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samedi, 25 décembre 2010

Harry Potter et les reliques de la mort - partie 1

   J'ai "sauté" une étape, puisque si j'ai vu tous les films adaptés des romans de J.K. Rowling jusqu'à Harry Potter et l'Ordre du Phénix, j'ai raté (volontairement) Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Les échos qui étaient parvenus à mes oreilles n'étaient pas assez engageants et j'avais été quelque peu déçu par le dernier opus vu en salle.

   C'est toujours le réalisateur David Yates qui est aux commandes. L'image est très belle et certaines scènes d'action méritent le détour, comme cette course-poursuite sur terre et dans les airs, au début du film. D'autres séquences sont particulièrement inspirées, comme celle qui se déroule au Ministère de la Magie, où il m'a semblé percevoir l'influence de Brazil, de Terry Gilliam. Notons que, de manière générale, l'ambiance est assez sombre, déprimante même parfois.

   J'ai perçu aussi beaucoup de points communs avec la trilogie du Seigneur des anneaux. (On sait que J.K. Rowling a été marquée par la lecture de Tolkien.) Daniel Radcliffe prend de plus en plus des airs d'Elijah Wood... et ça me gonfle.  Le coup du Horcruxe qui pervertit et affaiblit celui qui le porte fait immanquablement penser à l'anneau et les Elfes bondissants ne sont pas sans évoquer, par leur physique, le célèbre Gollum.

   Ajoutez à cela des dialogues faiblards et une intrigue sentimentale très convenue (si Hermione joue, à mon grand plaisir, un rôle déterminant, on en fait cependant une pauvre ado anorexique amoureuse d'un crétin) et vous aurez une idée de la soupe que l'ensemble forme. On peut y goûter si l'on veut profiter de plusieurs bons moments de cinéma, mais le bilan est un peu décevant.

20:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

vendredi, 24 décembre 2010

Le Secret de la pyramide

   Une fois n'est pas coutume, il va être question d'un "vieux" film : il est sorti en 1985. C'est une production Spielberg, donc c'est destiné à toute la famille.

   Bon, à la base, on a imaginé ce que pouvait bien avoir été la jeunesse de Sherlock Holmes et du docteur Watson et dans quelles circonstances ils avaient pu se rencontrer. L'action a donc pour cadre le Londres de la fin du XIXe siècle, sous la neige (c'est un film de Noël). Nos deux héros en herbe sont scolarisés dans une institution prestigieuse et rigoriste.

   Une série de meurtres mystérieux va mettre en branle notre fine équipe. Le jeune Sherlock est évidemment déjà un génie de la déduction, tandis que le jeune Watson est trouillard, mais dévoué.

   Le film a aussi pour but incidemment de donner des explications plausibles au célibat acharné de Holmes adulte (il y a une peine de coeur là-dessous), à son goût pour le violon et la pipe. On apprend aussi pourquoi il en vient à porter un couvre-chef ridicule et un pardessus hors d'âge. Si l'on reste jusqu'au générique de fin, on comprend aussi quelle est la source de la rivalité qui l'oppose à Moriarty. L'histoire est donc remplie de clins d'oeil.

   Le réalisateur lui a  aussi donné un arrière-plan fantastique. L'intrigue nouée autour d'une secte égyptienne fait intervenir poison, phénomènes inexplicables, animaux étranges et labyrinthe mystérieux. Les effets spéciaux sont ma fois très réussis pour l'époque. (Et pour cause ! En lisant le générique, on apprend que c'est Lucasfilm qui en est responsable, plus précisément l'une de ses "divisions" : Pixar !) Le mélange de fantastique et d'ambiance dix-neuvièmiste donne quelque chose qui ressemble à ce qu'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec.

   Sinon, c'est assez violent, pour un film familial. On ne nous cache rien de la mort horrible des victimes de meurtre comme des méchants. De ce point de vue, on constate la segmentation qui s'est opérée dans le cinéma commercial depuis 25 ans. On a séparé la production destinée spécifiquement au jeune public, d'où sont bannis violence et sexe, de celle destinée aux ados et préados, où ces deux ingrédients (surtout le premier) sont par contre très présents.

23:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mardi, 21 décembre 2010

Rubber

   "Caoutchouc" que ça veut dire... De la gomme en fait, celle dont on fait les pneumatiques... car le "héros" de ce film est un vieux pneu ! 

   Les avis sont partagés à son sujet. Est-ce le nanard de la fin 2010 ? Est-ce un petit bijou appelé à devenir culte ? Je reconnais que je penche plutôt pour la deuxième solution, même si le film n'est pas sans défaut.

   Bon, à la base, on a un pneu abandonné, qui semble encore bon pour le service. Cet objet est personnifié par le réalisateur. On voit "battre" son pouls. Il rêve, aime regarder la télé (de jeunes femmes en collants ou des courses automobiles... un vrai beauf, quoi !) a soif (hélas, il ne rote pas quand il a bu... grosse déception), ressent du désir pour la conductrice incarnée par la délicieuse Roxane Mesquida (déjà vue dans Sheitan et tout récemment dans Kaboom, où elle incarne une sorcière possessive). Il peut aussi se mettre en colère... avec des conséquences fort regrettables pour l'objet de son courroux.

   Une des très bonnes séquences du film, au début, voit le pneu débuter sa carrière de tueur en série. Il agresse successivement des objets qui lui barrent la route (une canette, une bouteille), puis de petits animaux (un lièvre, un corbeau)... en attendant mieux.

   C'est évidemment bardé de références, aux Dents de la mer, à Psychose, à La Nuit des morts-vivants...

   Le réalisateur joue aussi sur la mise en abyme : le film met en scène des spectateurs venus là assister à un spectacle bien particulier. Évidemment, ils ne savent pas qu'ils font eux-mêmes partie du show. Cela nous vaut de délicieux clins d’œil et des allusions au cinéma, à ceux qui bouffent pendant les films (dans certaines salles...), à l'écriture des dialogues (moment tordant qui voit Roxane Mesquida commenter sans prendre de gants le texte merdique qu'on lui fait dire pour attirer le pneu dans un piège !).

   Cela se termine de manière inattendue... façon George Romero.

   Seul défaut du film : les quelques longueurs (il a fallu étirer l'idée de départ pour en faire un long-métrage) et le côté bavard de certaines scènes. Mais, vu les qualités du reste, cela passe.

   P.S.

   Le site dédié est sympa.

21:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

lundi, 20 décembre 2010

We are four lions

   "Nous sommes quatre lions", en bon français. C'est le titre d'une comédie noire, à l'humour macabre, dont les héros sont d'apprentis-djihadistes, une bande de pieds-nickelés qui suscite (souvent) le rire et (parfois) l'effroi.

   Le réalisateur britannique a fait de la bande un échantillon de la mouvance extrémiste musulmane. Il y a Omar le volubile, sorte de "beurgeois" frustré, dont l'épouse porte le voile, qui voit dans l'acte terroriste une protestation politique... et un moyen d'entrer dans l'histoire. En face, Barry incarne le militant borné, prêt à tout pour lancer la guerre sainte. Tous deux sont campés par des acteurs excellents.

   Entre les deux chefs, trois gugusses ne savent pas trop où ils en sont. Deux d'entre eux sont des simples d'esprits, l'un limite SDF, l'autre jeune homme trop confiant dans son meilleur ami. Le cinquième membre de cette fine équipe est un djeunse plutôt occidentalisé, pour qui le djihad est un truc plutôt "cool".

   Le séjour des deux copains en Afghanistan vaut son pesant de harissa. Au départ, on ne sait pas trop qui a souffert de leur maladresse... restez donc jusqu'au générique de fin pour l'apprendre.

   L'essentiel du film est consacré à la préparation d'un attentat à Londres. Après maintes discussions, le choix se porte sur le marathon. Nos terroristes du dimanche vont donc tenter de se mêler à la foule, bardés d'explosifs dissimulés dans des déguisements aussi imaginatifs que voyants...

   Le style est corrosif. Le réalisateur ne fait pas dans la dentelle, quitte à ce que certains moments tombent à plat. Mais on rigole, c'est parfois "héneaurme"... parfois effrayant, tant on voit où la connerie humaine peut mener.

   Ce n'est absolument pas une thèse politique ou sociologique, juste un moment de franche rigolade... aux dépens d'intégristes, mais aussi d'Occidentaux en général assez crétins.

20:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

dimanche, 19 décembre 2010

Armadillo

   C'est un documentaire danois, consacré à une unité de l'armée danoise envoyée en Afghanistan dans la cadre de l'ISAF (les forces de l'OTAN dépêchées sur place pour lutter contre les talibans). Le tout début du film nous présente certains membres de l'unité, au Danemark, ainsi que leurs proches. Très vite, l'action se déplace en Afghanistan, dans le Sud, dans la province du Helmand :

Afghanistan provinces.jpg

   Armadillo est le nom de la base, où les Danois cohabitent avec des Britanniques (qu'on ne voit pratiquement pas). Le réalisateur a filmé les scènes se déroulant à l'intérieur du camp. Très vite, on remarque qu'en extérieur, les soldats portent une mini-caméra au sommet du casque ou sur le côté. Quand on sait que le périmètre de sécurité ne s'étend pas à plus de mille mètres de la base, on comprend que des précautions aient été prises.

   Pourtant, au début, c'est plutôt l'inaction qui domine. Les talibans évitent l'affrontement direct et préfèrent se déplacer la nuit. Ils contrôlent en fait le terrain (qu'ils connaissent mieux) par la peur (ou la confiance) qu'ils inspirent. Cela m'a rappelé un article paru début décembre dans Le Monde (La "sale guerre" afghane à Salavat, village rétif aux appels de l'OTAN").

   Face à cet ennemi quasi invisible, les jeunes soldats danois sont omniprésents à l'écran. On a voulu nous montrer la différence des tempéraments. On sent leur fierté d'être là, leur envie de "bien  passer" à l'image.

   Au départ, on nous les montre au contact avec les habitants du coin. Le rôle des traducteurs est vital. On sent la méfiance réciproque... et parfois l'étonnement, comme lorsque les Afghans découvrent que l'un des soldats danois a des traits asiatiques (il est sans doute d'origine coréenne).

   Evidemment, cela va devenir plus sanglant. Je vous laisse découvrir dans quelles circonstances. Notons que les événements ont eu des répercussions jusqu'au Danemark.

   C'est un documentaire fort, très bien fichu (avec, en général, une belle qualité d'image), qui rappelle des fictions réalisées sur l'Irak notamment, comme Green ZoneDémineurs ou Redacted.

23:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

jeudi, 16 décembre 2010

Princesse Raiponce

   Ce nouveau Disney est une adaptation d'un conte des frères Grimm. L'histoire a toutefois été profondément modifiée pour qu'elle cadre avec "l'esprit Disney". J'ai donc eu un peu peur au début. Je peux tout de suite vous rassurer : c'est la plus mauvaise partie du film.

   L'histoire démarre vraiment avec l'arrivée du voleur chez la donzelle à la tignasse magique. Mais les personnages les plus intéressants sont deux animaux : Pascal le caméléon (un cousin de la coccinelle de Gotlib) et Maximus, magnifique cheval-policier, un personnage bâti sur le modèle des chiens ou félins vus dans d'autres animés. Dès que l'une de ces deux bestioles apparaît à l'écran, cela devient drôle voire hilarant.

   Du côté de l'image, c'est soigné, parfois chiadé, mais pas démentiel. C'est joli à regarder (notamment la scène des lanternes) et certaines séquences sont emballantes (en particulier la course-poursuite entre la taverne et le barrage).

   Les amateurs de dessins animés constateront que la maison Disney recycle parfois les fonds de cartons (plutôt des fonds de disque dur, aujourd'hui). La bande de brigands de l'auberge n'est pas sans rappeler ce qui a été vu dans La Planète au trésor. La séquence du début au cours de laquelle la fausse mère (la sorcière, très bien doublée par Isabelle Adjani dans la version française) se lance dans une plaidoirie musicale pour convaincre sa captive que la vie au-dehors est horrible est un quasi-décalque du one-man-show du sorcier vaudou dans La Princesse et la grenouille. En étant un peu plus attentif, on pourrait aussi retrouver des éléments de Il était une fois.

   Bref, quand on supporte les chansons doublées en français (trop souvent du sous-Lorie) et quelques facilités scénaristiques, on passe un agréable moment, sans plus.

23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

mercredi, 01 décembre 2010

Entre nos mains

   C'est un documentaire, signé Mariana Otero, consacré à une entreprise textile placée en redressement judiciaire. Certains salariés ont l'idée de monter une SCOP pour tenter de sauver la boîte... tout en restant indépendants des "patrons" et financiers.

   Ce film se place évidemment dans la lignée de Les LIP, l'imagination au pouvoir (un extrait ici), mais aussi du moins connu Rêve d'usine (extraits ici).

   Ces portraits d'ouvrières, de commerciaux, de secrétaires sont attachants. La "sauce" a toutefois du mal à prendre. 1h30 de docu économico-social, même illustrant un combat original, c'est long. Et il manque une partie de l'arrière-plan. Il aurait ainsi fallu davantage creuser du côté des clients de l'entreprise, qui semble avoir abandonné les petits et moyens détaillants, pour se concentrer sur les grandes surfaces (Leclerc, Auchan et Cora, si je ne m'abuse). Il aurait aussi fallu aller voir du côté de chez Cora, qui déréférence les produits de l'entreprise, condamnant à terme la SCOP.

   A l'écran, si les tranches de vies sont intéressantes, je trouve quand même que c'est plutôt l'inaction qui règne dans l'usine. Est-ce dû aux choix de la réalisatrice ? Est-ce voulu, pour montrer la perte d'activité ? On ne le sait pas.

   J'ai donc été un peu déçu.

samedi, 27 novembre 2010

Buried

   C'est un nouveau produit de la rencontre entre l'Espagne (le réalisateur Rodrigo Cortés et une partie de l'équipe technique) et Hollywood, incarné ici par l'unique acteur physiquement présent à l'écran, Ryan Reynolds (un beau gosse, rien que pour vous, mesdames).

   Cependant, d'autres acteurs ont contribué à ce film, par leur voix. Ils interviennent par le biais du téléphone portable du héros, prisonnier d'un cercueil en bois, sous terre... pas trop loin de la surface toutefois : il capte des réseaux de téléphonie (faut accepter d'y croire...) et, au cours du film, on entend distinctement un appel à la prière et les conséquences d'un bombardement aérien.

   C'est donc un huis-clos bien spécial, puisque l'unique décor est l'espace exigu du cercueil. Bon, en fait, il y a plusieurs cercueils, qui ont permis au réalisateur de varier les angles et d'introduire un peu d'action dans ces quelques mètres cubes. Mais, pour le film, on fait semblant de croire que c'est comme ça.

   Cela commence (après un générique chiadé) par un noir complet. On tend donc l'oreille et l'on comprend que le héros se réveille et découvre sa situation. La lumière finit par arriver, d'abord grâce à un briquet à essence (au réservoir ma foi très fourni), puis à des néons souples portatifs. Régulièrement, l'entrée en action du téléphone donne un éclairage particulier à une scène. C'est très bien fichu. C'est filmé en gros plan ou en plan rapproché, selon ce que le metteur en scène veut montrer. Paradoxalement, alors que dans la plupart des films le plan rapproché est lié à une scène plus intime, ici, comme il alterne avec les gros plans, il est plutôt synonyme d'action.

   Notre héros enterré, camionneur en Irak, a quelques objets avec lui : le "smartphone" (un Blackberry, je dirais... ou un Motorola l'imitant), un flacon d'alcool, le briquet à essence, les tubes de néon, des cachets, un canif et une lettre. Il a été enlevé.

   Si le personnage du ravisseur irakien est construit de manière sommaire, un plus grand soin a été apporté aux Américains avec lesquels le prisonnier est amené à entrer en contact. Je recommande tout particulièrement la meilleure amie de sa femme... scène de comédie à la clé ! Dans la catégorie "plus gros enculé de la planète", le directeur du personnel de l'entreprise qui emploie le héros mérite un oscar... Je vous laisse découvrir pourquoi.

   Au départ, je trouvais le principe du film excitant, mais je me demandais comment le réalisateur allait faire pour tenir 1h35. Je me suis reposé la question au bout d'une demi-heure.... et finalement, ça marche, d'abord parce que derrière il y a un scénario béton, qui ménage des rebondissements, ensuite parce que les dialogues téléphoniques sont très bons, enfin parce que la mise en scène déchire.

   C'est vraiment un film à ne pas manquer !

   P.S.

   Quelques informations supplémentaires sont disponibles sur le site dédié.

11:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

jeudi, 25 novembre 2010

Nostalgie de la lumière

   C'est un documentaire chilien, tourné principalement dans le désert d'Atacama, un des endroits les plus arides du Globe... mais aussi l'un des meilleurs postes d'observation possibles de notre univers. C'est pourquoi le Very Large Telescope européen y a été implanté... et c'est aussi pourquoi la nouvelle grosse bite européenne, E-ELT (European Extremely Large Telescope) va y être installée à son tour.

   Je n'avais pas trop cherché à en savoir davantage sur le film. Du coup, je m'attendais à un documentaire original, sur un lieu méconnu, un peu à l'image d'un excellent reportage paru dans Le Monde du week-end il y a quelques mois de cela.

   Le début du film va dans ce sens. Le site scientifique nous est présenté de manière quasi anatomique, le tout enrobé d'images, réelles ou de synthèse, de l'espace, des galaxies, des nébuleuses lointaines. C'est assez réussi sur le plan formel, mais je dois avouer que j'ai un peu piqué du nez.

   Fort heureusement, la trame bifurque. Ainsi, on apprend qu'un camp de prisonniers du régime de Pinochet se trouvait dans la région. Ce que sont devenus les détenus ? On ne sait pas trop... ou plutôt, on sait qu'ils sont morts. Quant aux corps... On finit par voir les restes d'une femme, encore enchaînée aux pieds, les mains liées, figée dans une posture. L'arrivée soudaine de cette image provoque un choc.

   Le réalisateur veut relier l'activité astronomique à l'histoire contemporaine du Chili. Dans les deux cas, il est question du passé. Dans les deux cas, il est question de calcium ! (Je vous laisse découvrir pourquoi.) Il trouve des liens plus forts. L'un des scientifiques, allemand, n'est autre que le fils d'une Chilienne qui s'était réfugiée en Allemagne.

   A partir de là, le film est passionnant. On suit ces mères, épouses, sœurs, qui cherchent les restes des corps des disparus, dont les dépouilles avaient été déterrées en catastrophe par les militaires pour être jetées dans l'océan ou réenterrées en catimini dans ce trou du cul du monde.

   Patricio Guzmán, dont la filmographie est marquée par l'histoire troublée du Chili, réalise un film "minéral", où l'astronomie se mêle à l'archéologie (on fouille le sol aussi à la recherche des restes des premiers habitants de la région, arrivés il y a des milliers d'années). L'une des scènes les plus réussies débute par un plan de matériaux (des roches) issus de l'espace... et l'on finit par s'apercevoir que la texture du dernier objet filmé en gros plan est celle d'un crâne humain, celui d'une victime. Nombre de dépouilles n'ont toujours pas été identifiées.

   On assiste même à la découverte de corps, traités avec le plus grand soin par les chercheurs.

   L'une des dernières séquences est particulièrement bouleversante. Elle nous présente l'histoire d'une rescapée, qui doit à la mort de ses parents d'être toujours en vie. (Allez voir le film pour connaître les détails.) Il se trouve qu'elle est devenue... astronome, activité qui répond à son questionnement personnel et dans laquelle elle trouve de quoi combler le vide qui l'habite.

   C'est un film vraiment original, très écrit, qui surprend agréablement pour peu qu'on prenne la peine d'y entrer.

00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

vendredi, 12 novembre 2010

Vénus noire

   C'est le quatrième long-métrage d'Abdelattif Kechiche, auteur de La Faute à Voltaire, L'Esquive et de La Graine et le mulet. Ce cinéaste engagé, au style vif, s'est intéressé à la vie de Saartjie Baartman, qui fut surnommée "la Vénus hottentote". On pourrait s'attendre à un film historique à visée documentaire (donc plutôt ennuyeux), mais c'est un véritable portrait de société(s) que nous livre le réalisateur, à travers l'histoire peu commune de cette femme. Cela m'a rappelé, dans un autre genre, Gangs of New York, de Scorsese.

   Kechiche a construit son film autour de deux séquences "scientifiques", la première montrant, après la mort de la jeune femme, la conférence tenue par Georges Cuvier à son sujet, la dernière exposant les traitements administrés au corps de la défunte, permettant son analyse scientifique. D'où le postulat : réduite à l'état de bête curieuse durant sa vie, la Vénus noire est restée un objet après sa mort.

   Ensuite, cela démarre fort avec une séquence située à Londres. On assiste à l'intégralité du spectacle de foire dont elle est la vedette. Juste après, on découvre l'envers du décor, qui n'est d'ailleurs pas ce que l'on croyait forcément. Kechiche jette immédiatement le trouble. Bien qu'il ait choisi de clairement dénoncer l'attitude esclavagiste et le voyeurisme des Européens, il laisse entendre que la jeune femme y trouve son intérêt, même si elle s'est fait "rouler" par ses prétendus associés. La caméra est près des corps, des regards et s'éloigne un peu pour filmer les groupes, que ce soit dans un théâtre, dans un bar ou dans un salon. C'est très bien fichu, quel que soit le type d'éclairage retenu.

   L'un des moments forts est la séquence du tribunal, où cette ambiguïté concernant le statut de la Vénus est toujours présente. Le problème est qu'elle s'exprime peu, ne parlant véritablement que l'afrikaner (un peu l'anglais et un tout petit peu le français sur la fin). Les acteurs, qu'ils soient britanniques, flamands ou français, sont tous excellents. Je pense qu'on a beaucoup puisé dans le vivier théâtral, avec profit.

   Kechiche joue avec les spectateurs, puisqu'ils nous rend complices de ce spectacle d'avilissement,  celui de Sarah Baartman, mais aussi celui de Yahima Torres, l'actrice qui incarne avec brio cette femme peu expressive mais aux talents artistiques indéniables. Dans quelle mesure ne sommes-nous pas venus voir un film, mais un "monstre" (ou du moins sa représentation) ? Peut-on comparer les spectateurs de cinéma à ces masses qui se pressaient aux spectacles de foire ?

   Les effets de surprise sont bien préparés. Cela nous vaut quelques superbes moments de cinéma, l'un dans le théâtre anglais, quand la Vénus décide de sortir de son rôle de "sauvage" pour interpréter une berceuse, l'autre dans un salon parisien, quand, avec sa "goura", elle entame un dialogue musical impressionnant avec le violoniste de la soirée.

   Le changement de protecteur (elle passe sous la coupe de celui interprété par le fantastique Olivier Gourmet) voit l'héroïne commencer sa descente aux enfers. Les salons de classieux deviennent libertins... pour finir dans la prostitution, puis la mort. L'une des scènes de maison close vient encore nous rappeler un thème cher à Kechiche : le poids de l'Europe dans le malaise africain, ce groupe de prostituées pluriethnique étant là pour satisfaire les caprices tarifés de Blancs européens riches. On remarque néanmoins que le réalisateur n'est pas tombé dans la charge outrancière et ménage, à chaque étape de la vie de Sarah Baartman, une place pour la nuance, introduisant des personnages humanistes, se permettant même d'affiner le portrait des exploiteurs, les rendant humains... trop humains hélas.

   Si les 2h40 ne vous ont pas épuisés, restez pendant le générique de fin, pendant lequel nous sont proposés deux extraits vidéo, datant de 2002. Le premier montre les circonstances du vote, à l'Assemblée nationale française, de la loi de restitution de la dépouille. Le second a été tourné en Afrique du Sud, au moment des obsèques nationales organisées en l'honneur de l'enfant du pays.

   L'histoire se décline en bande dessinée (dont l'auteur, Renaud Pennelle, joue un personnage dans le film), où figure la partie africaine de la vie de la Vénus :

VenusNoireBD.jpg

   L'auteur a récemment été invité sur France Culture, pour parler de son œuvre, des conditions de sa réalisation.

   Si vous vous documentez sur la question, vous verrez que, bien que le film dure 2h40, il n'a pas épuisé son sujet. Kechiche a notamment décidé de ne pas développer le contexte africain de son histoire, que l'on peut découvrir dans un passionnant article de la revue L'Histoire, de février 2003.

14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema, histoire

vendredi, 05 novembre 2010

Kaboom

   C'est un film de Gregg Araki, qui s'est fait un nom dans le cinéma "underground-mais-pas-trop" à travers des oeuvres comme The Doom Generation, Nowhere et, plus récemment Smiley Face.

   Ici, la parodie de teen-movie est mêlée au fantastique, le tout sur fond de revendication bisexuelle. Les mecs sont tous des beaux gosses musclés et aucune graisse superflue n'est à signaler côté actrices. (J'en pince un peu pour la copine homo au caractère affirmé.) C'est dire que, même si l'humour du début porte (avec quelques moments vraiment très drôles), la fascination pour le "beau" formaté finit par lasser, d'autant plus que le scénario est mal exploité. Cette histoire de secte méritait mieux et la fin apocalyptique a été visiblement choisie faute de mieux.

   L'intrigue est cependant intéressante parce qu'elle montre un renversement. (Certains personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent...) Elle incite ainsi à se méfier des apparences, alors que la réalisation leur rend plutôt un culte.

   Bon et puis perso, je ne suis pas emballé par les histoires de mecs qui "flashent" sur d'autres mecs...

19:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinéma, cinema

lundi, 01 novembre 2010

The Social Network...

   ... "Le Réseau social", en bon français. Mais, comme cela n'a pas dû sembler porteur au distributeur, on a laissé le titre anglais, alors qu'il aurait été si simple de le remplacer (par exemple) par "La Naissance de Facebook". C'est donc un film de David Fincher, qui a travaillé avec le créateur de la série A la Maison blanche.

   C'est d'abord un film de scénariste et de dialoguiste, ma foi fort réussi. La première scène donne le ton du film : le héros n'est pas à l'aise avec les filles, mais il a la répartie facile. Lui et sa future ex-copine rêvent d'intégrer l'un des clubs très fermés où se retrouve la "crème" de l'élite estudiantine.

   Les dialogues sont excellents (à entendre en version originale sous-titrée de préférence, donc), de nombreuses répliques font mouche. Les (jolies) femmes sont presque toujours des objets de conquête, un élément de la parure du jeune doué qui réussit. Le film montre très bien que, dans la nouvelle comme dans la "vieille" économie, il s'agit de se faire un max de pognon, de dominer les autres, quitte à leur passer sur le corps. On retrouve le mythe du self-made man, avec ce Mark Zuckerberg censé être parti de rien et devenu milliardaire en quelques années.

   Cependant, le milieu familial de celui-ci nous est caché. Or, il est issu de la bourgeoisie américaine, (les parents exercent tous deux une profession médicale) de la banlieue (pas pauvre) de New York. Mais il n'appartient pas au gratin, celui des patriciens de la côte Est. Cela n'en fait pas un prolétaire pour autant. 

   Du coup, il n'est finalement pas si antipathique que cela, ce Mark (interprété avec brio par Jesse Eisenberg). D'accord, c'est un "geek", asocial, qui s'habille comme un plouc, mais l'appât du gain n'est pas sa motivation première. Et puis, il en pince quand même pour la fille du début.

   C'est là que l'histoire est très forte. Cet immense réseau est né au moins en partie d'une déception sentimentale... et de la beauferie des mecs, pour qui comparer les filles et leur attribuer une note est top délire. Ensuite, il a suffi de l'attrait de la nouveauté, savamment entretenu, et du désir profond des jeunes de se constituer une "tribu", pour qu'il devienne "hype" d'être inscrit sur le réseau. Je trouve que Fincher, même s'il n'insiste pas dessus, arrive bien à montrer la futilité de la chose. Quand on pense que ces gens-là vont d'ici quelques années, jouer un rôle majeur dans l'économie, la politique ou les médias, on peut légitimement s'inquiéter.

   Sous une forme léchée, Fincher dit des choses très dures : les meilleurs amis du monde en viennent à s'escroquer, se poursuivre en justice (les procédures de médiation donnent son architecture à l'histoire telle qu'elle nous est représentée) et, pour gagner, il faut être un peu (beaucoup ?) un enfoiré, à l'image du créateur de Napster, bien campé par Justin Timberlake.

  Tout le monde en prend pour son grade : les élites traditionnelles, imbues d'elles-mêmes, les jeunes, présentés comme égocentriques et superficiels, le grand public, perçu comme une masse captive. Et le jeune héros, bien que devenu riche et célèbre, a peut-être laissé passer le bonheur.

23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

samedi, 30 octobre 2010

Fin de concession

   C'est le nouveau film de Pierre Carles, journaliste engagé, critique des media de masse, mais au ton dégagé. Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, le premier quart d'heure revient sur les "faits d'armes" de ce trublion du petit écran, relégué aujourd'hui dans les rares salles obscures qui passent ses films.

   Il est toujours question de la dénonciation des connivences entre monde politique, milieux économiques et media, ici à travers l'exemple initial de la privatisation de TF1, en 1987. Carles s'appuie sur des images souvent inédites (en tout cas pour moi), notamment celles montrant la préparation de l'audition des représentants du groupe Bouygues. On voit le rôle joué par Bernard Tapie (déjà !) qui, soit dit en passant, est vraiment excellent, le meilleur de la bande, qui n'est pas très fringante à l'oral.

   De là, Pierre Carles essaie de rebondir et de rencontrer les acteurs de l'époque, plus de 20 ans après. Le problème est qu'il est désormais très connu. Du coup, beaucoup refusent de le rencontrer (Tapie finit par être très franc au téléphone), l'esquivent (comme Jacques Chancel, excellent fil rouge de la dégonfle), ou se préparent : on sent bien que Jean-Marie Cavada a anticipé son entrevue. Le réalisateur en vient même à se grimer (légèrement) et se présente sous l'identité vaguement travestie de Carlos Pedro (et non Carlo Pierro, comme il est écrit dans la critique parue dans Le Monde) pour pouvoir accéder à certains personnages.

   Du coup, le film peut paraître moins réussi que l'excellent Pas vu, pas pris. A l'époque, Carles faisait merveille en faux ingénu, une sorte de Socrate contemporain, qui finissait par mettre ses interlocuteurs face à leurs contradictions, leurs lâchetés.

   On n'est plus dans le cadre de l'opposition David contre Goliath. Pierre Carles est devenu quelqu'un avec qui compter dans le monde des media, même s'il n'a pas obtenu la reconnaissance officielle. Et puis... ses adversaires ont vieilli. (Carles aussi : il est désormais grisonnant !) Le réalisateur, encore dans la force de l'âge, est en position de force face à Etienne Mougeotte voire Michèle Cotta, qu'il décide d'épargner. A un moment, il se demande même dans quelle mesure il n'a pas été récupéré par le système. (Peut-être aurait-il fallu enquêter davantage, préparer encore plus les entretiens.)

   Fort heureusement, Pierre Carles a du recul et le sens de l'humour. Le film est donc fortement imprégné d'autodérision. On rit beaucoup, souvent aux dépens du réalisateur, aussi aux dépens de ses victimes. Celles-ci sont cependant très habiles. En 2009, il est difficile de piéger les vedettes de l'information... et certaines d'entre elles, telle Elise Lucet, assument d'avoir les ailes rognées. Contrairement à Pierre Carles, elles ont accepté de faire des concessions, pour travailler pour le petit écran.

   Le constat final est donc désabusé : l'activisme n'a pas payé, puisque les menteurs et les fraudeurs (ou leurs successeurs) sont toujours en place et que l'information de masse semble verrouillée par les puissants, avec certaines soupapes de sûreté toutefois. On pourrait être moins pessimiste, juger qu'on ne nous montre que ce qui va dans le sens du propos initial et estimer que, d'après les sources sur lesquelles s'appuie Pierre Carles, il existe en France de nombreux journalistes qui font du bon travail, même s'ils ne sont pas les plus connus.

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mardi, 26 octobre 2010

Des Hommes et des Dieux

   C'est seulement un mois après sa sortie que ce film est arrivé à Rodez... et je ne vous raconte pas la queue qu'il fallait faire pour le voir dès son arrivée ! Il fait recette auprès du troisième âge, notamment des croyants peu habitués aux salles de cinéma. Cela m'a un peu rappelé l'ambiance autour du Grand Silence (joli film, soit dit en passant).

   Les deux "fils rouges" de l'action sont les travaux quotidiens des moines et les relations entretenues avec les villageois algériens (musulmans). Dans ce dernier cas, c'est le médecin du groupe (interprété par l'inénarrable Michael Lonsdale) qui joue le plus grand rôle, devenant même, parfois, conseiller sentimental. Les autres donnent aussi des coups de mains, dans d'autres domaines. Chacun accepte la foi de l'autre. Bref, s'il n'y avait pas eu la période coloniale, on pourrait parler d'idylle franco-algérienne.

   Les acteurs sont épatants, ceux qui incarnent les moines comme ceux qui jouent les villageois... sans oublier ceux qui interprètent les terroristes du GIA. A ce sujet, Xavier beauvois laisse la porte ouverte à toutes les interprétations concernant la mort des moines.

   Le succès rencontré par ce film est ambigu. D'un côté, on pourrait penser que son oecuménisme a plu dans cette période d'affrontement des cultures. D'un autre côté, il est possible que certains spectateurs se sentent, aujourd'hui en France, dans la position des moines de Tibéhirine de l'époque, assiégés. L'islam peut être perçu comme une menace. En tout cas, il est mal connu. Plus largement, l'évocation de la foi sincère de ces vieux chrétiens a suscité l'intérêt.

   Le film semble vouloir montrer qu'ils ne cherchaient pas la mort (sauf peut-être un ou deux). Ils ont perçu comme étant leur mission de maintenir les liens avec les villageois algériens et d'exercer la charité. En cela, ils donné un témoignage de leur foi. C'est le sens originel du mot "martyre".

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jeudi, 21 octobre 2010

Elle s'appelait Sarah

   ... "Elle n'avait pas huit ans / Sa vie c'était douceur, rêves et nuages blancs / Mais d'autres gens en avaient décidé autrement"..." Oui, comme vous sans doute, le titre de ce film a évoqué pour moi ces paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman, Comme toi.

   Je ne sais pas si c'est voulu mais, dans la chanson comme dans le film (tiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay), il est question d'une petite fille juive victime de la déportation pendant la Seconde guerre mondiale.

   Cependant, le film, assez habilement, entrecroise deux histoires, celle d'un couple contemporain, en crise (aucun des deux n'étant juif) et celle d'une famille arrêtée lors de la rafle du Vel d'Hiv'. Le début rappelle d'ailleurs certaines scènes de cet autre film, sorti l'an passé, La Rafle. La parenté est très forte quand l'action se déroule à l'intérieur du vélodrome et quand il est question de l'attitude des policiers et gendarmes français.

   Toutefois, ce film est à mon avis supérieur sur le plan cinématographique, ne serait-ce que par les choix de mise en scène du réalisateur. Une partie est montrée au niveau du regard des enfants. Certains plans, notamment ceux filmés du dessus, ont une charge émotionnelle assez forte.

   L'intrigue se noue autour d'un appartement, propriété de la belle-famille de l'héroïne (incarnée à merveille par Kristin Scott-Thomas, vraiment épatante d'engagement, de trouble et de sensibilité). On finit par comprendre que ce logement a été acquis en août 1942... Julia a-t-elle raison de soupçonner le pire ? Qu'est-il arrivé au petit frère qui avait été caché dans le placard de la chambre ? Sarah a-t-elle survécu ? L'enquête à la fois professionnelle et personnelle de la journaliste franco-américaine réserve bien des surprises...

   Même si l'on peut regretter quelques facilités (et une fin que l'on voit venir à 10 kilomètres), l'ensemble est prenant, bien fichu et, franchement, j'ai été plusieurs fois très émouvé.

18:20 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

samedi, 16 octobre 2010

Cleveland contre Wall Street

   Quand on habite l'Aveyron, il faut vraiment être particulièrement motivé pour voir ce film, sorti à la fin du mois d'août, et auquel je n'ai pu avoir accès (en salle) que tout récemment.

   Les gérants de salles ont été frileux et pourtant, il traite d'un sujet qui a fait les gros titres en 2008-2009 : la crise des subprimes. L'un des intérêts du film est d'ailleurs de fournir au spectateur un peu perdu des éléments clairs de compréhension du problème, venant de partisans comme d'adversaires de ce procédé financier.

   La construction du film est expliquée en introduction. (On peut trouver des informations plus détaillées sur le site du film, dans un entretien réalisé avec le metteur en scène, Jean-Stéphane Bron.) A la base, il y a la colère de victimes des expropriations (souvent noires) et de leurs voisins, à Cleveland, dans l'Ohio. Une association s'est montée et un avocat s'en est approché. La municipalité de Cleveland, dont les finances souffrent particulièrement en raison de cette crise, décide de prendre le taureau par les cornes. L'idée naît de poursuivre en justice les banques qui ont poussé à la signature de ces emprunts aux taux confiscatoires puis mis en œuvre leur titrisation. C'est donc une nouvelle version du pot de terre contre le pot de fer, ou de David contre Goliath.

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   Le problème est que le procès ne vient pas. Les banques font tout ce qu'elles peuvent pour empêcher sa tenue. Du coup, le réalisateur pense à tourner ce procès de manière fictive, en demandant aux protagonistes de jouer leur propre rôle. Pour les victimes, cela semblait facile. Mais il a fallu aussi dégotter un juge, un avocat pour les parties civiles, un pour la défense des banques... et désigner huit jurés.

   Le résultat est vraiment intéressant. Dans la première partie du film, on entend les témoignages de victimes et celui d'un shérif, qui procédait aux expulsions. C'est évidemment émouvant, d'autant plus que le réalisateur a eu l'intelligence d'alterner les scènes de tribunal avec des moments capturés en dehors, dans les couloirs, dans les rues de la ville voire dans les maisons. On assiste même à la vente aux enchères de la demeure de l'un des témoins.

   La manière dont le déroulement du procès est rendu est efficace. On nous propose l'interrogatoire puis le contre-interrogatoire des témoins, principalement ceux des parties civiles (les victimes des expulsions). Je pense aussi que le réalisateur a choisi de valoriser ce que chacun avait dit. On ne voit donc pas tout ce qui a été tourné, mais plutôt les meilleurs moments.

   Il faut aussi reconnaître à Jean-Stéphane Bron un réel souci d'impartialité : l'avocat des banques n'est pas dénigré... et en plus il est très bon !

   Je distingue trois moments particulièrement forts dans ce film. Le premier se place quand vient témoigner à la barre un gérant d'immeubles, ancien courtier... et même ancien dealer (activité dont il reconnaît qu'elle l'a bien aidé dans son métier suivant !). C'est le personnage qui a été choisi pour figurer sur l'affiche. Il s'appelle Keith Taylor et je trouve qu'il a su expliquer simplement le déroulement au quotidien de cette grosse arnaque.

   Le deuxième moment fort intervient lorsque témoigne un informaticien, concepteur du logiciel qui a servi aux banques à monter ce qu'il faut bien appeler leur escroquerie. C'est d'autant plus intéressant que le type n'est pas un rebelle, qu'il croit encore dans le système, mais qu'il l'estime dévoyé.

   Enfin, on dégustera la séquence qui voit venir à la barre un ancien conseiller de Ronald Reagan, un néolibéral pur sucre. Son contre-interrogatoire n'est pas mené par l'avocat officiel des parties civiles (que, de manière générale, je n'ai pas trouvé très bon) mais par une prof de Droit qui réussit le tour de force de tirer les vers du nez à ce vieux briscard... qui ne s'en rend pas compte !

   Restent la délibération du jury et le verdict. Dans un film de procès, je m'amuse toujours à estimer, dès le départ, quelle pourra être la position des jurés. Évidemment, c'est extrêmement subjectif, surtout qu'au début on ne connaît rien d'eux, si ce n'est leur apparence. Hé bien, c'est terrible à dire, mais, à la fin, j'ai retrouvé la grille de séparation du départ. Sachez que le verdict s'est joué à une voix près et que tous ont d'excellents motifs pour justifier leur vote.

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mercredi, 06 octobre 2010

Piranha 3D

   De temps à autre, il est bon de rompre avec la monotonie du tout-venant commercial et de se tourner vers des oeuvres plus ambitieuses, quasi philosophiques, à même de répondre à nos questionnements existentiels... Naaaan, je décooooonnne !

   Ce petit bijou de mauvais goût fonctionne selon un principe simple. En première partie, on nous montre avec délectation (et pas forcément de recul, c'est l'ambiguïté de ce genre de production, qui se complait dans ce qu'elle prétend dénoncer) des jeunes (aucun obèse, faut pas déconner non plus) assez insupportables : ils sont cons, ils se croient super beaux, ils se la pètent grave. Ami djeunse hétérosexuel, cette séquence est pour toi, puisqu'elle est illustrée par de nombreuses poitrines proéminentes... et pas forcément naturelles. (Le jour où tu veux regarder ce film, pense à envoyer ta copine voir le dernier Twilight.)

   Cette première partie n'est pas techniquement irréprochable. Dans certaines scènes, on sent le manque de naturel de ces danseurs, censés être en plein délire. Les clichés que l'on retrouve ne sont pas forcément pris au second degré (c'est variable).

   La deuxième partie est la plus gore, avec les piranhas qui se déchaînent. On en a eu un aperçu en introduction, avec Richard Dreyfus en victime expiatrice (petit clin d'oeil aux Dents de la mer). Mais la dernière demi-heure voit le sang gicler abondamment, les membres disloqués, les corps mâchouillés. J'aime tout particulièrement le moment qui voit deux gars tenter de sortir de l'eau une fille attaquée par les bestioles... et dont le corps se rompt en deux ! Pas mal aussi le coup du réalisateur porno (obsédé par les nichons jusqu'à son dernier souffle...) qui se fait bouffer la bite !

   Le réalisateur, le Frenchie Alexandre Aja (déjà remarqué pour La Colline a des yeux et Mirrors), a truffé son film d'allusions à des classiques, comme Les Dents de la mer, Alien (dans la séquence dans la grotte sous-marine notamment), Brain Dead (l'officier de police noir qui "fait le ménage" à coups d'hélice de hors-bord n'est pas sans rappeler la fin "à la tondeuse à gazon" du chef-d'oeuvre de Peter Jackson)... et même Titanic ! (Le podium sur lequel se déroule le concours minable de T-shirts mouillés s'effondre un peu à la manière de l'arrière du célèbre bateau dans le film de James Cameron.)

   On reste aussi dans les codes du genre. La catastrophe ou le monstre a une fonction immanente : punir les pécheurs, les vilains, les désobéissants... et révéler à eux-mêmes les héros. Cela ne mange pas de pain et contribue à rendre Piranha tout à fait recommandable.

   PS

   On nous prépare une suite !

10:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

dimanche, 03 octobre 2010

Le Bruit des glaçons

   Dans ce film de Bertrand Blier, les glaçons sont une sorte de fil rouge. Présents dans le seau où trempe en permanence une bouteille de vin blanc, ils accompagnent le héros cancéreux (Jean Dujardin, en pleine forme, si j'ose dire) dans presque tous les actes de la vie quotidienne. Le bruit qu'ils font est aussi, je pense, une allusion au mouvement de la vie... jusqu'à la toute fin, que je ne révèlerai pas.

   La grande originalité du film est d'incarner le cancer, en la personne d'Albert Dupontel (et de quelqu'un d'autre...), parfait dans le rôle. Les dialogues qui ont été écrits pour ce personnage sont particulièrement savoureux. On retrouve le Blier des Valseuses notamment. C'est donc un film parfois très cru, éventuellement provocateur, sur un sujet sensible.

   On sent néanmoins que le réalisateur a eu du mal à tenir le rythme, qui fait alterner moments "calmes", entre tendresse et ironie, et vagues de tempête, parfois très violentes, souvent très drôles. Certaines scènes semblent trop longues, même si l'on a visiblement coupé au montage. Paradoxalement, ce film de moins d'1h25 (en durée effective) peut paraître parfois long... et parfois trépidant.

   Les acteurs sont tous bons. Outre les deux mastodontes, on doit noter les prestations d'Anne Alvaro et Myriam Boyer, dans des rôles très différents.

   Sur le site internet, en plus des extraits, on peut accéder à un making of pas extraordinaire, mais sympa. (j'adore la séquence des gifles !)

14:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film

jeudi, 30 septembre 2010

Soldat de papier

   Ce film russe a pour objectif de montrer les dernières semaines précédant l'exploit de Youri Gagarine, en 1961... du point de vue de l'un des médecins de l'équipe de cosmonautes. L'action se déroule sur deux sites : Moscou et la région de Baïkonour, au Kazakhstan (situé en U.R.S.S., à l'époque), où se construit le cosmodrome.

   Le problème est qu'à trop vouloir faire preuve d'originalité, le réalisateur n'aboutit qu'à rater son sujet et susciter l'ennui. La première cause en est ce personnage principal, enfant narcissique qui a mal grandi, objet de vénération mais finalement creux... et qu'est-ce qu'il cause ! Il nous assène des tirades de banalités pseudo-philosophiques dont on se contrefiche !

   Les deux héroïnes sont mieux campées. Il y a l'épouse officielle, la citadine, l'éduquée, la sophistiquée et l'autre, la maîtresse de province, plus rustre (mais tout aussi jolie).

   Du point de vue de la mise en scène, le film souffre d'un gros défaut : la volonté d'introduire le plus possible d'éléments saugrenus dans une trame en apparence limpide. Cela ne tient pas la route, cela fait "faux", fabriqué (mal). Du coup, l'histoire perd beaucoup de sa force.

   C'est en plus assez maniéré, avec des incohérences, comme ce héros qui, retrouvé après une nuit d'errance, est rasé de près, avec des vêtements quasiment impeccables, malgré la boue provoquée par la débâcle...

   Il reste quelques (trop rares) moments de vrai cinéma (en particulier quand les personnages principaux ferment leur gueule), comme cette promenade à bicyclette sur la terre gorgée d'eau.

19:25 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mercredi, 29 septembre 2010

La Rivière Tumen

   Le titre fait référence à un cours d'eau, un fleuve en réalité (bravo au  traducteur qui a sans doute mal interprété le mot "river"...), qui sert de frontière entre la Chine, la Corée (du Nord) et la Russie :

 

Corée_du_nord carte.gif

   Ici, il est question de la partie du fleuve séparant la Corée du Nord de la Chine. L'action se déroule l'hiver, quand le cours d'eau est gelé. Des centaines de Nord-Coréens tentent de franchir cette frontière : la Chine est pour eux un Eldorado, moins dur politiquement que leur pays natal... et surtout plus prospère.

   Plusieurs éléments placés dans le cadre sont là pour nous rappeler cette différence : dans ce village chinois loin de tout, les familles ont le téléphone (fixe), la télévision et les enfants sont plutôt bien vêtus. Ceci dit, cette relative aisance est principalement due à l'argent gagné par les adultes qui sont partis travailler en ville, en Chine mais surtout à l'étranger (ici en Corée du Sud). Parfois, un peu de trafic vient mettre du beurre dans les épinards...

   Une forme de solidarité se met en place : certains villageois acceptent d'aider les "voisins" coréens, qui font pitié. Mais, ici comme ailleurs, l'arrivée de ce flot de migrants provoque des tensions.

   La mise en scène est simple d'apparence. Le réalisateur semble apprécier les plans fixes, parfois agrémentés d'un panoramique. Tout est donc dans la composition des plans, ce qu'on y montre, ce qu'on n'y montre pas. Ainsi, alors que la caméra est centrée sur la soeur du héros (muette depuis la mort de son père), l'apparition, discrète, dans un coin, d'un petit nuage caractéristique nous apprend que le grand-père est dans la pièce d'à côté, en train de fumer sa clope. De la même manière, on comprend ce qui s'est passé dehors, à la sortie de l'épicerie locale, quand on regarde, dans la scène suivante, le bras de l'un des protagonistes... et l'attitude des autres personnages envers lui.

   Bref, beaucoup de choses sont dites par les images. Elles sont d'ailleurs parfois superbes, avec ces paysages enneigés, gelés. Les dialogues sont là plutôt pour faire émerger une tension ou la résoudre. Les moments forts sont souvent placés au niveau des repas, très ritualisés. C'est fou comme ce coin de Chine m'a fait penser au Japon (et le réalisateur s'est à mon avis inspiré du cinéaste nippon Ozu).

   Le film vaut le déplacement pour le tableau qu'il propose de la vie villageoise (jusqu'au traditionnel cocufiage...) et la description des relations compliquées qui se nouent avec les migrants. Les jeunes garçons, au moins, ont le football pour sympathiser... d'autant que l'un des Coréens est un as du dribble !

   Le rythme général n'est pas trépidant, mais j'avoue que j'ai été emballé !

19:39 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

vendredi, 24 septembre 2010

Hors-la-loi

   Voilà donc enfin sur les écrans le film de Rachid Bouchareb (déjà remarqué pour Indigènes... mais je vous conseille surtout Little Sénégal) qui a tant suscité la polémique.

   Attention toutefois. Si l'Histoire imprègne fortement l'intrigue, ce film est d'abord un mélange de polar et de film de gangsters. Il est encadré par deux événements forts : les événements de Sétif et de Guelma (du 8 mai 1945) et la manifestation d'octobre 1961 en France métropolitaine.

   Entre les deux, l'action se déroule donc principalement en Europe, surtout dans l'agglomération parisienne, avec notamment la reconstitution du bidonville de Nanterre, l'une des grandes réussites du film.

   Les trois acteurs principaux, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Jamel Debbouze, sont bons, même si je pense que le dernier en fait un peu trop. L'évolution de leurs rapports est passionnante à suivre. Au niveau des acteurs "secondaires", on notera la bonne performance de Bernard Blancan (déjà à l'affiche d'Indigènes... son journal mérite le détour). J'ai été moins convaincu par les autres. Les dialogues (pour ce que j'en ai pu juger : les trois quarts du film sont joués en arabe) m'ont paru plus factices et la direction d'acteur a quelque peu péché.

   Si l'on ajoute à cela quelques erreurs factuelles (relevées notamment par une agence de presse qui se dit "indépendante"... comprenez "de droite", les gars), le bilan est partagé. Si vous allez voir ce film pour suivre une aventure de famille, dans un contexte troublé, parfois hyperviolent, en gros, vous en aurez pour votre argent (même s'il y aurait des choses à revoir sur les scènes d'action, le maniement des armes et les "bastons").

   Cependant, comparé à Indigènes, Hors-la-loi est sans doute moins réussi sur le plan "civique", même si l'action du F.L.N. est décrite avec nuance. Ce film a tout de même le mérite d'exister.

    Sur le site officiel, on peut télécharger le dossier de presse.

jeudi, 02 septembre 2010

Millénium 3...

   ... La Reine dans le palais des courants d'air, comme le dit le sous-titre, que je trouve moins pertinent que ceux des premier et deuxième volets (Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes et La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette).

   Si Lisbeth Salander est toujours au centre de l'intrigue, elle agit à distance, puisqu'elle passe une bonne partie du film sur un lit d'hôpital et la majorité du reste en prison. Mais les technologies de la communication permettent de transcender bien des blessures...

   Du coup, les journalistes de la revue Millénium occupent le devant de la scène, pour le meilleur et le moins bon : c'est parfois très intéressant (quand ils enquêtent), souvent banal, l'univers des journalistes ayant déjà fait l'objet de maintes représentations cinématographiques. Les auteurs n'ont pas voulu en faire des héros invincibles courant sur la voie royale du succès assuré. Seul Mikael Blomkvist fait figure de superman de l'investigation, avec des burnes d'éléphant.

   Des coups de projecteurs sont mis sur les adversaires, ces comploteurs insérés dans l'appareil étatique. Ils sont devenus bien vieux et ces intrigants papys ont de plus en plus de mal à étouffer l'affaire.

   C'est dans ce domaine que le film se démarque des précédents. Le gouvernement suédois se décide à réagir et la justice est mise à l'honneur, dans la préparation et la tenue d'un procès qui peut aussi bien déboucher sur la mise hors d'état de nuire de Lisbeth que sur la fin du complot. Cet aspect de l'histoire a dû séduire Hollywood, qui prépare une nouvelle version de la trilogie, avec Daniel Craig dans le rôle du journaliste (je crains le pire...) et une certaine Rooney Mara dans celui de Lisbeth. Je ne connais pas cette actrice, mais je pense qu'elle aura beaucoup de mal à faire oublier l'excellente Noomi Rapace.

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samedi, 14 août 2010

Comme chiens et chats 2...

   ... La Revanche de Kitty Galore. Le sous-titre, comme une bonne partie du film, sont des allusions à James Bond (le générique de début est interprété par une certaine Shirley Basset... Goldfinger n'est pas loin). Les spectateurs attentifs découvriront, ici ou là, des références à d'autres films, comme Terminator, Les Dents de la mer 2, Le Silence des agneaux, King Kong, Le Seigneur des anneaux (la vilaine, Kitty Galore, une chatte sans poils de race Sphynx, n'est pas sans évoquer le personnage de Gollum)...

   C'est donc un vrai film, avec des acteurs humains qui incarnent en général de fieffés crétins, manipulés par les animaux. Ceux-ci ont été soumis à un dressage intense et sont parfois remplacés par un clone numérique. Je pense aussi que, sur certaines images, au véritable animal on a ajouté (notamment au niveau de la gueule) une modification artificielle. C'est bien fichu.

   C'est un film d'action, enlevé, pas sanguinolent... et surtout drôle. Le berger allemand Diggs est un gaffeur de première, mais un chien d'action. L'une des premières séquences le voit provoquer une explosion qui le projette vers la caméra... gros plan désopilant à la clé !

   Les chiens du D.O.G. s'allient aux chats du M.I.A.O.U. pour contrer l'odieuse Kitty Galore. Cela nous vaut deux très belles entrées : celle d'une chatte Bleu russe (plutôt qu'un chartreux) dans le Q.G. des clébards espions et, un peu plus tard, celle de Diggs (avec difficultés...) au Q.G. du M.I.A.O.U., alerte générale à la clé.

   J'ai aussi beaucoup aimé la séquence chez la vieille dame, avec boules de poils fumeurs de joints (très cooool) et tentative de meurtre à l'aide de litière !

   En gros, j'ai bien rigolé, je ne me suis pas ennuyé. Les petits peuvent suivre l'histoire de base et les grands s'amuser à décrypter les références et savourer le second degré.

   P.S.

   Un bémol : le faux bétisier de la fin. Si j'ai ri de bon coeur à ces scènes tantôt câlines tantôt violentes, entre chiens et chats, je n'ai pas du tout apprécié les autres, qui montrent nos amis à quatre pattes déguisés, sans doutes par des vidéastes amateurs (du genre des abrutis qui envoyaient leurs "productions" à Vidéo Gag).

   P.S. II

   N'arrivez pas en retard, sous peine de rater un court-métrage savoureux : une aventure de Bip Bip et le coyote !

 

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samedi, 07 août 2010

Inception

   ... c'est-à-dire "début" ou "commencement", en bon français. (L'étymologie est la même que pour le mot incipit... le genre d'anecdote qu'il est bon de sortir au cours d'un dîner, quand on veut impressionner favorablement la brune pulpeuse qui a bien rigolé quand on a ironisé devant elle sur les tongs ridicules du maître de maison...) Je n'ai rien contre les titres originaux, dont le maintien peut parfois se justifier, mais là, j'ai l'impression qu'on a surtout voulu faire des économies de matériel publicitaire.

   Du coup, pour le spectateur français de base non anglophone, le titre est assez mystérieux, ce qui, vu le calibre du réalisateur, peut être un argument en sa faveur. Les producteurs comptent sans doute sur la distribution (internationale et de qualité) pour attirer le public en masse.

   Personnellement, j'aurais bien transformé le titre en "Intrusion" ou "Extrusion", vu les pratiques des héros, qui s'introduisent dans les cerveaux pour y dérober des secrets. Cela n'aurait pas rendu compte de l'intention qui a sans doute présidé au choix du titre original : les cambrioleurs de l'esprit sont chargés d'implanter un début d'idée dans l'inconscient d'un rival de leur employeur.

   On a voulu concilier deux styles dans ce film, le côté cérébral, propre aux réalisations de Christopher Nolan (voir l'excellent Memento) et le grand spectacle, le clinquant dans lequel il s'est aussi précédemment illustré. Le scénario est donc assez complexe, avec des emboîtements de rêves dont on nous donne un bon exemple au tout début.

   L'un des attraits du film est de chercher à savoir quand le personnage principal rêve et quand il est dans la réalité. Ce n'est pas nouveau nouveau et Di Caprio a été vu récemment dans un film qui joue sur ce genre de subjectivité, Shutter Island.

   Bref, c'est bien fichu, quelques séquences étant particulièrement impressionnantes, notamment celle qui se déroule à Paris, au cours de laquelle la nouvelle assistante du héros (incarnée par Ellen Page) découvre les possibilités de l'outil onirique auquel elle va participer.

   Elle est d'ailleurs le véritable premier personnage féminin de l'intrigue, celui interprété par Marion Cotillard étant assez stéréotypé.

   La fin m'a un peu déçu et à quelques occasions, il me semble qu'il manque un raccord. On a sans doute pratiqué des coupures (et c'est parti pour les bonus DVD !). Mais c'est mineur par rapport à l'ensemble, chouette à voir, surtout dans une grande salle.

16:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

jeudi, 05 août 2010

Shrek 4

   ... sous-titré, en français, "Il était une fin", une jolie trouvaille (meilleure en tout cas que le "Shrek forever after" de la version originale).

   Le lieu commun qui circule, à propos de la série, est que les deux premiers films sont géniaux, le troisième raté et le quatrième entre les deux. Si l'inventivité était en effet plus grande dans les deux premiers films, le troisième ne leur est pas si inférieur qu'on l'a dit, à mon avis.

   Le quatrième est assez enlevé. Je l'ai vu en version française, ce qui m'a permis de profiter des trouvailles de traduction : l'âne du second monde chante du Renaud (Dès que le vent soufflera) et du Florent Pagny (Ma Liberté de penser). Je me demande si, dans la version originale, les chansons choisies véhiculent les mêmes sous-entendus : le roulis d'un bateau pour le tangage de la roulotte où se trouve Shrek (pour le titre de Renaud) et l'affirmation hors-sujet d'une fausse liberté (pour celui de Pagny).

   L'âne, dont la voix est toujours celle du comédien qui double Eddy Murphy, me ravit, tout comme le Chat Potté (pottelé désormais), qui a beaucoup changé mais qui, rassurez vous, nous gratifie, dans la deuxième moitié du film, de son célèbre regard apitoyant.

   Les enfants sont très bien, que ce soient les bébés-dragons (que l'on voit peu) ou les petits ogres, qui nous offrent un festival de rots et de pets, à l'occasion d'une des premières séquences, caricaturant la vie de famille dans tout ce qu'elle a de plus frustrant.

   Le nouveau monde dans lequel atterrit Shrek est passionnant, avec cette troupe d'ogres résistants à la tête de laquelle se trouve une Fiona très énergique. La nouvelle rencontre des héros mérite le détour. Les méchants sont aussi très réussis, avec le fourbe Tracassin et surtout une armée de sorcières que l'on surprend, au début, en pleine soirée techno !

   Reste une petite déception : la "disneïsation" du scénario. La vie (pourrie) de famille qu'a quittée Shrek est son horizon indépassable. On aurait pu finir le film autrement, le couple qu'il forme avec l'autre Fiona étant pour moi plus attrayant. Ceci dit, on passe quand même un agréable moment.

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lundi, 19 juillet 2010

Toy story 3

   ... en 3D, comme on dit. Le film est d'ailleurs précédé d'un court-métrage pédagogique, montrant comment se servir des lunettes (et même comment les nettoyer... le matos est fourni à l'entrée)... et ce qu'il ne faut pas faire (se barrer avec à la fin de la séance). On a aussi droit à une petite démonstration d'effet de relief.

   De ce point de vue (technique), le film n'est pas une grande réussite. Les lunettes sont d'un faible intérêt. Le seul problème est que, si on les enlève, ce que l'on voit à l'écran n'est pas toujours joli (il vaut mieux payer le prix d'une séance normale et aller voir la version 2D), alors que, dans Avatar, on pouvait regarder sans lunettes certaines séquences d'où la 3D était absente).

   On retrouve néanmoins avec plaisir les héros des précédents films : Woody, Buzz l'éclair, la cow-girl et tous les personnages secondaires, hauts en couleurs. La grande habileté de l'animation est de faire cohabiter les jouets et les humains. Les premiers restent inanimés lorsque les seconds les manipulent (à l'exception de la séquence initiale, qui est à part dans le film). Mais, dès qu'ils ont le dos tourné, les jouets reprennent leur vie propre. Certaines scènes, notamment dans les salles de la garderie, sont époustouflantes, tant la chorégraphie des mouvements est complexe... et réussie.

   Évidemment, c'est truffé de références à des longs métrages, des westerns, des films d'action, de science-fiction ou d'épouvante. Cela finit par devenir un peu lassant.

   Il y a une pincée de politique dans le fond. Woody (le cow-boy) s'oppose au reste de la troupe : il a une conception individualiste de la fonction du jouet, alors que ses camarades seraient plus collectivistes. Il faut dire qu'au départ, il est le seul jouet qu'Andy emporterait à la fac, les autres étant voués au grenier (dans le meilleur des cas). Comme dans La Ferme des animaux (l'excellent roman de George Orwell), le désir de justice sociale pousse la masse à soutenir une organisation collective qui s'avère être un piège, une dictature. Le film réconcilie toutefois individualisme et aspiration de groupe par l'amitié. (C'est très hollywoodien, ça.)

   Le ton est aussi différent de ce que l'on trouve dans beaucoup d'animations. Si l'on rit parfois, le but n'est pas de faire hurler de joie les spectateurs. C'est souvent mélancolique. Ah, qu'il est loin le bon vieux temps où les enfants s'amusaient avec seulement quelques figurines ! Si l'on est sensible à ce genre d'argumentation, on trouvera le film génial, sinon, parfois, on s'ennuiera un peu.

  C'est aussi, de la part des créateurs, un hommage à leur enfance. Ces histoires qu'ils ont créées dans leurs têtes, avec ces personnages inanimés auxquels leurs esprits ont donné vie, leur ont peut-être permis de devenir ce qu'ils sont aujourd'hui : des créatifs au service du divertissement de masse.

12:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mardi, 13 juillet 2010

Robin des Bois

   Ridley Scott revisite la légende du "prince des voleurs", avec une brochette de vedettes. On peut reconnaître, jusque dans les seconds rôles et les figurants, des visages aperçus dans d'autres films du même réalisateur, notamment l'éblouissant Kingdom of Heaven.

   Robin des Bois se déroule d'ailleurs à peu près à la même époque. Il pourrait en être une suite. (Il y a une allusion évidente dans la séquence du début, avec Richard Cœur de Lion.) Je me demande d'ailleurs si ce film n'est pas une commande, pour laquelle on tente de réutiliser les ficelles du film de croisade... mais pour en faire une grosse machine à cash.

   Ce n'est qu'à moitié convaincant. Si c'est en général assez bien joué, le scénario ne m'a pas emballé. La légende traditionnelle a été déformée pour servir un propos idéologique. Loin de s'attaquer aux riches pour donner aux pauvres, le héros pense d'abord à sa pomme... et à la délicieuse Marianne (Cate Blanchett, seule véritable lumière dans ce film, dont l'interprétation rappelle un peu, si on laisse l'âge de côté, celle d'Uma Thurman dans la version du mythe réalisée en 1991 par John Irvin.) 

  On en fait aussi un patriote anglais, toutes les mauvaisetés venant des horribles Français, ou des Anglais passés sous leur coupe. Même si les deux "nations" (plutôt leurs noblesses respectives) sont rivales à l'époque, il me semble que le déroulement du règne de Jean Sans terre est "tordu" pour coller aux idées des scénaristes (un peu comme dans Master and commander, où le rival américain de l'histoire est devenu français dans la version filmée).

   C'est donc un film manichéen, parfois inspiré, mais assez énervant. Au contraire de bien des acteurs, Russel Crowe semble s'ennuyer ferme (et peut-être regretter le régime et les séances de muscu qu'il a dû endurer pour "entrer" dans le rôle...).

13:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinema, cinéma

vendredi, 09 juillet 2010

Bébés

   C'est produit par Studiocanal, sur une idée d'Alain Chabat. Quatre enfants sont suivis, deux dans des familles aisées de pays développés (au Japon et aux Etats-Unis), deux dans des pays en développement (en Mongolie et, pour les plus pauvres, en Namibie). Cela s'inspire un peu du film Le premier cri, autre documentaire "natalitaire".

   La grande différence est qu'alors que le précédent film s'achevait avec la naissance, celle-ci sert de point de départ à Bébés. Une courte séquence nous ramène toutefois un peu en arrière. Ensuite, on suit l'évolution comparée des quatre bambins, dans leurs familles respectives, dans leurs environnements respectifs. On a l'émoi de la naissance, la fragilité des premiers jours. Ils sont tous trognons. Mais, au bout de quelques semaines, les cheveux ont poussé, les traits de sont affirmés et ils sont nettement moins jolis, surtout qu'on ne nous cache rien de leur quotidien (le Mongol urine sur le dos, à l'aise dans la yourte et le Namibien chie sans complexe sur la cuisse de sa mère). Certains deviennent très capricieux.

   Les contextes familiaux sont différents : en Mongolie et en Namibie, il faut vite affronter les frères et soeurs, parfois très jaloux, alors qu'au Japon et aux Etats-Unis, on a affaire à des enfants uniques. Le film se veut aussi engagé : il confronte le luxe de protections dont bénéficient les enfants américain et japonais (avec de bien jolies chambres et une foultitude de jouets) à la précarité de la situation de l'Africain et du Mongol (un moment à la merci d'un coq audacieux). Il est évident qu'ils ne démarrent pas leurs vies avec les mêmes chances de s'y épanouir.

   Dans chaque pays, l'enfance est proche du monde animal. Trois fois sur quatre, les chats sont les compagnons privilégiés des gamins. En Mongolie, le frère aîné fait souffrir ce pauvre sac à puces, alors qu'aux Etats-Unis, le matou est mieux traité, mais pas très joueur ; au Japon, s'il fait montre d'une certaine jalousie au départ, il accepte vite la nouvelle arrivante. En Namibie par contre, seul un chien maigrichon accompagne les enfants.

   Dans chaque pays encore, on remarque la sexualisation des tâches : aux mères la gestion de la marmaille (les pères donnent un coup de main aux Etats-Unis et au Japon, mais l'on sent bien que ce n'est pas trop leur kif). Les papas, assez peu présents finalement, sont dans une fonction de pourvoyeur de biens pour la famille.

   On peut donc voir ce court film (1h15) de plusieurs manières : comme un document anecdotique, souvent drôle ou comme une tentative de sociologie comparative, inaboutie à mon avis.

   Il aurait été beaucoup plus audacieux de choisir des enfants de familles namibiennes et mongoles aisées (encore que cette dernière ne soit pas miséreuse) et, au contraire, de sélectionner des rejetons d'Américains et de Japonais pauvres. On pourrait ainsi accuser le film de contribuer à enraciner certains stéréotypes, d'autant plus que les mères ont été à mon avis "castées" : dans des genres très différents, elles sont assez mignonnes, sans être des "canons".

   Mais, dans la torpeur estivale, face à l'avalanche de bouses pour décérébrés qui occupent sans vergogne les écrans, ce petit film est assez rafraîchissant.

21:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

mercredi, 07 juillet 2010

Dirty Diaries

   Du cul ! Du cul ! Du cul ! Mais attention, hein, c'est du cul noble, pas misogyne et c'est du vrai cinéma, pas de la vidéo bâclée pour samedis soirs esseulés, plutôt de l'art et essai revendicatif, parfois bien léché (au propre comme au figuré...). Je préviens les âmes sensibles : les gros plans anatomiques sont légion et, comme dirait un de mes anciens camarades de fac, "on voit vach'ment bien les steaks des dames !"

   Cela commence par une série de masturbations féminines, autofilmées. Première claque. On continue avec "Skin", le meilleur film de l'ensemble selon moi, assez stylisé, très beau, dont un extrait a été mis en ligne pour suce-hiter la curiosité des internautes.

   On continue avec une production qui associe les fruits au sexe... et à l'anus.  Faut aimer. Je pense qu'il y a une réelle volonté de choquer dans ce court-métrage, non pas par des actes, mais par des associations d'idées. Confirmation après visionnage : un trou du cul, c'est moche (et pas que dans le gouvernement Fillon).

   Ensuite vient une séquence de sexe hétéro classique, genre le retour de soirée qui se termine par une bonne baise. C'est sympa mais, comme "Skin" est passé avant, on voit la faiblesse formelle de cette séquence par rapport à la première.

   "Dildoman" est l'histoire d'un club échangiste, où le seul moyen pour un homme de pénétrer une femme est de se transformer en godemiché humain... C'est présenté sous la forme d'une animation en noir et blanc, les traits étant blancs, un peu comme dans le célèbre programme "la linea", diffusé jadis à la télévision française (un échantillon ici), quand elle se piquait d'inventivité. (Je vous parle d'un temps, que les moins de vingt ans...) Grosse différence toutefois : "la linea" n'avait presque rien de sexuel... mais était beaucoup plus corrosif que ce petit film.

   "Bodycontact" est une utilisation de la pornographie (et d'internet) pour dénoncer la beaufitude... Amusant, mais est-il besoin de "s'investir" autant pour arriver au résultat souhaité ?

   "Red like berry" m'a paru trop intello. A partir de ce moment-là, j'ai trouvé les films plus monotones. Ils sont très souvent une illustration et une défense de l'homosexualité féminine (y a des mecs hétéros pour qui regarder deux lesbiennes en action est "tripant"...). Je sais que cela est inhérent au projet, mais l'accumulation lasse, même si la séquence de baston entre gouines est originale. Ceux qui détestent la police goûteront tout particulièrement "Authority", très sado-maso.

   Fort heureusement pour moi, cette deuxième moitié a été illuminée par "Flasher Girl on Tour", l'histoire d'une exhibitionniste frappadingue qui vient kiffer sa race à Paris. C'est parfois hilarant... mais cette fille est vraiment complètement barrée !

   On termine avec "For the liberation of men", une apologie de la travelo attitude que j'ai peu goûtée. On remarque d'ailleurs qu'il a été peu question d'homosexualité masculine dans cette série, alors que, si elle avait été tournée par un Français, un Britannique ou un Américain, je pense qu'on aurait eu droit à notre lot de sodomies. (Les amateurs doivent se tourner du côté de Shortbus.)

   J'oubliais la musique. Les additionnelles ne m'ont pas paru terribles, mais les principaux morceaux d'accompagnement, signés Fever Ray, sont très sympas.

13:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinema, cinéma

lundi, 05 juillet 2010

Marga

   C'est le prénom d'une Allemande juive, épouse de Siegmund Spiegel (surnommé Menne), un vendeur de chevaux de Westphalie, dans la région de Münster (aujourd'hui dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, frontalier des Pays-Bas et de la Belgique). De 1943 à 1945, des paysans de leur village vont les cacher, les sauvant ainsi de l'extermination, qui a frappé tous les autres juifs de la contrée.

   Ce film montre donc l'exception (moins de 500 "Justes" ont été identifiés en Allemagne, contre plus de 2 500 en France, par exemple), mais une exception dont on a besoin aujourd'hui, l'Allemagne actuelle n'ayant plus rien à voir avec celle d'Hitler. Le film ne fait toutefois pas l'impasse sur l'antisémitisme d'une bonne partie de la population, le poids de la propagande gouvernementale... et la crainte qu'inspirent les forces de l'ordre et les activistes nazis. Plus subtilement, il montre aussi comment le patriotisme légitime des populations est récupéré par la propagande hitlérienne. (Notons cependant qu'il n'a pas suscité un intérêt exceptionnel en Allemagne, où, d'après le JDD, moins de 500 000 spectateurs l'ont vu.)

   C'est surtout un film d'intérieurs. C'est lié à l'enfermement que subissent les membres de cette famille juive mais, à part le père, qui a passé la fin de la guerre cloîtré dans un grenier, les autres ont eu une vie en apparence "normale", à ceci près qu'on les faisait passer pour catholiques. Le fait que l'un des scénaristes soit un metteur en scène de théâtre a dû peser dans les choix opérés... Les scènes de soirée et de nuit sont notamment très réussies.

   Dans deux fermes cohabitent donc juifs et catholiques (certains au courant, certains non), sous la menace des bombardements (on est en 1943, au début de l'histoire, et l'ouest de l'Allemagne subit déjà ce genre de désagréments). Le film joue essentiellement sur les tensions entre les personnages, partagés entre la jalousie et la philanthropie.

   C'est vraiment un beau film, humaniste, fondé sur une histoire vraie. (Il est inspiré des mémoires écrits par la rescapée.) Si l'on peut regretter quelques facilités, l'ensemble est toutefois de bonne facture.

   P.S.

   La vraie Marga est toujours vivante et le passionnant dossier de presse contient un entretien avec elle. On peut le retrouver, avec bien d'autres choses, sur le site internet du film.

   Sur l'opposition allemande au nazisme, on peut voir et revoir Sophie Scholl.