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vendredi, 08 novembre 2024

Astrid et Raphaëlle, saison 5

   Une semaine après un médiocre épisode inédit (un croisement avec Alexandra Ehle, une série de moindre qualité), Astrid et Raphaëlle sont pleinement de retour sur France 2, pour la cinquième saison de leurs aventures. Ce vendredi soir, on nous a proposé un épisode double, la première partie étant intitulée "On ne meurt qu'une seule fois".

   J'ai apprécié de retrouver Sara Mortensen en documentaliste autiste, que les scénaristes ont l'habileté de ne pas faire évoluer à vitesse grand V (contrairement à ceux de la série américaine Good Doctor, qui m'a vite lassé). J'ai été moins convaincu par les péripéties de la grossesse de son acolyte qui, de surcroît, a tendance à se comporter comme une adolescente, alors qu'elle a plus de quarante ans.

   L'intrigue de cet épisode double est fouillée, avec un mystérieux tueur de la Mafia et l'intervention des services secrets, aussi bien français qu'états-uniens. Les références à d'anciens films (notamment les James Bond) ou d'anciennes séries (je pense au Bureau des légendes) sont nombreuses, avec un angle parodique. C'est ce qui m'a gêné. L'intrigue perd en vraisemblance, les interventions des espions étant souvent ridicules. De surcroît, je trouve qu'ils sont mal joués, y compris du côté français, avec un Aurélien Wiik très décevant. (Il était bien meilleur dans Meurtres en Berry.)

   Je rassure les fans de la série : les épisodes suivants (que j'ai tous vus) sont bien meilleurs. Ainsi, vendredi prochain sera diffusé "Mandala", dont l'intrigue a pour cadre un monastère bouddhiste. J'y ai retrouvé les qualités de la série : une enquête sur fond de mystère, la mise en scène du travail de déduction d'Astrid, de l'humour bienvenu... et, fait notable, une plus grande participation du personnage du commissaire, interprété par Jean-Louis Garçon.

   L'épisode 4, intitulé "Le Dernier des Aztèques", est passionnant. Il tourne autour de l'archéologie, de l'Amérique centrale... et du mythe de l'Eldorado. Au cours de l'enquête, Astrid est amenée à consulter le Codex Borbonicus, un somptueux manuscrit peint datant du début du XVIe siècle. (Je regrette toutefois que les dialoguistes n'aient pas fait préciser par la documentaliste qu'il vaudrait mieux appeler Mexicas ce peuple de la Méso-Amérique.)

   Changement total d'ambiance dans l'épisode 5 ("Le Baptême des morts"), qui nous transporte chez les Mormons. L'enquête policière est assez classique, avec notamment des secrets qui remontent du passé. J'ai apprécié qu'au passage les auteurs égratignent l'extrémisme religieux, qui n'est pas exclusivement mormon : certains comportements observés durant l'épisode existent dans d'autres communautés religieuses... En fils rouges de la saison, on a les relations de Raphaëlle avec sa mère (la policière étant montrée sous un jour plus mature), le possible mariage d'Astrid... et le retour d'un passé enfoui.

   "Loup y es-tu ?" est une fausse relecture des histoires de loup-garou. Dans cet épisode, le surnaturel se teinte fortement de social, avec l'évocation du sort de migrants et la défense des droits des femmes. Contrairement à ce qu'on peut constater dans nombre de fictions contemporaines (notamment françaises), je trouve que ces sujets sensibles sont amenés et traités avec une relative subtilité.

   L'intrigue de l'épisode 7 ("On achève bien les jockeys") évolue dans le monde hippique... et nous replonge dans le passé d'Astrid. C'est l'occasion de retrouver une jeune comédienne talentueuse, Sylvie Filloux, qui incarne Astrid jeune.

   La saison se conclut avec "Un Mariage et quatre enterrements", un nouvel épisode au titre en forme de clin d’œil (ici au film Quatre mariages et un enterrement). Cela commence comme chez l'inspecteur Colombo, puisqu'on voit l'assassin organiser son meurtre. Mais la suite nous réserve quelques surprises, avec notamment le retour d'une vieille connaissance de nos héroïnes (hélas toujours aussi mal interprété). L'histoire se termine sur un cliffhanger... ce qui nous laisse sur notre faim... mais annonce forcément une saison 6 !

vendredi, 25 octobre 2024

L'aire de l'IG "couteau de Laguiole"

   Le feuilleton de la création de l'indication géographique pour le célèbre couteau français a connu de nouveaux rebondissements ces dernières semaines.

   Pour rappel : depuis le début du XXIe siècle, les fabricants français dénoncent la contrefaçon, le marché étant inondé de produits bas de gamme, fabriqués au Pakistan ou en Chine (et importés par des sociétés... françaises). 2013 a vu les débats parlementaires tourner autour du projet de loi consacré à la consommation, qui a débouché sur davantage de possibilités de créer des IG pour des produits non alimentaires, à condition, bien sûr, qu'elles soient rigoureusement territorialisées.

   Depuis, deux projets s'opposent, celui mené par des couteliers de Thiers (appuyés par certains assembleurs aveyronnais... qui sont peut-être leurs clients) et celui mené exclusivement par des couteliers aveyronnais, certains procédant à pratiquement toutes les étapes de la fabrication sur place (en gros : La Forge, Honoré Durand et Benoit l'Artisan).

   En 2022, la première manche a été remportée par le CLAA (l'association dominée par les Auvergnats). Mais, en juillet dernier, la Cour d'Appel d'Aix a donné raison à leurs adversaires aveyronnais. Mais la messe n'est peut-être pas encore dite, puisque le CLAA compte se pourvoir en cassation.

   En attendant, l'INPI a publié le cahier des charges de l'appellation aveyronnaise, ce qui a incité le quotidien aveyronnais Centre Presse à consacrer un article à l'aire géographique de l'appellation. C'est là que le bât blesse... parce que la liste de communes (24 au total) publiée par le quotidien est erronée !

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   Elle comprend bien 24 noms... mais deux communes sont mentionnées à deux reprises : Castelnau-de-Mandailles et Prades-d'Aubrac. Voici la carte à laquelle on aboutit à partir de cette liste :

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   En vert sont coloriées les communes de l'aire IG (selon Centre Presse). J'ai marqué en rouge la commune de Rodez (le chef-lieu départemental). Comparons avec la carte figurant dans le cahier des charges officiel :

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   Vous remarquerez que le petit trou blanc figurant sur la précédente n'apparaît plus ici, puisqu'il y a bien 24 communes coloriées, incluant donc Campouriez et Saint-Amans-des-Cots.

   Mme Franco aurait dû se relire plus attentivement.

dimanche, 20 octobre 2024

Brokenwood, saison 9

   France 3 achève ce dimanche soir (presque un an après la saison 8) la diffusion de la neuvième saison de cette série policière néo-zélandaise atypique.

   Introduit par une reprise de Born to be wild, l'épisode programmé en première partie de soirée (la suite consistant en des rediffusions) s'intitule La Mariée était en cuir (Motorcycle Mamas dans la version originale, toujours aussi savoureuse). Les cinéphiles noteront que les traducteurs ont voulu faire un clin d’œil à un film de François Truffaut.

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   Au cœur de l'histoire se trouve une bande de motardes, toutes anciennes détenues. L'homme que l'une d'entre elles devait épouser est retrouvé mort le matin du mariage. Les suspects sont nombreux, au sein de la bande comme à Brokenwood même. L'enquête, bien menée, à son rythme, réserve des surprises... et quelques moments cocasses. Cela conclut agréablement une saison à la hauteur des précédentes.

   Sur le site de France Télévisions, on peut (re)voir les cinq autres épisodes composant la saison 9.

   Le premier, intitulé Brokenwood, le musical, se déroule dans le milieu de la comédie musicale, avec ses aspirations et ses ridicules. Il aborde un délicat sujet de société (qui continue hélas de défrayer la chronique) et, développe, en parallèle, un aspect de la vie personnelle du lieutenant Chalmers, tout en traitant, par la bande, de la place des Maoris.

   Le deuxième épisode, On ne choisit pas sa famille, baigne dans les secrets intimes et les faux-semblants. On y croise plusieurs personnages rencontrés les saisons précédentes. L'intrigue est assez tordue, avec un petit côté Agatha Christie.

   Le troisième épisode, Les Petites Sœurs de Sainte-Monica, nous plonge dans l'ambiance d'un couvent dont les pensionnaires ont fait vœu de silence... jusqu'à ce que l'une d'entre elles soit assassinée. Cela fait un peu déjà-vu, mais l'histoire est traitée avec délicatesse et ironie. Les nonnes réservent pas mal de surprises... et les enquêteurs rivalisent d'esprit pour créer, en anglais, des jeux de mots à propos des bonnes sœurs (en jouant sur la sonorité none).

   Le quatrième épisode, Comme chien et chat, traite de l'assassinat d'une vétérinaire. Chiens, chats, chevaux et ... une tortue (celle du commerçant ambulant Frodon), sont au programme. Au-delà de l'aspect criminel, ce volet est particulièrement marqué par le côté décalé propre à la série : plusieurs habitants sont vraiment bizarres... sans forcément représenter un danger.

   Le cinquième épisode se démarque de l'ensemble. Intitulé En plein cœur, il déroule deux histoires en parallèle. D'un côté, on suit le commandant Shepherd dans sa quête de la signature des papiers du divorce par sa précédente épouse, qui vit dans un coin reculé de Nouvelle-Zélande (ce qui est la moindre de ses étrangetés). Pendant ce temps, une fois n'est pas coutume, son équipe enquête sans lui, sur une affaire des plus mystérieuses : le décès, dans un motel, d'un homme, d'un arrêt cardiaque provoqué par un fragment de balle, entré dans son corps par... le périnée. Durant cet épisode, la médecin-légiste (d'origine russe, et désespérément amoureuse du commandant) s'en donne à cœur joie.

   J'ai été ravi d'apprendre que la dixième saison a déjà été diffusée aux antipodes. Nous aurons donc l'occasion de suivre (le plus tôt possible, j'espère) les nouvelles aventures de la fine équipe néo-zélandaise.

   P.S.

   L'intrigue de lépisode 5 a la particularité de tourner autour d'un périnée, une partie de l'anatomie dont il est très rarement question dans les fictions. La dernière fois que j'en avais entendu parler, c'était dans l'adaptation cinématographique (délicieusement grossière) d'Alerte à Malibu.

   Les Français qui ont un peu de mémoire se rappelleront qu'au début du mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012), on a beaucoup glosé sur le périnée présidentiel...

samedi, 05 octobre 2024

Les riches de l'Aveyron

   Un article du quotidien aveyronnais Centre Presse, mis en ligne ce matin, a attiré mon attention. S'appuyant sur les données fiscales de 2022-2023, Quentin Marais a établi un palmarès des communes (15 sur 285) où résident le plus grand nombre de ménages ayant le revenu fiscal le plus élevé (supérieur à 100 000 euros par an) :

Palmarès CP 05 10 2024.jpg

   Sans surprise, Rodez arrive largement en tête, avec 352 foyers fiscaux ayant déclaré, en 2023, un revenu annuel 2022 supérieur à 100 000 euros. Ce classement m'est apparu trompeur, puisque le podium, comprenant Rodez, Millau et Onet-le-Château, est constitué des trois communes les plus peuplées du département (d'après l'INSEE) ! Je me suis donc mis en tête d'affiner la comparaison. Voici ce à quoi je suis arrivé :

Tableau de synthèse.jpg

(cliquer sur le tableau pour l'agrandir)

   Dans un premier temps, j'ai comparé le nombre de foyers très riches à la population municipale de chaque commune. Je n'ai pas calculé des pourcentages, notamment parce que cela m'aurait conduit à mélanger des chèvres (des foyers) avec des choux (des comptages individuels d'habitants). J'ai préféré calculer des ratios, en divisant le nombre d'habitants par le nombre de foyers très riches.

   Cela donne un classement très différent. Plus le résultat est bas, plus le poids des foyers très riches est important dans la population communale. Le trio de tête est composé de Salles-la-Source (où la population est 47 fois plus nombreuse que le nombre de foyers fiscaux très riches), Rodez (69) et Olemps (70), trois communes de l'aire urbaine de Rodez.

   Cela ne me satisfaisait pas complètement. Il m'est apparu plus pertinent encore de calculer la part que représentent ces foyers très riches dans le nombre total de foyers de chacune de ces communes. J'ai trouvé ces données sur un site gouvernemental. Les résultats (nombre total de foyers fiscaux et pourcentage de foyers très riches) figurent dans les deux dernières colonnes du tableau figurant plus haut dans ce billet.

   Salles-la-Source arrive de nouveau en tête : 3,9 % des foyers fiscaux y ont déclaré, en 2023, plus de 100 000 euros de revenus. Elle précède Druelle-Balsac (2,6 % de foyers à très hauts revenus) et Sébazac-Concourès (2,4 %). Pas très loin derrière se trouvent Olemps et Rodez (2,3 %), puis Onet-le-Château et Flavin (2,2 %). Ces sept communes sont situées dans l'aire urbaine de Rodez.

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   Sur la carte des communes aveyronnaises ci-dessus, j'ai colorié ces sept communes en rouge, marquant en jaune les huit autres composant le groupe des quinze mis en valeur par l'article de Centre Presse.

   Je reconnais que cette analyse comporte au moins deux défauts. Tout d'abord, je n'ai pas calculé le pourcentage de foyers ayant déclaré un revenu élevé pour toutes les communes aveyronnaises. Je pense que d'autres pourraient se glisser dans le top 15.

   Enfin, pour mesurer la richesse des foyers, il faudrait, en plus des revenus (déclarés), tenir compte du patrimoine (mobilier comme immobilier).

mardi, 17 septembre 2024

L'Aveyron fictif de France 2

   France 2 est sur le point d'achever la diffusion d'une mini-série (en six épisodes) intitulée L'Éclipse. Elle a été majoritairement tournée en Aveyron, sur l'Aubrac et dans la commune de Bozouls (célèbre pour son canyon, que la plupart des locaux et quelques esprits égrillards persistent à nommer « le trou »).

   Le premier problème est que les auteurs du scénario ont choisi de localiser la cité du Causse Comtal (marquée par les roches calcaires) sur l'Aubrac (à soubassement partiellement volcanique). Vu de Paris (voire de Montpellier), cela peut sembler identique, mais, localement, on fait bigrement la différence entre les deux territoires (l'Aubrac étant grossièrement paré de vert ci-dessous).

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   De surcroît, à part quelques vues aériennes "décoratives", le réalisateur ne fait rien de ce cadre splendide, autour duquel il aurait pourtant été possible de bâtir une histoire sur fond de légende...

   Un troisième élément m'a fait tiquer (toujours dès le premier épisode, censé planter le cadre avec un minimum de rigueur...). On voit deux des jeunes protagonistes prendre un bus, supposé relier l'Aubrac à Rodez :

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   Il s'agit d'un bus ruthénois, plus précisément de la communauté d'agglomération de Rodez... donc un véhicule qui ne circule que dans les huit communes membres. Bozouls n'en fait pas partie, mais elle est bien située sur une ligne qui relie l'Aubrac à Rodez, la ligne 201, dont les bus (financés par le Conseil régional) sont... rouges :

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   Tel n'est pas le véhicule qu'on voit circuler dans la série, peut-être en raison du manque de disponibilité, peut-être parce que la production a signé un partenariat uniquement avec les collectivités les plus locales : le générique de fin remercie (entre autres) la commune de Bozouls, la communauté de Rodez et le département de l'Aveyron (le conseil départemental ayant sans doute participé au financement... mais pour quelle somme, mystère).

     J'en profite pour signaler que ce générique de fin comporte une erreur (ou maladresse). Tel qu'il est présenté, il sous-entend que la commune de Marchastel est située dans l'Aveyron, alors qu'elle est en Lozère (une commune portant le même nom se trouvant dans le Cantal).

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   On pourrait m'opposer la "licence poétique", qui permet aux créateurs de s'émanciper du contexte réel, pour mieux porter leur œuvre. Si encore celle-ci était emballante... Les jeunes personnages de la série n'ont pas grand chose à voir avec les habitants du cru. Le plus mal caractérisé est le fils de l'une des gendarmes, un fumeur de joint qui écoute du rock, coiffé et habillé plutôt comme un citadin. J'ai de plus été sidéré par le laxisme des parents représentés dans la série, sans parler des interférences entre leur vie privée et l'enquête en cours. Dans la vraie vie, celle-ci leur aurait été rapidement retirée, pour être confiée à une Section de recherches (par exemple celle de Montpellier).

   Je pourrais m'acharner davantage, relever d'autres incohérences (comme l'absence de réseau, moins répandue qu'on ne le croit, ou encore le fait que, pour écouter de la musique, les jeunes soient limités à un auto-radio... on connaît les enceintes connectées, sur l'Aubrac !)... Je pourrais aussi mettre en valeur les qualités de la série (qui n'est pas totalement nulle), notamment les vues paysagères et certaines scènes d'intérieur pas trop mal réussies.

   D'un point de vue scénaristique, le dernier épisode n'est pas le plus mauvais : il permet de revoir (sous un autre angle) certaines scènes du début. C'est assez saisissant, mais pas suffisant pour faire de l'ensemble de la série une œuvre de référence.

mercredi, 11 septembre 2024

Le fantôme des égouts ruthénois

   La Une de l'hebdomadaire aveyronnais Le Villefranchois du 5 septembre dernier comporte un titre qui n'a pas manqué de piquer ma curiosité :

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   Lorsqu'on se rend page 9 du journal, on peut lire, sous la plume de Pascal Cazottes, un article relatant cet étrange fait divers, qui s'est déroulé en février-mars 1918, en plein centre-ville de Rodez.

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   Derrière la cathédrale, au cœur de la vieille ville, au coin de la Place de la Cité, là où commence la rue du Touat (la bien nommée, le mot signifiant "égout" en langue d'oc), un vendredi d'hiver finissant, une voix semblant venir d'outre-tombe a commencé à interpeller les passants. Voici ce qu'en dit le quotidien local de l'époque, Le Journal de l'Aveyron, dans son édition du 17 mars 1918 (page 3) :

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   Moins d'une semaine plus tard, l'information est reprise dans l'hebdomadaire Le Narrateur, ancêtre du Villefranchois (page 2):

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   L'article est accompagné d'un poème satirique, le même qui a été auparavant publié dans Le Journal de l'Aveyron. Il est signé Bertrand Bonpunt.

Nos locales follicules

Ont tout récemment cité

Que, Place de la Cité,

Lorsque choient les crépuscules,

A l'heure où des magasins,

Sort la frisque Ruthénoise,

Pour laquelle en rut et noise

Se mettent les fantassins,

 

Un singulier noctambule

Intrigue de son bagout

Par la bouche d'un égout

Les badauds qu'il accumule ;

 

Et que, malgré qu'hivernal

Soit le temps, le sieur Tarfume

Depuis huit jours se parfume

En ce lieu sub-vicinal.

 

Hypothèse et commentaire

Aussitôt d'aller bon train :

Est-ce quelque militaire

Que cache ce souterrain ?

N'est-ce point quelque fumiste

Qui se gausse du bourgeois ?

- Mais non, dit un alarmiste,

C'est quelque espion sournois !

 

D'un habile ventriloque

Quelques-uns ont le soupçon,

Mais tous battent la breloque

Du fait de ce polisson.

 

Haranguant notre police

Tel écrit, non sans malice :

« Tant pis pour ces beaux galons

Qui te vont jusqu'aux talons,

Tant pis pour les uniformes !

Il convient que tu t'informes,

Qu'au devoir tu te dévoues

Et poursuives jusqu'aux boues !

A quiconque te débine

Prouve que ta carabine

Ne sort de chez Offenbach :

Plonge-toi donc... au fin bac ! »

 

Sur le cas chacun discute

Nonobstant que le bon goût

Exige qu'on ne dispute

Ni des couleurs... ni d'égout.

 

   Le mystérieux fantôme de la rue du Touat a disparu aussi brusquement qu'il était apparu... peut-être refroidi par la descente que les gendarmes aveyronnais ont fini par effectuer dans le vieil égout (dont une partie remonte à l'époque gallo-romaine). Aujourd'hui, en raison des travaux qui ont eu lieu aussi bien dans la rue que sur la Place de la Cité (considérablement embellie), à l'endroit signalé (au pied d'une bijouterie), on ne peut plus voir que ceci :

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jeudi, 22 août 2024

Petit mensonge historique sur France Culture

   L'été demeure propice à l'enrichissement intellectuel, sur les radios publiques. Ainsi, actuellement, sur France Culture, on peut profiter, au choix, d'une "Grande Traversée" en compagnie de Christophe Colomb, d'une série documentaire consacrée aux Guerres de religions (en France, au XVIe siècle)... ou se contenter d'avoir raison avec... Charles de Gaulle.

   C'est l'audition du quatrième épisode de ce dernier programme qui, ce midi, m'a fait dresser l'oreille. Présenté par Xavier Mauduit, il  a confronté les visions de Jean-Luc Barré, biographe de Charles de Gaulle (marqué à droite), et de Ludivine Bantigny, universitaire marxisante. L'animateur leur a longuement laissé la parole, leur permettant de développer leurs arguments. C'était très intéressant... jusqu'à la toute fin, qui a évoqué les élections législatives de juin 1968.

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  (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

   Consécutives à la dissolution prononcée par le président de Gaulle, elles ont vu débarquer à l'Assemblée nationale une majorité absolue de députés UDR (gaullistes), alors que les précédentes élections (celles de 1967) avaient failli aboutir à ce qui aurait été appelé la première cohabitation.

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   A ce sujet, Jean-Luc Barré mettait (fort justement) l'accent sur la nette victoire du parti au pouvoir, dans des conditions démocratiques, tandis que Ludivine Bantigny affirmait (à raison) que la forme du scrutin (uninominal majoritaire à deux tours) avait favorisé le parti au pouvoir, alors que, selon elle, gauche et droite représentaient un poids équivalent dans le corps électoral... C'est là que le bât blesse.

   Voici le résultat du premier tour des législatives de 1968 (d'après le site france-politique.fr) :

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   Comme on peut le constater, contrairement à ce qu'a affirmé l'historienne, la gauche et la droite ne faisaient pas jeu égal en juin 1968. A eux seuls, les gaullistes ont rassemblé près de 44 % des suffrages exprimés, auxquels il faudrait ajouter ceux (entre 4 et 5 %) qui se sont portés sur les Républicain indépendants (de Valéry Giscard d'Estaing), classés la plupart du temps dans les "divers droite". Au premier tour des législatives de 1968, l'ensemble des candidats de droite a donc bien recueilli la majorité des voix, autour de 50 %... contre environ 37 % (40 % en incluant les trotskystes) pour la gauche (PCF + FGDS + divers gauche).

   Il reste le cas des centristes du PDM (la mouvance de Jean Lecanuet, en jaune dans le tableau ci-dessus, en bleu clair sur les diagrammes semi-circulaires), qui refusent de soutenir systématiquement le gouvernement, mais qui n'ont pas moins refusé de rejoindre l'alliance de gauche. Lorsqu'il y a eu second tour, les voix des centristes se sont plutôt portées sur les candidats gaullistes. (J'ajoute qu'au vu du profil des élus de ce camp, il serait de nos jours plutôt classé à droite par les oracles de la gauche intellectuelle...)

   Les invités auraient aussi pu évoquer la règle d'âge (pour pouvoir voter) : en 1968, elle était de 21 ans. Or, il ne fait pas mystère que, parmi les millions de manifestants anti-gaullistes de mai-juin 1968, il s'en trouvait beaucoup qui n'avaient que 18, 19 ou 20 ans. Le corps électoral de juin 1968 était plutôt de droite... et sans doute plus à droite que la société française. Enfin, il ne faut pas négliger le "vote de la peur" de la part de certains Français, pas forcément marqués à droite, mais que la tournure des événements de 68 a inquiétés.

mardi, 20 août 2024

L'épouse aveyronnaise du résistant parisien

   Sous la plume de Philippe Broussard, Le Monde vient d'achever la publication d'une passionnante série d'articles consacrée à un mystérieux photographe, qui a pris, durant l'Occupation, des centaines de clichés en plein Paris (ce qui était interdit).

   Mort en déportation (sans doute à cause d'une dénonciation...), Raoul Minot n'a pas eu droit au statut de résistant, réclamé en vain, après-guerre, par son épouse, Marthe, que l'un des articles présente comme étant « originaire de l'Aveyron ». On n'en sait guère plus sur elle, si ce n'est qu'elle a été enterrée dans le caveau de la famille de son époux, à Montluçon, dans l'Allier.

   Voilà qui fait des deux membres du couple de nouveaux exemples des habitants du Massif central "montés" à Paris. En effet, Marthe Julienne Nathalie Minot est née Bedos, le 8 février 1894, à Pont-de-Salars, dans l'Aveyron, pas très loin de Rodez.

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   Les parents étaient installés dans le village de Crespiaguet, situé dans la partie sud-ouest de la commune. Il semblerait que d'autres membres de la famille (du côté paternel ou maternel) aient vécu dans les environs, entre Le Vibal, Arvieu et Ségur.

   Notons que Marthe a eu sept frères et sœurs (tous plus âgés qu'elle), situation assez courante dans les familles aveyronnaises de l'époque. D'après Geneanet, deux de ses frères se sont mariés à Paris, l'un en 1915, l'autre en 1917 (ce dernier avec une fille Laur, peut-être elle aussi d'origine aveyronnaise). Les deux frères semblent avoir été associés (à Paris) en tant que marchands de vin. Marthe a-t-elle rejoint ses frères "montés" à la capitale avant elle ou bien sont-ils tous les trois partis ensemble ? Mystère. Le décès de leur mère, deux semaines après la naissance de la petite dernière (Marthe), en février 1894, a dû jouer un rôle. Le père, Louis Bedos, s'est remarié en 1897, avec Marie Bouloc, elle aussi habitante de Pont-de-Salars, mais issue d'un autre lieu-dit, Camboulas, très proche de Crespiaguet.

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  Pour la petite histoire, je signale que le père de Marthe a eu d'autres enfants avec sa seconde épouse. Deux sont signalés par Geneanet. Il en manque au moins un : Gabriel Marie Joseph Bedos -orthographié Bédos par le dictionnaire Maitron- né en 1898, au Monastère, mort il y a bientôt 80 ans, le 26 août 1944. Ce demi-frère de Marthe était lui aussi résistant ! Sur le site Mémoire des hommes, il est marqué comme victime civile... alors qu'une plaque commémorative lui est dédiée, à Montmorency :

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   Un décès a peut-être aussi contribué à la migration de Raoul Jean Minot, futur époux de Marthe Bedos. L'article du Monde précise qu'il a été engagé au Printemps en mars 1911. Comme il est né (à Montluçon) en septembre 1893, il était à l'époque âgé de 17 ans. D'après Geneanet, on ne trouve plus trace de ses parents, Marie-Antoinette et Jean, après 1907. Le père (né en 1856) étant mécanicien tourneur, il ne serait pas surprenant que son décès soit survenu autour de la cinquantaine.

   Un décès précoce d'au moins un des parents, associé sans doute à une grande précarité économique, expliquerait le départ pour Paris de ces jeunes habitants du Massif Central. Le grand magasin a peut-être joué le rôle de site de rencontre...

   Quoi qu'il en soit (toujours d'après Geneanet), le mariage aurait été conclu en 1921, en banlieue (ouest) parisienne, à Louveciennes, aujourd'hui dans les Yvelines, à l'époque en Seine-et-Oise. Cette commune n'est pas très éloignée de Courbevoie, sise dans les Hauts-de-Seine, à l'époque dans le département de la Seine. C'est là que le journaliste du Monde a retrouvé la trace du couple, entre les deux guerres mondiales.

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   Marthe Bedos-Minot est décédée en 1960. Philippe Broussard n'est parvenu à retrouver qu'une petite-nièce et un petit-neveu. Pourtant, le couple a bien eu une fille, Jacqueline. Qu'est-elle devenue ? Est-elle partie vivre à Montluçon avec sa mère ou bien est-elle restée en région parisienne ? En cherchant sur la toile, je suis tombé sur une Jacqueline Minot, née en 1926, morte en 2023 dans le XIVe arrondissement de Paris. Son année de naissance est compatible avec l'existence du couple. L'identité déclarée au moment du décès indique qu'elle n'était pas mariée. Mais, a-t-elle eu des enfants ?

   Une dernière question se pose. Marthe a-t-elle joué un rôle dans le fantastique travail de documentation réalisé par son époux ? A plusieurs reprises, le journaliste du Monde souligne qu'il paraît peu probable que Raoul Minot ait agi seul. Il évoque la possibilité de la participation de gendarmes résistants. Mais, sur au moins une des photographies, on peut voir une main gantée tenir le coin d'une affiche, permettant au photographe de réussir son cliché.

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   Cette main ne pourrait-elle pas être celle de Marthe ? Quoi de plus innocent en  effet qu'un couple en promenade (peut-être même avec une enfant) ? Cela pourrait constituer une bonne couverture pour masquer une activité photographique interdite.

   Aussi riche soit-elle, la série d'articles du Monde ne répond pas à toutes les questions... On attend la suite !

mardi, 13 août 2024

Joséphine Baker

   On reparle de l'artiste engagée à l'occasion du 80e anniversaire du débarquement de Provence, au cours duquel, rappelons-le, les troupes anglo-américaines ont été épaulées par la nouvelle armée française, issue de la fusion de plusieurs unités de résistants (à divers degrés). Membre de la France Libre, Joséphine Baker a accompagné ces troupes et a même chanté pour elles, comme à Belfort (dans le nord-est de la France métropolitaine), comme le rappelle un récent article du quotidien L'Est Républicain, illustré par une photographie dont voici un détail :

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   (Outre la présence des drapeaux, à l'arrière-plan, vous noterez, au premier plan, celle d'une floppée de bouteilles d'un liquide sans doute alcoolisé, signe que la soirée avait été placée sous le signe de la détente festive.)

   Pour en savoir plus sur cette grande dame (dont l'action ne s'est pas limitée à la Seconde Guerre mondiale), on peut profiter de la diffusion, cet été, sur France Inter, d'une série (en neuf épisodes) consacrée à la chanteuse-résistante-militante des droits humains.

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   Si l'on manque de temps, on peut se contenter d'un documentaire, Joséphine Baker, première icône noire, qu'Arte rediffuse bientôt et qui est déjà disponible sur son site internet et ce jusqu'au 31 août prochain.

mardi, 30 juillet 2024

Se cultiver avec Radio France

   J'écoute la radio principalement en déplacement, qu'il soit professionnel ou personnel. Je recours aussi au podcast (que l'on a naguère tenté d'appeler balladodiffusion). Cet été, deux des radios publiques proposent, en exclusivité ou en rediffusion, des programmes fort intéressants.

   Commençons par la moins connue, France Culture. En semaine, actuellement, dès 9 heures, on peut écouter Les Grandes Traversées. Le florilège en cours de diffusion est centré sur Al Capone, mais l'on peut aussi écouter avec profit ceux qui l'ont précédé, consacrés à Indira Gandhi puis Mohamed Ali.

   A 12h, pas besoin de changer de radio. On nous propose une demi-heure quotidienne sur Pierre Mendès France, dans le cadre du programme Avoir raison avec... Le parcours de celui qui fut, entre autres, un bref et efficace chef de gouvernement sous la IVe République, est riche d'enseignements.

   En revanche, à 13h30, il faut basculer sur France Inter, pour profiter des rediffusions de Rendez-vous avec X, un programme parfois un peu trop complotiste à mon goût, mais souvent nourri de sources pertinentes.

   A 14h, on retourne sur France Cul', pour Mécaniques du journalisme. Je recommande tout particulièrement l'épisode sur Bellingcat.

   A 15h, on repasse sur Inter, pour Face à l'histoire, de Philippe Collin. Il vient de nous régaler avec « Résistantes », qui met en valeur l'engagement de Lucie Aubrac, Renée Davelly (chanteuse), Geneviève de Gaulle (nièce de Charles), Simonne Mathieu (plus connue comme joueuse de tennis) et Mila Racine. Depuis peu, il nous propose la rediffusion du « Fantôme de Philippe Pétain » un ensemble de dix épisodes qui croise les regards des historiens à la fois sur le Maréchal et le régime de Vichy. (Les séries consacrées à Vladimir Poutine et Jean-Marie Le Pen méritent aussi le détour.)

   A celles et ceux qui n'ont pas la possibilité d'écouter en direct, deux possibilités s'offrent : les redifs du soir, à 20h30 ou 21h... ou bien le podcast, meilleur ami de l'internaute peinant à se plier aux contraintes d'une grille horaire.

dimanche, 12 mai 2024

McDonald & Dodds, force 3

   Ce soir, France 3 commence à diffuser la troisième saison des enquêtes du duo de policiers les plus mal assortis de toute l'Angleterre, à savoir le pantouflard Dodds (Jason Watkins, toujours aussi épatant) et la dynamiteuse McDonald (Tala Gouveia, parfaite dans le rôle).

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   Un seul épisode inédit nous est offert : « Belvedere ». Il commence par une course-poursuite dans les rues du centre-ville de Bath, qui illustre bien la différence de tempéraments entre les deux principaux enquêteurs. Mais, une fois leur malfrat coffré, ils sont confrontés à une tout autre affaire : le meurtre d'une jeune femme, survenu en public, dans un parc, la victime étant décédée curieusement souriante...

   L'intrigue est très bien écrite, sinueuse à souhait, faisant intervenir l'Irlande, des secrets de famille, un témoin sous protection... et les différences d'accent anglais. Voilà pourquoi je recommande de visionner cet épisode dans sa version originale sous-titrée, les principaux personnages parlant presque tous un anglais légèrement différent de celui de leurs interlocuteurs : oxfordien, anglais du sud-est, anglais du sud-ouest, manchestérien, londonien bourgeois ou populaire...

   C'est à la foi énigmatique et drôle, avec des rebondissements. J'ai beaucoup aimé.

   P.S.

   En deuxième partie de soirée est rediffusé Le Petit Homme qui n'était pas là, dont j'avais parlé l'an dernier.

dimanche, 31 mars 2024

Haut l'aisselle !

   C'est ce que j'ai pensé aujourd'hui en regardant en avant-première (avant sa diffusion ce soir, sur France 3) « Effet domino », le quatrième et dernier épisode de la vingt-troisième saison de la série Midsomer Murders, autrement dit Inspecteur Barnaby.

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   La personne ci-dessus, au bras droit levé, est une drag-queen (prénommée Malik à l’État civil). Elle (Il ?) et ses copines sont l'atout dépaysant de l'épisode qui, au-delà d'une énième peinture des tourments de la vie provinciale anglaise, vise à valoriser une minorité sexuelle qui cherche à gagner en visibilité.

   Le scénario est plutôt bien écrit, avec une intrigue sinueuse, même si cette fois-ci j'ai deviné assez vite qui avait commis les meurtres. Le (faussement) débonnaire inspecteur-chef fait de nouveau preuve de toute sa sagacité, face à une galerie de personnages finalement assez antipathiques (sauf les travestis...). Cependant, le dynamisme des débuts n'est plus là. On sent que Neil Dudgeon, en dépit de ses qualités, n'est plus très loin de la sortie. (Rassurons toutefois les fans français : il est présent dans la vingt-quatrième saison, déjà diffusée outre-Manche.)

   Les épisodes se laissent voir sans déplaisir, notamment par leur sens du détail cocasse, comme cette scène de crime qui se révèlera plus compliquée à analyser qu'il n'y paraît :

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   A voir aussi, les précédents épisodes de la saison. Le premier (disponible comme les autres sur le site de France Télévisions) s'intitule « La Fin du monde ». On y trouve une peinture ironique des survivalistes, sur fond de vengeance familiale. Le titre français du deuxième épisode (« Secrets et mensonges ») fait référence à un film de Mike Leigh (de 1996). Les secrets de famille s'entremêlent avec une vieille affaire de vol, le tout dans le cadre d'une maison de retraite pour anciens officiers de police. Enfin, la semaine dernière a été diffusé « Qui sème le vent », un épisode dans lequel le décès d'un jeune homme, mal élucidé, a un impact sur le fonctionnement actuel d'une boulangerie bio. Le schéma récurrent des scénarios de cette saison semble donc être le télescopage d'une mort (plus ou moins) ancienne avec les aigreurs et les jalousies du temps présent.

   La semaine prochaine, France 3 enchaîne avec les nouvelles aventures de Rex, chien policier... sans intérêt pour moi.

samedi, 24 février 2024

Petits meurtres opiacés

   Le programme le plus intéressant à voir, ce vendredi soir, à la télévision française, était sans conteste le nouvel épisode inédit des « Petits Meurtres d'Agatha Christie », intitulé Mortel Karma. C'est hélas l'avant-dernier de la série. (L'ultime doit être diffusé le 8 mars.)

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   C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la fine équipe évoluant dans la troisième époque des histoires, au début des années 1970. De gauche à droite (ci-dessus), nous avons la ravissante Chloé Chaudoye (Rose Bellecour, une psy moins futile qu'elle n'en a l'air), Émilie Gavois-Kahn (Annie Gréco, une commissaire moins soupe-au-lait qu'elle veut le faire croire) et Arthur Dupont (Max Beretta, un inspecteur plus subtil que ce qu'il laisse paraître).

   Le point de repère historique est la référence à un éphémère ministre de l'Intérieur, un certain Jacques Chirac.

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   Dans cet épisode, l'enquête policière va croiser la vie personnelle de la commissaire, plus précisément son ancienne vie, celle de l'adolescente qu'elle fut, lorsqu'elle abandonna le bébé dont elle venait d'accoucher. A sa grande surprise, elle se retrouve face à sa fille biologique, devenue suspecte dans son enquête sur un meurtre. Au départ, cette Jade Baldini ignore qui est vraiment pour elle cette commissaire acariâtre et mal fagotée, qui met cependant tout en œuvre pour la protéger. Les dialogues entre les deux femmes sont souvent à double-sens...

   Plusieurs ingrédients supplémentaires viennent pimenter l'enquête. Suite à un choc, l'inspecteur Beretta perd la mémoire et voit sa personnalité transformée, adoucie... ce qui perturbe fortement sa collègue psy, qui le trouve soudain très attachant, voire séduisant. Arthur Dupont joue très bien le contre-emploi.

   A cela s'ajoute la présence de substances hallucinogènes, qui vont jouer un double rôle dans l'intrigue. Tout d'abord, on sent qu'elles circulent abondamment chez l'industriel où se sont réunis des baba-cools, parmi lesquels se trouve l'inénarrable Bob (Nicolas Lumbreras, excellent), gérant de l'hôtel où la commissaire a trouvé refuge.

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   Ensuite, on devine assez vite qu'une partie de ces substances se retrouve au commissariat... sans que tout le monde ne soit au courant. Cela plonge le commissaire divisionnaire Legoff dans des situations aussi réjouissantes qu'inconfortables. (Là encore, la distribution est au niveau, avec l'excellent Quentin Baillot.)

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   L'intrigue est fouillée, sinueuse. Les interprètes sont très bons, les dialogues ciselés. la musique d'accompagnement est toujours aussi pertinente, à la fois légère et rythmée. J'ai passé un très bon moment.

 

mercredi, 17 janvier 2024

Marianne (saison 2)

   C'est mon petit plaisir coupable du moment. Il y a un peu plus d'un an, à l'occasion de la sortie du documentaire Poulet frites, j'avais signalé la diffusion de la première saison de cette comédie policière franco-belge, qui s'appuie sur un duo d'acteurs détonnant : Marilou Berry (en virago au grand cœur) et Alexandre Steiger (en policier faussement terne).

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   France 2 a commencé la diffusion de la deuxième saison mercredi dernier, avec deux épisodes d'intérêt inégal (rattrapables sur le site de la chaîne).

   L'intrigue de « Boules de nerfs » se situe dans le milieu de la pétanque. J'ai été à moitié convaincu par la principale enquête policière de cet épisode. J'ai été plus intéressé par le fil rouge, qui porte sur l'assassinat de la mère d'un gamin que la juge accepte finalement de recueillir (temporairement). Les fils de cette intrigue vont s'entrecroiser tout au long de cette saison.

   J'ai beaucoup plus apprécié le deuxième épisode, intitulé « Détox ». C'est vif, truculent, macabre et joyeux, avec des comédiens qui ont visiblement pris plaisir à jouer dans cette demi-farce policière. J'ajoute qu'aux deux enquêtes de chaque épisode (le fil rouge de la saison et le cas criminel particulier) s'ajoutent toujours quelques scènes montrant la magistrate dans son bureau, entre son greffier dépressif et des justiciables empêtrés dans des histoires souvent cocasses.

   Ce soir sont au programme deux inédits supplémentaires. « Courage et dévouement » a pour cadre une unité de pompiers... et les péripéties de la vie personnelle du capitaine Pastor, pas aussi coincé qu'il en a l'air. A ce sujet, j'apprécie que les scénaristes aient un peu creusé leurs personnages. Celui qui apparaissait de prime abord comme un policier austère, un brin ennuyeux, se révèle plus taquin que prévu. En face, on découvre petit à petit une juge, certes toujours vibrionnante, au verbe haut, mais aux convictions profondément enracinées.

   La soirée se poursuit avec « Fin de partie », à l'intrigue complexe, originale (dans le monde des escape games). On sourit toujours aux soubresauts de la vie personnelle des protagonistes.

   La semaine prochaine seront diffusés les deux derniers épisodes de la saison. « Les Filles de l'ovalie » nous transporte dans l'univers du rugby féminin... et voit débarquer la mère de la juge, qui va l'aider à s'occuper du jeune Zacharie, pendant que l'enquête sur la mort la maman du garçon prend un tour inattendu. Je signale que, dans cet épisode, l'intrigue secondaire, qui porte sur l'affaire que la juge règle dans son bureau, est particulièrement savoureuse. (Il est question de femmes âgées et d'un auxiliaire de vie...)

   La conclusion est apportée par le sixième épisode, « Le fric, c'est chic ». Le meurtre de la mère de Zacharie va être élucidé, tout comme celui de la gouvernante d'une richissime famille, dont les membres semblent plus odieux les uns que les autres. Face à eux, Marianne est une quasi-gauchiste.

   La fin, assez consensuelle, annonce peut-être un nouveau départ, pour une nouvelle saison. En ce qui me concerne, ce sera avec plaisir, tant je me suis régalé au jeu des acteurs, servis par des dialogues excellents.

mardi, 02 janvier 2024

Tandem - Retour vers le passé

   C'était annoncé et on l'attendait de pied ferme. Les créateurs de la comédie policière Tandem, dont la septième et dernière saison a été diffusée le printemps dernier, ont mis le point final à cette aventure par un épisode spécial, presque deux fois plus long qu'un épisode traditionnel. Il est diffusé ce soir sur France 3. Il est disponible en ligne depuis ce matin.

   C'est une affaire vieille d'une vingtaine d'années qui va entacher le bonheur tout neuf de la famille de gendarmes, en vacances dans une maison de campagne des Cévennes. L'enquête (partagée entre les héros et leurs collègues restés à la brigade de Montpellier) fait remonter les souvenirs de la période de formation à l’École des officiers de gendarmerie (que les scénaristes, pour des raisons de dramaturgie, localisent dans le Sud, alors qu'elle se trouve à... Melun).

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   Cela nous vaut quelques jolies scènes se déroulant dans le passé. On y voit le (pas encore) couple de protagonistes jeune et rebelle. C'est assez marrant.

   L'enquête va se révéler particulièrement complexe, parce que plusieurs mystères sont à résoudre. Les premiers sont les décès suspects de deux personnes, une dans le passé, une dans le présent. Bien évidemment, les deux morts sont liées. Le troisième mystère est celui de quelque chose qui peut être perçu comme une mise en scène ou une manipulation. Je n'en dis pas plus... mais les héros ne sont pas au bout de leurs surprises.

   Difficulté supplémentaire pour les gendarmes : l'équipe n'est pas au complet. Il manque le sympathique lieutenant d'origine bretonne et la capitaine malentendante, si piquante quand elle veut. Sinon, on revoit quasiment tous les personnages principaux des sept saisons, pour une histoire dont on se doute qu'elle ne peut pas se conclure par un drame.

   Ce long épisode garde la saveur de la série aussi par ses pointes d'humour (soulignées par les instruments à cordes). On se chamaille et l'on cabotine dans cette grande famille gendarmesque. J'ai passé un très bon moment.

   P.S.

   Fait exceptionnel : cet épisode a été réalisé par Astrid Veillon, qui incarne la commandante Léa Soler.

mardi, 26 décembre 2023

Miss Fisher et le tombeau des larmes

   Hier, en deuxième partie de soirée, après Downton Abbey, France 3 a diffusé Miss Fisher et le tombeau des larmes, l'adaptation en long-métrage de la série Miss Fisher enquête. Cette production australienne, très plaisante, raconte les aventures d'une femme célibataire, libre et fortunée, farouchement indépendante, qui joue les détectives à l'autre bout du monde durant l'Entre-deux-guerres.

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   L'intrigue de ce qui ressemble à un épisode double (censé, peut-être, conclure une série qui n'a pas eu droit à une quatrième saison) transporte les héros d'Australie au Royaume-Uni et (surtout) au Proche-Orient, plus précisément dans la Palestine sous mandat britannique. (Les téléspectateurs attentifs remarqueront que dans ce territoire ne semblent vivre que des Arabes et des Britanniques, sans aucune tension autre qu'une montée des revendications indépendantistes...)

   D'abord engagée pour sauver la nièce d'un cheikh d'un destin funeste, l'intrépide détective va tenter d'élucider la mort étrange de presque tous les habitants d'un village. En parallèle, une énigme pose problème aux héros (Miss Fisher et son commissaire chéri, quelque peu malmené dans cette histoire) : celle d'un mystérieux tombeau, entouré d'une malédiction.

   L'ambiance de la série est bien restituée, avec une touche d'Agatha Christie. Les personnages secondaires sont plutôt bien campés, même si l'on sent que l'attention de la scénariste comme du réalisateur s'est concentrée sur Essie Davis, toujours aussi pétillante dans le rôle principal... et quelle diversité de tenues, à la fois sexy et colorées !

   C'est rythmé, émaillé d'humour, bref, divertissant.

   P.S. I

   Les fans de la série regretteront que certains de ses personnages récurrents (comme Dottie et Collins) n'apparaissent que fugacement.

   P.S. II

   C'est visible en replay jusqu'au 2 janvier 2024.

mercredi, 29 novembre 2023

Vera is back !

   Les dimanches soirs de France 3 sont peut-être la case horaire la plus fréquentable de la télévision française. On y découvre d'excellentes séries étrangères, en général d'Europe du Nord (Royaume-Uni, Scandinavie, Allemagne...) ou du Canada. (J'attends avec impatience la nouvelle saison des Enquêtes de Murdoch.) Ces derniers temps, je me suis régalé avec Les Carnets de Max Liebermann (en septembre), Brokenwood (en octobre) et Professeur T (en novembre).

   La diffusion de la douzième saison des aventures de l'inspectrice-cheffe Vera Stanhope vient de débuter, et elle va s'étaler sur le mois de décembre, sur la chaîne publique.

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   Dimanche dernier était programmé le premier épisode, intitulé « A contre-courant ». Comme assez souvent dans cette série à l'arrière-plan sociétal, l'enquête policière se mâtine de portrait social (de manière beaucoup moins lourdingue que dans les séries françaises, en général). Ici, l'intrigue est particulièrement fouillée, entre fraude au travail, violence conjugale, vieille amitié qui tangue... La découverte du véritable motif du crime est une sacrée surprise.

   Les épisodes suivants, dont la diffusion est prévue chaque dimanche de décembre (jusqu'à Noël), sont déjà accessibles en ligne.

   Le 3 décembre est programmé « Un Homme d'honneur », une histoire elle aussi très forte, qui tourne autour des vétérans de l'armée, certains devenus sans-abri. Une association caritative semble être au cœur du mystère, qui fait aussi intervenir une famille recomposée, une escroquerie et diverses histoires d'argent. La résolution de l'énigme réclame des trésors d'ingéniosité.

   Le 10 décembre, ce sera au tour de « Au Nom de la loi », où la victime est un jeune et séduisant policier, avide de protéger ses concitoyens. L'enquête remet partiellement en question l'image idyllique de départ (ainsi que, globalement celle de la police locale), avant de s'orienter vers d'autres pistes, le fin mot de l'histoire étant ici plus facile à deviner. J'ai trouvé cet épisode bien construit, mais très triste, sur le fond.

   Le 17 décembre, « Une Soirée funeste » sortira les téléspectateurs de la routine de la série, puisque Vera Stanhope va devoir enquêter (un peu) sur sa propre famille (éloignée). Un soir de tempête, elle se retrouve bien malgré elle confrontée à un crime sordide. Pour démêler les fils, la policière explore les arbres généalogiques locaux. L'intrigue est sinueuse à souhait, passionnante, avec quelques savoureux moments d'humour.

   La saison se clôturera le 24 décembre par un épisode épatant, « Marée montante », dont l'action se déroule à proximité de la frontière écossaise, à Lindisfarne (dite aussi Holy Island), reliée au "continent" (la Grande-Bretagne) par une unique route submergée à marée haute.

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   Des événements qui se sont déroulés une quarantaine d'années auparavant vont ressurgir quand une vedette de la télévision, récemment suspendue pour une histoire de harcèlement, annonce qu'elle va publier un livre de souvenirs, révélations à la clé. C'est excellent, en particulier dans le dénouement, l'inspectrice, bien que manquant de preuves contre le coupable, parvenant à le faire avouer. Brenda Blethyn est une fois de plus formidable.

   P.S.

   La saison 13 est déjà dans les tuyaux, avec, en prime, le retour d'un important personnage masculin, présent dans les premières saisons.

vendredi, 17 novembre 2023

Astrid et Raphaëlle, force 4

   Depuis la semaine dernière, France 2 diffuse la nouvelle saison  de cette savoureuse comédie policière associant une commandante de police brute de décoffrage (Lola Dewaere) à une documentaliste autiste (Sara Mortensen, toujours formidable).

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   Par rapport à l'an dernier, on retrouve le duo avec une légère transformation physique : la policière semble avoir un peu minci et a adopté une coupe de cheveux au carré. Si vous ajoutez à cela le port de hauts mettant en valeur sa (généreuse) poitrine, vous obtenez un personnage plus sexy, mais toujours volcanique. (Pour la petite histoire : la production s'est adaptée au changement d'apparence de Lola Dewaere, qui n'était pas prévu à l'origine.)

   La semaine dernière ont été diffusés les deux premiers épisodes (disponibles pendant encore plusieurs mois sur France.tv). L’œil du dragon évoque la disparition d'un bijou fabuleux, qui n'est pas sans rappeler le célèbre diamant bleu faisant partie des Joyaux de la Couronne de France, volé en 1792. (A l'origine, il était accompagné d'une pierre rouge taillée en forme de dragon.) Cette aventure est aussi l'occasion de voir débarquer une nouvelle protagoniste, un agent d'assurances qui réserve quelques surprises... et va s'incruster dans l'équipe d'enquêteurs.

   En deuxième partie de soirée a été diffusé Les 1001 nuits, qui a pour arrière-plan l'immigration iranienne en France. L'énigme policière est particulièrement difficile à résoudre. En parallèle, la vie privée d'Astrid connaît quelques soubresauts : elle accepte de plus en plus de contacts avec Tetsuo, son amoureux... ainsi qu'avec son demi-frère, qui aimerait passer plus de temps avec elle qu'avec ses grands-parents maternels (le papy étant incarné par Philippe Chevallier)

   Ce soir est programmé un seul épisode inédit, intitulé 10 000 mètres (ou 30 000 pieds), qui est une histoire d'assassinat en vase clos, dans un avion. L'intrigue fait référence à des classiques du genre et donne l'occasion aux deux acolytes d'évoluer à distance l'une de l'autre.  L'enquête policière est des plus classiques, mais les péripéties de la vie quotidienne sont assez cocasses, en particulier tout ce qui touche au déménagement de Raphaëlle.

   Il faudra attendre la semaine prochaine pour que France 2 diffuse un épisode particulièrement passionnant, Immortel (déjà disponible sur le site de la chaîne publique). Un décès au départ d'apparence quasi banale va donner naissance à une enquête ardue, le scénario se révélant particulièrement retors. Sachez juste que, sur le fond, il est question de génétique...

   J'ai déjà "avalé" toute la saison (huit épisodes) et je vous garantis que la qualité ne faiblit pas. Cela se conclut par un double coup de théâtre, un concernant Raphaëlle, l'autre Astrid. Il semble déjà acté qu'une cinquième saison sera tournée... et c'est tant mieux !

mercredi, 01 novembre 2023

Sophie Cross

   France 3 vient de commencer la diffusion de la deuxième saison de cette série policière franco-germano-belge, dont l'action est censée se dérouler dans le Nord de la France métropolitaine. Auparavant, France Télévisions a rediffusé la saison 1, l'intégralité des six épisodes (durant chacun 1h30 à 1h45) étant disponible en ligne.

   Au début de la première saison, nous assistons à la disparition du fils unique d'un couple jeune et beau, composé d'un commissaire de police et d'une avocate. Celle-ci, ravagée par la culpabilité et le chagrin, décide de lâcher sa profession d'origine pour rejoindre les forces de l'ordre, en tant que lieutenante. Pour sa première affectation (en sortant de l’École de police), elle obtient d'intégrer le commissariat où travaille son mari. Si l'on accepte ce présupposé (ainsi que le fait que le couple ait pu se payer une baraque de folie), on peut entrer dans cette mini-série.

   Les trois épisodes de la première saison suivent un double fil rouge : les tentatives de la nouvelle lieutenante pour relancer l'enquête sur la disparition de son fils et l'action mystérieuse d'un tueur en série, qui semble vouloir exercer une vengeance personnelle.

   Les interrogations (nombreuses) qui accompagnent chaque enquête maintiennent l'attention, même si tous les acteurs ne sont pas excellents. Dans le rôle de l'ex-avocate devenue la plus vieille "bleue" du commissariat (mais pas la plus timide), Alexia Barlier s'en sort bien, même si je regrette qu'on fasse trop pleurer son personnage. Parmi ses collègues, je distingue son supérieur hiérarchique direct, le capitaine Deville (incarné par Cyril Lecomte, vu notamment dans BAC Nord) et l'expérimentée lieutenante Amina Dequesne (interprétée par Mariama Gueye).

   A la fin de la saison 1, une piste émerge enfin à propos d'une filière d'enlèvement d'enfants.

   Dans Sans laisser de traces (diffusé mardi 31 octobre), l'enquête fil rouge se poursuit, alors que l'équipe de policiers doit résoudre une affaire très étrange, le faux accident qui a frappé un bibliothécaire en apparence sans histoire. La découverte du passé de celui-ci réserve bien des surprises.

   La semaine prochaine est programmé Médaille d'or (pour moi le moins bon des trois épisodes inédits). Le décès d'un ancien grand espoir de l'athlétisme, mêlé à une affaire de dopage, soulève de nombreuses questions, dont la résolution m'est apparue peu réaliste. Dans le même temps, la partie fil rouge tombe dans l'émotion facile.

   L'intérêt remonte avec l'épisode conclusif, Casino Royal, dont le scénario s'inspire à la fois de James Bond et d'un film d'Alfred Hitchcock (dont je ne peux révéler le titre sous peine de déflorer l'intrigue). L'aboutissement de l'enquête fil rouge survient en deux étapes, avec un coup de théâtre final qu'on sent un peu venir. En revanche, la machination qui est à l’œuvre dans un double assassinat est particulièrement complexe... et passionnante à découvrir.

   La toute fin ménage la possibilité d'une troisième saison, si les audiences sont bonnes. C'est à mon avis souhaitable : même si l'on n'atteint pas le niveau d'Astrid et Raphaëlle par exemple (surtout question humour), on est nettement au-dessus des téléfilms du samedi soir (ou de certaines séries comme Capitaine Marleau et Alexandra Ehle).

   P.S.

   La diffusion de la quatrième saison d'Astrid et Raphaëlle va commencer vendredi 10 novembre, avec deux épisodes inédits.

samedi, 28 octobre 2023

Les Invisibles

   Alors que France 2 a entamé la diffusion de la troisième saison de cette série policière atypique, je me rends compte que je n'en ai encore jamais parlé sur ce blog. Il n'est que temps de combler cette lacune.

   Le titre ne désigne pas tant les enquêteurs de cette unité très spéciale (fictive) que les victimes auxquelles ils consacrent leur attention. Ces invisibles sont à la base presque toujours des anonymes, qu'il s'agit dans un premier temps d'identifier (avant de trouver les responsables du meurtre - ou de l'accident). Au premier abord, ils n'ont pas de famille, pas d'ami. Ce sont souvent des "cas sociaux". Les épisodes explorent donc les marges de notre société, avec une certaine empathie.

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   Cette empathie est chevillée au corps du chef de groupe, le commandant Gabriel Darius (à gauche ci-dessus), charismatique et tourmenté, interprété par Guillaume Cramoisan, que les téléspectateurs ont naguère pu découvrir (déjà en officier de police) dans les deux premières saisons de la série Profilage, sur TF1.

   Pour diriger son équipe, il s'appuie sur une capitaine expérimentée et bougonne, Marijo (Nathalie Cerda, très présente au théâtre), à droite sur la photographie.

   Deux lieutenants les secondent : Ben (Quentin Faure) et celle qu'on surnomme Duchesse (en raison de ses origines familiales), incarnée par Déborah Krey, dont la voix paraîtra familière à certains : cette jeune comédienne fait aussi carrière dans le doublage. Complète le groupe la médecin-légiste (à la personnalité affirmée) : Ange, interprétée par Cécile Rebboah.

   La manie des surnoms ne touche pas que l'équipe de Darius. Chaque victime non identifiée a droit au sien, inspiré par les circonstances de la découverte du corps. Ce sont ces surnoms qui donnent leur titre aux épisodes.

   L'intégralité des trois saisons (soit 18 épisodes au total) est accessible sur le site de France Télévisions.

   Pour des raisons que je ne révèlerai pas (pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte à celles et ceux qui ne connaîtraient pas la série), à la fin de la saison 2, l'équipe de Darius a été disloquée et ses membres sanctionnés. La reformation du groupe est donc au cœur du premier épisode (double) de la saison 3, intitulé Cassel.

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   La découverte d'une mystérieuse poupée dans le manteau d'une victime est le point de départ d'une enquête surprenante, impliquant, à son corps défendant, le commandant Darius. Le cadavre ayant été retrouvé dans un pré, à proximité de panneaux indicateurs, l'un donnant la direction de la commune de Cassel (dans le département du Nord), il est décidé de le nommer ainsi, en attendant mieux.

   Dans cet épisode (diffusé le 18 octobre dernier), il est question d'intégrisme religieux, de femme battue et d'adultère. Cela pourrait plomber excessivement l'ambiance ou être traité de manière lourdingue (à l'image de tant de productions françaises) mais, ici, cela donne un tour réaliste à l'intrigue. Cette impression est renforcée par les dialogues (pas du tout littéraires) et le jeu des acteurs. J'ajoute que le passage de la première à la seconde partie de l'épisode réserve un petit coup de théâtre, que je n'avais pas senti venir (comme quoi un épisode de série télévisée peut-être mieux scénarisé que le dernier long-métrage d'Albert Dupontel).

   Mercredi 25 octobre a été programmé Vauban, là encore un épisode très bien construit. Le fil rouge de la saison (l'exploration de l'enfance du commandant Darius) alterne avec la présentation d'un groupe de jeunes féministes et la découverte du monde des Gitans. Ces trois trames s'entremêlent avec subtilité. Même si, derrière, on perçoit la volonté de traiter de sujets de société, cela reste au service d'une intrigue policière crédible.

   Pour d'obscures raisons de programmation, il faudra attendre le 8 novembre pour que soit diffusé le prochain épisode, intitulé Camelia (déjà disponible en ligne). On y découvre une jeune chanteuse de rue, à laquelle s'intéresse un séduisant motard, récemment sorti de prison. On se demande longtemps quel est le lien entre ces personnages et le squelette découvert dans le jardin d'une maison abandonnée, à côté d'un plan de... camélias.

   Je recommande aussi chaudement l'épisode 5, intitulé Stardust. Il faudra beaucoup de temps et de patience aux enquêteurs avant de découvrir les circonstances de la mort d'un jeune fêtard (doué en dessin), dans un bâtiment désaffecté. Ici encore il faut souligner la qualité du scénario et du montage, qui croisent plusieurs intrigues secondaires mettant en scène de jeunes sportives, un couple très aisé et d'autres ados pas très sages, le tout sur fond d'usage de drogues, avec un passé lycéen chargé. C'est de plus très bien joué.

   La saison se terminera par Fleur, un épisode (moins bon que les autres) qui démarre de manière un peu inhabituelle, puisque le cadavre découvert (observez le T-shirt)... n'en est pas un, la jeune femme allongée étant encore vivante. Elle est liée à un groupe de "zonards". On n'est pas au bout de nos surprises, avec cette histoire qui va toucher intimement l'équipe de policiers. Dans le même temps, l'enquête sur le passé familial de Darius progresse.

   Pour être honnête, je dois relever un point faible dans les épisodes : la mise en scène de la vie privée des policiers. Elle semble avoir pour fonction de faire baisser la tension créée par les aspects parfois sordides des enquêtes. Là, on tombe un peu trop souvent dans les clichés.

   J'espère toutefois qu'il y aura une quatrième saison.

jeudi, 19 octobre 2023

La fake news de l'hôpital Al-Ahli

   Le conflit israélo-palestinien est déjà bien assez dramatique pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y ajouter les pires ignominies. Il y a bientôt deux semaines, le Hamas n'a pas déçu ses supporteurs en organisant une attaque d'une sauvagerie inouïe dans le sud d'Israël. Dans un premier temps, en France comme en Europe, les réactions horrifiées ont pris le dessus, avant que la consternation ne gagne quand l'armée israélienne a commencé ses bombardements, faisant des centaines de victimes civiles...

   Mais voilà que, mardi dernier, les médias de tous les pays se mettent à relayer la propagande des islamistes palestiniens : un hôpital aurait été bombardé par Tsahal, le nombre de victimes approchant le demi-millier. S'en suivit un déchaînement de manifestations anti-israéliennes, dont le déclenchement quasi simultané laisse planer quelques doutes sur leur spontanéité...

   Et puis voilà qu'une autre version de l'affaire commence à circuler. Une version qui s'appuie sur des faits. Dans un premier temps, c'est l'armée israélienne qui démonte la théorie du bombardement. Mais ses arguments, bien que pertinents, ne sont pas audibles dans le déferlement de haine et d'inconscience qui marque notamment les réseaux sociaux.

   Aujourd'hui, c'est au tour du Monde de publier son debunking : ce que montre l'analyse détaillée des images. Le quotidien français (notamment les plumes de sa rubrique proche-orientale) a beau être marqué par un prisme plutôt pro-palestinien, ces jours-ci, ses pages consacrées au conflit ont été nourries de reportages des deux côtés du drame (parce que ce sont majoritairement des civils qui trinquent, dans les deux camps).

   On note qu'une équipe de près d'une dizaine de personnes s'est consacrée à la collecte et l'analyse d'images de diverses origines. Au bout du compte, la conclusion est claire comme de l'eau de roche : à l'heure précise où l'hôpital gazaoui a été frappé, aucune bombe israélienne n'a été larguée dans le coin. En revanche, des roquettes ont été lancées de la bande de Gaza, à proximité de l'hôpital. Le Monde n'ose toutefois pas aller au bout de son analyse. L'article se contente d'énoncer des faits, sobrement. Je regrette qu'au vu du déferlement de haine mensongère auquel nous avons assisté ces derniers jours, le quotidien n'ait pas mis plus franchement les points sur les i... mais le travail de ses journalistes, factuel, dépassionné, mérite les louanges.

   P.S.

   La fake news du Hamas ne porte pas que sur l'origine des armes qui ont frappé l'hôpital. Apparemment (selon les informations dont on dispose actuellement), le nombre de victimes serait très surestimé, ce qui pose la question de la pertinence des chiffres communiqués aux médias par les autorités palestiniennes, qui pourraient systématiquement grossir les pertes arabes pour faire pencher la balance de l'émotion en leur faveur.

jeudi, 05 octobre 2023

Souffler dans l'anus

   Ce matin, j'étais en voiture, la radio branchée sur France Cul', lorsque j'en ai entendu une bien belle. C'était dans le cadre d'une série d'émissions intitulée « Ni mort, ni vivant, une histoire ». Il était question de la réanimation des noyés. L'un des intervenants a évoqué une méthode des plus inattendues : l'insufflation de fumée de tabac... dans l'anus !

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   La gravure ci-dessus date de 1775. Je l'ai trouvée dans le billet écrit il y a quelques années par l'un des invités de l'émission de France Culture, Anton Serdeczny. Apparemment, ce n'était pas la plus répandue des méthodes d'insufflation, qui impliquaient plutôt un soufflet (sans doute pour augmenter l'efficacité de la projection de gaz).

   Il semblerait que ce fût assez douloureux, soit en raison du procédé (l'introduction violente d'une masse gazeuse, de surcroît chaude), soit en raison de la nature du produit insufflé, le tabac, qui serait particulièrement irritant (quel que soit l'orifice d'entrée).

   Au XIXe siècle, quand les effets nocifs du tabac furent connus, on renonça peu à peu à cette méthode, remplacée par les techniques répandues aujourd'hui (bouche-à-bouche, massage cardiaque...).

   L'émission évoque aussi la peur d'être enterré vivant et le délai qui a été progressivement fixé avant les inhumations. A l'origine, les autorités (civiles comme religieuses) imposaient d'enterrer les cadavres dans la journée. Reporter l'inhumation d'un ou deux jours a sans doute permis aux familles de mieux vivre leur deuil... et a en outre sauvé quelques vies.

dimanche, 01 octobre 2023

Brokenwood, saison 8

   C'est (outre l'arrivée d'un bel été indien) la bonne nouvelle de ce dimanche : le début de la diffusion, sur France 3, de la huitième saison de cette série policière atypique, néo-zélandaise, rurale (country même), ironique et bedonnante, regorgeant de personnages savoureux.

   L'intégralité de la saison est déjà disponible sur le site de France Télévisions. Au vu de la médiocrité des programmes télévisuels actuels, j'ai choisi de déguster cela petit à petit. Commençons donc par l'épisode diffusé ce dimanche soir sur France 3, intitulé "Du berceau au tombeau".

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   Au cœur de l'histoire se trouve un improbable quatuor, composé de la directrice du musée local et de trois abrutis, l'un d'entre eux, Frodon (à droite sur la photographie ci-dessus) étant un personnage récurrent de la série, du genre à se retrouver régulièrement mêlé à toute sorte d'embrouille.

   Ce début d'épisode est impossible à raconter, tant il accumule les cocasseries. Il met d'excellente humeur, notamment quand une momie supposée morte surgit d'un sarcophage et lance un « Gros bâtard ! » avant de (définitivement) décéder !

   Démêler les bandelettes fils de l'intrigue va se révéler particulièrement ardu, dans une région où le calme apparent masque différentes activités louches (prostitution, vol, trafic de drogue, escroquerie...).

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   Au cours de l'enquête, le véhicule conduit par le commandant Shepherd va occuper le devant de la scène. Cette antiquité est une Holden Kingswood (voiture produite jadis par la filiale australienne de General Motors), datant des années 1980. Équipée d'un lecteur de cassettes audio, elle est considérée par l'officier de police comme une extension de lui-même. Il la bichonne et ne la prête jamais... ou quasiment jamais. Dans cet épisode, pour le bien de l'enquête, il en confie exceptionnellement les clés à l'un de ses subordonnés (qui l'assure de son plus grand respect pour les ancêtres)... mais celles-ci vont tomber entre de mauvaises mains. La séquence de poursuite automobile vaut son pesant de kiwis !

   A noter aussi, parmi les personnages secondaires, celui d'un père particulièrement fertile, dont la découverte de l'activité professionnelle contribue à épicer l'histoire. Il est incarné par Joel Tobeck, vu notamment dans One Lane Bridge.

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   PS

   En guise de dessert, en seconde partie de soirée, la chaîne publique propose la rediffusion d'un épisode de la saison 2, intitulé "Les fantômes de la ligne de touche". Au vu de l'actualité sportive de ces dernières semaines, ce choix apparaît approprié, puisque l'intrigue a pour cadre le club local de rugby.

samedi, 30 septembre 2023

Max à Sandhamn

   Arte vient à peine de diffuser le deuxième épisode (Esther) de la neuvième saison de Meurtres à Sandhamn que le dixième a été mis en ligne, par la chaîne franco-allemande.

   Une fois n'est pas coutume (ces dernières saisons), son titre, Max, ne fait pas référence à l'une des victimes ou à une personne disparue, mais au tueur. On a pu apercevoir celui-ci lors des épisodes précédents, en train d'observer, de suivre ou de prendre en photographie certains des protagonistes. Il va s'en prendre à eux. C'est l'originalité de cette histoire, durant laquelle policiers et magistrate sont en danger.

   Cela change un peu du ronronnement qui s'était installé ces dernières saisons. L'univers un brin bobo de cette région touristique du Sud de la Suède, où juges, avocats, médecins, chefs d'entreprises, cadres supérieurs et officiers de police se fréquentent, est menacé par l'intrusion violente d'un élément perturbateur... lui-même perturbé.

   On comprend assez vite que Max a pour but d'assouvir une vengeance. Il est issu d'une famille de la petite classe moyenne, est d'apparence ordinaire et exerce une activité sans prestige intellectuel. Mais il est déterminé et bien organisé. La manière dont certains personnages vont tomber dans les mailles de son filet, sans être très originale, est bien mise en scène.

   La séquence la plus "flippante" (comme disaient les djeunses naguère) est pour moi la première, nourrie d'angoisse et d'incertitude, sans effets spéciaux, juste avec des décors, un peu de musique, un montage efficace et le jeu de l'acteur qui incarne le tueur.

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   Le concernant, les scénaristes ont toutefois évité de tomber dans les travers de certaines productions d'outre-Atlantique (comme Esprits criminels), qui font de leurs tueurs des sortes de "génies du mal". Ici, Max est terriblement efficace et menaçant... mais son action est parfois enrayée par un événement inattendu : une personne qui sort d'une pièce censée être vide, l'arrivée d'un vigile dans un parking, l'inattendue débrouillardise d'une cible qu'on pense facile...

   J'ai beaucoup aimé cet épisode, même si j'ai trouvé la fin trop mélo avec, de surcroît, un cliffhanger qu'on sent venir à des kilomètres... mais on nous prépare une saison 10. Bonne nouvelle !

 

   PS

   Deux références francophones sont perceptibles dans cet épisode : Jacques-Yves Cousteau (lié à un personnage qui n'apparaît pas à l'écran, mais qui joue un rôle important) et Hergé (à travers l'album L'Ile noire, dont je laisse à chacun.e le plaisir de découvrir quel lien il entretient avec l'intrigue).

mercredi, 02 août 2023

Take Two : enquêtes en duo

   France Télévisions vient de mettre en ligne (après diffusion nocturne) les trois premiers épisodes de l'unique saison d'une série dite de comédie policière. Ses créateurs (Andrew Marlowe et Terri Edda Miller) sont connus du monde du petit écran, puisqu'on leur doit aussi Castle et The Equalizer.

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   Sans surprise, le binôme d'enquêteurs est, au départ, un duo (qui semble) mal assorti. L'originalité ici est que le personnage farfelu est celui de la femme : Sam Swift (interprétée par Rachel Bilson). C'est elle qui occupe le rôle de la "consultante", une comédienne qui sort d'une cure de désintoxication et dont la carrière bat de l'aile. Elle est évidemment ravissante, fantasque, limite casse-couilles, mais très futée, avec l'envie de faire le bien.

   A ses côtés se trouve un ancien flic, devenu détective privé. Par le passé, il avait la quête de justice chevillée au corps. Il est devenu un peu plus cynique, mais c'est un excellent enquêteur... et un sacré beau gosse : il est incarné par Eddie Cibrian, que les téléphages ont vu notamment dans New York 911, Les Experts Miami et Rosewood.

   L'association de ces deux personnalités contrastées (qu'une attirance mutuelle inavouée pourrait rapprocher) n'est pas sans rappeler aussi la récente The Mallorca Files.

   Dans le premier épisode (« La star et le privé »), on assiste à la rencontre entre les deux protagonistes et à leur première collaboration, dans une enquête complexe qui nous plonge dans la pègre californienne. C'est souvent drôle, piquant et la partie policière de l'intrigue n'est pas bâclée.

   Le deuxième épisode (« La main dans le sac ») est pour moi le moins bon de cette première salve. L'intrigue est pourtant assez fouillée ; il ne faut pas se fier à l'apparente simplicité de l'histoire d'adultère du début. Mais, bon, on sent que les deux protagonistes cherchent leurs marques. L'intérêt est relevé par la présence de deux seconds rôles pittoresques, les assistants des membres du duo, issus tous deux des "minorités visibles" et dotés de personnalités bien affirmées. Cela n'a rien de nouveau, mais c'est plaisant à suivre.

   Le troisième épisode (« Recherche DJ désespérément ») est très prenant, même si une partie des péripéties est peu vraisemblable. Les interactions entre les principaux personnages sont souvent savoureuses et le duo semble avoir trouvé son rythme.

   La suite sera diffusée à partir de mardi prochain (8 août).

mardi, 18 juillet 2023

Bron, saison 3

   Depuis la fin du mois de juin, l'intégralité de la troisième saison de cette série suédo-danoise (à moins que ce ne soit dano-suédoise) est disponible sur le site d'Arte. J'avais découvert les deux premières saisons au cours du troisième confinement (dont ce fut sans doute l'un des rares aspects positifs, me concernant).

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   C'est toujours un duo binational d'enquêteurs qui mène la danse. On retrouve l'atypique (et ravissante) Suédoise Saga Noren, épaulée cette fois-ci successivement par deux Danois. Son précédent partenaire, Martin, est en prison (en partie à cause d'elle). Lui succèdent une femme au caractère bien trempé puis, dans des circonstances que je me garderai de révéler, un homme, Henrik, qui semble aussi tourmenté que sa collègue.

   C'est l'un des intérêts de cette saison : confronter l'autiste de talent (qui a de plus en plus de mal à côtoyer les gens "normaux") à un autre policier désaxé (pour d'autres raisons). De tous ses partenaires, c'est sans doute celui dont elle va se sentir la plus proche... mais voilà que débarque sa mère, dont les intentions sont troubles...

   La complicité (affective et professionnelle) de Saga et Henrik va être mise à rude épreuve, au cours d'une enquête à rebondissements. Un mystérieux assassin (ou plusieurs assassins ?) s'inspire de tableaux pour mettre en scène ses crimes. Il va falloir beaucoup de temps aux policiers pour trouver les liens qui unissent (presque) toutes les victimes. L'aspect enquête est toujours aussi passionnant.

   Le scénario multiplie les arcs narratifs et brasse les sujets de société : famille d'accueil, abandon, guerre en Afghanistan, toxicomanie, réussite sociale, médias numériques, politique identitaire, PMA, GPA...

   C'est prenant, très bien joué (à voir de préférence en VO, mais la VF est potable) et c'est plutôt bien filmé. Je recommande vivement... et j'espère qu'Arte aura bientôt la bonne idée de mettre en ligne la quatrième et dernière saison. (Les deux premières sont aussi accessibles en ligne.)

dimanche, 16 juillet 2023

Un agent très spécial du NCIS

   M6 est en train d'achever la diffusion de la vingtième saison de la série NCIS. Celle-ci est désormais orpheline de Gibbs/Mark Harmon, mais il est encore un personnage, présent depuis le premier épisode, qui apparaît, de temps à autre, à l'écran : le professeur Donald Mallard, surnommé Ducky par ses collègues du NCIS.

   Il est incarné par David McCallum qui, tout comme son personnage, est écossais. Il s'est fait connaître du grand public par sa participation à des séries télévisées, comme L'Homme invisible et surtout Des Agents très spéciaux, où il incarnait le Russe Illya Kuryakin. Eh bien, le dernier épisode diffusé sur M6, intitulé « Échange de prisonniers », contient une allusion à ce passé :

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   Devenu historien-conférencier, l'ancien médecin-légiste du NCIS est interrogé à distance par ses collègues sur un espion russe, qui avait jadis fait défection. Il s'était construit une nouvelle vie aux États-Unis, sous une fausse identité :

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   McCallum/Mallard répond que la nouvelle identité de l'espion est inspirée d'une vieille série télé, que l'agent Parker (qui a succédé à Gibbs à la tête de l'équipe) connaît. Le nom (Kuryakin) est celui que portait David McCallum dans Agents très spéciaux, mais le prénom a été modifié : Ivan, au lieu d'Illya.

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   A ma connaissance, c'est la deuxième fois que ce clin d’œil est utilisé dans la série. La référence figurait déjà dans un épisode de la saison 2, intitulé « Vengeance d'outre-tombe » en français, « The Meat Puzzle » dans la version originale.

mercredi, 05 juillet 2023

La guerre des cagnottes

   La mort du jeune Nahel, à Nanterre, n'a pas fini de faire des vagues. Une conséquence inattendue est la rivalité qui est née entre plusieurs initiatives dont, au départ, il est légitime de penser que les organisateurs n'envisageaient pas qu'elles prennent de telles proportions.

   La première cagnotte a été créée dès le mercredi 28 juin, le lendemain de la mort du jeune homme, la veille de la "marche blanche" qui semble avoir été si bien organisée (avec, rappelez-vous, des T-shirts déjà imprimés). Intitulée « Soutien à la maman de Nahel », elle a vu son montant rapidement augmenter, pour atteindre, au moment où j'écris ces lignes, le total de 444 201,97 euros, pour 22 542 contributeurs, soit une moyenne de 19,7 euros par personne.

   Cependant, dès le lendemain jeudi, des personnalités d'extrême-droite ont lancé ce qu'on pourrait appeler une "contre-cagnotte", au départ en soutien au policier auteur du coup de feu, modifiée ensuite (pour des raisons juridiques) en « Soutien pour la famille du policier de Nanterre ». La création de cette cagnotte a suscité un fort rejet... mais aussi une forte adhésion, puisque son montant a rapidement dépassé celui de la première cagnotte. Il a atteint la somme de 1 636 110 euros, pour 85 101 contributeurs, soir une moyenne de 19,2 euros... quasiment la même que celle de la première cagnotte.

   Ce montant n'est plus destiné à augmenter : l'ajout de nouveaux dons a été bloqué par l'organisateur, peut-être en raison de la plainte qui a été déposée par l'avocat de la famille. (A ce sujet, on se demande ce qui agace le plus les partisans du délinquant décédé : qu'une contre-cagnotte ait été créée, ou qu'elle ait remporté un bien plus grand succès que la leur ?)

   De surcroît, quand on regarde la liste des dons, on constate qu'au-delà d'une minorité de sommes assez importantes (un apport de 3000 euros et quelques dizaines de plusieurs centaines d'euros), l'écrasante majorité des contributions est comprise entre 5 et 20 euros. Il s'agit bien d'un mouvement (relativement) populaire, en tout cas autant que celui qui s'est porté sur la première cagnotte... et c'est en contradiction avec ce que nombre d'internautes affirment sans preuve sur la Toile.

   Ces derniers jours, une troisième cagnotte a fait son apparition, en soutien aux familles des émeutiers arrêtés par la police. (La formulation, prudente, tient compte de ce qui a été reproché à la deuxième cagnotte : elle vise officiellement à aider les familles, pas les personnes mises en cause par la justice.) Au moment où j'écris ces lignes, elle a atteint le montant de 82 519 euros, pour 1995 contributeurs, soit une moyenne de 41,4 euros par personne... eh, oui, plus du double des autres ! Contrairement à ce qu'affirment certains des contributeurs, c'est cette cagnotte-ci qui est la plus bourgeoise. On y relève quantité de dons de plusieurs centaines d'euros, proportionnellement bien plus nombreux que dans la cagnotte de soutien à la famille du policier.

   Une certaine bourgeoisie gauchisante soutient volontiers les (familles des) émeutiers, tandis que les contributeurs modestes se répartissent entre le soutien à la famille du délinquant et le soutien à la famille du policier. Contrairement à ce qu'affirment certains militants d'extrême-gauche, cette affaire n'est pas l'illustration d'une opposition de classe. La bourgeoisie est divisée, entre celle qui soutient le gouvernement, celle qui soutient les émeutiers et celle qui penche pour le RN (et trouve le gouvernement trop mou). Il en est de même pour les catégories populaires. Certaines éprouvent plutôt de l'empathie pour le jeune homme décédé et sa famille, d'autres sont ulcérées par les actes de délinquance et la sauvagerie à l’œuvre dans des émeutes qui n'ont plus rien à voir avec la défense de valeurs démocratiques.

samedi, 01 juillet 2023

France Cul aime la bite

   C'est l'été et, sur la radio publique, on se décontracte... un peu. Hier vendredi a été diffusée pour la dernière fois l'émission Sans oser le demander (fort heureusement intégralement disponible sur le site de France Culture), animée par Géraldine Mosna-Savoye. Le principe de ce programme était d'aborder n'importe quel type de sujet d'ordre culturel, historique ou sociétal et de faire intervenir des spécialistes de la question. Le résultat était assez inégal (pour moi), mais certaines émissions méritent vraiment le détour.

   C'est le cas du numéro de vendredi. Présenté sous le titre aguicheur « Qu'est-ce qu'on s'envoyait avant les dick pics ? », il aborde la représentation du sexe dans l'Antiquité gréco-romaine et ce que cela révèle des mentalités.

   Il est donc beaucoup question de phallus dans cette émission, les sexes en érection faisant l'objet d'une riche iconographie. Mais le fait de dessiner (ou de sculpter) un pénis n'était pas forcément révélateur d'une intention sexuelle. C'était souvent l'expression de la puissance ou de la richesse.

   Sur le plan strictement sexuel, certains auditeurs apprendront peut-être que, dans l'Antiquité, on ne parle ni d'hétérosexualité, ni d'homosexualité, ni de bisexualité. On pénètre (dans un vagin, un rectum, une bouche) ou l'on est pénétré. Les pratiques sexuelles sont aussi révélatrices d'un statut social.

   Enfin, même si la majorité de l'émission est consacrée au phallus, la dernière partie évoque le sexe féminin. Sachez que, pour la majorité des auteurs antiques masculins, la pratique du cunnilingus était perçue comme dangereuse voire abominable (elle dévirilisait l'homme).

   C'est savant (parfois drôle) sans être ennuyeux.

vendredi, 30 juin 2023

Une mère éplorée ?

   C'est ce que je me suis demandé en voyant cette image (tirée du direct de BFM TV) :

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   Cette femme est Mounia Merzouk, la mère du jeune Nahel, récemment tué par un policier, à Nanterre. En cherchant un peu sur Twitter, vous pourrez trouver d'autres photographies de la dame, vraiment très en joie, comme si elle venait de gagner le gros lot. Sur le compte du journaliste Amaury Brelet, je suis même tombé sur une incroyable vidéo, tournée au téléphone portable le jour même, montrant la maman enfourcher une mini-moto... et (visiblement) kiffer sa race !

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   Au départ, j'ai pensé à un canular : on ne voit pas le visage de la personne... mais elle est coiffée et vêtue comme l'était la mère de Nahel le jour de la manif (29 juin) !

   Je pense qu'elle ne doit pas être très intelligente. La mort de son fils la place au centre de toutes les attentions, la valorisant. Ça lui a peut-être fait un peu tourner la tête... et l'a fait tomber dans les filets de personnes qui ont intérêt à faire monter la mayonnaise, comme on peut s'en apercevoir en écoutant son appel à manifester, diffusé sur Tik Tok et relayé par la très grande majorité des médias :

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   La maman (pas très) éplorée parle d'abord d'une « marche blanche » (sous-entendu : pacifique), avant qu'une voix (sans doute celle de la personne qui tient le smartphone) ne la corrige : « C'est la marche de la révolte » (beaucoup moins pacifique, donc). Telle un perroquet, la maman reprend la voix de son maître, ici sa maîtresse, qu'on pense liée au clan Traoré. Cette impression est renforcée par l'inscription sur le T-shirt (lancé moins de deux jours après le décès de Nahel... ou comment l'envie de pognon s'assoit sans vergogne sur la période de deuil), qui rappelle le « Justice pour Adama ».

   Soudain, les médias dominants se sont presque tous mis à nous livrer un portrait élogieux de l'adolescent défunt. (Voir par exemple La Dépêche d'avant-hier. Comme on est dans le Sud-Ouest, on insiste lourdement sur la récente conversion du jeune à la pratique du ballon ovale...)

   Cette série d'articles a fusé comme une rafale, quasiment sur commande. C'est toujours mieux que les ragots qui circulent sur les réseaux sociaux... mais ceux-ci contiennent parfois un fond de vérité, ce que même Libération (c'est la fôte à la sôciété !) a fini par reconnaître, dans un article de fact checking qui, sous couvert de minimiser la carrière de délinquant du jeune Nahel, finit par conclure que les avocats de la famille n'ont pas dit toute la vérité...

   Bref, même si, dans l'état actuel de nos connaissances (et sous réserve de révélations issues de l'enquête en cours), le tir du policier n'était sans doute pas justifié, nous assistons actuellement à une grosse tentative de récupération, menée à la fois par la gauche radicale (LFI en tête) et certains mouvements communautaristes. Mais les Français ne sont pas si bêtes...