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samedi, 01 septembre 2012

Le gaz de schiste toujours d'actualité

   C'est l'un des feuilletons de l'été, moins médiatique certes que la guerre civile en Syrie, les Jeux olympiques de Londres ou l'augmentation du prix de l'essence à la pompe, mais le débat n'est pas clos, contrairement à ce que certains beaux esprits ont cru, en France notamment.

   La (bonne) presse fait son travail sur le sujet. Il me semble même qu'au sein de la rédaction du Monde, des dissensions existent sur cette question, peut-être entre les économistes et les journalistes en charge de la rubrique "Planète".

   C'est à la fin du mois de juillet que les articles ont commencé à paraître en nombre. Le 25 a été mis en ligne un éditorial intitulé N'enterrons pas le débat sur les gaz de schiste. On se dit que son auteur a observé avec attention la mini-révolution en cours dans l'énergie aux Etats-Unis, qui a vu ce pays devenir le premier producteur mondial de gaz en quelques années. L'édito renvoie à un reportage (de Jean-Michel Bezat) placé au début de la version papier du quotidien, Bienvenue à Fort Worth, Texas, la capitale du gaz de schiste (accès payant), dont voici un aperçu :

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   Le lendemain, Stéphane Foucart signe un papier traitant d'un rapport bidonné (favorable au gaz de schiste) publié aux Etats-Unis, et dont l'auteur est accessoirement actionnaire d'une société de forage...

   Peu de temps auparavant, Audrey Garric, une autre journaliste de sensibilité écologiste, avait publié, sur son blog officiel, un billet sur la voracité des compagnies gazières, désireuses de forer jusque dans les cimetières...

   Le sujet rebondit au mois d'août. C'est Alain Faujas qui a dégainé le premier, avec un article intitulé Le charbon américain victime du gaz de schiste : l'exploitation de nombreux forages de gaz non conventionnel a fait chuter le prix de l'énergie et les sociétés charbonnières en sont réduites à trouver de nouveaux clients à l'exportation... notamment en Europe, où la volonté de certains dirigeants de sortir du nucléaire donne un nouvel essor à l'énergie produite à partir de houille... Bonjour la pollution !

   Fort logiquement, la rubrique "Idées" voit surgir le débat. On a pu y lire une tribune de Noël Mamère, Non, le gaz de schiste n'est pas la "nouvelle frontière". On sent le député écologiste lecteur attentif du Monde, où la parution d'articles aux perspectives différentes a dû l'inquiéter.

   Deux semaines plus tard, le sujet s'enrichit de nouveaux "papiers". On doit à Julien Bouissou, talentueux correspondant du journal à New Delhi, un article très instructif sur les conséquences de l'essor de la fracturation hydraulique sur les paysans indiens : Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste. (L'article est plus balancé que ce qu'indique le titre.)

   Dans la version papier, au bas de la même page, une correspondance américaine signale l'émergence d'un nouveau problème, qui pourrait, bien plus que l'opposition des militants écologistes, limiter le développement de l'exploitation de gaz de schiste : Aux Etats-Unis, l'eau manque pour permettre la fracturation hydraulique. Il est piquant de voir deux puissants lobbys (l'agribusiness et le secteur pétrolier) entrer en conflit à ce sujet... (Et vive le réchauffement climatique !)

   Cela nous mène à la dernière chronique du médiateur (Pascal Galinier), Ecolos de vacances (joli titre !), grâce à laquelle on peut se rendre compte qu'une partie du lectorat du quotidien voudrait que celui-ci ne transmette qu'une vision militante du sujet. Ces lecteurs semblent ne pas avoir conscience que la rédaction est composée de personnes de sensibilités différentes... et c'est très bien comme ça !

   Le "quotidien de référence" n'est pas le seul à avoir suivi la question du gaz de schiste cet été. Ainsi, le numéro du 27 juillet de La France agricole contient un article de trois pages (Gaz : une révolution dans les tuyaux) annoncé en "une" :

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   Le papier se veut neutre, abordant à la fois les avantages que retirent les pays exploitant les gaz non conventionnels et les conséquences environnementales. Le contexte français (cherté du gaz, son importation) est précisé. Incidemment, on peut lire que le gaz naturel représente 50 à 80 % du coût des engrais azotés.

   On retrouve cette préoccupation dans une vidéo mise en ligne sur le site de l'hebdomadaire agricole. L'intervenant, Joël Morlet, est le président de l'Unifa, l'Union des industries de la fertilisation. Il est aussi directeur général de Yara France, une filiale d'un grand groupe norvégien (principal fournisseur d'engrais chimiques)... ainsi que PDG (et administrateur) de la SOCOFER, une entreprise fabricant des engrais, basée dans l'Indre.

   Et dans nos régions ? A la mi-août, les opposants ont organisé une marche entre Lozère et Aveyron, pour ranimer la vigilance du public. Ils sont inquiets à cause de ce qu'ils estiment être l'ambiguïté du gouvernement. Si le président de la République, François Hollande, a réaffirmé son opposition à la fracturation hydraulique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a précisé que l'exploitation des gaz de schiste n'était toutefois pas définitivement écartée.

   Nos dirigeants ont en tête la crise économique, qui se prolonge, et le déficit de notre balance commerciale, principalement dû à l'importation d'hydrocarbures : au premier semestre 2012, ce déficit approche les 35 milliards d'euros...

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   ... alors que la facture énergétique de notre pays dépasse légèrement les 34 milliards d'euros :

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(J'ai ajouté au graphique la ligne violette, pour mieux mettre en évidence que, lors des deux premiers trimestres de l'année 2012, la facture énergétique avait légèrement dépassé les 15 milliards d'euros, ce qui nous donne un total d'environ 34 milliards pour le semestre.)

   Je pense que nos dirigeants ont aussi reçu des informations provenant de milieux scientifiques moins épidermiquement hostiles au gaz de schiste que les militants écologistes. On peut en avoir un écho dans le numéro 301 de la revue Science... et pseudo-sciences, publié en juillet 2012 :

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   On y trouve une présentation claire de ce que sont les gaz non conventionnels... et l'on découvre, au passage, que l'expression "gaz de schiste" est incorrecte. Six pages sont consacrées aux impacts environnementaux. On rentre dans le détail, puisque, par exemple, on y distingue la fracturation de la stimulation hydraulique, avec leurs éventuelles implications sismiques. Une autre partie du dossier compare la situation en France et aux Etats-Unis. Quelques réserves sont émises à propos du film Gasland.

   La revue se demande enfin s'il est possible d'exploiter "proprement" le gaz de schiste, ou avec quels coûts, environnementaux, sociétaux. (On arrive à la conclusion que, dans les régions marquées le relief calcaire, il est souhaitable, dans l'état actuel des choses, de ne pas procéder à l'extraction de gaz de schiste.) L'ensemble des articles n'a pas pour but de défendre les industriels, mais de replacer le sujet d'abord dans son contexte scientifique.

vendredi, 24 août 2012

Bienvenue chez les riches !

   C'est le titre du dossier du Canard enchaîné (le n°124) publié cet été :

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   En quelque 120 pages (contre 80 à 100 d'habitude), les journalistes de l'hebdomadaire satirique proposent un panorama synthétique de la "France des riches". Les articles sont courts (une à deux pages, illustrées d'un à trois dessins) et foumillent d'anecdotes.

   Cela commence par la définition de la richesse, entreprise hasardeuse. Pour les plus fortunés, on peut se reporter au classement des milliardaires du magazine Forbes. Deux Français font partie des vingt premiers : Bernard Arnault (4e) et Liliane Bettencourt (15e) :

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   Pour avoir plus d'informations sur les riches Français, on peut se tourner vers le magazine Challenges, qui publie un classement des 500 plus grandes fortunes professionnelles :

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   En comparant les deux palmarès, on relève des incohérences, tant au niveau de l'ordre qu'au niveau des montants : les deux classements ne se fondent pas exactement sur les mêmes critères.

   On peut aussi s'intéresser aux assujettis à l'ISF. Il y a quelques années de cela, Le Figaro a publié un tableau statistique des villes peuplées de plus de 20 000 habitants comprenant plus de 50 assujettis. Voici ce que l'on peut lire à propos de l'Aveyron (page 5) :

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   Rien que dans ces deux communes (les seules du département à dépasser les 20 000 habitants), on note la présence de près de 400 assujettis à l'ISF. Combien d'autres résident dans une commune moins peuplée ?

   Le document est aussi intéressant parce qu'il mentionne la somme moyenne versée au fisc : 4-5000 euros par an... on ne peut vraiment pas parler d'un impôt confiscatoire.

   Ces données sont à comparer avec les revenus de l'ensemble des Français. D'après l'INSEE, en 2009, les ménages français ont en moyenne un revenu de 34 540 euros, soit un peu moins de 2 900 euros par mois. Pour plus de justesse, la colonne suivante donne le revenu médian, celui qui partage la population en deux groupes égaux (en clair : la moitié gagne moins, l'autre moitié gagne plus). Et là, on constate que ce revenu n'est que de 28 740 euros, soit environ 2 400 euros par mois... merde, je suis au-dessous !

   Cet écart s'explique par les grandes inégalités : beaucoup de ménages gagnent entre 1 500 et 2 500 euros par mois, mais une minorité gagne infiniment plus, ce qui fait remonter la moyenne. Le Canard précise d'ailleurs que 90 % des Français (pas des ménages, semble-t-il) gagnent moins de 37 000 euros par an. 1 % des Français gagnent plus de 7 350 euros par mois. (Que l'on me présente leurs filles !) Quant à ceux qui culminent au-delà d'un million par an, ils ne seraient que 3 000 foyers, soit 0,0008 % du total. Dire que certains ont osé déclarer que la taxe à 75 % (qui ne ponctionnera pas 75 % des revenus : ce sera une tranche supplémentaire... avec des aménagements) s'attaquait à la classe moyenne...

   Le journal satirique revient aussi sur ces très riches qui avaient appelé à une fiscalité plus lourde (dans un appel publié par Le Nouvel Observateur). Combien sont aujourd'hui révulsés par les projets fiscaux du gouvernement Ayrault ? Sur le même sujet, la tribune signée par Warren Buffett dans The New York Times avait quand même plus de gueule. Il y écrit notamment ceci :

"People invest to make money, and potential taxes have never scared them off. And to those who argue that higher rates hurt job creation, I would note that a net of nearly 40 million jobs were added between 1980 and 2000. You know what’s happened since then: lower tax rates and far lower job creation."

   Traduction : "Les gens investissent pour gagner de l'argent, et les impôts éventuels ne les ont jamais dissuadés. A ceux qui soutiennent que les taux [d'imposition] élevés nuisent à la création d'emplois, je dirais qu'un volant d'environ 40 millions d'emplois ont été créés entre 1980 et 2000 [en clair : sous Reagan, Bush père et Clinton]. Vous savez ce qui s'est passé depuis : des taux d'imposition plus bas et beaucoup moins de création d'emplois."

   L'argumentation mériterait d'être affinée, discutée, mais, venant d'un super-riche, elle ne manque pas de sel. Voici encore ce qu'écrit Buffett, un peu plus bas :

"But for those making more than $1 million — there were 236,883 such households in 2009 — I would raise rates immediately on taxable income in excess of $1 million, including, of course, dividends and capital gains."

   Traduction : "Mais pour ceux qui gagnent plus d'un million de dollars (236 883 ménages en 2009) j'augmenterais immédiatement le taux d'imposition du revenu excédant un million de dollars, en incluant, bien sûr, les dividendes et (autres) revenus du capital."

   Alors, Warren Buffett hollandien ?

   Le journal satirique ne se prive cependant pas d'égratigner l'actuel président sur ses déclarations de patrimoine. Il semble avoir été plus honnête en 2012 qu'en 2007, sans doute pour éviter, à l'époque, de payer l'ISF... Le paradoxe est que c'est à la réforme initiée par Nicolas Sarkozy que François Hollande doit sans doute de n'y être pas assujetti aujourd'hui !

   La suite du dossier est composée de portraits des familles/individus les plus riches, de Bernard Arnault à Elisabeth Badinter, en passant par Serge Dassault et Pierre Bergé, par exemple. On y apprend incidemment une foule de choses, comme par exemple l'origine du succès de la famille Bolloré, dans le papier très fin (utilisé pour les cigarettes roulées et l'impression des bibles), auquel elle a en partie donné son nom : O.C.B. pour Odet Cascadec Bolloré.

   On peut dire que c'est Arnaud Lagardère qui reçoit le traitement le plus "acide". Ceux qui s'intéressent à l'information économique liront avec profit les pages consacrées aux familles de la grande distribution. Les "nouveaux entrepreneurs" ne sont pas oubliés, avec notamment Xavier Niel et Matthieu Pigasse, auquel un strip de Lefred-Thouron est consacré :

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   La troisième partie du dossier traite des manières de s'enrichir, de la banque à l'édition en passant par le show-business. Au passage, certains découvriront peut-être le train de vie (et les exigences professionnelles) de quelques vedettes, en particulier Dany Boon. Ceci dit, ils ne font a priori rien d'illégal, contrairement à d'autres, dictateurs africains (avec l'affaire des "biens mal acquis") ou hommes d'affaires qui sentent le soufre (vous avez dit Bernard Tapie ?). Il est aussi question de certains footballeurs, de riches agriculteurs (céréaliers) et de la famille régnante qatarie.

   La quatrième partie est plus bling bling : elle aborde les "moeurs des riches". Le dossier se termine par les soucis des fortunés, parfois proportionnels à leur richesse.

   C'est bien écrit, truffé d'informations, émaillé de traits d'humour et richement illustré... et cela ne coûte que six euros !

samedi, 04 août 2012

José Bové et le loup

   "Pour moi les choses sont claires, hein : c'est que si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c'est de prendre le fusil et de tirer."

   Les propos tenus courant juillet par le député européen aveyronnais, sur les ondes de la radio Totem, ont fait des vagues, un peu avec retard. Ce n'est que dans Le Monde du vendredi 3 août qu'un article s'empare de l'affaire. Le journaliste Hervé Kempf s'est d'ailleurs un peu emmêlé les pinceaux, qualifiant Totem de "radio lozérienne". Si l'ex-12 FM émet bien en Lozère (comme dans une dizaine d'autres départements), son siège est situé à proximité de Rodez, à Luc-La Primaube très exactement.

   C'est une association de protection des animaux sauvages qui vient de relancer l'affaire. D'après Midi Libre, une plainte a été déposée contre José Bové au tribunal de Mende.

   Rappelons que, selon les études officielles, les chiens divagants (parfois qualifiés à tort d'errants), s'ils attaquent moins fréquemment les troupeaux domestiques que les loups (dans les zones où ceux-ci sont présents), sont responsables de davantage de pertes. Et encore, on néglige la surdéclaration d'attaques de loups.

   L'affaire n'en est pas moins délicate. Je ne vois pas comment on pourrait interdire à des éleveurs de tenter de se débarrasser d'un loup, à partir du moment où une série d'attaques clairement identifiées se produit dans une région marquée par l'élevage. Le tout est de rester dans la mesure.

   A suivre...

lundi, 16 juillet 2012

Le barrage de Sarrans

   Le quotidien aveyronnais Centre Presse vient de lancer une série d'articles sur les grands barrages qui ont été construits jadis dans le département :

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   Dans le numéro de ce lundi, une double-page est consacrée au barrage de Sarrans. On peut y trouver un historique de la construction, plusieurs documents d'époque et d'autres informations. C'est richement illustré.

   Il est notamment question de la presqu'île de Laussac et d'une curiosité touristique : des chalets flottants, développés par Gérard Sol à Thérondels :

chalet-flottant.pdf

   On nous suggère une lecture, La Vallée noyée, les chantiers de Sarrans, d'Annick et Louis Le Bail :

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   Il a été publié par ces Cantaliens en 2011. Très agréable, imprimé sur papier glacé ("issu de forêts gérées durablement", nous précise-t-on en fin d'ouvrage), il regorge de documents. EDF a semble-t-il soutenu sa parution... et il se trouve que, depuis quelques années, l'entreprise semi-publique s'efforce d'améliorer son image, puisque l'exploitation des barrages est soumise à concurrence, le dernier groupe à s'être manifesté étant le finlandais Fortum.

mercredi, 23 mai 2012

Trouvé !

   En cette fin d'après-midi, j'ai effectué de menus achats. Me trouvant avenue Durand de Gros (à Rodez), j'ai eu le regard attiré par quelque chose de brillant, sur le trottoir. Je me suis approché et j'ai ramassé ceci :

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   "10 bani" ? Kezaco ?

   En retournant la pièce de monnaie, j'ai compris qu'elle venait de Roumanie (elle est issue de la dernière série, émise en 2005) :

IMG.jpg

   Au centre de l'avers (le côté face) se trouve une copie des armoiries de la Roumanie, articulées autour de l'aigle croisée d'or.

   Chacun sait que la Roumanie, qui n'a intégré l'Union européenne qu'en 2007, n'est pas membre de la zone euro (pas plus que de l'espace Schengen d'ailleurs). La réforme de la monnaie nationale de 2005 est sans doute à considérer dans la perspective de l'adhésion.

   Toujours est-il que, depuis une dizaine d'années, les Aveyronnais qui habitent en ville se sont aperçus que des Européens de l'Est ont choisi notre pays comme destination migratoire. Un Roumain a sans doute perdu cette piécette, qui vaut approximativement deux centimes d'euro.

mardi, 22 mai 2012

Les 10 ans de l'euro (en poche)

   Je viens de récupérer une drôle de pièce de 2 euros :

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   Il s'agit d'une pièce commémorative, française, puisque la titulature nationale varie en fonction du pays. On peut ainsi tomber sur d'autres pièces du même type :

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   Le paradoxe est que les deux seules références européennes sont la représentation stylisée du symbole de l'euro (au centre) et les douze étoiles du drapeau (sur le pourtour).

   Les autres éléments dessinés ont valeur générale, pas spécifiquement européenne. Sous le nom de l'autorité émettrice, on trouve des bâtiments que l'on suppose d'habitation, en présence semble-t-il de végétation. Juste à côté a été placé un groupe de quatre personnes, deux adultes et deux enfants des deux sexes : la famille modèle occidentale.

   On passe ensuite à un bateau (pour l'activité commerciale et les transports), puis à une sorte de gratte-ciel devant lequel un oeil avisé finira par distinguer un curieux symbole :

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   Il s'agit de nouveau de l'euro... et nous sommes à Francfort, devant le siège de la BCE (Banque Centrale Européenne) :

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   L'Euro Tower est suivie de deux imposantes éoliennes (ben oui, on soutient les énergies renouvelables, mon gars !) et d'une usine, de la cheminée de laquelle s'échappe ce qui semble être une fumée... sans doute non polluante, vu qu'il y a les éoliennes juste à côté ! Tout est question de contexte...

    Les esprits curieux auront remarqué qu'au coeur de la pièce, le symbole monétaire est placé sur un globe terrestre. Les optimistes béats y verront une référence au poids mondial acquis par l'euro, les sceptiques la confirmation de l'adhésion des élites communautaires à la mondialisation libérale.

   Et si l'on retourne la pièce, que voit-on ? Ceci :

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   Le côté pile des pièces comporte autant d'approximations qu'en 2008 : des pays non membres de la zone euro (à commencer par le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède) sont représentés... et cela s'étend aux pays européens non membres de l'Union, comme la Norvège, mais aussi ceux de l'ex-Yougoslavie (sachant que la Slovénie est elle bien dans la zone euro).

   Notons que la pièce française a été émise à environ 10 millions d'exemplaires, beaucoup moins que la version allemande (30 millions), ce qui est logique, mais aussi étonnamment moins que la version italienne (15 millions)... et que la version autrichienne, émise à 11,3 millions d'exemplaires. A ceux que le "tirage" autrichien stupéfie, précisons que le créateur du dessin utilisé sur la pièce commémorative (qui a remporté un concours arbitré par les internautes) est un certain Helmut Andexlonger... qui est autrichien. On semble avoir pensé que nombre des habitants de ce petit pays seront tentés de thésauriser l'oeuvre de leur compatriote !

20:10 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : france, société, europe

dimanche, 11 mars 2012

Le "ribérymètre"

   L'Equipe magazine a dressé le palmarès annuel des sportifs français les mieux payés (tous revenus confondus). Pour la première fois, en 2011, c'est Franck Ribéry qui arrive en tête de ce classement, avec 11,4 millions d'euros.

   Pour avoir une idée de ce que cela représente vraiment, j'ai divisé la somme par 12. Cela donne 950 000 euros par mois ! En divisant par 365, on obtient... plus de 31 000 euros par jour ! En divisant ce résultat par 24, on arrive à 1 300 euros de l'heure !!! Un SMIC brut ! (Rappelons que le SMIC net n'atteint pas 1 100 euros.)

   Le site slate.fr permet de calculer combien de temps il faut à Franck Ribéry pour gagner notre salaire. J'ai fait le test avec mon mensuel net... Résultat : 1h30 (environ) !

   En regardant la liste des dix premiers, j'ai été sidéré de la domination des footballeurs : ils sont sept (et 42 dans les 50 premiers selon Le Figaro)... alors que l'équipe de France n'a rien gagné ! Patrice Evra est certes devenu capitaine de Manchester United, qui a gagné le championnat d'Angleterre et atteint la finale de la Ligue des Champions.

   Yohann Gourcuff, le mieux payé de ceux qui jouent en France, n'a pas réalisé une saison extraordinaire avec Lyon... tout comme Samir Nasri à Arsenal, mais il semble mieux réussir à Manchester City. Le préretraité Thierry Henry se la coule douce aux States. Karim Benzema et le Real Madrid ont dû se contenter de la deuxième place au championnat d'Espagne et d'une demi-finale en Ligue des Champions. Restent Eric Abidal et Franck Ribéry. Le premier a tout gagné l'an dernier, le second rien, mais il est une pièce maîtresse de son équipe, semble-t-il.

   Bref, il semble que ces sommes ne soient guère justifiées par les résultats de ces footballeurs. Et les basketteurs n'ont pas fait beaucoup mieux. L'équipe de France est certes arrivée en finale de l'euro 2011. Mais, au niveau des clubs, ce ne fut pas dément. Boris Diaw et les Charlotte Bobcats ont été écartés des playoffs, dont les Spurs de Tony Parker (pourtant en théorie meilleure équipe de la Conférence Ouest) ont été précocement éliminés.

   Ne reste que Sébastien Loeb, septième du classement mais octuple vainqueur du championnat du monde des rallyes. En voilà un palmarès qui a de la gueule !

   P.S.

   Vous l'avez sans doute remarqué, mais aucune sportive ne figure dans les dix premiers... ni dans les 50 premiers, si 42 d'entre eux sont des footballeurs et que, parmi les autres, on retrouve des basketteurs ainsi que Teddy Riner, Christophe Lemaitre et Sébastien Loeb.

samedi, 10 mars 2012

Halal : le rapport qui dérange

   C'est l'hebdomadaire Le Point qui, il y a trois jours, a lancé la petite bombe sur son site, en publiant l'intégralité d'un rapport (de novembre 2011) du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, au départ censé rester confidentiel :

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   Ajoutons que la mention "Rapport confidentiel" figure en haut à droite de chaque page. Il n'a fallu qu'un peu plus de trois mois pour que le secret soit éventé. Du coup, le ministère de l'Agriculture a décidé de jouer la carte de la transparence : le rapport est désormais accessible sur son site. Il se veut une étude scientifique, juridique, économique et comportementale de la manière dont se passe le court séjour des animaux dans les abattoirs.

   Qu'y apprend-on ? Quelque chose que l'on savait déjà, mais qui a fait l'objet de mesures scientifiques (selon plusieurs critères expliqués dans le rapport)  : les animaux souffrent dans un abattoir, d'autant plus que, dans le cadre d'un abattage rituel, ils restent vivants et conscients après leur égorgement, la durée variant en fonction des espèces (pages 16-17 et 33):

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   Paradoxalement, ce sont donc les porcins, rejetés par les consommateurs de viande halal et casher, qui bénéficient du meilleur traitement... tout comme le cheval.

   Ensuite intervient une longue partie juridique, présentant le dilemme au niveau de la juridiction communautaire : il y a clairement conflit entre la liberté religieuse et le respect du bien-être animal (ou plutôt le refus de la "souffrance évitable").

   Au passage, le rapport fournit des statistiques récentes sur l'abattage en France (page 27) :

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   En nombre de têtes, ce sont les volailles qui dominent, devant les porcs. En tonnage, les porcs passent devant et l'on s'aperçoit que les bovins distancent largement les ovins. Le rapport indique ensuite que la rapidité de la cadence d'abattage influe sur le respect des normes et démontre qu'il n'est pas possible que nombre d'abattoirs les respectent.

   Viennent alors les chiffres qui font polémique (sur la part prise par l'abattage rituel... un sujet qui a fait la Une jusqu'en Aveyron), calculés à partir d'un sondage effectué dans une quinzaine d'abattoirs (page 28) :

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   C'est bien plus que la part officielle de l'abattage réellement destiné à la consommation halal ou casher. Il y a donc clairement un risque que l'exception ne devienne la règle, c'est-à-dire que les exemptions accordées pour respecter ce que l'on dit être la liberté religieuse ne conduisent les abattoirs à ne plus tenir compte du bien-être animal, ce qui serait un contournement de la législation communautaire.

   Avant même la mise à mort, le traitement des animaux laisse parfois à désirer. Les animaux peuvent être battus, électrisés, pour faciliter (croit-on) leur manipulation. Selon le rapport, ces pratiques ne font que compliquer la tâche du personnel, par méconnaissance du comportement des animaux, dont elles contribuent à accroître les souffrances. De surcroît, en cas de livraison tardive, il arrive qu'un chargement soit parqué à proximité (dans des conditions pas franchement reluisantes), les animaux n'étant même pas nourris (ni les vaches traites) dans l'attente de leur mise à mort, le jour (ou les jours) suivant (s).

   Ce rapport mérite aussi le détour pour l'état des lieux qu'il dresse de la pratique de l'étourdissement préalable, en Europe et dans le monde (pages 34-35). On apprend, ô surprise, qu'il est des pays (la Suède, la Norvège, l'Islande et la Nouvelle Zélande notamment) pour l'imposer à l'abattage rituel. Cela conduit à la situation paradoxale suivante : il y a de grandes chances que la viande ovine originaire de Nouvelle-Zélande (qui concurrence fortement la viande française, issue notamment des élevages aveyronnais) provienne d'un animal abattu dans des conditions moins cruelles que dans notre pays... (Espérons que les choses vont changer avec la réouverture de l'abattoir de Saint-Afrique.)

   Le Royaume-Uni semble s'engager dans la même voie. Et le gouvernement français ? Le Point s'est amusé à mettre en ligne la lettre envoyée par Nicolas Sarkozy à Brigitte Bardot... en 2006 ! (L'actuel occupant de l'Elysée était à l'époque ministre de l'Intérieur, donc en charge des Cultes.) N'oublions pas que nous sommes en pleine campagne électorale... Un récent décret se borne à restreindre l'abattage sans étourdissement aux seules commandes religieuses, dans des établissements respectant les normes d'hygiène).

   D'autres pays (Danemark, Finlande, Autriche) ont choisi une voie intermédiaire : l'étourdissement post-égorgement, qui permettrait de considérablement diminuer la souffrance animale. C'est d'ailleurs l'une des solutions envisagées par les auteurs du rapport : elle serait compatible avec les directives, règlements européens... et les revendications religieuses.

   Le rapport se termine logiquement par une série de recommandations avec, en annexe, un rappel des implications religieuses. En lisant attentivement la chose, on découvre que pour certains religieux musulmans, il n'y a pas d'incompatibilité entre l'étourdissement préalable et l'abattage rituel (l'animal, certes inconscient, restant vivant). Il est même officiellement accepté pour les volailles (dans un bain d'eau : voir page 29). Il semble donc possible que des personnes raisonnables puissent arriver à un accord qui satifasse tout le monde.

   P.S.

   Les amateurs de drogue dure pourront trouver leur bonheur dans deux documents mis en ligne :

- une thèse de 2008, sur la "bientraitance des bovins"

- un (très long) rapport d'expertise de 2009, sur les "douleurs animales" (chez les animaux d'élevage)

jeudi, 08 mars 2012

Réouverture de l'abattoir de Saint-Affrique

   La nouvelle est paru dans l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain du 7 mars 2012, page 7 :

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   Qu'apprend-on ? Tout d'abord, que les travaux effectués ont permis de sortir de l'appellation infamante de "niveau IV", associée aux déboires de l'abattoir sud-aveyronnais... mais la structure réaménagée ne bénéficie que d'un "niveau III" guère plus reluisant. Il est à espérer que les collectivités locales vont continuer à soutenir l'abattoir, pour que son mode de fonctionnement devienne plus respectueux des normes d'hygiène et de bien-être animal.

   Ah ben tiens, justement. Il semble que la direction (qui a signé le communiqué paru dans l'hebdomadaire) ait tenu compte de la récente polémique née autour de l'abattage rituel. Elle s'engage à ce que les animaux qui ne font pas l'objet d'une commande halal (ou casher, sans doute) soient étourdis avant d'être tués. C'est une belle promesse, dont il faudra vérifier la mise en application. C'est peut-être quand même annonciateur du fait que cet établissement envisage sa nouvelle carrière sous le signe de la qualité.

samedi, 03 mars 2012

Un abattoir halal en Aveyron

   Le numéro du Villefranchois de cette semaine comporte un titre accrocheur :

Abattoir 01 03 2012.jpg

   C'est à l'intérieur du premier cahier, page 7, que se trouve l'article. Il fait écho à une polémique née de la diffusion d'un reportage par le magazine Envoyé spécial, il y a un peu plus de quinze jours. Dans le département, c'est surtout la séquence consacrée à l'abattoir de Saint-Affrique qui avait attiré l'attention. Au plan national, le débat était né des propos tenus par Marine Le Pen.

   Plusieurs éléments ont nui à la sérénité des échanges. Marine Le Pen s'est un peu emmêlé les pinceaux entre :

- la manière dont sont abattus les animaux (hors porcins) en Ile-de-France

- le devenir des morceaux issus de l'abattage rituel mais pas retenus dans le circuit commercial halal

- l'origine de la viande consommée en Ile-de-France

   Elle s'est donc fait taper sur les doigts, notamment par une journaliste de Libération.

   Mais les médias nationaux qui se sont insurgés contre l'utilisation de la souffrance animale (incontestable dans le cadre de l'abattage rituel, qu'il soit juif ou musulman) à des fins électoralistes ont négligé les enquêtes de terrain. D'où l'intérêt de l'article du Villefranchois. Il explique ce qu'est l'abattage rituel et évoque le cas de l'abattoir ouest-aveyronnais (récemment passé sous la coupe d'une société d'économie mixte).

   La raison donnée pour justifier cette place de l'abattage rituel dans une région où les musulmans sont peu nombreux est d'ordre économique. Mais ne croyez pas que l'hebdomadaire pointe la volonté des gérants de limiter le coût que représente l'étourdissement. Il est plutôt question d'une forme d'adaptation au marché : le fait de vouloir commercialiser le plus de morceaux des bêtes abattues. Or, les commanditaires religieux et non religieux ne s'intéresseraient pas aux mêmes parties des carcasses. Accorder une sorte de priorité à l'abattage rituel permettrait de "rentabiliser" au maximum les carcasses, certains morceaux des bêtes abattues rituellement entrant dans le circuit halal (ou casher), les autres rejoignant les circuits commerciaux traditionnels, sans que leur origine particulière ne soit mentionnée.

   Si j'avais mauvais esprit, je ferais le lien entre le gros titre de l'hebdomadaire aveyronnais et un petit article situé dans le second cahier, page 23 :

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   Je sais bien que, dans ce cas, ce n'est pas l'application aveugle d'une règle d'inspiration religieuse qui est à l'origine de la manière de tuer l'animal... mais, d'après vous, le cochon souffre-t-il moins que la vache égorgée à l'abattoir ?

   P.S.

   Contrairement à ce que j'ai affirmé dans un billet de décembre dernier, Le Villefranchois n'est pas un hebdomadaire confidentiel. C'est, d'après l'OJD, le plus vendu dans le département, avec 8 500 exemplaires par semaine en 2011, loin devant Le Journal de Millau (environ 6 100 exemplaires, tout comme Le Progrès Saint-Affricain), le Bulletin d'Espalion (un peu moins de 5 500) et Le Ruthénois (autour de 2 000 exemplaires vendus chaque semaine).

   P.S. II

   La campagne contre l'abattage rituel, lancée par la Fondation Bardot en 2011 (et dont j'avais parlé à l'époque), se poursuit sur la Toile.

mardi, 21 février 2012

L'abattoir de Saint-Affrique

   Les difficultés de l'abattoir ont fait l'objet de nombreux articles dans la presse locale. C'est au moins depuis 2007-2008 que les nuages se sont accumulés au-dessus de la structure : le classement en "niveau IV" signifiait en gros qu'il valait mieux éviter de consommer la viande en sortant :

Abattoirs classement.jpg

(Voir la note de service du 21 novembre 2007 du ministère de l'Agriculture, page 3)

   Les problèmes d'hygiène (notamment) semblaient à cette époque très répandus dans les abattoirs français. La presse nationale a fini par s'y intéresser. L'hebdomadaire Le Point lui a consacré un article en mai 2008, dans lequel on peut trouver une carte des établissements les plus mal classés :

Abattoirs carte.jpg

   Le plus inquiétant est que plusieurs abattoirs locaux sont pointés : outre celui de Saint-Affrique, on remarque la présence de ceux de Marvejols et Saint-Chély d'Apcher. Et il y en a d'autres...

    Face à cela, quelle a été la réaction des établissements concernés ? Des travaux de mise aux normes en général, semble-t-il... mais celui de Saint-Affrique s'est distingué par son refus de la transparence, comme on peut le lire dans l'article :

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   On retrouve la même réaction dans un passionnant sujet de l'émission "Envoyé spécial" (diffusé la semaine dernière). C'est dans les dix premières minutes qu'il est question de l'Aveyron. Ce que l'on peut voir (grâce à l'entregent de Frédéric Freund, directeur de l'OABA (Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs) est édifiant. Outre les aspects sanitaires, le volet économique et social est abordé, par le sénateur-maire Alain Fauconnier. Une société d'économie mixte a été créée pour amortir le coût social de la fermeture de l'abattoir de Saint-Affrique... en espérant que ses investissements en permettront la réouverture.

   P.S.

   Ceux que l'histoire de cet établissement intéresse consulteront avec profit une double-page (10-11) publiée dans Le Saint-Affricain du 25 janvier 2012.

dimanche, 19 février 2012

Concordance des temps

   On dit que l'histoire ne se répète pas, mais, parfois, elle a tendance à furieusement bégayer. Cette réflexion m'est venue à l'esprit à la lecture d'un texte, dont voici un extrait :

   " N'a-ce pas été un spectacle bien surprenant dans le cours des dernières Guerres, de voir Louis XV, ce grand prince que les Puissances les plus formidables de l'Europe liguées ensemble, n'avaient pû faire fléchir un instant, être forcé d'avoir recours à ces Financiers, et les prier pour ainsi dire, de lui fournir les moyens de s'opposer aux desseins de ses ennemis, et d'un autre côté ces hommes durs et intraitables voulant traiter avec ce Prince d'égal à égal ; et choisissant ces temps de calamité pour exiger des Loix onéreuses à ses Peuples."

   C'est extrait du Testament politique de Louis Mandrin, sans doute rédigé en 1755. Plus loin, dans une lettre adressée à l'auteur, on peut lire :

   "Les Fermiers ont eux seuls plus d'or et d'argent que l'en ont ensemble tous les autres particuliers de la France. Parce que quarante personnes ont les Fermes de l'Etat, quatre cent mille Ménagers [petits paysans propriétaires] ne peuvent pas subsister, parce que trois cents Maltotiers [collecteurs d'impôts] regorgent des choses superflues, trois millions de sujets manquent des choses nécessaires."

    Aujourd'hui, la guerre économique a remplacé les affrontements armés, dans le monde occidental. Mais de nouveaux rapaces sont apparus. Ils ne collectent plus l'impôt pour le roi, mais prêtent l'argent au souverain... et échappent au fisc.

   P.S.

   La Ferme Générale était si impopulaire que sa suppression fit partie des grandes réformes de la Révolution, menée en 1790-1791. Le ressentiment était encore tel qu'en 1794 l'exécution de la plupart des anciens fermiers généraux parut une action de justice.

mardi, 14 février 2012

Des patrons indélicats dans l'Aveyron ?

   Une expression bien plus violente circule dans le département suite à l'annonce de la fermeture programmée des sites de Valaubrac (à Bozouls) et Amarilis (à Entraygues-sur-Truyère).

   Pour la commune d'Entraygues, c'est un second coup dur en moins d'un an, après la fermeture du collège privé. Quant au site industriel, il connaissait une histoire mouvementée depuis au moins trois ans. La société fondée jadis par Gilles Combettes avait été rachetée par le groupe cantalien GMV, qui s'est cassé la figure en 2010.

   Là-dessus est arrivée la société Cauval, qui a aussi mis la main sur le site de Bozouls. D'après L'Officiel des cuisines de mai 2010, en reprenant certaines des activités du groupe GMV, c'est la marque Teisseire (et sa notoriété)  qui intéressait Cauval.

   Dans un premier temps, on a pu penser que l'activité aveyronnaise était sauvée, d'autant plus que, sur le catalogue 2010-2011 des cuisines Teisseire, l'enracinement rouergat est mis en valeur :

Catalogue Teisseire 1.jpg

   L'engagement de contribuer à la prospérité du département figure même noir (et rouge) sur blanc :

Catalogue Teisseire 2.jpg

   Le site de Bozouls semblait plus solide que celui d'Entraygues. S'y était développée l'entreprise Espalux (en provenance d'Espalion... une première "délocalisation" !), devenue Valaubrac, du groupe Cauval. 

   Et maintenant, que va devenir la marque "Teisseire" ? Ne va-t-on pas voir débouler chez nous, sous ce nom,  des cuisines fabriquées en Afrique du Nord et Europe de l'Est ? Je dis cela parce que, dans son activité ameublement, Cauval a procédé ainsi, fermant le site de Luxeuil (en Meurthe-et-Moselle) et supprimant des emplois à Séverac-le-Château pour en créer en Pologne, en Tunisie... et même quelques-uns en France, à Lognes et Bar-sur-Aube (un autre exemple de "délocalisation interne"... une spécialité du groupe ?). Précisons que c'est à Lognes, en Seine-et-Marne, que se trouve le siège du groupe, ce qui explique que ce soit le tribunal de commerce de Meaux qui se soit prononcé au sujet des usines aveyronnaises.

   Revenons à l'Aveyron, dont une troisième commune est concernée par le devenir du groupe Cauval : Séverac-le-Château (à travers l'entreprise Valmont, spécialisée dans les meubles). En 2009, une restructuration (après celle de 2005...) avait transféré les emplois de Millau vers Séverac. Endettée, l'entreprise bénéficie d'un sursis d'un an... avant la fermeture ? Les mêmes inquiétudes sont nourries par les employés de l'usine de Bar-sur-Aube, sur laquelle Gilles Silberman avait annoncé, il n'y a pas si longtemps, vouloir s'appuyer pour concurrencer Ikea sur les canapés.

   Alors, qui est responsable ? La crise a certes joué un rôle, mais elle n'a fait qu'amplifier certaines difficultés. La multiplication des difficultés du groupe, dès 2008, laisse entendre que des problèmes structurels se posent. On peut regretter la frilosité des banques, qui, bien qu'empruntant à 1 % auprès de la BCE, ne contribuent pas à sortir les PME de l'ornière. Le commentaire ajouté à l'article auquel mène le lien précédent suggère des erreurs de stratégie.

   On n'a aussi pas suffisamment parlé d'un changement important dans le secteur de l'ameublement en France : la vente de Conforama (par P.P.R.) au groupe sud-africain Steinhoff. Celui-ci contrôle des usines (étrangères) concurrençant les productions de Cauval, dont un tiers du chiffre d'affaires était réalisé jusque-là avec Conforama. C'est un gros marché qui menaçait d'échapper au groupe. L'installation d'un magasin But sur le Causse Comtal aurait pu apporter des débouchés supplémentaires aux entreprises aveyronnaises. Malheureusement, il semble que ce groupe, contrôlé par des fonds d'investissement, ne pousse pas à l'approvisionnement local.

   Et puis... certaines mauvaises langues suggèrent que les succès de Gilles Silberman n'étaient pas sans relation avec les (excellents) rapports qu'il entretenait avec François Pinault, ancien président du groupe PPR. Il fut son avocat, celui du groupe Pinault-Printemps-La Redoute et ne fut sans doute pas étranger à la prise de contrôle de la FNAC. Or, en 1991, François Pinault s'empare de Conforama... dont la société Cauval va devenir un important fournisseur. On connaît la suite.

   Lors de cette crise, les élus n'ont pas brillé par leur réactivité. Au plan local, des voix ont commencé à s'élever pour dire que l'exécutif départemental n'avait pas fait preuve d'une grande habileté sur ce dossier. Pourtant, les communes concernées font partie de cantons dont les élus sont vice-présidents du Conseil général : Jean-Michel Lalle pour Bozouls (dont il préside la communauté de communes) et Jean-François Albespy pour Entraygues-sur-Truyère. Ils sont du même bord politique que le député de la circonscription, Yves Censi... de surcroît membre de la majorité présidentielle, ce qui doit lui donner un accès privilégié à certains membres du gouvernement. Visiblement, cette accumulation d'élus UMP (et alliés) n'a pas été d'une grande utilité pour le territoire.

   Interrogé sur Totem, le directeur des sociétés liquidées, Daniel Coulon, n'a pas paru avoir une très bonne opinion des élus locaux et semble en vouloir au président du tribunal de commerce Claude Guirande.

   Mais la nouvelle la plus étonnante est venu de la région Centre. Figurez-vous que le ministre de la Ville Maurice Leroy vient d'inaugurer à Mer, dans le Loir-et-Cher, une nouvelle usine de fabrication de matelas Treca, entreprise du groupe... Cauval ! Comme le rappelle Le Nouvel Hebdo dans le numéro 214 (du vendredi 10 février), cette création a bénéficié d'aides publiques (et de la bienveillance des banques)... contrairement à ce qui s'est passé en 2011-2012 en Aveyron. L'argument des élus locaux est que, dans le cas qui nous concerne, il s'agissait d'une entreprise en difficulté, et que donc certaines aides ne lui étaient pas accessibles. Les mauvaises langues ajoutent que l'usine de Mer n'est pas une vraie création... mais une "délocalisation proche", puisque cette "création" est un transfert (avec améliorations) du site voisin de Beaugency, situé de l'autre coté de la frontière avec le Loiret :

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   Voilà pourquoi les auteurs d'un site local (qui s'appuient sur un article de L'Humanité) tracent un portrait peu flatteur au possible des propriétaires de Cauval, quasiment qualifiés de chasseurs de primes.

   Ajoutons, pour terminer, que les bâtiments des usines aveyronnaises appartiennent à une holding distincte du groupe Cauval, Arteval (sise à Lognes), créée en 2009 par Gilles Silberman, qui la dirige toujours. Elle percevait d'importants loyers de la part des usines aujourd'hui en liquidation. D'après Le Nouvel Hebdo, elle se porte très bien.

jeudi, 09 février 2012

Economie de banlieue

   Ce n'est que récemment que je suis tombé sur deux articles passionnants, l'un du Monde, l'autre du Figaro. Le premier est intitulé (dans sa version papier) : Marseille, l'emprise de la drogue. Le second est lui aussi doté d'un titre-choc : Les incroyables comptes d'un dealer marseillais.

   On nous y explique que le commerce de la drogue ne diffère pas fondamentalement de l'économie non souterraine, à ceci près qu'il est sans doute encore plus foncièrement ultralibéral. Le quotidien conservateur met l'accent sur les revenus que les activités illicites procurent à ceux qui gèrent un réseau.

   Le "quotidien de référence", lui, analyse plus en détail les mécanismes de répartition des revenus. Il est notamment question de mystérieux carnets... de véritables livres de comptes, en fait :

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   Dans ce passage, j'ai adoré le sens de l'opportunité du marchand de sandwiches... et j'ai été sidéré que jusqu'à ces extraordinaires "frais de bouche" soient scrupuleusement consignés !

   Voilà du vrai journalisme, associé à une analyse économique non rébarbative, un peu à l'image de ce que l'on peut trouver dans l'excellent ouvrage Freakonomics.

mardi, 01 novembre 2011

Un modèle économique ? (2)

   C'est de nouveau au Monde que l'on doit un article intéressant sur les entreprises à la fois humaines et profitables, des PME en général. La semaine dernière, ce sont des Allemands qui ont été mis en valeur. Ce mardi, c'est une société française qui est à l'honneur, à travers un papier intitulé "Toiles de Mayenne résiste depuis son abbaye cistercienne".

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   Cette entreprise s'est concentrée sur un créneau : le tissu décoratif de qualité (mais pas de luxe). Elle s'appuie sur le savoir-faire d'une maine-d'oeuvre française en majorité et sur des machines qu'on essaie de faire durer.

   La gestion est donc rigoureuse. On ne table pas sur des profits gigantesques... et on les réinvestit dans l'entreprise. On remarque que la bonne santé de l'entreprise ne dépend pratiquement pas du marché international, ce qui pourrait devenir un handicap si les dirigeants tablent sur la croissance de l'activité. On remarque aussi que les descendants des fondateurs ont veillé à limiter l'arrivée d'investisseurs extérieurs, pas toujours soucieux du long terme.

   La politique salariale est audacieuse, depuis le XIXe siècle. Des maisons ont été construites pour les ouvriers, une école laïque ouverte (en 1835 !) pour leurs enfants... et ceux des dirigeants. Une prime d'intéressement généreuse (pouvant atteindre 30 % du salaire) a été mise en place.

   Certes, depuis l'époque glorieuse de l'industrie textile française, le nombre d'ouvriers a fortement diminué et l'on sous-traite une partie de l'activité en Inde, Espagne et sans doute Europe de l'Est, mais le chiffre d'affaires a augmenté, les productions semblent s'être diversifiées et des magasins ont même été ouverts. Comble de la modernité : l'entreprise est présente sur la Toile !

   Pour en savoir plus, on peut lire aussi un article publié sur un site professionnel en 2006.

mercredi, 26 octobre 2011

Un modèle économique ?

   Voici un bien étrange article, publié dans Le Monde daté de dimanche 23 - lundi 24 octobre 2011, accessible uniquement aux abonnés en ligne. Il a pour titre La crise ? "Quelle crise ?", répondent, pour le moment, les PME allemandes.

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   La journaliste, Cécile Boutelet, s'est intéressée au sort d'entreprises situées dans le Bade-Wurtemberg, à Künzelsau pour être précis :

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   A la base, rien ne destinait ces entreprises à devenir florissantes. Elles sont implantées dans un canton rural, entre des collines, pas tout près des grands centres urbains. On est dans l'Allemagne (de l'Ouest) profonde, où l'on parle un dialecte germanique particulier.

   On y trouve pourtant des P.M.E. très dynamiques, pour plusieurs raisons (soulignées par moi dans l'article ci-dessus).

   Alors que les secteurs d'activité pourrait sembler peu porteurs de prime abord (l'une des boîtes fabrique des vis, des systèmes de montage), on a mis l'accent sur l'innovation. On investit les profits et on sollicite la participation des employés, à l'image de ce qui se fait aussi au Japon. Du coup, l'entreprise a déposé quantité de brevets. On s'est aussi très tôt tourné vers l'exportation, pour s'assurer des débouchés.

   Le patronat est du genre paternaliste, à l'ancienne. Ainsi G. Sturm (qui dirige EBM Papst) conduit lui-même sa voiture, continue à fréquenter les habitants moins fortunés que lui dans la chorale locale. La proximité affichée vis-à-vis des employés a son revers, diront certains : le chef n'aime pas trop les intermédiaires, les syndicats, inexistants. En échange, on préserve l'emploi (c'est assez répandu chez un type de dirigeants d'outre-Rhin, les grands comme les petits ; on a ainsi vu il y quelques années Volkswagen privilégier la réduction du temps de travail  aux licenciements). Les employés ne semblent pas mécontents.

   L'autre particularité de ces entreprises performantes est de se méfier du capitalisme financier. Elles évitent tant que faire se peut de recourir aux banques et ont refusé la cotation boursière. Cette attitude n'est pas sans rappeler celle du groupe Bosch, dont l'usine castonétoise est le poumon économique du Grand Rodez. (La dernière journée portes ouvertes s'est déroulée le dimanche 19 juin 2011.)

lundi, 05 septembre 2011

Mon premier euro estonien

   Je ne suis pas un collectionneur et, de surcroît, au départ, j'étais très sceptique vis-à-vis de la monnaie unique. Je dois cependant avouer que je fais partie de ceux qui, fin 2001, se sont rués sur les petits sachets plastiques contenant le "kit euros".

   Et puis, j'ai été piqué par la curiosité. Qu'est-ce que chaque pays allait graver sur ses pièces ? Du coup, les années suivantes, quand j'ai récupéré de la monnaie, je me suis mis à systématiquement examiner les pièces, mettant de côté celles qui n'étaient pas françaises. Je possède à présent presque toutes celles des 12 premiers pays membres de la zone euro. (Manquent juste trois pièces finlandaises.)

Zone euro 2011.jpg

   Je laisse de côté les principautés, dont les émissions ont immédiatement pris un caractère spéculatif. Adieu, monnaie de Monaco, du Vatican et de Saint-Marin ! (Quant aux pièces commémoratives, elles ne m'intéressent guère.)

   Depuis, j'ai levé le pied. De temps à autre, il m'arrive de jeter un oeil aux pièces, machinalement. J'ai ainsi récupéré celles de 50 centimes et 2 euros chypriotes, celles de 5 et 50 centimes maltaises, celles de 50 centimes et 1 euro slovènes.

   Aujourd'hui, mon regard a été attiré par une pièce un peu plus brillante que les autres :

DSCN3277.JPG

    En général, c'est le signe qu'elle est assez récente. Cela pouvait être une nouvelle pièce commémorative. En fait, non. Voici ce que l'on peut voir en la retournant :

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   Outre la mention "EESTI" ("Estonie" en estonien), on remarque l'année (2011, qui marque l'entrée d'un 17e pays dans la zone euro) et la carte d'un territoire, qui n'est pas sans ressembler à celui-ci :

estonie_carte2.jpg

   Il reste à savoir comment la pièce, issue d'Europe de l'Est, a pu se retrouver dans le chef-lieu aveyronnais. Si le transfert a été direct, on peut supposer l'action d'un-e touriste estonien-nne de passage par chez nous ou celle d'un-e touriste rouergat-e de retour des pays baltes.

   Si le transfert a été indirect, on peut tout imaginer !

mercredi, 13 juillet 2011

Lagarde les pieds dans le Tapie

   ... ou comment la lecture d'un ouvrage consacré à l'affaire Tapie - Crédit Lyonnais nous mène à la nouvelle directrice générale du FMI. Cet ouvrage est sorti à la fin de l'année 2008 ; il s'agit de Sous le Tapie, de Laurent Mauduit, un ancien du Monde aujourd'hui membre de la rédaction de Mediapart.

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   L'auteur reprend en détail tous les aspects de l'affaire, qui remonte en fait au second septennat de François Mitterrand. C'est dire que, si l'ouvrage (comme on va le voir) dresse un portrait sombre du pouvoir sarkozyen, le mitterrandisme triomphant n'en sort pas plus grandi.

   L'un des points clés est le choix, par le gouvernement Fillon, de l'arbitrage pour régler le conflit qui oppose Bernard Tapie au C.D.R., une structure chargée de gérer les "affaires pourries" du Crédit Lyonnais. Deux arguments principaux sont développés par L. Mauduit : l'illégalité d'une telle procédure et surtout son inutilité. L'arbitrage n'est pas légal car, pour accepter cette procédure, le CDR devait avoir l'autorisation de sa maison mère, l'EPFR (Établissement Public de Financement et de Restructuration), qui n'avait juridiquement pas le droit de la lui donner. Cela n'a pas empêché le gouvernement (par l'intermédiaire de sa ministre) d'ordonner à ses représentants aux conseils de ces organismes de voter le recours à l'arbitrage...

   Qui plus est, c'était inutile, puisque la Cour de cassation, en séance plénière (fait rarissime), venait d'annuler le jugement de la Cour d'appel favorable à Bernard Tapie. Une autre Cour d'appel devait donc examiner l'affaire et, compte tenu des attendus de la décision de la Cour de cassation, il ne faisait aucun doute que Bernard Tapie allait subir une déconvenue. (On pourrait ajouter que, vu les circonstances, l'arbitrage n'était pas non plus la procédure la plus adaptée.)

   Dans cette histoire, en gros, la puissance publique a constamment joué contre son camp. L'intérêt du livre de L. Mauduit est de donner une vision nuancée de la chose : à chaque étape, si de mauvais esprits ont œuvré en faveur des intérêts de B. Tapie, d'autres se sont élevés contre les manigances. C'est tout à leur honneur.

   Un autre élément important est la personnalité des trois "arbitres", Pierre Mazeaud, Jean-Denis Bredin et Pierre Estoup. Les deux parties ont dû se mettre d'accord sur ces noms. On peut donc penser qu'on a choisi des spécialistes des questions en cause, présentant de surcroît des garanties d'indépendance incontestables.

   Cela semble être le cas pour Pierre Mazeaud. Même s'il était encarté à l'UMP, ce gaulliste historique, docteur en droit (tout juste retiré du Conseil constitutionnel), traînait avec lui une réputation d'intégrité. Il était de surcroît chiraquien, désigné dans une procédure initiée par le pouvoir sarkozyen... mais il n'était pas du tout familier de l'arbitrage, au contraire des deux autres. Précisons aussi qu'à l'époque où Pierre Mazeaud présidait le Conseil constitutionnel (début 2007), l'institution a censuré une disposition législative (introduite en douce... peut-être à l'instigation d'un ministre de l'Intérieur...) autorisant un établissement public à recourir à l'arbitrage. Pierre Mazeaud devait donc être conscient que la procédure à laquelle il participait n'était pas irréprochable sur le plan juridique.

   Jean-Denis Bredin faisait aussi figure de personnalité incontestable. Il est avocat de formation. Le cabinet auquel il appartient est coutumier de l'activité d'arbitrage. Il s'est aussi fait remarquer par plusieurs ouvrages historiques de bonne facture, notamment L'Affaire (sur l'affaire Dreyfus) et une biographie de l'abbé Sieyès. C'est aussi un militant "de gauche"... plus précisément un ancien vice-président du M.R.G., le Mouvement des Radicaux de Gauche... qui a compté Bernard Tapie parmi ses membres ! Aïe ! A cela s'ajoute un vieille affaire d'arbitrage, à laquelle J-D Bredin a participé. Il était question des frégates de Taïwan et de rétrocommissions, à travers des personnes aussi dignes de confiance qu'Alfred Sirven et Christine Deviers-Joncour.

   Mais c'est sans conteste la figure de Pierre Estoup, ancien président de la Cour d'appel de Versailles, qui a le plus pesé sur la rédaction de la décision d'arbitrage. A priori, il semblait donner toutes les garanties de rigueur et d'indépendance. Mais l'analyse de son activité laisse planer quelques doutes...

   Dans le livre de Laurent Mauduit, on trouvera aussi de quoi méditer sur le "préjudice moral" subi par Bernard Tapie : il est bien sûr inexistant... et, quand il est malgré tout reconnu valable, on le chiffre à des millions d'euros, somme à comparer avec les vrais préjudices, subis par exemple par les victimes de l'amiante ou d'erreurs judiciaires... (Tout compris, B. Tapie aura touché quelque 130 millions d'euros, devenant ainsi par la grâce d'une procédure de complaisance, l'un des hommes les plus riches de France... et ce alors qu'à l'origine, il n'a pas déboursé un sou pour prendre le contrôle d'Adidas !)

   L'un des apports les plus intéressants du livre reste son analyse des liens entre Bernard Tapie et la droite, plus précisément Nicolas Sarkozy. Les deux hommes se connaissent depuis 1983. Mais, à l'époque, l'homme d'affaires cherche en priorité à se rapprocher du pouvoir mitterrandien, ce à quoi il est finalement parvenu. C'est durant la deuxième cohabitation (entre 1993 et 1995) que, sentant sans doute le vent tourner, Tapie, aux prises avec la justice, rejoint les balladuriens. Le livre de Laurent Mauduit décrit en détail les détours de la procédure judiciaire en fonction des aléas politiques du moment : le gouvernement Balladur a envisagé d'utiliser la candidature Tapie pour torpiller celle de Jacques Delors ! Une fois celle-ci écartée, l'homme d'affaires a vu sa protection se déliter...

   Curieusement, le livre ne relève pas de relation particulière entre Tapie et Jacques Chirac. Pourtant, les deux hommes ne sont pas sans point commun. Mais, sous la troisième cohabitation (entre 1997 et 2002), Bernard Tapie s'est rapproché de la gauche. C'est d'ailleurs à cette époque que, sous l'impulsion de Laurent Fabius, l'idée d'un arbitrage est lancée... mais le Premier ministre Lionel Jospin ne pouvait pas encadrer l'homme d'affaires...

   C'est donc sous le quinquennat de Jacques Chirac que les petites affaires de B. Tapie se remettent à prospérer. Le livre trace les liens qui mènent à Nicolas Sarkozy, soit comme ministre de l'Intérieur, soit comme ministre de l'Économie et des Finances. Moins connu est le rôle d'intermédiaire joué par "l'ami de trente ans" Brice Hortefeux.

   Depuis 2007, les choses se sont accélérées. C'est là qu'intervient Christine Lagarde. Elle a été un bon petit soldat du sarkozysme, assumant des décisions qu'elle n'a pas dû prendre seule... et mentant publiquement à plusieurs reprises. Le livre insiste aussi sur l'action de son ancien directeur de cabinet, Stéphane Richard (aujourd'hui PDG de France Télécom...). Le récit de la manière dont le monsieur a fait fortune (et celui de son redressement fiscal) mérite le détour.

   Après cette salve anti-droite, ne croyez pas pour autant que le livre épargne la gauche. C'est quand même elle qui a contribué à créer le phénomène Tapie. Plusieurs chapitres évoquent les années Mitterrand, loin du vernis doré dont on a récemment tenté de les parer. Quelques piques bien senties sont lancées en fin d'ouvrage. Force est de remarquer la lâcheté de nombre de députés socialistes...

   L'affaire Tapie n'est pas terminée. Certains croient encore en la justice. Des procédures sont en cours.

   Reste le cas Lagarde. Je laisse de côté (pour l'instant) la Cour de Justice de la République. Parlons plutôt de sa nomination à la tête du FMI. De deux choses l'une : soit c'est une personne hyper-compétente, et alors le gouvernement Fillon s'est séparé d'un talent difficilement remplaçable, soit elle n'est qu'une baudruche médiatique.

   Dans le premier cas, on peut se demander ce qui a motivé les dirigeants français. On peut penser que, s'ils jugent Christine Lagarde compétente, elle servira les intérêts de la France (et de l'Union européenne) à la tête du FMI. C'est oublier un peu vite l'exigence d'impartialité qui va lui être imposée, même si, au sein du Conseil d'administration de l'organisme, les pays de l'UE disposent ensemble d'une minorité de blocage.

   Dans le second cas, on se dit que le gouvernement français a voulu réaliser un "coup" médiatique. Christine Lagarde "passe" bien et elle ne semble pas aussi marquée politiquement que nombre de ses collègues UMP. C'est un moyen de rehausser le prestige du gouvernement aux yeux des électeurs, qui seront tentés de se dire : ah ben tiens, c'est bien, on a une Française à la tête du FMI. C'est aussi une manière comme une autre de faire passer au second plan d'autres sujets d'actualité.

   Un élément pourrait accréditer la deuxième thèse : la négligence avec laquelle on a procédé au remplacement de la ministre de l'Économie. Le ballet des importants et les crises de gamins qui ont abouti à la nomination de François Baroin laissent penser que ce n'est pas là que se décide la politique économique de notre pays.

lundi, 20 juin 2011

Portes ouvertes à l'usine Bosch

   C'est le premier employeur privé du département, avec 1 800 salariés. Ce dimanche 19 juin 2011, pour les 125 ans du groupe, l'usine de Rodez ouvrait ses portes. En réalité, il fallait se rendre aux confins de Rodez et d'Onet-le-Château, où est implanté le site :

actualité,économie

   Pour faciliter le repérage, sur l'image, j'ai marqué d'une croix noire l'emplacement de la cathédrale de Rodez. En vert, j'ai colorié le site de l'hôpital de Bourran et en rouge, celui de l'usine, qui se trouve donc un peu à l'écart, à l'est, pas très loin de la RN 88.

   C'était la quatrième fois que le groupe se livrait à ce genre d'opération de communication. En 2002, j'avais raté le coche. Cette fois-ci, j'ai réservé mon dimanche après-midi.

   A l'arrivée, sur le parking sud, on est accueilli par des parterres bien aménagés, comme celui qui est planté de lavande :

DSCN3209.JPG

   C'est une heureuse surprise : les bâtiments sont entourés de quelques espaces verts très bien entretenus. L'intérieur a lui été visiblement nettoyé à fond. Comme l'a fait remarquer une personne de sexe féminin qui suivait la visite en ma compagnie, il était très difficile de trouver un grain de poussière. Le moindre coin de fenêtre semblait avoir été examiné !

   Après avoir monté les escaliers, on passait par un petit chapiteau, où l'on recevait le plan des visites possibles :

Visite 19 06 2011.jpg

   Après, chacun faisait ce qu'il voulait, dans l'ordre qu'il voulait. Les explications étaient fournies par des personnes se trouvant à l'intérieur des bâtiments, ainsi que sur des panneaux conçus pour l'occasion.

   J'ai commencé par la partie E1, le traitement des eaux. Au fond de la salle, un type, micro en main, expliquait le trajet suivi par les rejets liquides et les traitements appliqués. C'était très intéressant. Une partie de ces rejets passe par la station d'épuration de Cantaranne toute proche. Mais ils ne représentent que 1% des eaux traitées là, la grande majorité étant issue des laiteries et des abattoirs voisins. Notons qu'ensuite les eaux sont envoyées à Bénéchou, pour être notamment déphosphorées.

   En sortant de là, j'ai sauté une étape pour tout de suite entrer dans le bâtiment-roi, celui qui est consacré à la fabrication des injecteurs Common Rail, la pépite industrielle du site (E3). Bon, je dois avouer que j'étais un peu largué par les aspects techniques. Notons qu'à l'étage se trouve un atelier "sous cloche", une salle blanche isolée du reste du bâtiment, où l'on n'entre qu'en passant par des sas et vêtu de manière appropriée.

   Juste à côté (E2) sont fabriquées les bougies, un secteur traditionnel de l'entreprise. Un parcours a été ménagé pour les visiteurs, avec des haltes qui portent des noms aveyronnais ("Belcastel", "Marcillac", "Laguiole"...). Notons qu'une légère majorité de cette activité n'est pas destinée à la "première monte" (les bougies installées sur les voitures neuves), mais aux réparations : si certains constructeurs cherchent à rogner sur les coûts en se fournissant chez la concurrence, il semble que les garagistes et les automobilistes avertis préfèrent, ensuite, les produits Bosch.

   Ensuite, j'ai eu un petit coup de pompe. Je suis passé assez vite  dans le bâtiment 108 ("maintenance et environnement"). Il y avait pourtant des trucs intéressants. L'entreprise se veut un héraut du développement durable. L'usine s'est engagée dans des programmes européens (GreenLight et Motor Challenge). Elle a aussi obtenu des prix au sein du groupe Bosch. De manière générale, il est frappant de constater la place prise par les différents types de bacs et poubelles qui servent à trier les déchets.

   L'entreprise cultive donc l'excellence et on ressent chez ses employés une certaine fierté à en faire partie. D'ailleurs, parmi les nombreux visiteurs de ce dimanche se trouvaient d'anciens ouvriers et cadres, ainsi que les membres des familles. C'est un signe qui ne trompe pas.

   Autre signe qui ne trompe pas : la présence du directeur de l'usine, Albert Weitten, qui a circulé entre les différents bâtiments, sans manifester le moindre pédantisme.

actualité,économie

(Centre Presse, 17 juin 2011)

   La fin de la visite n'a fait que confirmer une impression de départ : le poids considérable des machines dans la fabrication des pièces. Etre ouvrier aujourd'hui, c'est savoir utiliser un matériel de pointe (parfois). Dans certains ateliers, les panneaux explicatifs étaient accompagnés d'un petit film montrant certaines de ces machines en action, impressionnantes de complexité et de précision.

   Je ne sais pas si des élus locaux sont venus le matin même. Toujours est-il que certains d'entre eux figurent sur l'un des panneaux, qui évoque une situation un peu ancienne : sur les photographies, on pouvait reconnaître Marc Censi (l'ancien maire de Rodez, en compagnie d'une partie de son équipe municipale d'alors), Jean Puech (l'ancien président du Conseil général) et les députés Jacques Godfrain et Yves Censi (ce dernier sans barbe mais avec des cheveux).

   Avant de partir, un petit passage par la cantine du site s'imposait. On pouvait y boire de l'eau, une boisson gazeuse ou des jus de fruits... et surtout y déguster une délicieuse fouace ! Pour passer le temps, il était possible de regarder une animation numérique montrant l'évolution du site sur près de 50 ans ou de lire les derniers panneaux, consacrés à la vie et à l'oeuvre de Robert Bosch.

   On avait pensé aux gamins, qui ont pu se dépenser sur un tatami. Les grands enfants sont repartis de la salle avec une boîte en fer-blanc aux couleurs de l'entreprise :

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   Bref, ce fut une opération de communication réussie, au service d'une entreprise capitale pour l'économie du Grand Rodez, mais qui n'est hélas pas suffisamment connue.

dimanche, 23 janvier 2011

Des communes bien gérées ?

   La nouvelle avait produit un petit effet dans le landernau grand-ruthénois. D'après le classement publié par le magazine Challenges, Rodez et Onet-le-Château font partie des communes urbaines les mieux gérées de France, puisqu'elles figurent dans la liste des 42 qui obtiennent la meilleure évaluation : trois étoiles.

   Attention toutefois : seul le nombre d'étoiles classe les communes ; ensuite, à l'intérieur de chaque catégorie, elles sont disposées par ordre alphabétique.

   Les étoiles correspondent à des notes, établies selon des critères en apparence précis :

- les charges courantes rapportées aux recettes réelles de fonctionnement

- le stock de la dette rapporté aux recettes de fonctionnement

- la charge annuelle de la dette (capital et intérêts) rapportée aux recettes de fonctionnement

- la mesure de l'écart entre les prévisions budgétaires et les réalisations

- la mesure de l'impact de la fiscalité directe votée par la collectivité

   Ce sont donc des critères essentiellement quantitatifs, avec une part de qualitatif. Comparons les résultats détaillés des deux communes :

Onet Rodez gestion 2010.jpg

   En terme de "rigidité", Rodez est mieux notée qu'Onet. Ses charges courantes sont estimées moins fortes par rapport aux recettes de fonctionnement. Cela pourrait expliquer pourquoi le maire d'Onet a annoncé vouloir augmenter les impôts. Ceci dit, avec deux étoiles, il a encore de la marge. Mais peut-être y va-t-il franco en 2011 pour pouvoir alléger la pression fiscale autour de 2013-2014, avant les élections...

   L'endettement est plus élevé à Rodez (c'est le critère de "solvabilité" qui permet de s'en rendre compte), ce que reconnaît Christian Teyssèdre. Dans ce domaine, il gère un "héritage", celui de l'équipe précédente.

   Cela se vérifie donc au niveau du critère du "service" (de la dette). Si la commune est endettée, elle a les moyens (pour l'instant) de régler ses comptes. Dans quelle mesure la réalisation des chantiers entrepris (en particulier le surcoût occasionné par la construction du musée Soulages) ne va-t-elle pas dégrader la situation financière de Rodez ?

   En termes de "fiscalité" et de "réalisation", les deux communes sont au même niveau. Le sous-entendu est qu'elles disposent encore de marges de manoeuvre... ce que les contribuables locaux seront ravis d'apprendre (en gros, elles peuvent encore se permettre d'alourdir la pression fiscale).

   C'est bien beau, tout ça, mais si on comparait avec une municipalité de droite, de préférence aveyronnaise ? J'en ai trouvé une dans le classement : Villefranche-de-Rouergue, notée une étoile (page 15).

Villefranche gestion.jpg

   La commune gérée par Serge Roques souffre ainsi de trop grandes charges de fonctionnement par rapport à ses recettes réelles. La charge annuelle de la dette semble aussi très importante pour une commune de cette taille.

   C'est curieux tout de même : quand l'étude de Challenges a été publiée, on a beaucoup commenté les résultats de Rodez et Onet-le-Château (peut-être parce que les maires en ont causé les premiers) ; on a peu (pas) commenté l'intérieur du classement, où l'on peut trouver, notées à une étoile, les communes de Castres et Lavaur (gérées par deux élus UMP qui font régulièrement parler d'eux), mais aussi celle de Millau (pan sur la gauche aussi, tiens !) et, plus bas encore, Cahors dont la situation financière semble inquiétante.

vendredi, 21 janvier 2011

Les maux de la presse française

   On a coutume de dire que la chute des ventes de la plupart des journaux est liée à la baisse de la qualité rédactionnelle ainsi qu'à la concurrence des gratuits (20minutes, Metro, Direct), qui captent, outre des lecteurs, des annonceurs publicitaires. A cela il faut ajouter les sites internet d'information. Certains journaux ont toutefois compris qu'il était stupide de mettre en ligne l'intégralité de la version papier (du moins gratuitement).

   Ce n'est qu'un aspect du problème. Ici comme ailleurs, les coûts de production ne sont pas à négliger. Ainsi, au Monde, un peu moins de 25 % du budget est consacré à l'équipe journalistique. Mais alors, qu'est-ce qui peut pomper la majorité des fonds ? Les coûts de fabrication et de distribution. L'imprimerie du Monde connaît des difficultés et le quotidien, comme la majorité des organes de presse français, est confronté au quasi-monopole de diffusion de Presstalis (les anciennes NMPP), contrôlée à 49 % par Lagardère, mais surtout noyautée par un groupe d'employés récalcitrants, très portés sur la grève et le blocage.

   On en a encore eu une illustration à la fin de 2010. La diffusion des journaux parisiens (à l'exception de Marianne, distribué par les MLP) a été bloquée (alors qu'en province, les abonnés ont pu recevoir leur exemplaire). A cette occasion, l'hebdomadaire Challenges a publié, en date du 22 décembre 2010, un excellent article qui n'a pas eu le retentissement qu'il méritait.

   Qu'y apprend-on ? Que les employés de la filiale parisienne de Presstalis gagnent en moyenne 4 500 - 5 000 euros par mois !... et, tenez-vous bien, pour un travail de 32 heures par semaine... durant 42 semaines, ces forçats bénéficiant de 10 semaines de congés payés ! Et l'on s'étonne après qu'avec de telles charges la presse ne puisse se passer des aides de l'Etat ! (Au passage, ami jeune, si tu as envie d'un boulot kiffant, valorisant, super bien payé et pas trop fatigant, c'est le moment d'envisager une reconversion !)

   Tout n'est pas nouveau dans cet article. Je me rappelle d'un entretien diffusé dans le journal de 13 heures de France Inter, il y a quelques années de cela (à l'occasion d'un autre mouvement d'humeur de ces prolétaires méritants). L'invité, membre du Syndicat du Livre (qui, soyons honnête, n'est pas toujours responsable du merdier), avait reconnu que les employés avaient des conditions de travail "très correctes". Il me semble même qu'il avait dit combien il gagnait (autour de 3 500 - 4 000 euros par mois, si je me souviens bien).

   Des gisements d'économies existent aussi au sein même des journaux. Ainsi, les récents chamboulements survenus à la tête du Monde ont favorisé la sortie d'informations jusque-là restées confidentielles. Très confraternellement, c'est Le Point qui, dans un article fouillé, s'est fait un plaisir de révéler le poids pris par les services administratifs du "quotidien de référence" (qui en reste une, quoi qu'en disent les mauvaises langues) : entre les inutiles payés 100 000 euros par an et les voitures de fonction avec chauffeur (plus de 40 au total), on voit qu'il y a de quoi récupérer de la "maille"...

   Même si ces problèmes ne doivent pas occulter la trop faible indépendance éditoriale de notre presse et la carence du travail d'enquête approfondi, on oublie trop souvent que les journaux sont d'abord des entreprises.

jeudi, 30 décembre 2010

Inside Job

   C'est un documentaire américain, long (1h50), consacré aux causes et aux conséquences de la crise financière de 2008-2009.

   Une réelle volonté pédagogique anime le réalisateur (il a construit un plan grosso modo chronologique), qui connaît visiblement son sujet (et a tenu à le faire savoir aux spectateurs, vu la manière dont les entretiens sont montés) et qui a rencontré de nombreux acteurs de ce drame économique et social. Il est aussi intéressant de relever les noms de ceux qui ont refusé de le rencontrer (notamment Alan Greenspan).

   A ces entretiens sont ajoutés des commentaires, des graphiques (certains d'entre eux peut-être tendancieux... faudrait que je revoie cela), beaucoup d'incrustations. On rentre vraiment dans le détail d'opérations financières complexes, que l'auteur réussit à rendre compréhensibles.

   C'est qu'il a fallu animer ce film ! Seul le générique de début est un vrai moment de cinéma, sur la chanson de Peter Gabriel Big Time. Le reste est souvent intéressant, parfois ardu et/ou ennuyeux dans la forme.

   Résultat ? On rit parfois (quand il prend en défaut ses interlocuteurs), on se désole et s'indigne souvent. En sortant de là on a envie de pendre les banquiers et les financiers (ainsi que quelques politiques) par les parties génitales !

   Le pire est qu'au fur et à mesure que le film se déroule, on se rend compte que la "nouvelle" équipe dirigeante des Etats-Unis, celle qui entoure Barack Obama, est constituée (en partie) de vieux routiers du système injuste et corrompu qui a provoqué la crise... Il y a quelque chose de pourri au royaume de la finance, moi j'vous l'dis !

   Ah, et nous, les Frenchies, on peut se délecter des paroles de deux de nos représentants : Dominique Strauss-Kahn (en tant que directeur général du F.M.I) et Christine Lagarde. Ils bénéficient d'un traitement favorable de la part du réalisateur. D.S.K. apparaît comme le mec au-dessus de la mêlée, qui avait tout compris mais qu'on n'a pas assez écouté. Cri-cri incarne la Politique au sens noble du terme, une sorte de vertu et de sens de l'intérêt général européens que les Américains auraient perdus. Reconnaissons que, de ce point de vue, le film manque un peu de finesse...

   Sur le même sujet, j'ai préféré Cleveland contre Wall Street, qui prend la forme d'une fiction, tout en faisant preuve de rigueur dans l'analyse des causes de la crise.

21:58 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

vendredi, 10 décembre 2010

Ma facture d'électricité

   Cela fait partie des "douceurs" que l'on reçoit à l'approche des fêtes de fin d'année. J'y ai été d'autant plus attentif que je me suis récemment intéressé au devenir des barrages hydroélectriques situés sur le Lot et la Truyère, abordé notamment lors de la réunion publique d'Entraygues.

   J'ai remarqué il y a un petit moment déjà que la facture détaillée révèle, quand on prend la peine de la lire et de l'analyser, quelques informations sur la manière dont le con-sommateur moyen se fait entuber. Je me suis amusé à construire un demi-camembert illustrant la composition de ma facture globale :

Facture EDF 2010.jpg

   Première surprise : la consommation ne représente que 42 % de la somme payée par moi en 2010... devant, ô surprise, l'abonnement (environ 80 euros au total). Voilà qui n'est pas sans rappeler des choses aux clients de France Télécom... Pour être honnête, il faut signaler que le tarif de cet abonnement a diminué de 18 centimes d'euro, soit une baisse de 2,8 %... largement compensée par l'augmentation du prix du kilowatt-heure (+7,3 % en heure creuse et + 7,4 % en heure pleine). Ah, la poésie des quatre chiffres après la virgule !

   Du coup, j'ai rejeté un coup d'oeil à mon bilan 2009... et j'en tire des conclusions similaires. Le tarif de l'abonnement avait diminué de 16,8 %, le prix du kilowatt-heure avait lui augmenté de 10 % en  heure creuse et de 4,5 % en heure pleine. Rétrospectivement, j'ai ressenti comme une vive douleur au niveau de l'anus...

   Les taxes tant décriées (au premier rang desquelles la T.V.A.) ne pèsent finalement que pour 20 % de la somme. Restent 6 %. C'est la cerise sur le gâteau : il s'agit de la C.T.A. (contribution tarifaire d'acheminement) et de la C.S.P.E. (contribution au service public d'électricité). La première finance... la retraite des employés d'EDF-GDF (donc celle de notre bien aimé maire de Rodez Christian Teyssèdre... J'en vois qui sont sur le point de faire une attaque !). La seconde permet notamment aux producteurs d'énergie renouvelable de voir leur courant acheté à tarif avantageux par EDF. (Les contempteurs des éoliennes sont priés de se calmer !)

   Amis consommateurs, sachez que l'entubage n'est pas prêt de s'achever, car approche à grands pas l'invasion des compteurs électriques intelligents ! C'est nous qu'on va devoir les payer ! En plus, ils vont nous espionner ! Quant à l'argument-massue (les économies que nous sommes supposés réaliser à l'usage, en adaptant notre consommation aux tarifs horaires), il me paraît bien utopique et ne tient pas compte des rythmes de la vie moderne. Dans cette affaire, les grands gagnants seront EDF et GDF-SUEZ, qui vont pouvoir supprimer des postes de techniciens... grâce à l'argent des abonnés ! Trop fort !

mercredi, 01 décembre 2010

Entre nos mains

   C'est un documentaire, signé Mariana Otero, consacré à une entreprise textile placée en redressement judiciaire. Certains salariés ont l'idée de monter une SCOP pour tenter de sauver la boîte... tout en restant indépendants des "patrons" et financiers.

   Ce film se place évidemment dans la lignée de Les LIP, l'imagination au pouvoir (un extrait ici), mais aussi du moins connu Rêve d'usine (extraits ici).

   Ces portraits d'ouvrières, de commerciaux, de secrétaires sont attachants. La "sauce" a toutefois du mal à prendre. 1h30 de docu économico-social, même illustrant un combat original, c'est long. Et il manque une partie de l'arrière-plan. Il aurait ainsi fallu davantage creuser du côté des clients de l'entreprise, qui semble avoir abandonné les petits et moyens détaillants, pour se concentrer sur les grandes surfaces (Leclerc, Auchan et Cora, si je ne m'abuse). Il aurait aussi fallu aller voir du côté de chez Cora, qui déréférence les produits de l'entreprise, condamnant à terme la SCOP.

   A l'écran, si les tranches de vies sont intéressantes, je trouve quand même que c'est plutôt l'inaction qui règne dans l'usine. Est-ce dû aux choix de la réalisatrice ? Est-ce voulu, pour montrer la perte d'activité ? On ne le sait pas.

   J'ai donc été un peu déçu.

dimanche, 21 novembre 2010

Les barrages hydroélectriques ne sont pas éternels

   Je ne fais pas allusion aux catastrophes naturelles, qui peuvent les endommager ou les détruire (ce qui est très rare), mais à la décision prise parfois de supprimer un barrage hydroélectrique existant. C'est ce que l'on appelle l'effacement de barrages.

   Il en a été question lors de la réunion organisée vendredi 19 novembre à Entraygues-sur-Truyère. Lors de l'une des séances de questions du public, Anne Verlaguet-Souliès a évoqué cet aspect méconnu de la vie des barrages. (Elle l'a rappelé dans la réponse qu'elle a écrite à mon précédent billet.) Elle a demandé s'il était envisageable d'appliquer cette procédure à l'une des structures construites sur le Lot ou la Truyère.

   L'un des intervenants (Jean Comby, si je me souviens bien) a répondu que la chose avait été faite en Bretagne. Je ne me souviens plus de l'exemple cité, mais j'ai retrouvé le cas du barrage de Kernansquillec, démantelé entre 1996 et 2001. (Ecologie et tourisme sont devenus les deux mamelles du développement de la vallée du Léguer.) Il en a été de même pour celui de Maisons-Rouges (en Indre-et-Loire) en 1998-1999.

   D'après un ouvrage publié en 2005, Eaux et territoires : tensions, coopérations et géopolitique de l'eau (voir pages 153-155), la France et les Etats-Unis ont été pionniers dans l'effacement des barrages. Sur le site rivernet.org, on peut trouver une liste de sites concernés, en France, en Espagne aux Etats-Unis. (Les fiches auxquelles renvoient certains de mes liens ont été produites par l'Onema, Office national de l'eau et des milieux aquatiques, sur le site duquel on peut trouver une liste d'aménagements des cours d'eau, parmi lesquels l'effacement de barrages.)

   Cela m'a conduit à la Haute-Loire, évoquée par Mme Verlaguet. Le barrage de Saint-Etienne-du-Vigan (situé à la pointe sud du département) a bien été détruit à la toute fin du XXe siècle. Dans la plupart des cas, c'est la circulation et la reproduction des saumons qui semblent avoir fortement pesé dans la décision. Le sort des anguilles peut-il jouer ce rôle vis-à-vis du barrage de Castelnau ? J'en doute. (Encore que... J'ai appris tout récemment que la France avait mis au point un "plan anguille", en application d'un règlement européen qui a pour but de sauvegarder cette espèce menacée.)

   P.S.

   Anne Verlaguet-Souliès a été candidate aux dernières élections régionales, (numéro 4) sur la liste Modem conduite par Jean-Marie Daures. On peut la découvrir dans une petite vidéo publiée sur le site Dailymotion. Elle enseigne l'histoire-géographie et cela s'est senti le soir de la réunion organisée par EDF : au cours de l'une de ses interventions, elle a fait référence au bon classement de la Norvège selon l'I.D.H. (l'indice de développement humain). Ce pays est d'ailleurs en tête selon le dernier rapport publié par le P.N.U.D. au début du mois de novembre.

samedi, 20 novembre 2010

EDF communique sur les barrages hydroélectriques aveyronnais

   Vendredi 19 novembre, au gymnase d'Entraygues-sur-Truyère, à partir de 20h15, s'est tenue une réunion d'information ("une rivière, un territoire"), co-organisée par les élus locaux et l'entreprise E.D.F., concessionnaire des barrages construits sur le Lot et surtout sur son affluent la Truyère. Voici une carte de l'ensemble des barrages d'amont, qui dépendent du G.E.H. (Groupe d'Exploitation Hydraulique) Lot-Truyère, qui a son centre... à Aurillac.

Barrages carte.jpg

   La réunion a été préparée avec soin, annoncée dans la presse locale, par des articles mais aussi des publicités, comme celle-ci, publiée dans Centre Presse à plusieurs reprises :

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   Le plan des thématiques abordées a été légèrement modifié, sans doute pour mieux tenir compte des préoccupations des riverains. Ainsi, on a commencé par un thème qui n'était même pas prévu dans le programme originel, la sûreté des barrages et de leurs environs, avant de passer à la gestion de l'eau (au sens large), puis à la mise en concurrence pour le renouvellement des concessions et enfin au développement économique du territoire.

   C'est un ancien de Sud Radio qui a animé la soirée, rivé à son I-Pad (et cloué à son oreillette), assisté d'une régie installée en fond de salle, alors que sur l'estrade, les intervenants étaient placés sous un écran de taille moyenne (mais le son était de très bonne qualité).

   L'animateur a un peu gonflé son auditoire au début. J'ai eu l'impression qu'il se croyait dans une salle de concert ou dans une émission de télé-réalité. Ses supposés traits d'esprit et ses flatteries grossières n'ont pas convaincu le public, au point qu'à un moment, un papy a pris la parole pour lui demander d'arrêter de se croire "au music-hall". La flèche a touché son destinataire : l'animateur a été plus sobre par la suite (même s'il a mal encaissé la critique, à laquelle il a fait deux fois allusion) et il a bien joué son rôle de Monsieur Loyal, permettant aux cadres d'E.D.F. de s'exprimer dans de bonnes conditions, tout en donnant la parole à la salle.

   Chaque partie a débuté par un petit film accompagné parfois d'un diaporama, auxquels succédaient les commentaires des spécialistes de l'entreprise, notamment Jean Comby (la soixantaine, maîtrisant très bien son sujet, assez clair dans ses explications et à jour des modifications juridiques) et Luc Tabary (la quarantaine, pas très à l'aise au début, plus intéressant et sûr de lui à la fin de la soirée). Ensuite, parole était donnée à la salle, pour des questions.

   A ce sujet, j'ai senti un certain étonnement dans la foule quand les gens ont constaté que l'animateur gardait le micro en main pendant que les spectateurs posaient leur question ou exprimaient une opinion. C'est devenu la règle dans ce genre de manifestation, pour éviter que des activistes (ou un type un peu timbré) ne détournent la chose à leur unique profit. Il manifeste ainsi sa volonté de rester le maître du jeu.

   Le premier thème a donc porté sur la sécurité, sujet extrêmement sensible pour l'auditoire, qui ne s'est pas facilement rendu aux arguments des spécialistes. Plusieurs échanges ont ainsi porté sur l'usage de la "sirène" (une corne de brume, en fait), testée le premier mercredi de chaque mois, mais à des heures différentes. Le détail des mesures de prévention, ainsi que le processus d'évacuation en cas d'accident majeur, ne sont pas bien connus des habitants de la région. (C'est peut-être une pierre jetée dans le jardin des élus locaux, dont certains se sont longtemps reposés sur les uniques efforts d'EDF...) L'un des intervenants a tenté de rassurer la foule en affirmant que la sûreté des installations était le souci majeur du groupe et qu'un rapport à ce sujet était accessible sur la Toile... ce qui est exact.

   On sait toutefois que les rives de la Truyère et du Lot font partie des espaces les plus menacés par le "risque barrages" (coloriés en bleu foncé sur la carte) :

Risque barrages.jpg

   C'est une femme qui a, la première, osé poser des questions. (Elle est intervenue à plusieurs reprises, toujours pertinemment. A la fin de la réunion, j'ai fini par connaître son nom, cité par Jean-Claude Luche : il s'agit je crois de Marie Verlaguet.) Au départ, elle m'a paru défendre son petit jardin (elle habite à proximité de l'évacuation de l'eau du barrage de Castelnau, vers Espalion). A la fin de la soirée, j'avais changé d'avis, tant ses remarques et questions ultérieures m'ont paru marquées du coin du bon sens... et parfois de l'espièglerie : elle a reproché à EDF d'avoir manqué "d'énergie" dans l'animation du territoire, soupçonnant la récente débauche d'efforts de séduction d'être liée à la mise en concurrence.

   Le deuxième thème a porté sur la gestion de l'eau, en amont comme en aval des barrages. C'est à ce moment-là que les membres des associations de pêche ont donné de la voix. Il a notamment été question des éclusages, de l'évacuation (ou plutôt de la non évacuation) des limons. Ce fut un moment fort intéressant, qui a vu dialoguer de jeunes ingénieurs d'EDF, lestés de leur maîtrise scientifique des sujets, et des retraités pêcheurs, ayant plutôt une connaissance empirique du milieu. On s'est aussi aperçu que les élus locaux n'ont pas forcément les mêmes intérêts, selon que leur commune est située en amont ou en aval d'un barrage. Le partage de l'eau est une question sensible, même dans une région aussi relativement humide que le Nord Aveyron...

   Le troisième thème fut consacré au renouvellement des concessions et à la mise en concurrence. EDF doit faire face à GDF-Suez, au groupe norvégien Statkraft, à l'autrichien Verbund (devenu le principal actionnaire de Poweo) et au canadien Hydro-Québec. Le plus croustillant dans cette affaire est que l'obligation de mise en concurrence découle du changement de statut d'EDF, qui d'E.P.I.C. (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) est devenue une société par actions. Hé, oui ! Si EDF était restée publique, cette procédure n'aurait pas lieu d'être. J'ai du mal à croire que le gouvernement qui a ouvert le capital du groupe n'ait pas eu ce type de conséquence à l'esprit...

   Bon là, en gros, on a senti que les politiques aveyronnais comme les spectateurs de la salle comptaient sur cette procédure pour inciter EDF à en faire davantage pour l'Aveyron. Les applaudissements les plus spontanés de la soirée sont nés à cette occasion : à la question d'un jeune homme, demandant aux ingénieurs pourquoi on devrait les choisir eux plutôt que leurs concurrents et qu'est-ce qui garantissait que leurs belles promesses n'allaient pas s'évanouir une fois le renouvellement des concessions obtenu, Luc Tabary a obtenu un franc succès en développant l'argument que son entreprise n'avait pas l'intention de limiter son action aux seuls barrages aveyronnais et que le meilleur moyen d'obtenir d'autres concessions était d'être exemplaire ici. (Il a aussi présenté son travail comme le résultat d'un engagement fort et pas comme un simple gagne-pain, ce qui a plus à l'assistance.)

   Cela nous a tout naturellement menés au quatrième thème, plus strictement économique. Les représentants d'EDF ont assuré faire grand cas des entreprises locales dans leurs commandes. On a aussi appris la création d'un poste d'animateur de territoire, chargé de mettre en musique une brochette de projets d'aménagement à vocation touristique, en liaison avec le Conseil général de l'Aveyron. Cela s'appelle la "route de l'énergie". L'enthousiasme de la salle a cependant été douché quand on a appris que ce nouvel arrivant loge à... Arpajon-sur-Cère, dans le Cantal, à proximité d'Aurillac (ce qui n'est pas un hasard).  Ceci dit, parmi la vingtaine de jeunes embauchés récemment par EDF, il y a quelques Aveyronnais.

   Les élus locaux ont eu ensuite droit à leur quart d'heure sur l'estrade... sans que l'on demande au bas peuple s'il avait des questions à leur poser. La palme du plus beau costume est revenue à Jean-Claude Luche, président du Conseil général (arrivé en retard et, une fois assis au premier rang, longtemps concentré sur autre chose que les débats de l'estrade). Il a insisté (avec raison) sur la nécessité de localiser en Aveyron un centre de gestion des activités hydroélectriques. On avait en effet découvert plus tôt que les barrages sont dirigés à distance, de Toulouse, tandis que les centres de décision se trouvent à Aurillac, Brive, Limoges ou Paris.

   A Luche a succédé Jean-François Albespy, conseiller général du canton d'Entraygues-sur-Truyère, qui a flatté de manière éhontée son président. Il a cédé la parole à Jean-Claude Anglars, conseiller général d'Estaing (parmi une floppée de casquettes), et médaille d'argent du plus beau costume. Le maire d'Entraygues a fermé le bal. Tout cela pour dire quand même que derrière l'effort (louable) d'information du public pointe la précampagne électorale des cantonales de mars 2011. Et puis... un esprit un peu réfléchi a compris que tout est déjà ficelé. EDF va très certainement obtenir le renouvellement des concessions et le Conseil général va redorer son image à bon prix.

   Après toutes ces émotions, la foule en délire a pu accéder au buffet très classieux offert par EDF. C'est là que j'ai regretté d'avoir fait un dîner copieux : malgré l'heure tardive (23h tout de même), je n'avais plus de place pour le solide. J'ai quand même goûté le champagne, très correct.

mercredi, 27 octobre 2010

Du Nutella bio (2)

   J'ai profité de mon passage dans ma grande surface de référence pour approfondir ma comparaison des pâtes à tartiner chocolatées. A ma grande surprise, j'ai trouvé le produit de Jardin Bio chez Leclerc (caché juste à côté du coin réservé aux produits issus de l'agriculture biologique), évidemment moins cher qu'au Monoprix. A l'intérieur même du rayon consacré aux sucreries, l'hégémonie nutellaesque était (vaguement) contestée par un autre produit bio :

Alteréco.jpg

   Il est de surcroît issu du commerce équitable, sous la marque Alter Eco. Ce sont certains ingrédients qui proviennent  de cette filière : le sucre de canne, le cacao maigre et la vanille en poudre. En bonus, la lécithine de soja est garantie sans OGM. Le produit est même moins cher que celui proposé par Jardin Bio : il culmine à 8 euros le kilo (3,28 euros les 400 grammes) contre plus de 10 euros pour son concurrent (3,38 euros les 350 grammes). Même la composition semble plus proche de celle du "vrai" Nutella : chez Alter Eco, la pâte à tartiner contient 13 % de noisettes et 7 % de cacao maigre.

   Le seul problème est le goût. Celui de la pâte Alter Eco m'a rappelé les marques de distributeur que les grandes surfaces ont lancées pour prendre une part du marché monopolisé par Nutella. Je préfère donc le plus cher des produits bio, celui de Jardin Bio... Mais j'ai quand même acheté un pot de Nutella en plus !

   C'est là qu'en me livrant à un autre petit calcul, j'ai réalisé que l'hypermarché n'a pas renoncé à une pratique commerciale contestable. Normalement, quand on achète une plus grande quantité d'un produit (surtout si c'est signalé sous forme promotionnelle), le prix au kilo doit être plus faible. Ce n'est pas exact à propos du Nutella. Ainsi, à un mètre d'intervalle, deux grands formats sont proposés : 750 et 825 grammes. Le premier pot est bien entendu moins cher que le second : 3,17 euros contre 3,55. Cependant, quand on compare les prix au kilo, le pot de 825 grammes apparaît un peu plus cher : 4,30 euros contre 4,22. Le client a donc intérêt à choisir le pot de 750 grammes, même si la différence est faible (mais les petits ruisseaux...). (J'ai remarqué le même phénomène en comparant les prix des boîtes de thon naturel.)

 

lundi, 25 octobre 2010

Du Nutella bio !

   Le gros problème des concurrents de la célèbre pâte à tartiner du groupe Ferrero est de copier son goût. Tous les groupes d'hypermarchés ont tenté de lancer un rival sous leur marque, sans succès jusqu'à présent : Nutella détient environ 90% du marché français !

   Ceux qui ont fait l'expérience ont pu constater à quel point la saveur du produit est difficile à imiter ou à concurrencer. C'est au point même que lorsqu'une version étrangère du produit nous est proposée, on sent la différence, ainsi que je l'ai raconté il y a quelques années, lorsque je me suis aperçu que ma grande surface habituelle avait substitué du Nutella fabriqué en Pologne au produit élaboré en France (plus précisément en Seine-Maritime).

   J'ai finalement trouvé un concurrent satisfaisant, d'autant plus qu'il est issu de l'agriculture biologique :

Nutella bio.jpg

   Le goût est différent de la célèbre pâte à tartiner, mais c'est aussi bon. C'est par contre un peu plus riche en calories (558 Kcal aux 100 grammes contre 530 pour le Nutella), parce que la proportion de lipides est plus forte (36,1 contre 31). Pour être honnête, je peux ajouter que la proportion de noisettes est plus faible dans le produit bio (10% contre 13%), tout comme celle de cacao (5% contre 7,4%). Cependant, tous les ingrédients sont issus de l'agriculture biologique et c'est de l'huile de tournesol (et non de l'huile de palme) qui est utilisée. Dernière chose : c'est deux fois plus cher que le produit vedette de chez Ferrero !

   Si vous êtes toujours intéressés, vous pouvez aller faire un tour sur le site de Jardin Bio, où vous trouverez plein d'autres choses. On peut même rechercher les boutiques qui vendent leurs produits... même si toutes ne sont pas référencées. Ainsi, je me suis procuré le "Nutella bio" au Monoprix de Rodez (qui offre une belle palette d'aliments estampillés "AB"), alors que, selon le site, aucun magasin du département de l'Aveyron n'en vend. Y a quelques progrès à faire !

samedi, 23 octobre 2010

Traces de pneu

   Non, non, bande d'esprits scabreux, il ne va pas être question des marques qui déshonorent parfois le fond de certains caleçons. Je me suis penché sur la mercatique récente des principaux fabricants de pneumatiques, à savoir Goodyear-Dunlop, Michelin, Bridgestone-Firestone, Pirelli et Continental.

   Mon attention a été attirée par un article paru dans Le Canard enchaîné du jeudi 14 octobre 2010, intitulé "Dégonflés d'écolos !" :

Goodyear 14 10 2010.JPG

   Je me suis donc d'abord rendu sur le site de Goodyear dédié à cette nouvelle campagne, faussement écolo dirons les mauvaises langues. On peut y découvrir 6 personnages, dont 5 franchement caricaturaux. On a ainsi donné du boulot à quelques intermittents du spectacle... en ridiculisant les comportements écolos purs et durs. Une fois sur la page d'accueil, il faut cliquer sur chaque personnage pour accéder à son petit sketch. Le monsieur bien habillé, qui représente la marque, est là pour dire le Vrai, le Bien, le Beau.

   Si après cela vous n'en avez pas marre, allez regarder dans le menu en haut à droite, et choisissez "La Good web TV". Cela donne accès à 11 petits films dénigrant successivement l'écolo altermondialiste (le film n'a pas été tourné en français), les amateurs de Jackass, un skieur nautique et un skater plutôt virtuoses, un mécano qui croit pouvoir tout bien faire par lui-même, un bureaucrate pointilleux, une executive woman forcément nulle en mécanique... et une obèse. C'est assez malsain, parce qu'il est difficile d'y voir réellement du second degré.

   Certains spots sont par contre assez réussis : celui avec la grand-mère roulant en marche arrière, celui avec le morse (drôle mais pas très porteur pour la marque, à mon avis) et surtout (mon préféré) celui mettant en scène deux jeunes amoureux, se terminant par un délicieux slogan ("Ne laissez pas une crevaison gâcher votre journée").

   Mais que font les concurrents ? Ils jouent un peu sur le même registre : les pneus de nouvelle génération font faire des économies de carburant, et donc protègent notre belle planète. Michelin recourt évidemment à son personnage Bibendum, transformé en héros de dessin animé. Bridgestone nous la joue produit de haute technologie (ça, c'est les Japonais, que voulez-vous), un peu comme Pirelli, qui fait quand même pâle figure à côté.

   Reste Continental, qui a trouvé un autre créneau : la coupe du monde de football. L'argument utilisé est un classique de la communication des groupes de pneumatiques : la sécurité, l'efficacité du produit qui, chez les autres marques, est aujourd'hui complété par le souci environnemental. On verra si cela perdure...

samedi, 26 juin 2010

Une drôle de caisse !

   Non, je ne vais pas parler voiture (beurk) ! Cet après-midi, une fois n'est pas coutume, j'ai acheté mon pain à L'Epi du Rouergue, au carrefour des Quatre-Saisons. Cette boulangerie a deux avantages : elle est bien située et ouvre jusqu'à 20 heures.

   En entrant dans le magasin, je n'ai pas trop fait attention à la grosse boîte posée sur le comptoir. C'est au moment de régler mes achats que j'ai compris sa fonction. Après que la boulangère a tapé l'addition, j'ai inséré moi-même un billet dans la fente adéquate (de mon côté du comptoir)... et la monnaie est sortie par une autre ouverture !

   Au-delà de l'anecdote "technique", je me demande si ce changement n'est pas d'origine sécuritaire. En effet, le magasin ouvre tard. Lors de la fermeture, il n'y a souvent qu'une personne à la caisse. De surcroît, en plus de servir les derniers clients, elle doit commencer à ranger puis laver la boutique. Comme celle-ci est bien desservie par la route, elle peut sembler être une cible facile pour des délinquants en quête de cash... A moins que ce nouveau dispositif ne soit d'abord destiné à accélérer le rythme des encaissements. Il est aussi possible que les motivations hygiéniques soient entrées en ligne de compte : on évite ainsi tout contact entre les deux côtés du comptoir et les produits sont donc manipulés par des employés n'ayant pas touché les clients ni leur argent.

   La machine ressemble un peu à cela (même si ce n'est pas exactement ce type de modèle) :

Caisses.jpg