samedi, 24 août 2013
Michael Kohlhaas
Arnaud des Pallières a transposé en France un roman allemand tiré d'une histoire vraie. La transposition géographique tient la route, en raison du choix des lieux de tournage en extérieur : le Vercors et surtout les Cévennes. Certaines scènes lozériennes ne sont pas sans évoquer le Nord Aveyron, avec ces paysages de prairies empierrées balayées par le vent. Cela m'a aussi un peu rappelé l'atmosphère d'une récente adaptation des Hauts de Hurlevent.
Mais c'est plutôt Les Chants de Mandrin qu'évoque la deuxième partie du film. On suit une bande de rebelles, nombre d'entre eux étant d'origine modeste. On notera l'importance prise par les chevaux. Ce sont des moyens de déplacement fort commodes, mais aussi des outils de travail et des objets de spéculation.
Le héros, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen... faut-il dire qu'il est excellent ?), est un éleveur et marchand de chevaux. On sent son amour des bêtes et sa "force tranquille". Dans un monde très inégalitaire et marqué par la violence, il s'est construit un petit paradis. La première partie du film est chargée de nous faire toucher du doigt ce bonheur qu'il va perdre. Le réalisateur alterne le style documentaire, attentif aux détails (vêtements, meubles, outils...) et l'évocation sensuelle. La compagne du héros est évidemment ravissante et très amoureuse de Kohlhaas qui, à plus de 45 balais, se révèle encore fort bien bâti. Ajoutez à cela une coiffure faussement négligée, une barbe légère qui ne change pas, et vous avez une incarnation du mâle mûr qui fera rêver ces dames. A noter aussi la composition de Mélusine Mayance (qui joue la fille). Il faudra suivre cette jeune actrice, déjà remarquée dans Elle s'appelait Sarah et Les Gamins (où elle interprète l'insupportable Mimi Zozo).
La suite est moins fleur bleue, avec la découverte du comportement de certains membres de la noblesse. Des chevaux et des membres de l'entourage de Kohlhaas vont en souffrir. Le réalisateur réussit à susciter l'horreur et le dégoût en ne laissant à l'écran qu'une partie de l'action, épargnant aux spectateurs les visions les plus violentes, préférant montrer les résultats.
Le héros décide alors de se lancer dans l'aventure, entre quête du droit et désir de vengeance. Les dialogues sont peu nombreux, mais l'on comprend très bien ce qu'il se passe. Je mettrais un bémol au niveau de l'expression de Mikkelsen : il faut parfois un peu tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il dit en français, langue qu'il a dû apprendre pour le tournage.
L'arrière-plan religieux n'est pas sans importance. Au XVIe siècle, l'Europe est marquée par la naissance du protestantisme. Dans le Saint Empire romain germanique (et jusqu'en Alsace et Lorraine), des révoltes paysannes vont éclater, mêlant revendications sociales et aspirations spirituelles. En France, catholiques et huguenots se sont violemment opposés. Dans le film, on voit le héros lire une Bible traduite en langue vulgaire (ce qui était à l'origine interdit) puis rencontrer un théologien que l'on devine protestant (brillamment incarné par Denis Lavant). Leurs échanges donnent une autre profondeur à l'intrigue.
La dernière partie du film est assez surprenante, mais finalement logique. Je vous laisse découvrir comment se termine le périple justicier du marchand de chevaux. L'ensemble est fort, suscite beaucoup d'émotions, pour peu qu'on se plonge dans l'ambiance du film.
11:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
lundi, 19 août 2013
Elysium
Au départ, c'est le nom du réalisateur, Neill Blomkamp, qui m'a décidé à aller voir ce film. J'avais adoré District 9 et le scénario du nouveau long métrage m'avait l'air prometteur. Dans les premières séquences, c'est toutefois la qualité de l'image qui m'a impressionné. J'ai encore en tête la scène qui permet aux spectateurs de découvrir la roue solaire. On passe d'une image numérique à des vues tournées sans doute en studio. On ne voit pas la transition entre les deux. La vision aérienne d'un Los Angeles futuriste et ravagé mérite aussi le détour. De manière générale, la réalisation et les décors sont top.
Le première partie du film est la plus profonde, scénaristiquement parlant. Deux mondes s'opposent : celui des pauvres, souvent malades, habitant une Terre violente et polluée, et celui des riches, réfugiés dans la grande roue, dans l'espace, habitant ce qui ressemble à des gated communities, avec accès privatif à une médecine de pointe.
Cependant, comme le réalisateur est sud-africain, on peut aussi voir dans cette ségrégation un écho du régime d'Apartheid. La grande majorité des privilégiés sont blancs, alors que la masse qui survit sur Terre est un mélange de Latinos, de Noirs et de Blancs (comme le héros Max, interprété par Matt Damon, à la coupe de cheveux impeccable). On voit très peu d'Asiatiques.
La description d'un régime policier au service des intérêts d'une minorité de riches est fort bien vue. Elle a des résonances pour le public sud-africain, mais aussi pour les Américains et les habitants de quantité d'autres pays où l'on tente de bâillonner la contestation sociale à coups de matraques. Le propos politique est complété par une évidente dénonciation du refoulement des migrants clandestins, à travers ces Terriens malades que les dirigeants de la station orbitale refusent d'accueillir et de soigner.
La deuxième phase débute quand Max se fait greffer un exosquelette, dans des conditions que je vous laisse découvrir. C'est le moment que le réalisateur a choisi pour introduire quelques bastons. C'est bien fichu, mention spéciale pour les effets spéciaux : les dégâts subis par les corps sont spectaculaires... et peu ragoûtants ! Max se retrouve confronté à celui qui va être son principal adversaire : un mercenaire beauf et impitoyable, incarné avec talent par Sharlto Copley, une vieille connaissance de District 9.
L'histoire se complique par la suite. Max veut atteindre la roue pour sauver sa vie. Il pourrait aussi sauver celle de la fille de son ancien grand amour, avec laquelle il ne désespère pas de renouer. Il est de plus chargé d'un boulot pour le compte d'un trafiquant qui peut lui être très utile. S'ajoute à cela un complot interne à l'élite de la station orbitale. On ne s'ennuie donc pas un instant.
C'est d'ailleurs une limite du film : il ouvre beaucoup de perspectives et ne parvient pas à tout traiter équitablement en 1h50. Du coup, certains aspects de l'histoire apparaissent négligés. Du côté des déceptions, il y a Jodie Foster, une méchante arriviste qui a du mal à se déplacer en chaussures à talons hauts. Un peu mièvres aussi m'ont paru les scènes de jeunesse... sans parler de l'avant-dernière séquence, qui joue inutilement avec nos nerfs.
Cela reste un très bon divertissement (à voir dans une grande salle), un peu inabouti toutefois.
23:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 22 juillet 2013
Metro Manila
Ce polar social navigue quelque part entre La Cité de Dieu et Le Convoyeur (de Nicolas Boukhrief). Il démarre toutefois de manière assez conventionnelle. La première séquence (courte) se conclut par un acte de violence brute, qu'on n'arrive pas à relier à la suite de l'histoire (dans un premier temps). Puis, on découvre combien la vie est difficile pour les petits paysans philippins, condamnés à l'exode rural. Enfin, la capitale Manille nous est présentée comme une jungle impitoyable pour les faibles. C'est bien filmé (quoique trop esthétisant par moment), bien joué, mais un peu démonstratif.
Le film a commencé à m'emballer quand j'ai vu qu'il jouait avec nos nerfs, faisant se succéder phases d'espoir et de désespoir des deux héros, le couple de paysans, incarnés par des acteurs un peu trop beaux (la femme est particulièrement canon). Installés dans un bidonville, ils ont l'air de toucher le fond : ils manquent de nourriture et l'une des enfants est malade. Puis ils finissent par trouver un travail, chacun de leur côté. Dans les deux cas, ce n'est pas sans danger. Le summum est atteint une nuit, quand, chacun semble s'avilir dans son nouveau boulot, source pourtant d'indépendance financière.
Ainsi, on suit Oscar et la bande des convoyeurs de fonds, ainsi que son compagnonnage avec celui qui l'a introduit dans la boîte. De son côté, Mai fait l'expérience du monde de la nuit. Peut-on sortir de la pauvreté tout en restant honnête ? C'est l'une des questions centrales du film.
La dernière partie voit l'histoire basculer trois fois. Les aventures de certains convoyeurs rejoignent l'histoire d'un jeune homme qui est lié à la première séquence. C'est toujours aussi bien filmé et joué... et la pirouette scénaristique de la fin est la bienvenue. Cela reste néanmoins un film très noir.
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dimanche, 21 juillet 2013
Aya de Yopougon
Ce film d'animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie est l'adaptation des deux premiers tomes de leur bande dessinée. L'intrigue se déroule en Côte d'Ivoire, principalement à Abidjan (et Yamoussoukrou), à l'époque de Félix Houphouët-Boigny, au tournant des années 1970-1980. Quelques scènes d'époque sont d'ailleurs montrées à l'écran, lorsque les héros regardent la télévision :
L'ambiance est colorée, les dialogues très bien écrits. Certaines demoiselles savent comment remettre à leur place les mecs trop entreprenants ! Attention cependant : il faut parfois tendre l'oreille. Une fois que l'on est habitué à la prononciation, tout va bien. La musique est gaie, entraînante. Elle fait d'ailleurs partie de l'histoire, puisque l'endroit à la mode, où tous ceux qui ont un peu d'argent à dépenser se rendent pour se détendre, est un "maquis", sorte de boîte de nuit en plein air. On n'y fait pas que danser...
L'accent est mis sur les femmes, notamment les trois jeunes adultes :
A gauche, on peut voir Adjoua, la plus timide... mais à qui il arrive des aventures. Au centre se trouve Aya, à la beauté aussi entière que le caractère. Sérieuse et bonne élève, elle voudrait échapper au schéma traditionnel qui la condamnerait à tout abandonner pour suivre un époux. La troisième, Bintou, ne pense qu'à courir les mecs, croyant que c'est la bonne méthode pour "choper" le mari idéal.
Les autres femmes sont au second plan. Ce sont les mères, les maîtresses, les soeurs, les cousines. En général, elles sont dotées d'un caractère bien trempé !
Par contre, du côté des mecs, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Le plus gentil est un simple d'esprit, amoureux d'Aya, que celle-ci va aider à se prendre en main... sans céder à ses avances. L'héroïne croise d'autres mecs, plus délurés qu'Hervé, mais moins sympathiques. A gauche sur la seconde image, on peut voir le fils à papa, une vraie tête à claques, constamment ridiculisé dans le film. Tout à droite se trouve Mamadou, un beau gosse pas fiable pour deux sous.
On pourrait aussi parler des pères, autoritaires, alcooliques, infidèles... Bref, la gent masculine en prend pour son grade !
C'est donc une comédie, mais qui dit des choses sérieuses. Il y est question d'inégalités sociales, de corruption, mais surtout des relations hommes/femmes, véritable coeur de l'histoire.
22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 18 juillet 2013
Fringe, saison 5
TF1 s'est enfin décidée à diffuser l'ultime saison de cette excellente série de science-fiction. Les téléspectateurs de la chaîne en sont restés, l'été dernier, à la saison 4. Ceux qui ont fait un tour chez la petite sœur NT1 ont pu (re)voir les épisodes des trois premières saisons, en VF ou en VO sous-titrée.
La soirée a donc commencé avec Pensées transitoires. Un court résumé permet d'abord aux oublieux, ainsi qu'à ceux qui découvriraient la série, de se mettre dans le bain. L'action se déroule désormais en 2036. Les "observateurs", venus du futur, ont pris le pouvoir et asservi l'humanité :
L'enjeu de ce premier épisode est de reconstituer l'équipe scientifico-policière qui a mené les enquêtes au début du XXIe siècle. On se lance donc à la recherche d'espaces qui ont été jadis plongés dans l'ambre :
Celui qui semble avoir la solution est Walter Bishop, mais il lui faut reconstituer les morceaux du puzzle... tout en évitant les observateurs et leurs collaborateurs. Tâche ardue :
Le scénario "assure" et les interprètes sont toujours aussi bons. Les images proposées ci-dessus sont censées donner un aperçu du soin apporté à la photographie et à la mise en scène. C'est donc aussi un régal pour les yeux. Accessoirement, les amateurs de SF peuvent repérer des références à quelques classiques du genre.
Le second épisode s'intitule Le Plan. Il voit nos héros se faufiler dans des passages souterrains :
Là encore, la solution peut venir de quelque chose qui est piégé dans l'ambre :
Cet épisode met en scène des cas de conscience. On se retrouve dans une ambiance qui rappelle évidemment l'époque de la Seconde guerre mondiale et de la Résistance. L'histoire fait aussi écho à d'autres luttes pour l'indépendance.
Au cœur de ce questionnement se trouve Henrietta, la fille de Peter et Olivia, qui avait disparu à l'âge de trois ans. On ne sait pas trop ce qui s'est passé avant que son père ne la retrouve, mais on suppose qu'elle a été l'objet d'expériences de la part des observateurs. Ce personnage recèle une part de mystère. Elle s'avère encore plus intransigeante que ne le fut jadis sa mère :
Bref, c'est excellent et j'ai hâte de voir la suite.
23:58 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, médias, télévision
mardi, 16 juillet 2013
Hijacking
Ce film danois polyglotte évoque la piraterie en mer, avec l'exemple d'un cargo dont s'empare une troupe de Somaliens. Il alterne deux types de scènes, celles qui décrivent la vie sur le bateau et celles qui montrent le siège de l'entreprise danoise et l'action de son PDG (incarné à la perfection par Soren Malling).
Le début est faussement anodin. Sur le navire, on découvre les personnages du cuistot, du mécano et du capitaine. Ils naviguent vers Bombay. La mission est en voie d'achèvement. Ils communiquent à distance avec les proches restés au Danemark. Là-bas, on nous plonge dans une négociation délicate avec des Japonais. Le PDG danois est habile à la manœuvre. Comme ses costumes, il est impeccable, rigoureux et semble invulnérable. Sûr de lui et conscient de ses responsabilités, il décide de mener la négociation quand il apprend la prise d'otages.
Le réalisateur nous a épargné l'assaut... mais ce qui se passe hors-champ est souvent inquiétant. Que signifient ces coups de feu ? Que sont devenus les autres membres de l'équipage ? Si chaque moitié des personnages ignore ce que vit l'autre, le spectateur n'est pas omniscient pour autant. On remarque aussi qu'au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, les allers-retours entre les deux scènes se font moins nombreux, ce qui nous laisse parfois dans l'expectative. (Bien joué, le montage !)
La réalisation montre le renversement. Les Occidentaux sont devenus les proies des Africains... et le patron négociateur joue une partie plus difficile qu'avec les industriels japonais. Chacun, de son côté, veut faire plier l'autre. Il faut donc se méfier un peu de ce que l'on voit à l'écran, surtout du côté somalien. La prise d'otages elle-même est une mise en scène. Pour que les pirates parviennent à leurs fins, il faut qu'ils arrivent à manipuler leurs interlocuteurs danois. En Europe, la direction elle essaie de s'en tirer à moindre frais... et oriente les négociations en conséquence, avec l'aide d'un spécialiste de la gestion de crise. S'ajoutent à cela les relations avec les familles des hommes capturés, d'autant plus délicates qu'il faut choisir ce qu'on leur dit ainsi que la manière de le dire. Toutes ces scènes se déroulent en vase clos, dans des bureaux du siège de l'entreprise, et pourtant, c'est palpitant. Putain de scénario !
Sur le bateau, on constate qu'à la pénibilité physique s'ajoute le risque d'affaiblissement moral. De leur côté, les pirates semblent imprévisibles. Comme tous sauf un (le traducteur-négociateur, un personnage assez mystérieux) ne parlent que leur langue et que leurs propos ne sont pas sous-titrés, nous sommes placés au même niveau de compréhension que les otages.
Jusqu'au bout, l'histoire ménage des surprises. A plusieurs reprises, la tension se relâche pour tout à coup augmenter à nouveau. Souvent, c'est voulu... mais pas toujours.
C'est incontestablement le film coup-de-poing de ce début d'été.
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Moi, moche et méchant (le DVD)
Séance de rattrapage, ce soir. Emballé par le deuxième volet des aventures de Gru et de sa petite famille, j'ai voulu voir ce que donnait le premier film. Comme le suivant, je l'ai visionné en version française.
Le début présente les deux univers qui vont se télescoper : l'orphelinat (avec les trois gamines) et les méchants (dont le héros). Cela démarre par une séquence qui tourne en dérision les touristes américains (avec un gag inattendu, celui de la pyramide) :
On découvre ensuite les deux vilains qui vont s'affronter. Le héros, Grut, aime bien commettre de mauvaises actions au quotidien. Il resquille scandaleusement dans un commerce, fait pleurer les petits garçons et a un tempérament manipulateur :
On comprend néanmoins assez vite qu'il n'est pas le méchant absolu... et qu'il a lui-même beaucoup souffert, notamment à cause de sa mère, qui continue d'ailleurs à lui pourrir la vie. (Celle-ci, absente du deuxième volet, devrait faire sa réapparition dans le prochain film : ce personnage de vieille bique atrabilaire possède un réel potentiel comique.)
Sur son chemin, il va trouver un nouveau super-délinquant, Victor/Vector, un jeune con qui croit tout savoir... et qui réussit, dans un premier temps, à lui niquer sa race :
Mais le vrai méchant de l'histoire est celui qui finance ces deux derniers, celui qui tire les ficelles : le banquier :
C'est en cela que Moi, moche et méchant est un film de son époque (2010). Avant 2008, on n'aurait sans doute jamais osé autant dénigrer cette profession dans un film grand public.
Cet univers cruel va entrer en contact avec des orphelines, pas très bien traitées dans l'institution qui les héberge. Elles vont être adoptées par Gru, qui veut les utiliser contre Victor.
Évidemment, l'arrivée des trois donzelles, aux caractères très différents, ne va pas sans perturber la vie bien rangée de Gru. C'est la source de nombreux gags. Notons que les Minions vont vite s'attacher aux nouvelles... et réciproquement. La séquence qui voit Gru basculer est celle de la fête foraine. Au moment où il songe à se débarrasser de l'encombrante marmaille, il va définitivement s'attacher à elle.
La suite ? Une série d'aventures débridées, à la recherche d'un fusil qui fait rapetisser puis à la conquête de la Lune. Mais c'est autour d'un spectacle de danse que l'intrigue va se dénouer.
Sur le DVD, parmi les bonus, on trouve trois petits films très drôles, dont les héros sont les Minions (que l'on voit moins dans le premier film que dans le deuxième, sorti cet été).
Changement de look montre l'armée de petits bonshommes jaunes aider les gamines à préparer la visite des services sociaux, qui cherchent à savoir si un père célibataire est bien apte à s'occuper de trois jeunes filles :
Le Jour de l'orientation aborde la formation de Minions ouvriers spécialisés. Cela se moque gentiment des vieux films d'entreprise :
Enfin, Banane, est une variation délirante sur la gourmandise des Minions, où l'on sent l'influence (entre autres) de Tex Avery et des Monthy Python :
Je pense que ces Minions sont en train de suivre la même voie que le Scrat de L'Age de glace, qui est passé du statut de pittoresque personnage secondaire au début à celui d'élément essentiel à l'intrigue dans les films suivants.
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samedi, 13 juillet 2013
Moi, moche et méchant 2
Je n'ai pas (encore) vu le numéro 1, mais j'ai été attiré par les petits personnages jaunes, le bouche-à-oreille (très positif) faisant le reste.
Cela démarre tambour-battant par trois séquences très différentes. La première se déroule au pôle Nord. Elle introduit le (vrai) méchant, qui avance masqué. Notons qu'elle contient un petit clin d’œil scatologique, sorte de marque de fabrique de cette animation qui, tout en suivant un schéma très conventionnel, se permet de temps à autre de franchir la ligne rouge.
La deuxième séquence se déroule chez le héros. Il est question de fêter l'anniversaire de la plus jeune des trois filles qu'il a adoptées. Au départ, tout a l'air "normal"... mais n'oublions pas que le personnel de service est composé de bonshommes jaunes, puérils et farceurs. Observez bien les jeux auxquels les enfants s'adonnent, pendant que les parents, en toute confiance, tournent le dos.
C'est aussi le moment où les questions existentielles émergent. L'une des filles voudrait avoir une maman et l'une des adultes présentes à la fête s'est mise en tête de caser Gru, le papa au grand nez. Tout cela passe au second plan quand il s'avère que la fée a du retard. Le père va trouver une solution des plus originales... et assez acrobatique. Sans trop dévoiler le gag, je peux quand même dire qu'à un moment, j'ai pensé à Marine Le Pen...
La troisième séquence met le héros en contact avec Lucy Wild, un agent très très spécial, qui se déplace dans une voiture modulable. C'est extrêmement drôle, avec des références à James Bond... sauf qu'ici c'est la dame qui utilise les gadgets. Dans la version française, Lucy a la voix d'Audrey Lamy... un excellent choix, tant elle colle bien au personnage.
Ainsi démarrée, l'histoire est sur de bons rails. D'autres séquences marquantes vont venir, comme un tableau de la machinerie installée au sous-sol de la maison de Gru. Les "Minions" (les petits bonshommes jaunes à un ou deux yeux) vont saluer dignement le départ du professeur qui travaillait pour Gru... avec des fusils à pet ! (Et encore, je ne vous raconte pas le gag qui ponctue ce moment d'anthologie : sachez qu'il est question d'une détonation supplémentaire...)
Après cela, on est embringué dans une histoire d'espionnage, où les références à James Bond sont mâtinées d'un peu de Gremlins et de Critters. Même si les gags ne sont pas aussi explosifs qu'au début, cela reste très divertissant.
Le rythme remonte dans les séquences terminales, avec notamment la guérison des "Minions", spectaculaire et drôle. Tout se termine en chansons, avec d'abord une séquence romantique, bercée par une (excellentissime) parodie de boys band par les Minions... avant qu'une nouvelle teuf ne démarre, au son des Village People !
Bref, c'est drôle et bien foutu... et plutôt pour les grands enfants que pour les petits.
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vendredi, 12 juillet 2013
Ma meilleure amie, sa soeur et moi
Sur le thème "Un garçon, deux filles... combien de possibilités ?", Lynn Shelton s'exerce à la comédie romantique, avec pour cadre le Nord-Ouest des Etats-Unis : la ville de Seattle et une île des environs.
La première séquence nous met en contact avec un groupe de trentenaires, blancs, appartenant à la classe moyenne et réunis autour de quelques bonnes boissons, notamment du vin rouge. On est en plein cliché... sauf que cette petite réunion commémore la première année de la disparition de l'un des membres du groupe, Tom, peut-être le plus brillant de la bande.
Très vite, l'ironie prend le dessus, avec le discours à rebours du frère du défunt, un peu bourré. Voici Jack, le héros, intelligent, beau parleur, mais coiffé comme un dessous de bras, au chômage, de surcroît légèrement bedonnant. Il s'éclipse, à la fois honteux et très content d'avoir plombé l'ambiance. Sa meilleure amie va essayer d'arranger les choses. Voilà Iris, femme indépendante, compréhensive et bourrée de charme. Accessoirement, c'est l'ex-petite copine du défunt. Emily Blunt (remarquée dans Looper et, il y a quelques années, dans un épisode de la série Hercule Poirot) rayonne dans ce rôle de femme hypersensible, d'une (grande) beauté faussement ordinaire.
La scène qui voit la meilleure amie tenter de ramener Jack à de meilleures pensées est un délice d'humour et de complicité. A la différence de la précédente, très écrite (deux discours antagonistes se répondaient), celle-ci est en partie improvisée. On le sent particulièrement bien quand Mark Duplass (Jack) ne peut s'empêcher de lâcher un petit rot qui semble avoir surpris sa partenaire Emily Blunt. Mais cela passe très bien dans le dialogue... puisque je vous le dis !
Comme Jack déprime, Iris, dont la famille est pétée de thunes, lui propose d'aller méditer dans la propriété paternelle, située sur une île. Au passage, elle lui suggère de s'y rendre en vélo. Jack, qui continue à s'empiffrer de confiseries industrielles, ne semble pas avoir compris le message subliminal de la dame : profite de l'occasion pour faire disparaître tes bourrelets disgracieux ! (On ne va d'ailleurs pas tarder à les voir à l'écran.)
Sur place, le héros tombe sur la frangine lesbienne de sa meilleure amie, en pleine quête existentielle après la fin d'une grande histoire d'amour. Je vous présente donc le dernier membre du trio : Hannah, incarnée avec subtilité par Rosemarie DeWitt (vue récemment dans Promised Land). C'est le soir, les deux se connaissent sans s'être jamais rencontrés... Ils se découvrent donc autour d'une bonne bouteille de tequila. Arrive ce qui devait arriver : ils baisent. Je recommande la scène de coucherie, au cours de laquelle le héros n'est vraiment pas à son avantage.
Le problème est que la frangine et meilleure amie débarque à l'improviste le lendemain. Elle est ravie de retrouver sa soeur, perdue de vue depuis un petit moment, mais un peu désappointée tout de même. La suite nous réserve de beaux moments de marivaudage, quelques jolies scènes de dialogue au lit (entre les deux soeurs)... et un changement de ton, au bout d'1h10 environ. L'histoire devient plus sérieuse, tourne au mélo. Là, franchement, j'ai moins accroché. Mais cela reste une très bonne comédie... avec une Emily Blunt à croquer, rien que pour nous, les mecs !
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jeudi, 11 juillet 2013
Le Roi et l'oiseau
J'avais gardé de ce dessin animé "de qualité française" (signé Paul Grimault et Jacques Prévert) un souvenir lointain, agréable. Sa ressortie en salles, après restauration, m'a donné l'occasion de le voir sur grand écran. L'histoire nous est présentée par l'un des personnages principaux, une sorte de grand toucan endimanché, gouailleur et courageux :
Son ennemi est le monarque qui vit dans le château visible à l'arrière-plan. A travers ce personnage, les auteurs ridiculisent la monarchie absolue et les régimes totalitaires du XXe siècle. Sur le fond, ils montrent l'obéissance obséquieuse et craintive des sous-fifres, l'omniprésence de la police ainsi que le culte de la personnalité qui entoure le souverain (aussi odieux que maladroit au tir). Sur la forme, on rit du trône tout-terrain, de l'aspect physique du tyran ainsi que de sa démarche.
Cette histoire est aussi un conte. Le château est donc un élément important de la mise en scène, avec ses ascenseurs qui n'en finissent pas, ses pièces secrètes, ses trappes et ses oubliettes où attendent, affamés, des lions mélomanes.
Un grand soin a été porté à l'animation des personnages, en particulier des animaux. J'ai beaucoup aimé le chiot du tyran, très souple dans ses mouvements... et beaucoup plus affectueux que son maître. Les oisillons sont aussi très réussis. Par contre, au niveau des félins, on note quelques maladresses. Il faut dire qu'en trente ans, la technique a fait de sacrés progrès. D'autres moments, parfois brefs, m'ont marqué, comme celui qui voit un morceau de muraille s'animer, révélant un policier camouflé !
Une histoire d'amour (un peu nunuche) est au coeur de l'intrigue : un ramoneur et une bergère vont devoir surmonter bien des difficultés pour vaincre la jalousie et le désir de domination du roi.
Cette intrigue se drape dans le merveilleux : les deux amoureux sont issus de tableaux voisins, dont ils s'échappent, tout comme le roi, qui évince son modèle et prend le contrôle du royaume ! Les auteurs donnent aussi un aperçu du peuple miséreux qui vit sous la férule du tyran.
Toutefois, c'est davantage la dénonciation d'une forme de modernisme qui perce dans l'histoire. La technologie a asservi les ouvriers, qui travaillent à produire des représentations du tyran (scène hilarante avec les tableaux, lorsque deux prisonniers décident de "se lâcher"). L'invention la plus extraordinaire, le robot géant, est un outil de domination... et de destruction.
Le salut vient de l'imagination, de l'inventivité, de l'art. Il est beaucoup question de peinture dans ce film, celle-ci étant cependant montrée comme trop soumise aux desiderata des puissants. La sculpture est abordée à travers un joli personnage de cavalier, dans une séquence qui baigne dans le merveilleux. La musique est davantage présente, en guise d'accompagnement mais aussi comme élément scénaristique. Elle sauve la vie des héros dans des circonstances que je vous laisse découvrir.
J'ai finalement beaucoup aimé cette réédition, d'une qualité visuelle plus grande que ce à quoi je m'attendais.
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lundi, 08 juillet 2013
Les Stagiaires
Le duo Vince Vaughn / Owen Wilson est de retour, dans une comédie a priori taillée sur mesure pour l'équipe de choc de Serial noceurs (avec Vaughn en producteur et scénariste). La première séquence démarre moyennement, mais elle contient un gag politiquement très incorrect : il est question de la fille d'un client, à propos de laquelle celui-ci ne tarit pas d'éloges. On finit par découvrir que c'est un petit boudin obèse... et noir. Ce n'est pas très gentil, mais j'ai bien ri quand même !
Le problème est que la suite est nettement moins drôle. Que ce soit le licenciement du duo de vendeurs, la séparation de Billy (Vaughn) avec sa femme (une scène particulièrement mauvaise), la candidature des deux chômeurs (séquence de web-cam très médiocre) ou encore leurs débuts au "Googleplex", tout sonne faux. Les dialogues sont mal écrits, les acteurs maladroits, malgré l'abattage dont certains font preuve.
Et puis... il y a cette épreuve de quidditch (eh oui, les "guiques" sont des enfants d'Harry Potter), qui voit un retournement survenir. De manière très américaine, les losers du débuts commencent à muer en winners. Plus prosaïquement, l'un des héros demande à son ami, son quasi-frère, de lui passer de la glace sur les parties génitales...
La deuxième séquence marquante est la soirée dans une boîte "chaude" à la mode, où l'équipe de bras cassés va retremper son moral. On s'y alcoolise, on s'y décoince, on s'y fait des confidences... et l'on s'y bagarre. Tout cela est bien rythmé. On y trouve néanmoins la confirmation que c'est un film de mecs. Les femmes entrevues dans cet antre sont toutes des bombasses pas farouches pour deux sous, de surcroît plus légèrement vêtues que les intellos canons du Googleplex. Il se trouve toujours au moins un joli minois pour kiffer grave l'un des héros. C'est lors de cette soirée que l'un d'entre eux fait l'expérience de l'éjaculation précoce plurielle...
Mais, que voulez-vous, il faut bien attirer le public dans la salle... D'ailleurs , y avait que des djeunses à ma séance... à part moi, bien sûr, présent pour encourager les deux quadras sur le retour. Notons que certains des seconds rôles "googliens" sont très réussis : la manager Dana (sur laquelle Nick/Owen a flashé) et le directeur du recrutement Chetty.
La seconde moitié du film fait l'éloge du travail d'équipe. Les individus qui la composent ne sont pas les plus brillants de ceux qui concourent pour être embauchés par le nouveau Big Brother américain, mais, ensemble, ils arrivent à être plus efficaces que les autres. N'oublions cependant pas qu'au bout du bout, il est question de commerce, c'est-à-dire de pognon : la nouvelle économie comme l'ancienne cherche les meilleurs moyens de ramasser la thune.
J'ai aussi bien aimé la séquence du dîner, qui se veut atypique (avec un petit côté Quatre Mariages et un enterrement).
Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que la fin est attendue, consensuelle. C'est donc un divertissement (juste) acceptable, à condition d'être (très) indulgent pour le début.
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samedi, 06 juillet 2013
Le Congrès
C'est le nouveau film d'Ari Folman, cinéaste israélien révélé au grand public par Valse avec Bachir. Le long-métrage dont il va être question mêle les scènes avec des acteurs réels à d'autres, animées (le procédé de rotoscopie a été utilisé, comme par exemple dans A Scanner darkly et Aloïs Nebel).
La première partie fait intervenir les acteurs réels, principalement Robin Wright et Harvey Keitel. Il faut passer outre les deux premières scènes du film, mal jouées, mal dirigées. La première voit Keitel faire la leçon à une actrice sur le retour (Robin Wright, censée interpréter son propre rôle). Curieusement, dans sa filmographie, il n'est pas fait mention de la série qui l'a rendue célèbre, Santa Barbara... La deuxième scène tourne autour du fils handicapé. Elle est aussi maladroite, un peu exagérée.
Ce n'est qu'ensuite que le film démarre vraiment. La conversation entre la mère et ses deux enfants est bien rythmée et l'enchaînement d'événements qui va mener l'héroïne à accepter un drôle de contrat se suit sans déplaisir. La scène-clé est bien évidemment celle qui voit l'actrice jouer son dernier rôle, pour le scanneur qui va l'enregistrer pour l'éternité...
La seconde partie du film est presque entièrement sous la forme animée. On fait un bond de 20 ans. Tout semble aller mieux pour l'ex-actrice, dont l'avatar numérique est devenu célèbre, alors qu'elle coule des jours plus paisibles avec son fils, dont la santé est néanmoins toujours chancelante. Elle se rend à un congrès futuriste, où rien ne va se passer comme prévu. Je vous en laisse découvrir les péripéties, entre frustration artistique, argent-roi, tentation dictatoriale et révolution.
Après une nouvelle ellipse, on retrouve l'héroïne sortant d'une cryogénisation de 20 ans. Elle cherche à comprendre et surtout à retrouver son fils. L'intrigue bascule parce que le monde a changé. On tombe en pleine science-fiction : l'humanité est divisée en deux groupes. La majorité préfère vivre dans l'illusion créée par la consommation d'une drogue, pendant que l'autre partie de la population, plus lucide, vit à l'écart mais n'est pas forcément plus heureuse. Cela reste toutefois l'histoire d'une mère, même si le tableau de l'humanité que l'on nous dresse (pendant le moment où l'animation s'efface) est assez apocalyptique.
On a souvent présenté ce film comme une réflexion sur le cinéma mais, dans sa seconde partie, il traite plutôt de la société en général, de son goût pour les drogues et le virtuel, tendances dans lesquelles il voit une menace pour notre monde.
Malgré quelques longueurs et maladresses, cela reste un film très original, tant sur la forme que sur le fond.
22:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 05 juillet 2013
Man of Steel
Ce reboot de la saga Superman commence par une séquence se déroulant sur la planète Krypton. De l'avis de beaucoup de spectateurs comme du mien, c'est le meilleur moment du film. L'ambiance y est plutôt heroic fantasy. Cela fait aussi un peu penser au Prometheus de Ridley Scott (dans ce qu'il avait de bon). On pourrait donc regretter que ce premier film n'ait pas été un prequel. Il y a avait de la matière et les acteurs sont assez bons, en particulier Russel Crowe que, par la magie d'une technologie très évoluée, on revoit à plusieurs reprises, plus tard dans l'histoire. Ses apparitions sont l'une des rares sources d'humour de ce pensum de 2h25.
Cela se gâte à partir du moment où l'action se déroule sur Terre. Fort heureusement, le scénario n'est pas strictement linéaire. Ainsi, on voit d'abord Clark Kent en jeune adulte, avant de le redécouvrir enfant, à plusieurs occasions. Le montage, habile, fait se succéder des scènes qui se répondent ou se complètent. Pour faire monter la sauce, on a fait appel à une pléiade d'acteurs confirmés. A ce jeu-là, le petit Superman gagne le gros lot, avec deux papas qui déchirent : Russel Crowe sur Krypton et Kevin Costner sur Terre. Avec une telle ascendance, le garçon ne pouvait que bien tourner !
Pour les seconds rôles, on a puisé dans les séries télévisées : Les Experts (Laurence Fishburne, qui a fait ses preuves ailleurs), New York - Unité spéciale pour les victimes (Christopher Meloni, encore dans un rôle "viril"), Criminal Minds : Suspect Behavior (Michael Kelly) et A la Maison Blanche (Richard Schiff, vu aussi ailleurs).
Dans ce monde de mecs très musclés et très burnés, les femmes sont assez effacées. Du côté des "gentils", seule Amy Adams (vue récemment dans The Master) a un rôle un peu tonique... mais pas trop. Du côté des méchants, les amateurs de femme en cuir apprécieront le jeu d'Antje Traue, qui a un petit air de Noomi Rapace. A plusieurs reprises, on la voit ridiculiser des militaires un peu trop fiers de leurs pénis de substitution.
Parce que figurez-vous que ce n'est pas un film va-t-en-guerre. Papa Kent (Kevin, donc) a tenté d'inculquer la non-violence et la responsabilité à son fils adoptif. Les militaristes sont tournés en dérision dès le début de l'histoire terrestre, lorsque Loïs Lane apostrophe des officiers (il est question de longueur...), dans le grand nord canadien. Le scénario penche visiblement pour l'humanisme contre les partisans des solutions radicales.
Cependant, à l'écran, lorsque l'action se déroule en pleine ville, on ne voit pas souvent le héros se préoccuper des dégâts collatéraux. De surcroît, les militaires n'ont pas hésité une seconde à utiliser des armes de guerre au coeur de New York Metropolis (dont certains plans font écho au 11 septembre 2001). Cela fait partie des quelques incohérences du film. Si l'on est pris dans le feu de l'action, cela passe. Si l'on est moins captivé, on peut trouver que, vu le pognon mis dans les effets spéciaux (et la longueur des crédits au générique de fin), on aurait pu fignoler un peu plus le scénar.
Reste la chorégraphie des bastons. La première séquence s'apparente à du jeu vidéo, avec des méchants encarapaçonnés et bondissants. Et va-z-y que je te flanque un gros pain qui te fait traverser cinq immeubles d'un coup ! La seconde séquence voit le méchant faire mu-muse avec la cape de Superman... qui finit par le tuer, non mais. Faut pas jouer avec les affaires des autres !
Malgré d'indéniables qualités, ces scènes d'action n'arrivent pas au niveau de ce que l'on peut voir dans Avengers. Le film n'en est pas moins un divertissement tout à fait regardable.
P.S.
Les spectateurs attentifs auront remarqué qu'au cours d'une scène de combat, un véhicule au nom d'une certaine entreprise a été projeté. Ce clin d'oeil semble annoncer l'arrivée d'un nouveau méchant...
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jeudi, 04 juillet 2013
Le Joli Mai
Ce documentaire de Chris Marker (et Pierre Lhomme) a droit à une seconde vie, 50 ans après sa sortie. D'après le dossier de presse disponible sur le site du distributeur Potemkine, au moment de sa restauration, le film a été remonté selon les souhaits du réalisateur. Cela donne une oeuvre étonnante, de près de 2h20, consacrée aux Parisiens croisés en mai 1962.
Cela commence fort, avec un vendeur-repasseur de costumes grande gueule, qui ne pense qu'au pognon et se plaint de sa femme :
A l'image de presque toutes les autres personnes montrées à l'écran, il se montre très réservé dès qu'il est question de l'actualité immédiate, en particulier de la guerre d'Algérie. Le plus étonnant est que, lorsqu'il évoque la possibilité de faire sauter ses contraventions, il mentionne les noms de deux politiques situées aux extrêmes, le communiste Maurice Thorez et l'ex-poujadiste Jean-Marie Le Pen (eh oui, déjà !).
Ensuite, on rencontre un cafetier, qui a pas mal bourlingué, mais c'est la séquence tournée place de la Bourse qui m'a le plus marqué. Marker commence par interroger deux adolescents en costume, avant d'être interrompu par un courtier moustachu qui semble jaloux qu'on ne donne pas la parole aux adultes. Suit un début de conversation entre des vieux routiers de la finance, qui font le lien entre la récente nomination de Georges Pompidou au poste de Premier ministre et la banque Rothschild.
Et voilà qu'on nous présente des inventeurs. L'innovation est déjà au coeur de l'époque. Il est notamment question d'automobile, avec un intervenant fier d'avoir créé une sorte de stabilisateur... démonstration à la clé, sur un circuit, caméra à bord ! On notera le souci du détail du caméraman, qui, alors que s'exprime l'inventeur, détourne l'objectif de son visage pour suivre les pérégrinations d'une araignée sur son costume !
Petit à petit, on se rend compte que le travail de montage (images et son) a dû être considérable. On en a encore la preuve avec la séquence des amoureux, tout timides et tout gentils, sur les mains desquels la caméra s'attarde. Mais, au final, ils semblent enfermés dans leur bulle, un peu égoïstes peut-être.
Ah, oui, j'oubliais : entre les entretiens, on peut entendre des textes dits par Yves Montand, dont une chanson nous est proposée à l'entracte. La musique d'accompagnement du film est de Maurice Legrand.
Le couple d'amoureux nous est rpésenté en alternance avec une séquence de mariage, où les adultes mûrs se défoulent un max, pendant que les jeunes époux semblent un peu engoncés (surtout la mariée). On voit notamment une honorable mère de famille s'enfiler du champagne au goulot et ensuite montrer à quel point elle kiffe la life !
Plus conceptuelle est la conversation avec deux ingénieurs, qui voient loin en terme d'organisation du travail. Cependant, ceux-ci ne se rendent pas compte que, si l'on peut réaliser les mêmes tâches plus rapidement, ce n'est pas forcément du temps de loisir que vont gagner les salariés, mais aussi du chômage... Cette séquence est émaillée de clins d'oeil, avec des gros plans de chats, animaux que Chris Marker aimait tout particulièrement.
D'autres bestioles apparaissent à l'écran, comme les colombes prisées par la bourgeoisie. Mais c'est à une chouette que le caméraman s'intéresse tout particulièrement. Dans une scène étonnante, on voit l'un de ces rapaces se laisser tendrement caresser, comme le ferait un chat... saisissant !
L'une des séquences d'intérieur fait intervenir des jeunes femmes de la "bonne société". A l'image d'autres intervenantes, elles tiennent des propos qui ont de quoi faire bondir les moins ardentes des féministes. Si l'on ajoute à cela la répartition sexuelle des rôles qui est visible à différentes occasion, on réalise à quel point la France était à l'époque un pays patriarcal.
A l'occasion, on est aussi étonné par certains personnages, comme cette costumière agoraphobe, qui vit repliée sur elle, dans son appartement, en compagnie de son chat qu'elle habille comme une poupée :
A l'autre bout de la société, les pauvres vivent parfois dans des conditions insalubres. Je crois avoir entendu, dans le commentaire du début, qu'environ 20 % des logements n'avaient pas d'électricité et 12 % d'eau courante... De véritables bidonvilles existent, plutôt en banlieue il est vrai. Pour y remédier, on construit de grands ensembles.
Un autre portrait marquant est celui du garagiste peintre. On sent chez lui l'influence du surréalisme, du cubisme et d'un artiste comme Fernand Léger, même s'il affirme ne s'inspirer de personne. Je trouve qu'il parle assez bien de ses toiles. Mais la vision en noir et blanc ne leur rend pas honneur.
Et puisque les passants rencontrés dans la rue ne veulent pas trop parler politique, Chris Marker a suscité des entretiens qui donnent la parole à des personnes que l'on n'entend jamais en France à l'époque.
L'un d'entre eux est présenté comme étant un Dahoméen (on dirait aujourd'hui un Béninois), avec ses initiales. Il est beau gosse et s'exprime très bien en français :
Ayant connu l'Afrique Occidentale Française et différentes régions de métropole, il compare le comportement des Français qu'il a rencontrés, les pires étant pour lui les coloniaux. Il raconte sa surprise devant les "Français moyens" qui peuplent la métropole... et sa rage devant la version de l'histoire qui est enseignée. Il ne semble toutefois pas habité par la rancoeur.
Tout aussi passionnante est la séquence avec un jeune Franco-algérien. (N'oublions pas que les Accords d'Evian ont été signés en mars 1962.) Là encore on nous propose un "bon client" : un type intelligent, calme, qui présente bien :
Cet entretien est passionnant à deux niveaux. Il montre le conflit qui peut naître, au sein d'une usine, quand un ouvrier "français de souche" jalouse le "basané" qui a plus de qualification que lui... mais qui finit par partir. Ensuite, le jeune homme raconte une histoire bien pire, qui l'a placé sous la poigne d'agents de la DST. A cette occasion, on a un aperçu des baraquements précaires dans lesquels loge la population immigrée.
Notons que les seules images qui n'ont pas été tournées en mai 1962 évoquent les événements de Charonne et la seconde manifestation qui a suivi.
Histoire d'alléger un peu l'ambiance, Marker nous offre aussi de "belles images" de la capitale, quelques-unes prises de nuit. Cela ne l'empêche pas de conclure par une séquence moins joyeuse, consacrée aux prisons :
Voilà. Au départ, vu la longueur du film, j'étais un peu réticent à aller le voir. Mais c'est finalement un documentaire de grande qualité, tant au niveau des images que sur le fond. C'est foisonnant, parfois drôle, parfois terrible.
P.S.
La ressortie de ce film donne à l'aspect climatique une profondeur inattendue. En effet, mai 1962 fut un mois pourri, avec une température moyenne de 12,5 °C et un faible ensoleillement.
17:07 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, société
mardi, 02 juillet 2013
L'Attentat
Cette adaptation du roman de Yasmina Khadra mêle petite et grande histoire, celle d'un couple que l'on croyait fusionnel et celle du conflit israélo-palestinien. L'intrigue tourne autour de deux Arabes israéliens (communauté déjà mise à l'écran dans le récent Héritage), le chirurgien bien intégré à la société de Tel Aviv et sa ravissante épouse, un modèle de femme moderne. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si celle-ci ne disparaissait pas le jour d'un attentat-suicide aux conséquences duquel le chirurgien est confronté.
Le tableau du début est bien léché, quasi idyllique. Seul un coup de fil à peine entamé introduit un peu de dysharmonie. L'arrière-plan de cet appel nous est expliqué en fin de film... et donne une profondeur supplémentaire à son intrigue.
La suite nous montre le mari à la recherche de la vérité, alors que l'enquête de police piétine. Lui l'Arabe intégré se retrouve confronté à l'intolérance de certains Israéliens... et il découvre petit à petit le fanatisme de certains Palestiniens. La violence de leurs revendications et les difficultés de leur vie quotidienne (notamment à Naplouse) contrastent avec le mode de vie luxueux et la modération dont le chirurgien Amine fait preuve. Signalons la performance de l'interprète Ali Suliman (déjà vu dans Le Royaume, Zaytoun et surtout Paradise Now) ainsi que celle de sa partenaire, l'Israélienne Reymonde Ansellem, que les habitués des films du Proche-Orient ont remarquée dans Lebanon et surtout 7 minutes au paradis.
Ce personnage nous est principalement présenté par des retours en arrière, très bien conçus et insérés dans l'intrigue. On découvre petit à petit une histoire que l'on ignorait, celle de l'indignation d'une femme libre (qui n'est pas sans rappeler, par certains aspects, l'héroïne d'Inch'Allah).
Au final, on prend une sacrée claque dans la figure. De surcroît, le film a l'intelligence de ne pas tenter de répondre à toutes les questions. Il me semble toutefois plutôt pessimiste sur le conflit proche-oriental.
00:50 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 22 juin 2013
People Mountain People Sea
Ce film chinois (primé à Venise en 2011... pas facile d'obtenir un bon créneau de sortie quand 80 % des écrans sont occupés par une minorité de bouses) s'inspire d'un fait divers survenu en 2008. Un jeune coursier motocycliste se fait assassiner dans une carrière. La police enquête, mais semble peu efficace. Du coup, le frère aîné, besogneux et taciturne, va tout lâcher pour tenter de retrouver le coupable... et de lui faire la peau.
L'action se déroule dans le Sud de la Chine, principalement dans la province de Guizhou et à Chongqing :
Le héros va suivre plusieurs pistes, qui vont le conduire en divers endroits. Il va d'abord enquêter en ville. Le rural découvre donc la Chine "moderne", celle où règne le chacun pour soi, où l'aisance côtoie la grande pauvreté, où le mensonge et la corruption sont monnaie courante. Au début, il se fait avoir, mais il va vite apprendre...
Il se rend aussi dans plusieurs régions rurales. Il a du mal à se procurer des informations et semble toujours rater de peu celui qu'il recherche. A l'occasion, il reprend contact avec des personnes qu'il a connues autrefois. Il se fait de plus en plus prédateur pour parvenir à ses fins.
La dernière partie se déroule dans une mine de charbon illégale (mais très bien organisée). Le frère aîné s'y fait engager et l'on découvre des conditions de vie et de travail qui rappellent la France XIXe siècle. Les mineurs sont complètement "encadrés" par les patrons, dont la hantise est le coup de grisou... et la propension qu'ont les employés à vouloir fumer, y compris au fond de la mine ! La mise en scène m'est apparue particulièrement efficace dans cette partie du film, avec notamment les scènes de douche et celles de dortoir.
A l'image du héros, le film est en général mutique, taiseux. Quelques dialogues ont été insérés pour nous tenir au courant de la progression de l'intrigue et des liens qui existent entre certains personnages. C'est donc assez difficile à suivre et très dur sur le fond : la Chine est devenue un pays impitoyable pour ceux qui n'ont pas de combine pour profiter du système. L'individualisme a souvent remplacé les solidarités collectives. Pour survivre, le héros devient un loup parmi les loups. Il a toutefois un geste d'humanité (qu'on ne comprend qu'après coup) lorsqu'il touche au but.
22:57 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 20 juin 2013
Shokuzai
A l'origine, c'est une mini-série télévisée en cinq épisodes (signée Kiyoshi Kurosawa), qui a été transformée en deux longs métrages pour le cinéma. Le titre signifie "pénitence". Les personnages principaux ont tous au moins une faute grave à expier. Le scénario emprunte la voie du polar pour dénouer les fils d'une intrigue à base sentimentale, mais qui débouche sur une série de drames. C'est aussi un portrait de femmes dans le Japon d'aujourd'hui, les hommes n'en sortant (en général) pas grandis.
Le premier film est sous-titré "Celles qui voulaient se souvenir". La première séquence se déroule il y a quinze ans. Dans une petite ville de province, quatre gamines se lient d'amitié avec une petite nouvelle, fille d'un riche entrepreneur local et d'une dame très belle et très classe. L'une des filles va se faire assassiner de manière sordide... mais les quatre copines, traumatisées, sont incapables d'aider la police. Furieuse, la mère leur a extorqué une promesse.
Cette séquence démarre de manière anodine. On est rassuré par ce Japon calme et ordonné, ces enfants bien élevés. La tension monte soudainement. On est pris à la gorge.
15 ans plus tard, Sae est devenue une ravissante jeune femme. (Notons que les quatre actrices sont excellentes... et fort jolies, ce qui ne gâche rien.) Elle a refoulé sa féminité et sa sexualité. Elle se contente de son petit boulot dans un centre de soins et se dépêche de rentrer chez elle le soir.
Cet épisode la voit rencontrer un mec qui va se révéler aussi tordu qu'elle, pour d'autres raisons. Sachez seulement que des poupées traditionnelles françaises sont au coeur de l'intrigue. L'image de luxe est d'ailleurs associée à notre pays, puisque le principal personnage masculin roule dans une Peugeot haut de gamme. Incidemment, on nous montre que la vie d'une épouse qui a dû abandonner son travail n'est pas des plus réjouissantes. Cet épisode explore une piste quant à l'identité du tueur. On y croise aussi la mère de la victime (comme dans les parties suivantes, d'ailleurs), toujours habillée de sombre... et très classe. (On devine qu'elle doit porter quelques productions made in France.)
De son côté, Maki est devenue institutrice dans sa ville. C'est une femme énergique, investie dans son travail... et, elle aussi, célibataire (malgré sa jolie paire de seins).
On sent toutefois que quelque chose pourrait se nouer avec ce prof de sport sympathique, tolérant, aimé des élèves. Elle par contre est redoutée pour son niveau d'exigence scolaire et son autoritarisme. Cette séquence est particulièrement riche. Elle explore la psychologie d'un personnage féminin qui a choisi de lutter, ses motivations, ses craintes. Elle nous montre aussi la mentalité d'une ville de province, avec une vue intérieure de la vie d'une école, les parents d'élèves étant montrés comme un groupe pas forcément commode, auquel les enseignants doivent manifester du respect. Face à celle qui ne dévie pas de sa route, les autres personnages apparaissent bien versatiles.
Le second film est sous-titré "Celles qui voulaient oublier". C'est paradoxalement dans cette partie que la quête de la mère va le plus progresser. La première séquence traite du cas d'Akiko, fille-ours qui rejette le monde et les codes qu'il impose aux femmes.
Le retour de son frère va déclencher sa mutation. On la voit en possible jeune femme de son époque, le temps d'une sortie avec la belle-fille du frangin, dont elle va s'attribuer la protection. On sent la suite venir à des kilomètres, puisque c'est en prison que l'héroïne de cette séquence raconte son histoire à la mère. On nous propose une nouvelle piste dans la recherche du tueur, tout en développant un peu les mêmes thèmes que dans le cas de Maki.
La solution de l'énigme commence à apparaître dans la séquence consacrée à Yuko. Celle-ci est devenue fleuriste.
Le magasin qu'elle vient d'ouvrir porte un nom français, Le Ciel, écrit en caractères latins. On entr'aperçoit d'autres inscriptions dans notre langue (comme "Studio"). Et là je me rends compte qu'il va falloir que je vous cause du "franponais" un de ces quatre... Mais revenons à notre histoire. Contrairement aux trois autres, Yuko ne semble pas traumatisée par ce qu'elle a vécu. Elle se contrefiche de la promesse faite quinze ans auparavant. Elle essaie de vivre sa vie... et ce n'est pas forcément facile. Elle aussi est célibataire, mais semble avoir été liée à un policier. On réalise qu'elle aussi a été touchée par le drame. Elle est en quête de protection, d'autant plus que son patron la harcèle. Le réalisateur a choisi de ne pas rendre ce personnage sympathique. Elle peut se révéler particulièrement cynique.. mais elle va nous mener au tueur.
Une séquence supplémentaire règle les comptes et nous propose plusieurs révélations. On découvre bien entendu la personnalité du tueur et, par ricochet, le passé de la mère de la victime. Le polar s'accélère un peu, alors que le rythme de ce second film est particulièrement lent. Il aurait fallu pratiquer des coupes dans ces 2h30 ! La fin est à mon avis marquée par trop de grandiloquence.
Ces deux films n'en sont pas moins remarquables par leur richesse scénaristique et l'ampleur psychologique de l'histoire. S'y ajoute un indéniable savoir-faire en matière de réalisation. J'ai en mémoire un repas entre Sae et son prétendant. La scène est filmée de l'extérieur du restaurant. A l'écran s'entremêlent la vue de l'intérieur et le reflet de ce qui se passe derrière la caméra, à l'extérieur. La position et les déplacements des actrices sont aussi soigneusement choisis. Dans la quatrième histoire, on voit se retourner, de manières opposées, la mère et la jeune femme qu'elle est venue interroger, à l'hôpital, dans un superbe mouvement synchrone qui n'apparaît pourtant pas artificiel. Plus loin, c'est l'arrivée de la mère dans l'école privée qui nous vaut un plan magnifique. Elle, cachée derrière un bâtiment, se trouve en bas à gauche du cadre, alors que l'homme qu'elle recherche (et qui se sent épié) apparaît en haut à droite. A la toute fin, je recommande aussi la scène qui se déroule dans un bâtiment désaffecté. C'est vraiment brillant.
12:51 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 14 juin 2013
Le Pouvoir
Patrick Rotman a consacré un documentaire aux débuts de la présidence Hollande, de mai à décembre 2012. Il a pu suivre de l'intérieur, caméra à l'épaule ou fixe en position privilégiée, la mise en place et les premiers pas du nouvel exécutif français.
Fort logiquement, cela commence par la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et son vainqueur/successeur. On peut y voir à l'œuvre le contraste qui sert de fil rouge au film : le décorum de la République d'un côté, la "normalitude" du président de l'autre, parfaitement incarnée par le costume mal ajusté qu'il porte :
La cravate est de travers, la chemise dépasse de l'une des manches et la veste du costume est mal boutonnée, semble-t-il. On retrouve ces caractéristiques dans la séquence consacrée à la création de la photographie officielle, en compagnie de Raymond Depardon :
Il a fallu tout un travail pour faire rentrer convenablement les manches de la chemise sous celles de la veste du costume... sans oublier de recentrer la cravate ! Pour la petite histoire, signalons à ceux qui ne l'auraient pas remarqué que les drapeaux (français et européen) figurent bien sur la photographie, à l'arrière-plan, à gauche.
La suite du film nous montre le président évoluant dans les bureaux luxueux (mais vieillots) de l'Élysée, entre collaborateurs, ministres, écrans divers et téléphones. On discute beaucoup... et on ne dit pas grand chose. C'est le grand défaut du film : il ne nous montre pas les hommes en action, mais en discussion, voire en représentation. Du coup, cela reste à la surface. Le vrai travail de fond n'est pas mis au premier plan. Il me semble que Rotman est resté prisonnier de l'aspect communication du pouvoir.
J'ai éprouvé la même déception pour le travail des "petites mains" de l'Élysée, des huissiers aux cuisiniers en passant par la Garde républicaine. Quelques moments leur sont consacrés, mais c'est bien peu et très superficiel, alors qu'il y aurait tant eu à dire sur la machinerie au quotidien.
Les curieux de la vie politique trouveront de l'intérêt à certaines séquences, qui voient évoluer des personnages de premier plan dans un autre contexte que celui d'un entretien télévisé. On peut aussi s'amuser à relever l'artificialité de certains comportements. Quelques ministres ont vite compris que le président était suivi par une caméra...
De manière plus croquignolesque, j'ai tenté de débusquer la moindre apparition à l'écran de certaines personnes, comme Jérôme Cahuzac, que l'on voit à plusieurs reprises, plutôt dans la seconde partie.
Au final, ce n'est pas déplaisant, mais c'est plutôt mou du genou. Les contempteurs de la dépense publique y trouveront matière à contestation, tant l'exercice du pouvoir est entouré de fastes républicains, parfois bien inutiles.
06:34 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, politique
samedi, 11 mai 2013
Les Gamins
Au départ, je m'étais dit : voilà le genre de comédie formatée, destinée à passer en première partie de soirée sur TF1, que je vais éviter d'aller voir. Malgré Chabat. Finalement, le bouche-à-oreille (favorable) et les extraits vus sur la Toile m'ont incité à tenter le coup.
Cela fait presque un mois que le film est sorti et la salle était pourtant presque comble. La première partie est le début d'une comédie sentimentale, l'intrigue essayant de sortir (un peu) des sentiers battus. Cela marche : j'ai bien aimé les tourtereaux qui se vannent, leurs petits jeux d'amoureux et la scène de demande en mariage.
La deuxième partie voit intervenir le père de la (future) mariée, incarné par un Alain Chabat au sommet de sa forme.
Il est très bon en vieux mari dépressif et bougon. Il est encore meilleur en quinqua qui fait sa crise et veut de nouveau kiffer la life. Je recommande les deux premières virées avec son futur gendre (Boublil, en général bon, bien que parfois trop "politiquement correct"). La première sortie voit d'abord les deux hommes s'énerver l'un contre l'autre, avant qu'ils ne deviennent les meilleurs amis du monde. A cette occasion, ils font la connaissance d'un dealer très spécial de sa race, un dénommé Abdelkader (Thomas Soliveres, un nom à retenir) qui a dû en surprendre plus d'un !
J'ai toutefois un gros bémol à apporter à cet enthousiasme : la vision clinquante de la fête, qui passe visiblement par la fréquentation de la "haute" et les dépenses inconsidérées. C'est l'un des aspects démagos du film. C'est de surcroît un brin misogyne : Sandrine Kiberlain incarne une horrible bobo castratrice et sa fille, pour sérieuse qu'elle soit, passe l'essentiel de son temps à sourire ou pleurer.
La suite nous met en contact avec le monde du show-biz, où naviguent nombre de parasites et de dégénérés. Là encore le film est ambigu, hésitant entre le portrait satirique et l'empathie. On retiendra l'insupportable chanteuse-enfant Mimi Zozo, interprétée avec conviction par Mélusine Mayance.
La fin voit tout ce beau monde renter dans le rang, avec quand même une séquence au domicile des parents qui se termine d'une manière digne de Mary à tout prix !
Je pourrais m'arrêter là et m'en tenir à la "critique" cinématographique. Les scénaristes ont pourtant tenu à insérer de la politique dans l'histoire. A trois reprises, un personnage incarnant un dirigeant iranien est l'objet de moqueries assez faciles. La première fois, on le voit tenter de parler en français à ses interlocuteurs. On veut visiblement nous montrer qu'il est assez imbu de lui-même. La scène tombe à plat ; la salle rit peu, contrairement à ce qui se passe dans la deuxième séquence, qui met en scène Thomas (Max Boublil) traduisant à sa manière le discours de l'Iranien (qui s'exprime cette fois en farsi). Je reconnais que c'est assez tordant, bien qu'un peu trop appuyé (et limite invraisemblable).
Alors, pourquoi tant d'insistance ? Ce personnage est-il une caricature d'un dirigeant iranien réel ? Il ne me semble pas que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad se soit jamais vanté de pouvoir parler français. Ce pourrait être le négociateur du dossier nucléaire Saïd Jalili, réputé polyglotte. Précisons que, dans le film, la future épouse du héros travaille au gouvernement, sans doute au ministère des Affaires étrangères. Mais cette volonté de stigmatiser le dirigeant iranien cache peut-être autre chose.
Il se trouve que l'équipe au pouvoir (en Iran) depuis 2005 s'est souvent "distinguée" par sa grande hostilité à l'Etat d'Israël. Or, les producteurs du film (Alain Goldman et Simon Istolainen) sont juifs (jusque là, rien à dire), le premier étant un ancien militant du Bétar et un fervent défenseur d'Israël. Quant au scénario, il a été coécrit par le réalisateur, Anthony Marciano et Max Boublil. Le premier est l'un des cofondateurs de MyMajorCompany, aux côtés de Simon Istolainen et de Michael Goldman (l'un des fils de Jean-Jacques). Il est possible qu'il ait été victime d'une agression antisémite, il y a une dizaine d'années de cela. Le second est fils d'un médecin juif d'origine tunisienne.
Mine de rien, cette petite comédie a donc un arrière-plan communautaire. Le reste du casting renforce cette impression. On y croise bien sûr Alain Chabat (né en Algérie), mais aussi Arié Elmaleh (frère de Gad) et Patrick Bruel, dans une séquence-hommage de mauvais goût. Cela ne m'a pas empêché de profiter du film, exemple convaincant de bonne comédie à la française. Mais j'ai quand même éprouvé un petit malaise, dû à l'impression que l'humour servait à faire passer un message politique, presque à l'insu des spectateurs.
01:41 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 09 mai 2013
Sous surveillance
Le nouveau film de Robert Redford (dont le titre original est The Company you keep) peut se lire à plusieurs niveaux. C'est d'abord un polar, avec un fugitif et une énigme concernant un crime commis plus de 40 ans auparavant. Une seconde énigme apparaît en cours d'histoire, autour du personnage d'un enfant. Les spectateurs découvrent la plupart des secrets en suivant l'enquête du jeune journaliste (hommage de Redford au "quatrième pouvoir", qu'il n'hésite pourtant pas à critiquer). C'est aussi un film politique, sur l'engagement gauchiste d'une partie de la jeunesse étudiante américaine des années 1960. C'est enfin un film sur l'amour, celui avec un grand A, inatteignable (?) et fugace (?), mais aussi celui qui dure.
Le scénario est bien ficelé et le casting alléchant. Robert (un peu âgé pour le rôle, même s'il s'entretient) a fait venir de vieux potes, comme Nick Nolte (qu'on a dû sortir de l'hospice sur un brancard, tant il semble voir du mal à se déplacer... et à parler, dans la V.O.) Susan Sarandon et Julie Christie. Ils sont accompagnés d'autres valeurs sûres comme Brendan Gleeson, Stanley Tucci, Chris Cooper et Terrence Howard, tous excellents seconds rôles. On a ajouté quelques djeunses, notamment Brit Marling, Anna Kendrick et l'énervant Shia LaBeouf (qui arbore durant tout le film la même barbe de trois jours et semble toujours mastiquer le même chewing gum)... sans doute pour élargir le public.
Toutefois, cela manque un peu de pêche. Redford n'est pas toujours crédible en fugitif. Heureusement que les autres assurent, autour de lui. Ce n'est donc pas LE grand film sur l'activisme politique. Il pose néanmoins de bonnes questions, sur l'engagement (superbe scène avec S. Sarandon en prison) et sur l'amour. Cela se suit sans déplaisir. C'est un peu meilleur que le décevant Lions et agneaux, sans plus.
23:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 07 mai 2013
Entrée du personnel
Ce court documentaire (d'environ 1 heure) est consacré aux employés de plusieurs abattoirs de l'Ouest de la France métropolitaine. Il résulte de l'entrecroisement d'images tournées devant et dans les usines et de témoignages recueillis ailleurs, enregistrés et réinterprétés par des acteurs. Visiblement, ce procédé s'est imposé pour éviter que certains salariés ne soient victimes de représailles.
Globalement, quel que soit le poste occupé, quel que soit le sexe de l'employé, le travail est présenté comme répétitif, souvent pénible physiquement, usant à la longue.
Le montage nous fait d'abord remonter la chaîne, de l'emballage avant expédition à l'entrée des animaux avant leur exécution. On ne nous montre toutefois pas frontalement la mise à mort. Le film s'arrête juste avant ou montre le moment qui suit immédiatement.
Ceci dit, ce que l'on voit à l'écran n'est pas horrible. A la différence des établissements cités dans un scandale (en 2012), ces abattoirs semblent bien entretenus, fonctionnels, aux normes. De temps à autre, on a toutefois l'impression que la présence de la caméra incite certains employés à systématiquement nettoyer leurs outils (entre deux usages) et à faire preuve d'un zèle excessif dans le nettoyage des équipement.
J'ai trouvé très réussie la superposition des images et des témoignages réinterprétés. On regrette presque que le film s'interrompe aussi vite.
21:25 Publié dans Cinéma, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, société
vendredi, 03 mai 2013
La Saga des Conti
J'ai un peu hésité à aller voir ce documentaire, consacré à la lutte des salariés de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix (à côté de Compiègne) pour deux raisons : je craignais le film militant lourdingue et j'avais l'impression que cela risquait d'être un peu funèbre.
... eh bien j'avais tort car, même si c'est incontestablement une oeuvre engagée, elle n'est ni pesante ni plombée par le pessimisme. C'est vivant parce que c'est filmé de l'intérieur, avec empathie. C'est de plus souvent drôle, les personnages principaux ne se prenant pas (trop) au sérieux. Si un large éventail des grévistes nous est proposé, le choix de suivre plus particulièrement quelques meneurs s'avère payant.
Pendant l'essentiel du film, on est dans les pas d'un sympathique délégué CGT, Xavier Mathieu, à la fois brut de décoffrage et rusé, avec une "gueule" grande comme ça :
Il est très souvent accompagné d'un autre cégétiste emblématique du mouvement, Didier Bernard, le rocker au grand coeur, tatoué et "piercé" (à l'époque) :
On voit moins les syndicalistes de la CFDT et de la CGC (les cadres). C'est le représentant de la CFTC qui est principalement chargé d'incarner la voix modérée à l'écran... et il est un peu caricatural. On sent donc où vont les sympathies du réalisateur.
Ces syndicalistes sont épaulés par un retraité, qui se joint à leur mouvement, Roland Szpirko :
Son intégration ne s'est visiblement pas faite sans heurt, même si c'est à peine abordé par le film. On reconnaît au bonhomme une compétence indéniable dans l'organisation d'un mouvement social, mais son appartenance à Lutte Ouvrière fait tiquer certains salariés de l'usine.
Une fois la fine équipe présentée, on la voit en action. Bon, alors, ça fait quoi des salariés revendicatifs ? Ben, ça manifeste. On suit donc cette troupe très solidaire (la grande majorité des 1 200 personnes menacées par la fermeture a participé aux actions), d'abord à Compiègne, puis à Reims, à Paris, à Sarreguemines (où l'usine, moins moderne que celle de l'Oise à l'époque, n'était pas menacée parce que moins coûteuse...)... et même en Allemagne !
On remarque (proximité de Compiègne oblige) que les manifestants ont eu tendance à se rassembler autour de statues de Jeanne d'Arc (copieusement garnies d'autocollants à l'occasion... shocking !) :
Ici, c'était à Compiègne, près de la statue équestre. Plus loin dans le film, il me semble que l'on voit l'autre statue (locale) de la Pucelle :
Je pense aussi que la grande manifestation parisienne est passée par la place saint Augustin, où se trouve une statue identique à celle de Reims :
Pour la petite histoire, signalons que le bourg de Clairoix, en périphérie de Compiègne, où se trouvait l'usine Continental, fut sans doute le lieu de détention de Jeanne d'Arc après qu'elle a été faite prisonnière par les troupes de l'infâme Jean de Luxembourg. (Le château a disparu à la fin du Moyen Age.)
Ironie de l'affaire : quand j'ai recherché sur la Toile des traces vidéo de ces manifestations, j'ai notamment visionné un enregistrement de la manifestation parisienne. Voici ce qui est apparu à l'écran :
C'est ce qui s'appelle de la publicité ciblée !
La partie la plus émouvante est celle qui décrit l'organisation et le déroulement de la manifestation à Hanovre, avec les employés allemands. Ou comment les syndicalistes redécouvrent l'internationalisme... que les financiers mettent en pratique depuis des décennies (à leur profit). Ce fut aussi l'occasion de pratiquer une langue étrangère et d'apprendre un slogan fédérateur :
"Zu-sammen, zu-sammen, ja ! ja !"
La partie la plus tendue fut celle des négociations, qui ont mis beaucoup de temps à démarrer, tant on a essayé d'enfumer les salariés... jusqu'au bout. Dans cette histoire, les pouvoirs publics français ont été d'une inefficacité (voulue ?) lamentable.
La fin est apaisée. Une partie des objectifs ont été atteints. Mais, sur le fond, au-delà du succès du mouvement, il faut établir un constat d'échec : l'usine a fermé et de nombreux employés n'ont pas retrouvé de situation stable.
P.S.
Je recommande vivement ce documentaire aux salariés de l'usine Bosch d'Onet-le-Château.
23:54 Publié dans Cinéma, Jeanne d'Arc, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, société
mercredi, 01 mai 2013
Iron Man 3
L'histoire est un gros retour en arrière (qui dure près de deux heures !). En voix off, Tony raconte les péripéties, un peu désabusé. De cette introduction le spectateur moyen peut déjà déduire que soit le héros est au paradis (d'où il nous raconte toutes ces choses horribles et parfois réjouissantes), soit il est encore vivant à la fin de l'histoire... ce qui lui permettra de participer non seulement à Iron Man IV, mais aussi à Avengers II, qui est déjà dans les cartons. (Pour avoir la réponse la plus complète, restez après le générique de fin.)
Commercialement parlant, on incite vivement à pirat... euh louer acheter le DVD d' Avengers : au bout d'un moment, j'ai arrêté de compter les références à la bataille de New York, l'un des grands moments de ce film.
Ce troisième opus est donc assez tape-à-l'oeil, très bruyant aussi bien au niveau de la musique que des sons d'ambiance. Cela a au moins le mérite d'étouffer le bruit des gorets qui bouffent leur pop corn pendant la séance... mais je suis sorti de là avec un mal de crâne !
Heureusement, ce film d'action est doté d'un bon scénario. Ouf ! Après le retour en arrière dans le retour en arrière (on remonte quand même jusqu'à 1999... antédiluvien !) débute l'intrigue avec deux mystères. Quelle est cette nouvelle arme utilisée dans les récents attentats terroristes et qui se cache derrière le personnage du Mandarin ?
La solution à ces deux énigmes ne résulte pas de l'imagination débordante de Shane Black (qui se révèle de surcroît moins bon réalisateur que Jon Favreau), mais d'emprunts à deux séries télévisées. L'origine des pouvoirs des principaux "méchants" n'est pas sans rappeler certains épisodes de l'excellente série Fringe (actuellement rediffusée le samedi soir sur la chaîne NT1) et l'identité du commanditaire suprême s'inspire de l'intrigue de la première saison de 24 heures chrono.
Ajoutez à cela que la rivalité qui va opposer Tony Stark à un autre scientifique ressemble furieusement à celle qui a vu s'affronter Spiderman et le Bouffon Vert (Guy Pearce a d'ailleurs des airs de Willem Dafoe), que bien évidemment, le principal point faible d'Iron Man est son amour pour sa "femme à tout faire" (Gwyneth Paltrow, toujours très bien... et de plus en plus active !) et vous pourrez légitimement penser que cela manque terriblement d'originalité.
Alors, pourquoi est-ce que ça marche ? D'abord, parce qu'il y a une vraie histoire, des coups de théâtre et des effets spéciaux bluffants. Ensuite parce que les dialogues sont remplis d'humour. Tony/Downey a toujours la tchatche et c'est tant mieux ! Même son rapport à l'armure (aux armures devrais-je plutôt dire) est parfois tourné en dérision, à l'image des scènes faisant intervenir un nouveau prototype, vraiment révolutionnaire... mais pas encore totalement au point.
Finalement, on laisse passer les facilités, les copiages et les invraisemblances (par exemple des habits qui devraient brûler et qui ne brûlent pas...) pour profiter de l'histoire et du spectacle. C'est un divertissement très correct, bien qu'un peu décevant.
22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 30 avril 2013
Tu seras sumo
C'est en gros ce que déclare un père (veuf) à l'un de ses deux enfants, son fils cadet Takuya. Nous sommes dans le nord du Japon, sur l'île d'Hokkaido :
Ce documentaire de la Française Jill Coulon, tourné en 2008, traite du difficile apprentissage que va suivre le jeune homme, à Tokyo (au sud). Dans cette école de sumo, les jeunes sont totalement pris en charge, mais doivent vivre en communauté.
C'est la voix du jeune homme qui rythme les séquences tournées par la réalisatrice. Le tout début permet d'avoir un aperçu de la vie encore assez traditionnelle des provinciaux d'Hokkaido. Takuya, lui, achève le lycée (il va décrocher son bac) et ressemble à beaucoup de grands adolescents. Il a une bande de potes, aime s'amuser et, s'il est un sport qui le passionne, c'est le judo.
Mais c'est le père qui commande. Je pense, de surcroît, que la famille n'est pas riche : il n'est visiblement pas question de financer de coûteuses études pour le jeune homme, qui ne semble pas particulièrement doué en quoi que ce soit.
La deuxième partie du film nous fait découvrir la vie en collectivité de cette brochette de gars obèses, plutôt sympas, mais avec une hiérarchie à respecter. Le nouveau va devoir faire ses preuves et, avant toute chose, il faut qu'il prenne du poids. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils bouffent à longueur de journée, mais ils s'empiffrent quand même sacrément ! (Et moi qui avais mangé juste avant la séance... La digestion fut laborieuse.)
On nous montre aussi les phases d'entraînement. C'est assez répétitif et très physique.
On découvre aussi quelques aspects du combat de sumo. Le poids seul ne suffit pas, même si le "héros" se rend vite compte qu'il y a quand même une masse minimale à atteindre (autour de 130 kilos) si l'on veut espérer faire carrière. Faute d'avoir un corps de rêve, les lutteurs prennent grand soin de leur chevelure, dont l'organisation est presque un art.
On finit par voir ces jeunes en compétition. Ils passent en lever de rideau, la soirée étant réservée aux combats de têtes d'affiche. Les assauts sont en général très courts. On suit les progrès réalisés par Takuya, qui passe par différentes phases.
Si vous voulez savoir jusqu'où il va aller, vous pouvez vous laisser tenter par ce documentaire un peu aride, mais passionnant.
22:30 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 29 avril 2013
Cloud Atlas
Pas facile de voir ce film quand on est un pauvre petit cinéphile aveyronnais. Sa durée (2h45), la complexité de son intrigue (héritée du roman qui l'a inspirée : Cartographie des nuages, de David Mitchell) ont rebuté bien des programmateurs. Du coup, il faut être vigilant et saisir l'occasion quand elle se présente, par exemple une séance unique dans un cinéma tarnais.
L'intrigue entremêle six histoires, qui se déroulent à six époques différentes. Évidemment, elles sont toutes liées. Quelques indices sont disséminés dans le film pour permettre aux spectateurs attentifs de combler les vides. La narration est elle-même découpée : les six histoires ne nous sont pas racontées à la suite l'une de l'autre, dans l'ordre chronologique. Il faut donc s'accrocher un peu... ou, tout simplement, se laisser emporter par le flot romanesque.
Contrairement à ce que certaines images pourraient laisser croire de prime abord, l'histoire la plus ancienne se passe au milieu du XIXe siècle, entre l'océan Pacifique et la Californie. Le "bien" y est incarné par un jeune homme de bonne famille, révolté par l'esclavage et habité par un amour profond pour sa jeune épouse, qu'il espère retrouver bientôt.
Le "mal" est incarné par un médecin cupide, mais aussi un capitaine autoritaire, des marins racistes et un père de famille bouffi de préjugés. J'ai trouvé cet épisode un peu trop appuyé.
Le journal qu'a rédigé le jeune homme sert de lien avec la deuxième histoire, qui se déroule au Royaume-Uni, dans les années 1930. Le "bien" y est représenté par un apprenti musicien homosexuel, intrigant sur les bords (Ben Whishaw, révélé par Le Parfum, vu récemment dans Skyfall), et par son jeune amant très conventionnel.
Le héros affronte l'intolérance sexuelle de l'époque, mais aussi l'ambition égoïste de son nouvel employeur, un compositeur sur le déclin. C'est dans la bibliothèque de celui-ci que l'apprenti musicien trouve la moitié d'un livre de voyage, celui écrit au siècle précédent.
Une partie des lettres que s'échangent les deux jeunes homosexuels (celles conservées par l'amant conventionnel, qui a vieilli) se retrouvent dans la troisième histoire, sise au début des années 1970. L'autre pont entre les deux histoires (qui sert aussi de fil rouge à l'ensemble) est la symphonie composée par le jeune homosexuel, intitulée Cloud Atlas. Dans cette partie, une ravissante journaliste (Halle Berry, qui n'a jamais aussi bien joué... et qui est plus craquante que jamais) incarne l'engagement civique, face à l'appât du gain et au meurtre.
Le style n'est pas sans rappeler la Blaxploitation, voire les films de dénonciation de cette époque (Votez McKay, Les Trois Jours du condor, Les Hommes du président, par exemple). Dans son enquête, elle est successivement épaulée par trois hommes et un garçon. C'est assez trépidant.
Le livre tiré de son enquête nous mène, une quarantaine d'années plus tard, à un éditeur un peu fantasque, qui va se retrouver prisonnier d'un drôle d'institut.
C'est l'épisode le plus burlesque de la série. C'est un peu "Panique à la maison de retraite", avec ces papys et ces mamies en apparence si vulnérables... mais qu'il ne faut pas sous-estimer. Face à eux se dresse une infirmière intraitable, interprétée par Hugo Weaving, qui incarne un "méchant" à chaque époque. Car, en effet, les ex-frères Wachowski ont distribué les rôles de manière que certains acteurs interprètent plusieurs personnages, à des époques différentes (parfois en changeant de sexe). J'ai trouvé un tableau synthétique sur un blog spécialisé :
Concernant cette histoire, sachez que l'antagonisme pluriséculaire qui oppose Écossais et Anglais va tirer nos vieillards d'un bien mauvais pas !
Le livre qui raconte les avanies qu'ils ont subies devient un film, que l'on retrouve dans la cinquième histoire, qui se déroule dans un futur proche, celui d'un monde hyper-technologique et hyper-inégalitaire. Aux commandes, les Wachowski nous livrent une resucée très convaincante de Matrix, sans pseudo-philosophie à la con.
Jim Sturgess y incarne un résistant absolu, qui noue une relation très forte avec un clone atypique (l'exquise Donna Bae, vue notamment dans The Host). C'est une nouvelle version du Neo de Matrix, cette fois sous la forme d'un duo. Les réalisateurs ont aussi puisé à d'autres sources que leur propre mythologie. Pêle-mêle, on retrouve notamment un peu du Cinquième élément, de Brazil, de Blade Runner et de V pour Vendetta. C'est vraiment un épisode épatant et je regrette qu'il n'ait pas été exploité jusqu'au bout.
Les échos de cette époque tumultueuse sont perçus dans la dernière histoire, qui se passe quelque 200 ans plus tard.
La Terre est peuplée de trois groupes d'individus, deux sont des sortes d'hommes préhistoriques, parlant une langue dégradée. Le troisième est une élite en voie de dépérissement. L'action conjuguée d'un chef de famille taraudé par un mauvais génie (Tom Hanks, excellent tout au long du film) et d'une femme d'exception (Halle Berry, surprenante) va leur permettre de connaître le fin mot de l'histoire...
... enfin presque, parce qu'on ne nous dit pas tout. Même quand l'histoire est terminée, il reste des blancs, que le conteur s'est bien gardé de combler :
C'est "l'époque bonus", la septième, preuve que tout n'a pas disparu. Mais où diable se trouve-t-on ?
Bilan de tout cela ? Un film-testament. Les Wachowski, épaulés par le talentueux Tom Tykwer (réalisateur naguère du Parfum), font l'apologie de l'amour véritable, celui qui unit deux âmes-sœurs, qui peuvent être un homme et une femme, deux hommes, un homme et un clone, un Blanc et une Noire (ou une Asiatique)... Ils y tracent une limite claire entre ce qu'ils perçoivent comme bon (la lutte pour l'égalité des droits, la création artistique, la dénonciation de la corruption, des mauvais traitements...) et ce qu'ils stigmatisent comme mauvais (le racisme, l'homophobie, l'esclavage, la cupidité, l'autoritarisme, la bigoterie...).
A l'amour et à l'engagement politique s'ajoute la création artistique (au sens large) comme moteurs de l'existence. Écrire, composer, jouer et filmer donnent aussi un sens à la vie. Dit comme cela, ça a l'air pompeux, mais c'est plus subtilement énoncé dans le film. On peut laisser tomber le propos sur la réincarnation et se plonger dans ces images superbes, illustrant une intrigue foisonnante, servie par des acteurs excellents.
20:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 28 avril 2013
Les Croods
Ce nom à coucher dehors est porté par les six membres d'une famille de Néandertaliens aux prénoms tout aussi improbables. A sa tête se trouve le papa, Grug :
C'est un costaud, le papa. Il a des bras épais comme trois cuisses, un coeur gros comme ça... mais une cervelle de moineau, qu'il va devoir pourtant mettre à contribution pour sortir sa famille du pétrin. Sa compagne est Ugga :
Pour camper l'épouse de l'Américain (très) moyen, on a choisi une belle plante entre deux âges, certes amoureuse de son mari, mais d'abord soucieuse de la survie du clan familial. Elle est donc plus ouverte d'esprit. Le couple a eu trois enfants, l'aînée étant Eep :
On ne le voit pas très bien comme cela, mais elle est bâtie comme une gymnaste est-allemande. A l'image de la majorité des membres de la famille, elle a un fort tempérament et n'hésite pas à donner des coups. Cette rouquine révoltée, un peu casse-cou, n'est pas sans rappeler la Rebelle de Pixar (en moins sage). Notons que ces hommes préhistoriques ont dû inventer l'épilation au silex, puisque la demoiselle arbore des aisselles exemptes de toute pilosité ! Son frère cadet porte le doux prénom de Thunk :
C'est un gros bêta, qui n'a ni la force ni la réactivité de son père. On est prié d'espérer que c'est un ado en devenir, une image guère flatteuse de ces millions de moutards américains gavés de hamburgers et de pop corn. Sa petite soeur, Sandy, mérite elle le détour :
Cette adorable sauvageonne est dotée d'une coiffure à désespérer tous les "visagistes" de Paris. J'aurais tort d'oublier le sixième élément de la troupe, la grand-mère :
Celle-ci apparaît au départ plutôt acariâtre, à l'image de la mamie de Sid dans L'Age de glace IV. (Eh, oui, on se marque à la culotte dans les films d'animation !). L'un des fils rouges de l'histoire est la détestation que semblent éprouver Grug et sa belle-mère l'un pour l'autre, le premier y trouvant une motivation pour tenter d'avoir des idées (afin de se débarrasser de la vioque).
Au quotidien, la famille pense d'abord à se nourrir. Cela nous vaut une hilarante scène de course-poursuite, au début du film :
Les animaux sont vus comme des rivaux dans la quête de nourriture. Ce sont parfois des proies... plus souvent des prédateurs. L'environnement des habitants de la caverne regorge de grosses bébêtes dangereuses, comme celle-ci...
... et celle-là :
D'autres animaux, moins impressionnants de prime abord, ne sont pas à prendre avec des pincettes, tels les singes batailleurs :
Mais les plus redoutables sont incontestablement ces oiseaux colorés (magnifiquement rendus par la 3D, une des grandes réussites du film), qui volent en groupe... et ont un appétit vorace, comme va le découvrir une baleine terrestre (!) :
Signalons que le gros minet, à la tête disproportionnée, va jouer un rôle essentiel dans les pérégrinations de la famille. L'un des moments-clés est celui où l'un des personnages découvre que, comme lui, le félidé a peur du noir !
Cette terreur, savamment entretenue par le papa, gouverne la vie de la troupe. Le père voudrait garder son petit monde auprès de lui, engoncé dans ses habitudes, refusant la nouveauté. Sa fille va braver les interdits, découvrir le feu (anachronisme, mais bon, cela nous vaut de très belles scènes en 3D) et faire une rencontre déterminante :
Guy (prononcer "Gaille") a plutôt le physique d'un homo sapiens. On nous le présente donc comme plus faible physiquement que les Néandertaliens. Mais il est diablement inventif et plus débrouillard que ces derniers. Il est accompagné d'un étrange animal, qui lui sert accessoirement de ceinture :
On remarque d'ailleurs qu'au fur et à mesure que l'histoire avance, les humains s'attachent de plus en plus à des animaux, qui deviennent domestiques. C'est le cas du père comme de la petite fille (que cela contribue à "civiliser")... mais aussi du fils balourd :
Poussés par des mouvements tectoniques brutaux (nouveau décalque de L'Age de glace...), humains comme animaux cherchent à sauver leur peau. La collaboration cahotique entre Néandertaliens et sapiens va leur permettre, après moult péripéties, d'atteindre la terre promise.
Pendant un peu plus d'1h30, on a droit à une pluie d'images superbes et à une foultitude de gags. Même si l'histoire n'est pas d'une originalité débordante, on passe un très bon moment.
P.S.
Je déconseille toutefois le film aux jeunes enfants, qui ne comprendront pas tout et risquent d'avoir peur à plusieurs reprises.
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samedi, 27 avril 2013
Hannah Arendt
Ce n'est pas un biopic consacré à la philosophe germano-américaine. Le film tourne autour de sa perception du procès d'Adolf Eichmann, un des rouages essentiels de l'extermination des juifs par les nazis et leurs collaborateurs. Toutefois, certaines scènes nous font revivre une partie du passé de l'héroïne, principalement la période étudiante, en Allemagne.
La réalisatrice nous brosse d'abord un tableau de l'intelligentsia de la côte Est des États-Unis. On remarque le poids dans anciens réfugiés européens, encore en 1960-1961. Le seul élément du contexte américain qui nous soit donné est la campagne présidentielle de 1960, qui voit John Fitzgerald Kennedy s'opposer au vice-président sortant, Richard Nixon.
Le paradoxe de ce film est de nous montrer la puissance intellectuelle d'une femme qui, dans sa vie personnelle, a connu bien des avanies. Dans sa jeunesse, elle a été la "groupie" crédule du philosophe Martin Heidegger qui, par la suite, s'est compromis avec le nazisme. Plus tard, elle a rencontré celui qui est devenu l'homme de sa vie, Heinrich Blücher. Dans le film, celui-ci est l'un des rares à la soutenir dans la tempête... mais c'est un compagnon infidèle. Enfin, la réception des articles écrits par Hannah Arendt sur le procès a été très mauvaise ; elle fut copieusement injuriée, diffamée... et perdit bien des amitiés.
Le premier moment-clé du film est donc le séjour de la philosophe en Israël, un État pour lequel, bien que juive, elle n'éprouvait pas d'affection particulière. On la voit déroutée par le déroulement du procès et cet accusé qui ne correspond pas au profil de l'antisémite maladif auquel elle s'attendait. On sent son désir de comprendre et de faire comprendre la complexité de l'époque, quitte à parler de la collaboration de certaines élites juives avec les autorités nazies.
La réalisatrice a inséré des images d'archive, pas forcément les plus pertinentes. Mais cela permet au public peu familier de cette histoire de découvrir un important bureaucrate nazi et certains témoignages de survivants du génocide. Le procès a aussi servi à cela.
Cette séquence et celles qui suivent voient donc s'élaborer, au fur et à mesure, la grille d'analyse qui va mener la philosophe à écrire une série d'articles (pour le magazine The New Yorker) puis un livre sur la "banalité du mal" :
Il faut signaler la composition re-mar-quable de l'actrice Barbara Sukowa qui, si elle ne ressemble pas physiquement à la philosophe âgée, réussit à l'incarner de manière stupéfiante.
Il y a bien sûr le tabagisme maladif d'Hannah Arendt, son accent lorsqu'elle parlait anglais (et, à de rares occasions, français), son indulgence pour les petits péchés de ses proches, sa force de travail et sa rigueur intellectuelle, qui ne se préoccupait guère des convenances. C'est au final un beau portrait de femme, qui culmine dans l'une des dernières séquences, qui voit l'héroïne expliquer sa démarche et défendre ses conclusions devant un amphithéâtre rempli d'étudiants finalement acquis à sa cause, malgré la contestation des mandarins de l'université. Au passage, elle règle son compte à l'une des théories de son ancien maître et amant (Heidegger), sur la pensée et la morale.
Ce film est donc très riche et son intérêt ne se limite pas au sujet principal. Incidemment, on perçoit le début d'une certaine sacralisation de la Shoah, voire de son instrumentalisation. La démarche de la philosophe a au contraire incité des historiens à retravailler le sujet. Des années plus tard ont été publiés des livres (comme celui de Christopher Browning) qui, fondés sur des cas concrets, ont donné raison à Hannah Arendt :
P.S.
Au cours du film, on apprend qu'elle avait fui l'Allemagne pour la France, où elle a résidé entre 1933 et 1940. Cette année-là, comme nombre d'étrangers, elle a été enfermée dans un camp d'internement, celui de Gurs (situé dans l'actuel département des Pyrénées-Atlantiques, il est entouré en rouge sur la carte), dont elle est par la suite parvenue à s'enfuir :
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jeudi, 25 avril 2013
The Land of hope
Le titre est bien entendu ironique, à l'image du roman de Zola La Joie de vivre. Il est plus question de désespoir que d'espoir, même si le film ouvre des perspectives. L'histoire se déroule dans une préfecture imaginaire du Japon, Nagashima, mot-valise résultant du télescopage de Nagasaki et Fukushima, dont il est d'ailleurs question à plusieurs reprises.
Le scénariste imagine que ce qui s'est produit en mars 2011 à Fukushima arrive à nouveau, dans une zone plutôt rurale, pas très éloignée de la mer et d'une centrale nucléaire. Il choisit de mettre l'accent non pas sur les victimes directes, mais sur les victimes secondaires, ceux qui vivaient dans la zone dangereuse (ou à proximité immédiate) et qui ont subi les conséquences des radiations.
On suit principalement trois couples. Le héros est le père, agriculteur semi-retraité, dont l'épouse est atteinte de démence sénile. Au début du film, il cohabite avec son fils et sa belle-fille. Lui est un gamin attardé de 30 ans. Elle est plus indépendante et volontaire. En face de chez eux habite une autre famille. Le film privilégie le fils et sa petite amie, encore un peu adolescents ; les événements dramatiques auxquels ils se trouvent confrontés vont les faire rapidement évoluer.
Si le contexte de la catastrophe et les réactions qu'elle a suscitées sont bien mis en scène (de l'opacité des autorités au rejet de certains habitants du reste du Japon), j'ai trouvé que les scènes familiales étaient surjouées voire mal jouées (surtout de la part de l'acteur qui incarne le fils du patriarche, assez insupportable).
Le couple âgé fonctionne "à l'ancienne" : c'est l'homme qui domine, avec le cas particulier de l'épouse mentalement dérangée. Même si sa maladie n'est pas montrée comme un sujet de moquerie, j'ai été gêné par l'accumulation facile : le couple vit plusieurs déchirements et, en plus, l'un des deux a perdu la tête. Dans leur relation subsiste un seul moment de grâce, quand l'épouse s'est enfuie du domicile et a gagné la zone interdite. Elle imagine revivre la Fête des morts, en costume traditionnel. Son mari finit par la retrouver et joue le jeu, pendant quelques instants. C'est un beau moment de cinéma, hélas noyé dans un ensemble maladroit.
Le couple formé par le fils et la belle-fille est plus moderne. C'est elle qui prend les choses en mains. Sa grossesse influe sur ses choix. Là, par contre, j'ai trouvé intéressante la mise en scène de sa phobie des radiations. Inconsciemment, elle rend la situation plus difficile pour son jeune mari... mais c'est peut-être celle qui a le plus la tête sur les épaules.
Le troisième couple est le plus volatile. Au départ, on prend le jeune homme pour un petit con immature. Il se révèle généreux et soudainement plus intéressant, pendant que sa copine perd ses illusions d'adolescente. Leur parcours, en moto, les mène en plusieurs endroits, tous symboles de désolation. Mais leur couple en sort fortifié.
Cela donne un film long, avec des maladresses, mais aussi des qualités et quelques instants privilégiés. A chacun de juger s'il mérite le déplacement.
00:01 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 23 avril 2013
Oblivion
Cet "oubli" est l'amnésie programmée dont souffre le personnage principal, Jack (Tom Cruise, assez transparent). Il est l'un des derniers humains présents sur une Terre qui a été dévastée par une guerre nucléaire. Sa mission de 5 ans est sur le point de s'achever, et lui de partir pour Titan (un satellite de Saturne) où l'humanité s'est réfugiée.
Pour des raisons de sécurité, la mémoire des employés exerçant des missions délicates est effacée au bout de 5 ans. Mais pourquoi diable rêve-t-il de cette femme brune (Olga Kyurylenko, évidemment superbe, mais non moins évidemment potiche) qui semble l'accompagner au sommet de l'Empire state building ?
Un mystère plane donc sur la première partie du film. On suit le héros dans son travail quotidien, dangereux parce que sur la planète survivent des envahisseurs (qu'il n'a jamais réellement vus). La tension monte. Le tout est servi par une très bonne lumière, des décors superbes et une musique bien choisie.
L'action démarre vraiment quand une tour commence à émettre un signal vers l'espace. Jack se pose de plus en plus de questions. C'est parce qu'il ne va pas suivre la procédure officielle qu'il va découvrir la vérité sur ses employeurs, sur ce qui est arrivé à la Terre... et sur lui-même.
Le problème est que le scénario est mal ficelé. Tantôt les révélations nous sont balancées brutes de décoffrage, tantôt l'on reste dans les sous-entendus qui n'en disent pas assez. Voilà pourquoi, dans la dernière demi-heure, il a fallu insérer un retour en arrière qui explique tout.
Les dialogues ne sont pas toujours très bons. On sent aussi parfois que les acteurs ont eu du mal à jouer devant des fonds bleus ou verts. Un esprit pointilleux trouverait des choses à redire aux scènes d'action. Il y a même une énorme bourde. Quand Jack se retrouve prisonnier d'un groupe de mystérieux rescapés, il se prend une balle, qui fait un joli trou dans sa combinaison. Par contre, il ne saigne pas et, deux minutes plus tard, le voilà sur pieds comme si de rien n'était ! Dans un premier temps, on voit encore le trou sur sa combinaison mais, très vite, il disparaît de l'écran !
Bref, si vous êtes fans de science-fiction et pas trop regardants sur la qualité des dialogues et la cohérence du scénario, ce film peut constituer un agréable divertissement digestif. Sans plus.
22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 22 avril 2013
Guerrière
L'héroïne, Marisa, est une jeune femme paumée. Fille unique, elle a été élevée par une mère célibataire, qui gère une supérette.
Dans son entourage, le personnage solaire est le grand-père Franz, qui adore sa petite-fille, mais qui, dès son plus jeune âge, a voulu en faire une combattante : il lui a imposé des marches, le sac à dos rempli de sable et, de temps à autre, cet ancien militaire lui a livré le fond de sa pensée sur le passé de l'Allemagne... ainsi que sur son présent.
On ne s'étonne donc pas de voir la jeune femme fréquenter un groupe de néo-nazis. Pour les hommes, à une exception près (celui qui va se faire exclure du groupe... et encore), le réalisateur ne fait pas dans la dentelle. Il nous présente ces garçons comme une bande d'abrutis tatoués, qui passent leurs journées à écouter de la musique débile et à se saouler à la bière. Ah, j'oubliais : de temps en temps, ils se défoulent sur des "pas-comme-il-faut" : des "niakoués", des "bougnoules" (on me pardonnera de ne pas avoir retenu les termes allemands), des costards-cravates, des cheveux-longs... (On pourrait trouver ces scènes quelque peu complaisantes : c'est rythmé, parfois presque humoristique : le réalisateur n'est pas dans la simple condamnation ; il nous montre une bande de jeunes qui s'amusent, même si c'est de manière très contestable.)
Le film a donc un aspect documentaire dans sa description de ces jeunes d'extrême-droite, à qui l'on bourre le mou à l'aide de films de propagande hitlériens. Toute cette engeance se garde bien d'ouvrir le moindre bouquin, alors que ceux qui les instrumentalisent sont plutôt des intellos.
Du côté des femmes, le portrait est plus en nuances. Il y a bien sûr l'héroïne, excessive en tout, aussi bien dans ses haines (elle peut aller jusqu'à tenter de tuer) que dans son amour (dans des scènes "intenses" avec son partenaire masculin, Sandro, le chef de la bande de nazilllons). C'est en fait une romantique frustrée, capable de s'ouvrir à autrui... ce qui va faire basculer le film.
Deux autres filles sont mises en valeur. La plus effacée des deux est Melanie, que j'ai d'abord prise pour une lesbienne :
Dans la dernière demi-heure, elle va révéler à ses camarades le secret qui a bouleversé sa vie.
La troisième est un rejeton de la classe moyenne. Svenja est aussi une enfant unique (quand on vous dit que les Allemands ne font plus de gosses !), élevée par sa mère et son beau-père.
La première est un peu larguée. Le second est strict, mais l'adolescente s'ingénie à déjouer sa surveillance. Le conflit naissant et l'incompréhension mutuelle vont la pousser à rejoindre les néo-nazis, dans une démarche voulue comme une transgression.
Il me reste à présenter l'élément déclencheur, le garçon émigré d'Afghanistan (en rouge sur la carte), qui tente de rejoindre la Suède (en vert). Auparavant, il est passé par l'Iran, la Turquie, la Grèce et la France :
On ne sait pas trop ce qui attire l'héroïne chez ce jeune homme, prénommé Rasul. Il est paumé, comme elle, mais cela ne suffit pas à tout expliquer. Paradoxalement, il se pourrait que les leçons de son grand-père aient servi à quelque chose. En tout cas, cette "bifurcation" (qui s'ébauche pendant que le petit copain nazi est en taule), au départ source d'espoir, va donner un tour encore plus noir à cette histoire déjà plutôt triste.
A conseiller aux coeurs bien accrochés.
17:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film