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vendredi, 18 novembre 2011

Contagion

   Pour se mettre dans l'ambiance de ce film, il faut imaginer une suite virtuelle à L'Armée des douze singes : le scientifique fou a réussi à mettre en oeuvre son projet de dissémination des germes, et le monde va subir une terrible épidémie... sauf qu'ici la cause est accidentelle.

   C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film : découvrir, au fur et à mesure que l'enquête épidémiologique progresse, le chemin pris par la contamination, jusqu'à parvenir à remonter au "moment zéro". Je trouve néanmoins que le scénariste n'a pas assez exploité cet aspect de l'histoire.

   C'est d'abord une tranche de vies (pas du niveau de Short Cuts toutefois), un film sur l'humain de base confronté à une catastrophe sanitaire. Certains se révèlent être médiocres, d'autres des salauds, d'autres encore des héros. Le paradoxe est que ces humains ordinaires sont incarnés par une brochette de vedettes : Matt Damon (au poil en Américain moyen), Kate Winslet (mon kiff perso), Laurence Fishburne (très bon), Gouinette Patrop (qui joue juste, dans un rôle difficile), Jude Law, en internaute justicier à la noix et Marion Cotillard, un peu transparente en technocrate de la médecine au grand coeur.

   Si le déroulé de l'intrigue n'a rien de transcendant, le traitement est rigoureux, soigné, efficace (didactique même, pensent certains spécialistes), sans recherche d'effet catastrophe. C'est très bien joué... et, face aux stars, c'est une actrice méconnue qui remporte le ponpon, avec le rôle-clé.

   Le soir, après un bon repas, cela permet de digérer agréablement. Sans plus.

00:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 12 novembre 2011

Une Vie avec Oradour

   Ce documentaire est consacré, comme son titre l'indique, au massacre d'Oradour-sur-Glane. Il n'est pas le premier (et sans doute pas le dernier). Le réalisateur a donc adopté une démarche originale, comme il l'explique dans le passionnant dossier de presse publié à l'occasion de la sortie du film : il suit l'un des deux derniers rescapés encore en vie, Robert Hébras (auquel Libération a récemment consacré un joli portrait). Celui-ci raconte donc cette journée comme il l'a vécue.

   D'autres témoins ont été sollicités. Au final, le film réussit le tour de force de raconter de manière objective un événement, à partir de visions subjectives.

   Ceux qui se sont déjà rendus dans le village en ruines (dont une reconstitution en images de synthèse a été réalisée) reconnaîtront certaines rues et certains bâtiments. A travers les descriptions du rescapé, on suit à la fois le déroulement du massacre et son parcours de survie.

   La deuxième partie du film est consacrée à l'après-guerre. Le village est reconstruit à côté, laissant les ruines en place. Il faut vivre avec la douleur, l'absence des êtres aimés. Les survivants se font passeurs de mémoire. On suit l'évolution de Robert Hébras, dont on comprend qu'il fut sans doute longtemps germanophobe, avant de pouvoir faire la distinction entre les criminels de l'époque et les Allemands d'aujourd'hui. A ce sujet, une séquence émouvante le montre en compagnie d'un groupe d'élèves venus d'Allemagne avec leurs enseignants. C'est l'un des très beaux moments du film.

   On peut aussi y dénicher quelques "perles", comme ces extraits d'un documentaire allemand (eh oui !) tourné il y a plus de vingt ans. On y voit un Robert Hébras plus jeune présenter une partie des ruines devant des journalistes venus d'outre-Rhin. On y voit aussi l'un des responsables du massacre, Heinz Barth, aujourd'hui décédé. Il se déclarait très surpris d'apprendre qu'il y avait eu des survivants...

   Cela nous amène au procès de 1953, qui a vu s'opposer deux mémoires des victimes : celle des habitants d'Oradour et celle des "Malgré-nous", Alsaciens et Mosellans engagés de force dans l'armée allemande (voire les SS) : 13 d'entre eux (dont un engagé volontaire) étaient membres de la troupe qui a perpétré le massacre.

   Pour complexifier le tout, ajoutons que, parmi les 642 victimes, figurent des réfugiés originaires d'Alsace-Moselle (n'oublions pas que ces deux territoires ont subi, en 1940, une nouvelle annexion allemande), notamment du village de Charly, situé à proximité de Metz. A sa demande, il obtint de changer son nom en Charly-Oradour.

   Même si le film est bien fichu, je pense que rien ne remplace la visite des lieux. L'accès aux ruines est gratuit. Sur certains bâtiments, des plaques apportent des éléments d'explication. Mais peut-être vaut-il mieux commencer par la visite du Centre de la mémoire, qui explique le contexte du massacre et élargit à toute la Seconde guerre mondiale (et au-delà).

vendredi, 11 novembre 2011

Ici on noie les Algériens

   C'est un documentaire consacré au massacre du 17 octobre 1961, à Paris. Ce n'est toutefois pas une enquéte exhaustive sur les tenants et les aboutissants de l'événement. Le film prend la forme d'un déroulé chronologique, qui s'appuie sur des documents d'époque et les témoignages de rescapés et de proches des victimes.

   Premier constat : c'est fou ce que l'on peut retrouver comme images d'archives ! Si, en France, le bilan de ce massacre a été longtemps occulté, force est de constater que la manifestation comme la répression, même atténuée, sont présentes dans les médias de l'époque.

   On pourra regretter que la réalisatrice (qui s'est auparavant intéressée aux massacres de Sétif) n'ait pas choisi de consacrer davantage de temps au contexte de la manifestation : la guerre d'Algérie finissante. Cela aurait permis de mieux cerner les motivations des autorités de l'époque. On se place tout de même dans une séquence hyperviolente, commencée le 8 mai 1945 (et à la Toussaint 1954 pour la guerre en tant que telle). N'oublions pas non plus que, pour l'Etat français, "l'affaire algérienne" est officiellement une série d'opérations de maintien de l'ordre, pas une guerre (dont l'existence n'a été reconnue qu'en 1999...).

   Les moments que j'ai trouvés les plus intéressants sont cependant les témoignages (contemporains) des femmes, sur le déroulement de la manifestation, la répression, leur vie sans leur mari, leurs démarches pour le retrouver. Certaines font même parfois preuve d'un humour étonnant. (On peut en lire d'autres sur un site dédié au 17 octobre 1961.)

   Reste que le film m'est apparu long. Il ne dure pourtant qu'1h30, mais je dois avouer que, durant la première partie, il m'est arrivé de piquer du nez ! C'est, je pense, une des limites du documentaire cinématographique. Un format de 45-50 minutes est plus adapté. Sauf exception, la télévision se prête donc mieux à sa diffusion. Pour maintenir l'intérêt sur une plus longue durée, il faut que le documentaire soit porté par une verve polémique talentueuse, ou qu'il soit d'une exceptionnelle qualité. Ce n'est pas le cas ici. C'est un travail intéressant, sans plus.

14:35 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 05 novembre 2011

L'Exercice de l'Etat

   Ce titre étrange, sur lequel butent nombre de spectateurs, est (à mon avis) le résultat du téléscopage de deux expressions : "l'exercice du pouvoir" et "le service de l'Etat".

   A priori, on assimile l'exercice du pouvoir aux postes ministériels et le service de l'Etat aux hauts fonctionnaires. Mais, un bon ministre ne doit-il pas avoir le sens de l'Etat ? Un haut fonctionnaire n'exerce-t-il pas une partie du pouvoir ? D'où le mélange.

   Le film tourne autour de deux personnages principaux, le ministre, auquel Olivier Gourmet donne son corps et son tempérament, et le directeur de cabinet, incarné par un Michel Blanc d'une éblouissante sobriété.

   Le ministre est membre d'un gouvernement "PR". Il ne s'agit bien évidemment pas de feu le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, qui s'est fondu dans l'UMP. Le PR est donc un avatar du parti présidentiel. Mais le héros n'en est apparemment pas membre... ou à moitié. On lui prête une sensibilité plus centriste. On pourrait le rapprocher du Parti radical valoisien ou, à la rigueur, du Nouveau centre.

   Le directeur de cabinet est sans aucun doute un ancien membre de l'ENA. (Jean-François Carenco a-t-il servi de modèle ?) Il en a la componction et les réseaux. C'est aussi incontestablement un gaulliste. L'une des plus belles scènes du film nous montre Michel Blanc en train de s'habiller au son du (superbe) discours prononcé par André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin.

   Gilles-Michel Blanc agit dans l'ombre. Il connaît presque tout le monde, dans le gouvernement et en dehors. Mais il n'utilise pas ces réseaux pour servir ses intérêts (contrairement à l'un de ses camarades de promotion, une fripouille que Didier Bezace est chargé de rendre sympathique). Il nous est présenté comme un quasi-moine-soldat républicain. L'opinion commune aurait pu conduire les scénaristes à faire de ce personnage quelqu'un de plus malfaisant. C'est au contraire, à mon avis, des puissants qui nous sont montrés, le plus honnête et le plus noble. Toute la haute fonction publique n'est hélas pas faite du même métal...

   Face à lui s'agite Bertrand Saint-Jean, un type sympathique, aux idées généreuses, bosseur, pas frimeur... mais quand même ambitieux et un peu hypocrite... "qualités" indispensables à qui veut aujourd'hui faire carrière en politique, semble nous dire le réalisateur... On n'est pas obligé d'adhérer au propos.

   Autour d'eux gravitent les huiles, les sous-fifres et les gens "normaux".

   On entraperçoit les "huiles" à plusieurs reprises. On retiendra tout particulièrement Stéphane Wojtowicz, très bon en président de la République. On nous a épargné le portrait d'un agité bling bling. On nous propose la vision d'un politique manipulateur... tout de même obsédé par la consultation de son téléphone portable.

   Voilà un objet dont le réalisateur a su faire un argument cinématographique. Presque tous les personnages sont équipés d'un "smartphone", qu'ils consultent le plus souvent possible (au point qu'au cours d'une réunion confidentielle, le Premier ministre prenne la peine d'interdire aux participants de le maintenir allumé). A intervalles réguliers s'affichent sur l'écran les textos reçus ou envoyés et les dépêches AFP. Ils contribuent à relancer l'action ou lui donnent une profondeur inattendue.

    Une remarque sur le style : c'est du cinéma de bonne facture, soigné, qui privilégie le réalisme... à quelques exceptions près : quelques moment oniriques (qui ont beaucoup excité la critique...) ont été intercalés. Ils ne sont pas inintéressants, mais n'apportent pas grand chose au film, selon moi.

    Pas très loin des dirigeants, on rencontre les sous-fifres, les intrigants. Le film ne met en lumière que certains d'entre eux, pas de manière très flatteuse. On doit distinguer l'entourage du président de la République et du Premier ministre, plus distant, de celui du ministre (plutôt hétéroclite), avec lequel on nous familiarise. (On peut s'amuser à essayer de trouver des correspondances avec l'ancien cabinet de Jean-Louis Borloo.)

   Enfin, à l'arrière-plan, se profilent les "gens du peuple" (90 % de la population tout de même !). Ils sont incarnés par des manifestants hargneux et un couple, dont l'homme devient chauffeur du ministre. La séquence la plus marquante est celle de la soirée durant laquelle le ministre, esseulé, partage le repas de ce couple et engage, à moitié ivre, un débat avec son hôtesse, qui lui "rentre dans le lard".

   Si cette séquence est formellement réussie, sur le fond, elle ne m'a pas beaucoup plu. Elle est construite sur un postulat favorable au ministre : le pauvre gars est tout seul, il n'a pas d'ami, mais voyons c'est un type bien qui veut servir son pays. On ne donne pas assez la parole aux vraies gens dans ce film. Il aurait pourtant été possible de tracer un parallèle entre la vie sans paillettes des Français moyens et celle de ceux qui évoluent dans le tumulte politico-médiatique.

   On perçoit clairement le parti-pris de la réalisation lorsque le ministre se trouve confronté à des manifestants (de la CGT principalement : on prend soin à ce que les drapeaux rouges soient visibles à l'écran), qui menacent de le bloquer. On ne saura pas vraiment pourquoi ces hommes et ces femmes se comportent ainsi, mais on est vraiment content que le ministre s'en sorte !

   C'est au second degré qu'une critique est émise. On peut ainsi analyser l'accident de voiture de manière métaphorique : de la même manière que le choix, par le ministre, d'un itinéraire non sécurisé conduit à la mort d'un personnage, la politique menée par le gouvernement détruit les vies de citoyens qui en subissent les conséquences. Mais faut vraiment aller chercher loin !

   Si l'on fait abstraction de ces limites, cela reste un très bon film, servi par une pléiade d'acteurs excellents.

16:13 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 02 novembre 2011

De bon matin

   Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.

   Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).

   La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.

   Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.

   Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.

   La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.

   On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.

    P.S.

   Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).

20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 31 octobre 2011

Another silence

   Les Français ne sont pas nombreux à le savoir, mais Marie-Josée Croze est canadienne (québécoise, pour être plus précis). Il n'est donc pas si étonnant que cela de la retrouver à l'affiche de cette coproduction internationale, tournée en anglais et en espagnol, et dont l'action se déroule au Canada puis aux confins de l'Argentine et du Chili.

   Cette fois-ci, l'abonnée aux seconds rôles occupe la tête d'affiche... pour mon plus grand plaisir, tant j'ai apprécié ses compositions dans des films aussi divers que Ne le dis à personne, Jacquou le Croquant, Le Scaphandre et le papillon ou encore Liberté.

   Signalons que le réalisateur, Santiago Amigorena, a auparavant écrit pour Cédric Klapisch : Le Péril jeune, Peut-être et Ni pour ni contre, bien au contraire.

   L'affiche (construite autour d'une image extraite de la dernière partie du film) pourrait tromper son monde. En effet, à la base, il s'agit de l'histoire d'une policière dont le mari et le fils sont assassinés, et qui décide de se venger.

   On pourrait donc imaginer que cette femme va être une sorte de décalque de l'inspecteur Harry ou de l'agent du NCIS Gibbs voulant liquider l'assassin de son épouse et de sa fille. Ce n'est pas tout à fait cela.

   Le début laisse beaucoup de questions en suspension. On ne sait tout d'abord pas quel est le mobile du double meurtre. Est-ce lié aux fréquentations du gamin ? Est-ce parce que la mère est policière ? Est-ce à cause de la profession du mari, que l'on ne découvre que plus tard dans le film ? Mystère. Même le passé de la jeune femme recèle des zones d'ombre.

   Tout est construit autour du personnage de Marie, une femme non pas furieuse, mais froide et déterminée. Il faut avoir perdu quelqu'un de cher ou avoir eu au moins une fois dans sa vie envie de vraiment tuer pour comprendre ce qu'elle peut ressentir. C'est d'ailleurs l'une des limites du film. Si l'interprétation de M-J Croze est irréprochable, le scénario et la mise en scène ne permettent pas tout à fait à quelqu'un d'extérieur d'entrer dans le personnage. Ceci dit, c'est peut-être voulu. Elle garde cet aspect irréductible, cette part d'étrangeté qui la rend si particulière.

   Du coup, ce qu'on prend parfois pour du courage n'est qu'une fuite en avant sans émotion. Bon, d'accord, la dame a les ovaires bien arrimées, n'hésitant pas à s'attaquer à tout type de truand. Mais on finit par comprendre qu'elle n'a plus peur de la mort, ayant perdu ses raisons de vivre.

   Elle part à la recherche de l'assassin et du commanditaire en Amérique du Sud. Cela nous vaut des scènes magnifiques tournées en Argentine et au Chili, dans des régions où les habitants sont majoritairement des Indiens. L'héroïne y fait des rencontres surprenantes et les paysages sont splendides. Dans une belle salle, sur un grand écran, c'est chouette !

   (Je mets un bémol à cause de la fin que, comme d'autres spectateurs, je n'ai pas appréciée, même si elle se comprend. Cela n'enlève rien à la qualité du reste du film.)

  

23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

Les Marches du pouvoir

   Le titre originel, The Ides of March ("Les Ides de mars") est à mon avis plus explicite : il fait allusion à l'assassinat de Jules César, notamment par Brutus, le fils de sa maîtresse. Cela invite le public cultivé à faire le parallèle entre le gouverneur Mike Morris (George Clooney lui-même, impeccable), favori des primaires démocrates (et considéré donc comme le futur président) et le général romain. Reste à savoir qui va trahir le candidat... ou s'il n'a pas un fils (adoptif).

   Comme le film a été conçu à la fin du second mandat de George W. Bush, l'intrigue prévoit un basculement électoral en faveur des démocrates. Le gouverneur est un vrai progressiste : il croit en la parole donnée, n'aime pas les tripatouillages, est un fervent promoteur des énergies renouvelables et s'oppose à l'aventurisme guerrier de l'administration sortante. Cerise sur le gâteau : il est beau gosse et semble très amoureux de sa femme, qui, bien entendu, est intelligente et compréhensive (très belle scène dans la voiture à la clé).

   La victoire semble lui tendre les bras. Il est soutenu par un conseiller en com' redoutable (et fidèle), incarné avec brio par Philip Seymour Hoffman (dont on a déjà pu admirer le jeu à maintes reprises, comme dans Good Morning England, La Guerre selon Charlie Wilson, 7h58 ce samedi-là...), épaulé par un jeune et brillant assistant aux dents longues (Ryan Gosling, l'étoile montante).

   Du côté de la distribution, il faut signaler la composition de deux autres acteurs : la jeune Evan Rachel Wood (révélée dans Whatever works) en fausse ingénue, fragile au fond, et Paul Giamatti, sorte d'homme à tout faire des seconds rôles hollywoodiens, excellent en adversaire retors.

   Le véritable personnage principal est le jeune conseiller, qui se retrouve au carrefour des intrigues, tantôt manipulateur, tantôt manipulé. C'est donc un bon thriller politique qui nous est offert. On vit de l'intérieur une campagne de primaires, avec ses enjeux sous-jacents.

   Sur le fond, le propos est assez cynique (à l'image de ce qu'on a pu voir, dans un contexte différent, dans Jeux de pouvoir), mais pas forcément désabusé. En cela, il s'accorde bien avec le titre français. Jusqu'où peut-on (doit-on ?) pousser les compromissions pour accéder au pouvoir ? Sur qui est-on prêt à "marcher" ? à s'appuyer ? Même si on trouvait déjà ce questionnement dans Bulworth (de et avec Warren Beatty) et Primary Colors, il est ici particulièrement bien maîtrisé, corseté par un scénario qui se concentre sur les enjeux politiques globaux et les choix individuels.

   Au niveau de la mise en scène, il n'y a rien à dire. C'est propre et maîtrisé, au service du propos. De temps à autre, Clooney se permet quelques effets. Cela m'a rappelé Good Night and good luck, sa deuxième réalisation. C'est peut-être un peu moins "léché", mais le fond du film est plus dense. A voir, donc.

12:18 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

dimanche, 30 octobre 2011

Les Hommes libres

   Le titre pourrait faire référence aux "Français libres" qui se sont battus contre l'occupation allemande. Dans ce film il est question des Maghrébins vivant en métropole, certains s'étant engagés dans la Résistance, allant jusqu'à sauver des juifs.

   On voit qu'au-delà de la reconstitution historique (sur laquelle on peut émettre quelques réserves) et du film d'action, il va être question d'œcuménisme : face aux grands méchants nazis (et à leurs infâmes collaborateurs), des hommes de bonne volonté et de toutes origines ont su se rapprocher.

   Le centre névralgique du système (et du film) est la mosquée de Paris, dirigée par un recteur (son fondateur Kaddour Benghabrit) incarné avec bonhomie par l'incroyable Michael Lonsdale (dont on a récemment encore pu admirer le talent dans dans Des Hommes et des Dieux), qui donne son rythme au film.

   Le personnage moteur est le jeune Younes, d'abord trafiquant, qui manque de peu de basculer dans la collaboration, puis amoureux et résistant, de plus en plus engagé. L'un des intérêts du film est de montrer son évolution. Cet aspect est hélas gâché par l'interprétation. Je trouve l'acteur (Tahar Rahim) vraiment peu expressif, quasiment toujours dans le même registre. C'est peut-être voulu mais alors c'est un choix maladroit.

   Les seconds rôles sont brillamment interprétés. Il aurait peut-être fallu que l'officier allemand ait un accent plus prononcé : il parle un peu trop bien français.

   Le film mérite le détour aussi par la musique qu'on y entend, une musique "orientale", élaborée mais sans fioritures. Un tambourin, à demi extorqué puis revendu, joue un rôle dans l'intrigue.

   Restent ces Nord-Africains, authentiques résistants (le grand public sait, depuis Indigènes, qu'ils ont permis de refonder l'armée française dans les années 1941-1945), futurs combattants indépendantistes (algériens, mais aussi marocains...). Je pense que ce film, mieux que Hors-la-loi, fait comprendre que, pour un Maghrébin anticolonialiste, la lutte pour l'indépendance a été perçue comme la continuation du combat contre l'occupant nazi. A court terme, leur courage a été bien mal récompensé. Ce film apporte donc des éléments permettant de mieux comprendre une époque complexe... et il est plutôt bien fichu.

23:59 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mardi, 25 octobre 2011

The Artist

   Voilà un film ambigu. C'est une production française, tournée par un réalisateur français (Michel Hazanavicius, déjà remarqué pour OSS 117, Rio ne répond plus), avec pour acteurs principaux deux Français... mais tout le reste est américain : les seconds rôles (notamment le valet, dont le visage a traversé nombre de films et séries télés depuis une quarantaine d'années), les figurants (très bons), les références cinématographiques (du muet comme du parlant), les lieux de tournage, le distributeur (Warner Bros)... ainsi que la langue dans laquelle s'expriment tous les acteurs (ce qui est facilement observable, tant le nombre de gros plans est important).

   Cela nuit-il à la qualité du film ? Non. C'est d'abord un somptueux noir et blanc. Un gros travail a été fait sur l'ombre et la lumière... encore plus sur les reflets. Un grand nombre de scènes voit débouler dans le cadre un ou plusieurs miroirs, avec lesquels le réalisateur s'amuse à instiller de l'humour, de la tension ou tout simplement de la profondeur. Ce travail atteint un sommet visuel dans une scène où le héros renverse le contenu de son verre sur une table... superbe ! On appréciera aussi l'effet de superposition du reflet de George Valentin / Dujardin dans la vitrine d'un prêteur sur gage.

   L'intérêt du film réside aussi dans l'histoire, comique, romantique et tragique, qu'il raconte. On commence par une suite de séquences à la gloire de la vedette du muet, où Jean Dujardin cabotine pour jouer un acteur cabot ! Il est comme de bien entendu accompagné d'un véritable cabot... le chien Uggy. Ce Russel Terrier est absolument adorable. Il sauve plusieurs fois la mise à son maître, imprudent et orgueilleux à l'excès. Pour sa performance, le canidé a même reçu la Palm Dog au dernier festival de Cannes !

   Vient ensuite la descente aux enfers de l'acteur-vedette, pendant que la petite nouvelle, à qui il  a mis le pied à l'étrier, devient une star du parlant. Le chassé-croisé entre les deux trajectoires, s'il n'est pas nouveau, n'en est pas moins réussi.

   Enfin, comme le film se veut une illustration de ce à quoi il rend hommage, il s'agit d'une histoire d'amour naissant, contrarié par le passage du muet au parlant et la crise des années 1930. C'est classique et émouvant. Le fait que ce soit la femme qui connaisse le succès donne un côté "moderne" à l'histoire.

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samedi, 22 octobre 2011

Un Monstre à Paris

   Cette nouvelle production d'Europa Corp nous ramène dans le Paris du début du XXe siècle (un peu à l'image de ce que l'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec), plus précisément en 1910, l'année de la grande inondation qui a frappé la capitale. (On voit à plusieurs reprises un morceau d'un célèbre Zouave...)

   Le film commence par une introduction assez longue... et c'est tant mieux. Au lieu de nous jeter immédiatement dans l'action, on prend le temps de nous présenter les personnages qui vont jouer un rôle dans cette histoire. Il y a ce projectionniste de petite taille, timide, amoureux de la caissière, qui elle-même en pince secrètement pour lui. Il y a Raoul la grande gueule inventive... secrètement amoureux de la chanteuse Lucille, que sa mère tente de pousser dans les bras du préfet arriviste et arrogant. Ajoutez à cela un babouin qui a des airs de Jacques Balutin (incontestablement mon personnage préféré, très drôle), et le tableau sera presque complet.

   Presque... parce qu'il manque le personnage principal, né d'une drôle de réaction chimique, à la fois monstre et merveille. -M- lui prête sa voix et son talent musical, censé se marier à celui de Lucille - Vanessa Paradis. Du coup, si l'on croit se trouver face à un dessin animé classique, on imagine que la belle chanteuse et le monstre vont, à l'issue de péripéties rocambolesques, former un couple harmonieux.

   Eh bien... pas tout à fait. Le film ne suit pas la ligne traditionnelle du conte de fées. Le "monstre" Francoeur est une sorte de révélateur. Son arrivée va bousculer la vie des personnages principaux et les obliger à faire des choix, à se déclarer. Les masques vont tomber. (Au passage, j'ai apprécié que le méchant très méchant soit incarné par un type qui présente bien, qui a du succès... et qui s'avère être une belle ordure.)

   L'animation est réussie, que ce soient les décors du Paris 1910 (le film, soutenu par la mairie de Paris, joue sur le côté "carte postale") ou les mouvements des personnages. Sur un grand écran (en deux dimensions), c'était joli à voir. Attendez-vous aussi à ce qu'une séquence (très enlevée) ait pour cadre le plus célèbre monument de la "Ville lumière".

   Je mets toutefois un bémol à mon enthousiasme. La chanteuse Lucille se produit dans un théâtre, sans micro... et c'est le filet de voix de Vanessa Paradis qui sort de sa bouche. Vu le contexte, ce n'est pas très crédible, quand on est un adulte limite vieux con râleur dans mon genre. Mais, bon, il fallait bien reconstituer le couple -M- / Paradis... alors qu'une chanteuse à voix aurait été plus adaptée au rôle. Ceci dit, la bande son n'est pas désagréable à écouter.

    J'ai aussi remarqué quelque chose au niveau du mouvement des lèvres des personnages. Il faudrait que je revoie le film pour vérifier si c'est systématique, mais il me semble que l'animation est adaptée à l'anglais. Ainsi, lorsque l'héroïne dit "d'accord", j'ai eu l'impression que ses lèvres formait plutôt "all right", de même "earth" quand elle a dit "terre". Bon, je n'ai pas trop creusé, parce que j'avais envie de bien profiter du film, mais cela me turlupine tout de même. (On pourrait s'amuser à imaginer quels artistes vont donner leur voix dans la version anglophone... à moins que l'on ne juge le couple français suffisamment "bankable" ?)

   Cela reste un divertissement réussi, visible par tous (et ne partez pas trop vite... le générique de fin réserve une ou deux surprises). Le site internet est lui aussi très sympa.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 15 octobre 2011

La Grotte des rêves perdus

   J'ai fait un peu de route pour voir cet étonnant documentaire, consacré à l'un des lieux emblématiques de l'art préhistorique en France, la grotte Chauvet (du nom de l'un de ses découvreurs). Le paradoxe est que, même si Arte et le ministère de Culture français ont contribué au financement, c'est un film anglo-saxon, dans lequel les intervenants français s'expriment le plus souvent dans la langue de Shakespeare.

   Le déroulement suit une trame chronologique. Le début n'est pas en 3D, parce qu'il s'agit de la première prise de contact avec la grotte, caméra amateur en main. Puis, on entre dans le vif du sujet : l'équipe cinématographique a été autorisée à suivre la mission scientifique (seule autorisée à pénétrer dans la grotte). A la fin, elle a même eu droit à une semaine de rab', sans la présence des experts, mais accompagnée d'un guide.

   Sur grand écran, en trois dimensions, c'est absolument magnifique. La technologie choisie permet de restituer les effets provoqués par l'utilisation de la forme et des aspérités des parois. La musique d'accompagnement est jouée principalement au violoncelle et à la flûte. Elle alterne avec des parties chantées, d'inspiration religieuse... parce que nous nous retrouvons dans une sorte de cathédrale.

   Après nous avoir expliqué les circonstances de la découverte de la grotte, la voix-off (celle de Volker Schlöndorff dans la version que j'ai vue) nous emmène, en compagnie du réalisateur Werner Herzog, à la découverte de ses principales oeuvres artistiques. Les explications des scientifiques (notamment celles de Jean Clottes) complètent utilement l'approche sensitive que l'image transmet.

   Ainsi, on est d'abord face à ces mains positives, dont on finit par apprendre qu'elles appartiennent au même homme, qui a le petit doigt cassé... ce qui va permettre d'identifier son apport aux autres créations situées dans la grotte.

   L'un des endroits les plus montrés est cette paroi sur laquelle ont été dessinés des taureaux, des chevaux (magnifiques, aux détails très travaillés... ce qui est d'autant plus remarquable que ces oeuvres, situées dans la partie sombre, ont été réalisées à la lumière de torches rudimentaires !) et des mammouths.

   Plus loin se trouve la représentation de félins, des lions des cavernes, dont on déduit que, contrairement à leurs cousins de la savane africaine, ils ne portaient pas de crinière.

   Intriguante est cette représentation d'un pubis féminin en présence d'un être mi-taureau mi-homme. Elle est dessinée sur une stalactite isolée, rendue inaccessible aux visiteurs pour protéger le sol qui l'entoure, riche en restes divers. On finit par en avoir une vue plus détaillée dans le dernier tiers du film, grâce à une petite caméra.

   On aurait aussi aimé en savoir plus sur les ours des cavernes, dont on aperçoit les crânes ou les mâchoires. L'un de ces crânes faisait visiblement l'objet d'un culte. Plus étonnantes sont ces marques de griffures, sur lesquelles les hommes préhistoriques ont dessiné... ou qui parfois, au contraire, recouvrent des oeuvres humaines plus anciennes.

   C'est l'une des leçons de ce film : dans cette grotte le temps ne s'est pas écoulé de la même manière que nous le percevons aujourd'hui. Les humains ont pu l'occuper à des époques diverses, parfois séparées de milliers d'années. Le miracle est que les dessins aient pu être conservés, sans doute grâce à l'effondrement d'une paroi rocheuse, qui a obstrué l'entrée.

lundi, 10 octobre 2011

Le cochon de Gaza

   C'est une coproduction internationale (occidentale dans son financement), tournée en hébreu, arabe et anglais. Le ton balance entre la comédie drôlatique (qui penche tantôt vers Jacques Tati, tantôt vers Woody Allen) et la fable politique... jamais très loin du drame.

   Le principal ressort comique est la présence bruyante et obsédante d'un sympathique cochon vietnamien, intrusion ô combien dérangeante dans un territoire dont la population (qu'elle soit musulmane ou juive) ne mange pas de porc !

   Le personnage principal (interprété avec talent par Sasson Gabai, déjà remarqué dans La visite de la fanfare) est une victime : son domicile est "squatté" par des soldats israéliens (à l'image de son pays), son travail (la pêche) pâtit du conflit (qui lui interdit de s'éloigner des côtes pour trouver de quoi remplir ses filets), sa vie quotidienne est fortement dépendante des élites locales, bourgeois du Fatah ou du Hamas à qui il doit le respect.

   Deux femmes adoucissent le tableau : son épouse, ménagère vigilante, et une Israélienne qui tente d'élever des cochons, assez ouverte d'esprit. Toutes deux sont interprétées avec beaucoup de justesse.

   Paradoxalement, son salut financier va peut-être venir de ce cochon qu'il n'ose pas tuer (la tentative, pitoyable, donne lieu à une séquence mémorable, qui commence dans l'arrière-boutique d'un coiffeur)... et des juifs installés à proximité (l'action se situe juste avant l'évacuation de la bande de Gaza). C'est un double paradoxe, volontairement mis en scène. Derrière cela, on sent le propos œcuménique : les gens "normaux" sont prêts à s'entendre, ce sont les fanatiques et les crétins des deux camps qui empêchent la solution d'émerger. Ainsi, le soldat israélien et la ménagère palestinienne communient dans la même passion pour une telenovela brésilienne... mais ont des points de vue très différents sur les personnages !

   Le plus scabreux survient quand le héros se décide à mettre en œuvre le seul moyen capable de renflouer ses finances (je me garderai bien de dire lequel... sachez qu'il est question d'un liquide... qu'un soldat israélien se risque à boire !). Cette comédie un peu déjantée est (à mon avis) ce qu'il y a de plus réussi dans le film.

   Mais le drame n'est pas loin. La représentation du poids des fanatiques n'est pas sans rappeler ce qui se passe dans Paradise now. Un événement survient aux deux tiers du film, qui en change le ton. La dernière demi-heure sort un peu de la réalité. On appréciera ou pas cette fin originale.

   P.S.

   On profitera de cette fin en extérieur, qui permet de voir un peu plus à l'écran la fameux cochon, pour constater qu'il s'agit... d'une femelle ! (On voit ses tétines.) Elle s'appellerait Charlotte et a parfaitement assumé le rôle d'un mâle !

samedi, 08 octobre 2011

Présumé coupable

   Voici donc le film consacré à l'affaire d'Outreau. Il ne nous en donne qu'une vision partielle, à travers le cas de l'un des accusés (et condamnés, ce qui est pire) à tort, Alain Marécaux (qui a écrit un livre sur ce qui lui est arrivé). C'est filmé en caméra objective, même si, à quelques reprises, le réalisateur passe en caméra subjective.

   Le titre retourne l'un des principes fondamentaux de la justice, la présomption d'innocence, qui a été dans cette affaire singulièrement bafouée. On suit le calvaire d'Alain Marécaux alors que la procédure judiciaire est déjà bien en route. On ne nous montre pas ce qui a précédé, notamment le processus qui a conduit policiers et juges à se persuader de la culpabilité de cet huissier de justice.

   C'est l'une des forces du film : montrer que la machine judiciaire peut broyer n'importe qui, même quelqu'un de bien introduit dans le système. A cet égard, l'évolution des relations entre le héros et l'un des procureurs est particulièrement éclairante. J'ai encore en mémoire une scène, au cours de laquelle Philippe Torreton (absolument fantastique dans ce rôle... futur César) regarde avec intensité celui qui fut quasiment son collègue... et qui ne le connaît plus désormais. D'un autre côté, on peut comprendre que la justice veille à faire preuve de la même sévérité avec tous... à condition qu'ils soient coupables.

   Je ne connaissais pas le réalisateur, Vincent Garenq, mais je trouve qu'il fait preuve d'une grande habileté. Fait rare dans le cinéma français, les scènes de famille, notamment avec les enfants, sont bien tournées, les acteurs bien dirigés.

   Le film se veut aussi pédagogique : on découvre le travail de la Police judiciaire et du juge d'instruction, le traitement infligé aux "présumés coupables" qui, s'ils ne sont pas battus, sont méprisés et victimes de harcèlement moral. Le but est de faire craquer les suspects : en France, on garde encore une forte culture de l'aveu.

   Vient ensuite la phase de prison. Je pense qu'on ne nous montre pas tout... mais on en voit suffisamment : une cellule surpeuplée, avec la promiscuité, la saleté... et la peur de prendre un mauvais coup.

   L'étape suivante est la grève de la faim menée par Marécaux-Torreton. L'engagement de l'acteur (qui a perdu 27 kilos... moins toutefois que le vrai Marécaux) y est perceptible. On touche à quelque chose qui dépasse cette affaire et qui dépasse le film. J'ai repensé à Hunger.

   Ne croyez cependant pas que tout repose sur les épaules de l'acteur principal. Tous les autres sont brillants, de Noémie Lvovsky (l'épouse qui perd pied) à Wladimir Yordanoff (l'avocat), en passant par l'étonnant Raphaël Ferret en juge Burgaud. (On l'avait découvert en geek de la police dans la série Profilage.) Les seconds rôles, qui ne sont pas forcément tenus par des professionnels, sont aussi très bons.

   Bref, en ce moment, c'est le film français à voir.

17:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

vendredi, 23 septembre 2011

La dernière piste

   Le titre originel est Meek's Cutoff, "Le raccourci de Meek", du nom de ce mystérieux pisteur censé guider trois familles à travers l'Oregon, au milieu du XIXe siècle. Le guide (interprété par Bruce Greenwood, qu'on pourrait prendre pour Jeff Bridges) a convaincu les occupants de trois chariots de quitter le convoi principal et de s'aventurer dans ces terres inconnues, histoire de devancer tout le monde à l'arrivée (et d'ainsi pouvoir mettre la main sur de meilleures terres).

   Le problème est que ce pisteur a un fort penchant pour l'alcool, qu'il ne semble pas d'une grande subtilité dans ses jugements sur les êtres humains... et qu'il se perd ! Là-dessus se greffe l'arrivée d'un Indien, dont personne ne comprend le langage.

   C'est donc un film "de frontière", inquiétant (le jour bien sûr, mais aussi la nuit, théâtre de scènes très inspirées), qui prend son temps (notamment celui de nous montrer les paysages, magnifiques), qui détaille la vie quotidienne des colons et pose de bonnes questions sur "la conquête de l'Ouest". Pour vous donner une idée du style, c'est un peu comme si Terrence Malick (celui de La Ligne rouge et du Nouveau Monde) avait posé sa caméra dans l'Ouest profond.

   Tous les acteurs sont impeccables, mais une interprète semble toutefois sortir du lot : Michelle Williams (déjà vue -comme B. Greenwood- dans I'm Not There, plus récemment dans Shutter Island). Je pense que l'on reparlera d'elle.

18:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 17 septembre 2011

One Piece - Strong World

   C'est l'adaptation en long métrage d'animation d'un manga célèbre chez les djeunses et les "guiques". C'est même, selon les spécialistes, la dixième fois que les personnages hauts en couleurs ont les honneurs du grand écran (une onzième adaptation est sortie depuis, en 3D). Ce film mériterait le détour parce que le créateur de la série, Eiichiro Oda, y a laissé sa "patte".

   J'ai eu la désagréable impression d'être le plus vieux spectateur de la salle, la masse étant constituée d'ados et de jeunes adultes.

   Au départ, j'ai eu un petit peu peur. C'est assez bruyant (la musique n'est de surcroît pas démente), parfois tape-à-l'oeil. Au niveau du dessin, c'est un cran au-dessous des productions Miyazaki. C'est tout de même mieux que Les Chevaliers du zodiaque (Saint Seiya pour les intimes). Cela ressemble un peu à ce que j'ai pu voir d'un autre manga culte (au scénario plus élaboré, toutefois), Full Metal Alchimist.

   Du coup, je conseille aux scientifiques pointilleux de passer leur chemin. Dans ce film, les règles de la gravité (entre autres) sont particulièrement maltraitées. Et je ne parle pas des lois de l'évolution... un peu particulières... et qui ont donné naissance à des êtres vivants (des grosses bébêtes au chef dont les jambes sont des lames de glaive) plus abracadabrantesques les uns que les autres.

   C'est une histoire de pirates un peu dingues. Les mecs sont en général immatures (les méchants comme les gentils). Les gonzesses ont du tempérament, un physique assez "formaté" (de longues jambes effilées, une poitrine opulente et non pendante associée à une taille de guêpe)... et portent des tenues qui dissimulent assez peu leurs appas. D'autres personnages féminins apparaissent (quelques jeunes filles sages, des mémés très dignes et des mères au foyer courageuses)... aucun n'étant sexy.

   Donc, il y a de l'action, des rebondissements, du spectacle... mais surtout de l'humour. Mon personnage préféré est un clown méchant, dont on repère l'approche aux bruits de pets qu'il produit en marchant !

13:13 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma

dimanche, 04 septembre 2011

Pain noir

   Ce pain noir est celui dont doivent se contenter les pauvres, quand ils ont du pain. Ce sont les "perdants" de cette Espagne des années 1940, post guerre civile. Il y a donc un propos marxisant dans ce film, qui semble parfois présenter le conflit des années 1939-1939 comme une lutte des classes.

   Mais il y a bien autre chose. A cet arrière-plan historique (qui n'est pas sans rappeler Le Labyrinthe de Pan, dans lequel jouait aussi Sergi Lopez, abonné aux rôles de salaud franquiste) se superposent des histoires de famille, des émois adolescents, un questionnement sociétal... et un fait divers scabreux dont je me garderai bien de révéler la teneur.

   Comme Guillermo Del Toto, Agusti Villaronga (le réalisateur du Pain noir) introduit un peu de fantastique dans son histoire. (Le héros semble avoir des visions... Sont-ce des cauchemars, des phénomènes surnaturels ou l'indice qu'il est en train de perdre la boule ?) L'ambiance est souvent sombre, angoissante et mystérieuse. Un gros boulot a été fait au niveau des décors et de la lumière (avec en particulier de superbes scènes d'intérieur).

   Les acteurs sont excellents, au premier rang desquels le jeune garçon (qui a reçu un Goya pour sa prestation). Mais le film vaut surtout pour ses portraits de femmes. Dans un monde traditionnel, patriarcal, dominé par un clergé conservateur et une armée machiste, il n'est pas facile de ne pas être du sexe masculin. Le plus beau personnage est sans conteste celui de la mère du héros, interprétée par Nora Navas (elle aussi primée aux Goyas 2011, qui ont aussi -justement- récompensé Buried, une des pépites de 2010). Mais les actrices qui incarnent sa belle-mère, sa belle-soeur et sa nièce sont elles aussi remarquables.

    L'histoire n'est pas forcément ce à quoi on s'attend... et on prend une sacrée claque !

16:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 03 septembre 2011

Neko, dernière de la lignée

   Ce film, situé à mi-chemin du documentaire et de la fiction, est consacré aux Nenets... Nooon, ce n'est pas un film sur les gonzesses (même si la majorité des personnages principaux sont féminins, à commencer par l'héroïne éponyme, Neko), mais sur un peuple de Sibérie, à l'époque soviétique (après la mort de Staline).

   La première partie du film est censée nous donner un aperçu de cette civilisation particulière, où l'on mange beaucoup de poisson et l'on chique pas mal de tabac. Les rites religieux sont chamaniques. Cela ne manque pas d'intérêt, mais j'ai trouvé la mise en scène très académique, et les interprètes pas toujours convaincants.

   Le film gagne en densité dans la seconde partie, qui voit la petite Neko se retrouver dans un internat public. Rebaptisée Nadia (prénom supposé être plus joli), elle doit apprendre le russe, l'idéologie léniniste (déstalinisation oblige, on a remisé au placard la référence la plus récente)... et le calcul (avec les chiffres arabes).

    Cela nous vaut quelques beaux moments de comédie et des scènes évocatrices sur l'acculturation. Cela n'est pas sans rappeler ce qui s'est produit en Australie au siècle dernier avec les Aborigènes, et que l'excellent film Les Chemins de la liberté (de Philip Noyce, en 2003... à ne pas confondre avec un autre film, portant le même titre, mais plus récent et sur un tout autre sujet) avait évoqué (sur une musique captivante de Peter Gabriel).

   J'ai aussi bien aimé les scènes entre les jeunes, à l'internat. Les femmes sont très convaincantes et l'un des garçons, aux oreilles décollées, mérite le détour ! Après, on peut trouver inutilement démonstratifs les passages qui voient certains acteurs s'adresser directement à la caméra, pour commenter leur action.

22:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

vendredi, 19 août 2011

Chico et Rita

   C'est l'un des nombreux films d'animation sortis cet été. Celui-ci ne vient pas d'Hollywood : c'est une coproduction hispano-cubano-hungaro-brésilienne... et c'est destiné à un public plus âgé (plutôt adulte).

   C'est l'histoire d'un double amour : celui de la musique cubaine et celui qui se noue entre les deux héros. Lui est un pianiste bourré de talent (sans doute d'origine bourgeoise) ; elle est une chanteuse débordant de sensualité et de caractère (issue d'un quartier pauvre).

   Leur relation va connaître des hauts et des bas, à Cuba, aux Etats-Unis et en Europe (quelques scènes se déroulent en France... hé oui, à l'époque, on accueillait volontiers les satimbanques cosmopolites !). C'est donc d'abord une belle histoire d'amour contrarié.

   L'ambiance musicale fait l'originalité de ce film. Même moi, qui ne suis pas fan, j'ai été emballé ! Au passage, les auteurs en profitent pour insérer dans leur intrigue quelques "figures" du jazz, comme Charlie Parker et Dizzie Gillespie. Le personnage de Chico est lui-même inspiré d'un authentique artiste, Bebo Valdes. (On peut écouter un échantillon de sa musique sur un site dédié.) Quant à Rita, elle pourrait être une transposition de la chanteuse Celia Cruz.

   Ah, oui, pour les petits malins... Il n'y a rien de commun entre ce couple de fiction et les pitoyables Chico et Roberta qui ont pollué les antennes au tournant des années 1980-1990.

   Côté dessin, c'est ambivalent. Tantôt le décor semble bâclé, tantôt il fait l'objet d'un soin extraordinaire (je pense notamment aux panneaux lumineux aux Etats-Unis). C'est dans l'animation des musiciens que la réussite est la plus grande. On a vraiment l'impression de voir jouer ces pianistes, ces saxophonistes et même les batteurs.

   Les amateurs d'histoire seront aussi servis. L'intrigue fonctionne sur le principe du retour en arrière : Chico âgé, devenu cireur de chaussures dans le Cuba du début du XXIe siècle, repense à ses débuts. Il nous replonge dans le Cuba des années 1940-1950, avant la révolution castriste, quand l'île était un peu le bordel de l'Amérique. De riches blancs venaient s'encanailler là-bas. Au programme : alcool, jolies filles... et musique d'enfer. On pourra reprocher aux auteurs d'avoir manqué de recul critique vis-à-vis de cette époque, montrée comme un âge d'or.

   Les séquences se déroulant aux Etats-Unis sont excellentes. Elles réussissent le tour de force de mettre en scène à la fois la magie (les paillettes, la promotion sociale par le show-biz) et le côté sombre (la violence, la ségrégation) du pays.

   Le dernier quart d'heure revient à l'époque contemporaine, pour quelques surprises finales...

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mercredi, 10 août 2011

Les Contes de la nuit

   C'est le nouveau film de Michel Ocelot, composé de six contes mis en images. Première surprise : dans la salle, les adultes sont majoritaires. Si quelques papas et mamans ont sauté sur l'occasion pour accompagner leur progéniture, les spectateurs sans enfant étaient assez nombreux (et parfois très âgés !).

   Comme dans les autres œuvres du réalisateur (et notamment le surprenant Azur et Asmar), le message est œcuménique, trop "politiquement correct" diraient certains. A la base, l'histoire tourne autour d'un vieil homme blanc et de deux jeunes (un garçon et une fille, bien entendu) aux traits métissés. Le trio s'amuse à mettre en scène des contes aux origines variées. On retrouve la "patte" d'Ocelot dans les ombres chinoises et le soin apporté aux décors.

   Le premier est Le Loup-garou. J'ai aimé cette histoire de rivalité entre deux sœurs et ce secret si lourd à porter pour le jeune homme. Là, il s'agit d'un vrai loup. Comme dans un autre conte, le héros court à sa perte en cédant trop facilement à celle qu'il croit aimer. Cela se termine un peu trop rapidement à mon goût (notamment avec le puits) : il y avait matière à délayer !

   Ti-Jean et la Belle-sans-connaître met en scène un jeune Antillais qui atterrit dans le royaume, des morts. Il s'y trouve confronté à des épreuves en apparence insurmontables. La morale est que ce n'est pas en agressant mais en se montrant affectueux que l'on arrive à ses fins.

   L'Elue de la ville d'or se déroule au temps des Aztèques. Il y est question d'or et de sacrifices humains. J'ai trouvé cela très chouette. On notera que là encore c'est le garçon qui est le moteur de l'action, même si l'on sent qu'Ocelot a tenté, ici ou là, de dépoussiérer une image par trop passéiste des personnages féminins.

   Garçon Tamtam est un conte africain. La musique adoucit les mœurs... mais peut aussi se révéler une redoutable arme en temps de guerre. Pas mal, sans plus.

   Le garçon qui ne mentait jamais est le plus noir de la série. Il est très bien construit, mais je n'ai pas du tout aimé le stratagème qui constitue le nœud de l'intrigue.

   Dans La Fille-biche et le fils de l'architecte, le Moyen-Age sert de cadre à une histoire traditionnelle : l'amour contrarié de jeunes gens, opposés à un méchant sorcier. J'ai apprécié l'ambiance "monde des fées", le coup du passage secret et le quiproquo à propos de la transformation de la jeune femme (les adultes auront compris bien plus rapidement que le héros). Par contre, je trouve que le personnage du méchant est un peu trop "connoté" : il s'appelle Zakariah, il est barbu, a le nez crochu et semble obnubilé par l'argent...

   Au final, on passe un agréable moment, avec des histoires rafraîchissantes, même si je n'ai pas été transporté d'aise.

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lundi, 18 juillet 2011

Harry Potter et les reliques de la mort II

   On part pour deux heures d'action, entrecoupées de scènes de mystères et d'autres, romantiques. C'est, comme les autres films, inégal, mais meilleur que la première partie. On aurait toutefois pu pratiquer quelques coupes.

   Les effets spéciaux sont très réussis. On est tout de suite mis dans le bain avec cette vue de Poudlard, avec ces esprits guetteurs en suspension. Les poursuites sont aussi très impressionnantes. Mais c'est le merveilleux qui est le mieux servi par le numérique : un bâtiment démesurément grand, un tableau qui s'anime, un objet qui s'ouvre, un sortilège qui agit... voilà la clé du succès. (La meilleure séquence est à mon avis celle de l'entrée frauduleuse dans la chambre forte Lestrange, dragon à la clé.)

   Mais certaines scènes sont à la limite du ridicule. Les affrontements à la baguette, décalques des duels au révolver des westerns, sont peu intéressants et les acteurs sont souvent obligés de grimacer pour faire croire qu'il se passe quelque chose.

   J'ai aussi été un peu ennuyé par l'accumulation des amourettes qui se nouent en cette partie ultime.

   Notons que les effets spéciaux du Seigneur des anneaux ont sans doute servi de modèles pour les scènes de bataille générale. Celles-ci sont d'ailleurs fort spectaculaires.

   Moins "tape-à-l'oeil", une autre séquence détonne dans l'ensemble. Elle se déroule dans une gare virtuelle, sorte d'antichambre du paradis. L'un des deux protagonistes y fait l'éloge du maniement de la langue. C'est évidemment en lien avec les sorciers et leur usage des formules magiques. Mais, au second degré, c'est l'évocation du travail d'écrivain, celui de J. K. Rowling.

   Sans trop en dire, je suis quand même un peu déçu par la fin. Je sens que l'auteur a dû être "conseillée" par la production des films. Vu que la série de romans était en cours d'écriture quand les adaptations cinématographiques ont été lancées, je pense qu'à Hollywood, on avait intérêt à ce que certaines choses se passent... ou ne se passent pas.

   De la saga, je retiens deux personnages particulièrement attachants : Hermione Granger, adorable et insupportable bonne élève, et Severus Rogue, intrigant et déroutant professeur.

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jeudi, 14 juillet 2011

L'Affaire Rachel Singer

   Ce film entrecroise trois époques : la Seconde guerre mondiale (très peu présente à l'écran, mais qui sert de soubassement à l'intrigue puisqu'il est question de retrouver un criminel nazi), la Guerre froide et la fin du XXe siècle.

   Après le prologue contemporain, une scène de lecture nous plonge dans le Berlin-Est des années 1960. Ce grand retour en arrière est très bien fichu : c'est visuellement réussi, rythmé sur le plan de l'action et très fort sur le plan des sentiments.

   Ensuite, on apprend que les choses ne se sont pas tout à fait passées comme on vient de nous le raconter. Le film alterne désormais entre les deux époques.

   Parmi les moments les plus forts, je relève les séquences chez le gynécologue, qui mêlent avec brio tous les éléments de l'intrigue : la traque du criminel, la mémoire familiale de la seconde guerre mondiale, le poids du régime communiste et la vie sentimentale de la principale protagoniste (remarquablement interprétée par Jessica Chastain pour la jeune femme, Helen Mirren, pour la même avec 30 ans de plus).

   Cela se termine en Ukraine, de manière un peu rocambolesque. A certains moments, j'ai trouvé que le réalisateur en faisait trop, que les effets étaient particulièrement appuyés. Mais cela reste un bon suspense, tragique sur le fond.

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mardi, 12 juillet 2011

Omar m'a tuer

   C'est donc le deuxième film de Roschdy Zem (coproduit par Rachid Bouchareb, qui, au départ, devait le réaliser, et qui a participé aux dialogues), avec Sami Bouajila dans le rôle principal. On retrouve donc, Jamel Debbouze en moins, l'équipe qui s'est fait connaître avec Indigènes et Hors-la-loi. Pour la petite histoire, on notera que, lorsqu'il a été question de l'Algérie, c'est le Français d'origine algérienne qui a tenu la caméra, alors que, pour le film traitant du jardinier marocain, c'est le Français d'origine marocaine qui a assuré la mise en scène.

   Sur la forme, c'est un bon film, dont l'esthétique se rapproche néanmoins parfois de ce que l'on peut voir à la télévision. Les interprètes sont excellents, seconds comme premiers rôles. Parmi ceux-ci, Denis Podalydès nous fait oublier qu'il vient d'incarner Nicolas Sarkozy (dans La Conquête) : son personnage d'écrivain parisien qui prend fait et cause pour Omar Raddad est bien campé, avec un mélange de grandeur (la volonté de défendre une "juste cause"), de snobisme (les goûts de luxe)... et de comédie (il se prend pour un détective privé... au risque du ridicule).

   Sami Bouajila est lui particulièrement impressionnant. Par souci de réalisme, il a appris l'arabe dialectal marocain (il connaît celui de Tunisie), a maigri (c'est devenu un quasi-passage obligé pour tout acteur qui désire se fondre dans un rôle), réussissant en quelque sorte à intérioriser son personnage. (On apprend une foultitude de choses dans les secrets de tournage d'Allociné.)

   Les séquences les plus intéressantes sont à mon avis celles qui montrent des aspects de l'affaire qui n'avaient pas été particulièrement médiatisés (dans mon souvenir) : la vie de famille d'Omar Raddad et son séjour en prison. (Ces scènes-là sont les meilleurs moments de cinéma.) Les efforts de l'écrivain du Figaro (en réalité Jean-Marie Rouart, qui n'en démord pas) sont souvent source de comique, même s'ils pointent certains aspects de l'enquête criminelle qui n'ont sans doute pas été suffisamment fouillés.

   Cela nous amène au fond. Même s'il s'en défend, Roschdy Zem ne nous donne pas une vision objective (ou tout du moins impartiale) de l'affaire. C'est globalement à décharge. Ceci dit, le trait n'est pas gras. Je m'explique. On aurait pu s'attendre à ce que les membres des forces de l'ordre soient dépeints comme de gros beaufs racistes. Tel n'est pas le cas. Ils sont cependant accusés d'avoir bâclé l'enquête. Le film ne cache pas non plus quelques points faibles de l'accusé (notamment sa passion pour le jeu).

   Mais il s'agit surtout de rétablir l'honneur d'un innocent. Au bout d'un moment, on a vraiment l'impression de se trouver devant une autre affaire Dreyfus. C'est ce qu'a affirmé à l'époque l'avocat Jacques Vergès (bien interprété par Maurice Bénichou). Le scénario, la réalisation et le montage ont été conçus à mon avis pour favoriser ce rapprochement. Dans les deux cas, avant enquête approfondie, c'est le membre de la minorité qui fait figure de coupable désigné. Dans les deux cas, une analyse graphologique joue un rôle capital dans la mise en accusation : l'expression "Omar m'a tuer" et le fameux bordereau (qui n'était pas de la main de Dreyfus, mais du commandant Esterhazy). Dans les deux cas, un document modifié a été utilisé pour condamner le suspect : une date a été changée après coup sur le rapport des médecins légistes (concernant la mort de Mme Marchal), ce que le public cultivé est amené à rapprocher (de manière excessive, peut-être) du "faux Henry" de l'affaire Dreyfus. Ajoutons que l'accusé Raddad, dans sa raideur, son silence, n'est pas sans rappeler Alfred Dreyfus, qui n'avait rien du condamné sympathique non plus. (Depuis, il a appris le français ; il a même récemment accordé un entretien fort intéressant à l'hebdomadaire Le Point.)

   Restent les doutes. Le gendarme qui a mené l'enquête à l'époque (Georges Cenci) est lui convaincu que l'enquête a été bien conduite et il avance des arguments (pas fallacieux) sur un site internet dédié. On peut aussi l'écouter développer son propos dans une vidéo de 45 minutes datant de 2010. Dans le même esprit, on lira avec profit le billet de Philippe Bilger (avocat général près la Cour d'appel de Paris) du 22 juin dernier... ainsi que les commentaires qu'il a suscités. Un autre haut magistrat, Laurent Davenas (avocat général à la Cour de cassasion), a exprimé le même point de vue dans un entretien publié dans Le Point.

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vendredi, 08 juillet 2011

Gianni et les femmes

   Gianni a dépassé la cinquantaine, il a été mis à la retraite un peu de force... mais il vit entouré de femmes peu ordinaires.

   Il y a d'abord sa mère, qui jette son argent par les fenêtres pour son bon plaisir... et ne se laisse pas entourlouper par son fils obséquieux, toujours à tirer le diable par la queue.

   Il y a sa femme, que l'on voit peu. On sent que le couple est distendu. L'amour n'est plus là, mais, comme on est plutôt à l'aise financièrement et que l'appartement est grand, on reste ensemble, pour conserver un peu de cette ambiance familiale qui réchauffe le coeur dans les moments difficiles. L'épouse a encore de beaux restes... et c'est visiblement une femme de tête.

   Il y a sa fille, qu'il adore. Elle est étudiante. On la sent un peu paumée dans ce monde sans repères. Du coup, par habitude, elle ne repousse pas le copain lourdaud qui s'incruste. Lui incarne une sorte de Tanguy italien, un beauf feignasse et fan de foot. Cela nous vaut quelques moments croquignolesques, notamment lors du repas de famille (vers la fin du film).

   Et puis il y a toutes les autres femmes, celles que le héros convoite à un moment ou à un autre. Aucune n'est moche. Toutes ont une jolie poitrine... rarement contrainte par un soutien-gorge ! (Moi j'vous dis qu'il y a eu un sacré casting !) Parmi elles, il y a la fille de l'amie de sa mère, une chanteuse très matrone. La concurrence l'ancienne petite amie du héros, qui a fait sa vie sans lui. Il y a aussi l'accompagnatrice de sa mère, un peu trop jeune peut-être... mais tellement mignonne ! On trouve aussi deux petites malines, jumelles, qui savent bien profiter de la concupiscence des "vieux beaux". Mais il y a surtout cette habitante de l'immeuble, une fêtarde qui s'est entichée de Gianni... un canon sub-atomique qui ferait bander un mort !

   Le ton est entre Woody Allen et Nanni Moretti. C'est à la fois frais et grave, bien joué (sauf parfois par l'interprète principal, qui n'est autre que le réalisateur, Gianni di Gregorio). Une petite comédie d'été, à l'italienne, sans prétention, mais savoureuse.

21:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

lundi, 04 juillet 2011

Noir Océan

   Après Beau Travail de Claire Denis (consacré aux membres de la Légion), voilà une autre cinéaste, Marion Hänsel, qui s'intéresse aux hommes de guerre. Ici, ce sont des marins, dans le Pacifique, à l'époque des essais nucléaires français (dans les années 1970).

   La parenté entre les deux films est patente. Les deux femmes sont fascinées par les corps de ces hommes jeunes et, normalement, en excellente santé. Dans les deux films, l'accent est mis sur l'un des militaires. On finit par s'apercevoir que ces "hommes forts", soumis à une discipline stricte, sont plutôt des gens hors norme... et cachant une faille.

   La différence principale réside dans les dialogues, remplacés par de la musique, des chants ou un monologue intérieur chez Claire Denis (qui a un parti pris esthétisant), alors que Marion Hänsel a conservé une forme plus classique.

   Les séquences situées en métropole évoquent l'enfance de l'un des personnages, qui a su vaincre sa peur. Dans le Pacifique, le plus dur est la cohabitation avec les autres, à l'étroit sur le navire. Tous ceux qui sont passés par le service militaire reconnaîtront l'ambiance tantôt joyeuse tantôt lourde des chambrées.

   Le scénario ne met pas en valeur les "grandes gueules", mais les types réfléchis. Après le passage sur l'enfance, on a droit à une longue attente, ponctuée de divers incidents... et d'une forte consommation de cigarettes ! Finit par venir l'essai nucléaire, qui suscite beaucoup de questionnements chez les jeunes soldats.

   L'image est soignée et, si l'on supporte le rythme un peu dolent, on appréciera ce film original.

  P.S.

  On peut glaner plus d'infos sur le site internet dédié.

12:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

dimanche, 03 juillet 2011

Balada triste

   C'est le nouveau film d'Alex de Iglesia, qui s'est précédemment illustré aussi bien dans la comédie sarcastique (Mes Chers Voisins, Le Crime farpait) que le polar (Crimes à Oxford).

   Dans ce film perce aussi l'influence du Labyrinthe de Pan, de Guillermo del Toro : la guerre civile espagnole et ses conséquences se mêlent à un peu de fantastique, même si l'œuvre d'Iglesia reste ancrée dans le réalisme.

   Trois moments se succèdent : le temps de la guerre civile, le temps du cirque et le temps de la vengeance. La première partie propose une vision nuancée de l'affrontement entre franquistes et républicains : les deux commettent des massacres, avec, du côté républicain, un clown qui se révèle diablement efficace. La réalisation alterne la rigueur de la reconstitution historique avec la fantaisie tragi-comique. C'est, à mon avis, la partie la plus réussie sur le plan visuel. (Cela aurait même pu constituer la base d'une histoire complète, centrée sur les années 1930.)

   Des années plus tard, le fils, devenu clown à son tour (mais triste, au contraire de son père, le rieur, qui était tête d'affiche) rejoint un cirque, où il devient un peu le souffre-douleur de son rival en amour. On retrouve la description soignée d'un milieu, ici le monde des itinérants du spectacle, le côté paillettes des spectacles alternant avec le sordide de leur vie quotidienne.

   La dernière partie voit la troupe éclater et chacun tenter de s'en sortir de son côté. Ils vont bien entendu se retrouver... plutôt pour le pire. C'est le moment des règlements de comptes (qui ont déjà commencé à la fin de la partie précédente). Les deux clowns voient leurs personnages évoluer, l'un d'entre eux subissant même une transformation étonnante, à l'image de ce qui pourrait se passer dans un film d'horreur américain. C'est assez saignant et la fin, filmée au sommet d'un monument (qui existe vraiment : La vallée de ceux qui sont tombés), ne manque pas de brio.

12:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 02 juillet 2011

Une Séparation

   Au départ, je n'étais pas très "chaud" pour aller voir ce film iranien de deux heures. C'est l'un des avantages de la fête du cinéma : on prend quelques risques... et cela paie ou pas. Autant le dire tout de suite : j'ai été plus qu'agréablement surpris.

   C'est donc l'histoire d'un couple qui se sépare... et même qui divorce. Dès le début, on apprend ce qui reste sous-jacent le reste du film : la mère ne supporte plus le climat étouffant qui règne en Iran (mais elle va vite arrêter d'en parler... ne serait-ce que pour permettre au film de passer la censure) et voudrait que sa fille ait toutes les chances de réussir dans la vie. Le mari lui, a une bonne situation (il travaille dans une banque) et a choisi de s'occuper de son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer (je ne sais pas si c'est un acteur qui campe ce personnage, mais il est criant de vérité). On a donc un film sur les déchirements familiaux, assez classique, mais très bien interprété.

   Se greffe là-dessus un portrait de la société iranienne, notamment du fonctionnement de la justice. Les citoyens se retrouvent devant le juge, soit pour le divorce, soit pour la procédure criminelle (je ne vous dis pas laquelle), sans l'aide d'un avocat (c'est sans doute mieux pour le divorce, mais c'est peut-être regrettable pour le reste). Et le tribunal est un de ces capharnaüms !

   Le film met aussi en scène l'opposition de deux familles, les bourgeois qui divorcent, très occidentalisés, et le couple qui galère, très pointilleux sur les questions de morale religieuse (enfin en apparence). Le noeud de l'affaire est l'embauche d'une personne pour s'occuper du père qui s'oublie. Une violente dispute finit par éclater, qui se conclut par un accident qui va avoir des conséquences multiples.

   Car ce film est aussi, à ma grande surprise, un polar. A partir de l'accident, une enquête est menée, à la fois officiellement (une procédure judiciaire est engagée) et par le réalisateur, qui nous mène par le bout du nez. (Il a pratiqué une ellipse dans le premier tiers du film, qui nous empêche d'avoir toutes les données du problème en mains. Du coup, on se dit que quelque chose cloche dans l'histoire.) Les spectateurs vont petit à petit découvrir que presque tout le monde ment à un moment ou à un autre, soit pour des questions d'honneur, soit pour l'argent. On sort de là avec l'idée que l'Iran est une véritable cocotte-minute sociale.

NE PAS LIRE SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM

(sinon ne venez pas vous plaindre après, hein !)

   Le film n'est pas neutre. Il prend insidieusement parti. Au final, c'est le mari qui avait raison... et son épouse qui est montrée comme la responsable de l'enchaînement des faits. L'auteur semble avoir voulu un peu égratigner le personnage de la bourgeoise occidentalisée, finalement assez égoïste. Ou alors, au bout du bout, il incrimine sans oser le nommer le régime en place en Iran. Difficile de trancher.

10:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

lundi, 27 juin 2011

Medianeras

   Ces "murs mitoyens" sont ceux d'immeubles de Buenos Aires, où vivent de nombreux célibataires (ou semi-célibataires), encore jeunes, qui se croisent sans se rencontrer. Le film s'attarde sur deux d'entre eux, un geek (prononcer "guique") concepteur de sites internet et une architecte de formation qui travaille à la présentation des vitrines d'un grand magasin. Celle-ci (interprétée par une comédienne déjà vue dans Capitaine Alatriste) a la phobie des ascenseurs... elle est donc experte en grimpage d'escaliers...

   Le réalisateur a dû mettre un peu de lui-même dans les deux personnages. Le héros n'arrive pas à nouer une relation stable (je recommande toutes les séquences avec la promeneuse de chiens, une zonarde qui le mène par le bout du nez), d'autant plus qu'il est rivé à ses écrans. L'héroïne a du mal à se remettre d'une rupture récente... et tente de reconstruire autre chose. Elle aussi est obnubilée par un truc : ses mannequins.

   Le film commence par des considérations architecturales, qui trouvent leur prolongement dans le film. C'est une manière originale d'introduire une comédie sentimentale, un brin dépressive parfois.

   Fort heureusement, c'est teinté d'humour. Le héros doit s'occuper de la chienne que son ex lui a laissée à son départ pour les Etats-Unis. Les deux personnages principaux se croisent sans se voir, ou sont à deux doigts de se rencontrer : lui passe devant les devantures qu'elle organise juste après son départ ; elle arrive sur les lieux d'un double accident juste après lui.

   Bon, attention, hein : ils ne sont pas à la rue. Vu ce qui est montré dans le film, ils doivent être propriétaires de leur appartement. Ils ont des goûts en commun, font parfois les mêmes choses quasiment en même temps (très drôle le passage avec ces nouvelles fenêtres !).

   Ah, oui, j'oubliais : le fil rouge de l'histoire semble être un livre pour enfants, que l'héroïne a conservé. Chacun cherche la "bonne personne" dans une foule d'anonymes...

   C'est frais, c'est sympa, sans plus.

00:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

dimanche, 26 juin 2011

Le Chat du rabbin

   Joann Sfar est un dessinateur qui a le vent en poupe. Bien qu'encore jeune, il est l'auteur d'une ribambelle d’œuvres ; il a touché au cinéma (avec son film sur Gainsbourg, reconnu par la critique et primé aux Césars 2011) ; il a tenu une chronique dans Charlie Hebdo. On m'avait signalé la série Petit Vampire. (Je recommande tout particulièrement La Soupe de caca...). On peut aussi le découvrir à travers son site internet.

   Dans cette adaptation, l'animation n'est pas virtuose, même si elle est soignée, en particulier au niveau des mouvements des personnages. Mais on n'a pas cherché à faire du "beau" dessin. C'est le sens qui est privilégié. Ainsi, le héros n'est pas un joli chat (on en voit quelques-uns dans le film, brièvement), mais il est très spécial : il se met à parler... et il sait lire !

   Il entretient des relations ambiguës avec le rabbin algérien ; il est surtout proche de sa pulpeuse fille.

   L'action se déroule à l'époque coloniale. Le rabbin, pour être reconnu officiellement par la République française, doit passer un examen... et sa petite vie tranquille est bouleversée par l'arrivée d'un drôle de colis.

   C'est le mélange culturel qui est à l'honneur, dans cette Afrique du Nord beaucoup plus métissée que ce que les intégristes musulmans d'aujourd'hui voudraient nous faire croire. On croise donc des catholiques, des orthodoxes, des juifs et des musulmans.

   Sfar s'est arrangé pour que chaque communauté soit représentée par des personnages positifs et négatifs. Ainsi, au rabbin propriétaire du chat s'oppose son ancien formateur, un intégriste qui est en train de former un jeune à sa manière... Aux orthodoxes décrits comme massacreurs de juifs en Russie s'oppose le prince, qui sait passer au-dessus de ses préjugés (parfois). Côté musulman, aux bédouins fondamentalistes s'oppose le vieil ami du rabbin (doublé par Fellag), les deux hommes ayant sans doute une origine commune. (Sfar ayant des ancêtres nord-africains ne méconnaît pas cet aspect de l'histoire de la région.)

   Il n'y a guère que les catholiques qui soient quasi systématiquement montrés de manière négative. Les exemples les plus frappants sont ceux du cafetier et des clients de la ville, racistes et antisémites, et de Tintin, lourdement caricaturé en jeune beauf belge. (Ce n'est pas la scène la plus réussie du film, loin de là.)

   C'est globalement léger, virevoltant, à l'image du chat, le tout sur une musique entraînante. On note quelques ruptures de style : les séquences du pogrom russe et de la forteresse falacha ne sont pas dans le même ton. Ce sont aussi (ce n'est pas un hasard) les moments où l'action est la plus tendue (avec la séquence chez les bédouins).

   Au final, j'ai trouvé cela agréable à suivre, assez drôle, même si c'est convenu. Le film illustre assez bien l'idéologie dominante chez les bobos de gauche. Certains adoreront, d'autres en seront horripilés.

23:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mercredi, 22 juin 2011

X-Men - Le Commencement

   Il s'agit d'un prequel : l'épisode prélude à une série, qui en dévoile les racines. Il s'agit ici de la jeunesse du professeur Xavier et du futur Magnéto. (Notons que les scénaristes donnent une version inattendue de l'origine du casque de ce personnage.)

   Que le futur mutant méchant soit un rescapé de la Shoah n'est pas une nouveauté pour qui connaît un peu la série. La puissance de cette première partie du film est de montrer comment cet enfant  tombé aux mains des nazis va développer ses étonnants pouvoirs... Les scènes sont très fortes et Kevin Bacon, qui endosse le rôle de surper-vilain, est excellent.

   Les débuts de Charles Xavier sont plus tranquilles, bourgeois. Sa famille fait partie de l'élite. Il fait de belles études. Le contraste entre les deux enfances n'en est que plus saisissant. Mais je n'ai pas été très convaincu par l'interprétation de James McAvoy. Par contre, Michael Fassbender (oui, celui de Hunger !) est très bien en Magnéto, ainsi que la délicieuse Jennifer Lawrence en Mystique, un personnage riche de ses contradictions. (Les amateurs de blondes apprécieront aussi la composition de January Jones, déjà remarquée dans Sans Identité et Good Morning England.)

   Comme l'action se déroule principalement dans les années 1960, on a puisé dans la mythologie de ces années-là tout ce qui pouvait rehausser l'intérêt des spectateurs (plutôt mâles hétérosexuels) : les tenues moulantes, les jupes ultra-courtes (pour les dames), avec des bottes (mmmm...), les coupes de cheveux parfois étonnantes, l'ambiance "art déco" et la luminosité factice, omniprésente dans les intérieurs.

   Pour la petite histoire, sachez que le film donne une vision très décalée de la crise de Cuba d'octobre 1962. C'est le meilleur moment d'action du film. Les effets spéciaux dépotent. Ajoutez à cela une musique clinquante (mais c'est ce qu'il faut), et vous aurez une idée du plaisir que l'on prend, confortablement installé dans le fauteuil moelleux d'une grande salle.

   On nous a aussi ménagé certains moments de franche rigolade, en particulier quand les premiers apprentis recrutés par Xavier et Magnéto se montrent leurs pouvoirs. (Ils n'ont pas réussi à faire venir Wolverine, qui les envoie balader de manière très crue... petit clin d'oeil à X-Men origins.) L'endroit (une base secrète de la C.I.A.) devient par la suite le théâtre d'une véritable tuerie : attention pour le jeune public, c'est globalement assez violent. (Et je vous épargne la loi du talion façon Magnéto, qui sait rendre la monnaie de sa pièce à l'assassin de sa mère...)

   J'ai lu ici et là qu'en plus de divertir, ce film tentait de véhiculer un message de tolérance. Mouais... oui et non. Il y a bien un petit quelque chose sur la différence et l'attitude rétrograde des humains. On remarque d'ailleurs que, du côté soviétique comme du côté américain, les hommes (assez) âgés qui accaparent les postes à responsabilité sont de gros misogynes. Mais le film lui-même, dans sa réalisation, a tendance à placer les personnages féminins dans une posture d'objets. C'est finalement très ambigu.

23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 18 juin 2011

Limitless

   "Sans limite(s)", en français... Le distributeur aurait quand même pu traduire le titre ! Il est question des limites (morales, juridiques) que les hommes d'affaires ne respectent pas et de celles du corps humain, que l'on tente de repousser.

   Le film est fondé sur le postulat suivant : dans le monde des affaires, si l'on veut réussir, aujourd'hui, il est indispensable d'avoir un "petit plus". Certains prennent de la coke, d'autres des amphet'... d'autres sont les rois de la combine.

   Ici, l'intrigue tourne autour d'une pilule miracle, qui décuple les facultés cérébrales. Le héros (Eddie), à la base, est un type assez sympa, mais qui est en train de rater sa vie : il n'a pas de boulot, ne parvient pas à écrire le roman qui doit le propulser en haut de l'affiche, vit comme un gros dégueu dans son appart et, cerise sur le gâteau, se fait plaquer par sa copine, un joli petit canon qui en a marre de financer un trentenaire velléitaire.

   Débarque le deus ex machina : l'ancien beau-frère du héros (eh oui, il a été marié... pas une réussite non plus, ça). Celui-ci a l'air d'avoir fait son trou et, pris de pitié, file une pilule à Eddie.

   Les premiers effets, pour spectaculaires qu'ils soient, ne le conduisent pas à sortir de l'ordinaire. Le héros se met à ranger son appart, faire la vaisselle et écrire son bouquin. Il améliore ses relations avec la fille de son proprio... et, accessoirement, la met dans son pieu. Les scénaristes n'ont pas cédé à la facilité qui aurait consisté à faire du héros un méga gros beauf, fier de la supériorité que lui confère son nouveau pouvoir. La voix-off, un peu trop didactique, est là pour nous indiquer qu'il est super content de mieux comprendre les choses. (Pour ceux qui sont un peu longs à la détente, on a eu la gentillesse de coloriser en bleu pétant les yeux d'Eddie quand il est en état second.)

   Il finit quand même par se rendre compte qu'il pourrait gagner un max de thunes autrement. Il abuse du produit miracle et mène la grande vie. Il va cependant manquer de prudence.

   C'est alors qu'à la comédie fantastique se superpose un thriller. C'est que la réserve de pilules est très convoitée. Cela devient donc inquiétant, trépidant, d'autant plus que le film est construit sur un retour en arrière : le héros nous est montré au tout début débout sur le rebord du balcon de son magnifique appartement, alors qu'un groupe de personnes visiblement peu amicales tente d'entrer par la force.

   La réalisation est épatante, dans la première moitié du film. Dès le générique, on nous place dans cet effet d'abyme visuel... de manière un peu trop tape-à-l'oeil ceci dit. Mais la suite est truffée d'effets sympas. (J'ai notamment en tête un plafond qui se transforme en gigantesque grille de lettres, dans l'appartement du héros.)

   On pourra ergoter sur certaines facilités scénaristiques : les "trous noirs" dont souffre le héros ne sont pas suffisamment exploités (peut-être dans un numéro 2 ?) et une scène est vraiment maladroite, celle qui voit la dernière pilule s'échapper des mains de l'un des personnages pour rouler vers une grille... On peut aussi tiquer sur l'apologie de l'argent facile, mais cela reste un chouette moment à passer.

12:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma