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lundi, 24 décembre 2012

La Poste à Onet-le-Château

   La commune d'Onet-le-Château qui, jusqu'à présent, était dotée de deux bureaux de Poste de plein exercice, n'en aura plus qu'un à partir de 2013. En échange de ce sacrifice, l'entreprise (encore) publique (paraît-il) ouvre deux relais chez des commerçants locaux, l'un aux Costes Rouges (quartier populaire qui perd son bureau), l'autre place des Rosiers (dans le "vieux" coeur urbain, où la population est assez mélangée). Voici la situation actuelle :

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   Je me suis appuyé sur Google Maps pour construire cette carte. Les bulles contenant une lettre désignent l'emplacement d'une structure de La Poste. Le C est situé aux Costes Rouges, une colline un peu éloignée du reste de la ville, mais assez bien reliée. Le B désigne un centre de traitement du courrier. Le A est situé place des Rosiers. En rouge, j'ai souligné grosso modo l'emplacement de La Baleine, le théâtre municipal à proximité duquel le nouveau bureau va ouvrir. On espère qu'il sera vaste et que l'amplitude horaire sera grande, pour compenser la perte des deux autres.

   Que penser de cette décision ? D'abord qu'elle va surtout compliquer la vie des habitants des Costes Rouges, ceux du quartier des Quatre-Saisons étant plus proches. Mais il y a des arrêts de bus à proximité... et c'est une zone en plein essor. On constate toutefois que le service public se rapproche plutôt des quartiers bourgeois... Merci la gauche !

   Onet-le-Château est tout de même la quatrième commune du département, en population (elle compte environ 11 000 habitants). C'est aussi l'une des plus vastes : 40 km², près de quatre fois la superficie de celle de Rodez. L'ouverture de deux relais-commerçants est à moitié satisfaisante. Incontestablement, l'amplitude horaire va être plus grande. C'est un plus pour le retrait des colis et des courriers recommandés (surtout quand le facteur a pris la détestable habitude de ne même pas vérifier que la personne est chez elle avant de déposer le petit billet dans sa boîte aux lettres... mais c'est une autre histoire). Se pose néanmoins un problème de confidentialité. On n'a pas forcément envie de réaliser des opérations financières, mêmes modestes, devant un (e) commerçant (e) qui connaît tout le monde dans le quartier. Dans les campagnes, on est déjà confronté à ce phénomène. Quelles que soient les qualités humaines du tenancier, un bureau de tabac n'offre pas la même discrétion qu'un guichet. Sur ce coup-là, il me semble que la mairie d'Onet s'est fait forcer la main par La Poste. Que n'aurait-on pas dit si cela avait été une majorité UMP qui avait procédé ainsi ?

   Ajoutons que les plus anciens se souviennent de l'existence d'un guichet automatique de La Poste, à l'intérieur du centre commercial, juste à l'entrée de l'hypermarché Géant (c'est le petit carré bleu placé sur le plan issu de Google Maps - voir plus haut). Lors d'une première phase de travaux, ce guichet avait été supprimé, remplacé par des bureaux commerciaux (dont l'objectif est de refourguer un maximum de cartes aux clients). Par contre, une autre banque (en vert ci-dessous) avait obtenu de s'installer sur le parking même de l'hypermarché...

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   Passons à présent à la manière dont la presse locale a rendu compte de cette information. Il en a été question à deux reprises : le 7 décembre, quand l'annonce a été faite, et autour du 20 décembre, après la tenue de la dernière séance du Conseil municipal d'Onet, qui a entériné la décision.

   Sur le site de Midi Libre, on peut lire le compte-rendu de la correspondante de Centre Presse, dont la majorité est consacrée à la question des bureaux de Poste. Elle évoque les réserves (voire oppositions) suscitées par le projet, jusque dans la majorité municipale. (Un conseiller a dû se souvenir qu'il avait voté NON, en 2005, au référendum sur le traité constitutionnel européen, dont l'application menaçait l'existence des services publics "à la française". C'est exactement ce qu'il se passe aujourd'hui...)

   Certains seront peut-être étonnés de constater que c'est dans Le Nouvel Hebdo, réputé franchement de droite dès qu'il  est question d'évoquer la gestion de la municipalité Geniez, que l'on peut sentir le plus grand désir de maintenir le service public de proximité :

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   Je m'autorise à penser que l'installation du nouveau bureau à côté de La Baleine a dû faire enrager l'auteur des lignes, qui ne manque jamais une occasion de fustiger cet investissement municipal, qui est pourtant (à mon avis) bien plus utile à la collectivité que le futur musée Soulages ne le sera (directement ou indirectement) aux Ruthénois.

   La surprise est venue de la presse classée à gauche. Dans Le Ruthénois de cette semaine, on peut lire un article qui est le quasi-frère jumeau de celui publié le 7 décembre dernier dans La Dépêche du Midi :

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   Notons que, si les photographies illustrant les deux papiers ont visiblement été prises à quelques secondes d'intervalle, dans les deux cas, les élus tirent une tronche de dix kilomètres... étonnant, alors que l'on est censé annoncer une excellente nouvelle !

   J'ai souligné le titre en rouge, parce qu'il a l'honnêteté de présenter le texte qui suit comme émanant de La Poste, ce qui n'était pas le cas dans le quotidien. Du coup, on s'étonne moins de l'aspect élogieux de certaines formules : "capacité à accompagner le développement et l'attractivité des territoires" (si la commune d'Onet continue de voir sa population augmenter, l'activité de La Poste a plutôt tendance à y diminuer...) ; "le relais Poste commerçant devrait garantir aux habitants une meilleure qualité de service"... Pourquoi ne pas le généraliser à toute la France alors ?

   Bilan ? La gauche est au pouvoir (nationalement et localement) et cela n'empêche nullement une entreprise de service public, La Poste, de poursuivre une politique d'inspiration néo-libérale.

dimanche, 09 décembre 2012

La folie du gaz de schiste

   C'est le titre d'un petit dossier publié dans le numéro de Courrier international de cette semaine :

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   Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que je pense de ce journal. Il a le grand mérite de rendre accessibles au public francophone des articles souvent passionnants issus de la presse étrangère. Il a aussi l'intelligence d'être vraiment bi-média : seule une partie des articles de la version papier est accessible sur le site internet, où l'on peut découvrir des contenus enrichis.

   Cela commence par une "accroche" qui replace la question dans un contexte international, même si les Français en entendent désormais régulièrement parler, comme on va le voir plus loin.

   Le premier véritable article, "Alerte rouge pour Gazprom", est extrait d'un magazine économique russe. Le géant du gaz naturel voit sa puissance remise en cause par l'essor des gaz non conventionnels (plus coûteux à exploiter en Russie). Il est bien entendu question de la dépendance réciproque qui lie l'entreprise à l'Europe, alors que la construction du gigantesque réseau de gazoducs South Stream vient d'être lancée.

   La perspective semble aussi se brouiller avec l'Asie, notamment la Chine ("Vu de Chine") qui, jusqu'à présent, trouve trop chers les hydrocarbures russes... et qui possèderait d'immenses réserves de gaz de schiste:

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   Une difficulté basique se présente aux autorités de Pékin : les plus grandes réserves sont situées dans des zones arides. Quand on connaît l'importance de l'eau dans le processus d'extraction, on se dit que ce n'est pas demain que la Chine cessera d'importer du gaz...

   En complément, sur le site internet de l'hebdomadaire, on peut lire un papier qui traite des revirements des autorités bulgares, qui tantôt semblent vouloir favoriser les investissements étrangers (occidentaux) dans l'exploration des gaz de schiste, tantôt semblent se découvrir une conscience écologique très prononcée... peut-être sous l'influence de Gazprom.

   "Vu de Varsovie", c'est l'indépendance énergétique qui semble l'emporter sur tout autre considération. Rappelons que l'ancienne démocratie populaire, bien que devenue indépendante de l'ancien "grand frère" russe, lui achète encore 70 % du gaz qu'elle consomme. De leur côté, la République tchèque et la Roumanie se montrent plus prudentes vis-à-vis du gaz de schiste, sans que l'on sache vraiment si l'on doit cette attitude au désir de préserver l'environnement ou à l'influence de Gazprom... c'est-à-dire du gouvernement russe.

   Aux Etats-Unis, c'est l'optimisme qui semble l'emporter : "Le grand retour de l'industrie aux Etats-Unis". La baisse du prix de l'énergie provoquée par l'exploitation massive du gaz de schiste semble favoriser la relocalisation d'entreprises. Nombre d'experts pensent que Washington est en passe de recouvrer son indépendance énergétique. Voilà qui pourrait bouleverser la géopolitique du Moyen-Orient : Oncle Sam ne se sentirait plus obligé d'y jouer le rôle de gendarme... ce qui contraindrait la Chine à s'y investir davantage.

   Qu'en pensent les autres pays en développement ? Au Mexique, on s'inquiète des conséquences environnementales. Au Maghreb, d'après la petite revue de presse publiée par l'hebdomadaire, le débat fait rage. L'Algérie s'inquiète de l'épuisement de ses ressources conventionnelles et, en Tunisie, s'il est indéniable que le pays aurait besoin de développer le potentiel national, la corruption semble à l'oeuvre...

   L'Indonésie vit une situation paradoxale. L'exploitation incontrôlée du charbon a fait la fortune d'une mince "élite"... et permis au pays de récupérer des devises, grâce aux exportations. Mais les principaux clients sont la Chine et l'Inde, dont les achats pourraient chuter s'ils développent l'extraction de gaz de schiste. Dans un cas comme dans l'autre, il ne semble pas y avoir de "bonne" solution environnementale.

   Cela nous ramène au débat français, alimenté aussi bien par des "experts" que par des vétérans de la politique qui ne se résolvent pas à ne plus jouer de rôle. L'été dernier, Le Monde comme La France agricole se sont fait l'écho des arguments échangés. Récemment, on a beaucoup parlé des déclarations de Michel Rocard au "quotidien de référence". La semaine passée, Midi Libre s'est penché sur la question. Comme le journal a donné la parole à des scientifiques partisans de l'exploitation, il s'est attiré l'ire de certains lecteurs.

   En complément des articles, le quotidien de Montpellier a publié une carte commentée des permis d'exploration :

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   L'Aveyron a été progressivement "libéré" de la menace. (Les curieux peuvent d'ailleurs se rendre sur le site du ministère du développement durable pour observer l'évolution de la carte des titres miniers d'hydrocarbures.) L'an dernier, trois permis, dont celui de Nant (qui englobait le Larzac) ont été annulés, sans doute grâce à la mobilisation locale (et à la proximité d'élections nationales). Il en restait 61... et l'ouest de l'Aveyron était concerné par celui de Cahors. Il fait partie des sept qui ont été rejetés en septembre dernier :

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   A suivre...

jeudi, 18 octobre 2012

La pétroleuse, le couteau... et le bal des faux-culs

   Ces derniers temps, il a souvent été question du rachat des chaînes de la TNT du groupe Bolloré par Canal +. Reformatée, l'inintéressante "Direct 8" est devenue D8 (et "Direct Star" D17), renforcée par l'arrivée de quelques poids lourds (supposés) du petit écran. 

   Certains d'entre eux (des femmes) mènent la danse dans une émission d'infotainment baptisée "Le Grand 8". Au début du mois d'octobre, Audrey Pulvar a consacré sa chronique aux couteaux de qualité.

   Je ne suis pas parvenu à retrouver l'extrait de cette émission, naguère pourtant accessible sur la Toile. Au mieux, j'aboutis à ceci :

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   O surprise, d'après les personnes qui ont visionné la chose, la compagne de celui qui a en charge le rétablissement de la production industrielle nationale a fait l'éloge des couteaux allemands et... japonais. (Voilà qui la rapproche un peu du chef aveyronnais Michel Bras, qui prise lui aussi les produits nippons...) Rien n'a été dit de la production française, notamment celle de Thiers. (Je pense qu'il n'a hélas pas dû être non plus question de l'artisanat aveyronnais.)

   D8 étant une chaîne relativement confidentielle, l'information a mis du temps à se répandre. La grenade a fini par exploser, déclenchant l'ire des Auvergnats. On peut les comprendre. On peut aussi déplorer la grossièreté de certaines réactions. (Cherchez sur la Toile, vous serez édifiés. Certains gros aigris saisissent le moindre prétexte pour déverser anonymement leur bile...) Je dois avouer que, bien que ne partageant pas forcément les opinions de Mme Pulvar, j'ai apprécié sa réaction, qui, à l'inverse de la séquence de sa gaffe, est facilement accessible sur le net.

   Mais revenons aux couteaux de Thiers. Il en a été récemment question dans un article du Monde, sous la forme d'un billet du blog d'un journaliste basé en province. Si Jean-Baptiste Chastand titre son papier "A Thiers, fleuron fané de la coutellerie française, le grand désarroi des ouvriers",  l'article est consacré à l'ensemble du secteur industriel. Cependant, vers la fin du billet, on peut lire ceci :

"Les Thiernois ont choisi pour maire un chef d'entreprise, héritier d'une lignée familiale de fabricants de couteaux. Même si, comme tous ses concurrents, Thierry Déglon a délocalisé une partie de sa production en Chine, il affirme un optimisme qui détonne."

   Or, personne n'a relevé cet élément. S'agirait-il d'une erreur ? Eh bien, non ! J'ai retrouvé un article datant du 28 mai 2005 (accessible ici), dans lequel les choses étaient déjà clairement dites :

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   On peut en obtenir confirmation dans un entretien accordé par le maire de Thiers, en 2010, à un magazine auvergnat :

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   La démarche de certains couteliers locaux pourrait néanmoins inspirer leurs homologues aveyronnais. Il y a quelques années, ils ont créé un label ("Esprit de Thiers"), qui repose sur une charte de qualité. Je n'ai pas réussi à accéder au texte de la charte. C'est le savoir-faire qui est semble-t-il mis en valeur. La fabrication en France est-elle imposée ? Je ne le sais pas.

jeudi, 27 septembre 2012

Caricatures de Mahomet, le retour

   Comme en 2006, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a rebondi sur une provocation droitière pour exprimer son anticléricalisme viscéral. En 2006, il avait pris la suite d'un quotidien conservateur, le Jyllands Posten (plus agressif envers l'islam qu'envers les autres religions). En 2012, les caricaturistes jouent avec la vague d'indignation suscitée par le (très mauvais) film islamophobe L'Innocence des musulmans. Le numéro de mercredi 19 septembre a été rapidement épuisé. J'ai pu me le procurer grâce au retirage effectué en fin de semaine :

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   A la lecture du journal, je dois dire que j'ai eu du mal à comprendre pourquoi l'affaire avait pris de telles proportions. (Je me fais la même réflexion à propos du film, un navet déjà un peu ancien, qui a sciemment été remis en avant.) La couverture est bien gentille... et ne fait qu'énoncer une vérité : il est aujourd'hui mal vu de s'en prendre aux religions minoritaires. L'association au film Intouchables est pleinement justifiée : le dessinateur a voulu critiquer une forme de "politiquement correct". Ce n'est pas une insulte au film que de dire qu'au-delà de la qualité de ses interprètes, le succès qu'il a rencontré est lié au sentiment de culpabilité éprouvé par nombre de personnes vis-à-vis des handicapés... et ce fut aussi l'occasion de tresser des couronnes à un acteur (fort sympathique au demeurant) issu d'une "minorité visible".

   La page 2 est dédiée aux caricatures anti-intégristes (et pas antimusulmanes). La déception vient du fait qu'elles ne sont pas très drôles.

   La quatrième de couverture est elle remplie de dessins dénigrant Mahomet et l'islam. On sent clairement l'intention de rabaisser, de faire mal. Mais rien n'oblige un musulman pieux à acheter ou lire cet hebdomadaire. Ces caricatures sont de surcroît d'un niveau médiocre. Une seule a vraiment éveillé ma curiosité :

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   Là, il y a du fond !

   L'intérêt est de voir comment d'autres organes de presse ont réagi. En 2011, quand le siège du journal avait été incendié (et le site internet piraté, déjà), c'est la solidarité professionnelle qui l'avait emporté sur les divergences d'opinion. Aujourd'hui, le rappel (nécessaire) de la défense de la liberté d'expression a été quelque peu étouffé par un discours plus critique à l'égard de la démarche de Charlie Hebdo.

   Le quotidien Le Monde illustre assez bien cette attitude. Le 19 septembre, le ton est donné par celui qui est devenu, à mon avis, le meilleur caricaturiste du journal, Xavier Gorce :

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   Ses "indégivrables" pingouins occupent la page 2 de la version papier du journal. La lecture de ses strips est très souvent un pur délice.

   Celui que j'ai reproduit ci-dessus est un éditorial à lui seul. Comment des musulmans qui se disent choqués par ceux qui dénigrent leur religion (l'accusant de propager le fanatisme et la violence) peuvent-ils espérer être crédibles s'ils commettent précisément des actes qui confirment le cliché qu'ils dénoncent ?

   Mais, dès le lendemain, Xavier Gorce montre qu'il n'adhère pas pour autant à la démarche de Charlie Hebdo :

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   Est-ce vraiment faire oeuvre de satiriste, aujourd'hui en France, que de dénoncer sans cesse les aspects rétrogrades de la religion musulmane ?

   Le jour d'après, en "une", c'est au tour de Plantu de régler ses comptes :

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   Charb y est représenté en beauf' et le dessinateur associé au Monde (souvent égratigné par ses collègues "de gauche" dans le passé) ne se prive pas d'aller dans le sens de Xavier Gorce. En clair pour lui, c'est de la provocation à deux balles. Le "coup de pied de l'âne" est donné par la souris, alter ego de Plantu. Elle sodomise sans complexe un drôle de chien... qui n'est autre que Maurice (de Maurice et Patapon), animal fétiche de Charb. Et pan dans les fesses !

   Dans le même numéro du Monde, Sergueï s'en prend plutôt aux intégristes chrétiens qui ont conçu le film antimusulman :

Serguei 21 09 2012.jpg

   Sur la Toile, on peut trouver des propos approchants sur le site de Bakchich, qui estime qu'en France il y a quand même deux poids, deux mesures :

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   J'en reviens toujours à Xavier Gorce, qui a bien perçu le risque qu'il y avait à laisser Marine Le Pen se présenter en défenseure de la laïcité à la française :

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   Mais laissons la parole à Charb, qui n'a pas tort de rappeler, dans un entretien accordé au Monde, que ses dessins sont moins dangereux pour la santé que l'activisme des militants intégristes. On a de plus oublié aujourd'hui que, si le catholicisme tolère (de gré ou de force) la critique acerbe, c'est le résultat de décennies de luttes, d'oppositions parfois très violentes. Nous ne sommes peut-être qu'au début d'une ère de questionnements abrupts à propos de la place de l'islam et des musulmans en France...

lundi, 03 septembre 2012

Prédictions à la con

   Parfois, le hasard de la navigation internautique réserve d'agréables surprises. Ainsi, récemment, j'effectuais quelques recherches sur Barack Obama lorsque je suis tombé sur le site de France Soir, plus précisément des articles de décembre 2011 présentant les prédictions de supposés voyants pour l'année 2012 :

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   Commençons avec Meredith Duquesne :

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   Vivre entre New York et Paris ne donne visiblement pas plus de hauteur de vue, puisque la dame voyait Nicolas Sarkozy (difficilement) réélu... après avoir devancé de justesse Marine Le Pen au premier tour. Or, si tout le monde a bien évidemment en tête la défaite du président sortant au second tour, certains ont peut-être oublié qu'il a précédé Marine Le Pen de plus de trois millions de voix au premier tour :

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   Passons à Claude Alexis, qui officie pour un journal de référence, à savoir Télé Magazine :

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   Lui aussi "voyait" Nicolas Sarkozy réélu mais là n'est pas la perle de ses prédictions. J'ai souligné la chose tellement c'est énorme. Je cite : "Pour Jean-Luc Delarue, c'est la fin de la descente aux enfers. Bonjour le renouveau ! Il revient avec de nouvelles productions sur plusieurs chaînes. Côte vie privée, je lui vois un second enfant à venir."

   Je n'ai qu'un mot à dire : bravo !

   Isabelle Viant se place dans la continuité des deux hommes : elle aussi "voyait" Nicolas Sarkozy reconduit à l'Elysée... accompagné de "cadors" de l'UMP !

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   Quant à Monsieur Olivier, s'il sentait que François Hollande allait être élu, il s'est fourré le pendule dans l'oeil, puisqu'il a "vu" Marine Le Pen au second tour... et une (autre) femme devenir Premier ministre !

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   Je ne vous parle même pas des considérations sur la monnaie. Notons que ce charlatan est assez habile, noyant certaines de ses prédictions dans un flou artistique, ou s'appuyant sur l'actualité de 2011 pour tenter d'extrapoler.

   Pour conclure, je me contenterai de citer un illustre contempteur des astrologues et autres escrocs de l'avenir sur commande, François Rabelais, qui, dans sa Pantagrueline Prognostication (1535), écrivait ceci :

"Cette année les aveugles ne verront que bien peu, les sourds ouïront assez mal, les muets ne parleront guère, les riches se porteront un peu mieux que les pauvres, et les saints [valides] mieux que les malades. [...] Vieillesse sera incurable cette année à cause des années passées. [...] Ceux qui auront flux de ventre iront souvent à la selle percée [...] ; le mal des yeux sera fort contraire à la vue [...]. Et attendu la comète de l'an passé et la rétrogradation de Saturne, mourra à l'Hospital un grand maraud tout catharré et croustelevé, à la mort duquel sera sédition horrible entre les chats et les rats, entre les chiens et les lièvres, entre les faucons et les canards, entre les moines et les oeufs."

samedi, 01 septembre 2012

Le gaz de schiste toujours d'actualité

   C'est l'un des feuilletons de l'été, moins médiatique certes que la guerre civile en Syrie, les Jeux olympiques de Londres ou l'augmentation du prix de l'essence à la pompe, mais le débat n'est pas clos, contrairement à ce que certains beaux esprits ont cru, en France notamment.

   La (bonne) presse fait son travail sur le sujet. Il me semble même qu'au sein de la rédaction du Monde, des dissensions existent sur cette question, peut-être entre les économistes et les journalistes en charge de la rubrique "Planète".

   C'est à la fin du mois de juillet que les articles ont commencé à paraître en nombre. Le 25 a été mis en ligne un éditorial intitulé N'enterrons pas le débat sur les gaz de schiste. On se dit que son auteur a observé avec attention la mini-révolution en cours dans l'énergie aux Etats-Unis, qui a vu ce pays devenir le premier producteur mondial de gaz en quelques années. L'édito renvoie à un reportage (de Jean-Michel Bezat) placé au début de la version papier du quotidien, Bienvenue à Fort Worth, Texas, la capitale du gaz de schiste (accès payant), dont voici un aperçu :

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   Le lendemain, Stéphane Foucart signe un papier traitant d'un rapport bidonné (favorable au gaz de schiste) publié aux Etats-Unis, et dont l'auteur est accessoirement actionnaire d'une société de forage...

   Peu de temps auparavant, Audrey Garric, une autre journaliste de sensibilité écologiste, avait publié, sur son blog officiel, un billet sur la voracité des compagnies gazières, désireuses de forer jusque dans les cimetières...

   Le sujet rebondit au mois d'août. C'est Alain Faujas qui a dégainé le premier, avec un article intitulé Le charbon américain victime du gaz de schiste : l'exploitation de nombreux forages de gaz non conventionnel a fait chuter le prix de l'énergie et les sociétés charbonnières en sont réduites à trouver de nouveaux clients à l'exportation... notamment en Europe, où la volonté de certains dirigeants de sortir du nucléaire donne un nouvel essor à l'énergie produite à partir de houille... Bonjour la pollution !

   Fort logiquement, la rubrique "Idées" voit surgir le débat. On a pu y lire une tribune de Noël Mamère, Non, le gaz de schiste n'est pas la "nouvelle frontière". On sent le député écologiste lecteur attentif du Monde, où la parution d'articles aux perspectives différentes a dû l'inquiéter.

   Deux semaines plus tard, le sujet s'enrichit de nouveaux "papiers". On doit à Julien Bouissou, talentueux correspondant du journal à New Delhi, un article très instructif sur les conséquences de l'essor de la fracturation hydraulique sur les paysans indiens : Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste. (L'article est plus balancé que ce qu'indique le titre.)

   Dans la version papier, au bas de la même page, une correspondance américaine signale l'émergence d'un nouveau problème, qui pourrait, bien plus que l'opposition des militants écologistes, limiter le développement de l'exploitation de gaz de schiste : Aux Etats-Unis, l'eau manque pour permettre la fracturation hydraulique. Il est piquant de voir deux puissants lobbys (l'agribusiness et le secteur pétrolier) entrer en conflit à ce sujet... (Et vive le réchauffement climatique !)

   Cela nous mène à la dernière chronique du médiateur (Pascal Galinier), Ecolos de vacances (joli titre !), grâce à laquelle on peut se rendre compte qu'une partie du lectorat du quotidien voudrait que celui-ci ne transmette qu'une vision militante du sujet. Ces lecteurs semblent ne pas avoir conscience que la rédaction est composée de personnes de sensibilités différentes... et c'est très bien comme ça !

   Le "quotidien de référence" n'est pas le seul à avoir suivi la question du gaz de schiste cet été. Ainsi, le numéro du 27 juillet de La France agricole contient un article de trois pages (Gaz : une révolution dans les tuyaux) annoncé en "une" :

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   Le papier se veut neutre, abordant à la fois les avantages que retirent les pays exploitant les gaz non conventionnels et les conséquences environnementales. Le contexte français (cherté du gaz, son importation) est précisé. Incidemment, on peut lire que le gaz naturel représente 50 à 80 % du coût des engrais azotés.

   On retrouve cette préoccupation dans une vidéo mise en ligne sur le site de l'hebdomadaire agricole. L'intervenant, Joël Morlet, est le président de l'Unifa, l'Union des industries de la fertilisation. Il est aussi directeur général de Yara France, une filiale d'un grand groupe norvégien (principal fournisseur d'engrais chimiques)... ainsi que PDG (et administrateur) de la SOCOFER, une entreprise fabricant des engrais, basée dans l'Indre.

   Et dans nos régions ? A la mi-août, les opposants ont organisé une marche entre Lozère et Aveyron, pour ranimer la vigilance du public. Ils sont inquiets à cause de ce qu'ils estiment être l'ambiguïté du gouvernement. Si le président de la République, François Hollande, a réaffirmé son opposition à la fracturation hydraulique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a précisé que l'exploitation des gaz de schiste n'était toutefois pas définitivement écartée.

   Nos dirigeants ont en tête la crise économique, qui se prolonge, et le déficit de notre balance commerciale, principalement dû à l'importation d'hydrocarbures : au premier semestre 2012, ce déficit approche les 35 milliards d'euros...

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   ... alors que la facture énergétique de notre pays dépasse légèrement les 34 milliards d'euros :

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(J'ai ajouté au graphique la ligne violette, pour mieux mettre en évidence que, lors des deux premiers trimestres de l'année 2012, la facture énergétique avait légèrement dépassé les 15 milliards d'euros, ce qui nous donne un total d'environ 34 milliards pour le semestre.)

   Je pense que nos dirigeants ont aussi reçu des informations provenant de milieux scientifiques moins épidermiquement hostiles au gaz de schiste que les militants écologistes. On peut en avoir un écho dans le numéro 301 de la revue Science... et pseudo-sciences, publié en juillet 2012 :

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   On y trouve une présentation claire de ce que sont les gaz non conventionnels... et l'on découvre, au passage, que l'expression "gaz de schiste" est incorrecte. Six pages sont consacrées aux impacts environnementaux. On rentre dans le détail, puisque, par exemple, on y distingue la fracturation de la stimulation hydraulique, avec leurs éventuelles implications sismiques. Une autre partie du dossier compare la situation en France et aux Etats-Unis. Quelques réserves sont émises à propos du film Gasland.

   La revue se demande enfin s'il est possible d'exploiter "proprement" le gaz de schiste, ou avec quels coûts, environnementaux, sociétaux. (On arrive à la conclusion que, dans les régions marquées le relief calcaire, il est souhaitable, dans l'état actuel des choses, de ne pas procéder à l'extraction de gaz de schiste.) L'ensemble des articles n'a pas pour but de défendre les industriels, mais de replacer le sujet d'abord dans son contexte scientifique.

mercredi, 29 août 2012

Spermatofolie

   C'est le titre d'un roman de Guillaume Cochin, publié en 2007 :

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   Le narrateur est un homme, dont on suit la première moitié de l'existence. C'est un rouquin timide, qui se distingue par un T.O.C. : l'enfant porte de manière compulsive la main à son "robinet", au désespoir de sa maman un peu coincée. S'en suivent des séances chez le médecin.

   Arrive l'adolescence : le héros devient le roi de la branlette... et le dernier de la classe. Mais, enfant unique tardivement né, il est chouchouté par ses parents. Il est entretenu jusqu'à l'âge adulte, habitant dans un petit appartement loué par ses géniteurs. Il vit à l'écart du monde, obsédé par sa seule queue.

   Sa vie va prendre une autre direction quand il apprend qu'il peut donner son sperme. Ses masturbations vont enfin avoir du sens ! Monsieur adopte donc des horaires de bureau, passant quotidiennement (matin ET après-midi) verser son obole -en liquide- au laboratoire, où travaille une charmante infirmière. La description du processus qui le conduit à devenir donneur anonyme vaut son pesant de papier hygiénique !

   Le drame, pour lui, est qu'on finit par ne plus avoir besoin de ses services. Il perd ensuite son père, puis sa mère. Il vivote sur l'héritage, hiberne chez lui en gros crasseux. Et puis un jour... il va pouvoir à nouveau se rendre utile. Je ne vous raconte pas dans quelles circonstances, mais sachez qu'il découvre qu'il a 367 enfants ! Rouquins comme lui ! La fin du bouquin le voit commencer une nouvelle vie.

   En lisant cela, vous vous dites peut-être que vous connaissez peu ou prou cette histoire. Elle ressemble à celle du (médiocre) film Starbuck, dont j'ai causé le 13 juillet dernier.

   Et voici ce sur quoi je suis tombé dans Le Monde du 22 juillet :

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   Il est vrai que les ressemblances entre les deux histoires sont troublantes. Le Journal de Montréal les a listées. Restent les différences :

- le film n'évoque pas la jeunesse du héros et passe (hélas) rapidement sur sa manie de la branlette

- le film fait de son personnage principal quelqu'un de sociable, inséré dans un réseau de relations et travaillant dans l'entreprise familiale, même s'il n'est pas un salarié modèle

- la cause de la découverte de la pluripaternité n'est pas la même

- le personnage principal du film tient, dans un premier temps, à préserver son anonymat

- le film développe la volonté du héros d'améliorer le sort de ses "enfants"

- les ennuis financiers du héros du film ne sont pas ceux du narrateur du roman

   Après, c'est à chacun de se faire son opinion. L'éditeur et l'écrivain auraient-ils mis en route la machine judiciaire si le film n'avait pas rencontré le succès ? J'en doute. Quant aux auteurs de celui-ci, sont-ils de bonne foi quand ils affirment ne jamais avoir lu ni même entendu parler du livre avant aujourd'hui ? Affaire à suivre...

vendredi, 24 août 2012

Bienvenue chez les riches !

   C'est le titre du dossier du Canard enchaîné (le n°124) publié cet été :

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   En quelque 120 pages (contre 80 à 100 d'habitude), les journalistes de l'hebdomadaire satirique proposent un panorama synthétique de la "France des riches". Les articles sont courts (une à deux pages, illustrées d'un à trois dessins) et foumillent d'anecdotes.

   Cela commence par la définition de la richesse, entreprise hasardeuse. Pour les plus fortunés, on peut se reporter au classement des milliardaires du magazine Forbes. Deux Français font partie des vingt premiers : Bernard Arnault (4e) et Liliane Bettencourt (15e) :

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   Pour avoir plus d'informations sur les riches Français, on peut se tourner vers le magazine Challenges, qui publie un classement des 500 plus grandes fortunes professionnelles :

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   En comparant les deux palmarès, on relève des incohérences, tant au niveau de l'ordre qu'au niveau des montants : les deux classements ne se fondent pas exactement sur les mêmes critères.

   On peut aussi s'intéresser aux assujettis à l'ISF. Il y a quelques années de cela, Le Figaro a publié un tableau statistique des villes peuplées de plus de 20 000 habitants comprenant plus de 50 assujettis. Voici ce que l'on peut lire à propos de l'Aveyron (page 5) :

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   Rien que dans ces deux communes (les seules du département à dépasser les 20 000 habitants), on note la présence de près de 400 assujettis à l'ISF. Combien d'autres résident dans une commune moins peuplée ?

   Le document est aussi intéressant parce qu'il mentionne la somme moyenne versée au fisc : 4-5000 euros par an... on ne peut vraiment pas parler d'un impôt confiscatoire.

   Ces données sont à comparer avec les revenus de l'ensemble des Français. D'après l'INSEE, en 2009, les ménages français ont en moyenne un revenu de 34 540 euros, soit un peu moins de 2 900 euros par mois. Pour plus de justesse, la colonne suivante donne le revenu médian, celui qui partage la population en deux groupes égaux (en clair : la moitié gagne moins, l'autre moitié gagne plus). Et là, on constate que ce revenu n'est que de 28 740 euros, soit environ 2 400 euros par mois... merde, je suis au-dessous !

   Cet écart s'explique par les grandes inégalités : beaucoup de ménages gagnent entre 1 500 et 2 500 euros par mois, mais une minorité gagne infiniment plus, ce qui fait remonter la moyenne. Le Canard précise d'ailleurs que 90 % des Français (pas des ménages, semble-t-il) gagnent moins de 37 000 euros par an. 1 % des Français gagnent plus de 7 350 euros par mois. (Que l'on me présente leurs filles !) Quant à ceux qui culminent au-delà d'un million par an, ils ne seraient que 3 000 foyers, soit 0,0008 % du total. Dire que certains ont osé déclarer que la taxe à 75 % (qui ne ponctionnera pas 75 % des revenus : ce sera une tranche supplémentaire... avec des aménagements) s'attaquait à la classe moyenne...

   Le journal satirique revient aussi sur ces très riches qui avaient appelé à une fiscalité plus lourde (dans un appel publié par Le Nouvel Observateur). Combien sont aujourd'hui révulsés par les projets fiscaux du gouvernement Ayrault ? Sur le même sujet, la tribune signée par Warren Buffett dans The New York Times avait quand même plus de gueule. Il y écrit notamment ceci :

"People invest to make money, and potential taxes have never scared them off. And to those who argue that higher rates hurt job creation, I would note that a net of nearly 40 million jobs were added between 1980 and 2000. You know what’s happened since then: lower tax rates and far lower job creation."

   Traduction : "Les gens investissent pour gagner de l'argent, et les impôts éventuels ne les ont jamais dissuadés. A ceux qui soutiennent que les taux [d'imposition] élevés nuisent à la création d'emplois, je dirais qu'un volant d'environ 40 millions d'emplois ont été créés entre 1980 et 2000 [en clair : sous Reagan, Bush père et Clinton]. Vous savez ce qui s'est passé depuis : des taux d'imposition plus bas et beaucoup moins de création d'emplois."

   L'argumentation mériterait d'être affinée, discutée, mais, venant d'un super-riche, elle ne manque pas de sel. Voici encore ce qu'écrit Buffett, un peu plus bas :

"But for those making more than $1 million — there were 236,883 such households in 2009 — I would raise rates immediately on taxable income in excess of $1 million, including, of course, dividends and capital gains."

   Traduction : "Mais pour ceux qui gagnent plus d'un million de dollars (236 883 ménages en 2009) j'augmenterais immédiatement le taux d'imposition du revenu excédant un million de dollars, en incluant, bien sûr, les dividendes et (autres) revenus du capital."

   Alors, Warren Buffett hollandien ?

   Le journal satirique ne se prive cependant pas d'égratigner l'actuel président sur ses déclarations de patrimoine. Il semble avoir été plus honnête en 2012 qu'en 2007, sans doute pour éviter, à l'époque, de payer l'ISF... Le paradoxe est que c'est à la réforme initiée par Nicolas Sarkozy que François Hollande doit sans doute de n'y être pas assujetti aujourd'hui !

   La suite du dossier est composée de portraits des familles/individus les plus riches, de Bernard Arnault à Elisabeth Badinter, en passant par Serge Dassault et Pierre Bergé, par exemple. On y apprend incidemment une foule de choses, comme par exemple l'origine du succès de la famille Bolloré, dans le papier très fin (utilisé pour les cigarettes roulées et l'impression des bibles), auquel elle a en partie donné son nom : O.C.B. pour Odet Cascadec Bolloré.

   On peut dire que c'est Arnaud Lagardère qui reçoit le traitement le plus "acide". Ceux qui s'intéressent à l'information économique liront avec profit les pages consacrées aux familles de la grande distribution. Les "nouveaux entrepreneurs" ne sont pas oubliés, avec notamment Xavier Niel et Matthieu Pigasse, auquel un strip de Lefred-Thouron est consacré :

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   La troisième partie du dossier traite des manières de s'enrichir, de la banque à l'édition en passant par le show-business. Au passage, certains découvriront peut-être le train de vie (et les exigences professionnelles) de quelques vedettes, en particulier Dany Boon. Ceci dit, ils ne font a priori rien d'illégal, contrairement à d'autres, dictateurs africains (avec l'affaire des "biens mal acquis") ou hommes d'affaires qui sentent le soufre (vous avez dit Bernard Tapie ?). Il est aussi question de certains footballeurs, de riches agriculteurs (céréaliers) et de la famille régnante qatarie.

   La quatrième partie est plus bling bling : elle aborde les "moeurs des riches". Le dossier se termine par les soucis des fortunés, parfois proportionnels à leur richesse.

   C'est bien écrit, truffé d'informations, émaillé de traits d'humour et richement illustré... et cela ne coûte que six euros !

dimanche, 12 août 2012

Le retour du foulard de Myriam Soumaré

   C'était ce soir, en plein journal de 20 heures, sur TF1. Un long moment fut consacré aux Jeux Olympiques, notamment aux athlètes français. Plusieurs d'entre eux furent interrogés par Anne-Claire Coudray (la future nouvelle Claire Chazal que la rédaction teste pendant l'été), dont Tony Estanguet et Myriam Soumaré :

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   La voici en plein écran :

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   Elle court pourtant tête nue (et c'est tant mieux), ce que l'on a pu vérifier dans la minute qui a suivi :

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   On avait déjà vu ce grand écart à l'oeuvre en 2010, à l'occasion des championnats d'Europe d'athlétisme. N'attendons toutefois pas de TF1 que le sujet soit creusé...

   D'autre part, on se demande ce qui a pu justifier la mise en valeur de cette athlète, qui (contrairement à quinze autres sportives de notre pays) n'a remporté aucune médaille , puisque, si elle a réussi à se qualifier pour la finale du 200 mètres, elle n'a terminé qu'à la septième place de celle-ci. En relais, ce fut encore moins glorieux, l'équipe de France (dont Myriam Soumaré fait partie) ayant été disqualifiée au premier tour. (Certains se sont d'ailleurs étonnés de la joie manifestée par les relayeuses après leur élimination, somme toute piteuse...)

samedi, 04 août 2012

José Bové et le loup

   "Pour moi les choses sont claires, hein : c'est que si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c'est de prendre le fusil et de tirer."

   Les propos tenus courant juillet par le député européen aveyronnais, sur les ondes de la radio Totem, ont fait des vagues, un peu avec retard. Ce n'est que dans Le Monde du vendredi 3 août qu'un article s'empare de l'affaire. Le journaliste Hervé Kempf s'est d'ailleurs un peu emmêlé les pinceaux, qualifiant Totem de "radio lozérienne". Si l'ex-12 FM émet bien en Lozère (comme dans une dizaine d'autres départements), son siège est situé à proximité de Rodez, à Luc-La Primaube très exactement.

   C'est une association de protection des animaux sauvages qui vient de relancer l'affaire. D'après Midi Libre, une plainte a été déposée contre José Bové au tribunal de Mende.

   Rappelons que, selon les études officielles, les chiens divagants (parfois qualifiés à tort d'errants), s'ils attaquent moins fréquemment les troupeaux domestiques que les loups (dans les zones où ceux-ci sont présents), sont responsables de davantage de pertes. Et encore, on néglige la surdéclaration d'attaques de loups.

   L'affaire n'en est pas moins délicate. Je ne vois pas comment on pourrait interdire à des éleveurs de tenter de se débarrasser d'un loup, à partir du moment où une série d'attaques clairement identifiées se produit dans une région marquée par l'élevage. Le tout est de rester dans la mesure.

   A suivre...

mercredi, 11 juillet 2012

L'affaire DSK traitée par "New York Unité Spéciale"

   L'épisode (annoncé l'an dernier) a enfin été diffusé en France, sur TF1, mardi soir. Il a pour titre Terre brûlée. Attention toutefois : les auteurs ont pris beaucoup de précautions pour qu'on ne les accuse pas d'exploiter l'affaire DSK. Cela commence par un carton placé en tout début de film :

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   L'accusé n'est plus français, mais italien. (Mais c'est un rival sérieux du principal dirigeant de son pays, auquel il attribue la responsabilité de ses malheurs. Le président du Conseil Berlusconi  a ici remplacé le président de la République Sarkozy, jusque dans le mythe du complot.) La victime présumée n'est plus guinéenne, mais soudanaise. Pour bien enfoncer le clou, lorsque la (charmante) substitut du procureur, Alex Cabot, débarque au commissariat, elle demande s'il s'agit d'une "nouvelle affaire DSK"...






    ... comme pour bien souligner que, dans cet épisode, il s'agit d'autre chose. Du coup, même si l'histoire a été visiblement plaquée sur le fait divers qui a défrayé la chronique, une série de détails est chargée de marquer la différence : le diplomate a oublié son ordinateur à l'hôtel (DSK y a perdu l'un de ses téléphones portables), la femme de chambre a recraché le sperme dans le lavabo (Nafissatou Diallo l'avait fait sur la moquette) etc. Notons que l'actrice qui incarne la plaignante est très petite, contrairement à la personne qui a inspiré le rôle.

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   Nous n'échappons pas à certains moments incontournables, comme la sortie médiatisée du commissariat, sous les flashs des photographes :

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   L'épisode nous fait bien suivre la procédure judiciaire et la progressive décrédibilisation de la victime présumée, principal argument de la défense. L'avocat, très habile, a été engagé par l'épouse de l'accusé, qui s'affiche à ses côtés (et devant les caméras), aimante et solidaire :

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   La coupe de cheveux de l'épouse a incontestablement été "travaillée" de manière à ressembler à celle d'Anne Sinclair.

   Je vous laisse découvrir la conclusion de l'histoire, assez originale... et ma fois très habile sur le fond.

mardi, 19 juin 2012

Plus de femmes

   La nouvelle Assemblée nationale est donc plus féminine, puisque la part des élues est passée de 18,5 à 26,9 %, comme l'a rappelé une partie de la presse, par exemple La Voix du Nord :

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   (Espérons surtout que le pourcentage de député-e-s honnêtes et travailleurs augmente.)

   Il convient toutefois de tempérer les exercices d'autosatisfaction : la comparaison avec les autres pays européens, voire avec le reste du monde, nuance la "performance", concernant le poids des femmes en politique.

   L'illustration publiée par La Voix du Nord place la France entre la Suisse et le Royaume-Uni, plutôt à la traîne en Europe, mais au-dessus de la moyenne mondiale. Selon les chiffres de la Fondation Robert Schuman, à l'issue des élections législatives, la France se situe désormais légèrement au-dessus de la moyenne de l'Union européenne (marquée d'une ligne rouge, ci-dessous), entre l'Autriche et le Portugal : 

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   Si vous avez été attentifs, vous avez sans doute remarqué de légères discordances entre les deux sources, qui ne remettent toutefois pas en cause le classement global : le pourcentage suédois varie entre 44,7 et 44,99 ; celui des Pays-Bas entre 40,7 et 39,33 ; celui de la Belgique entre 38 et 39,33... jusqu'à la Hongrie, où la part des députées varie entre 8,8 % et 9,07 %.

   L'article du quotidien de Lille s'appuie sur les statistiques que l'on peut trouver sur le site de l'Union interparlementaire. On peut donc élargir la comparaison au reste du monde. Avant les dernières législatives, la France se situait à la 70e place. Elle se trouve désormais entre... l'Afghanistan et la Tunisie !

   En Afghanistan, la Constitution (chapitre V, article 83) impose qu'au moins deux sièges par province (celles-ci au nombre de 34) soient réservés aux femmes. Comme le nombre de députés est plafonné à 250, on arrive à un peu plus du quart du total.

   En Tunisie, où la situation des femmes était déjà plus enviable sous le régime de Ben Ali, la toute jeune Assemblée constituante compte une proportion semblable de femmes (au final 58 sur 217, d'après le rapport d'une ONG états-unienne), parce que la loi électorale a imposé la parité (à la mode française, "chabada-bada", un homme et une femme en alternance). Cependant, comme les élections se sont déroulées suivant un scrutin de liste et que les candidatures ont été très nombreuses, très souvent, la plupart n'ont pu faire élire que la personne placée en tête... un homme dans l'écrasante majorité des cas. Le paradoxe est que c'est un parti islamiste, Ennahda (qui se veut moderne... on verra à l'usage), qui compte le plus de députées, parce que c'est celui qui, le plus souvent, a réussi à faire élire au moins deux personnes d'une même liste.

   Ceci dit, il ne faut pas, à mon avis, faire une fixation sur le pourcentage de députées. Même si, dans les démocraties les plus avancées (en Europe du Nord, par exemple), on approche de la parité, il arrive que l'on trouve un pourcentage flatteur dans une dictature. Mais comme, en France, nous entretenons une pléthore d'élus (très) âgés, cumulards de surcroît, l'augmentation de la part des femmes a le gros avantage (pour l'instant) de rajeunir l'Assemblée, d'y introduire de nouvelles têtes et de la diversité.

dimanche, 10 juin 2012

Machisme musulman

   Samedi, je sortais d'une grande surface sébazacoise où je venais de copieusement garnir un chariot, me dirigeant vers ma luxueuse limousine, garée à cheval sur trois places de parking, lorsque j'ai remarqué une bien étrange scène.

   Pas très loin de mon véhicule venait de se garer celui d'une famille (deux hommes et deux femmes). Seuls les deux hommes sont sortis de la voiture. Le plus âgé portait un jean avec un T-shirt, le plus jeune un bermuda et des tongs ou des claquettes. Ils se sont dirigés vers l'entrée de l'hypermarché.

   Par contre, les deux femmes sont restées cloîtrées dans la voiture, à l'arrière. Toutes deux (la plus âgée comme la jeune) portaient un voile islamique ne laissant dégagé que l'ovale du visage. C'était un hijab (ou, à la rigueur, un tchador à l'iranienne) :

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   En gros, le mode de vie occidental et ses libertés, c'est bon pour les mecs, et les contraintes s'imposent surtout aux femmes...

   En réfléchissant un peu, je me suis dit qu'il y a avait autre chose derrière ce que j'avais vu. J'ai repensé à la loi sur la burqa du 11 octobre 2010, dont le véritable intitulé est loi "interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public". Elle a été complétée par une circulaire du 2 mars 2011.

   Bien que ces femmes ne portassent pas de burqa ni de niqab, je pense que les deux machos musulmans ont craint que la rigueur de la loi ne s'applique quand même à la tenue de celles-ci. Voilà pourquoi elles ne sont pas sorties de la voiture, puisque d'après la circulaire "à l’exception de ceux affectés aux transports en commun les véhicules qui empruntent les voies publiques sont considérés comme des lieux privés".

   De plus, les femmes se trouvaient à l'arrière -et surtout pas à la place de conducteur, parce que (toujours d'après la circulaire) "la conduite du véhicule ne doit pas présenter de risque pour la sécurité publique"... et qu'en cas de contrôle routier, les forces de police doivent pouvoir identifier clairement la personne qui tient le volant.

   Deuxième anecdote. Il y a quelques semaines de cela, en fin de journée (un mercredi ou un jeudi, je ne sais plus), j'ai croisé, en sortant d'une autre grande surface (castonétoise celle-là) une jeune femme enrobée dans un hijab bleu, pas gênée pour deux sous. A ce genre de personnes, on ne peut que conseiller la lecture de la tribune qu'Elisabeth Badinter avait publiée dans Le Nouvel Observateur, en juillet 2009.

   Il ne faudrait pas que la victoire de François Hollande laisse croire aux intégristes qu'ils vont pouvoir tout se permettre dans notre pays. Il y a plus d'un mois, le futur président rappelait qu'il n'abrogerait pas la loi sur la burqa. Si son groupe politique s'était abstenu lors du vote d'octobre 2010, ce n'était pas en raison d'une opposition absolue. Il avait d'ailleurs voté la résolution présentée par les députés UMP en mai 2010. (A ce propos, je conseille la lecture du compte-rendu des débats parlementaires, où la position du PS a été défendue par Jean Glavany. L'ensemble des interventions est fort intéressant.)

mercredi, 06 juin 2012

Bande de morfales !

   On s'indigne (à juste titre) de l'avidité de certains actionnaires, cadres et chefs d'entreprise. Le nouveau président de la République a même décidé de limiter le salaire des patrons du public. Inconsciemment, il est possible que certains collégiens aient été inspirés par le nouvel état d'esprit qui souffle sur la France, si l'on se fie à ce qu'a rapporté le quotidien Sud-Ouest :

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   Ah ces jeunes...

dimanche, 27 mai 2012

Le PS et les gonzesses

   La presse se savoure souvent davantage avec le recul. On ne le prend pas suffisamment. Cela m'est arrivé involontairement aujourd'hui, en triant des journaux à jeter. Je suis tombé sur un article du Monde du 5 mai dernier, intitulé "Ces femmes qui pourraient être ministres si François Hollande est élu". La version papier de l'article est illustrée par une photographie de groupe :

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   Tout l'intérêt, trois semaines plus tard, est de voir si les prévisions du journaliste se sont vérifiées. Force est de constater que plusieurs des femmes présentes ici sont entrées dans le premier gouvernement Ayrault :

- Marisol Touraine (habillée de rouge, presque au centre de l'image)

- Aurélie Filippetti (assise en haut, à droite, contre la fenêtre)

- Najat Vallaud-Belkacem (debout au fond, derrière M. Touraine)

- George Pau-Langevin (la première debout, à gauche)

- Delphine Batho (assise derrière la table ronde, avec l'écharpe blanche)

- Fleur Pellerin (debout à côté de N. Vallaud-Belkacem)

   Ajoutons à cet aréopage Valérie Fourneyron, qui ne figure pas sur la photographie, mais était, d'après l'article, pressentie pour le portefeuille des Sports.

   Les autres n'ont pas été retenues :

- Laurianne Deniaud (au premier rang , à gauche)

- Laurence Dumont (sans doute debout derrière elle, à côté de G. Pau-Langevin)

- Charlotte Brun (assise derrière, à côté de D. Baltho)

- Safia Otokoré (deuxième assise en partant de la droite)

- Marie-Hélène Aubert ? (assise à l'extrême-droite)

   Sur les onze (et même douze) femmes, seules deux ne figuraient pas sur l'organigramme de l'équipe de campagne du candidat Hollande (L. Dumont et C. Brun, qui font toutefois partie de l'équipe des secrétaires nationaux du PS).

   On remarque cependant que la présence sur cet organigramme n'explique pas la nomination au gouvernement, puisque plusieurs ministres femmes n'y figurent pas :

- Cécile Duflot (ce qui est logique, puisqu'elle soutenait Eva Joly)

- Nicole Bricq (une des bonnes surprises de cette équipe)

- Geneviève Fioraso

- Michèle Delaunay

- Dominique Bertinotti

- Yamina Benguigui (une contrepublicité vivante pour la chirurgie esthétique)

   Mais cela ne représente que 6 des 17 ministres. Donc, 65 % des ministres femmes figuraient sur l'organigramme. Chez les hommes, rares aussi sont les ministres qui en étaient absents. Il s'agit de :

- Laurent Fabius

- Arnaud Montebourg

- Pascal Canfin (connais pô çui-là)

- Frédéric Cuvillier

   ... soit 4 sur 18 (en incluant le Premier ministre). Donc 78 % des ministres hommes figuraient sur l'organigramme de campagne.

   On peut en conclure que François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont allés davantage "taper" à l'extérieur du premier cercle pour composer la partie féminine du gouvernement. Et pourtant, environ 50 % des femmes qui figuraient sur l'organigramme de campagne n'ont pas été nommées.

   Cela nous ramène à l'article du Monde, qui n'a pas toujours vu juste. Les journalistes avaient fini par comprendre que le futur président n'allait pas nommer Premier ministre son ancienne rivale (de surcroît bien implantée dans l'appareil du PS), mais ils l'imaginaient quand même à la tête d'un grand portefeuille...

   Parmi les autres favorites du journal, on distingue deux élues de grandes villes (Adeline Hazan à Reims et Anne Hidalgo à Paris), à qui on assigne sans doute un destin plutôt municipal. L'autre catégorie des recalées est composée d'anciennes ministres de Lionel Jospin, Elisabeth Guigou et Catherine Trautmann. Hollande a poussé le soin jusqu'à renouveler les figures féminines. On lui en sait gré...

samedi, 24 mars 2012

Questions sur l'affaire Mohamed Merah

   Au départ, quand j'ai entendu des personnes remettre en cause le sérieux du travail des services de renseignement français, j'ai tiqué. A priori, si l'on se réfère à la chronologie des événements, on ne peut au contraire que se féliciter de la célérité de l'action de la police.

   En effet, le premier parachutiste a été abattu le 11 mars à Toulouse, les deux autres le 15 à Montauban. Dans le premier cas, on pouvait soupçonner un crime crapuleux. Quatre jours plus tard, la coïncidence des meurtres devait faire réagir les services de renseignement. Mais, dans un premier temps, l'hypothèse d'un meurtrier d'extrême-droite a pu paraître plausible : les victimes sont de "type arabe" et le régiment concerné, le 17e du génie parachutiste, s'est fait remarquer naguère par sa capacité à intégrer les opinions les plus extrêmes... Le Canard enchaîné s'est laissé prendre, publiant dans le numéro du 21 mars un article allant dans le sens de cette hypothèse, que l'on sait aujourd'hui erronée :

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(Au passage, on aimerait savoir qui dit vrai, de la presse officielle qui affirme que les trois néo-nazis ont été radiés ou de l'hebdomadaire satirique, qui sous-entend qu'ils n'ont pas été reniés par la grande famille de l'armée.)

   La DCRI a finalement mis cinq jours à retrouver Mohamed Merah, évitant sans doute qu'il ne commette de nouveaux crimes... mais, ceux du mois de mars étaient-ils pour autant inéluctables ? La question peut paraître grossière, mais l'examen de l'affaire soulève quelques questions.

   Il y a d'abord l'histoire de la filière de recrutement pour l'Irak, démantelée en 2007, jugée en 2009. Le frère aîné de Merah, Adbelkader, a été soupçonné (peut-être à tort) d'en faire partie, mais surtout l'un des protagonistes était proche d'eux : il s'agissait du fils du nouveau compagnon de la mère des deux hommes.

   Le frère aîné, a priori pas impliqué dans cette affaire, n'en a pas moins un profil suspect : c'est un intégriste, qui se dit fier des actes commis par Mohamed Merah. Dans le coffre de sa voiture, on a retrouvé des explosifs, la semaine dernière... et l'on vient d'apprendre qu'il est mêlé au vol du scooter qui a permis à l'assassin de perpétrer ses forfaits.

   A cela s'ajoute une plainte déposée contre le futur tueur en série, le 25 juin 2010, par une Toulousaine dont le fils avait été brièvement séquestré par Mohamed Merah, qui lui aurait passé des vidéos djihadistes d'une grande violence. Il aurait aussi agressé la plaignante et sa fille. (Quand on vous dit que les intégristes sont de grands féministes...)

   La même année, puis en 2011, Merah aurait effectué deux séjours en Afghanistan et au Pakistan. (Attention toutefois : l'information est contestée... peut-être parce que les autorités afghanes comme pakistanaises en ont marre de voir leur pays systématiquement associé au terrorisme international.) Il est désormais clairement identifié comme un sympathisant d'Al Qaida, interdit de vol aux Etats-Unis.

   On continue ? En janvier 2011, entre les deux séjours au Moyen-Orient, Mohamed Merah est contrôlé par la police, à son appartement toulousain, pour une querelle de voisinage. Pas de quoi mettre la puce à l'oreille de la DCRI. L'anecdote est intéressante, parce qu'elle révèle la présence d'une autre personne, un homme plus âgé de 15 ans, un Français né en Algérie.

   Il est vrai que l'antiterrorisme n'a pas les moyens de suivre tous les faits et gestes des centaines de jeunes hommes au profil inquiétant qui vivent en France métropolitaine. Mais, avec le recul, on se dit que celui-là aurait dû davantage attirer son attention.

   Je termine sur une note tragi-comique : les conséquences d'une regrettable homonymie... parce qu'il existe d'autres Mohamed Merah en France ! L'un d'entre eux vit dans le Nord. C'est un boxeur, qui a déjà été confondu avec le tueur par des journalistes étrangers sans doute peu professionnels... (Douai et Toulouse ne sont tout de même pas des villes voisines !) Un autre homonyme est lyonnais. Malheureusement pour lui, il est aussi d'origine algérienne et a le même âge que l'assassin. Il y aurait même une certaine ressemblance physique entre les deux hommes ! Il y en a qui n'ont vraiment pas chance !

jeudi, 22 mars 2012

In memoriam...

Bon débarras !

 

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samedi, 17 mars 2012

La Désintégration

   C'est le nouveau film de Philippe Faucon, un réalisateur peu connu du grand public, mais qui a déjà livré des œuvres marquantes, comme Samia (sur une jeune "beurette" de Marseille) et La Trahison (qui a pour cadre la guerre d'Algérie).

   Tourné en partie à Saint-Ouen, ce film se veut une description de la "galère" que subissent les jeunes Français d'origine (nord)africaine, surtout les garçons, plus discriminés encore que les filles sur le marché du travail. C'est aussi un portrait de famille, avec un père hospitalisé, usé par des années de travail ingrat, une "mère courage" traditionaliste, finalement assez ouverte, une fille qui semble s'en sortir et deux fils aux parcours qui vont diverger.

   L'autre versant du film, qui explique son titre, est la coupure qui s'installe progressivement entre certains jeunes hommes et la société française. Ils se font embrigader par un petit malin (Yassine Azzouz, inquiétant). La fine équipe est composée d'un ancien délinquant (en quête de rachat... et de protection contre la police), d'un "Français de souche", récemment converti (ce sont les pires...) et d'un étudiant en galère (Rashid Debbouze -oui, le frère de l'autre- excellent).

   La grande qualité de ce film est la montée de tension qu'il réussit à installer en finalement peu de temps, sans qu'on ait l'impression que l'action soit menée sur un rythme particulièrement rapide. Les dialogues sont très bien écrits. Il lui manque peut-être des éléments de contexte : cette cité HLM de la région parisienne ne semble pratiquement pas connaître de trafic de drogue (Faucon a sans doute voulu sortir des clichés) et ces "relégués de la société" ont quand même tous un logement dans lequel les fenêtres sont à double vitrage. Les hommes possèdent un téléphone portable (et pas un bas de gamme, apparemment) et l'on voit à plusieurs reprises le héros utiliser dans sa chambre un ordinateur dernier cri. Il y a pauvreté et pauvreté.

   Restent des éléments de débat. Le réalisateur ne semble pas vouloir prendre parti sur les événements internationaux qui nourrissent la haine de l'Occident (le conflit israélo-palestinien, l'invasion de l'Irak, la guerre en Afghanistan, la dérive des régimes corrompus nord-africains - on est avant le "printemps arabe"). Par contre, le film comporte plusieurs scènes de dialogue sur la religion musulmane, plutôt bienvenues... ce qui a d'ailleurs chagriné ceux qui auraient voulu d'une œuvre à sens unique, qui aurait été moins complexe (et moins intéressante).

dimanche, 11 mars 2012

Le "ribérymètre"

   L'Equipe magazine a dressé le palmarès annuel des sportifs français les mieux payés (tous revenus confondus). Pour la première fois, en 2011, c'est Franck Ribéry qui arrive en tête de ce classement, avec 11,4 millions d'euros.

   Pour avoir une idée de ce que cela représente vraiment, j'ai divisé la somme par 12. Cela donne 950 000 euros par mois ! En divisant par 365, on obtient... plus de 31 000 euros par jour ! En divisant ce résultat par 24, on arrive à 1 300 euros de l'heure !!! Un SMIC brut ! (Rappelons que le SMIC net n'atteint pas 1 100 euros.)

   Le site slate.fr permet de calculer combien de temps il faut à Franck Ribéry pour gagner notre salaire. J'ai fait le test avec mon mensuel net... Résultat : 1h30 (environ) !

   En regardant la liste des dix premiers, j'ai été sidéré de la domination des footballeurs : ils sont sept (et 42 dans les 50 premiers selon Le Figaro)... alors que l'équipe de France n'a rien gagné ! Patrice Evra est certes devenu capitaine de Manchester United, qui a gagné le championnat d'Angleterre et atteint la finale de la Ligue des Champions.

   Yohann Gourcuff, le mieux payé de ceux qui jouent en France, n'a pas réalisé une saison extraordinaire avec Lyon... tout comme Samir Nasri à Arsenal, mais il semble mieux réussir à Manchester City. Le préretraité Thierry Henry se la coule douce aux States. Karim Benzema et le Real Madrid ont dû se contenter de la deuxième place au championnat d'Espagne et d'une demi-finale en Ligue des Champions. Restent Eric Abidal et Franck Ribéry. Le premier a tout gagné l'an dernier, le second rien, mais il est une pièce maîtresse de son équipe, semble-t-il.

   Bref, il semble que ces sommes ne soient guère justifiées par les résultats de ces footballeurs. Et les basketteurs n'ont pas fait beaucoup mieux. L'équipe de France est certes arrivée en finale de l'euro 2011. Mais, au niveau des clubs, ce ne fut pas dément. Boris Diaw et les Charlotte Bobcats ont été écartés des playoffs, dont les Spurs de Tony Parker (pourtant en théorie meilleure équipe de la Conférence Ouest) ont été précocement éliminés.

   Ne reste que Sébastien Loeb, septième du classement mais octuple vainqueur du championnat du monde des rallyes. En voilà un palmarès qui a de la gueule !

   P.S.

   Vous l'avez sans doute remarqué, mais aucune sportive ne figure dans les dix premiers... ni dans les 50 premiers, si 42 d'entre eux sont des footballeurs et que, parmi les autres, on retrouve des basketteurs ainsi que Teddy Riner, Christophe Lemaitre et Sébastien Loeb.

Fukushima, un an après

   L'hebdomadaire Courrier international consacre cette semaine un petit dossier papier très intéressant à la catastrophe de Fukushima et à ses conséquences, dossier annoncé en couverture par l'extrait d'un manga inspiré par les événements :

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   Le coeur du dossier est une longue enquête menée par l'un des principaux quotidiens japonais, Asahi Shimbun : "Le jour le plus long pour les sinistrés". On y  découvre la vie quotidienne des habitants d'une zone a priori préservée des radiations (mais qui allait en recevoir une bonne dose), les jours suivant la première explosion dans la centrale. Un groupe de réfugiés a eu le réflexe de partir encore plus loin, incité par la personne qui les accueillait, et qui avait rencontré de curieux hommes en tenues blanches devant chez elle... A lire.

   Le numéro papier est richement illustré. Avec le recul d'un an, l'ensemble constitue une bonne base pour comprendre les tenants et aboutissants de cet accident nucléaire majeur.

   En flânant sur le site de l'hebdomadaire, on peut trouver d'autres articles, un peu plus anciens, tout aussi intéressants. Du même quotidien a été traduit "Comment un pays irradié est devenu pronucléaire". Sachez aussi que les Etats-Unis ont jadis envisagé la construction d'un réacteur nucléaire... à Hiroshima ! C'était le bon temps de la Guerre froide...

   On nous propose en sus une brochette de caricatures internationales. Sur le fond, les deux plus réussies, pour moi, sont celles parues dans un journal autrichien (Der Standard) et un néerlandais (Het Parool) :

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   Mais, d'un point de vue graphique, je préfère celle parue dans le Philadelphia Daily News, qui recycle la figure de Godzilla, un monstre issu de la culture japonaise contemporaine, dont la naissance est liée à l'énergie nucléaire :

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   Je regrette toutefois que l'on ne trouve aucun dessin issu de la presse japonaise (ou des blogueurs locaux).

   Les Occidentaux ont tendance à parler du "Tchernobyl japonais" (en oubliant un peu vite que l'écrasante majorité des personnes décédées ont été victimes du tsunami). Au pays du soleil levant, on a pu aussi comparer la catastrophe au 11 septembre américain, comme le suggère la couverture de cet hebdomadaire :

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   Parmi la floppée d'émissions diffusées à l'occasion de cet anniversaire, je me permets de recommander un numéro d'Interception, le magazine de la rédaction de France Inter, "Les enfants de Fukushima", diffusé le 4 mars dernier.

   Mais revenons à la catastrophe nucléaire. La perception de sa gravité, aujourd'hui encore, varie selon l'endroit où l'on se trouve. Cela a conduit des blogueurs nippons ("les pirates barbus") à proposer une cartographie ironique de la chose. (Je suis arrivé là grâce à un autre blog, français, consacré à la culture nipponne : Kanpai.)

   Ainsi, les habitants de la région du nord-est (où se trouve la centrale de Fukushima-Daichi) imagineraient que la zone sinistrée est assez restreinte, limitée à leur environnement proche :

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   Les habitants de Tokyo auraient bien conscience que les "dégâts collatéraux" sont plus étendus... mais plutôt vers le nord, pas vers chez eux !

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   C'est un optimisme que ne partageraient pas les habitants de la grande île du nord, Hokkaido, qui voient plus de la moitié de Honshu contaminée... sans que le détroit de Tsugaru, qui sépare les deux îles, ne soit franchi !

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   A l'inverse, du côté d'Osaka et de Kobe, si l'on imagine bien Tokyo touchée, on ne croit pas Hokkaido épargnée :

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   Les plus pessimistes des Japonais seraient les habitants d'Okinawa, une des îles du Sud-Ouest (représentées à droite sur la carte). S'ils imaginent le Japon presqu'entièrement contaminé, ils en exemptent bien entendu sa partie méridionale :

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   Selon les auteurs du blog, les étrangers n'auraient pas de ces préventions : ils estiment que la totalité du pays est touchée, jusqu'aux îles les plus excentrées :

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   De la part des auteurs, il faut voir ce dessin comme le résultat des observations faites au moment de la crise : les expatriés ont fui le pays en masse (même si nombre d'entre eux sont restés par solidarité envers leurs collègues japonais), peut-être parce qu'ils étaient mieux informés que les nationaux quant à la gravité de la catastrophe.

   Mais le blog se veut surtout critique de l'attitude du gouvernement et de l'entreprise Tepco. Voici qu'elle était l'étendue de la contamination selon les autorités publiques :

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   Pour la Tokyo Electric Power Company, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes :

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   Pour terminer sur une note un peu plus joyeuse, je vous conseille de visionner un petit film conçu pour expliquer aux enfants les enjeux de la catastrophe nucléaire... sans trop les alarmer. Alors, Fukushima, caca boudin ou prout-prout ?

samedi, 10 mars 2012

Halal : le rapport qui dérange

   C'est l'hebdomadaire Le Point qui, il y a trois jours, a lancé la petite bombe sur son site, en publiant l'intégralité d'un rapport (de novembre 2011) du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, au départ censé rester confidentiel :

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   Ajoutons que la mention "Rapport confidentiel" figure en haut à droite de chaque page. Il n'a fallu qu'un peu plus de trois mois pour que le secret soit éventé. Du coup, le ministère de l'Agriculture a décidé de jouer la carte de la transparence : le rapport est désormais accessible sur son site. Il se veut une étude scientifique, juridique, économique et comportementale de la manière dont se passe le court séjour des animaux dans les abattoirs.

   Qu'y apprend-on ? Quelque chose que l'on savait déjà, mais qui a fait l'objet de mesures scientifiques (selon plusieurs critères expliqués dans le rapport)  : les animaux souffrent dans un abattoir, d'autant plus que, dans le cadre d'un abattage rituel, ils restent vivants et conscients après leur égorgement, la durée variant en fonction des espèces (pages 16-17 et 33):

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   Paradoxalement, ce sont donc les porcins, rejetés par les consommateurs de viande halal et casher, qui bénéficient du meilleur traitement... tout comme le cheval.

   Ensuite intervient une longue partie juridique, présentant le dilemme au niveau de la juridiction communautaire : il y a clairement conflit entre la liberté religieuse et le respect du bien-être animal (ou plutôt le refus de la "souffrance évitable").

   Au passage, le rapport fournit des statistiques récentes sur l'abattage en France (page 27) :

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   En nombre de têtes, ce sont les volailles qui dominent, devant les porcs. En tonnage, les porcs passent devant et l'on s'aperçoit que les bovins distancent largement les ovins. Le rapport indique ensuite que la rapidité de la cadence d'abattage influe sur le respect des normes et démontre qu'il n'est pas possible que nombre d'abattoirs les respectent.

   Viennent alors les chiffres qui font polémique (sur la part prise par l'abattage rituel... un sujet qui a fait la Une jusqu'en Aveyron), calculés à partir d'un sondage effectué dans une quinzaine d'abattoirs (page 28) :

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   C'est bien plus que la part officielle de l'abattage réellement destiné à la consommation halal ou casher. Il y a donc clairement un risque que l'exception ne devienne la règle, c'est-à-dire que les exemptions accordées pour respecter ce que l'on dit être la liberté religieuse ne conduisent les abattoirs à ne plus tenir compte du bien-être animal, ce qui serait un contournement de la législation communautaire.

   Avant même la mise à mort, le traitement des animaux laisse parfois à désirer. Les animaux peuvent être battus, électrisés, pour faciliter (croit-on) leur manipulation. Selon le rapport, ces pratiques ne font que compliquer la tâche du personnel, par méconnaissance du comportement des animaux, dont elles contribuent à accroître les souffrances. De surcroît, en cas de livraison tardive, il arrive qu'un chargement soit parqué à proximité (dans des conditions pas franchement reluisantes), les animaux n'étant même pas nourris (ni les vaches traites) dans l'attente de leur mise à mort, le jour (ou les jours) suivant (s).

   Ce rapport mérite aussi le détour pour l'état des lieux qu'il dresse de la pratique de l'étourdissement préalable, en Europe et dans le monde (pages 34-35). On apprend, ô surprise, qu'il est des pays (la Suède, la Norvège, l'Islande et la Nouvelle Zélande notamment) pour l'imposer à l'abattage rituel. Cela conduit à la situation paradoxale suivante : il y a de grandes chances que la viande ovine originaire de Nouvelle-Zélande (qui concurrence fortement la viande française, issue notamment des élevages aveyronnais) provienne d'un animal abattu dans des conditions moins cruelles que dans notre pays... (Espérons que les choses vont changer avec la réouverture de l'abattoir de Saint-Afrique.)

   Le Royaume-Uni semble s'engager dans la même voie. Et le gouvernement français ? Le Point s'est amusé à mettre en ligne la lettre envoyée par Nicolas Sarkozy à Brigitte Bardot... en 2006 ! (L'actuel occupant de l'Elysée était à l'époque ministre de l'Intérieur, donc en charge des Cultes.) N'oublions pas que nous sommes en pleine campagne électorale... Un récent décret se borne à restreindre l'abattage sans étourdissement aux seules commandes religieuses, dans des établissements respectant les normes d'hygiène).

   D'autres pays (Danemark, Finlande, Autriche) ont choisi une voie intermédiaire : l'étourdissement post-égorgement, qui permettrait de considérablement diminuer la souffrance animale. C'est d'ailleurs l'une des solutions envisagées par les auteurs du rapport : elle serait compatible avec les directives, règlements européens... et les revendications religieuses.

   Le rapport se termine logiquement par une série de recommandations avec, en annexe, un rappel des implications religieuses. En lisant attentivement la chose, on découvre que pour certains religieux musulmans, il n'y a pas d'incompatibilité entre l'étourdissement préalable et l'abattage rituel (l'animal, certes inconscient, restant vivant). Il est même officiellement accepté pour les volailles (dans un bain d'eau : voir page 29). Il semble donc possible que des personnes raisonnables puissent arriver à un accord qui satifasse tout le monde.

   P.S.

   Les amateurs de drogue dure pourront trouver leur bonheur dans deux documents mis en ligne :

- une thèse de 2008, sur la "bientraitance des bovins"

- un (très long) rapport d'expertise de 2009, sur les "douleurs animales" (chez les animaux d'élevage)

jeudi, 08 mars 2012

Réouverture de l'abattoir de Saint-Affrique

   La nouvelle est paru dans l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain du 7 mars 2012, page 7 :

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   Qu'apprend-on ? Tout d'abord, que les travaux effectués ont permis de sortir de l'appellation infamante de "niveau IV", associée aux déboires de l'abattoir sud-aveyronnais... mais la structure réaménagée ne bénéficie que d'un "niveau III" guère plus reluisant. Il est à espérer que les collectivités locales vont continuer à soutenir l'abattoir, pour que son mode de fonctionnement devienne plus respectueux des normes d'hygiène et de bien-être animal.

   Ah ben tiens, justement. Il semble que la direction (qui a signé le communiqué paru dans l'hebdomadaire) ait tenu compte de la récente polémique née autour de l'abattage rituel. Elle s'engage à ce que les animaux qui ne font pas l'objet d'une commande halal (ou casher, sans doute) soient étourdis avant d'être tués. C'est une belle promesse, dont il faudra vérifier la mise en application. C'est peut-être quand même annonciateur du fait que cet établissement envisage sa nouvelle carrière sous le signe de la qualité.

samedi, 03 mars 2012

Un abattoir halal en Aveyron

   Le numéro du Villefranchois de cette semaine comporte un titre accrocheur :

Abattoir 01 03 2012.jpg

   C'est à l'intérieur du premier cahier, page 7, que se trouve l'article. Il fait écho à une polémique née de la diffusion d'un reportage par le magazine Envoyé spécial, il y a un peu plus de quinze jours. Dans le département, c'est surtout la séquence consacrée à l'abattoir de Saint-Affrique qui avait attiré l'attention. Au plan national, le débat était né des propos tenus par Marine Le Pen.

   Plusieurs éléments ont nui à la sérénité des échanges. Marine Le Pen s'est un peu emmêlé les pinceaux entre :

- la manière dont sont abattus les animaux (hors porcins) en Ile-de-France

- le devenir des morceaux issus de l'abattage rituel mais pas retenus dans le circuit commercial halal

- l'origine de la viande consommée en Ile-de-France

   Elle s'est donc fait taper sur les doigts, notamment par une journaliste de Libération.

   Mais les médias nationaux qui se sont insurgés contre l'utilisation de la souffrance animale (incontestable dans le cadre de l'abattage rituel, qu'il soit juif ou musulman) à des fins électoralistes ont négligé les enquêtes de terrain. D'où l'intérêt de l'article du Villefranchois. Il explique ce qu'est l'abattage rituel et évoque le cas de l'abattoir ouest-aveyronnais (récemment passé sous la coupe d'une société d'économie mixte).

   La raison donnée pour justifier cette place de l'abattage rituel dans une région où les musulmans sont peu nombreux est d'ordre économique. Mais ne croyez pas que l'hebdomadaire pointe la volonté des gérants de limiter le coût que représente l'étourdissement. Il est plutôt question d'une forme d'adaptation au marché : le fait de vouloir commercialiser le plus de morceaux des bêtes abattues. Or, les commanditaires religieux et non religieux ne s'intéresseraient pas aux mêmes parties des carcasses. Accorder une sorte de priorité à l'abattage rituel permettrait de "rentabiliser" au maximum les carcasses, certains morceaux des bêtes abattues rituellement entrant dans le circuit halal (ou casher), les autres rejoignant les circuits commerciaux traditionnels, sans que leur origine particulière ne soit mentionnée.

   Si j'avais mauvais esprit, je ferais le lien entre le gros titre de l'hebdomadaire aveyronnais et un petit article situé dans le second cahier, page 23 :

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   Je sais bien que, dans ce cas, ce n'est pas l'application aveugle d'une règle d'inspiration religieuse qui est à l'origine de la manière de tuer l'animal... mais, d'après vous, le cochon souffre-t-il moins que la vache égorgée à l'abattoir ?

   P.S.

   Contrairement à ce que j'ai affirmé dans un billet de décembre dernier, Le Villefranchois n'est pas un hebdomadaire confidentiel. C'est, d'après l'OJD, le plus vendu dans le département, avec 8 500 exemplaires par semaine en 2011, loin devant Le Journal de Millau (environ 6 100 exemplaires, tout comme Le Progrès Saint-Affricain), le Bulletin d'Espalion (un peu moins de 5 500) et Le Ruthénois (autour de 2 000 exemplaires vendus chaque semaine).

   P.S. II

   La campagne contre l'abattage rituel, lancée par la Fondation Bardot en 2011 (et dont j'avais parlé à l'époque), se poursuit sur la Toile.

mardi, 21 février 2012

L'abattoir de Saint-Affrique

   Les difficultés de l'abattoir ont fait l'objet de nombreux articles dans la presse locale. C'est au moins depuis 2007-2008 que les nuages se sont accumulés au-dessus de la structure : le classement en "niveau IV" signifiait en gros qu'il valait mieux éviter de consommer la viande en sortant :

Abattoirs classement.jpg

(Voir la note de service du 21 novembre 2007 du ministère de l'Agriculture, page 3)

   Les problèmes d'hygiène (notamment) semblaient à cette époque très répandus dans les abattoirs français. La presse nationale a fini par s'y intéresser. L'hebdomadaire Le Point lui a consacré un article en mai 2008, dans lequel on peut trouver une carte des établissements les plus mal classés :

Abattoirs carte.jpg

   Le plus inquiétant est que plusieurs abattoirs locaux sont pointés : outre celui de Saint-Affrique, on remarque la présence de ceux de Marvejols et Saint-Chély d'Apcher. Et il y en a d'autres...

    Face à cela, quelle a été la réaction des établissements concernés ? Des travaux de mise aux normes en général, semble-t-il... mais celui de Saint-Affrique s'est distingué par son refus de la transparence, comme on peut le lire dans l'article :

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   On retrouve la même réaction dans un passionnant sujet de l'émission "Envoyé spécial" (diffusé la semaine dernière). C'est dans les dix premières minutes qu'il est question de l'Aveyron. Ce que l'on peut voir (grâce à l'entregent de Frédéric Freund, directeur de l'OABA (Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoirs) est édifiant. Outre les aspects sanitaires, le volet économique et social est abordé, par le sénateur-maire Alain Fauconnier. Une société d'économie mixte a été créée pour amortir le coût social de la fermeture de l'abattoir de Saint-Affrique... en espérant que ses investissements en permettront la réouverture.

   P.S.

   Ceux que l'histoire de cet établissement intéresse consulteront avec profit une double-page (10-11) publiée dans Le Saint-Affricain du 25 janvier 2012.

lundi, 20 février 2012

Le maire, l'insolent et la gifle

   Cette affaire, en apparence banale, en dit beaucoup sur la France d'aujourd'hui, l'éducation des jeunes, le fonctionnement de la justice et le traitement médiatique des faits divers.

   La première série de remarques porte sur les délais. Tous les journaux ont rappelé que le conflit est né d'une gifle donnée par le maire de Cousolre à un jeune malpoli en août 2010. L'affaire aurait pu se terminer... un peu plus d'un an plus tard, par une procédure de plaider-coupable, que le maire a refusée. C'est au début du mois de février 2012 que l'audience devant le tribunal correctionnel s'est tenue. Le jugement a été rendu deux semaines plus tard, vendredi 17. Au total, il a donc fallu un an et demi pour que cette histoire soit traitée !

   Les événements s'étant déroulés dans le Nord-Pas-de-Calais, un certain flou a entouré l'orthographe du maire. Ainsi, dans le même article du Parisien, on a pu trouver le nom écrit avec un "t" et un "d" à la fin :

Boisart Parisien.jpg

   La journaliste du Monde penchait pour le "d", dans son article du 5 février :

Boisart LeMonde bis.jpg

   Mais les autres organes de presse penchaient plutôt pour le "t". Pour en avoir le coeur net, je me suis donc rendu sur le site de l'Association des Maires du Nord, où j'ai trouvé (page 15) la fiche de la commune, avec l'information tant désirée :

Cousolre.jpg

   Une troisième série de remarques porte sur le détail des faits. Trop de médias se sont contentés d'une narration incomplète. C'est dans l'article du Monde que j'ai trouvé le récit le plus approfondi :

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   Qu'y apprend-on ?

   - D'abord (premier encadré rouge), que cet incident succède à une cascade d'incivilités dont la commune a été victime, incivilités attribuées à certains jeunes. On ne sait toutefois si le giflé fait partie du groupe de délinquants. (Une vidéo -un extrait du journal de Jean-Pierre Pernaut- disponible sur le site de LCI, évoque de précédentes condamnations de l'adolescent.)

   - Ensuite (passage souligné en rouge) que les menaces de mort ont été proférées après la gifle, mais que le jeune homme avait déjà insulté le maire avant. L'article du Monde est l'un des rares (le seul ?) à reproduire les insultes en question. Notons aussi que le jeune voulait revenir faire la peau du maire, armé de couteaux.

   - Enfin (passages encadrés en vert), le "quotidien de référence", réputé proche des milieux judiciaires (du syndicat de la magistrature notamment), s'étonne du comportement du procureur, qui s'en prend à l'élu avec une ironie qui prouve surtout qu'il ne vit pas dans le même monde que les justiciables de base.

   La dernière série de remarques concerne le verdict et la manière dont les journaux en ont parlé. Dans Le Monde, daté du 18 février, on ne trouve qu'un entrefilet, page 11 :

Boisart LeMonde 18 02 2012.jpg

   Le sujet ne semble donc toujours pas passionner la rédaction, à tel point que l'on persiste à mal orthographier le nom du maire. Le paragraphe est purement factuel, mais plus informatif que bien des articles... on va voir pourquoi.

   En gros, on peut classer les articles en trois catégories. Il y a ceux qui, tel Libération, se contentent de reprendre la dépêche AFP, forcément incomplète. Il y a ceux qui, comme Le Parisien, voient bien que cela ne suffit pas et y ajoutent une ou deux infos. L'article est plus synthétique et précise que l'adolescent a déjà été condamné pour les injures et les menaces de mort. (Voilà qui nous rassure sur le fonctionnement de la justice.) Pour connaître le montant des dommages et intérêts imposés au jeune homme, il faut bien chercher dans la presse locale, dans La Nouvelle République, par exemple : 250 euros.

   Ce montant de 250 euros est cité dans l'entrefilet du Monde. C'est la même somme à laquelle le maire a été condamné. Le juge semble donc avoir voulu renvoyer dos à dos les deux parties. L'amende est encore plus élevée (1 000 euros, soit le double de ce qu'avait demandé le procureur), mais c'est une condamnation avec sursis : le maire n'aura pas à la payer s'il ne récidive pas. Cependant, il doit régler les frais de justice de la partie adverse, soit 500 euros selon La Voix du Nord !

   Il semble donc au final que le juge ait voulu punir le maire d'avoir refusé le plaider-coupable et d'avoir médiatisé cette affaire moins anodine qu'elle n'en a l'air. Il reste à espérer que la vie quotidienne des habitants du village de Cousolre ne va empirer à cause de la trop grande indulgence de la justice à l'égard des petits délinquants.

jeudi, 09 février 2012

Economie de banlieue

   Ce n'est que récemment que je suis tombé sur deux articles passionnants, l'un du Monde, l'autre du Figaro. Le premier est intitulé (dans sa version papier) : Marseille, l'emprise de la drogue. Le second est lui aussi doté d'un titre-choc : Les incroyables comptes d'un dealer marseillais.

   On nous y explique que le commerce de la drogue ne diffère pas fondamentalement de l'économie non souterraine, à ceci près qu'il est sans doute encore plus foncièrement ultralibéral. Le quotidien conservateur met l'accent sur les revenus que les activités illicites procurent à ceux qui gèrent un réseau.

   Le "quotidien de référence", lui, analyse plus en détail les mécanismes de répartition des revenus. Il est notamment question de mystérieux carnets... de véritables livres de comptes, en fait :

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   Dans ce passage, j'ai adoré le sens de l'opportunité du marchand de sandwiches... et j'ai été sidéré que jusqu'à ces extraordinaires "frais de bouche" soient scrupuleusement consignés !

   Voilà du vrai journalisme, associé à une analyse économique non rébarbative, un peu à l'image de ce que l'on peut trouver dans l'excellent ouvrage Freakonomics.

mercredi, 25 janvier 2012

Les chiffres de la sécurité routière en Aveyron

   La semaine dernière, on sentait que les services de la préfecture de l'Aveyron étaient un peu embarrassés lors de la présentation des chiffres de l'année 2011. La manière dont les résultats ont été mis en perspective, dans le communiqué comme dans la presse, tend à donner une vision plutôt positive de l'évolution, en insistant sur le moyen terme.

   En comparant (en gras) les chiffres de 2011 et les moyennes sur 10 ans (page 6 du communiqué), on veut faire ressortir que 2011 est la quatrième moins mauvaise année de la décennie, en terme de nombre de tués :

Sécurité routière 2011.jpg

   Les résultats sont même les meilleurs obtenus si l'on considère le nombre d'accidents et celui des blessés. Pour que la comparaison soit plus fine, il conviendrait que distinguer parmi ceux-ci ceux qui en sont sortis lourdement handicapés (il y a blessés et blessés).

   Soupçonneux de nature, j'ai cherché à savoir si les chiffres donnés pour les années antérieures correspondaient bien à ce qui avait déjà été publié. J'ai donc consulté un document général d'orientation 2008-2012 de la Sécurité routière, où j'ai trouvé ceci (page 18) :

Sécurité routière 2009.jpg

   Il n'est pas illogique qu'à quelques années d'intervalle, une ou deux rectifications mineures soient opérées. J'ai toutefois été surpris de la correction qui a été effectuée (entre 2009 et 2012) sur les chiffres des années 2007 et 2008. Si le nombre de victimes est resté inchangé, si le nombre d'accidents n'a été retouché qu'à la marge, le nombre de blessés a été augmenté de 6 pour 2007 et de 76 pour 2008 ! Soit on a pris en compte des faits qui n'étaient pas connus en janvier 2009, soit on a un peu grossi rétrospectivement les chiffres. Voilà qui fait apparaître les années suivantes sous un jour meilleur...

   Du coup, la comparaison entre les années 2008 et 2011 change de sens. Bien qu'en 2008 les accidents aient été beaucoup plus nombreux qu'en 2011, le nombre de blessés a été quasi identique et le nombre de tués plus faible que l'an dernier. Les accidents feraient donc plus de "dégâts" humains aujourd'hui.

   On se dit que, pour être pertinente, la comparaison devrait prendre en compte non pas les dix, mais les cinq dernières années. Je me suis amusé à faire les calculs, d'abord à partir des chiffres fournis par la Préfecture en 2012. Voici ce à quoi je suis arrivé :

Sécurité routière 2007-2011.jpg

   Ce sont évidemment les moyennes qu'il faut comparer. Au niveau des accidents, sur les cinq dernières années, on est à 182 (217 sur 10 ans), contre 161 en 2011. L'écart est déjà moins important. Au niveau des tués, la moyenne 2007-2011 est de 25 (32 sur 10 ans), contre 30 en 2011. Là, cela devient parlant : l'année dernière a été très mauvaise. Au niveau des blessés, la moyenne des cinq dernières années est de 242 (289 sur 10 ans), contre 197 en 2011. Mais, sur la dernière ligne, détachée du reste, j'ai refait les calculs en réintroduisant les chiffres anciens (plus bas) pour les années 2007 et 2008. Cela nous donne une moyenne de 225 blessés sur 2007-2011. On se rapproche encore plus du chiffre de 2011.

   Beaucoup de journalistes ont quand même senti que le communication était biaisée et ont transmis l'idée que les chiffres ne sont pas bons. Il semblerait que la recrudescence du nombre de tués soit liée à la circulation des deux-roues, ainsi qu'à des conducteurs plutôt très jeunes ou très âgés.

vendredi, 20 janvier 2012

Pauvre Jeanne !

   La Pucelle de Lorraine intervient dans l'actualité de manière décidément bien surprenante... toujours à son corps défendant, d'ailleurs. Récemment, on l'a associée à Nicolas Sarkozy, les Le Pen père et fille... et même François Hollande !

   La semaine dernière, c'est dans l'Aveyron qu'un curieux événement s'est produit. On en a eu l'écho dans la presse locale, notamment dans Le Petit Journal, photographie à l'appui :

Petit Journal 17 01 2012.jpg

   Il y a fort à parier que le sacrilège se soit produit à l'occasion d'une de ces beuveries étudiantes dont on peut percevoir les conséquences sonores et (semi-)liquides chaque semaine que Dieu fait. Mais regardons plus attentivement la photographie :

Petit Journal 3.jpg

   Eh, oui ! Il semble bien qu'une personne facétieuse ait placé un gobelet dans la main gauche de la sainte. Voici ce à quoi ressemblait la statue avant cet acte de terrorisme :

Statue sans gobelet.JPG

   C'est à propos du contenu du gobelet que les organes de presse divergent. Si le correspondant du Petit Journal se désole que le verre soit rempli d'eau, son confrère de La Dépêche du Midi semble y a voir vu autre chose quelques jours plus tôt :

actualité,histoire,jeanne d'arc,société

   Il n'est tout simplement pas impossible que les pluies récemment tombées sur l'Aveyron aient contribué à modifier le contenu du gobelet... Voilà une "intervention du ciel" que n'aurait pas reniée celle qui s'est évertuée à moraliser le comportement de ses troupes !

lundi, 14 novembre 2011

Un mythe s'effondre

   J'ai apris la nouvelle (renversante) en écoutant le "portrait chrono" que Tanguy Pastureau lui a consacré ce week-end. George Clooney... oui, le George Clooney, le beau gosse qui les fait tomber comme des mouches, l'acteur drôle et subtil, le réalisateur pas manchot, le producteur engagé, ce George Clooney-là est... un mec normal !

   L'information a été puisée à bonne source : le magazine Rolling Stone, réputé pour la rigueur de ses enquêtes approfondies. Le 9 novembre est paru un article dans lequel on apprenait notamment que le chéri de ces dames a eu son premier orgasme en montant à la corde. Voilà qui n'a rien de surprenant : Clooney ado était bien dans la norme, c'est-à-dire excité comme une puce !

   Mais le plus incroyable est à venir dans la suite de l'article. Le VRP du café-express des bobos (dont une publicité a fait l'objet d'un détournement "équitable"...) avoue raffoler... des pets, qui le font mourir de rire, à tel point qu'il a téléchargé une application flatulente sur son téléphone portable (qu'on imagine très chic). Il a même acheté des coussins-péteurs déclenchables à distance...

mercredi, 02 novembre 2011

De bon matin

   Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.

   Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).

   La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.

   Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.

   Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.

   La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.

   On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.

    P.S.

   Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).

20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film