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vendredi, 30 juin 2023

Ruby, l'ado Kraken

   Sorti quelques semaines à peine après la relecture de La Petite Sirène par Disney, cette production DreamWorks joue sur l'humour et le contrechamp. Il y a bien un personnage de sirène ici, mais il est plutôt antipathique. La belle jeune femme (quelle chevelure !), nouvelle star du lycée dans lequel étudie l'héroïne Ruby, semble assez superficielle... et les autres membres de son espèce sont montrées plutôt comme des menaces.

   Au centre de l'intrigue se trouve celle qui ne sait pas (au début de l'histoire) qu'elle appartient à une lignée royale, celle des reines Kraken. Ce sont donc des monstres marins que Kirk DeMicco (déjà auteur des Croods) est chargé de mettre en valeur... et il y réussit fort bien. Quand l'adolescente se métamorphose, l'animation, plutôt enfantine au départ, devient splendide.

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   En attendant ces moments inspirés, on est plongé dans la vie d'une lycéenne complexée, dont les bras comme les jambes se tortillent autour de son corps quand elle est mal à l'aise, ou angoissée. Elle a du mal à communiquer avec sa mère, dont elle ignore qu'il s'agit d'une princesse Kraken, qui a renoncé à ses pouvoirs (et au monde sous-marin) pour vivre parmi les humains. Ce contexte familial, pour classique qu'il soit, est bien planté. Le film parle aux parents comme aux enfants, qu'il est censé guider vers la résolution des petites tensions familiales.

   Au lycée, la jeune Ruby est un peu à part. Elle n'est pas particulièrement jolie et fréquente un groupe d'ados moins conventionnels que les moutons qui s'extasient devant la nouvelle venue (la sirène). Certains d'entre eux sont clairement des « gothiques ».

   L'héroïne est aussi perturbée parce que son corps change. Je trouve intéressante la mise en parallèle de la découverte de sa nature Kraken avec son passage de l'enfance à l'âge adulte. Ruby est perturbée par les formes que prend son corps et les nouvelles sensations en elle : c'est une métaphore de la puberté.

   Comme beaucoup d'ados en conflit avec leurs parents, c'est auprès d'une grand-mère qu'elle va trouver conseils et réconfort. Ce troisième personnage féminin puissant (avec ceux de la mère et de la fille) est sympathique... et doté d'un tempérament très affirmé. Vous en arrivez donc à la conclusion de cette fiction pour enfants et adolescent(e)s met singulièrement les femmes au premier plan, les personnages masculins n'étant que des faire-valoir.

   J'ai plutôt aimé cela, même si, sur le fond, le discours n'est pas très élaboré. Ruby va résoudre ses problèmes familiaux, assumer sa nouvelle nature et, accessoirement, sauver sa ville. C'est un joli petit film, visible par tout le monde.

11:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Une mère éplorée ?

   C'est ce que je me suis demandé en voyant cette image (tirée du direct de BFM TV) :

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   Cette femme est Mounia Merzouk, la mère du jeune Nahel, récemment tué par un policier, à Nanterre. En cherchant un peu sur Twitter, vous pourrez trouver d'autres photographies de la dame, vraiment très en joie, comme si elle venait de gagner le gros lot. Sur le compte du journaliste Amaury Brelet, je suis même tombé sur une incroyable vidéo, tournée au téléphone portable le jour même, montrant la maman enfourcher une mini-moto... et (visiblement) kiffer sa race !

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   Au départ, j'ai pensé à un canular : on ne voit pas le visage de la personne... mais elle est coiffée et vêtue comme l'était la mère de Nahel le jour de la manif (29 juin) !

   Je pense qu'elle ne doit pas être très intelligente. La mort de son fils la place au centre de toutes les attentions, la valorisant. Ça lui a peut-être fait un peu tourner la tête... et l'a fait tomber dans les filets de personnes qui ont intérêt à faire monter la mayonnaise, comme on peut s'en apercevoir en écoutant son appel à manifester, diffusé sur Tik Tok et relayé par la très grande majorité des médias :

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   La maman (pas très) éplorée parle d'abord d'une « marche blanche » (sous-entendu : pacifique), avant qu'une voix (sans doute celle de la personne qui tient le smartphone) ne la corrige : « C'est la marche de la révolte » (beaucoup moins pacifique, donc). Telle un perroquet, la maman reprend la voix de son maître, ici sa maîtresse, qu'on pense liée au clan Traoré. Cette impression est renforcée par l'inscription sur le T-shirt (lancé moins de deux jours après le décès de Nahel... ou comment l'envie de pognon s'assoit sans vergogne sur la période de deuil), qui rappelle le « Justice pour Adama ».

   Soudain, les médias dominants se sont presque tous mis à nous livrer un portrait élogieux de l'adolescent défunt. (Voir par exemple La Dépêche d'avant-hier. Comme on est dans le Sud-Ouest, on insiste lourdement sur la récente conversion du jeune à la pratique du ballon ovale...)

   Cette série d'articles a fusé comme une rafale, quasiment sur commande. C'est toujours mieux que les ragots qui circulent sur les réseaux sociaux... mais ceux-ci contiennent parfois un fond de vérité, ce que même Libération (c'est la fôte à la sôciété !) a fini par reconnaître, dans un article de fact checking qui, sous couvert de minimiser la carrière de délinquant du jeune Nahel, finit par conclure que les avocats de la famille n'ont pas dit toute la vérité...

   Bref, même si, dans l'état actuel de nos connaissances (et sous réserve de révélations issues de l'enquête en cours), le tir du policier n'était sans doute pas justifié, nous assistons actuellement à une grosse tentative de récupération, menée à la fois par la gauche radicale (LFI en tête) et certains mouvements communautaristes. Mais les Français ne sont pas si bêtes...

mercredi, 28 juin 2023

Asteroid City

   Moins de deux ans après The French Dispatch, Wes Anderson est de retour sur nos écrans avec un film qui, s'il détonne dans le concert des longs-métrages contemporains, est bien dans la veine de ce que livre ce réalisateur depuis une vingtaine d'années.

   On retrouve donc sans surprise des plans construits de façon géométrique, avec cette obsession pour la symétrie. La surcolorisation, alliée aux décors, donne un effet carton-pâte qui ailleurs semblerait ridicule, mais ici soutient l'impression d'étrangeté (et d'ancienneté) dans laquelle baigne l'intrigue.

   Celle-ci repose sur une mise en abyme. On a l'impression de se trouver face à un vieux programme télévisé (en noir et blanc) présentant le tournage d'une pièce de théâtre. Cela permet quelques effets de mise en scène, parfois cocasses... mais je n'ai pas compris quel était le sens derrière le dispositif. Il s'agit peut-être d'un message en direction du monde du cinéma... ou peut-être, ainsi que le suggère un dialogue (entre l'auteur et l'un des acteurs) n'y a-t-il rien à comprendre et qu'il faille juste se laisser porter.

   Mais là, à mon grand déplaisir, le film pêche un peu. D'habitude, je trouve passionnants les films de Wes, parce qu'il y a tellement de choses à y voir et à y entendre (trop, d'après certains cinéphiles). Dans ce film-ci, je suis passé par des phases d'excitation (intellectuelle) et des phases d'ennui. Il y a beaucoup de déjà-vu... et mieux fait, dans ses précédentes œuvres. J'ai bien aimé la séquence de remise des prix, avec le discours du militaire. Mais, ensuite, cela retombe. Heureusement, Tom Hanks (le grand-père des enfants qui viennent de perdre leur mère) débarque et cela va tout de suite mieux. Mais l'ambiance retombe à nouveau. L'arrivée de l'extra-terrestre permet de sortir de la torpeur. Ensuite, il y a une nouvelle baisse de tension, jusqu'à ce que les gamins décident de jouer les trouble-fête. Quelques numéros d'acteur (notamment celui de Margot Robbie) font agréablement passer le temps, tout comme certains dialogues, à froid, nourris de sous-entendus. Mais, globalement, je suis sorti de là déçu.

14:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 27 juin 2023

Zillion

   J'ai failli passer à côté de ce film belge (tourné principalement en flamand), qui raconte une histoire vraie, celle d'un petit génie de l'informatique qui, au tournant des années 1990-2000, s'est lancé dans le monde de la night, en créant une gigantesque boîte de nuit, qui a donné son titre au film.

   Sur la forme d'un long retour en arrière, le début nous conte la double ascension de Frank Verstraeten, jeune homme timide, complexé par sa petite taille (et détestant se faire appeler "le nain" ou "le nabot, ce qui est bien compréhensible), mais technicien de génie, chaperonné par une mère taiseuse, pugnace (elle a survécu à quatre cancers) et un brin castratrice. Tous deux se lancent dans une fructueuse entreprise, sur fond de mondialisation et de fraude fiscale.

   Mais cette réussite, incontestable, ne satisfait pas Frank, qui se fait méchamment refouler à l'entrée du "lieu qui compte", la discothèque Le Carré. Il décide alors de s'associer avec le roi du porno local, Dennis Black Magic (excellent Matteo Simoni),  pourouvrir une boîte concurrente, où l'alcool et la drogue vont couler à flots.

   Cette ascension est assez brève (45 minutes environ) au regard de la durée totale du film (2h20...), mais elle est marquante parce que plutôt bien mise en scène. Certes, il y a un côté clinquant dans la représentation du monde de la nuit et des soirées du Zillion, mais je trouve que l'espace est bien maîtrisé et qu'un beau travail est fait sur la lumière. Même au niveau des scènes intimistes, on constate des efforts d'inventivité.

   Sur le fond, c'est complètement immoral : les spectateurs sont incités à s'identifier au couple de héros (l'informaticien et l'ancienne miss Belgique), des francs-tireurs qui vont profiter de circonstances favorables pour gagner (et claquer) un max de thunes. La double comptabilité voisine la corruption (de policiers, de politiques et de juges) et les groupes mafieux (notamment albanais). Le "héros" profite clairement des gens, même si, dans un premier temps, ce n'est pas montré ainsi. Son principal antagoniste (le type de la police financière) est représenté de manière particulièrement négative (il souffre d'eczéma) et il est souvent tourné en ridicule... mais c'est une tortue, qui n'a aucune envie de lâcher le lièvre qu'elle a levé.

   La chute est longue (1h15 environ), à tel point que je me suis demandé comment le film allait tenir la durée. Il y a bien quelques longueurs mais, au final, cela fonctionne, parce que cette chute est à rebondissements. Après l'ascension, les héros connaissent une période de montagnes russes, avec de multiples coups bas. Mais ils ne manquent pas de ressources.

   La deuxième partie est aussi belle par le rôle qu'y joue la mère, qui est le véritable Pygmalion du héros. Barbara Sarafian est formidable en veuve dévouée à son ingrat de fils, mais toujours très vigilante, pas du genre à se laisser éblouir par les paillettes.

   J'ai trouvé la fin un peu trop moralisante à mon goût, mais le film est globalement très entraînant. La techno qu'on y entend (celles des années 1990) est plutôt bonne.

13:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 26 juin 2023

38°5 quai des orfèvres

   Le titre, évidemment parodique, est une allusion au polar 36 Quai des orfèvres, d'Olivier Marchal, qui est passé à la moulinette potache, façon Hot Shots. A plusieurs reprises, on sent  aussi des influences françaises : La Cité de la peur (des Nuls), Le Téléphone sonne toujours deux fois (des Inconnus), voire les films de la "bande à Lacheau" (notamment Super-héros malgré lui).

  Toutes ces références sont cependant écrasantes. Ce film-ci n'arrive pas à la cheville de ses modèles, même si plusieurs gags sont réussis. Ainsi, il est plaisant de voir Artus (le médecin-légiste) dans ses œuvres : il manie le scalpel (et le flingue) à la perfection... et prend toujours soin de préciser, à propos d'un cadavre, « qu'il n'a pas subi d'agression sexuelle... du moins, pas encore ».

   Eh oui, ce grand prix du dernier festival de l'Alpe d'Huez ne fait pas dans la dentelle. Mais je trouve qu'il manque de rythme. De plus, tous les interprètes ne sont pas du même niveau. Caroline Anglade (qui incarne la profileuse) est très professionnelle, de même que Thierry Desroses (le commissaire, dont la voix sera familière aux habitués des fictions américaines doublées en français). J'ai trouvé aussi Pascal Demolon très convaincant en tueur en série manipulateur (façon Hannibal Lecter, dans Le Silence des agneaux).

   Le problème vient du principal interprète. Didier Bourdon en fait des caisses et n'est pas toujours crédible dans le rôle. Il aurait fallu quelqu'un de plus athlétique (ou le même acteur, avec le corps qu'il avait il y a trente ans...). Les autres policiers sont plus que caricaturaux. À ce niveau-là, on est moins proche de la parodie que de l'incompétence.

   Je garde quand même en mémoire les flashs infos, faussement anodins, qui contiennent toujours quelques perles, soit dans le discours officiel (telle journaliste demandant au commissaire combien le double meurtre a fait de victimes...), soit dans ce qui est montré à l'écran (soyez attentifs à l'arrière-plan), soit dans le bandeau défilant au bas de l'écran (l'un d'entre eux signalant le vote d'une loi interdisant l'hiver, destinée à s'appliquer à partir d'août suivant).

   Du coup, en moins d'1h20, je suis régulièrement passé du rire à l'accablement, désolé que les bonnes idées (comme ce que l'on découvre dans les pièces annexes d'un immeuble abandonné) soient gâchées par la paresse de la réalisation et le manque de rigueur dans la direction d'acteurs.

15:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 25 juin 2023

Elémentaire

   Avec ce nouveau film d'animation, on soupçonne bigrement Disney-Pixar de tenter de nous refaire le coup de Vice Versa (un quasi-chef-d’œuvre, bien supérieur à presque tout ce qui lui a succédé, provenant de ce studio). Il faut dire qu'au début du moins, on a comme l'impression que Flam pourrait incarner la colère et Flack la timidité.

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   Mais, avant d'en arriver là (et à condition de ne pas rater le début de la séance), on a droit à un sympathique court-métrage, Le Rendez-vous de Carl, dans lequel on retrouve deux des personnages d'une autre grande réussite "pixarienne", Là-haut.

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   Je signale que j'ai vu l'ensemble en version française. Je pense que cela a son importance. Dans la version originale, la famille "Feu" (Lumen) est doublée par des acteurs d'origine asiatique, la famille "Eau" par des Blancs et des Afroaméricains. Dans la VF, Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulous doublent les deux personnages principaux, celle-ci s'en sortant (à mon avis) mieux que celui-là.

   Fort heureusement, même dans la VF, l'image vient suppléer ce qui ne passe plus par le son : la famille Lumen est issue de l'immigration, comme le fait comprendre la première séquence, qui est une allusion transparente à l'arrivée à Ellis Island, longtemps porte d'entrée sur le territoire états-unien. La construction du film est suffisamment habile pour que des ressortissants de différentes vagues d'immigration (nord-européenne, juive d'Europe centrale et orientale, moyen-orientale, extrême-orientale...) puissent se reconnaître dans cette famille. En face, les "Aquatiques" (catégorie à laquelle appartient la famille Delamare) sont les plus nombreux à New York Element City. Ils représentent les natifs, soit blancs, soit noirs. L'arrière-plan sociétal est donc assez riche, même si l'histoire d'amour naissant entre Flam et Flack apparaîtra à beaucoup comme une resucée de Roméo & Juliette.

   Cette histoire, mêlée à la question du respect des traditions familiales, baigne dans un graphisme splendide. On finit même par oublier la beauté des décors, tant on est captivé par l'inventivité de l'animation au niveau des personnages et de leurs évolutions. (Le réalisateur, Peter Sohn, est aussi l'auteur du Voyage d'Arlo.) Concernant les éléments, je regrette toutefois le peu de place pris par les "Terriens" et leur représentation essentiellement sous la forme d'arbres enracinés. Mais, pour les autres éléments (eau, feu et air), c'est remarquable.

   Le film est emballant aussi parce qu'il est bourré d'humour, un plutôt destiné aux marmots (je pense notamment aux aisselles fleuries d'un petit personnage), un autre parlant davantage aux adultes. (Il convient d'être attentif aux nombreux jeux de mots.)

   C'est peut-être le spectacle familial de l'été (en attendant le dernier Indy), grande réussite visuelle, assez classique sur le fond.

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jeudi, 22 juin 2023

The Flash

   Après Marvel, c'est autour de DC de se plonger dans le multivers, ici par l'intermédiaire d'un super-héros que l'on pourrait trouver secondaire, Barry Allen. On le découvre dans ses œuvres dès la première séquence, assez éblouissante, celle d'un début de matinée agrémenté du sauvetage des occupants d'un immeuble. Les effets spéciaux sont bluffants... et c'est pimenté d'humour, souvent potache. On évite l'héroïsation à l'excès et l'on se permet deux-trois trucs borderline, comme de placer un bébé que l'on veut sauver dans... un four à micro-ondes !

   Cette séquence se conclut de manière encore plus savoureuse grâce à l'intervention de Wonder Woman (aaaaah, Gal Gadot !), dont le lasso fait des ravages... y compris chez ses alliés !

   L'insertion du multivers se fait quand le jeune héros décide de tenter de sauver sa mère (et de faire innocenter son père). Dans des circonstances que je laisse à chacun le plaisir de découvrir, Barry se retrouve projeté dans un monde parallèle, où sa mère est vivante... mais où il doit cohabiter avec une version légèrement plus jeune que lui... et surtout plus immature !

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   Ezra Miller réussit pleinement à incarner les deux... et, même pour moi qui, en général, ne supporte pas les adolescents attardés, c'est très drôle ! Le deuxième Flash n'a pas encore acquis ses pouvoirs mais, quand il en fait l'expérience, il va de surprise en surprise...

   ... et nous aussi... parce que, dans cet univers alternatif, il ne semble pas y avoir autant de super-héros que chez nous. Pas de Wonder Woman ni de Superman à l'horizon... mais peut-être bien une « Supermeuf » ! Ah, mais si, il y en a un qui est présent dans les deux : Batman, sauf que, dans notre univers, il est incarné par Ben Affleck, tandis que dans l'univers parallèle, Flash va rencontrer... le VRAI Batman (pour les cinéphiles) !

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   Concernant le multivers, je trouve le scénario plutôt malin. Ce sont les tentatives de retour en arrière qui créent les univers parallèles, avec le redoutable effet papillon, la moindre modification du passé ayant des conséquences insoupçonnées.

   Clin d’œil de la production, ce qui semble caractériser certains des univers parallèles est qu'on y retrouve les différentes incarnations cinématographiques ou télévisuelles des super-héros DC, notamment Superman (alors que dans le dernier Spider-Man, qui est un film d'animation, ce sont les différentes versions des comics qui colorent les facettes du multivers).

   C'est parfois un peu long, mais je ne me suis pas ennuyé. Les scènes d'action, bourrées d'effets spéciaux, alternent avec les moments familiaux (avec une histoire de passage à l'âge adulte en sous-texte)... et les scènes de déconnade. On a tout de même droit à une version alternative de Flash qui parle de « bite » et de « scrotum » ! (Et pour cause : le costume, hyper-moulant, comprime l'entrecuisse...)

   P.S. I

   Visiblement, le film déçoit les amateurs de grandiloquence et de bastons sous stéroïdes, mais il ravira celles et ceux qui goûtent les plaisirs régressifs, qui ne se prennent pas trop au sérieux.

   P.S. II

   Au bout du bout du générique, on retrouve Barry, en compagnie d'un personnage habitué à manier une grande fourchette...

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La Nuit du verre d'eau

   Liban, 1958. Dans un village de la vallée sainte, une famille est réunie, à l'écart des troubles qui agitent le pays. Les patriarches locaux (chrétiens) sont préoccupés par trois sujets : l'agitation musulmane, qui soutient la toute nouvelle République arabe unie prônée par l’Égyptien Nasser (et qui voudrait voir le Liban la rejoindre), la perspective de nouvelles élections, auxquelles l'un des chefs de famille envisage de se présenter... et l'éventuel mariage de sa deuxième fille, Eva, dont il ignore qu'elle a un amoureux, le fils d'un de ses métayers.

   L'héroïne de cette histoire est une autre fille de Cheikh Daoud, son aînée, Layla. Celle-ci semble être un modèle. Épouse d'un riche entrepreneur local, qui la vénère, elle a un fils adorable. Elle est belle, élégante et relativement indépendante : elle conduit sa propre voiture... mais, voilà, nous sommes en 1958, au Liban, et cette indépendance est toute relative. Layla n'a pas choisi son époux. En bonne fille de Cheikh Daoud, elle a accepté le mariage arrangé qu'il lui a concocté (comptant sans doute sur la fortune de son futur gendre pour financer ses ambitions électorales). Elle n'est pas heureuse en ménage. En public, elle arbore le masque de l'épouse comblée. En privé, le soir, au lit, elle essaie d'échapper au "devoir conjugal", ou bien elle simule, pendant l'acte. Une activité artistique (le dessin) lui permet de sublimer sa frustration.

   Cette partie-là est très bien filmée, je trouve, en tout cas mieux que la période de trouble qui débute avec l'arrivée de deux Français, une veuve (interprétée par Nathalie Baye, impeccable) et son fils... que Leyla trouve très à son goût. La romance furtive qui naît entre ces deux-là est plaisante à voir, mais la mise en scène peine à faire surgir le désir, alors qu'elle peut s'appuyer sur un Roméo bien de sa personne (Pierre Rochefort, pas très expressif toutefois) et une Emma Bovary vraiment très séduisante. (Soyez attentifs aux lectures de ces demoiselles, en particulier la benjamine, Nada.) Dans le rôle, Marilyne Naaman "dégage" quelque chose. En elle se mélangent le charme oriental et une sorte de glamour à l'américaine.

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   Dans son genre, chacune des trois sœurs va mener sa petite révolte : l'aînée infidèle, la cadette qui refuse le mariage et la benjamine qui veut poursuivre ses études pour devenir avocate. L'une des qualités du film est de ne pas réduire les principaux personnages masculins à des caricatures. Le mari de Leyla est un brave type et le père aime ses trois filles. Mais tous deux fonctionnent dans un système patriarcal, qui ne laisse que peu de liberté aux femmes, fussent-elles issues de la classe moyenne aisée.

   Les dialogues oscillent entre l'arabe et le français, de manière naturelle (bien mieux en tout cas que dans le récent Tel Aviv - Beyrouth). Ne vous fiez pas aux dénominations VO ou VF. Il n'y a qu'une version du film, mêlant les deux langues. Quant au titre français, une fois n'est pas coutume, je le trouve meilleur que celui d'origine (Terre d'illusion)... mais je laisse chacun(e) découvrir ce à quoi il fait allusion. Il faut attendre la fin pour comprendre... même si la dernière scène se prête à deux interprétations.

   J'ajoute que les paysages sont magnifiques et la musique bien choisie. Elle tranche avec la douceur apparente et suggère les tourments intérieurs.

   En dépit de quelques imperfections, je recommande donc ce film, qui ne manque pas de style.

mardi, 20 juin 2023

Transformers - Rise of the beasts

   Dans ma jeunesse, je n'avais pas accroché à la série animée consacrée à ces étranges Autobots (des robots qui prennent la forme de véhicules : voitures, camions... voire avions). Des années plus tard, je ne m'étais donc pas précipité au cinéma quand les personnages avaient accédé au grand écran. J'ai tenté l'aventure de ce reboot, à une séance en version originale sous-titrée.

   Ce dernier long-métrage reste dans la tradition de ce qui a fait le succès (de la plupart) des films : de très bons effets spéciaux, de l'aventure et des tranches d'humour d'une finesse contestable. Dans cet opus, c'est le personnage de Mirage qui joue le rôle d' « usine à vannes »... et, ma foi, il le fait bien. (Dans la V.O., il a la voix de Pete Davidson, un humoriste spécialiste du "seul en scène".)

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   Ses interactions avec son « humain de compagnie » (le latino noir Noah Diaz) sont bien mises en scène... et, des deux, c'est le personnage du robot qui est le plus farfelu. Le jeune humain a sans doute dû mûrir précocement, parce qu'il a en charge un frère handicapé. Toutefois, les relations entre les deux frangins, telles qu'elles nous sont montrées, collectionnent les clichés.

   Mais c'est avec deux autres catégories de personnages que le film commence, dans un passé (futur ?) lointain : les Maximals (sorte de version améliorée des Autobots) et les Terrorcons (des robots dévoyés, passés au service d'une entité malfaisante, Unicron). Leur lutte a pour enjeu le contrôle d'un mystérieux objet, conférant de gigantesques pouvoirs... et qui finit caché quelque part, sur Terre.

   C'est là que les humains entrent en jeu. Noah va former un improbable duo avec une jeune archéologue, Elena. Est-il nécessaire de préciser qu'elle est afro-américaine ? Peut-être, si l'on ajoute que les deux héros, issus des minorités visibles, nous sont montrés victimes de discriminations de la part de Blancs : la candidature de Noah à un emploi est rejetée de manière méprisante et Elena la stagiaire sert de faire-valoir à sa patronne. Ce manque de nuance est assez déplaisant, mais je pense qu'il vise à satisfaire le public états-unien visé : les jeunes issus d'au moins une minorité (ainsi aussi, sans doute, que les jeunes Blancs urbains qu'on culpabilise depuis des années avec le discours woke). J'ai tout de même apprécié qu'au début, lors de leur rencontre, les deux héros commencent par se méfier l'un de l'autre, chacun pensant d'abord à sa pomme quand le musée est pris d'assaut.

   Sans surprise, ceux qui au départ ne s'apprécient guère vont finir par coopérer, pour pouvoir vaincre les méchants. Humains, Autobots et Maximals unissent leurs efforts, de manière spectaculaire, face à des ennemis qui paraissent d'abord invincibles. C'est une autre faiblesse du film (commune hélas à beaucoup de grosses productions, comme le dernier Gardiens de la galaxie) que de placer ses héros au bord du gouffre, face à un problème en apparence insoluble, avant de les faire triompher de ceux dont auparavant rien ne laissait supposer qu'ils pouvaient les vaincre.

   La baston finale (presque entièrement numérique) mérite le détour, mais il vaut mieux avoir laissé sa rationalité au vestiaire. Les invincibles du début se font finalement un peu trop rapidement dézinguer, pendant que les humains échappent miraculeusement à la mort... et la Terre à la destruction.

   Ceci dit, c'est bien mené. On ne s'ennuie pas et l'action est bien dosée : cela va moins vite que dans le dernier Spider-Man... mais c'est moins hilarant.

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lundi, 19 juin 2023

Sexygénaires

   Cinq ans après La Finale, Robin Sykes nous propose une nouvelle "comédie sociétale" autour du troisième âge, là encore avec Thierry Lhermitte. L'ancien Popeye du Splendid porte beau et le scénario mise là-dessus pour nous plonger dans les difficultés d'un hôtel-restaurant de luxe (un peu vieillissant lui aussi)... et dans le monde du mannequinat aux tempes argentées.

   Le début plante le décor de manière classique : Michel (T. Lhermitte) dirige son établissement varois avec passion, faisant passer sa vie personnelle au second plan. On est de tout cœur avec cet homme aimable, veuf inconsolable, qui met sa stabilité financière personnelle en jeu pour tenter de sauver son entreprise (et son personnel). On n'est pas vraiment surpris de découvrir que son vieil ami et associé, Denis, installé à Paris, est en fait un combinard de première. Mais c'est de cet ami que va peut-être venir la solution à ses problèmes.

   Dans le rôle du raté sympathique (Denis), Patrick Timsit livre sans doute la prestation que l'on attendait de lui. Son personnage doit inspirer de la pitié... mais, surtout, agacer (objectif plus qu'atteint) et placer Michel dans des situations délicates.

   Le duo fonctionne bien, parce qu'il est particulièrement contrasté... trop même. Michel n'a quasiment que des qualités et Denis en fait vraiment des caisses.

   Heureusement qu'il y a la distribution féminine. Zineb Triki (vue récemment dans Vortex) est parfaite en agente ambitieuse, organisée, séduisante et... sans tabou. Marie Bunel offre un contrepoint intéressant aux deux principaux personnages masculins : elle est de la même génération, a réussi de son côté... et a de beaux restes, comme on dit. Sur le plan comique, il faut signaler la prestation de la toujours piquante Olivia Côte, en photographe allumée, qui n'hésite pas à bousculer ses modèles... et à se montrer délicieusement grossière. D'autres seconds rôles sont aussi bien campés.

   Voilà. Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c'est au final assez plaisant et cela dure à peine 1h20.

dimanche, 18 juin 2023

Sick of myself

   Présenté à Cannes l'an dernier, dans la catégorie « Un certain regard », ce film norvégien n'est pas sans rapport avec une autre œuvre scandinave, la Palme d'or 2017, The Square, du Suédois Ruben Östlund (qui, lui, est reparti de l'édition 2022 avec une seconde palme, pour Sans filtre).

   Dans les deux films il est question de l'art contemporain, de posture, de snobisme et de narcissisme. Mais, ici, le réalisateur ne s'intéresse pas tant à l'élite de l'art contemporain qu'à celles et ceux qui essaient de la rejoindre. Le couple de héros est formé d'un créateur qui commence à percer, un jeune homme plutôt bien de sa personne, habile et charmeur, qui a une haute opinion de lui et aime s'écouter parler. Sa compagne, Signe, une ravissante blonde, est... serveuse, mais a des prétentions artistiques. Surtout, elle a désespérément besoin qu'on s'intéresse à elle.

   La première partie du film est un délice de mauvais esprit, à froid (à la scandinave). Les deux "héros" y apparaissent assez pathétiques. Les dialogues, ciselés, nous font vite comprendre à quel point le couple est asymétrique. J'ai particulièrement aimé certaines séquences, celle au cours de laquelle la serveuse sauve la vie d'une femme mordue par un chien et celle du dîner mondain, au cours duquel la jeune femme simule une allergie à la noix.

   Elle est prête à tout pour devenir le centre de l'attention, y compris à devenir malade. Le personnage devient encore plus pathétique et déplaisant... mais c'est compensé par l'ironie qui irrigue la mise en scène des conséquences de son activisme. Là, il convient d'être particulièrement attentif : certaines scènes sont fantasmées, d'autres réelles. A plusieurs reprises, Signe imagine quel degré de célébrité elle pourrait atteindre (et comment).. ou quelles pourraient être les conséquences négatives de ses actes. Je crois ne pas trop en dévoiler en affirmant que la jeune femme arrive plus ou moins à son but. Cela la conduit à une agence "inclusive", dont la patronne promeut une mode et une communication "éthiques". On ne s'étonnera donc pas qu'elle ne travaille quasiment qu'avec des "minorités" dans tous les sens du terme : son assistante est aveugle, une autre employée est noire et sa précédente "pouliche" est un mannequin n'ayant qu'une main... C'est dire le potentiel qu'elle voit dans une jeune femme défigurée, victime supposée d'une maladie inconnue !

   Avis aux âmes sensibles : le réalisateur Kristoffer Borgli pousse le bouchon vraiment très loin. J'ai pensé aux œuvres de David Cronenberg et au Rock'n Roll de Guillaume Canet. C'est donc plutôt à réserver à un public averti... même si je pense que les ados d'aujourd'hui tireraient le plus grand profit de la vision de ce film.

samedi, 17 juin 2023

Le Vrai du faux

   Ce (vrai ? faux ?) documentaire commence par une situation qui hélas apparaîtra familière à certains : une usurpation d'identité, sur un célèbre réseau social. Mais elle se poursuit de manière assez inattendue : le réalisateur Armel Hostiou, victime de l'usurpation, se rend sur les lieux du crime, à Kinshasa (que ses habitants appellent « Kin »), en République Démocratique du Congo.

   Depuis l'époque d'Hergé et de son Tintin au Congo, la ville a bien changé. C'est désormais une mégapole, sans doute plus peuplée que Paris... et donc la première ville francophone du monde, même si tous ses habitants ne maîtrisent pas la langue de Molière. Dans le film, on constate que presque tout le monde est au moins bilingue. Au vu du brassage de populations et de styles de vie, il est probable que des dizaines (centaines ?) de milliers d'habitants soient polyglottes. Le principal moyen de locomotion semble être le deux-roues (de plus en plus à moteur). Kinshasa a un petit air de métropole d'Asie du Sud-Est d'il y a vingt-trente ans.

   Le film est donc autant une enquête sur l'arnaque dont le réalisateur a été victime que le portrait d'une cité. On voit à peine les zones sécurisées où s'entassent les plus riches. L'action se déroule entre la résidence d'artistes, quelques rues commerçantes, un ou deux quartiers précaires... et une périphérie lointaine, rurale, où vit un féticheur réputé.

   La capitale de RDC vit entre tradition et modernité, mais toujours avec un fond d'arnaque. La classe politique vole le peuple, de faux marabouts dupent les esprits crédules... et une kyrielle de filous font miroiter la belle vie aux jolies jeunes femmes.

   J'aime les deux trames de l'histoire (l'enquête et le tableau sociétal), même si tous les intervenants ne sont pas convaincants, Sarah en particulier... sauf quand elle prend les choses en main pour "harponner" l'auteur présumé de l'arnaque. Le réalisateur français n'est pas au bout de ses surprises, qui ne cessent pas quand il découvre qui est derrière l'escroquerie... Mais le film nous réserve d'autres coups de théâtre, puisqu'environ 20 minutes avant la fin, l'une des intervenantes émet une hypothèse, qui nous conduit à regarder la suite (et à repenser à ce qui a précédé) sous un autre jour. Jusqu'où le faux se substitue-t-il au vrai, dans l'histoire de l'arnaque comme dans la mise en scène du film ?

   Notons aussi que, dans cette dernière partie, la vision devient plus africaine. On cherche à nous faire passer un autre type de message... mais, bon, faire porter quasi systématiquement la responsabilité des malheurs de l'Afrique aux méchants Occidentaux finit par lasser. (J'ai quand même apprécié ce jugement indirectement favorable à la démocratie française, quand l'un des arnaqueurs évoque les conséquences -très- différentes pour celui qui agresse un président, selon que celui-ci soit français ou congolais...)

   Le film n'en demeure pas moins fort intéressant à suivre, assez malicieux, plein d'inventivité. Il propose plusieurs niveaux de lecture et dégage une assez belle énergie.

   P.S.

   Les spectateurs français relèveront bien entendu les noms donnés aux chiens : Macron et Trump, le premier étant tout doux, le second plutôt agressif.

   P.S.

   A lire, en plus de l'article du Monde auquel mène le lien situé au début du billet, un très beau photo-reportage publié en 2020 sur le site du quotidien suisse Le Temps.

vendredi, 16 juin 2023

Marcel le coquillage

   Sous ce titre un brin franchouillard se cache un drôle de film américain, mêlant prises de vue réelles et images de synthèse, une animation image par image de coquillages humanoïdes : l'ouverture de la coquille  est occupée par un gros œil unique et, sous celle-là, deux grands pieds munis de baskets permettent aux personnages de se déplacer. J'ajoute qu'ils parlent comme des humains et qu'une bouche est dessinée sur leur coquille.

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   Marcel et sa grand-mère vivent dans une maison à moitié abandonnée. Le couple de propriétaires s'est séparé, mettant ensuite la demeure en location. Les occupants ne se bousculent pas et ne font guère attention à ces étranges coquillages, qui ont développé d'ingénieux stratagèmes pour se déplacer au quotidien dans la bâtisse (et à l'extérieur de celle-ci), sans éveiller les soupçons des humains de passage.

   ... jusqu'à ce que débarque Dean, cinéaste amateur qu'une douloureuse rupture a poussé à changer de domicile. Il s'intéresse à ce qui se trouve autour de lui et découvre les mini-squatteurs. Il décide d'en faire le sujet d'un reportage, et de le mettre en ligne.

   Cela devient particulièrement cocasse, parce qu'à travers cette histoire, l'auteur pointe les travers de la société des médias et des réseaux sociaux, en particulier le culte du paraître et l'activisme faussement compassionnel de nombre d'utilisateurs compulsifs de la Toile.

   L'histoire prend une épaisseur supplémentaire quand Dean se retrouve impliqué. Au départ, il souhaite rester en dehors du film (de l'image), n'étant qu'un témoin (supposé) impartial. Mais cette situation ne peut perdurer, d'abord parce que l'humain est parfois amené à aider les coquillages, ensuite parce qu'il interagit de plus en plus avec Marcel et sa grand-mère, se dévoilant peu à peu. Des deux côtés, les personnages se livrent. C'est assez émouvant.

   L'intrigue ne se limite pas à la maison. Marcel et son humain de compagnie partent à l'aventure, une fois, pour tenter de retrouver la famille coquillages, embarquée par inadvertance par un ancien occupant des lieux. (On ne se méfie jamais assez des tiroirs à chaussettes...)

   Pendant un instant, on pense que la communauté des internautes (plusieurs millions de visiteurs sur le site de Dean !) va permettre de retrouver le couple séparé. La solution viendra plutôt de... journalistes de l'émission 60 minutes, un célèbre magazine de reportages américain (l'équivalent de notre Envoyé spécial)... et, accessoirement, le programme télévisé préféré de Marcel et de sa grand-mère. (Où l'on découvre que les coquillages regardent la télévision !)

   L'histoire n'est pas si originale que cela, mais l'animation est très ingénieuse, la maison regorgeant de recoins où les coquillages ont aménagé ce qui ressemble à de petites maisons de poupées. La réalisation a dû demander un travail de fou !

   Comme c'est un film destiné aux enfants, on se dit que cela ne peut pas mal se terminer... et l'on a raison. En tant qu'adulte, on passe aussi un très bon moment, souvent drôle, parfois émouvant.

   Je recommande plutôt la version originale sous-titrée (qui me semble meilleure, d'après les extraits que j'ai pu comparer), dans laquelle la voix de Marcel est celle de Jenny Slate, la cocréatrice du personnage, avec Dean Fleischer-Camp. (Ils se sont rencontrés sur le tournage du premier court métrage évoquant Marcel... et se sont séparés quelques années plus tard. Il n'est pas impossible que la rupture entre les propriétaires initiaux de la maison, au début de ce film, ne soit une allusion à cet épisode de la vie personnelle du réalisateur.)

   P.S.

   La version originale comporte quelques effets supplémentaires. Le personnage principal est désigné avec une expression comportant une assonance : « Marcel the Shell ». Parmi les jeux de mots, je relève celui en rapport avec la chambre du coquillage : bedroom devient breadroom, Marcel se couchant entre deux tranches de pain de mie...

17:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 13 juin 2023

Tandem (fin)

   Ce soir, France 3 diffuse les deux derniers épisodes de la septième (et ultime) saison de cette série, une comédie policière que j'avais découverte en 2020, pendant le premier confinement. Ces deux épisodes apportent une conclusion définitive à la série, conformément aux souhaits de l'actrice principale, Astrid Veillon.

   On commence à 21h10 avec « Tous les chemins mènent à Saint-Jacques ». Un meurtre est commis à la périphérie de Montpellier, pas très loin de Saint-Guilhem-le-Désert, sur l'un des chemins de Jacques-de-Compostelle (la Voie d'Arles, dite aussi Via Tolosana).

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   On se demande si l'assassinat n'est pas lié à un haut-relief médiéval, découvert par hasard par la victime, avant qu'elle ne soit victime d'un cambriolage.

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   Cette sculpture n'est pas une totale invention des scénaristes (que je salue au passage pour avoir, pendant des années, inséré des éléments du patrimoine dans leurs intrigues policières). C'est une représentation de saint Jacques en Matamore, (c'est-à-dire le "tueur de Maures"... c'est l'époque de la Reconquista), inspirée de celle qui se trouve au Portugal, dans l'église Santiago de Cacem :

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   Parmi les invités de l'épisode, je signale la présence de Selma Kouchy, une actrice que j'apprécie et qui fit les beaux jours d'une autre série policière, Commissaire Magellan.

   L'épisode final s'intitule « Inkil Chumpi ». L'intrigue baigne dans une ambiance de malédiction archéologique... avec une pointe de Tintin et Milou. En effet, la momie amérindienne que l'on aperçoit (et près de laquelle le meurtre a été commis) est une référence à celle de Rascar Capac, dans Les Sept boules de cristal.

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   Mais ce n'est pas le seul détail qui a retenu mon attention. Lorsque l'une des gendarmes revient enquêter sur les lieux du crime, on découvre une autre exposition, bien réelle celle-là, puisqu'elle s'est tenue en 2022-2023 au musée archéologique de Lattes, dans l'Hérault :

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   Ce sont bien des statues-menhirs, présentes soit physiquement soit par l'intermédiaire de dessins. On reconnaît ci-dessus la célèbre Dame de Saint-Sernin, dont l'original se trouve au musée Fenaille, à Rodez. A celles et ceux que cela intéresserait, je signale qu'une visite virtuelle de l'exposition est toujours disponible, sur le site du musée.

   Quant à la série, elle finit sans surprise par voir les deux ex se réconcilier. Cela commençait à tourner en rond au niveau des relations familiales. Même si les intrigues secondaires apportaient un peu de piment, il était évident qu'on était arrivé au bout d'un cycle. La production a su éviter la saison de trop. Les fans peuvent se consoler en piochant dans l'intégrale de la série, accessible gratuitement sur le site de France Télévisions.

lundi, 12 juin 2023

Spider-Man : across the spider-verse

   Quatre ans et demi après New Generation (visible pendant encore quelques jours sur MyTF1), la suite des aventures animées du jeune Spider-Man afro-américain nous est proposée... sauf que l'histoire commence dans l'univers (alternatif) de (la délicieuse) Spider-Gwen... et c'est excellent. (La rencontre avec un drôle de Léonard de Vinci vaut son pesant de plumes de vautour...) Bien évidemment, par la suite, on va retrouver Miles Morales, dans un univers new-yorkais teinté de graff et de rap...

   Visuellement, c'est encore plus impressionnant que dans le premier film. On retrouve, magnifiée, la texture des différentes versions des comics, avec, des incrustations (souvent cocasses), un rythme de fou et des plans très imaginatifs. On retombe aussi sur le même défaut de forme : la représentation un peu brouillée, voire floue, d'une partie des décors situés à l'arrière-plan. Peut-être faut-il y voir le signe que le personnage principal de la scène ne se trouve pas dans son univers.

   Dans ce domaine, scénaristes et réalisateurs ont poussé le bouchon très loin : il est matériellement impossible à un spectateur de compter le nombre de versions différentes de Spider-Man que l'on croise dans ce film. Il y a bien sûr celles qui étaient présentes dans le précédent opus, mais aussi quantité d'autres : le leader du multivers, Miguel, une Spider-Woman motarde et enceinte, un Spider-Punk (anarchiste), un Spider-Papa, un Spider-Robot, un Spider hindou (hallucinante séquence dans Mumbattan, version indienne d'un Manhattan tropical), des Spiders obèses, une autre islamiste... et même un Spider-Cat et un Spider-Dino ! Cela devient parfois complètement dingue... et j'aime ça !

   L'intrigue est pleine de rebondissements, les gags fusent à intervalle régulier. On ne s'ennuie pas un instant, même si le spectacle me semble plutôt destiné à des adolescents. Le jeune héros (15 ans) est particulièrement mis en valeur. Il est désormais capable de battre tout le monde et c'est lui qui semble avoir raison contre tous les adultes. (Là, on sombre dans la démagogie.) De la même manière, les rapports parents-enfants sont quasi systématiquement présentés du point de vue des personnages adolescents.

   C'est l'une des rares limites de ce long-métrage fou fou fou... qui s'achève sur un coup de théâtre... et donc un cliffhanger : à l'image de ce qu'on a pu voir récemment dans Fast & Furious X, Les Trois Mousquetaires... et bientôt dans Mission impossible, l'histoire a été découpée en deux parties. J'ai hâte de voir la suite.

20:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Ile rouge

   Cette île est Madagascar, en 1972. Le rouge y est la couleur d'une partie des terres... mais c'est aussi celle du sang et de la colère, qui couve dans les familles d'expatriés comme chez les Malgaches.

   A partir de ses souvenirs familiaux (il est l'un des fils d'un sous-officier de l'armée française en poste en Afrique du Nord puis à Madagascar), Robin Campillo a tenté de construire une fiction entremêlant l'histoire familiale et celle, politique et sociale, de l'ancienne colonie française (indépendante depuis 1960).

   Par les yeux de Thomas, dernier enfant d'un couple formé d'un adjudant et de son épouse, mère au foyer, nous découvrons les relations entre les adultes, français entre eux ou français et malgaches. L'esprit de l'enfance baigne cette partie de l'histoire : Thomas aime se cacher dans une petite cabane en bois, où personne ne fait attention avec lui. Il aime aussi jouer par terre... et lire les aventures de Fantômette, qu'il partage avec une camarade de classe sans doute d'origine indochinoise. Je me suis (en partie) retrouvé dans ce portrait d'enfant rêveur, qui ne comprend pas comment fonctionne le monde des adultes.

   En sous-texte, on nous suggère que cette période a influé sur l'identité du garçon. La justicière masquée devient son modèle. L'un des moments-clés est celui au cours duquel sa mère (bien interprétée par Nadia Tereszkiewicz) lui remet une paire de collants noirs, pour que son déguisement soit plus conforme au personnage. La musique souligne un peu trop cet épisode, pour qu'on comprenne bien qu'à partir de ce moment-là, Thomas ne sera plus le même petit garçon. La mise en scène insiste aussi lourdement sur le fait que presque tous les couples hétérosexuels que Thomas observe sont des échecs, soit en raison de la mésentente, soit en raison des circonstances, qui finissent par séparer celles et ceux qui se sont aimés ou qui croient s'aimer.

   Ce n'est de plus pas toujours bien joué. Certains dialogues manquent de naturel ou sont trop littéraires (notamment quand les enfants s'expriment). Certaines scènes m'ont paru bancales... peut-être les acteurs ont-ils été mal dirigés. Je pense en particulier à une soirée dansante, au cours de laquelle les messieurs vont se déhancher (voire plus) avec d'autres femmes que leurs épouses. La scène a évidemment pour but d'illustrer le fossé qui se creuse au sein du couple formé par les parents du héros. Mais Dieu que tout cela semble artificiel ! J'ai eu la même impression au cours d'une des scènes de la dernière partie, au mess des officiers, la nuit.

   C'est pourtant au cours de cette même séquence que le film rebondit... et prend une nouvelle direction. Alors que, jusqu'à présent, il était centré sur la base militaire et les tensions familiales, il passe désormais du côté malgache, les comédiens s'exprimant dans leur langue maternelle. Au début, j'ai trouvé cela très bon. Le dialogue entre le soldat responsable du mess et l'employée chargée des parachutes est rafraîchissant, incisif, mais il arrive bien tard. La fin du film verse dans le militantisme sans nuance. Pour bien la comprendre, il faut se rappeler que l'année 1972-1973 fut une période de tension, qui aboutit à un changement de gouvernement et à la renégociation des accords de coopération entre la France et Madagascar. Les troupes françaises perdent la base de Diego-Suarez et sont obligées de quitter le pays. Tout ce contexte ne nous est pas clairement expliqué. On a juste droit au rappel du passé colonial (notamment celui des massacres de 1947), mais cela arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et l'on a clairement l'impression de ne plus être dans le même film.

dimanche, 11 juin 2023

L'Improbable Voyage d'Harold Fry

   Harold Fry est à la retraite, habitant une banlieue de classe moyenne dans le Devon, le sud-ouest de l'Angleterre. Ancien employé modèle d'une brasserie, il s'emmerde, sans trop savoir quoi faire de ses journées, entre son épouse Maureen, obsédée par la propreté, et ses voisins entretenant méticuleusement leur jardin. Un jour, il reçoit une lettre d'une ancienne collègue de travail, Queenie, qu'il n'a pas vue depuis des années. Elle est atteinte d'un cancer, en phase terminale. Elle est seule dans un établissement de soin. Sur un coup de tête, il décide d'aller la voir, à pieds, en le lui faisant savoir, pour qu'elle tienne le coup jusqu'à son arrivée.

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   Le problème est que l'hôpital où Queenie est soignée se trouve à Berwick-upon-Tweed, à la frontière écossaise... C'est donc à un périple de plus de 800 kilomètres qu'Harold se condamne, lui qui, au quotidien, marche très peu. De surcroît, s'il a avec lui ses papiers d'identité et ses cartes de crédit, il n'a pas pensé à se munir de chaussures adéquates. On pense qu'il a voulu éviter de retourner à son domicile et d'y croiser son épouse avant de partir, pensant (à raison) que celle-ci aurait tout fait pour l'en empêcher.

   En voyant ce film, on ne peut pas ne pas penser à Sur les chemins noirs et à cette tout aussi improbable traversée de la France métropolitaine par Sylvain Tesson. Dans les deux cas, c'est un homme diminué qui tente d'accomplir cet exploit pédestre. Dans les deux cas, la démarche individuelle s'accompagne de la (re)découverte de la campagne locale et d'une réflexion philosophique, voire spirituelle. Ce n'est pas pour rien que, dans la version anglaise, le film contient le mot pèlerinage (pilgrimage). Même si Harold se dit non-croyant (surtout au début), la lumière qu'il découvre petit à petit, dans la nature comme chez nombre d'humains, semble le rapprocher d'une forme de mysticisme.

   Mais, au quotidien, ce sont d'abord les difficultés du héros que l'on remarque. Entre les problèmes d'alimentation, d'hygiène, de santé (celle de ses pieds en particulier), la vie n'est pas rose pour notre néo-randonneur. Heureusement pour lui, il tombe régulièrement sur de bons samaritains (une doctoresse slovaque, un jeune en recherche, des jardiniers qui laissent une partie de leur production à disposition des passants...) et même un chien errant.

   Cette marche est aussi l'occasion pour Harold de gamberger. C'est d'abord une méthode pour soutenir et supporter l'effort, sur une longue distance. Dans un premier temps, il essaie des ritournelles, notamment pour garder le rythme. Assez vite, ses pensées intimes l'assaillent. Tout ce qu'il refoulait depuis des années revient à la surface. (C'est d'ailleurs l'un des intérêts d'une marche longue : laisser son esprit dériver et se purger progressivement de tout ce qui nous mine.)

   On découvre que ce qui semblait être au départ une belle histoire, un peu folle, a un arrière-plan moins reluisant. Harold n'a pas été un époux exemplaire et il ne s'est pas bien occupé de son fils. On finit aussi par apprendre quelle était la nature de sa relation avec cette Queenie et pourquoi il s'est vraiment lancé dans cette entreprise.

   Dans le rôle principal, Jim Broadbent (vu l'an dernier dans The Duke) est une fois de plus formidable. Il faut aussi saluer la composition de Penelope Wilton (vue notamment dans Downton Abbey), qui a la rude tâche d'incarner l'épouse, présentée d'abord plutôt comme la gêneuse, l'ennuyeuse, avant que l'on ne voie les choses un peu plus de son point de vue. (Cela donnera peut-être lieu à un autre film, puisque Rachel Joyce, auteure du roman qu'elle a adaptée pour ce long-métrage, a aussi écrit les pérégrinations de Maureen.)

   C'est d'abord drôle, puis rafraîchissant, inspirant, enfin surtout émouvant. Je recommande vivement... et je signale à celles et ceux qui ont lu le roman que, d'après certaines spectatrices de la salle où je me trouvais, la fin  a été modifiée.

09:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 juin 2023

Les Gardiens de la galaxie 3

   Six ans après la sortie du deuxième volet des aventures de la plus barjot des équipes de super-héros marvelliens, Disney se décide à conclure la franchise, en en gardant toutefois un peu sous le coude. (La seconde scène post-générique, placée au bout du bout, nous informe que l'un des personnages principaux sera de retour sur nos écrans.)

   Les ingrédients sont les mêmes : de la bonne zique, des effets spéciaux bluffants et des traits d'humour qui ne visent pas la plus grande subtilité... pour mon plus grand plaisir. (Outre les querelles de gamins entre les protagonistes, je recommande tout particulièrement la discussion qui porte sur les images, les métaphores... et qui se conclut de manière inattendue.)

   La grande nouveauté de cet opus est l'entremêlement de deux histoires, celle qui se déroule sous nos yeux et celle qui a eu lieu des années auparavant : la jeunesse de Rocket, le putois blaireau supporteur de foot raton-laveur. A l'écran, l'animation est superbe. Mais c'est surtout poignant avec, en sous-texte, la dénonciation de la vivisection.

   L'humour et la gloriole sont plutôt réservés à la trame contemporaine. C'est éblouissant, parfois excessif, avec pas mal d'invraisemblances : certains protagonistes devraient mourir à plusieurs reprises et le super-méchant, invincible au départ, finit quand même par être défait, de manière presque anecdotique. (Les scénaristes ont peut-être voulu suggérer qu'il a surtout été vaincu par sa démesure, son hybris.)

   Sur le fond, il est toujours question de famille, celle que forme une bande de potes (on en voit plusieurs dans ce film-ci)... et celle que des adultes peuvent créer avec des enfants qui ne sont pas les leurs. C'est beau, à ceci près que les gamins qu'on emmène voir ce film (si l'on accepte de les soumettre à quantité d'actes violents et de morts brutales) n'auront aucune idée de la manière dont, dans la vraie vie, les bébés naissent. La plupart des enfants du film sont des créatures de laboratoire (préfiguration de qui attend nos lointains descendants ?). La pudibonderie de Disney (qui bannit, dans ses productions grand public, tout ce qui peut renvoyer au sexe) rencontre ici l'esprit "éveillé" et évite de faire la promotion de la famille traditionnelle, fondée par un couple hétérosexuel : les deux histoires d'amour cisgenre qui pourraient trouver ici leur conclusion heureuse sont détournées de leur trop prévisible destin. (En revanche, j'ai bien aimé la blague que fait la télépathe Mantis à cette grosse brute de Drax.)

   C'est aussi l'occasion de souligner que cette superproduction nous propose de beaux personnages féminins : Mantis bien sûr, mais surtout Gamora et Nebula. J'ajoute que, dans ce volet comme dans les précédents, on  a inséré quelques invités-surprises, comme Nathan Fillion (eh oui, Castle !) et Sylvester Stallone (de retour).

   J'ai passé un très bon moment.

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Dernière nuit à Milan

   On dirait que la saison des polars estivaux est un peu en avance, cette année... et, cette fois-ci, au lieu de l'Espagne ou du Moyen-Orient, c'est l'Italie qui s'y colle.

   Cela commence par de superbes vues nocturnes de la ville. Milan est dotée d'un beau patrimoine architectural, mais c'est aussi une métropole, avec ses gratte-ciel. Du coup, l'impression est ambiguë : c'est beau et labyrinthique à la fois... et chacun sait qu'au cœur d'un labyrinthe se cache une menace mortelle.

   La musique, un brin glaçante, contribue elle aussi à planter le décor, alors que, pourtant, l'ambiance est plutôt à la fête, ce soir-là : un policier chevronné est sur le point de partir à la retraite (à 53 ans) ; sa jeune épouse et ses amis lui préparent une fête surprise... mais il est en retard. Il convient d'être très attentif à ce début, puisqu'à l'issue d'un petit retour en arrière, on va revoir les principaux plans de cette séquence, mais sous un autre angle. C'est assez brillant.

   La partie "truandesque" est elle aussi bien troussée. Les personnes qui l'ignorent découvriront qu'il existe une mafia chinoise à Milan... et qu'elle a une concurrente philippine ! (Qui osera dire après cela que les immigrés extra-européens rechignent à adopter les coutumes de leur pays d'accueil ?) Quelques-uns des personnages, certes caricaturaux, sont vraiment hauts en couleurs.

   La situation va déraper parce qu'une "commission" sans risque, qui devait ne durer qu'une heure, va évidemment mal tourner. Elle va mal se passer pour les policiers, pour les employés du mafieux... mais aussi pour les auteurs de l'arnaque. La situation devient délicieusement inextricable. On se demande comment le héros va pouvoir s'en sortir. Je laisse à chacun le loisir de découvrir comment l'auteur (scénariste et réalisateur) Andrea di Stefano a bouclé son histoire.

   Je dois toutefois mettre un bémol à mon enthousiasme. Je trouve que l'un des personnages principaux, celui de l'épouse du policier, est caricatural au possible. Le cinéaste prétend avoir choisi Linda Caridi en raison de sa capacité à improviser. A l'écran on remarque surtout son physique impeccable. Elle est chargée d'incarner la seconde épouse du héros (divorcé de la première). Elle semble à peine plus âgée que la fille du policier... et assez superficielle. Elle est attirée par tout ce qui brille (de belles fringues, un bel appartement, un gros diamant...) et est au comble du bonheur quand son compagnon lui dit qu'elle est belle. Pour caractériser une Italienne du XXIe siècle, on pourrait s'attendre à un peu plus de fond... (Mais c'est conforme à une certaine vision traditionnelle -machiste- des polars.)

   Cette (grosse) réserve émise, je recommande le film, tout en tension et émotions, une plongée de deux heures quasiment sans temps mort.

09:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 08 juin 2023

Abysses

   Lundi dernier, France 2 a diffusé les deux premiers épisodes d'une mini-série internationale, l'intégralité des huit étant déjà disponible sur le site de France Télévisions. Ce thriller fantastico-écologique louche à la fois vers James Cameron (notamment par le titre) et les polars scandinaves, auxquels il s'apparente par la qualité du scénario, le soin apporté aux images et l'insertion mesurée de thématiques sociétales dans une œuvre de genre.

   Si l'on fait l'effort de regarder les épisodes en version originale, on entendra parler anglais, allemand, français, japonais, espagnol, norvégien, danois... On a visiblement voulu bâtir une intrigue mondiale, qui a pour cadre les océans et les territoires qui les bordent.

   De nos jours, aux quatre coins du monde, des phénomènes inexpliqués se produisent. Un pêcheur est victime d'un banc de poissons. Une baleine à bosse s'en prend à un bateau de touristes, les instruments de mesure d'une station scientifique côtière se détraquent mystérieusement, un cuisinier meurt après avoir été aspergé de liquide visqueux par un homard, une nuée de crabes envahit une plage d'Afrique, des fonds marins se couvrent de vers de glace géants, en présence d'une étrange bactérie...

   J'ai beaucoup aimé cette mise en bouche, qui instille le mystère, sans effet tapageur, en montrant peu et suggérant beaucoup. C'est de surcroît très bien mis en images, avec quelques superbes scènes océaniques, comme celle qui montre un troupeau de baleines endormies.

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   En plusieurs endroits de la planète, divers scientifiques, d'abord chacun de son côté, tentent de comprendre les causes du phénomène inexpliqué auquel ils ont été mêlés. Petit à petit, ils vont s'apercevoir que des événements en apparence distincts sont en réalité tous liés et qu'un travail en commun pourrait leur permettre de trouver la clé du mystère... et, accessoirement, de sauver la planète.

   Les spectateurs vont se retrouver confrontés à trois hypothèses (entre lesquelles je laisserai à chacun le loisir de trancher). Soit une entité divine est derrière tout cela : source de la vie sur Terre, elle ne serait pas très satisfaite de l'action de certaines de ses créatures. Soit les tréfonds océaniques froids, perturbés par le changement climatique, abritent un (des) être(s) vivant(s) apparus avant l'être humain : évoluant jusque-là en profondeur, les menaces pesant sur leur écosystème le(s) poussent à agir. Soit le fond des océans est le refuge d'une (ou plusieurs) créature(s) extraterrestre(s), qu'elle soit installée récemment ou depuis des millénaires : l'être humain est-il devenu une concurrent nuisible, à éliminer ?

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   C'est prenant, tout étant amené avec subtilité. Ainsi, même s'il est évident qu'on a voulu faire évoluer une galerie de personnages incarnant la plus grande diversité possible ethnique, sociétale et sexuelle, la construction des personnages est suffisamment poussée pour que tout se soumette à l'enquête scientifique. Les acteurs sont très convaincants. Parmi les premiers rôles, on retrouve Cécile de France. J'ajoute que la musique est bien dosée, soulignant certains moments sans être envahissante.

   Même si je trouve que la conclusion de l'histoire n'est pas tout à fait au niveau des attentes que la série avait suscitées, je recommande ces huit épisodes, très au-dessus du gros de la production télévisuelle actuelle.