asie orientale (et, peut-être, le fait que le film soit une coproduction hongkongaise...) explique la localisation à Hong Kong.

   L'autre grand changement géographique porte sur l'espace où évolue Largo avant d'apprendre le décès de son père. Dans la bande dessinée, il s'agit d'Istanbul, où se déroule d'ailleurs une grande partie de l'action du volume 1. Dans le film, on découvre Tomer Sisley au Brésil, où il fait la rencontre fortuite (croit-il) d'une charmante permanente d'ONG (incarnée par la délicieuse Mélanie Thierry).

   Or, ce personnage-ci est absent de la bande dessinée, dans laquelle le héros se frotte principalement à des hommes. Il fait bien la rencontre de deux (ravissantes) jeunes femmes, à Istanbul, mais il s'agit de filles de diplomates (l'une britannique, l'autre états-unienne), qui elles sont absentes du film. Cela m'amène tout naturellement à la vision des femmes. De ce point de vue, la BD est clairement datée : à l'exception d'une assistante de direction âgée (mais qui a dû être très belle), elle ne met en scène que des "bombasses", dans des rôles subalternes (employées, secrétaires, rencontres d'un soir), même si la volontaire Charity sort un peu du lot. En revanche, Marilyn Apfelmond est une caricature de "poupée" : mince, blonde à forte poitrine, court-vêtue, un peu naïve, que l'un des personnages masculins fait boire avec la claire intention de la mettre dans son lit.

   Au contraire, dans le film, plusieurs personnages de femme forte nous sont proposés : outre Naomi la traîtresse (qui n'est pas sans cœur), on croise notamment Ann Ferguson, le bras droit de Nerio, interprétée par Kristin Scott Thomas.

   Le film est dynamisé par ses scènes d'action et des vues paysagères dans l'ensemble réussies. Mais, au niveau du scénario, clairement, la BD est plus forte. Du coup, je trouve que les deux se complètent bien.

mercredi, 07 août 2024

Trap

   Au cours d'un gigantesque concert (réunissant une quinzaine de milliers de spectateurs, majoritairement adolescents, parfois venus avec leurs parents), un impressionnant dispositif policier est mis en place. Même le FBI est présent, pour tenter de tuer/capturer "le boucher" un machiavélique tueur en série.

   Il y a vingt ans, M. Night Shyamalan (dont les derniers films, Old et Knock at the cabin, n'ont guère suscité d'enthousiasme) nous aurait servi un huis clos étouffant, nous offrant une multitude de suspects, plus crédibles les uns que les autres, avec retournement complet de situation à la fin.

   Tel n'est pas le cas ici (ce qui a peut-être déçu certains fans). Shyamy n'a pas eu envie de reproduire un schéma déjà utilisé, même si la première heure de ce thriller prend effectivement l'apparence d'un huis clos, dans un gigantesque complexe dont nous découvrons les arrière-cours... en suivant le tueur recherché, sur l'identité duquel ne plane aucun mystère.

   Ce Cooper a les traits d'une "gueule d'ange", Josh Harnett, ex-tombeur de ces dames, dont, à l'occasion, on peut revoir le torse et l'abdomen... plutôt bien entretenus ma foi, même si l'on sent qu'au niveau des "poignées d'amour", le temps a fait son effet...

   Pour certains, ce choix dans la narration et la mise en scène ne manquera pas d'être gênant. Le héros est une ordure, mais une ordure qui aime sa famille, en particulier sa fille Riley, pour laquelle ce papounet pompier a cassé sa tirelire : il s'est procuré deux places pour le concert de Lady Raven, une vedette de la pop qui semble être un mélange de Lady Gaga, Beyonce et Jennifer Lopez. Elle est interprétée (texte et chansons) par une certaine Saleka Night Shyamalan... eh, oui, l'aînée des trois filles du réalisateur, qui semble profiter de ce film pour tenter de donner un élan supplémentaire à la carrière de chanteuse et/ou d'actrice de sa progéniture. (La cadette est déjà réalisatrice.)

   La première heure est une sorte d'attrape-moi-si-tu-peux. La profileuse du FBI semble avoir bien cerné la psychologie du tueur, mais elle n'en connaît pas l'apparence physique. C'est donc aux trois cents policiers, aidés de la reconnaissance faciale, de débusquer les pères trentenaires ou quadragénaires correspondant au profil. De son côté, Cooper (Coupeur ?... jeu de mots hélas sans aucun sens pour des oreilles anglo-saxonnes), une fois qu'il a compris qu'il était tombé dans un traquenard, doit développer des trésors d'ingéniosité pour échapper à une arrestation promise. C'est assez bien foutu, le suspens se mâtinant d'humour : Shyamalan pointe (gentiment) certains des travers du monde du spectacle et met en scène un tueur très organisé, tout en étant capable d'improviser. Le prédateur est devenu la proie, mais il n'est pas facile à attraper.

   Si cela s'était limité à cette trame, venant de Shyamalan, le film aurait été un peu décevant. Mais, au bout d'une heure, dans des circonstances que je m'interdis de révéler, le cinéaste nous fait sortir du site du concert, avec des rebondissements à la clé. Il faut aussi s'attendre à ce que l'intrigue prenne un nouveau chemin dans la troisième partie, qui contient une révélation capitale.

   Même si la fin n'est pas des plus originales, je trouve que Shyamalan a plutôt réussi son coup. Dans la salle pleine de djeunses à pop corn où je me trouvais, le public a été captivé.

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samedi, 03 août 2024

Les Fantômes

   Ces fantômes sont parfois des morts, parfois des vivants. Les morts sont les victimes de la dictature de Bachar el-Assad, comme l'épouse et la fille unique du héros, dont il ne parvient pas à faire le deuil. Les vivants sont les rescapés des geôles syriennes... et certains de leurs anciens bourreaux, qui ont fui en Occident et tentent, sous une nouvelle identité, de s'y faire oublier.

   Ce film prend la forme d'un polar, puisque le héros a rejoint un groupe clandestin, parmi les réfugiés en Europe (principalement en Allemagne), qui traque les anciens (?) serviteurs du dictateur sanguinaire, pour les faire juger. Dans le même temps, les rencontres faites par Hamid nous mettent en contact avec différentes catégories de victimes. Comme presque tout le monde se méfie de (presque) tout le monde (à cause des agents infiltrés), il est difficile de savoir si tel ou tel interlocuteur est sincère. S'ajoutent à cela les effets secondaires de la détention d'Hamid. Il peine à surmonter les séquelles des tortures qu'il a subies, cumulées au traumatisme de la perte de son épouse et de sa fille. Par moments il se demande (et nous aussi) s'il n'a pas perdu sa lucidité.

   C'est plutôt bien joué, avec Adam Bessa en réfugié justicier mutique, pas encore prêt à nouer une nouvelle relation. J'ai surtout remarqué Tawfeek Barhom, vu il y a deux ans dans La Conspiration du Caire... et surtout remarqué naguère en chanteur de Gaza ! Il réussit parfaitement à semer le trouble concernant son personnage, un étudiant en chimie qui ne veut surtout pas retourner en Syrie... mais pour quelle raison exactement ? La scène la plus marquante est celle du déjeuner, qui le voit partager une table avec Hamid, censé le traquer discrètement. Le dialogue entre les deux hommes, en arabe et en français (la scène se déroule à Strasbourg), est plein d'ambiguïtés.

   Il y a d'autres réussites dans ce film, comme la mise en scène de l'utilisation de l'espace dialogue d'un jeu vidéo en ligne pour communiquer secrètement à distance. J'ai aussi aimé la sorte d'enquête auditive menée par Hamid, qui commence par essayer de capter la voix actuelle du suspect (il n'a jamais vu le visage de son tortionnaire), puis récupère des enregistrements de témoignages d'autres rescapés de la même prison. Le moindre détail peut être important. Ce n'est pas tout à fait du niveau du Chant du loup, mais c'est quand même bien foutu.

   Le film, inspiré nous dit-on d'une histoire vraie (je dirais plutôt de plusieurs histoires vraies, dont celle d'Omar Alshogre et celle du tortionnaire Abdulhamid C.) est minutieusement construit, avec un évident souci du détail, essayant peut-être de pallier le manque de moyens. Les personnages secondaires sont assez bien construits.

   Je n'aurais peut-être qu'une réserve à émettre : quelques longueurs, le film se traînant un peu inutilement par moments (durée officielle : 1h40... au moins 2h en ressenti). Mais il est bien construit, autour d'une histoire forte.

   P.S.

   La traque des criminels syriens se poursuit. Récemment, c'est aux États-Unis qu'elle a abouti.

vendredi, 02 août 2024

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain

   L'été est l'occasion de ressortir en salle de "bons vieux films", soit parce qu'ils ont été restaurés, soit à l'occasion d'un anniversaire... ou, pour le cas qui nous intéresse, en raison de la tenue des Jeux Olympiques d'été à Paris. Le film véhicule une certaine image du quartier de Montmartre, déjà un peu datée à l'époque de sa sortie (2001... comme le temps passe).

   Dès le début, on est pris par la voix de conteur d'André Dussolier, par les effets comiques, par la beauté de certains plans et la nostalgie douce qui émane de l'ensemble.

   Revoir ce film est l'occasion de vérifier que la distribution était impressionnante. Aux côtés d'Audrey Tautou et de Mathieu Kassovitz évoluaient Isabelle Nanty, Armelle, Claude Perron, Yolande Moreau, mais aussi Rufus, Jamel Debbouze, Dominique Pinon, Urbain Cancelier, Maurice Benichou... et tant d'autres encore.

   J'adore cette histoire parce qu'elle met en scène, au départ, deux perdants du monde contemporain : un jeune employé de sex shop passionné par les photomatons, se déplaçant à mobylette (sans casque !) et une jeune serveuse, orpheline de mère, amoureuse des petits plaisirs quotidiens... et à l'âme justicière.

   Le film est truffé d'inventions, au plan scénaristique comme au plan visuel. On savoure les stratagèmes élaborés par Amélie pour venir en aide à ses contemporains et l'on est impressionné, plus de vingt ans après, par la qualité des effets numériques, par exemple quand Amélie se liquéfie (au propre comme au figuré) dans le restaurant où elle travaille, ou quand le mobilier de sa chambre s'anime, une fois qu'elle est endormie, ou encore quand quatre versions de Ticky Holgado (hélas prématurément décédé) rabrouent Nino Quincampoix.

   J'aime aussi la progression laborieuse de cette histoire d'amour, follement romantique, qui débouche sur un moment d'une beauté absolue, sans musique ni dialogue, sur le seuil d'un appartement parisien.

   Cette opportune ressortie offre bien plus de bonheur que la plupart des nouveautés qui débarquent dans nos salles obscures.

   P.S.

   A (re)voir aussi : Paddington. Mon impression de 2014 était bonne... et j'ai de nouveau passé un très bon moment.

19:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 31 juillet 2024

Largo Winch - Le prix de l'argent

   Je ne suis pas un lecteur de la bande dessinée d'origine (scénarisée par Jean Van Hamme), ni un spectateur des précédentes adaptations cinématographiques. Mais j'apprécie le comédien Tomer Sisley (vu notamment dans les séries Balthazar et Vortex)... ainsi que les moments passés en zone climatisée, par temps caniculaire. (Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les récents succès télévisuels de l'acteur-vedette qui ont incité les producteurs à retenter l'aventure du long-métrage.)

   Première surprise : cette coproduction, internationale dans son financement, son tournage et sa distribution, est projetée en version multilingue, le français se mêlant à l'anglais, au thaï et au birman.

   J'ai trouvé la majorité des acteurs plutôt bons, avec une mention spéciale pour James Franco, qui semble avoir éprouvé un plaisir évident à incarner le super-méchant de l'histoire. Sisley fait le job, plus musculeux que jamais, tandis que Clotilde Hesme apporte un peu de subtilité, avec un personnage plus riche qu'il n'y paraît. La bonne surprise vient d'Elise Tilloloy, dont j'aurais pu jurer qu'elle était québécoise de naissance... eh bien non ! Elle a réussi à me le faire croire et, rien que pour cela, je lui tire mon chapeau. De surcroît, son personnage est assez drôle, bien qu'un peu cliché.

   C'est d'ailleurs le principal défaut de ce film, qui accumule pas mal de poncifs, tant au niveau des relations entre les personnages que dans la contextualisation de fond. Ainsi, il est évident que l'assistante de Largo en pince (secrètement ?) pour son patron (comme Pepper Potts pour Tony Stark dans Iron Man). Il est tout aussi évident qu'entre l'influenceuse altermondialiste casse-couilles (pléonasme ?) et le capitaliste en cavale, l'hostilité du début va se muer en association, puis en amitié.

   Je pourrais aussi m'amuser à établir la liste des invraisemblances qui émaillent l'intrigue, comme cette voiture accidentée tombée dans une rivière, qu'on ne retrouve pas (ce qui, par la suite, ne semble poser de problème à personne) ou encore le fait que Largo, après avoir assommé l'un des méchants gardiens d'une mine (c'est son côté chevaleresque), n'en subisse aucune conséquence, un trio d'infiltrés (peu discrets) se permettant même de filmer l'activité de la mine sans se faire repérer.

   Ma (coupable ?) indulgence vient peut-être du fait que l'action est resserrée (à tel point que certains rebondissements surviennent parfois de manière trop abrupte), ou parce que les scènes de baston et de poursuite sont bien filmées, la musique (un peu tonitruante) accompagnant pertinemment cette meringue survitaminée.

   Au vu de ce qu'on nous a proposé depuis dix-quinze ans en matière de films d'espionnage ou d'action, c'est une œuvre de gamme moyenne, pas nulle mais pas enthousiasmante non plus.

22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 27 juillet 2024

Le Comte de Monte-Cristo

   Un mois après sa sortie, le film fait encore (presque) salle comble à Rodez. C'est, avec Un P'tit Truc en plus, Vice Versa 2 et Moi, moche et méchant 4, l'un des gros succès de ces dernières semaines.

   Les trois heures passent comme un rêve. C'est prenant du début à la fin, pour différentes raisons. Il y a bien sûr l'histoire d'amour contrariée entre Edmond et Mercédès. Pierre Niney est parfait en jeune homme amoureux, un poil moins convaincant en ex-taulard revanchard, même s'il tient son rôle. Anaïs Demoustier a dû bénéficier d'un maquillage exceptionnel (ou de trucages numériques de pointe) pour paraître aussi jeune dans la première partie. Dans la seconde, elle n'est pas toujours à son aise, en particulier dans la grande scène des retrouvailles (vers la fin), dont j'ai du mal à déterminer si elle a été mal écrite ou mal jouée.

   Il faut signaler la pléiade de seconds rôles, qui volent parfois la vedette aux protagonistes : Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille (stupéfiant en Danglars), Adèle Simphal et Anamaria Vartolomei, dont on comprend sans peine qu'elle puisse subjuguer le fils de Mercédès. (Notons que la comédienne aurait plutôt le physique du rôle de Mercédès jeune, celle-ci étant, dans le roman, d'origine catalane, brune au teint mat.)

   Cela m'amène aux complots, d'abord celui ourdi par le trio d'enfoirés, puis celui, bien plus élaboré, préparé minutieusement par cet inconnu maltais, le richissime comte de Monte-Cristo. C'est feuilletonnesque à souhait.

   Le roman de Dumas est suffisamment foisonnant pour enrichir le scénario. Il a plutôt fallu procéder à des coupes, nous privant ainsi des aventures de Dantès évadé en compagnie d'une bande de contrebandiers. Delaporte et De La Patelière ont aussi apporté des modifications à la trame d'origine. Par exemple, chez Dumas, ce n'est pas à cause du comportement de sa sœur que le substitut du procureur s'engage dans le complot, mais parce que son père est un bonapartiste non repenti. Dans le roman, il n'y a pas de sauvetage de demoiselle en détresse en mer... mais je reconnais que, dans le film, la scène a de la gueule.

   Ces modifications ne m'ont pas gêné. Si l'on veut adapter en détail le roman d'origine, c'est le format d'une série qu'il faudrait choisir. Ici, le pari est tenu, celui de nous conter la perte d'un amour naissant, la chute dans un cachot (excellentes scènes de prison), l'évasion, la découverte du trésor et la machiavélique vengeance, qui ne va pas se dérouler comme prévu. C'est du grand et beau cinéma populaire, porté par une superbe photographie.

   Des films français comme ça, j'en redemande.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 25 juillet 2024

Deadpool & Wolverine

   Il a fallu attendre six ans (depuis Deadpool 2) pour revoir sur grand écran les aventures du super-héros malpoli, à la bisexualité égrillarde... et ça valait le coup.

   Dès le début, on est cueilli par une séquence de combat ébouriffante, sanglante, grossière, comique au possible, avec un Deadpool à la fois pathétique et mal élevé, s'adressant à la caméra... ou faisant des commentaires sarcastiques (en voix-off). Ryan Reynolds (qui coproduit et a participé à l'écriture du scénario) profite de l'occasion pour (par l'intermédiaire de son personnage) casser du sucre sur le dos de Disney-Marvel, la multinationale ayant, depuis le précédent film, racheté la 20th Century Fox (qui produisait Deadpool).

   Dès le départ, c'est bourré de clins d’œil aux "anciens" films de l'univers Marvel, les auteurs ayant visiblement une prédilection pour ceux qui ont été produits avant la prise de contrôle par Disney. Sans surprise, Logan est l'un des mieux traités... et ça tombe bien, puisque les scénaristes ont dû se creuser la tête pour en contredire la fin : il fallait ressusciter Wolverine... Merci le Multiverse !

   Après un retour en arrière des plus réjouissants (qui voit Deadpool "essayer" différentes versions de Serval), la rencontre tant attendue finit par se produire, tout comme la baston. Les deux énergumènes vont finir par s'allier... ce qui ne les empêche pas, un peu plus tard, de "remettre ça" dans une voiture, une véritable boucherie tournée comme une scène d'amour un peu ardente...

   C'est l'occasion de préciser que les effets spéciaux sont saisissants. On connaît déjà ceux mis en œuvre pour illustrer les pouvoirs des deux super-héros. Il faut y ajouter ceux déployés quand la méchante (Cassandra Nova) se trouve à l'écran. C'est imaginatif et brillant, tout comme la chorégraphie des bagarres. (Derrière la caméra se trouve Shawn Levy, auquel on doit, entre autres, Free Guy.)

   Cette redoutable méchante apparaît dans l'un des univers parallèles, celui qui sert un peu de déchetterie de super-héros, dans une ambiance à la Mad Max.

   On ne s'ennuie pas une seconde... et il faut bien tendre l'oreille, pour capter toutes les allusions et tous les jeux de mots (très souvent à connotation sexuelle). Ainsi, quand Deadpool évoque les 206 os du corps humain, c'est pour ajouter qu'il lui en pousse un 207e quand il regarde Gossip Girl, la série où a joué Blake Lively... compagne de Ryan Reynolds... et dont la plastique avantageuse n'a échappé à aucun des spectateurs d'Instinct de survie.

   (Je recommande d'ailleurs de voir le film en version française, Ryan Reynolds étant doublé par l'excellent Pierre Tessier.)

   Du coup, ce film d'action survitaminé, politiquement incorrect, dit deux-trois choses pas idiotes à l'occasion. Hugh Jackman s'est laissé convaincre de rempiler une dernière fois dans le rôle de Wolverine, même si l'on sent, dans quelques scènes, qu'il ne raffole pas du côté ambigu donné à la relation entre son personnage et Deadpool. Je pense que la générosité de son cachet (20 millions de dollars, Ryan Reynolds recevant lui 30 millions) a contribué à faire passer la pilule... et à l'inciter à retourner passer des heures sur le banc de muscu.

   Je me suis ré-ga-lé.

   P.S.

   Bien entendu, il ne faut quitter la salle trop vite.

00:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 22 juillet 2024

Santosh

   C'est le prénom d'une jeune femme, veuve, dans le nord de l'Inde, sans doute dans une petite ville pas très éloignée de New Delhi. L'intrigue va faire évoluer les personnages dans cette région semi-rurale de l'Uttar Pradesh (me semble-t-il), jusqu'à Bombay.

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   Le début nous présente la future héroïne comme une victime. Elle est rejetée par sa belle-famille, qui n'a jamais apprécié son caractère indépendant, et, avec le décès de son époux, policier, elle risque de perdre tous les avantages afférents à la fonction, à commencer par l'appartement où le couple était installé.

   C'est là que la réalisatrice-scénariste, Sandhya Suri, introduit un élément qui paraîtra, à certains spectateurs occidentaux, complètement absurde, mais qui est inspiré de la réalité : la veuve peut "hériter" du poste de son mari (ou d'une fonction approchante), à condition de suivre une formation à l'école de police.

   On retrouve donc Santosh sans son sari, en uniforme de gardienne de la paix (« constable »). Inspirée par la rigueur morale de son défunt époux, elle pense pouvoir agir au nom du bien, tout en profitant des avantages de la fonction (un logement garanti, une paie régulière... et davantage de respect).

   Elle va rapidement déchanter. Elle découvre, de l'intérieur, une police locale, dotée d'éléments féminins, un peu considérés comme des pièces rapportées. Elle remarque très vite des actes de corruption, des arrangements, sans parler des propos misogynes, racistes, homophobes...

   L'histoire est un prétexte pour évoquer les inégalités qui frappent l'Inde : entre les hommes et les femmes (l'entrée dans la police étant, pour ses éléments féminins, un moyen d'échapper, au moins en partie, au poids du patriarcat), entre les différentes castes d'hindous (les plus mal lotis étant les dalits, ou intouchables), entre hindous et musulmans...

   Une affaire criminelle va servir de détonateur. Une adolescente de quinze ans disparaît. On finit par retrouve son cadavre mais, comme c'est une intouchable, la police ne semble, au départ, pas pressée d'élucider l'affaire... sauf que les médias s'en mêlent et qu'on découvre que, parmi les relations de la victime, se trouve un jeune homme musulman.

   Commence alors un véritable polar, dans lequel l'héroïne n'a pas toujours le beau rôle. Elle doit très vite décider de la manière dont elle va se comporter vis-à-vis des petits accommodements du quotidien policier. Elle est rapidement prise son son aile par une lieutenante expérimentée, rescapée des premières unités féminines et qui a su s'imposer dans un monde de mecs. Il faut signaler la performance des deux actrices, Sunita Rajwar dans le rôle de l'officier, et Shahana Goswami (Santosh), qui transmet beaucoup de choses à travers sa posture et son regard.

   J'ai aussi noté une certaine habileté dans la mise en scène. A plusieurs reprises, la réalisatrice fait passer des informations avec une certaine subtilité. Je pense, par exemple, à une scène d'interrogatoire, au cours de laquelle l'un des personnages croit que cela est allé trop loin, avant d'être détrompée. Je pense aussi à la complicité qui s'installe entre les deux femmes, qui n'est pas sans sous-entendus.

   Un pic de tension est atteint à deux reprises, la première fois lorsque Santosh, sortie de sa juridiction pour tenter de retrouver le principal suspect, habillée en civil, se risque seule dans une ville à majorité musulmane. La seconde fois montre la policière de nouveau seule, en zone rurale, alors que, sans le savoir, elle touche au but...

   Santosh, simple agente de terrain s'obstine à découvrir le fond de l'affaire, alors que les autorités se contenteraient d'une résolution simpliste de l'enquête. La conclusion de l'intrigue policière, comme celle de l'histoire personnelle de l'héroïne, sont amenées avec finesse.

   Avec Sons, voilà peut-être l'autre polar de l'été.

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samedi, 20 juillet 2024

Dîner à l'anglaise

   Cette comédie britannique fait resurgir de vieux souvenirs aux cinéphiles avertis. Cette réunion de personnages autour d'un repas, dans un lieu clos façon pièce de théâtre, n'est pas sans rappeler Cuisine et dépendances (avec Bacri & Jaoui) et le Carnage de Roman Polanski.

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   Deux couples d'amis de longue date se retrouvent pour un dîner dans la magnifique maison de deux d'entre eux. Les hôtes sont à droite ci-dessus. Tom est un brillant architecte, à qui tout semble réussir. (Il est interprété par Alan Tudyk, qu'on a pu voir jadis dans Joyeuses Funérailles, une comédie acide qui n'est pas sans parenté avec ce film.) Les fonctions de sa compagne (Sarah) ne semblent pas très claires. Il est possible qu'elle travaille avec lui, qu'elle soit sa comptable. Elle a la tête sur les épaules, alors que lui est plutôt le créatif du couple. (Elle est incarnée par Shirley Henderson, découverte il y a bien longtemps dans Trainspotting, vue ensuite dans Bridget Jones ainsi que dans de multiples téléfilms et séries britanniques. Elle m'avait épaté dans un épisode de Miss Marple.)

   A gauche se trouve le couple d'invités, constitué d'un riche et brillant avocat (Rufus Sewell, impeccable) et d'une travailleuse sociale (Olivia Williams), la conscience morale du groupe : ils étaient tous des jeunes gens bien comme il faut, avec des idées progressistes... mais qu'en reste-t-il 25-30 ans plus tard ?

   C'est la présence d'une invitée surprise dans le dîner (Jessica) qui va jouer le rôle de détonateur. Elle faisait partie de la petite bande, mais elle ne s'est pas casée, vivant sa vie de patachon, et, contrairement aux deux couples, ne s'enrichissant guère. Cela pourrait changer avec la sortie de son livre (sorte de roman à clés), dans lequel elle révèle quelques secrets.

   Elle est donc la cause du trouble qui gagne le quatuor (le film s'intitulant, dans la version originale, The Trouble with Jessica)... surtout parce qu'elle se suicide avant la fin du repas (et la consommation du -supposé- délicieux clafoutis, véritable fil rouge d'une soirée qui n'en finit pas).

   A partir de là, tout part en sucette. Au "problème" avec Jessica (autre traduction possible du titre), vont succéder d'autres problèmes : avec la voisine, avec les amis, avec la police... égrainant autant de chapitres constituant des scènes d'une pièce de boulevard.

   C'est souvent drôle... et méchant. Le principe est que la situation de crise va faire tomber les masques de bienséance, chacun se révélant tel qu'il(elle) est au fond. De plus, au cours de la soirée, chaque protagoniste va changer (au moins une fois) d'avis quant à ce qu'il faut faire du cadavre de Jessica. C'est savoureux, sans pitié pour les personnages, eux-mêmes très bien interprétés.

   J'ai passé un très bon moment.

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jeudi, 18 juillet 2024

Twisters

   « Vous qui entrez, laissez toute espérance (de subtilité) ». Tel pourrait être l'avertissement lancé aux spectateurs de cette méga-production estivale, conçue pour en mettre plein la vue... mais pas les neurones.

   Cela commence par un petit retour dans le passé... non, ça ne remonte pas jusqu'au film précédent, trop ancien, et avec lequel l'actuelle production semble vouloir éviter toute comparaison. Le scénario nous fait découvrir deux des futurs protagonistes de l'histoire, à une époque où ils font partie d'un groupe de djeunses passionnés par les tornades. Ils sont prêts à tout pour en observer de près... y compris à la folle imprudence.

   Que croyez-vous qu'il se passe ? Ben des choses tristes, qui vont traumatiser une charmante brindille, Kate, brillante apprentie scientifique, blonde, mince, portant des hauts moulants... et parvenant à échapper à la force d'attraction d'une tornade, tandis que le grand mec baraqué collé contre elle n'arrive pas à rester accroché à la poutre qui pourrait le sauver...

   Bref, pour Kate la fille de paysans d'Oklahoma, c'est la tristitude. Grave. On la retrouve cinq ans plus tard, toujours aussi mignonne, mais à New York. L'ancienne chasseuse de tornades hyper-intuitive est devenue une analyste météo reconnue... mais l'on sent qu'elle s'emmerde un peu. Son ancien pote vient la tittiller avec un projet de ouf, qui la ferait revenir en Oklahoma. Elle finit par accepter... et ça tombe bien, parce que, sinon, en deux heures, on n'aurait vu qu'une seule tornade, au début.

   Je crois qu'au total on nous en propose six, dont deux jumelles... des twin twisters ! Trop cool l'allitération ! (Finalement, ce film est peut-être plus intello que prévu.)

   Franchement, côté effets spéciaux, ça déchire. J'ai vu ça dans la plus grande salle du cinéma ruthénois et, si l'on pense que la première tornade nous a déjà bien soufflés, on n'a encore rien vu, en particulier avec les deux dernières (a priori, les n° 5 et 6).

   A part ça, le film joue un peu sur tous les tableaux, visant le plus large public possible. Il présente donc des couples mixtes, évoque (fugacement) l'intensification du phénomène de tornade sans doute en lien avec le changement climatique et, à une occasion, se fout de la gueule d'une jeune inculte qui nie la formation d'une tornade, un peu à l'image des futurs infectés du covid qui rejetaient la vaccination.

   Je dis ça parce que la majorité de l'intrigue se déroule entre Oklahoma et Texas, au pays du rodéo et des mecs qui portent des bottes à bout pointu (en plus du stetson). La city girl (« fille de la ville ») se fait chambrer avec ses certitudes scientifiques et son excessive prudence, alors que les vrais mecs de l'Amérique d'en-bas foncent dans le tas, à l'instinct, sans respecter les règles. C'est le côté libertarien d'une partie de la population du cru, des rednecks 2.0 qui se sont mis à Youtube.

   Sans surprise, un rapprochement va s'effectuer, progressivement, entre certains « scientifiques de la ville » et le groupe de baroudeurs forts en gueule. L'amour se met aussi de la partie, puisque Kate n'est pas insensible au charme de Tyler, au départ son rival, mais tellement séduisant et attentionné. (Il est incarné par Glen Powell, vu récemment en pilote arrogant dans Maverick et en beau gosse dans Tout sauf toi.)

   Je pense qu'il n'est nul besoin de sortir de Polytechnique (ou de Normale Sup) pour deviner comment tout cela va se terminer, à la fois sur le plan météorologique et sur le plan sentimental. On notera quand même la dénonciation de la spéculation immobilière et l'affirmation que l'aide d'urgence aux personnes en difficulté prime sur le projet professionnel, qu'il soit scientifique ou commercial.

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mercredi, 17 juillet 2024

Horizon - chapitre 1

   Cet horizon est celui de la ruée vers l'Ouest, celle de colons européens en quête du « Rêve américain », dans la seconde moitié du XIXe siècle. Kevin Costner revient à d'anciennes amours, celles de Danse avec les loups, dans une œuvre qu'il a sans doute conçue comme testamentaire.

   C'est d'abord à voir en salle, tant cela semble avoir été filmé pour un écran large, avec, souvent, pas mal de détails dans les plans. Même si de nombreuses scènes sont oppressantes, voire violentes, on respire en allant voir ce film, qui nous fait prendre un bon bol d'air, des montagnes du Nord aux zones quasi désertiques du Sud-Ouest.

   Horizon est aussi le titre d'un prospectus qui attire les migrants en masse. On leur promet des terres, l'enrichissement, la liberté. Ils vont, trop souvent, rencontrer la précarité, le mensonge, la violence. C'est l'un des intérêts de ce film que de montrer celle-ci sous tous ses aspects : celle des colons blancs (contre les « indigènes »), celle des Amérindiens (contre les colons), celle des hommes sur les femmes. On remarque d'ailleurs que c'est la violence des Amérindiens qui est présentée en premier, dans toute sa cruauté... et avec un incontestable brio, la séquence de l'attaque du village de colons étant pour moi la meilleure du film.

   ... et pourtant, Kevin n'y figure pas, puisqu'il apparaît seulement au bout d'une heure. Ce n'est pas du tout gênant, d'autant que la durée du film ne m'a pas posé problème. Le rythme n'est ni trop lent ni trop rapide. L'histoire, bien que souvent violente, nous est contée de manière apaisée.

   Le problème vient de la caractérisation des personnages, assez traditionnelle, qui, pour les cinéphiles (qui ont déjà vu pas mal de vieux westerns, en salle ou sur le petit écran), aura un goût de déjà vu.

   Ainsi, il est un peu consternant qu'au XXIe siècle, on nous présente encore la formation d'un couple (hétéro) formé d'un vieux baroudeur mutique au grand cœur et d'une prostituée qui a l'âge d'être sa fille. (Je note que celle-ci, bien qu'évoluant dans un milieu insalubre, parvient à conserver intacts des vêtements aux couleurs éclatantes.) Sans surprise non plus, la veuve éplorée (Sienna Miller, très maquillée) va succomber au charme du gentleman officier venu au secours des colons (la cavalerie arrivant bien entendu en retard, conformément à la tradition). A la veste des soldats ne manque aucun bouton, comme il ne manque aucun pli aux robes des héroïnes. (En contrepoint, on nous propose quelques figurantes au visage moins gracieux et aux vêtements plus crasseux.) Je crois qu'on peut prédire étape par étape l'évolution des relations entre Mrs Kittredge et le capitaine (?) de l'armée des États-Unis, dont on comprend très vite qu'une partie cachée de l'anatomie se met au garde-à-vous dès que la jolie veuve se trouve dans les parages...

   Même les personnages de femme forte sont des figures déjà vues ailleurs, autrefois... sauf peut-être celle qui fuit une famille de mafieux après avoir tiré sur le patriarche violeur. A son sujet, un doute subsiste à la fin de l'épisode quant à ce qu'il lui est arrivé...

   Du côté des hommes (blancs), on a un peu trop misé sur le côté "grosses voix caverneuses", qui donnent l'impression que certains protagonistes sont dotés de deux ou trois paires de couilles. A signaler quand même la prestation de Jamie Campbell Bower en cowboy psychopathe.

   Quant aux Amérindiens, ils ont droit à une assez grande place dans l'histoire, sans "politiquement correct" : le film montre leur expropriation comme la cruauté dont certains font preuve. Là encore, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de surprises : on a droit au vieux chef sage, au fils rebelle fougueux, aux jeunes imprudents...

   Au final, cela se laisse regarder avec plaisir, mais c'est très classique, un peu "pépère" parfois.

lundi, 15 juillet 2024

Longlegs

   J'ai tenté (en version originale sous-titrée) ce polar mystique, ésotérique même, dans lequel une jeune agente du FBI rejoint une équipe traquant un tueur en série particulièrement machiavélique.

   Les deux premières séquences nécessitent de l'attention de la part des spectateurs : l'une d'entre elles n'est pas située dans le temps (on ne saisit sa pleine signification que bien plus tard), l'autre permet de comprendre quelle est la nature du don de Lee Harker (Maika Monroe, très bien). Cette jeune femme est qualifiée d'hyper-intuitive ou de demi-médium. En clair : elle "sent" certaines choses. C'est un genre de personne que l'on peut croiser dans la vraie vie... sauf qu'ici ses aptitudes vont lui servir à traquer le Mal.

   Celui-ci est incarné par une espèce de croque-mitaine, un grand type maquillé, un peu cinglé, insaisissable, incarné par un Nicolas Cage méconnaissable.

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   La mise en scène joue à la fois sur les codes du polar (avec des agents du FBI qu'on a l'impression d'avoir vu à peu près partout) et du film d'épouvante, avec une musique parfois angoissante et des prises de vues anguleuses, décalées, avec une prédilection pour la (légère) contre-plongée.

   Assez vite, on comprend qu'un lien mystérieux semble exister entre le tueur et la jeune enquêtrice, qui a assez facilement trouvé le moyen de décoder les messages de Longlegs, sur lesquels les experts du FBI se cassent les dents depuis des années. (L'action se déroule au milieu des années 1990, sous la présidence de Bill Clinton, dont le portrait apparaît à plusieurs reprises, accroché à un mur.) L'enquête s'approfondit, remontant à l'enfance de Lee et, au-delà, aux années 1960. Le tueur semble suivre un schéma préétabli... mais la découverte de l'intégralité de son projet ménage quelques surprises.

   J'aurais donc tendance à être vraiment élogieux si la troisième partie n'avait pas été, selon moi, un peu bâclée par rapport aux précédentes. Le réalisateur s'y croit obligé d'expliquer le pourquoi du comment, pour ses spectateurs malcomprenants... signe que sa mise en scène n'a pas suffi. J'ai aussi peu goûté qu'il tente jusqu'au bout de ménager la chèvre et le chou (l'explication rationnelle des événements... et la satanique). Chacun peut s'y retrouver, mais c'est mis en place de manière peu subtile.

   J'ai quand même apprécié l'ambiance inquiétante et les épisodes sanglants, parfois imprévus. C'est donc un film à conseiller aux amateurs du genre et, globalement, aux spectateurs avertis.

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samedi, 13 juillet 2024

Sons

   Comme le titre l'indique, dans ce film, il est question de fils, mais aussi de mères. C'est l'une d'entre elles qui se trouve au cœur de l'intrigue, une gardienne de prison prénommée Eva. La première partie, quasi documentaire, nous la montre dans son élément (jamais en dehors de son lieu de travail), dans le quartier réservé à des prisonniers plutôt fragiles sur le plan psychologique et condamnés à de courtes peines. Outre son activité de surveillance et de "gestion des flux", Eva donne des cours de yoga et fait du soutien scolaire, pour des jeunes hommes dont il est légitime de penser que la détresse sociale les a poussés dans la délinquance.

   La caméra suit au plus près le personnage principal, incarné par Sidse Babett Knudsen, absolument formidable, qui casse un peu son image à l'occasion de ce film.

   Tout change lors de l'arrivée d'un convoi de détenus réputés dangereux. Ils sont destinés à occuper le quartier de haute sécurité, la partie de la prison la plus fermée vis-à-vis de l'extérieur, où les gardiens rencontrent souvent des problèmes. Eva semble reconnaître l'un des arrivants et demande à être affectée dans le QHS. On ne sait pas pourquoi, le personnage étant du genre mutique... et un peu menteur, comme on le découvre à cette occasion.

   Dans le QHS, l'ambiance est totalement différente de celle de l'unité 5, où elle travaillait auparavant. On change donc d'univers... et Eva change aussi sous nos yeux. On ne met pas très longtemps à comprendre qui est pour elle ce nouveau détenu, sujet à des épisodes violents. (Il est très bien interprété par Sebastian Bull Sarning.)

   C'est ici que le film se fait original, en tout cas très différent de ce que pourrait donner la même histoire traitée par un cinéaste français. Je signale que le réalisateur, Gustav Möller, est l'auteur de l'excellent The Guilty, sorti en salle il y a six ans de cela.

   Pour une œuvre qui pourrait passer de prime abord comme quasi documentaire, la caméra se fait relativement inventive. Il faut se méfier de ce qui nous est montré en tout début de scène. Parfois, quand la caméra commence à bouger (après un début en plan fixe), on découvre que le personnage n'est pas seul dans la pièce ou que la situation est différente de ce qui nous a été d'abord suggéré. Il y a aussi un travail sur le rapport entre l'image et le son.

  Sur le fond, le film sort des sentiers battus de la "bien-pensance".

 

ATTENTION !

 

DIVULGÂCHAGE !

 

 

   Sur ce genre de sujet, la vulgate moralisatrice nous présenterait une héroïne se rapprochant du détenu et des liens amicaux finissant par se nouer entre deux êtres qu'au départ tout sépare... Que nenni ! Eva la polie, Eva la respectueuse, Eva l'affectueuse va chercher à... se venger. C'est l'occasion pour le cinéaste de nous montrer de quelle capacité de nuisance dispose une employée de la pénitentiaire... mais aussi qu'entre ces murs, les rapports de force sont complexes... et qu'ils peuvent s'inverser.

   On est donc loin d'un film "politiquement correct". Il n'en est que plus fort.

vendredi, 12 juillet 2024

Les Pistolets en plastique

   Un peu moins de trois ans après Oranges sanguines, Jean-Christophe Meurisse revient sur nos écrans, avec une partie de son équipe et une jolie collection d'invités : Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Laurent Stocker, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret... et, surtout (bien que brièvement, hélas), Jonathan Cohen. Celui-ci n'est présent que dans la scène du début, celle d'une autopsie, qui part en vrille au niveau des dialogues. C'est savoureux mais, toutefois, pas totalement maîtrisé au niveau de la surenchère (un peu à l'image de ce que fait le réalisateur, qui a de brillantes idées, mais peine parfois à les mettre en scène avec rigueur).

   Quatre types de personnages s'entrecroisent dans une intrigue à la "marabout d'ficelle", une scène rebondissant sur la précédente. Ainsi, sous nos yeux (parfois ébahis) évoluent un indic de la police (et sa famille), un duo d'enquêtrices amatrices, un fan (acariâtre) de danse country et un homme entre deux âges sur le point de reconstruire sa vie, en Argentine, au bras d'une ravissante brune.

   Dans son précédent film, Meurisse versait dans un populisme germanopratin, mâtiné de moralisme bas de gamme. Ici, il prend pour base un fait divers qui ressemble bigrement à l'affaire Dupont de Ligonnès pour s'attaquer à certains totems contemporains : la fascination pour les assassins, la crédulité un brin complotiste, le besoin éperdu de reconnaissance et la quête de célébrité. Paradoxalement, parmi les personnages, la "vedette" est celui qui cherche à disparaître à tout prix. Dans le rôle, Laurent Stocker est formidable.

   ... mais les autres ne sont pas mal non plus. J'ai beaucoup apprécié la prestation de Gaëtan Peau, qui nous la joue un peu Jean-Pierre Bacri dans la séquence de l'avion (avec Nora Hamzawi pour lui donner la réplique !). Du côté des dames, j'ai été marqué par le duo de fans, interprété par Charlotte Laemmel et Delphine Baril. Je trouve de surcroît particulièrement bien foutue la séquence qui voit évoluer leurs relations avec l'un des personnages masculins. La conclusion n'est pas pour les âmes sensibles !

   Tout n'est pas réussi dans ce film et certaines scènes auraient mérité d'être rejouées, mais globalement, c'est une bonne comédie sarcastique... dont l'auteur (fait notable) a réussi la chute.

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Only the river flows

   Ce titre anglais cache une œuvre chinoise, un polar un peu poisseux, dont l'action se déroule milieu-fin des années 1980, dans le sud du pays.

   Un jour, sur les rives d'un fleuve, un gamin découvre le cadavre d'une femme. Les habitants du coin soupçonnent très vite un vagabond un peu fou. Mais d'autres suspects font progressivement leur apparition, comme le cadre (marié... et infidèle) d'une usine voisine, une comptable... et un coiffeur, fiché comme délinquant sexuel. Des questions se posent aussi à propos d'une grande femme brune, aux cheveux longs et bouclés, qui a été aperçue dans les parages.

   La collecte d'indices se révèle difficile, les fréquentes averses orageuses compliquant le travail des enquêteurs. Ceux-ci sont membres d'une brigade qui se veut "politiquement correcte" à la chinoise (communiste) : on travaille en groupe, pour le bien de la collectivité... même s'il n'est pas mauvais, de temps à autre, de se mettre en avant. Pour rester en forme, le commissaire recommande la pratique du ping pong... et ferme les yeux sur la consommation excessive de tabac par ses subordonnés. Il finit par mettre de plus en plus la pression à son équipe, parce que de nouveaux meurtres, visiblement liés au premier, sont commis...

   Le début fait furieusement penser à Memories of Murder, ainsi qu'aux films qu'il a sans doute inspirés, en Asie orientale : The Strangers (autre production sud-coréenne) et les chinois Limbo et Une Pluie sans fin.

   Si, pour moi, aucune de ces copies n'atteint la puissance de l'original, ici, on comprend assez vite qu'on a affaire à un réalisateur de talent (Shujun Wei). Le cadrage, l'éclairage, les décors nous plongent presque immédiatement dans cette ambiance noire que j'aime tant au cinéma. Les acteurs n'en font pas des caisses, ce qui est appréciable dans une production d'Asie orientale.

   Le principal enquêteur ne porte pas d'uniforme, contrairement à la plupart de ses collègues. Vêtu d'un blouson de cuir et coiffé comme un Occidental, Ma Zhe est un flic méthodique, très investi dans son travail, au point de négliger un peu sa ravissante épouse, tombée enceinte. Sans trop de surprise là, les problèmes de couple vont rejaillir sur le travail du policier. Ce n'est pas la meilleure partie du film.

   En revanche, la manière dont l'enquête progresse, par petites touches, avec des avancées et des reculs, est passionnante à suivre. Il convient d'être attentif, parce que tout n'est pas dit dans les dialogues... et que l'un des personnages commence à faire des cauchemars, puis à avoir des visions. Tout ce qui nous est montré à l'écran n'est pas forcément réel.

   Même si j'ai été un peu déçu par la résolution de l'énigme, j'ai trouvé ce film assez puissant et fort divertissant.

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jeudi, 11 juillet 2024

To The Moon

   Six ans après First Man, sept ans après Les Figures de l'ombre, alors que tant de documentaires ont aussi été consacrés au sujet, pourquoi revenir encore au programme Apollo, plus précisément à l'enchaînement d'événements qui allait conduire la mission Apollo 11 sur la Lune ? Eh bien, pour en faire une comédie romantique, sur fond de complotisme.

   La première partie est la plus "historique". Elle plante le décor, évoque les difficultés à boucler le financement du programme, à une époque marquée par la guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques... et quelques catastrophes naturelles. Le roi dollar est sur le point de s'effondrer et le programme spatial risque d'être une victime collatérale.

   A cela s'ajoute la difficulté pour des femmes actives et compétentes d'évoluer dans un environnement très masculin, dont la caricature est la salle de commande de Cap Kennedy.

   Le souci de reconstitution est présent à l'écran. On  a droit aux voitures de l'époque (pas forcément dégueulasses), au mobilier de l'époque (oubliable), à l'architecture de l'époque (bof)... ainsi qu'aux coupes de cheveux et aux vêtements de la fin des années 1960. Ils ont réussi à enlaidir Scarlett Johansson, qui demeure tout de même très séduisante !

   Dès le début, on sent qu'entre le ténébreux et baraqué Cole Davis et la pétulante Kelly Jones, il va se passer des trucs... mais les aléas du programme Apollo et un vilain agent gouvernemental (brillamment interprété par Woody Harrelson) vont se mettre en travers de leur amour naissant.

   On sent la volonté de faire renaître l'esprit de la comédie de mœurs américaine des années 1930-1950, sans toutefois qu'il y ait le même brio. C'est joliment fait, mignon tout plein et émaillé d'humour. On ne s'ennuie pas, mais cela ne restera sans doute pas dans les mémoires.

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mercredi, 10 juillet 2024

Moi, moche et méchant 4

   Sept ans après l'emballant Moi, moche et méchant 3 (et seulement deux ans après Les Minions 2), le studio Illumination nous propose les nouvelles aventures de cette famille élargie de faux méchants... une famille qui compte désormais un membre de plus, Gru junior, un bambin caractériel, très attaché à sa mère mais, au départ, plus réticent envers son père (dont il est pourtant le portrait craché). Les amateurs de films d'animation remarqueront que, dans ses expressions et son comportement, le poupon n'est pas sans rappeler Baby Boss.

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   Les Minions sont, sans surprise, chargés d'aider le couple à s'occuper du moutard, notamment lorsqu'ils sortent travailler. J'ai particulièrement aimé le duo habillé en assistants de formule 1, les scènes de changement de couche et d'installation du bébé dans la voiture étant filmées comme un arrêt au stand.

   Les petits bonshommes jaunes ne monopolisent pas l'attention. On a pris soin de doser leurs apparitions, d'autant que, désormais, ils bénéficient de leur propre série de films. Mais, franchement, dès qu'il interviennent, c'est une source de gags (pas toujours très fins, je le reconnais). Dans la salle, petits et grands rient de bon cœur face à ces comportements crétins et aux successions de malchance ou de maladresses. Le distributeur automatique fait office de running gag... et les scènes se déroulant au QG des services secrets font partie des plus réussies.

   Cela m'amène à un des aspects originaux du film : la parodie de productions à succès (anglo-saxonnes). Ainsi, les cinq Méga-Minions créés par manipulation génétique sont un décalque évident des Quatre Fantastiques (mêlés d'une touche de X-Men) : celui qui vole (à tête d'obus) pourrait être la Torche (ou un anti-Angel) ; celui qui mange tout et n'importe quoi a le physique de la Chose et celui qui s'étire à volonté fait immanquablement penser à Mr Fantastic (même si la scène qui le voit arrêter une rame de métro est une référence à Spider-Man). Complètent ce trio un Minion méga-costaud, sorte de Colossus, et le monoculaire à rayon laser, qui fait écho à Cyclope.

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   J'ai aussi beaucoup aimé tout ce qui touche au LPB (« lycée pas bon », dans la version française), cette école de méchants qui a des airs de Poudlard (mais aussi du château de Disney). Sa directrice, vieille femme acariâtre (et diablement pugnace), s'appelle Uberschlecht, qui pourrait se traduire par « Supermauvaise ». (Elle joue un peu le rôle que tenait la mère du héros, dans les précédents films.)

   L'intrigue est assez foisonnante, puisqu'aux histoires familiales se greffent une sorte de querelle de voisinage (la famille ayant dû déménager) et la gestion d'une nouvelle menace, incarnée par Maxime le Mal, un méchant bien givré, auquel Alex Lutz prête sa voix dans la VF. J'ai d'ailleurs apprécié de retrouver celles d'Audrey Lamy et de Gad Elmaleh dans les rôles de Lucy et Gru. On voit toutefois assez peu la compagne du héros dans ce volet. Les trois jeunes filles adoptées sont aussi un peu moins présentes qu'auparavant. Il a fallu faire de la place aux nouveaux personnages, le bébé bien sûr, mais aussi une encombrante voisine, une petite peste prénommée Poppy, franchement insupportable au début, mais qu'on voit évoluer par la suite.

   C'est parfois un peu trop bruyant pour moi (et les chansons ne sont pas indispensables), mais j'ai globalement passé un très bon moment.

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lundi, 08 juillet 2024

Elyas

   Florent-Emilio Siri est un réalisateur qui se fait rare. En vingt-cinq ans, il a réalisé moins de dix films, notamment Nid de guêpes, Cloclo et L'Ennemi intime. Ici, il nous propose un thriller survitaminé, mélange de Léon et d'Equalizer, Roschdy Zem succédant à Jean Reno et Denzel Washington dans le rôle du redresseur de torts.

   Le comédien français, passé sur le banc de muscu, est impressionnant en ancien commando mutique... et paranoïaque. C'est la petite touche apportée par Siri à une intrigue qui sinon serait un peu trop balisée : ce que l'on nous montre à l'écran (en gros, la vision du héros, Elyas) est-elle toujours l'exacte réalité, ou bien la perception déformée qu'il en  a (parfois/souvent) ? Comme, de temps à autre, l'ancien militaire psychotique a d'étranges visions (en particulier quand il ne suit pas son traitement), le doute subsiste.

   Entre temps, l'employé d'une société de sécurité va se prendre d'affection pour une capricieuse petite fille riche qui, avec sa mère, tente d'échapper au joug patriarcal moyen-oriental. Au début, elle nous est présentée comme un décalque du petit Abdallah des aventures de Tintin et Milou.

   Sans trop de surprise, la relation de départ, teintée de méfiance et de mépris de classe, va se resserrer. As du combat rapproché, Elyas met tout en œuvre pour protéger le duo de femmes, dans un périple qui nous conduit de la région parisienne au Nord-Pas-de-Calais, au Maroc... et à Dubaï, pour une séquence assez brillante, à la Mission impossible (ou James Bond).

   Il y a bien quelques maladresses ici ou là mais, globalement, on passe 1h35 sous tension... et il convient de ne pas quitter la salle trop vite quand s'enclenche le générique de fin.

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dimanche, 07 juillet 2024

Pompo The Cinephile

   Cette animation japonaise (réalisée par un inconnu : Takayuki Hirao) a pour cadre le monde du cinéma, la création de longs-métrages, de l'écriture du scénario à la sortie en salle, en passant par la production, le choix des acteurs, le tournage et le montage. D'un certain point de vue, c'est assez pédagogique : cela montre l'ensemble des professions participant à la création... et la difficulté de faire fonctionner tout cela ensemble.

   C'est aussi farci de clins d’œil cinéphiliques... et techniques (vu la construction des plans). Le vieux producteur comme les acteurs vedettes sont inspirés de modèles états-uniens... et d'ailleurs, tout ce beau monde est basé en Californie, à HoNyallywood et espère décrocher une précieuse statuette à la cérémonie des ONyascar.

   Le film est construit sur un schéma assez classique, celui du roman d'apprentissage (déjà à l’œuvre dans de nombreuses séries japonaises). Un assistant de production particulièrement cinéphile (Gene Fini) se voit confier sa première réalisation, avec pour actrice principale une inconnue (Mystia), pour laquelle aussi ce tournage est la chance de sa vie. Au-dessus d'eux règne la jeune et survoltée Pompo, petite-fille de producteur devenue à son tour productrice. Elle est furieusement enthousiaste, un brin autoritaire... et dotée de deux énormissimes couettes !

   L'intrigue développe deux mises en abyme. La première relie le néo-réalisateur au héros de son film, un chef d'orchestre sur le déclin, qui va tenter de revenir au premier plan grâce à un chef-d’œuvre de sa composition. La seconde met en relation le tournage (et le montage) du film avec la vie de Gene, qui finit par comprendre qu'il n'est pas le seul ardent cinéphile engagé dans cette production.

   L'animation est virevoltante, assez brillante ma foi. Néanmoins, pour un (vieil) adulte comme moi, le début comme la toute fin, avec ces comportements excessivement timides et obséquieux, sont un peu "cucul-la-praline". Mais le reste de l'intrigue (qui aborde aussi l'image de l'actrice vedette, la précarisation des jeunes salariées et le rôle des banquiers) est plus profond.

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samedi, 06 juillet 2024

Le Moine et le fusil

   Le fusil en question est une vieille pétoire, dont on se demande si elle peut encore fonctionner. Elle suscite l'intérêt d'un lama, qui envoie son protégé la chercher, à pieds, par monts et par vaux. Mais l'arme est aussi convoitée par un étrange duo, composé d'un guide bhoutanais, habitant la capitale, et d'un Américain, qui travaille pour le compte d'un mystérieux correspondant. La situation se complique plus encore quand des policiers mettent leur nez dans cette affaire...

  Cette trame seule suffirait à construire une comédie burlesque. Elle acquiert une épaisseur supplémentaire avec l'organisation des premières élections au suffrage universel (l'action se déroule en 2007)... plus exactement l'organisation de deux élections, la première, "blanche", pour entraîner les sujets citoyens, le seconde, réelle, pour désigner des députés qui vont décider de l'orientation du nouveau gouvernement.

   Voilà pourquoi des citadins éduqués quittent la capitale pour propager les bonnes pratiques dans les campagnes reculées. Le choc culturel est parfois grand, entre des agents gouvernementaux très occidentalisés et des ruraux qui, par l'intermédiaire d'une télévision collective, découvrent James Bond, une célèbre boisson gazeuse... et le principe du vote à bulletins secrets.

   C'est donc souvent cocasse, même si ce n'est pas toujours très bien joué. On sent que les figurants, voire certains des comédiens principaux, ne sont pas des professionnels. Mais, derrière la caméra, se trouve Pawo Choyning Dorji, auquel on doit un précédent film inspirant, L’École du bout du monde (sorti en 2022).

   Les paysages de montagnes sont toujours aussi beaux. Les scènes d'intérieur, souvent intimistes, mettent en valeur des "gens de peu" : une mère de famille préoccupée par les lubies de son époux, un retraité respectueux des traditions (et peu âpre au gain)... On a droit à de beaux portraits d'habitants ordinaires.

   Notre regard est guidé par les pérégrinations du jeune moine, un costaud, pas très au fait du monde moderne, mais qui cherche à aider son prochain... tout en obéissant aux ordres de son lama.

   En fait, les envoyés gouvernementaux font un peu figure de pièces rapportées. Ils ont des idées généreuses, mais sont-elles adaptées au mode de vie de ces ruraux ? L'introduction d'une campagne électorale crée des tensions qui n'existaient pas auparavant dans le village. L'arrivée du touriste américain, pour bien intentionné qu'il soit, pourrait aussi avoir de graves conséquences. Enfin, on ne sait pas trop ce que le lama a en tête. Il a programmé une grande cérémonie pour le jour de la pleine lune, en même temps que la procédure de vote, qui doit se dérouler presque au même endroit. L'homme viscéralement attaché aux traditions n'a-t-il pas un funeste projet en tête ? La réponse du cinéaste est délicieusement malicieuse.

   J'ai beaucoup aimé la conclusion de son histoire, finalement très morale (tout en étant joyeuse). Elle nous permet aussi de découvrir quelle était l'intention du paysan occupé pendant presque tout le film à sculpter un petit tronc d'arbre...

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vendredi, 05 juillet 2024

El Profesor

   L'action se déroule principalement au sein d'une fac de lettres (noyautée par la gauche radicale), dans un pays très endetté, où le fonctionnement des services publics est grandement perturbé... Non, il ne s'agit pas de la France, mais de l'Argentine (qui elle, a vraiment subi, à plusieurs reprises, une cure néolibérale, contrairement à notre pays).

   Le décès subit du détenteur de la chaire de philosophie politique va placer en concurrence deux anciens camarades de fac, devenus des universitaires reconnus, l'un resté en Argentine (et appauvri), l'autre parti en Allemagne (beaucoup plus à l'aise financièrement). L'écart de niveaux de vie n'est pas la seule différence entre les deux hommes. Autant Marcelo est timide, presque taciturne, rat de bibliothèque, classique dans sa façon de faire, autant Rafael est extraverti, brillant, séducteur, capable d'ouvrir la philosophie aux thématiques à la mode. De surcroît, l'expatrié est resté beau gosse (et fréquente une vedette), tandis que Marcelo a la cinquantaine bedonnante et décatie.

   Au propre comme au figuré, le retour de Rafael en Argentine met Marcelo dans la merde ! Les gags du début sont un peu faciles, mais ils plantent bien le décor, avant que la suite ne vienne affiner le tableau de départ.

   On nous a vanté ce film comme étant la comédie déjantée de l'année, mais ce n'est pas tout à fait exact. Ce n'est pas (ou rarement) à hurler de rire, mais le propos est souvent assez profond. Il y a tout d'abord ce portrait d'un pays où la classe moyenne s'est appauvrie, Marcelo parvenant à joindre les deux bouts grâce à ses cours particuliers. De manière ironique, les réalisateurs, Maria Alché et Benjamin Naishtat (celui-ci auteur naguère de Rojo) filment la comédie des apparences et le militantisme sans finesse d'étudiants sans doute sincères, mais très idéologisés. (Je pense en particulier à celle qui interrompt un cours de philo pour balancer sa propagande, en faisant référence à Lénine... En voilà une qui aurait besoin de cours de rattrapage d'histoire.)

   Dans un premier temps, Marcelo nous est présenté presque comme une victime. Entre ses ennuis de pantalon, son manque d'initiative et son téléphone qui sonne mal à propos, il se fait peu à peu "bouffer" par le nouveau rival, sa famille... et les compagnons de lutte de son épouse, qui profitent autant que possible de la relative aisance du couple.

   Parmi les réussites du film, je note la mise en scène de discussions à propos de notions philosophiques. Rousseau, Platon, Kant, Locke, Hobbes et même Héraclite sont mis à contribution, citations à l'appui. C'est franchement bien écrit et bien interprété par Marcelo Subiotto, qui rend compréhensibles et même parfois passionnants des questionnements existentiels.

   Comme c'est un film "engagé" (à gauche), on ne sera pas surpris par sa conclusion, dans le ton de ce qui a précédé... et assez poétique.

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