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jeudi, 24 août 2023

Retribution

   Et c'est reparti pour un tour avec ce bon vieux Liam Neeson, que je n'avais pas vu en salles depuis un bail février dernier, dans Marlowe.

   Avis à celles et ceux qui attendent un énième film de baston, dans lequel un héros vieillissant va flanquer une raclée à quelques dizaines centaines de sales types : ce n'est pas le cas ici. (Pour cela, il va falloir patienter jusqu'à la sortie d'Equalizer III.) Les scénaristes ont enfin pris en compte les effets de l'âge sur Liam. Ici, tout (ou presque) se passe dans des voitures, l'essentiel se concentrant dans le SUV de luxe du héros Matt Turner (dont on ne cesse de voir la marque à l'écran) et dans les téléphones qu'il utilise.

   Ce n'en est pas moins spectaculaire pour autant. Il y a évidemment des poursuites automobiles (dans les rues de Berlin)... l'une d'entre elles montrant le héros échapper, un peu par miracle, à toutes les polices locales. Mais l'essentiel de la tension dramatique réside ailleurs : dans le jeu macabre avec un mystérieux maître-chanteur, qui a piégé le véhicule de Matt (ainsi que d'autres... mais combien ?).

   Au niveau de l'intrigue, il est question de détournement de fonds. L'acteur-vedette incarne un type qui se veut droit, mais qui, pour gagner sa vie, doit mettre en confiance ses potentiels clients... voire leur mentir. Bien entendu, un complot est à l’œuvre. On peut s'amuser à essayer de deviner qui est derrière. (Ce n'est pas très compliqué.)

   Un Liam Neeson convaincant (parfois même émouvant) et un montage nerveux rendent le film tout à fait visible. Il n'y a rien de bien nouveau dans cette histoire et certaines péripéties sont un peu téléphonées (!) mais, comme le boulot est bien fait, les 90 minutes passent vite, assez agréablement, sans plus.

10:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Retribution

   Et c'est reparti pour un tour avec ce bon vieux Liam Neeson, que je n'avais pas vu en salles depuis un bail février dernier, dans Marlowe.

   Avis à celles et ceux qui attendent un énième film de baston, dans lequel un héros vieillissant va flanquer une raclée à quelques dizaines centaines de sales types : ce n'est pas le cas ici. (Pour cela, il va falloir patienter jusqu'à la sortie d'Equalizer III.) Les scénaristes ont enfin pris en compte les effets de l'âge sur Liam. Ici, tout (ou presque) se passe dans des voitures, l'essentiel se concentrant dans le SUV de luxe du héros Matt Turner (dont on ne cesse de voir la marque à l'écran) et dans les téléphones qu'il utilise.

   Ce n'en est pas moins spectaculaire pour autant. Il y a évidemment des poursuites automobiles (dans les rues de Berlin)... l'une d'entre elles montrant le héros échapper, un peu par miracle, à toutes les polices locales. Mais l'essentiel de la tension dramatique réside ailleurs : dans le jeu macabre avec un mystérieux maître-chanteur, qui a piégé le véhicule de Matt (ainsi que d'autres... mais combien ?).

   Au niveau de l'intrigue, il est question de détournement de fonds. L'acteur-vedette incarne un type qui se veut droit, mais qui, pour gagner sa vie, doit mettre en confiance ses potentiels clients... voire leur mentir. Bien entendu, un complot est à l’œuvre. On peut s'amuser à essayer de deviner qui est derrière. (Ce n'est pas très compliqué.)

   Un Liam Neeson convaincant (parfois même émouvant) et un montage nerveux rendent le film tout à fait visible. Il n'y a rien de bien nouveau dans cette histoire et certaines péripéties sont un peu téléphonées (!) mais, comme le boulot est bien fait, les 90 minutes passent vite, assez agréablement, sans plus.

10:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 23 août 2023

Les Avantages de voyager en train

   Mes pérégrinations estivales (et la perspective de passer un moment agréable en zone climatisée) m'ont conduit à voir ce film, sorti il y a deux semaines, de manière confidentielle. C'est l'adaptation d'un roman espagnol, réputé foutraque.

   La première partie fonctionne sur la base d'un emboîtement de récits. Un narrateur évoque une rencontre dans un train, celle d'une éditrice et d'un médecin. Celui-ci, pour passer le temps, propose de lui parler d'un de ses anciens patients, signalé par sa sœur. Ce soldat avait été déployé au Kosovo, pendant la guerre, à la toute fin du XXe siècle. Il a été traumatisé par les événements racontés par une travailleuse humanitaire, elle-même informée par un homme d'affaires, qui a été témoins d'horreurs.

   Sur le plan formel, c'est assez brillant, mis en scène avec plus de subtilité que ce que je viens d'écrire suggère. Mais, sur le fond, c'est assez putassier et très pessimiste sur la nature humaine. Toutefois, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, on est amené à remettre en cause une partie des histoires. C'est assez savoureux, pour peu qu'on ait été attentif au début.

   Je suis beaucoup moins enthousiaste envers la deuxième partie, qui raconte un asservissement progressif, celui d'une femme, mais mis en scène de manière dégradante (je trouve) pour le personnage et la comédienne (Pilar Castro, vue notamment dans Compétition officielle et Julieta). Cette séquence permet toutefois de mettre en perspective une partie de ce qui a été dit par le personnage d'Helga au début du film.

   La troisième partie commence comme une belle histoire, celle de deux handicapés qui se rapprochent progressivement... mais je n'ai pas vu l'intérêt de son insertion dans l'intrigue.

   La quatrième partie est celle qui remet le plus de choses en questions. Elle fait singulièrement remonter l'intérêt. Le film se conclut sur un ultime clin d’œil.

17:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Avantages de voyager en train

   Mes pérégrinations estivales (et la perspective de passer un moment agréable en zone climatisée) m'ont conduit à voir ce film, sorti il y a deux semaines, de manière confidentielle. C'est l'adaptation d'un roman espagnol, réputé foutraque.

   La première partie fonctionne sur la base d'un emboîtement de récits. Un narrateur évoque une rencontre dans un train, celle d'une éditrice et d'un médecin. Celui-ci, pour passer le temps, propose de lui parler d'un de ses anciens patients, signalé par sa sœur. Ce soldat avait été déployé au Kosovo, pendant la guerre, à la toute fin du XXe siècle. Il a été traumatisé par les événements racontés par une travailleuse humanitaire, elle-même informée par un homme d'affaires, qui a été témoins d'horreurs.

   Sur le plan formel, c'est assez brillant, mis en scène avec plus de subtilité que ce que je viens d'écrire suggère. Mais, sur le fond, c'est assez putassier et très pessimiste sur la nature humaine. Toutefois, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, on est amené à remettre en cause une partie des histoires. C'est assez savoureux, pour peu qu'on ait été attentif au début.

   Je suis beaucoup moins enthousiaste envers la deuxième partie, qui raconte un asservissement progressif, celui d'une femme, mais mis en scène de manière dégradante (je trouve) pour le personnage et la comédienne (Pilar Castro, vue notamment dans Compétition officielle et Julieta). Cette séquence permet toutefois de mettre en perspective une partie de ce qui a été dit par le personnage d'Helga au début du film.

   La troisième partie commence comme une belle histoire, celle de deux handicapés qui se rapprochent progressivement... mais je n'ai pas vu l'intérêt de son insertion dans l'intrigue.

   La quatrième partie est celle qui remet le plus de choses en questions. Elle fait singulièrement remonter l'intérêt. Le film se conclut sur un ultime clin d’œil.

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lundi, 21 août 2023

Ninja Turtles - Teenage Years

   Un peu moins de dix ans après le reboot (tourné en prises de vues réelles, avec des comédiens en chair et en os et beaucoup de trucages numériques), voilà que Nickelodeon tente de relancer la machine à cash, avec un nouveau film, mais d'animation cette fois. Celui-ci navigue entre références au passé et style urbain contemporain, la parenté avec le dernier Spider-Man (across the spider-verse) étant frappante.

   Au niveau des voix de doublage (dans la version originale), on a pris du lourd, puisqu'on entend Ice Cube, John Cena, Rose Byrne... et Jackie Chan, qui donne vie à Splinter, un rat maître en arts martiaux. Les séquences qui font intervenir ce personnage sont d'ailleurs très réussies, dynamiques et drôles... mais, visuellement, je préfère quand même la version du reboot de 2014.

   Le début nous conte le genèse des mutants, les tortues, le rat... mais aussi les autres, leurs futurs adversaires/potes : une mouche-tueuse et quantité d'animaux plus ou moins dégoûtants... mais c'est cool à regarder !

   Historiquement, les tortues-ninjas sont un décalque de population mise à l'écart, un statut dans lequel les minorités ethniques peuvent se reconnaître, aux États-Unis. Ici, quand les mutants tentent de se mêler aux humains, parmi les habitants de New York, ils sont victimes de racisme de la part d'une population fortement métissée. Le message sur la tolérance n'en prend que plus de force. Je regrette toutefois que la grande méchante de l'histoire soit une fois de plus une femme blanche qui, dans la VO, s'exbrime aveg un bedit agzent chermanique.

   Visuellement, c'est bien foutu. L'intrigue est rythmée... un peu trop peut-être à mon goût : j'aurais aimé avoir un peu plus de temps pour savourer certaines scènes. La musique est globalement entraînante (exception faite de quelques morceaux de rap). Les héros aiment la good vibe et les pizzas. Ils ne sont pas vindicatifs, ni antipathiques, même si parfois ils se font passer pour de gros durs.

   Voilà. Cela dure nettement moins longtemps que la plupart des grosses productions sorties cet été. On ne s'ennuie pas, mais on aura sans doute assez rapidement oublié.

18:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Ninja Turtles - Teenage Years

   Un peu moins de dix ans après le reboot (tourné en prises de vues réelles, avec des comédiens en chair et en os et beaucoup de trucages numériques), voilà que Nickelodeon tente de relancer la machine à cash, avec un nouveau film, mais d'animation cette fois. Celui-ci navigue entre références au passé et style urbain contemporain, la parenté avec le dernier Spider-Man (across the spider-verse) étant frappante.

   Au niveau des voix de doublage (dans la version originale), on a pris du lourd, puisqu'on entend Ice Cube, John Cena, Rose Byrne... et Jackie Chan, qui donne vie à Splinter, un rat maître en arts martiaux. Les séquences qui font intervenir ce personnage sont d'ailleurs très réussies, dynamiques et drôles... mais, visuellement, je préfère quand même la version du reboot de 2014.

   Le début nous conte le genèse des mutants, les tortues, le rat... mais aussi les autres, leurs futurs adversaires/potes : une mouche-tueuse et quantité d'animaux plus ou moins dégoûtants... mais c'est cool à regarder !

   Historiquement, les tortues-ninjas sont un décalque de population mise à l'écart, un statut dans lequel les minorités ethniques peuvent se reconnaître, aux États-Unis. Ici, quand les mutants tentent de se mêler aux humains, parmi les habitants de New York, ils sont victimes de racisme de la part d'une population fortement métissée. Le message sur la tolérance n'en prend que plus de force. Je regrette toutefois que la grande méchante de l'histoire soit une fois de plus une femme blanche qui, dans la VO, s'exbrime aveg un bedit agzent chermanique.

   Visuellement, c'est bien foutu. L'intrigue est rythmée... un peu trop peut-être à mon goût : j'aurais aimé avoir un peu plus de temps pour savourer certaines scènes. La musique est globalement entraînante (exception faite de quelques morceaux de rap). Les héros aiment la good vibe et les pizzas. Ils ne sont pas vindicatifs, ni antipathiques, même si parfois ils se font passer pour de gros durs.

   Voilà. Cela dure nettement moins longtemps que la plupart des grosses productions sorties cet été. On ne s'ennuie pas, mais on aura sans doute assez rapidement oublié.

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dimanche, 20 août 2023

Les Ombres persanes

   Il paraît que l'idée que nous ayons tous au moins un sosie sur la planète serait une légende urbaine... alors imaginez quand un couple iranien découvre que, dans la même ville (Téhéran), vit un autre couple, physiquement en tout point semblable !

   J'ai enfin pu voir ce thriller sociétal iranien... dans une salle climatisée, ce qui m'a fait le plus grand bien, en ces temps caniculaires. Mais ce ne fut pas la seule source de contentement. Ce film est jubilatoire, d'une richesse et d'une finesse étonnantes.

   Si les deux couples sont de quasi-copies sur le plan physique (les personnages étant interprétés par les mêmes acteurs, qui se livrent à un sacré numéro, soit dit en passant), sur le plan moral, les caractères des deux femmes comme des deux hommes diffèrent fortement. Sur le plan social, on a affaire à deux franges de la classe moyenne : le couple n°1 est composé d'un employé commercial et d'une monitrice d'auto-école, alors que le couple n°2 est composé d'une ancienne infirmière (devenue femme au foyer) et d'un cadre supérieur d'une grosse entreprise (à moins qu'il ne s'agisse d'un haut fonctionnaire). Mine de rien, le cinéaste Mani Haghighi pointe certaines inégalités sociales... et (indirectement) le statut des femmes, dans une société patriarcale. (Mais ce n'est pas le propos principal du film.)

   La mise en scène est pleine de malice. Ainsi, lorsque Farzaneh, l'épouse du couple 1, voit son mari (infidèle ?) entrer (de nouveau, pense-t-elle) dans un immeuble où réside une autre femme, elle attend d'abord à l'extérieur, à côté de son véhicule. Une petite ellipse survient. On se retrouve dans les escaliers internes de l'immeuble, où l'époux n°1 est pris pour l'époux n°2... mais, surtout, un gros quiproquo surgit concernant l'identité d'une des femmes présentes.

   Cette confusion de personnes nous est resservie en toute fin d'intrigue, dans un autre contexte. Je n'en dis pas plus, même si, dans ce cas, on voit venir la supercherie.

   Évidemment, on se demande comment une telle double ressemblance est possible. Les deux épouses sont nées la même année, le même mois. Seraient-elles des jumelles ? Concernant les époux, c'est moins précis. Le seul parent survivant, le père de l'époux n°1, affirme aux grands dieux qu'il n'a jamais eu qu'un seul fils.

   Fort heureusement, le film ne se limite pas à ce questionnement. La subtilité du jeu des acteurs nous fait comprendre que, petit à petit, quasi imperceptiblement, quelque chose semble naître, ouvrant le champ des possibles.

   Dans un premier temps, la ressemblance entre les deux hommes est utilisée pour résoudre le gros problème rencontré par l'époux n°2. De chaque côté, on se rend compte que, si la supercherie est bien préparée, (presque) personne ne remarque quand il y a substitution d'époux. Cela débouche sur une deuxième partie assez inattendue, avant que ne survienne un petit coup de théâtre, à un gros quart d'heure de la fin.

   J'ai été pris, du début à la fin. Ce sera à coup sûr un de mes films de l'année.

Les Ombres persanes

   Il paraît que l'idée que nous ayons tous au moins un sosie sur la planète serait une légende urbaine... alors imaginez quand un couple iranien découvre que, dans la même ville (Téhéran), vit un autre couple, physiquement en tout point semblable !

   J'ai enfin pu voir ce thriller sociétal iranien... dans une salle climatisée, ce qui m'a fait le plus grand bien, en ces temps caniculaires. Mais ce ne fut pas la seule source de contentement. Ce film est jubilatoire, d'une richesse et d'une finesse étonnantes.

   Si les deux couples sont de quasi-copies sur le plan physique (les personnages étant interprétés par les mêmes acteurs, qui se livrent à un sacré numéro, soit dit en passant), sur le plan moral, les caractères des deux femmes comme des deux hommes diffèrent fortement. Sur le plan social, on a affaire à deux franges de la classe moyenne : le couple n°1 est composé d'un employé commercial et d'une monitrice d'auto-école, alors que le couple n°2 est composé d'une ancienne infirmière (devenue femme au foyer) et d'un cadre supérieur d'une grosse entreprise (à moins qu'il ne s'agisse d'un haut fonctionnaire). Mine de rien, le cinéaste Mani Haghighi pointe certaines inégalités sociales... et (indirectement) le statut des femmes, dans une société patriarcale. (Mais ce n'est pas le propos principal du film.)

   La mise en scène est pleine de malice. Ainsi, lorsque Farzaneh, l'épouse du couple 1, voit son mari (infidèle ?) entrer (de nouveau, pense-t-elle) dans un immeuble où réside une autre femme, elle attend d'abord à l'extérieur, à côté de son véhicule. Une petite ellipse survient. On se retrouve dans les escaliers internes de l'immeuble, où l'époux n°1 est pris pour l'époux n°2... mais, surtout, un gros quiproquo surgit concernant l'identité d'une des femmes présentes.

   Cette confusion de personnes nous est resservie en toute fin d'intrigue, dans un autre contexte. Je n'en dis pas plus, même si, dans ce cas, on voit venir la supercherie.

   Évidemment, on se demande comment une telle double ressemblance est possible. Les deux épouses sont nées la même année, le même mois. Seraient-elles des jumelles ? Concernant les époux, c'est moins précis. Le seul parent survivant, le père de l'époux n°1, affirme aux grands dieux qu'il n'a jamais eu qu'un seul fils.

   Fort heureusement, le film ne se limite pas à ce questionnement. La subtilité du jeu des acteurs nous fait comprendre que, petit à petit, quasi imperceptiblement, quelque chose semble naître, ouvrant le champ des possibles.

   Dans un premier temps, la ressemblance entre les deux hommes est utilisée pour résoudre le gros problème rencontré par l'époux n°2. De chaque côté, on se rend compte que, si la supercherie est bien préparée, (presque) personne ne remarque quand il y a substitution d'époux. Cela débouche sur une deuxième partie assez inattendue, avant que ne survienne un petit coup de théâtre, à un gros quart d'heure de la fin.

   J'ai été pris, du début à la fin. Ce sera à coup sûr un de mes films de l'année.

Rendez-vous à Tokyo

   Ce film nous conte une histoire d'amour, dans le Japon urbain du début du XXIe siècle, en sept épisodes (à l'image des sept pas de danse qu'esquisse le couple, le soir de la rencontre)... sauf que ces sept chapitres nous sont montrés dans l'ordre chronologique inverse. Chacun se déroule le même jour, le 26 juillet (à chaque fois d'une année différente, bien sûr), qui est aussi le jour de naissance du héros.

   On commence par l'année 2021, celle des Jeux Olympiques, alors que la pandémie de covid fait encore sentir ses effets. L'ancien danseur Teruo est désormais éclairagiste, dans une salle de spectacle. Il assiste à une représentation de danse, avec une nouvelle vedette féminine, qui ne le reconnaît pas. De son côté Yo est (toujours) chauffeuse de taxi, dans une compagnie assez prestigieuse. Ce soir-là, elle prend en charge un client qui lui rappelle quelque chose... Les deux anciens amoureux vont-ils se retrouver ?

   Le deuxième chapitre se déroule sans doute un an auparavant, en pleine pandémie. Teruo est contraint au télétravail, tandis que Yo a mis en place des protocoles stricts pour pouvoir continuer à exercer son métier. Financièrement, c'est un peu difficile pour elle. Elle ne semble pas penser à son ancien amour (pas plus que Teruo, d'ailleurs).

   Le troisième chapitre nous ramène un peu en arrière, à une époque où chacun tente de refaire sa vie de son côté. Yo est embarquée par des copines dans une soirée avec des mecs pas subtils, tandis que Teruo croise par hasard une ancienne élève de son école de danse, qui lui fait bien comprendre qu'elle est désormais majeure et qu'elle s'intéresse bigrement à lui...

   La quatrième séquence est celle de la rupture entre Yo et Teruo. Elle est furieuse qu'il se replie sur lui depuis sa blessure au pied, tandis que lui se désespère de ne pas être compris. On sent qu'ils pourraient se rabibocher mais, comme on  a déjà vu la suite, on comprend pourquoi cela ne va pas se faire. C'est d'ailleurs l'un des intérêts de ce film : analyser une séquence antérieure à partir de ce que l'on déjà de ce qui va suivre... et aussi, quand on a un peu de mémoire, mieux comprendre ce que l'on a vu auparavant (comme l'histoire de l'homme du parc ou le rôle de la mystérieuse borne funéraire, devant laquelle les personnages s'inclinent).

   Le cinquième chapitre montre le couple bien installé, lui danseur prometteur, elle conductrice dans une petite compagnie de taxi. Ils habitent ensemble, dans cet appartement qui sert de point de départ à chaque historiette, avec ce chat qui n'arrête pas de rajeunir et l'affiche d'un film de Jim Jarmush (dont des extraits sont visibles dans plusieurs séquences). On n'est peut-être pas très loin du mariage. On commence à évoquer la possibilité d'avoir un enfant. Quand on connaît la suite, c'est assez poignant.

   Le sixième chapitre tourne aussi autour du couple, qui ne s'est pas encore mis en ménage. Yo est jalouse, elle voit certaines apprenties danseuses tourner autour de Teruo. Celui-ci ne semble pas savoir s'il doit donner la priorité à la danse où à cette histoire d'amour qui commence à devenir sérieuse. On évoque la possibilité d'habiter ensemble.

   Le septième chapitre relate la rencontre. On l'attendait avec impatience. C'est un peu à l'image d'une histoire d'amour que l'on a vécue intensément et qui s'est achevée. On aime à en retrouver les prémices. Cela se passe un soir, à l'issue d'un spectacle à moitié réussi et d'un cocktail plus ou moins ennuyeux. Mais cela se poursuit par une discussion enjouée dans un petit bar (géré par un patron philosophe, que l'on voit dans presque chaque séquence) et quelques pas de danse dans la rue...

   Cela aurait pu s'arrêter là, le chapitre initial (qui est le dernier, dans l'ordre chronologique) laissant le champ des possibilités ouvert. Le cinéaste a peut-être voulu imposer sa conclusion (ou on lui a demandé de terminer de manière plus traditionnelle, pour ne pas trop perdre le public). En tout cas, l'histoire s'achève de manière touchante, délicate, à l'image du film.

00:26 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Rendez-vous à Tokyo

   Ce film nous conte une histoire d'amour, dans le Japon urbain du début du XXIe siècle, en sept épisodes (à l'image des sept pas de danse qu'esquisse le couple, le soir de la rencontre)... sauf que ces sept chapitres nous sont montrés dans l'ordre chronologique inverse. Chacun se déroule le même jour, le 26 juillet (à chaque fois d'une année différente, bien sûr), qui est aussi le jour de naissance du héros.

   On commence par l'année 2021, celle des Jeux Olympiques, alors que la pandémie de covid fait encore sentir ses effets. L'ancien danseur Teruo est désormais éclairagiste, dans une salle de spectacle. Il assiste à une représentation de danse, avec une nouvelle vedette féminine, qui ne le reconnaît pas. De son côté Yo est (toujours) chauffeuse de taxi, dans une compagnie assez prestigieuse. Ce soir-là, elle prend en charge un client qui lui rappelle quelque chose... Les deux anciens amoureux vont-ils se retrouver ?

   Le deuxième chapitre se déroule sans doute un an auparavant, en pleine pandémie. Teruo est contraint au télétravail, tandis que Yo a mis en place des protocoles stricts pour pouvoir continuer à exercer son métier. Financièrement, c'est un peu difficile pour elle. Elle ne semble pas penser à son ancien amour (pas plus que Teruo, d'ailleurs).

   Le troisième chapitre nous ramène un peu en arrière, à une époque où chacun tente de refaire sa vie de son côté. Yo est embarquée par des copines dans une soirée avec des mecs pas subtils, tandis que Teruo croise par hasard une ancienne élève de son école de danse, qui lui fait bien comprendre qu'elle est désormais majeure et qu'elle s'intéresse bigrement à lui...

   La quatrième séquence est celle de la rupture entre Yo et Teruo. Elle est furieuse qu'il se replie sur lui depuis sa blessure au pied, tandis que lui se désespère de ne pas être compris. On sent qu'ils pourraient se rabibocher mais, comme on  a déjà vu la suite, on comprend pourquoi cela ne va pas se faire. C'est d'ailleurs l'un des intérêts de ce film : analyser une séquence antérieure à partir de ce que l'on déjà de ce qui va suivre... et aussi, quand on a un peu de mémoire, mieux comprendre ce que l'on a vu auparavant (comme l'histoire de l'homme du parc ou le rôle de la mystérieuse borne funéraire, devant laquelle les personnages s'inclinent).

   Le cinquième chapitre montre le couple bien installé, lui danseur prometteur, elle conductrice dans une petite compagnie de taxi. Ils habitent ensemble, dans cet appartement qui sert de point de départ à chaque historiette, avec ce chat qui n'arrête pas de rajeunir et l'affiche d'un film de Jim Jarmush (dont des extraits sont visibles dans plusieurs séquences). On n'est peut-être pas très loin du mariage. On commence à évoquer la possibilité d'avoir un enfant. Quand on connaît la suite, c'est assez poignant.

   Le sixième chapitre tourne aussi autour du couple, qui ne s'est pas encore mis en ménage. Yo est jalouse, elle voit certaines apprenties danseuses tourner autour de Teruo. Celui-ci ne semble pas savoir s'il doit donner la priorité à la danse où à cette histoire d'amour qui commence à devenir sérieuse. On évoque la possibilité d'habiter ensemble.

   Le septième chapitre relate la rencontre. On l'attendait avec impatience. C'est un peu à l'image d'une histoire d'amour que l'on a vécue intensément et qui s'est achevée. On aime à en retrouver les prémices. Cela se passe un soir, à l'issue d'un spectacle à moitié réussi et d'un cocktail plus ou moins ennuyeux. Mais cela se poursuit par une discussion enjouée dans un petit bar (géré par un patron philosophe, que l'on voit dans presque chaque séquence) et quelques pas de danse dans la rue...

   Cela aurait pu s'arrêter là, le chapitre initial (qui est le dernier, dans l'ordre chronologique) laissant le champ des possibilités ouvert. Le cinéaste a peut-être voulu imposer sa conclusion (ou on lui a demandé de terminer de manière plus traditionnelle, pour ne pas trop perdre le public). En tout cas, l'histoire s'achève de manière touchante, délicate, à l'image du film.

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vendredi, 18 août 2023

Blue Beetle

   Je ne connaissais pas ce super-héros de comic books, mais je me suis laissé tenté par un film d'action nourri d'humour et d'effets spéciaux.

   Cependant, le début est bourré de clichés, avec une famille de Latino-américains forcément haute en couleur... et limite cassos. On y est très croyant et les dialogues alternent l'anglais, l'espagnol voire un mélange des deux (le spanglish). Ça, c'est plutôt pas mal, mais les personnages sont caractérisés à la louche. La mère est assez autoritaire et protectrice, le père malade d'avoir travaillé comme un dingue toute sa vie, la grande-mère un peu zinzin va se révéler tenace... mais le pire vient du tonton blagueur et complotiste, agaçant et ridicule... et qui va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue. J'ai finalement préféré les jeunes : le héros, Jaime, un garçon bien élevé, un chic type et sa sœur Milagros, un peu moins "politiquement correcte". Sans surprise, le héros va s'amouracher d'une bomba latina... qui, elle-même, n'est pas insensible à son charme. De ce point de vue-là, aucune surprise n'est à attendre.

   Le meilleur vient quand le fameux scarabée (d'origine extraterrestre) se réveille et choisit son nouvel "hôte"... et quand je dis « choisit », cela signifie « pénètre »... pas par les oreilles, ni les narines, ni la bouche... eh, oui ! Blue Beetle nous présente un cas unique, où le principal personnage masculin devient un super-héros par... sodomie ! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce détail croquignolesque, même si, sur le plan de la vraisemblance, c'est nul. Après être entré dans le corps de son hôte, le scarabée remonte... le long de sa colonne vertébrale, et non du tube digestif... le tout, sans provoquer le moindre saignement (mais quelques douleurs chez ce pauvre Jaime, toutefois).

   On rigole aussi franchement quand le scarabée se déconnecte de son hôte (tout en restant présent physiquement). Celui-ci, jusqu'alors recouvert d'une carapace protectrice, se retrouve tout nu, la première fois devant les membres de sa famille, qui ironisent sur une partie de son anatomie :

- Range-moi tes noisettes ! (dixit la grand-mère)

- On dirait qu'il a cinq ans ! (la sœur, je crois)

- C'est parce qu'il a très froid ! (le papa, compatissant)

   Quelques détails scabreux supplémentaires ont été insérés dans la suite de l'histoire, comme un vaisseau péteur (redoutable) et le début d'une érection chez le jeune homme quand il flirte avec sa bomba latina. On a donc tenté de mélanger l'esprit de Spider-Man avec celui de Deadpool (ou des Gardiens de la galaxie), mais en plus sage : c'est un divertissement tout public.

   Cet aspect est accentué par l'insistance mise sur la famille et ses supposées valeurs. On s'en prend des tartines, surtout quand l'un des membres décède. On assiste à un déluge de larmes, avec ralenti et gros plans. Je ne vous parle même pas des scènes d'au-delà, kitschissimes.

   Supplice supplémentaire, il faut (surtout dans la première partie) se farcir de la musique latino de supermarché, ainsi que des reprises en espagnol de tubes anglo-saxons (dont un de Michael Jackson). Si j'ajoute que l'on voit le jeune héros déambuler en bermuda-chaussettes-claquettes, vous aurez compris que l'ambiance est des plus raffinées.

   La film a quand même pour lui des effets spéciaux très corrects et des scènes d'action plutôt bien fichues. Le problème vient du fond. Même si les lieux sont fictifs, on comprend bien que les méchants sont les capitalistes nord-américains, incarnés par une femme blanche qui semble avoir tous les défauts. (Dans le rôle, on sent que Susan Sarandon est là pour toucher de quoi maintenir un train de vie dispendieux.) Déjà, dans Black Panther 2, on s'était rendu compte qu'Hollywood misait sur l'anti-occidentalisme et le dénigrement de personnages blancs (notamment féminins) pour vendre sa soupe au plus grand nombre. Warner-DC semble avoir pris le même virage que Disney-Marvel.

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Blue Beetle

   Je ne connaissais pas ce super-héros de comic books, mais je me suis laissé tenté par un film d'action nourri d'humour et d'effets spéciaux.

   Cependant, le début est bourré de clichés, avec une famille de Latino-américains forcément haute en couleur... et limite cassos. On y est très croyant et les dialogues alternent l'anglais, l'espagnol voire un mélange des deux (le spanglish). Ça, c'est plutôt pas mal, mais les personnages sont caractérisés à la louche. La mère est assez autoritaire et protectrice, le père malade d'avoir travaillé comme un dingue toute sa vie, la grande-mère un peu zinzin va se révéler tenace... mais le pire vient du tonton blagueur et complotiste, agaçant et ridicule... et qui va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue. J'ai finalement préféré les jeunes : le héros, Jaime, un garçon bien élevé, un chic type et sa sœur Milagros, un peu moins "politiquement correcte". Sans surprise, le héros va s'amouracher d'une bomba latina... qui, elle-même, n'est pas insensible à son charme. De ce point de vue-là, aucune surprise n'est à attendre.

   Le meilleur vient quand le fameux scarabée (d'origine extraterrestre) se réveille et choisit son nouvel "hôte"... et quand je dis « choisit », cela signifie « pénètre »... pas par les oreilles, ni les narines, ni la bouche... eh, oui ! Blue Beetle nous présente un cas unique, où le principal personnage masculin devient un super-héros par... sodomie ! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce détail croquignolesque, même si, sur le plan de la vraisemblance, c'est nul. Après être entré dans le corps de son hôte, le scarabée remonte... le long de sa colonne vertébrale, et non du tube digestif... le tout, sans provoquer le moindre saignement (mais quelques douleurs chez ce pauvre Jaime, toutefois).

   On rigole aussi franchement quand le scarabée se déconnecte de son hôte (tout en restant présent physiquement). Celui-ci, jusqu'alors recouvert d'une carapace protectrice, se retrouve tout nu, la première fois devant les membres de sa famille, qui ironisent sur une partie de son anatomie :

- Range-moi tes noisettes ! (dixit la grand-mère)

- On dirait qu'il a cinq ans ! (la sœur, je crois)

- C'est parce qu'il a très froid ! (le papa, compatissant)

   Quelques détails scabreux supplémentaires ont été insérés dans la suite de l'histoire, comme un vaisseau péteur (redoutable) et le début d'une érection chez le jeune homme quand il flirte avec sa bomba latina. On a donc tenté de mélanger l'esprit de Spider-Man avec celui de Deadpool (ou des Gardiens de la galaxie), mais en plus sage : c'est un divertissement tout public.

   Cet aspect est accentué par l'insistance mise sur la famille et ses supposées valeurs. On s'en prend des tartines, surtout quand l'un des membres décède. On assiste à un déluge de larmes, avec ralenti et gros plans. Je ne vous parle même pas des scènes d'au-delà, kitschissimes.

   Supplice supplémentaire, il faut (surtout dans la première partie) se farcir de la musique latino de supermarché, ainsi que des reprises en espagnol de tubes anglo-saxons (dont un de Michael Jackson). Si j'ajoute que l'on voit le jeune héros déambuler en bermuda-chaussettes-claquettes, vous aurez compris que l'ambiance est des plus raffinées.

   La film a quand même pour lui des effets spéciaux très corrects et des scènes d'action plutôt bien fichues. Le problème vient du fond. Même si les lieux sont fictifs, on comprend bien que les méchants sont les capitalistes nord-américains, incarnés par une femme blanche qui semble avoir tous les défauts. (Dans le rôle, on sent que Susan Sarandon est là pour toucher de quoi maintenir un train de vie dispendieux.) Déjà, dans Black Panther 2, on s'était rendu compte qu'Hollywood misait sur l'anti-occidentalisme et le dénigrement de personnages blancs (notamment féminins) pour vendre sa soupe au plus grand nombre. Warner-DC semble avoir pris le même virage que Disney-Marvel.

15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 17 août 2023

Reality

   Le titre de ce film est à double sens. C'est le prénom du personnage principal (une nouvelle occasion de constater que certains parents ont le cerveau dérangé), une quête (celle des agents du FBI)... et le projet de la réalisatrice. En effet, les dialogues du long-métrage sont issus du rapport du FBI, plus précisément de l'enregistrement de l'interpellation de Reality Winner, suivie de la perquisition de son domicile et du premier interrogatoire.

   La mise en scène est un peu plus subtile que ce que laisse penser cette présentation. Elle alterne les séquences jouées (les plus nombreuses), les extraits de l'authentique enregistrement et la reconstitution de fragments du rapport écrit. S'y ajoutent quelques rapides retours en arrière (censés se passer dans la tête de l'héroïne). A signaler aussi une coquetterie visuelle (mais qui a du sens) : de petits effets spéciaux remplaçant les passages censurés du rapport, évoquant les détails les plus délicats de l'affaire. Toutefois, les spectateurs attentifs comprendront sans peine ce que l'on a voulu éviter d'ébruiter.

   Je conseille d'aller voir ce court film (1h20 environ) en en sachant le moins possible. L'un de ses attraits est de deviner ce qu'il y a dans la tête de Reality (remarquablement interprétée par Sydney Sweeney). Pour quelle raison le FBI la considère-t-il comme une personne digne d'intérêt ? Cette membre des forces armées serait-elle une suprémaciste blanche (dont le domicile compte autant d'armes que celui d'un de ses interrogateurs) ? Au contraire, aurait-elle été contaminée par l'idéologie islamiste (un Coran de luxe, abondamment annoté, ayant été trouvé à son domicile) ? Ne serait-elle pas plutôt une lanceuse d'alerte... ou alors, est-elle tout simplement un peu cinglée ?

   Le suspens dure grâce à l'ambiguïté du jeu de la comédienne, vraiment excellente (et très bien dirigée). La manière de procéder des enquêteurs ne nous aide pas non plus. Ils avancent pas à pas, précautionneusement, méticuleusement, tentant visiblement de d'abord mettre en confiance Reality, avant de dévoiler leurs cartes.

   L'histoire se divise en trois parties : d'abord l'interpellation (dans le jardin du domicile de Reality), à laquelle succèdent un long interrogatoire puis la séquence finale, en extérieur. Le dialogue du début, plein de sous-entendus, crée une ambiance étrange, accentuée par la mise en scène, qui adopte des prises de vue anguleuses. Cela culmine dans la deuxième partie, un huis-clos impressionnant, avec un petit bout de femme confronté à deux grands costauds, dans une pièce quasiment sans décor. A certains moments, on n'est pas très loin de David Lynch, je trouve.

   On finit par tout comprendre, par petites touches... même si, pour moi, la personnalité de Reality conserve une part de mystère. C'est passionnant. Un peu conceptuel certes, mais le film vaut vraiment le détour.

Reality

   Le titre de ce film est à double sens. C'est le prénom du personnage principal (une nouvelle occasion de constater que certains parents ont le cerveau dérangé), une quête (celle des agents du FBI)... et le projet de la réalisatrice. En effet, les dialogues du long-métrage sont issus du rapport du FBI, plus précisément de l'enregistrement de l'interpellation de Reality Winner, suivie de la perquisition de son domicile et du premier interrogatoire.

   La mise en scène est un peu plus subtile que ce que laisse penser cette présentation. Elle alterne les séquences jouées (les plus nombreuses), les extraits de l'authentique enregistrement et la reconstitution de fragments du rapport écrit. S'y ajoutent quelques rapides retours en arrière (censés se passer dans la tête de l'héroïne). A signaler aussi une coquetterie visuelle (mais qui a du sens) : de petits effets spéciaux remplaçant les passages censurés du rapport, évoquant les détails les plus délicats de l'affaire. Toutefois, les spectateurs attentifs comprendront sans peine ce que l'on a voulu éviter d'ébruiter.

   Je conseille d'aller voir ce court film (1h20 environ) en en sachant le moins possible. L'un de ses attraits est de deviner ce qu'il y a dans la tête de Reality (remarquablement interprétée par Sydney Sweeney). Pour quelle raison le FBI la considère-t-il comme une personne digne d'intérêt ? Cette membre des forces armées serait-elle une suprémaciste blanche (dont le domicile compte autant d'armes que celui d'un de ses interrogateurs) ? Au contraire, aurait-elle été contaminée par l'idéologie islamiste (un Coran de luxe, abondamment annoté, ayant été trouvé à son domicile) ? Ne serait-elle pas plutôt une lanceuse d'alerte... ou alors, est-elle tout simplement un peu cinglée ?

   Le suspens dure grâce à l'ambiguïté du jeu de la comédienne, vraiment excellente (et très bien dirigée). La manière de procéder des enquêteurs ne nous aide pas non plus. Ils avancent pas à pas, précautionneusement, méticuleusement, tentant visiblement de d'abord mettre en confiance Reality, avant de dévoiler leurs cartes.

   L'histoire se divise en trois parties : d'abord l'interpellation (dans le jardin du domicile de Reality), à laquelle succèdent un long interrogatoire puis la séquence finale, en extérieur. Le dialogue du début, plein de sous-entendus, crée une ambiance étrange, accentuée par la mise en scène, qui adopte des prises de vue anguleuses. Cela culmine dans la deuxième partie, un huis-clos impressionnant, avec un petit bout de femme confronté à deux grands costauds, dans une pièce quasiment sans décor. A certains moments, on n'est pas très loin de David Lynch, je trouve.

   On finit par tout comprendre, par petites touches... même si, pour moi, la personnalité de Reality conserve une part de mystère. C'est passionnant. Un peu conceptuel certes, mais le film vaut vraiment le détour.

mardi, 15 août 2023

La Voie royale

   Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un roman d'André Malraux, mais de la peinture de la "formation des élites". L'action ne se déroule pas au sein d'une de ces grandes écoles que le monde entier nous envie, mais, là où tout se joue en fait, dans une classe préparatoire scientifique, en province, dans l'un de ces lycées publics sélectifs qui ambitionnent de rivaliser avec certains établissements parisiens.

   Derrière la caméra se trouve Frédéric Mermoud, auquel on doit l'excellent Moka et, plus récemment la mini-série L'Île aux 30 cercueils. Sa mise en scène varie les plans, montrant aussi bien les groupes (qui jouent un rôle important dans le milieu décrit) que les duos, certains comédiens étant régulièrement filmés en gros plan.

   La brochette de jeunes acteurs constitue sans doute le principal atout de ce film. L'héroïne, Sophie, est incarnée par Suzanne Jouannet, qui confirme tout le bien que je pensais d'elle dans Des Choses humaines. C'est une fille de petits agriculteurs, douée en maths, sur le point de devenir "transfuge de classe". Boursière, elle se retrouve plongée dans un milieu (grand) bourgeois, celui de la classe prépa.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une étrange amitié va se nouer avec la surdouée de la promo, Diane (assise à côté d'elle sur la seconde photographie d'illustration, ci-dessus), très bien interprétée par Marie Colomb. Du côté féminin, il faut aussi signaler la prestation de Maud Wyler (vue notamment Alice et le maire) en prof de physique pète-sec, dont l'apparente hyper-rigidité cache un humanisme que la comédienne parvient à faire passer, avec subtilité.

   Du côté des messieurs, plusieurs figures se détachent. Alexandre Desrousseaux incarne avec une pointe de jubilation le gosse de riche doué et sans complexe (un brin macronien sur les bords), tandis que Lorenzo Lefebvre (aperçu dans Délicieux) joue l'étudiant de seconde année (qui "cube"), plus sympa (mûr ?) que les autres, et qui tente de se rapprocher de Sophie. Je pourrais signaler aussi Cyril Metzger, qui incarne le frère de l'héroïne.

   La galerie de figurants est tout aussi convaincante. Cela, allié à une réelle qualité d'écriture, aide à camper une ambiance de prépa très réaliste, des séances de colle au travail en chambre, en passant par les discussions de couloir. Pour nuancer ce tableau très élogieux, je pourrais signaler quelques ajouts pas vraiment bien sentis, comme le coup des gilets jaunes (dont on comprend qu'il est mis là pour souligner le fossé qui sépare la vie de Sophie de celle de la plupart de ses camarades de promo).

   Bref, c'est bien conçu, bien interprété, prenant à suivre, avec quelques rebondissements. C'est l'une de ces bonnes surprises de l'été... et un bon film français sociétal, ce qui n'est pas si fréquent.

La Voie royale

   Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un roman d'André Malraux, mais de la peinture de la "formation des élites". L'action ne se déroule pas au sein d'une de ces grandes écoles que le monde entier nous envie, mais, là où tout se joue en fait, dans une classe préparatoire scientifique, en province, dans l'un de ces lycées publics sélectifs qui ambitionnent de rivaliser avec certains établissements parisiens.

   Derrière la caméra se trouve Frédéric Mermoud, auquel on doit l'excellent Moka et, plus récemment la mini-série L'Île aux 30 cercueils. Sa mise en scène varie les plans, montrant aussi bien les groupes (qui jouent un rôle important dans le milieu décrit) que les duos, certains comédiens étant régulièrement filmés en gros plan.

   La brochette de jeunes acteurs constitue sans doute le principal atout de ce film. L'héroïne, Sophie, est incarnée par Suzanne Jouannet, qui confirme tout le bien que je pensais d'elle dans Des Choses humaines. C'est une fille de petits agriculteurs, douée en maths, sur le point de devenir "transfuge de classe". Boursière, elle se retrouve plongée dans un milieu (grand) bourgeois, celui de la classe prépa.

cinéma,cinema,film,films,société

   Une étrange amitié va se nouer avec la surdouée de la promo, Diane (assise à côté d'elle sur la seconde photographie d'illustration, ci-dessus), très bien interprétée par Marie Colomb. Du côté féminin, il faut aussi signaler la prestation de Maud Wyler (vue notamment Alice et le maire) en prof de physique pète-sec, dont l'apparente hyper-rigidité cache un humanisme que la comédienne parvient à faire passer, avec subtilité.

   Du côté des messieurs, plusieurs figures se détachent. Alexandre Desrousseaux incarne avec une pointe de jubilation le gosse de riche doué et sans complexe (un brin macronien sur les bords), tandis que Lorenzo Lefebvre (aperçu dans Délicieux) joue l'étudiant de seconde année (qui "cube"), plus sympa (mûr ?) que les autres, et qui tente de se rapprocher de Sophie. Je pourrais signaler aussi Cyril Metzger, qui incarne le frère de l'héroïne.

   La galerie de figurants est tout aussi convaincante. Cela, allié à une réelle qualité d'écriture, aide à camper une ambiance de prépa très réaliste, des séances de colle au travail en chambre, en passant par les discussions de couloir. Pour nuancer ce tableau très élogieux, je pourrais signaler quelques ajouts pas vraiment bien sentis, comme le coup des gilets jaunes (dont on comprend qu'il est mis là pour souligner le fossé qui sépare la vie de Sophie de celle de la plupart de ses camarades de promo).

   Bref, c'est bien conçu, bien interprété, prenant à suivre, avec quelques rebondissements. C'est l'une de ces bonnes surprises de l'été... et un bon film français sociétal, ce qui n'est pas si fréquent.

lundi, 14 août 2023

Yannick

   En ce quarantième anniversaire de la victoire de Noah à Roland-Garros, certains pourraient penser que Quentin Dupieux s'est soudain intéressé au tennis. Que nenni. C'est au théâtre (et, par mise en abyme, au cinéma) et à la "comédie sociale" que le cinéaste a consacré son dernier moyen/long-métrage.

   Alors que depuis Rubber (et jusqu'à Fumer fait tousser), je suis attentivement la carrière du réalisateur, j'ai un peu tardé à voir sa dernière œuvre, en raison notamment d'une bande-annonce pas du tout alléchante.

   Le début aurait eu tendance à confirmer mes craintes... à ceci prêt qu'il s'agit de la représentation d'une (mauvaise) pièce de boulevard, de surcroît pas très bien jouée. On se retrouve un peu dans la situation des spectateurs de Coupez ! Il faut commencer par supporter la première fiction, volontairement de mauvaise qualité, pour apprécier pleinement la suite du film.

   Ici, on ne revoit pas le début sous un autre angle... pour la bonne et simple raison que l'un des personnages (le spectateur intrusif) prend le contrôle de la salle et décide de réécrire la pièce ! Ce trublion est interprété (avec talent) par Raphaël Quenard, qui est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Ce prolétaire autodidacte (conscientisé) remet en question non seulement les cultureux qui s'échinent sur scène, mais aussi les spectateurs parisiens, de classe moyenne. Il est donc question de "mépris de classe" dans ce film pas aussi innocent qu'il en a l'air.

   L'intrigue tient la route parce qu'en face, on a aussi de bons acteurs : Pio Marmaï et Blanche Gardin sont censés incarner des comédiens médiocres, mais l'on se rend compte, au fur et à mesure du film, que leur jeu est bien plus subtil que cela. Dupieux a particulièrement travaillé le personnage de l'acteur principal (P. Marmaï), ancien comédien prometteur, qui végète comme tant d'autres dans le "théâtre de consommation courante" parisien. Les seconds rôles (ceux des spectateurs de la salle) sont bien campés. Alors que le début nous met mal à l'aise avec les revendications du trublion armé, la suite renverse un peu la situation... avant que l'on nous montre la nouvelle pièce à l’œuvre. Elle serait finalement plus drôle que celle que le public était venu voir... et l'acteur principal y est plus convaincant qu'au début.

   On s'amuse (un peu) ; on réfléchit aussi (un peu). On passe un agréable moment... mais sans plus. L'histoire s'arrête assez vite. Dommage.

15:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Yannick

   En ce quarantième anniversaire de la victoire de Noah à Roland-Garros, certains pourraient penser que Quentin Dupieux s'est soudain intéressé au tennis. Que nenni. C'est au théâtre (et, par mise en abyme, au cinéma) et à la "comédie sociale" que le cinéaste a consacré son dernier moyen/long-métrage.

   Alors que depuis Rubber (et jusqu'à Fumer fait tousser), je suis attentivement la carrière du réalisateur, j'ai un peu tardé à voir sa dernière œuvre, en raison notamment d'une bande-annonce pas du tout alléchante.

   Le début aurait eu tendance à confirmer mes craintes... à ceci prêt qu'il s'agit de la représentation d'une (mauvaise) pièce de boulevard, de surcroît pas très bien jouée. On se retrouve un peu dans la situation des spectateurs de Coupez ! Il faut commencer par supporter la première fiction, volontairement de mauvaise qualité, pour apprécier pleinement la suite du film.

   Ici, on ne revoit pas le début sous un autre angle... pour la bonne et simple raison que l'un des personnages (le spectateur intrusif) prend le contrôle de la salle et décide de réécrire la pièce ! Ce trublion est interprété (avec talent) par Raphaël Quenard, qui est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Ce prolétaire autodidacte (conscientisé) remet en question non seulement les cultureux qui s'échinent sur scène, mais aussi les spectateurs parisiens, de classe moyenne. Il est donc question de "mépris de classe" dans ce film pas aussi innocent qu'il en a l'air.

   L'intrigue tient la route parce qu'en face, on a aussi de bons acteurs : Pio Marmaï et Blanche Gardin sont censés incarner des comédiens médiocres, mais l'on se rend compte, au fur et à mesure du film, que leur jeu est bien plus subtil que cela. Dupieux a particulièrement travaillé le personnage de l'acteur principal (P. Marmaï), ancien comédien prometteur, qui végète comme tant d'autres dans le "théâtre de consommation courante" parisien. Les seconds rôles (ceux des spectateurs de la salle) sont bien campés. Alors que le début nous met mal à l'aise avec les revendications du trublion armé, la suite renverse un peu la situation... avant que l'on nous montre la nouvelle pièce à l’œuvre. Elle serait finalement plus drôle que celle que le public était venu voir... et l'acteur principal y est plus convaincant qu'au début.

   On s'amuse (un peu) ; on réfléchit aussi (un peu). On passe un agréable moment... mais sans plus. L'histoire s'arrête assez vite. Dommage.

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vendredi, 11 août 2023

Un Coup de maître (France)

   De Rémi Bezançon, j'ai gardé un bon souvenir du Mystère Henri Pick (en 2019). Ici, la comédie douce-amère n'est pas mariée avec le polar, mais une plongée dans le monde artistique -plus précisément pictural- contemporain. (C'est l'adaptation française d'un film argentin sorti en 2019.)

   Presque toute l'histoire repose sur les épaules d'un duo d'acteurs : Bouli Lanners (en peintre doué, acariâtre et autodestructeur) et Vincent Macaigne (en galeriste cultivé, meilleur seul ami du peintre). La découverte progressive de l'intensité de leur relation amicale est l'un des plaisirs que réserve l'intrigue.

   La première partie dresse un portrait gentiment ironique du monde des arts, entre galeristes plus ou moins intègres, agents artistiques plus ou moins avisés, critiques plus ou moins honnêtes... et clients plus ou moins casse-couilles. J'ai lu des choses un peu sévères sur ce début (peut-être sous la plume de critiques qui n'ont pas apprécié la satire -légère- d'un milieu dont ils sont familiers... et qui n'est pas sans ressembler, parfois, à celui du cinéma). Je le trouve pourtant bien mis en scène et bien interprété, notamment par un Vincent Macaigne qui sort un peu de sa zone de confort. Sans surprise, Bouli Lanners est formidable en peintre has been (mais teigneux), ravagé par le décès de sa compagne.

   A partir du moment où commencent à se déployer les fils d'une arnaque, cela devient particulièrement savoureux... mais moins réaliste. Les péripéties s'enchaînent, montrant notamment le revirement des Importants, qui paraissent encore plus ridicules. On sent que les acteurs se sont pris au jeu. Les personnages secondaires sont eux aussi bien campés. Je craignais de m'ennuyer un peu. Ce ne fut pas le cas.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais une comédie sympathique, qui tranche avec certaines bouses françaises sorties ces dernières semaines.

13:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Un Coup de maître (France)

   De Rémi Bezançon, j'ai gardé un bon souvenir du Mystère Henri Pick (en 2019). Ici, la comédie douce-amère n'est pas mariée avec le polar, mais une plongée dans le monde artistique -plus précisément pictural- contemporain. (C'est l'adaptation française d'un film argentin sorti en 2019.)

   Presque toute l'histoire repose sur les épaules d'un duo d'acteurs : Bouli Lanners (en peintre doué, acariâtre et autodestructeur) et Vincent Macaigne (en galeriste cultivé, meilleur seul ami du peintre). La découverte progressive de l'intensité de leur relation amicale est l'un des plaisirs que réserve l'intrigue.

   La première partie dresse un portrait gentiment ironique du monde des arts, entre galeristes plus ou moins intègres, agents artistiques plus ou moins avisés, critiques plus ou moins honnêtes... et clients plus ou moins casse-couilles. J'ai lu des choses un peu sévères sur ce début (peut-être sous la plume de critiques qui n'ont pas apprécié la satire -légère- d'un milieu dont ils sont familiers... et qui n'est pas sans ressembler, parfois, à celui du cinéma). Je le trouve pourtant bien mis en scène et bien interprété, notamment par un Vincent Macaigne qui sort un peu de sa zone de confort. Sans surprise, Bouli Lanners est formidable en peintre has been (mais teigneux), ravagé par le décès de sa compagne.

   A partir du moment où commencent à se déployer les fils d'une arnaque, cela devient particulièrement savoureux... mais moins réaliste. Les péripéties s'enchaînent, montrant notamment le revirement des Importants, qui paraissent encore plus ridicules. On sent que les acteurs se sont pris au jeu. Les personnages secondaires sont eux aussi bien campés. Je craignais de m'ennuyer un peu. Ce ne fut pas le cas.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais une comédie sympathique, qui tranche avec certaines bouses françaises sorties ces dernières semaines.

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samedi, 05 août 2023

En eaux très troubles

   Cinq ans après la sortie du premier volet, Jason Statham et les mégalodons sont de retour (dans l'attente, sans doute, d'un troisième volet, qui ne manquera pas d'être intitulé "En eaux très très troubles"...).

   L'acteur britannique laconique se fait presque voler la vedette par un comédien chinois (Jing Wu). Ce n'est pas que celui-ci fasse preuve d'un talent étourdissant... mais le film est une coproduction sino-américaine, qui vise clairement le public du "pays du milieu" (aucun des méchants n'est de type est-asiatique). A signaler que, dans la version française, on entend souvent parler le mandarin, le bilinguisme étant de mise dans ce long-métrage. (Il joue même un rôle important dans certaines scènes.)

   Avant de plonger dans un feu d'artifice d'action et d'effets spéciaux, il convient toutefois de ranger son cerveau au vestiaire. C'est indispensable pour "avaler" l'histoire de la survie d'un mégalodon, hors du monde des humains, pendant plusieurs millions d'années... Je ne vous raconte pas quand il y en a plusieurs !

   Je pense aussi que les spectateurs dotés d'un minimum de culture scientifique (notamment les océanographes) risquent d'être consternés par l'utilisation du terme "thermocline" (censée être une barrière infranchissable pour les habitants des profondeurs).

   Le début est assez entraînant. On voit Statham dans ce qu'il sait faire, l'homme d'action défendant une cause, avec un poil d'humour. Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir comment, surnageant seul en plein océan, il va être secouru, après avoir démasqué des trafiquants...

   La suite emprunte à pas mal de films de genre, d'Abyss à Alien, en passant par Jurassic World et, bien sûr, Les Dents de la mer. (J'ai repéré des allusions aux numéros 2 et 3). Ayant vu le premier film (En eaux troubles, rediffusé ce dimanche sur TF1), je me demandais comment les scénaristes et le metteur en scène avaient pu construire une intrigue sur près de deux heures. A ma grande surprise, cela tient parfaitement la route.

   Jonas/Jason va être confronté à des trafiquants, des conspirateurs, un ancien adversaire hargneux, des mégalodons (trois !!), une gigantesque pieuvre, des dinosaures amphibies (petits, mais teigneux)... et une adolescente peu obéissante (mais tellement attachante)...

   J'ai vu cela sur un très grand écran, avec du bon son. C'est prenant, même si cela sera vite oublié. (Je pense qu'il faut s'attendre à une suite. Soyez attentifs dès qu'il est question du comportement des gros requins.)

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

En eaux très troubles

   Cinq ans après la sortie du premier volet, Jason Statham et les mégalodons sont de retour (dans l'attente, sans doute, d'un troisième volet, qui ne manquera pas d'être intitulé "En eaux très très troubles"...).

   L'acteur britannique laconique se fait presque voler la vedette par un comédien chinois (Jing Wu). Ce n'est pas que celui-ci fasse preuve d'un talent étourdissant... mais le film est une coproduction sino-américaine, qui vise clairement le public du "pays du milieu" (aucun des méchants n'est de type est-asiatique). A signaler que, dans la version française, on entend souvent parler le mandarin, le bilinguisme étant de mise dans ce long-métrage. (Il joue même un rôle important dans certaines scènes.)

   Avant de plonger dans un feu d'artifice d'action et d'effets spéciaux, il convient toutefois de ranger son cerveau au vestiaire. C'est indispensable pour "avaler" l'histoire de la survie d'un mégalodon, hors du monde des humains, pendant plusieurs millions d'années... Je ne vous raconte pas quand il y en a plusieurs !

   Je pense aussi que les spectateurs dotés d'un minimum de culture scientifique (notamment les océanographes) risquent d'être consternés par l'utilisation du terme "thermocline" (censée être une barrière infranchissable pour les habitants des profondeurs).

   Le début est assez entraînant. On voit Statham dans ce qu'il sait faire, l'homme d'action défendant une cause, avec un poil d'humour. Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir comment, surnageant seul en plein océan, il va être secouru, après avoir démasqué des trafiquants...

   La suite emprunte à pas mal de films de genre, d'Abyss à Alien, en passant par Jurassic World et, bien sûr, Les Dents de la mer. (J'ai repéré des allusions aux numéros 2 et 3). Ayant vu le premier film (En eaux troubles, rediffusé ce dimanche sur TF1), je me demandais comment les scénaristes et le metteur en scène avaient pu construire une intrigue sur près de deux heures. A ma grande surprise, cela tient parfaitement la route.

   Jonas/Jason va être confronté à des trafiquants, des conspirateurs, un ancien adversaire hargneux, des mégalodons (trois !!), une gigantesque pieuvre, des dinosaures amphibies (petits, mais teigneux)... et une adolescente peu obéissante (mais tellement attachante)...

   J'ai vu cela sur un très grand écran, avec du bon son. C'est prenant, même si cela sera vite oublié. (Je pense qu'il faut s'attendre à une suite. Soyez attentifs dès qu'il est question du comportement des gros requins.)

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 04 août 2023

Détective Conan : le sous-marin noir

   Un an (en gros) après La Fiancée de Shibuya, voici donc une nouvelle adaptation du manga qui débarque sur le grand écran. Même si l'intrigue se suit sans qu'il soit nécessaire de connaître l'ensemble des aventures précédentes (d'autant que des rappels sont effectués en début de film), il peut être utile de regarder The Scarlet Alibi, un montage d'extraits de la série, qui présente les principaux personnages. (C'est disponible gratuitement -avec coupures publicitaires- sur le site MyTF1.)

   Cette enquête "multipolicière" fait intervenir les forces de l'ordre japonaises, mais aussi Interpol, le FBI, la CIA, le MI6... C'est donc presque davantage un film d'espionnage qu'un polar, comprenant de nombreux rebondissements.

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   Ces deux personnages sont Ai Haibara et Conan Edogawa, les héros au corps d'enfant mais à l'esprit d'adulte... ce que la majorité des autres ignore. Préserver leur secret est un enjeu important (ils sont censés être morts)... tout en luttant contre le crime organisé. Il est incarné par les redoutables "hommes en noir", qui semblent si puissants et qui portent tous un nom de code inspiré d'un alcool fort. L'identité de leur chef(fe) demeure un mystère...

   Parmi eux sont infiltrés des agents gouvernementaux, qui doivent se comporter en délinquants tout en informant leurs alliés, pour tenter de faire échouer certaines manigances.

   Les polices du monde entier pensent être sur le point d'inaugurer l'arme ultime dans la lutte contre les criminels : la "bouée du Pacifique", un gigantesque bâtiment semi-immergé, de forme circulaire, bourré de technologies, en particulier un tout nouveau programme de reconnaissance faciale, capable même de repérer un adulte à partir d'une photographie de lui enfant.

   Bien évidemment, les "hommes en noir" (qui sont aussi des femmes, soit dit en passant) s'intéressent à la chose, pour la détruire... ou en prendre le contrôle. Dans leur manche, ils ont un atout majeur : un membre infiltré au cœur du système policier.

   Nous voilà partis pour près de deux heures de tromperies, d'enlèvements, de poursuites, de surveillances, le tout entre communications cryptées, intelligence artificielle, smartphones, lunettes connectées, scooters sous-marins... et enfantillages. Cela convient au public enfantin (pas trop jeune toutefois : nos amis japonais n'édulcorent pas comme Disney) et les adultes, qu'ils soient (anciens) lecteurs du manga ou tout simplement amateurs de bons films d'animation. La qualité est au rendez-vous (elle a bien progressé depuis les premiers épisodes de la série télévisée) et la musique est sympa. Les personnages forment une distribution internationale (pratique pour les ventes à l'étranger) et les femmes ne sont pas confinées dans des rôles de pleureuse ou d'héroïne badass. Informaticienne, biologiste, policière côtoient des personnages plus traditionnels.

   J'ai passé un très bon moment... et je conseille de rester jusqu'à la fin du générique.

   P.S.

   A signaler, de la part d'un film japonais, un bel éloge du monde aquatique, en particulier des baleines à bosse.

21:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Détective Conan : le sous-marin noir

   Un an (en gros) après La Fiancée de Shibuya, voici donc une nouvelle adaptation du manga qui débarque sur le grand écran. Même si l'intrigue se suit sans qu'il soit nécessaire de connaître l'ensemble des aventures précédentes (d'autant que des rappels sont effectués en début de film), il peut être utile de regarder The Scarlet Alibi, un montage d'extraits de la série, qui présente les principaux personnages. (C'est disponible gratuitement -avec coupures publicitaires- sur le site MyTF1.)

   Cette enquête "multipolicière" fait intervenir les forces de l'ordre japonaises, mais aussi Interpol, le FBI, la CIA, le MI6... C'est donc presque davantage un film d'espionnage qu'un polar, comprenant de nombreux rebondissements.

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   Ces deux personnages sont Ai Haibara et Conan Edogawa, les héros au corps d'enfant mais à l'esprit d'adulte... ce que la majorité des autres ignore. Préserver leur secret est un enjeu important (ils sont censés être morts)... tout en luttant contre le crime organisé. Il est incarné par les redoutables "hommes en noir", qui semblent si puissants et qui portent tous un nom de code inspiré d'un alcool fort. L'identité de leur chef(fe) demeure un mystère...

   Parmi eux sont infiltrés des agents gouvernementaux, qui doivent se comporter en délinquants tout en informant leurs alliés, pour tenter de faire échouer certaines manigances.

   Les polices du monde entier pensent être sur le point d'inaugurer l'arme ultime dans la lutte contre les criminels : la "bouée du Pacifique", un gigantesque bâtiment semi-immergé, de forme circulaire, bourré de technologies, en particulier un tout nouveau programme de reconnaissance faciale, capable même de repérer un adulte à partir d'une photographie de lui enfant.

   Bien évidemment, les "hommes en noir" (qui sont aussi des femmes, soit dit en passant) s'intéressent à la chose, pour la détruire... ou en prendre le contrôle. Dans leur manche, ils ont un atout majeur : un membre infiltré au cœur du système policier.

   Nous voilà partis pour près de deux heures de tromperies, d'enlèvements, de poursuites, de surveillances, le tout entre communications cryptées, intelligence artificielle, smartphones, lunettes connectées, scooters sous-marins... et enfantillages. Cela convient au public enfantin (pas trop jeune toutefois : nos amis japonais n'édulcorent pas comme Disney) et les adultes, qu'ils soient (anciens) lecteurs du manga ou tout simplement amateurs de bons films d'animation. La qualité est au rendez-vous (elle a bien progressé depuis les premiers épisodes de la série télévisée) et la musique est sympa. Les personnages forment une distribution internationale (pratique pour les ventes à l'étranger) et les femmes ne sont pas confinées dans des rôles de pleureuse ou d'héroïne badass. Informaticienne, biologiste, policière côtoient des personnages plus traditionnels.

   J'ai passé un très bon moment... et je conseille de rester jusqu'à la fin du générique.

   P.S.

   A signaler, de la part d'un film japonais, un bel éloge du monde aquatique, en particulier des baleines à bosse.

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dimanche, 30 juillet 2023

Le Manoir hanté

   Disney a sorti le chéquier (160 millions d'euros tout de même) pour vanter l'une des attractions de ses parcs, à travers une fiction qui se veut à la fois horrifique et amusante.

   Une chose est sûre : on voit le pognon à l'écran, à travers les décors et les effets spéciaux, très tape-à-l’œil. On pense évidemment à La Nuit au musée (avec Ben Stiller), à ceci près que ce film-ci (et ses suites) sont beaucoup plus drôles.

   Les cinquante premières minutes se traînent. La découverte du manoir par une mère et son enfant accumule les clichés. La maman (Rosario Dawson, qui a sans doute des impôts à payer) est dynamique, mais l'on nous fait rapidement sentir le poids de l'absence du père (sur les épaules du fiston en particulier). La découverte des habitants non officiels de la demeure n'est même pas drôle... et guère effrayante.

   Le poids du deuil s'accentue avec l'autre personnage principal, un ancien physicien très doué devenu guide touristique. On comprend très vite quel drame a flingué sa vie... et risque de menacer celle de son entourage, au manoir. C'est vraiment surligné au feutre fluorescent.

   La distribution comprend aussi une voyante à moitié compétente (interprétée par une actrice qui fait regretter l'absence de Whoopi Goldberg), un vrai-faux pasteur (Owen Wilson, qui cabotine un max) et un chercheur un peu casse-couilles (Dany DeVito, sorti de l'EHPAD pour l'occasion). La seule bonne surprise est l'apparition (au propre comme au figuré) de Jamie Lee Curtis en médium victime d'une malédiction... un peu fofolle sur les bords.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne décolle vraiment qu'au cours d'une séance de spiritisme, qui voit l'un des personnages "sortir" de son corps. Il évolue dans le château, dans un état second, et voit tout ce qui échappe aux humains normaux, au quotidien.

   La suite est plus ou moins entraînante, correctement mise en scène, mais assez convenue, sur le fond. On a déjà vu mieux ailleurs... et l'on se demande si Disney n'aurait pas plutôt dû produire un film d'animation sur le sujet.

09:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Manoir hanté

   Disney a sorti le chéquier (160 millions d'euros tout de même) pour vanter l'une des attractions de ses parcs, à travers une fiction qui se veut à la fois horrifique et amusante.

   Une chose est sûre : on voit le pognon à l'écran, à travers les décors et les effets spéciaux, très tape-à-l’œil. On pense évidemment à La Nuit au musée (avec Ben Stiller), à ceci près que ce film-ci (et ses suites) sont beaucoup plus drôles.

   Les cinquante premières minutes se traînent. La découverte du manoir par une mère et son enfant accumule les clichés. La maman (Rosario Dawson, qui a sans doute des impôts à payer) est dynamique, mais l'on nous fait rapidement sentir le poids de l'absence du père (sur les épaules du fiston en particulier). La découverte des habitants non officiels de la demeure n'est même pas drôle... et guère effrayante.

   Le poids du deuil s'accentue avec l'autre personnage principal, un ancien physicien très doué devenu guide touristique. On comprend très vite quel drame a flingué sa vie... et risque de menacer celle de son entourage, au manoir. C'est vraiment surligné au feutre fluorescent.

   La distribution comprend aussi une voyante à moitié compétente (interprétée par une actrice qui fait regretter l'absence de Whoopi Goldberg), un vrai-faux pasteur (Owen Wilson, qui cabotine un max) et un chercheur un peu casse-couilles (Dany DeVito, sorti de l'EHPAD pour l'occasion). La seule bonne surprise est l'apparition (au propre comme au figuré) de Jamie Lee Curtis en médium victime d'une malédiction... un peu fofolle sur les bords.

cinéma,cinema,film,films

   Le film ne décolle vraiment qu'au cours d'une séance de spiritisme, qui voit l'un des personnages "sortir" de son corps. Il évolue dans le château, dans un état second, et voit tout ce qui échappe aux humains normaux, au quotidien.

   La suite est plus ou moins entraînante, correctement mise en scène, mais assez convenue, sur le fond. On a déjà vu mieux ailleurs... et l'on se demande si Disney n'aurait pas plutôt dû produire un film d'animation sur le sujet.

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vendredi, 28 juillet 2023

Parle à ma main...

   C'est le titre qu'aurait pu porter ce petit film d'épouvante australien, intitulé La Main dans la version française, mais Talk to me en version originale. Cette formule joue un rôle clé dans l'intrigue, puisque, pour entrer en contact avec un esprit, il faut serrer la fameuse main et lui demander de parler (puis d'entrer en soi).

cinéma,cinema,film,films

   Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'une main gauche, la main déviante, pas celle de Dieu, plutôt celle des esprits malins... On n'en saura guère plus sur elle, ni sur la signification des inscriptions qui la recouvrent. (Peut-être dans un opus n°2 ?)

   Mais, avant d'en arriver là, on est saisi par une fort belle ouverture, sous la forme d'un plan-séquence de deux-trois minutes, qui se conclut de manière doublement frappante...

   Une ellipse nous transporte du côté d'une banlieue de classe moyenne, où des jeunes de 16-20 ans (un peu à l'image du public de la salle, moi excepté) se réunissent pour participer à des expériences "limites"... hors de portée du regard des parents, bien entendu. Ces derniers semblent peu présents dans la vie de leurs enfants. Ce sont globalement des emmerdeurs... et des pourvoyeurs d'argent, qui permettront à leur progéniture ingrate de se procurer smartphone, habits moches (et chers)... et de quoi se défoncer la gueule. Dans cette perspective, les expériences avec la main apparaissent comme un substitut à la consommation de drogue.

   Sans surprise, une grande partie de ces ados est assez antipathique. Tous les personnages (sauf un) sont taillés  la hache. On ressent rapidement l'envie qu'il leur arrive des choses tristes... ce qui ne va pas manquer, grâce à la main.

   Du côté des effets spéciaux, c'est réussi, sans esbroufe. J'y vois un peu de numérique mais, assez traditionnellement, beaucoup de maquillage et de prothèses. Le résultat est convaincant, sans que cela soit réellement effrayant. C'est plutôt gore... de plus en plus même au fur et à mesure que l'histoire progresse (à mon grand plaisir). Les djeunses qui peuplaient la salle où je me trouvais ont été scotchés sur leur siège. (Le film étant interdit aux moins de seize ans, j'ai aussi pu échapper aux hordes de collégiens mal élevés.)

cinéma,cinema,film,films

   Une comédienne sort du lot : Sophie Wilde, qui incarne Mia. Ce n'est pas le personnage principal au départ, mais elle va le devenir. Quand on fait le bilan de tous les états par lesquels passe ce personnage, on ne peut que saluer la performance d'actrice.

   L'intrigue allie l'hyper-classique et des efforts d'originalité (assez modestes toutefois). Du côté du classique, il y a la croyance en un au-delà dangereux, le conflit / l'incompréhension entre parents et enfants, le désir de transgression des jeunes. Ceux-ci vont bien évidemment faire de grosses bêtises et ne pas accomplir les gestes qu'il faut pour se sortir du pétrin.

   Dans ce collier de perles de pacotille, l'attitude d'une mère tranche agréablement. Elle a tendance à parler vertement, signalant à sa fille aînée qu'elle voit d'un mauvais œil qu'elle sorte le soir avec ce Daniel qui, rappelle-t-elle, « possède une queue ». Plus tard, quand elle trouve celui-ci dans la chambre de sa fille, elle lui signifie que le vagin de celle-ci lui est formellement interdit... J'ai aussi bien aimé son expression, quand elle entre dans une pièce où se trouvent son fils cadet, le meilleur ami de celui-ci et la chienne de la famille, une femelle bouledogue à l'hygiène approximative... la maman se demandant à voix haute si l'odeur pestilentielle dans laquelle baigne la pièce n'émanerait pas plutôt du copain de son fils ! (Je crois que je fus le seul spectateur de la séance à rire à ces moments croustillants...)

   Comme tout bon film d'épouvante, celui-ci contient un message moral. On peut y voir la condamnation d'une manière d'utiliser les réseaux sociaux et du manque d'empathie de certains jeunes envers les autres.

   Les vingt dernières minutes sont les plus rythmées. Au cours de celles-ci, on réalise (plus ou moins tôt selon son degré d'attention) qu'une supercherie est à l’œuvre, depuis un petit moment déjà. L'un des personnages ne le comprend que trop tard, mais parvient tout de même à déjouer l'une des manigances. Le film s'achève sur une très bonne séquence, décalée, qui perturbe celles et ceux qui n'ont pas encore saisi le fond de l'histoire, le dernier plan (joliment fait), sous forme de pied de nez, donnant l'explication.

   Cela ne dure qu'1h30 et c'est le genre de petit plaisir (à l'image de [Rec] ou d'Escape Game) qu'on peut s'offrir l'été.

14:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Parle à ma main...

   C'est le titre qu'aurait pu porter ce petit film d'épouvante australien, intitulé La Main dans la version française, mais Talk to me en version originale. Cette formule joue un rôle clé dans l'intrigue, puisque, pour entrer en contact avec un esprit, il faut serrer la fameuse main et lui demander de parler (puis d'entrer en soi).

cinéma,cinema,film,films

   Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'une main gauche, la main déviante, pas celle de Dieu, plutôt celle des esprits malins... On n'en saura guère plus sur elle, ni sur la signification des inscriptions qui la recouvrent. (Peut-être dans un opus n°2 ?)

   Mais, avant d'en arriver là, on est saisi par une fort belle ouverture, sous la forme d'un plan-séquence de deux-trois minutes, qui se conclut de manière doublement frappante...

   Une ellipse nous transporte du côté d'une banlieue de classe moyenne, où des jeunes de 16-20 ans (un peu à l'image du public de la salle, moi excepté) se réunissent pour participer à des expériences "limites"... hors de portée du regard des parents, bien entendu. Ces derniers semblent peu présents dans la vie de leurs enfants. Ce sont globalement des emmerdeurs... et des pourvoyeurs d'argent, qui permettront à leur progéniture ingrate de se procurer smartphone, habits moches (et chers)... et de quoi se défoncer la gueule. Dans cette perspective, les expériences avec la main apparaissent comme un substitut à la consommation de drogue.

   Sans surprise, une grande partie de ces ados est assez antipathique. Tous les personnages (sauf un) sont taillés  la hache. On ressent rapidement l'envie qu'il leur arrive des choses tristes... ce qui ne va pas manquer, grâce à la main.

   Du côté des effets spéciaux, c'est réussi, sans esbroufe. J'y vois un peu de numérique mais, assez traditionnellement, beaucoup de maquillage et de prothèses. Le résultat est convaincant, sans que cela soit réellement effrayant. C'est plutôt gore... de plus en plus même au fur et à mesure que l'histoire progresse (à mon grand plaisir). Les djeunses qui peuplaient la salle où je me trouvais ont été scotchés sur leur siège. (Le film étant interdit aux moins de seize ans, j'ai aussi pu échapper aux hordes de collégiens mal élevés.)

cinéma,cinema,film,films

   Une comédienne sort du lot : Sophie Wilde, qui incarne Mia. Ce n'est pas le personnage principal au départ, mais elle va le devenir. Quand on fait le bilan de tous les états par lesquels passe ce personnage, on ne peut que saluer la performance d'actrice.

   L'intrigue allie l'hyper-classique et des efforts d'originalité (assez modestes toutefois). Du côté du classique, il y a la croyance en un au-delà dangereux, le conflit / l'incompréhension entre parents et enfants, le désir de transgression des jeunes. Ceux-ci vont bien évidemment faire de grosses bêtises et ne pas accomplir les gestes qu'il faut pour se sortir du pétrin.

   Dans ce collier de perles de pacotille, l'attitude d'une mère tranche agréablement. Elle a tendance à parler vertement, signalant à sa fille aînée qu'elle voit d'un mauvais œil qu'elle sorte le soir avec ce Daniel qui, rappelle-t-elle, « possède une queue ». Plus tard, quand elle trouve celui-ci dans la chambre de sa fille, elle lui signifie que le vagin de celle-ci lui est formellement interdit... J'ai aussi bien aimé son expression, quand elle entre dans une pièce où se trouvent son fils cadet, le meilleur ami de celui-ci et la chienne de la famille, une femelle bouledogue à l'hygiène approximative... la maman se demandant à voix haute si l'odeur pestilentielle dans laquelle baigne la pièce n'émanerait pas plutôt du copain de son fils ! (Je crois que je fus le seul spectateur de la séance à rire à ces moments croustillants...)

   Comme tout bon film d'épouvante, celui-ci contient un message moral. On peut y voir la condamnation d'une manière d'utiliser les réseaux sociaux et du manque d'empathie de certains jeunes envers les autres.

   Les vingt dernières minutes sont les plus rythmées. Au cours de celles-ci, on réalise (plus ou moins tôt selon son degré d'attention) qu'une supercherie est à l’œuvre, depuis un petit moment déjà. L'un des personnages ne le comprend que trop tard, mais parvient tout de même à déjouer l'une des manigances. Le film s'achève sur une très bonne séquence, décalée, qui perturbe celles et ceux qui n'ont pas encore saisi le fond de l'histoire, le dernier plan (joliment fait), sous forme de pied de nez, donnant l'explication.

   Cela ne dure qu'1h30 et c'est le genre de petit plaisir (à l'image de [Rec] ou d'Escape Game) qu'on peut s'offrir l'été.

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mardi, 25 juillet 2023

Oppenheimer

   Il y a trois ans, en pleine pandémie de covid, Christopher Nolan et ses producteurs avaient fait le choix de sortir Tenet en salles. Le risque avait été (relativement) payant puisqu'avec un peu plus de 2,3 millions d'entrées, le film avait fini en tête du box-office français de l'année (certes un peu sinistré).

   Tout cela pour dire que les œuvres de Nolan, aussi cérébrales soient-elles (parfois), sont faites pour être vues dans une salle obscure. Oppenheimer ne fait pas exception à la règle. C'est d'ailleurs l'une des grandes réussites du cinéaste que d'être parvenu à rendre passionnante une épopée au cœur de laquelle se trouvent les sciences physiques... et d'en avoir fait un polar de trois heures, qui tient amplement ses promesses. Bon d'accord, l'enjeu politique (la rivalité avec les nazis, eux aussi lancés dans la course à l'arme atomique) n'est pas sans pimenter l'intrigue. L'ambiance de pré-Guerre froide (les alliés bolcheviks étant déjà perçus comme les adversaires de demain) ajoute une touche d'espionnage pas déplaisante du tout.

   Deux catégories de scènes nous sont proposées. C'est paradoxalement en noir et blanc que l'on voit les plus récentes (celles qui se déroulent dans les années 1950, en plein maccarthysme), alors que la couleur est réservée aux années 1930-1940... mais c'est la partie la plus vivante, le cœur de l'histoire, avec le plus de chair (et de neurones).

   Les interprètes sont excellents. Cillian Murphy s'est parfaitement coulé dans le personnage, qu'il ne cherche pas à rendre plus sympathique qu'il n'était... et c'est tant mieux. Par moments (l'orientation sexuelle mise à part), j'ai pensé à Benedict Cumberbatch en Alan Turing, dans Imitation Game, film qui n'est pas sans rapport avec celui-ci. On pourrait aussi rapprocher Oppenheimer d'un autre héros américain,  Neil Armstrong, tel qu'il est dépeint dans First Man : lui aussi a pu s'appuyer sur une épouse brillante, qui avait suivi des études universitaires et qui a sacrifié ses aspirations professionnelles pour soutenir la carrière de son mari.

   Ici, c'est à Emily Blunt qu'échoit ce rôle ingrat, celui d'une intellectuelle libre dans sa jeunesse, qui finit par se cloîtrer à Los Alamos avec deux gosses dont elle a du mal à s'occuper. Dommage que le personnage ne soit pas plus creusé.

   Les autres seconds rôles (le film étant tout à la gloire d'Oppenheimer) sont incarnés par une pléiade de talents, de Jason Clarke (excellent dans la peau d'une enflure) à Matt Damon (crédible en ours mal léché), en passant par Florence Pugh (la plus belle communiste que j'aie jamais vue...), Rami Malek (important sur la fin), Josh Hartnett (curieusement bon en scientifique conformiste) et Robert Downey Jr (qui ne pouvait qu'incarner un type un peu magouilleur sur les bords)...

   La mise en scène s'est évertuée à représenter ce qui se passait (parfois) dans la tête du physicien... en liaison avec ce qui passe au niveau atomique, lors d'une réaction. Cela donne des plans très léchés, soutenus par une musique appropriée... mais je ne suis pas sûr que ce dispositif aura permis aux spectateurs lambdas de mieux comprendre le fonctionnement d'une bombe atomique.

   Mis à part ces aspects scientifiques ardus, le film est relativement limpide. On a visiblement voulu éviter de tomber dans les excès de Tenet... mais, du coup, je suis un peu déçu. Nolan nous livre une brillante fresque historique, engagée (à gauche), mais il y perd un petit peu son art de nous transporter dans des univers inédits.

 P.S.

   Pour en savoir plus sur l'histoire de la bombe atomique, je recommande à nouveau la lecture du roman graphique La Bombe, que j'avais chroniqué en août 2020.

Oppenheimer

   Il y a trois ans, en pleine pandémie de covid, Christopher Nolan et ses producteurs avaient fait le choix de sortir Tenet en salles. Le risque avait été (relativement) payant puisqu'avec un peu plus de 2,3 millions d'entrées, le film avait fini en tête du box-office français de l'année (certes un peu sinistré).

   Tout cela pour dire que les œuvres de Nolan, aussi cérébrales soient-elles (parfois), sont faites pour être vues dans une salle obscure. Oppenheimer ne fait pas exception à la règle. C'est d'ailleurs l'une des grandes réussites du cinéaste que d'être parvenu à rendre passionnante une épopée au cœur de laquelle se trouvent les sciences physiques... et d'en avoir fait un polar de trois heures, qui tient amplement ses promesses. Bon d'accord, l'enjeu politique (la rivalité avec les nazis, eux aussi lancés dans la course à l'arme atomique) n'est pas sans pimenter l'intrigue. L'ambiance de pré-Guerre froide (les alliés bolcheviks étant déjà perçus comme les adversaires de demain) ajoute une touche d'espionnage pas déplaisante du tout.

   Deux catégories de scènes nous sont proposées. C'est paradoxalement en noir et blanc que l'on voit les plus récentes (celles qui se déroulent dans les années 1950, en plein maccarthysme), alors que la couleur est réservée aux années 1930-1940... mais c'est la partie la plus vivante, le cœur de l'histoire, avec le plus de chair (et de neurones).

   Les interprètes sont excellents. Cillian Murphy s'est parfaitement coulé dans le personnage, qu'il ne cherche pas à rendre plus sympathique qu'il n'était... et c'est tant mieux. Par moments (l'orientation sexuelle mise à part), j'ai pensé à Benedict Cumberbatch en Alan Turing, dans Imitation Game, film qui n'est pas sans rapport avec celui-ci. On pourrait aussi rapprocher Oppenheimer d'un autre héros américain,  Neil Armstrong, tel qu'il est dépeint dans First Man : lui aussi a pu s'appuyer sur une épouse brillante, qui avait suivi des études universitaires et qui a sacrifié ses aspirations professionnelles pour soutenir la carrière de son mari.

   Ici, c'est à Emily Blunt qu'échoit ce rôle ingrat, celui d'une intellectuelle libre dans sa jeunesse, qui finit par se cloîtrer à Los Alamos avec deux gosses dont elle a du mal à s'occuper. Dommage que le personnage ne soit pas plus creusé.

   Les autres seconds rôles (le film étant tout à la gloire d'Oppenheimer) sont incarnés par une pléiade de talents, de Jason Clarke (excellent dans la peau d'une enflure) à Matt Damon (crédible en ours mal léché), en passant par Florence Pugh (la plus belle communiste que j'aie jamais vue...), Rami Malek (important sur la fin), Josh Hartnett (curieusement bon en scientifique conformiste) et Robert Downey Jr (qui ne pouvait qu'incarner un type un peu magouilleur sur les bords)...

   La mise en scène s'est évertuée à représenter ce qui se passait (parfois) dans la tête du physicien... en liaison avec ce qui passe au niveau atomique, lors d'une réaction. Cela donne des plans très léchés, soutenus par une musique appropriée... mais je ne suis pas sûr que ce dispositif aura permis aux spectateurs lambdas de mieux comprendre le fonctionnement d'une bombe atomique.

   Mis à part ces aspects scientifiques ardus, le film est relativement limpide. On a visiblement voulu éviter de tomber dans les excès de Tenet... mais, du coup, je suis un peu déçu. Nolan nous livre une brillante fresque historique, engagée (à gauche), mais il y perd un petit peu son art de nous transporter dans des univers inédits.

 P.S.

   Pour en savoir plus sur l'histoire de la bombe atomique, je recommande à nouveau la lecture du roman graphique La Bombe, que j'avais chroniqué en août 2020.