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mardi, 10 septembre 2013

L'Aveyron, "déversoir" de la Seine-Saint-Denis ?

   Derrière ce titre un brin provocateur se cache un réel problème, à la fois politique, humanitaire et pénal, celui de la prise en charge des mineurs isolés étrangers (ou présumés tels). Les trois quotidiens aveyronnais ont publié ce mardi un article consacré aux propos du président du Conseil général, Jean-Claude Luche, qui accuse l'Etat de se décharger sur les départements (surtout ruraux) de sa mission de prise en charge de ces enfants et adolescents. Cependant, les trois journaux ne présentent pas l'affaire tout à fait de la même manière.

   La Dépêche du Midi montre un Jean-Claude Luche combatif et titre sur la "Rentrée de tous les fronts" :

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   Le paragraphe consacré à la polémique (en particulier le rejet de la circulaire Taubira du 31 mai dernier) reprend certains des propos tenus par le président du Conseil général, notamment ceux qui font allusion à un trafic de mineurs isolés.

   Midi Libre, à l'opposé, présente un Jean-Claude Luche assez "pépère", qui vit une "rentrée tranquille" :

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   L'article évoque le coût du placement de ces mineurs dans l'Aveyron.

   Mais le plus incisif est sans doute Centre Presse, dont l'article n'a gardé de la conférence de presse du président du Conseil général que les propos concernant l'affaire des mineurs isolés. La version papier n'est pas illustrée, mais la version numérique de l'article comporte une photographie du château de Floyrac, qui accueille les jeunes en mal d'insertion. Comme La Dépêche du Midi, Centre Presse reprend les propos sur l'existence d'un trafic des mineurs. Comme Midi Libre, Centre Presse évoque le coût du placement de ces jeunes... mais il cite davantage J-C Luche, qui parle du comportement des sept récemment accueillis, qui seraient violents et insultants, ce qu'aucun autre média local n'a évoqué. Alors, censure ? Bien-pensance ?

   A ceux qui croiraient que les affirmations qui précèdent sont pure spéculation, il convient de rappeler qu'il existe des filières qui organisent l'arrivée de mineurs en France (pas uniquement métropolitaine). L'une d'entre elles a d'ailleurs été démantelée dans l'Ariège, en juin dernier.

   Ce département fait partie de ceux qui accueillent le plus de mineurs isolés étrangers, derrière toutefois Paris, le Nord, le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis (d'après un rapport de la sénatrice Isabelle Debré). Ce dernier a décidé, en 2011, de ne plus prendre en charge ces enfants et adolescents. Il faut donc trouver de nouveaux départements où envoyer ces jeunes. Jean-Claude Luche semble calquer son attitude sur celle de Jean Arthuis, président du Conseil général de la Mayenne (sans toutefois aller aussi loin).

   A suivre...

vendredi, 30 août 2013

De l'intérêt du générique de fin

   Cet été, TF1 rediffuse d'anciens épisodes des séries qui ont naguère recueilli de beaux succès d'audience. Parmi celles-ci, il y a Profilage, une production française originale dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises.

   Ce jeudi, le premier épisode, intitulé Le plus beau jour de sa vie, traitait de la reproduction d'un mode opératoire dans un meurtre, à quinze ans de distance. Mais c'est le générique de fin qui m'a interpellé. Trop souvent aujourd'hui, certaines chaînes amputent cet indispensable hommage aux petites mains de l'audiovisuel, sans lesquelles aucun film, aucune émission, aucun téléfilm ne pourrait se faire. Voici ce que j'ai vu défiler tout à la fin de l'épisode :

Profilage Cantat.jpg

   Vous ne rêvez pas. le grand rebelle Xavier Cantat (le frère du boxeur lituanien...) est le photographe de plateau de cette série commerciale, produite par une chaîne de télévision capitaliste, soupçonnée de pencher à droite.

   A ceux qui l'ignorent, il faut dire que c'est son métier. Il a notamment créé les pochettes du groupe Noir Désir. En 2003-2004, il a mis son art au service de son frère, faisant même publier dans VSD des images de sa détention en Europe de l'Est.

   Ce monsieur est aussi devenu un militant politique, chez les Verts, où il a rencontré sa nouvelle compagne, Cécile Duflot (éminente géographe, comme chacun sait). En 2008, il est élu conseiller municipal à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne. Au premier tour, il figurait en neuvième position sur la liste des Verts :

Municipales 2008 a.jpg

    Au second, il est placé au dix-huitième rang d'une liste d'union de gauche :

Municipales 2008 b.jpg

   Bien qu'en position modeste, il fait partie des onze adjoints au maire :

Municipales c.jpg

   Comme la commune de Villeneuve-Saint-Georges compte un peu plus de 30 000 habitants et qu'elle est chef-lieu de canton, on peut estimer qu'il touche environ 1 400 euros d'indemnité (par mois). Malheureusement pour lui, il n'est pas parvenu à décrocher un siège de conseiller général : il a été sèchement éliminé au premier tour d'une élection cantonale partielle, en 2009 :

Cantonale partielle 2009.pdf

   En 2011, il a retenté sa chance dans le même canton, pour un résultat à peine plus flatteur : 398 voix et 14,15 % des inscrits. Un peu vex', cette grande vigie gauchiste a refusé d'appeler à voter pour le candidat communiste au second tour, alors qu'il était opposé à un adversaire estampillé FN.

   Pour terminer, rappelons que, dans les milieux nationalistes, il est détesté pour avoir dénigré le défilé du 14 juillet 2013.

samedi, 17 août 2013

Le Nouvel Hebdo numéro 293

   Le "petit jaune" de cette semaine évoque les à-côtés de la venue du ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll sur le Larzac. L'éditorial compare la manière dont les rebelles du Sud Aveyron ont décidé de gérer le foncier aux problèmes que rencontrent les (jeunes) agriculteurs ailleurs (en particulier dans le nord du département), tant le prix des terrains est parfois élevé.

   A ce petit coup de chapeau succède un long article de fond, qui s'en prend à certains "représentants officiels" de la lutte larzacienne. Des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont profité de la venue du ministre pour exprimer leur désaccord, ce qui n'a pas suscité l'enthousiasme des paysans rebelles. L'un des manifestants, Gilles Gesson (installé sur le causse depuis la fin des années 1990), a publié une tribune vengeresse, "Les Versaillais du Larzac".

   Notons que la visite ministérielle a "aimanté" le gratin de la gauche aveyronnaise :

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   Sur la photographie, on reconnaît le maire de Millau, Guy Durand, la députée de l'ouest du département Marie-Lou Marcel (et pas l'UMP Alain Marc), le sénateur Stéphane Mazars et le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées Martin Malvy.

   L'autre gros papier du numéro de cette semaine est consacré à l'un des couteliers de Laguiole, Honoré Durand, en pointe dans la dénonciation de la contrefaçon. Les lecteurs réguliers du Nouvel Hebdo se souviennent aussi qu'il y a signé quelques billets, en général pour critiquer le maire de Laguiole Vincent Alazard (contre lequel il s'est présenté aux municipales de 2008). L'article de cette semaine revient sur la jeunesse du futur coutelier. Gérard Galtier a enfilé ses habits de conteur pour ressusciter la vie de la campagne gardoise d'il y a plus de 50 ans.

   A signaler aussi un article qui traite d'un entrepreneur originaire de Naucelle installé au Vietnam. Pierre-Jean Malgouyres est cité dans un mini-dossier paru dans Le Monde le 9 août dernier :

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   Trois semaines plus tôt, il avait fait l'objet d'un portrait sur le blog de journalistes des Echos.

   Terminons par une séquence "hochets". L'hebdomadaire félicite (!) Florence Cayla (maire de Sébazac-Concourès et vice-présidente de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez), qui a été décorée de l'ordre national du mérite des mains d'Anne-Marie Escoffier. Elle faisait partie de la promotion du 14 novembre 2012, sur le contingent de la ministre aveyronnaise. Ajoutons qu'une autre élue locale figure à ses côtés : la maire de Naucelle Anne Blanc :

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   Mais ce n'est pas la promotion la plus récente. Une autre date du 14 mai 2013. Parmi les personnes distinguées (toujours sur le contingent de la ministre de la Décentralisation) on remarque les noms de Pierre Lançon (bibliothécaire de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron) et de Marc Gosselin, le directeur des services techniques du Grand Rodez.

vendredi, 09 août 2013

Corruption pétrolière

   Il était une fois, dans un grand et beau pays nommé "les Etats-Unis d'Amérique" un homme politique conservateur, pas franchement antipathique, plutôt compassionnel même, qui se fit élire président sous la pression d'un lobby pétrolier. A la fin de son mandat, un énorme scandale éclata.

   Bon, là, certains se disent : "Mais pourquoi diable vouloir nous parler encore de George W. Bush ?" Sauf que l'histoire dont il est question ici se passe dans le premier quart du XXe siècle. Le président est Warren G. Harding. Le scandale auquel il est fait allusion est désigné sous le nom de Teapot Dome. Il fait l'objet d'un excellent article du Monde, signé Alain Faujas et Jacques Trauman. Il s'insère dans l'une des passionnantes séries d'été qui agrémentent ce quotidien en juillet-août. (Il y a quelques semaines, la correspondante en Russie, Marie Jego, en a proposé une sur le lac Baïkal.)

   Pour l'anecdote, sachez (d'après le site de la chaîne PBS) que le futur président magouilleur est né à proximité d'une petite ville nommée Corsica, dans l'Ohio ! Sachez encore qu'il avait placé le début de son mandat sous le signe du retour à la "normalité" !

   Sur un plan plus général, l'administration Harding est connue pour avoir annulé une partie des mesures (notamment fiscales) prises par son prédécesseur, Woodrow Wilson. C'est aussi l'époque du retour du protectionnisme, de l'instauration de quotas d'immigration et de la signature de traités séparés avec les vaincus de la Première guerre mondiale.

mercredi, 07 août 2013

Réserve parlementaire, cuvée 2012

   Le quotidien Le Monde consacre un nouvel article, cette fois-ci à la réserve parlementaire de l'an dernier... en fait des six premiers mois : ce sont les députés de l'Assemblée nationale sortante qui ont tout dépensé... les coquins ! De l'article, on peut accéder à un moteur de recherche qui permet (malgré quelques bugs) de se concentrer sur un département, une commune ou un parlementaire. Les amateurs de drogue dure, qui ont du mal à occuper leurs soirées, peuvent se rendre sur le site du gouvernement et accéder à l'intégralité des subventions attribuées par les parlementaires. Le fichier compte plus de mille pages, où les communes bénéficiaires sont classées par ordre alphabétique, sans considération de département.

   Comme le mois dernier (avec la réserve 2011), j'ai décidé d'éplucher les données concernant l'Aveyron. En utilisant les mêmes couleurs et figurés, j'ai construit une carte du même type. Voici le résultat auquel je parviens :

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   Sans surprise, le parlementaire qui a octroyé le plus de subventions est le député Yves Censi, avec un total de 189 990 euros (selon mes calculs), répartis entre neuf communes (en bleu foncé sur la carte). Elles sont toutes situées dans sa circonscription. Cela va de 6 000 euros (pour Florentin-la-Capelle) à 43 385 euros (admirez la précision) pour Saint-Côme-d'Olt. En général, cela représente entre 3 et 20 % du coût du projet. Pruines fait exception : deux projets ont été financés à 50 % par la réserve parlementaire du député.

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   L'autre élu UMP, Alain Marc, a distribué plus de deux fois plus qu'en 2011 (142 594 euros contre 63 500)... en deux fois moins de temps (6 mois au lieu d'un an). La préparation des élections législatives expliquerait-elle cette frénésie subventionniste ? Le député du Sud Aveyron a versé des sommes s'étalant de 4 000 à 25 000 euros, à 11 projets (les communes sont en bleu clair). En valeur, ce sont deux communes (Cassagnes-Bégonhès pour la communauté de communes Viaur-Céor-Lagast, Saint-Georges-de-Luzençon pour celle de Millau-Grands Causses) qui ont reçu le plus. Mais la somme représente moins de 2 % du coût de chaque projet. En proportion, Saint-Laurent-d'Olt et Sévérac-le-Château ont été mieux dotées : leurs projets ont été financés respectivement à 50 % et 48,7 % par la réserve parlementaire.

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   A côté de ces deux pachas, la socialiste Marie-Lou Marcel, élue de l'ouest du département, faisait figure de parent pauvre : elle n'a distribué que 15 000 euros (contre 21 000 en 2011). Comme l'année précédente, elle a partagé sa réserve en parties égales, trois de 5 000 euros en 2012. (Les communes sont en rouge sur la carte.) En pourcentage, c'est moins équitable : les projets de Sainte-Croix et Vailhourles ont été financés à moins de 3 %, celui de La Rouquette à 12,8 %.

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   La sénatrice PRG Anne-Marie Escoffier a versé presque la même somme en 2012 qu'en 2011 (33 000 euros, contre 32 500 l'année précédente). Trois communes (en rose sur la carte) en ont bénéficié. Sans surprise, on retrouve Rignac (projet financé à plus de 40 % par la réserve), chef-lieu de canton dont l'élue est... A-M Escoffier. Decazeville a touché une petite somme (6 000 euros), qui n'est qu'une faible contribution à son projet (3,1 %). Par contre, Espalion a reçu 25 000 euros, qui ont financé à 35 % l'aménagement d'un terrain de jeux. Déjà l'année précédente, cette commune avait touché une jolie somme de Gérard Larcher, à l'époque président du Sénat... et élu des Yvelines. Conclusion : soit la commune d'Espalion a la cote auprès des sénateurs, soit le maire Gilbert Cayron dispose d'un très bon carnet d'adresses (maçonniques ?).

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   Comme pour l'année 2011, le nom du second sénateur aveyronnais, Alain Fauconnier, n'apparaît pas dans la liste des donateurs. Comme en 2011, le maire de Saint-Affrique s'est rasé les jambes et a troqué le pantalon contre la jupe. Revoici donc la sénatrice bretonne Odette Herviaux, qui a distribué presque 140 000 euros dans le département.  Les 25 communes bénéficiaires sont en orange sur la carte. (Pour la communauté de communes des Sept-Vallons, faute de précision, j'ai colorié Coupiac.)

   On ne s'étonnera pas que 20 des 25 communes soient situées dans le Sud du département, terre d'élection d'A. Fauconnier. Toutefois, par rapport à 2011, un petit changement est survenu : trois communes situées à l'ouest (Balaguier-d'Olt, La-Bastide-L'Evêque et Saujac), deux au nord (Entraygues-sur-Truyère et Lacroix-Barrez), ont bénéficié de subventions. Globalement, les sommes vont de 1 000 à 26 500 euros. C'est Saint-Affrique (dont le maire est... Alain Fauconnier) qui a touché le plus, et de loin, la seconde commune la mieux dotée étant Saint-Jean-et-Saint-Paul avec 10 000 euros. Précisons que Marie-Thérèse Foulquier en est la maire. Rappelons qu'elle fut candidate aux législatives de 2012, soutenue (officiellement) par le PS et Les Verts.

   En pourcentage, les projets qui ont bénéficié du meilleur soutien financier d'Odette Fauconnier (ou d'Alain Herviaux, je sais plus) sont ceux de Tauriac-de-Camarès (50 % du coût supporté par la réserve parlementaire), de Buzeins (47,4 %), de Saint-Affrique (46,5 %), de Lavernhe-de-Sévérac (46,2 %), de Verrières (de 40 %), de Millau (39 %)... et de Saint-Jean-et-Saint-Paul (37,4 %). Globalement, on remarque la prééminence des agglomérations de Saint-Affrique et de Millau.

   Cependant, c'est de la fameuse "réserve ministérielle" (anonyme dans le document officiel) que proviennent les subventions les plus abondantes : 200 818 euros. Onze communes (hachurées en noir sur la carte) en ont été bénéficiaires, pour des sommes allant de 2 000 à 54 000 euros. Trois (Buzeins, Flavin et La Bastide-Solages) ont aussi touché une somme de l'un des parlementaires aveyronnais. Dix des onze communes sont situées dans la circonscription d'Alain Marc... étonnant, non ? Une seule se trouve en déhors. Il s'agit de Sébrazac, dont le maire est un certain Jean-Claude Anglars, qui est aussi vice-président du Conseil général. Les 49 818 euros reçus représentent 10,4 % du projet. On voit par là que la réserve ministérielle n'est pas aveugle ; elle est même sans doute téléguidée.

   Les sommes versées vont de 2 000 à 54 000 euros. C'est la commune de Saint-Sernin-sur-Rance qui a reçu le plus. Les 54 000 euros ne représentent toutefois que 5,6 % du coût du projet. Précisons que le maire est Annie Bel, qui avait reconquis le canton pour le compte de la majorité départementale en 2011. Un article de La Dépêche du Midi a levé le voile sur l'origine du coup de pouce dont a bénéficié la commune. Il évoque la réserve parlementaire du député Alain Marc, mais il s'agit de la réserve ministérielle, qui a été "orientée" par le député.

   En général, l'apport gouvernemental représente une part modeste du financement. Deux communes ont été proportionnellement un peu mieux dotées : Lapanouse-de-Cernon (projet financé à 19,6 %) et Saint-Jean-du-Bruel (projet financé à 18,2 %, correspondant à un apport de 30 000 euros).

   Ce sera au moins un point positif pour le duo Hollande-Ayrault que d'avoir régulé ces pratiques inéquitables et obscures, qui ont trop longtemps permis à des potentats locaux de se bâtir un fief électoral grâce à l'argent des contribuables.

samedi, 27 juillet 2013

A couteaux tirés

   En lisant un article du quotidien La Montagne paru cette fin de semaine, on réalise que l'examen du projet de loi relatif à la consommation par la commission des affaires économiques du Sénat crée quelques tensions entre élus auvergnats et aveyronnais, à propos de la future IGP Laguiole.

   Tout part de l'examen des amendements, notamment ceux portant sur le chapitre IV et l'article 23. Pour cela, il faut revenir un peu en arrière, lorsque l'Assemblée nationale a examiné le texte. Le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a fait voter un amendement (le numéro 720) qui introduit une formule en apparence anodine dans un alinéa de l'article 23, concernant le futur cahier des charges de l'IGP :

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   Il est intéressant de lire la justification avancée par le député lorsqu'il a proposé cette modification (en compagnie de quatorze autres élus, tous membres du groupe Gauche Démocrate et Républicaine, comme lui) : "Il apparaît en effet indispensable que les conditions de création d’une indication géographique ne portent pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et d’une production de qualité existante pour un même produit. L’objectif est bien de développer l’emploi et non d’en supprimer." (C'est moi qui souligne.) Il est évidemment fait allusion à la production du bassin de Thiers.

   Dans la foulée, André Chassaigne a soutenu deux autres propositions d'amendement, avant de les retirer. Le numéro 723 était dans le même esprit que celui qui a été adopté : la défense de la production de couteaux Laguiole par les artisans thiernois ("et qui ne porte pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et à la production d’un même produit.").

   L'autre amendement retiré (le numéro 722) peut être considéré comme une petite attaque contre les couteliers aveyronnais. Il est question de l'organisme privé chargé de la défense d'une IGP. L'élu auvergnat aurait aimé qu'il figure que cet organisme soit jugé "représentatif de la profession concernée". Les couteliers aveyronnais ne formant qu'un groupe minoritaire, cela aurait conduit à inclure dans l'IGP leurs homologues thiernois, plus nombreux.

   Le texte voté par l'Assemblée nationale arrive au Sénat début juillet. C'est la commission des affaires économiques qui effectue le gros du travail en amont, avant l'examen en séance plénière. Voici ce qu'est devenu le passage qui avait été modifié à l'instigation d'André Chassaigne :

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   L'insertion a donc été supprimée par un amendement présenté par les rapporteurs Martial Bourquin et... Alain Fauconnier, le maire de Saint-Affrique. En lisant le compte-rendu des débats de la commission, on découvre sans surprise que c'est bien Alain Fauconnier qui a présenté l'amendement. Il l'a justifié en déclarant que le passage concerné n'était qu'illustratif et que la définition d'une IGP prenait en compte bien d'autres éléments absents de l'article. (C'est plutôt au cahier des charges d'établir ces critères.)

 

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   L'histoire ne s'arrête évidemment pas là. Le texte élaboré par la commission sénatoriale va être discuté en réunion plénière, avant de repasser devant les députés, les deux assemblées devant voter le même projet. Comme, en cas de désaccord, ce sont les députés qui ont le dernier mot, si André Chassaigne réussit à réintroduire son amendement, celui-ci fera partie de la loi.

mercredi, 17 juillet 2013

La promo du 14 juillet 2013

   En se plongeant dans le Journal Officiel du 14 juillet, on tombe d'abord sur les décrets du président de la République portant sur les nominations et promotions dans l'ordre de la Légion d'honneur. C'est la quatrième fois que François Hollande se livre à l'exercice, après les promotions du 14 juillet 2012, du 1er janvier 2013 et du 29 mars 2013.

   Comme il y a quatre mois, je vais m'intéresser aux élus, du moins à ceux qui sont présentés comme tels sur la liste. Deux se trouvent dans le deuxième décret, mais c'est dans le quatrième (le plus long) qu'ils figurent en presque totalité.

   Parmi les 656 noms, j'ai repéré 61 élus, soit un peu plus de 9 % du total (encore plus qu'en mars dernier), alors qu'ils représenent moins de 1 % de la population française. A noter que la parité est presque respectée, avec 28 femmes (46 %) pour 33 hommes (54 %).

   Politiquement parlant, c'est encore plus tranché. Je n'ai pas pu déterminer l'orientation politique de 3 des 61 élus. Il est reste donc 58. 50 appartiennent (ou ont appartenu) à des partis de gauche (42 rien qu'au PS), 8 sont classés à droite (5 à l'UMP, dont Roselyne Bachelot, qui n'avait jamais été décorée sous un gouvernement de droite). Les breloques ont donc été décernées à des élus du parti présidentiel dans plus des deux tiers des cas.

  46 décorations concernent des chevaliers, 13 des officiers et 2 des commandeurs. Ces deux derniers (dont l'ancien maire de Cahors et ancien président du Conseil général du Lot Maurice Faure) sont de gauche, tout comme la quasi-totalité des officiers. L'exception à la règle est proche de nous, puisqu'il s'agit de Josseline Longépée, maire UMP de Quézac, en Lozère.

   Passons à la répartition géographique des futurs décorés. Selon que l'on utilise le département ou la région comme base, l'impression visuelle varie. Le plus simple est de s'appuyer sur les régions métropolitaines. Toutes sauf la Corse ont au moins un élu dans la liste du 14 juillet.

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   J'ai laissé en blanc les régions qui comptent 1 ou 2 décorés. J'ai colorié en jaune les régions qui comptent 3 ou 4 décorés, en orange celles qui comptent 5 ou 6 décorés. L'Ile-de-France se détache en rouge, avec 11 décorés (tous de gauche). Les deux autres bastions du PS et de ses alliés émergent, avec la pointe nord et le Sud-Ouest de la métropole.

   Voici ce que cela donne lorsqu'on affine la représentation, en s'appuyant sur les départements :

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   J'ai laissé en blanc les départements  dont a priori aucun élu ne figure dans la liste. J'ai colorié en jaune les départements dont un élu est mentionné, en orange ceux dont deux élus sont mentionnés. En rouge, il reste les départements dont trois ou quatre élus figurent sur la liste.

   Grosso modo, on retrouve l'importance du Sud-Ouest (le second Lotois étant Martin Malvy, promu officier), de la région parisienne et du Nord. En PACA, on s'aperçoit que ce sont les départements ruraux qui ont pesé. Par rapport à la carte précédente, on remarque le Finistère et le Bas-Rhin, ainsi qu'un axe Bourgogne-Rhône (un axe Rebsamen-Collomb, si vous préférez).

   A mon avis, le Parti socialiste est déjà en train de préparer les municipales, et l'on en a des traces dans l'attribution de la Légion d'honneur. Comme le Nord et l'Hérault (en rouge aussi) sont deux des plus importantes fédérations du PS, il n'est pas étonnant que leurs élus soient surreprésentés dans les décorés.

   Mais, dans l'Hérault, il faut gérer les séquelles de la division née à l'époque de Georges Frêche. Un article du Monde du 20 juin dernier évoquait les tensions autour du choix de la tête de liste PS pour Montpellier. La sortante, Hélène Mandroux (72 ans...), veut rempiler. Face à elle se dressent deux hommes.

   Présenté comme son plus sérieux rival, Jean-Pierre Moure est maire de Cournonsec, une petite commune de la périphérie sud-ouest de Montpellier. Il est aussi conseiller général et surtout président de l'agglomération de Montpellier, où il a succédé à G. Frêche. Il s'est déjà déclaré candidat. Il a cependant contre lui d'être un beau cumulard, dont la gestion communale n'est pas exemplaire... et qui va devoir affronter une plainte touchant l'attribution de marchés publics au niveau de l'agglomération.

   Le second rival socialiste de la maire sortante est Philippe Saurel, adjoint au maire de Montpellier, conseiller général, proche de Manuel Valls... et franc-maçon. Voilà pour le pedigree de l'animal, qui a déjà créé sa page Facebook en vue des municipales.

   Et ce ne sont là que les principaux candidats socialistes. D'après France 3 Languedoc-Roussillon, d'autres ambitions se sont plus ou moins déclarées. On cite notamment le nom du président du Conseil général de l'Hérault, André Vézinhet (né à Rodez... en 1939). Tout ça, rien qu'au PS. Pourquoi tant d'empressement à s'investir dans la chose publique ? Peut-être parce que les études d'opinion (dont un sondage commandé récemment par la direction du PS) donnent les socialistes largement gagnants en 2014 dans la capitale de la Septimanie.

   Cela nous ramène aux breloques décernées le 14 juillet. Parmi les quatre élus héraultais, on trouve André Vézinhet et Philippe Saurel (celui-ci sur le contingent du ministre de l'Intérieur...), ainsi que Sophie Boniface-Pascal, autre adjointe d'Hélène Mandroux.  Visiblement, l'Elysée semble vouloir suivre de très près la constitution de la liste PS.

dimanche, 14 juillet 2013

Des parlementaires qui ne manquent pas de réserve

   Le sujet a déjà été abordé sur le site Aligorchie. KaG a consacré deux billets à l'un des versants de la réserve parlementaire : les dons aux associations. De mon côté, grâce à un moteur de recherche accessible depuis un article du Monde, je me suis intéressé aux subventions accordées aux communes aveyronnaises en 2011. A partir de cela, j'ai tenté de construire une carte de synthèse :

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   J'ai matérialisé, d'un trait noir épais, la séparation entre les trois circonscriptions législatives. Ensuite, j'ai colorié (ou hachuré) les communes qui ont reçu une subvention issue de la réserve parlementaire. Quelles conclusions peut-on tirer de tout cela ?

   En terme de données brutes, des cinq parlementaires aveyronnais en place en 2011, c'est incontestablement le député UMP Yves Censi (à l'époque membre de la majorité) qui a le plus distribué, avec un total de 170 000 euros. A l'autre bout se trouvait la députée PS Marie-Lou Marcel (alors dans l'opposition), avec un total de 21 000 euros. Eh, oui, les parlementaires n'étaient pas tous logés à la même enseigne !

   Cependant, on verra plus bas que près de 700 000 euros ont été distribués dans le département en provenance directe de la "réserve ministérielle". On comparera la répartition de cette manne avec les subventions des parlementaires.

   Commençons avec Yves Censi, élu de la première circonscription, qui s'étend grosso modo de Rodez à l'Aubrac. En 2011, il a accordé des subventions à 6 communes (coloriées en bleu foncé sur la carte), pour 8 projets. Trois de ceux-ci concernent la seule commune d'Alpuech (la plus au nord), pour un total de 10 000 euros. Toujours sur l'Aubrac, 33 000 euros sont venus aider à la construction d'un garage communal, à Prades. Pas très loin de là, c'est Saint-Geniez-d'Olt a aussi bénéficié d'un financement partiel venant du député. Les autres communes aidées (Montrozier, La Loubière, Palmas) sont plus proches du Grand Rodez, mais situées en dehors. Logiquement, comme les deux autres députés, Yves Censi a subventionné des projets montés par des communes situées dans sa circonscription.

   Son collègue UMP Alain Marc, qui a distribué 63 500 euros, a davantage ventilé les subventions, entre 9 communes (en bleu clair sur la carte : Ayssènes, Camarès, Cassagnes-Bégonhès, Comps-Lagrand'ville, Compeyre, Coupiac, Creissels, Rullac-Saint-Cirq, Saint-Juéry et Villelaure). Les sommes sont moins inégales (entre 2 500 et 10 000 euros). Si elles excluent les deux villes gérées par le PS (Millau et Saint-Affrique), elles touchent néanmoins (me semble-t-il) aussi bien des communes qui votent à gauche que des communes qui votent à droite. Il faudrait comparer avec les années précédentes pour en tirer des conclusions plus fines. En tout cas, à un an des législatives, c'était habile de la part d'Alain Marc, dont la réélection a été en partie assurée par des voix de gauche.

   La troisième députée, Marie-Lou Marcel, a divisé la part de sa réserve attribuée aux communes en quatre parties égales de 5 250 euros. Les territoires sont coloriés en rouge sur la carte. Ce sont ceux Grand-Vabre, La-Capelle-Balaguier, Moyrazès et Saint-Igest.

   Viennent ensuite les sénateurs, tous les deux dans l'opposition en 2011. Ils ont donc bénéficié de sommes modestes. Anne-Marie Escoffier a distribué 32 500 euros à trois communes (en rose sur la carte) : Belcastel, Rignac et Villeneuve. Signalons que les deux premières sont situées dans le canton de Rignac, dont la conseillère générale est... Anne-Marie Escoffier.

   Arrive donc le moment de s'intéresser aux subventions attribuées par Alain Fauconnier. O surprise ! Son nom est introuvable dans la liste des parlementaires et, quand on vérifie l'intégralité des projets aveyronnais qui ont bénéficié de la réserve, son nom n'apparaît toujours pas. Et pourtant... si vous avez regardé attentivement la carte du début, vous vous êtes rendus compte qu'une cinquième couleur, l'orange, apparaît assez souvent dans la moitié sud du département. Les communes que j'ai fait ressortir ainsi ont bénéficié d'une subvention sénatoriale, mais pas d'Alain Fauconnier. Le nom qui apparaît dans le moteur de recherche mis en ligne par Le Monde est Odette Herviaux.

   Elle est sénatrice du Morbihan depuis 2001 et secrétaire du bureau de la Haute Assemblée depuis 2008. En 2011, elle a aidé 89 projets, dans 12 départements (dont deux outremer : la Martinique et la Guyane). Voici la répartition départementale de ses subventions en métropole :

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   En rouge figurent les départements les plus aidés (14 projets chacun). Sans surprise, on découvre que la sénatrice bretonne a été généreuse dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor. Par contre, je ne sais pas pourquoi le Doubs a été aussi bien pourvu. Un peu derrière, on trouve (en orange) l'Ardèche et l'Aveyron (11 et 10 projets), puis (en jaune) la Haute-Garonne, l'Aude et la Côte-d'Or (6, 5 et 5 projets). Enfin, en beige, j'ai colorié le Nord et le Puy-de-Dôme, qui ont chacun obtenu une seule subvention (mais d'un montant élevé pour le premier).

   Ce n'est donc sans doute pas un amour immodéré de l'Aveyron qui a conduit la sénatrice à y aider 10 projets, mais le fait que, membre du bureau du Sénat, elle disposait d'une somme bien plus importante que ses collègues. Cette attitude redistributive n'en est que plus louable. Mais revenons à l'Aveyron.

   Les subventions de Mme Herviaux semblent avoir été quelque peu "téléguidées". (N'oubliez pas que les communes concernées sont en orange sur la première carte, celle qui figure en début de billet.) Les agglomérations de Millau et surtout de Saint-Affrique (dont le maire n'est autre qu'Alain Fauconnier) ont été privilégiées : Saint-Affrique seule a reçu 25 000 euros, Saint-Izaire 2 000, Versols-et-Lapeyre 3 000.

   C'est le moment que choisit le petit malin au fond de la salle pour faire remarquer qu''il reste une couleur dont je n'ai pas parlé : le gris. Je l'ai attribué à Espalion, dont la restauration du Vieux-Palais a été financée presque à 50 % par Gérard Larcher, qui fut président du Sénat de 2008 à 2011. Faut-il y voir le résultat de l'action de Philippe Meyer, qui préside l'Association pour la renaissance du Vieux-Palais ?

   Pour terminer, voyons un peu comment la fameuse "réserve ministérielle" a été attribuée dans le département. Les communes qui en ont bénéficié sont hachurées en noir sur la première carte. Elles sont au nombre de 15, pour 16 projets. Les sommes versées vont de 4 000 à 100 000 euros et sont le plus souvent comprises entre 20 000 et 40 000. La majorité des communes qui ont touché quelque chose sont situées dans la circonscription d'Alain Marc...

   On remarque aussi que seules deux communes ont obtenu des financements de deux sources différences : Saint-Juéry et Saint-Geniez-d'Olt. Pour la première, je me demande si c'est dû aux relations de son maire, l'historien Christian Font. Concernant la seconde, il suffit de rappeler que Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) en fut maire de 1995 à 2008 (il demeure premier adjoint) et qu'il en est l'indéboulonnable conseiller général depuis près de 20 ans.

   Quand on regarde plus en détail les financements dont Saint-Geniez a bénéficié, on constate que les montants sont élevés. Ainsi, la réserve ministérielle a contribué pour 100 000 euros à des travaux de voirie et pour 100 000 euros supplémentaires à la reconversion de la salle polyvalente. Cela représente 29 % de l'ensemble des sommes attribuées à l'Aveyron par la réserve ministérielle. Pas mal, non ? De son côté, Yves Censi a versé 20 000 euros pour la réfection de la piscine du camping municipal. Si l'on ajoute à cela le fait que le canton de Saint-Geniez-d'Olt a été, de 2008 à 2011 (d'après Le Ruthénois), le plus important bénéficiaire des subventions du Conseil général (avec 345 000 euros), on réalise à quel point le manque de transparence dans l'attribution de divers financements (aussi bien locaux que nationaux) favorise les inégalités au sein du département.

vendredi, 12 juillet 2013

Petits arrangements aveyronnais

   Le dernier numéro du Ruthénois (désormais quinzomadaire) est disponible jusqu'au 18 juillet. Il contient une série d'articles intéressants, mais surtout un mini-dossier de quatre pages intitulé "Les Aveyronnais sont-ils les victimes des arrangements politiques ?"

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   Les papiers sont de Benoît Garret, qui fait partie de la rédaction du Progrès Saint-Affricain, si je ne m'abuse. Il est déjà arrivé que certains de ses articles se retrouvent dans Le Ruthénois. (L'an dernier, j'avais trouvé l'entretien mené avec Mme Escoffier excessivement complaisant.) Ici, le ton est plus incisif. Les informations concernent davantage le Sud du département que le Nord.

   Les deux premières pages du dossier sont consacrées à la répartition des aides versées par le Conseil général aux communes du département. Il apparaît clairement que la majorité réunie autour de Jean-Claude Luche finance surtout des projets dans les cantons "amis". Notons que le détail des financements est accessible sur la page Facebook de l'hebdomadaire. (Il est divisé en quinze parties.)

   Les données portent sur les années 2008-2011. Il semble donc qu'il n'y ait pas de rupture franche entre la gestion Puech et la gestion Luche. Il faudrait peut-être y regarder plus en détail.

   Intéressons-nous aux cantons qui ont touché les sommes les plus importantes. En tête se trouve celui de Saint-Geniez-d'Olt (dont est issu Jean-Claude Luche), avec 345 000 euros. Il devance finalement d'assez peu le canton de Cornus, tenu par Christophe Laborie, vice-président du Conseil général (312 400 euros). La médaille de bronze est détenue par le canton de Saint-Sernin-sur-Rance, avec 303 500 euros. Traditionnellement, c'est un fief de la droite, qui l'a toujours détenu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale... sauf entre 2004 et 2011, quand le titulaire fut Claude Boyer (élu de justesse, en ayant profité de l'affaiblissement du sortant par une candidature sans étiquette au premier tour). On peut estimer que la majorité départementale a jugé capital de récupérer ce canton en 2011.

   Sur les douze cantons qui suivent, un seul est détenu par la gauche, celui de Marcillac-Vallon. Il arrive en dixième position au niveau des subventions, avec 160 000 euros. Sur les quinze cantons les plus aidés par le Conseil général, treize étaient donc détenus par la majorité départementale. Parmi ceux-ci se trouvent Laissac, Camarès, Montbazens, Vezins-de-Lévézou, Bozouls... Rappelons qu'à l'époque, la majorité est assez mince : 25 élus contre 21 à l'opposition de gauche. Les cantons urbains ont été très peu aidés.

   Page 6, la parole est à la défense : Jean-Claude Luche est interrogé par le journaliste... et l'on sent que la discussion a été tendue. Le président du Conseil général manie un peu la langue de bois, sous-entendant que l'argent est allé aux communes et cantons dynamiques... et donc que les élus de gauche défendent mal leur territoire.

   D'un autre côté, la gauche agit-elle autrement là où elle est aux manettes ? Il faudrait effectuer la même analyse pour le département du Lot, par exemple... ou pour la Corrèze, tiens. Le Ruthénois ébauche une comparaison avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées. J'ai aussi souvenir, il y a des mois de cela, d'un article du Petit Journal qui dénonçait l'inéquitabilité de la répartition des aides régionales aux villes.

   On pourrait aussi s'appuyer sur la récente décision de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de rétablir certains tribunaux de grande instance qui avaient été supprimés par la réforme de Rachida Dati. Les communes de Saumur, Saint-Gaudens et Tulle récupèrent leur TGI. Trois autres villes (Dole, Guingamp et Marmande) obtiennent la mise en place de chambres détachées, ce qui a été refusé à Millau. Est-il étonnant de constater que 5 des 6 communes qui récupèrent quelque chose sont gérées par des majorités de gauche ? (A contrario, cela veut aussi dire que le pouvoir sarkozyen a eu tendance à supprimer des tribunaux dans des villes gérée par ses opposants...) La sixième, Saumur, est située dans le Maine-et-Loire, un département assez vaste (bien que plus petit que l'Aveyron), mais ne disposant plus que d'un seul TGI (à Angers) pour près de 800 000 habitants.

   La dernière page du mini-dossier du Ruthénois aborde l'arrière-plan des élections législatives de 2012, en particulier dans la troisième circonscription, qui a vu la réélection d'Alain Marc, alors que la gauche semblait en mesure de l'emporter. L'article évoque les divisions du camp "progressiste" et une éventuelle entente secrète entre le sénateur-maire de Saint-Affrique, le socialiste Alain Fauconnier, et le député UMP sortant. Il oublie d'évoquer la franc-maçonnerie. Sur ce sujet, il vaut mieux se reporter au chapitre 18 du livre d'Hugues Robert, Presse Business, histoire critique d'une presse bien française.

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jeudi, 11 juillet 2013

Cumul mon amour ! (2)

   Il va encore être question de la loi sur le cumul des mandats (dont j'ai parlé hier). Le détail des votes des députés est accessible sur le site de l'Assemblée nationale.

   Sans surprise, on constate que la socialiste Marie-Lou Marcel a voté le texte, tandis que ses collègues UMP Yves Censi et Alain Marc l'ont rejeté. A toutes fins utiles, rappelons que ce dernier est aussi vice-président du Conseil général de l'Aveyron, un cumul que la nouvelle loi interdit. Quant à Yves Censi, il ne cache pas vouloir conquérir la mairie de Rodez, ce qui, en cas de succès, le placerait aussi en situation de cumul prohibé... à partir de 2017.

   De manière générale, les députés de gauche ont voté la loi et ceux de droite l'ont rejetée. Si l'on y regarde de plus près, on est amené à nuancer. Tous les écologistes (bravo !), la presque totalité des socialistes et la majorité des élus du Front de Gauche ont voté le texte. Mais les chevènementistes et la majorité des radicaux s'y sont opposés.

   A droite, personne ni à l'UMP ni à l'UDI n'a voté la loi, mais quelques téméraires se sont abstenus. Ils ne sont que trois à l'UMP, dont le Toulousain Jean-Luc Moudenc et Thierry Solère, une jeune pousse des Hauts-de-Seine, qui a battu Claude Guéant en 2012... et qui avait été mêlé à la "vendetta" organisée contre Patrick Devedjian (qui a rejeté le texte). A l'UDI, 30 % des députés se sont abstenus. (Ne vous emballez pas : cela ne représente que 9 personnes !) Parmi eux, on trouve Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Hervé Morin et le Tarnais Philippe Folliot. L'ont-ils fait par conviction ? Ont-ils vu là l'occasion de se distinguer de la masse et d'afficher leur pseudo-centrisme ? C'est difficile à dire. On en saura peut-être plus quand le texte reviendra du Sénat.

   En poursuivant la lecture de la liste, on arrive aux députés non inscrits. Les deux élus d'extrême-droite (Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) ont voté la loi !

mercredi, 10 juillet 2013

Cumul mon amour !

   Les socialistes ont fini par s'y mettre. Ils ont mis le temps, ils se sont montrés très timides, mais ils ont accouché d'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats. Attention toutefois : votée par l'Assemblée nationale, elle doit encore passer devant le Sénat, dont les membres semblent majoritairement hostiles aux principes de bon sens que le texte contient.

   Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'une promesse du candidat Hollande, contenue dans l'engagement numéro 48 (au passage, je conseille à ceux qui ont joué la surprise quand le gouvernement a mis au programme le mariage homo de lire l'engagement numéro 31) :

"J’augmenterai les pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement, notamment sur les nominations aux plus hauts postes de l’État afin de les rendre irréprochables. Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. Je renforcerai la parité entre les femmes et les hommes en alourdissant les sanctions financières contre les partis politiques qui ne la respectent pas. J’introduirai une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale."

   Le formulation était vague, contrairement à ce qui est écrit dans d'autres articles. J'aurais aimé que le gouvernement aille plus loin, mais, pour l'instant, il faut se contenter de la loi que vient de voter la majorité absolue des députés. Le principe est simple : à partir de 2017, on ne pourrait plus être député (ou sénateur ou député européen) ET maire, adjoint, (vice) président de Conseil départemental, de Conseil régional ou d'un établissement intercommunal (genre la Communauté d'agglomération du Grand Rodez).

   Le diable se niche dans les détails... et dans ce qui n'est pas écrit. Cela veut donc dire que l'on pourra être parlementaire et conseiller départemental ou régional, mandats qui sont rémunérés. Les parlementaires pourront aussi rester conseillers municipaux ou intercommunaux, ces fonctions étant très souvent (mais pas toujours) bénévoles. Voilà qui ruine l'un des arguments des opposants (comme le sénateur Stéphane Mazars, qui s'est récemment exprimé dans les colonnes de Centre Presse), qui prétendent qu'un parlementaire déconnecté des réalités locales fait du moins bon travail. Grâce à cette loi sur le non-cumul, les parlementaires pourront garder un pied en province. (Selon moi, on aurait dû seulement tolérer les fonctions de conseiller municipal ou intercommunautaire... ou alors interdire le cumul des indemnités.) Notons que la loi ne change rien aux règles actuelles de cumul des mandats locaux.

   Il va être intéressant de suivre le passage au Sénat. En effet, d'après Le Monde, le texte a été voté par la grande majorité des députés PS, Verts et Front de Gauche, alors que ceux du PRG ont plutôt voté contre (en compagnie de l'UDI et de l'UMP). Quelle va être l'attitude des sénateurs radicaux du groupe RDSE (dont S. Mazars) ?

   Le piquant dans cette affaire est que les récentes péripéties de la vie politique ruthénoise ont conduit le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, qui est aussi (depuis mars 2013) vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, à s'emparer de la présidence de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez. A droite, on avait déjà "Cumuluche". Faudra-t-il désormais aussi parler de Christian "Excèdre" ?

   Blague à part, cette loi sur le cumul des mandats, bien que positive, n'en est pas moins révélatrice du conservatisme des élus de gauche comme de droite et du manque d'autorité de l'exécutif parisien. On a déjà pu le constater à propos de la transparence des richesses. Rappelez-vous : en avril dernier, tous les membres du gouvernement avaient dû publier leur déclaration de patrimoine. Ce fut indéniablement un pas important, mais, à la lecture desdites déclarations, il était clair que certains ministres avaient rusé. (Sur ce sujet, je conseille les articles que Donato Pelayo a signés, les 19 et 26 avril ainsi que le 3 mai 2013, dans Le Nouvel Hebdo.)

   En dépit (entre autres) de l'affaire Cahuzac (et de ses conséquences électorales), beaucoup de députés ont persisté à s'opposer à l'application de la transparence à leur patrimoine. La loi votée fin juin par l'Assemblée (actuellement examinée par le Sénat) est pourtant modérée dans son ambition. Si la déclaration concerne un grand nombre d'élus (ainsi que des hauts fonctionnaires), la publicité du contenu est interdite : le citoyen lambda pourrait consulter mais pas révéler publiquement ce qu'il a lu...

   Nos parlementaires sont décidément bien cachottiers... Certains jouent un peu plus franc-jeu, comme Stéphane Mazars. Dans l'entretien publié dans Centre Presse, il affirme : "Je gagne mieux ma vie en étant avocat que sénateur !" Examinons la chose. L'an dernier, j'ai salué sa décision de renoncer à ses émoluments d'adjoint au maire de Rodez. Du coup, il ne touche plus que son indemnité de sénateur, soit environ 5 500 euros nets par mois... auxquels il faut ajouter environ 6 000 euros d'I.R.F.M. (Indemnité Représentative de Frais de Mandat)... non soumise à l'impôt sur le revenu.

   Comparons aux revenus des avocats. En 2008, en moyenne, il s'agissait d'environ 6 200 euros par mois. Mais, comme les écarts sont énormes dans la profession, il peut être utile de comparer avec le revenu médian, celui qui sépare en deux groupes égaux les membres de la profession : 3 800 euros. Je pense que les revenus du sénateur aveyronnais se rapprochaient plutôt du premier chiffre, ce qui explique qu'il affirme gagner (un peu) plus en exerçant sa profession... si l'on ne compte que l'indemnité de base (6 200 euros contre 5 500). Ou alors, il gagnait vraiment très très bien sa vie et ses revenus dépassaient le cumul des deux indemnités, soit 11 500 euros par mois. Bigre ! Voilà que je me mets à regretter de ne pas porter la toge !

lundi, 24 juin 2013

A Villeneuve-sur-Lot, le FN progresse... un peu... beaucoup ?

   En analysant les résultats définitifs du second tour de l'élection législative partielle, on constate que le candidat du Front National, Etienne Bousquet-Cassagne, a gagné un peu plus de 7 000 voix entre les deux tours. Son score n'a pas doublé, comme il a été dit un peu rapidement. Il a tout de même augmenté d'un peu plus de 80 %. C'est un indéniable succès et la preuve que le choix "marketing" opéré par les dirigeants FN a été bon... pas suffisamment toutefois pour permettre l'élection d'un troisième député représentant la droite nationale.

   Commençons par le succès du jeune candidat. Il est arrivé en tête dans 3 des 14 cantons de la circonscription (en brun sur la carte) : Laroque-Timbaut, Monclar et Sainte-Livrade. Il a été battu de justesse dans quatre autres (en bleu très clair) : Cancon (de 5 voix), Penne-d'Agenais (de 2 voix), Prayssas (de 5 voix) et Villeneuve-Sud (de 13 voix, écart minime pour un canton urbain). Il a été un peu plus nettement distancé dans quatre cantons (en bleu ciel) : Beauville, Monflanquin, Villeneuve-Nord et Villaréal. Enfin, il a été nettement dominé dans 3 cantons (en bleu foncé) : Castillonnès, Fumel et Tournon-d'Agenais :

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   Qu'est-ce qui peu expliquer ce succès (relatif : il a tout de même été battu) ? On peut souligner l'augmentation de la participation entre les deux tours, passée de 45,72 % à 52,47 % des inscrits. Il faut toutefois en retrancher les bulletins blancs et nuls : 1 640 au premier tour... 5 624 au second ! Une partie de l'électorat de gauche s'est visiblement déplacée, mais pour ne pas choisir. Résultat ? L'augmentation du nombre de suffrages exprimés est faible : on est passé de 32 748 à 33 840, soit une progression d'à peine 3 %. On peut en conclure qu'aucun des deux candidats présents au second tour n'a suscité d'engouement. Le vainqueur et le vaincu ont respectivement recueilli 24 % et 21 % des suffrages exprimés. Voilà une première explication du relatif succès du candidat FN : son adversaire n'est pas particulièrement aimé dans la région.

   Il est ensuite intéressant de comparer les résultats des deux tours, canton par canton. Je me suis amusé à mettre en valeur ceux où le candidat FN était arrivé en tête dès le premier tour :

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   Eh, oui, surprise, ils sont nombreux ! Attention toutefois, il ne s'agit que d'une majorité relative, Etienne Bousquet-Cassagne ayant recueilli entre 27 % et 32 % des suffrages exprimés dans les cantons coloriés en brun. On remarque que c'est dans ce groupe que se trouvent les trois cantons qui lui ont accordé la majorité absolue au second tour. Mais pourquoi pas les autres ?

   On remarque que ce sont presque tous des cantons où le candidat FN a été battu de justesse. A Villeneuve, il faut peut-être y voir le résultat d'un sursaut de mobilisation de l'électorat du centre et de droite : c'est la circonscription de celle qui a mené l'opposition à Jérôme Cahuzac, Florence Graneri, la suppléante de Jean-Louis Costes. Nombre d'électeurs de gauche semblent aussi avoir répugné à accorder leur vote à un candidat étiqueté Front National.

   Quant aux cantons les moins lepénistes, ils se distinguent par au moins l'une de ces deux caractéristiques : soit ils font partie du fief du candidat UMP, maire, conseiller général de Fumel... et président de la communauté de communes du Fumélois-Lémance (et un cumulard de plus !), soit ils ont placé le candidat FN en troisième position lors du premier tour (Fumel, Monflanquin et Tournon-d'Agenais). La majorité des voix qui s'étaient portées sur les candidats de gauche semble donc avoir choisi plutôt l'UMP que le FN.

   Cela n'efface pas la performance réalisée par Etienne Bousquet-Cassagne, mais cela relativise sa progression. Elle est notable, mais encore insuffisante (et trop dépendante de l'abstention à gauche) pour pouvoir emporter une élection sans l'intervention d'une triangulaire.

lundi, 17 juin 2013

Poussée du FN à Villeneuve-sur-Lot ?

   Les médias se sont peut-être enflammés un peu vite quand ils ont obtenu les premiers résultats de l'élection législative partielle de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne (celle de Villeneuve-sur-Lot).

   En pourcentage des suffrages exprimés, d'après le quotidien Sud-Ouest, le candidat du Front National Etienne Bousquet-Cassagne arrive clairement en deuxième position, avec un résultat de 26,04 %. Cela correspondrait à 11,38 % des inscrits... ce qui est peu. J'ai calculé que cela fait 8 554 voix. Comparons avec les scrutins précédents.

   En 2012, dans la même circonscription, le FN avait investi Catherine Martin. A l'issue du premier tour, celle-ci était arrivée en troisième position (avec 7 566 voix, représentant 15,71 % des exprimés mais seulement 9,90 % des inscrits). Elle avait été nettement devancée par Jérôme Cahuzac et Jean-Louis Costes, qui avaient recueilli respectivement 22 572 et 13 006 voix. Pour la partielle de 2013, la commerçante de Villeneuve-sur-Lot a été gentiment écartée, au profit du jeune homme dont nous allons parler. Visiblement, elle "a eu les boules", puisqu'elle a refusé d'en être la suppléante. (Ce rôle a échu à Géraldine Richard.) En guise de lot de consolation, elle devrait être tête de liste FN aux municipales de 2014, à Villeneuve-sur-Lot.

   Passons à présent au "bébé Marine". Il n'a pas le profil des "archéos" du FN. L'un des sites officiels du parti nous le présente comme un jeune "normal", plutôt marqué à droite certes, mais sans excès. On notera son passage par des établissements secondaires privés. Son nom n'est pas inconnu dans le département, puisque son père, Serge Bousquet-Cassagne, est l'un des piliers du syndicat agricole la Coordination rurale... et il vient d'être élu à la tête de la Chambre d'agriculture. Le choix du jeune Bousquet-Cassagne est donc tactiquement très réfléchi : l'étudiant a un profil moins clivant que Catherine Martin ; par son âge, il incarne le renouveau... tout en étant issu d'une famille connue dans les campagnes.

   Il s'est présenté à une élection pour la première fois en 2011, aux cantonales, à Tonneins (où il habite). Il souhaitait faire aussi bien qu'Eddy Marsan, candidat FN sur le même canton en 1998 (et qui fut l'époux de Catherine Martin). A l'issue du premier tour, celui-ci était arrivé deuxième, derrière le maire (socialiste) de Tonneins, avec 20,2 % des voix. Au second tour, il avait culminé à 38,05 % des suffrages. Dans le même temps, Catherine Martin livrait bataille à Villeneuve-Sud. Arrivée troisième, elle avait pu se maintenir au second tour, sans améliorer son score (environ 18 % des suffrages). Déjà à cette époque, Jérôme Cahuzac l'avait emporté, haut la main.

   En 2011, Etienne Bousquet-Cassagne n'est arrivé qu'en troisième position, avec tout de même 26,11 % des suffrages exprimés, mais moins de voix qu'Eddy Marsan 13 ans plus tôt (1 228 contre 1 293). Il lui a manqué 13 voix pour pouvoir se maintenir au second tour. Dans le même temps, Catherine Martin, à Villeneuve-Sud, se qualifiait pour le second tour (elle était en deuxième place à l'issue du premier), où elle était battue, mais en ayant recueilli près de 40 % des suffrages exprimés.

   Cela nous ramène aux législatives de 2012. Etienne Bousquet-Cassagne était bien candidat, pas dans la circonscription de Villeneuve-sur-Lot (échue à Catherine Martin, comme on l'a vu), mais dans celle de Marmande (la numéro 2, celle de Villeneuve étant la numéro 3), dont dépend le canton de Tonneins (entouré en marron) :

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   Le jeune candidat FN est arrivé en troisième position, recueillant 8 572 voix, correspondant à 17,93 % des suffrages exprimés... mais seulement 11,03 % des inscrits (il fallait atteindre les 12,5 % pour pouvoir se maintenir au second tour). Son aventure s'est donc arrêtée là.

   Quelles conclusions en tirer ? Tout d'abord que, sur la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, le jeune Bousquet-Cassagne a fait mieux que la candidate traditionnelle du FN : environ 1 000 voix. Ensuite qu'il ne peut se maintenir au second tour que parce qu'il est arrivé en deuxième position et donc parce que l'électorat PS est resté à la maison. Rappelons que le candidat FN ne dépasse pas la barre des 12,5 % des inscrits. Qui plus est, en analysant l'historique des résultats du FN dans le Lot-et-Garonne, on se rend compte que les scores y étaient déjà élevés avant la promotion du jeune homme, qui ne progresse pas par rapport à sa précédente candidature aux législatives (certes, dans une autre circonscription). Enfin, on constatera qu'au FN comme dans les autres partis, il existe une tentation bureaucratique et un poids de la com', qui ont eu pour conséquence d'écarter une candidate bien implantée au profit d'un semi-parachuté (un voisin toutefois).

   C'est seulement si Etienne Bousquet-Cassagne parvient à augmenter significativement son score au second tour que l'on pourra parler de réussite pour le Front National. D'ici là, on peut se contenter de pointer l'immense désaveu qui touche le PS, dont le candidat recueille trois fois moins de voix que J. Cahuzac un an plus tôt. Cela ne profite pas pour autant à l'UMP, qui a présenté le même candidat qu'en 2012 (Jean-Louis Costes), qui perd lui plus du quart des voix obtenues un an plus tôt.

vendredi, 14 juin 2013

Le Pouvoir

   Patrick Rotman a consacré un documentaire aux débuts de la présidence Hollande, de mai à décembre 2012. Il a pu suivre de l'intérieur, caméra à l'épaule ou fixe en position privilégiée, la mise en place et les premiers pas du nouvel exécutif français.

   Fort logiquement, cela commence par la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et son vainqueur/successeur. On peut y voir à l'œuvre le contraste qui sert de fil rouge au film : le décorum de la République d'un côté, la "normalitude" du président de l'autre, parfaitement incarnée par le costume mal ajusté qu'il porte :

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   La cravate est de travers, la chemise dépasse de l'une des manches et la veste du costume est mal boutonnée, semble-t-il. On retrouve ces caractéristiques dans la séquence consacrée à la création de la photographie officielle, en compagnie de Raymond Depardon :

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   Il a fallu tout un travail pour faire rentrer convenablement les manches de la chemise sous celles de la veste du costume... sans oublier de recentrer la cravate ! Pour la petite histoire, signalons à ceux qui ne l'auraient pas remarqué que les drapeaux (français et européen) figurent bien sur la photographie, à l'arrière-plan, à gauche.

   La suite du film nous montre le président évoluant dans les bureaux luxueux (mais vieillots) de l'Élysée, entre collaborateurs, ministres, écrans divers et téléphones. On discute beaucoup... et on ne dit pas grand chose. C'est le grand défaut du film : il ne nous montre pas les hommes en action, mais en discussion, voire en représentation. Du coup, cela reste à la surface. Le vrai travail de fond n'est pas mis au premier plan. Il me semble que Rotman est resté prisonnier de l'aspect communication du pouvoir.

   J'ai éprouvé la même déception pour le travail des "petites mains" de l'Élysée, des huissiers aux cuisiniers en passant par la Garde républicaine. Quelques moments leur sont consacrés, mais c'est bien peu et très superficiel, alors qu'il y aurait tant eu à dire sur la machinerie au quotidien.

   Les curieux de la vie politique trouveront de l'intérêt à certaines séquences, qui voient évoluer des personnages de premier plan dans un autre contexte que celui d'un entretien télévisé. On peut aussi s'amuser à relever l'artificialité de certains comportements. Quelques ministres ont vite compris que le président était suivi par une caméra...

   De manière plus croquignolesque, j'ai tenté de débusquer la moindre apparition à l'écran de certaines personnes, comme Jérôme Cahuzac, que l'on voit à plusieurs reprises, plutôt dans la seconde partie.

   Au final, ce n'est pas déplaisant, mais c'est plutôt mou du genou. Les contempteurs de la dépense publique y trouveront matière à contestation, tant l'exercice du pouvoir est entouré de fastes républicains, parfois bien inutiles.

mardi, 11 juin 2013

Une prison de rêve

   Hier lundi, la ministre de la Justice Christiane Taubira est venue inaugurer la nouvelle cité universitaire maison d'arrêt du Grand Rodez, à Druelle. Au passage, elle est revenue sur les polémiques qui entourent la mise en service du bâtiment.

   Ainsi, la Garde des Sceaux a justifié l'installation des brumisateurs, qui permettraient d'éviter l'échauffement des esprits, en particulier en période caniculaire. On voit par là que la ministre ne sait visiblement pas que le climat qui règne dans cette partie de l'Aveyron n'est pas tout à fait le même que celui de sa Guyane natale. Ajoutons que le site de la prison, le Puech de Grèzes (qui touche la zone artisanale de Bel-Air), se trouve à presque 600 mètres d'altitude (plus de 1 900 pieds, selon Google Earth) à peine moins que le sommet de Rodez...

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   Sa visite des lieux a été amplement médiatisée. Un diaporama lui est consacré, sur le site de Centre Presse. Il est pourtant une photographie que seuls les lecteurs (acheteurs) de la version papier du quotidien auront vue, celle-ci :

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   D'autres images des cellules sont proposées, certaines permettant de découvrir le coin douche-WC. Mais seule celle ci-dessus permet de voir la télévision à écran plat et le petit réfrigérateur dont chaque pièce est équipée. Curieux, non ?

   Avec tout cela, j'ai failli oublier : le coût de la chose. Au début, il était question de 12,5 millions d'euros. Les médias aveyronnais ont parlé de 20 millions au total, soit une augmentation de 7,5 millions d'euros, qui représentent un surcoût de plus de 50 %. Dire que les contribuables n'ont même pas eu droit de visiter l'établissement !

samedi, 08 juin 2013

Une prison modèle sur le Grand Rodez ?

   Le 1er juillet 2013, officiellement, la nouvelle maison d'arrêt du Grand Rodez entrera en fonction, à Druelle, une commune de l'ouest de l'agglomération ruthénoise. Située à proximité de la zone de Bel-Air et de la route de Rignac (qui mène aussi à Villefranche-de-Rouergue), elle sera facilement accessible :

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   L'ancienne, encore en service, se trouve à Rodez même, à proximité du jardin public, à moins de 500 mètres de la cathédrale :

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   Le bâtiment est vieillot. C'est l'un des plus anciens couvents de la ville, dont la construction remonte au XVIIe siècle. Pendant la Révolution, il a été transformé en prison, fonction conservée jusqu'à aujourd'hui. Le bâtiment n'est pas aux normes. Les conditions de travail des gardiens y seraient difficiles et les cellules indignes d'un pays développé au XXIe siècle. Les locaux sont aussi trop étroits. (N'oublions pas que la population carcérale ne cesse d'augmenter.) Si l'on ajoute à cela l'enclavement urbain et la proximité du nouveau pôle festif (comprenant la salle des fêtes, le multiplexe de cinéma et le musée Soulages), on comprend qu'il a été jugé pertinent de déplacer ce petit monde dans un bâtiment plus moderne, fonctionnel... et un peu à l'écart du centre.

   Contrairement à l'ancienne, la nouvelle maison d'arrêt se visite. Attention, hein ! Ce ne sont pas les citoyens ordinaires qui ont eu droit d'observer l'utilisation de leurs impôts (contrairement à ce qui s'est fait pour l'hôpital de Bourran, en 2006). Seuls les journalistes (accompagnant de rares privilégiés) ont eu accès aux bâtiments. Cela nous a valu deux diaporamas. On notera que celui de Midi Libre met davantage en valeur les "pipoles" que les bâtiments. (Rétrospectivement, on peut estimer que ce fut un bon échauffement avant la venue de François Hollande à Rodez.) Mieux vaut donc regarder celui mis en ligne sur le site de France 3 Midi-Pyrénées. Les photographies sont de Rouzane Avanissian.

   Les cellules ont un un petit côté chambre d'étudiant :

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   On sous-entend donc que les détenus seront seuls, jamais deux (ou plus...). Hum... est-ce bien certain ? Il semble aussi que les "problèmes de douche" (et de savon qui glisse...) soient résolus avec l'équipement de chaque cellule. Là encore, c'est une information à confirmer.

   La polémique est née de la présence de la télévision. Dans l'image ci-dessus, un espace (que j'ai entouré en bleu) semble avoir été prévu pour l'installer. On peut aussi distinguer la prise électrique, au-dessous de la tablette. D'après un représentant les gardiens de prison, l'accès au bouquet de chaînes de Canal + serait fourni gratuitement aux détenus. De plus, ceux-ci auraient un petit frigo à leur disposition, dans la cellule, élément que l'on s'est bien gardé de montrer dans les diaporamas. On n'y a pas vu non plus les brumisateurs de la cour de promenade...

   Je ne suis pas choqué par la présence de la multitude d'équipements (d'autres sont montrés dans le diaporama de France 3). Il faut bien favoriser la réinsertion des détenus, dont la peine (ou le reliquat de peine) devra être inférieur à deux ans (un an dans l'ancienne prison). Mais le coup des chaînes de Canal, alors que la TNT gratuite devrait suffire (surtout en période de vaches maigres budgétaires) m'a interloqué. Quant aux brumisateurs, leur présence révèle surtout l'ignorance des personnes qui ont prévu leur installation.

   Mais il est un autre problème dont on a trop peu parlé : les malfaçons. Un article de La Dépêche du Midi cite les propos du secrétaire national de l'UFAP (principal syndicat des matons), qui évoque un million d'euros (sur 12,5 de budget initial, soit 8 % !). Il est notamment question de serrures défectueuses, un comble pour ce genre de structure ! Alors, qui est responsable ? Peut-être faut-il chercher du côté de la maîtrise d'oeuvre, dont les titulaires sont nommés sur le site du Grand Rodez :

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samedi, 01 juin 2013

La nouvelle formule du "Ruthénois"

   Vendredi 31 mai, l'hebdomadaire du Piton est sorti sous un nouveau format :

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   Voici ce que cela donne quand on place ce numéro au-dessus du précédent :

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   Il occupe un peu plus de la moitié de la surface du numéro de la semaine dernière, qui était au format berlinois (celui des quotidiens Le Monde, La Dépêche du Midi et Midi Libre). Le trait noir, au bas de l'exemplaire, marque le "point de dépassement" par rapport à l'ancien format.

   A première vue, le nouveau semble être de type tabloïd (avec un peu plus de hauteur de page), adopté naguère puis rejeté par le quotidien Centre Presse.

   Voyons le contenu à présent. On commence par une double page consacrée au réalisateur arabe israélien Alaa Ashkar (dont le nom est écorché sur la première page), qui vit en France. L'entretien, passionnant, aborde le conflit israélo-palestinien sous un angle méconnu, celui des Palestiniens restés en Israël après la guerre de 1948-1949.

   Les pages 4 et 5 traitent de la venue de François Hollande à Rodez (la première journée, à l'usine Bosch, au musée Soulages et à la mairie de Rodez).

   La suite du journal est composée de la plupart des rubriques habituelles. A signaler, un article sur l'éventuelle constitution d'une liste de gauche indépendante du maire sortant. On se garde toutefois de nous donner le moindre nom. Certains circulent en ville, mais allez savoir...

   Il est aussi question de la rencontre organisée à Paul Lignon entre des anciens de 1998 et des joueurs de l'association "Un maillot pour la vie". Pas très loin, la parole est donnée à des syndicalistes. On retiendra les propos de ceux de Sud Solidaires, qui réclament une augmentation des impôts.

   La chronique judiciaire et le courrier des lecteurs sont regroupés sur la même page. Lui succède la rubrique culture, précédant la page d'informations nationales et internationales, toujours issues de la même agence. L'hebdomadaire se termine par les annonces et l'agenda de la semaine.

   Et là vous vous dites que les pages locales, celles donnant des informations sur les communes du Grand Rodez et de sa proximité immédiate, ont disparu. Elles font les frais de la réduction de format, celle-ci ne s'accompagnant pas d'une augmentation de la pagination. D'ailleurs, à moyen terme, celle du Ruthénois a tendance à diminuer. Le premier numéro en comptait 24. Par la suite, on a oscillé entre 20 et 24. Depuis quelques mois, les exemplaires se limitent en général à 16 pages, tout comme la version tabloïd sortie hier.

   Je pense que ce changement est dû à deux phénomènes : le plafonnement des ventes de l'hebdomadaire et la recherche d'une meilleure efficacité publicitaire.

   Au niveau des ventes, Le Ruthénois se place loin des autres hebdomadaires aveyronnais : 2 000 exemplaires (selon le syndicat de la presse hebdomadaire régionale), contre environ 6 000 pour Le Journal de Millau et Le Progrès Saint-Affricain. Selon le site de l'OJD, le Bulletin d'Espalion, en perte de vitesse, dépasse à peine les 5 000 exemplaires, alors que Le Villefranchois maintient tant bien que vaille sa position de leader, avec 8 000 exemplaires vendus chaque semaine. Signalons que La Volonté paysanne, diffusée uniquement par abonnement, se vend à un peu moins de 7 000 exemplaires (toujours selon l'OJD).

   Qu'en est-il de l'efficacité publicitaire ? Selon une étude de 2008, la réduction du format des journaux et notamment le passage au tabloïd augmenterait le temps de lecture et faciliterait la reconnaissance des messages publicitaires...

   C'est un problème que ne rencontre pas Le Nouvel Hebdo, qui vit quasi exclusivement de ses ventes et abonnements. Seul Gérard Galtier pourrait donner les chiffres exacts de sa diffusion. A mon avis, le journal satirique se vend moins que les hebdos qui ont pignon sur rue (le clan des 5 - 6 000 exemplaires). Se vend-il plus que Le Ruthénois ? Mystère. Je sais qu'il est beaucoup lu (regardez l'état des exemplaires de la médiathèque de Rodez !)... mais peut-être pas suffisamment acheté.

   Les échéances électorales qui approchent, ainsi que la refonte des collectivités territoriales (qui ne fait que commencer) sont des sujets porteurs qui devraient permettre à la presse locale de retrouver des couleurs. Espérons que l'année 2013 ne verra pas disparaître l'un des hebdomadaires aveyronnais.

mercredi, 29 mai 2013

F. Hollande et les mouches ruthénoises

   La visite (très médiatisée localement) du président de la République à Rodez a donné lieu à une compétition acharnée entre les politiques locaux... pour apparaître sur les photographies aux côtés de François Hollande. Celui-ci devrait s'en réjouir car c'est le signe que, à gauche au moins, il n'est pas démonétisé.

   Le quotidien aveyronnais Centre Presse a très vite mis en ligne deux diaporamas consacrés aux deux visites principales du président. Le plus intéressant des deux est sans conteste celui qui est composé des photographies prises sur le chantier du musée Soulages.

   J'ai compté que sur les quinze photographies apparaissent au moins une fois 11 figures politiques locales... et celui dont la bobine est la plus présente n'est pas celui que l'on croit : il s'agit de Ludovic Mouly, le président de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez, visible (totalement ou partiellement) sur 12 des 15 photographies ! Ce pro de la com' (récemment passé chez le coiffeur) remporte haut la main la compétition. Notons que sa présence s'explique car le musée Soulages est un projet communautaire et que, plus tôt dans la journée, le président ne se trouvait pas dans le chef-lieu, mais à Onet-le-Château, autre commune du Grand Rodez. Une question subsiste néanmoins : est-il un grand pote (ou un cousin éloigné) du photographe de Centre Presse ?

   Sur le podium des politiques, la médaille d'argent est décernée à la ministre et conseillère générale Anne-Marie Escoffier, visible huit fois, malgré sa petite taille... et très souvent juste à côté de François Hollande. Quel métier ! Son expérience est perceptible dans le choix de ses habits. La veste qu'elle porte, d'un bleu très particulier, se remarque dans n'importe quel coin de photo !

   A côté de ces deux renards, les autres font figure d'amateurs. Ancienneté et prestige oblige, on voit tout de même cinq fois le président du Conseil régional Martin Malvy. Juste après lui se trouve le maire de Rodez (et tout récent vice-président du même Conseil) Christian Teyssèdre, qui semble un peu faire la gueule. Se serait-il aventuré à demander une rallonge pour le musée Soulages et l'aurait-on éconduit ? Mystère.

   En cinquième position, ô surprise, ce n'est pas un local de l'étape que l'on rencontre, mais le maire de Millau, Guy Durand, dont le teint étrangement hâlé contraste fortement avec la pâleur de l'assistance. Ce n'est pourtant pas dans les rues de la cité du gant qu'il a pu attraper de coup de soleil ces dernières semaines !

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   Avec trois apparitions, il est ex-aequo avec le maire d'Onet-le-Château (et 2e vice-président du Grand Rodez), Fabrice Geniez, stratégiquement placé à côté de la maquette du site du Foirail, une position que l'on imagine conquise de haute lutte.

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   Ce duo devance d'une courte tête un quatuor hétéroclite. On entraperçoit Jean-Louis Chauzy, le président du conseil économique, social et environnement régional (un conseiller municipal d'opposition en très bons termes avec le maire de Rodez). Le Sud Aveyron est à nouveau présent à travers le sénateur-maire de Saint-Affrique, Alain Fauconnier, accessoirement grand connaisseur des arcanes du PS midi-pyrénéen. Dans ce groupe, la parité est respectée, avec la députée de Villefranche-de-Rouergue (et conseillère régionale) Marie-Lou Marcel et la maire de Sébazac-Concourès (3e vice-présidente du Grand Rodez) Florence Cayla. Toutes deux ont fourni des efforts méritoires pour ne pas laisser aux mâles le monopole de la représentation politique :

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   Sur cette photographie, elles ne sont pas les seules à tendre le cou. Entre F Cayla et A-M Escoffier, on distingue nettement Jean-Philippe Sadoul, le maire (divers droite) de Luc-Primaube et premier vice-président de la Communauté d'agglomération. Sans sa présence, l'hégémonie radicale-socialiste aurait été totale !

   Pour croiser les représentants locaux de l'opposition, il fallait se rendre, plus tôt, à l'usine Bosch. L'une des photographies du premier diaporama nous permet de repérer Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) et Yves Censi (député UMP de Rodez).

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   Ils ont l'air un peu perdus dans cette ambiance ouvrièro-socialiste. Seraient-ils entrés par effraction ?

   Incidemment, lorsque j'ai visionné le diaporama en grand format, dans le coin en haut à droite, une mention est apparue. D'habitude, c'est tout ce qu'il y a de plus innocent, mais, vu le contexte, j'ai trouvé cela cocasse.
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   Mais... mais, voilà que je me rends compte que j'ai oublié quelqu'un. Et pour cause : on le distingue à peine, une fois, sur l'une des photographies du diaporama "muséal" :

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   Vous ne voyez pas de qui il s'agit ? Bon, allez, je vous aide : un grand gaillard, sportif, dont la coupe de cheveux est (secrètement) jalousée par le Dalaï-lama... Oui, c'est le sénateur Stéphane Mazars !

samedi, 25 mai 2013

Bienvenue chez les Frères !

   Ce vendredi soir, au théâtre La Baleine d'Onet-le-Château, s'est  tenue une conférence-débat sur la franc-maçonnerie, à l'occasion de la célébration du 250e anniversaire de la loge "la Parfaite-Union", fondée officiellement en juin 1762 à Rodez.

   La salle était copieusement garnie. Je dirais que peut-être 450 des 500 places étaient occupées. Même si l'on compte la soixantaine de francs-maçons locaux et leurs proches, cela veut dire que la majorité des spectateurs n'étaient pas membres de l'organisation. Certains même lui étaient sans doute hostiles.

   La soirée a commencé par un discours du maire d'Onet-le-Château, Fabrice Geniez. Fiches à la main, le premier magistrat municipal a lié son action politique au thème de la conférence, évoquant la devise républicaine (liberté égalité fraternité), qu'il il s'est félicité d'avoir fait inscrire au fronton de la mairie. Dans la dernière partie de son allocution, il a rappelé l'origine du nom du lieu et la symbolique de la baleine. Il a terminé par une évocation combative de la laïcité, tout en annonçant sa volonté de briguer à nouveau les suffrages des Castonétois : au cas où certains ne l'auraient pas encore compris, la campagne des municipales est lancée.

   Dans la salle, d'autres politiques étaient présents, notamment le conseiller général et conseiller municipal Jean-Louis Roussel, le conseiller régional et élu du Grand Rodez Guilhem Serieys, le conseiller municipal Serge Bories représentant Christian Teyssèdre. Ces figures de la gauche étaient accompagnées du député UMP Yves Censi, qu'on s'attendrait plutôt à rencontrer à une réunion de la Grande Loge de France ou de la Grande Loge Nationale Française, deux obédiences classées à droite, alors que la loge ruthénoise fait partie du Grand Orient de France, classé à gauche. D'ailleurs, au cours de la soirée, à plusieurs reprises, il a été question de l'engagement des maçons en faveur de la réduction des inégalités sociales. Cerise sur le gâteau, José Gulino, Grand maître du Grand Orient de France, présent à la conférence, a rappelé et justifié son soutien au "mariage pour tous"... contre lequel Yves Censi a manifesté.

   Coïncidence (?), à l'extérieur, un groupe de jeunes hommes (bien habillés, plutôt coupés court) distribuait des tracts contre la loi Taubira :

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   On notera la tentative de récupération de Marianne, symbole républicain, souvent représentée le sein dénudé, qui évoque pour moi davantage la liberté sexuelle que la stricte orthodoxie familiale telle que les religions monothéistes l'ont imposée en Occident. On peut aussi remarquer l'amalgame entre la loi Taubira (qui ne légalise que le mariage et l'adoption - qui, soit dit en passant, ne sera pas plus facile pour les couples homosexuels que pour les couples hétérosexuels) et deux mesures qui n'ont pas été adoptées : la procéation médicalement assistée et la gestation pour autrui. Un esprit mal intentionné serait tenté de croire que les auteurs de ce tract masquent leur opposition au mariage homosexuel derrière le refus de la PMA...

   Au verso, le propos se fait plus largement politique :

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   Une partie des Français qui auraient pu être tentés de défiler a déjà compris que certains organisateurs des manifestations ne cherchent pas vraiment à obtenir gain de cause sur ce sujet-là, l'affaire étant pliée depuis un petit moment. Il s'agit plutôt de capitaliser sur un sujet de société et sur la déception des électeurs vis-à-vis de François Hollande pour renforcer des partis politiques aujourd'hui (en partie) discrédités. Qui croira que c'est au seul gouvernement Ayrault que l'on doit la forte hausse du chômage et l'échec partiel du système scolaire français ? C'est à croire que dix ans de chiraco-sarkozysme n'ont fait que du bien à la France...

   Mais revenons à la conférence. Au discours de Fabrice Geniez a succédé un exposé d'environ une heure, faisant l'historique de la loge ruthénoise, de la monarchie absolue à la Ve République. Je n'ai malheureusement pas retenu le nom de l'intervenant, alors que sa communication était vraiment très intéressante, nourrie d'anecdotes et dite sur un ton vivant.

   L'orateur a commencé par évoquer les origines. En fait, ce n'est pas en 1762, mais dans les années 1740 que la loge aurait été fondée. Un texte de 1749 sous-entend que dès 1748 elle était constituée. Un autre évoque, en 1746, la loge ruthénoise comme une fille de celle d'Albi, née un an plus tôt. Pourtant, d'après un site maçonnique, quand elle a rejoint le Grand Orient de France (en 1789), c'est semble-t-il sous le patronnage de Montauban.

   Qui étaient ces premiers Aveyronnais francs-maçons ? Des cadets de famille, aux origines sociales aisées ou assez aisées. Certains francs-maçons aveyronnais se sont enthousiasmés pour les débuts de la Révolution (même s'il en existait de royalistes). Ils se sont divisés sous la Terreur, entre jacobins (comme François Chabot) et modérés (comme le chevalier de Panat).

   Sous Napoléon Bonaparte, l'organisation est passée sous la coupe des autorités. Les maçons ont perdu leur liberté, mais certains y ont gagné une jolie carrière. Ainsi, le premier préfet Sainthorent était membre de la confrérie. A la même époque, les quatre sous-préfets (trois d'après Jean-Michel Cosson, dans son Dictionnaire de l'Aveyron), le directeur des postes et les ingénieurs d'Etat nommés dans le département étaient tous francs-maçons !

   La loge ruthénoise n'a pas profité de la chute de l'empire. Les débuts de la Restauration (sous Louis XVIII) ont été marqués par une chasse aux révolutionnaires. A cette occasion, le conférencier a évoqué l'affaire Fualdès sous un jour méconnu, celui des rivalités francs-maçonnes. La victime était un notable de l'Empire, dont auraient cherché à se venger certains royalistes locaux, revenus au pouvoir en 1815. Signalons que, dès le départ, on a cherché à étouffer le crime : bien que le cadavre ait été retrouvé ligoté, il avait été demandé au policier menant l'enquête de classer l'affaire en suicide. Il a refusé et, peu de temps après, a été muté...

   Sous Louis-Philippe (1830-1848), la loge retrouve des couleurs. Mais c'est sous la IIe République (1848-1852) qu'elle semble s'épanouir. On n'est donc pas étonné d'apprendre que certains francs-maçons locaux ont été déportés par Louis-Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III après son coup d'Etat.

   Sous la IIIe République, la loge se porte bien. Rodez est une "ville rouge" (dirigée par un maire radical, Louis Lacombe, de 1886 à 1925) dans un département très conservateur, réputé être la "Bretagne du Midi". Le tempérament local semble d'ailleurs avoir grandement surpris les frères venus célébrer en Aveyron le 150e anniversaire de la fondation de la loge, en 1912. Le conférencier a lu plusieurs extraits de rapports écrits à cette occasion, l'un d'entre eux qualifiant même les Ruthénois d' "aborigènes" ! Dans le département, les polémiques s'observaient à travers les journaux, La Dépêche étant réputée être l'organe des francs-maçons, leur adversaire le plus irréductible étant L'Union Catholique. Les débats sur l'école publique et la séparation des Eglises et de l'Etat furent leurs terrains privilégiés d'affrontement.

   Les sources concernant cette période sont abondantes, parce qu'on ne cherchait pas à se dissimuler. D'après l'orateur, c'est la répression mise en oeuvre par le gouvernement de Vichy qui a poussé les maçons à développer la culture du secret qui est devenue par la suite leur marque de fabrique.

   Dès août 1940, les organisations maçonniques sont dissoutes et leurs biens confisqués. Les membres de la loge ruthénoise se font discrets, certains se repliant sur eux-mêmes. D'autres s'engagent dans la Résistance. Ils semblent cependant avoir évité la déportation... et aucun n'a été mis en cause pour faits de collaboration. Cependant, en 1945, lorsque la loge reprend ses activités, seules neuf personnes sont présentes. Il a fallu vingt ans pour reconstituer une équipe étoffée.

   A cet intéressant exposé a succédé le Grand maître du Grand Orient, qui a tenu à revenir sur certaines des idées reçues qui circulent au sujet des francs-maçons. Il a aussi évoqué l'origine mythique du mouvement, remontant au Moyen Age, à la construction des cathédrales. Mais l'essentiel de son intervention a été consacré aux travaux actuels de l'organisation, à sa méthode. Il s'est montré inquiet de la montée de l'intolérance, de l'extrémisme religieux et du retour de la violence politique en France. Deux anecdotes sont venues noircir le tableau, en fin de soirée.

   La première a été racontée par José Gulino. Il a révélé à l'assistance qu'un curé franc-maçon venait d'être révoqué par l'Eglise catholique, sans doute sur ordre du Vatican. Il n'a pas donné son nom ni la situation géographique de la cure. Sachez que cela s'est passé en Haute-Savoie. Une telle attitude rappelle les temps d'affrontement "musclé" entre l'Eglise et les Frères, sous la IIIe République. Est-elle l'annonce d'un durcissement doctrinal du clergé ? Je pense plutôt qu'elle témoigne de l'orientation prise par l'Eglise sous les deux précédents pontificats. Ainsi Benoît XVI, quand il n'était que le cardinal Josef Ratzinger, avait rappelé l'incompatibilité entre l'adhésion à la franc-maçonnerie et l'appartenance à la communauté catholique.

   La seconde anecdote a été racontée par le maire d'Onet, inaugurant la séance des interventions du public. Assistant à des obsèques hors du département, il a été choqué par les propos tenus par le curé, durant la messe. Celui-ci, faisant allusion aux temps troublés que nous vivons, aurait dénoncé l'action de "loups", présents jusque dans les plus hautes sphères de notre pays.

   D'autres spectateurs sont intervenus par la suite. L'un d'entre eux a bien fait rire la salle. Ce papy catholique, visiblement guère partisan de la franc-maçonnerie, s'est réjoui que la loi de séparation des Eglises et de l'Etat ait été votée en France. Grâce à elle, c'est à la puissance publique qu'incombe l'entretien de la grande majorité des bâtiments religieux. Sans cela, beaucoup seraient tombés en ruine. Le vieil homme malicieux s'est d'ailleurs réjoui que les francs-maçons participent à cette oeuvre, par leurs impôts !

   Pour être juste, il faudrait préciser que ce sont les communes qui ont en charge l'entretien des églises (construites avant 1905), les cathédrales relevant de l'Etat. On se doit d'ajouter que José Gulino a rappelé, à plusieurs reprises, son attachement  la liberté de culte et son respect pour toutes les convictions religieuses, pour peu qu'elles demeurent dans le cadre démocratique.

   Il reste la question que j'avais l'intention de poser, mais que j'ai préféré garder sous le coude, pensant que la réponse risquait de ne pas sortir d'une forme de "politiquement correct". Ma question aurait été : "Le cas de Jérôme Cahuzac est-il révélateur de l'attitude d'une partie des membres de votre organisation ?"

   Comment, vous ne saviez pas ? Pourtant, dès janvier dernier, la possible appartenance du ministre du budget avait été évoquée par la presse. Notons que Jérôme Cahuzac refusait de confirmer l'information, une attitude qui, on l'a découvert par la suite, est assez coutumière chez lui. Par contre, quand le scandale a occupé le devant de la scène, la référence franc-maçonne a été presque gommée. Le 6 avril, c'est par un minuscule entrefilet, en bas de page intérieure, que Le Monde informe ses lecteurs que Jérôme Cahuzac a été suspendu du Grand Orient de France (ce qui a sans doute permis à nombre d'entre eux d'apprendre qu'il en était membre) :

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   Voilà que je vieillis... je n'ai pas voulu "casser" l'ambiance conviviale de cette réunion, finalement fort instructive.

dimanche, 12 mai 2013

Du monde au balcon

   C'est ce que j'ai pensé en regardant les photographies de la manifestation des Femen place des Pyramides, à Paris, notamment cette exquise contre-plongée, publiée dans un article du Monde :

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   Ce coup d'éclat avait pour but de parasiter l'une des sempiternelles tentatives de récupération de Jeanne d'Arc par l'extrême-droite. Il y a bien sûr la manifestation du 1er mai, autour du Front National... et puis il y a l'action de certains groupuscules (qui peinent à réunir quelques dizaines de personnes), en ce deuxième dimanche de mai. Mais pourquoi diable cette discordance entre les dates ?

   Depuis la Troisième République, l'extrême-droite a pris l'habitude de manifester autour de la statue d'Emmanuel Frémiet. Le choix du premier mai s'explique par la volonté de contrebalancer la fête des travailleurs, initiée par la gauche. De plus, c'est au début du mois de mai 1429 que Jeanne d'Arc, à la tête des troupes du Dauphin (futur Charles VII) mena la délivrance d'Orléans. Cette victoire se commémore le 8 mai ou, plus fréquemment, le deuxième dimanche du mois. Le 10 juillet 1920 (année de sa canonisation), une loi a créé officiellement cette deuxième fête nationale.

   Voilà pourquoi, tous les deuxièmes dimanches du mois de mai, les bâtiments publics sont pavoisés aux couleurs nationales, tout comme la statue de la place des Pyramides, ainsi qu'on peut le voir dans une vidéo mise en ligne sur le site du quotidien gratuit Metro :

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   Je ne suis pas un inconditionnel des Femen, mais je n'aime pas la récupération dont la Pucelle fait l'objet de la part de l'extrême-droite. A cet égard, j'ai trouvé fort pertinent l'un des "touittes" publiés par les Femen :

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   De surcroît, le dévoilement de la poitrine, marque de fabrique des Femen, est un hommage à la féminité de Jeanne d'Arc. Plusieurs témoignages, émis lors du procès en réhabilitation (en 1456), accréditent l'idée qu'elle était bien pourvue de ce côté-là.

   Jean d'Aulon, à la fois garde du corps et chevalier-servant, fut sans doute celui qui la côtoya le plus. A la fin de son témoignage, il parle d'elle comme d'une "jeune fille, belle et bien formée" (il évoque même ses "tétins" !). Le duc d'Alençon fut quant à lui plutôt un partenaire de combat. Il eut l'occasion de la voir s'habiller et se déshabiller. Voici ce qu'il déclare : "parfois il voyait ses seins, qui étaient beaux". Il nous reste la déposition d'Aymond (ou Haimond) de Macy, du parti adverse des Bourguignons, alliés du roi d'Angleterre. Cet enfoiré a essayé de lui tripoter les nibards ! (C'est donc qu'ils lui semblaient "appétissants"...) : "Plus d'une fois, par manière de jeu, j'ai essayé de lui toucher les mamelles, en m'efforçant de lui mettre les mains dans le sein. Jeanne ne voulait pas le souffrir ; elle me repoussait de toutes ses forces."

   Mais revenons aux Femen. L'exhibition de leur poitrine est un acte ambigu. D'un côté, elles affirment ainsi la maîtrise de leur corps. D'un autre côté, elles choquent bien de peu de monde en Occident. Elles excitent même plutôt la curiosité des mâles avides de chair fraîche... parce que ces dames sont mignonnes ! Elles ont bien compris comment fonctionne notre société du spectacle : jolies femmes + poitrines exhibées = retentissement médiatique assuré.

   Terminons par leur positionnement idéologique. On les a étiquetées un peu vite "gauchistes". Elles s'opposent au néo-stalinisme florissant en Europe de l'Est (Ukraine, Biélorussie et Russie). Elles rejettent violemment la droite extrême en Occident et s'opposent tout aussi fortement à l'islamisme. C'est à l'évidence un mouvement anti-totalitaire et anticlérical, qui peut tout à fait s'apparenter à une forme de libéralisme politique.

jeudi, 02 mai 2013

Claude Guéant pété de thunes

   La polémique enfle concernant les sommes d'origine suspecte qu'aurait reçues Claude Guéant entre 2002 et 2012. Des internautes facétieux se sont moqués de la défense de l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a argué de la vente de tableaux. Des "mèmes" circulent sur la Toile, dont le quotidien Midi Libre propose un échantillon savoureux. Voici mon préféré :

Mème Michel-Ange.jpg

   ... A comparer avec l'original, La Création d'Adam, de Michel-Ange :

Mème Michel-Ange 2.jpg

   Je me suis amusé à en fabriquer un (dans un genre approchant), Le Sultan offrant ses richesses au petit marquis :

Copie de Guéant Kadhafi.jpg

   Je me suis inspiré d'un tableau du XVIe siècle de Cornelis de Vos, Crésus et Solon (qui a été récemment restauré), dont j'ai bien entendu détourné le sens :

Guéant Kadhafi.jpg

   Si l'on veut rester davantage dans l'esprit du tableau original, il vaut mieux inverser les rôles, et créer une nouvelle toile, intitulée Le Conseiller impécunieux et le Prince :

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vendredi, 12 avril 2013

4 ou 4,5 jours de classe ?

   D'après un article paru dans Midi Libre jeudi 11 avril, la majorité des maires aveyronnais ont choisi de n'appliquer la réforme Peillon qu'à la rentrée 2014. Sur les 228 communes possédant au moins une école, seules 29 vont (re)passer à la semaine de 4,5 jours en 2013 :

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   Sans surprise, certains territoires, dont les élus penchent à gauche, ont décidé d'appliquer la réforme avec zèle :

- 4 des 8 communes du Grand Rodez (accompagnées de Salles-la-Source, qui vit dans son orbite)

- la majorité des communes du canton de Naucelle

- une bonne partie du Saint-Affricain (presque toute la communauté de communes)

- la majorité du bassin decazevillois (à l'exception notable d'Aubin)

   Quelques communes (comme Najac) se retrouvent isolées dans leur démarche.

   Un autre espace homogène se détache, dans le nord. Il s'agit du Carladez qui, s'il a récemment élu un conseiller général classé à gauche, n'en reste pas moins une terre encore marquée par un certain conservatisme politique. Il est possible que les choix en matière d'investissement culturel aient déterminé la position des élus locaux : depuis une bonne décennie, le Carladez se fait remarquer par un indéniable dynamisme, qui tente d'associer ruralité, tourisme et culture au sens large. Ce territoire est donc déjà bien outillé pour s'adapter aux changements induits par le passage à la semaine de 4,5 jours. Il dispose sans doute du volant d'activités et des animateurs susceptibles d'être orientés vers le jeune public qu'il faudra "occuper" intelligemment pendant le petit créneau quotidien libéré par la reventilation des heures de cours.

   Je me suis aussi demandé si l'on pouvait établir un lien entre ces communes pionnières et celles qui sont sorties du paysage scolaire, les 76 (sur 304) ne possédant plus d'école (marquées par des pointillés bleus) :

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   Une partie de ces communes forment des blocs assez homogènes, où les enfants (scolarisés ailleurs) ne connaîtront la réforme qu'en 2014 (aucune commune coloriée en rouge ne se trouvant à proximité). On remarque qu'elles sont situées dans des bastions de la majorité départementale (à proximité de Laguiole, Entraygues-sur-Truyère et Saint-Geniez-d'Olt). Les autres communes "a-scolaires" se trouvent dans l'orbite d'un pôle qui va passer aux 4,5 jours dès septembre 2013 (autour de Decazeville, Naucelle et Saint-Affrique principalement).

   Il reste un cas particulier, que j'en encadré en vert : le pôle du sud-est du département, centré sur la communauté de communes de Millau-Grands-Causses. C'est le seul territoire, où la gauche est très présente, dont les élus ont choisi de différer l'application de la réforme. L'unique commune s'engageant dès 2013 est Verrières (connue notamment pour son viaduc, qui précède celui de Millau-Creissels)... qui ne fait pas partie de la communauté de communes. Signalons qu'elle est rattachée au canton de Saint-Beauzély, et non à l'un des deux incluant une partie de Millau.

dimanche, 31 mars 2013

Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles

   La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.

   A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.

   Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?

   Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.

   Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.

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   Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :

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   Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :

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   Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :

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   Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).

   On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).

   Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.

   Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.

   Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !

   Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !

vendredi, 29 mars 2013

Un nouveau vice-président aveyronnais

   A l'issue de la réunion plénière du Conseil régional de Midi-Pyrénées, le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, est devenu vice-président de ladite assemblée. Cette réunion a été retransmise en direct et enregistrée, ce qui permet de la regarder sur le site du Conseil régional. Plusieurs caméras ont filmé la séance : une placée en hauteur, qui donnait à voir presque toute la salle (ses images sont à l'écran en début et fin de réunion, ainsi que durant la pause méridienne), une face à la tribune où siégeait l'exécutif régional, une (la même ?) dirigée sur le pupitre (où se sont exprimés Martin Malvy et Jean-Louis Chauzy), une ou deux autres proposant des vues de l'hémicycle et des plans rapprochés des conseillers qui avaient la parole.

   Le début était annoncé à 10 heures. Or, quand Martin Malvy lance le départ de la déposition des listes pour le renouvellement partiel de la commission permanente, il annonce qu'il est 11h35, alors que, selon l'horloge de l'écran, la réunion a débuté 1h09 auparavant... soit à 10h26. Ah, le "quart-d'heure toulousain"...

   Comme le début a été tardif, la pause méridienne ne survient qu'à 13h16 (2h50 après le début). Les débats ont repris à 14h30 pétantes 14h44 (à l'insistance du président du Conseil régional, qui devait trouver que les troupes s'attardaient trop au café), pour s'achever, 9h35 après le départ, à 20 heures semble-t-il.

   La séance a commencé avec l'appel des conseillers, par Gérard Onesta. Sur les 91 élus, 78 étaient présents (dont 3 perdus dans les couloirs visiblement), 13 d'entre eux ayant prévu de "sécher" une partie de la réunion : leur départ était annoncé qui pour 18h30, qui pour 18h, qui pour 17h, qui pour 16h... voire 14h ! Il y en a même une (Michèle Garrigue, je crois) qui s'est fait excuser pour la tranche 11h-13h30, histoire sans doute de déjeuner en paix. (Elle est de surcroît élue de la Haute-Garonne.) Notons que la dame n'a donc suivi les débats matinaux que de 10h26 à 11h... trop dure, la life ! Les véritables absents ne seraient donc qu'au nombre de 13, soit 14 % du total. Le nombre de présents a tout de même varié durant la journée. Au maximum, il y a eu 80 votants lors des scrutins :

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   Mais, étant donné qu'une dizaine d'absents (ou de présents temporaires) avaient donné procuration à un autre conseiller, on penser qu'il y avait en moyenne entre 65 et 75 élus, soit entre 71 % et 82 %. Et les Aveyronnais là-dedans ? 7 sur 10 étaient présents. Les trois absents étaient Jean-Claude Luche (qui avait donné pouvoir de vote à Anne-Sophie Monestier-Charrié), Marie-Françoise Vabre (qui avait donné pouvoir de vote à François Simon, autre représentant d'Europe Ecologie) et Pierre Pantanella (qui avait donné pouvoir de vote à une Ariégeoise, Rolande Sassano). Marie-Lou Marcel est partie à 18h30, laissant pouvoir de vote... à un Ariégeois (Marc Carballido). La ministre (de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme) Sylvia Pinel était aussi absente.

   Si l'on ajoute le cas d'un président d'intercommunalité qui a quitté les lieux un peu avant la fin, on arrive à la conclusion que les cumulards sont moins assidus que les autres. Voilà qui devrait inspirer les rédacteurs de la future loi sur le cumul des mandats. Un président de Conseil régional, une députée et une ministre n'ont aucune raison (autre que financière) de garder un mandat de conseiller régional. Au niveau local, on s'aperçoit que ceux qui empilent les casquettes (maire, président de structure intercommunale, de syndicats divers voire secrétaire d'un parti politique) ont tendance à déserter l'hémicycle toulousain... tout en étant payés !

   Ma deuxième remarque s'applique aux élus aveyronnais de gauche. Il est étonnant que les socialistes Marie-Lou Marcel et Pierre Pantanella aient donné procuration à des Ariégeois. Les relations entre camarades aveyronais seraient-elles tendues à ce point ?

   Cela nous mène tout naturellement à Christian Teyssèdre. D'après Midi Libre de ce vendredi, le maire de Rodez semble avoir retenu les leçons de l'an passé ; il a joué la partie de manière discrète. Le voilà donc intronisé vice-président :


   Cette annonce a été faite 2h21 après le début de la retransmission, soit à 12h47. Dans le quotidien montpelliérain, Laurent Hortes précise que c'est vers 13h30 (au début de la pause méridienne, donc) qu'un "touitte" de Martin Malvy a répandu la nouvelle. Il a pourtant été pris de vitesse (toujours d'après Midi Libre) :

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   Déjà, en septembre dernier, Daniel Rozoy s'était signalé en félicitant publiquement Christian Teyssèdre pour une promotion qu'il a obtenue... cinq mois plus tard. Quelle prescience ! Rappelons que c'est le départ de Nicole Belloubet pour le Conseil constitutionnel (où elle a été nommée par le président du Sénat Jean-Pierre Bel... encore un Ariégeois !) qui a libéré un poste de vice-président. De surcroît, il écarte un candidat de poids de la course à la succession de Martin Malvy (qui a pris un petit coup de vieux).

   Si l'on écoute attentivement les minutes qui suivent, on s'aperçoit qu'une conseillère a demandé à intervenir au sujet des vice-présidences. Il s'agit de l'écologiste Marie-Christine Pons, qui regrette que les récentes retouches apportées à l'exécutif régional aient fait reculer la parité. En effet, le rapport hommes/femmes (au niveau des vice-présidences) est passé de 8/7 à 9/6. Martin Malvy a rappelé que la parité n'était qu'un des facteurs pris en compte dans la composition de l'équipe dirigeante. S'y ajoutent notamment l'origine départementale et l'appartenance politique : c'est une majorité plurielle qui administre la région.

   Je ne sais pas si cela peut consoler Mme Pons, mais le respect de l'esprit de la parité a conduit une nouvelle femme au poste de 1ère vice-présidente : Janine Loïdi. Celle-ci a connu une promotion fulgurante, puisque, n'étant pas membre de l'exécutif en 2010 (elle est néanmoins conseillère depuis 2004), elle n'est devenue vice-présidente que fin 2012, suite à trois démissions. La voilà propulsée dauphine de Martin Malvy !

   J'ai envie de terminer ce billet par quelques touches humoristiques. Certains élus n'ont visiblement pas encore réalisé que les séances étaient filmées. Se croyant protégés des regards d'en face par le rebord élevé de leur pupitre, plusieurs conseillers ont carrément sorti l'ordinateur portable. Disposant sans doute d'une connection wi-fi, ils doivent mettre à profit certains temps morts pour perfectionner leur connaissance des dossiers...

   En voici un qu'il est difficile d'identifier (compte tenu de la prise de vue) :

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   En voici un autre, qui ne se cache nullement :

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   J'ai pointé sa joue droite parce, dans la vidéo, à plusieurs reprises, on le voit mâcher ostensiblement un chewing-gum. Je ne dirai rien du col largement ouvert. Il paraît que c'est à la mode chez les bobos. Le monsieur en est peut-être un. Je pense qu'il s'agit d'un élu d'Europe Ecologie (compte tenu de son voisinage), sans doute François Arcangeli qui, lorsqu'il veut paraître, prend soin de se présenter sans lunettes :

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   Il ressemble quand même plus à celui qui était interrogé par Le Petit Journal, en 2006 :

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   Les plus malins ont peut-être placé une tablette numérique à plat sur leur bureau... ou alors ils surfent grâce à leur téléphone haut de gamme. Vont-ils jusqu'à passer des coups de fil durant la séance ? Oui... et c'est un Aveyronnais qui donne le mauvais exemple, en la personne de Jean-Louis Chauzy :

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   Le présdent du CESER (et conseiller municipal de Rodez) est intervenu au début de la réunion, puis il s'est rassis immédiatement à la droite de Martin Malvy, signe de l'estime dont il jouit. C'est peut-être la raison pour laquelle il s'est permis, quelques minutes plus tard, de prendre un appel au vu de tous.

   La fin de la séance a été émaillée de quelques joutes verbales et de mini-incidents divers. Je relève le concours de photographies auquel se sont livrés l'écologiste Gérard Onesta et le conseiller d'opposition Jacques Thouroude (un Tarnais qui siège avec J-C Luche, A-S Monestier-Charrié et S Roques dans le groupe "Osons Midi-Pyrénées") :

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   Le premier semble avoir voulu mettre en évidence les bancs quelque peu dégarnis de la droite en cette fin de journée. Son adversaire a décidé d'en faire autant... avec les bancs de la gauche. J'en profite pour signaler à mes lecteurs villefranchois que si, dans un futur proche, ils reçoivent un document illustré d'une photographie de Serge Roques dans l'hémicycle régional, il devront certainement celle-ci à son collègue tarnais.

vendredi, 15 mars 2013

Le Grand Retournement

   Ce court film (1h17) est conçu de manière originale. Les personnages (banquiers, politiques, conseillers), qui parlent de la crise financière, de ses tenants et aboutissants, s'expriment en alexandrins, habillés en costumes-cravates pour la plupart.

   Parmi les acteurs, on trouve quelques têtes d'affiche, comme Jacques Weber (le plus constant au niveau de la qualité de la diction), François Morel (très inégal, avec quelques éclairs de génie) et Edouard Baer (inconsistant). D'autres trognes sont connues, davantage que les noms : Franck de La Personne et Thibault de Montalembert notamment. D'autres sont de parfaits inconnus pour moi. Parmi ceux-ci, j'ai remarqué Patrick Mille.

   Je vais sans doute hérisser le poil des militants altermondialistes qui lisent ce billet, mais je me suis globalement fait chier durant ce film. Dans la première partie, j'ai même piqué du nez ! Et il n'est pas possible de faire porter la responsabilité de ce ratage aux comédiens, certains étant très bons. Il n'en reste pas moins vrai que la qualité du jeu est très inégale... et que cela se sent.

   L'autre problème est l'écriture des dialogues. Il ne suffit pas de construire une phrase de 6, 12 ou 24 pieds et de faire rimer deux d'entre elles pour prétendre avoir versifié. C'est trop souvent boursouflé, maladroit. Au lieu de les aider, les phrases ont considérablement compliqué la tâche des acteurs. Un auteur de talent (genre Racine ou Corneille - non, pas le chanteur) est capable de produire un texte (aussi subtil soit-il) sur lequel un bon acteur doit pouvoir s'appuyer.

   Au niveau de la mise en scène, au départ, j'ai trouvé intéressant le contexte de l'usine abandonnée. Cela avait du sens. Mais l'utilisation de cet espace devient vite maladroite, le comble étant atteint lorsque l'un des conseillers du président, devenu trop critique, se fait virer.

   Parlons enfin du fond. Le film se veut pédagogique. On commence par les causes de la crise financière, référence à l'affaire Kerviel à l'appui. On continue avec le renflouage des banques et la bêtise des politiques. Plus que les banquiers, la cible est ici l'exécutif français en place en 2009-2010, à savoir le président Sarkozy (un peu trop sobrement campé par Elie Triffault) et le premier ministre Fillon (Montalembert, très bon). Le tour des banquiers vient juste après, quand il est question de l'introduction de nouvelles normes et du rôle de la BCE.

   Le problème est que tout cela m'a semblé très manichéen. Ce n'est de plus pas destiné à un public profane, parce que, aussi simpliste soit la description des mécanismes de la crise, le fait qu'elle soit véhiculée par un langage ampoulé n'aide en rien à sa compréhension. Bref, le propos est destiné à un public plutôt cultivé, et/ou déjà convaincu.

   Quelles solutions propose l'auteur ? Rien de moins que la Révolution. En gros, les seuls vrais contestataires sont ceux qui manifestent cagoulés, qui cassent des vitrines et renvoient les bombes lacrymos à la police. Cette fin est malheureusement symbolique de l'ensemble du film, qui manque singulièrement de finesse.

   PS

   Sur la crise financière, Inside Job est plus fouillé. Cleveland contre Wall Street montre ce que peut être un vrai film de cinéma sur des questions politiques, financières et sociales. Tout aussi réussi est Margin Call, qui place le spectateur au coeur du processus. Moralité ? Louez un bon DVD.

lundi, 25 février 2013

Hypocrisie départementale (3)

   Le quotidien Midi Libre publie aujourd'hui un entretien avec Guy Durand, maire de Millau et surtout chef de file de l'opposition de gauche au Conseil général de l'Aveyron. Il y conteste les affirmations de Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, qui accuse à mots couverts le gouvernement Ayrault de mener les départements français à la ruine. Selon Guy Durand, Jean-Claude Luche tenterait de mettre sur le dos du gouvernement sa propre incapacité à maintenir l'équilibre des finances départementales.

   La charge est un peu unilatérale. Elle laisse de côté le contexte économique général, qui n'est pas en faveur des exécutifs en place. Néanmoins, en réfléchissant un peu, je me suis rappelé que Le Monde avait consacré au sujet un article fouillé, dans le numéro daté du 24 janvier 2013. Cet article est illustré par une carte intéressante :

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   Certaines informations présentes dans l'article vont dans le sens des affirmations de Jean-Claude Luche. On s'aperçoit que les gagnants de la péréquation (mis en valeur par une étoile) sont des départements gérés par la gauche : Seine-Saint-Denis, Seine-Maritime, Nord, Vaucluse et Bouches-du-Rhône.

   Par contre, les départements classés dans les perdants (mis en valeur par un éclair) sont souvent gérés par les socialistes et leurs alliés : Creuse, Nièvre, Haute-Garonne et Gers. Seul le Cantal est dirigé par une majorité de droite. Le gouvernement actuel ne cherche donc pas systématiquement à avantager les départements gérés par des personnes de la même sensibilité politique que lui.

   On arrive à des conclusions semblables si l'on s'intéresse aux couleurs utilisées sur la carte. En rose sont coloriés les départements riches, qui donnent plus qu'ils ne reçoivent. En vert sont coloriés les départements qui reçoivent plus qu'ils ne donnent. Surprise : les quatre départements du Massif Central dont les présidents hurlent à la spoliation (le Cantal, la Haute-Loire, la Lozère et l'Aveyron) et contestent la réforme des collectivités territoriales font partie des plus gros bénéficiaires de la solidarité financière (l'Aveyron un peu moins toutefois).

   Même si la gauche aveyronnaise a tendance à pilonner sans distinction l'action de la majorité départementale, il semble toutefois que Jean-Claude Luche ait choisi la posture de victime du gouvernement à des fins électorales.

lundi, 11 février 2013

Hypocrisie départementale, communale... et scolaire

   La politique politicienne est de retour, si tant est qu'elle ait jamais disparu du premier plan. Quand vous greffez là-dessus un poil de corporatisme, cela donne une situation abracadabrantesque.

   La question des rythmes scolaires, dans le primaire, fait l'actualité depuis un petit moment. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, propose une réforme qui rétablit la semaine de quatre jours et demi... à la fureur des syndicats d'enseignants, de certains délégués des parents d'élèves et d'élus locaux plutôt classés dans l'opposition. Les déclarations des uns et des autres, telles que la presse les a publiées, sont assez péremptoires, pas très développées. L'entretien que Jean-Louis Grimal, conseiller général du canton de Salles-Curan (et maire de Curan), a accordé au Ruthénois fait exception.

   L'entrevue démarre pourtant mal, l'élu choisissant d'éluder le problème-clé, celui de l'intérêt des élèves :

"Je tiens tout d'abord à faire abstraction du bien-être de l'enfant. Ce n'est pas de mon domaine de compétence. Des chronobiologistes et des psychologues y ont travaillé."

   A première vue, on pourrait saluer cet assaut de modestie de la part de l'élu local, qui évite de se prononcer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas. En creusant un peu, on se rend compte que cette pudeur est peut-être plus intéressée qu'il n'y paraît. Cela fait une demi-douzaine d'années (au moins) que circulent des études condamnant la semaine de quatre jours. Depuis deux ans, le propos s'est fait plus pressant : cette organisation du temps scolaire, qui satisfait les parents et enseignants soucieux en priorité de leur week-end, ne convient pas du tout aux élèves en difficulté, qui souffrent d'un programme trop dense... Mais le système peut très bien fonctionner avec quatre jours d'école... pour les élèves qui ne sont pas en difficulté. Et les autres ? Il suffit de lire la presse pour constater qu'ils échouent au collège et qu'on les retrouve, plus tard, dans la charrette des 100 000 qui quittent le système scolaire sans rien. Si les études avaient conclu à l'avantage de la semaine de quatre jours, nul doute que Jean-Louis Grimal, bien que non spécialiste, aurait pensé à s'appuyer dessus.

   La suite de son propos se veut budgétaire. Il a raison de regretter que l'Etat ait tendance à se décharger de certaines dépenses fondamentales sur les collectivités locales. (Cela ne date pas des socialistes... mais on n'entend les élus de droite que depuis 2011-2012...) La dotation compensatoire prévue par le gouvernement (de 50 à 90 euros par élève) ne devrait pas couvrir le surcroît de frais engagés par les communes, si l'on se fie à ce qu'affirme l'élu aveyronnais : il estime le surcoût à 250-300 euros par élève. Sauf que... l'association des maires de France l'évalue entre 50 et 150 euros par élève ! Voilà qui change pas mal de choses. Nombre de communes rurales (les plus pauvres, pas celles qui accueillent les périurbains en quête d'impôts locaux "allégés") devraient toucher 90 euros par élève (voire plus si le fonds de départ est augmenté, comme l'a sous-entendu Vincent Peillon).

   Résumons : les communes rurales (qui avaient fortement adhéré à la semaine de quatre jours), si elles se débrouillent bien, devraient pouvoir compenser presque intégralement le surcoût financier de la réforme. Le surplus qui resterait à leur charge serait à comparer aux économies que le passage à la semaine de quatre jours avait permis de réaliser jadis. Il resterait le problème du recrutement des intervenants extra-scolaires, qu'il faudra convaincre de venir en zone rurale. Je pense que les titulaires d'un BAFA au chômage (ou en sous-emploi) doivent être assez nombreux. Peut-être les communes devront-elles songer à fonctionner collectivement, pour faciliter les recrutements.

   L'autre clé du problème est le temps de travail des enseignants du primaire. La réforme Peillon va légèrement diminuer le temps de présence devant les élèves, en reconnaissant davantage le travail en dehors de la classe. Si, par rapport à 2008, les professeurs des écoles gardent une obligation de 24 heures de cours par semaine, les 108 heures annuelles supplémentaires (équivalant à 3 heures hebdomadaires) seront ventilées différemment, réduisant le nombre d'heures de soutien. On peut espérer que les 24 heures de cours vont être recentrées sur les apprentissages fondamentaux. Trop d'enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser les bases, à commencer par la lecture et l'écriture. Je vous laisse imaginer ce que cela donne 10-15 ans plus tard, quand les adolescents et les jeunes adultes écrivent des CV et des lettres de motivation. Ne parlons pas de leur compréhension d'un mode d'emploi ou de leur capacité à remplir un bon de commande, ou à lire à contrat...

   Ajoutons que, de 1991 à 2008, les élèves bénéficiaient de 26 heures de cours par semaine... et même de 27 heures, de 1969 à 1991, dont 10 heures de français et 5 heures de calcul ! Faites le compte : pour un nombre de semaines équivalent, 2 ou 3 heures de moins correspondent à un peu plus de 70 ou 100 heures par an... à multiplier par cinq (le nombre d'années de scolarité dans le primaire), soit 350 à 550 heures de moins.

   Au-delà des débats sur les méthodes d'apprentissage, l'aspect quantitatif (les enfants d'aujourd'hui passent moins d'heures en classe) et distributif (un plus faible nombre d'heures est consacré aux fondamentaux, au bénéfice de ce que l'on appelait jadis les "disciplines d'éveil") de la scolarité permet de comprendre bien des choses.

   A cela s'ajoute l'engagement plus ou moins grand des enseignants. Certes, les jeunes d'aujourd'hui doivent être plus difficiles à discipliner que ceux d'il y a 30 ou 40 ans. Mais combien d'entre nous avons pu constater que tel ou tel prof était particulièrement laxiste quant à la maîtrise de l'écrit ? Récemment, une collègue de travail m'a parlé d'un professeur des écoles, beaucoup moins choqué qu'elle par la kyrielle de fautes de français commises par son fils. Le prof lui aurait déclaré que tant qu'il arrivait à comprendre ce qu'il avait voulu dire, tout allait bien ! De même, il y a quelques années, je m'étais inquiété du cas de ma nièce, qui n'écrivait pas assez bien à mon goût (ainsi qu'à celui de sa mère). Figurez-vous que son enseignante ne prenait pas la peine de corriger toutes les fautes de son cahier ! Un changement de professeur (l'année suivante) a eu d'heureuses conséquences pour la jeune fille.

   Mais revenons aux élus locaux hostiles à la semaine de quatre jours et demi. Ils sont issus en général de la classe moyenne, celle qui peut de permettre de financer des activités extra-scolaires pour ses enfants (ou petits-enfants)... et celle dont les rejetons sont moins touchés par l'échec scolaire. Pour ces enfants-là, l'étalement des cours sur 4 ou 5 jours a peu de conséquences. Mais pourquoi se soucier des autres, après tout ?

   Dans la suite de l'entretien, Jean-Louis Grimal réaffirme ses réticences vis-à-vis de la réforme des collectivités locales et d'une loi interdisant tout cumul des mandats pour les élus nationaux. Plus nuancé que Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, il reconnaît certains mérites aux projets, mais, sur le fond, il me semble d'assez mauvaise foi quand il s'exprime sur le binôme homme-femme que chaque super-canton devrait désigner. Et je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il dit sur l'enracinement des députés et sénateurs. Rien ne les empêche d'exercer, à titre bénévole (comme des milliers d'autres, qui n'ont pas la chance de percevoir une indemnité parlementaire), la fonction de conseiller municipal, un poste idéal pour garder à l'esprit les enjeux locaux. Et puis, entre deux séances à l'Assemblée ou au Sénat, ils peuvent revenir faire un tour dans leur circonscription, même si aucune élection n'est en vue... n'est-ce pas ?

lundi, 04 février 2013

Yves Censi et le "mariage pour tous"

   Ce week-end, les débats ont été agités à l'Assemblée nationale, pour le début de l'examen du projet de loi sur "l'ouverture du mariage aux couples de personnes du même sexe". L'article 1 a fait l'objet d'échanges parfois houleux, qui ont débouché, samedi, vers 12h30, sur un premier vote d'une grande portée symbolique :

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   Regardez bien le nombre de suffrages : 346 exprimés sur 348 votants... et 575 députés ! (Deux sièges sont actuellement vacants.) Au vu du résultat, on se rend compte qu'en dépit de l'aspect "clivant" du scrutin, certains groupes n'ont pas fait le plein ce samedi. Sur les 343 députés de gauche et 225 de droite, 249 ont voté l'article 1 et 97 s'y sont opposés. Cela voudrait dire qu'en gros, les trois-quarts des députés de gauche étaient présents, contre moins de la moitié de ceux de droite. Comme c'est étrange !

   ... en fait, non : certains des députés manquants semblent avoir préféré arpenter les rues des villes de leurs circonscriptions, comme le Parisiano-aveyronnais Yves Censi, que l'on a vu samedi, en début d'après-midi, au centre de Rodez, dans la manifestation des opposants au projet de loi.

   Comme l'a fait remarquer le quotidien Centre Presse, la place d'un député de l'opposition n'était-elle pas au Palais Bourbon ?

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   Ou alors, peut-être que le député (contrairement à nombre des papys qui ont battu le pavé ruthénois samedi) ne voyait pas d'inconvénient à ce que le premier article, celui qui valide le mariage entre personnes du même sexe, soit voté. (Ou bien il a voulu éviter de courir le risque que, plus tard, on lui reproche un vote contre, quand ce mariage sera entré dans les moeurs.) On peut supposer qu'il sera ostensiblement présent lorsqu'il s'agira de se prononcer sur l'adoption d'enfants ainsi que la gestation pour autrui, deux sujets qui font moins consensus dans l'opinion.

   N'oublions pas non plus qu'Yves Censi songe à la mairie de Rodez... et pas qu'en se rasant. (Sinon, il y penserait rarement !) Il n'a pas raté l'occasion de montrer sa bobine dans le chef-lieu aveyronnais... ce qui a sans doute permis à nombre de passants de le voir en chair et en os pour la première fois depuis des années ! Mais je suis mauvaise langue...

samedi, 19 janvier 2013

Hypocrisie départementale

   La réformette des collectivités locales proposée par le gouvernement Ayrault continue de faire couler beaucoup d'encre. Un récent article de Midi Libre évoque la "fronde" de quatre présidents de conseils généraux ruraux : Haute-Loire, Aveyron, Cantal et Lozère :

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   Ainsi, de gauche à droite, on l'Altiligérien Gérard Roche, l'Aveyronnais Jean-Claude Luche, le Cantalien Vincent Descoeur et le Lozérien Jean-Paul Pourquier. Ces grands défenseurs de l'intérêt général lancent un appel qualifié de "républicain". L'article omet toutefois de préciser que ces quatre élus locaux se situent dans la même mouvance, l'UMP. C'est indéniable pour deux d'entre eux, V. Descoeur et J-P Pourquier, membres du parti de Jean-François Copé et François Fillon.

   C'est plus subtil pour G. Roche, membre de l'UDI. En 2011, il a été réélu conseiller général du canton de Fay-sur-Lignon. Comme Jean-Claude Luche dans l'Aveyron, il a utilisé la mention "majorité départementale". Le ministère de l'Intérieur, à l'époque, ne l'en a pas moins classé dans la catégorie "M", c'est-à-dire "autres candidats de la majorité présidentielle" (celle de 2011). Toutefois, aux sénatoriales de 2011, il a été élu sous l'étiquette "divers droite", opposé notamment à deux candidats UMP. A la haute assemblée, il siège dans le groupe de centre-droit, distinct de l'UMP.

   Cela nous mène à Jean-Claude Luche, un autre divers droite... qui a quitté (officiellement) l'UMP peu avant les cantonales de 2011, quand le bateau a commencé un peu trop à tanguer. Mais, en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, lorsque Nicolas Sarkozy est venu tenir un meeting important à Toulouse, les élus aveyronnais de droite (inscrits ou pas à l'UMP) étaient au premier rang pour applaudir chaleureusement leur candidat.

   A l'époque, les quatre présidents de Conseils généraux ruraux n'ont pas fait preuve de la même pugnacité contre la réforme des collectivités territoriales, présentée à tort comme une source d'économies pour les finances publiques. C'était surtout un moyen pour la droite de reprendre le contrôle des régions et de verrouiller les majorités départementales.

   On peut regretter que la réforme proposée par les socialistes et leurs alliés soit d'une grande timidité,  qu'elle ne réduise pas le nombre d'élus locaux, pléthorique dans notre pays. Mais, pour les quatre mousquetaires du monde rural, c'est surtout l'introduction de la parité et le remodelage de la carte des cantons qui est à craindre.

   Quand bien même le nombre des conseillers ne changerait pas, le nombre d'élus de sexe masculin va fortement diminuer. Dans l'Aveyron, les mâles sont au nombre de 36, contre 10 représentantes de l'autre sexe. Ils occupent donc 78 % des postes. En Haute-Loire, le rapport est de 30 contre 5 (soit 85,7 % d'hommes). En Lozère, il est de 22 contre 3 (88 % d'hommes). Le pire est atteint dans le Cantal : 24 hommes pour 3 femmes (89 % de mâles dominants) !

   Comme je l'ai déjà écrit le mois dernier, compte tenu des moyens de communication modernes et de l'amélioration des réseaux routiers, en 2013, un territoire de proximité peut (et doit) avoir une taille plus grande qu'en 1850. Il reste à voir comment le redécoupage va être effectué.

   Derrière ces protestations, on entrevoit un combat d'arrière-garde d'élus de sexe masculin, opposés à l'actuelle majorité et accrochés à leurs "prébendes". Si cette réforme est insuffisante, elle prendra peut-être tout son sens lorsqu'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats sera votée.

   Quant aux élus locaux de droite, ils peuvent se rassurer. Je suis persuadé que la gauche va perdre les élections de 2014 et peut-être celles de 2015. Ils auront donc l'occasion de conserver et même de (re)conquérir de précieux mandats...

samedi, 12 janvier 2013

Un discours palpitant

   C'est sans doute celui qu'a prononcé le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, à l'occasion de la présentation de ses voeux pour l'année 2013. L'ai-je entendu pour pouvoir affirmer qu'il a passionné les foules ? Non. Je me suis fondé sur les photographies prises à l'occasion et rendues publiques. Deux d'entre elles ont attiré mon attention, celle publiée dans Le Ruthénois de cette semaine...

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   ... et celle mise en ligne sur le nouveau site du Conseil général (qui avait bien besoin d'un petit toilettage, ne serait-ce qu'au niveau de la présentation des élus) :

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   Commençons par cette deuxième image. On remarque que le couple Luche est placé au centre, à égale distance de deux "poids lourds" de la majorité départementale, le député Alain Marc et le maire de Sébrazac Jean-Claude Anglars. (Bien que ne la connaissant pas, je pense que la femme à l'écharpe est l'épouse de J-C Luche : elle était déjà présente à ses côtés dans la cathédrale de Rodez, lors de l'ordination du nouvel évêque.)

   Donc, de gauche à droite, on a : Alain Marc, Jean-François Gaillard (élu de Nant et pilier de la majorité), la préfète Cécile Pozzo di Borgo (dont on ne peut pas dire qu'elle ait fait preuve d'une grande hostilité à la majorité départementale depuis son arrivée dans l'Aveyron), Jean-Louis Grimal (élu de Salles-Curan et vieux routier de la politique aveyronnaise), Simone Anglade (élue d'Espalion qui, malgré sa grande taille, est masquée par son président), Alain Pichon (de Pont-de-Salars), Bernard Burguière (de Conques... et plus discret que nombre de ses collègues), Arnaud Viala (de Vezins-de-Lévézou), Annie Bel (de Saint-Sernin-sur-Rance), qui voisine Jean-Claude Anglars, derrière lequel il me semble distinguer Michel Costes (de Rieupeyroux), conversant discrètement avec peut-être Jean-Claude Fontanier (de Saint-Chély-d'Aubrac).

   Tout ce beau monde est au garde-à-vous, aux côtés de Jean-Claude Luche... quoique... En y regardant de plus près, il semble que J-F Gaillard et J-L Grimal fixent quelque chose sur leur gauche. On note aussi la joie profonde qui émane du visage d'Arnaud Viala. On comprend mieux en revoyant la photographie publiée dans Le Ruthénois :

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   Les propos du président du Conseil général ne semblent visiblement pas passionner l'élu de Vezins, plus intéressé par son téléphone portable (un smartphone, n'en doutons pas). Voilà qui paraît irriter J-L Grimal au plus haut point... mais il n'est pas le seul à s'en étonner.

   Vu la tronche de dix kilomètres que tire Arnaud Viala sur l'autre photographie, quatre possibilités s'offrent à nous :

1) La photo du site du Conseil général a été prise avant celle du Ruthénois ; c'est parce qu'il s'ennuyait ferme (et peut-être parce qu'il avait été contraint de s'habiller "classieux") qu'A. Viala faisait cette tête ; c'est donc pour rompre l'ennui qu'il s'est ensuite jeté sur son téléphone. (Hypothèse peu vraisemblable compte tenu de l'attitude de certains conseillers généraux.)

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2) La photo du Ruthénois a été prise avant ; A. Viala, en consultant ses messages, a appris une très mauvaise nouvelle, ce qui explique son air malheureux sur l'autre photographie. (Hypothèse un peu tirée par les cheveux.)

3) La photo du Ruthénois a bien été prise avant, mais, l'air malheureux d'A. Viala sur la seconde image s'explique parce qu'entre temps, il s'est fait rappeler à l'ordre pour son attitude négligée. (Hypothèse crédible.)

4) A. Viala ne s'est pas fait rappeler à l'ordre ; il a bien consulté ses messages, mais il continue à s'ennuyer. (Hypothèse féérique... mais après tout pourquoi pas ?)

   La photographie du Ruthénois nous permet de découvrir une autre partie de la troupe assemblée autour de Jean-Claude Luche. A posteriori, on se rend compte que, pour le site du Conseil général, "on" a choisi de "couper" les élus de gauche comme le sénateur Stéphane Mazars et le conseiller de Villefranche-de-Rouergue Eric Cantournet, quitte à exclure du cadre deux fidèles de Luluche : Jean-François Albespy (élu d'Entraygues-sur-Truyère) et Christophe Laborie (de Cornus).

   Aveyron, ton univers impitoyable !