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lundi, 26 octobre 2015

Des travaux à effectuer

   Samedi, dans Midi Libre (édition de Rodez), est paru un article consacré à l'un des quartiers du chef-lieu aveyronnais et intitulé "Saint-Eloi - Ramadier : le grand malaise des habitants". (Il est depuis aujourd'hui accessible sur le site de Centre Presse.)

   Disons-le tout de suite : à Rodez, ce quartier n'a pas bonne réputation. Régulièrement, les forces de l'ordre sont amenées à s'intéresser aux activités de certains de ses habitants et, sur la commune de Rodez, il est des commerçants qui ne livrent pas dans cette zone, certes un peu excentrée, mais surtout mal famée... à tel point que j'ai déjà entendu une très mauvaise langue user du surnom de "Racailladier" à son sujet. C'est évidemment une généralisation abusive.

   Récemment, deux drames ont marqué certains habitants. Cet été, un enfant s'est tué à proximité des immeubles, en faisant du VTT. Au niveau local, l'émotion avait été forte et au niveau national, les médias s'étaient fait l'écho de l'événement (avec des articles dans Le Parisien, Ouest France, 20minutes, Metronews...). Le mois dernier, un jeune délinquant originaire du quartier s'est suicidé dans sa cellule de la prison de Druelle, à proximité de Rodez.

   Dans l'article de Midi Libre, il est question de promesses non tenues de la municipalité. Le grillage qui entoure l'école maternelle serait troué en (au moins) un endroit, laissant la possibilité à des enfants de sortir dans la rue... ou à un intrus de pénétrer dans l'établissement. De plus, aucune mesure de sécurité supplémentaire n'aurait été prise au niveau des lieux de l'accident du vététiste.

   C'est la première adjointe au maire, Monique Herment-Bultel, qui répond aux questions du journal. Elle m'a semblé botter en touche, se contentant de rappeler les projets à moyenne échéance, trop lointaine pour les habitants. Rappelons (si besoin est) que l'action d'une mairie ne se mesure pas qu'aux grandes réalisations médiatisées. Les petits travaux du quotidien occupent une place importante aux yeux des habitants d'un quartier. Il ne devrait pas être bien difficile (ni très coûteux) de remplacer un bout de grillage de l'école (surtout en période de vacances) ni d'installer un dispositif de sécurité (haie ou grille de protection) sur les lieux du récent accident. Un peu de bonne volonté, que diable !

   Ce manque de réactivité est d'autant plus étonnant que la première adjointe est candidate aux élections régionales qui approchent (elle est numéro 2 sur la liste aveyronnaise PS-PRG). On n'attend pas de l'équipe municipale qu'elle accepte toutes les demandes des habitants (certains récriminant parfois comme des enfants gâtés), mais un peu de bon sens devrait conduire les élus à être plus à l'écoute.

   Ces menus travaux auraient le mérite de témoigner de l'intérêt porté par la municipalité à ce quartier, et ce alors que, visiblement, les adultes peinent à "tenir" les jeunes désoeuvrés, qui peuvent se transformer en fouteurs de merde. On a bien vu, à l'occasion du suicide de la prison, que certains d'entre eux pouvaient tenir des propos farfelus. (On voit qu'ils ne se rendent absolument pas compte de ce que c'est que de passer 23 heures sur 24 dans une cellule d'une dizaine de mètres carrés, certes confortable, mais dans un relatif isolement.)

   Si j'avais un conseil à donner aux habitants du quartier qui ont accès à internet, c'est d'utiliser les ressources proposées par la municipalité. Sur le site de la ville de Rodez, on peut remplir un formulaire ou trouver les coordonnées téléphoniques du service "Mairie Intervention Rapide"... à user tant que les petits travaux n'auront pas été réalisés ?

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samedi, 24 octobre 2015

Fatima

   C'est le titre du nouveau film de l'un des meilleurs cinéastes français actuels, Philippe Faucon. Il y a trois ans et demi, il nous avait livré, avec La Désintégration, une œuvre prémonitoire et nuancée. Il récidive aujourd'hui avec un portrait de femme(s).

   Au cœur de l'histoire se trouve Fatima, le personnage éponyme, femme de ménage, mère de deux enfants et épouse abandonnée. Mais sa principale difficulté est d'ordre linguistique : immigrée algérienne, elle comprend difficilement le français et le parle encore moins. Cette femme courageuse, dévouée à la réussite de ses enfants, rappellera à nombre de "Français de souche" une mère ou une grand-mère du temps jadis. C'est aussi une personne ouverte sur son époque : elle porte le voile, mais ne l'a pas imposé à ses filles.

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   L'aînée Nesrine est une bonne élève. Elle va débuter sa première année de médecine, la plus difficile. Elle est tiraillée entre plusieurs aspirations. D'un côté, elle rêve de devenir médecin et voudrait combler les attentes de sa mère (et faire la nique aux mauvaises langues du quartier). D'un autre, elle est une jeune femme séduisante, sollicitée et, dans la ville universitaire, les tentations sont grandes. Sa colocataire, future infirmière, ne se prive d'ailleurs pas d'y succomber.

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   Sa sœur cadette, Souad, est beaucoup moins sérieuse. Ce pourrait être un garçon. Elle en a la tchatche et l'insolence. Elle fait sa crise d'adolescence au plus mauvais moment et se rebelle contre cette mère qu'elle juge trop soumise. Celle-ci finit par rappeler à la geigneuse tout ce dont elle bénéficie (notamment grâce à elle). L'ado, menteuse et capricieuse, est au second plan de l'histoire, mais elle apporte un contrepoint intéressant. Notons la justesse du jeu des actrices.

   A l'arrière-plan se trouvent les mecs, eux qui occupent habituellement les premières places. Ce qui est sous-entendu n'est pas à leur avantage. Le père des deux filles est visiblement celui qui a émigré le premier. Mais il a contracté un autre mariage en France, faisant de Fatima une compagne de second rang, bientôt délaissée. On le voit toutefois se préoccuper de l'avenir de ses filles. Il semble avoir prise sur Souad, sans doute parce qu'il incarne un exemple de réussite. L'aînée se méfie plus de lui et de ses idées conservatrices sur les femmes.

   Quant aux jeunes hommes, "gaulois" comme maghrébins, ils sont montrés comme superficiels, ne pensant qu'à s'amuser, écouter de la musique ou draguer. Mais ce propos est assez secondaire, l'essentiel portant sur le parcours des trois femmes.

   Tout ne passe pas par les dialogues. La gestuelle des corps dit beaucoup de choses et certains plans sont conçus pour que l'on comprenne sans les paroles, comme lors de la visite avortée de l'appartement à louer.

   L'histoire s'achève d'ailleurs sur un très joli cadrage, montrant l'une des héroïnes approchant son doigt d'une vitre, à travers laquelle elle parvient à déchiffrer quelque chose qui la met en joie.

   P.S.

   Les hasards de la vie cinématographique font que ce film sort quelques mois à peine après Une Seconde Mère, dans lequel une femme de ménage brésilienne se dévoue pour que sa fille puisse mener de brillantes études. Les contextes sont différents, mais le questionnement sociétal est proche de part et d'autre de l'océan Atlantique.

vendredi, 23 octobre 2015

La SNCF sous contrôle ?

   Aujourd'hui, quand j'ai vu dans quoi il fallait embarquer pour se rendre en train à Toulouse, je me suis dit que le voyage n'allait pas manquer d'animation. Une seule voiture avait été mise en place en gare de Rodez. (D'habitude, il y en a au moins deux.) Et cet autorail (diesel) n'était pas de prime jeunesse. C'était un truc dans ce genre-là :

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   Là, vous vous dites que c'est petit. L'avantage du tracé de la ligne est que les Aveyronnais sont les premiers servis, en terme de places assises (dans le sens de la marche, de préférence). Mais, vu le nombre de personnes qui étaient déjà montées à Rodez, je nourrissais quelques inquiétudes quant à la situation en gare d'Albi-ville.

   En attendant ce moment merveilleux, j'ai pu constater, au cours de la première heure de trajet, que d'autres voyageurs se sont joints aux passagers de départ. Tous ont d'ailleurs été contrôlés avant l'arrivée dans le chef-lieu du Tarn. Par contre, à partir d'Albi, il n'a plus été question de vérifier la validité (voire l'existence) des titres de transport, l'unique contrôleuse ne pouvant se déplacer dans la voiture qu'avec la plus grande difficulté. Même le mini-couloir des toilettes était encombré !

   Comme à l'accoutumée, en gare d'Albi-ville, environ la moitié des passagers étaient montés. Bon sang, les cadres de la SNCF le savent ! En plus, un vendredi ! Renseignements, pris, il semblerait que, depuis quelques semaines, on soit à cours de motrice en Midi-Pyrénées, notamment en raison de pannes ou de problèmes de sécurité, qui incitent certains employés à utiliser leur droit de réserve pour refuser de prendre leur service à bord de certains autorails. (Le week-end dernier, cela m'a valu un trajet mémorable, un peu à l'image de ce que j'avais connu en 2013... J'en causerai peut-être bientôt.)

   Cahin-caha, le convoi a pu repartir d'Albi-ville chargé à bloc... et des gares suivantes ultra-chargé, vu que quelques voyageurs se sont rajoutés au troupeau de sardines déjà constitué. Notons que le chauffeur a bien roulé, puisque nous sommes arrivés quasiment à l'heure à Toulouse-Matabiau.

   Nous y attendait une petite surprise, annoncée peu de temps auparavant au micro : des contrôles volants sont désormais organisés en gare, à la descente de certains trains, histoire de décourager les fraudeurs. (C'est indirectement la preuve que la SNCF est consciente que ne placer qu'un agent de bord par TER est irresponsable.)

   A ce moment-là, un frisson d'angoisse a dû parcourir l'échine de certains resquilleurs tarnais, qui ont dû regretter s'être déjà positionnés dans l'allée pour sortir dans les premiers (quitte à bousculer légèrement certaines personnes âgées...). De surcroît, ils n'étaient pas très discrets. Les garçons se sont mis à mélanger l'arabe dialectal au français pour masquer le contenu d'une partie de leur conversation, sans doute digne d'un grand intérêt. Ils ont très vite repéré les "condés" (les policiers) présents sur le quai en compagnie des agents du train.

   Bien qu'étant sorti du wagon dans les derniers, je n'ai pas assisté à la conclusion de l'histoire. Le contrôle de certains passagers a pris un peu de temps, tandis que j'ai vite passé le barrage, vu que je possédais un billet en règle. C'était aussi le cas de l'une de mes voisines, qui a cependant râlé contre ce contrôle jugé intempestif. On lui a fait remarquer que la gêne provenait d'abord des fraudeurs : leurs méfaits contribuent à renchérir le prix des billets et leur présence bonde encore plus les wagons. Mentalement, j'ai ajouté une réponse que j'aurais pu faire à la dame pas contente : durant le trajet, son propre comportement n'avait pas été exemplaire ; elle avait complaisamment étalé ses bagages, sans souci des autres passagers, et elle a passé presque tout le temps le nez rivé à l'écran de son téléphone portable, pestant quand une coupure de réseau venait perturber son autisme geek.

mercredi, 21 octobre 2015

Prostitution à Rodez

   Ce mercredi (jour des enfants), dans Centre Presse, un article évoquait les conséquences plutôt désagréables d'une activité discrètement implantée sur le Piton. La lecture apprendra aux Ruthénois qui l'ignoreraient qu'il ne s'agit pas d'une légende urbaine et que la prostitution existe bel et bien dans le chef-lieu aveyronnais.

   La version papier de l'article est un peu plus complète que la version numérique. On peut s'appuyer sur les deux (et sur un plan de Rodez digne de ce nom) pour cartographier l'activité de "charmes tarifés" dans la ville natale de Pierre Soulages :

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   Le premier "lieu de perdition" mentionné dans l'article est situé avenue Victor-Hugo (donc pas très loin du musée Soulages), plus précisément entre la rue Planard et la place d'Armes... c'est-à-dire dans le pâté de maisons où se trouve le siège de Centre Presse ! Seules les mauvaises langues prétendront que les journalistes détiennent là une information de première main...

   Le deuxième lieu de délinquance spécialisée (qui fait l'objet de l'essentiel de l'article) est situé boulevard Paul-Ramadier, plutôt vers le haut, donc en direction du centre-ville. Je penche pour le long immeuble du côté ouest, pas très éloigné d'Aquavallon et du dojo. N'oublions pas qu'après les militaires, les sportifs (en concurrence avec les routiers et les cadres commerciaux) constituent une clientèle privilégiée du commerce d'esclaves sexuelles.

   Enfin, la version papier de l'article évoque les soupçons qui pèsent sur un bâtiment de la rue Béteille. Au vu de ce qui précède, on serait tenté de penser que c'est le haut de la rue qui est concerné, à proximité de la place d'Armes. Mais on ne peut pas exclure non plus la partie basse, l'une des zones où certains commerces changent fréquemment de localisation (et de gérant ?), un endroit où l'on a pu remarquer la présence de ce qui ressemble à des guetteurs. Il s'y vend peut-être des substances illicites, auxquelles serait éventuellement associée la prostitution.

   Quant aux "quartiers périphériques" où se dérouleraient des rencontres tarifées, leur localisation reste imprécise. D'instinct, on aurait tendance à penser aux abords de la gare SNCF, mais il se murmure qu'il faudrait plutôt chercher du côté de la rocade...

   En guise de dessert, sur le plan, j'ai aussi mis en valeur (dans le coin sud-est) l'ancien pôle de prostitution de Rodez, la rue de la Bullière, où des générations de bourgeois sont allés enrichir leur microfaune pubienne.

dimanche, 18 octobre 2015

Fou d'amour

   Ce film de Philippe Ramos s'inspire d'un célèbre fait divers, l'affaire du curé d'Uruffe, avec laquelle il a pris quelques libertés pour organiser le récit. Celui-ci nous est conté par un homme qui a perdu la tête... au propre comme au figuré. Notons que le film commence par un beau plan-séquence. C'est indicateur du talent du réalisateur, qui fait preuve d'inventivité dans pratiquement chaque scène.

   Mais c'est d'abord le ton de la première partie qui retient l'attention. On se croirait presque dans un roman libertin, dont l'action se déroule dans la campagne rhône-alpine (de cheval). C'est que l'arrivée du nouveau curé ne manque pas de susciter de l'émotion dans le village. L'homme est jeune, cultivé, bien bâti. Il s'occupe avec passion de l'instruction religieuse mais aussi des loisirs des enfants. Il écoute avec patience les doléances des épouses... et, accessoirement, il en "besogne" quelques-unes, mettant un point d'honneur à leur faire atteindre le septième ciel. Dans le rôle, Melvil Poupaud s'en donne à cœur joie.

   L'intrigue bascule quand débarque une jeune aveugle, innocente et belle comme le jour. Le curé, qui n'était jusque-là qu'un hédoniste égaré en religion, tombe raide dingue de cette femme à nulle autre pareille. Le film le montre chuter de son piédestal, devenir finalement un homme comme les autres. Bref, il ne maîtrise plus la situation.

   Subrepticement, la mise en scène place davantage les femmes au centre. Au départ, elles ne sont que les objets du désir du curé. Signalons qu'elles sont interprétées avec talent, notamment par Dominique Blanc, excellente en châtelaine d'âge mur travaillée par le désir, une quasi-cougar avant l'heure !

   C'est aussi un film de mec. Le point de vue du curé est mis en valeur et la caméra s'attarde avec une certaine complaisance sur quelques superbes corps de femme, en particulier ceux de l'aveugle et de la laitière, celle-ci évidemment dotée d'une très avantageuse poitrine... Mais l'image est soignée. Bien que l'histoire soit très différente, on retrouve la même sensualité que dans Jeanne captive.

   Par souci d'honnêteté, le réalisateur a inséré sur la fin quelques plans pour éviter que l'empathie du spectateur envers le "héros" ne soit trop grande. Cela donne un très bon film, servi par d'excellents acteurs.

   P.S.

   Le site internet dédié au film est bien fichu.

   P.S. II

   Sur RTL, Jacques Pradel a consacré une émission de "L'heure du crime" à la célèbre affaire.

dimanche, 11 octobre 2015

Petits branleurs

   Je suis tombé par hasard sur un article pittoresque du quotidien La Provence. Il est question de lycéens d'Aix-en-Provence qui ont manifesté jeudi et vendredi derniers. Si, le premier jour, le mouvement semblait organisé et "conscientisé" (avec des revendications visibles et, semble-t-il, assez légitimes), le lendemain, on se demande vraiment pourquoi les adolescents ont défilé dans les rues. (Et encore, "défilé" est un bien grand mot.)

   Le meilleur vient des réponses aux questions posées par la journaliste envoyée sur place. Alors que, la veille, le mouvement avait dénoncé les classes "surchargées", le vendredi, le même adjectif n'évoque, pour le lycéen interrogé, que l'excès de travail ! De sa part, il ne faut visiblement pas attendre trop de précisions sur la nature du travail (supposé) excessif que l'on attend de lui. On comprend surtout qu'il estime passer trop de temps en classe. Voilà sans doute ce que ce jeune homme appelle "travailler" ! La suite de sa réponse est du même tonneau. Ce lycéen modèle regrette que, dans son établissement "on peut pas faire ce qu'on veut"... et ça, c'est vraiment pas cool !

   Les lecteurs attentifs auront remarqué l'absence du "ne" de négation dans sa réponse. Quand on lit certains des commentaires des internautes, en particulier celui de l'un des participants aux manifs, on ne peut que constater que, loin d'avoir trop travaillé ou subi des enseignants trop sévères, ces jeunes souffrent d'abord d'une maîtrise très approximative de la langue française :

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   Je recommande tout particulièrement les "allégations de rentre scolaire"...

   Pour terminer, signalons que, ce vendredi-là, les services météorologiques annonçaient une journée radieuse et l'on imagine combien la perspective de passer une partie de cette journée en classe a pu paraître pénible à ces lycéens motivés.

vendredi, 25 septembre 2015

Much Loved

   Ces femmes tellement aimées sont des prostituées de Marrakech, au Maroc. Le titre comporte une ambiguïté quant au sens du mot "aimées". On comprend vite qu'elles sont surtout des objets du désir. Rares sont les personnes qui les aiment vraiment. On les jalouse et surtout on les méprise. On retrouve cette dualité dans l'organisation de l'intrigue : les scènes de séduction contrastent avec des scènes plus sordides.

   Ce sont les premières qui ont semble-t-il choqué une partie du public... ou plutôt des gens qui n'ont sans doute même pas vu le film. Il n'y a rien de pornographique dans les scènes d'amour ou de séduction. C'est de toute évidence simulé... mais il est vrai que ce n'est pas un film pudique. Un public un peu prude peut "tiquer" devant la nudité des actrices et certains gestes "intimes". Mais les scènes qui montrent l'humiliation des jeunes femmes sont tout aussi réalistes.

   Si cela suscite autant de réactions, c'est d'abord parce que c'est bien joué. Les actrices crèvent l'écran, en particulier Loubna Abidal, très engagée dans son rôle. C'est l'astre de ce film. Elle est à la fois la grande soeur, la séductrice, mais aussi la chieuse, la putain vénale... et la rejetée.

   Le scénariste a voulu montrer que les prostituées sont des femmes comme les autres et que les hommes sont soit des enfoirés soit des hypocrites... voire les deux. En tête du classement des gros porcs se trouvent les riches Saoudiens, qui viennent s'encanailler à bon prix au royaume de Mohammed VI. Pas très loin se trouvent les Européens, réputés plus radins. Les Marocains, quant à eux, sont les moins friqués des mâles. C'est donc plutôt par la force qu'ils tentent de profiter des jeunes femmes. Le film met l'accent sur un policier corrompu et le petit ami d'une des prostituées, pas si sympa que cela.

   Il ne faut sans doute pas chercher plus loin la principale raison de la campagne de dénigrement dont le film a été victime. Il donne une très mauvaise image des ressortissants saoudiens, issus d'un pays ami du Maroc... et doté d'immenses moyens financiers. Quant aux machos marocains, ils n'ont pas dû apprécier le portrait qu'on brosse d'eux.

   Le propos porte d'autant plus que c'est globalement bien réalisé... avec toutefois un petit défaut : Nabil Ayouch (à qui l'on doit Les Chevaux de Dieu) aime les images "bien léchées". Du coup, au début, il rend la prostitution un peu trop sexy. C'est la principale limite du film, qui ne va pas très loin dans l'analyse sociale et comporte quelques aspects "paillettes".

jeudi, 24 septembre 2015

Les meurtriers les plus dangereux

   Ce sont ceux qui font le plus de victimes. Précisons dès à présent que cette catégorie de décès est ultraminoritaire dans notre pays. En 2012, d'après l'INSEE, les principales causes de mortalité en France sont (de très loin) les cancers et les maladies de l'appareil circulatoire, loin devant les maladies de l'appareil respiratoire. Le suicide arrive encore bien après, avec un peu moins de 10 000 victimes. C'est d'ailleurs la première cause de mortalité provoquée directement par l'action humaine.

   Mais la deuxième est incontestablement... les accidents de la route, avec environ 3 400 décès en 2014. C'est beaucoup, beaucoup plus que les homicides, dont le nombre n'atteint pas 800 sur l'ensemble du territoire français, en 2013. Rapporté au nombre d'habitants, cela nous donne un taux d'homicides compris entre 1,1 et 1,2 pour 100 000. C'est faible et, contrairement à une idée reçue, cela diminue. Encore plus faible est le nombre de victimes du terrorisme en France, malgré une année 2015 hélas (trop) riche. Moins de 20 personnes sont (pour l'instant) décédées dans notre pays du fait de l'action de fanatiques divers.

   Dans l'Aveyron, la tendance est à une (très) légère baisse du nombre de tués. Cependant, le nombre d'accidents augmente, tout comme le nombre de blessés. La mort, déjà trop fréquente, n'est pas le seul drame qui survient sur les routes. Bien plus nombreuses sont les vies brisées par un handicap né d'un accident souvent provoqué par autrui, cet autrui qui s'est cru-e plus fort-e que les autres, au point de prendre le volant sous l'empire de l'alcool, ou fatigué, ou en ignorant les règles élémentaires de prudence.

   Et pourtant... autant l'action des groupes terroristes et des criminels de droit commun est amplement condamnée dans le pays, autant les délinquants routiers, autrement plus "efficaces", bénéficient de l'indulgence coupable d'une partie de l'opinion. Les récents efforts de certains conducteurs pour tenter d'échapper aux contrôles routiers n'en sont que plus révoltants.

mercredi, 23 septembre 2015

Aveyron : la sécurité routière priée d'être plus "relaxée" ?

   C'est ce que l'on peut se demander après que la Cour d'appel de Montpellier a rendu son jugement dans l'affaire du "groupe qui te dit où est la police en Aveyron". Alors que le tribunal correctionnel de Rodez avait (mollement) condamné la douzaine de personnes en 2014, l'appel s'est conclu par une relaxe générale. Depuis, on a appris que le Parquet s'est pourvu en cassation. Il a sans doute raison.

   Une première ambiguïté réside dans la dénomination du groupe, qui s'est surtout fait connaître pour révéler la position des radars mobiles et des contrôles routiers. Il a donc joué le rôle d'un dispositif appelé "avertisseur de radars", dont l'utilisation est interdite depuis 2012. L'interdiction s'étend à la fonction communautaire de certains appareils, rôle que joue une page Facebook. La Cour n'ayant pas encore publié les attendus du jugement, il est difficile d'analyser celui-ci en détail. Je pense néanmoins que les avocats des prévenus ont dû jouer sur la distinction (fictive dans ce cas) entre une page Facebook et le mode de fonctionnement d'un avertisseur de radars.

   Les promoteurs de la page Facebook sont d'ailleurs conscients que celle-ci n'était pas "dans les clous", puisqu'en dépit de la procédure judiciaire qui leur est (pour l'instant) favorable, ils ont supprimé le groupe pour en créer un autre, officiellement dédié au signalement des "zones de danger"... ce qui est autorisé. Il restera à confirmer que le nom de ce nouveau groupe n'est pas qu'un paravent destiné à masquer le même acharnement anti-radars (et la même immaturité).

   Une autre raison explique que le Parquet se soit pourvu en cassation, et qu'il ait des chances de gagner. Avaliser ce genre de groupe aurait pour conséquence d'accepter la fin de tout effet de surprise au niveau des contrôles routiers. Dans un premier temps, nombre d'automobilistes à mauvaise conscience (et à l'autodiscipline flageolante) se réjouiraient... avant qu'un accident dramatique ne vienne tout remettre en cause.

   Pour la police comme pour la justice, il n'est pas possible d'accepter que certains conducteurs puissent se croire autorisés à rouler à leur convenance en toute impunité. Parce que c'est à cela que mène la révélation de l'emplacement des radars mobiles et des contrôles routiers. Une fois le contrôle surprise passé (et déjoué grâce à l'information transmise en temps réel), les Ayrton Senna de comptoir risquent de se croire affranchis du respect des règles de prudence. Elles sont certes contraignantes, mais elles sont faites pour le bien de tous et pas le petit plaisir narcissique de conducteurs en mal de sensations. Si, par malheur, un jour, survient un accident grave, à la suite duquel on découvre que le conducteur (ou son passager) avait, peu de temps avant, déjoué un contrôle routier grâce à l'info consultée sur un smartphone, on parlera autrement de cette supposée liberté d'expression.

   A ce sujet, rappelons à ceux qui l'ignoreraient qu'en droit français, la "liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits." Traduction : la liberté ne consiste pas à pouvoir faire tout ce que l'on veut ; la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres. Sur la route, la liberté de conduire à sa guise s'arrête là où commence la sécurité d'autrui.

   Il est une troisième raison qui justifie le pourvoi en cassation. En informant tout le monde de la localisation des forces de l'ordre, les Alain Prost de pacotille rendent un sacré service à nombre de délinquants (criminels ou trafiquants). Par le passé, il est arrivé (plus souvent qu'on ne l'imagine) qu'un contrôle au départ anodin débouche sur une arrestation dans une tout autre affaire. Avaliser les groupes anti-radars reviendrait à donner un avantage supplémentaire aux délinquants. Mais de cela, certains conducteurs inciviques aveyronnais ne se soucient visiblement pas.

vendredi, 18 septembre 2015

Une "liste noire" un peu Frenchy

   Mercredi dernier, dans le onzième épisode de la deuxième saison de la série Blacklist, diffusée sur TF1, l'escroc et assassin Raymond Reddington (brillamment interprété par James Spader et très bien doublé en français par Pierre-François Pistorio) aide le FBI à libérer un otage américain détenu en Ouzbékistan.

   Le sulfureux consultant paraît curieusement (et inhabituellement) animé de sentiments humanistes, puisqu'il aide un rebelle à libérer son pays de la pernicieuse influence d'une multinationale états-unienne. On finit par apprendre qu'une autre entreprise va investir en Ouzbékistan. Elle est originaire de France. Lorsque Reddington met fin à un entretien avec son vice-président, les deux hommes ne se serrent pas la main mais... se font la bise :

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   On retrouve ici l'illustration d'une idée reçue entretenue outre-Atlantique au sujet des moeurs de notre pays, à l'image de ce qu'on a pu lire naguère dans un hilarant petit livre de Guillemette Faure.

   Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que, dans cette séquence, la France est présente au travers d'une oeuvre d'art, Le Premier Consul franchissant le Grand-Saint-Bernard, du peintre Jacques-Louis David. Elle apparaît fugitivement quand l'agent Keen rejoint Reddington dans l'un des luxueux salons de l'hôtel où les agents sont descendus :

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   A y regarder de près, ce n'est pas tout à fait le tableau de David (qui se trouve dans le salon Marengo du château de Malmaison), dont la structure est inverse :

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   Malgré tout, je trouve ce détail assez piquant, et bien dans le ton du personnage principal, qui conclut sa discussion avec l'agent Keen par un surprenant "Vive la France !", lâché de surcroît dans la langue de Molière.

dimanche, 30 août 2015

"Paris Match" du 27 août

   Je ne suis pas un lecteur régulier de cet hebdomadaire, mais je reconnais qu'à certaines occasions, j'aime me plonger dans ses photoreportages, en général de qualité quand ils traitent de l'actualité. Le numéro sorti jeudi est principalement consacré à l'attentat déjoué du Thalys :

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   Sans surprise (comme je l'ai remarqué la semaine dernière), on retrouve les trois jeunes héros, légion d'honneur et drapeaux au polo... et l'oreillette discrète, comme on peut le voir sur la photographie prise avec le président de la République :

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   Le journal revient sur l'enfance et l'adolescence du trio, issu de familles qualifiées de conservatrices (c'est-à-dire très croyantes, pro-gun et patriotes). Ils sont devenus très tôt amis, lorsqu'ils se trouvaient dans une école privée religieuse de Californie, la Freedom Christian School.  L'étudiant Anthony Sadler (dont le père est pasteur) s'est même fait tatouer "Je vis pour Dieu, pas pour moi-même" sur le haut du torse.

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   Notons qu'à l'époque, le futur colosse Spencer Stone est un petit "boulot" qui, à l'adolescence, va se mettre à écouter surtout du rap et du R'N'B. (Le site de l'hebdomadaire propose un diaporama très intéressant.)

   C'est fou d'ailleurs comme leur profil n'est finalement pas si éloigné que cela de celui du terroriste, Ayoub el-Khazzani, dont l'imprégnation religieuse ne semble pas avoir structuré la personnalité. Elle l'a plutôt porté à des actes extrêmes. Au Maroc, la famille ne comprend pas son geste. On nous le présente comme un bon petit gars, pas particulièrement chanceux dans la vie et qui est sans doute tombé sous la coupe de types pas recommandables. Mouais... Retenons qu'il a quitté l'école très tôt (à onze ans !) et qu'il s'est adonné au trafic de stupéfiants. Notons aussi la facilité avec laquelle lui et d'autres membres de sa famille ont pu s'installer en Europe...

   Paris Match met l'accent sur la personnalité d'un autre héros du jour, l'universitaire Mark Mooligan, qui avait réussi à s'emparer de la kalachnikov du terroriste, avant d'être sérieusement blessé. Les événements nous sont racontés de son point de vue et de celui de son épouse, avec, en illustration (outre les photos), une infographie des wagons concernés. A cette occasion, j'ai appris que deux autres personnes ont joué un rôle bénéfique dans le Thalys, deux employés de la SNCF. On pourra regretter que le "huitième homme", le jeune Français qui souhaite rester anonyme, soit désigné par son prénom et l'initiale de son nom de famille...

   Une double-page est aussi consacrée au cas Jean-Hugues Anglade, qui a suscité pas mal de moqueries pour sa blessure anecdotique. L'hebdomadaire est particulièrement bien renseigné sur son cas parce que la compagne de l'acteur travaille... pour Paris Match, auquel elle livre ses impressions !

   Ce numéro contient d'autres reportages qui méritent le détour. Il y a l'inévitable sujet sur les migrants coincés dans les Balkans, qui s'intéresse plus particulièrement aux Syriens. Un peu plus loin, un passionnant papier est consacré à une gigantesque mine d'or d'altitude, située au Pérou, dans la ville de La Rinconada.

   Je conseille aussi le mini-dossier consacré au Panthéon, qui évoque aussi bien sa construction, les principales "entrées" que les travaux en cours pour restaurer le bâtiment. Plus étonnant, au détour d'une page, on nous propose un article sur Ronda Rousey, une ancienne judoka qui s'est reconvertie dans les arts martiaux mixtes (démonstration ici)... article illustré par une photographie qui ne laisse rien ignorer de l'étendue de l'épilation pratiquée par la demoiselle...

   A ce sujet "sportif" succèdent des papiers plus intellos, l'un étant consacré à un dispositif permettant de capter le dioxyde de carbone, inventé par un physicien allemand. On peut terminer par la lecture d'un hommage à Khaled al-Assaad, l'ancien gardien des antiquités de Palmyre. Il est bien évidemment question des destructions opérées par les barbares de Daech, ainsi que du commerce illicite de ce genre de marchandises.

   Finalement, entre deux articles sur les "pipoles", on peut trouver son bonheur dans ce numéro assez bien conçu.

vendredi, 28 août 2015

Une pièce allemande

   Décidément, cet été aura été riche en découvertes numismatiques. Aujourd'hui, c'est une pièce (toujours de deux euros) d'outre-Rhin qui a atterri dans mon porte-monnaie :

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   Elle n'est pas en très bon état. Cela n'est guère étonnant, puisqu'elle a été mise en circulation en 2008 (alors qu'il y a une dizaine de jours, j'en ai trouvé une de 2015 et avant-hier une de 2014). Je n'ose imaginer le nombre de "palpations" qu'elle a dû subir...

   Sur l'avers figure l'église Saint-Michel de Hambourg. On notera l'expression utilisée pour désigner l'Allemagne : "Bundesrepublik Deutschland", c'est-à-dire RFA (République fédérale d'Allemagne). En effet, contrairement à une idée reçue, la réunification allemande (en 1990) n'a pas eu pour conséquence la disparition des deux Etats allemands nés de la Guerre Froide. Seule la RDA (République démocratique allemande, communiste) a été supprimée.. et intégrée à la RFA, sous la forme de Länder supplémentaires.

   La tranche de la pièce mérite aussi d'être observée. On peut y lire la devise suivante : "EINIGKEIT UND RECHT UND FREIHEIT" Elle est extraite du troisième couplet du Chant des Allemands, dont les paroles sont désormais celles de l'hymne national.

mercredi, 26 août 2015

Une pièce qui a fait du chemin

   L'été est propice aux échanges de pièces de monnaie. Cette fois-ci, c'est à une caisse automatique que je dois ma découverte. Parmi la monnaie qu'elle m'a rendue se trouvaient deux pièces de deux euros, auxquelles je n'ai tout d'abord pas prêté attention, contrairement à mon habitude. C'est en allant ensuite acheter le journal que je jetai un oeil sur le contenu de mon porte-monnaie. L'une des deux pièces a attiré mon regard :

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   Il s'agit d'une pièce lettone, mise en circulation en 2014, année de l'entrée officielle du pays dans la zone euro. Elle a donc mis un peu plus de temps à me parvenir que la pièce estonienne que j'avais récupérée en septembre 2011, moins d'un an après sa création.

   Sur l'avers de la monnaie de 2014 est représentée une allégorie de la Lettonie, une femme couronnée (allusion à la souveraineté, c'est une sorte de Marianne balte) et tenant une gerbe de blé. Notons que sur la tranche a été gravée la  formule suivante : "DVIEUS SVETI LATVIJU" (Que Dieu bénisse la Lettonie.) D'habitude, cette partie de la pièce comporte des éléments plus classiques, comme "2" et "e" sur celle que j'ai trouvée il y a deux semaines.

 

mardi, 18 août 2015

Une nouvelle pièce commémorative

   Cette fois-ci, ce n'est pas un brocanteur du dimanche, mais une employée d'un restaurant ruthénois, qui m'a permis de faire une trouvaille... et il s'agit encore d'une pièce de deux euros !

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   Le "RF" présent sur l'avers indique qu'elle a été imprimée en France (à Pessac, comme la babiole monégasque qui m'est tombée dans le porte-monnaie il y a une dizaine de jours). La colombe est bien évidemment une allégorie de la paix, celle apportée sur le continent par la construction européenne.

   Voilà pourquoi, alors que seuls 19 pays sont dans la zone euro, ce sont les codes ISO des 28 membres de l'UE qui ont été gravés en éventail au-dessus du volatile.

AT = Autriche

BE = Belgique

BG = Bulgarie

CY = Chypre

CZ = République tchèque

DE = RFA

DK = Danemark

EE = Estonie

EL = Grèce

ES = Espagne

FI = Finlande

FR = France

HR = Croatie

HU = Hongrie

IE = République d'Irlande

IT = Italie

LT = Lituanie

LU = Luxembourg

LV = Lettonie

MT = Malte

NL = Pays-Bas

PL = Pologne

PT = Portugal

RO = Roumanie

SE = Suède

SI = Slovénie

SK = Slovaquie

UK = Royaume-Uni

   Parmi les petits symboles gravés figurent le logo d'Eurostar et une corne d'abondance (allusion à la Monnaie de Paris). Saurez-vous les retrouver ?

dimanche, 09 août 2015

Des euros princiers

   Ce matin, je me trouvais dans une brocante lorsque je fis involontairement une belle découverte. Je venais de négocier avec un vendeur l'achat d'une revue ancienne (et fort intéressante). Je lui avais tendu un billet de dix euros, sur lequel il me rendit six euros de monnaie, sous la forme de trois pièces de deux.

   Depuis des années, j'ai coutume de jeter machinalement un oeil aux pièces qui atterrissent dans ma main. Cela m'a permis de découvrir une pièce estonienne (à Rodez, en 2011) et, plus récemment, une pièce maltaise (en 2012). Curieusement, parmi celles qui sont issues des "petits" pays utilisant la monnaie unique, ce sont plutôt les pièces de 1 ou 2 euros qui voyagent loin.

   La règle a été respectée aujourd'hui, puisque, parmi les trois pièces récupérées auprès du brocanteur du dimanche se trouvait celle-ci :

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   Là, je sens que certains d'entre vous sont quelque peu interloqués. "Mais, bougre de crétin, tu devrais savoir que toutes les pièces de deux euros possèdent le même côté européen (le côté pile) ! Montre-nous donc plutôt le côté face !"

   Exécution !

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   Sur cet avers, le portrait d'Albert II de Monaco est entouré des douze étoiles du drapeau de l'Union européenne, bien que la principauté qu'il dirige n'en fasse pas partie. Ceci dit, Monaco et la France sont liées par une union douanière. De plus, d'après le site du gouvernement français, la principauté est associée à l'espace Schengen et, en 2001, elle signé une convention monétaire avec l'Union européenne, convention qui a été renouvelée en 2011.

   Enfin, aux curieux qui s'interrogeraient sur la nature des inscriptions encadrant l'année 2012, je précise que ce sont des poinçons, l'un du graveur général, l'autre du centre de frappe de Pessac (qui dépend de la Monnaie de Paris).

 

jeudi, 06 août 2015

Le détail qui tue

   Cela fait partie des inconvénients petits plaisirs inattendus des repas de famille : se taper le programme télévisé préféré de ses hôtes. Ce soir, avant le journal de 20 heures, l'écran fut occupé exclusivement par la première chaîne et un jeu hautement culturel, "Wishlist", présenté par Christophe Dechavanne.

   Le principe est le suivant : chaque soir, un couple tente de gagner les cadeaux de ses rêves. Pour cela, l'un des deux (pas forcément toujours le même) doit poser des questions à l'autre sur des thèmes précis. Au second de répondre. On pourrait penser qu'il s'agit là d'une énième version du quiz (plus ou moins) culturel... à ceci près qu'ici la rapidité et la clarté de la lecture des questions entre en jeu. (Ce n'est pas l'animateur qui lit.) C'est l'occasion de vérifier que, dans les couples de candidats, c'est souvent l'homme qui se montre le plus laborieux dans l'accomplissement de cette tâche.

   L'émission de ce jeudi 6 août en a été la confirmation, mais là n'est pas la raison de ce billet. C'est le public qui a attiré mon attention. En général, pour que le regard des téléspectateurs soit concentré sur les candidats et l'animateur, l'assistance est plongée dans l'obscurité (noire ou bleutée). Cela permet aussi de masquer la présence des candidats des précédentes émissions (et des suivantes), plusieurs étant enregistrées à la suite.

   Mais, parfois, un visage sort du lot et se retrouve en pleine lumière :

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   A priori, on serait tenté de dire que c'est dû au hasard ou au positionnement de la personne (au premier rang, juste derrière la candidate). Le problème est qu'elle est la seule à apparaître ainsi en pleine lumière et que cela s'est reproduit durant l'émission :

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   Au vu du regard de la dame, on pourrait penser qu'elle se cherche dans l'un des écrans de contrôle de la salle. Mais, un peu plus tard, on a la confirmation que son expression est un peu bizarre, même lorsqu'elle n'est pas forcée :

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   De surcroît, je sais que, lors des enregistrements de ce type, les spectateurs ne choisissent pas l'endroit où ils s'assoient. Ce sont les employés de la production qui ont placé cette femme là où elle est. La question est : a-t-on essayé de la cacher le plus possible (en évitant de la placer face aux caméras, visible assise) ou s'est-on amusé au contraire à la rendre très visible dans un coin, pour les spectateurs attentifs ?

jeudi, 23 juillet 2015

Les mille et une nuits portugaises

   C'est une entreprise un peu folle, un triptyque (de plus de six heures au total) du Portugais Miguel Gomes, remarqué il y a deux ans et demi avec Tabou. Mi-fiction mi-documentaire, cette oeuvre prend pour prétexte les célèbres contes pour traiter du Portugal d'aujourd'hui.

   Le premier film, L'Inquiet, alterne humour et constat de désespoir. On y voit le réalisateur fuir le tournage, poursuivi par un preneur de son, un caméraman et le reste de l'équipe technique. (Aux cinéphiles avertis, cela rappellera une scène de C'est arrivé près de chez vous.) La suite est moins drôle, avec la crise des chantiers navals. Notons que l'intrigue suit parfois des chemins détournés, comme lorsqu'il est question des ravages des guêpes.

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   La venue des envoyés de la Troïka (FMI, BCE et Commission européenne) remet un peu d'ambiance... de manière inattendue : il est question d'érection. Je n'en dirai pas plus... Mais la séquence la plus marquante est sans conteste celle du chant du coq, dans laquelle on aurait tort de voir un simple conflit de voisinage. De là, on passe (façon marabout de ficelle) à une histoire d'amour, sur fond d'incendie et de travail des pompiers.

   La dernière partie est consacrée à ceux qui sont appelés "les merveilleux". Cela commence par trois portraits, ceux d'individus broyés par la crise. Il y a ce cadre licencié, qui s'était dévoué corps et âme à son entreprise, et dont on découvre la chute progressive. Il y a aussi ce couple "à l'ancienne", modeste dans tous les sens du terme. Il y a enfin ce jeune homme, qui a tendance à "péter les plombs". Le fil conducteur est un syndicaliste, tombé malade. Pour contrebalancer cette vision un peu sombre, la scène finale montre un bain collectif roboratif.

   Si j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans le premier film, le deuxième volet, intitulé Le Désolé, m'a tout de suite captivé. Trois histoires nous sont contées. On commence avec celle de Simao "sans tripes", un vieux roublard, à moitié délinquant, qui a pris le maquis. Bien que son comportement ne soit pas irréprochable, il bénéficie du soutien d'une partie de la population, qui voit en lui un rebelle, un homme qui ne se plie pas aux diktats des autorités qui ont trahi le peuple. Dans cette histoire (comme dans la suivante, d'ailleurs), le rapport aux femmes est ambigu. A plusieurs reprises, dans le triptyque, on remarque que M. Gomes a mis en scène une société assez patriarcale, sans que cela soit montré de manière négative. (Fort heureusement, le troisième volet va corriger cette impression.)

   La deuxième partie est assez théâtrale. Il y question d'une juge, confrontée a priori à un cas assez simple de conflit entre un propriétaire et ses locataires. De fil en aiguille, on découvre que cette affaire a de multiples implications, chaque "accusé" arguant qu'il/elle avait des raisons valables de mal agir.

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   Ainsi, les locataires (une mère et son fils) ont vendu les meubles du logement (appartenant au propriétaire) pour payer une indemnité due à la belle-fille, qui en avait assez d'être maltraitée par son mari. Le propriétaire lui-même était à la recherche d'argent depuis qu'il s'était fait tuer ses vaches par son voisin. Il a poussé une muette à commanditer un vol de bétail, qui ne s'est pas très bien passé, un des bovidés s'étant échappé. L'animal, bloquant la route, a empêché les secours d'arriver à temps pour sauver la vie d'un enfant, frappé à mort par l'un des frères. Tout cela à cause d'un repas qui n'avait pas été préparé. Dans le même temps, on constate que les femmes, portugaises comme chinoises (celles-ci ayant un lien avec les vaches !), sont souvent traitées comme des objets.

   La dernière partie de ce film tourne autour d'un chien, appelé Dixie, qui va changer de maître à plusieurs reprises. L'histoire se déroule dans un quartier pauvre, dans des immeubles d'habitat bon marché. Il est d'abord question d'une dame âgée, dont le premier chien est mort et qui ne veut plus s'occuper du nouveau. Un couple en détresse sociale va hériter de Dixie, qui va ensuite passer entre les mains d'un duo de jeunes qui tire le diable par la queue. Le chien va poursuivre son existence entre une grand-mère concierge et ses petits-enfants. L'idée est que l'animal apporte un peu de bonheur à des personnes que la vie a abîmées. Mais cela ne suffit pas toujours.

   Ce deuxième volet est moins drôle que le précédent, mais il est plus fort, mieux maîtrisé au niveau du scénario et du montage.

   Le troisième volet, intitulé L'Enchanté, renoue un peu avec l'esprit parfois enjoué du premier, tout en étant moins déprimé. Dans les histoires pointe plus souvent une lueur d'espoir. La première met en scène une Schéhérazade (très jolie) en femme libre. On lui fait rencontrer un magnifique éphèbe, jeune, beau et musclé... mais terriblement bête. Cela donne du piquant à cette intrigue (tournée du côté de Marseille), qui ne m'a pas franchement emballé.

   Lui succède le plat de résistance, autour d'éleveurs de pinsons, dont les chants sont l'objet d'une véritable passion. On découvre le mode de capture des animaux sauvages et la manière de les élever pour en faire des champions des vocalises. L'histoire culmine lors d'un concours, organisé en périphérie d'une grande ville, à proximité d'un aéroport, dans une grande cage aménagée à cette intention.

   On pourrait croire que l'ambiance allait retomber avec la dernière séquence. Pas du tout. "Forêt chaude" est la traduction du nom de l'héroïne, une étudiante chinoise qui va dans un premier temps se perdre dans la ville portugaise, avant de rencontrer son destin. Elle est un peu à l'image de la tonalité que M. Gomes a voulu donner à son entreprise : un fond assez noir (parfois même très noir), mais d'où émergent des raisons d'espérer.

   Tout n'est pas bon dans cet ensemble disparate. Il aurait sans doute fallu procéder à davantage de coupes. Mais c'est un passionnant portrait poétique du Portugal du début du XXIe siècle, dans lequel d'autres pays peuvent se retrouver.

mercredi, 15 juillet 2015

Le cinéma du Tour de France à Rodez

   Certaines personnes ont peut-être été interloquées à la lecture de Centre Presse aujourd'hui. Voici ce qu'on peut trouver en haut à droite du second cahier :

Tour de France CPresse 15 07 2015.jpg

   Après vérification sur la page des horaires du site de Cap Cinéma, il apparaît qu'aucun film n'est programmé vendredi (à l'exception de l'avant-première) et que, samedi, les projections ne démarrent qu'à 18 heures !

   Est-ce une décision de l'exploitant des salles, qui a estimé qu'il ne ferait pas une bonne recette ces jours-là ? J'en doute. Des films "porteurs" sont à l'affiche et je me suis laissé dire que la dernière Fête du cinéma n'a pas super bien marché. (Il faut dire qu'à 4 euros la séance, on ne risque pas d'attirer beaucoup les jeunes spectateurs, qui bénéficient déjà  d'un tarif super-réduit. Pour les autres, c'est certes une bonne affaire, mais le gain n'est pas si important que cela par rapport au tarif abonnés.) Se priver d'une journée et demi de recettes, de surcroît en fin de semaine, ne me paraît pas judicieux.

   Et puis je me suis souvenu que Cap Cinéma n'est que locataire du bâtiment. C'est la mairie de Rodez qui en est propriétaire. Elle a dû demander à l'exploitant des salles de céder la place aux animations du Tour de France... et surtout de ne pas leur faire concurrence.

   En lisant le numéro de juillet-août du magazine Rodez, notre ville, on comprend que le cinéma va se transformer en hall d'exposition (et sans doute aussi en bar-buffet). Le soir, le bon peuple est prié de se ruer place Foch, pour assister à une représentation du Malade imaginaire... avec Gérard Holtz :

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   Soyons clairs. Que l'on propose une représentation théâtrale gratuite, dans le cadre de la venue du Tour de France, avec en vedette un animateur populaire, est tout à fait honorable. Mais que, dans le même temps, on s'arrange pour que personne ne puisse aller au cinéma dans la commune me choque. Et je ne parle même pas de l'opération de com' pour le sponsor de la pièce, ni du narcissisme de l'acteur-animateur...

dimanche, 14 juin 2015

Aurtograf

   Le tout nouveau baromètre Voltaire a fait la Une de la presse, notamment de La Dépêche du Midi de vendredi 12 juin. La lecture de ce dossier est d'ailleurs très enrichissante. Dans le premier cahier du quotidien toulousain, l'article occupe une grande part de la page 5. Carte et chiffres à l'appui, on se réjouit du relatif bon classement de Midi-Pyrénées et, globalement, des départements du grand Sud-Ouest.

   Hélas, trois fois hélas ! Dans une nouvelle version de "l'arroseur arrosé" ou de "tel est pris qui croyait prendre", page suivante, en lisant le papier consacré au meurtre horrible de Maureen Jacquier, voici ce sur quoi l'on tombe :

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   Fort heureusement, l'erreur a été corrigée dans la version numérique de l'article. On ne répètera jamais assez qu'avant d'envoyer une lettre, un message ou de publier un article (ou un billet, sur un blog), il est indispensable de se relire... surtout si (comme moi) l'on a plus de difficultés à lire sur un écran que sur du papier.

   Concernant la maîtrise faiblissante de notre langue, le constat n'est pas nouveau... et force est de constater que les ministres de l'Education qui se sont succédé ces dernières années ne se sont pas montrés à la hauteur de la tâche... la dernière en date préférant bricoler les programmes du collège plutôt que de s'attaquer vraiment à l'illettrisme qui gangrène notre pays.

   Les récents articles n'ont en général pas cherché à expliquer cette baisse du niveau. Il est pourtant une constatation simple que les gens de ma génération peuvent faire : les enfants du XXIe siècle ont moins de travail scolaire qu'en ont eu leurs parents. La différence est particulièrement flagrante en français. Il y a quelques années, on faisait porter le chapeau de l'illettrisme aux méthodes d'apprentissage de la lecture. On aurait aussi pu tout simplement faire remarquer qu'à l'école élémentaire, nos têtes blondes reçoivent un enseignement en français très allégé par rapport à ce que nous avons connu.

   Actuellement, les horaires officiels sont de 10 heures par semaine en CP-CE1 et seulement 8 heures en CE2, CM1 et CM2. D'après les instructions officielles de 1945 (appliquées jusqu'au début des années 1970), les générations des "Trente Glorieuses" ont été mieux servies :

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   Quand on fait la somme de toutes les heures affectées au français, on arrive à 15 pour le CP, presque 14 pour le CE et 11 pour le CM, soit entre trois et cinq heures de plus par semaine (par rapport à aujourd'hui). On notera qu'à l'époque, les élèves avaient 30 heures de cours par semaine à l'école élémentaire, contre 24 en 2015...

   Ceci dit, soyons honnêtes, à chaque époque les adultes ont l'impression que la jeunesse montante est moins bien formée que la précédente. On peut en trouver la trace jusque dans le très sérieux Bulletin Officiel de l'Education Nationale. Dans le numéro 62, daté du 29 novembre 1945, un proviseur livre ses réflexions sur l'enseignement du français dans le secondaire (à l'époque réservé à une mince élite). Voici ce qu'il écrit :

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   La différence avec notre siècle tient dans la manière de considérer les jeunes. En 1945, on plaçait clairement les enfants et les adolescents en position subalterne par rapport aux adultes, sans que cela induise du mépris. Voici par exemple le type de conseil que l'on peut trouver dans un autre exemplaire du BO, d'octobre 1945 :

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   Aujourd'hui, nous vivons dans la "civilisation" de l'enfant-roi. Certains gamins et gamines, auxquels on n'a pas inculqué le sens de l'effort et du devoir, deviennent des adultes égocentriques et capricieux. On peut les rencontrer dans la rue, au volant d'une voiture, au restaurant, aussi bien qu'à l'Assemblée nationale.

dimanche, 07 juin 2015

Citizenfour

   C'est l'un des noms de code d'Edward Snowden, cet ingénieur informaticien américain qui a dénoncé l'espionnage industriel pratiqué par la NSA par l'intermédiaire des moyens de communication numériques. Ce documentaire de Laura Poitras montre comment le scandale a éclaté. Il a été tourné de l'intérieur, au fur et à mesure que les premières révélations ont été publiées par la presse, en particulier The Guardian.

   Le début n'est pas des plus passionnants, d'un point de vue filmique. On entend la réalisatrice, en voix off, sur des images sans grand intérêt. Elle raconte comment elle a été amenée à rencontrer Snowden.

   Cela s'anime à partir du moment où l'on se trouve dans la chambre d'un hôtel de Hong Kong. Le "lanceur d'alerte" y dialogue avec la réalisatrice, mais surtout Glenn Greenwald et Ewen MacAskill, un de ses collègues chevronnés du Guardian.

   On se retrouve dans un film d'espionnage, avec un personnage principal calme, mais complètement paranoïaque, allant jusqu'à débrancher le téléphone filaire de la chambre. Il prend aussi d'infinies précautions pour qu'on ne puisse pas utiliser le film en cours de tournage contre lui et ses alliés. Pendant huit jours, d'un lundi à l'autre, l'action va être rythmée par les entretiens entre les membres du petit groupe et l'intervention progressive des médias de masse.

   Les péripéties sont plus nombreuses sur la fin, quand Snowden est identifié par les services états-uniens. Il arrive quelques bricoles à Greenwald et Laura Poitras est contrainte de s'installer à Berlin, pour éviter les tracasseries de son pays d'origine.

   A ceux qui ont suivi l'affaire, le film n'apprendra pas grand chose (sauf, à la fin, mais j'y reviens). Aux profanes, je conseille de lire un peu avant d'aller en salle. Même si Snowden se veut pédagogue quand il explique le système de captation des communications aux journalistes, il vaut mieux en savoir un peu au départ.

   Edward Snowden ne vient pas de nulle part. Bien entendu, on pense à Julian Assange (et à Bradley Manning, sans lequel il n'y aurait sans doute pas eu WikiLeaks). Des années auparavant, Gorge profonde avait joué un rôle semblable... et il semblerait que l'informaticien ait suscité des vocations. Après avoir quitté Hong Kong, il rencontre à nouveau Greenwald. Celui-ci lui apporte une nouvelle "matière", qu'il lui communique avec du bon vieux papier et un stylo, histoire d'échapper à une caméra certes amie mais trop invasive.

   On finit par comprendre que l'Allemagne (dont les services se sont montrés extrêmement coopératifs avec la NSA) serait le centre névralgique des frappes de drones. Il est aussi question d'un pays dont la population entière serait l'objet d'une surveillance des communications. D'après Rue89, ce seraient les Bahamas... mais le système s'est déjà étendu à d'autres.

   Je suis sorti de là partagé. D'abord ravi de l'ingéniosité et du civisme des lanceurs d'alerte. Ensuite consterné par cette épidémie d'espionnite qui touche beaucoup trop de gouvernements.

dimanche, 31 mai 2015

Contrefaçon mon amour

   L'excellente émission Interception, diffusée le dimanche matin sur France Inter, était aujourd'hui consacrée à la contrefaçon. Les reporters ont suivi deux types d'acteurs de la lutte contre ce fléau économique : des douaniers et un représentant de l'entreprise Maped, bien connue de tous ceux qui achètent des fournitures scolaires ou de bureau.

   On découvre que ce dernier se rend régulièrement à la Foire de Canton, qui se déroule désormais deux fois par an. Les autorités chinoises sont globalement assez coopératives, à condition de connaître les us et coutumes locales.

   La mondialisation aidant, l'enquête s'étend de Canton à Aubervilliers, en passant par Le Havre, Rouen et Saint-Ouen. Une des tendances récentes est l'arrivée massive de nouveaux "investisseurs" : les réseaux de trafiquants de drogue, qui voient dans la contrefaçon un moyen moins risqué de faire des profits.

   D'ailleurs, à la fin de l'émission, la déléguée générale du Comité Colbert a rappelé que les frères Kouachi ont sans doute financé l'achat des armes qui leur ont permis de perpétrer leur massacre à l'aide de la revente de vêtements de contrefaçon.

   Symptomatique est aussi la réaction des acteurs connexes à ce genre de trafic : les sociétés postales jouent désormais le jeu mais, curieusement, les banques continuent à freiner des quatre fers. Et pourtant, la majorité des achats de produits contrefaits passent par l'utilisation d'une carte de paiement...

samedi, 09 mai 2015

Chez But, on aime les gonzesses

   Ce matin, en allant chercher mon courrier, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres divers dépliants publicitaires, la plupart ayant vite atterri dans le carton rassemblant les déchets papier destinés à finir dans une borne publique.

   L'un d'entre eux m'est resté entre les mains... ou plutôt, il a failli me tomber des mains, tant il m'a paru témoigner de la survivance d'une mentalité archaïque :

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   En prévision de la fête des mères, les magasins But suggèrent quelques cadeaux propres à embellir le quotidien de toute génitrice qui se respecte. Force est de constater que, depuis "Moulinex libère la femme", les pubards semblent n'avoir guère évolué.

   Ainsi, la plupart des "cadeaux" sont des ustensiles de cuisine ou de ménage : une cafetière, une robot pâtissier, un multicuiseur intelligent (sans doute pour pallier les déficiences de madame...) et un aspirateur. S'ajoutent à cela un panier qui pourrait avoir vocation à recueillir du linge sale (ou des déchets ménagers), un tapis que Bobonne aura plaisir à régulièrement secouer... et, quand même, une enceinte portable (attention, on dit "nomade" désormais), parce que les mères modernes, quand elles en ont marre de jouer les boniches, adooorent faire chier le monde en écoutant de la musique à pleins tubes !

lundi, 20 avril 2015

Jamais de la vie

   Pour beaucoup de cinéphiles, Pierre Jolivet restera d'abord l'auteur de Ma petite entreprise, un film qui prouve qu'il est possible d'associer ambition cinématographique et représentation du réel. Ici, on est un peu dans la même veine.

   Jolivet avait besoin d'un acteur "qui assure". A Vincent Lindon a succédé Olivier Gourmet, qu'on a vu récemment dans Le Temps des aveux, Terre battue et L'Affaire SK1. Cela risque de devenir banal le concernant, mais il est génial. (Le Monde lui a récemment consacré un très joli portrait.) Il s'est parfaitement coulé dans le personnage de cet ancien ouvrier syndicaliste, licencié puis devenu veilleur de nuit en CDD. Il a la cinquantaine, vit seul, est en mauvaise santé et sait qu'il aura une retraite de merde.

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   Mais la distribution ne se limite pas à Gourmet. Autour de lui évoluent notamment Valérie Bonneton, en conseillère de Pôle Emploi qui a du mal à joindre les deux bouts, et Marc Zinga (remarqué dans Qu'Allah bénisse la France), en collègue immigré qui vit séparé de sa famille. A noter aussi la prestation de Julie Ferrier en sœur casse-couilles.

   Vous aurez donc compris que l'intrigue a un fond sociétal important. L'action se déroule dans la banlieue parisienne. On suit la vie de travailleurs pauvres. Pour s'en sortir, il faut savoir ruser, saisir les occasions qui se présentent... et, parfois, contourner la loi. Le propos est engagé, sans que l'on tombe dans la bonne conscience sociologisante. Le scénario n'élude pas la délinquance urbaine, mais il la replace dans un contexte plus large. Exprimé ainsi, ça semble un peu lourdingue mais, dans le film, c'est assez subtilement mis en scène.

   L'un des plus beaux moments est la séquence qui voit le héros décider de prendre du bon temps. Un soir, il se rend au centre de Paris et s'offre un dîner dans un restaurant gastronomique. Un de ces restos chics où les clients débarquent en voiture haut-de-gamme. Un de ces endroits fréquentés par la classe moyenne aisée. Les clients sont plutôt jeunes et beaux. Ils semblent heureux, alors qu'à quelques kilomètres de là, certains de leurs concitoyens sont au bord du gouffre.

   Compte tenu de la profession du personnage principal, nombre de scènes se déroulent la nuit. C'est joliment filmé. L'atmosphère de mystère contribue à accroître la tension créée par le scénario. Peu à peu, on comprend que quelque chose se trame autour du centre commercial. Beaucoup de personnages vont y être mêlés, à des degrés divers. Le dénouement surprend un peu, mais il est bien amené.

lundi, 13 avril 2015

Connerie au volant... mort au tournant

   C'est le fait divers qui enflamme actuellement l'Aveyron : la mort d'un policier, à Aubin (au nord-ouest de Rodez, à proximité de Decazeville), renversé par un chauffard qui tentait d'échapper à un contrôle routier. Comme la victime est un membre des forces de l'ordre, de surcroît jeune papa, l'émotion est grande. Mais, sans que des incidents aussi graves surviennent tous les jours, c'est très fréquemment que, sur les routes d'Aveyron (et d'ailleurs), des abrutis qui se croient plus forts que tout le monde mettent leur vie et surtout celles des autres en danger. Voyons ce qu'il en est ici.

   Le meurtre s'est produit en pleine agglomération, pas très loin d'un lycée (un vendredi après-midi...), dans une zone où la vitesse est limitée à 50 km/h. L'automobile circulait dans le sens Aubin-Viviez :

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   Le véhicule du conducteur a été chronométré à 94 km/h. L'excès de vitesse est donc de plus de 40 et de moins de 50 km/h (94-50 = 44). Le conducteur risquait une amende de 135 euros, au minimum un retrait de 4 points sur le permis, au maximum la suspension de celui-ci pour trois ans et la confiscation du véhicule.

   Au passage, on comprend qu'un vendredi de début de vacances scolaires, entre 15h et 16h, les forces de l'ordre soient sur le qui-vive, à un moment où nombre d'adolescents sortent des établissements. Au vu de la prise de risques inconsidérée du conducteur, il est heureux qu'aucun accident grave ne se soit produit. L'intervention des policiers l'a peut-être évité.

   L'infraction ayant été constatée, l'interpellation fut décidée. Mais le conducteur tenta d'y échapper en faisant demi-tour. Pourquoi ? On le sait aujourd'hui : il était sous l'emprise de stupéfiant. C'est un délit pour lequel il a déjà été condamné. Au passage, il serait bon de savoir ce qu'il en était du passager, à qui la voiture appartient. Etait-il alcoolisé ? Sous l'emprise du cannabis ? Pourquoi a-t-il laissé un drogué prendre le volant ?

   Cela nous amène à nous intéresser aux pneus (lisses) et au freinage. C'est le passager du véhicule (son propriétaire) qui est responsable de leur état. Cela rendait l'automobile extrêmement dangereuse... et devrait valoir à son propriétaire une amende comprise entre 90 et 750 euros. Voilà un second motif pour vouloir échapper au contrôle policier. Ne serait-ce pas le passager qui aurait incité le conducteur à rebrousser chemin ?

   La voiture a donc dû bien freiner au moins une fois (et assez brutalement). Pas pour éviter le policier : dans l'état actuel de l'enquête, aucune trace de freinage n'a été relevée sur la route (alors que le policier avait signifié l'ordre de s'arrêter)... et il semble que, contrairement à ce qu'affirme le conducteur, le véhicule, loin de tenter d'éviter le policier, lui a foncé droit dessus. (Et puis, quelle crédibilité accorder aux déclarations d'un individu qui était sous l'emprise du cannabis ?) C'est en amont du lieu du meurtre, à l'endroit où le véhicule a fait demi-tour, qu'on devrait pouvoir trouver des traces.

   Tout le monde l'a dit ou écrit : le choc entre la voiture et le policier fut d'une grande violence. D'après Centre Presse, le corps de Benoît Vautrin a été projeté à plus de 60 mètres ! Le véhicule lui ne s'est arrêté qu'au bout de 102 mètres... sur une chaussée sèche. Pour avoir une idée de la force de l'impact, il suffit de regarder l'état de la voiture, après :

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(Source : Centre Presse, 13 avril 2015)

   S'il est bien établi que le conducteur n'a pas freiné devant le policier, cela veut dire que le véhicule n'a perdu de la vitesse qu'à partir du choc. Des experts vont devoir étudier la chose, mais je pense que la voiture roulait à plus de 90 km/h au moment de l'impact. Je rappelle que quelques centaines de mètres auparavant, elle avait fait demi-tour pour échapper à l'interpellation. C'est dire l'accélération démesurée qui a été imprimée au véhicule par son conducteur... et ce, en pleine agglomération, en milieu d'après-midi.

   A certains, il ne reste que les yeux pour pleurer. Benoît Vautrin laisse une veuve et un enfant en bas âge. Il était originaire d'un village du Sud du Tarn, Lempaut (pas très loin de Castres), qui compte environ 800 habitants :

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   Un bel article de La Dépêche du Midi permet de réaliser à quel point il va manquer à ceux qui l'aimaient.

   Il est une autre famille qui ne doit pas se sentir bien (même si c'est à un degré moindre) : celle du chauffard. Celui-ci, s'il a un peu "dérapé" ces dernières années, n'est cependant pas une "racaille", du moins si l'on se fie au portrait publié dimanche dans Centre Presse :

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   C'est une leçon de plus pour les jeunes et les moins jeunes qui prennent le volant : le champignon le plus mortel de la planète est celui qui se trouve dans une voiture. Toute personne qui conduit peut devenir un danger pour elle-même et pour autrui. Il est regrettable qu'il faille attendre qu'un drame se produise pour que les paroles sensées deviennent audibles par toute la population.

dimanche, 05 avril 2015

Légionnaires "de gauche"

   Sans rompre avec les pratiques de ses prédécesseurs, François Hollande distribue les colifichets aux amis et aux courtisans. Dans la fournée de Pâques 2015, publiée au Journal Officiel, en Aveyron, on a remarqué la promotion de Pierre Soulages au plus haut grade, celui de grand'croix, en compagnie d'un ancien membre des Forces Françaises Libres, Charles Flamand.

   Ce n'est pas le seul artiste promu. Mehdi Qotbi, un peintre proche du roi du Maroc (auquel on a sûrement voulu faire une faveur), devient commandeur. On trouve d'autres artistes à la fin de la liste principale des nommés.

   Dans la liste où figure M. Qotbi se trouve un industriel alsacien, Robert Lohr. Je me demande si sa présence n'a pas pour but d'équilibrer, côté français, la promotion de Thomas Enders, président (exécutif) d'Airbus. Le premier figure sur le contingent du ministère de la Défense, le second sur le contingent du ministère des Affaires étrangères. On notera que l'aéronautique (au sens large) est fortement représentée avec (dans la liste principale) Juming Chen, présenté en France sous l'identité d'Eric Chen : c'est le président d'Airbus Chine. Il est en compagnie d'Alain Charmeau (issu du secteur aérospatial), d'Yves Gueyffier (un ancien de chez Dassault), de Jean-Paul Ebanga, PDG de CFM International, de Christophe Cador (dont l'entreprise a pour principaux clients Airbus, ATR, Latécoère....), et d'un trio estampillé Thales (le discret Raphaël EskinaziPhilippe Eudeline et Patrick Oszczeda). Une touche féminine est apportée par Yannick Assouad, directrice d'une branche du groupe Zodiac... et ancienne de chez Thales. Si l'on ajoute à ces personnalités du privé les décorés de l'aviation civile (et une directrice de l'ONERA), cela fait une belle brochette.

   Du côté des banques, on remarque la nomination du directeur général du Crédit Agricole Michel Mathieu (un -petit- coup à gauche) et celle de l'ancien PDG de la Société Générale Frédéric Oudéa (un coup à  droite).

   Un autre gros contingent est constitué d'universitaires et de hauts fonctionnaires de l'Education nationale. Il est en concurrence (ou parfois à l'intersection) avec le clan des amis politiques. Le premier d'entre eux est Jean-Claude Gayssot (nommé officier), dont on peut dire qu'il a sa carrière derrière lui. Il est encore vice-président de la (future ex) région Languedoc-Roussillon... et il incarne une vision plutôt critique de la gauche gouvernementale. A ses côtés figure Yves Krattinger, qui vient d'être réélu à la tête du département de Haute-Saône, en ayant conservé intacte sa majorité de conseillers (22 contre 12), un petit exploit qui méritait bien une récompense.

   Le grand Sud-Ouest est bien représenté, avec la périgourdine Jane Lataste, l'ariégeois Jean-Pierre Bel (ancien président du Sénat) et l'ancien maire de Montpellier, Hélène Mandroux.

   En signe d'ouverture, le corrézien (divers droite) Paul Reynal est nommé chevalier et la chiraquienne Catherine Colonna est promue officier. Le cas de Colette Blériot est un peu à part. Cette conseillère UMP a été réélue dans l'Aisne (face à des candidats FN), permettant à son camp (UMP-UDI) d'obtenir une courte majorité relative : 18 élus, contre 16 à la gauche et 8 au Front national. L'an dernier, elle avait été un peu mise à l'écart par Xavier Bertrand, dont la liste avait remporté la mairie de Saint-Quentin.

   On a aussi pansé quelques plaies, à gauche. Ainsi, l'auvergnat Jean-Claude Daurat, éliminé dès le premier tour des récentes élections départementales (bien que sortant), reçoit une breloque. Il en est de même pour la lot-et-garonnaise Catherine Pitous, elle aussi conseillère sortante, elle aussi éliminée dès le premier tour des dernières élections. Quant à Jean-Luc Fichet, s'il a été aisément réélu maire en 2014, il a perdu son mandat de sénateur quelques mois plus tard (il était troisième sur la liste PS, qui n'a obtenu que deux sièges). On a aussi consolé le communiste Jean-Paul Dufrègne : il a bien  gardé sa place au sein du conseil départemental de l'Allier (il a été réélu au premier tour... sans adversaire à gauche), mais il en a perdu la présidence, de justesse.

   Le Sud-Ouest n'est pas absent des nominations judiciaires, avec notamment l'ancien procureur de Toulouse Michel Valet (qui a désormais du temps pour déambuler sur l'Aubrac) et l'avocat Jacques Lévy (connu notamment pour avoir assuré la défense de Jacques Viguier...).

   En parcourant les décrets, on tombe sur des personnalités médiatiques (mais pas nécessairement méritantes) : Anne Sinclair, François Berléand, Georges Chelon, Thierry Rey, Patricia Girard ou encore Antoine Kambouaré...

jeudi, 12 mars 2015

La dernière de Jim Brass

   Mercredi, TF1 a diffusé les derniers épisodes de la saison 14 des Experts Las Vegas. Le vingt-deuxième fut l'occasion de voir l'ultime prestation de l'acteur Paul Guilfoyle, les producteurs ayant soudainement décidé de supprimer le personnage du capitaine Jim Brass, l'un des piliers de la série.

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   Incarnant un flic bougon au grand coeur, pas très subtil mais la chasse aux criminels chevillée au corps, il avait introduit un peu de diversité dans la petite famille surdiplômée des enquêteurs de la police scientifique. Peu à peu, son personnage, au départ secondaire, avait pris de l'épaisseur. On peut penser que la qualité de l'interprétation de Guilfoyle n'était pas pour rien dans le développement (et le succès public) du personnage.

   On oublie toutefois que ce "monsieur-tout-le-monde" a une carrière cinématographique bien remplie derrière lui, dans des seconds rôles certes, mais souvent dans de bons films. On avait ainsi pu le voir dans le Wall Street d'Oliver Stone. Récemment, à l'occasion du décès de Robin Williams, j'ai revu Mrs Doubtfire, dans lequel il incarne un cuistot travaillant dans le restaurant où se déroule l'une des plus mémorables séquences du film.

   Par contre, dans Little Odessa, on le découvre en gros dur. Quel contraste avec Primary Colors, où il interprète un membre de l'équipe soutenant le candidat (libidineux) joué par John Travolta :

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   Sur le petit écran (avant de devenir l'incontournable Jim Brass), il avait aussi multiplié les apparitions. Je me souviens notamment d'un épisode de la première saison d'Ally McBeal, où le futur flic du Nevada avait endossé le costume d'un... avocat :

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dimanche, 22 février 2015

Peste brune en Aveyron

   L'information a commencé à circuler vendredi matin, après la mise en ligne d'un article de Centre Presse évoquant les propos antisémites tenus sur sa page Facebook (aujourd'hui supprimée) par un candidat du Front national aux élections départementales.

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   Mais, rendons à César ce qui appartient à César : c'est sans doute Benjamin Laumaillé qui, dans Le Ruthénois, a levé le lièvre. Le quinzomadaire paraissant le vendredi, il doit être imprimé le mercredi ou le jeudi... et les articles doivent avoir été rendus au plus tard un ou deux jours auparavant. Cela fait donc maintenant au moins une semaine que le journaliste (peut-être rencardé par un de ses camarades des "Roquets Rouges") s'est aperçu qu'Alexandre Larionov a tenu des propos particulièrement odieux.

   On pouvait les trouver dans trois billets éructations du 3 août 2014 (visibles presque en entier sur la capture d'écran publiée dans Centre Presse). Y sont attaqués les Francs-maçons (le terme n'étant jamais correctement orthographié...) et les juifs, "qui merritent que la mort cruelle"... en français dans le texte. Ce jeune homme semble visiblement influencé par les vieilles théories du complot judéo-maçonnique, très à la mode à la fin du XIXe siècle et au XXe. Dans ce domaine, le faux le plus célèbre est le Protocole des sages de Sion, élaboré au début du XXe siècle par des Russes (et s'inspirant d'un pamphlet hostile... à Napoléon III !).

   Un siècle plus tard, on en retrouve encore l'influence dans les "écrits" d'un jeune Franco-russe... ou plutôt Russo-français, pour ce que j'ai pu en juger d'après sa page Facebook, que j'ai consultée juste avant qu'elle ne soit supprimée. De nombreux messages étaient rédigés en russe et la plupart des "amis" (virtuels) d'Alexandre Larionov étaient visiblement eux aussi russes. La plupart... mais pas tous. L'un d'entre eux est incontestablement français :

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    Il serait intéressant de savoir à quand remonte l'amitié (virtuelle) entre ce membre du FN et A. Larionov. Si elle est ancienne (par exemple si elle remonte à l'adhésion du jeune homme, il y a six mois), on peut s'étonner que L. Bourrillon (par ailleurs candidat FN sur le canton Lot et Palanges) n'ait pas été choqué par ce qui figurait sur la page de son "ami". (Il a eu au moins la prudence de ne pas "liker" les messages les plus odieux, contrairement me semble-t-il à un membre du Judo Rodez Aveyron...) Cette page n'était pourtant pas alimentée régulièrement. En quelques minutes à peine, on pouvait lire l'essentiel de ce qui était (approximativement) écrit en français. Peut-être aussi cette amitié virtuelle était-elle toute récente, datant de la désignation du jeune homme comme candidat FN.

   A ce sujet, il me semble que la position du parti de Marine Le Pen est un peu hypocrite. Dès le vendredi de la parution des articles, Alexandre Larionov a été exclu... et on ne peut que s'en réjouir. Mais, si l'information n'avait pas été publiée ? Est-ce que personne n'avait vraiment rien remarqué à propos de ce candidat ? En tout cas, jusqu'à très récemment (au moins jusqu'au 12 février), il était publiquement associé au FN, comme on a pu le voir dans les articles traitant de la présentation des candidats aux élections départementales. On peut l'entrevoir sur les photographies d'illustration, au fond de la salle, un peu plus clairement dans Centre Presse que dans La Dépêche du Midi. C'est plus net sur l'une des photos publiée sur la page Facebook du FNJ :

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   Le garçon a l'air un peu isolé, pas très bien intégré au groupe. Il est peut-être intimidé. A l'occasion de cette affaire, on a pu lire ici ou là que, cherchant désespérément des candidats (sûr que les électeurs étaient prêts à voter pour un-e inconnu-e, du moment que l'étiquette du parti était apposée), le FN avait parfois investi n'importe qui.

   Quand même... le rédacteur du communiqué du FN nous prend un peu pour des imbéciles. Il affirme que le jeune homme n'était adhérent que depuis six mois, alors que les propos qui lui sont reprochés sont plus anciens. Faisons le calcul. Si, à partir du 20 février 2015, on remonte six mois dans le temps, on arrive au 20 août 2014. Or, les propos antisémites ont été publiés le... 3 août 2014. Comme c'est pratique ! Au passage, quand on reçoit l'adhésion d'un nouveau membre, la moindre des choses, quand on est un parti responsable, est d'effectuer quelques recherches basiques sur internet. A cette époque, les propos antisémites de Larionov devaient apparaître en tête de sa page Facebook.

   On y trouvait d'autres choses, comme cette curieuse photographie, à moitié floue :

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   Elle semble avoir été prise face au tableau de bord (donc par le conducteur), alors que le compteur affiche plus de 190 km/h... Le texte semble dire "Je suis faible - je suis rapide"... Si le conducteur était bien A. Larionov, cela nous révèle qu'il aime la vitesse excessive et qu'il n'hésite pas à conduire d'une main pendant que de l'autre (sans doute avec un téléphone portable) il prend un cliché du compteur.

   En tout cas, sa récente mise en examen n'est pas liée à un délit routier, mais bien à ses propos antisémites d'un autre âge.

   P.S.

   Ce garçon a aussi sévi sur Youtube... (Les ajouts de couleur brune sont de ma création.)

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mardi, 17 février 2015

Voile américain

   Ce mois de février, M6 a mis au programme les épisodes de l'unique saison d'une bonne série d'anticipation, Intelligence. Elle présente les aventures d'une agence gouvernementale un peu spéciale, puisqu'elle s'appuie sur un super-espion, doté d'une puce qui a considérablement augmenté son potentiel. Le scénario est globalement favorable aux Etats-Unis, mais les spectateurs attentifs remarqueront de nombreuses critiques de l'action des agences gouvernementales. De plus, certains aspects "civilisationnels" pourront surprendre le public français.

   Ainsi, dans le deuxième épisode, diffusé jeudi dernier, on a pu voir à deux reprises une femme (non musulmane) porter un foulard, à l'intérieur d'une mosquée. La première fois, il s'agissait de Riley, l'agent qui est chargée de veiller à la protection du héros :

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   Elle est ici en train d'interroger un garçon qui va peut-être leur donner une information susceptible de faire avancer l'enquête. Je rappelle que la scène se déroule aux Etats-Unis, mais dans une mosquée.

   La seconde occurrence se trouve à la toute fin de l'histoire, lorsque la patronne de l'agence d'espions se rend à son tour dans ladite mosquée, pour discuter avec le même garçon. (C'est l'occasion d'une révélation qui permet de comprendre une partie de l'épisode sous un autre jour.)

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   Dans le rôle de la patronne, les amateurs de séries policières auront reconnu Marg Helgenberger, une ancienne des Experts (de Las Vegas).

   A ceux qui seraient intéressés par cette série, je conseille de ne pas trop tarder. Cinq des treize épisodes ont déjà été diffusés. On peut les (re)voir sur le site de M6 jusqu'à jeudi soir. Les huit autres sont programmés les deux jeudis suivants. Contrairement aux critiques professionnels, qui ont "descendu" Intelligence, je pense qu'elle mérite le détour, tout comme le méritait Almost Human, programmée récemment par TF1. Avec la récente Alcatraz, c'est une nouvelle série d'anticipation (ou fantastique) grand public qui est sèchement interrompue, alors que tant de bouses occupent nos écrans...

jeudi, 12 février 2015

Discount

   Cette comédie sociale bien de chez nous regarde du côté de Ken Loach et d'une brochette de films au casting pas forcément très glamour, mais à l'histoire prenante. C'est une plongée dans la "France d'en-bas", celle qui se trouve à la lisière du chômage et ne parvient pas à joindre les deux bouts. Elle est incarnée ici par les employés d'un "maxi-discompte", qui pourrait être Leader Price ou Lidl.

   Les "prolos" sont confrontés à la modernité : celle du discours du "management", celle du chronométrage en caisse, celle de la vidéo-surveillance et celle des futures caisses automatiques.

   De la demi-douzaine de rebelles se détache Christiane, très soupe-au-lait, à la gouaille parfois joyeuse. Elle est incarnée par Corinne Masiero, une habituée des productions télévisuelles qu'on a pu voir aussi au cinéma, par exemple récemment dans La Marche. Elle y avait déjà croisé M'Barek Belkouk, doté d'un bon potentiel comique.

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   Tous les autres acteurs sont bons. On les sent très impliqués dans ce film, qui a bénéficié d'un financement participatif. Parmi les figures connues, on trouve Pascal Demolon, vu naguère dans Radiostars. Cela pourrait donner un film "de gauche" très "politiquement correct". C'est mieux que cela.

   L'histoire est tout sauf angélique. L'image de prolos solidaires alterne avec celle de personnes finalement très individualistes, un peu paumées certes, mais pas forcément altruistes. Le lien qui se noue entre les membres de la bande est d'abord forgé par l'appât du gain. Habilement, l'intrigue suggère (à travers l'exemple des vigiles) que le système dans lequel ils évoluent a tendance à les monter les uns contre les autres. Mais, bien sûr, il y a autre chose, d'autant plus que la population de la région va soutenir ces Robins des bois des temps modernes. On reste toutefois dans le cadre de la société de consommation et dans la recherche des produits les moins chers possibles. Il n'y a aucune réflexion sur la manière dont ils sont fabriqués.

   L'autre angle intéressant de l'histoire est constitué par tout ce qui touche au personnage de la patronne, très bien interprétée par Zabou Breitman (vue récemment dans 24 jours). Bien qu'étant officiellement la responsable des malheurs des héros, elle est présentée comme quelqu'un de complexe. C'est une ancienne chômeuse, de surcroît mère célibataire... et musulmane. Elle s'en est sortie à la force du poignet, mais elle est soumise à de fortes pressions, n'étant que la directrice d'un établissement franchisé.

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   Cela donne une comédie savoureuse, qui tente d'introduire un peu de fantaisie dans un monde de plus en plus sérieux, où les êtres humains sont réduits à des chiffres dans des colonnes.

dimanche, 08 février 2015

Bébé Tigre

   Dans ce billet, il ne va pas être question d'un pays en développement d'Asie du Sud-Est, mais d'immigrés indiens en France. Ces jeunes hommes sont des sikhs, adeptes d'une religion minoritaire, qui s'est développée entre l'hindouisme et l'islam. Voilà pourquoi on aperçoit de nombreux turbans dans ce film, en particulier quand les hommes se rendent au temple.

   Le "bébé tigre" est Many (Harmandeep Palminder, une révélation), un adolescent à statut particulier : il est mineur isolé étranger, entré clandestinement, mais sans adulte référent, puisque c'est sa famille qui l'a envoyé en France. Or, à 15 ans, âge auquel il arrive dans notre pays, un enfant doit être scolarisé. C'est la source du premier conflit, le garçon voulant surtout gagner de l'argent pour l'envoyer à sa famille.

   Les choses ne se passent pas comme prévu parce que Many se révèle doué à l'école... et aussi en affaires. Il travaille au noir, pour le compte d'un compatriote qui gère aussi une filière d'immigration clandestine... et qui est pour Many une sorte de père de substitution. (Vikram Sharma est excellent dans le rôle). Le second conflit tourne autour de la légalité. Jusqu'où le garçon est-il prêt à aller ?

   Dans le même temps, il s'intègre à son environnement scolaire. Il peut même envisager de nouer une relation avec une ravissante Black, Elisabeth. Mais il risque de ne pas pouvoir tout gérer... surtout s'il doit mentir à sa famille d'accueil.

   Dit comme ça, cela donne peut-être l'impression d'être un film sociologique à thèse, pesant. Ce n'est pas le cas. Les acteurs, pour la plupart non professionnels, sont très bien dirigés et criants de vérité. Une réjouissante fraîcheur émane des scènes entre adolescents. Le travail de documentation du réalisateur a nourri l'ensemble de l'histoire, d'un grand réalisme, avec quelques moments de poésie, comme lors de cette journée en costumes traditionnels.

   Par certains côtés, cette oeuvre m'a rappelé L'Esquive, d'Abdellatif Kechiche (en moins violent, sur le plan verbal) ou encore La Désintégration, de Philippe Faucon (en moins désespéré).

   P.S.

   Sur le site du distributeur, on peut télécharger un dossier de presse très bien fichu.