samedi, 27 octobre 2012
Tell me lies
C'est le titre du film tourné en 1967 par le dramaturge Peter Brook, sur la guerre du Vietnam vue de Londres. Il devait être présenté au festival de Cannes en 1968. Les "événements" (et le contexte politique international) ont empêché que le festival se déroule comme d'habitude. Sorti de manière confidentielle, le film a rapidement disparu de la circulation. Il ressort dans une copie restaurée.
Le titre du film est emprunté à une chanson, diffusée au tout début (on en entend d'autres au cours du film). Ne vous attendez pas à entendre le dernier "tube" de Britney Spears ou Mika. C'est de la chanson engagée. Les morceaux sont assez inégaux, l'inventivité poétique côtoyant le militantisme lourdingue.
Arrivent ensuite deux séquences passionnantes, qui se déroulent au cours d'une soirée mondaine. La première voit le héros (sorte de double du réalisateur) se confronter à des représentants de l'establishment britannique (parlementaires, permanents du parti travailliste -alors au pouvoir-, hauts fonctionnaires). La discussion, au cours de laquelle les arguments sont confrontés, est stimulante, d'autant plus que le réalisateur ne cherche pas à faire pencher la balance en faveur de la position de son personnage principal.
La deuxième séquence met en scène des militants des droits civiques noirs américains (et une Vietnamienne). Le ton est policé, mais les idées avancées sont parfois d'une grande violence. On adhèrera ou pas aux propos tenus, mais ils ne sont pas sans écho dans notre monde post-septembre 2001.
Par la suite, le héros se pose des questions à propos de l'immolation par le feu. Le spectaculaire suicide d'un moine bouddhiste l'interpelle. Il en vient à rencontrer un maître à penser de cette religion. Il finit par s'intéresser plus particulièrement au cas de Norman Morrison, un quaker engagé (aujourd'hui curieusement oublié), dont le geste surprit le monde.
Indirectement, le film traite du pouvoir des images. Photographies de presse, cinéma et déjà un peu télévision influencent l'opinion publique. L'un des fils rouges du film est d'ailleurs une image horrible, celle d'un enfant qui a été brûlé au napalm et dont le corps est presque totalement enveloppé dans des bandages. On en voit d'autres du même genre plus loin. Cela n'est pas sans rappeler (pour nous) la célèbre photographie de Kim Phuc, cette jeune fille victime elle aussi d'un bombardement incendiaire, au Sud Vietnam... mais en 1972. Ici, Peter Brook se fait visionnaire.
Même le monde politique est contaminé. Lors de la soirée mondaine, l'un des parlementaires affirme de son collègue qu'il passe plus souvent à la télévision parce qu'il est plus jeune que lui... et plus séduisant !
Sur la forme, ne vous attendez pas à du grand art. C'est assez classique et daté. Mais le contenu est bigrement intéressant. Il faut toutefois fournir quelques efforts d'attention.
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vendredi, 26 octobre 2012
Pauline détective
Cette comédie de mœurs, vaguement policière, repose entièrement sur les épaules de Sandrine Kiberlain. Force est de constater qu'elle rayonne. Comme l'interaction a particulièrement bien fonctionné avec Audrey Lamy (pétulante à souhaits) et le bellâtre Claudio Santamaria, on passe un moment pas désagréable.
Cependant, les seconds rôles ne sont pas tous étincelants, notamment Antoine Chappey, qui n'a certes pas la tâche facile, mais qui manque de naturel. C'est dû aussi à la faiblesse de certains dialogues et, à mon avis, à une mauvaise direction d'acteurs. Le réalisateur Marc Fitoussi (dont on nous dit qu'il a fait ses classes aux States) a voulu tout faire tout seul. Résultat : certaines scènes sonnent faux et trop de répliques sentent le dialogue écrit, pas le langage oral (cela commence dès la séance de l'héroïne chez son psy, au début).
Il reste des trouvailles, comme ces incrustations de "unes" (fictives) de presse à scandale, qu'imagine l'héroïne, elle-même directrice d'un torchon à grand tirage. J'ai aussi apprécié les scènes de Tarentelle, limites surréalistes... et bien chorégraphiées.
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samedi, 06 octobre 2012
Le Magasin des suicides
Patrice Leconte se lance dans l'animation, avec une équipe internationale (française notamment). Attention, attention : il ne s'agit pas d'un dessin animé pour enfants. C'est fait pour des adultes et des ados pas coincés du bulbe. (Dans la salle où je me trouvais, un papa a fini par sortir avec le garçon qu'il avait imprudemment emmené voir ce film.)
On pourrait le comparer à Mary et Max. La presse y a vu un décalque de certaines œuvres de Tim Burton. Les références sont plutôt à rechercher du côté de la Famille Adams.
Je recommande tout particulièrement la séquence introductive et le générique de fin. La première donne le ton du film, qui baigne dans l'humour macabre. En même temps, elle est conçue de manière assez virevoltante : un pigeon dépressif survole une ville polluée, croisant en route plusieurs humains qui mettent fin à leurs jours... Quant au générique de fin, je l'ai trouvé gé-nial. C'est... comment dire... conceptuel ! Je vous laisse le plaisir de le découvrir.
Entre ces deux moments marquants, on a deux films. Les trois premiers quarts d'heure sont dominés par le glauque et le saugrenu. Il faut aimer le genre. J'ai ri, souvent. Les situations sont renversées (le père -prénommé Mishima... devinez pourquoi- pousse son dernier fils à fumer... espérant hâter sa mort) et les dialogues fourmillent de jeux de mots (du genre "Vous n'en reviendrez pas !", de la part de la vendeuse à un client suicidaire). Je trouve excellente la trouvaille du commerce de la mort (que l'on doit à Jean Teulé, auteur du roman dont est adapté le film).
Le dernier tiers du film est moins convaincant. Il est plus mièvre, mais aussi porteur d'espoir. Je pense qu'on a voulu éviter de conclure de manière trop sombre.
L'ensemble est servi par une animation de qualité, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là. Certes, on n'atteint pas la virtuosité des productions Pixar, mais on reste dans un style très "français", comme dans Les Triplettes de Belleville ou L'Illusionniste. La 3D apporte de la profondeur de champ. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit un couple quitter le magasin tard le soir, la grille se refermant derrière eux... et même sur eux, à cause du reflet de l'éclairage. J'ai aussi en mémoire une scène de bulles, à la fois marrante et onirique, et un enchaînement de très bon goût entre une démonstration de maniement de sabre et un couteau s'attaquant à une motte de beurre.
Ce film mérite vraiment le détour.
P.S.
Le site internet est sympa (mais le son pas terrible).
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dimanche, 30 septembre 2012
Camille redouble
Noémie Lvovsky fait partie du paysage cinématographique français... à l'arrière-plan. Pas assez canon pour la plupart des rôles-vedettes, pas assez intello pour susciter l'enthousiasme des critiques, elle a surtout officié comme scénariste (pour Arnaud Desplechin et Valeria Bruni Tedeschi, notamment). De l'autre côté de la caméra, elle s'est fait remarquer dans plusieurs seconds rôles, par exemple Edith Marécaux (aux côtés de Philippe Torreton) dans Présumé coupable, ou Madame Campan dans Les Adieux à la reine.
Du coup, il y a une part autobiographique dans ce film. L'héroïne, Camille (incarnée par la réalisatrice), est une actrice qui n'arrive pas à percer ; elle sort d'une histoire d'amour douloureuse, elle fume... et qu'est-ce qu'elle picole ! Mon Dieu mon dieu mon dieu mon dieu ! Bien mal lui en prend, puisqu'à l'issue d'une soirée très arrosée, elle se retrouve dans la peau de la Camille de 16 ans, il y a plus de 25 ans !
Dans ce passé, la plupart des personnages sont joués par des comédiens qui ont (à peu près) l'âge du rôle. Pas Camille, toujours incarnée par Noémie Lvovsky, mais habillée à la mode de l'époque. Et ça marche ! C'est évidemment très drôle. On sent aussi une certaine gourmandise à faire revivre cette adolescence du début des années 1980. Entre marivaudages et questionnements intérieurs, on suit un groupe de filles très tentées par les garçons.
L'autre aspect du film est la transformation du passé. Camille voudrait éviter de revivre la douloureuse histoire qui était née à l'époque et, surtout, elle va essayer d'empêcher le décès de sa mère, interprétée avec talent par Yolande Moreau (le papa ayant les traits Michel Vuillermoz).
Parmi les autres acteurs, il faut distinguer Samir Guesmi, un autre habitué des seconds rôles (récemment vu dans Hors-la-loi et Adieu Berthe) qui se révèle excellent en incontournable amour de l'héroïne. Denys Podalydès est très bon en prof de physique (mieux qu'Amalric en prof de français... mais cela n'étonnera personne). Se distingue aussi Judith Chemla, pétulante à deux âges.
J'aurais peut-être préféré que les implications fantastiques du retour dans le temps soient davantage développées, alors que c'est sur l'émotion que joue essentiellement le film. Mais cela reste un excellent divertissement.
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dimanche, 23 septembre 2012
The Secret
Curieusement, le diffuseur n'a pas traduit le titre. A-t-on jugé que le public français comprendrait sans problème ? A-t-on voulu faire des économies d'affiches ? Un problème de droits s'est-il posé pour la traduction Le Secret ? C'est d'autant plus troublant qu'un autre titre nous est montré : The Tall Man (L'Homme grand).
Celui-ci évoque un personnage quasi-mythique, qui enlèverait les enfants d'une petite ville du nord-ouest des Etat-Unis (du côté de Seattle). Comme tout bon film d'épouvante, il s'appuie sur une réalité sociale (la crise économique et la disparition de l'activité minière).
Le réalisateur et scénariste, le Frenchie Pascal Laugier, sacrifie au procédé du retournement... un peu trop d'ailleurs.
Cela commence avec la séquence initiale, qui anticipe sur le déroulement de l'action. On la revoit une heure plus tard... mais on ne perçoit plus les protagonistes de la même manière.
A la base, on suit la courageuse infirmière Julia Denning (Jessica Biel, très photogénique, qu'elle soit sale, propre, gentille ou méchante), veuve et mère d'un petit garçon. Elle tente de soulager un peu les malheurs de cette population qui vit à l'écart du "Rêve américain". Elle est victime d'une agression... et l'on se demande si une bonne partie de la population n'est pas impliquée dans un complot.
Mais voilà que tout se complique. Ce qu'on nous a montré à l'écran n'est peut-être que mensonge (ou vision subjective). N'est-ce pas l'infirmière qui est un monstre ?
Pendant que l'on se pose ces questions, le film prend le temps de brosser un tableau accablant de cette province gangrénée par le chômage, l'alcool et la violence. Quand on compare cet univers aux scènes de la dernière partie du film, on peut se demander s'il n'y a pas un peu de racisme social dans ce film... ou une volonté maladroite de transgresser une forme de "politiquement correct".
Là où le réalisateur en fait trop, c'est quand il oriente les vingt dernières minutes vers un nouveau retournement. Alors, oui, il a réussi à construire son film de manière à rendre vraisemblables les versions successives. Mais, à trop vouloir faire le malin, il dilue un peu l'intérêt.
P.S.
Au niveau de la distribution, on peut signaler la composition de la jeune Jodelle Ferland en ado artiste limite autiste.
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samedi, 22 septembre 2012
Robot and Frank
Cette étrange comédie allie tradition et modernité. Pour la tradition, on a le vieux grincheux et la lecture de livres. Pour la modernité, on a les visiophones, les voitures futuristes... et des robots, l'un d'entre eux devenant l'auxiliaire de vie du héros.
Evidemment, le retraité, qui est frappé par un début d'Alzheimer, va vite s'accommoder du tas de ferraille qu'il rejette au début. C'est la manière dont va s'effectuer le rapprochement qui est originale : alors que le robot est censé apprendre au vieil homme à mener sa vie quotidienne plus sainement (bien se nourrir, entretenir un jardin, avoir des projets), c'est le "malade" qui va faire de la machine son apprenti, ainsi qu'il aurait aimé le faire avec son fils, qu'il a peu connu enfant.
Que va-t-il bien pouvoir lui enseigner ? Il faut être attentif à la première scène, étrange quand on ne connaît pas encore la suite. Sachez simplement que le vieil homme a fait de la prison...
Le plus cocasse dans cette affaire est que le robot est programmé pour privilégier l'amélioration de l'état de santé de son patient... quitte à commettre quelques "entorses" à la légalité. Cela nous vaut plusieurs moments savoureux. La relation qui se noue entre les deux êtres, faite de complicité et de non-dits, est touchante.
Les relations de Frank avec les humains sont finalement plus compliquées. Il y a ses enfants (un beau gosse, James Marsden, alias Cyclope dans X-Men, et une bimbo humanitaire, Liv Tyler, lèvre supérieure refaite), qui l'aiment mais ne le comprennent pas. Il y a cette charmante bibliothécaire (Susan Sarandon, elle aussi passée sous le bistouri), avec laquelle il serait prêt à faire un bout de chemin... et il y a ces jeunes (nouveaux) riches, arrogants. Ah, j'ai failli oublier : la police va s'en mêler, avec le shérif, incarné avec talent par Jeremy Sisto, remarqué dans les récentes saisons de New York Police Judiciaire.
Le dernier quart d'heure m'a ému. Une révélation donne encore plus de profondeur à un aspect de l'histoire : la maladie de Frank. Cela se termine par une dernière pirouette, mais je n'aime globalement pas la fin.
P.S.
Les histoires de robot sont à la mode. Cet été, en première partie de Journal de France (de Depardon), j'ai vu un excellent court-métrage, Blinky, moins optimiste sur le sujet...
22:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 19 septembre 2012
Dark Horse
C'est à Todd Solondz (génial auteur de Bienvenue dans l'âge ingrat, Happiness et du décevant Life during wartime) que l'on doit ce "cheval noir" (cet outsider, devrait-on dire). Il n'est pas tombé dans la caricature, puisque cet exemple de loser est un fils de la classe moyenne juive, à qui ses parents ont sans doute passé trop de choses. Il est devenu un trentenaire célibataire, un peu obèse et dépressif.
La première partie présente le milieu familial (avec papa Walken et maman Farrow, très bons dans des rôles ingrats) et le contexte de la PME immobilière du père. C'est savoureux sans être excessif... de quoi décevoir les amateurs du côté trash de Solondz. On apprécie quand même de voir ce grand enfant gâté faire mu-muse avec son hummer digne des Experts Miami. Par contre, je trouve que Selma Blair n'est pas très crédible en brunette tantôt suicidaire tantôt cynique.
Cela devient intéressant quand surviennent des scènes oniriques, rêvées, fantasmées... ou comateuses. Certains personnages sortent du carcan que l'histoire leur avait imposé. Mais, globalement, c'est quand même moins réussi que les précédents films de Solondz.
21:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 18 septembre 2012
La Vierge, les Coptes et moi...
... et ma mère, aurait pu poursuivre l'auteur du film ! Il règne un double esprit sur ce curieux documentaire, enfant de Woody Allen et de Pierre Carles. La famille du réalisateur, Namir Abdel Messeeh, pourrait être juive. Elle est composée de Français et d'Egyptiens coptes. Les relations familiales, qui oscillent entre tradition et modernité, sont l'un des sujets de ce film. L'auteur y fait preuve d'un incontestable narcissisme, tempéré par un sens assez prononcé de l'autodérision.
L'autre sujet est celui de la religion, celle de la minorité chrétienne d'Egypte, pas très bien traitée par ses concitoyens musulmans. Messeeh se filme en train de construire son film, d'entretiens téléphoniques en repérages sur le terrain, à la manière d'un Pierre Carles.
On sent que l'auteur est au mieux agnostique, au pire athée. Il a pris de la distance avec son milieu d'origine. L'affaire des apparitions de la Vierge est l'occasion de renouer les liens. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu... et c'est tant mieux !
Les 40 dernières minutes, qui voient la mère (une ancienne comptable au Qatar... pays qui a participé au financement du film) prendre les choses en mains et débarquer de France en Egypte, sont souvent hilarantes. Au choc des cultures se superpose le cocasse des situations : il s'agit de trouver une jeune fille qui accepte d'incarner la Vierge... et de convaincre ses parents !
On atteint un sommet lorsque la participation des villageois est mise en scène. J'ai aussi trouvé très belle la séquence de la projection. A l'animation du public, ravi de se voir (ou de voir les voisins) à l'écran succède un silence éloquent, au moment de l'apparition.
La presse a eu amplement raison de chanter les louanges de ce petit bijou cinématographique.
20:40 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 16 septembre 2012
Les Enfants Loups
C'est le dernier film de celui que l'on commence à présenter comme le nouveau Miyazaki, Mamoru Hosoda. Les amateurs de mangas le connaissent par ses précédentes oeuvres, La Traversée du temps et Summer Wars. A ma grande joie, j'ai pu voir le film en version originale sous-titrée.
Autant le dire tout de suite : c'est long (deux heures). Le réalisateur a pris le temps de développer son histoire, ses ramifications. Il est très attentif aux émotions des personnages.
La première partie traite de la rencontre entre une étudiante et un jeune homme mystérieux. Leur amour va donner naissance aux deux enfants-loups, Yuki l'aînée et Amé le cadet.
La deuxième partie du film est consacrée à l'enfance des bambins, qui finissent par s'installer avec leur "mère-courage" en pleine campagne, dans une baraque en ruine que maman va retaper, avant de mettre en culture les terres avoisinantes. Au départ dubitatifs, les voisins vont se rapprocher d'elle, notamment un vieil homme bourru, sorte de Clint Eastwood rural japonais qui, sous des dehors agressifs, cache un coeur d'or. Cette partie est la plus truculente, notamment par le biais de Yuki, véritable feu follet qui peine à maîtriser ses transformations.
La troisième partie traite du début de l'adolescence des enfants. Leurs tempéraments évoluent, tout comme leurs corps et la relation semble s'inverser entre le frère et la soeur (qui est la narratrice de l'histoire).
L'animation est de qualité. Au départ, certaines scènes anodines pouvaient laisser croire qu'à l'image du ton, on risquait de subir un truc assez mièvre. Très vite, quelques détails nous laissent entrevoir le talent des dessinateurs, notamment lorsque la ville se trouve à l'écran, de nuit, ou encore lorsque l'on nous montre ces bocaux où sont disposées des fleurs.
La partie qui se déroule à la campagne subit l'influence de Hayao Miyazaki. Il est question de communion avec la nature, mais il n'y a pas de propos écologiste ici. Signalons un moment de toute beauté, qui voit la mère, partie à la recherche du fils disparu en forêt, faire la rencontre d'une ourse et de ses petits. Au même moment, à l'école du village où Yuki se retrouve enfermée avec un ami qu'elle a peu auparavant blessé par mégarde, une scène fabuleuse la voit révéler son secret, devant une fenêtre ouverte dont les rideaux oscillent au gré du vent, (dé)voilant tel ou tel aspect de sa personnalité.
Même si les dix dernières minutes m'ont un peu cassé les pieds, je recommande chaudement ce film.
22:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 15 septembre 2012
La Dette
Il ne va pas être question de la B.C.E., ni de la Grèce, ni de l'Espagne... un peu de la France... mais parce qu'il s'agit d'un film franco-polonais, dont l'action se déroule de nos jours, avec des références au passé communiste du pays (la Pologne), 30 ans auparavant.
On met du temps à comprendre ce à quoi fait allusion le titre français, alors que le titre polonais, Kret ("la taupe"), est plus explicite... mais un autre film, dont l'action se situe pendant la Guerre froide, porte déjà ce titre, en français.
A l'image des deux personnages principaux (le père et le fils), on navigue entre la France et la Pologne, entre l'euro et le zloty. Les deux hommes mènent un petit commerce illicite de vêtements de récupération. Leur fournisseur est un Arabe français, leurs clients des connaissances polonaises, dans le Sud du pays, la Silésie :
En France, le duo s'appuie sur un neveu de Zygmunt : la communauté polonaise est importante dans le Nord-Pas-de-Calais et la solidarité n'est pas un vain mot.
"Solidarité" est justement l'un des mots-clés : Zygmunt (qui fut ouvrier) est un ancien militant du syndicat Solidarnosc, avec lequel il semble avoir pris ses distances. Il en fut pourtant une figure emblématique, au plan local. Il a fait de la prison sous le régime communiste et semble vivre avec une pension de retraite assez modeste.
Le film nous présente d'abord le contexte économique et familial : le fils de Zygmunt est marié à la fille d'un autre ancien mineur, qui fut tué lors d'une grève qui défraya la chronique au début des années 1980.
Dans le contexte de "lustration", certaines affaires remontent à la surface. On apprend que la police politique aurait disposé d'un agent au comité directeur de la section de Solidarnosc. Zygmunt est soupçonné... et le film prend une autre dimension.
Le réalisateur a su (en s'appuyant sur d'excellents comédiens) restituer plusieurs ambiances troublées. La relation père-fils est perturbée, même si Pawel veut engager la défense de l'honneur de son père. Cela se complique avec sa femme et sa belle-mère, même si les liens affectifs demeurent forts. C'est plus dur avec les contacts professionnels. Paradoxalement, la solution pourrait venir de la communauté émigrée.
La dernière demi-heure est particulièrement réussie. A plusieurs reprises, on est amené à changer d'opinion, à propos de Zygmunt principalement. Le suspense est prenant, alors que l'action ne suit pas un rythme trépidant.
Un film à découvrir.
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dimanche, 09 septembre 2012
Journal de France
Raymond Depardon cosigne ce film avec Claudine Nougaret, devenue jadis son ingénieure du son (et un peu plus que cela, comme on peut le comprendre à la manière dont il la filme).
Ce documentaire alterne les séquences d'archives (parfois inédites), principalement des extraits des précédents films de Depardon, et des scènes tournées récemment, lors du dernier périple du cinéaste dans la France profonde.
Les tranches de vie saisies en Afrique sont saisissantes, que ce soit au Venzuela, au Biafra (en pleine guerre civile), en compagnie de mercenaires européens, ou au Tchad, où Depardon était parvenu, au prix de plusieurs mois passés dans le désert, à entrer en contact avec les ravisseurs de l'anthropologue Françoise Claustre, puis de celle-ci.
A notre époque, Raymond Depardon photographie. La devanture d'un magasin, une route, des grands-pères assis à l'entrée d'un bâtiment. On voit le "travail à l'ancienne" que prise le photographe.
Retours sur sa carrière. On nous propose des extraits connus ou inédits des documentaires qui ont fait la renommée du cinéaste : 1974, une partie de campagne, où Valéry Giscard d'Estaing apparaît cynique (le film a été longtemps bloqué par l'ancien président de la République) ; Reporters, qui met en scène à la fois des vedettes et des photographes (et Jacques Chirac en campagne, il y a une trentaine d'années).
Depardon est revenu sur les sujets qui lui tenaient à coeur. A San Clemente, tourné dans un asile de Venise, situé sur une île (avec des images particulièrement marquantes) répond Urgences, consacré à l'Hôtel-Dieu, à Paris. A Délits flagrants répond 10e chambre, instants d'audience (avec le cas de ce chauffeur délinquant routier multirécidiviste... et sans complexe). Et puis il y a la série Profils paysans, si nostalgique (passéiste, dirons certains), qui n'a pas suscité l'enthousiasme unanime du monde agricole.
Si l'on connaît bien l'oeuvre du cinéaste, ce film est un agréable "pot-pourri", qui n'apprend pas grand chose. Sinon, c'est l'occasion de découvrir l'un des meilleurs documentaristes contemporains.
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vendredi, 07 septembre 2012
My vote is my secret
C'est un documentaire tourné en 1994, avant, pendant et juste après les premières élections libres en Afrique du Sud. Il a été diffusé sur Arte l'année d'après.
Les auteurs ont suivi des citoyens ordinaires, presque tous noirs, pendant l'effervescence qui précède le vote, au moment de celui-ci et après la proclamation des résultats. Les véritables héroïnes sont des ouvrières du textile, qui travaillent dans une petite manufacture. Quand on prend le temps de les écouter, on s'aperçoit qu'elles ont des convictions solidement ancrées, chacune à sa manière. Elles sont à la fois drôles et émouvantes.
Les meilleurs moments cinématographiques sont les séquences tournées auprès des Zoulous, notamment dans cet "hostel", sorte de refuge clanique, où certaines femmes peuvent trouver protection, tant la violence est grande à l'extérieur. On assiste à des cérémonies traditionnelles, bien filmées, alors que, dans le reste du film, l'image est d'une qualité médiocre.
Intéressants aussi sont les préparatifs du scrutin. On navigue entre l'amateurisme bon enfant et un indéniable engagement civique. C'est touchant et stimulant à la fois. On voit naître une (ébauche de) démocratie. On pourra néanmoins regretter que les Blancs privilégiés par le régime d'Apartheid n'aient pas réellement voix au chapitre.
Sur la fin, on voit la joie de la majorité (après la proclamation de la victoire de Nelson Mandela) et on arrive à une étonnante séquence, durant laquelle s'illustre un drôle de gamin, parfaitement anglophone (ce qui n'est pas le cas de nombre de personnes interrogées dans ce documentaire), qui exprime les attentes (énormes) de la population et, dans une scène digne du théâtre de boulevard, récite ce qui me semble être le discours d'investiture de Nelson Mandela.
Je ne connaissais pas ce documentaire. Il a été programmé lors du festival de Rieupeyroux (Rencontres à la campagne), qui, du 5 au 9 septembre 2012, propose des films peu vus, le tout associé à une fête villageoise. On peut voir des expositions, rencontrer des producteurs locaux, (bien) manger sur place et même écouter de la zique (un trio de chanteuses-musiciennes qui ont la langue bien pendue).
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mardi, 28 août 2012
Rachel Corrie
Un article du Monde ("Qui était Rachel Corrie, morte sous les chenilles d'un bulldozer israélien") a été récemment mis en ligne. Il revient sur l'histoire de ce dévouement tragique d'une militante américaine engagée en Palestine. (Un tribunal israélien vient de rejeter la plainte déposée par ses parents.)
En lisant le papier, je me suis souvenu du film qui avait été consacré à cette histoire, un documentaire, intitulé simplement Rachel, auquel j'avais consacré une note le 30 octobre 2009. Je me souviens l'avoir vu un week-end à Toulouse, au cinéma Utopia.
Du coup, je suis allé faire un tour sur mon blog et, comme je ne me souvenais pas de la date à laquelle j'avais rédigé mon billet, j'ai effectué une recherche avec "Rachel" comme mot-clé. J'aboutis à une page de réponses, parmi lesquelles figure le début de mon billet. O stupeur ! Quand j'ai cliqué sur le titre (tout comme j'ai ré-essayé en cliquant sur "Lire la suite"), voici ce qui s'est affiché :
Interloqué, je me suis connecté à mon blog et, de l'intérieur, j'ai pu accéder à la note complète. Bizarre... Je la repropose ci-dessous :
La réalisatrice franco-israélienne Simone Bitton s'est attachée au cas de Rachel Corrie, cette jeune Américaine membre de l'I.S.M. (International Solidarity Movement) tuée par un engin de chantier israélien à Gaza, en 2003.
C'est donc un long documentaire, d'une durée de 1h30, en forme d'enquête... et d'hommage aussi. Si la réalisatrice donne la parole à tout le monde et si elle utilise des documents extrêmement variés, on sent tout de même qu'elle penche pour la version colportée par l'I.S.M.
Il ne fait aucun doute que la jeune femme est morte tuée par l'engin de chantier. Mais était-ce intentionnel ? Franchement, en sortant du film, je suis bien incapable de répondre à cette question... sauf si je me fie à la majorité des témoignages et opinions rapportés par la réalisatrice. Pour acquérir une certitude à ce sujet, il aurait fallu pouvoir filmer de l'intérieur du bulldozer-char, histoire de vérifier si ce qu'affirment les conducteurs à propos de leur champ de vision est plausible. Les schémas et dessins montrés (et issus des deux "camps") ne sont pas assez précis.
Il n'en reste pas moins que, dans cette tragédie, l'armée israélienne a, une fois de plus, fait preuve d'une certaine négligence dans le respect des droits fondamentaux de ses adversaires. Je recommande tout particulièrement les entretiens avec le chef de la police, qui n'a pas trop cherché à creuser... d'autant plus que la procédure d'enquête est vraiment particulière ! (Les militaires ne risquent pas grand chose, quoi qu'il arrive...)
Le film est donc très intéressant parce qu'il est une sorte de "tranche de vie" du conflit du Proche-Orient, que l'on découvre par le biais de la destruction des habitations palestiniennes sous prétexte de sécurité. A ce sujet, on peut noter que des sites pro-israéliens soutiennent que les militants d'I.S.M. s'opposaient, dans ce cas précis, non pas à la destruction d'une maison mais à celle d'un tunnel de communication entre la bande de Gaza et l’Égypte. (Si vous cliquez sur le lien, et même si vous allez jusqu'à la source anglophone, vous vous apercevrez que les vidéos censées démonter la thèse des activistes ont été retirées par le contributeur...) A la limite, on s'en fiche : rien ne justifiait l'emploi disproportionné de la force.
Le film mérite le déplacement aussi par le portrait qu'il trace de cette jeune femme qui, contrairement à nombre de crétins de son âge, ne passait pas son temps à regarder la télévision, faire du lèche-vitrines ou papoter à propos de la dernière niaiserie à la mode. C'est l'histoire d'un engagement, restitué par l'intermédiaire des textes écrits par Rachel Corrie, mais lus par ses camarades.
On peut en savoir plus sur elle en consultant le site de la fondation qui lui est consacrée.
On reste dans l'étrange quand on recherche le blog de Simone Bitton. Au moment d'entrer sur le site, un message d'avertissement s'affiche :
Quand je me rends sur la page de diagnostic, la lecture des explications fournies par Google est fort intéressante, notamment la fin :
Il semblerait donc que la dangerosité du blog de la cinéaste Simone Bitton soit due à une intervention extérieure... Vous avez dit bizarre ?
23:45 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, cinéma, cinema, film
samedi, 25 août 2012
Kill List
Voilà un drôle de polar, à la fois "primal" et cérébral, qui peut déconcerter... et effrayer. Pourtant, l'histoire démarre de manière plan-plan (c'est voulu). On découvre l'un des deux héros en père de famille approximatif. Il est au chômage depuis un paquet de mois et les 40 000 livres d'économie (on est au Royaume-Uni) ont fondu comme neige au soleil. Jay est de surcroît un acheteur compulsif, immature émotionnellement parlant (on le voit dans ses relations avec sa femme Shel - une charmante Suédoise- et son fils). Physiquement, il s'empâte. Son meilleur ami Gal semble plus à l'aise dans ses baskets : il est resté célibataire et, lorsqu'il rend visite à son pote, il est accompagné d'une jeune "executive woman" (qui a peut-être eu recours à la chirurgie esthétique) dont on finit par apprendre que c'est une "bombe" au lit.
C'est au cours de ce repas que les choses commencent à basculer. L'un des personnage fait un geste étrange, destiné à n'avoir de sens qu'à la fin du film. Mais surtout, il est question d'un nouveau "travail" : nos héros sont des tueurs.
On s'embarque dans un drôle d'univers. Ne vous attendez pas à une mise en scène léchée autour d'un monde d'aventuriers de la gâchette. Non, leur boulot est sordide et n'a rien de "glamour". Curieusement, leurs premières cibles sont des enflures (pédophile ou adepte de violence extrême). Leur mystérieux employeur serait-il une sorte de justicier ? Un indice (là encore difficilement compréhensible à ce stade de l'histoire) est donné au cours du deuxième meurtre.
Dans le même temps, Jay subit une transformation progressive. L'ancien soldat en Irak, qui a "merdé" lors de son dernier contrat en Ukraine, voit ses instincts se réveiller. La relation avec son pote Gal change. Celui dont on croyait qu'il avait le dessus devient le suiveur.
Le dénouement survient lors de la dernière mission, avec une séquence à couper le souffle dans des souterrains glauques. La "liste" de personnes à tuer s'avère plus longue que prévu et le spectateur qui a pris le temps de réfléchir finit par comprendre qu'un projet bien particulier est à l’œuvre depuis le début...
12:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 10 août 2012
The Dark Knight Rises
Je classe ce film dans la catégorie "risque de gros pipi" (comme Die Hard 4, par exemple) : avant de s'embarquer pour 2h40 d'action, il convient de vider consciencieusement sa vessie... et cela risque de ne pas suffire, si l'on a mangé (et surtout bu) avant la séance !
Ne faisons pas la fine bouche : on passe un bon moment, sans guère de surprise toutefois. Dès le début, on a compris que le jeune flic fan de Batman est appelé, sinon à lui succéder, du moins à l'épauler. Et la découverte, à la toute fin, de son autre prénom, confirmera l'intuition des habitués du comic.
La relation trouble qui se noue entre le "chevalier noir" et la voleuse mercenaire (Anne Hathaway, exquise), pour intéressante qu'elle soit, n'offre pas plus d'inattendu. On sent quelle décision importante la jeune femme (sorte de mélange de la Catwoman de Tim Burton et de la Chatte -noire- apparue jadis dans les aventures de Spiderman en BD) va finir par prendre. Je ne parlerai pas en détail d'une anecdote concernant le majordome de Bruce Wayne, mais sachez qu'il est question d'un restaurant en Europe et que le coup (à double détente) est vraiment téléphoné (et un peu "réchauffé" : on l'a vu récemment à l'œuvre dans un épisode de la saison 6 de la série Esprits criminels... et ce n'était pas une nouveauté).
Les méchants ne sont guère moins prévisibles, entre les corrompus et les violents, au premier rang desquels le défiguré Bane, dont l'histoire personnelle comporte néanmoins des points obscurs que le héros va devoir éclaircir. (Les scènes tournées dans la prison-puits sont très bonnes, à l'exception des tentatives de fuite : on comprend vite que l'une d'entre elles finira par aboutir.) Le véritable facteur d'incertitude est le personnage de Miranda, incarné par Marion Cotillard.
On pourra s'agacer de certains dialogues... et des voix caverneuses déformées des deux mâles dominants. On oublie vite, dans le fracas des scènes d'action, spectaculaires à souhait.
Terminons par le fond. Les scénaristes ont été suffisamment habiles pour construire une histoire susceptible de séduire aussi bien les partisans du tout-sécuritaire que les altermondialistes voire les esprits complotistes : Gotham City est un calque de New York, où les inégalités sociales sont présentées comme scandaleusement criantes et la "loi Dent" a comme un goût de Patriot Act. A chacun de se construire son interprétation.
21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
lundi, 06 août 2012
Rebelle
Ce nouveau Disney/Pixar est un film composite. Il mélange le conte de fées et les traditions celtiques (écossaises ici). Cela commence par quinze - vingt minutes de franche comédie. On découvre les personnages. J'aime beaucoup le roi Fergus, auquel Jacques Franz (qui double en français Robert de Niro et Mel Gibson, entre autres) prête sa voix avec talent. Les trois petits frères de la princesse courageuse (le titre anglais est Brave) sont aussi très amusants, toujours prêts à faire les 400 coups. Ce sont de précieux soutiens de leur grande soeur... tant que leur ventre n'entre pas en concurrence. Le personnage de la mère (la reine) est très réussi, élaboré même. Son apparence de frêle beauté soumise masque un caractère bien trempé. On sent qu'elle gouverne à travers son mari aimant. Je vous laisse le plaisir de découvrir la troupe de guerriers en kilt, très "colorée".
L'animation est de qualité. En tête de liste, je place l'abondante toison rouquine de l'héroïne (Mérida) et le pelage d'une ourse qui apparaît en cours de route... et qui va jouer un rôle important. Par contre, je trouve que l'on a abusé des plans panoramiques. On a un peu trop voulu nous montrer que, désormais, on sait filmer une animation comme un film de fiction avec acteurs. Du coup, sur certains plans, l'image défile trop vite. Mais le reste est bien fichu.
Assez vite, l'histoire bifurque. Le scénario sort des sentiers battus en ne faisant pas du périple de la princesse rebelle un chemin tout tracé au bout duquel elle trouverait son prince charmant, qu'elle finirait par épouser.
On s'est aventuré dans une direction plus risquée (mais qui reste dans la tradition Disney) : les relations mère-fille. Il est question d'un mariage, d'un sort jeté par une drôle de magicienne (qu'on voit hélas assez peu), d'une légende autour d'un prince ambitieux. Bien entendu, il y a une morale derrière tout cela.
L'esprit Disney est aussi présent à travers le rôle des animaux : le cheval de Mérida, les ours (et oursons !)... et d'étranges feux follets, qui sont l'une des clés de l'intrigue.
16:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
samedi, 21 juillet 2012
L'Age de glace IV...
... "La dérive des continents" La première séquence est consacrée à une explication peu académique de ce phénomène, avec la participation involontaire (mais déterminante) de Scrat. On retrouve l'inénarrable écureuil préhistorique de temps à autre dans le film, mais c'est à la fin qu'il retrouve le devant de la scène, là encore à un moment clé de l'histoire de l'humanité. Il est cette fois question d'une civilisation disparue...
L'ambiance retombe quand est présentée la petite troupe d'animaux, certains déjà connus, d'autres nouveaux, notamment les ados mammouths, assez agaçants. (Les mauvaises langues diront qu'ils sont criants de vérité, avec leurs coupes de cheveux ridicules !) Leur présence ne s'explique pas uniquement par la volonté de conserver l'ambiance familiale de la série. Ces jeunes sont au coeur du propos moralisant du film. Ce n'est pas idiot sur le fond, mais, franchement, ça m'a barbé.
Heureusement, nous découvrons rapidement une sympathique troupe de pirates, dirigée par un charismatique et impitoyable orang-outan. On note surtout la présence d'une tigresse aussi charmante que rebelle, qui ne va pas laisser Diego indifférent.
Les scénaristes ont aussi eu l'intelligence de revoir un peu le personnage de Sid, devenu insupportable dans le troisième volet. On rencontre sa famille, encore plus dingue que lui... et l'on va s'attacher à la grand-mère, une mamie (faussement) acariâtre, qui semble avoir perdu la tête : elle parle à un animal domestique que personne ne voit... du moins, pas dans la première moitié du film.
J'ai aussi adoré l'intervention des petites bestioles (des sortes de cochons d'Inde). Esclaves des pirates au début, ils vont se révolter et aider nos héros, façon Japonais kamikazes. Cela nous vaut plusieurs moments hilarants. On les retrouve à la fin. Lorsque nos héros les rejoignent sur leur nouvelle "terre promise", leurs petits amis ont déjà fondé une nouvelle civilisation... Soyez attentifs à la statue géante !
Du côté des références, ça pioche toujours dans la Bible (l'Ancien Testament), mais aussi dans L'Odyssée d'Homère (avec les sirènes, par exemple), la quête du graal et le mythe de l'Atlantide. C'est au final du bon boulot, avec une animation toujours aussi réussie et un humour souvent décapant.
17:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 18 juillet 2012
Couleur de peau : miel
Le dessinateur Jung et Laurent Boileau signent l'adaptation du roman graphique éponyme. Cela donne un long métrage où alternent les scènes d'animation et les prises de vue réelles, suivant Jung dans sa quête d'identité.
On revit la jeunesse de cet enfant coréen, trouvé dans la rue par un policier et qui, un peu par hasard, va être adopté par un couple belge qui a déjà quatre enfants biologiques. La partie animée nous conte les relations entre le petit Jung et ses frères et soeurs, avec ses parents aussi. Après un temps d'adaptation vient la période de bonheur. L'adolescence est par contre un moment de conflits et de questionnements.
Les anciens jeunes des années 1970-1980 se retrouveront dans ce portrait de garçon fan des séries japonaises... que sa mère adoptive a cependant inscrit aux cours de danse ! (Il va quand même y trouver quelques avantages...) Finalement assez introverti, il s'épanche à travers ses dessins, dont il ne sait pas encore qu'ils vont devenir son gagne-pain.
Ces vignettes sont entrecoupées de scènes tournées en Corée du Sud (quand Jung décide d'y retourner) ou en Belgique (quand il mène son enquête). Des images d'archive sont ajoutées. La musique est de surcroît très chouette.
C'est un film vraiment intéressant. On peut suivre la partie animée (très bien dessinée) comme un manga et les scènes réelles comme un documentaire. L'alternance a été habilement montée. (A ce sujet, on remarque que les scènes coupées sont principalement des portions documentaires, comme si l'on avait voulu préserver un certain équilibre en faveur de l'animation.)
Sur le site dédié au film, on peut trouver plein d'autres choses, notamment un dossier de presse bien foutu.
Cette histoire n'est pas sans rencontrer un certain écho en France. Le 29 juin dernier, Le Monde a consacré une page complète aux adoptés. On y découvre le témoignage de Jean-Vincent Placé, jeune sénateur écologiste médiatique.
Moins connue est la charmante et hyperdiplômée Fleur Pellerin, récemment devenue "Ministre déléguée auprès du ministre du Redressement productif, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique". Tout comme pour Jean-Vincent Placé, sa promotion a fait la une de la presse sud-coréenne.
(Elle est à mon avis bien plus jolie comme cela qu'avec le maquillage et le rouge à lèvres voyant auxquels elle a recours depuis peu.)
15:55 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
vendredi, 13 juillet 2012
Starbuck
Attention, le contenu ne correspond pas forcément à l'emballage ! Au départ, cette comédie a été présentée comme un ovni cinématographique, un truc osé et dérangeant. Il n'y a guère que le début qui prend le chemin de la comédie déjantée. La suite est un "objet gentil".
Ce n'est cependant pas un mauvais film. La découverte par le héros de la vie de certains de ses 533 enfants (fruits de ses branlettes rémunérées) ne manque pas de saveur. On regarde avec attendrissement l'ado attardé devenir un père par procuration (il ne révèle pas sa véritable identité à ceux qu'il aide), plein de bonne volonté. On est ému par les scènes avec l'enfant handicapé, filmées avec tact.
C'est parfois involontairement drôle, comme lors de ce week-end qui réunit une partie de sa progéniture. Une soirée s'achève autour du feu... à chanter du Roch Voisine !
C'est cependant un peu trop tartiné de bons sentiments... avec un fond un brin misogyne, en plus. Seuls les personages masculins sont vraiment fouillés. Ils sont bien campés mais, en face, les femmes ne sont que des figures, qui n'existent que par ces hommes, les seuls à mener l'action. Je ne vous parle même pas de la fin, très consensuelle.
Il faut voir ce film comme une nouvelle déclinaison nord-américaine de la comédie faussement rebelle. On passe un agréable moment, mais c'est très convenu.
P.S.
Le surnom du héros "Starbuck" (le pseudo sous lequel il s'est inscrit comme donneur de sperme) fait référence à un taureau, célèbre au Canada, dont la semence fut jadis très recherchée.
P.S. II
En vous rendant sur le site dédié au film, vous pouvez tenter de savoir si vous êtes vous aussi l'un des enfants de Starbuck... et laisser votre trace sur le mur !
20:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 07 juillet 2012
Les Femmes du bus 678
Le Caire est une ville très peuplée (une mégapole), très étendue, dont la grande majorité des habitants tire le diable par la queue. Ils sont donc nombreux à avoir deux emplois et, pour leurs déplacements, ils privilégient le bus, moins cher que le taxi... et que la voiture qu'ils ne possèdent pas. Le problème est que, dans les bus, l'entassement des passagers favorise le harcèlement des femmes par des vicieux qui se baladent avec un petit citron dans la poche.
Le réalisateur a choisi ce biais pour traiter du harcèlement sexuel en Egypte. Il fait s'entrecroiser trois histoires et trois femmes : une grande bourgeoise (Seba), qui gère sa boutique, une "djeunse", un peu rebelle (Nelly), issue de la classe moyenne et une traditionnaliste (Fayza), aux origines plus modestes.
Cette dernière ne sait plus comment faire pour éviter les attouchements dans le bus. Le taxi coûte trop cher... et les harceleurs ne se découragent pas facilement. Ajoutez à cela le manque de communication dans son couple et les tabous sur sexualité (autres sujets importants du film), et vous comprendrez que Fayza en ait été conduite à prendre les grands moyens : un couteau.
Elle a été inspirée par Seba, qu'elle a vue à la télévision et qui anime un atelier pour les femmes harcelées. On finit par apprendre qu'elle-même a été violemment agressée, à l'issue d'un match de football, à l'image de ce qu'ont subi des journalistes occidentales lors de la révolution égyptienne. (Au cours du tournage de cette scène, l'actrice a failli subir le même sort, ainsi qu'on l'apprend sur le site Allociné.) Notons qu'ici, l'action se passe sous le gouvernement d'Hosni Moubarak : on voit son portrait dans le poste de police où Nelly va porter plainte, après avoir été agressée en pleine rue.
Dans la première moitié du film, les histoires se croisent : lorsque Fayza sort précipitamment du bus où elle vient encore de se faire tripoter, elle atterrit devant le capot de la luxueuse voiture du mari de Seba, sur une place autour de laquelle se trouvent des logements avec balcon, l'un d'entre eux étant occupé par Nelly et Omar, en pleine discussion sur sa plainte. D'ailleurs, lorsque celle-ci a témoigné de son agression à la télévision, l'auditrice qui a appelé (sous un pseudonyme) pour la soutenir n'était autre que Fayza.
La deuxième partie du film voit les femmes unir leurs forces, puis se déchirer, à l'image de la société égyptienne. On a aussi un bon aperçu des pressions qui sont exercées sur elles pour préserver "l'honneur de la famille"...
Notons que les hommes ne sont pas tous montrés comme étant de gros beaufs. Omar, le petit copain de Nelly, est un type bien... et que dire d'Essam, l'enquêteur, tout en rondeurs ! C'est un peu un mélange du capitaine Dobey et de l'inspecteur Derrick... Il est malin, avance à son rythme et va résoudre cette étrange histoire d'hommes blessés à l'entrejambe.
C'est l'un des talents de ce film : introduire de la comédie dans un sujet grave. Il y a bien quelques facilités ici et là, un peu trop d'emphase parfois, mais cela reste un très bon film, engagé et riche de sens.
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jeudi, 05 juillet 2012
Miss Bala
Ce petit film mexicain ne fait pas trop parler de lui, et pourtant... Il nous offre une plongée dans la violence endémique qui ronge le pays, lui associant un portrait social qui tente de s'éloigner des clichés. C'est un peu une version mexicaine du Traffic de Soderbergh.
Cette "miss Beauté" de Basse-Californie est d'origine modeste. Pas vilaine (et un peu rêveuse), elle pense qu'un concours de mannequin va la sortir de l'ornière. Mais sa vie bascule la veille du début de l'entraînement, parce qu'elle a suivi sa meilleure amie dans une soirée qui s'est très mal terminée. La violence intervient donc assez tôt dans le film, mais elle est filmée de manière indirecte, à travers les conséquences qu'elle a sur le personnage principal.
La suite met plutôt en scène la montée de la tension psychologique. Laura Guerrero a survécu grâce à sa ténacité... mais le chef du cartel de la drogue s'est entiché d'elle. Qu'est-elle prête à faire pour survivre ? Qu'est devenue son amie ? A partir de là, cette innocente jeune femme se retrouve prise dans un engrenage, qui la fait passer de victime à complice des criminels. On la découvre finalement assez futée et entêtée.
Les forces de l'ordre ne sont pas toujours à leur avantage. Du point de vue des "Mexicains d'en-bas", c'est une troupe coercitive comme une autre. Certains policiers travaillent même en douce pour les trafiquants de drogue... et les relations entre les hommes de pouvoir, les militaires et les riches délinquants ne sont pas très claires, c'est le moins que l'on puisse dire.
Du côté de l'héroïne, on est assez surpris de la voir passer habilement entre les gouttes. Elle profite du fait que le chef du cartel n'est pas complètement abruti... et qu'il pense pouvoir l'utiliser à sa guise.
La violence physique ressurgit dans la dernière demi-heure, qui se conclut de manière assez surprenante.
C'est un film fort, porté par son interprète principale (Stephanie Sigman, inconnue au bataillon) et qui évite (en général) les effets faciles.
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mercredi, 04 juillet 2012
The Dictator (Le Dictateur)
Les critiques (professionnels) ont été en général très réservés sur le nouveau film produit par Sacha Baron Cohen (après l'excellent Borat et le décevant Brüno). Il faut dire que notre moraliste du XXIe siècle n'y va pas avec le dos de la cuillère... plutôt à la truelle et à la bétonnière !
Il dénonce les travers de certains de ses contemporains, en s'appuyant non pas sur un type sympa, mais sur un personnage extrêmement contestable, mélange de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi (avec un chouïa de Hafez el-Assad et d'autres potentats, plutôt africains). Ses films posent donc la question de l'identification au personnage principal, le "héros", qui est aussi (et surtout) un enfoiré.
On peut déjà apprécier la satire des tyrans proche-orientaux et africains : le général Aladeen est un crétin infantile... souvent ridicule donc. Il allonge un max de fric pour pouvoir profiter (brièvement : apparemment, le petit membre du monsieur balance vite la purée...) du corps de jolies femmes... non, pas des prostituées, plutôt des mannequins ou actrices connues. (J'adore le moment où l'on découvre l'éventail de ses "conquêtes".) L'une des scènes est clairement une vacherie à destination de Naomi Campbell.
C'est là où le projet du film est le plus visible : s'appuyer sur ce dictateur pour mettre à jour les turpitudes de ses contemporains.
Les contestataires "droits-de-l-hommistes" gauchisants en prennent aussi pour leur grade. La manière dont la foule, à New York, adopte les slogans du vrai dictateur (qui a perdu sa barbe dans des circonstances que je vous laisse découvrir) est très drôle.
Le personnage féminin principal, incarné par une égérie des comédies lourdingues (Anna Faris, très à l'aise pour jouer les idiotes dans Scary Movie et Smiley Face, par exemple), "déguste" aussi : elle est souvent à côté de la plaque, s'habille comme une souillon, ne se rase pas les aisselles... mais elle joue un rôle non négligeable dans cette aventure. Voici donc la misogynie globale (l'image des femmes n'est guère reluisante dans les films produits par SB Cohen) atténuée par une figure sympathique.
Le portrait de la boutique bio de l'héroïne est très acide. Aladeen va y mettre bon ordre, faisant bosser les salariés lymphatiques, luttant contre la fraude (un comble, pour l'ex-dictateur !), s'occupant des clients mal élevés... Au départ, il fait tout cela pour récupérer son pouvoir. Mais il finit par éprouver un tendre sentiment pour l'idéaliste humaniste... d'autant plus que celle-ci le sort de tous ses mauvais pas, comme cette excursion en hélicoptère (en compagnie d'un ingénieur atomique... et d'un couple d'Américains moyens) qui se finit au poste de police.
On appréciera aussi le tableau du petit monde des opposants en exil. Aladeen le découvre à l'occasion d'un passage dans un bar ethnique. Il finit par comprendre que tous ceux dont il a commandé l'exécution sont là... y compris la vache ! La séquence est franchement hilarante.
Politiquement, le film est engagé. Pas tellement en faveur de la démocratie, finalement soutenue parce qu'elle permet l'amour véritable : le dictateur fait l'expérience d'une femme qui l'embrasse de sa propre initiative et non pas parce que son père est attaché au radiateur dans la pièce d'à côté ! L'auteur s'en prend aux puissants, chinois inclus (ils rachètent l'Amérique... et se font faire des gâteries !), dans un portrait au vitriol, sans nuances. Et quelle magnifique tirade d'Aladeen, vantant les mérites de la dictature aux Américains, leur expliquant tout ce qu'elle permet de faire... sans réaliser évidemment que les Américains n'ont pas besoin d'une dictature pour arriver à ces résultats !
Les jeunes (et les grands enfants) goûteront l'humour pipi-caca, de la carafe d'urine à la tribune de l'O.N.U. à l'expulsion d'un méga-étron en altitude. Dans le genre très con, on a aussi le sosie du dictateur, encore plus stupide que lui... si, c'est possible !... et quelle intervention miraculeuse à la fin du film ! Tordante !
Mais les deux scènes d'anthologie sont sans conteste la découverte de la masturbation par le héros (avec l'aide de sa patronne, très pédagogue) et l'accouchement pratiqué par lui et sa nouvelle amie, dans la boutique, avec vues de l'intérieur du vagin en prime ! J'A-DORE !
19:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 30 juin 2012
Adieu Berthe, ou l'enterrement de mémé
C'est la nouvelle oeuvre des frangins Podalydès, fils d'un pharmacien de la banlieue parisienne chic (Versailles) et adeptes d'un humour décalé.
On retrouve plusieurs aspects autobiographiques dans ce film : la pharmacie, la grand-mère porteuse d'un univers qui fascine, le rôle de la magie (souvenirs de l'enfance du réalisateur, Bruno). Il me semble que l'esprit de Jacques Tati souffle aussi un peu sur le film : même si l'on voit le RER passer, on se dit que ces quartiers pavillonnaires tranquilles sont un peu à l'écart de leur époque.
La première partie est une chronique de banlieue. Le pharmacien se déplace en trottinette électrique, transportant au besoin la fille de sa maîtresse (Valérie Lemercier, épatante), finissant toujours par rejoindre sa boutique (au-dessus de laquelle habite belle-maman, une rombière caricaturale), où s'échine sa tendre épouse (Isabelle Candelier, un peu trop cocker).
Il y a quelques idées de mise en scène dans la manière dont la pharmacie est filmée, mais les dialogues associés à ces scènes sont par contre d'un niveau assez faible... et le ballet des tiroirs de l'officine m'a fait immanquablement penser au sketch des Inconnus sur les commerces, avec Bernard Campan dans le rôle du pharmacien... autrement plus corrosif que Denis Podalydès !
Les journées (et les soirées) sont rythmées par l'envoi de textos. Nos bobos sont extrêmement dépendants de leurs smartphones ! Notons que le réalisateur a trouvé une méthode simple et efficace (un code de couleurs) pour intégrer (souvent de manière humoristique) les mini-messages à l'intrigue. (C'était toutefois plus élaboré dans L'Exercice de l'Etat.)
C'est la mort de la grand-mère qui vient casser ce ronronnement. Elle met les protagonistes au contact du monde des croque-morts... qui cherchent surtout à "croquer" l'argent des vivants ! Il faut signaler la performance de Michel Vuillermoz, formidable dans le rôle d'un entrepreneur "conceptuel", qui transforme le contrat-obsèques en oeuvre lyrique ! La première séquence tournée dans les locaux des pompes funèbres est géniale, entre le pédantisme de l'entrepreneur, l'obséquiosité de ses employés et l'irruption de Valérie Lemercier... dont le "pétage de plombs" ultérieur, en plein cimetière, est plus savoureux encore que ce qui était perceptible dans la bande-annonce.
On découvre aussi avec joie l'entrepreneur plus artisanal incarné par Bruno Podalydès lui-même, dans un rôle qu'aurait pu interpréter Edouard Baer.
Pour moi, le film décolle avec le séjour en maison de retraite. Cela commence par le trajet, en fourgon mortuaire (et de bons dialogues). Cela continue par la découverte de la chambre de la grand-mère, puis des pensionnaires de cet institut assez particulier. La nuit que le pharmacien et sa maîtresse sont obligés de passer sur place va leur faire découvrir des aspects inconnus de la vie de l'aïeule décédée. C'est vraiment une très belle séquence.
Le lendemain, ils se font envahir par une troupe menaçante, sombre : la guerre des pompes funèbres est déclarée ! La belle-doche, toquée de l'entrepreneur pédant, s'en mêle. Cela nous mène aux funérailles, introduites par une musique qui ne dépaysera pas les amateurs de (feue) l'émission 2000 ans d'histoire.
Il y a une vie après la mort... du moins dans le film : la découverte des petits secrets de la défunte va aider certains adultes à fêter dignement l'anniversaire d'une gamine !
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mercredi, 27 juin 2012
Prometheus
Dans la mythologie grecque, Prométhée est un titan (ou le fils d'un titan), créateur de l'espèce humaine, à laquelle il rapporte le feu. Seule une partie de la légende sert de base à ce film, qui traite de la création des humains, imaginée comme résultant d'une intervention extraterrestre. On passe de l'archéologie à la science-fiction, dans une quête des origines qui réserve quelques surprises.
Ce film est aussi présenté comme un prequel de la saga Alien. C'est bien là le problème. Ceux qui connaissent les films auront comme un goût de déjà vu, tant les scénaristes ont tout fait pour ne pas dépayser les spectateurs. Du coup, on trouve que les humains font (par avance, puisque l'action est censée se dérouler environ 30 ans avant le premier Alien) les mêmes erreurs que ceux que nous avons vu se faire dépecer ou ensemencer jadis. Ce n'est pas désagréable à regarder, mais, franchement, cela manque d'originalité.
C'est l'autre versant de l'histoire qui est le plus novateur, celui qui a trait au monde des "ingénieurs", ces géants humanoïdes dont on ne nous dit hélas presque rien. On soulève juste un coin du voile. De deux choses l'une : soit le film était déjà trop long, trop coûteux... et l'on a tranché dans le reste, soit on nous ménage une suite (la fin est ouverte), c'est-à-dire que des producteurs avides d'argent facile ont "lancé une sonde". Envisagerait-on une nouvelle série de films ?
En tout cas, formellement, celui-ci est très joli à regarder. Les décors sont somptueux (pas besoin de la 3D pour les apprécier) et plusieurs scènes sont particulièrement bien enlevées. Celle de l'auto-avortement du docteur Shaw (Noomi Rapace, pas aussi marquante que dans Millenium, mais plus à son avantage que dans Sherlock Holmes 2) est forte... et audacieuse, pour une production états-unienne. (Pour calmer les culs-bénits, on a fait de la scientifique une croyante fervente... et le "bébé" survit... et grandit... en pleine forme !)
Scott réussit son coup dès qu'il est question des "ingénieurs", que l'on voit finalement assez peu à l'écran. Un autre acteur se distingue (parmi la brochette venue essentiellement prendre la pose devant des fonds bleus ou verts) : Michael Fassbender (vu l'an dernier dans un autre prequel, X-Men : le commencement), excellent en androïde manipulateur.
Dans une grande salle, à 20h30, c'est un spectacle qui se regarde sans déplaisir.
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mardi, 26 juin 2012
Madagascar 3
Ce film suinte l'anti-France. Cela commence, quasiment dès le départ, par une allusion au fait que les Français travailleraient peu : dans la version doublée, on a droit au couplet sur la durée des vacances et les RTT...
On continue avec le personnage humain principal, une policière (Chantal Dubois) obnubilée par les trophées d'animaux, une increvable mégère qui n'est pas sans rappeler l'insubmersible mamie de l'épisode 2. (Un peu de misogynie ne peut nuire, au passage.) Les esprits forts feront remarquer que la policière est monégasque... mais ce détail n'est mis en avant que dans la séquence "montecarlienne" : par la suite, elle est qualifiée de française, jusqu'à la remise du chèque de récompense.
Cette francophobie nous vaut toutefois un bon moment : le rétablissement express des subordonnés de miss Dubois, grâce à une chanson dont je me garderai de dévoiler le titre. Sachez seulement que c'est l'occasion de se payer la tête d'un film français qui a permis à une actrice très moyenne d'être oscarisée. Là, j'ai bien ri. Mais le second degré disparaît à nouveau à la fin, où l'on retombe sur le French Bashing (les "Freedom Fries" ont remplacé les "French Fries") si bien décrit naguère par Guillemette Faure.
Mais d'autres Européens bénéficient d'un traitement à peine moins dégradant. Le Russe a perdu de sa superbe par rapport à une époque ancienne (sans doute celle de la Guerre froide) : c'est une poule mouillée qui fait des rodomontades. L'Italien est l'idiot utile, l'Italienne une femme-objet assez faible finalement... vite sous le charme du lion américain, qui va remettre le cirque sur pied (ben voyons...). Au passage, signalons qu'aucun personnage négatif ne semble faire référence à l'Allemagne. On a de ces prévenances, outre-Atlantique...
Si l'on oublie cet arrière-plan nauséabond, on peut passer quand même un bon moment. L'humour pipi-caca est trop peu présent à mon goût (et à celui d'un jeune spectateur qui riait aux mêmes gags que moi) : un peu de vomi sur un gâteau au début, un spectateur ultra-chiant qui finit coincé dans l'anus d'un éléphant par la suite.
Le ressort le plus efficace est l'intervention des inénarrables pingouins, dont le cynisme rigolard me fait bien marrer. Je garde aussi en mémoire la love story entre le roi lémurien et une ourse très timide... et assez dégueu... Mais l'amour -le vrai, le seul, l'unique- n'est-il pas aveugle ?
Quand la tension baisse (ça arrive assez souvent, quand même : le film est très inégal), on peut s'amuser à essayer de repérer les références cinématographiques.
Pour 2,5 euros, ça passe.
23:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, film, cinema
jeudi, 21 juin 2012
Radiostars
Au départ, je n'ai pas été attiré par ce film. Je me suis dit qu'il devait s'agir d'une nouvelle production bas du plafond, destinée à un public djeunse qui croit jouer au rebelle en faisant semblant d'aimer une grosse daube. Et puis, le bouche-à-oreille n'étant pas mauvais, je me suis décidé à tenter ma chance.
Cela commence pourtant de manière attendue : on nous fait découvrir une soirée branchée parisienne (où pullulent les pétasses et les blaireaux), puis le quotidien d'une émission "matinale" d'une radio "jeune". C'est malgré tout drôle, avec un Clovis Cornillac excellent en chef de meute impitoyable et un peu fragile au fond. Il s'appelle Arnold (ce qui fut le pseudo d'un animateur de Skyrock), fume comme Difool et descend ses collègues comme Laurent Baffie.
On suit la progression d'un mec tout timidou, qui va petit à petit jouer un rôle de plus en plus important dans la troupe. C'est une sorte de "roman d'apprentissage"... d'abord parce que la fine équipe, punie par son patron à cause d'audiences fléchissantes, est condamnée à arpenter la province, l'été, pour y tenir son morning.
Cela nous vaut de bons moments style "choc des cultures", parce que par province, il ne faut pas entendre Lille, Rennes, Nancy ou Toulouse. La seule grande ville visitée par la troupe est Marseille, à la fin. Ces jeunes hommes en sont donc réduits, le soir, à hanter les boîtes sinistres du coin. Il y font de curieuses rencontres, dont une horrible blondasse.
Ils se déplacent en bus. Celui-ci est conduit par une personne androgyne, Daniel (-le ?), mi-Françoise Hardy mi-Jacques Dutronc. C'est l'un des fils rouges de l'histoire : à intervalle régulier, une situation est l'occasion pour l'équipe de tenter de deviner le sexe de leur guide routier, par exemple lors de l'achat d'un magazine (Auto plus ou Femme actuelle ?... Que choisir !) ou lorsqu'il est question de la personne qui partage sa vie (et qui, ô surprise, porte un autre prénom ambigu : Dominique). Le générique de fin ne lève pas le voile, puisque l'identité de l'acteur-trice est tronquée : J. Plumecocq-Mech.
L'une de mes séquences préférées est celle qui voit intervenir un rappeur, Léonard de Vitry (incarné par un Jacky Ido plus vrai que nature). Le langage devient encore moins châtié... et c'est une gonzesse qui met tout le monde d'accord : la petite amie du rappeur, jouée Alice Belaïdi, une révélation ! Tout cela se termine dans un McDo, guitare sèche à la main. Un joli moment.
C'est l'une des qualités du film : les tranches d'humour sont entrecoupées de scènes plus intimes, parfois presque solennelles. Il y est question d'amour, de sexe, d'amitié. Cela dit des choses sans prétention.
C'est pour moi une bonne surprise de ce mois de juin.
22:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
jeudi, 07 juin 2012
Le Grand Soir
Après l'incongru Aaltra, après le percutant Louise Michel, après l'étonnant Mammuth, l'équipe de Groland, augmentée de quelques potes, nous livre son nouveau délire pseudo-révolutionnaire, entre punkitude et société de consommation.
L'histoire tourne autour de deux frères, interprétés par deux pointures : Albert Dupontel, en fils idéal, propre sur lui, qui va disjoncter (excellente scène filmée par un téléphone portable !) et Benoît Poelvoorde, en punk amis des bêtes, pas méchant au fond, mais franchement sans gêne (il est génial en "crevard").
Ils sont entourés d'une faune de personnages plus ou moins loufoques, à commencer par leurs parents. Pendant tout le film, je me suis demandé s'ils étaient particulièrement futés ou vraiment très cons. La qualité médiocre du jeu d'Areski Belkacem et surtout de Brigitte Fontaine n'aide pas de ce côté-là. J'ai préféré Bouli Lanners, en vigile débonnaire, dont la conversation sérieuse avec le père des héros vaut son pesant de cacahuètes...
Je dois quand même dire que le rythme du film n'est pas toujours maîtrisé et que le montage a sans doute parfois manqué de rigueur mais, tout de même, cela regorge de bons moments.
J'ai bien aimé une des scènes du début, dans le restaurant tenu par les parents, où la famille se réunit, les deux fils parlant sans vraiment s'écouter. On retiendra qu'Albert Dupontel est passionné par le son dolby surround, alors que Benoït Poelvoorde raconte ses expériences avec la police, l'un de ses petits trucs consistant à éviter de chier quand il sent qu'il risque de se faire arrêter, histoire de compliquer la fouille intime à laquelle il a droit au commissariat...
Le pétage de plombs de Dupontel est aussi un grand moment. On peut y associer le délire que se tape Poelvoorde devant ce qu'il croit être une vitre opaque... Excellent ! Que dire encore des différentes techniques (et matières...) utilisées par Ben-Not pour redresser sa crête...
On peut se contenter de voir le film comme une succession de saynètes "à la Groland"... ou puiser dans les situations montrées à l'écran des arguments contre l'organisation du monde dans lequel nous vivons.
21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
mardi, 05 juin 2012
Margin call
La crise financière qui a éclaté en 2008 n'en finit pas d'inspirer les cinéastes. On constate toutefois une évolution, puisqu'on est passé du documentaire pur et dur, militant (Inside Job), au documentaire-fiction (Cleveland contre Wall Street, que je recommande), pour arriver à cette fiction à caractère documentaire, puisque la banque dont la chute nous est décrite est sans doute Lehman Brothers.
On suit donc une bande de mecs d'âges et d'origines différents, brillants, appâtés par le pognon, confrontés à une situation de crise grave, inédite. Dans cette bande de mecs s'est glissée l'impeccable Demi Moore, qui, en dépit d'un rôle très sobre, se révèle encore sacrément bien gaulée ! Mais je m'égare...
Toujours est-il que les interprètes masculins, bien que physiquement nettement moins attirants (à mon goût) que l'ex-Mme Willis, sont formidables, à commencer par Kevin Spacey, dont le personnage a une image évolutive dans le film : au départ, on le voit pleurer, non pas sur la catastrophe qui frappe sa boîte, encore moins sur la charrette de licenciements, mais sur la maladie de sa chienne. Du coup, on le prend pour le gros enculé de base. Les changements successifs de focale vont nous le montrer sous un autre jour.
Tour à tour, l'action suit (et met en valeur) l'un des protagonistes. Cela démarre avec le vieux routier viré comme une merde (Stanley Tucci, épatant). On continue avec le jeune doué qui va découvrir le pot-aux-roses (Zachary Quinto, efficace). On poursuit avec le chef d'équipe aux dents longues, un cynique avec d'étonnantes fidélités (Paul Bettany - oui, le Silas de Da Vinci Code). Au-dessus encore se trouve un jeune requin qui a déjà bien réussi (Simon Baker... Mentaliste à ses heures). Cela remonte comme cela jusqu'au big boss, paradoxalement le rôle le moins bien interprété selon moi (Jeremy Irons, qui cachetonne).
Certaines scènes ont une force toute particulière, comme celle qui se déroule dans les toilettes masculines, où s'est caché l'une des jeunes recrues aux dents longues, qui sait qu'il va se faire lourder et qui chiale comme un môme. Débarque l'un des pontes, dont on ne voit d'abord que les chaussures (le plan est pris de l'intérieur d'une cabine). On finit par comprendre qu'il vient se raser, en toute décontraction, pendant que le jeunot, qui sort enfin du petit coin, essaie de faire bonne figure.
J'ai aussi en mémoire la dernière tentative de Bettany-Emerson pour faire revenir Dale-Tucci à la banque. Celui-ci lui raconte ses débuts dans les travaux publics, construction d'un pont à l'appui. Et le voilà, assis sur les marches d'entrée de sa maison, qui se lance dans un délire de chiffres prouvant tout le bien de son travail (c'était avant qu'il ne parte bosser dans la banque...), laissant son interlocuteur pantois.
C'est donc un vrai film de cinéma, ancré dans la réalité de la spéculation financière et le caractère impitoyable des relations entre les grands fauves de la jungle des marchés. L'humain, dans tout cela, a bien du mal à trouver sa place.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 31 mai 2012
Dark Shadows
Tim Burton a réuni une pléiade d'acteurs brillants pour ce film aux accents "gothiques", qui fait se percuter ambiance d'Ancien régime et seventies triomphantes (avant la crise, donc).
Il n'innove pas vraiment. L'histoire est un mélange de La Famille Adams, des Noces funèbres (excellent film d'animation qu'il signa naguère), de Twilight (genre le vampire qui tombe amoureux d'une mortelle...)... et de Mr and Mrs Smith... Si ! Le (faux) couple formé par Depp-le-vampire et la sorcière Eva Green fonctionne un peu sur le registre Pitt-Jolie... en mieux. La composition d'Eva Green (inoubliable Sibylle dans Kingdom of Heaven) est à signaler. A une plastique parfaite, elle ajoute un entrain, une "pêche" maléfique qui troublent quelque peu le cul-pincé amateur de sang frais.
Les scènes qui confrontent ces deux personnages sont souvent très réussies. D'autres, plus languissantes, répétitives même, auraient dû être coupées au montage, ce qui aurait fait du bien au film, qui souffre de quelques longueurs.
La séquence du début explique l'origine de la malédiction. On atterrit ensuite à l'époque contemporaine, où l'on suit la future nouvelle nounou du garçon perturbé de la maison. Elle semble cacher de lourds secrets. On pense que les scénaristes en ont fait le personnage féminin principal... avant de découvrir la "méchante" (Eva Green donc, redoutable chef d'entreprise... et surtout sorcière amoureuse et extrêmement possessive). Du coup, la miss-propre-sur-elle-qu-on-n-effraie-pas-comme-cela passe au second plan, et son passé chargé, tout comme sa quête, ne sont pas très bien traités par la suite de l'histoire.
Le film est évidemment émaillé de traits d'humour. A la base, on a joué sur le contraste entre les propos et la conduite guindés du vampire (à entendre en VO sous-titrée, of course) et la trivialité du monde dans lequel il atterrit... et dont il doit acquérir certains codes. Rien de très nouveau donc, mais c'est bien fichu. Les amateurs de macabre goûteront aussi la manière dont le héros hématophage s'occupe d'une équipe d'ouvriers et d'une bande de baba cools assez mous du bulbe.
Ajoutons que l'image est superbe. La propriété qui sert de cadre à l'histoire est magnifique (et truffée de recoins secrets). Certaines scènes sont particulièrement enlevées. J'ai particulièrement aimé la dernière confrontation avec la sorcière et cette peau de porcelaine qui se craquelle... avant que le cœur ne s'éteigne.
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mercredi, 30 mai 2012
Moonrise Kingdom
De Wes Anderson j'ai vu La Famille Tenenbaum (de facture classique), La Vie aquatique (surprenant) et Fantastic Mr Fox (plaisant). Ce film ne détonne pas : il est bien dans le style de ce réalisateur peu commun, dans l'univers duquel il faut arriver à entrer.
Ici, l'île de la côte atlantique semble surmontée de maisons de poupées et l'ambiance de la fin des années 1960 contribue à renforcer l'impression d'étrangeté. Le réalisateur oppose le monde des adultes, géométrique, triste, sans fantaisie, au monde des (pré)adolescents, fait de folie douce, d'aventure et de rondeurs.
Le paradoxe est que ce sont les adultes qui sont le mieux interprétés. Bruce Willis est excellent en flic esseulé qui vit une histoire sans avenir avec une femme mariée. Celle-ci est incarnée par l'égérie des frères Coen, Frances McDormand, dont l'époux soupçonneux mais débonnaire prend les traits d'un Bill Murray somme toute assez sobre. Edward Norton et Tilda Swinton sont plus dans la démesure, le premier en chef scout plein de bonne volonté mais dépassé par les événements, la seconde en Dame Services Sociaux acariâtre et arrogante.
A l'image de ce qui se passe dans Aloïs Nebel, les intempéries surviennent en pleine crise. Elles vont exacerber les sentiments... et créer quelques situations comiques. L'humour de Wes Anderson n'est pas du registre de la farce, mais du cocasse. Il introduit l'incongru dans une histoire qui pourrait paraître convenue. Cela se suit avec plaisir, mais le film ne laissera cependant pas une impression mémorable.
15:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film