mardi, 15 juillet 2025
Des Feux dans la plaine
Au premier degré, ces feux sont les incendies de voitures de taxi, dont les conducteurs sont, depuis, plusieurs mois, les victimes d'un tueur en série que la police locale ne parvient pas à coincer. Nous sommes en 1997, en Chine, à Fentun, en pleine période de réformes économiques, dans une région qui se désindustrialise (avec notamment des licenciements dans une manufacture de tabac).
Au second degré, ces feux sont les sentiments intenses qui animent plusieurs personnages, jeunes comme moins jeunes. Chez certains, il y a de l'amour ou de la colère, chez d'autres l'envie de foutre le camp pour faire sa vie dans le Sud, du côté de Canton (Guangzhou).
La police a infiltré les compagnies de taxi, espérant prendre le tueur sur le fait. Un soir, il manque de peu de se faire attraper... Cette première partie s'achève, au bout de 45-50 minutes, par un événement qui fait basculer l'intrigue.
Une ellipse nous projette huit ans plus tard, en 2005. On retrouve la majorité des personnages, mais certains ont quitté la ville industrielle. L'enquête policière reprend. L'un des policiers va se trouver confronté à un choix cornélien...
Ce polar estival en rappelle d'autres, chinois mais aussi sud-coréens. Il n'est pas le plus abouti de ceux que j'ai vus, mais j'ai lu ici et là des choses un peu sévères pour ce long-métrage plutôt bien troussé. L'ambiance de fin d'un monde, pour cette province industrielle, est bien rendue. Le film vaut aussi le détour pour la performance de l'actrice principale, Zhou Dongyu, qui incarne un personnage à multiples facettes.
P.S.
Depuis une dizaine d'années (et notamment la sortie estivale de La Isla minima), les distributeurs français ont l'habitude de profiter de la relative quiétude cinématographique des mois de juillet-août pour sortir à ce moment-là de bons polars, en général étrangers (espagnols, allemands, égyptiens, iraniens...). L'an dernier, la bonne surprise est venue d'Inde, avec Santosh. En 2025, la compétition est encore ouverte, d'autant que, pour l'instant (selon moi), c'est un film français qui tient la corde : Rapaces.
10:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 14 juillet 2025
Falcon Express
Sortie aussi sous le titre Pets on a train (« Des Animaux de compagnie dans un train »), cette animation française a été réalisée par une équipe qui a travaillé auparavant notamment sur Pattie et la colère de Poséidon et Les As de la jungle (auquel d'ailleurs plusieurs détails font référence).
C'est un film d'aventures, dans lequel les animaux (majoritairement domestiques) sont des substituts d'enfants. Ils se retrouvent sans maître(sse) dans un train filant à vive allure. La troupe est constituée d'une grande diversité d'animaux : chiens, chats, perroquets, rongeurs, canard, tortue (pas très ninja, de prime abord), poisson, serpent (une certaine Anna... Conda !). Le héros est un raton-laveur (un raton-voleur, plutôt) et le vilain de l'histoire est un gros blaireau... au propre comme au figuré ! (Quand on vous dit que ça a été créé par des Français !)
On a aussi pris soin de diversifier les caractères. Rex est, sans surprise, un chien policier, courageux et inflexible, un autre (beaucoup plus petit) étant le complotiste de service. On rencontre aussi un chat raisonneur, un grand chien hautain, un serpent empathique, des rongeurs babas-cools, un canard amateur de rugby (avec l'accent du Sud-Ouest !)... Quelle ménagerie !
On ne s'ennuie pas un instant. L'action est rythmée, émaillée de gags et de références, soit à d'autres animations, soit à des films tournés en prises de vue réelles. Comme dans les précédentes productions TAT, les voix des principaux personnages paraîtront familières aux spectateurs : ce sont celles de pros du doublage de films ou séries américaines.
Cela ne dure qu'1h25 ; les petits comme les grands passent un très bon moment. (Signe révélateur : aucune des têtes bondes/brunes/rousses n'a moufté pendant la séance, une fois le film commencé.)
19:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Falcon Express
Sortie aussi sous le titre Pets on a train (« Des Animaux de compagnie dans un train »), cette animation française a été réalisée par une équipe qui a travaillé auparavant notamment sur Pattie et la colère de Poséidon et Les As de la jungle (auquel d'ailleurs plusieurs détails font référence).
C'est un film d'aventures, dans lequel les animaux (majoritairement domestiques) sont des substituts d'enfants. Ils se retrouvent sans maître(sse) dans un train filant à vive allure. La troupe est constituée d'une grande diversité d'animaux : chiens, chats, perroquets, rongeurs, canard, tortue (pas très ninja, de prime abord), poisson, serpent (une certaine Anna... Conda !). Le héros est un raton-laveur (un raton-voleur, plutôt) et le vilain de l'histoire est un gros blaireau... au propre comme au figuré ! (Quand on vous dit que ça a été créé par des Français !)
On a aussi pris soin de diversifier les caractères. Rex est, sans surprise, un chien policier, courageux et inflexible, un autre (beaucoup plus petit) étant le complotiste de service. On rencontre aussi un chat raisonneur, un grand chien hautain, un serpent empathique, des rongeurs babas-cools, un canard amateur de rugby (avec l'accent du Sud-Ouest !)... Quelle ménagerie !
On ne s'ennuie pas un instant. L'action est rythmée, émaillée de gags et de références, soit à d'autres animations, soit à des films tournés en prises de vue réelles. Comme dans les précédentes productions TAT, les voix des principaux personnages paraîtront familières aux spectateurs : ce sont celles de pros du doublage de films ou séries américaines.
Cela ne dure qu'1h25 ; les petits comme les grands passent un très bon moment. (Signe révélateur : aucune des têtes bondes/brunes/rousses n'a moufté pendant la séance, une fois le film commencé.)
19:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Indomptables
Cette courte (1h20) fiction prend la forme d'un polar sociétal, à Yaoundé, au Cameroun. On y suit le commissaire Billong, un notable d'origine modeste, très attaché au protocole, au respect des règles et de la loi. Il a cinq enfants, peut-être de deux épouses différentes... et le sixième est en route. Il essaie de régir son foyer comme il procède dans son métier, avec méthode, respect... et beaucoup d'autorité.
Tout dérape quand, une nuit, le corps d'un de ses collègues est découvert, dans un bidonville local. L'enquête se révèle particulièrement délicate : les habitants, qui apprécient peu la police, ne parlent pas, alors que la hiérarchie met la pression sur les enquêteurs, qui ne sont pas tous aussi rigoureux que Billong, loin de là. Dans le même temps, l'ambiance se dégrade au sein de son foyer. Son épouse actuelle et deux de ses enfants se rebellent.
Je trouve que c'est une bonne idée de placer en parallèle l'évolution de l'enquête et celle de la vie familiale. Leur comparaison n'est pas schématique, chaque arc narratif ayant son existence propre.
Évidemment, le travail des policiers est l'occasion de montrer les dessous de la vie à Yaoundé : les coupures d'électricité, le trafic de drogues, les combines des uns et des autres, la précarité économique du plus grand nombre. Il y a aussi une vie foisonnante, autour des bars, des petits commerces de bouche (tenus en général par des femmes)... et du football (ici féminin). A travers les personnages des fils du commissaire, Ngijol montre la tension entre tradition (le travail à l'école, le port d'une sorte d'uniforme, le respect du père) et la modernité (le gangsta rap, le smartphone, les programmes télés d'inspiration occidentale...).
Justement, Ngijol est le principal atout du film, qu'il a coécrit et réalisé. Je l'ai trouvé excellent en commissaire autoritaire, petit à petit dépassé par les événements. Le paradoxe est qu'il est finalement plus à l'aise dans l'enquête criminelle (plutôt complexe) que dans la gestion de ses problèmes familiaux. Même s'il écrase un peu le film, on peut noter la présence de deux beaux personnages féminins : celui de la mère et celui de la fille aînée.
Ce petit film sort de l'ordinaire. Il mérite vraiment le détour.
07:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Indomptables
Cette courte (1h20) fiction prend la forme d'un polar sociétal, à Yaoundé, au Cameroun. On y suit le commissaire Billong, un notable d'origine modeste, très attaché au protocole, au respect des règles et de la loi. Il a cinq enfants, peut-être de deux épouses différentes... et le sixième est en route. Il essaie de régir son foyer comme il procède dans son métier, avec méthode, respect... et beaucoup d'autorité.
Tout dérape quand, une nuit, le corps d'un de ses collègues est découvert, dans un bidonville local. L'enquête se révèle particulièrement délicate : les habitants, qui apprécient peu la police, ne parlent pas, alors que la hiérarchie met la pression sur les enquêteurs, qui ne sont pas tous aussi rigoureux que Billong, loin de là. Dans le même temps, l'ambiance se dégrade au sein de son foyer. Son épouse actuelle et deux de ses enfants se rebellent.
Je trouve que c'est une bonne idée de placer en parallèle l'évolution de l'enquête et celle de la vie familiale. Leur comparaison n'est pas schématique, chaque arc narratif ayant son existence propre.
Évidemment, le travail des policiers est l'occasion de montrer les dessous de la vie à Yaoundé : les coupures d'électricité, le trafic de drogues, les combines des uns et des autres, la précarité économique du plus grand nombre. Il y a aussi une vie foisonnante, autour des bars, des petits commerces de bouche (tenus en général par des femmes)... et du football (ici féminin). A travers les personnages des fils du commissaire, Ngijol montre la tension entre tradition (le travail à l'école, le port d'une sorte d'uniforme, le respect du père) et la modernité (le gangsta rap, le smartphone, les programmes télés d'inspiration occidentale...).
Justement, Ngijol est le principal atout du film, qu'il a coécrit et réalisé. Je l'ai trouvé excellent en commissaire autoritaire, petit à petit dépassé par les événements. Le paradoxe est qu'il est finalement plus à l'aise dans l'enquête criminelle (plutôt complexe) que dans la gestion de ses problèmes familiaux. Même s'il écrase un peu le film, on peut noter la présence de deux beaux personnages féminins : celui de la mère et celui de la fille aînée.
Ce petit film sort de l'ordinaire. Il mérite vraiment le détour.
07:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 13 juillet 2025
L'homme au (grand) slip rouge
Douze ans après Man of Steel, était-il nécessaire de re-relancer la saga Superman ? Pas vraiment, affirment les cinéphiles qui en ont vu des vertes et des pas mûres dans ce domaine. Bien sûr que oui, répondent les producteurs, la bave aux lèvres.
Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Presque, puisqu'au grand brun musculeux qu'était Henry Cavill a succédé David Corenswet, qui est grand, brun... et très très musclé.
Les deux acteurs pourraient passer pour des frères... mais avez-vous noté la différence de costumes ? En 2013, Zach Snyder avait quelque peu innové. (C'était aussi l'époque où Warner-DC essayait de donner un ton plus adulte à ses films de super-héros.) En 2025, retour au costume traditionnel. On nage en pleine nostalgie, confirmation étant attendue bientôt avec Les 4 Fantastiques. (Je compte sur les estivants pour vérifier si, cet été, sur les plages, les messieurs ont massivement adopté le slip de bain écarlate.)
Quoi qu'il en soit, dès le début du film, Superman se fait voler la vedette par... Superdog... Krypto de son véritable nom. Il n'est pas le chien du super-héros, mais celui-ci en a (temporairement) la garde. Il faut attendre longtemps avant de découvrir à qui M. Muscles rend aussi obligeamment service...
Krypto est donc un chien doté de super-pouvoirs... mais il est aussi super-câlin, super-bondissant... super-casse-couilles en fait... Je l'adore ! Il donne du tonus à certaines scènes un peu plan-plan et c'est une source de gags. (Je rappelle qu'il y a trois ans, il a eu droit à son film d'animation.)
L'autre proche de Superman est bien entendu Loïs Lane (Rachel Brosnahan, récemment vue dans The Amateur). Je fais partie des personnes qui, entre les bandes dessinées, les séries, les longs-métrages et les œuvres d'animation ont déjà vu quantité d'incarnations de ce "couple mythique". Celui-ci n'est ni le pire ni le meilleur. J'ai toutefois été un peu gêné par l'une de leurs conversations, celle qui prend la forme d'une vraie-fausse entrevue entre Superman et la journaliste. Sur le fond, la confrontation de deux positions était intéressante (en gros le partisan de la démocratisation par la force contre la défenseuse acharnée des droits constitutionnels), mais j'ai trouvé cela mal écrit (dans la VF) et mal mis en scène (voire pas très bien joué, notamment de la part de Corenswet).
Heureusement, entre deux scènes de dialogues (souvent inintéressants), il y a de l'action. Et des effets spéciaux. Un tas d'effets spéciaux. C'est vraiment bien foutu et, de surcroît, c'est parfois très beau à voir sur grand écran, comme cette scène de baiser aérien, sur un fond luminescent.
Et les méchants dans tout ça ? Eh bien ils sont moches et ils constituent une belle bande d'ordures, dont on espère que le héros finira par se débarrasser. En tête de liste se trouve le "nouveau" Lex Luthor. Nicholas Hoult s'est fait la boule à zéro et, ma fois, il est assez convaincant. Il s'appuie sur deux acolytes génétiquement modifiés. L'identité de l'homme demeure longtemps mystérieuse... et c'est une sacrée surprise quand on la découvre. James Gunn n'en fait toutefois pas grand chose, à part des rafales de coups de poings. Je l'ai connu plus inspiré dans The Suicide Squad et Les Gardiens de la galaxie. Il a d'ailleurs ramené de ce dernier film un invité surprise : François Nathan Fillion (ex-Castle, aujourd'hui Rookie de Los Angeles), doté d'une coupe de cheveux que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi ! Fillion incarne Green Lantern, qui compose, avec deux (puis trois) acolytes, un groupe de super-héros de deuxième division (au départ). La ringardise est assumée, parfois comique. A noter que cette "équipe B" prend du galon au cours de l'histoire. Je me demande si la production n'a pas en tête le lancement d'un nouveau "produit dérivé" (en plus de celui qui est suggéré en toute fin d'histoire).
Du coup, c'est assez plaisant, en dépit de l'ennui suscité par certaines scènes de dialogues et de l'abus d'un schéma (très) conventionnel : on place le héros au fond du trou et le monde au bord du gouffre... et, bien entendu, tout finit par s'arranger.
P.S.
Deux scènes bonus nous sont proposées, dont une à la toute fin du générique.
20:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'homme au (grand) slip rouge
Douze ans après Man of Steel, était-il nécessaire de re-relancer la saga Superman ? Pas vraiment, affirment les cinéphiles qui en ont vu des vertes et des pas mûres dans ce domaine. Bien sûr que oui, répondent les producteurs, la bave aux lèvres.
Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Presque, puisqu'au grand brun musculeux qu'était Henry Cavill a succédé David Corenswet, qui est grand, brun... et très très musclé.
Les deux acteurs pourraient passer pour des frères... mais avez-vous noté la différence de costumes ? En 2013, Zach Snyder avait quelque peu innové. (C'était aussi l'époque où Warner-DC essayait de donner un ton plus adulte à ses films de super-héros.) En 2025, retour au costume traditionnel. On nage en pleine nostalgie, confirmation étant attendue bientôt avec Les 4 Fantastiques. (Je compte sur les estivants pour vérifier si, cet été, sur les plages, les messieurs ont massivement adopté le slip de bain écarlate.)
Quoi qu'il en soit, dès le début du film, Superman se fait voler la vedette par... Superdog... Krypto de son véritable nom. Il n'est pas le chien du super-héros, mais celui-ci en a (temporairement) la garde. Il faut attendre longtemps avant de découvrir à qui M. Muscles rend aussi obligeamment service...
Krypto est donc un chien doté de super-pouvoirs... mais il est aussi super-câlin, super-bondissant... super-casse-couilles en fait... Je l'adore ! Il donne du tonus à certaines scènes un peu plan-plan et c'est une source de gags. (Je rappelle qu'il y a trois ans, il a eu droit à son film d'animation.)
L'autre proche de Superman est bien entendu Loïs Lane (Rachel Brosnahan, récemment vue dans The Amateur). Je fais partie des personnes qui, entre les bandes dessinées, les séries, les longs-métrages et les œuvres d'animation ont déjà vu quantité d'incarnations de ce "couple mythique". Celui-ci n'est ni le pire ni le meilleur. J'ai toutefois été un peu gêné par l'une de leurs conversations, celle qui prend la forme d'une vraie-fausse entrevue entre Superman et la journaliste. Sur le fond, la confrontation de deux positions était intéressante (en gros le partisan de la démocratisation par la force contre la défenseuse acharnée des droits constitutionnels), mais j'ai trouvé cela mal écrit (dans la VF) et mal mis en scène (voire pas très bien joué, notamment de la part de Corenswet).
Heureusement, entre deux scènes de dialogues (souvent inintéressants), il y a de l'action. Et des effets spéciaux. Un tas d'effets spéciaux. C'est vraiment bien foutu et, de surcroît, c'est parfois très beau à voir sur grand écran, comme cette scène de baiser aérien, sur un fond luminescent.
Et les méchants dans tout ça ? Eh bien ils sont moches et ils constituent une belle bande d'ordures, dont on espère que le héros finira par se débarrasser. En tête de liste se trouve le "nouveau" Lex Luthor. Nicholas Hoult s'est fait la boule à zéro et, ma fois, il est assez convaincant. Il s'appuie sur deux acolytes génétiquement modifiés. L'identité de l'homme demeure longtemps mystérieuse... et c'est une sacrée surprise quand on la découvre. James Gunn n'en fait toutefois pas grand chose, à part des rafales de coups de poings. Je l'ai connu plus inspiré dans The Suicide Squad et Les Gardiens de la galaxie. Il a d'ailleurs ramené de ce dernier film un invité surprise : François Nathan Fillion (ex-Castle, aujourd'hui Rookie de Los Angeles), doté d'une coupe de cheveux que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi ! Fillion incarne Green Lantern, qui compose, avec deux (puis trois) acolytes, un groupe de super-héros de deuxième division (au départ). La ringardise est assumée, parfois comique. A noter que cette "équipe B" prend du galon au cours de l'histoire. Je me demande si la production n'a pas en tête le lancement d'un nouveau "produit dérivé" (en plus de celui qui est suggéré en toute fin d'histoire).
Du coup, c'est assez plaisant, en dépit de l'ennui suscité par certaines scènes de dialogues et de l'abus d'un schéma (très) conventionnel : on place le héros au fond du trou et le monde au bord du gouffre... et, bien entendu, tout finit par s'arranger.
P.S.
Deux scènes bonus nous sont proposées, dont une à la toute fin du générique.
20:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 12 juillet 2025
Buffalo Kids
Cette animation espagnole a été réalisée par l'équipe à laquelle on doit Sacrées Momies. Les héros sont des enfants irlandais, qui débarquent à New York en octobre 1886, en pleine inauguration de la Statue de la Liberté. De là, ils doivent rejoindre la Californie, où vit leur oncle. Leur périple ne sera pas de tout repos...
Le film est tout public, mais touchera sans doute davantage les jeunes que les adultes. Ceux-ci peuvent agrémenter la projection en essayant de repérer les allusions qui leur sont destinées. Ainsi, la rouquinissime Mary (qui, dans la version originale, est jouée par une actrice irlandaise), en approchant de New York, se prend pour Jack dans Titanic. Plus tard dans l'histoire, un personnage indien se la joue De Niro dans Taxi Driver.
Hélas, ce double niveau de lecture est rarement présent dans le film. C'est très souvent premier degré, mais avec du fond. La principale originalité est d'avoir composé un trio de héros incluant un garçon gravement handicapé. On est prié de croire qu'il va survivre à toutes les épreuves rencontrées dans un Far-West ô combien dangereux. Toutefois, on a peu atténué les difficultés de sa vie quotidienne et, comme le film doit être vu par un jeune public, je trouve que c'est une belle leçon à lui transmettre.
La volonté de bien faire est néanmoins trop voyante, pour un(e) adulte. Ainsi, les héros se retrouvent embarqués (clandestinement) dans un train (à destination de la Californie) en compagnie d'une troupe d'orphelins, où Blancs et Afro-américains sont mélangés sans distinction. Certes, depuis 1865, les hommes de toutes les couleurs sont censés avoir les mêmes droits aux États-Unis, mais la fin du XIXe siècle voit la mise en place de la ségrégation, dans les États du Sud. On présume donc que ce train les évite et qu'il relie New York à Sacramento en passant par Chicago et Omaha (en noir ci-dessous) :
(cliquer sur la carte pour l'agrandir)
Le ligne transcontinentale, achevée peu après la Guerre de Sécession, évite soigneusement les anciens États esclavagistes et les (futurs) États ségrégationnistes (marqués d'un disque rouge à croix noire, ci-dessus).
Je me demande tout de même s'il est vraisemblable qu'en 1886, le contrôleur de tous les passagers du train soit afro-américain.
Les mêmes intentions sont à l’œuvre lors de la rencontre d'Indiens Cheyennes (qui, à l'époque où est censée se dérouler l'intrigue, ont déjà été soumis, voire massacrés. Sur la carte qui figure plus haut dans ce billet, leur territoire est grosso modo délimité avec un tireté vert.) J'ai trouvé cet épisode très réussi. On s'y moque gentiment des enfants d'origine européenne, de leurs préjugés, et l'échange pacifique prend le dessus sur le risque de confrontation.
Peu avant ce passage on voit apparaître des bisons (buffalo, dans la langue de William Cody). C'est un moment assez touchant et c'est aussi pour moi l'occasion de signaler que les animaux sont, de manière générale, très bien dessinés et animés. Outre les bisons, on voit des chevaux et... un chien, plus précisément un chiot abandonné, dont Mary refuse de se séparer. Il est la source de quelques gags.
La suite est moins drôle, lorsqu'intervient une bande de braqueurs de trains, accessoirement chercheurs d'or. Ces types odieux vont en faire voir de toutes les couleurs à nos héros... mais ceux-ci ne manquent pas de ressource. Le jeune public sera sans doute conquis par le stratagème "caca-prout" imaginé par Mary pour échapper à ces tristes sires.
Voilà. Pour un(e) adulte, c'est plaisant, sans plus. Pour les petits, le film allie divertissement à leçons de morale.
13:01 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Buffalo Kids
Cette animation espagnole a été réalisée par l'équipe à laquelle on doit Sacrées Momies. Les héros sont des enfants irlandais, qui débarquent à New York en octobre 1886, en pleine inauguration de la Statue de la Liberté. De là, ils doivent rejoindre la Californie, où vit leur oncle. Leur périple ne sera pas de tout repos...
Le film est tout public, mais touchera sans doute davantage les jeunes que les adultes. Ceux-ci peuvent agrémenter la projection en essayant de repérer les allusions qui leur sont destinées. Ainsi, la rouquinissime Mary (qui, dans la version originale, est jouée par une actrice irlandaise), en approchant de New York, se prend pour Jack dans Titanic. Plus tard dans l'histoire, un personnage indien se la joue De Niro dans Taxi Driver.
Hélas, ce double niveau de lecture est rarement présent dans le film. C'est très souvent premier degré, mais avec du fond. La principale originalité est d'avoir composé un trio de héros incluant un garçon gravement handicapé. On est prié de croire qu'il va survivre à toutes les épreuves rencontrées dans un Far-West ô combien dangereux. Toutefois, on a peu atténué les difficultés de sa vie quotidienne et, comme le film doit être vu par un jeune public, je trouve que c'est une belle leçon à lui transmettre.
La volonté de bien faire est néanmoins trop voyante, pour un(e) adulte. Ainsi, les héros se retrouvent embarqués (clandestinement) dans un train (à destination de la Californie) en compagnie d'une troupe d'orphelins, où Blancs et Afro-américains sont mélangés sans distinction. Certes, depuis 1865, les hommes de toutes les couleurs sont censés avoir les mêmes droits aux États-Unis, mais la fin du XIXe siècle voit la mise en place de la ségrégation, dans les États du Sud. On présume donc que ce train les évite et qu'il relie New York à Sacramento en passant par Chicago et Omaha (en noir ci-dessous) :
(cliquer sur la carte pour l'agrandir)
Le ligne transcontinentale, achevée peu après la Guerre de Sécession, évite soigneusement les anciens États esclavagistes et les (futurs) États ségrégationnistes (marqués d'un disque rouge à croix noire, ci-dessus).
Je me demande tout de même s'il est vraisemblable qu'en 1886, le contrôleur de tous les passagers du train soit afro-américain.
Les mêmes intentions sont à l’œuvre lors de la rencontre d'Indiens Cheyennes (qui, à l'époque où est censée se dérouler l'intrigue, ont déjà été soumis, voire massacrés. Sur la carte qui figure plus haut dans ce billet, leur territoire est grosso modo délimité avec un tireté vert.) J'ai trouvé cet épisode très réussi. On s'y moque gentiment des enfants d'origine européenne, de leurs préjugés, et l'échange pacifique prend le dessus sur le risque de confrontation.
Peu avant ce passage on voit apparaître des bisons (buffalo, dans la langue de William Cody). C'est un moment assez touchant et c'est aussi pour moi l'occasion de signaler que les animaux sont, de manière générale, très bien dessinés et animés. Outre les bisons, on voit des chevaux et... un chien, plus précisément un chiot abandonné, dont Mary refuse de se séparer. Il est la source de quelques gags.
La suite est moins drôle, lorsqu'intervient une bande de braqueurs de trains, accessoirement chercheurs d'or. Ces types odieux vont en faire voir de toutes les couleurs à nos héros... mais ceux-ci ne manquent pas de ressource. Le jeune public sera sans doute conquis par le stratagème "caca-prout" imaginé par Mary pour échapper à ces tristes sires.
Voilà. Pour un(e) adulte, c'est plaisant, sans plus. Pour les petits, le film allie divertissement à leçons de morale.
13:01 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
vendredi, 11 juillet 2025
Rapaces
Le titre de ce film (très) noir est à double sens. Ces prédateurs peuvent être les journalistes de la presse à sensation, qui, tels des vautours, se repaissent de la mort qu'ils croisent sur leur chemin. Les rapaces sont aussi des hommes, plutôt jeunes, chassant en meute... un drôle de gibier.
Derrière ce qui semble être, de prime abord, un thriller du samedi soir se cache un film politique, qui dénonce le masculinisme toxique et le fait que, de nos jours encore, dans de nombreuses villes françaises, les femmes ne puissent pas sortir seules le soir sans appréhension.
Sami Bouajila incarne à la perfection un rubricard expérimenté, qu'un fait divers sordide (inspiré de l'affaire Élodie Kulik) va pousser à prendre des risques inconsidérés, en compagnie de sa fille, stagiaire au journal. On croise d'autres membres de l'équipe de "reporters du crime", tous très bien interprétés, par Valérie Donzelli, Jean-Pierre Darroussin et l'étonnante Andréa Bescond, la directrice de la rédaction, que les journalistes, mi-affectifs, mi-craintifs, surnomment "maman".
Dès le début, la tension est présente. On est saisi et on le reste jusqu'à la conclusion. Entre temps, on suit plusieurs fils narratifs. Il y a la vie quotidienne des journalistes, en général peu épanouissante (en tout cas guère propice à la stabilité familiale). Il y a aussi le tableau d'une région rurale des Hauts de France, qui ne respire pas la franche gaieté. Il y a enfin l'enquête quasi policière menée par Samuel et ses "assistants", le tout sur un fond inquiétant, en particulier pour les femmes.
Une grande diversité de plans nous est proposée, en extérieur comme en intérieur. Le montage est efficace, la musique soulignant la tension. Comme le scénario s'éloigne un peu, dans la seconde partie, du fait divers qui l'a inspiré, on ne sait pas trop où tout cela va nous mener.
Dans des genres très différents, le cinéma français nous propose actuellement de belles aventures en salle obscure, avec, outre ce film-ci, 13 jours 13 nuits, L'Accident de piano et Le Grand Déplacement.
12:54 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Rapaces
Le titre de ce film (très) noir est à double sens. Ces prédateurs peuvent être les journalistes de la presse à sensation, qui, tels des vautours, se repaissent de la mort qu'ils croisent sur leur chemin. Les rapaces sont aussi des hommes, plutôt jeunes, chassant en meute... un drôle de gibier.
Derrière ce qui semble être, de prime abord, un thriller du samedi soir se cache un film politique, qui dénonce le masculinisme toxique et le fait que, de nos jours encore, dans de nombreuses villes françaises, les femmes ne puissent pas sortir seules le soir sans appréhension.
Sami Bouajila incarne à la perfection un rubricard expérimenté, qu'un fait divers sordide (inspiré de l'affaire Élodie Kulik) va pousser à prendre des risques inconsidérés, en compagnie de sa fille, stagiaire au journal. On croise d'autres membres de l'équipe de "reporters du crime", tous très bien interprétés, par Valérie Donzelli, Jean-Pierre Darroussin et l'étonnante Andréa Bescond, la directrice de la rédaction, que les journalistes, mi-affectifs, mi-craintifs, surnomment "maman".
Dès le début, la tension est présente. On est saisi et on le reste jusqu'à la conclusion. Entre temps, on suit plusieurs fils narratifs. Il y a la vie quotidienne des journalistes, en général peu épanouissante (en tout cas guère propice à la stabilité familiale). Il y a aussi le tableau d'une région rurale des Hauts de France, qui ne respire pas la franche gaieté. Il y a enfin l'enquête quasi policière menée par Samuel et ses "assistants", le tout sur un fond inquiétant, en particulier pour les femmes.
Une grande diversité de plans nous est proposée, en extérieur comme en intérieur. Le montage est efficace, la musique soulignant la tension. Comme le scénario s'éloigne un peu, dans la seconde partie, du fait divers qui l'a inspiré, on ne sait pas trop où tout cela va nous mener.
Dans des genres très différents, le cinéma français nous propose actuellement de belles aventures en salle obscure, avec, outre ce film-ci, 13 jours 13 nuits, L'Accident de piano et Le Grand Déplacement.
12:54 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
jeudi, 10 juillet 2025
L'Accident de piano
Le Dupieux nouveau est arrivé, un an après une cuvée remarquable, composée de Daaaaaali ! et du Deuxième Acte. L'image du piano suspendu nous est immédiatement proposée, sans que l'on connaisse la suite... et l'on se demande si Quentin va nous la proposer, coquin comme il est.
En attendant, on suit un étrange duo, composé de Magalie (influenceuse de l'extrême) et de son esclave larbin employé assistant. Au début, j'ai trouvé que le duo d'acteurs ne fonctionnait pas très bien. Il me semble que Jérôme Commandeur (qui sort ici de sa "zone de confort") avait du mal à trouver le ton juste face à Adèle Exarchopoulos, pas complètement convaincante, mais en plein dans son trip.
Le film commence à devenir intéressant quand débarque la journaliste, incarnée par Sandrine Kiberlain. Je trouve que la joute verbale (à fleurets plus ou moins mouchetés) entre les deux protagonistes féminines mérite le détour, Sandrine me paraissant plus impressionnante qu'Adèle, pas tout à fait libre de son jeu, engoncée qu'elle est dans son attirail (perruque + plâtre + appareil dentaire). A noter aussi la bonne prestation de Karim Leklou, dans un rôle secondaire, mais marquant.
Je rassure les (potentiels) spectateurs : on finit par découvrir ce en quoi consiste le fameux accident... et cela devient excellent. Le film part un peu en vrille. Pendant la dernière demi-heure, je me suis régalé.
Cerise sur le gâteau : la cruauté visuelle s'accompagne d'une double dénonciation, celle de la quête éperdue de célébrité et celle de la cupidité.
Le film, pour anodin qu'il paraisse de prime abord, est en fait très fort et, une fois n'est pas coutume, Quentin a su conclure son histoire. J'en déconseille toutefois la vision aux âmes sensibles.
10:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Accident de piano
Le Dupieux nouveau est arrivé, un an après une cuvée remarquable, composée de Daaaaaali ! et du Deuxième Acte. L'image du piano suspendu nous est immédiatement proposée, sans que l'on connaisse la suite... et l'on se demande si Quentin va nous la proposer, coquin comme il est.
En attendant, on suit un étrange duo, composé de Magalie (influenceuse de l'extrême) et de son esclave larbin employé assistant. Au début, j'ai trouvé que le duo d'acteurs ne fonctionnait pas très bien. Il me semble que Jérôme Commandeur (qui sort ici de sa "zone de confort") avait du mal à trouver le ton juste face à Adèle Exarchopoulos, pas complètement convaincante, mais en plein dans son trip.
Le film commence à devenir intéressant quand débarque la journaliste, incarnée par Sandrine Kiberlain. Je trouve que la joute verbale (à fleurets plus ou moins mouchetés) entre les deux protagonistes féminines mérite le détour, Sandrine me paraissant plus impressionnante qu'Adèle, pas tout à fait libre de son jeu, engoncée qu'elle est dans son attirail (perruque + plâtre + appareil dentaire). A noter aussi la bonne prestation de Karim Leklou, dans un rôle secondaire, mais marquant.
Je rassure les (potentiels) spectateurs : on finit par découvrir ce en quoi consiste le fameux accident... et cela devient excellent. Le film part un peu en vrille. Pendant la dernière demi-heure, je me suis régalé.
Cerise sur le gâteau : la cruauté visuelle s'accompagne d'une double dénonciation, celle de la quête éperdue de célébrité et celle de la cupidité.
Le film, pour anodin qu'il paraisse de prime abord, est en fait très fort et, une fois n'est pas coutume, Quentin a su conclure son histoire. J'en déconseille toutefois la vision aux âmes sensibles.
10:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 08 juillet 2025
13 jours 13 nuits
Environ deux ans après les entraînants D'Artagnan et Milady, Martin Bourboulon nous replonge dans une histoire prenante, cette fois-ci pas adaptée d'un célèbre roman, mais d'un livre autobiographique (dont je reparlerai plus loin). Les scénaristes ont choisi de concentrer l'intrigue sur l'évacuation des civils de l'ambassade de France à Kaboul, en 2021, faisant de ce film un thriller géopolitique assez captivant.
Je n'ai quasiment que des compliments à formuler : l'image est soignée, certains plans sont inventifs, la musique est parfaitement adaptée et la plupart des acteurs sont très bons, notamment Roschdy Zem et Lina Khoudry. Ils sont entourés d'une pléiade de seconds rôles le plus souvent convaincants, qu'ils incarnent des policiers, des civils ou des taliban.
Je suis un peu moins emballé par la prestation de Sidse Babett Knudsen, qui incarne une journaliste anglo-saxonne qui ressemble plutôt à une travailleuse humanitaire... un personnage qui d'ailleurs ne figure pas dans le livre de Mohamed Bida (interprété par Roschdy Zem).
J'ai aussi été gêné par le mélo créé artificiellement autour du personnage de l'interprète (jouée par Lina Khoudry) et de sa mère. On a ajouté d'inutiles péripéties et un côté larmoyant dont le sujet n'avait pas besoin, tellement il est fort. (De surcroît, dans le livre, le commandant français n'a que des hommes pour lui servir d'interprètes avec les taliban, dont je doute qu'ils aient accepté de passer par une femme, fût-elle voilée.)
Cela m'amène donc au bouquin, qui vient d'être réédité en collection de poche :
La relation de ses deux dernières semaines à Kaboul est entrecoupée de fragments d'un récit autobiographique, celui d'un fils de harki, dont les parents, réfugiés d'Algérie, sont passés par les camps de Rivesaltes et du Larzac. Ce fils d'immigrés a connu le racisme, dans son quartier et dans la police, qu'il a intégrée un peu par hasard.
En lisant le texte, on comprend qu'on a affaire à un type tenace, habitué à surmonter d'énormes difficultés depuis le plus jeune âge ce qui, sans qu'il le sache par avance, l'a sans doute préparé à l'incroyable mission de sauvetage de Kaboul.
Le livre est d'une lecture aisée et il complète formidablement le film. Je recommande donc vivement les deux.
15:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
13 jours 13 nuits
Environ deux ans après les entraînants D'Artagnan et Milady, Martin Bourboulon nous replonge dans une histoire prenante, cette fois-ci pas adaptée d'un célèbre roman, mais d'un livre autobiographique (dont je reparlerai plus loin). Les scénaristes ont choisi de concentrer l'intrigue sur l'évacuation des civils de l'ambassade de France à Kaboul, en 2021, faisant de ce film un thriller géopolitique assez captivant.
Je n'ai quasiment que des compliments à formuler : l'image est soignée, certains plans sont inventifs, la musique est parfaitement adaptée et la plupart des acteurs sont très bons, notamment Roschdy Zem et Lina Khoudry. Ils sont entourés d'une pléiade de seconds rôles le plus souvent convaincants, qu'ils incarnent des policiers, des civils ou des taliban.
Je suis un peu moins emballé par la prestation de Sidse Babett Knudsen, qui incarne une journaliste anglo-saxonne qui ressemble plutôt à une travailleuse humanitaire... un personnage qui d'ailleurs ne figure pas dans le livre de Mohamed Bida (interprété par Roschdy Zem).
J'ai aussi été gêné par le mélo créé artificiellement autour du personnage de l'interprète (jouée par Lina Khoudry) et de sa mère. On a ajouté d'inutiles péripéties et un côté larmoyant dont le sujet n'avait pas besoin, tellement il est fort. (De surcroît, dans le livre, le commandant français n'a que des hommes pour lui servir d'interprètes avec les taliban, dont je doute qu'ils aient accepté de passer par une femme, fût-elle voilée.)
Cela m'amène donc au bouquin, qui vient d'être réédité en collection de poche :
La relation de ses deux dernières semaines à Kaboul est entrecoupée de fragments d'un récit autobiographique, celui d'un fils de harki, dont les parents, réfugiés d'Algérie, sont passés par les camps de Rivesaltes et du Larzac. Ce fils d'immigrés a connu le racisme, dans son quartier et dans la police, qu'il a intégrée un peu par hasard.
En lisant le texte, on comprend qu'on a affaire à un type tenace, habitué à surmonter d'énormes difficultés depuis le plus jeune âge ce qui, sans qu'il le sache par avance, l'a sans doute préparé à l'incroyable mission de sauvetage de Kaboul.
Le livre est d'une lecture aisée et il complète formidablement le film. Je recommande donc vivement les deux.
15:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
mardi, 01 juillet 2025
28 ans plus tard
Danny Boyle signe une (lointaine) suite de 28 semaines plus tard (qu'il n'avait pas réalisé) et de 28 jours plus tard. C'est le résultat d'un vieux projet, remis à plusieurs reprises, et qui devait s'intituler, à l'origine, 28 mois plus tard.
Dès la première séquence, on a droit aux zombies "infectés". Le savoir-faire est là, mais cela a un air de déjà vu. Soyez bien attentifs à cette partie inaugurale (qui se déroule dans le passé) : l'un des personnages réapparaît dans le film, mais il faut être patient avant de découvrir ce qu'il est devenu.
La suite nous transporte à la frontière anglo-écossaise, de nos jours. Certains plans montrent le célèbre Ange du Nord (qui apparaît dans plusieurs épisodes de la série Les Enquêtes de Vera), situé à proximité de Newcastle. Dans la version originale, les habitants du village de rescapés parlent la langue de Charles III avec un accent à couper à la tronçonneuse.
La situation géographique particulière de ce village est très bien exploitée par Boyle. Il se trouve sur une presqu'île, qui devient inaccessible à marée montante, le protégeant de toute incursion venue du continent.
En revanche, la caractérisation des personnages craint un peu. L'ambiance survivaliste est très masculiniste : les hommes chassent et picolent, les femmes s'occupent de la cuisine et du ménage (et picolent aussi, seul domaine dans lequel s'applique un semblant d'égalité).
Le héros Jamie (Aaron Taylor-Johnson) est un peu plus ouvert : c'est lui qui fait la cuisine et s'occupe de son fils, à la maison. Mais, le reste du temps, c'est un chasseur d'exception, qui ambitionne de faire de son fils de douze ans un aussi bon prédateur que lui. De son côté, le gamin idolâtre son père, mais il est tout aussi attaché à sa mère, clouée au lit et, qu'au début, on prend pour une demi-cinglée.
Sans surprise, papounet va emmener fiston en balade, au-delà des remparts, sur le continent. Sans surprise, le fiston se montre maladroit et trouillard. Sans plus de surprise, papounet lui sauve la mise... mais le duo rate la fin de la période de marée basse. Il fait quelques mauvaises rencontres, dont celle d'un Alpha, un "infecté" particulièrement redoutable, à la fois rusé et doté d'une résistance physique exceptionnelle (surtout pour un cadavre ambulant). Les interactions entre rescapés et infectés ont beau être mises en scène avec efficacité, quand on a déjà vu plusieurs films de ce genre, on s'emmerde un peu.
... et l'on continue à s'emmerder quand on constate que, plus tard, le garçon continue à se comporter de manière extrêmement prévisible, cette fois-ci avec sa mère (peut-être pas aussi cinglée qu'elle en a l'air).
Cela nous vaut tout de même le plus joli passage du film : la rencontre d'un drôle de médecin, installé sur le continent, mais qui a (jusqu'à présent) réussi à échapper aux morsures et griffures des infectés, alphas compris. Ce médecin peu orthodoxe a les traits de Ralph Fiennes, qui venait sans doute d'achever le tournage du Retour d'Ulysse : il en avait gardé la musculature... mais pas la tignasse ni la barbe. Blague à part, cette séquence, durant laquelle on croise d'étranges empilements osseux, est emballante, sur la forme comme sur le fond... et l'on entend enfin un personnage parler un anglais distingué !
La dernière partie est destinée à faire le lien avec l'épisode suivant, qui aurait déjà été tourné. J'ai l'impression que Boyle veut donner une tournure encore plus gore à la franchise... avis aux amateurs.
17:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
28 ans plus tard
Danny Boyle signe une (lointaine) suite de 28 semaines plus tard (qu'il n'avait pas réalisé) et de 28 jours plus tard. C'est le résultat d'un vieux projet, remis à plusieurs reprises, et qui devait s'intituler, à l'origine, 28 mois plus tard.
Dès la première séquence, on a droit aux zombies "infectés". Le savoir-faire est là, mais cela a un air de déjà vu. Soyez bien attentifs à cette partie inaugurale (qui se déroule dans le passé) : l'un des personnages réapparaît dans le film, mais il faut être patient avant de découvrir ce qu'il est devenu.
La suite nous transporte à la frontière anglo-écossaise, de nos jours. Certains plans montrent le célèbre Ange du Nord (qui apparaît dans plusieurs épisodes de la série Les Enquêtes de Vera), situé à proximité de Newcastle. Dans la version originale, les habitants du village de rescapés parlent la langue de Charles III avec un accent à couper à la tronçonneuse.
La situation géographique particulière de ce village est très bien exploitée par Boyle. Il se trouve sur une presqu'île, qui devient inaccessible à marée montante, le protégeant de toute incursion venue du continent.
En revanche, la caractérisation des personnages craint un peu. L'ambiance survivaliste est très masculiniste : les hommes chassent et picolent, les femmes s'occupent de la cuisine et du ménage (et picolent aussi, seul domaine dans lequel s'applique un semblant d'égalité).
Le héros Jamie (Aaron Taylor-Johnson) est un peu plus ouvert : c'est lui qui fait la cuisine et s'occupe de son fils, à la maison. Mais, le reste du temps, c'est un chasseur d'exception, qui ambitionne de faire de son fils de douze ans un aussi bon prédateur que lui. De son côté, le gamin idolâtre son père, mais il est tout aussi attaché à sa mère, clouée au lit et, qu'au début, on prend pour une demi-cinglée.
Sans surprise, papounet va emmener fiston en balade, au-delà des remparts, sur le continent. Sans surprise, le fiston se montre maladroit et trouillard. Sans plus de surprise, papounet lui sauve la mise... mais le duo rate la fin de la période de marée basse. Il fait quelques mauvaises rencontres, dont celle d'un Alpha, un "infecté" particulièrement redoutable, à la fois rusé et doté d'une résistance physique exceptionnelle (surtout pour un cadavre ambulant). Les interactions entre rescapés et infectés ont beau être mises en scène avec efficacité, quand on a déjà vu plusieurs films de ce genre, on s'emmerde un peu.
... et l'on continue à s'emmerder quand on constate que, plus tard, le garçon continue à se comporter de manière extrêmement prévisible, cette fois-ci avec sa mère (peut-être pas aussi cinglée qu'elle en a l'air).
Cela nous vaut tout de même le plus joli passage du film : la rencontre d'un drôle de médecin, installé sur le continent, mais qui a (jusqu'à présent) réussi à échapper aux morsures et griffures des infectés, alphas compris. Ce médecin peu orthodoxe a les traits de Ralph Fiennes, qui venait sans doute d'achever le tournage du Retour d'Ulysse : il en avait gardé la musculature... mais pas la tignasse ni la barbe. Blague à part, cette séquence, durant laquelle on croise d'étranges empilements osseux, est emballante, sur la forme comme sur le fond... et l'on entend enfin un personnage parler un anglais distingué !
La dernière partie est destinée à faire le lien avec l'épisode suivant, qui aurait déjà été tourné. J'ai l'impression que Boyle veut donner une tournure encore plus gore à la franchise... avis aux amateurs.
17:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 30 juin 2025
Le Grand Déplacement
Trois ans après le savoureux Tout Simplement noir, Jean-Pascal Zadi est de retour sur le grand écran avec une nouvelle comédie politico-sociale, un brin fantastique... mais surtout fantasque.
La Côte-d'Ivoire, pays de naissance des parents du pilote Pierre Blé (et de Zadi, qui l'incarne), est une sorte de Wakanda francophone, un peu cheap, mais qui a mis au point, dans le plus grand secret, un programme spatial très ambitieux. C'est peut-être une allusion au Zaïre du dictateur Mobutu, dont l'activisme spatial a naguère fait l'objet d'une excellente bande dessinée.
Tout cela n'est qu'un prétexte, pour dénoncer, outre la domination occidentale, les clichés (sur l'Afrique, les Africains, les femmes...) et pour pointer, incidemment, la pauvreté d'une grande partie des habitants. Zadi réutilise une partie du discours "décolonial" et se plonge dans les "luttes intersectionnelles", avec recul. A travers son personnage, celui d'un beauf noir, il met en évidence l'africanité de pacotille de certains descendants de migrants, mais aussi l'homophobie et la misogynie, qui n'existent pas que chez les Blancs Leucodermes. A travers le personnage du psychologue (interprété par Fary, qui a la tête de Spike Lee jeune), il insinue que le racisme va parfois se nicher là où on ne l'attend pas.
Du coup, je pense que ce film va faire beaucoup de mécontents. Les racistes vont évidemment détester (sans même l'avoir vu ?), mais, comme Zadi égratigne un peu (beaucoup) le "camp du Bien", je ne suis pas certain que tous ses amis décoloniaux apprécient.
Cela donne une œuvre un peu foutraque, moins maîtrisée que Tout Simplement Noir, mais avec des effets spéciaux très corrects. J'ai ri à plusieurs reprises, mais je trouve que certaines scènes tombent à plat.
09:50 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Le Grand Déplacement
Trois ans après le savoureux Tout Simplement noir, Jean-Pascal Zadi est de retour sur le grand écran avec une nouvelle comédie politico-sociale, un brin fantastique... mais surtout fantasque.
La Côte-d'Ivoire, pays de naissance des parents du pilote Pierre Blé (et de Zadi, qui l'incarne), est une sorte de Wakanda francophone, un peu cheap, mais qui a mis au point, dans le plus grand secret, un programme spatial très ambitieux. C'est peut-être une allusion au Zaïre du dictateur Mobutu, dont l'activisme spatial a naguère fait l'objet d'une excellente bande dessinée.
Tout cela n'est qu'un prétexte, pour dénoncer, outre la domination occidentale, les clichés (sur l'Afrique, les Africains, les femmes...) et pour pointer, incidemment, la pauvreté d'une grande partie des habitants. Zadi réutilise une partie du discours "décolonial" et se plonge dans les "luttes intersectionnelles", avec recul. A travers son personnage, celui d'un beauf noir, il met en évidence l'africanité de pacotille de certains descendants de migrants, mais aussi l'homophobie et la misogynie, qui n'existent pas que chez les Blancs Leucodermes. A travers le personnage du psychologue (interprété par Fary, qui a la tête de Spike Lee jeune), il insinue que le racisme va parfois se nicher là où on ne l'attend pas.
Du coup, je pense que ce film va faire beaucoup de mécontents. Les racistes vont évidemment détester (sans même l'avoir vu ?), mais, comme Zadi égratigne un peu (beaucoup) le "camp du Bien", je ne suis pas certain que tous ses amis décoloniaux apprécient.
Cela donne une œuvre un peu foutraque, moins maîtrisée que Tout Simplement Noir, mais avec des effets spéciaux très corrects. J'ai ri à plusieurs reprises, mais je trouve que certaines scènes tombent à plat.
09:50 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
dimanche, 29 juin 2025
Peacock
Matthias est le co-dirigeant et le meilleur employé d'un service de location très spécial. En effet, l'entreprise haut-de-gamme MyCompanion propose de louer qui un(e) ami, qui un(e) collègue, qui un fils... pour une durée déterminée. Le jeune homme a atteint un tel niveau de perfectionnisme qu'il se fonde dans chaque rôle qu'il endosse... ce qui fait qu'à l'écran, parfois, on a du mal à savoir (au début) si c'est le "Matthias loué" ou le "Matthias de la vraie vie" qui évolue devant nos yeux. C'est aussi ce que finit par se demander sa petite amie. (Le comédien, Albrecht Schuch, est formidable.)
La première partie du film nous montre le fonctionnement de ce service singulier, sans doute inventé au Japon au tout début du siècle (et arrivé en France il y a quelques années). C'est souvent cocasse, quand on comprend ce qu'il y a d'artificiel dans certaines scènes. La vie de Matthias semble de prime abord parfaite : il est jeune, séduisant, cultivé, riche, vit dans une baraque de folie et a pour compagne une jeune femme séduisante, cultivée, riche. Apparemment, tous deux se comprennent à demi-mots. Ils n'ont toutefois pas d'enfant.
Évidemment, cela va déraper, à partir du moment où la compagne en a assez de vivre avec un acteur professionnel. L'une des missions joue aussi un rôle, celle au cours de laquelle Matthias doit apprendre à une épouse âgée, qui en a marre d'être dénigrée, à soutenir une dispute avec son mari. La "formation" dispensée par Matthias va avoir des conséquences insoupçonnées...
Malheureusement, à partir de là, le film devient très prévisible. En dépit d'un début prometteur, on comprend comment va tourner la nouvelle relation esquissée avec une Norvégienne croisée lors d'un concert de "musique d'avant-garde". (Pourtant, la séquence se déroulant le jour du concert était caustique à souhait.) On comprend aussi très vite comment la mission particulière (avec l'épouse rabaissée) va dégénérer... jusqu'au fameux anniversaire, qui ne peut pas bien se passer. Mais la colossale surprise mérite le détour et nous ramène à l'humour à froid du début.
Du coup, j'ai plutôt aimé.
20:40 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Peacock
Matthias est le co-dirigeant et le meilleur employé d'un service de location très spécial. En effet, l'entreprise haut-de-gamme MyCompanion propose de louer qui un(e) ami, qui un(e) collègue, qui un fils... pour une durée déterminée. Le jeune homme a atteint un tel niveau de perfectionnisme qu'il se fonde dans chaque rôle qu'il endosse... ce qui fait qu'à l'écran, parfois, on a du mal à savoir (au début) si c'est le "Matthias loué" ou le "Matthias de la vraie vie" qui évolue devant nos yeux. C'est aussi ce que finit par se demander sa petite amie. (Le comédien, Albrecht Schuch, est formidable.)
La première partie du film nous montre le fonctionnement de ce service singulier, sans doute inventé au Japon au tout début du siècle (et arrivé en France il y a quelques années). C'est souvent cocasse, quand on comprend ce qu'il y a d'artificiel dans certaines scènes. La vie de Matthias semble de prime abord parfaite : il est jeune, séduisant, cultivé, riche, vit dans une baraque de folie et a pour compagne une jeune femme séduisante, cultivée, riche. Apparemment, tous deux se comprennent à demi-mots. Ils n'ont toutefois pas d'enfant.
Évidemment, cela va déraper, à partir du moment où la compagne en a assez de vivre avec un acteur professionnel. L'une des missions joue aussi un rôle, celle au cours de laquelle Matthias doit apprendre à une épouse âgée, qui en a marre d'être dénigrée, à soutenir une dispute avec son mari. La "formation" dispensée par Matthias va avoir des conséquences insoupçonnées...
Malheureusement, à partir de là, le film devient très prévisible. En dépit d'un début prometteur, on comprend comment va tourner la nouvelle relation esquissée avec une Norvégienne croisée lors d'un concert de "musique d'avant-garde". (Pourtant, la séquence se déroulant le jour du concert était caustique à souhait.) On comprend aussi très vite comment la mission particulière (avec l'épouse rabaissée) va dégénérer... jusqu'au fameux anniversaire, qui ne peut pas bien se passer. Mais la colossale surprise mérite le détour et nous ramène à l'humour à froid du début.
Du coup, j'ai plutôt aimé.
20:40 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
A Normal Family
Le titre est bien entendu une antiphrase, puisque, par bien des aspects, cette famille, composée d'une grand-mère, de ses deux fils, de leurs épouses et de leurs enfants, frise l'anormalité dès le départ, avant de s'y plonger complètement, les apparences demeurant toutefois (presque) complètement lisses.
Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, l'opposition des deux ménages (des deux frères) n'est pas une nouvelle version de Rich man, poor man. Si l'aîné, avocat pénaliste, est visiblement fortuné, le cadet, chef de service en chirurgie dans un hôpital, n'est pas un miséreux, loin de là. La véritable opposition se situe à un autre niveau : l'engagement, l'intégrité professionnelle. L'avocat, qui pourrait choisir de défendre de nobles et belles causes, accepte surtout des clients qui paient bien. De son côté, le chirurgien essaie de sauver tous ses malades, même ceux qui n'ont pas les moyens de payer.
Leurs enfants semblent encore plus dissemblables. La fille de l'avocat, très émancipée, est une bonne élève, qui ambitionne de poursuivre ses études à Cambridge. C'est aussi une fêtarde, réputée bien tenir l'alcool... et une menteuse de première. Le fils du médecin, lui, est timoré, victime de harcèlement à l'école... et les coûteux cours particuliers payés par ses parents ne suffisent pas à améliorer ses résultats scolaires.
Tout cela vole en éclat suite à deux faits divers : la mort d'un automobiliste colérique, renversé par un jeune chauffard en voiture de sport, et l'agression d'un SDF, une nuit, par deux adolescents.
Le début du film ne fait intervenir que le premier fait divers. Le chauffard est défendu par le frère avocat, tandis que la fille de la victime est soignée dans le service du frère chirurgien.
Là, vous vous rendez compte que je ne parle pas des épouses, qui pourtant jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue. Je trouve les trois principaux personnages féminins très caricaturaux. L'épouse de l'avocat est en fait sa deuxième compagne. C'est l'archétype d'une "femme trophée" (version XXIe siècle) : elle est jeune, belle, cultivée, mais ses propos ne révèlent pas une grande intelligence. L'épouse du chirurgien est une (ancienne) travailleuse humanitaire, une figure très positive au début de l'histoire. Mais, à partir du milieu du film, son personnage évolue de manière grotesque (prélude à l'évolution, tout aussi grotesque, du personnage du mari). Quant à l'adolescente, je crois avoir rarement rencontré un jeune personnage aussi faux et détestable sur grand écran. L'actrice est plutôt bonne. Elle réussit à maintenir un peu d'incertitude au départ, mais quiconque a déjà fréquenté des ados comprend très vite ce que cache cette apparence BCBG.
Finalement, c'est peut-être le personnage du gamin le plus intéressant. C'est une victime qui se mue en potentiel prédateur (enfin quelque chose de sociologiquement fondé dans la caractérisation ultra-schématique des personnages). Je trouve que le jeune comédien joue très bien le garçon mutique, dont on ne sait trop ce qu'il pense, même quand il a l'air d'être sincère.
J'ai trouvé le film savoureux quand il met en scène les écarts (financiers, éthiques, culturels, sexuels...) entre les deux couples. En revanche, pour moi, il ne devrait pas y avoir de dilemme, alors que c'est tout de même le soubassement des lonnnnnnnngs atermoiements des deux couples. De surcroît, on sent venir le coup de théâtre final, après le second dîner.
Du coup, je suis sorti de là mitigé. C'est du bon boulot, bien filmé, bien joué, mais cela ressemble plus à la mise en scène d'une théorie plaquée sur des personnages qu'à la représentation d'une situation réelle.
18:29 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, cinéma, cinema, film, films
A Normal Family
Le titre est bien entendu une antiphrase, puisque, par bien des aspects, cette famille, composée d'une grand-mère, de ses deux fils, de leurs épouses et de leurs enfants, frise l'anormalité dès le départ, avant de s'y plonger complètement, les apparences demeurant toutefois (presque) complètement lisses.
Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, l'opposition des deux ménages (des deux frères) n'est pas une nouvelle version de Rich man, poor man. Si l'aîné, avocat pénaliste, est visiblement fortuné, le cadet, chef de service en chirurgie dans un hôpital, n'est pas un miséreux, loin de là. La véritable opposition se situe à un autre niveau : l'engagement, l'intégrité professionnelle. L'avocat, qui pourrait choisir de défendre de nobles et belles causes, accepte surtout des clients qui paient bien. De son côté, le chirurgien essaie de sauver tous ses malades, même ceux qui n'ont pas les moyens de payer.
Leurs enfants semblent encore plus dissemblables. La fille de l'avocat, très émancipée, est une bonne élève, qui ambitionne de poursuivre ses études à Cambridge. C'est aussi une fêtarde, réputée bien tenir l'alcool... et une menteuse de première. Le fils du médecin, lui, est timoré, victime de harcèlement à l'école... et les coûteux cours particuliers payés par ses parents ne suffisent pas à améliorer ses résultats scolaires.
Tout cela vole en éclat suite à deux faits divers : la mort d'un automobiliste colérique, renversé par un jeune chauffard en voiture de sport, et l'agression d'un SDF, une nuit, par deux adolescents.
Le début du film ne fait intervenir que le premier fait divers. Le chauffard est défendu par le frère avocat, tandis que la fille de la victime est soignée dans le service du frère chirurgien.
Là, vous vous rendez compte que je ne parle pas des épouses, qui pourtant jouent un rôle non négligeable dans l'intrigue. Je trouve les trois principaux personnages féminins très caricaturaux. L'épouse de l'avocat est en fait sa deuxième compagne. C'est l'archétype d'une "femme trophée" (version XXIe siècle) : elle est jeune, belle, cultivée, mais ses propos ne révèlent pas une grande intelligence. L'épouse du chirurgien est une (ancienne) travailleuse humanitaire, une figure très positive au début de l'histoire. Mais, à partir du milieu du film, son personnage évolue de manière grotesque (prélude à l'évolution, tout aussi grotesque, du personnage du mari). Quant à l'adolescente, je crois avoir rarement rencontré un jeune personnage aussi faux et détestable sur grand écran. L'actrice est plutôt bonne. Elle réussit à maintenir un peu d'incertitude au départ, mais quiconque a déjà fréquenté des ados comprend très vite ce que cache cette apparence BCBG.
Finalement, c'est peut-être le personnage du gamin le plus intéressant. C'est une victime qui se mue en potentiel prédateur (enfin quelque chose de sociologiquement fondé dans la caractérisation ultra-schématique des personnages). Je trouve que le jeune comédien joue très bien le garçon mutique, dont on ne sait trop ce qu'il pense, même quand il a l'air d'être sincère.
J'ai trouvé le film savoureux quand il met en scène les écarts (financiers, éthiques, culturels, sexuels...) entre les deux couples. En revanche, pour moi, il ne devrait pas y avoir de dilemme, alors que c'est tout de même le soubassement des lonnnnnnnngs atermoiements des deux couples. De surcroît, on sent venir le coup de théâtre final, après le second dîner.
Du coup, je suis sorti de là mitigé. C'est du bon boulot, bien filmé, bien joué, mais cela ressemble plus à la mise en scène d'une théorie plaquée sur des personnages qu'à la représentation d'une situation réelle.
18:29 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, cinéma, cinema, film, films
Once upon a time in Gaza
Quatre ans après Gaza mon amour, les frères Nasser (Tarzan et Arab) sont de retour avec une sorte de polar, dont la première partie s'apparente à un Le Caire confidentiel palestinien, tandis que la seconde a un air de Ça tourne à Manhattan.
Il convient de ne pas arriver en retard, sous peine de rater le début, qui est très important. Le film commence par des propos de... Donald Trump (que je laisse à chacun le plaisir de découvrir). La suite est aussi marquée par la masculinité toxique, puisqu'on y voit des militants du Hamas procéder à des "funérailles patriotiques" (islamistes), certains de ces crétins tirant en l'air, à balles réelles, en pleine zone urbaine...
...et puis, soudain, on nous propose l'extrait de ce qui semble être un (mauvais) film de propagande, un film d'action faisant l'éloge d'un rebelle palestinien. C'est assez représentatif du style des réalisateurs, marqué par un certain engagement (la dénonciation du sort des Gazaouis) et de l'ironie, qui peut s'appliquer à ceux qui, en 2007-2010, étaient les maîtres de la bande de Gaza.
La suite constitue donc un polar politico-social, qui tourne autour d'un commerce de bouche, une échoppe réputée pour la qualité de ses falafels... et que certains clients connaissent aussi pour le "petit bonus" que le patron met dans ses produits... pour peu qu'on soit prêt à payer plus cher. Le commerce fonctionne à deux : le patron, trafiquant sur les bords, et son unique employé, un ancien étudiant devenu expert dans la confection des sandwichs orientaux. Le Jordanien Majd Eid est très convaincant dans le rôle de ce patron obèse, gros fumeur, un peu magouilleur, qui s'est pris d'affection pour l'employé qu'il n'oublie pas d'exploiter. De son côté, le Syrien Nader Abd Ahlay apparaît sous plusieurs visages dans le film. Je ne peux pas en dire trop, mais ce comédien inconnu a une palette de jeu très étendue.
Un troisième homme intervient dans cette histoire, un officier de police (en treillis), sans doute aussi membre du Hamas... et pas très regardant sur les méthodes utilisées. Le film sous-entend qu'il est sans doute corrompu. Quoi qu'il en soit, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Un événement choc clôt la première partie.
Dans la seconde, on retrouve deux des trois protagonistes, liés au tournage du film de propagande dont on a vu un extrait au début. C'est toujours tendu sur le fond, mais le tournage comporte quelques moments savoureux. Je pense notamment au passage durant lequel on voit un des acteurs (déjà pas très content de devoir incarner un soldat israélien) refusant de jeter un drapeau palestinien. Le réalisateur essaie de lui expliquer de cela fait partie du rôle... tout comme le fait de faire tomber un enfant au sol, sous les yeux de son père, furieux et prêt à casser la figure aux membres de l'équipe. Il faut aussi discipliner les habitants du quartier, qui se mettent parfois à applaudir pendant que ça tourne !
On se demande comment les réalisateurs vont conclure leur histoire. Ils choisissent une pirouette, tragi-comique, qui nous ramène au début du film.
Même si celui-ci n'est pas exempt de défauts, je trouve qu'il constitue une œuvre très originale, forte sur le plan émotionnel.
10:00 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Once upon a time in Gaza
Quatre ans après Gaza mon amour, les frères Nasser (Tarzan et Arab) sont de retour avec une sorte de polar, dont la première partie s'apparente à un Le Caire confidentiel palestinien, tandis que la seconde a un air de Ça tourne à Manhattan.
Il convient de ne pas arriver en retard, sous peine de rater le début, qui est très important. Le film commence par des propos de... Donald Trump (que je laisse à chacun le plaisir de découvrir). La suite est aussi marquée par la masculinité toxique, puisqu'on y voit des militants du Hamas procéder à des "funérailles patriotiques" (islamistes), certains de ces crétins tirant en l'air, à balles réelles, en pleine zone urbaine...
...et puis, soudain, on nous propose l'extrait de ce qui semble être un (mauvais) film de propagande, un film d'action faisant l'éloge d'un rebelle palestinien. C'est assez représentatif du style des réalisateurs, marqué par un certain engagement (la dénonciation du sort des Gazaouis) et de l'ironie, qui peut s'appliquer à ceux qui, en 2007-2010, étaient les maîtres de la bande de Gaza.
La suite constitue donc un polar politico-social, qui tourne autour d'un commerce de bouche, une échoppe réputée pour la qualité de ses falafels... et que certains clients connaissent aussi pour le "petit bonus" que le patron met dans ses produits... pour peu qu'on soit prêt à payer plus cher. Le commerce fonctionne à deux : le patron, trafiquant sur les bords, et son unique employé, un ancien étudiant devenu expert dans la confection des sandwichs orientaux. Le Jordanien Majd Eid est très convaincant dans le rôle de ce patron obèse, gros fumeur, un peu magouilleur, qui s'est pris d'affection pour l'employé qu'il n'oublie pas d'exploiter. De son côté, le Syrien Nader Abd Ahlay apparaît sous plusieurs visages dans le film. Je ne peux pas en dire trop, mais ce comédien inconnu a une palette de jeu très étendue.
Un troisième homme intervient dans cette histoire, un officier de police (en treillis), sans doute aussi membre du Hamas... et pas très regardant sur les méthodes utilisées. Le film sous-entend qu'il est sans doute corrompu. Quoi qu'il en soit, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Un événement choc clôt la première partie.
Dans la seconde, on retrouve deux des trois protagonistes, liés au tournage du film de propagande dont on a vu un extrait au début. C'est toujours tendu sur le fond, mais le tournage comporte quelques moments savoureux. Je pense notamment au passage durant lequel on voit un des acteurs (déjà pas très content de devoir incarner un soldat israélien) refusant de jeter un drapeau palestinien. Le réalisateur essaie de lui expliquer de cela fait partie du rôle... tout comme le fait de faire tomber un enfant au sol, sous les yeux de son père, furieux et prêt à casser la figure aux membres de l'équipe. Il faut aussi discipliner les habitants du quartier, qui se mettent parfois à applaudir pendant que ça tourne !
On se demande comment les réalisateurs vont conclure leur histoire. Ils choisissent une pirouette, tragi-comique, qui nous ramène au début du film.
Même si celui-ci n'est pas exempt de défauts, je trouve qu'il constitue une œuvre très originale, forte sur le plan émotionnel.
10:00 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 28 juin 2025
F1
Salut. Moi, c'est Brad. Officiellement, j'ai 61 piges. Mais tout le monde me dit que j'en fais vingt de moins. Qu'y puis-je, après tout ? Ma gueule d'ange ravit les dames, ma voix caverneuse fait frémir les clitoris des kilomètres à la ronde et mon regard de braise pourrait incendier à lui seul toute la forêt varoise. Quant à mon torse et à mon abdomen, ils sont divinement sculptés. J'ajoute que je possède une longue, très longue... cicatrice.
Celle-ci, hélas, n'est pas naturelle, elle est liée à mon dernier rôle, celui d'un pilote automobile sur le retour. Je le dois à Joseph Kosinski, un pote. Un jour, il m'a téléphoné :
- Salut Brad. Je viens de voir ton torse sublime dans One upon a time in Hollywood. Ça te dirait de foutre la honte à de jeunes cons arrogants, au volant d'un truc qui va très vite ?
- Ta proposition est intéressante, Joe, mais cela ressemble bigrement à ce que tu es en train de produire, avec Tom [Cruise].
- Sauf que là ce seront des bagnoles de course, mec ! Avec toi dedans, des caméras embarquées et plein de trucs technologiques pour montrer aux peigne-culs que la F1, c'est pas un sport d'abrutis !
- Présenté comme ça, c'est alléchant. Mais, dis-moi, il n'y a pas que des voitures de course dans ton film ?
- Bien sûr que non, man ! On y parle des valeurs familiales, d'amour, du désir de s'élever, de rivalité, d'entraide... et aussi de pognon, bien sûr !
- Bien sûr. Ton vieux pilote, là, il n'est pas trop coureur de jupons ?
- Non, tout ça c'est du passé. Il court après bien autre chose. C'est même l'un des enjeux du film.
- Tu m'as quand même prévu une petite histoire d'amour ?
- Une grande même, si tu veux !
- Et l'amoureuse, elle est comment ?
- Canon.
- Évidemment. Mais encore ?
- Blonde, la quarantaine, divorcée...
- Ce n'est pas le genre groupie, au moins ?
- Non, elle ne pense quasiment qu'au boulot. Elle est d'ailleurs hyper-compétente... mais, que veux-tu, quand ses pas croisent ceux du héros, son regard s'illumine, ses lèvres s'humectent, sa poitrine se soulève, ses cuisses...
- OK, je vois le topo. Qu'y a-t-il d'autre dans ton film ?
- Des courses de bagnoles, un peu partout dans le monde : au Royaume-Uni, en Hongrie, en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, au Japon et, pour finir, aux Émirats arabes unis.
- Super, on va voir du pays !
- Et tu ne connais pas la meilleure : j'ai obtenu la participation, en tant que figurants, de Lewis, Max, Oscar, Charles, Lando...
- Fiouuu, ça promet !
- Et tu verras, au niveau du son, ça va dépoter. Dans les salles bien équipées, les spectateurs sentiront le sol vibrer sous leurs pieds !
- Banco, Joe ! Je vais de ce pas doubler mes séances de Pilates.
23:50 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
F1
Salut. Moi, c'est Brad. Officiellement, j'ai 61 piges. Mais tout le monde me dit que j'en fais vingt de moins. Qu'y puis-je, après tout ? Ma gueule d'ange ravit les dames, ma voix caverneuse fait frémir les clitoris des kilomètres à la ronde et mon regard de braise pourrait incendier à lui seul toute la forêt varoise. Quant à mon torse et à mon abdomen, ils sont divinement sculptés. J'ajoute que je possède une longue, très longue... cicatrice.
Celle-ci, hélas, n'est pas naturelle, elle est liée à mon dernier rôle, celui d'un pilote automobile sur le retour. Je le dois à Joseph Kosinski, un pote. Un jour, il m'a téléphoné :
- Salut Brad. Je viens de voir ton torse sublime dans One upon a time in Hollywood. Ça te dirait de foutre la honte à de jeunes cons arrogants, au volant d'un truc qui va très vite ?
- Ta proposition est intéressante, Joe, mais cela ressemble bigrement à ce que tu es en train de produire, avec Tom [Cruise].
- Sauf que là ce seront des bagnoles de course, mec ! Avec toi dedans, des caméras embarquées et plein de trucs technologiques pour montrer aux peigne-culs que la F1, c'est pas un sport d'abrutis !
- Présenté comme ça, c'est alléchant. Mais, dis-moi, il n'y a pas que des voitures de course dans ton film ?
- Bien sûr que non, man ! On y parle des valeurs familiales, d'amour, du désir de s'élever, de rivalité, d'entraide... et aussi de pognon, bien sûr !
- Bien sûr. Ton vieux pilote, là, il n'est pas trop coureur de jupons ?
- Non, tout ça c'est du passé. Il court après bien autre chose. C'est même l'un des enjeux du film.
- Tu m'as quand même prévu une petite histoire d'amour ?
- Une grande même, si tu veux !
- Et l'amoureuse, elle est comment ?
- Canon.
- Évidemment. Mais encore ?
- Blonde, la quarantaine, divorcée...
- Ce n'est pas le genre groupie, au moins ?
- Non, elle ne pense quasiment qu'au boulot. Elle est d'ailleurs hyper-compétente... mais, que veux-tu, quand ses pas croisent ceux du héros, son regard s'illumine, ses lèvres s'humectent, sa poitrine se soulève, ses cuisses...
- OK, je vois le topo. Qu'y a-t-il d'autre dans ton film ?
- Des courses de bagnoles, un peu partout dans le monde : au Royaume-Uni, en Hongrie, en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas, en France, au Japon et, pour finir, aux Émirats arabes unis.
- Super, on va voir du pays !
- Et tu ne connais pas la meilleure : j'ai obtenu la participation, en tant que figurants, de Lewis, Max, Oscar, Charles, Lando...
- Fiouuu, ça promet !
- Et tu verras, au niveau du son, ça va dépoter. Dans les salles bien équipées, les spectateurs sentiront le sol vibrer sous leurs pieds !
- Banco, Joe ! Je vais de ce pas doubler mes séances de Pilates.
23:50 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 26 juin 2025
Amélie et la métaphysique des tubes
Ce film d'animation adapte la fiction autobiographique d'Amélie Nothomb (qui vient d'être rééditée en livre de poche). Jadis, l'auteure d'Hygiène de l'assassin avait imaginé raconter sa vie de 0 à 3 ans. Ce présupposé a été conservé dans l'adaptation, où quelques modifications de détail ont été opérées (notamment dans la chronologie des événements). L'essentiel a été préservé et les auteurs ont tenté de donner une existence visuelle aux doux délires de l'écrivaine.
A celles et ceux qui ne connaîtraient pas le roman d'origine, il convient d'abord d'expliquer ce que sont ces tubes : une incarnation de Dieu, pour lequel se prend, dans un premier temps, le bébé. Des liens sont établis avec d'autres tubes remarquables, comme le biberon (uniquement dans le roman), le corps d'un aspirateur, des (emblèmes de) carpes...
Notons que l’œuvre prend parfois une tournure féministe, puisque, dans le Japon du début des années 1970 (où se sont installés les parents d'Amélie), les garçons sont clairement privilégiés par rapport aux filles, comme le prouve la fameuse journée des carpes... mais la (très) petite Amélie ne va pas se laisser faire... surtout pas par son frère aîné, qui n'arrête pas de l'embêter.
Les personnages masculins (principalement ceux du père et du grand frère) sont toutefois au second plan. L'intrigue insiste sur la relation quasi fusionnelle qui naît entre Amélie et la domestique japonaise de ses parents, qui devient une sorte de mère de substitution. Leurs relations sont l'occasion pour la gamine (et les spectateurs) de découvrir certains pans de la culture japonaise. Cela nous vaut notamment une très belle séquence autour des livres.
Le roman comme le film ne masquent pas ce qu'ont subi les civils japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à travers le passé de la domestique et celui de celle qui, dans le film, est la propriétaire désargentée de la maison où résident les parents d'Amélie. On a un peu atténué le côté agressif de celle-ci et l'on a évité de représenter les scènes les plus horribles, qui sont pourtant détaillées dans le roman. On a donc voulu faire une œuvre visible par les petits comme les grands.
L'animation rend hommage aux classiques japonais. Les enfants ont de grosses têtes et de grands yeux. Un soin particulier a été apporté à la représentation de l'univers culinaire et à tout ce qui touche à la nature (animaux comme végétaux). La petite Amélie se découvre un lien particulier avec l'eau et c'est mis en scène avec inventivité.
Cela ne dure qu'1h20 et je me suis régalé... tout seul dans la salle !
P.S.
Voici la couverture de la nouvelle édition de poche du roman :
Il est plus noir que le film d'animation, notamment parce qu'il évoque davantage les pulsions suicidaires de l'héroïne.
10:45 Publié dans Cinéma, Japon, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, livres, roman, littérature
Amélie et la métaphysique des tubes
Ce film d'animation adapte la fiction autobiographique d'Amélie Nothomb (qui vient d'être rééditée en livre de poche). Jadis, l'auteure d'Hygiène de l'assassin avait imaginé raconter sa vie de 0 à 3 ans. Ce présupposé a été conservé dans l'adaptation, où quelques modifications de détail ont été opérées (notamment dans la chronologie des événements). L'essentiel a été préservé et les auteurs ont tenté de donner une existence visuelle aux doux délires de l'écrivaine.
A celles et ceux qui ne connaîtraient pas le roman d'origine, il convient d'abord d'expliquer ce que sont ces tubes : une incarnation de Dieu, pour lequel se prend, dans un premier temps, le bébé. Des liens sont établis avec d'autres tubes remarquables, comme le biberon (uniquement dans le roman), le corps d'un aspirateur, des (emblèmes de) carpes...
Notons que l’œuvre prend parfois une tournure féministe, puisque, dans le Japon du début des années 1970 (où se sont installés les parents d'Amélie), les garçons sont clairement privilégiés par rapport aux filles, comme le prouve la fameuse journée des carpes... mais la (très) petite Amélie ne va pas se laisser faire... surtout pas par son frère aîné, qui n'arrête pas de l'embêter.
Les personnages masculins (principalement ceux du père et du grand frère) sont toutefois au second plan. L'intrigue insiste sur la relation quasi fusionnelle qui naît entre Amélie et la domestique japonaise de ses parents, qui devient une sorte de mère de substitution. Leurs relations sont l'occasion pour la gamine (et les spectateurs) de découvrir certains pans de la culture japonaise. Cela nous vaut notamment une très belle séquence autour des livres.
Le roman comme le film ne masquent pas ce qu'ont subi les civils japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à travers le passé de la domestique et celui de celle qui, dans le film, est la propriétaire désargentée de la maison où résident les parents d'Amélie. On a un peu atténué le côté agressif de celle-ci et l'on a évité de représenter les scènes les plus horribles, qui sont pourtant détaillées dans le roman. On a donc voulu faire une œuvre visible par les petits comme les grands.
L'animation rend hommage aux classiques japonais. Les enfants ont de grosses têtes et de grands yeux. Un soin particulier a été apporté à la représentation de l'univers culinaire et à tout ce qui touche à la nature (animaux comme végétaux). La petite Amélie se découvre un lien particulier avec l'eau et c'est mis en scène avec inventivité.
Cela ne dure qu'1h20 et je me suis régalé... tout seul dans la salle !
P.S.
Voici la couverture de la nouvelle édition de poche du roman :
Il est plus noir que le film d'animation, notamment parce qu'il évoque davantage les pulsions suicidaires de l'héroïne.
10:45 Publié dans Cinéma, Japon, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, livres, roman, littérature
mardi, 24 juin 2025
Le Répondeur
Cette comédie sociétale fonctionne sur des bases semblables à d'autres, comme Le Jouet : un homme devient (volontairement) l'instrument d'un autre, le premier étant issu d'un milieu beaucoup plus modeste que le second.
Les deux premières scènes nous mettent dans le bain, avec Baptiste travaillant comme téléopérateur, puis tentant de percer, dans un "seul en scène". Dans les deux cas, le personnage fait montre de ses qualités d'imitateur. Attention toutefois : le comédien Salif Cissé ne réalise pas les imitations, qui sont dues à d'autres personnes. Un (habile) montage numérique fait croire à la supercherie (notamment quand Baptiste se met à répondre au téléphone à la place de l'écrivain Pierre Chozène). Le talent du comédien est d'avoir assimilé les mimiques et les postures des personnes dont il est censé reproduire la voix. Il est parfaitement crédible en imitateur.
Cela aurait pu donner naissance à quantité de situations cocasses, mais la réalisatrice Fabienne Godet a décidé d'orienter son film du côté du conte moral. Elle veut traiter d'abord des relations familiales, d'amour et d'amitié. Son intrigue est fondée sur le mensonge : l'écrivain fait croire à ses proches qu'il leur répond au téléphone et son employé très spécial se garde de révéler à sa fille quel rôle il joue pour son père.
Baptiste ne se contente pas de suivre les instructions qui lui sont données. Il prend quelques initiatives. L'histoire semble d'abord nous dire que d'un (petit) mal peut surgir un (grand) bien... mais la vérité finit par rattraper tous les personnages.
C'est agréable à suivre, parfois drôle, notamment dans la peinture du monde culturel germanopratin parisien (écrivains, éditeurs, journalistes, peintres, galeristes...). Toutefois, à partir du moment où Baptiste, engagé par Pierre, commence à officier, c'est très prévisible. J'ai aussi noté une grosse invraisemblance : quand Baptiste commence à (longuement) poser pour Elsa, il a le portable du père avec lui, auquel il est censé répondre, en imitant sa voix. Or, comme par miracle, jamais celui-ci ne sonne pendant ces séances de pose.
C'est une comédie "sympatoche", pas vulgaire, dans l'air du temps.
16:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films