dimanche, 02 février 2014
Réexister
Le cinéma decazevillois La Strada a eu l'exclusivité de la diffusion de ce film tourné en 3D, mi-documentaire mi-fiction. Il raconte la (re)découverte du Nord de l'Aveyron par le petit-fils d'un Decazevillois, devenu entrepreneur dans le BTP du côté de Lyon. On nous le montre tirant le diable par la queue et, la quarantaine venue, se posant des questions sur sa vie. Il décide de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Habitant Lyon, il est logique qu'il emprunte la via podiensis, partant du Puy-en-Velay et passant par l'Aubrac et Conques. On n'assiste pas à la première partie de son cheminement, qui le mène jusqu'aux portes de l'Aveyron. On le suit de l'arrivée au village d'Aubrac jusqu'à Conques. Le parcours est prolongé jusqu'à Figeac puis Cahors.
Dès le départ, les images sont saisissantes. La 3D se révèle un excellent choix pour filmer des scènes urbaines, à Lyon. On voit différents éléments architecturaux se détacher... et la scène qui se déroule en voiture, avec passage dans un tunnel, est bluffante.
Le passage sur l'Aubrac est évidemment magnifique. Les paysages sont splendides et l'on remarque l'attachement du réalisateur, Jérôme Gardes, à filmer les animaux, que ce soient les vaches, les grenouilles ou les insectes.
L'intérêt retombe un peu lorsque sont insérées des scènes de dialogues, plus ou moins réussies. Cela manque un peu de naturel, aussi bien à Conques que lorsque le héros rejoint des membres de sa famille du côté de Decazeville.
C'est toutefois le moment où le film prend une autre dimension. A la contemplation paysagère et à la méditation philosophique succède un tableau du "pays noir", qui rend hommage au passé ouvrier et surtout mineur de la région. Des mini-fictions évoquent l'épopée du charbon et les principales luttes des prolétaires locaux. Ont été reconstituées la fusillade d'Aubin (1869) et la défenestration de Watrin, dans le cadre de la grève de 1886.
Le titre se comprend au regard des deux thématiques développées dans le film. Dans un monde de moins en moins compréhensible, l'attachement au terroir et la fidélité aux luttes sociales donnent du sens à l'existence. Un propos généreux, servi par de belles images (et une musique bien choisie), mais qui aurait mérité de s'appuyer sur une interprétation plus convaincante.
P.S.
Trois séances sont encore programmées : lundi 3 février, à 15h et 20h30 ; mardi 4 février, à 18h30.
23:26 Publié dans Aveyron, mon amour, Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
vendredi, 31 janvier 2014
Le Vent se lève
Pour le public cinéphile français, ce titre évoque un film de Ken Loach consacré à la guerre d'indépendance irlandaise. C'était une traduction approximative du titre d'origine. Ici, le Japonais Miyazaki fait explicitement référence à la fin d'un poème de Paul Valéry.
De manière générale, l'ambiance culturelle de l'histoire est assez cosmopolite, puisque le héros japonais (qui va mettre au point le chasseur Zéro de sinistre mémoire en Asie du Sud-Est et en Océanie) admire un inventeur italien, alors que les industriels japonais de l'Entre-deux-guerres cherchent à imiter les succès allemands. Cela nous vaut plusieurs séquences en Allemagne, avant et après la prise de pouvoir par Hitler. Sans que ce soit trop explicite, on sent tout de même que le héros est inquiet de la montée de l'intolérance et de la violence.
C'est le paradoxe de cette histoire : un jeune ingénieur talentueux et pacifiste va contribuer à faire de l'armée japonaise (ici la marine) l'une des plus efficaces machines de guerre de l'époque.
A cette trame se superposent deux fils conducteurs : la passion pour la technologie et l'amour naissant entre le héros et la fragile Naoko. A l'image d'autres auteurs de mangas japonais, Miyazaki tient en très haute estime les concepteurs et les inventeurs. Dans ce film, le héros est présenté comme un artiste dans son genre. Le dessin est au service de ce projet. On retrouve la "patte" Miyazaki dans la fluidité des mouvements et le souci du détail. La virtuosité est plus rare. Elle est perceptible dans la mise en scène du travail de l'ingénieur, en particulier lorsqu'on nous le montre en train de dessiner. Je n'avais jamais vu auparavant une animation capable de rendre aussi bien compte des mouvements du bras et de la main.
Par contre, l'histoire d'amour m'a beaucoup moins accroché. Elle est trop mélancolique à mon goût. On sent un peu trop souvent le poids de la fatalité. Cela n'empêche pas certaines scènes d'être enjouées, mais cette apologie des petits riens du quotidien amoureux manque de relief. (J'en profite pour préciser que ce n'est absolument pas un film pour les petits. Dans la salle où je l'ai vu, des parents inconscients - ou égoïstes - avaient emmené des marmots de 5-6 ans... qui ont vite décroché. Ceux âgés d'une dizaine d'années sont restés attentifs.)
Pour moi, ce n'est pas le meilleur Miyazaki. Il lui manque le souffle de Nausicaä, de Princesse Mononoké, du Voyage de Chihiro, qui sont d'authentiques chefs-d’œuvre. Mais cela se laisse regarder sans déplaisir.
P.S.
Je pense que Miyazaki est conscient d'avoir réalisé un film qui n'est pas à la hauteur de ses plus grandes réussites. Il le dit même indirectement dans Le Vent se lève, par l'intermédiaire de Gianni Caproni (l'ingénieur italien). Le mentor du héros affirme à celui-ci qu'il faut pleinement tirer profit de sa période la plus créative, censée durer dix ans. Je pense qu'à travers l'ingénieur, Miyazaki parle de lui en tant qu'auteur de films d'animation. (Ce serait la période 1992-2001, qui a vu la création de Porco Rosso, Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro... On pourrait prolonger jusqu'à 2004 et la sortie du Château ambulant.)
19:10 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 24 janvier 2014
12 Years a Slave
Ces douze années d'esclavage sont celles subies par Solomon Northup, un Noir américain de l'État de New York... et surtout, au départ, un homme libre, dans les années 1830. C'est l'occasion pour Steve McQueen de nous proposer un (court) portrait inattendu d'une Amérique non esclavagiste, vers le milieu du XIXe siècle. C'est indirectement un éloge de la ville multiculturaliste. Les scènes urbaines sont d'ailleurs très réussies, notamment l'un des retours en arrière qui nous montre le croisement de deux destins noirs (celui d'un homme libre bien inséré socialement et celui d'un esclave sous la coupe de son maître).
Mais il faut reconnaître que l'ensemble est assez académique, avec une musique de Hans Zimmer que l'on a l'impression d'avoir déjà entendue cent fois. On retrouve heureusement la "patte" du réalisateur de Hunger dans les scènes intimistes, en particulier celles qui font intervenir deux personnages. Le cadrage est excellent, les jeux d'ombre et de lumière maîtrisés et les dialogues bien écrits. Les mouvements de caméra sont mesurés et, m'a-t-il semblé, bien dosés.
Le paradoxe est que l'acteur qui se détache n'est pas celui qui incarne le personnage principal. Chiwetel Ejiofor est presque éclipsé par Michael Fassbender, excellent en esclavagiste alcoolique, veule et libidineux. Ajoutons que les seconds rôles sont très bons... et je m'en voudrais de ne pas signaler aux dames que Brad Pitt (qui coproduit le film) fait une apparition marquante, en charpentier canadien anti-esclavagiste. Comme, à Rodez, le film est projeté en version originale sous-titrée, cela permet aux oreilles habituées à sa voix de doublage de découvrir les véritables intonations de l'acteur.
L'intrigue n'est pas strictement linéaire. Divers retours en arrière sont introduits, à plusieurs moments. Je dois reconnaître que c'est habilement fait. Sur le fond, le scénario ne verse pas dans le manichéisme. Si le racisme et la violence des esclavagistes sont fermement dénoncés, on a fait l'effort de nuancer le portrait des Blancs, introduisant des personnages sudistes plus ou moins sympathiques (avec une bonne prestation de Benedict Cumberbatch) et proposant des figures positives parmi les Yankees. Avis toutefois aux âmes sensibles : à plusieurs reprises, des Afro-américains sont victimes des délices de la corde ou du fouet. L'une des séquences les plus marquantes voit le héros s'opposer à un employé de l'un de ses maîtres... et devoir attendre sa délivrance pendant un bon petit moment.
En dépit de quelques longueurs, cela reste un bon film, qui évoque un aspect méconnu d'une histoire déjà maintes fois représentée sur grand écran.
23:44 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
dimanche, 19 janvier 2014
Belle et Sébastien
C'est le prototype du film intergénérationnel : les plus vieux ont assisté à la première diffusion de la série originale ; les gens comme moi ont vu le dessin animé japonais et les plus jeunes vont être attirés par le gros chien et le héros, un gamin de leur âge.
Si les paysages sont magnifiques et l'histoire prenante, on aurait toutefois dû travailler davantage les dialogues. Certains sont réussis, comme ceux qui montrent les personnages en train de se charrier. Mais que Tchéky Karyo a du mal à sortir son texte ! Par moment, j'ai eu mal pour lui. Après, il y a le gamin. On aime ou on n'aime pas. Margaux Chatelier est plus vraisemblable, dans le rôle d'Angelina.
Si l'intrigue est assez bien construite, certains éléments manquent de vraisemblance, ou sont "téléphonés". Par exemple, je ne sais pas dans quelle rivière la chienne se baigne, mais sachez qu'après un seul passage, le poil tout crado devient d'une blancheur éclatante ! (Je conseille aux riverains de courir y faire leur lessive.) Plus tard dans le film, l'un des personnages vient en avertir d'autres du danger qui les menace. On se demande comment il a pu s'éclipser de son groupe... et à quoi il carbure, pour avoir réussi à rejoindre aussi facilement les passeurs, partis longtemps avant lui. Pour couronner le tout, juste après l'avalanche (joliment filmée), voilà le grand-père et le gamin qui débarquent au même endroit ! On sent aussi venir gros comme une maison l'accident avec le pont de glace...
Quant au contexte historique (la Seconde guerre mondiale), il n'est qu'un décor. N'y cherchez pas une présentation fine des rapports humains à l'époque. De manière symbolique, les nazis sont aux humains ce que sont les loups aux moutons. Aucun Français ne collabore et, comme nous nous sommes aujourd'hui réconciliés avec l'Allemagne, l'un des personnages est chargé d'incarner une vision humaniste de nos voisins d'outre-Rhin. (Il le fait d'ailleurs assez bien.)
Bref, si vous avez un peu de temps à perdre et que vous êtes sensibles aux beaux paysages ainsi qu'aux animaux de haute montagne, ce film peut vous satisfaire.
17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 13 janvier 2014
Le Loup de Wall Street
On peut voir ce film de deux manières. On peut partir du principe qu'il s'agit d'une farce et l'on s'embarque dans une comédie immorale de trois heures. On apprécie la performance des acteurs, au premier rang desquels Leonardo DiCaprio, excellent aussi bien en novice de la Bourse qu'en escroc sans vergogne et en idole déchue, quand son empire s'effondre. Matthew McConaughey et Jean Dujardin nous offrent aussi de beaux numéros. La caméra est tenue de main de maître (notamment dans les scènes de groupe, en intérieur, vraiment remarquables) et les dialogues, riches en grossièretés, se savourent sans retenue.
Ou alors on se dit que, quand même, Scorsese aurait pu introduire davantage de réflexion et de second degré et que son film est décidément trop en empathie avec les pourritures qu'il prétend dénoncer. Le propos est d'abord extraordinairement misogyne : les femmes sont soit des putes soit des salopes, la moins maltraitée étant la plus âgée, la tante de la seconde épouse du héros, incarnée par Joanna Lumley :
Les rares scènes où elle dialogue avec DiCaprio sont très réussies et quand on regarde attentivement le grand écran, on se dit que ce visage ne nous est pas inconnu :
Il s'agit de Purdey, la cinquième partenaire féminine de John Steed dans la série Chapeau melon et bottes de cuir. Si Joanna Lumley avait incarné une version plus moderne que Linda Thorson, elle n'avait pas fait oublier Diana Rigg, l'irremplaçable Emma Peel.
Rien de tout cela chez Scorsese, qui considère les actrices comme de la chair à canon. On assiste ainsi à une scène qui suscite le malaise. Dans l'histoire, l'une des employées accepte 10 000 dollars pour se faire tondre en public, à charge pour elle ensuite de se faire poser des implants mammaires. Il se trouve que l'actrice se fait effectivement raser le crâne. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour figurer dans un film du Maîîître !
D'autre part, si je comprends qu'il faille faire figurer à l'écran certaines des nombreuses prostituées dont les personnages principaux ont profité, pourquoi les filmer aussi péjorativement ? Presque aucune n'a droit à la moindre ligne de texte, sauf pour souligner qu'elles sont soumises aux désirs de ces messieurs. Là encore, les actrices sont chosifiées, retenues uniquement sur des critères physiques, ce qui n'est pas le cas des acteurs masculins...
C'est donc un film putassier, diablement bien fait, mais qui, au fond, témoigne surtout de la fascination éprouvée par Scorsese pour les voyous, quels qu'ils soient, du moment qu'ils sont pleins aux as et qu'ils s'éclatent à donf.
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samedi, 11 janvier 2014
Mandela, un long chemin vers la liberté
Si le décès de Nelson Mandela est survenu à propos, il faut savoir que la sortie du film s'est plutôt faite dans le contexte du vingtième anniversaire de son élection à la présidence de la République, en 1994. Eh, oui ! Quatorze ans avant Barack Obama, un pays dominé par des Blancs chrétiens avait élu un Noir à sa tête.
La comparaison avec les Etats-Unis est d'ailleurs implicite à plusieurs moments de l'histoire. C'est particulièrement évident lors de la mise en place de l'apartheid, qui évoquera aux spectateurs les moins incultes la ségrégation états-unienne. De la même manière, la vie du jeune Mandela, avocat charmeur au départ pas très impliqué dans la politique, n'est pas sans rappeler celle de la bourgeoisie noire de la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique.
Sans surprise, ce biopic commence par évoquer (rapidement) l'enfance et l'adolescence du héros, dans des scènes "ethniques" très inspirées. Cependant, on ne nous dit pas clairement qu'il appartenait à l'aristocratie africaine : alors qu'il est issu d'une lignée royale xhosa, on nous présente la famille d'origine comme un clan rural très modeste.
L'hagiographie est (un peu) contrebalancée par le côté "homme à femmes" du jeune Mandela, d'abord soucieux de profiter de la vie... et pas toujours très correct avec les dames, y compris sa première épouse.
Il manque cependant dans le portrait intellectuel du héros les références à Gandhi. On a beau nous le montrer d'abord comme un avocat non-violent, on "oublie" de préciser qu'à l'université, il s'est beaucoup intéressé à la démarche de cet autre avocat, hindou, qui, quelques dizaines d'années auparavant, s'était illustré en Afrique du Sud. Néanmoins, la présence à ses côtés d'un militant d'origine indienne fait référence aux discriminations dont souffrent, bien avant la mise en place de l'apartheid, tous les non-Blancs de l'Union sud-africaine. Dans le film (en version originale), on entend les racistes désigner les Noirs et les Indiens par les doux noms de boy et coolie.
Idris Elba incarne très bien ce Mandela jeune qui, dans un premier temps, pense que le monde lui ouvre les bras, avant de s'engager sans mégoter dans la lutte, d'abord pacifique, puis armée. Il est cependant moins convaincant en vieillard : il est beaucoup trop imposant physiquement, alors que "Madiba" était sorti de prison très amaigri.
De ce point de vue, il ne fait pas mieux que Dennis Haysbert dans Goodbye Bafana, même s'il a réussi à copier la démarche du vieil homme. Dans un autre contexte, le Morgan Freeman d'Invictus était meilleur.
La véritable révélation de ce film est Naomie Harris, qui incarne Winnie Mandela, un personnage complexe, qu'elle réussit à rendre vraisemblable quel que soit son âge. On avait déjà remarqué l'actrice dans Pirates des Caraïbes et dans Skyfall. Ici, elle étincelle. La version originale m'a même permis de constater qu'elle parlait anglais non pas comme la Britannique qu'elle est, mais comme une Africaine (ou une Antillaise). On suit son évolution, de la jeune femme amoureuse à la révolutionnaire sans scrupule, en passant par la militante engagée et la mère opprimée par une dictature raciste. Elle apporte de l'épaisseur à une histoire un peu trop linéaire.
La seconde moitié du film montre quand même que, si Mandela a atteint le statut d'icône, ce ne fut pas une partie de plaisir. A partir du moment où il se trouve en prison, sa lutte prend une autre forme, tandis que ceux qui sont dehors deviennent de plus en plus violents. Les dissensions entre les Noirs, visibles dans la dernière partie, ne sont cependant pas suffisamment expliquées.
J'ajoute une invraisemblance : la faible évolution physique du personnage de l'un des gardiens, qui va suivre Mandela dans ses lieux de détention. Alors que le chef africain se voûte et grisonne, lui reste quasiment le même pendant environ trente ans !
Cela reste un film très agréable à regarder : les quelque deux heures et quart sont passées sans que je m'en rende compte.
12:58 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
vendredi, 10 janvier 2014
Week-end of a champion
Plus de quarante ans après, ce documentaire de Roman Polanski est ressorti en salles, augmenté d'un "post-filmum" contemporain, qui le voit dialoguer avec l'ancien champion du monde de formule 1, Jackie Stewart, qui est au coeur de l'histoire.
La première partie est l'occasion de découvrir les préparatifs du grand prix de Monaco ainsi que les craintes éprouvées par les organisateurs et certains pilotes quant aux conditions météorologiques. Caméra à l'épaule, le réalisateur suit le sportif dans ses déplacements quotidiens, faisant toucher du doigt sa grande popularité. Mais la séquence la plus marquante est la reconnaissance du parcours, en petite voiture de golf (!), avec Stewart, Polanski et un cadreur (ou Frank Simon, le coréalisateur). La caméra est toujours judicieusement placée dans cet environnement exigu, si bien qu'avec les commentaires du pilote, on comprend mieux les subtilités et les difficultés du circuit urbain.
Viennent ensuite les séances d'essai. Une caméra embarquée dans la monoplace de Stewart nous fait découvrir la course sous un jour particulier. C'est impressionnant. D'autres prises de vue, à partir des trottoirs ou des balcons monégasques, enrichissent la séquence. S'y ajoutent les précieux commentaires du pilote qui, quand il pense ne pas être écouté par ses concurrents, révèle toute sa science de la course. On découvre aussi le rôle des compagnes des pilotes (pour ceux qui en ont une régulière...). La pluie contrarie la deuxième séance... et suscite des inquiétudes, notamment chez Stewart, plus dominateur sur terrain sec.
La troisième partie est consacrée aux courses proprement dites. En guise d'amuse-gueule, les formule 3000 ouvrent le bal, avant que vrais pros ne se déchaînent. Alors que ce film est une antiquité et que, depuis, les retransmissions télévisées ont fait de gros progrès, je trouve que Polanski réussit à rendre vivant et passionnant un sujet somme toute très futile. Le suspens règne quant au déroulement du grand prix... ainsi qu'au niveau de la météo.
La nouvelle fin du film montre deux vieillards confortablement assis, dans la même chambre d'hôtel où ils se trouvaient des années auparavant. Stewart y révèle son passé d'enfant en échec scolaire. Longtemps, il a dû cacher sa dyslexie, y compris à sa compagne. Ceux qui ne le savaient pas découvriront aussi l'incroyable enchaînement de hasards qui a permis l'ascension du champion. Plus tristement est évoqué le sort des trop nombreux pilotes victimes d'accidents mortels dans les années 1960-1970.
Ce documentaire est une curiosité, qui m'a agréablement surpris.
19:38 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 03 janvier 2014
Un nouveau Sherlock Holmes
La chaîne américaine CBS a mis en route une nouvelle série centrée sur le célèbre détective. M6 a mis en ligne le premier épisode il y a quelques jours, en attendant d'en diffuser quatre ce vendredi.
Sherlock est incarné par Jonny Lee Miller, révélé jadis par Trainspotting, mais qui a un peu végété depuis, même si on l'a aperçu dans Dark Shadows.
Il interprète un détective jeune, tatoué (beurk !), qui sort d'une cure de désintoxication... et qui, ô surprise, a quitté Londres pour New York.
Au début de l'épisode, il fait la connaissance de sa "marraine" (payée par son père pour vérifier qu'il ne retombe pas dans la drogue), Joan Watson, ex-chirurgien... et surtout femme ravissante :
Elle a les traits de Lucy Liu, que tout cinéphile qui se respecte connaît depuis sa participation au Kill Bill de Tarantino. On l'a revue dans un petit polar très malin, Slevin, mais elle a surtout fait carrière à la télévision. Je l'avais trouvée très bien en juriste dominatrice dans Ally McBeal.
Dès le départ, la relation entre les deux est ambiguë. J'ai beaucoup aimé leur premier dialogue, à double détente, que je vous laisse découvrir dans l'épisode. Par la suite, on comprend que chacun a ses zones d'ombre... et va avoir besoin de l'autre. Evidemment, on se dit qu'au bout de deux ou trois saisons, ils vont finir par coucher ensemble !
Signalons que la BBC, qui, la première, a relancé la carrière du célèbre détective, n'est pas contente. S'il n'est pas étonnant que, dans les deux séries, Sherlock soit un as de la déduction, adepte de substances hallucinogènes, la vieille maison britannique a moins apprécié que le pendant américain ait copié l'addiction aux nouvelles technologies :
Sherlock se sert de son smartphone comme d'un outil d'enquête, prend régulièrement des photographies avec et consulte très souvent internet. Cependant, d'un point de vue visuel, la série britannique est bien plus réussie, avec notamment l'affichage à l'écran des textos.
C'est le principal reproche que l'on pourrait faire à la version américaine : sa fadeur graphique, avec peu d'inventivité visuelle. Mais l'enquête est intéressante. Pour l'instant, les histoires sont totalement nouvelles, sans lien avec les romans de Conan Doyle (ce qui a pu agacer les puristes). Le duo fonctionne assez bien sur le plan comique, même s'il n'atteint pas le brio du couple Cumberbatch-Freeman.
14:17 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, télévision, médias, actualité
jeudi, 02 janvier 2014
Les "Riton" 2013
L'année qui vient de s'achever fut riche en productions cinématographiques de qualité, de genres très différents. Voici donc, pour la huitième année, mon palmarès hautement subjectif. Je vais commencer par une catégorie que j'affectionne :
Les comédies déjantées
- Riton du meilleur film à la sauce tomate : Django unchained... LE film de l'année (malgré la violence gratuite), aussi bien pour le scénario, les dialogues, les acteurs, la mise en scène, les décors que la musique
- Riton du meilleur mini-Tarantino : 7 Psychopathes
- Riton du meilleur western sarcastique : Shérif Jackson
- Riton de la comédie la plus rafraîchissante : Le Roi du curling (encore visible sur Arte pendant quelques jours)
- Riton de la meilleure comédie familiale : 9 mois ferme
- Riton du ministère de la parole : Quai d'Orsay
Dans la catégorie "film d'anticipation"
- Riton du film qui ne déraille pas : Snowpiercer, le Transperceneige (incontestablement l'un des films de l'année)
- Riton du film qui débloque complètement : Cloud Atlas
- Riton du film de drogué : Antiviral
- Riton du film de malade : Effets secondaires
Dans la catégorie "film qui cause de notre époque"
- Riton du film nuancé : Promised Land
- Riton du film exaltant la Grande Amérique : Capitaine Phillips
- Riton du film exaltant le petit Danemark : Hijacking
- Riton du film se méfiant de la Grande Allemagne : Guerrière
- Riton du film sur les bienfaits du capitalisme : A Touch of sin
- Riton du polar social : Mystery
- Riton du film de femmes : Shokuzai
- Riton du film romantique : The Lunchbox
- Riton du film multiculturaliste : La Marche
- Riton du film de podologue : Comme un lion
Dans la catégorie "monde arabo-musulman"
- Riton du film marocain : Les Chevaux de Dieu
- Riton du film explosif : L'Attentat
- Riton du film qui propose un nouvel aperçu enrichissant sur le conflit israélo-palestinien : Omar
- Riton du film de guerre : Syngué Sabour
- Riton du film féministe : Wadjda
J'ajoute que, pour moi, chacun de ces longs métrages pourrait prétendre au titre de meilleur film de l'année.
Dans la catégorie : "film à caractère historique"
- Riton du film sur la femme européenne opprimée : Anna Karenine
- Riton du film d'intello : Hannah Arendt
- Riton du film qui nous en apprend encore sur la Seconde guerre mondiale et ses conséquences : Le Médecin de famille
- Riton du film psychanalytique : Jimmy P.
- Riton du film anti-esclavagiste : Lincoln
- Riton du film de pieds nickelés : Argo
- Riton du film de pubards : No
- Riton du film de militaires : Zero Dark Thirty
- Riton du film de rebelle : Michael Kohlhaas
- Riton du film d'émigré : Heimat
Ici encore figurent plusieurs prétendants au titre de meilleur film de l'année, au premier rang desquels deux productions états-uniennes (les oeuvres de Spielberg et de Bigelow), mais aussi deux ovnis cinématographiques, les deux derniers de la liste, de vrais coups de coeur.
Dans la catégorie "documentaire"
- Riton de la réédition : Le Joli Mai
- Riton du film agricole : Hiver nomade
- Riton du film animalier : Amazonia
Cette catégorie est peu fournie, alors que j'ai vu pas mal de films de ce style (certains pas chroniqués sur le blog). J'ai été globalement déçu par ce que j'ai vu. Seuls les trois nommés ici m'ont emballé, avec une mention spéciale pour Amazonia.
Dans la catégorie "film d'animation"
- Riton du film réhabilitant (partiellement) un animal détesté : Loulou : l'incroyable secret
- Riton du meilleur Disney : La Reine des neiges
- Riton du film potache : Hôtel Transylvanie
- Riton du film de gros lourds : Les Croods
- Riton du film de petits mecs sympas : Moi, moche et méchant 2
- Riton du film nostalgique : Ma Maman est en Amérique...
- Riton du film autobiographique : Aya de Yopougon
- Riton du film eschatologique : Lettre à Momo
C'est désormais un genre majeur du cinématographe. Certaines productions sont destinées à un public plutôt adulte. Les plus habiles entremêlent deux niveaux de lecture de l'intrigue, satisfaisant les petits et les grands. Quand on compare ces films avec ceux qui ciblent les adolescents, on est consterné par la médiocrité de ces derniers. On traite mieux les bambins que leurs grands frères et soeurs !
Pour mémoire :
- les Riton 2012
- les Riton 2011
- les Riton 2010
- les Riton 2009
- les Riton 2008
- les Riton 2007
- les Riton 2006
23:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 01 janvier 2014
Le Manoir magique
Ce film d'animation mélange trois types de personnages : les humains, les animaux (qui parlent entre eux) et les automates conçus par le vieil oncle Lorenz.
On sait très peu de choses sur celui-ci, à part qu'il fut magicien professionnel et qu'il a un neveu horripilant. (Il est agent immobilier, c'est dire !)
Je suis moins emballé par le personnage principal, qui va être baptisé Tonnerre. Je trouve que sa tête est trop grosse et que ses yeux ne ressemblent pas à ceux d'un chat. Même au niveau de ses déplacements, c'est décevant.
Ses deux principaux rivaux au manoir m'ont paru plus réussis. Il s'agit du lapin Jack et de la souris Maggie, un duo improbable qui va compliquer la vie du chaton :
Il forment une paire classique dans les comédies (le grincheux et la mégère)... et ils vont évoluer dans le film. Ces personnages sont d'autant mieux mis en valeur que, dans la version française, ils sont doublés par Céline Monsarrat et et Patrick Poivey... qui sont les voix officielles de Julia Roberts et Bruce Willis, en France.
L'autre bonne surprise est la kyrielle d'automates créés et réparés par Lorenz. Là, les auteurs ont su faire preuve d'imagination :
Mon préféré est sans conteste Edison (même si je kiffe la "malle-pattes" !), nommé ainsi en référence à un célèbre inventeur américain :
L'histoire fourmille de rebondissements. Après l'abandon du chaton, on suit celui-ci dans sa quête d'un toit. Il finit par atterrir dans le grenier de la maison de Lorenz, où il va subir les pires tourments. Notons que si cette séquence est dynamique, les décors ne m'ont pas emballé. J'ai parfois eu l'impression de me retrouver devant un de ces jeux vidéo où il faut retrouver des objets dissimulés dans une pièce.
Je pense par contre que la 3D doit apporter un plus dès que les automates apparaissent à l'écran et quand des objets sont projetés ici ou là.
La suite de l'histoire est très drôle : les animaux et les automates vont tenter de dissuader les visiteurs successifs d'acheter la maison de Lorenz, dont son neveu veut se débarrasser. Cela nous vaut une galerie de portraits croustillants. On commence par un couple de snobs, dont vont s'occuper les deux tourterelles. On continue avec la mémère à son chien, puis avec les bobos, plus difficiles à effrayer... mais tellement pittoresques ! Les ultimes intrus à écarter sont les déménageurs, deux costauds qui, a priori, n'ont peur de rien...
La dernière partie verse dans la surenchère, avec le neveu qui pète complètement les plombs. L'équipe de résistants va devoir redoubler d'imagination, pendant que Lorenz reçoit l'aide d'enfants malades, qu'il a rencontrés à l'hôpital.
Voilà. A vous de juger si, malgré quelques défauts notables (le chat, certains décors), le film mérite d'être vu. C'est une bonne comédie, avec un fond pas idiot.
00:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 30 décembre 2013
Twenty Feet from Stardom
"A six mètres de la célébrité", c'est-à-dire tout près, mais plutôt dans l'ombre, évoluent depuis des dizaines d'années des femmes (et parfois des hommes), dont les voix n'ont pas grand chose à envier à celle des vedettes. Ces personnes sont les choristes. Ce documentaire leur est consacré.
Blanches et lisses à l'origine, ces assistantes sont devenues majoritairement noires... et plus pétulantes. Leur point commun est d'avoir découvert le chant au temple. De manière générale, la musique populaire noire-américaine doit beaucoup à la manière dont le culte protestant est rendu outre-Atlantique.
La trame du film est linéaire. On part de la création des groupes de choristes noires à leurs tentatives de carrière solo, en passant par le fonctionnement de l'industrie du disque et les interactions avec les mouvements politiques des années 1960-1970.
Parmi les vétéranes, il y a celle qui a servi la soupe à Ray Charles (qui avait ses "raelettes"). Dans le film, on nous propose l'intégralité d'une célèbre chanson (What'd I say), avec les choristes au premier plan (sur le côté toutefois), dans un jeu érotique (au niveau des gémissements) avec le pianiste, qui se trouve au centre. (Au passage, ceux qui ne connaissaient le musicien que très âgé et rabougri pourront le découvrir jeune et en pleine santé, très proche de l'interprétation de Jamie Foxx dans Ray.)
L'une des plus talentueuses était Darlene Wright, qui dut changer son nom en "Love". Elle raconte comment elle n'a parfois même pas été créditée pour les voix qu'elle avait assurées sur des disques du groupe The Crystals. Le producteur Phil Spector ne semble pas avoir éprouvé un grand respect pour ces petites mains du spectacle chanté, sans lesquelles bien des artistes n'auraient pas eu autant de succès.
D'autres, comme Claudia Lennear, Lisa Fischer et Merry Clayton, ont travaillé pour les Rolling Stones, David Bowie, Joe Cocker, Sting... En général, elles ont commencé jeunes (autour de 18 ans)... et elles étaient très jolies ! Le contraste est saisissant, puisque l'on voit ce qu'elles sont devenues, 30, 40 ou 50 ans plus tard...
Elles n'ont de plus pas été gâtées par la vie. Si elles se contentaient de rester choristes, au bout d'un moment, on leur faisait comprendre qu'il fallait laisser la place à de plus jeunes. Et presque toutes celles qui se sont lancées dans une carrière solo ont échoué. Le film n'ose pas trop s'attarder sur le sujet mais, s'il est incontestable que ces femmes possèdent des voix en or, cela ne suffit pas pour faire carrière. Sans auteur ni compositeur, le rossignol chante à vide. Et il y a ce petit "supplément d'âme", qui fait qu'une chanteuse techniquement moins bonne fait passer beaucoup plus de choses.
Toutefois, bien que le film ne dure qu'une heure et demie, j'ai trouvé cela assez long. C'est le défaut des documentaires, en général. Et pourtant, ici, on a pris soin d'alterner images d'archives, entretiens récents (plus ou moins intéressants) et séquences chantées. Cela reste un film plaisant à voir... et à entendre.
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dimanche, 29 décembre 2013
The Lunchbox
A Bombay, de nombreux employés se font livrer le déjeuner sur leur lieu de travail, dans une sorte de cantine métallique verticale (la fameuse lunchbox). Soit c'est leur épouse qui l'a préparé, soit ils ont passé commande à un service de restauration rapide. Saajan est un comptable minutieux, pas très apprécié de ses collègues mais respecté pour la qualité de son travail. Il angoisse à l'approche de la retraite, d'autant plus qu'il est veuf :
Il est interprété par Irrfan Khan, un acteur que le public occidental a pu apercevoir dans Un Coeur invaincu ou Slumdog Millionaire, plus longuement dans L'Odyssée de Pi.
Ila est une femme au foyer qui, chaque matin, prépare la tambouille de son mari, qu'elle lui fait parvenir par le système de livraison mis au point par une communauté de travailleurs masculins (et qui a suscité l'intérêt de l'université de Harvard !). Est-il besoin de préciser qu'elle est incarnée par une ravissante actrice, Nimrat Kaur ?
Arrive l'accident de parcours. Un jour, une erreur de livraison est commise. L'époux d'Ila reçoit un déjeuner à base de choux, alors que les délicieux petits plats de la jeune femme atterrissent sur le bureau de Saajan. L'erreur se répète les jours suivants, ce qui pousse la jeune femme à s'interroger. Une correspondance anonyme naît entre les deux êtres que tout sépare.
C'est un petit bonheur de comédie de mœurs. La jeune femme cuisine sur les conseils de sa voisine du dessus, une dame âgée dont on n'entend que la voix... mais quelle voix ! Cette "Tatie" s'occupe de son mari cloué au lit... et aide l'héroïne à séduire le ventre des hommes... ou à se venger d'eux s'ils sont indélicats ! Une corde et un panier permettent aux deux femmes de communiquer.
Au bureau, Saajan tente de se débarrasser du jeune Shaikh qu'on l'a chargé de former, un ambitieux plein de bagout, mais sympathique au fond (une sorte de Jamel Debbouze indien) :
Le film vaut aussi pour le portrait social de l'Inde actuelle qu'il brosse. La mégapole est le siège de toutes les inégalités, entre ces gamins qui mendient dans les transports en commun et les ultrariches qui vivent à l'occidentale. Saajan lui-même est à l'abri du besoin, dans sa propriété verrouillée, alors que Shaikh cherche à faire son trou... et à obtenir la reconnaissance de sa belle-famille. Ila elle est une femme, de surcroît d'origine modeste. Son couple bat de l'aile.
Dans la deuxième partie, le ton balance entre comédie et drame. La relation entre la cuisinière et le comptable évolue. C'est la toute fin qui fait pencher la balance d'un côté plutôt que de l'autre.
Parmi les nombreux films à voir ces temps-ci, c'est peut-être celui qui file le plus la pêche.
22:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 28 décembre 2013
A Touch of sin
Jia Zhang Ke est connu comme "réalisateur social", qui pointe les travers de l'industrialisation chinoise, soit en s'appuyant sur la fiction (dans Still Life par exemple), soit en s'appuyant sur le documentaire (voir Useless). Il s'agit ici d'une fiction, divisée en quatre petites histoires qui se croisent.
La première a pour héros Dahai, un mineur contestataire, qui voudrait en appeler à Pékin contre les autorités locales, qu'il juge corrompues, et un entrepreneur véreux, qu'il a côtoyé sur les bancs de l'école :
A travers lui, on (re)découvre la vie difficile des travailleurs manuels de province... et la violence des rapports socio-économiques dans le nouveau paradis du capitalisme. Dahai finit par "péter les plombs"... et se transforme en Charles Bronson chinois. C'est sanglant... et, il faut le reconnaître, plutôt jouissif. L'histoire est très ambiguë, pas si réaliste que cela, au fond. On sent que le réalisateur a voulu adresser une sorte d'avertissement aux élites au pouvoir.
Sur sa route, le mineur croise un travailleur itinérant, juché sur sa moto, Zhou San :
Celui-ci est le pur produit d'une société déstructurée, hyper-individualiste. Le début de son histoire dépeint ce coin de Chine comme un nouveau far west... dans ce qu'il a de négatif. La psychologie du personnage est approfondie lors de son retour au village, avant qu'il ne s'enfonce davantage.
Dans ses pérégrinations, le motard croise une jeune femme, Xiao Yu, et un cadre travaillant loin de chez lui. Elle nous est d'abord présentée comme la maîtresse de l'homme marié, qui voudrait bien continuer à profiter du beurre et de l'argent du beurre : il répugne à divorcer. En clair : quand il se trouve à Canton, il est content de retrouver bobonne, qui semble issue d'une famille aisée. Quand il part travailler plus au nord, il aime tirer son coup avec la célibataire indépendante (d'origine modeste). Elle hésite à ne plus se laisser mener par le bout du nez :
On finit par découvrir qu'elle est réceptionniste dans un salon de massage. C'est là que l'ampleur de l'exploitation des femmes est montrée à l'écran. Un objet, que l'héroïne a récupéré de son amant, va jouer un rôle décisif.
La dernière histoire met en scène un djeunse, un peu "métrosexuel" sur les bords (notez la marque apparente du caleçon) :
Xiao Hui est plus instable que les précédents. Plus fragile aussi. Il travaille dans le Sud, mais doit envoyer de l'argent à sa mère. Au début, on le voit dans une usine textile, qu'il va fuir pour des raisons que je ne dévoilerai pas. Il se retrouve ensuite dans un établissement de charme et découvre la prostitution de luxe. Une idylle naît entre lui et l'une des entraîneuses. (Je ne retrouve pas le nom de l'actrice, mais sachez qu'elle est très bien.) Cela introduit un peu de fraîcheur dans cette histoire très noire, où de nouveau l'exploitation des femmes est mise en exergue. Là encore, l'intrigue se conclut dans le sang, mais de manière inattendue (de fausses pistes sont proposées en cours de route) mais malgré tout cohérente.
Peut-être pour rééquilibrer son film, foncièrement pessimiste, Jia Zhang Ke a introduit une cinquième partie, où l'on retrouve deux personnages aperçus précédemment, dans deux histoires différentes. La fin est ouverte, mais le bilan social de la Chine que dresse le réalisateur reste accablant.
22:06 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 27 décembre 2013
Tel père, tel fils
Le réalisateur Hirokazu Kore-eda aime travailler la "pâte humaine" et mettre en scène les tourments intérieurs de ses personnages. Il sait aussi filmer les enfants et les insérer dans une intrigue complexe, comme il l'a prouvé jadis avec le superbe Nobody knows.
Ici, il est question d'un échange de bébés, qui s'est produit six ans auparavant à la maternité. (Ce n'est pas du tout invraisemblable. C'est plutôt la fiction qui rejoint la réalité.) Cela pourrait donner naissance à une comédie graveleuse, mais c'est le mélodrame qu'a choisi le réalisateur. En même temps, il esquisse un portrait des inégalités sociales au Japon.
A ma gauche se trouvent les Nonomiya. C'est un couple de la grande bourgeoisie, qui n'a qu'un enfant, Keita, que son père trouve trop calme, pas assez entreprenant et, pour tout dire, pas génial du tout. Lui, le papa, est un jeune et brillant architecte, issu d'une "bonne famille". Son épouse, d'origine plus modeste, a cessé son activité professionnelle pour s'occuper de l'éducation du fils. Ensemble, ils habitent un splendide appartement, à propos duquel plusieurs des protagonistes (notamment la belle-mère et le second papa) n'hésitent pas à dire que "l'on se croirait à l'hôtel" !
A ma droite se trouvent les Saiki. Le père vivote dans une supérette de quartier, tandis que son épouse travaille dans la restauration rapide. On sent qu'ils tirent un peu le diable par la queue... d'autant plus qu'ils ont non pas un mais trois enfants, plus le grand-père à nourrir. Autant dire qu'à la maison, l'ambiance est beaucoup moins calme !
On note aussi le contraste dans l'éducation des enfants. Keita suit des cours de piano, va être inscrit dans une école privée très sélective (au prix de quelques mensonges...) et doit prendre son bain tout seul, dans une grande baignoire. Ryusei est plus sportif, plus remuant et passionné de jeux vidéo. Dès son plus jeune âge, il a été habitué aux bains familiaux (collectifs), dans une baignoire étroite.
Si le choc des cultures nous réserve quelques moments de comédie, le film s'attache plus aux sentiments qu'éprouvent les adultes pour les enfants... et vice versa. Qu'est-ce qui est le plus important ? Le sang, qui fait que le fils finira tôt ou tard par ressembler à ses parents biologiques (et à se détacher des autres) ou les six ans d'éducation et d'amour, qui ont déjà façonné la personnalité des gamins ?
Les garçons se retrouvent ballottés entre ces deux familles, qui peinent à trouver un accord. L'histoire se concentre davantage sur le couple aisé. L'épouse n'ose dire franchement ce qu'elle éprouve, alors que son mari est finalement très hésitant, subissant encore à son âge les contrecoups de la séparation de ses propres parents.
C'est très finement mis en scène, sur une musique douce, principalement celle de Bach. Les cinéphiles qui ont l'oreille fine reconnaîtront certains des morceaux qui ont servi d'habillage musical à l'adaptation de Stupeur et tremblements, par Alain Corneau, en 2003. La différence est que dans ce film-ci, ils sont joués au clavecin, alors que dans Tel père, tel fils, ils sont joués au piano.
Quelques scènes sont particulièrement marquantes, comme le départ des Nonomiya de chez les Saiki, après qu'ils leur ont laissé Keita pour le week-end. Puissante est la séquence autour du concours de piano, drôle et tragique à la fois. Enfin, très émouvant est le moment où l'un des personnages découvre des photographies inconnues, dans la mémoire d'un appareil numérique. Elles font basculer l'intrigue.
Je me dois de ne pas dissimuler le principal défaut du ce film : sa lenteur. Deux heures, c'est long, surtout quand le réalisateur prend le temps de dérouler toute la pelote des sentiments. On aurait pu pratiquer quelques coupes.
19:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, société
jeudi, 26 décembre 2013
Les Interdits
Ce film n'a fait qu'une courte apparition sur les écrans ruthénois. Il entremêle histoire intime et grande histoire, dans une intrigue polyglotte, qui recourt au français, au russe, à l'anglais et à l'hébreu. Si votre cinéma programme ce film, ne vous fiez pas forcément à la version affichée (originale ou française). Il n'y en a qu'une. Les dialogues principaux sont en français, mais, lors du séjour en URSS, c'est la langue de Vladimir Poutine qui prend le dessus. Vers la fin, on entend davantage d'hébreu.
Dans les années 1970, à l'époque de Leonid Brejnev, les juifs qui tentent de quitter l'URSS son opprimés. On les a qualifiés de refuzniks. Deux jeunes Français (juifs) débarquent dans la patrie du communisme, prétextant un voyage de noces auquel bientôt presque plus personne ne croit. En réalité, ils viennent rencontrer certains de ces juifs militants, leur apporter quelques produits de l'horrible monde capitaliste... et peut-être les aider à améliorer leur sort.
Les deux acteurs principaux sont très bons. J'ai retrouvé avec plaisir Stéphanie Sokolinski (alias Soko), déjà vue dans Augustine. Elle est habile dans tous les registres et c'est une bonne cliente pour les réalisateurs, puisqu'elle n'hésite pas à "payer de sa personne" lors de scènes dénudées...
J'ai eu un peu plus de mal au départ avec Jérémie Lippmann, qui devient meilleur quand son rôle prend de l'ampleur. Il est par contre moins convaincant sur la fin, lorsqu'il incarne son personnage vieilli.
Je ne peux pas citer ici tous les seconds rôles, mais sachez qu'ils sont très bons.
Le noeud de l'intrigue est le conflit entre les sentiments personnels et la mission que les deux jeunes gens se sont assignée. Lui est très prudent, mais follement amoureux de sa cousine. Elle est prête à prendre beaucoup de risques, aussi bien politiquement que sexuellement...
Dans le même temps, on découvre que les Soviétiques juifs sont un peu des citoyens de seconde zone, surtout s'ils font preuve d'indépendance d'esprit. C'est encore pire s'ils manifestent le désir d'émigrer en Israël (ou ailleurs). Heureusement, le KGB veille !
Ah, j'allais oublier le fouteur de merde : un gamin mal élevé, fils de prof, qui ne kiffe mais alors pas du tout le pèlerinage décidé par maman au paradis des travailleurs. On se demande longtemps s'il va être une épine dans le pied des deux comploteurs ou une aide précieuse.
L'intrigue finit par tourner autour du manuscrit de l'un des principaux opposants. Que contient ce texte que tout le monde recherche ? Comment le faire sortir d'URSS ? La réponse à ces questions va peser sur le destin des protagonistes, que l'on retrouve presque tous des années plus tard, en Israël. Mais les choses ont bien changé...
23:59 Publié dans Cinéma, Histoire, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
mercredi, 25 décembre 2013
Albator, corsaire de l'espace
Je fais partie du "coeur de cible" supposé de cette adaptation d'un célèbre manga : les hommes trentenaires et quadragénaires dont l'enfance (voire les débuts de l'adolescence) a été marquée par la série Albator 78 ou sa suite Albator 84 (dont l'action se déroule avant). Je me souviens avoir adoré au début puis m'être détaché de ce space opera... J'avais peut-être grandi, tout simplement. Depuis, j'ai appris que le manga avait été complété par d'autres épisodes.
Comme ce sont des Japonais qui ont oeuvré à cette adaptation, je me suis laissé tenter. Visuellement (même en 2D), c'est superbe. J'ai adoré les scènes qui se déroulent dans l'espace, qui ne sont pas sans rappeler le meilleur de Star Wars. D'ailleurs, dans le film, les "méchants" ont recours à une sorte d'étoile noire. Attention toutefois à ne pas tout confondre : dans Albator, la matière noire est au service du corsaire, alors que ses adversaires utilisent l'énergie (lumineuse) des planètes et des étoiles.
Tout aussi réussies sont les scènes qui mettent en valeur l'intérieur des vaisseaux (tout comme les abordages) et les bâtiments au sol.
Mais, dès le départ, j'ai été rebuté par le physique des personnages. Il est clairement inspiré de l'esthétique des jeux vidéo, à l'image de ce que l'on pouvait trouver dans le film Final Fantasy. Au niveau des visages, cela se traduit par une impression de figé, comme si tous avaient subi une opération de chirurgie esthétique. De plus, les lèvres ne bougent pas assez vite. Je comprends que l'on n'ait pas voulu garder le graphisme d'il y a trente ans, mais Dieu sait que l'animation japonaise a fait des progrès en la matière ! Il suffit de regarder (par exemple) les adaptations de Ghost in the shell pour s'en convaincre.
La déception s'est accrue lorsque des combats individuels sont apparus à l'écran. Là encore, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un jeu vidéo. C'est particulièrement frappant dans la dernière partie du film, lorsque l'équipage reprend le contrôle du vaisseau-pirate.
Au niveau auditif, si j'ai regretté de ne pas retrouver certains "sons identitaires" de la série (le bruit de fond de l'ordinateur de bord et les cliquetis provoqués par la ferraille de l'uniforme d'Albator, quand il se déplace), j'ai bien aimé le travail sur les crissements des habits en cuir.
Sans surprise, les personnages féminins correspondent aux canons du manga. Les trois femmes mises en valeur sont anorexiques, l'une d'entre elles (Kei, l'adjointe d'Albator) étant plus athlétique... et la mieux dotée au niveau du poitrail :
Une autre femme, Nami, l'épouse du méchant amiral, joue un rôle plus effacé... mais parfois déterminant. Le plus puissant des trois personnages féminins est sans conteste celui de l'unique extra-terrestre survivante, jadis sauvée par Albator :
L'histoire tient la route durant un peu plus des deux tiers du film. Deux des personnages principaux cachent chacun un terrible secret. Leurs actes sont en partie dictés par le poids de la culpabilité. L'intrigue va évidemment les rapprocher et les confronter... mais les scénaristes n'ont pas su terminer le film, qui accumule, dans sa dernière partie, surenchère d'effets et retournements pas forcément justifiés.
Autre gros défaut du long métrage : il ne comporte pas une once d'humour, alors que la série en était truffée. Cela se prend trop au sérieux. C'est en gros un film de mecs pour ados en mal de sensations guerrières, avec de surcroît très peu de réelle sensualité. Le seul moment de tendresse est le geste inattendu que Mimay fait en direction d'Albator :
N'en cherchez pas d'autre, en 1h50 il n'y en a pas.
En dépit du plaisir ressenti à la vision de certaines scènes, je suis sorti de là assez déçu.
21:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
Sur la terre des dinosaures
S'inspirant d'une série à succès de la BBC, cette coproduction anglo-saxonne (américano-britannique, tournée en partie en Australie... avec des effets spéciaux néo-zélandais) raconte l'histoire d'un pachyrhinosaurus, nommé Pachy, de la naissance jusqu'à la maturité. Sa particularité ? Au départ, il semble le plus faible de la portée et il va hériter d'un trou dans sa "ramure"... pratique pour permettre aux spectateurs de l'identifier !
L'histoire est racontée par le drôle d'oiseau que l'on voit sur sa crête. Dans la version française, il a la voix de Xavier Fagnon, qui double le personnage d'Anthony DiNozzo dans la série NCIS. Je pense qu'on l'a choisi à cause de son côté "mitraillette à blagues"... pas d'une grande finesse... mais cela reste bon enfant.
Par contre, les autres voix du doublage sont assez agaçantes. On s'adresse visiblement au public jeune. Tous les adultes n'apprécieront pas... et pourront ainsi se concentrer sur les images, magnifiques. Enfin de la bonne 3D (qui mérite le supplément de deux euros) ! Les paysages sont superbes, les gros plans des animaux d'une précision étonnante.
Les scènes d'action sont elles aussi de toute beauté. Il y a les affrontements entre pachyrhinosaurus, véritables concours de coups de boule pour déterminer qui sera le chef ou qui emportera la femelle. Plus impressionnantes encore sont les attaques des prédateurs, qui pullulent dans la région. Le plus dangereux est sans conteste le gorgosaure, sorte de "petit" tyrannosaure :
(Les passionnés du sujet seront ravis de voir le nom de chaque espèce s'afficher à l'écran lors de sa première apparition.)
Le film est éducatif, parce qu'il dit aux jeunes que la nature est cruelle et que toute vie a une fin. Il transmet aussi des valeurs de solidarité et de courage, le tout assaisonné de blagues parfois potaches. Les amateurs se réjouiront du début du film, où le caca et le vomi sont présents...
Attention toutefois à ne pas y emmener des enfants trop jeunes : de nombreuses scènes sont susceptibles de les effrayer et ils ne comprendront pas tout au scénario ni aux dialogues.
11:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 24 décembre 2013
Une bien belle érection !
Les fêtes de fin d'année sont propices au visionnage de films grand public, en famille. Certaines chaînes gavent leurs téléspectateurs de dessins animés. D'autres tapent dans "le film de Noël", boursouflé de bons sentiments. D'autres encore sortent du placard tous les Indiana Jones du pauvre qu'elles n'ont pas osé diffuser le reste de l'année.
C'est la voie que semble avoir choisi France 4, qui nous a proposé un téléfilm intitulé A la poursuite de la chambre d'ambre. Après un prologue situé en 1944, au cours duquel on voit Albert Einstein participer à l'attaque d'un train nazi (...), on découvre l'un des héros, en quête du coffre du scientifique. L'enjeu est un fabuleux trésor (qui a réellement existé) : la mythique chambre d'ambre.
Lui et sa partenaire tentent d'échapper aux griffes des méchants. Ils déboulent sur une plage, où un couple est en train de se câliner. Le héros décide de leur "emprunter" leur cheval. Mais, au moment où celui-ci se cabre, les spectateurs attentifs auront remarqué un détail troublant :
Je ne sais pas si ce sont les ébats du couple (simulés, bien entendu) qui ont échauffé l'animal mais, en tout cas, il en tient une belle !
22:44 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, télévision, cinéma, cinema, film, noël
Museum Hours
La forme de ce film autrichien est déroutante : faux documentaire, fiction incomplète, il suit deux personnages qu'a priori rien ne destinait à se rencontrer... et il nous fait découvrir le musée des Beaux-Arts de Vienne, ainsi que la capitale autrichienne.
Lui est un gardien de musée compassé, dont le ton posé et l'attitude distinguée font oublier la jeunesse rock'n'roll. Il observe les visiteurs, en perçoit les qualités, les défauts... et se passionne pour la peinture :
Elle est canadienne. Elle a dû emprunter de l'argent pour venir à Vienne, où sa cousine (dont elle est très proche depuis l'enfance) est hospitalisée. Elle va bénéficier de la générosité du gardien et s'intéresser à son tour aux trésors du musée :
Leurs conversations les plus longues ont lieu dans des cafés ou des restaurants, où chacun petit à petit se dévoile... et où le gardien raconte "sa" Vienne à la visiteuse. Certaines anecdotes sont particulièrement marquantes, comme la légende du "Cher Augustin", un musicien local qui s'était profondément endormi sous les effets de l'alcool. Il aurait été confondu avec les nombreuses victimes de la peste noire, qui sévissait à cette époque. Toutefois, il n'aurait pas attrapé la maladie !
J'ai aussi en mémoire l'histoire des bâtons bicolores placés devant l'entrée de nombreux immeubles. Le gardien a un véritable don de conteur... mais il faut supporter son rythme lent.
Tout aussi captivante est sa vision du musée. Il apprécie particulièrement la salle consacrée au peintre Bruegel l'Ancien. On y suit le tout-venant. Son regard s'attarde sur ces collégiens pas très attentifs (plusieurs ne peuvent s'empêcher de tripoter leur téléphone portable). Passionnantes sont les explications données par la conférencière à un public d'adultes, détail croustillant à la clé.
Autant les gros plans sur les sculptures n'apportent à mon avis pas grand chose, autant les tableaux sont bien mis en valeur. De Bruegel toujours, on découvre Le Combat de Carnaval et Carême, Le Repas de noces (avec une prise de vue intelligente), l'inévitable Tour de Babel et Le Portement de croix, qui fut récemment l'objet d'un film du Polonais Lech Majewski.
Pour peu que l'on veuille accorder son attention à ce film étonnant, on appréciera la mise en valeur d'un patrimoine culturel et l'on suivra avec émotion cette amitié naissante.
19:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 22 décembre 2013
Wajma, une fiancée afghane
En réalité, cette Wajma n'est pas fiancée. C'est la petite amie du serveur d'un café branché de Kaboul. Elle est la fille d'un démineur, parti bosser dans le Sud du pays. Le petit copain, 25 ans, vit encore chez sa mère, avec son frère. Wajma, 20 ans, vit elle aussi chez ses parents, en compagnie de sa grand-mère et de son frère (qui passe ses journées en compagnie des pigeons... ou à des combats de chiens).
La première partie du film montre la romance entre les deux jeunes adultes citadins. Ils font penser aux ados de chez nous et à une France d'il n'y a pas si longtemps, quand une société patriarcale, verrouillée par l’Église catholique, encadrait strictement la jeunesse (les filles encore plus que les garçons).
Cette partie est assez convenue. Wajma est très naïve... et on perce facilement à jour le superficiel Mustafa. On comprend toutefois à quel point il est difficile d'être amoureux aujourd'hui en Afghanistan, même à Kaboul.
Le film gagne en intensité quand le père est de retour... et décide de "corriger" ce qui ne va pas. Et pourtant, ce n'est pas un taliban. Juste un père traditionnel, autoritaire, contaminé par les préjugés dominants, qui stipulent qu'un chef de famille place son honneur entre les cuisses de sa fille.
La troisième partie est pleine d'incertitudes. Va-t-on assister à un "crime d'honneur" ? Une vendetta contre l'ex-petit ami indélicat ? Un départ pour la campagne reculée ? Je vous laisse le découvrir.
L'histoire est prenante. Les interprètes sont bons. On peut toutefois signaler, ici ou là, une approximation technique (un micro qui dépasse de la cravate de Mustafa, un morceau d'habit visible dans le champ...), mais c'est quand même globalement un film bien fichu. Et les vues de Kaboul, en plein hiver neigeux, sont superbes.
P.S.
Je fais un peu la fine bouche, parce que l'année 2013 a été riche en films féministes et que celui-ci pâtit un peu de la comparaison avec Wadjda et Syngué Sabour.
23:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 21 décembre 2013
Loulou : l'incroyable secret
Le héros (prénommé en réalité Loudovic... le film est truffé de calembours) est un loup qui a été élevé parmi les lapins. Quand on découvre ceux-ci, on s'aperçoit que leurs grandes zoreilles font office de coiffure... ce qui aboutit à des arrangements parfois surprenants.
L'histoire démarre étrangement, avec une sorcière-bohémienne et un mystère qui entoure la naissance du héros. (Celui-ci a la voix de Malik Zidi, qui incarne un gentil flic dans La Marche.) Il part à la recherche de sa mère, qui serait une princesse, d'après un tableau la représentant.
Le film peut donc se lire à plusieurs niveaux. C'est une histoire d'amour filial et d'amitié, qui transcende les différences d'espèce. C'est aussi un petit polar, qui dénonce l'ambition politique et la cruauté.
C'est souvent drôle, avec quelques séquences particulièrement enlevées, comme celle qui se déroule chez le tailleur juif (un hérisson...). Il faut que l'angle de prise de vue change pour que l'on comprenne vraiment en quoi consiste "l'essayage" des tenues...
J'ai aussi aimé le périple de l'écureuil volant, porteur d'un message secret à destination d'un personnage mystérieux. A signaler aussi les clins d'oeil picturaux, dans la salle des portraits de famille (dans le château). Sont parodiées des oeuvres diverses, de Léonard de Vinci (par exemple La Dame à l'hermine) à Pablo Picasso.
L'histoire fourmille de trouvailles, de la forme de l'éperon rocheux sur lequel est logée la ville fortifiée au domptage des ours par le meilleur ami lapin en passant par l'action de Scarlett, une renarde ambiguë (à laquelle Anaïs Demoustier, récemment vue dans Quai d'Orsay, prête sa voix), qui sait comment mater n'importe quel loustic. (Les amateurs de félins ne seront pas dépaysés...)
Je pourrais continuer encore longtemps, en parlant du groupe de rebelles un brin pieds-nickelés, du majordome du prince, so British... sans oublier la police du régime, composée de véritables fouines :
Vous aurez compris que la galerie de personnages est riche, variée. J'ai été pris par cette histoire, qui mêle quête d'identité, amour, pouvoir et amitié. L'animation est de qualité (ce sont les mêmes producteurs que pour Zarafa), mais elle pourra paraître désuète à certains esprits formatés par les grosses productions numériques.
P.S.
Le site internet mérite le détour.
22:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 20 décembre 2013
Le Hobbit 2 : la Désolation de Smaug
L'an dernier, j'étais sorti assez déçu du premier volet de cette nouvelle trilogie. J'envisageais de ne pas aller voir la suite. Finalement, les extraits diffusés ici ou là ont eu raison de mes réticences. Va pour cette bande de nains... mais en 2D, parce que 2h40 de relief avec lunettes sur le pif, je peux pas !
Les scènes d'action m'ont paru plus réussies que dans l'opus précédent. Elles sont moins "épileptiques", plus agréables à suivre. Mention spéciale pour l'affrontement avec les araignées géantes, au début. Plus tard dans l'histoire, les nains, les elfes et le hobbit sont amenés à se battre contre les zorribles zorques. On a déjà vu, mais c'est toujours efficace. Le problème est qu'on n'y croit qu'à moitié : en deux heures de baston, aucun des "gentils" ne se fait tuer et Legolas hérite d'à peine une égratignure... et encore, c'est parce qu'il a affronté un super gros méchant de sa race, le genre de créature qui cause direct à Sauron !
Ah ben oui, c'est vrai : Peter Jackson a conçu cette nouvelle trilogie comme un (très) long prequel à celle du Seigneur des anneaux. Il a donc inséré dans l'histoire quelques séquences qui font bien comprendre au spectateur lambda que, attention, les aventures des nains ont beau avoir l'air extraordinaires, ce n'est que pet de lapin par rapport à ce qui attend nos héros. C'est là qu'un autre souci surgit : Gandalf a bien subodoré le complot qui se trame, mais il se fait piéger par Sauron et ses sbires... qui se contentent de l'emprisonner ! Ceci dit, ils auraient bien voulu le zigouiller, mais Jackson a fait les gros yeux : "Comment ça vous voulez trucider le mage ? Mais comment il va faire pour guider la communauté de l'anneau après ? Nan mais allô, quoi !" (Notez que le réalisateur néo-zélandais semble avoir une connaissance approfondie des programmes culturels français.)
Contrairement aux puristes, lecteurs acharnés des imbitables pensums romans géniaux de Tolkien, j'ai apprécié l'introduction du personnage de Tauriel (Evangeline Lilly... mmm). Cette Elfe des bois tourne les sens à ce benêt de Legolas, qui ne remarque même pas qu'elle en pince pour l'un des nains, un pas trop moche ni trop petit. Cela nous vaut un chassé-croisé amoureux pas très subtil, mais qui épice un peu l'histoire. Celle-ci est intéressante à suivre parce qu'elle juxtapose plusieurs trames, liées les unes aux autres.
Signalons une maladresse, concernant les dialogues en dialectes reconstitués, censés donner plus de réalisme à l'intrigue. Ils sont aussi (et logiquement) sous-titrés en français. Toutefois, quand on suit attentivement le déroulement de l'action, on s'aperçoit qu'ils ne sont pas toujours bien dosés. Je pense notamment à la scène qui voit Legolas rejoindre Tauriel. Comme ils sont seuls, ils se parlent d'abord en langue elfique. Mais, le dialogue se prolongeant, les scénaristes ont préféré repasser en anglais/français pour la suite de la scène.
Le film mérite quand même le détour pour la beauté de certains plans et l'incontestable virtuosité de la réalisation. Jackson cède encore parfois à la facilité de faire évoluer les nains comme naguère les membres de la communauté de l'anneau. Mais il faut reconnaître que la fuite en tonneaux, mêlant orques, nains, elfes, hobbit... et même humain, ne manque pas de souffle. Très inspirées sont aussi les séquences situées dans la ville lacustre, sorte de Venise décadente, placée sous la menace de la montagne au dragon.
On finit par découvrir Smaug le sentencieux, une énôôôrme bébête, avec une grôôôsse voix... et plein de jolies babioles tout autour. Evidemment, Bilbon (dont la relation au "précieux" est calquée sur ce que vivra plus tard Frodon) va réveiller le monstre. Evidemment, celui-ci va tenter d'écrabouiller la troupe de nains. Evidemment, il va échouer... et, tout à coup, voilà qu'il nous plante pour partir gambader dans les airs, direction la ville lacustre, où l'on sent que ça va chier grave.
Fin de l'épisode.
Comment ?? Ben oui, faut bien que le public ait envie de se ruer à la sortie du troisième !
P.S.
La version originale (hélas indisponible à Rodez, où l'on préfère gaver le public de pop corn) comporte une private joke. En effet, la voix du dragon y est assurée par Benedict Cumberbatch. La dernière partie du film met en scène son jeu du chat et de la souris avec Bilbon, interprété par Martin Freeman. Or, les deux acteurs sont de vieilles connaissances, puisqu'ils ont incarné respectivement Sherlock Holmes et le docteur Watson dans la version moderne des aventures des héros de Conan Doyle, produite par la BBC.
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mercredi, 18 décembre 2013
Je fais le mort
Ce n'est pas le genre de comédie qui me tente, d'habitude. Je ne suis pas un inconditionnel du réalisateur, Jean-Paul Salomé (qui s'en était moyennement sorti dans Les Femmes de l'ombre) et l'actrice principale (Géraldine Nakache, certes très mignonne) a plutôt tendance à jouer dans des films bas de gamme.
C'est la présence de François Damiens au générique qui a éveillé mon intérêt... et les échos que j'ai eus du film étaient bons. Va donc pour la comédie policière légère. Notons que les seconds rôles sont bien campés, avec notamment Anne Le Ny, une habituée de l'arrière-plan. (Passée derrière la caméra, elle nous a livré, il y a quelques années, le très touchant Ceux qui restent.)
La réalisation se fait parfois malicieuse. Ainsi, le film démarre sur une scène de crime et, si l'on s'est un peu renseigné avant de se rendre au cinéma, on déduit que le héros doit y occuper une fonction bien précise... qui n'est finalement pas celle à laquelle on a pensé ! La séquence se poursuit par un dialogue quasi surréaliste à propos de la manière d'ouvrir la portière d'une voiture... Même chose plus loin, quand l'acteur raté visionne un film en compagnie de ses enfants. On le sent fier de lui... mais la dérision va bientôt tout emporter.
C'est donc d'abord une comédie. Elle repose sur l'abattage de François Damiens, très bon en acteur raté, un brin vantard, pointilleux et contestataire. On rit de bon coeur à ses mésaventures... d'autant plus que le personnage n'est pas excessivement sympathique (au départ, du moins). Sa rencontre avec la juge d'instruction donne naissance à des étincelles... Le duo d'acteurs fonctionne bien, même si je n'ai pas toujours trouvé Géraldine Nakache crédible en magistrate.
Se greffe là-dessus une enquête policière, une histoire sordide de triple homicide dans une petite ville de province. Accessoirement, le film brosse un tableau sarcastique de ces territoires reculés, passés sous le contrôle politico-économique de potentats locaux. Cela donne plus d'épaisseur à l'histoire.
Là encore, scénario et réalisation sont habiles. Le coupable n'est pas celui vers lequel on porte d'abord nos regards... et l'affaire comporte des zones d'ombre que va tenter d'éclaircir la juge, associée de force à l'acteur devenu enquêteur bénévole... et incontrôlable.
C'est une comédie sympathique, sans prétention, qui vaut bien mieux que nombre de grosses machines ultramédiatisées.
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dimanche, 15 décembre 2013
La Reine des neiges
Disney marie tradition et modernité dans ce conte de fées musical parfois surprenant. Il se place dans la continuité de Il était une fois. Côté tradition, il a le dualisme bien/mal, ici illustré par l'opposition feu/glace : les deux soeurs (Anna et Elsa) sont de tempéraments très différents. Autant l'aînée est posée, responsable, autant la cadette est un feu-follet indomptable.
Dans la première partie du film, cela nous vaut de jolies scènes humoristiques, avec les héroïnes plus jeunes, la rouquine en gamine survoltée. (Petit clin d'oeil au passage : dans la galerie de portraits où elle gambade, elle salue celui de Jeanne d'Arc.)
La tradition Disney se vérifie au niveau du scénario, qui assigne comme but ultime à l'existence d'une princesse la rencontre du prince charmant. Fort heureusement (d'autres productions - comme les Shrek de DreamWorks - étant passées par là), le schéma va être un peu moins limpide qu'à l'accoutumée. Se greffe là-dessus la mode des comédies musicales. Ces chansons ont tendance à me gonfler mais, au moins, dans la plupart des cas, elles sont courtes.
L'histoire accorde une large place aux personnages animaliers, au sens large. J'ai bien aimé le cheval du prince, que l'on voit hélas assez peu. Il joue un rôle crucial dans la rencontre de son maître et d'Elsa d'Anna la rouquine, dans une séquence vraiment très drôle.
Plus fréquent à l'écran est le renne Sven, qui ne parle pas (tout comme le cheval), mais qui est diablement expressif :
Il est le compagnon fidèle, le seul véritable ami, le conseiller et, quand il le faut, le destrier de cet anti-prince charmant qu'est le vendeur de glaçons Kristoff. L'une des trouvailles des scénaristes et d'avoir imaginé des scènes de dialogue entre l'animal et son maître, celui-ci faisant les deux voix, l'animal acquiesçant quand sa "partition" est correcte.
Mais le clou du casting est incontestablement Olaf, un bonhomme de neige quasi indestructible... et sacrément causant :
Chacune de ses apparitions est source de drôlerie. Il est une sorte de mélange de Sid et de Scrat (de L'Age de glace), en plus sympathique.
L'intrigue est bien construite, intelligente sur le fond. Plusieurs comportements sont dénoncés, comme l'ambition dévorante, la malhonnêteté, la crédulité du peuple... et de la jeune Elsa, qui va apprendre à ne pas se fier aux apparences.
Quant à nous les adultes, nous pouvons jouir de la qualité de l'animation, en particulier quand Anna Elsa exerce ses pouvoirs. Les formes glaciaires auxquelles elle donne naissance sont magnifiques. On appréciera aussi la "belle âme" des deux héroïnes (qui ne sont pas sans ressembler à la princesse Raiponce et à Merida la rebelle). Cela qui nous change des héros masculins, qui sont trop souvent des enfants capricieux.
PS I
Le film est précédé d'un court-métrage surréaliste, hommage aux débuts du dessin animé, avec Mickey, Minnie et Pat Hibulaire.
PS II
Ne partez pas trop vite à la fin. Le générique comporte une mention inattendue (en anglais), précisant que la Walt Disney Company ne partage pas les propos tenus par Kristoff. Lors de leur première rencontre, celui-ci affirme à Elsa Anna que tous les hommes mangent leurs crottes de nez. (C'est un passage qui a fait sursauter certains parents dans la salle... mais les gosses ont kiffé !)
PS III
Ne partez pas encore. Une fois le générique déroulé, une scène bonus nous est offerte, avec un personnage (dont je n'ai pas parlé dans mon billet) qui joue par instants un rôle important dans l'histoire...
14:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 13 décembre 2013
Le Médecin de famille
Argentine, deuxième moitié des années 1940. La communauté germanophone, ancienne (elle remonte au XIXe siècle), vivante, se voit renforcée par de nouveaux arrivants, assez mystérieux et dotés de gros moyens financiers. Dans une propriété, des individus se font opérer du visage.
A proximité de là, un couple d'Argentins moyens tente de relancer un hôtel. Leur premier client est un étrange vétérinaire allemand, un certain Helmut. Il est calme, froid, sûr de lui. Il semble se prendre d'affection pour la fille des hôteliers, qui souffre d'un déficit de croissance... et il veille à ce que l'épouse, enceinte, ne se surmène pas.
Ach mais, gue foulez-fous, jazez le nadurel, il refient au qualop ! Le médecin parle de "sang" et de "race"... et son carnet contient de bien étranges dessins. Il est fasciné par les jumeaux. En ville, il côtoie un groupe qui a des correspondants dans plusieurs pays étrangers... et veille à faire disparaître certains documents compromettants.
L'histoire est faite de deux intrigues : les soins apportés par Helmut-Mengele aux enfants du couple hôtelier et la menace que sa véritable identité ne soit découverte. Dans le rôle de l'ancien médecin d'Auschwitz-Birkenau, Alex Brendemühl (déjà remarqué dans Insensibles) est excellent de rigueur et de retenue. La réalisatrice Lucia Puenzo nous laisse dans l'expectative quant à sa relation avec la fille des hôteliers. Elle la moquée, la rejetée s'accroche comme à une bouée à cet homme qui la traite avec considération. Lui la voit d'abord comme un sujet d'étude, mais il devient évident que l'ancien tortionnaire nazi se prend d'affection pour cette gamine blonde de douze ans.
Le film gagne en profondeur quand les poupées entrent en scène. Mengele se révèle entrepreneur, souhaitant aider les hôteliers à atteindre l'aisance financière. Mais quel malaise éprouve-t-on lorsqu'on découvre l'atelier de fabrication, où les corps démembrés sont exposés aux yeux de tous ! On ne peut pas ne pas faire le lien avec les camps. C'est un moment particulièrement fort.
Une bibliothécaire opiniâtre va faire basculer l'intrigue, un peu par hasard. On la voit copier des documents voués à disparaître, draguer un sympathisant nazi... et donner de mystérieux coups de téléphone, dans une langue inconnue.
Je vous laisse découvrir le dénouement. Les deux histoires restent liées presque jusqu'à la fin. Le tout est accompagné d'une musique judicieuse, qui joue sur l'inquiétude et l'émotion.
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jeudi, 12 décembre 2013
Quai d'Orsay
J'ai enfin pu voir cette comédie politique signée Bertrand Tavernier. Je précise que je n'ai lu de la bande dessinée que les extraits qui étaient parus jadis dans Le Monde Magazine (l'ancienne mouture, avant que cela ne devienne un aspirateur à publicités chicos).
Thierry Lhermitte est bien rentré dans la peau d'Alexandre Taillard de Worms - Dominique de Villepin, bien entendu. Toutefois, au début, j'ai eu du mal. Je trouve que le premier entretien entre le ministre et son futur collaborateur manque de naturel. Cela s'arrange par la suite.
Le coup des feuilles qui s'envolent à chaque passage de Taillard de Worms est bien trouvé, tout comme l'accentuation du bruit de claquement de porte. C'est d'ailleurs d'une violence telle que la production a cru nécessaire de préciser, au bout du générique de fin, qu'aucune porte n'avait été blessée ou maltraitée durant le tournage... Bien trouvé aussi est le montage accéléré, associé à l'écran partagé, qui permet de rendre compte du rythme effréné que le ministre impose à ses collaborateurs.
L'histoire vaut aussi pour la peinture de l'envers du décors, de ces petites mains du ministère qui font tourner la machine... ou qui compliquent son fonctionnement. Quelle bureaucratie, mes aïeux ! Cela nous vaut une belle galerie de portraits, avec Thierry Frémont en conseiller paillard aux costumes improbables, avec Julie Gayet, spécialiste de l'Afrique... et des "coups de pute" ou encore Bruno Raffaeli en Henry Kissinger du pauvre. Je dois reconnaître que je suis aussi tombé sous le charme d'Anaïs Demoustier (remarquée dans L'Année suivante et L'Hiver dernier), qui donne vraiment envie de retourner à l'école primaire !
On s'est beaucoup émerveillé de la performance de Niels Arestrup, en directeur de cabinet patelin, faussement soumis... et au bras long comme le viaduc de Millau. Je trouve qu'il n'égale pas Michel Blanc dans L'Exercice de l'Etat. Plus drôle est son voisinage avec un adorable matou ronronnant, cadeau de son prédécesseur, qui lui a aussi laissé une horrible paire de baskets... qui moisissent dans le coffre-fort, en compagnie du brouilleur de communications !
C'est à la fois drôle et terrible. Drôle parce que le ministre Matadore (adepte de la religion du stabilo) emporte tout sur son passage, avec une mauvaise foi assumée. Terrible parce que l'on se dit qu'une énergie folle est dépensée en actions inutiles. On remarque l'importance accordée aux discours et aux déclarations, comme dans le (médiocre) documentaire de Patrick Rotman, Le Pouvoir.
Il reste le morceau de bravoure, peut-être la seule chose importante que l'histoire retiendra des douze années de présidence Chirac : l'opposition à la politique irakienne des Etats-Unis, dont l'acmé est le discours de Villepin aux Nations Unies.
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mercredi, 11 décembre 2013
As I lay dying
Une mère de famille est sur le point de mourir, chez elle, en pleine cambrousse, dans le Sud des Etats-Unis. Le mari la veille, pendant que l'un des fils entreprend de fabriquer son cercueil, sous sa fenêtre. Le reste de la famille est composé de personnages en apparence normaux, mais qui tous cachent un secret.
Pour respecter les supposées dernières volontés de la défunte, père et enfants s'embarquent avec son cadavre dans le cercueil pour un cimetière urbain. Mais leur parcours sera semé d'embûches. Ils vont devoir lutter contre les éléments naturels (orage, rivière) et se méfier de certaines rencontres. Cependant, le pire ennemi est sans doute celui de l'intérieur.
Le père est énigmatique. Il semble religieux, comme tout un chacun dans la région, qui a sa citation de la bible à la bouche. Mais, entre les paroles et les actes, il existe parfois un fossé. Alors que ce personnage joue un rôle crucial, je n'ai pas du tout aimé l'interprétation de Tim Blake Nelson. On sent à l'écran qu'il a du mal à supporter ses prothèses (Anse Bundren est censé avoir perdu presque toutes ses dents) et il est parfois très difficile de le comprendre, tant il articule mal.
Du côté des enfants, on a une brochette d'esprits égarés, entre la fille qui cherche à se faire avorter, l'aîné, le charpentier boy scout, le cadet beau gosse qui va se révéler à moitié cinglé et l'avant-dernier garçon (résultat d'une relation adultérine avec un pasteur), obnubilé par son cheval...
A noter que le son est travaillé, l'image soignée... mais que c'est lent ! Le réalisateur se regarde tourner son film... et il aurait dû retravailler certains dialogues. Du coup, j'ai piqué du nez, par instants.
ATTENTION !
LA SUITE REVELE DES ELEMENTS CLES DE L'INTRIGUE
Quel est le bilan de l'histoire ? Eh bien, le père est un hypocrite, une fripouille. Il n'est même pas sûr que son épouse ait voulu être enterrée dans cette ville. Par contre, lui y entretenait une relation adultère. Il a donc profité des funérailles pour venir chercher sa nouvelle femme... et se faire poser de beaux appareils dentaires. Par contre, ses enfants sortent de là sérieusement amochés. La fille s'est de nouveau fait violer. Le fils aîné a perdu une jambe. Le cadet est arrêté par la police... et le troisième a dû céder son cheval pour financer l'expédition du père (qui ne lui a pas demandé son avis). Sur le fond, c'est cinglant, mais que de méandres pour en arriver là !
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dimanche, 08 décembre 2013
La Marche
Avant même d'avoir vu le moindre extrait du film, j'ai entendu les déclarations de certains de ses promoteurs... et cela ne m'a pas incité à me précipiter au cinéma. J'ai eu l'impression qu'on nous proposait un long prêchi-prêcha antiraciste, sans doute mal fagoté... eh bien j'avais (en partie) tort.
C'est un vrai film, avec une histoire qui tient la route (si j'ose dire) et de bons acteurs. Deux personnages jouent un rôle moteur : le jeune Mohamed et le père Dubois. Le premier est incarné avec talent par Tewfik Jallab, qui redonne vie au pacifique et charismatique Toumi Djaidja :
Quant à Olivier Gourmet (le père Dubois), il confirme une fois de plus l'étendue de son talent, déjà perceptible dans des films comme Mesrine, Venus noire ou L'Exercice de l'Etat.
C'est une comédie dramatique. Elle évoque un aspect sombre de l'histoire contemporaine française, les crimes racistes (certains étant des bavures policières). Cela commence fort, avec une poursuite nocturne, sur fond d'Hexagone de Renaud. Régulièrement dans le film, des extraits de journal télévisé et des listes de noms évoquent les victimes, quasi exclusivement de sexe masculin. Mais certains personnages féminins vont aussi subir des violences, au premier rang desquels la jeune Monia :
Incarnée par Hafsia Herzi (déjà vue par exemple dans Héritage), elle est la fille modèle d'immigrés, réussissant à l'école (elle va entrer en licence... rappelons que nous sommes dans les années 1980) et n'ayant pas jusque-là trop cherché à faire la bringue. Pour elle, cette marche est celle de l'émancipation de la tutelle familiale, de la découverte de l'amour (métissé) et de l'engagement politique. Les scénaristes ont été assez habiles pour ne pas en faire une sainte laïque : elle a ses préjugés, ce dont l'un des personnages va se rendre compte à la fin de l'histoire.
Les relations homme-femme (et femme-femme...) sont souvent traitées sous l'angle de la comédie. Deux personnages masculins sont des usines à gags. Le premier d'entre eux est Farid, un gros lard complexé.
Au départ, on pense qu'il va être en quelque sorte le souffre-douleur du film. Il est velléitaire, n'a sans doute jamais eu de petite amie... et l'on va vite découvrir qu'il sent très fort des pieds ! Là aussi, le portrait se nuance. N'ayant pas le charisme des meneurs la marche, il va se mettre à coucher ses impressions sur le papier, au quotidien. Il va réussir à gagner le respect de son père (interprété par l'excellent Simon Abkarian - revoyez L'Armée du crime).
Évidemment, dès qu'il est question d'humour et de banlieue, débarque l'inévitable Jamel Debbouze, qui de surcroît coproduit le film. Purée, il en fait des tonnes... Je reconnais que, parfois, ça marche mais, le plus souvent, il se complaît dans cette caricature de racaille (supposée) sympathique qui m'horripile.
On a quand même d'agréables surprises du côté des personnages masculins. Je pense en particulier au conducteur du fourgon, papy René (Philippe Nahon, un habitué des seconds rôles tonitruants) et au jeune Sylvain (Vincent Rottiers, découvert dans L'Ennemi intime et vu récemment dans L'Hiver dernier), qui veut se barrer des Minguettes et, par la suite, fait les yeux doux à la ravissante Monia... Pour lui aussi, cette marche sera un apprentissage de la vie.
En face, certains personnages féminins ont un caractère bien trempé. On pense bien sûr à Kheira, la tante de Monia. Elle est incarnée par Lubna Azabal (rappelez-vous, Incendies...). C'est sans doute la plus forte personnalité de l'histoire, femme indépendante, militante convaincue... mais diablement seule au fond. Elle est à la fois attachante, énervante... et contradictoire : comment peut-elle défendre le caractère laïc de la marche avec un turban sur la tête ?
Et l'histoire, dans tout ça ? Elle démarre quand Mohamed, de retour de l'hôpital, décide de lancer une action non violente pour dénoncer le racisme. Les neuf des Minguettes rejoignent Marseille, où ils découvrent des quartiers plus délabrés que le leur. De là part officiellement la marche, qui ne rencontre pratiquement aucun écho. Après bien des galères, l'arrivée à Lyon symbolise le début du succès, avant le triomphe parisien. Entre temps, la manifestation aura été étroitement surveillée (y compris de l'intérieur) par des policiers des Renseignements généraux, l'un d'entre eux sympathisant même avec le mouvement.
Le film est plus dans le registre commémoratif que dans le questionnement politique. On l'a accusé d'être orienté. Il ne fait pas la propagande du PS, la marche se voulant apolitique, refusant toute pancarte partisane (celles du PS sont exclues de la manif). Mais l'on voit bien que plusieurs élus socialistes ont soutenu le mouvement (sur la fin). De plus, la présidence Mitterrand bénéficie d'une aura particulière.
Plus intéressante est la scène qui voit les marcheurs se faire "descendre", en plein amphithéâtre, par des militants antiracistes "professionnels", issus des "minorités visibles". On reproche à Mohamed d'être le fils d'un harki, mais on sent que, dans la salle, certaines personnes sont surtout dépitées de voir une bande d'amateurs attirer les projecteurs. Cela annonce un peu la suite, puisque les marcheurs n'ont pas fait partie des fondateurs de SOS Racisme.
Trente ans après, la situation a changé parce que c'est surtout le chômage et le sentiment d'exclusion qui frappent les enfants d'immigrés. La police de 2013 n'est plus celle de 1983. Dans les quartiers, les morts sont plutôt le fait des délinquants que la population côtoie au quotidien...
P.S.
Sur le site Allociné, les internautes peuvent noter les films qu'ils ont vus et ainsi inciter les autres à aller les voir ou à les éviter. Ceux qui lisent les appréciations depuis assez longtemps se sont rendus compte que bon nombre de notes ne sont pas révélatrices de la qualité d'un film.
Certains comptes d'internautes ont été créés spécifiquement pour valoriser les produits diffusés par telle ou telle boîte... sans parler des acteurs, de leur famille et des copains qui tentent d'assurer par avance le succès du film dans lequel tourne un proche, en lui attribuant un maximum d'étoiles.
L'effet inverse peut se produire... et je crois que c'est le cas pour La Marche. La plupart des commentaires négatifs sont le fait d'inscrits de fraîche date ou de personnes qui ne parlent de presque aucun film. D'ailleurs, à lire le contenu des critiques on s'aperçoit que la très grande majorité d'entre eux n'a sans doute même pas vu La Marche qui, sans être un chef-d’œuvre, est bien plus nuancé que ce que ses contempteurs affirment.
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samedi, 07 décembre 2013
Amazonia
Ce documentaire-fiction est signé Thierry Ragobert, à qui l'on doit aussi le superbe Planète blanche. C'est une fiction parce que les animaux montrés à l'écran ont été "mis en scène". On a sollicité certaines scènes... ou pratiqué un montage particulier pour en modifier d'autres. Sinon, ce sont de vrais animaux, dans leur environnement naturel (la jungle amazonienne). Ce projet est l'aboutissement de plus de quatre ans de travail.
L'histoire commence par un accident d'avion, dont le pilote sort miraculeusement indemne. Il quitte les lieux, abandonnant la cargaison... qui contient un singe capucin en cage, le héros du film :
Je pense qu'il a dû y avoir un casting, parce que celui qui a été choisi est un sacré numéro. Il est particulièrement expressif, dans la peur comme dans la joie... et quel gourmand ! Il est aussi mis en valeur par l'image et le son. On sent qu'un gros travail a été effectué. Les animaux sont filmés en plans larges, gros plans et très gros plans, si bien que l'on distingue leur grain de peau et même la racine des poils (pour ceux qui en ont). C'est impressionnant, magnifique à voir. Et quel son !
Très vite, le capucin (appelons-le Albert) va recevoir de la visite. A l'écran, on distingue de longues queues touffues qui émergent de la végétation... des coatis !
Ils viennent promener leur museau dans la carcasse, en quête de nourriture... et ils vont y mettre le souk ! Il ne semble pas qu'Albert (notre héros, rappelez-vous) ait quelque chose à craindre d'eux... mais sait-on jamais.
Une fois ces drôles de visiteurs partis, il se décide à sortir de l'avion pour trouver de quoi manger. Il va être aidé par l'action de superbes oiseaux, les toucans :
Comment vont-ils être utiles à Albert ? Simplement parce que, quand il se nourrit, un toucan, c'est... tout con. (Vue dans le contexte, elle n'est pas si mauvaise que ça !) Le capucin, observateur, finit par comprendre que, dans les morceaux relâchés par les oiseaux, il peut trouver de quoi satisfaire sa faim.
Attention toutefois, parce qu'au sol, dans l'eau comme dans les airs, des prédateurs rôdent. Il croise d'abord un anaconda, indolent et impressionnant à la fois.
Albert ne s'attarde pas, et il a bien raison. Il finit par atterrir sur un îlot de branchages, dérivant sur un cours d'eau où évolue une troupe de crocodiles :
Mais, avec un minimum de prudence, il est assez facile d'échapper à ces deux premiers prédateurs. Les rapaces sont beaucoup plus habiles. On rencontre successivement le vautour moine...
... et l'aigle harpie :
Le film montre ce dernier en pleine chasse. A ce moment de l'histoire, Albert a rejoint une colonie de singes, où il s'est fait des copains (voire une copine), avec qui grignoter une sauterelle au coin d'un tronc d'arbre. Le réalisateur a réussi à saisir le rapace en pleine approche, ailes déployées, tel un avion de chasse de la Seconde guerre mondiale.
Au sol, la menace se précise aussi. Albert n'est pas aussi aguerri que ses nouveaux compagnons... et il semble oublier le reste du monde quand il est train de se bâfrer. C'est le moment choisi par un jaguar pour débarquer :
De loin, il a l'air mignon tout plein, le gros minou tacheté. De près, c'est un molosse affamé et ses coups de griffes sont mortels.
Fort heureusement, tous les habitants de la forêt ne sont pas aussi agressifs. Le capucin croise ainsi des tamanoirs, dont la principale occupation est la recherche de fourmilières :
Mais c'est un occupant des eaux qui va le plus surprendre Albert : le dauphin rose
Au départ, il semble n'être qu'une ombre menaçante de plus... jusqu'à ce qu'il décide de s'amuser un peu, ayant trouvé un nouveau compagnon de jeu. Attention, ça mouille !
La fin du film (exempt de commentaires) prend un tour plus ouvertement écologiste, avec la dénonciation de la déforestation. (On rejoint le récent Il était une forêt, plutôt consacré aux végétaux.)
P.S.
Le site du film est particulièrement bien conçu. Il contient notamment un passionnant dossier de presse, dont sont extraites les photographies de ce billet.
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jeudi, 05 décembre 2013
Last Vegas
Faut-il fuir ce qui ressemble à un gros attrape-nigaud cinématographique, un "machin" qui tente de recycler le film de "murge" à la sauce troisième âge ? La réponse n'est pas évidente.
Notons que cela part bien. Les quatre potes sont présentés dans l'enfance à l'aide de photographies, principalement sorties d'un photomaton. Les gamins sont marrants et l'aspect sépia colore la séquence d'une pointe de nostalgie pas déplaisante.
Ensuite, retour sur terre avec nos septuagénaires pas bien vaillants. On reste dans la comédie bon enfant avec le vieux beau qui va convoler avec une jeunette (Michael Douglas, nouvelle victime expiatoire de la chirurgie esthétique), le toutou à sa mémère qui rêve de tirer un bon coup en toute liberté (Kevin Kline, qui en fait des tonnes), le papy gâteau au bord de l'arrêt cardiaque (Morgan Freeman, très bon)... et le veuf inconsolable (Robert de Niro, sobre, efficace... cela nous change de ses rôles de beauf), harcelé par une voisine pleine de bonnes intentions... mais vraiment casse-couilles.
On rit de bon coeur et certaines situations comme certaines répliques font mouche. Ainsi, chaque coup de fil est interprété par les membres du quatuor comme l'annonce d'une mauvaise nouvelle : décès d'une connaissance, déclaration d'une maladie incurable etc. L'annonce du mariage de Billy/Douglas fait l'effet d'une bombe. Quand il apprend l'âge de la future (31 ou 32 ans), Archie/Freeman ne peut s'empêcher de faire remarquer que son hémorroïde est de la même année...
Plus subtile est la manière dont deux des compères vont convaincre Paddy/De Niro de les accompagner à Las Vegas (mention spéciale à Morgan Freeman). C'est sur place que cela se gâte.
Pour appâter les (jeunes) mâles hétérosexuels, on a peuplé les séquences suivantes d'une foule de "bombasses" d'origines diverses, mais toutes à la poitrine opulente (et vaguement dissimulée). Les dialogues sont tout à coup moins réussis. Alors qu'auparavant, l'histoire jouait habilement avec les clichés, désormais elle s'y enlise. J'ai quand même savouré l'élection des miss, qui surnage dans un océan de médiocrité.
C'est la découverte progressive d'une partie du passé qui relance l'intérêt du film. On apprend que derrière l'animosité que Paddy éprouve pour Billy, il y a une histoire d'amour un peu complexe. De Niro m'a particulièrement touché dans le rôle de l'homme d'une seule femme, à qui certaines choses ont échappé.
Se greffe là-dessus une idylle avec une ancienne experte-comptable, devenue chanteuse de cabaret... qui a elle aussi sacrifié au dieu bistouri (de manière heureusement moins ravageuse que Michael Douglas).
Je pense ne rien dévoiler d'essentiel en affirmant que cela se finit bien pour les quatre lascars. C'est sympathique, sans plus. N'y allez pas en croyant profiter d'une super comédie régressive, politiquement incorrecte.
20:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film