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lundi, 17 juin 2013

Poussée du FN à Villeneuve-sur-Lot ?

   Les médias se sont peut-être enflammés un peu vite quand ils ont obtenu les premiers résultats de l'élection législative partielle de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne (celle de Villeneuve-sur-Lot).

   En pourcentage des suffrages exprimés, d'après le quotidien Sud-Ouest, le candidat du Front National Etienne Bousquet-Cassagne arrive clairement en deuxième position, avec un résultat de 26,04 %. Cela correspondrait à 11,38 % des inscrits... ce qui est peu. J'ai calculé que cela fait 8 554 voix. Comparons avec les scrutins précédents.

   En 2012, dans la même circonscription, le FN avait investi Catherine Martin. A l'issue du premier tour, celle-ci était arrivée en troisième position (avec 7 566 voix, représentant 15,71 % des exprimés mais seulement 9,90 % des inscrits). Elle avait été nettement devancée par Jérôme Cahuzac et Jean-Louis Costes, qui avaient recueilli respectivement 22 572 et 13 006 voix. Pour la partielle de 2013, la commerçante de Villeneuve-sur-Lot a été gentiment écartée, au profit du jeune homme dont nous allons parler. Visiblement, elle "a eu les boules", puisqu'elle a refusé d'en être la suppléante. (Ce rôle a échu à Géraldine Richard.) En guise de lot de consolation, elle devrait être tête de liste FN aux municipales de 2014, à Villeneuve-sur-Lot.

   Passons à présent au "bébé Marine". Il n'a pas le profil des "archéos" du FN. L'un des sites officiels du parti nous le présente comme un jeune "normal", plutôt marqué à droite certes, mais sans excès. On notera son passage par des établissements secondaires privés. Son nom n'est pas inconnu dans le département, puisque son père, Serge Bousquet-Cassagne, est l'un des piliers du syndicat agricole la Coordination rurale... et il vient d'être élu à la tête de la Chambre d'agriculture. Le choix du jeune Bousquet-Cassagne est donc tactiquement très réfléchi : l'étudiant a un profil moins clivant que Catherine Martin ; par son âge, il incarne le renouveau... tout en étant issu d'une famille connue dans les campagnes.

   Il s'est présenté à une élection pour la première fois en 2011, aux cantonales, à Tonneins (où il habite). Il souhaitait faire aussi bien qu'Eddy Marsan, candidat FN sur le même canton en 1998 (et qui fut l'époux de Catherine Martin). A l'issue du premier tour, celui-ci était arrivé deuxième, derrière le maire (socialiste) de Tonneins, avec 20,2 % des voix. Au second tour, il avait culminé à 38,05 % des suffrages. Dans le même temps, Catherine Martin livrait bataille à Villeneuve-Sud. Arrivée troisième, elle avait pu se maintenir au second tour, sans améliorer son score (environ 18 % des suffrages). Déjà à cette époque, Jérôme Cahuzac l'avait emporté, haut la main.

   En 2011, Etienne Bousquet-Cassagne n'est arrivé qu'en troisième position, avec tout de même 26,11 % des suffrages exprimés, mais moins de voix qu'Eddy Marsan 13 ans plus tôt (1 228 contre 1 293). Il lui a manqué 13 voix pour pouvoir se maintenir au second tour. Dans le même temps, Catherine Martin, à Villeneuve-Sud, se qualifiait pour le second tour (elle était en deuxième place à l'issue du premier), où elle était battue, mais en ayant recueilli près de 40 % des suffrages exprimés.

   Cela nous ramène aux législatives de 2012. Etienne Bousquet-Cassagne était bien candidat, pas dans la circonscription de Villeneuve-sur-Lot (échue à Catherine Martin, comme on l'a vu), mais dans celle de Marmande (la numéro 2, celle de Villeneuve étant la numéro 3), dont dépend le canton de Tonneins (entouré en marron) :

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   Le jeune candidat FN est arrivé en troisième position, recueillant 8 572 voix, correspondant à 17,93 % des suffrages exprimés... mais seulement 11,03 % des inscrits (il fallait atteindre les 12,5 % pour pouvoir se maintenir au second tour). Son aventure s'est donc arrêtée là.

   Quelles conclusions en tirer ? Tout d'abord que, sur la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, le jeune Bousquet-Cassagne a fait mieux que la candidate traditionnelle du FN : environ 1 000 voix. Ensuite qu'il ne peut se maintenir au second tour que parce qu'il est arrivé en deuxième position et donc parce que l'électorat PS est resté à la maison. Rappelons que le candidat FN ne dépasse pas la barre des 12,5 % des inscrits. Qui plus est, en analysant l'historique des résultats du FN dans le Lot-et-Garonne, on se rend compte que les scores y étaient déjà élevés avant la promotion du jeune homme, qui ne progresse pas par rapport à sa précédente candidature aux législatives (certes, dans une autre circonscription). Enfin, on constatera qu'au FN comme dans les autres partis, il existe une tentation bureaucratique et un poids de la com', qui ont eu pour conséquence d'écarter une candidate bien implantée au profit d'un semi-parachuté (un voisin toutefois).

   C'est seulement si Etienne Bousquet-Cassagne parvient à augmenter significativement son score au second tour que l'on pourra parler de réussite pour le Front National. D'ici là, on peut se contenter de pointer l'immense désaveu qui touche le PS, dont le candidat recueille trois fois moins de voix que J. Cahuzac un an plus tôt. Cela ne profite pas pour autant à l'UMP, qui a présenté le même candidat qu'en 2012 (Jean-Louis Costes), qui perd lui plus du quart des voix obtenues un an plus tôt.

mardi, 11 juin 2013

Une prison de rêve

   Hier lundi, la ministre de la Justice Christiane Taubira est venue inaugurer la nouvelle cité universitaire maison d'arrêt du Grand Rodez, à Druelle. Au passage, elle est revenue sur les polémiques qui entourent la mise en service du bâtiment.

   Ainsi, la Garde des Sceaux a justifié l'installation des brumisateurs, qui permettraient d'éviter l'échauffement des esprits, en particulier en période caniculaire. On voit par là que la ministre ne sait visiblement pas que le climat qui règne dans cette partie de l'Aveyron n'est pas tout à fait le même que celui de sa Guyane natale. Ajoutons que le site de la prison, le Puech de Grèzes (qui touche la zone artisanale de Bel-Air), se trouve à presque 600 mètres d'altitude (plus de 1 900 pieds, selon Google Earth) à peine moins que le sommet de Rodez...

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   Sa visite des lieux a été amplement médiatisée. Un diaporama lui est consacré, sur le site de Centre Presse. Il est pourtant une photographie que seuls les lecteurs (acheteurs) de la version papier du quotidien auront vue, celle-ci :

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   D'autres images des cellules sont proposées, certaines permettant de découvrir le coin douche-WC. Mais seule celle ci-dessus permet de voir la télévision à écran plat et le petit réfrigérateur dont chaque pièce est équipée. Curieux, non ?

   Avec tout cela, j'ai failli oublier : le coût de la chose. Au début, il était question de 12,5 millions d'euros. Les médias aveyronnais ont parlé de 20 millions au total, soit une augmentation de 7,5 millions d'euros, qui représentent un surcoût de plus de 50 %. Dire que les contribuables n'ont même pas eu droit de visiter l'établissement !

dimanche, 09 juin 2013

La nouvelle nouvelle formule du "Ruthénois"

   L'hebdomadaire aveyronnais n'a pas subi de transformation profonde, cette fois-ci. On reste au format tabloïd (apparu la semaine dernière), avec une pagination limitée à 16. La rubrique des communes du Grand Rodez ne fait pas sa réapparition. Par contre, l'intégralité du journal est imprimée sur papier glacé. C'est gênant pour ceux qui auraient voulu en faire un usage disons non orthodoxe, mais c'est agréable au toucher et à la vue (pour le lecteur).

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   Page 3, on nous annonce encore du changement. Le rythme de parution va se réduire, puisqu'à partir du 21 juin, l'hebdomadaire deviendra bimensuel. L'actualité "chaude" y sera donc moins présente, au profit de sujets plus "sociétaux". On en a un aperçu cette semaine, avec une double-page (pas inintéressante, ceci dit) consacrée au jardinage. Mais, bon...

   Page 4, les curieux liront attentivement la rubrique "En bref". Ils y trouveront un communiqué du maire de Rodez Christian Teyssèdre, qui rend hommage à Xavier Rouvière, un commerçant ruthénois récemment décédé. Ce communiqué, publié aussi sur le site de la radio Totem, ne comporte pas la mention "vrai Ruthénois" qui avait fait réagir (par avance) KaG sur le site Aligorchie. Alors, qu'en est-il ? Le maire a-t-il retouché son papier pour en éliminer toute formule maladroite, ou bien s'agit-il d'une fausse polémique ?

   Pages 6 et 7, l'hebdomadaire revient sur la venue de François Hollande en Aveyron, il y a bientôt deux semaines. Page 11, c'est l'action caritative à laquelle d'anciens champions du monde de 1998 ont participé qui est de nouveau évoquée. L'hebdo brosse le portrait des anciens, plus ou moins glorieux avec le poids des ans.

   Les pages culturelles closent le journal.

   A la réflexion, je me demande si les directeurs du Ruthénois n'auraient pas l'intention de le transformer en gratuit (à l'image du mensuel A l'oeil et de l'hebdomadaire Le Saint-Affricain). Ils toucheraient ainsi (en théorie) un public plus large et pourraient augmenter leurs ressources publicitaires. Pour que cela soit rentable, il faudrait réduire les coûts salariaux et limiter la rédaction à une personne, voire deux. N'est-ce pas ce qui est en cours ?

23:33 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : presse, médias, actualité

samedi, 08 juin 2013

Une prison modèle sur le Grand Rodez ?

   Le 1er juillet 2013, officiellement, la nouvelle maison d'arrêt du Grand Rodez entrera en fonction, à Druelle, une commune de l'ouest de l'agglomération ruthénoise. Située à proximité de la zone de Bel-Air et de la route de Rignac (qui mène aussi à Villefranche-de-Rouergue), elle sera facilement accessible :

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   L'ancienne, encore en service, se trouve à Rodez même, à proximité du jardin public, à moins de 500 mètres de la cathédrale :

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   Le bâtiment est vieillot. C'est l'un des plus anciens couvents de la ville, dont la construction remonte au XVIIe siècle. Pendant la Révolution, il a été transformé en prison, fonction conservée jusqu'à aujourd'hui. Le bâtiment n'est pas aux normes. Les conditions de travail des gardiens y seraient difficiles et les cellules indignes d'un pays développé au XXIe siècle. Les locaux sont aussi trop étroits. (N'oublions pas que la population carcérale ne cesse d'augmenter.) Si l'on ajoute à cela l'enclavement urbain et la proximité du nouveau pôle festif (comprenant la salle des fêtes, le multiplexe de cinéma et le musée Soulages), on comprend qu'il a été jugé pertinent de déplacer ce petit monde dans un bâtiment plus moderne, fonctionnel... et un peu à l'écart du centre.

   Contrairement à l'ancienne, la nouvelle maison d'arrêt se visite. Attention, hein ! Ce ne sont pas les citoyens ordinaires qui ont eu droit d'observer l'utilisation de leurs impôts (contrairement à ce qui s'est fait pour l'hôpital de Bourran, en 2006). Seuls les journalistes (accompagnant de rares privilégiés) ont eu accès aux bâtiments. Cela nous a valu deux diaporamas. On notera que celui de Midi Libre met davantage en valeur les "pipoles" que les bâtiments. (Rétrospectivement, on peut estimer que ce fut un bon échauffement avant la venue de François Hollande à Rodez.) Mieux vaut donc regarder celui mis en ligne sur le site de France 3 Midi-Pyrénées. Les photographies sont de Rouzane Avanissian.

   Les cellules ont un un petit côté chambre d'étudiant :

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   On sous-entend donc que les détenus seront seuls, jamais deux (ou plus...). Hum... est-ce bien certain ? Il semble aussi que les "problèmes de douche" (et de savon qui glisse...) soient résolus avec l'équipement de chaque cellule. Là encore, c'est une information à confirmer.

   La polémique est née de la présence de la télévision. Dans l'image ci-dessus, un espace (que j'ai entouré en bleu) semble avoir été prévu pour l'installer. On peut aussi distinguer la prise électrique, au-dessous de la tablette. D'après un représentant les gardiens de prison, l'accès au bouquet de chaînes de Canal + serait fourni gratuitement aux détenus. De plus, ceux-ci auraient un petit frigo à leur disposition, dans la cellule, élément que l'on s'est bien gardé de montrer dans les diaporamas. On n'y a pas vu non plus les brumisateurs de la cour de promenade...

   Je ne suis pas choqué par la présence de la multitude d'équipements (d'autres sont montrés dans le diaporama de France 3). Il faut bien favoriser la réinsertion des détenus, dont la peine (ou le reliquat de peine) devra être inférieur à deux ans (un an dans l'ancienne prison). Mais le coup des chaînes de Canal, alors que la TNT gratuite devrait suffire (surtout en période de vaches maigres budgétaires) m'a interloqué. Quant aux brumisateurs, leur présence révèle surtout l'ignorance des personnes qui ont prévu leur installation.

   Mais il est un autre problème dont on a trop peu parlé : les malfaçons. Un article de La Dépêche du Midi cite les propos du secrétaire national de l'UFAP (principal syndicat des matons), qui évoque un million d'euros (sur 12,5 de budget initial, soit 8 % !). Il est notamment question de serrures défectueuses, un comble pour ce genre de structure ! Alors, qui est responsable ? Peut-être faut-il chercher du côté de la maîtrise d'oeuvre, dont les titulaires sont nommés sur le site du Grand Rodez :

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samedi, 01 juin 2013

La nouvelle formule du "Ruthénois"

   Vendredi 31 mai, l'hebdomadaire du Piton est sorti sous un nouveau format :

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   Voici ce que cela donne quand on place ce numéro au-dessus du précédent :

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   Il occupe un peu plus de la moitié de la surface du numéro de la semaine dernière, qui était au format berlinois (celui des quotidiens Le Monde, La Dépêche du Midi et Midi Libre). Le trait noir, au bas de l'exemplaire, marque le "point de dépassement" par rapport à l'ancien format.

   A première vue, le nouveau semble être de type tabloïd (avec un peu plus de hauteur de page), adopté naguère puis rejeté par le quotidien Centre Presse.

   Voyons le contenu à présent. On commence par une double page consacrée au réalisateur arabe israélien Alaa Ashkar (dont le nom est écorché sur la première page), qui vit en France. L'entretien, passionnant, aborde le conflit israélo-palestinien sous un angle méconnu, celui des Palestiniens restés en Israël après la guerre de 1948-1949.

   Les pages 4 et 5 traitent de la venue de François Hollande à Rodez (la première journée, à l'usine Bosch, au musée Soulages et à la mairie de Rodez).

   La suite du journal est composée de la plupart des rubriques habituelles. A signaler, un article sur l'éventuelle constitution d'une liste de gauche indépendante du maire sortant. On se garde toutefois de nous donner le moindre nom. Certains circulent en ville, mais allez savoir...

   Il est aussi question de la rencontre organisée à Paul Lignon entre des anciens de 1998 et des joueurs de l'association "Un maillot pour la vie". Pas très loin, la parole est donnée à des syndicalistes. On retiendra les propos de ceux de Sud Solidaires, qui réclament une augmentation des impôts.

   La chronique judiciaire et le courrier des lecteurs sont regroupés sur la même page. Lui succède la rubrique culture, précédant la page d'informations nationales et internationales, toujours issues de la même agence. L'hebdomadaire se termine par les annonces et l'agenda de la semaine.

   Et là vous vous dites que les pages locales, celles donnant des informations sur les communes du Grand Rodez et de sa proximité immédiate, ont disparu. Elles font les frais de la réduction de format, celle-ci ne s'accompagnant pas d'une augmentation de la pagination. D'ailleurs, à moyen terme, celle du Ruthénois a tendance à diminuer. Le premier numéro en comptait 24. Par la suite, on a oscillé entre 20 et 24. Depuis quelques mois, les exemplaires se limitent en général à 16 pages, tout comme la version tabloïd sortie hier.

   Je pense que ce changement est dû à deux phénomènes : le plafonnement des ventes de l'hebdomadaire et la recherche d'une meilleure efficacité publicitaire.

   Au niveau des ventes, Le Ruthénois se place loin des autres hebdomadaires aveyronnais : 2 000 exemplaires (selon le syndicat de la presse hebdomadaire régionale), contre environ 6 000 pour Le Journal de Millau et Le Progrès Saint-Affricain. Selon le site de l'OJD, le Bulletin d'Espalion, en perte de vitesse, dépasse à peine les 5 000 exemplaires, alors que Le Villefranchois maintient tant bien que vaille sa position de leader, avec 8 000 exemplaires vendus chaque semaine. Signalons que La Volonté paysanne, diffusée uniquement par abonnement, se vend à un peu moins de 7 000 exemplaires (toujours selon l'OJD).

   Qu'en est-il de l'efficacité publicitaire ? Selon une étude de 2008, la réduction du format des journaux et notamment le passage au tabloïd augmenterait le temps de lecture et faciliterait la reconnaissance des messages publicitaires...

   C'est un problème que ne rencontre pas Le Nouvel Hebdo, qui vit quasi exclusivement de ses ventes et abonnements. Seul Gérard Galtier pourrait donner les chiffres exacts de sa diffusion. A mon avis, le journal satirique se vend moins que les hebdos qui ont pignon sur rue (le clan des 5 - 6 000 exemplaires). Se vend-il plus que Le Ruthénois ? Mystère. Je sais qu'il est beaucoup lu (regardez l'état des exemplaires de la médiathèque de Rodez !)... mais peut-être pas suffisamment acheté.

   Les échéances électorales qui approchent, ainsi que la refonte des collectivités territoriales (qui ne fait que commencer) sont des sujets porteurs qui devraient permettre à la presse locale de retrouver des couleurs. Espérons que l'année 2013 ne verra pas disparaître l'un des hebdomadaires aveyronnais.

jeudi, 02 mai 2013

Claude Guéant pété de thunes

   La polémique enfle concernant les sommes d'origine suspecte qu'aurait reçues Claude Guéant entre 2002 et 2012. Des internautes facétieux se sont moqués de la défense de l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a argué de la vente de tableaux. Des "mèmes" circulent sur la Toile, dont le quotidien Midi Libre propose un échantillon savoureux. Voici mon préféré :

Mème Michel-Ange.jpg

   ... A comparer avec l'original, La Création d'Adam, de Michel-Ange :

Mème Michel-Ange 2.jpg

   Je me suis amusé à en fabriquer un (dans un genre approchant), Le Sultan offrant ses richesses au petit marquis :

Copie de Guéant Kadhafi.jpg

   Je me suis inspiré d'un tableau du XVIe siècle de Cornelis de Vos, Crésus et Solon (qui a été récemment restauré), dont j'ai bien entendu détourné le sens :

Guéant Kadhafi.jpg

   Si l'on veut rester davantage dans l'esprit du tableau original, il vaut mieux inverser les rôles, et créer une nouvelle toile, intitulée Le Conseiller impécunieux et le Prince :

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samedi, 06 avril 2013

Zidane à Rodez

   Pour les médias et pas mal de fans de football, c'est l'événement du week-end : l'ancien champion du monde est venu animer une soirée-spectacle à l'amphithéâtre de Rodez. (Il va de surcroît donner le coup d'envoi de la rencontre opposant les Ruthénois aux Biterrois.) Cette manifestation de soutien au club de football local, en situation délicate, se situe dans le prolongement de l'annonce de l'entrée de Zinedine Zidane dans l'actionnariat du RAF (Rodez Aveyron Football). Il aurait apporté 10 000 euros à l'occasion de l'augmentation de capital décidée pour sauver le club, aux finances chancelantes.

   Autant son intervention a pu susciter l'enthousiasme, autant elle a pu aussi déchaîner les commentaires hargneux... à raison ? Les râleurs de base soulignent que la somme investie est une miette pour celui qui gagnerait environ 5 millions d'euros par an. Certes, mais rien ne l'obligeait à faire ce geste. Même si sa belle-famille a ses attaches juste à côté de Rodez, même s'il arrive à l'ancien champion du monde de venir passer un peu de bon temps, tranquille, dans l'Aveyron, pourquoi serait-il allé mettre 10 000 euros dans un club qui se cassait la figure ?

   Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il réalise ce genre d'investissement. En effet, il y a trois ans, en compagnie de Bixente Lizarazu, il a apporté la même somme au club d'Evian-Thonon, dont le principal sponsor est l'entreprise Danone, dirigée par Franck Ribout, présenté comme un ami de Zizou... mais qui est surtout l'un de ses principaux employeurs : depuis 2004, Zidane est l'ambassadeur mondial de la marque. Il participe activement au mécénat (pas forcément désintéressé) de Danone : il parraine (depuis une dizaine d'années) la Danone Nations Cup et a intégré le conseil d'administration de danone.communities. Il a même soutenu un projet d'investissement du groupe en Algérie. Que l'amitié qui lie les deux hommes soit grande ou pas, on imagine mal l'ancien footballeur refuser de faire un "petit geste" en faveur de la nouvelle "danseuse" de son patron.

   Il ne semble pas possible d'établir un tel lien à propos de l'investissement dans le RAF. Dans le Grand Rodez, c'est plutôt Lactalis (le rival de Danone) et les groupes coopératifs qui dominent le secteur laitier. Alors, il est tout simplement possible que, sollicité pendant sa formation à Limoges par l'un des membres du staff du RAF, il ait été convaincu... et tenté par un "beau geste" finalement peu coûteux.

   P.S.

   Faut-il voir un lien de cause à effet ? Alors qu'en début de saison le RAF se traînait dans les profondeurs du classement de CFA (groupe C), depuis l'annonce du sauvetage financier, les résultats sont devenus nettement meilleurs (jusqu'à ce soir...). Alors, pourquoi se plaindre ?

dimanche, 31 mars 2013

Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles

   La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.

   A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.

   Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?

   Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.

   Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.

Montastruc.jpg

   Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :

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   Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :

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   Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :

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   Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).

   On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).

   Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.

   Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.

   Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !

   Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !

samedi, 16 mars 2013

Gruiiiik !

   C'est l'une des polémiques qui agitent l'Aveyron depuis la fin de l'année 2012 : l'extension programmée d'une porcherie située dans l'ouest du département, sur le territoire de la commune de Causse-et-Diège (en rouge sur la carte) :

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   En dépit d'une opposition importante, des risques encourus sur le plan environnemental (et touristique), la préfète de l'Aveyron vient d'autoriser ladite extension, suivant en cela le récent avis du CODERST (Conseil Départemental de l'Environnement et des Risques Technologiques) aveyronnais.

   Cette affaire nous amène à nous interroger à plusieurs niveaux : sur le type d'élevage pratiqué, sur les rejets de nitrates, sur le rôle des pouvoirs publics et enfin sur le positionnement de l'entreprise Nutergia.

   Commençons par le type d'élevage. Le GAEC de Cassan compte, avant l'extension, un peu moins de 1200 bêtes. (Il en passe beaucoup plus durant une année mais, en moyenne, c'est l'effectif que doit compter l'exploitation.) Le premier projet prévoyait de faire passer ce nombre à près de 3 000. Il devrait finalement se limiter à 1956 bêtes. Le nombre paraît important au profane. La revue professionnelle GraphAgri (dans son édition 2012) va nous permettre de resituer cette exploitation dans le contexte français :

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   L'exploitation porcine se situe dans le "haut du panier" : les 21 % comptant le plus de têtes, cumulant 79 % du cheptel porcin français. Et encore... si le projet initial avait abouti, elle aurait rejoint le club des "2 000 et plus", 9 % des exploitations qui regroupent à elles seules... la moitié du cheptel porcin national. Je pense d'ailleurs que c'est dans cette catégorie qu'il faudra malgré tout classer l'exploitation aveyronnaise agrandie : ponctuellement, il est certain que les 1956 têtes vont devenir 2 000 voire 2 100. Qui va venir perdre des heures à compter l'ensemble ? Ce projet n'est donc pas l'illustration de la défense de la petite ou moyenne agriculture familiale. Il constitue un renforcement des structures dominantes.

   Passons à présent aux rejets de nitrates. C'est la grande crainte des riverains, pour leur santé... et pour la préservation d'un important site touristique local : la grotte de Foissac. (La commune est coloriée en vert sur la première carte.) Ceci dit, à l'heure actuelle, la qualité des eaux aveyronnaises ferait bien des envieux du côté de la Bretagne (où l'élevage porcin industriel est particulièrement développé) :

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    L'écrasante majorité du territoire connaît des taux de nitrates inférieurs à 50 mg/l. On peut considérer toutefois que, dans les zones où ce taux est compris entre 25 et 40 mg, localement, des situations problématiques peuvent se poser. (Rappelons que, pour les nourrissons, il est recommandé d'utiliser une eau contenant moins de 10 mg/l.) C'est le cas de la zone que j'ai entourée en marron, accompagnée d'un point d'interrogation. Il s'agit de la commune de Salles-Courbatiès, qui voisine Causse-et-Diège (mise en évidence par des pointillés rouges). La pollution aux nitrates (ponctuelle) dont cette commune semble être victime ne doit pas toucher ses voisines situées au nord-ouest : elle est sans doute (en partie) emportée par les cours d'eau qui se dirigent au nord, vers le Lot.

   Mais la grotte de Foissac (située ci-dessous dans la zone cerclée de vert) pourrait être menacée par les épandages supplémentaires de lisier, prévus sur des centaines d'hectares autour du GAEC de Causse-et-Diège, situé au lieu-dit Cassanus :

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   Il faut dire que, si l'élevage une fois étendu est censé n'héberger qu'environ 2 000 bêtes, c'est un total de 8 000 qu'il est prévu de faire défiler sur l'exploitation en une année ! Pluies, crues et infiltrations contribuent à mêler le nitrate aux eaux souterraines, qui s'en retrouvent acidifées. A la suite du gestionnaire de la grotte, Sébastien du Fayet de La Tour, la revue Sciences et Avenir et le site hominidés.com (parmi d'autres) ont émis de vives inquiétudes quant au devenir des peintures rupestres (récemment découvertes) et des squelettes vieux de milliers d'années. Le nouveau plan d'épandage (plus restreint) et l'augmentation du nombre de têtes moins importante que prévu suffiront-ils à préserver le site ? A suivre...

   Dans cette affaire, quel a été le rôle des pouvoirs publics ? Il est difficile de le dire avec exactitude. Le Conseil général a été d'une discrétion de violette. Traditionnellement, la majorité départementale est très proche de la direction de la FDSEA. Mais il semble que, sur ce sujet, le bloc se soit fissuré. On a même pu lire, dans Centre Presse (mercredi 13 mars), une tribune de Jean Milesi hostile au projet d'agrandissement : "Pourquoi j'ai voté contre le projet d'extension de la porcherie de Causse et Diège".

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  Il est possible qu'une action discrète ait été engagée, pour inciter l'exploitant à "réduire la voilure", pour faire passer son projet.

   De son côté, la préfecture a été attentiste puis suiviste. Il faut dire que la préfète ne connaît pas grand chose à ce type de dossier. Chartiste de formation, ambassadrice avant d'arriver dans l'Aveyron, elle doit sans doute s'en remettre aux fonctionnaires spécialisés... voire aux bons conseils de politiques qu'elle croise fréquemment. Au vu de la composition du CODERST, représentants de la Préfecture et de la majorité départementale peuvent facilement verrouiller un dossier. La nouvelle de l'approbation du projet d'extension n'était donc pas une surprise... sauf peut-être pour le rédacteur en chef du Villefranchois (Michel Heuillet), qui, dans l'édition du 28 février, s'était un peu trop avancé :

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   Il nous reste à aborder le rôle de l'entreprise Nutergia, dont le laboratoire se trouve à Capdenac-Gare (coloriée en bleu sur la première carte du billet). Le directeur, Antoine Lagarde, prévoyait de s'implanter sur la commune voisine... Causse-et-Diège. A terme, il déclarait envisager la création d'une trentaine d'emplois dans le département. Le projet d'extension de la porcherie avait tout pour lui déplaire, puisque son laboratoire communique sur son respect de l'environnement :

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   Furieux, il a même menacé un temps de délocaliser son activité... avant d'adopter une tactique plus offensive : il a proposé d'aider l'éleveur porcin à convertir son exploitation à l'agriculture biologique ! Ces coups de théâtre appellent plusieurs remarques. Tout d'abord, il est sidérant que les protestations d'un entrepreneur dynamique, créateur d'emplois, n'aient visiblement pas été considérées par les autorités locales. C'est dire aussi la puissance du lobby qui soutenait l'extension de la porcherie industrielle. Quant au projet de conversion au bio, je ne sais pas s'il tenait vraiment la route. Et puis, pouvait-on ainsi forcer la main à une famille d'exploitants ?

   Cette histoire ne me semble pas terminée pour autant. La décision de la préfecture est peut-être attaquable devant un tribunal administratif. Les opposants au projet d'extension auront-ils les moyens juridiques et financiers de continuer leur action ?

Pierre Soulages fait la fine bouche

   C'est dans un article qui m'avait échappé et dont Le Nouvel Hebdo du 15 mars a eu la bonne idée de signaler l'existence. Le 8 mars dernier, sur le site du Figaro a été mis en ligne un entretien avec le peintre d'origine aveyronnaise.

   Il y est notamment question du (futur) musée ruthénois. L'artiste rappelle sa relation privilégiée avec l'ancien maire de Montpellier, Georges Frêche... et son refus d'un bâtiment qui lui soit entièrement consacré. Entre les lignes, on peut comprendre que c'est à l'activisme forcené d'un autre ancien maire, celui de Rodez (Marc Censi) que l'on doit l'implantation ruthénoise des gigantesques boîtes à chaussures.

   Tout aussi intéressants sont les passages qui évoquent les convictions philosophiques du peintre, ainsi que la manière de concevoir la scénographie d'un musée. On sent bien que l'artiste a une haute opinion lui et de son oeuvre. Il n'en est pas moins conscient du risque que la fréquentation de l'établissement qui va porter son nom chute rapidement : "Un musée d'artiste dure trois ans. La première année, tout le monde y va. La deuxième aussi. Puis plus personne. Je n'ai pas envie de vivre ça." De surcroît, en lisant les commentaires des internautes, on réalise que les lecteurs ne sont pas aussi enthousiastes que nos élites...

   C'est marrant parce que, quelques mois plus tôt, un article paru dans Le Nouvel Observateur (issu d'une dépêche AFP, comme celui paru dans Le Point) offrait une vision plus optimiste du projet. En dépit du rappel de l'opposition du peintre à l'idée d'un "mausolée" artistique, la tonalité était essentiellement positive. En lisant le "papier", on apprend toutefois que Pierre Soulages n'envisageait pas, à cette date, de troisième donation d'oeuvres au musée :

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lundi, 18 février 2013

Imprimer dans l'Aveyron

   C'est une mini-polémique qui a vu le jour dans le département. A l'origine se trouve une information somme toute anodine : l'annonce de la parution d'un ouvrage évoquant le destin de descendants d'émigrés aveyronnais en Argentine. Les auteurs et les promoteurs du livre ont dû donner une conférence de presse, qui a suscité divers articles dont un dans le Bulletin d'Espalion et un autre dans Le Ruthénois :

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   Vous aurez remarqué que la photographie d'illustration est identique. Le contenu varie un peu. On constate une divergence au niveau des chiffres. Concernant la première vague d'émigrés, le Bulletin parle de 180 personnes, Le Ruthénois de 40. La vérité est entre les deux : 40 familles, soient 162 personnes en 1884. La suite des articles évoque principalement les descendants actuels, le Bulletin ajoutant un lien vers le site internet de l'association Rouergue-Pigüé.

   Le Ruthénois se distingue par un point de vue critique. Présent sur la même page que l'article promotionnel, un billet du directeur de la rédaction Bruno Aufrère (Un livre "made in Spain") soulève quelques problèmes. Le patron de presse - imprimeur regrette que le livre soit imprimé en Espagne (du côté de Barcelone), alors qu'il traite d'une matière aveyronnaise... et qu'il existe quantité de professionnels compétents dans le département.

   Bruno Aufrère se demande aussi si la publication du livre va bénéficier d'un soutien du Conseil général, ce qui, pour lui, serait injustifié si le livre n'est pas imprimé localement. Il évoque aussi une drôle de proximité. L'auteure des textes, Catherine Samson, présentée comme "journaliste indépendante", est la compagne d'un certain René Bécouze, conseiller relation-presse au Conseil général de l'Aveyron :

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(C'est fou ce que je peux consulter l'organigramme du Conseil général ces jours-ci !)

   L'auteur des photographies de l'ouvrage est Valentin Bécouze, fils du précédent. Après tout, pourquoi ne pas travailler en famille ? Il reste à savoir d'où viennent les financements.

   Pour son précédent livre (fort intéressant), L'Aubrac, La race d'un pays de résistants, l'impression avait été effectuée à Villefranche-de-Rouergue (ou juste à côté, à La Rouquette), l'éditeur (Toute Latitude / Terres d'excellence) étant basé à Montauban :

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(Signalons que le patron de cette petite maison d'édition n'est autre que Laurent Tranier, qui fut candidat aux législatives de 2012 sous la bannière UMP.)

   Bruno Aufrère a peut-être pris la mouche parce que, par le passé, il est déjà arrivé que le Conseil général attribue une subvention (et appose son logo) à une publication d'intérêt local... imprimée ailleurs. Il cite le cas de l'excellent Dictionnaire de l'Aveyron, de Jean-Michel Cosson, lui aussi imprimé en Espagne :

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   D'autres ouvrages d'intérêt local, qui ne bénéficient toutefois pas d'un appui du Conseil général, ont été imprimés à l'étranger. C'est notamment le cas d'un autre très bon bouquin, dont j'ai parlé : Aveyron, le temps de la terre, issu de presses italiennes. De manière plus générale, les Editions du Rouergue (certes rachetées il y a quelques années par Actes Sud) impriment de moins en moins dans l'Aveyron. Les ouvrages (comme ceux de Daniel Crozes) sortent en général quand même d'une imprimerie française, mais parfois aussi d'une imprimerie étrangère, surtout si l'iconographie est abondante.

   Des publications locales continuent pourtant de sortir des mains d'artisans rouergats, comme Châteaux et personnages du Ruthénois, de Gérard Astorg, façonné par un imprimeur de La Primaube. C'est le cas aussi des (semi) mémoires de Marc Censi (que je n'ai pas encore lus). Notons que l'ouvrage rédigé par l'ancien maire de Rodez a été imprimé à... Millau (par Maury) ! Shocking !

   La palme de la "vertu aveyronnaise" (et de l'éclectisme) revient sans conteste à Roger Lajoie-Mazenc, dont tous les ouvrages que j'ai en ma possession ont été imprimés dans le département. L'Or noir pour un troupier (où il évoque son service militaire en Algérie) et Marianne d'Aveyron sont sortis de l'imprimerie (villefranchoise) Salingardes (aujourd'hui disparue), respectivement en 1961 et 1970. Les Gros Bonnets de l'Aveyron est issu d'une imprimerie située à Bel Air (en 1980). Pour L'Aveyron en République(s), c'est l'artisan primaubois déjà mentionné qui a été mis à contribution (en 2000). Pour Maires de famille (un de mes livres de chevet), retour à Villefranche-de-Rouergue avec Grapho 12. Le Sud n'a pas été oublié, puisque Les plus fameuses citations de l'Aveyron est sorti de chez Maury, au début de l'année 2012.

   Je constate que je me suis un peu éloigné du sujet de départ.... le coup de sang de l'imprimeur Bruno Aufrère. Il faut dire que la situation est tendue dans ce secteur (comme dans d'autres). Ainsi, Grapho 12 a subi une profonde restructuration en 2011. Début 2012, Causses et Cévenne a mis la clé sous la porte. Pour l'imprimerie du Progrès (qui édite Le Progrès Saint-Affricain et Le Ruthénois), les affaires ne semblent pas si mal tourner que cela, puisque l'entreprise vient de récupérer l'impression du Journal de Millau, auparavant assurée par la SOMAP, à côté de Montpellier.

samedi, 19 janvier 2013

Hypocrisie départementale

   La réformette des collectivités locales proposée par le gouvernement Ayrault continue de faire couler beaucoup d'encre. Un récent article de Midi Libre évoque la "fronde" de quatre présidents de conseils généraux ruraux : Haute-Loire, Aveyron, Cantal et Lozère :

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   Ainsi, de gauche à droite, on l'Altiligérien Gérard Roche, l'Aveyronnais Jean-Claude Luche, le Cantalien Vincent Descoeur et le Lozérien Jean-Paul Pourquier. Ces grands défenseurs de l'intérêt général lancent un appel qualifié de "républicain". L'article omet toutefois de préciser que ces quatre élus locaux se situent dans la même mouvance, l'UMP. C'est indéniable pour deux d'entre eux, V. Descoeur et J-P Pourquier, membres du parti de Jean-François Copé et François Fillon.

   C'est plus subtil pour G. Roche, membre de l'UDI. En 2011, il a été réélu conseiller général du canton de Fay-sur-Lignon. Comme Jean-Claude Luche dans l'Aveyron, il a utilisé la mention "majorité départementale". Le ministère de l'Intérieur, à l'époque, ne l'en a pas moins classé dans la catégorie "M", c'est-à-dire "autres candidats de la majorité présidentielle" (celle de 2011). Toutefois, aux sénatoriales de 2011, il a été élu sous l'étiquette "divers droite", opposé notamment à deux candidats UMP. A la haute assemblée, il siège dans le groupe de centre-droit, distinct de l'UMP.

   Cela nous mène à Jean-Claude Luche, un autre divers droite... qui a quitté (officiellement) l'UMP peu avant les cantonales de 2011, quand le bateau a commencé un peu trop à tanguer. Mais, en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, lorsque Nicolas Sarkozy est venu tenir un meeting important à Toulouse, les élus aveyronnais de droite (inscrits ou pas à l'UMP) étaient au premier rang pour applaudir chaleureusement leur candidat.

   A l'époque, les quatre présidents de Conseils généraux ruraux n'ont pas fait preuve de la même pugnacité contre la réforme des collectivités territoriales, présentée à tort comme une source d'économies pour les finances publiques. C'était surtout un moyen pour la droite de reprendre le contrôle des régions et de verrouiller les majorités départementales.

   On peut regretter que la réforme proposée par les socialistes et leurs alliés soit d'une grande timidité,  qu'elle ne réduise pas le nombre d'élus locaux, pléthorique dans notre pays. Mais, pour les quatre mousquetaires du monde rural, c'est surtout l'introduction de la parité et le remodelage de la carte des cantons qui est à craindre.

   Quand bien même le nombre des conseillers ne changerait pas, le nombre d'élus de sexe masculin va fortement diminuer. Dans l'Aveyron, les mâles sont au nombre de 36, contre 10 représentantes de l'autre sexe. Ils occupent donc 78 % des postes. En Haute-Loire, le rapport est de 30 contre 5 (soit 85,7 % d'hommes). En Lozère, il est de 22 contre 3 (88 % d'hommes). Le pire est atteint dans le Cantal : 24 hommes pour 3 femmes (89 % de mâles dominants) !

   Comme je l'ai déjà écrit le mois dernier, compte tenu des moyens de communication modernes et de l'amélioration des réseaux routiers, en 2013, un territoire de proximité peut (et doit) avoir une taille plus grande qu'en 1850. Il reste à voir comment le redécoupage va être effectué.

   Derrière ces protestations, on entrevoit un combat d'arrière-garde d'élus de sexe masculin, opposés à l'actuelle majorité et accrochés à leurs "prébendes". Si cette réforme est insuffisante, elle prendra peut-être tout son sens lorsqu'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats sera votée.

   Quant aux élus locaux de droite, ils peuvent se rassurer. Je suis persuadé que la gauche va perdre les élections de 2014 et peut-être celles de 2015. Ils auront donc l'occasion de conserver et même de (re)conquérir de précieux mandats...

samedi, 12 janvier 2013

Un discours palpitant

   C'est sans doute celui qu'a prononcé le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, à l'occasion de la présentation de ses voeux pour l'année 2013. L'ai-je entendu pour pouvoir affirmer qu'il a passionné les foules ? Non. Je me suis fondé sur les photographies prises à l'occasion et rendues publiques. Deux d'entre elles ont attiré mon attention, celle publiée dans Le Ruthénois de cette semaine...

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   ... et celle mise en ligne sur le nouveau site du Conseil général (qui avait bien besoin d'un petit toilettage, ne serait-ce qu'au niveau de la présentation des élus) :

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   Commençons par cette deuxième image. On remarque que le couple Luche est placé au centre, à égale distance de deux "poids lourds" de la majorité départementale, le député Alain Marc et le maire de Sébrazac Jean-Claude Anglars. (Bien que ne la connaissant pas, je pense que la femme à l'écharpe est l'épouse de J-C Luche : elle était déjà présente à ses côtés dans la cathédrale de Rodez, lors de l'ordination du nouvel évêque.)

   Donc, de gauche à droite, on a : Alain Marc, Jean-François Gaillard (élu de Nant et pilier de la majorité), la préfète Cécile Pozzo di Borgo (dont on ne peut pas dire qu'elle ait fait preuve d'une grande hostilité à la majorité départementale depuis son arrivée dans l'Aveyron), Jean-Louis Grimal (élu de Salles-Curan et vieux routier de la politique aveyronnaise), Simone Anglade (élue d'Espalion qui, malgré sa grande taille, est masquée par son président), Alain Pichon (de Pont-de-Salars), Bernard Burguière (de Conques... et plus discret que nombre de ses collègues), Arnaud Viala (de Vezins-de-Lévézou), Annie Bel (de Saint-Sernin-sur-Rance), qui voisine Jean-Claude Anglars, derrière lequel il me semble distinguer Michel Costes (de Rieupeyroux), conversant discrètement avec peut-être Jean-Claude Fontanier (de Saint-Chély-d'Aubrac).

   Tout ce beau monde est au garde-à-vous, aux côtés de Jean-Claude Luche... quoique... En y regardant de plus près, il semble que J-F Gaillard et J-L Grimal fixent quelque chose sur leur gauche. On note aussi la joie profonde qui émane du visage d'Arnaud Viala. On comprend mieux en revoyant la photographie publiée dans Le Ruthénois :

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   Les propos du président du Conseil général ne semblent visiblement pas passionner l'élu de Vezins, plus intéressé par son téléphone portable (un smartphone, n'en doutons pas). Voilà qui paraît irriter J-L Grimal au plus haut point... mais il n'est pas le seul à s'en étonner.

   Vu la tronche de dix kilomètres que tire Arnaud Viala sur l'autre photographie, quatre possibilités s'offrent à nous :

1) La photo du site du Conseil général a été prise avant celle du Ruthénois ; c'est parce qu'il s'ennuyait ferme (et peut-être parce qu'il avait été contraint de s'habiller "classieux") qu'A. Viala faisait cette tête ; c'est donc pour rompre l'ennui qu'il s'est ensuite jeté sur son téléphone. (Hypothèse peu vraisemblable compte tenu de l'attitude de certains conseillers généraux.)

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2) La photo du Ruthénois a été prise avant ; A. Viala, en consultant ses messages, a appris une très mauvaise nouvelle, ce qui explique son air malheureux sur l'autre photographie. (Hypothèse un peu tirée par les cheveux.)

3) La photo du Ruthénois a bien été prise avant, mais, l'air malheureux d'A. Viala sur la seconde image s'explique parce qu'entre temps, il s'est fait rappeler à l'ordre pour son attitude négligée. (Hypothèse crédible.)

4) A. Viala ne s'est pas fait rappeler à l'ordre ; il a bien consulté ses messages, mais il continue à s'ennuyer. (Hypothèse féérique... mais après tout pourquoi pas ?)

   La photographie du Ruthénois nous permet de découvrir une autre partie de la troupe assemblée autour de Jean-Claude Luche. A posteriori, on se rend compte que, pour le site du Conseil général, "on" a choisi de "couper" les élus de gauche comme le sénateur Stéphane Mazars et le conseiller de Villefranche-de-Rouergue Eric Cantournet, quitte à exclure du cadre deux fidèles de Luluche : Jean-François Albespy (élu d'Entraygues-sur-Truyère) et Christophe Laborie (de Cornus).

   Aveyron, ton univers impitoyable !

vendredi, 11 janvier 2013

Z Minus n°4

   Ce numéro (celui de décembre-janvier) risque d'être le dernier : les ventes ne sont pour l'instant pas suffisantes. La société éditrice est en déficit. Bref, la situation est grave... et pourtant, ce périodique satirique est bourré de talent.

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   Cela commence dès la "une", avec un strip en bas de page consacré à un sujet brûlant, détourné avec un talent indéniable :

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   Les traditionalistes de tout poil devraient pourtant se réjouir que les homosexuels cherchent à se marier et élever des enfants : ils ont envie de faire les mêmes conneries qu'eux ! Mais il y a un gros non-dit que personne n'ose évoquer dans le débat. Dans l'esprit de beaucoup de gens, homosexuel (homme) = pédophile. Ce n'est pas tant le mariage qui rebute la population (qui y serait massivement favorable apparemment) que la possibilité d'adopter. Et pourtant... quiconque suit depuis un petit moment la chronique judiciaire peut constater que, bien au contraire, les auteurs d'abus sexuels sur les enfants sont des adultes hétéros (souvent d'ailleurs des membres de leur famille "génétique"). C'est donc plutôt aux hétérosexuels qu'il faudrait interdire d'avoir des enfants...

   Les amateurs de reportage BD seront servis dans ce numéro, avec une page consacrée aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame des Landes. Un peu plus loin, Thibaut Soulcié en consacre un (émouvant) à un paysan de Sologne... son père.

   Souvent, une seule image suffit à tourner en dérision un sujet d'actualité dramatique, comme les assassinats à répétition en Corse :

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   Plus loin, en trois cases, Pakman marie les genres pour évoquer une tragique affaire d'abus sexuels dans une discipline sportive très médiatisée.

   Certaines productions jouent plus sur la recherche graphique, comme la mini-histoire de Mathieu Z, qui a pour cadre la conquête espagnole de l'Amérique.

   Il est bien évidemment très souvent question de cul, comme sur la page de Rémy Cattelain, intitulée "L'histoire à Régis". C'est toutefois un peu trop bavard à mon goût. Je préfère les productions chocs de Berth :

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   A mi-chemin des deux, on trouve des strips grand format, étalés sur une double-page. Il y est notamment question de la fin du monde... avec des connotations sexuelles, bien entendu.

   Dans le genre cradingue et dérisoire, j'aime aussi les aventures du pauvre Klebs, par Giemsi :

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   Dans le supplément "Le Chakipu", les amateurs d'humour macabre liront avec plaisir plusieurs historiettes ayant pour cadre la mort. J'ai adoré la parodie de film américain, dans laquelle un soldat n'en finit pas de mourir :

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   Je ne vous ai pas mis la fin. Pour la découvrir, courez acheter Z Minus !

13:33 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, humour, bd

mercredi, 12 décembre 2012

Musée Soulages : l'avenir s'assombrit

   On s'y attendait un peu. Néanmoins, l'annonce, par Jean-Claude Luche, de la division par deux de la subvention du Conseil général de l'Aveyron pour la construction des gigantesques boîtes à chaussures du Foirail a provoqué un mini-séisme politique.

   Pour commencer, notons le léger décalage dans la manière dont deux des quotidiens locaux ont présenté la chose. La Dépêche du Midi, sans reprendre entièrement les propos de Christian Teyssèdre (le maire de Rodez, pas content du tout), choisit un titre plutôt défavorable à Jean-Claude Luche :

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   La photographie est prise en contre-plongée. Le président du Conseil général y paraît puissant (même si cela ne correspond pas tout à fait au titre), presque hautain. On a l'impression qu'il pourrait quand même allonger la thune, mais que, rien pour faire iech le maire de Rodez, il décide de fermer (partiellement) le robinet à subventions.

   Midi Libre attribue son revirement au contexte économique et minimise les conséquences :

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   La photographie présente l'élu en position d'explication. Il est pris quasiment de face, presque en train de s'excuser de devoir baisser le niveau de la subvention. L'article du quotidien montpelliérain passe d'ailleurs plus de temps à détailler les choix budgétaires de J-C Luche qu'à traiter du financement du musée Soulages. Précisons que Luluche a eu l'habileté de reporter une partie des crédits sur des projets soutenus par des mairies de gauche (Onet-le-Château et Millau). Quel métier !

   Ceci dit, sur le fond, je ne peux pas lui jeter la pierre. La situation financière du département n'est pas brillante (même s'il y a bien pire) et, franchement, il a mieux à faire que de financer ce gagdet pour cultureux.

   C'est le moment que choisit le contribuable ruthénois pour se réveiller en moi. Il sent -ce contribuable- que c'est vers lui que l'on risque de se tourner pour boucler le financement du musée. Déjà qu'on ne lui dit pas qui va payer la différence entre l'estimation que des médias continuent à véhiculer (environ 21,5 millions d'euros dont 9,5 pour le Grand Rodez) et celle que le journal publié par la mairie de Rodez a fini par donner en décembre dernier (28 millions d'euros dont 50 % issus des subventions, soit 14 millions pour la Communauté d'agglomération).

   Si le Conseil général divise par deux le montant de sa participation au projet, c'est bien plus de deux millions d'euros qui risquent retomber sur les reins du Grand Rodez : n'oublions pas la part des taxes ! De surcroît, compte tenu du retard pris par les travaux et de la volonté du peintre de reporter l'inauguration de plusieurs mois (le "maître" de l'outrenoir ne voulant pas d'une cérémonie en novembre 2013, en pleine saison "sombre"... un comble !), qui sait quelle somme pourrait encore s'ajouter au total déjà faramineux. On va bien finir par atteindre les 30 millions d'euros que certains commentateurs évoquent déjà depuis des mois.

   Faites les comptes : au lieu d'un montant (faussement) annoncé de 9,5 millions d'euros, c'est 16 ou 18 millions que le Grand Rodez (et donc les contribuables locaux) va devoir sortir du porte-monnaie ! (Déjà en 2010, La Dépêche du Midi précisait que le dépassement de budget devrait être réglé par la Communauté d'agglomération...) On se prend à rêver que l'ex-sénatrice de l'Aveyron Anne-Marie Escoffier, aujourd'hui ministre dans le gouvernement Ayrault, décide de prendre en mains ce dossier pour le défendre devant sa collègue de la Culture, histoire que la contribution de l'Etat puisse passer de 4 à 8 ou 10 millions d'euros...

dimanche, 09 décembre 2012

La folie du gaz de schiste

   C'est le titre d'un petit dossier publié dans le numéro de Courrier international de cette semaine :

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   Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que je pense de ce journal. Il a le grand mérite de rendre accessibles au public francophone des articles souvent passionnants issus de la presse étrangère. Il a aussi l'intelligence d'être vraiment bi-média : seule une partie des articles de la version papier est accessible sur le site internet, où l'on peut découvrir des contenus enrichis.

   Cela commence par une "accroche" qui replace la question dans un contexte international, même si les Français en entendent désormais régulièrement parler, comme on va le voir plus loin.

   Le premier véritable article, "Alerte rouge pour Gazprom", est extrait d'un magazine économique russe. Le géant du gaz naturel voit sa puissance remise en cause par l'essor des gaz non conventionnels (plus coûteux à exploiter en Russie). Il est bien entendu question de la dépendance réciproque qui lie l'entreprise à l'Europe, alors que la construction du gigantesque réseau de gazoducs South Stream vient d'être lancée.

   La perspective semble aussi se brouiller avec l'Asie, notamment la Chine ("Vu de Chine") qui, jusqu'à présent, trouve trop chers les hydrocarbures russes... et qui possèderait d'immenses réserves de gaz de schiste:

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   Une difficulté basique se présente aux autorités de Pékin : les plus grandes réserves sont situées dans des zones arides. Quand on connaît l'importance de l'eau dans le processus d'extraction, on se dit que ce n'est pas demain que la Chine cessera d'importer du gaz...

   En complément, sur le site internet de l'hebdomadaire, on peut lire un papier qui traite des revirements des autorités bulgares, qui tantôt semblent vouloir favoriser les investissements étrangers (occidentaux) dans l'exploration des gaz de schiste, tantôt semblent se découvrir une conscience écologique très prononcée... peut-être sous l'influence de Gazprom.

   "Vu de Varsovie", c'est l'indépendance énergétique qui semble l'emporter sur tout autre considération. Rappelons que l'ancienne démocratie populaire, bien que devenue indépendante de l'ancien "grand frère" russe, lui achète encore 70 % du gaz qu'elle consomme. De leur côté, la République tchèque et la Roumanie se montrent plus prudentes vis-à-vis du gaz de schiste, sans que l'on sache vraiment si l'on doit cette attitude au désir de préserver l'environnement ou à l'influence de Gazprom... c'est-à-dire du gouvernement russe.

   Aux Etats-Unis, c'est l'optimisme qui semble l'emporter : "Le grand retour de l'industrie aux Etats-Unis". La baisse du prix de l'énergie provoquée par l'exploitation massive du gaz de schiste semble favoriser la relocalisation d'entreprises. Nombre d'experts pensent que Washington est en passe de recouvrer son indépendance énergétique. Voilà qui pourrait bouleverser la géopolitique du Moyen-Orient : Oncle Sam ne se sentirait plus obligé d'y jouer le rôle de gendarme... ce qui contraindrait la Chine à s'y investir davantage.

   Qu'en pensent les autres pays en développement ? Au Mexique, on s'inquiète des conséquences environnementales. Au Maghreb, d'après la petite revue de presse publiée par l'hebdomadaire, le débat fait rage. L'Algérie s'inquiète de l'épuisement de ses ressources conventionnelles et, en Tunisie, s'il est indéniable que le pays aurait besoin de développer le potentiel national, la corruption semble à l'oeuvre...

   L'Indonésie vit une situation paradoxale. L'exploitation incontrôlée du charbon a fait la fortune d'une mince "élite"... et permis au pays de récupérer des devises, grâce aux exportations. Mais les principaux clients sont la Chine et l'Inde, dont les achats pourraient chuter s'ils développent l'extraction de gaz de schiste. Dans un cas comme dans l'autre, il ne semble pas y avoir de "bonne" solution environnementale.

   Cela nous ramène au débat français, alimenté aussi bien par des "experts" que par des vétérans de la politique qui ne se résolvent pas à ne plus jouer de rôle. L'été dernier, Le Monde comme La France agricole se sont fait l'écho des arguments échangés. Récemment, on a beaucoup parlé des déclarations de Michel Rocard au "quotidien de référence". La semaine passée, Midi Libre s'est penché sur la question. Comme le journal a donné la parole à des scientifiques partisans de l'exploitation, il s'est attiré l'ire de certains lecteurs.

   En complément des articles, le quotidien de Montpellier a publié une carte commentée des permis d'exploration :

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   L'Aveyron a été progressivement "libéré" de la menace. (Les curieux peuvent d'ailleurs se rendre sur le site du ministère du développement durable pour observer l'évolution de la carte des titres miniers d'hydrocarbures.) L'an dernier, trois permis, dont celui de Nant (qui englobait le Larzac) ont été annulés, sans doute grâce à la mobilisation locale (et à la proximité d'élections nationales). Il en restait 61... et l'ouest de l'Aveyron était concerné par celui de Cahors. Il fait partie des sept qui ont été rejetés en septembre dernier :

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   A suivre...

vendredi, 16 novembre 2012

Ne pas vendre la peau de l'ours...

   ... avant que la promotion ne soit obtenue ! Telle pourrait être la maxime que pourraient suivre certains élus un peu trop flagorneurs. Souvenez-vous : il y a environ deux mois, dans l'hebdomadaire Le Ruthénois, l'un des adjoints au maire de Rodez félicitait par avance celui-ci pour sa promotion au rang de vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées.

   Hélas ! Trois fois hélas ! Le mois dernier, Le Nouvel Hebdo révélait (dans le numéro 250) qu'il n'en serait rien. Les trois vice-présidences dont les titulaires changeaient étant détenues par des femmes, parité oblige, il était évident que le maire de Rodez (à moins de subir une opération lourde) ne pouvait en briguer une.

  Ce jeu de chaises musicales résulte des élections législatives de juin 2012. Les trois femmes qui abandonnent leur vice-présidence ont toutes été (ré)élues députées : Monique Iborra et Carole Delga en Haute-Garonne, Marie-Lou Marcel dans l'Aveyron. Signalons que la première avait même carrément démissionné du Conseil régional, dès mars 2012, soit avant d'être réélue. Voilà une attitude qui ne manque pas de panache. Les deux autres ne sont pas allées jusque-là, continuant à cumuler mandats (et indemnités...) de députées et conseillères générales.

   Il a fallu attendre un petit moment pour que le nom des remplaçantes soit introduit sur la liste des vice-présidences (alors que Le Nouvel Hebdo les avait donnés dès octobre dernier). En cherchant bien, on pouvait trouver un communiqué laconique.

   Les nouvelles sont Janine Loïdi, Nadia Pellefigue et Viviane Artiglias. Sans surprise, on constate que les deux premières sont des élues de Haute-Garonne. Mais la troisième n'est pas aveyronnaise, elle vient des Hautes-Pyrénées. Il n'y a donc plus d'Aveyronnais titulaire d'une vice-présidence. Faut-il s'en attrister ? La fonction est surtout honorifique (et pourvoyeuse d'une indemnité un peu plus élevée).

   Mais pourquoi diable Martin Malvy n'a-t-il pas puisé dans la liste aveyronnaise pour remplacer Marie-Lou Marcel ? Peut-être parce qu'elle ne compte pas d'autre femme socialiste. (Les trois partantes sont membres du PS.) Nicole Fréchou est au Front de Gauche (de surcroît haut-garonnaise... et parachutée sur la liste aveyronnaise à l'issue d'une manoeuvre que j'avais dénoncée en son temps). Andréa Goumont est au PRG et Marie-Françoise Vabre est membre d'Europe-Ecologie. Il a donc fallu piocher ailleurs.

   Voilà qui a dû doucher les espoirs des socialistes aveyronnais, qui louchent sur la présidence du Conseil régional en 2015. Certains voyaient déjà Christian Teyssèdre succéder à Martin Malvy (à condition bien sûr que la gauche remporte ces élections). Déjà, en mars 2010, j'avais émis des doutes sur cette possibilité : la première vice-présidente, Nicole Belloubet, semble (pour l'instant) la mieux placée, même si rien n'est joué.

   Si l'on veut avoir confirmation de la faiblesse des chances du maire de Rodez, on peut se reporter à un récent papier publié dans Le Journal Toulousain, un hebdomadaire plutôt de droite qui tente de survivre dans un environnement de gauche.

   Le numéro du jeudi 25 octobre dernier avait une couverture accrocheuse :

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   L'article principal, sans écarter l'idée d'une nouvelle candidature de Martin Malvy (qui serait tout de même âgé de 79 ans...), présente ceux qu'il estime être les plus sérieux prétendants. Il s'agit de Nicole Belloubet, de Kader Arif (le ministre des Anciens combattants), de Jean Glavany (actuellement député des Hautes-Pyrénées), et de Philippe Martin (le président du Conseil général du Gers). Même si l'on peut trouver que la liste est très restrictive et qu'elle met l'accent sur des politiques déjà connus, il est intéressant de noter l'absence du maire de Rodez.

   Ceci dit, toutes ces candidatures putatives vont devoir s'accommoder d'une nouvelle loi sur le cumul des mandats (que l'on espère ambitieuse). Bien de l'eau va couler sous les ponts...

samedi, 10 novembre 2012

Feu le conseiller territorial

   Dans Le Nouvel Hebdo paru vendredi 9 novembre, une contribution de Bernard Dufay contient plusieurs approximations à propos de la réforme envisagée naguère par le gouvernement Fillon et passée à la trappe depuis le changement de majorité.

   L'auteur rebondit (de manière assez agressive) sur l'entretien (assez complaisant) accordé par la ministre Anne-Marie Escoffier au Ruthénois (peut-être aussi paru dans Le Progrès Saint-Affricain), il y a une quinzaine de jours. Il semble ne voir que des qualités dans cette réforme avortée, la première étant de faire diminuer le nombre d'élus.

   C'est vrai, mais il s'emmêle un peu les pinceaux dans les chiffres. Si l'on fait la somme des conseillers régionaux de Midi-Pyrénées et des conseillers généraux des huit départments de la région (Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne), on aboutit à 384 élus (91 + 22 + 46 + 53 + 31 + 31 + 34 + 46 + 30), dont 293 conseillers généraux. B. Dufay en a compté 379, dont 288 conseillers généraux. Même si l'on retranche du total les deux élus qui siègent dans les deux assemblées (deux Aveyronnais : Régis Cailhol et Jean-Claude Luche), on est à 382 personnes.

   De même, il commet une erreur en cette fois-ci surestimant le nombre de conseillers territoriaux attribués à Midi-Pyrénées : 261, contre 251, d'après la loi de juillet 2011. Il n'a fait que reprendre le nombre cité dans l'entretien... Il aurait dû vérifier !

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   Ceci dit, la rectification des chiffres va dans le sens de l'article de B. Dufay ; l'écart entre le nombre d'élus actuels et celui envisagé par la réforme Sarkozy est encore plus grand : 134 au lieu de 118. Mais cela ne permet pas d'affirmer que ladite réforme aurait fait faire des économies.

   Au niveau des indemnités, on pourrait penser que, comme le nombre d'élus aurait diminué, c'est sur ce poste-là que les dépenses auraient fortement baissé. En fait, non. Les conseillers territoriaux auraient été mieux indemnisés que les actuels conseillers régionaux et surtout généraux : leur indemnité aurait correspondu à celle d'un conseiller régional, augmentée de 20 %. Comme Midi-Pyrénées compte quelque 2 900 000 habitants, cette indemnité est d'environ 2 300 euros par mois. (Mais, dès que la région atteindra les 3 millions d'habitants -ce qui ne saurait tarder, l'indemnité dépassera 2 500 euros !). Si l'on ajoute 20 %, on obtient environ 2 760 euros par mois (3 200 si la région compte 3 millions d'habitants)...

   ... A comparer aux indemnités des conseillers généraux : environ 1 500 euros dans les départements comptant moins de 250 000 habitants (Ariège, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées ainsi que Tarn-et-Garonne). Si on laisse de côté présidences et vice-présidences, actuellement, les 32 conseillers régionaux et les 148 conseillers généraux issus de ces départements coûtent, en indemnités, environ 295 000 euros par mois. Avec la réforme Sarkozy, ces élus auraient été remplacés par 99 conseillers territoriaux, indemnisés en moyenne 2 760 euros, soit un coût total d'environ 273 000 euros. L'économie serait d'environ 20 000 euros par mois. Cependant, à partir du moment où la région atteindrait les 3 millions d'habitants, la réforme serait plus dépensière que l'ancien système puisqu'on aboutirait à des coûts respectifs (avant / après) de 308 000 et 317 000 euros, soit un surcoût de près de 10 000 euros par mois.

   Passons aux cas de l'Aveyron et du Tarn, qui entrent dans la tranche 250 000 - 499 999 habitants. Les conseillers généraux "de base" y touchent environ 1 900 euros par mois. La réforme Sarkozy aurait permis de réaliser une économie d'environ 50 000 euros (par mois) sur les indemnités, avec une population régionale inférieure à 3 millions d'habitants. Avec une population régionale atteignant la barre fatidique, l'économie n'est plus que d'environ 35 000 euros par mois.

   Il nous reste le département -atypique- de la Haute-Garonne. Sa population est sur le point de dépasser le seuil de 1 250 000 habitants, ce qui fera passer l'indemnité de ses conseillers généraux de 2 500 à 2 700 euros par mois. La réforme aurait avantagé ce département, qui aurait conservé  grosso modo ses élus (36 conseillers régionaux et 53 généraux remplacés par 90 territoriaux). Si l'on prend les estimations basses (ni le département ni la région ne franchissent le seuil de population qui déclenche l'augmentation des indemnités des élus), la réforme coûterait entre 30 000 et 35 000 euros par mois : le total des indemnités passerait de 215 000 à 248 000 euros. Si l'on prend en compte le franchissement des seuils, le surcoût serait de près de 50 000 euros par mois.

   Comme moi, vous en arrivez à la conclusion que, pour la région Midi-Pyrénées, la réforme des collectivités locales que le gouvernement Fillon avait concoctée ne faisait réaliser aucune économie au niveau des indemnités. (Bernard Dufay sort de son chapeau une économie de 5,5 millions d'euros... Quel joli tour de magie !) Elle aurait même occasionné davantage de dépenses de transport (les 251 conseillers territoriaux -au lieu des 91 conseillers régionaux- devant se rendre régulièrement dans le chef-lieu régional). Je ne vous parle même pas des hémicycles à reconstruire, des hôtels de région à adapter... autant de dépenses à la charge, non pas de l'Etat, mais des régions (tenues majoritairement par ceux qui formaient l'opposition de gauche, à l'époque).

   On arrive là au coeur du problème. Sous une apparence de rationalisation, cette réforme poursuivait des buts politiques. Les conseillers territoriaux auraient été élus au scrutin majoritaire, comme les actuels conseillers généraux. Le scrutin proportionnel, utilisé pour les élections régionales, aurait été supprimé. Cela aurait eu pour conséquence de faire chuter la représentation des formations minoritaires (Front de Gauche, Verts, Modem, Front National). On peut aussi penser que le gouvernement comptait sur le découpage des super-cantons pour avantager ses troupes. A terme, l'objectif semblait de garantir la victoire de l'UMP dans un minimum de régions... et de permettre la reconquête quasi-générale en cas de mauvais report des voix à gauche.

   P.S.

   Il faudrait pourtant réformer les collectivités territoriales françaises. Les communes sont trop nombreuses dans notre pays. Du coup, on peine à trouver des conseillers municipaux bénévoles, ou alors certains, une fois élus, se désintéressent vite d'une fonction qui joue un faible rôle, le pouvoir étant détenu par le maire et les adjoints.

   Les élus (rémunérés) qui siègent dans les assemblées départementales et régionales sont eux aussi trop nombreux. Combien sont payés à ne rien faire ? (On pourrait faire la même remarque à propos des députés et des sénateurs : 400 députés et une centaine de sénateurs non absentéistes suffiraient largement.)

   La réforme du gouvernement Fillon aurait été plus crédible si elle avait conduit à diminuer aussi le nombre de conseillers régionaux et si le scrutin proportionnel n'avait pas été mis à la trappe.

samedi, 03 novembre 2012

La chasse au couteau

   Ce n'est pas une blague de la Toussaint : le 1er novembre, le quotidien Midi Libre a signalé que le célèbre mensuel Le Chasseur Français consacre, dans son numéro de novembre, un petit dossier à ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Laguiole", signalé en "une" du journal :

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   L'éditorial d'Antoine Berton (au titre gaullien : "L'appel de Laguiole") est consacré à ce même sujet :

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   J'y ai souligné deux éléments importants : l'engagement du mensuel de ne plus utiliser d'articles de contrefaçon lors de ses opérations promotionnelles et le lancement d'une pétition en faveur du village aveyronnais.

   Je me rappelle qu'il y a des années de cela, une célèbre marque de saucissons secs "offrait" avec sa marchandise un exemplaire de couteau censé avoir été fabriqué sur l'Aubrac. Quand on sait que les babioles chinoises et pakistanaises peuvent se vendre (aujourd'hui) à 1 euro en grande surface, on mesure la valeur du "cadeau". (Pour la petite histoire : cette pratique commerciale a contaminé jusqu'aux identitaires corses, qui avaient lancé, l'an dernier, des porte-clés nationalistes... fabriqués en Chine...)

   Pour ceux que la pétition du Chasseur Français tenterait (ou qui voudraient la faire circuler), voici l'encadré qui a été publié dans le numéro du mois de novembre :

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   A présent, venons-en au mini-dossier. Il commence sur les propos de Thierry Moysset, le directeur de la Forge de Laguiole, très en pointe dans l'affaire. Plus loin dans l'article, il est question d'une autre coutellerie qui a pignon sur rue, Honoré Durand & fils. La parole est aussi donnée au maire et conseiller général, Vincent Alazard. Une chronologie complète le propos, illustré par des photographies des personnes interrogées, mais aussi de l'actuel (Gilbert Cestrières) comme de l'ancien (André Valadier, accompagné d'une vache Aubrac) président de la coopérative Jeune Montagne, ainsi que de Michel Bras (dont on connaît la passion pour les couteaux).

   Le mensuel ne donne pas la parole à Gilbert Szajner et ne cite pas non plus la voix discordante de Gérard Galtier (du Nouvel Hebdo). L'article s'achève sur l'évocation du projet d'extension des IGP aux produits non agroalimentaires, qui nécessite une loi.

dimanche, 28 octobre 2012

Cirage de pompes

   J'aurais plutôt dû titrer "Cirage d'escarpins". En effet, le numéro de cette semaine du Ruthénois consacre plus de deux pages (ainsi que sa "une") à la ministre Anne-Marie Escoffier :

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   J'en connais qui vont dire : "Mais qu'est-ce qu'il a (encore) à râler ? N'avait-il pas rapidement souligné la nomination de la sénatrice au gouvernement Ayrault ?" Certes. Je reconnais que j'ai de l'estime pour la personne. Mais ce n'est pas une raison pour tomber dans la complaisance.

   Les articles comme l'entretien ont été réalisés par un certain Benoît Garret. Première surprise. On se serait attendu à ce que Benjamin Laumaillé officie. Même si l'on a déjà vu (notamment à l'occasion des élections régionales de 2010) la signature de B. Garret dans Le Ruthénois, les entretiens politiques sont d'habitude menés par B. Laumaillé. Il n'est d'ailleurs pas membre de la rédaction de l'hebdomadaire du Piton, mais de celle du Progrès Saint-Affricain, dont les propriétaires sont identiques. Voici ce à quoi il ressemblait en 2004, d'après le numéro 28 de La Gazette, publication des anciens de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (page 7) :

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(Notons que son nom est mal orthographié : il manque un "r".)

   Mais assez de fouinage. Revenons au fond des articles. Ils sont uniquement élogieux. Si, page 3, certaines questions peuvent passer pour (un peu) dérangeantes, elles servent principalement à permettre à Mme Escoffier d'énoncer ses idées. Page 4, c'est pire. On suit la journée de la ministre. C'est du publireportage.

   La flatterie pousse même le journaliste à afffirmer que Mme Escoffier a raté de peu la présidence du Conseil général en 2008. Tout dépend de ce que l'on veut dire par "de peu"... Plus loin, la perspective départementale est rappelée. On sous-entend que la ministre pourrait à nouveau briguer la présidence en 2015 (ce dont elle se défend).

   Je crois qu'à gauche on se fait beaucoup d'illusions sur le résultat des élections à venir. En 2014, l'actuelle majorité risque de prendre une jolie claque aux municipales, ainsi qu'aux européennes, dont les extrêmes pourraient sortir grands vainqueurs. A la suite de cela, il n'est pas impossible que le Sénat rebascule à droite. Quant aux cantonales, si elles ont lieu en 2015, je doute qu'elles débouchent sur la promotion d'une candidate de 73 ans...

   Signalons pour terminer quelques approximations. Cela commence page 4, dans la biographie de la ministre. On ne peut pas écrire "En 2001, Anne-Marie Escoffier est écartée de la préfecture ruthénoise par Nicolas Sarkozy." En 2001, c'est le socialiste Daniel Vaillant qui était ministre de l'Intérieur. La mutation de la préfète n'avait donc rien d'une sanction politique. Par contre, elle a effectivement été nommée ensuite dans l'Yonne.

   Page 5, il ne fallait pas écrire que les départements ont été créés "au sortir de la Révolution française", mais pendant, puisque cela s'est passé en 1790. Quant aux régions administratives, elles ont une histoire plus ancienne et plus complexe que ce qui ressort de l'encadré. Si les Conseils régionaux sont nés en 1972, c'est dès 1963 que l'on a délimité les "régions administratives" (et pas en 1982, quand elles deviennent des collectivités territoriales). En cherchant bien, on trouve leurs ancêtres, les "régions de programme", dès les années 1950.

samedi, 20 octobre 2012

Laguiole et le concours national Aubrac

   La politique locale et la polémique récente se sont invitées à la manifestation agricole. C'est le dimanche que les élus locaux sont venus montrer leur bobine sous le chapiteau. Ils s'agglutinaient autour d'André Valadier, dont certains espéraient sans doute capter une partie de l'aura (y a du boulot...).

   Ils en ont profité pour clamer leur amour de la petite région et leur solidarité avec le maire de Laguiole, ravi d'être l'objet de tant d'attentions. Du coup, la presse a finalement peu parlé du fond de la manifestation (la promotion d'une race rustique jadis vouée à la disparition) et l'on a (en général) plus vu les politiques que les éleveurs sur les photographies, à l'image de celle publiée dans le Bulletin d'Espalion de cette semaine :

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   Et voici ce que l'on pouvait voir dans La Dépêche du Midi de mardi dernier :

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   (Le quotidien toulousain me pardonnera cet emprunt : c'est pour la démonstration.)

   Vous ne rêvez pas. Il ne s'agit pas d'une "photographie soeur", à l'image de ce que l'on constate quand les différents journaux envoient leurs photographes sur le lieu d'un événement marquant : les prises de vue, bien que ressemblantes, sont légèrement différentes ; on sent même parfois qu'elles ont été prises à quelques secondes d'intervalle. Ce n'est pas le cas ici. L'un des deux organes de presse a utilisé les services de l'autre. Lequel ?

   Qu'en pensent les participants au concours ? Les journaux se gardent bien de le dire. Pourtant, le monde paysan pourrait servir de modèle à bien des égards. Cela fait déjà plus de 50 ans que le fromage Laguiole a obtenu son AOC (devenue AOP - au niveau européen - dès 1992). De leur côté, les éleveurs de bovins-viande ont créé le label rouge "Boeuf Fermier Aubrac" et ont récemment (2010) obtenu l'IGP pour le label "Fleur d'Aubrac".

   C'est cet exemple qui pourrait être suivi par les couteliers. Pour cela, il faudrait que des produits autres qu'agricoles (ou agroalimentaires) puissent obtenir une IGP (Indication Géographique Protégée). D'où la nécessité d'une loi (et d'une validation par l'Union européenne), ce que Gérard Galtier écrit depuis un petit moment dans Le Nouvel Hebdo (je le trouve néanmoins bien indulgent à l'égard de Gilbert Szajner).

   Viendra alors le moment de l'élaboration d'un cahier des charges. C'est là que de nouveaux problèmes pourraient surgir. Parmi les couteliers de Laguiole, combien fabriquent entièrement leurs produits sur place ? Quelle pourrait être la réaction de leurs homologues de Thiers, qui fournissent en pièces certains couteliers aveyronnais... mais qui ont délocalisé en Chine une partie de leur production ?

   La création d'une IGP (moins restrictive qu'une AOP) pourrait concilier les "Layolais 100 %" et ceux qui utilisent des pièces provenant de Thiers. Par contre, les couteliers du Puy-de-Dôme pourraient se voir interdire de vendre sous le nouveau label... En clair : on n'a pas fini de causer de cette affaire. Il faudra penser à ériger une statue à celui ou celle qui parviendra à élaborer un label qui concilie les intérêts de tous les (bons) couteliers du Massif Central.

   Et pourquoi pas un label "Laguiole MC" ?

mercredi, 10 octobre 2012

"Ceux qui ont le pouvoir à Rodez"

   Sous ce titre pompeux se cache un "décrochage régional" du mensuel d'information économique L'Expansion, couverture accrocheuse à la clé :

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   Que les Ruthénois qui croient que le chef-lieu aveyronnais fait la une de la presse nationale redescendent immédiatement sur terre : cette couverture est à destination locale. La majorité de nos concitoyens s'est retrouvée face à ceci :

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   En consultant le sommaire en ligne, on peut vérifier (page 2) que plusieurs régions ont bénéficié du même traitement :

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   Nous avons eu récemment une autre déclinaison de ce procédé, avec l'hebdomadaire L'Express, qui a consacré un encart à la polémique qui entoure l'installation d'éoliennes dans la région :

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   La couverture officielle était celle-ci :

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   Les 7 petites pages consacrées au dossier local, pour intéressantes qu'elles fussent, étaient noyées dans un océan de médiocrité. Je n'avais pas lu cet hebdomadaire depuis un petit moment... et je reconnais que je ne risque pas de l'acheter avant longtemps, tant les articles m'ont paru superficiels.

   Signalons que L'Expansion et L'Express appartiennent au même groupe (Roularta). Aurait-on mutualisé les compétences pour sortir, à un mois d'intervalle, deux dossiers enracinés dans la même région ? En tout cas, cela doit payer, puisque L'Express renouvelle ainsi une expérience tentée l'an dernier, avec le maire de Rodez en vedette, à l'époque.

   Toujours est-il que le mensuel contient plus de fond que son grand frère hebdomadaire. Ainsi, le numéro d'octobre propose :

- une enquête plutôt favorable au gaz de schiste (vu du côté américain)

- un article sur l'évolution du secteur automobile, accompagné d'un autre sur la réussite de Dacia

- un coup de projecteur sur le guayule, source d'une gomme naturelle promise à un grand avenir

- une étude sur la Camorra

   On est d'autant plus déçu quand on arrive aux pages "aveyronnaises". On nous propose une suite de classements de "gens qui comptent" (chefs d'entreprise, scientifiques, politiques, familles), sans qu'on sache sur quels critères les positionnements ont été effectués. Du coup, on est en droit de soupçonner un concours de doigts mouillés... bref, un truc pas scientifique pour deux sous... avec des risques de copinage.

   J'ai ainsi été très surpris de ne retrouver Albert Weitten (le futur ancien patron de l'usine Bosch, implantée aux confins de Rodez et d'Onet-le-Château) qu'en huitième position du classement des chefs d'entreprise.

   Du côté des politiques, on n'a pas pris de risque en plaçant en tête Christian Teyssèdre et Jean-Claude Luche. Certains s'étonneront peut-être que le petit paragraphe consacré au président du Conseil général contienne la mention de l'endettement du département : 175 millions d'euros (chiffre qui figure dans la tribune publiée par l'opposition de gauche dans le numéro de juillet 2012 du magazine L'Aveyron).

    Pourtant, que ce soit en valeur comme en moyenne par habitant, la dette aveyronnaise ne fait pas du département l'un des plus mauvais élèves. (Il est un peu au-dessus de la moyenne : il s'en sort un peu mieux que les autres.) C'est l'évolution récente qui est inquiétante. En 2009, si l'on se fie aux chiffres publiés naguère par Capital, l'endettement s'élevait à environ 131 millions d'euros. Entre 2009 et 2011 (en deux ans, donc), il aurait progressé d'environ 33 %, alors qu'entre 2001 et 2009 (en huit ans), il avait progressé de presque 37 %.

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   Le début de la présidence de Jean-Claude Luche (qui a pris les rênes du Conseil général en 2008), crise et transfert de compétences obligent, se révèle aussi déséquilibré que les dernières années du règne de Jean Puech, qui a ceci dit bénéficié de conditions plus favorables que son successeur.

   Ceux qui pourraient trouver choquant qu'un mensuel de la bienséance économique semble préférer le centre-gauche "moderne" à une droite modérée traditionnelle seront rassurés par le portrait de Bernard Saules, qui a des airs de cirage de pompes.

   Le nouveau conseiller général (qui fait quoi à l'assemblée départementale, au fait ?) et conseiller municipal d'opposition (qui redécouvre les plaisirs du siège au fur et à mesure que les échéances électorales se rapprochent) est présenté comme une sorte de vigie de la gestion municipale socialiste. Il pointe l'absence de "vraie politique pour l'enseignement supérieur", alors que la majorité départementale à laquelle il appartient a torpillé la cogestion qui fonctionnait jusque-là avec l'agglomération ruthénoise. Il a aussi le culot de déplorer le retard pris en matière d'aménagements routiers (au niveau de Rodez), alors qu'on ne peut pas dire que le Conseil général (dont dépendent certains tronçons) fasse quoi que ce soit pour décongestionner les grands axes qui desservent le chef-lieu aveyronnais. Au passage, le mensuel nous apprend que M. Saules aurait mis fin à son activité professionnelle principale (il est présenté comme un "ancien cadre bancaire")... une info à confirmer, tant le monsieur a pris l'habitude de cumuler les activités diverses.

   Bref, si ce numéro de L'Expansion réserve de bonnes surprises à ceux qui s'intéressent à l'économie, il accumule les poncifs dans son palmarès des élites locales.

dimanche, 07 octobre 2012

Double dose de "Charlie Hebdo"

   On peut encore trouver dans les kiosques un drôle de numéro de Charlie Hebdo, paru le mercredi 26 septembre, une semaine après celui qui a tant fait polémique. En fait, deux numéros ont été publiés (et vendus au même prix... il n'y a pas de petits profits) ce jour-là, l'un qualifié de "responsable", l'autre d' "irresponsable" :

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   Le "journal responsable" est en grande majorité blanc, les caricatures ayant été auto-censurées, à l'image de ce qu'on voyait dans la presse au cours de la Première guerre mondiale, après le passage par les bureaux de la censure :

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   Mais il y a eu du travail au niveau des textes d'accompagnement. Ce ne sont évidemment pas les véritables titres et commentaires qui figurent dans ce numéro, mais des détournements, par exemple page 4 :

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   Au lieu de brocarder les politiques, l'hebdomadaire satirique "responsable" les remercie. L'économiste maison relaie le discours dominant et, cerise sur le gâteau, une information indispensable est fournie en haut de page : le résultat du tiercé ! Page 13, dans la rubrique "Culture", c'est le tirage du loto qui nous est donné. Je regrette que les rédacteurs n'aient pas songé à nous proposer un horoscope bidon (pléonasme).

   Page 6, on reconnaît la "patte" d'Antonio Fischetti dans la rubrique scientifique "L'empire des sciences", qui n'aborde que des sujets de fond :

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   La double-page centrale est occupée par un autre dossier de poids : "Fallait-il montrer les seins de la reine d'Angleterre ?". Deux points de vue s'opposent, celui d'Alain Finkielkraut ("Qu'aurait répondu Hannah Arendt ?") et celui d'André Glucksmann ("Le silence assourdissant d'Heidegger sur la question me trouble"). Rappelons que ce sont deux des têtes de Turc privilégiées du journal. (Précisons que la formule à propos d'Heidegger fait allusion à ses sympathies nazies.)

   Face à cela se dresse le numéro "irresponsable", qui continue son oeuvre de caricature. On n'y trouvera cependant que très peu de dessins dénigrant l'intégrisme musulman. C'est le catholicisme et le Front national qui sont les principales cibles des dessinateurs. Je dois avouer que la caricature (par Luz) des propos du cardinal Barbarin m'a bien fait rire :

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   Mais c'est sans doute Catherine qui a été la plus pertinente, avec sa réflexion sur Marine Le Pen en nouvelle disciple (gênante) de la laïcité :

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   Les textes parus dans l'hebdomadaire satirique du 26 septembre répondent à la polémique, en particulier à ceux qui ont accusé Charlie Hebdo d'en faire trop, de mettre de l'huile sur le feu. On sera plus ou moins convaincu.

lundi, 01 octobre 2012

Un collégien journaliste à "La Dépêche du Midi" ?

   Je me suis posé la question, ce matin, lorsque j'ai lu un article consacré à une compétition de rugby opposant des jeunes de nationalités différentes : Top 12 : Argentins et Sud-Africains sont arrivés (à Rodez).

   Ecrit dans un style alerte (et signé), ce papier n'en est pas moins truffé de fautes de français, ainsi que je me suis plu à le faire remarquer sur le site internet du quotidien. Voici ce que cela donne quand on met celles-ci en valeur :

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   Dans le premier paragraphe, nous avons droit à une belle rupture de syntaxe, la deuxième partie de la phrase étant orpheline d'un verbe principal. Du coup, cela devient presque compliqué à lire.

   Le début du paragraphe suivant voit un "se" remplacer un "ce". Plus loin, on sent que l'auteur de l'article était à la recherche d'une expression consacrée. Etait-il installé sur un mini-canapé (style clic-clac) ? Toujours est-il que le "claquement de doigts" a été quelque peu amputé. Le paragraphe se termine sur une autre phrase sans verbe principal.

   La suite du texte nous offre deux expressions impropres. Il aurait fallu écrire que les Sud-Africains (avec un tiret, a priori) ont contribué à ranimer la flamme et que si les Argentins ont assisté à un entraînement de rugby, c'était à l'invitation du coach du Racing. Un esprit pointilleux rétablira l'accent circonflexe de "côté".

   Est-ce la fatigue ? Les maladresses de construction s'accumulent en fin de texte. Mais le comble est atteint avec un morceau de phrase incompréhensible : "je souhait unanime était un lit douillé". Voilà de quoi laisser perplexe un ancien judoka français... On termine par une floppée d'erreurs bêtes, la plus croquignolesque étant sans conteste la "grâce matinée". Grasse soit rendue au matelas douillé !

   Je reconnais que ce que je viens de faire est assez facile. Mais, tout de même... cela fait beaucoup de fautes pour un modeste article. Je me suis demandé qui pouvait bien être ce journaliste, qui avait signé de ses initiales "J-M N". Je n'ai pas trouvé trace de lui (je pense que c'est un Jean-Marc ou Jean-Michel Kekchose) dans la liste des rédacteurs du quotidien.

   C'est alors que je me suis souvenu d'une conversation que j'ai eue naguère avec une personne qui connaît un peu le milieu journalistique. Un jour que je râlais contre la médiocrité de certains articles de la presse locale, il me dit :

- Voyons, Riton ! Tu devrais savoir que la presse locale emploie peu de vrais journalistes ! Beaucoup d'articles sont écrits par des correspondants, même s'ils sont retouchés après. Pire : certains papiers sont fournis "clés en mains" par divers interlocuteurs du journal (entreprises, associations, syndicats...). Après, c'est du copié-collé ! Ne t'étonne pas d'y lire un peu tout et n'importe quoi.

   Si je suis ce raisonnement, l'article incriminé aurait été écrit par l'un des adultes encadrant ces jeunes rugbymen étrangers.

vendredi, 28 septembre 2012

Devinette

   Elle est posée en dernière page du Nouvel Hebdo de cette semaine, au coeur d'un long article consacré aux récents déboires juridiques de la commune de Laguiole :

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   La photographie est extraite du quotidien auvergnat La Montagne qui, le 19 septembre dernier, a consacré un papier à ce qu'il convient d'appeler "l'affaire Laguiole". Il n'est pas illogique que le chef cuisinier, qui a contribué à la notoriété du village aveyronnais et qui soutient la démarche engagée par la municipalité et certains artisans locaux, soit choisi pour illustrer l'article. Mais... est-ce bien un couteau Laguiole qu'il tient dans la main ? Regardons de plus près :

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   Si l'hebdomadaire satirique pose la question, c'est sans doute parce qu'il se doute que non. Au départ, j'avais pensé à un couteau originaire de Thiers, ville dont les liens avec Laguiole sont anciens. On y fabrique de très bons produits, mais pas ce couteau-là.

   C'est alors que je me suis souvenu de la passion qu'éprouve le cuisinier pour le Japon (perceptible dans le documentaire Entre les Bras, sorti cette année). A partir de là, ma recherche n'a pas été longue. Je suis arrivé sur un blog dédié à la consommation. On y apprend que Michel Bras s'est fait faire ses propres couteaux, par le japonais KAI. C'est même devenu une gamme, dont on peut faire l'acquisition sur un site internet spécialisé. Pour la petite histoire, l'exemplaire de la photographie semble être un couteau à volaille :

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   C'est (involontairement) bien choisi, puisque, dans cette affaire, la commune de Laguiole se fait plumer !

   Pour terminer, je me suis intéressé au retentissement de "l'affaire Laguiole". Elle a été évoquée par certains médias nationaux, notamment France Info. Je suis aussi allé voir ce qu'en disait un site d'information du Val-de-Marne. Pourquoi diable ? Eh bien, parce que l'entreprise de Gilbert Szajner est basée à Saint-Maur-des-Fossés, juste à côté de Créteil :

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   Curieusement, les sites d'entreprises comme manageo.fr donnent une certaine Etsuko Nakazawa comme présidente de "Laguiole Licences SAS". Mais cette société n'a été fondée qu'en 2009. Elle doit dépendre de Laguiole SA, qui, d'après verif.com, a été créée en 1986 et a son siège dans le premier arrondissement de Paris. Si Etsuko Nakazawa en est la directrice générale, le Conseil d'administration est présidé par Gilbert Szajner. Quand on regarde la liste des administrateurs, on se dit que les choses se passent en famille : à Etsuko Nakazawa s'ajoutent Nathalie et Yaël Szajner, visiblement les filles du patron.

   Mais revenons à l'article du site val-de-marnais (improprement titré "Victoire juridique pour le Laguiole made in Val de Marne" !). Il qualifie Gilbert Szajner d' "entrepreneur inventif", tout en précisant qu'il a profité du vide juridique qui entourait le nom Laguiole. L'auteur ajoute que le récent verdict est un coup dur pour la petite commune aveyronnaise. Il cite les éléments qui appuient la décision de justice... mais se garde bien de révéler où les produits vendus par l'entreprise de Gilbert Szajner sont fabriqués... (Je conseille aussi la lecture des réponses d'internautes, certains visiblement aveyronnais.)

   Signalons que cette affaire a été évoquée, jusqu'au Royaume-Uni (en 2010), dans un article du Daily Telegraph, un quotidien conservateur très lu outre-Manche.

jeudi, 27 septembre 2012

Caricatures de Mahomet, le retour

   Comme en 2006, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a rebondi sur une provocation droitière pour exprimer son anticléricalisme viscéral. En 2006, il avait pris la suite d'un quotidien conservateur, le Jyllands Posten (plus agressif envers l'islam qu'envers les autres religions). En 2012, les caricaturistes jouent avec la vague d'indignation suscitée par le (très mauvais) film islamophobe L'Innocence des musulmans. Le numéro de mercredi 19 septembre a été rapidement épuisé. J'ai pu me le procurer grâce au retirage effectué en fin de semaine :

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   A la lecture du journal, je dois dire que j'ai eu du mal à comprendre pourquoi l'affaire avait pris de telles proportions. (Je me fais la même réflexion à propos du film, un navet déjà un peu ancien, qui a sciemment été remis en avant.) La couverture est bien gentille... et ne fait qu'énoncer une vérité : il est aujourd'hui mal vu de s'en prendre aux religions minoritaires. L'association au film Intouchables est pleinement justifiée : le dessinateur a voulu critiquer une forme de "politiquement correct". Ce n'est pas une insulte au film que de dire qu'au-delà de la qualité de ses interprètes, le succès qu'il a rencontré est lié au sentiment de culpabilité éprouvé par nombre de personnes vis-à-vis des handicapés... et ce fut aussi l'occasion de tresser des couronnes à un acteur (fort sympathique au demeurant) issu d'une "minorité visible".

   La page 2 est dédiée aux caricatures anti-intégristes (et pas antimusulmanes). La déception vient du fait qu'elles ne sont pas très drôles.

   La quatrième de couverture est elle remplie de dessins dénigrant Mahomet et l'islam. On sent clairement l'intention de rabaisser, de faire mal. Mais rien n'oblige un musulman pieux à acheter ou lire cet hebdomadaire. Ces caricatures sont de surcroît d'un niveau médiocre. Une seule a vraiment éveillé ma curiosité :

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   Là, il y a du fond !

   L'intérêt est de voir comment d'autres organes de presse ont réagi. En 2011, quand le siège du journal avait été incendié (et le site internet piraté, déjà), c'est la solidarité professionnelle qui l'avait emporté sur les divergences d'opinion. Aujourd'hui, le rappel (nécessaire) de la défense de la liberté d'expression a été quelque peu étouffé par un discours plus critique à l'égard de la démarche de Charlie Hebdo.

   Le quotidien Le Monde illustre assez bien cette attitude. Le 19 septembre, le ton est donné par celui qui est devenu, à mon avis, le meilleur caricaturiste du journal, Xavier Gorce :

Gorce 19 09 2012.jpg

   Ses "indégivrables" pingouins occupent la page 2 de la version papier du journal. La lecture de ses strips est très souvent un pur délice.

   Celui que j'ai reproduit ci-dessus est un éditorial à lui seul. Comment des musulmans qui se disent choqués par ceux qui dénigrent leur religion (l'accusant de propager le fanatisme et la violence) peuvent-ils espérer être crédibles s'ils commettent précisément des actes qui confirment le cliché qu'ils dénoncent ?

   Mais, dès le lendemain, Xavier Gorce montre qu'il n'adhère pas pour autant à la démarche de Charlie Hebdo :

Gorce 20 09 2012.jpg

   Est-ce vraiment faire oeuvre de satiriste, aujourd'hui en France, que de dénoncer sans cesse les aspects rétrogrades de la religion musulmane ?

   Le jour d'après, en "une", c'est au tour de Plantu de régler ses comptes :

Plantu 21 09 2012.jpg

   Charb y est représenté en beauf' et le dessinateur associé au Monde (souvent égratigné par ses collègues "de gauche" dans le passé) ne se prive pas d'aller dans le sens de Xavier Gorce. En clair pour lui, c'est de la provocation à deux balles. Le "coup de pied de l'âne" est donné par la souris, alter ego de Plantu. Elle sodomise sans complexe un drôle de chien... qui n'est autre que Maurice (de Maurice et Patapon), animal fétiche de Charb. Et pan dans les fesses !

   Dans le même numéro du Monde, Sergueï s'en prend plutôt aux intégristes chrétiens qui ont conçu le film antimusulman :

Serguei 21 09 2012.jpg

   Sur la Toile, on peut trouver des propos approchants sur le site de Bakchich, qui estime qu'en France il y a quand même deux poids, deux mesures :

Bakchich.jpg

   J'en reviens toujours à Xavier Gorce, qui a bien perçu le risque qu'il y avait à laisser Marine Le Pen se présenter en défenseure de la laïcité à la française :

Gorce 23 09 2012.jpg

   Mais laissons la parole à Charb, qui n'a pas tort de rappeler, dans un entretien accordé au Monde, que ses dessins sont moins dangereux pour la santé que l'activisme des militants intégristes. On a de plus oublié aujourd'hui que, si le catholicisme tolère (de gré ou de force) la critique acerbe, c'est le résultat de décennies de luttes, d'oppositions parfois très violentes. Nous ne sommes peut-être qu'au début d'une ère de questionnements abrupts à propos de la place de l'islam et des musulmans en France...

vendredi, 21 septembre 2012

Oh le fayot !

   C'est ce que j'ai pensé en cette fin d'après-midi, à la lecture du dernier numéro du Ruthénois. Page 8, entre la bobine des nouveaux-nés, une tribune de Guilhem Serieys (contre Bernard Saules, fantomatique conseiller municipal et général de Rodez) et le dessin de la semaine de Stéphanie Gras, on peut lire ceci :

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   En tout cas, le sixième adjoint du maire de Rodez (en charge des travaux, de l'urbanisme et de l'habitat) semble bien informé.

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   Pourtant, sur le site du Conseil régional de Midi-Pyrénées, lorsque l'on consulte la liste des vice-présidents, la seule personne aveyronnaise présente est Marie-Lou Marcel :

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   De même, lorsque l'on tombe sur la liste des élus aveyronnais du Conseil régional, sur la fiche de Christian Teyssèdre, on ne trouve, à l'heure où j'écris ces lignes, nulle mention d'une vice-présidence :

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   (Ceci dit, la fiche de Marie-Lou Marcel ne porte pas mention de son poste de vice-présidente.)

   Une telle précipitation dans l'éloge, de la part de quelqu'un qui n'est pas membre du même parti que le premier magistrat ruthénois, est sans doute la marque d'un grand désintéressement.

jeudi, 20 septembre 2012

Petit coup de chapeau...

   ... à Stéphane Mazars, devenu sénateur de l'Aveyron suite à la nomination d'Anne-Marie Escoffier dans le gouvernement Ayrault. En lisant Centre Presse aujourd'hui, on apprend en effet qu' il va renoncer à ses indemnités d'adjoint au maire de Rodez :

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   Si l'on se fie au compte-rendu du Conseil municipal du 10 mai 2010, le nouveau sénateur se prive d'un peu plus de 1 400 euros par mois :

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   Cette somme ne sera hélas pas économisée sur le budget ruthénois : l'article annonce que, conformément à ce que permet la loi, elle sera reventilée entre les autres élus de sa majorité. Voilà qui va contribuer à ressouder l'équipe municipale !

   Quant au nouvel élu de la Nation, même s'il a décidé de mettre un peu en sommeil sa carrière d'avocat, il va voir ses revenus augmenter, grâce au généreux statut des sénateurs : à une indemnité nette mensuelle de près de 5 400 euros s'ajoutent environ 6 000 euros d'aide à la représentation (somme qui n'est pas soumise à l'impôt sur le revenu...)... et 7 500 euros pour rémunérer ses collaborateurs.

   Stéphane Mazars va a priori sans doute aussi continuer à siéger au Conseil d'agglomération du Grand Rodez (il n'en est pas vice-président), fonction qui, à ma connaissance, n'est pas rémunérée, le territoire intercommunal abritant moins de 100 000 habitants :

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   Il a commencé, dès juillet dernier, à oeuvrer pour limiter le cumul des mandats... dans le temps. Il a cosigné (avec une brochette d'élus du Sud-Ouest, dont Alain Bernard, le tombeur de Jacques Blanc en Lozère) une proposition de loi organique visant à limiter à trois le nombre de mandatures parlementaires.

   Je suis plutôt partisan d'interdire l'exercice d'une autre fonction. Après tout, si une personne fait l'affaire, pourquoi vouloir s'interdire de la réélire plus de deux fois ?

   Ces propositions, tout comme la démarche personnelle de Stéphane Mazars, pour louables qu'elles soient, sont assez timides. C'est révélateur des blocages qui persistent dans le monde politique français (droite et gauche confondues). A cet égard, la mauvaise volonté manifestée récemment par certains élus socialistes n'est pas de bon augure. Il va falloir que le président et le Premier ministre tapent du poing sur la table, s'ils veulent vraiment réformer la vie politique de ce pays.

lundi, 17 septembre 2012

Yves Censi épinglé par "Le Canard enchaîné"

   En réalité, il semble que la cible de la journaliste de l'hebdomadaire satirique, Isabelle Barré, soit surtout Michel Bouvard, co-auteur (avec le député aveyronnais) d'un dispositif fiscal dit parfois "loi Censi-Bouvard".

   Il faut chercher dans le coin bas-gauche de la page quatre du numéro du 12 septembre pour lire cet article, titré "Les fées du logis étudiant", dont voici un extrait :

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   En clair, si l'on a les moyens d'investir au moins 100 000 euros, on peut économiser plusieurs milliers d'euros d'impôt sur le revenu, pendant plusieurs années. Notons que plus l'investissement est élevé, plus l'avantage fiscal est important.

   En échange de quoi accorde-t-on cette faveur aux contribuables aisés ? De la construction de logements... Au départ, il était question de rénover des villages vacances. Aujourd'hui, on bâtit des résidences pour étudiants... pas nécessiteux : de 450 à 900 euros pour un studio de 18 m² ! (Moi qui me plains de la cherté des loyers ruthénois...) Et voilà un bel exemple de contournement (légal) de la politique de redistribution : des grands bourgeois (des députés de l'ancienne majorité... mais je ne suis pas emballé par leurs successeurs...) font voter un dispositif qui avantage des ménages fortunés... et dont les produits sont destinés à être utilisés par les rejetons des familles aisées. C'est quand même beau, la République !

lundi, 03 septembre 2012

Prédictions à la con

   Parfois, le hasard de la navigation internautique réserve d'agréables surprises. Ainsi, récemment, j'effectuais quelques recherches sur Barack Obama lorsque je suis tombé sur le site de France Soir, plus précisément des articles de décembre 2011 présentant les prédictions de supposés voyants pour l'année 2012 :

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   Commençons avec Meredith Duquesne :

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   Vivre entre New York et Paris ne donne visiblement pas plus de hauteur de vue, puisque la dame voyait Nicolas Sarkozy (difficilement) réélu... après avoir devancé de justesse Marine Le Pen au premier tour. Or, si tout le monde a bien évidemment en tête la défaite du président sortant au second tour, certains ont peut-être oublié qu'il a précédé Marine Le Pen de plus de trois millions de voix au premier tour :

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   Passons à Claude Alexis, qui officie pour un journal de référence, à savoir Télé Magazine :

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   Lui aussi "voyait" Nicolas Sarkozy réélu mais là n'est pas la perle de ses prédictions. J'ai souligné la chose tellement c'est énorme. Je cite : "Pour Jean-Luc Delarue, c'est la fin de la descente aux enfers. Bonjour le renouveau ! Il revient avec de nouvelles productions sur plusieurs chaînes. Côte vie privée, je lui vois un second enfant à venir."

   Je n'ai qu'un mot à dire : bravo !

   Isabelle Viant se place dans la continuité des deux hommes : elle aussi "voyait" Nicolas Sarkozy reconduit à l'Elysée... accompagné de "cadors" de l'UMP !

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   Quant à Monsieur Olivier, s'il sentait que François Hollande allait être élu, il s'est fourré le pendule dans l'oeil, puisqu'il a "vu" Marine Le Pen au second tour... et une (autre) femme devenir Premier ministre !

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   Je ne vous parle même pas des considérations sur la monnaie. Notons que ce charlatan est assez habile, noyant certaines de ses prédictions dans un flou artistique, ou s'appuyant sur l'actualité de 2011 pour tenter d'extrapoler.

   Pour conclure, je me contenterai de citer un illustre contempteur des astrologues et autres escrocs de l'avenir sur commande, François Rabelais, qui, dans sa Pantagrueline Prognostication (1535), écrivait ceci :

"Cette année les aveugles ne verront que bien peu, les sourds ouïront assez mal, les muets ne parleront guère, les riches se porteront un peu mieux que les pauvres, et les saints [valides] mieux que les malades. [...] Vieillesse sera incurable cette année à cause des années passées. [...] Ceux qui auront flux de ventre iront souvent à la selle percée [...] ; le mal des yeux sera fort contraire à la vue [...]. Et attendu la comète de l'an passé et la rétrogradation de Saturne, mourra à l'Hospital un grand maraud tout catharré et croustelevé, à la mort duquel sera sédition horrible entre les chats et les rats, entre les chiens et les lièvres, entre les faucons et les canards, entre les moines et les oeufs."