samedi, 26 mai 2012
Aloïs Nebel
Ce film d'animation tchèque a suscité l'intérêt compte tenu du procédé utilisé : la rotoscopie, déjà à l’œuvre dans A Scanner darkly et, plus récemment, Valse avec Bachir. Cela donne un somptueux noir et blanc, sombre à l'image de l'histoire, même si cette adaptation d'une bande dessinée (célèbre en République tchèque) ménage des moments lumineux dans cet univers crépusculaire.
Le héros, Aloïs Nebel, est un employé des chemins de fer, à la gare de Bily Potok (village connu pour être le plus pluvieux du pays... on en a l'illustration dans le film !). C'est un taiseux, solitaire et complexé, particulièrement maniaque : il connaît par cœur les horaires et parcours des trains (qu'il se prend même à réciter, pour se calmer les nerfs... on comprend pourquoi par la suite) et considère comme une mission sacrée de régulièrement fermer à bloc le robinet d'eau potable de l'évier extérieur de la gare, que tant de gens laissent couler.
Les trains occupent donc une place importante dans ce film. Ce sont les trains (électriques) de 1989, au moment de l'effondrement du régime communiste tchécoslovaque (en douceur : on a parlé de "Révolution de velours")... et de ceux de 1945, à vapeur, qui obsèdent le héros. Les moments qui mettent en scène ces derniers sont particulièrement évocateurs. La machine fait presque figure de monstre... et pour cause : le départ d'un train, des années auparavant, a été le théâtre d'un drame, qu'Aloïs revit, sans qu'on en découvre pourtant toutes les implications.
Du coup, on se pose des questions. Les spectateurs occidentaux auront tendance à penser à une tragédie en particulier, mais c'est une fausse piste. Il faut avoir en tête le contexte tchécoslovaque. L'histoire n'en devient que plus étrange, avec cet homme entre deux âges, qui prend des risques inouïs pour, en 1989, passer d'Allemagne en Tchécoslovaquie... alors que des millions de gens ont en tête exactement l'inverse à cette date !
Une des clés est une vieille photographie, sur laquelle figurent une femme et trois hommes. Au moins l'un des quatre est mort.
A ce drame vécu à 44 ans d'écart s'ajoute la vie quotidienne laborieuse d'Aloïs Nebel (dont le nom signifie brouillard en allemand). A la gare, il côtoie un gros blaireau, qui trafique avec les troupes d'occupation soviétiques, sur le point de partir. Il s'est pris de sympathie pour un chat, qu'il a inclus dans la mécanique de ses gestes quotidiens. Son arrestation (temporaire) et la perte de son poste vont le conduire à Prague, où il va faire des rencontres déterminantes, avant de rentrer dans sa région d'origine, pour le dénouement de l'histoire.
C'est vraiment un très bon film, exigeant certes, mais d'une grande beauté plastique et plein d'humanité.
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vendredi, 25 mai 2012
La Terre outragée
Cette terre est celle d'Ukraine, de la région de Prypiat, ville-modèle située à proximité de Tchernobyl. L'histoire se déroule en deux temps : la catastrophe de 1986 et son environnement, puis la vie des survivants dix ans plus tard, entrecoupée de retours en arrière.
On serait presque étonné de voir qu'avant l'accident de la centrale nucléaire, cette partie de l'URSS vivait plutôt bien. On avait du boulot, on pouvait s'y amuser (il était même prévu d'inaugurer la grande roue du parc d'attraction). On s'y mariait aussi (avec photo devant la statue de Lénine, dont la centrale portait aussi le nom) : d'après la réalisatrice, Michale Boganim, 16 unions ont été célébrées ce jour-là à Prypiat !
On suit l'une des noces, la mariée étant l'héroïne (Olga Kurylenko, très bien), devenue dix ans plus tard guide bilingue pour les francophones que le frisson nucléaire excite... parce que, aujourd'hui encore, le site se visite ! Dans la deuxième partie du film, la réalisatrice excelle à restituer le mal-être de ceux qui ont perdu un être aimé, ou dont la vie passée a été rayée de la carte.
La mariée voit, dès avant la nuit de noces, son conjoint la quitter pour aller d'urgence éteindre un incendie : il est pompier, et la forêt en feu est en réalité la centrale nucléaire. On cache donc aux "civils" (dont beaucoup travaillent à Tchernobyl) ce qu'il se passe réellement. Pourtant, des signes auraient pu les alerter, comme ces végétaux morts subitement ou ces poissons retrouvés ventre à l'air dans la rivière.
Pathétique est le parcours de l'ingénieur, qui pense très tôt à mettre sa famille à l'abri, et qui reste, à ses risques et périls, s'efforçant de croire que son action sert à quelque chose. Des années plus tard, son fils part à sa recherche, et à celle de son ancien logis, désormais situé en zone interdite.
C'est là qu'il croise à nouveau la jeune veuve, qui fait le guide pour des Occidentaux assez dignes dans leur comportement. Ils croisent de nouveaux arrivants (venus d'Asie centrale) et des rescapés de la catastrophe, certains étant retournés vivre dans la zone (il y en a même qui ont refusé de partir). Au-delà du fait divers, au-delà de la politique, c'est un film sur le déchirement. C'est bien joué, pas franchement joyeux, mais riche en réflexion et émotions.
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samedi, 28 avril 2012
Tucker et Dale fightent le mal
C'est une parodie de film d'épouvante (le tout début est un clin d'oeil à [Rec]), qui en retourne une partie des codes, tout en en respectant le schéma général. Le titre pourrait laisser croire qu'il s'agit d'un nanard... et c'est peut-être un peu le cas, en fait. Mais c'est un bon nanard !
L'argument est classique : un groupe de djeunses (la plupart insupportables... on a donc vite envie qu'il leur arrive des trucs très très moches) part kiffer la life dans la forêt, dans une zone quasi désertique où ne vivent que quelques "bouseux" attardés. La rencontre avec deux d'entre eux va transformer l'escapade en réjouissante boucherie. S'ajoute à cela la révélation que le lieu d'excursion a été le théâtre d'un drame horrible quelque 18 ans auparavant... Un tueur en série rôderait-il dans la région ?
Le principal retournement à l'oeuvre ici est le fait que les vrais héros sont les deux "bouseux", Tucker et Dale. L'un d'entre eux est un gros gentil, super cultivé, mais hyper timide et pas franchement canon. Si vous ajoutez à cela des goûts vestimentaires très contestables, on comprend qu'il puisse inspirer de la méfiance, de prime abord. Son pote est plus à l'aise dans sa tête... mais il est quand même un peu frappadingue.
L'autre retournement concerne le personnage féminin principal (interprété par Katrina Bowden, superbe plante que l'on va voir dans American Pie IV). Au départ, on la prend pour une blondasse insipide. La suite du film la montre pleine de ressources... et plutôt futée.
La rencontre entre les deux héros et la bande d'ados attardés maladroits tourne mal à cause d'une série de quiproquos, qui deviennent de plus en plus sanglants. Il faut reconnaître au réalisateur un certain savoir-faire dans la manière de mettre en scène l'étripage successif des campeurs bourges. Si l'on ajoute à cela quelques traits d'humour dans les dialogues (l'un des personnages, qui vient de perdre plusieurs phalanges, dit qu'il était "à deux doigts de mourir"...), on passe finalement un agréable moment.
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vendredi, 27 avril 2012
Le Fils de l'autre
Lorraine Lévy s'est embarquée dans un sujet "casse-gueule" : le conflit israélo-palestinien, vu par un biais familial. Un échange (involontaire) de bébés, survenu des années plus tôt, a des conséquences dramatiques.
Une banale visite médicale fait comprendre à un couple de classe moyenne que celui qu'ils prennent pour leur fils est en réalité le rejeton de Palestiniens ! Ceux-là ont aussi du mal à admettre qu'il ont élevé un enfant de l'ennemi.
La nouvelle est d'autant plus mal perçue du côté du couple israélien que le père (Pascal Elbé, excellent) est un officier de Tsahal ! En face, l'autre père vit mal son déclassement social, attribué à l'occupant israélien. C'est donc des femmes que la solution pourrait émerger. Autant le dire : Emmanuelle Devos (la maman franco-israélienne) a su trouver le ton juste, toujours sur la corde raide. Orith a compris qu'on lui reproche (implicitement) de ne pas avoir senti que le bébé à peine né qu'on lui avait remis dans les bras n'était pas le sien. Elle aime finalement ces deux garçons, tout comme la Palestinienne.
Le film mérite aussi le détour pour certains aperçus des sociétés israélienne et palestinienne. On mesure l'importance du service militaire chez les jeunes Israéliens... et le sentiment ambigu de celui qui en est dispensé, grâce au piston paternel croit-on, parce qu'il n'est pas considéré comme juif en réalité. On touche aussi du doigt le degré d'enfermement de la plupart des Palestiniens, soumis au contrôle de l'armée occupante.
La réalisatrice n'a pas craint de se coltiner l'intégrisme juif (avec ce rabbin si pétri de certitudes)... sans oublier son pendant musulman, incarné par le frère palestinien de l'un des héros (Mahmud Shalaby, déjà remarqué dans Les Hommes libres, très bon), une vraie tête de con.
Les deux fistons sont bien interprétés, par Jules Sitruk et Mehdi Dehbi.
Le principal défaut du film est sa conclusion. Pendant 1h30, la réalisatrice fait monter la tension, laissant entrevoir plusieurs fins possibles. Même si un accès de violence survient, cela reste un peu trop "politiquement correct" à mon goût.
20:09 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 26 avril 2012
Avengers
Une fois de plus, on se demande pourquoi le distributeur n'a pas cru bon de traduire : "Les Vengeurs" est porteur de sens en français, puisque c'est sous ce titre qu'est connue l'équipe de super-héros popularisée par les bandes dessinées.
Après la séquence qui sert de déclenchement (bien foutue), on nous présente successivement chacun des futurs membres. La deuxième partie voit évoluer le groupe de manière maladroite, avec des tensions. La troisième partie montre l'équipe en train de vraiment se constituer et de fonctionner dans la castagne.
Ce film est dans la tradition du genre : les costumes sont parfois ridicules, les situations à la limite du vraisemblable et certains dialogues sont à chier. Mais il regorge aussi de qualités, faisant preuve parfois d'un peu d'audace. Ainsi, lorsque Natasha Romanoff est sur le point d'être contactée par le Shield, le spectateur (non russophone) est laissé pendant plusieurs minutes dans l'ignorance de ce qui se dit en russe, sans le moindre sous-titrage. La fin de la scène apporte des éléments d'explication et l'on comprend que ce que l'on a vu au début ne rendait pas compte de la réalité de la situation. C'est d'ailleurs souvent le cas des scènes faisant intervenir la Veuve Noire (Scarlett Johansson, très excitante) et l'un de ses adversaires : elle excelle à se faire passer pour ce qu'elle n'est pas.
Au niveau des dialogues, j'ai apprécié les scènes où Tony Stark (Robert Downey Junior, qui progresse dans sa composition de Iron Man) laisse libre cours à son ironie (ainsi, il appelle Thor "Point Break" !!!). Mais le reste n'est pas du même niveau.
Ceci dit, des pointes d'humour sont judicieusement placées en plusieurs endroits du film. Le personnage de Hulk est d'ailleurs souvent lié à ces moments de décompression. Je recommande la scène qui le montre, en compagnie de Thor, en train de dézinguer quantité de méchants envahisseurs... scène qui se termine de manière inattendue, puérile... et tordante. Le public appréciera aussi la façon dont le gros bonhomme vert manifeste son respect au dieu Loki (doté d'un costume vraiment très moche) ou encore la manière dont Tony Stark revient à lui, vers la fin du film...
La dernière partie est constituée principalement de bastons, avec des effets numériques à gogo. New York est le siège d'une bataille impitoyable... et, franchement, ça déchire sa race.
P.S.
Comme tout cela est une grosse entreprise commerciale, on nous ménage bien évidemment une suite... et le film est émaillé de références aux précédentes aventures (individuelles) des héros. Courez acheter les DVD, bonnes gens !
19:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mardi, 17 avril 2012
Les Adieux à la reine
Voici donc la prise de la Bastille (et ses conséquences immédiates) vue du petit monde du château de Versailles. C'est principalement un film de femmes, qui tourne autour de Marie-Antoinette (Diane Kruger, émouvante), sa maîtresse Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen, une vieille connaissance de Benoît Jacquot, glaciale et sulfureuse) et la lectrice de la reine, Sidonie (Léa Seydoux, étonnamment bonne).
Le réalisateur aime les femmes. Il est soucieux de mettre en valeur tel décolleté (j'ai en mémoire une scène où la caméra se balade entre le visage -charmant- de Léa Seydoux et son avant-bras, s'attardant complaisamment sur sa jolie poitrine...), telle jambe, tel bras, telle nuque. On a donc droit à de beaux aperçus de l'anatomie de ces femmes, en particulier Virginie Ledoyen et Léa Seydoux. Celle-ci est d'ailleurs filmée comme l'était Ledoyen dans La Fille seule (vue de derrière quand elle déambule dans les couloirs de Versailles) et La Vie de Marianne (dont il est question à un moment dans le film... petit clin d’œil ?). Je me demande même dans quelle mesure la jeune actrice n'a pas copié (ou n'a pas été dirigée comme) celle qui l'a précédée dans le cœur de Jacquot.
N'oublions cependant pas les seconds rôles. Noémie Lvovsky est excellente en madame Campan, tout comme Michel Robin en archiviste et surtout Julie-Marie Parmentier, qui incarne Honorine, une amie (très piquante) de Sidonie. Les séquences qui se déroulent dans "l'envers du décor" sont d'ailleurs les meilleures du film. On se lâche dans ces moments où ne pèse pas l'étiquette.
Ce pourrait donc être un film épatant... s'il n'était pas orienté. Eh oui, comme d'autres avant lui, Benoît Jacquot (peut-être lié par le livre de Chantal Thomas) n'arrive pas à se dépêtrer de la fascination toute parisienne pour le monde "raffiné" de la Cour. Les parasites qui la composent sont dépeints avec une excessive indulgence, alors que les "gens normaux", le peuple, qui vit à l'extérieur, n'est montré que de manière caricaturale, presque uniquement négative.
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lundi, 16 avril 2012
Cheval de guerre
J'ai eu l'occasion de voir, avec retard, ce film de Steven Spielberg. Les amoureux du cheval seront ravis, puisque le véritable héros de l'histoire est un équidé. Cette famille d'animaux est d'ailleurs omniprésente dans le film, des travaux des champs aux tranchées de la Première guerre mondiale.
On se rend rapidement compte que Spielberg a digéré des westerns ainsi que des films plus résents, consacrés à l'univers de la guerre : Mémoires de nos pères, de Clint Eastwood, et Joyeux Noël, de Christian Carion. Cela donne une drôle de bouillie, soulignée par la musique de John Williams, archi-traditionnelle, trop lourde parfois.
Si l'une des qualités du film est de faire vivre les chevaux (et Joey en particulier) comme des personnages, de montrer leurs émotions, Spielberg va à mon avis trop loin quand il les assimile carrément à des humains. Cela donne quelques moments à la limite de la vraisemblance. De la même manière, on a tenté de nous montrer les zones de combat avec un certain réalisme... mais l'assaut des cavaliers britanniques est caviardé : on ne voit ni les cavaliers se faire descendre, ni les chevaux mourir, alors qu'ils se font mitrailler. Seule l'étendue des pertes figure à l'écran, après la bataille.
Question invraisemblance, on a aussi le personnage du grand-père français, cultivateur de fraises, interprété par Niels Arestrup, mal dirigé, aussi bien dans son comportement avec sa petite fille qu'à la fin, après les enchères. Et que dire de ces combattants, qui parlent tous de la même manière, qui semblent agir selon les mêmes motivations, qu'ils soient allemands ou britanniques ! La délivrance du cheval emprisonné dans les fils de fer barbelés, qui est un moment important du film, est en partie gâchée par ce manque de rigueur dans les dialogues et la direction d'acteurs.
Il reste plusieurs moment inspirés. Parmi ceux-ci, je distinguerais le dressage du cheval, les changements de propriétaires successifs et sa folle cavalcade dans le no-man's-land après la mort de son compagnon, qui m'a rappelé une scène de Jarhead (excellent film de Sam Mendes sur la guerre du Golfe... avec, là, une super musique d'accompagnement, signée Thomas Newman). De temps à autre, Spielberg nous rappelle qu'il est capable de soigner ses plans, comme lors de l'exécution des déserteurs ou du retour du fils prodigue.
Si l'on est prêt à supporter les lourdeurs et les maladresses, cela reste un divertissement acceptable.
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dimanche, 15 avril 2012
La Nuit nomade
C'est un documentaire d'1h30, tourné par Marianne Chaud dans une région froide (!) située dans le Nord de l'Inde, le Ladakh.
La réalisatrice, passionnée par l'Himalaya, s'est intéressée plus particulièrement aux éleveurs nomades. On suit principalement deux couples, l'un âgé (on voit surtout l'homme), l'autre plus jeune, composé du fils du premier (avec un petit côté "djeunse") et de son épouse, qui se révèle assez caustique.
Ce sont des semi-nomades. Ils évoluent entre plusieurs bases, perdues dans la montagne. (Notons que les paysages sont magnifiques.) Chacune est composée d'un village formé de maisonnées que jouxtent ce qui peut sembler être de prime abord des ruines. Ce sont en fait des enclos, pour les bêtes (des chèvres).
On voit à la fois les travaux quotidiens et les évolutions saisonnières. La réalisatrice, que l'on entend interroger les protagonistes (elle parle leur langue), n'apparaît jamais à l'écran. On se doute qu'elle ne doit pas être vilaine, puisqu'elle suscite quelques remarques soupçonneuses de l'épouse du jeune homme.
L'action montrée à l'écran se déroule essentiellement de jour. Le titre est donc métaphorique : ce monde est en train de disparaître. Chaque année, une partie des villageois part pour la ville, où se trouvent déjà certains des enfants du couple. Le documentaire aborde tous les aspects de cet exode : économiques, sociologiques, culturels.
C'est joli à regarder, mais peut-être un peu long. A la télévision, cela donnerait un format d'une cinquantaine de minutes. Mais la qualité des images est vraiment grande. Cela méritait un grand écran.
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samedi, 14 avril 2012
Titanic en 3D
C'était la première fois que je voyais ce film au cinéma. Il y a 15 ans, face au matraquage, j'avais obstinément refusé de m'y rendre, me contentant d'une vision ultérieure sur petit écran. La découverte des bonus du DVD m'a donné envie d'en savoir plus. Alors, même si cela dure 3h20, j'ai tenté l'expérience.
C'est globalement très plaisant. Même sans la 3D, le film doit être spectaculaire. Qu'apporte cette technologie ? Pas énormément, à mon avis. Elle est surtout utile à partir de la rencontre de l'iceberg, dès que des objets et des personnages commencent à déambuler un peu partout sur l'écran. (Le moment où le bateau se casse en deux, avec mouvements de la poupe, est particulièrement impressionnant.)
Dans la première partie du film, on la remarque au moment du chargement du paquebot (notamment avec une voiture). Elle a aussi servi à mieux distinguer les personnages à l'écran, qui ne sont pas tous mis sur le même plan.
Alliant reconstitution historique, grand spectacle, effets spéciaux, histoire d'amour et réflexion sociale (oui !), Titanic mérite vraiment le détour, même si, dans la dernière demi-heure, il y aurait des coupes à pratiquer.
P.S.
Ceux qui veulent en apprendre davantage peuvent visionner un documentaire diffusé il y a peu sur France 2. Comme il est en grande partie composé de scènes reconstituées, on peut s'amuser à voir les différences d'interprétation avec le film de James Cameron.
P.S. II
Le magazine National Geographic, dans son dernier numéro, publie des images inédites du bateau. Sur son site internet, on peut accéder à une série d'articles et de vidéos fort intéressants.
P.S. III
Les gros fans de leur race peuvent se rendre sur un site personnel consacré au Titanic, sous toutes ses formes. Il est très documenté.
P.S. IV
Les amateurs de drogue dure auront peut-être envie de consulter les documents liés aux deux enquêtes menées en 1912 (l'une par le Sénat des États-Unis, l'autre sous l'autorité du ministère du Commerce, au Royaume-Uni). Attention, c'est en anglais !
11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 13 avril 2012
Colonel Blimp
C'est une réédition, celle d'un film de Michael Powell, sorti initialement en 1943. Il se présente sous la forme d'un long retour en arrière biographique, qui nous offre un panorama de l'histoire internationale (vue du côté britannique) de la première moitié du XXe siècle.
Ce long retour en arrière nous ramène à la séquence du début du film, qu'on ne voit plus du tout sous le même angle. On en sait plus sur les personnages qui y figurent. C'est habile. (N'oublions pas que cela a été tourné il y a environ 70 ans.)
On suit donc Clive Blimp de la guerre des Boers à la Seconde guerre mondiale, en passant bien entendu par la première. Les relations avec l'Allemagne (et un Allemand en particulier, incarné avec brio par Anton Walbrook) sont au coeur de l'intrigue. Cela commence par un drôle de duel, continue par un mariage, la capture de prisonniers et finit par un retour au pays.
La première partie du film fait découvrir au spectateur non initié la mentalité nationaliste dans laquelle baignaient les associations étudiantes (et la majorité des élites) sous le IIe Reich. Le film évite toutefois de tracer un raccourci entre le militarisme prussien et le nazisme. Il propose néanmoins une intéressante mise en perspective.
Ces quelque 2h40 (avec 1h30 de rêve au début) passent vite aussi parce que les dialogues sont très bien écrits, émaillés de traits d'humour. Les personnages se "chambrent"... et font aussi preuve (parfois) d'autodérision.
La personne-clé de ce film n'est paradoxalement pas le héros, un peu Matamore, mais l'actrice Deborah Kerr, qui incarne trois personnages successifs : l'indépendante fille de bonne famille britannique qui tente de faire carrière à Berlin, l'infirmière future épouse dévouée et le chauffeur intrépide du vieil officier. Elle excelle dans les trois rôles... et introduit une touche féministe inattendue dans cette histoire au prime abord très masculine. Ce film de 1943 était, de ce point de vue, plutôt en avance sur son époque.
14:04 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, histoire
jeudi, 12 avril 2012
Le Policier
Ce film israélien est construit en trois parties. La première nous présente un groupe de jeunes hommes très sportifs, la seconde une bande d'étudiants rebelles, la troisième mène à la confrontation des deux.
L'habileté de la mise en scène ne permet pas à un spectateur ignorant de l'intrigue de déduire immédiatement que le groupe de mecs est composé exclusivement de policiers, membres d'unités d'intervention (genre le R.A.I.D.). Ils ont la trentaine, sont musclés (sauf l'un d'entre eux, dont on apprend vite qu'il a un cancer). Ils semblent très soudés, très virils (et va-z-y que je flanque une tape dans le dos, et c'est parti pour une accolade entre mecs... on s'attend presque à les voir se rouler des pelles, tellement ils ont l'air de s'aimer). Les femmes sont secondaires dans cet univers : elles sont les compagnes (plutôt effacées) de ces messieurs et portent leur progéniture.
Le portrait de groupe n'est donc pas unilatéral. On perçoit le rôle dominant de l'un d'entre eux et la pression qui existe pour que les individus se soumettent au clan. Il est même question de faire porter le chapeau d'une bavure à celui qui est gravement malade, histoire que personne ne soit sanctionné !
L'objectif du réalisateur est de montrer que l'autre groupe, quoique très différent en apparence, fonctionne sur des schémas semblables. On y trouve aussi un chef charismatique (un fils de bourges qui se la joue rebelle), ainsi qu'un acolyte dévoué, un puceau amoureux (couvé par son papa)... et une jeune femme ténébreuse, révoltée, au regard intense, incarnée par Yaara Pelzig. On sent que son personnage a été inspiré par certains membres de la Fraction Armée Rouge.
Mais, si cette actrice éclabousse l'écran de son talent, on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres. J'ai beau ne pas comprendre l'hébreu de la version originale (sous-titrée en français), j'ai pu me rendre compte que certains dialogues sonnent faux, que le ton des acteurs n'est pas toujours naturel. Cela nuit à l'intérêt du film, qui se termine de manière assez prévisible.
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mardi, 10 avril 2012
The Plague Dogs
Les Chiens de la peste est un film d'animation datant de 1982, jamais sorti en France avant aujourd'hui. Attention : ce n'est pas pour les tout petits. Ces chiens sont un terrier (peut-être un jack russel) et un labrador, qui parviennent à s'échapper d'un centre d'expérimentations animales.
La première séquence nous "met dans le bain" : ces animaux sont torturés. On est d'ailleurs sidéré par la manière neutre dont l'un des scientifiques (dont on ne voit jamais le visage) raconte, plus loin dans le film, les expériences que son laboratoire impose aux animaux. Je me demande si les auteurs n'ont pas voulu que les spectateurs fassent le rapprochement avec les camps nazis. Il n'est pas non plus impossible que ce film ait inspiré une partie de La Planète des singes : les origines.
Le titre fait référence à la crainte des humains : que les animaux échappés du laboratoire y aient contracté le virus de la peste, puisqu'il semble que des expériences ultra-secrètes y sont menées à ce sujet. Le bien-être animal ne vient qu'en second, quand il est abordé.
Notons que l'histoire nous est racontée du point de vue des animaux. L'un des deux chiens, Snitter, a la voix de John Hurt, very British ! Ils rencontrent d'autres canidés, ainsi que des moutons, qui deviennent leur proie de prédilection. En cela, ils sont aidés par un curieux renard, fourbe à première vue, mais qui va s'avérer une aide précieuse.
Les animaux et leurs mouvements sont dessinés avec un grand soin, ce qui fait que cette animation n'a pas trop vieilli. Il aurait peut-être fallu retravailler la bande son. Les décors sont moins aboutis que ce que l'on a pris l'habitude de voir dans les productions japonaises, par exemple.
L'histoire est dure. Celui qui semble avoir le plus souffert est Snitter, qui a connu un maître bon, mais dont il a provoqué (involontairement) la mort. Parvenus à regagner la liberté, les deux chiens jouent leur survie. On ne nous cache pas comment ils se nourrissent. Ils finissent même par manger de la chair humaine (celle d'un chasseur payé pour les abattre), passage escamoté dans la version courte du film.
On peut comprendre la toute fin de plusieurs manières, mais c'est quand même globalement triste. Il reste un plaidoyer efficace contre la vivisection.
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lundi, 09 avril 2012
La Dame en noir
Daniel Radcliffe tente de sortir du personnage d'Harry Potter dans ce film d'épouvante dont l'action est principalement située dans le fin fond de la campagne britannique. Il est épaulé par une brochette de seconds rôles chevronnés, à l'image de Ciaran Hinds (récemment vu dans La Taupe, L'Affaire Rachel Singer, Life during wartime) et de Janet McTeer (épatante dans Albert Nobbs).
Ceux qui ont vu beaucoup de films de ce genre ne seront pas surpris par le déroulement de l'histoire. On comprend même assez vite de quoi il retourne. Les effets de terreur sont classiques, soulignés par une musique idoine.
Le ressort de l'intrigue est religieux, comme souvent dans ce type d'oeuvre anglo-saxonne. Ceux dont le corps n'a pas été retrouvé et ceux qui se sont suicidés deviennent des âmes errantes. La clé se trouve dans une injustice ancienne, à laquelle le héros se doit de remédier. Le jeune employé d'une étude de notaire va donc mener une sorte d'enquête... à ses risques et périls. Mais il faut dire qu'il n'a pas trop le choix (il est au bord du licenciement) et que la perte de sa femme le rend -au départ, du moins- peu sensible aux "histoires de bonne femme" qui circulent à propos du manoir et de cette mystérieuse dame.
Voilà un personnage à part entière de ce film : le manoir. A marée haute, il est isolé du reste du monde. Il a son propre cimetière, son jardin... et surtout ses marais, si dangereux. Il regorge de pièces tantôt closes tantôt ouvertes. Certaines dissimulent des secrets. Cette bâtisse est une sacrée trouvaille ! Et la réalisation la met bien en valeur. De manière générale, c'est filmé avec beaucoup de soin, joli à voir, avec de multiples effets. Cela compense le caractère convenu de l'intrigue... même si la fin nous réserve une petite surprise.
Cela donne un divertissement de bonne facture, d'environ 1h30.
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dimanche, 08 avril 2012
My Week with Marilyn
Le paradoxe de ce film est qu'il est à la fois consacré à un mythe (l'actrice qui incarna jadis le summum de l'érotisme féminin) et à une femme fragile. Il nous présente le côté cour et le côté jardin.
Il associe des acteurs britanniques et américains. Parmi les premiers se distinguent Kenneth Branagh (en Laurence Olivier), Judi Dench et Emma Watson... oui, Hermione dans Harry Potter ! Côté américain, Michelle Williams fait une prestation remarquable... qui n'est pas due qu'à sa plastique (fort appétissante). On a déjà pu admirer son talent dans La Dernière Piste. Elle est ici d'une troublante ressemblance avec M. Monroe... peut-être plus jolie encore, même si elle ne "dégage" pas autant que son modèle.
Lorsque M. Williams joue l'actrice, elle est à mon avis moins convaincante que lorsqu'elle interprète la femme, dans le "civil". Je fais partie de ceux qui ont vu les films de Marilyn et, un peu comme certaines personnes face au Coluche interprété par François-Xavier Demaison, si je note la performance d'acteur, je reste gêné par rapport au personnage d'origine.
Deux séquences m'ont particulièrement marqué. La première voit la vedette passer l'après-midi en compagnie du narrateur de l'histoire, l'homme à tout faire du réalisateur. La seconde montre les deux tourtereaux fuyant la pesanteur des lieux de tournage, pour une journée champêtre, un brin érotique. Michelle Williams excelle ici à faire revivre la jeune femme éprise de fantaisie et de douceur.
Le tour de force du réalisateur est d'avoir tourné un film qui peut intéresser aussi bien les admirateurs que les non admirateurs de Marilyn Monroe. Les premiers y retrouveront sa fraîcheur, sa spontanéité, sa faiblesse, plus ou moins simulée. Les seconds y verront la confirmation qu'elle n'était pas une grande actrice, juste une fille superbe, qui prenait bien la lumière et qu'on a utilisée comme une vivante "machine à cash".
15:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 07 avril 2012
2 days in New York
4 ans et demi après le drôlissime 2 days in Paris, Julie Delpy revient, sans Adam Goldberg, avec un nouveau petit copain, Chris Rock... et une famille toujours aussi frappadingue.
La situation familiale a toutefois quelque peu changé. Un jeu de marionnettes-chaussettes est chargé de nous l'expliquer, au début. Nous sommes à la place de l'enfant auquel maman raconte le passé récent. (On retrouve ce petit jeu à la fin, pour nous relater les dernières évolutions.)
On retrouve donc papa Delpy, qui n'a pas changé. Il est peut-être un peu moins excessif que dans le premier film, ce dont on ne se plaindra pas. La sœur est aussi de retour. Elle est toujours aussi pétasse, jalouse de son aînée, allumeuse voire nymphomane. Elle amène avec elle un horrible blaireau, sorte de beauf de gauche, crétin et suffisant. (Alexia Landeau et Alexandre Nahon rendent vraisemblables ces personnages hautement inintéressants.)
Julie Delpy ne se donne pas forcément le beau rôle, comme dans le premier volet. Elle a pris quelques kilos et ne fait pas preuve d'une grande recherche dans son habillement. (Elle prend néanmoins soin de préciser qu'elle n'est pas sans atouts, entre sa jolie poitrine et sa maîtrise de la caresse bucco-génitale...) Ceci dit, cette fois-ci, ce n'est pas autour de ses ex que tourne le débat, mais du comportement de la troupe familiale, certes attachante, mais franchement envahissante, voire sans-gêne.
Cela nous donne une kyrielle de moments savoureux, entre les quiproquos linguistiques, les a priori culturels respectifs et les coups du sort qui semblent s'accumuler. (La meilleure trouvaille scénaristique est sans doute le mensonge autour de la maladie de l'héroïne, de son invention -à cause d'une scène d'ascenseur- à l'inattendu dénouement autour de ses photographies !)
J'ai toutefois trouvé cela un peu moins drôle que 2 days in Paris. La première raison est que le couple formé par la frangine et son copain est vraiment insupportable. J'ai d'ailleurs été ravi de voir partir le type un peu après la moitié du film. Il a aussi manqué un fil rouge narratif. Le film accumule les saynètes comiques, mais le liant n'est pas assez développé.
Ces moments foufous méritent quand même à eux seuls que l'on se déplace. Je pense notamment à cette séquence au cours de laquelle il est question de la bite du garçon. Le grand-père se voit débordé par le débat virulent qui oppose ses deux filles, les deux "chiffonnières", comme il les a appelées dans le repas.
P.S.
Il n'est pas impossible que Julie Delpy ait aussi cherché à faire passer quelques messages à ses amis Frenchies. Dans ce film, nos compatriotes passent vraiment pour des gens à la ramasse, nombrilistes et arrogants. Dans le milieu "bobo" que fréquente Delpy des deux côtés de l'Atlantique, les Américains semblent être partis de plus loin, mais il ont peut-être plus progressé...
23:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 05 avril 2012
Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout
La "patte" des studios Aardman (créateurs de Wallace et Gromit et Chicken run, entre autres) se retrouve dans cette animation qui mélange pâte à modeler et images de synthèse.
Les héros forment une bande de pirates d'opérette, qui amasse bien peu de butin et qui, quand elle réussit à prendre le contrôle d'un navire, s'aperçoit qu'il s'agit, au choix, d'un bateau de lépreux, d'un vaisseau fantôme ou d'un navire-école !
Le capitaine est fait du même bois. C'est une sorte de Matadore gentil, à la barbe fleurie. Il est secondé par un lieutenant qui tient la baraque. Le reste de l'équipage n'est pas aussi réussi. Signalons toutefois une femme à barbe... et un dodo, qui va se retrouver au coeur de l'intrigue.
Le patron de cette fine équipe voudrait enfin remporter le titre de "pirate de l'année", statuette à la clé (il s'agit bien entendu d'une allusion aux Oscars, le film étant lui-même une gigantesque métaphore du monde du cinéma). Sur son chemin, il croise Charles Darwin... et finit par rencontrer la reine Victoria, qu'on croirait tout droit sortie d'Alice au pays des merveilles.
C'est vivant et truculent, plein de clins d'oeil, de détails qui font sourire, voire rire. Les "grands" peuvent s'amuser à relever les invraisemblances et les anachronismes. Les petits rient aux ridicules du Capitaine Pirate, apprécient les rebondissements. Ceux qui sont un peu plus âgés peuvent goûter toute la saveur des cartons du domestique-singe muet (qui ressemble curieusement à celui que l'on voit dans Un Monstre à Paris...).
C'est bien fichu, enlevé, pas vulgaire. On passe un bon moment, sans plus. Mais c'est déjà ça !
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lundi, 02 avril 2012
L'Hiver dernier
La titre sous-entend que le film est construit sur un retour en arrière. Il faut aussi le comprendre comme l'expression "jugement dernier" : il s'agit du dernier hiver pour ce jeune éleveur attaché aux traditions et à une certaine idée de l'agriculture.
Cependant, le réalisateur n'a pas choisi de donner un tour militant à son propos. Il est souvent contemplatif, pour le plus grand plaisir du spectateur calé dans l'un des confortables fauteuils de la salle 2 du cinéma le Club à Rodez. Les paysages sont magnifiques. Lever et coucher de soleil sont à couper le souffle. Mais il faut reconnaître que l'action n'est pas trépidante.
On nous fait comprendre que, par son attachement aux traditions (certains diraient son entêtement), le héros Johann passe à côté de plein de choses. Il laisse ainsi filer l'occasion de rendre son élevage plus profitable et n'approfondit pas sa relation sentimentale avec la charmante Anaïs Demoustier.
Comme le film a été tourné en partie en Aveyron, on croise quelques belles Aubrac, mélangées à d'autres races. (Il m'a semblé reconnaître des Limousines... mais je ne suis pas aussi compétent en la matière que Bruno Lemaire !) Normalement, un éleveur de races à viande du Nord Aveyron aurait dû s'engager dans une démarche de qualité (Boeuf Fermier Aubrac ou Fleur d'Aubrac). Mais le réalisateur a voulu rester dans le flou quant au territoire concerné et à l'orientation de l'exploitation. On saura juste qu'il vent ses veaux.
Notons qu'un éleveur de La Terrisse a conseillé le réalisateur, ainsi qu'il le précise dans un entretien publié dans le dossier de presse téléchargeable sur le site de son distributeur français, Le Pacte :
Au-delà de la beauté de certaines scènes (la messe en pleine montagne, l'incendie d'un bâtiment d'élevage), le film, à mon avis, tourne à vide... et l'on sort de là un peu déçu. Si vous êtes amateur-trice de film rural, je vous conseille plutôt l'original Bovines... et surtout le fantastique polar belge Bullhead.
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vendredi, 30 mars 2012
Cloclo
C'est l'histoire d'un garçon choyé par sa mère. Il essaya de compenser par des talonnettes une taille qu'il jugeait trop petite. Il aimait tout ce qui brillait et tenta d'utiliser à son profit les médias qui ne furent pas tous dociles. Il tomba amoureux, plusieurs fois, fut rejeté mais aussi parfois ignoble avec les dames. Né dans un milieu aisé, il connut une forme de dégradation sociale et voulut prendre sa revanche. Il eut du mal à se faire accepter du milieu dans lequel il fit carrière...
Si je m'arrêtais là, d'aucuns pourraient penser que je sors d'un nouveau film consacré à notre exubérant président de la République. Il est pourtant question de Claude François.
Je ne suis ni fan ni nostalgique de l'épopée du "roi de la pop" française, mais ma jeunesse a été bercée en partie par ses chansons (maman était une Big Fan)... ainsi que par celles de Gilbert Bécaud (côté papa), que l'on croise dans ce film.
On peut d'ailleurs mettre au crédit de ce long-métrage la qualité de la reconstitution du contexte musical de l'époque. On entend certes souvent les interprètes originaux, mais les acteurs que l'on croise de temps à autre réussissent à ressusciter qui Johnny Hallyday, qui Frank Sinatra, qui Otis Redding.
Les deux meilleurs sont sans conteste Jérémie Renier et Joséphine Japy, qui incarnent Cloclo et France Gall, sans doute le plus fort des couples mis à l'écran. La seconde est une actrice à suivre. On connaît mieux le premier, que l'on a déjà pu voir exceller dans La Promesse, Le Pacte des loups ou encore Violence des échanges en milieu tempéré. La presse s'est ébahie devant la ressemblance physique, finalement pas si parfaite, en dépit du travail sur la coupe de cheveux, les sourcils et la bouche. L'acteur est néanmoins parvenu à rendre vraisemblable sa composition d'un personnage faible et énergique, tour à tour généreux et odieux. On ne peut que se réjouir que ses fils aient soutenu un film qui ne verse pas dans l'hagiographie.
La partie la plus étonnante est sans conteste la jeunesse égyptienne. Le garçon est coincé entre un père (Marc Barbé, déjà présent dans L'Ennemi intime, impeccable) employé de la compagnie du canal de Suez -du temps où elle était "tenue" par les Européens- et une Mamma aimante (fabuleuse Monica Scattini). Il baigne un peu dans la culture arabe. Le départ, en 1956, est vécu comme un déchirement (à l'image de celui des pieds noirs d'Algérie)... et uniquement montré du point de vue européen. (Cette jeunesse égyptienne fut évoquée, par Claude François et Dalida, dans une émission de télévision de 1969.)
La séquence suivante, qui montre les débuts du jeune homme entreprenant, mais pas couronné de succès, est aussi touchante. Elle nous introduit dans le monde du spectacle, de Monaco à Paris. On est attendri par le garçon propre sur lui, presque obséquieux, qui pense à offrir des chocolats à chaque fois qu'il rencontre le directeur de la maison de disques !
C'est à ce moment-là que l'on comprend pourquoi il a fallu 2h20 pour mener ce biopic à terme : les scènes de la première partie permettent de comprendre le profil psychologique de celui qui va devenir une vedette du showbiz et un homme à femmes, autant de choses qu'il n'est pas au début.
On découvre sa méticulosité compulsive, son irritabilité, sa jalousie maladive, son besoin de reconnaissance. On redécouvre ses "tubes"... et d'autres chansons, comme Le Nabout Twist, une curiosité ! On suit l'homme d'affaires, qui lance un journal pour jeunes, une agence de mannequins et surtout sa propre maison de disques.
Le film est peuplé de femmes, jeunes en général, toutes folles de Cloclo à un moment ou à un autre. Les Français du début du XXIe siècle seront sidérés de voir que cette immense vedette se déplaçait souvent sans garde du corps, laissant ses fans accéder au pas de sa porte, à sa voiture et à l'entrée de ses bureaux ! C'était vraiment une autre époque...
Les curieux observeront les débuts d'un autre phénomène du monde du spectacle français, Paul Lederman (qui, plus tard, prit sous son aile Coluche puis Les Inconnus), interpété par un Benoit Magimel surprenant ! (Notons que Florent Emilio Siri a encore puisé dans le vivier d'acteurs de L'Ennemi intime.)
La réalisation est inégale. J'ai trouvé réussies les scènes de spectacle et certains moments liés à une foule (celle des fans, celle des spectatrices ou encore celle des invités d'une sauterie). Les moments intimes ne sont pas toujours à ce niveau. Certains face-à-face sont un peu décevants.
Par contre, la bande musicale est judicieusement distillée. Il y a bien sûr les incontournables, comme Cette année-là, Belinda, ou encore Le Lundi au soleil. J'ai bien aimé l'usage parfois à contretemps de la bande son : ce que l'on voit à l'écran ne correspond pas forcément à ce que l'on entend. Il y a matière à réflexion. Plus intéressante encore est la genèse de certains titres : Belles belles belles (qui marque le début du succès), Comme d'habitude (chanson culte, sorte d'acmé dans la relation qu'entretient Claude François avec la variété anglo-saxonne) et Magnolias for ever (écrite par Étienne Roda-Gil). Cette dernière est l'occasion de nous montrer le chanteur faire assaut d'humour, déclarant enregistrer pour la première fois un titre dont il ne comprend pas toutes les paroles ! Peu auparavant, on l'a vu raconter son entrevue avec le célèbre parolier. Toute son habileté transparaît dans cette scène, où Jérémie Rénier finit par donner de son personnage une interprétation qui n'est pas sans le rapprocher de Bernard Tapie.
Cependant, ne comptez pas sur ce film pour obtenir des révélations sur la mort du héros. On s'en tient à la scène de douche, pas super réussie soit dit en passant. Pas de godemiché en vue !
On conclut sur une note plus gaie : LA chanson que tout le monde s'attendait à entendre plus tôt dans l'histoire.
22:45 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, musique
dimanche, 25 mars 2012
38 témoins
Lucas Belvaux a adapté le roman de Didier Decoin, Est-ce ainsi que les femmes meurent ? (lui même inspiré d'un fait divers). L'histoire, survenue aux Etats-Unis à l'origine, a été transplantée au Havre.
Le travail dans le port est l'objet de plusieurs scènes du film, d'une incontestable maîtrise formelle. On y voit de grands porte-conteneurs, des bateaux-pilotes, des grues de (dé)chargement. C'est le domaine d'Yvan Attal - Pierre Morvand, taciturne, qui semble trouver dans cette activité plutôt solitaire un apaisement à ses tourments intérieurs.
Parce que Morvand fait partie des 38 personnes que la police cherche à contacter, dans une enquête sur le meurtre d'une étudiante, commencé en pleine rue et achevé dans l'entrée d'un immeuble, vers 3 heures du matin. Le problème est que personne n'a rien vu, rien entendu, à l'exception d'un type qui s'est rendu sur son balcon, pour se plaindre du tapage nocturne.
Il apparaît bien vite qu'il est impossible que personne n'ait rien vu, rien entendu. L'un des intérêts du film est donc de montrer comment la vérité va émerger. Une journaliste, brillamment interprétée par Nicole Garcia, va jouer le rôle d'accoucheuse, aux forceps si besoin est.
A cela se superpose l'histoire du couple Morvand. C'est la partie la moins réussie du film. Les dialogues sonnent souvent faux... et Yvan Attal comme Sophie Quinton m'ont paru laborieux.
Les seconds rôles sont eux très bons. Parmi eux, on peut distinguer François Feroleto (en flic marmoréen travaillé par le doute), Natacha Régnier, épatante en mère célibataire qui a peur de (presque) tout, Patrick Descamps, que l'on a l'habitude de voir exceller, et Didier Sandre, qui nous la joue un peu Didier Bezace.
La séquence la plus impressionnante est située à la fin du film. Il s'agit de la reconstitution, minutieuse, qui permet à certains personnages (ainsi qu'aux spectateurs) de réaliser ce qui s'est passé la fameuse nuit, juste avant que l'action du film ne commence. Impressionnant.
12:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 23 mars 2012
La Dame de fer
La critique "de gôche" n'a pas aimé ce film, plutôt pour des raisons idéologiques, même si parfois des arguments cinématographiques ont été avancés.
On peut commencer par aborder l'aspect non polémique du long-métrage. C'est techniquement bien fait, quoique les effets mélodramatiques soient par instants trop appuyés. Nous sommes priés de compatir au désarroi d'une veuve qui n'arrive pas à faire le deuil de son époux (un type qu'on nous représente comme rigolo et fou amoureux d'elle... c'est dire si elle a raison de le regretter !), une mère incomprise, dont le fils chéri semble peu se préoccuper (mais le film se garde bien de préciser à quel point Mark Thatcher est un personnage douteux).
Meryl Streep est épatante. Elle supporte avec une facilité étonnante les tonnes de maquillage et les prothèses dont on l'a affublée... mais surtout (en version originale sous titrée, of course !) elle a réussi à se débarrasser de son accent américain et à acquérir cette voix chevrotante, haut perchée, caractéristique de l'ancienne occupante du 10, Downing Street.
Du coup, elle réussit à la rendre parfois sympathique, trop même. Ceux qui ont connu cette époque, quels que soient leurs préjugés politiques, se rappellent à quel point elle pouvait être odieuse et injuste dans ses attaques. Meryl Streep s'en est d'ailleurs presque excusée quand elle a répondu aux questions de la presse, après avoir reçu le Golden Globe 2012, disant avoir voulu transmettre "a compassionate view of someone with whom I disagree" (une vision compatissante de quelqu'un avec qui je suis en désaccord).
Je pense que ce film mérite quand même le détour, pour la qualité de la narration et, pour un public français, (re) découvrir l'un des modèles politiques de Nicolas Sarkozy (même s'il a aussi pioché ailleurs). Tout ce qui concerne la jeunesse de Margaret Roberts est très bon. C'est une autre actrice qui s'illustre dans ces scènes, Alexandra Roach, excellente en jeune fille de boutiquier, reçue à Oxford, qui va rencontrer l'amour en même temps qu'elle va bousculer le monde compassé et machiste de la politique britannique. On ne l'a pas dit assez, mais ce film est encore plus violent à l'égard des membres du Parti conservateur qu'à l'égard de ses adversaires travaillistes. Je rassure toutefois les lecteurs de droite : la gauche est uniformément représentée comme une bande de vieux cons archaïques !
La critique a mal accueilli l'angle féministe du film... parce que Thatcher ne l'était pas. Certes. Mais sa réussite n'en constitue pas moins la preuve qu'une femme issue de la petite bourgeoisie, sans piston particulier, peut accéder aux plus hautes fonctions et se montrer aussi impitoyable, aussi tenace, aussi intransigeante que le plus "burné" des politicards de sexe masculin.
Pour moi, le film n'est pas malhonnête parce que les défauts comme les échecs de M. Thatcher ne sont pas tus mais, comme l'action est plutôt montrée du côté de l'héroïne, on ne peut pas dire que l'aspect critique soit très approfondi...
Il reste le portrait de l'animal politique, à mon avis réussi.
13:53 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, histoire
samedi, 17 mars 2012
La Désintégration
C'est le nouveau film de Philippe Faucon, un réalisateur peu connu du grand public, mais qui a déjà livré des œuvres marquantes, comme Samia (sur une jeune "beurette" de Marseille) et La Trahison (qui a pour cadre la guerre d'Algérie).
Tourné en partie à Saint-Ouen, ce film se veut une description de la "galère" que subissent les jeunes Français d'origine (nord)africaine, surtout les garçons, plus discriminés encore que les filles sur le marché du travail. C'est aussi un portrait de famille, avec un père hospitalisé, usé par des années de travail ingrat, une "mère courage" traditionaliste, finalement assez ouverte, une fille qui semble s'en sortir et deux fils aux parcours qui vont diverger.
L'autre versant du film, qui explique son titre, est la coupure qui s'installe progressivement entre certains jeunes hommes et la société française. Ils se font embrigader par un petit malin (Yassine Azzouz, inquiétant). La fine équipe est composée d'un ancien délinquant (en quête de rachat... et de protection contre la police), d'un "Français de souche", récemment converti (ce sont les pires...) et d'un étudiant en galère (Rashid Debbouze -oui, le frère de l'autre- excellent).
La grande qualité de ce film est la montée de tension qu'il réussit à installer en finalement peu de temps, sans qu'on ait l'impression que l'action soit menée sur un rythme particulièrement rapide. Les dialogues sont très bien écrits. Il lui manque peut-être des éléments de contexte : cette cité HLM de la région parisienne ne semble pratiquement pas connaître de trafic de drogue (Faucon a sans doute voulu sortir des clichés) et ces "relégués de la société" ont quand même tous un logement dans lequel les fenêtres sont à double vitrage. Les hommes possèdent un téléphone portable (et pas un bas de gamme, apparemment) et l'on voit à plusieurs reprises le héros utiliser dans sa chambre un ordinateur dernier cri. Il y a pauvreté et pauvreté.
Restent des éléments de débat. Le réalisateur ne semble pas vouloir prendre parti sur les événements internationaux qui nourrissent la haine de l'Occident (le conflit israélo-palestinien, l'invasion de l'Irak, la guerre en Afghanistan, la dérive des régimes corrompus nord-africains - on est avant le "printemps arabe"). Par contre, le film comporte plusieurs scènes de dialogue sur la religion musulmane, plutôt bienvenues... ce qui a d'ailleurs chagriné ceux qui auraient voulu d'une œuvre à sens unique, qui aurait été moins complexe (et moins intéressante).
09:46 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, société
vendredi, 16 mars 2012
La Taupe
Ce film est adapté du roman éponyme de John Le Carré (qui fait de la figuration dans une scène), dont le titre originel est Tinker, Tailor, Soldier, Spy. Dans les deux cas, il est question de trahison au plus haut niveau dans les services secrets britanniques. Il semble que l'histoire soit inspirée des méfaits de Kim Philby (et de ses amis de Cambridge), qui a d'ailleurs sa tombe à Moscou.
Ce film d'espionnage a une intrigue assez complexe, à l'image des relations troubles qui lient nombre de personnages. On est dans la dissimulation, la manipulation, le billard à trois bandes. Qui manipule qui ? Untel qui agit ainsi est-il conscient qu'il est manipulé ? Fait-il semblant ? Il faut vraiment s'accrocher pour suivre l'intrigue !
Pourtant, l'histoire n'est pas menée tambour battant. Gary Oldman incarne un ancien ponte du MI6, Smiley (qu'on ne voit pratiquement jamais sourire !), que l'on va sortir de sa retraite pour essayer de démasquer le traître implanté au plus haut niveau des services secrets britanniques. C'est terrible à dire, mais son manque de charisme (voulu) et sa lenteur réfléchie rapprochent le personnage principal de l'inspecteur Derrick. C'est dire si le rythme n'est pas trépidant...
Ceci dit, c'est très bien joué. Oldman est entouré d'une pléiade d'acteurs "pointus", de John Hurt à Colin Firth en passant par Mark Strong et Benedict Cumberbatch (révélé par la mini-série Sherlock - qui vaut bien mieux que les longs-métrages de Guy Ritchie).
La réalisation est, dirais-je, géométrique. Les plans m'ont semblé construits de manière à se résumer à un enchevêtrement de rectangles, de carrés, de cercles. (Au fait, le siège du MI6 est surnommé The Circus.) L'une des clés de l'intrigue pourrait être un mystérieux tableau, abstrait, que le personnage principal observe de temps à autre.
Une autre limite du film réside dans la résolution de l'énigme. Je ne sais pas si c'est dû au roman mais, normalement, dans tout bon polar (fût-il d'espionnage), des indices sont distillés, permettant au lecteur/spectateur attentif de trouver au moins une partie de la solution avant la révélation finale. Ben là, non. On a bien des soupçons légitimes, qui finissent par se concentrer sur trois ou quatre personnes. Mais, franchement, rien ne permet de désigner le coupable avant que le héros ne parvienne à le débusquer. Cela ne retire pas tout mérite à ce film, mais rend un peu vains les efforts cérébraux fournis pendant plus d'une heure et demie !
12:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 10 mars 2012
Bullhead
Cette "tête de taureau" est celle de Jacky Vanmarsenille, un éleveur de bovins-viande qui travaille avec son frère sur l'exploitation familiale (où vivent encore leurs parents). Dès le début, on comprend qu'il se passe des choses pas très claires dans le coin. Il est question d'un trafic d'hormones. Ces éleveurs veulent tirer un maximum de profit de leurs bêtes, en un minimum de temps. Du coup, ici, il n'y a pas de mise-bas naturelle en plein champ, comme dans Bovines : on ouvre la mère dans l'étable, pour retirer de son corps un veau qui semble déjà mort...
A ce contexte s'ajoute le personnage du héros, qui semble très perturbé. Le premier tour de force du film est de nous faire changer de regard sur Jacky. Au début, on le prend pour une brute épaisse, sans foi ni loi. On découvre un peu plus tard quel traumatisme il a subi dans son enfance... Il est tantôt filmé comme un humain, tantôt comme un animal, avec notamment ces plans en plongée sur sa tête et son cou (de taureau, forcément). Le drame personnel vient percuter l'histoire du trafic.
Le réalisateur a eu l'intelligence d'éviter les clichés cinématographiques à propos de la petite mafia des hormones, dont les membres, loin d'être idéalisés, sont représentés pour ce qu'ils sont : des crapules. En face d'eux, on a bien du mal à reconnaître les policiers. Sans uniforme, c'est leur humanité qui est mise en scène. Du coup ils apparaissent à l'écran soit comme un groupe concurrent des mafieux, peut-être aussi menaçant pour les héros, soit comme des paumés : ils ont vraiment du mal à s'y retrouver dans cette enquête !
Cela introduit un peu de comédie dans ce film très noir. D'autres scènes permettent de détendre l'atmosphère, avec ces garagistes peu scrupuleux (mais trouillards) que l'on croirait sortis d'un film de Tarantino ou des frères Coen. En arrière-plan de l'action, il y a aussi le contentieux entre Wallons et Flamands, qui complexifie l'intrigue.
J'ajoute que les acteurs sont excellents.
Ce film est donc une excellente surprise, une grande claque aussi. On en avait peu parlé, mais il avait été nommé aux Oscar 2012, dans la catégorie "meilleur film en langue étrangère". Même si l'attribution du prix à Une Séparation ne suscite aucune contestation, je suis d'avis que ce film-là l'aurait tout aussi bien mérité.
A voir, vraiment.
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vendredi, 09 mars 2012
Entre les Bras
Ce documentaire est consacré à Michel et Sébastien Bras (le père et le fils), dont le restaurant, situé à Laguiole, est devenu une référence dans le petit monde de la gastronomie. Dans ce film, il est à la fois question de cuisine, de famille... et de paysage.
Pour moi qui ne suis pas (a priori) amateur de "grande cuisine", la surprise fut de prendre beaucoup de plaisir à ces scènes de construction des plats. (J'avais une de ces faims en sortant de là !) L'action est filmée en plan rapproché ou gros plan, verticalement, de côté, par-dessus l'épaule. Ce n'est pas un artifice de mise en scène. C'était visiblement la meilleure manière de nous faire comprendre le travail de ces personnes passionnées et méticuleuses.
Curieusement, si aujourd'hui, à Rodez, on associe souvent Michel Bras à Pierre Soulages et à la couleur noire (puisqu'il a obtenu de gérer le restaurant du futur musée), dans ce documentaire, c'est plutôt dans le blanc que semble évoluer l'univers brassien. Il y a bien sûr les tenues de cuisinier (toujours impeccables... un peu trop d'ailleurs), les assiettes éclatantes, les salles de travail aux teintes claires, ainsi que le givre et la neige qui recouvrent, de temps à autre, l'Aubrac.
A ce sujet, on est saisi par la ressemblance entre le restaurant japonais et celui de Laguiole. Le bâtiment s'élève comme un monument à la gastronomie, avec ses grandes baies vitrées ouvertes sur un paysage rural, montagneux, sublime.
Ce film est aussi une histoire de famille. Michel passe le relais à "Séba"... mais le chemin de celui-ci n'a pas été pavé de roses ! On sent que la figure tutélaire a pesé sur ses épaules. Il a fallu que le fils s'émancipe sans tuer le père. Et celui-ci, s'il n'a pas le tempérament dominateur de certains fondateurs de dynasties industrielles, ne cède rien à son fils en matière d'art culinaire. Il est son premier (et plus sévère) juge... pour son plus grand bien. Cela nous vaut plusieurs moments comiques, lorsque les deux hommes parlent cuisine et échangent sur la construction des plats.
C'est là toutefois que l'on atteint les limites de ce film. Pour moi, Michel Bras passe mieux à l'écran. Il est vrai qu'il a une plus grande habitude des caméras mais, puisque le réalisateur semble les avoir suivis pendant plus d'un an, on aurait pu s'attendre à ce que le fils soit plus à l'aise. C'est peut-être en raison de sa timidité... que l'on peut mettre au crédit des deux "héros" : ils ont su rester simples... Pourvu que cela dure.
J'ai moins aimé les scènes de famille et celles entre amis. Il y a la séquence de la fête du vin, à Gaillac, qui n'apporte rien. (On y voit trois "importants" pérorer à propos des qualités du fils.) Et que dire de la soirée karaoké au Japon ? Rien, à part que Sébastien Bras a en effet eu raison de se lancer dans la cuisine plutôt que la chanson. Mais le pire est venu du petit moment en famille qu'on nous a ménagé, vers la fin. On y voit Sébastien enseigner la cuisine à ses enfants, sous l'oeil bienveillant de sa compagne. Le petit garçon, toque sur la tête, se lasse vite de la caméra et va se défouler sur sa batterie (pas de cuisine, hein !), qui se trouve dans le salon... à côté du piano, où s'installe maman, en toute décontraction. Et voilà que l'improbable duo embraye sur un morceau de jazz (on nous a épargné le solo de batterie rock adolescent... MERCI !), tandis que papa finit de préparer le repas. Pour que le tableau soit complet, la fille rejoint ce beau monde guitare à la main ! Trop de boboïtude tue la boboïtude...
J'ai davantage apprécié les scènes avec papy et mamie Bras (les parents de Michel). On découvre que le talent culinaire du fils et du petit-fils n'est pas sans s'inspirer des "recettes de grand-mère". C'est aussi le seul moment où Sébastien se "lâche" vraiment : il a passé une partie de son enfance sur l'exploitation de ses grands-parents, heureux comme un roi. Est-il autant épanoui dans sa vie de grand cuisinier ?
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dimanche, 04 mars 2012
Bovines
Les bobos se sont enflammés pour ce documentaire ruralo-animalier original. Pendant une heure, sans commentaire, sans qu'on n'entende pratiquement jamais de voix humaine, c'est le comportement des Charolaises de Normandie qui guide l'action.
Qu'apprend-on ? Tout d'abord qu'une vache, ça meugle ! Au début, on se demande quel peut bien être l'intérêt de ces longues scènes de vagissement. On finit par s'apercevoir qu'elles sont porteuses de sens. Durant la première séquence, les bovins communiquent d'une exploitation à l'autre. Plus tard, un groupe salue celle d'entre elles qui est emmenée par un fourgon (sans doute pour l'abattoir). Les animaux suivent le véhicule pour un dernier au revoir. Saisissant. Cela tourne quasiment au polar quand on voit le petit dernier se perdre dans un pré... avant que le troupeau ne le rejoigne, meuglements à l'appui. Emouvantes sont aussi ces protestations des mères, quand on les sépare de leurs veaux. Après ça, qui pourrait encore défendre l'abattage de ces bêtes sans étourdissement préalable ?
Les gamins adorent ces séquences. Il faut dire que j'ai vu le film à Toulouse, dans une salle remplie de petits citadins. Des vaches, ils ne doivent connaître, à la rigueur, que le meuglement des distributeurs de lait cru, quand ils ont des parents pas trop cons. Mais, à la longue, les marmots s'ennuient devant ce film très beau, mais un peu trop contemplatif pour eux.
Leur intérêt est relancé, parce que figurez-vous qu'une vache, ça pisse et ça chie. Etonnement poli des adultes dans la salle, où les gamins kiffent trop leur race... tout comme certains grands enfants. Ils auront au moins assisté une fois dans leur vie à la naissance d'une bouse.
Cela devient captivant quand il s'agit d'une mise-bas, totalement naturelle, en plein champ. On est témoin d'un accouchement, dans toute sa lenteur et sa difficulté. On voit le veau peiner à se lever et la maman l'encourager à grands coups de langue. C'est peut-être le plus beau moment du film.
Par contre, les longues scènes de broutage ne m'ont pas emballé. C'est un peu répétitif. (La scène du pommier tranche par sa fraîcheur, son étrangeté.) La caméra se fait pédagogique quand, filmant l'encolure de côté, elle montre le déroulement du processus de rumination. Mais il faut être bien attentif pour comprendre de quoi il s'agit.
Bref, c'est un docu sans concession, épatant par moment, parfois ennuyeux. A voir tout de même.
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vendredi, 02 mars 2012
Portrait au crépuscule
Le titre de ce film russe est à prendre au propre comme au figuré. De manière symbolique, il décrit une Russie sombre, où règne le chacun pour soi, comme peut en témoigner l'errance de l'héroïne le soir de son agression. Au sens propre, il s'agit d'une photographie prise sur un toit, à la tombée du jour, par cette même héroïne. Le sujet est l'un de ses agresseurs.
On commence par suivre un trio de flics violeurs. La seconde victime, l'héroïne, ne veut pas en rester là. Mais son état traumatique lui fait prendre conscience du vide de sa vie de tous les jours. Elle habite avec un "mec gentil" (qui la trompe et qu'elle trompe, avec un gros con). Son papa a de la thune et elle exerce un métier qui lui plaît (à mi-chemin entre l'assistante sociale et la pédopsychologue)... mais où elle se trouve confrontée à la misère du monde.
Elle se met en quête de ses agresseurs... et cela ne se passe pas comme on a pu l'imaginer.
Attention, la suite révèle des éléments clés de l'intrigue.
Marina se met à suivre celui de ses trois agresseurs qui semble ne pas l'avoir violée (pas facile à déduire dans le noir, ça). Elle semble sur le point de le frapper... mais se jette dans ses bras ! Elle finit par s'incruster chez lui, devient sa bonniche...
On se demande alors si elle est réellement tombée amoureuse de ce type ou si elle joue un jeu particulièrement tordu, la fin étant censée nous donner la clé... eh bien que dalle !
Je suis sorti de là pas très content : c'est très complaisant pour les violeurs et dur pour cette femme, qui n'avait fait de mal à personne. J'ai réfléchi à la chose et je suis arrivé à la conclusion qu'elle incarne une sorte de sainte laïque. Elle porte d'ailleurs une croix que l'on prend la peine de placer en évidence à intervalle régulier.
Bref, cette victime se prend de pitié pour la famille du flic ripoux, en qui elle voit des gens qui ont encore plus souffert qu'elle. Elle tente d'améliorer leur sort et de donner un vrai sens à sa vie, plutôt que de rester auprès de son copain insipide et de ses amis hypocrites. On n'est pas obligé d'adhérer...
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dimanche, 26 février 2012
Albert Nobbs
Voici le film tant désiré par Glenn Close, inspiré d'une nouvelle qui avait été adaptée au théâtre (avec cette actrice). C'est donc l'histoire d'une femme qui, pour mener une vie indépendante, doit se travestir en homme. Au moment du film, cet "Albert" doit avoir quarante-cinquante ans... c'est dire que la supercherie dure depuis des années.
Autant le dire tout de suite : Glenn Close est formidable. Mais elle n'est pas la seule. Les seconds rôles sont tous épatants, de Brendan Gleeson à Mia Wasikowska, en passant par l'épatante Janet McTeer, dont je ne peux révéler toute l'ampleur du personnage sans déflorer une partie de l'intrigue. Je pense que c'est à juste titre que Close et McTeer ont été nommées aux Oscar 2012. Ce sera toutefois très difficile pour le second rôle, qui semble promis à l'une des actrices de La Couleur des sentiments : Jessica Chastain ou Octavia Spencer (Golden Globe 2012). (On se fait peut-être beaucoup d'illusions du côté français, à propos des chances de Bérénice Bejo, déjà outrageusement avantagée aux César 2012.)
Pour l'Oscar de la meilleure actrice, Glenn Close est à mon avis principalement menacée par Meryl Streep, qui, certes, a déjà reçu la précieuse statuette (contrairement à Glenn Close), mais c'était en 1983 (elle n'a plus été récompensée depuis)... et c'est elle qui a décroché le Golden Globe cette année, face à trois de ses quatre rivales pour l'Oscar.
Mais revenons à Albert Nobbs. C'est une sorte de majordome-homme à tout faire dans un hôtel supposé classieux... un peu miteux quand on regarde bien. L'un des intérêts du film est le portrait du groupe d'employés, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs querelles et leurs amours. On se croirait un peu dans l'immeuble de Pot-Bouille de Zola (qui lui s'est attaché aux employés de maison). Dans les deux cas, nous sommes à la fin du XIXe siècle.
L'autre intérêt réside dans les efforts déployés par Albert Nobbs pour préserver son secret... et les risques qu'il/elle est prêt-e à prendre pour sortir de sa vie solitaire, voire monacale. C'est l'aspect dramatique de l'histoire, qui voit intervenir une greluche et un jeune con.
La réalisation est classique. C'est du travail bien fait, sans fioritures. Si on laisse de côté la fin, trop mélo à mon goût, on passe un excellent moment, entre comédie de moeurs et portrait social d'une Irlande aux inégalités criantes.
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samedi, 25 février 2012
Un Monde sans femmes
Ce monde est celui de la cité balnéaire d'Ault, située en Picardie :
Hors saison, il ne s'y passe pas grand chose... et les femmes jeunes sont rares. Du coup, cet été-là, quand une Parisienne (c'est comme ça qu'on appelle les habitantes d'Ile-de-France en province) débarque avec sa fille, les mâles du coin ont les oreilles qui se dressent...
Parmi eux, on suit Sylvain (Vincent Macaigne, très bon), qui loue l'appartement aux vacancières. Il est gentil, serviable, timide, un peu chiant parfois... et pas franchement canon. On sent qu'il en pince pour la maman, une brune pétulante qui a envie de s'amuser. Mais un gendarme local a aussi des vues sur elle.
Au second plan, au départ, le personnage de la fille (Juliette) va prendre de l'ampleur. Elle est peut-être finalement la plus mûre du groupe.
On se dragouille, on s'amuse, on s'énerve aussi parfois dans ce marivaudage provincial qui n'a rien de déplaisant.
En première partie est diffusé Le Naufragé, un court-métrage (du même réalisateur, Guillaume Brac) mettant en scène le même personnage, dans la même région, mais hors saison. Le coin est déprimant et Sylvain se fait chier grave. Il croise un cycliste "parisien", qui a crevé et qu'il va aider.
Le petit film joue sur le contraste entre les deux hommes. Vincent est gentil, un peu plouc, bedonnant, pas très joli garçon, sans copine. Le cycliste est un beau gosse, taillé en athlète, à l'aise dans la vie. Il a une copine qui est folle de lui, mais il ne la traite pas correctement, semble-t-il.
Vincent Macaigne est, à mon avis, une sorte d'alter ego du réalisateur. Il est chargé d'incarner le mec sympa qui n'a pas trop de chance dans la vie, mais qui mérite d'être connu. La confrontation avec le "Parisien" est source de moments comiques, qui me font préférer Le Naufragé à Un Monde sans femmes. Notons que ce dernier, nommé dans la catégorie "meilleur court-métrage", n'a pas obtenu le César, décerné à juste titre à L'Accordeur.
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vendredi, 24 février 2012
Les César 2012
Je me suis amusé à comparer le palmarès de cette année à mes choix concernant certaines des catégories. Voici le résultat.
Je ne suis pas très satisfait du choix des votants pour la meilleure actrice. Pour moi, même si Bérénice Bejo n'a pas à rougir de sa prestation dans The Artist, il me semble qu'elle a bénéficié de la compassion du public pour n'avoir été nommée aux Oscars que dans la catégorie "second rôle"... et peut-être du fait que Jean Dujardin n'allait pas avoir de récompense.
Cela m'amène au César du meilleur acteur qui, à mon grand regret, a échappé à l'excellent Philippe Torreton, au profit d'Omar Sy. C'est la seule récompense pour Intouchables. Même si tous les postulants méritaient la "barre compressée" (ben oui, c'est pas une statuette !), il me semble que la désignation de l'un des deux acteurs-vedettes du grand succès populaire de 2011 est une nouvelle expression du "politiquement correct". Mais, bon, tant mieux pour lui. Je pense néanmoins que son travail de composition a été moins grand que celui que Torreton a fourni pour incarner le notaire de Présumé coupable.
Je ne trouve non plus pas scandaleux que Carmen Maura ait décroché le César du meilleur second rôle féminin. Mais, là encore, il me semble qu'aussi bien Anne Le Ny que Zabou Breitman l'auraient davantage mérité.
Comme prévu, Michel Blanc a obtenu la récompense pour sa prestation éblouissante dans L'Exercice de l'Etat, film qui obtient également le prix du meilleur scénario original, comme je l'avais souhaité.
Je me retrouve aussi dans le César de la meilleure adaptation, décerné au drôlissime Carnage, de Roman Polanski.
Pour le meilleur montage, j'hésitais entre Polisse et The Artist. Je ne trouve donc pas injuste que le premier ait été récompensé. Même chose pour le meilleur film : la réussite de The Artist est logique. Je me retrouve aussi dans le choix de Michel Hazanavicius pour le meilleur réalisateur.
J'avais abordé le cas des courts-métrages à part, dans un billet postérieur... et je suis très satisfait du résultat, puisque c'est mon préféré, L'Accordeur, qui a été récompensé.
J'ai eu aussi le nez creux pour la catégorie "meilleur documentaire", avec la victoire (prévisible) de Tous au Larzac, qui, fait exceptionnel, est continuellement resté au programme du cinéma Le Club de Rodez depuis sa sortie en novembre dernier !
Je suis encore plus satisfait du prix du meilleur premier film, décerné au Cochon de Gaza. Mes voeux sont tout aussi comblés avec le César du meilleur film étranger pour Une Séparation.
Finalement, mes penchants ne sont pas si éloignés des goûts de la majorité des votants. La principale divergence se situe au niveau des meilleurs acteurs, pour lesquels je pense que le choix a été plus affectif que rationnel. Mais ce palmarès n'est pas choquant. Il est juste un peu orienté.
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jeudi, 23 février 2012
Tatsumi
Le titre fait référence à l'auteur de mangas (pour adultes) Yoshihiro Tatsumi, auquel le film rend hommage, tout en racontant ses débuts.
Il faut vite prendre conscience du procédé utilisé : les fictions courtes, adaptées de l'oeuvre du maître, sont plutôt en noir et blanc (ou dans des tons approchants), alors que les parties strictement biographiques sont en couleurs. Cela donne un récit haché, d'autant plus complexe que réalité et fiction fusionnent souvent chez Tatsumi.
Les parties biographiques sont les moins réussies formellement. Elles ont toutefois l'intérêt de présenter le Japon de la reconstruction et de la croissance fulgurante, où la vie n'était pas des plus roses.
Les petites histoires sont beaucoup plus fortes.
L'Enfer se passe à Hiroshima, après la bombe, autour du travail d'un photographe. C'est rempli de morbidité et de culpabilité.
Monkey mon amour conte la vie triste d'un ouvrier qui va perdre un bras. Il peine à rencontrer l'amour, mais trouve l'amitié en la personne d'un singe affectueux. Je ne raconte pas la fin, horrible.
Juste un homme est l'histoire d'un quasi-retraité, employé de bureau, qui se sent inutile, rejeté par sa famille. Mais il a des sous et des envies... Saura-t-il en profiter ?
Occupé narre l'émergence d'un dessinateur, dans la formation duquel les toilettes publiques ont joué un rôle important !
Good bye a pour héroïne une femme qui se prostitue et compte sur un soldat américain pour s'en sortir. (N'oubliez pas que le Japon est occupé... plus de 40 000 membres de l'armée américaine sont encore présents dans l'archipel). Elle est un peu naïve... en fait, elle a besoin de croire à quelque chose.
C'est globalement bien foutu... mais Dieu que c'est dépressif ! Si l'on ajoute à cela l'alternance avec le récit biographique, pas super bien gérée, cela rend le tout pour moi un peu indigeste. J'ai été plutôt déçu.
P.S.
Le dossier de presse est riche en informations.
P.S. II
Sur des sujets approchants, j'ai préféré le style de Keiji Nakazawa, dans Gen d'Hiroshima.
21:27 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema