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samedi, 17 juin 2017

Augustin Alphonse Marty, illustre inconnu

   Hier vendredi, au Centre européen de Conques,  a démarré un nouveau cycle de conférences, la première (la précédente ayant été annulée en raison d'un problème de transport) étant consacrée à un Aveyronnais qui a joué un rôle important dans l'organisation de la Poste pendant la Première guerre mondiale, Augustin Alphonse Marty. Elle a été prononcée par Sébastien Richez qui, fait exceptionnel, est resté debout pendant toute son allocution, qu'il a su rendre vivante par sa connaissance du sujet et le choix des illustrations qu'il a projetées sur le grand écran de la salle.

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   On peut qualifier cet Aveyronnais de méconnu parce que, même si son rôle au sein de ce qu'on appelait à l'époque les PTT ne faisait l'objet d'aucun mystère, son identité même a été source d'approximations. Le conférencier a d'ailleurs eu l'humilité de reconnaître que, jusqu'à il y a récemment, il se trompait à propos du prénom de Marty. Comme, dans la plupart des documents officiels le mentionnant, son nom n'était précédé que de l'initiale A, les chercheurs en avaient conclu (un peu rapidement) qu'il se prénommait Alfred. On en a la preuve dans un appel à témoins lancé il y a quelques années sur le site du musée de La Poste :

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   Cette erreur se retrouve dans des ouvrages dits historiques, mais qui n'ont pas été rédigés par des spécialistes de la question... comme celui-ci :

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   Précisons que, dans ses articles plus récents (comme ici), Sébastien Richez a corrigé l'erreur et donne désormais la véritable identité du postier aveyronnais. Pour arriver à ce résultat, il a dû fouiller dans les archives de l'entreprise, qui contiennent plus de 300 dossiers au nom de Marty !

   Comme le précise son acte de décès (que j'ai trouvé sur la page créée sur un site de généalogie par Michel Roussel, qui, me semble-t-il, était présent à la conférence), Augustin Alphonse Marty est né à Conques le 28 mai 1862. (Un doute subsiste sur le lieu exact : était-ce dans la "maison des sources" ou à Cambelong ? Mystère.)

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   Son père était... facteur ! En réalité, c'était un ancien soldat (né en 1818), gravement blessé au bras en Algérie, à qui l'on avait attribué cette fonction en compensation du préjudice subi. Mais ce n'était pas une sinécure pour autant. A l'époque, les tournées s'effectuent à pieds, sur plusieurs dizaines de kilomètres... La tournée du père était scindée en deux, s'effectuant sur deux jours.

   De son mariage avec Marie Hortense Cadrieu (à Saint-Parthem, pas très loin de Conques) sont issus 8 enfants, Augustin Alphonse étant le sixième. Notons que la lignée n'est pas éteinte. Des descendants (indirects, semble-t-il) se trouvaient hier dans la salle. Un descendant direct habiterait en Loire-Atlantique, mais, d'après le conférencier, il ne s'est pas montré très intéressé par l'histoire familiale...

   Sébastien Richez nous a ensuite présenté la carrière d'Augustin Alphonse Marty. Celui qui a fini inspecteur général des PTT a commencé comme simple "surnuméraire" à Blois en 1880 (à 18 ans, donc). On ne sait rien de sa formation ni de ses études. En tout cas, à ses débuts, il a beaucoup bougé, passant à Beauvais (en 1881), Bordeaux (en 1884) et Rouen (en 1886), avant d'intégrer (par concours interne, sans doute) l'Ecole Nationale Supérieure des PTT (ENSPTT), en 1888. C'est le premier tournant de sa carrière. Il en sort trois ans plus tard, deuxième de sa promotion, ce qui lui permet d'accéder à des postes administratifs hauts placés, jusqu'à l'inspection générale, décrochée en 1906, année où il devient chevalier de la légion d'honneur (la décoration est visible sur la photographie qui figure au début de ce billet). Entre 1906 et 1914, il a été chargé de missions spéciales, comme de réfléchir à l'avancement des fonctionnaires ou de traiter de l'abus de bien social commis par le directeur des Postes de la Seine.

   Il occupe des fonctions importantes aux PTT à l'époque où la distribution du courrier connaît de profonds changements. A la fin du XIXe siècle les facteurs sont passés à la tournée unique, quotidienne, à vélo. Leur administration prend d'ailleurs en charge l'impôt qui pèse à l'époque sur ce véhicule. Le XXe siècle voit l'arrivée des automobiles (à moteur thermique... ou électrique). Au départ, les PTT ne possèdent pas les voitures, qui sont louées à des compagnies privées. Cette nouveauté permet d'accélérer la levée du courrier dans les boîtes postales dans les grandes villes. Les commerçants sont même incités à en acheter, pour en faire profiter leurs clients.

   L'année 1914 est le second tournant dans la carrière d'Augustin. Il est nommé patron des Postes à Paris. Il constate la grande inefficacité du traitement du courrier (par les militaires) depuis la déclaration de guerre. En moyenne, la correspondance entre les soldats et leur famille met 10 à 12 jours à leur parvenir... dans le meilleur des cas. Cela peut prendre parfois plus de deux semaines. Voilà qui lui semble inadmissible, à une époque où, grâce au train, les PTT réussissent à transmettre le courrier classique en deux jours maximum. Marty va être nommé inspecteur général technique de la Poste militaire. En un peu plus d'un mois, il met en place un nouveau système qui permet de diviser par trois le temps d'acheminement du courrier. Huit gares "régulatrices" (reliées par un "train de rocade") sont désignées, entre Paris et le front, divisé en secteurs postaux. Chaque jour, par télégraphe, la position des unités était transmise à ces gares, ce qui permettait de ventiler le courrier trié auparavant par des bataillons de femmes, à l'Hôtel des Postes, rue du Louvre (à Paris) :

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   Sébastien Richez a émis l'hypothèse que le personnage que j'ai encadré en rouge ci-dessus soit Augustin Marty lui-même, venu poser pour cette photographie de propagande. Il reste que les femmes ont joué un rôle important dans le tri et l'acheminement du courrier (comme factrices). Le conférencier a même trouvé un document extrêmement rare, présentant une femme... au volant d'une automobile des PTT, sans doute sur le quai d'une gare parisienne :

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   Le traitement du courrier est devenu plus efficace aussi grâce à la modification de l'adresse postale, simplifiée : on a supprimé certaines lignes, la dernière servant au premier tri. Elle comportait le secteur postal. (Il en existait 154 au total, en comptant les fixes et les mobiles.) La cadence a considérablement augmenté : de 500 lettres par personne et par heure, on est passé à 3 000 !

   Une autre disposition a rationalisé le traitement du courrier : la séparation des types d'envoi. Les lettres ordinaires et cartes postales étaient traitées rue du Louvre, alors que les recommandés et les paquets postaux (à distinguer des colis, qui n'étaient pas des envois labellisés PTT) partaient à Paris-Conservatoire.

   Il est difficile d'établir des chiffres précis sur les volumes totaux traités à Paris, les quantités étant souvent estimées par sac. Pour 1915, on parle de 20 millions d'envois par jour, plus de la moitié consistant en du courrier émis ou destiné aux soldats. Cette prouesse aurait même fait l'admiration de l'ennemi. Peut-être ne s'agit-il là que de propagande (des articles allemands traduits ayant été publiés dans la presse française), mais il semblerait que la mécanique bien huilée mise en place par Augustin Marty ait fait des jaloux outre-Rhin.

   Tant de talent et de dévouement méritait bien récompense. Celui qui était chevalier de la légion d'honneur depuis 1906, officier depuis 1913, a été élevé au grade de commandeur en 1920. Un an auparavant, il avait été décoré de la croix de guerre par le maréchal Pétain en personne. Sa dernière grande mission fut de réorganiser les services postaux de l'Alsace-Lorraine tout juste réintégrée, sous les ordres d'Alexandre Millerand, qui allait bientôt devenir président de la République.

   De son oeuvre, il a laissé un témoignage dans un livre (aujourd'hui quasiment introuvable), La Poste militaire en France, campagne de 1914-1919, publié en 1922. Il y évoque notamment l'essor du mandat (créé en 1817) pendant le conflit. Ce moyen sécurisé d'envoyer de l'argent (désormais rapidement) a permis aux poilus de transmettre leur solde à l'arrière et aux familles de leur faire parvenir de petites sommes pour améliorer leur quotidien. On attribue aussi à Augustin Marty la création de la Poste automobile rurale (si précieuse dans les campagnes), même si son développement, à partir de 1927, est postérieur à son départ en retraite, survenu en 1924.

   Il est décédé le 21 septembre 1940... à Rodez, où il ne résidait sans doute pas en permanence (bien qu'il y  eût de la famille). Soit il y était en villégiature, soit il venait rendre visite à son ancien adjoint et ami Lacroix, qui lui habitait le chef-lieu aveyronnais.

   P.S.

   A ceux qui désireraient en savoir plus, je conseille de patienter jusqu'à l'automne prochain. A cette époque sera publiée la biographie d'Augustin Marty, rédigée par Sébastien Richez. Cette sortie est prévue en même temps que l'édition d'un timbre commémoratif.

mercredi, 14 juin 2017

L'Aveyron en deuil

   Une atmosphère trouble règne sur le plus beau département du monde. En ce début d'après-midi, les églises rouergates ont sonné le glas. A Rodez, sur la place d'Armes, on a vu des femmes s'arracher les cheveux, au milieu d'automobilistes qui avaient cessé de klaxonner. Sur l'Aubrac, les vaches se sont toutes mises à meugler en même temps, pendant que, sur le Larzac, on a entendu des loups (et des chiens errants) hurler à la mort.

   Mais pourquoi diable ? Quelle est la cause de ces phénomènes extraordinaires ? Est-ce l'annonce de la relégation du ROC handball en Nationale 2 ? Est-ce la perspective de la fin de la rente parlementaire d'Yves Censi ? N'y a-t-il pas plutôt un lien avec le début des épreuves écrites du baccalauréat général ? Ou bien des extraterrestres ont-ils atterri sur le toit du musée Soulages ?

   Il ne s'agit de rien de tout cela. Aujourd'hui, sur TF1, dans l'émission Les 12 coups de midi, le jeune champion aveyronnais a été... battu ! Pour Timothée Cros, la 83e participation a été la dernière (en attendant les masters). Il a chuté sur deux questions auxquelles il connaissait la réponse, mais, cette fois-ci, sa bonne étoile l'avait quitté, permettant à son adversaire de l'emporter d'extrême justesse :

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   Depuis quelques jours, il paraissait un peu fatigué : il a commis des erreurs inhabituelles, au point d'avoir failli passer à la trappe à plusieurs reprises. Il faut dire que, du côté de la production, on sentait comme une petite envie de changement. Le ressortissant de Cantoin a dû affronter davantage de concurrents coriaces (dont un professeur des écoles corse) et, de temps à autre, au moment du "coup fatal", il m'a semblé que les questions attribuées à ses adversaires étaient un poil plus faciles. Mais ce n'est sans doute qu'une impression (impression, que, soit dit en passant, je crois que notre champion a partagée à une ou deux reprises).

   Mais, soyons beaux joueurs. Son vainqueur du jour (un jeune homme très émotif) a, dans la foulée, réalisé un "coup de maître", ce qui lui permet de démarrer son parcours avec une cagnotte de 15 000 euros, loin (pour l'instant) de celle accumulée par Timothée :

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samedi, 10 juin 2017

Nouvelles arnaques au téléphone

   C'est un sujet dont j'ai déjà parlé il y a des années de cela. Depuis, j'aurais pu y consacrer d'autres billets, mais, bon, la question étant traitée par divers médias, je n'en ai pas vu l'utilité. Il se trouve que, très récemment, j'ai reçu un coup de fil qui m'a donné envie de remettre le couvert.

   Au téléphone une (jeune femme) m'a annoncé que j'avais gagné un bon d'achat de mille euros dans une grande surface. Bigre ! Le montant de la somme m'a un peu interloqué. Et puis, en arrière-plan, j'entendais des bruits qui laissaient penser que mon interlocutrice travaillait dans un centre d'appel, sans doute pas en France.

   Dans la suite de la conversation, la dame m'a donné un code (celui qui allait me permettre de profiter de ce fabuleux bon d'achat) et, surtout, elle m'a communiqué LE numéro qu'il fallait absolument appeler pour valider mon gain. Elle m'a même fait répéter pour vérifier que j'avais bien tout pris en notes. (Comme j'avais un peu de temps libre au moment de l'appel, j'ai, dans un premier temps, joué le jeu, par curiosité.)

   Voici donc le numéro à ne pas appeler :

08 99 17 93 41

   Cette arnaque n'est pas si récente que cela. Elle remonte à au moins deux ans. Il en a été question sur LCI, en septembre 2015 (pour Conforama) et octobre 2015 (pour les grandes surfaces classiques). Sur un site dédié, on peut aussi lire des témoignages d'arnaqués, avec d'autres exemples de numéros surtaxés.

mercredi, 07 juin 2017

Le héros de la télé

   L'Aveyronnais Timothée Cros continue de faire les beaux jours de l'émission Les 12 coups de midi. Il a dépassé les 70 participations et tente de découvrir sa troisième étoile (la première remontant à avril dernier). Cela lui vaut les honneurs cette semaine du magasine Télé Loisirs, qui l'a placé en Une :

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   Page 4, il fait l'objet d'une grande partie de l'éditorial :

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   Plus loin, les pages 12-13 lui sont consacrées. Le jeune homme y parle de ses points forts et de certains de ses points faibles, du super-champion Christian auquel on commence à le comparer. Cette supposée rivalité est montée en épingle (tout comme les rapprochements avec les ravissantes jeunes candidates) pour pimenter le jeu et augmenter l'audience... mais on peut dire à nouveau que c'est déjà terminé depuis un moment pour Timothée. Son élimination (officielle) devrait se produire dans les jours qui viennent. Selon mes informations, il va quand même finir deuxième meilleur candidat de tous les temps (pour ce jeu). Une belle performance, pour un étudiant de 24 ans.

lundi, 17 avril 2017

Jackpot pour le futur agriculteur aveyronnais

   Il y a deux semaines, au jeu "Les 12 coups de midi", on avait quitté le jeune Timothée Cros avec un capital d'un peu plus de 65 000 euros et un record de "coups de maître" consécutifs. Il a bien progressé depuis, puisque, aujourd'hui, grâce à la découverte de "l'étoile mystérieuse" (dont l'image n'était plus masquée par aucune case), il a atteint les 145 000 euros de gains, ce qui le place dans les vingt meilleurs joueurs de l'histoire de l'émission. Au passage, remarquons que la personnalité à découvrir était bien celle dont le nom circulait sur les réseaux sociaux, à savoir Annie Girardot :

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   Que dire de cette émission du lundi de Pâques, sinon que tout a concouru au succès de l'Aveyronnais ? Lors du face-à-face (le "coup fatal"), il a affronté la moins redoutable des trois concurrents du jour. La première (une étudiante en biologie) avait été rapidement éliminée et le deuxième (un gérant d'hôtel) a tenté un duel qui a tourné au bénéfice de la troisième candidate, tombée sur une question facile. Ce n'est peut-être que le fait du hasard, mais, là encore, il a bien fait les choses. Après tout, il aurait été injuste qu'un-e autre candidat-e bénéficie des efforts fournis par le jeune Timothée lors des précédentes émissions.

   Pour lui, l'aventure continue !

dimanche, 02 avril 2017

Un (futur) agriculteur à l'honneur

   ... et c'est un Aveyronnais ! Depuis un peu plus d'une semaine désormais, Timothée Cros, un étudiant originaire de la commune de Cantoin, en plein Nord-Aveyron, casse la baraque aux 12 coups de midi, un jeu animé par Jean-Luc Reichmann et diffusé quotidiennement sur TF1.

   Ce n'est pas le premier candidat aveyronnais à s'y distinguer. Il y a quelques années de cela, Pierre-Marie Roques, originaire de Flagnac (une commune proche de Decazeville), avait tenu plus d'un mois, empochant au total près de 200 000 euros !

   Le fils d'agriculteur de l'Aubrac n'en est pas encore là, mais, au moment où j'écris je tape ces lignes, il a déjà gagné plus de 65 000 euros, battant au passage le record de "coups de maître" (sans-faute à l'avant-dernière épreuve du jeu) d'affilée : 7 en autant de participations. Bravo, jeune homme ! Sa réussite a même fait un peu perdre les pédales à Centre Presse, qui a titré un peu vite après sa huitième victoire :

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   Or, si Timothée Cros a bien remporté sa huitième victoire d'affilée vendredi 31 mars, il n'a pas réalisé de "coup de maître" cette fois-ci.

   Cela n'enlève rien au mérite du jeune homme, dont la soudaine popularité n'est pas liée qu'à ses brillants résultats. Il est sympathique et simple... et c'est un fils d'agriculteurs, une profession dont les difficultés font régulièrement l'actualité. Attention toutefois : au vu de ce qu'il a dit au cours des émissions précédentes, je ne pense pas que l'exploitation de ses parents soit une de celles qui rencontrent les plus grandes difficultés. Lui-même n'est sans doute pas tout à fait l'incarnation moyenne du futur jeune agriculteur : il termine une école d'ingénieur, après avoir naguère décroché un bac S avec mention. Si son parcours est révélateur des changements qui traversent la société agricole (les exploitants sont de plus en plus diplômés), il se situe quand même plutôt au niveau de l'élite. Nombre de ses futurs collègues en sont restés à un bac pro, éventuellement complété par un BTS ou une formation proposée par une Chambre d'agriculture.

   Quoi qu'il en soit, ce candidat de Cantoin dispose d'une solide culture générale, aussi bien en littérature, cinéma, sports qu'en sciences, histoire et géographie. Il me semble doué aussi de bonnes capacités de déduction, une qualité indispensable à la réussite dans ce genre de jeux.

   Et puis, parfois, la chance, voire la Providence, s'en mêle. Ainsi, ce brillant candidat a failli passer à la trappe dès le 27 mars. A deux reprises, dans la première partie de l'émission, il est tombé sur des questions qui ne l'ont pas inspiré. (Soyons honnêtes : je n'aurais peut-être pas fait mieux... et, surtout, je ne serais pas arrivé jusque-là !) Le voilà donc lancé dans un duel (pour conserver sa place dans la partie). Il a défié une autre candidate, qui est tombée sur une question de... football :

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   La question était d'une difficulté telle que je peux affirmer sans crainte de me tromper que la très grande majorité des téléspectateurs ne connaissait pas la bonne réponse. D'après la FIFA (tout comme d'après L'Equipe), à l'origine se trouverait un sport... chinois, même si l'on attribue l'invention du football moderne aux Anglais. La candidate s'est logiquement trompée, permettant à notre petit Aveyronnais de continuer à jouer.

   Quand on regarde un paquet d'émissions, on se rend compte que ces questions de duel ont beau être de difficultés assez inégales, en général, elles ne sont pas les plus ardues du jeu. Du coup, ce sont les personnes défiées (celles qui ont répondu juste au premières questions de l'émission) qui s'en sortent le plus souvent, comme cela est d'ailleurs arrivé à Timothée à plusieurs reprises. Ici, on se dit que 99 % des candidats auraient répondu faux. La question était donc conçue pour faire perdre la personne sur laquelle elle tomberait. Mais ce n'est peut-être que le fait du hasard...

   Il n'en fait pas moins curieusement bien les choses. Ainsi, aujourd'hui samedi, le fils d'agriculteurs aveyronnais (qui a fait montre de la même formidable culture générale que les jours précédents) a dû répondre à quelques questions diablement piégeuses pour lui :

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   Même si la première question est assez difficile, on ne peut pas nier qu'il y a quand même de fortes chances qu'un habitant de l'Aveyron, qui plus est cultivé, en connaisse la réponse. La deuxième et la troisième sont de véritables cadeaux, ce qui est surprenant à ce niveau du jeu. De surcroît, les deux premières questions ont été posées pendant le face-à-face, où parfois, la partie étant serrée, le moindre élément compte.

   On va dire que je vois le mal partout. Peut-être n'est-ce que le résultat d'un tirage au sort. Mouais... En tout cas, cette suite de hasards heureux bénéficie au candidat aveyronnais, et c'est tant mieux pour lui. Il est en train de se constituer un joli pactole pour démarrer dans la vie. Cerise sur le gâteau, il donne une excellente image de l'Aveyron et des jeunes agriculteurs. N'est-ce pas l'essentiel ?

   P.S.

   Sur la Toile, dans les tréfonds des réseaux sociaux, il se murmure qu'il a poursuivi son parcours et qu'il aurait déjà gagné une vingtaine de fois. (Rappelons que les émissions sont enregistrées à l'avance.) Concernant l'image de l'étoile mystérieuse, il se dit qu'elle cacherait une actrice française aujourd'hui décédée et qui aurait eu quelques problèmes avec l'alcool...

dimanche, 26 mars 2017

Un couteau "élémentaire"

   Le vendredi soir est actuellement consacré, sur la chaîne de télévision M6, à la (re)diffusion d'épisodes de la série Elementary. Les intrigues sont contemporaines et s'éloignent, en général, de l'ambiance des romans et nouvelles d'Arthur Conan Doyle. Cela n'empêche pas les scénaristes-dialoguistes d'introduire, de temps à autre, de petits clins d'œil, comme celui qui figure dans l'épisode 17 de la saison 4.

   En général, je me contente de regarder les épisodes inédits. Mais il m'arrive de replonger dans les anciens, en replay. Elementary, comme NCIS ou auparavant Les Experts, fait partie des séries dont la richesse des intrigues, la qualité du jeu des acteurs et l'ambiance visuelle justifient amplement un deuxième voire un troisième visionnage. C'est l'occasion de relever certains détails qui m'avaient échappé la première fois, tant j'étais pris par l'action.

   Ainsi, ces dernières années, j'ai remarqué que le couteau Laguiole est parfois mis à contribution par les scénaristes, comme instrument de crime (le plus souvent) ou tout simplement comme objet décoratif. En France, à ma connaissance, l'apparition du célèbre couteau est assez rare. Je l'ai repéré dans Profilage et dans Cherif... ainsi que chez Groland, dans une fausse pub et dans une historiette graveleuse.

   Mais c'est dans les séries américaines que le couteau aveyronnais a acquis ses lettres de noblesse télévisuelle. A trois reprises au moins, dans Les Experts (ceux de Las Vegas, les vrais), cet ustensile des arts de la table s'est retrouvé au cœur d'une enquête, la dernière fois en 2015, dans un épisode de la saison 14.

   Quelques mois plus tard était diffusé en France l'épisode 8 de la saison 3 d'Elementary (reprogrammé vendredi dernier). Vers la fin apparaissent brièvement à l'écran des photographies prises par la police lors de la découverte de la planque d'une bande de trafiquants d'armes et de drogues :

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   Dans l'arsenal saisi figurent plusieurs couteaux aux formes caractéristiques !

samedi, 18 mars 2017

Etre préfet en Aveyron (1935-1955)

   Vendredi 17 mars a été donnée une passionnante conférence dans l'amphithéâtre des Archives départementales de l'Aveyron. Bien qu'assez copieusement remplie, la salle n'accueillait pas autant de spectateurs qu'en novembre dernier, quand la Société des Lettres aveyronnaise a célébré ses 180 ans.

   Pourtant, l'intervenant n'était pas n'importe qui. Marc-Olivier Baruch, ancien élève de Polytechnique et de l'ENA (promotion "Droits de l'Homme"), est surtout connu comme historien de la haute fonction publique et du gouvernement de Vichy. Il a mis ses connaissances et ses compétences au service d'une galerie de portraits qu'il a su rendre vivants.

   Après un aperçu bibliographique, l'auteur a présenté de manière synthétique l'ensemble des titulaires du poste entre 1935 et 1955 (à l'aide d'un tableau ma foi bien conçu). On remarque que la majorité avait effectué des études de droit, à la rigueur de lettres. Dans la liste, quelques parcours détonnent, comme celui d'un ingénieur agronome ou celui d'un officier de cavalerie (dont nous allons reparler). A l'époque, la préfecture aveyronnaise était classée "de troisième catégorie". On y envoyait des débutants dans la fonction, la plupart ayant été secrétaire général auparavant.

   Dans un second temps, Marc-Olivier Baruch a mis un coup de projecteur sur trois d'entre eux, Jean Moulin, Charles Marion et Louis Dupiech, dont le parcours est lié, d'une manière ou d'une autre, à la Seconde guerre mondiale.

   L'auteur n'a pas fait de révélation fracassante à propos de Jean Moulin (pour ceux qui connaissent un peu son histoire). Il a rappelé ses liens avec Pierre Cot (devenu ministre du Front populaire), qui lui ont permis de cumuler la direction de son cabinet avec son premier poste dans l'Aveyron. Le conférencier, bon connaisseur des rouages de l'administration française, a évoqué un détail de règlement qui explique le parcours de Jean Moulin. Pour pouvoir être nommé préfet hors-cadre (et se voir ainsi attribuer des missions plus intéressantes que la gestion au quotidien d'un département qu'on n'a pas choisi), il fallait avoir occupé au moins trois postes. D'où la bougeotte qui a parfois saisi certains hauts fonctionnaires... Marc-Olivier Baruch a évidemment rappelé l'antagonisme qui avait opposé, à ses débuts, le plus jeune préfet de France (de gauche) à certains élus (très) conservateurs (ainsi qu'à la presse qui les soutenait) de la "petite Vendée du Massif Central". Au départ de Moulin, cet antagonisme avait cédé la place à un incontestable respect mutuel. La preuve que les qualités de Jean Moulin étaient reconnues bien au-delà de son obédience politique est qu'en 1940, le ministre de l'Intérieur de Pétain a un temps songé à lui pour occuper un nouveau poste, comptant sur son sérieux et son sens des responsabilités, malgré son orientation politique pas franchement maréchaliste.

   Peu connu des profanes âgés de moins de 90 ans, Charles Marion n'en a pas moins laissé son empreinte sur l'Aveyron, où il a officié pendant plus de trois ans, par la grâce du gouvernement de Vichy (dont il était un chaud partisan). Mais, avant d'en arriver aux aspects peu reluisants du personnage, le conférencier nous l'a présenté à travers deux anecdotes, révélatrices de son franc-parler. Ainsi, un jour, en entendant une ravissante jeune femme lui répondre qu'elle n'avait pas encore d'enfant, le représentant de l'Etat se serait exclamé que, décidément, "on ne faisait pas pouliner les plus belles pouliches" ! Précisons que le parcours du préfet n'a pas été sans influence sur son goût pour la métaphore, puisque, d'après sa fiche Wikipédia, il fut un excellent cavalier, médaillé aux Jeux Olympiques de 1928 (Amsterdam) et de 1932 (Los Angeles). La deuxième anecdote met encore en scène le préfet avec une femme, celle-ci mère de famille nombreuse (10 enfants !). En apprenant cela, Charles Marion aurait déclaré : "Mais votre mari est un vrai pistolet à répétition !" On ignore trop souvent que la préfectorale abrite de grands poètes...

   Charles Marion est d'abord un militaire de carrière : il a été camarade de promotion du futur général de Lattre de Tassigny (à Saint-Cyr ou plutôt à l'école de cavalerie de Saumur ?). Dans l'Aveyron, il est devenu proche d'Henri Bousquet qui, à l'époque, se trouvait à la tête de la Société des lettres aveyronnaise. Ardent propagandiste de la Révolution nationale de Pétain (et antisémite forcené), il avait de bonnes relations avec le général de Castelnau... mais pas avec le docteur Ayrignac, fondateur de la Corporation paysanne.

   Au cours de ses recherches, dans les archives parisiennes comme aveyronnaises, Marc-Olivier Baruch a fait quelques découvertes. Son propos a été illustré de nombreux documents originaux (souvent des textes), projetés sur le grand écran de la salle. Le plus étonnant d'entre eux est peut-être une image, trouvée, un jour, dans un cahier consulté à Rodez :

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   On peut la trouver aussi aux Archives départementales de Savoie. La Savoie, où, avant-guerre, Jean Moulin fut directeur de cabinet du préfet, avant de devenir le plus jeune sous-préfet de France, à Annecy. Quelques années plus tard, Moulin était nommé à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, un département que Charles Marion rejoignit après avoir quitté l'Aveyron, en 1943. Comme quoi, des parcours très différents peuvent se croiser, dans la préfectorale. (M-O Baruch a d'ailleurs projeté un document faisant état de mutations, parmi lesquelles se trouvaient celles de Jean Moulin et de... René Bousquet, alors jeune loup du radical-socialisme.)

   Après la conférence, la fin de Charles Marion a fait l'objet d'une question d'un membre du public. Celui-ci se demandait si le préfet n'avait pas été littéralement écartelé par des résistants savoyards. Cette rumeur infondée fut démentie par le conférencier... à raison : on sait que Charles Marion est mort fusillé... et pas de manière glorieuse.

   Le troisième préfet objet de l'attention particulière de Marc-Olivier Baruch est Louis Dupiech, en poste en 1944. D'abord légaliste (en 1940), il a progressivement basculé en faveur de la Résistance. Il est mort en déportation. Notons qu'en dépit de son arrestation par les Allemands, après guerre, quand il a été question de rendre hommage au préfet, son action a fait l'objet d'une enquête minutieuse. Signalons que son dévouement semble avoir déteint sur son fils Guy. Celui-ci, après avoir suivi des études dans le Sud-Ouest (y compris à Rodez, au lycée),  a intégré la toute jeune ENA et suivi une brillante carrière préfectorale.

   Dans la seconde partie de son exposé, Marc-Olivier Baruch a accéléré le rythme et traité de thèmes transversaux. Son propos a évoqué des aspects de la vie professionnelle des préfets. Il a ainsi été question de leur niveau de vie. Le conférencier estime leur revenu mensuel moyen (en 1945) à l'équivalent de 5000 de nos euros... ce qui ne semble pas avoir changé. Le coût d'une tenue était d'environ 1800 euros 2017. C'était beaucoup, pour un préfet... mais c'est finalement assez peu, en comparaison du prix des costumes que s'est fait offrir un certain François Fillon. Marc-Olivier Baruch serait-il un brin facétieux ?

   Un préfet, ça rencontre du monde. Et parfois ça invite. A Rodez, le restaurant Le Cheval noir, tenu par la veuve Bastide, a été le théâtre d'agapes mémorables. (On nous a parlé d'un gueuleton à 70 couverts...) Le conférencier s'est demandé ce qu'était devenu le restaurant en question, une incertitude à laquelle aucune des personnes présentes dans l'assistance n'a mis fin. (Et pourtant, on sentait que quelques-uns d'entre eux avaient envie de prouver à quel point ils sont cultivés, au besoin au détriment de M-O Baruch.)

   Ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire la curiosité des érudits aveyronnais qui se ruent sur ce blog, je me suis mis en quête de cet établissement. Sachez qu'il existe toujours, mais sous un autre nom. Il est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Une idée ?... Ah, je vois le petit monsieur chauve du troisième rang qui s'agite sur son siège... Doucement, monsieur ! Un arrêt cardiaque est si vite arrivé ! Eh, oui, vous avez raison : il s'agit de l'Inter Hôtel, dit aussi hôtel de la Tour Maje.

   La conférence s'est poursuivie au rythme des anecdotes, souvent savoureuses. Il n'est pas possible ici de rendre compte de la richesse du propos. Mais sachez que Marc-Olivier Baruch a évoqué le prolongement d'une ligne ferroviaire aveyronnaise, les débuts de Pierre Baudis (papa de Dominique) en politique (sous les couleurs du RPF) et la propagande dans les premières années de la Guerre froide, s'appuyant (dans ce cas) sur une affiche qui manie le calembour :

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   Quant à ceux qui ont raté l'événement, il leur reste à guetter un prochain numéro des Etudes aveyronnaises, où le conférencier devrait livrer une version écrite de son propos d'hier soir.

mardi, 14 mars 2017

La Poste du Faubourg en pleine déliquescence

   Cet après-midi, je me suis arrangé pour quitter le boulot plus tôt, histoire de passer à la Poste de mon quartier avant la fermeture. Quand je suis arrivé devant l'entrée, quelle ne fut pas ma surprise de trouver le rideau de fer baissé, avec pour seule explication cette pancarte :

14 03 2017.jpg

   C'est hélas la continuation d'un assez macabre feuilleton, celui de la marche vers la fermeture possible de ce bureau de Poste de proximité. La rumeur a commencé à courir en janvier 2016. Les craintes se sont confirmées l'été dernier : pour la première fois, le bureau a été fermé pendant un mois et demi !

   En décembre, les syndicats ont alerté les élus locaux, comme on a pu le lire dans La Dépêche du Midi puis dans Centre Presse :

CPresse 22 12 2016 b.jpg

   La menace s'était précisée en février dernier.

   Non mais, franchement, pour les personnes qui travaillent, qui partent au boulot tôt le matin et qui n'ont pas la possibilité de revenir au Faubourg avant 13 heures, ces nouveaux horaires d'ouverture ne sont d'aucune utilité ! C'est juste bon à contenter les retraités, les femmes au foyer et les chômeurs. Les actifs (qui financent pourtant la chose...) peuvent aller se brosser !

   Et vive le service public !

lundi, 06 mars 2017

Les Anglais aiment notre fromage

   Ce dimanche, en première partie de soirée, France 3 a commencé la diffusion de la quatrième saison de la série policière britannique Les Enquêtes de Morse. (En deuxième partie de soirée, les épisodes anciens sont rediffusés depuis déjà quelques semaines.)

   Dans "Echec et mat", il a été question d'un célèbre fromage aveyronnais. Cela se passe vers le début de l'histoire. Le jeune enquêteur de la police oxfordienne se rend sur une scène de crime, où se trouve déjà le médecin légiste :

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   Celui-ci lui conseille de ne pas trop s'approcher. Il poursuit par une remarque assez caustique, un genre dont il est coutumier, mais qui, cette fois-ci, fait référence à un fromage de brebis, qui donc était déjà très connu outre-Manche dans les années 1960 (période à laquelle se déroulent les événements) :

podcast


   A part cela, les deux épisodes diffusés ce dimanche sont très bons, avec des intrigues fouillées, qui réservent des surprises jusqu'au bout.

   P.S.

   L'an dernier, c'est dans un épisode des Enquêtes de Murdoch qu'il avait été question du "roi des fromages".

samedi, 25 février 2017

Des chats pour Sherlock

   M6 a enfin repris la diffusion de la saison 4 d'Elementary, la série états-unienne narrant les aventures d'un Sherlock Holmes contemporain, à New York. Le rythme est de deux épisodes par vendredi. Hier, le premier d'entre eux était intitulé "Cocktail Zolotov". L'enquête, à rebondissements, mène le détective dans un "bar à chats", où il retrouve l'une des protagonistes, une autiste particulièrement douée pour la programmation informatique.

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   Comme on peut le voir ci-dessus, la fréquentation des chats aide certaines personnes à déstresser... les petites boules de poils se révélant extrêmement dociles, dans cet épisode ! Cependant, les minets, bien qu'habitués à être "manipulés", ont été un peu surpris par le travail de l'équipe de tournage. On peut s'en rendre compte en s'intéressant aux animaux périphériques, intrigués par la présence d'autres personnes que les clients/acteurs :

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   Pour savoir ce qui a poussé Sherlock Holmes à se diriger vers cet étrange établissement, il faut se reporter plus avant dans l'épisode, lors de sa première rencontre avec la programmatrice. Regardez attentivement son pull :

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   Il est constellé de poils de chats, un détail qui n'a pas échappé au sagace détective...

   A ceux qui croiraient que cette scène est née dans l'esprit d'un scénariste à l'imagination particulièrement fertile, je signale que les "bars à chats" existent bel et bien. Cette création taïwanaise, popularisée au Japon, a récemment atteint la France, le premier salon de ce type ayant ouvert à Paris en 2013. (Il a hélas fermé quelques temps plus tard.) D'autres ont ouvert leurs portes, en province, par exemple à Lyon, à Nantes, à Besançon, plus récemment à Reims. Le Sud de la France est particulièrement bien représenté, avec des établissements à Nice, à Avignon, à Narbonne... jusqu'à Bordeaux. Les deux métropoles de la région Midi-Languedoc ne sont pas en reste. Ainsi, les Toulousains peuvent se livrer aux délices de la caresse à Chapristea, tandis que les Montpelliérains se rendront à Kafelin.

    Miaou !

mardi, 14 février 2017

Des députés peu (pré)occupés

   Retour sur le bien-être animal en abattoir et l'attitude de nos élus. L'été dernier, je m'étais intéressé aux travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale et plus particulièrement au rôle qu'avait pu y jouer le député aveyronnais Arnaud Viala, qui en était membre. A l'époque, la commission n'avait pas encore clôturé ses travaux. Il me manquait cinq comptes-rendus.

   Force est de constater que leur intégration dans le bilan ne change pas grand chose. A. Viala n'a été présent qu'à une seule des cinq séances concernées, la dernière, fort intéressante d'ailleurs, puisqu'elle a été le cadre d'une discussion avec Franck Ribière, un documentariste issu du monde agricole, qui s'est notamment intéressé aux abattoirs mobiles. Le député aveyronnais est allé jusqu'à poser une série de questions à l'intervenant :

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   Cette participation tardive n'améliore guère son bilan. Il n'a été présent qu'à 16 des 39 séances (41 % du total). 6 de ses 23 absences (notamment les 4 dernières) ont été excusées (ce qui ne signifie pas qu'elles étaient excusables, vu qu'on en ignore le motif). Pour les 17 autres (soit les trois quarts de ses absences), le député semble n'avoir pas fourni de justification.

   Je me suis replongé là-dedans après la lecture du compte-rendu des débats du 12 janvier dernier, en assemblée (censée être) plénière. (La vidéo est accessible ici.) Arnaud Viala a été présent dans l'hémicycle une partie de la journée (voir plus bas). Il est intervenu à deux reprises, après la discussion générale, lorsque l'article 1er a été abordé. Je dois dire que j'ai savouré le début de sa première intervention (la partie soulignée par moi n'est pas dans la vidéo ; après écoute attentive, je pense qu'elle a été coupée) :

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   Mais c'est le contexte de la seconde qui m'a le plus interloqué :

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   Tout d'abord, le député aveyronnais se dit opposé à la création d'un comité d'éthique, dont le texte prévoit pourtant une composition assez oecuménique (avec des représentants des industriels et des salariés du secteur, mais aussi ceux d'éleveurs, des associations de consommateurs et de défense des animaux...). Mais, ô surprise, dans sa réponse, Olivier Falorni a sorti la brosse à reluire ! Ses propos sont en contradiction avec ce qu'on peut déduire de la lecture des comptes-rendus. Soit ceux-ci sont incomplets, soit l'élu de gauche a flatté le député LR parce qu'il a senti qu'il avait besoin de l'appui d'au moins une partie des élus de droite pour faire aboutir le texte.

   La supposée forte implication du député aveyronnais n'est pas allée jusqu'à l'inciter à rester pour participer à tous les scrutins. Après examen de tous les amendements proposés (celui d'Arnaud Viala n'ayant pas été retenu), on a procédé à deux votes publics.

   Le premier scrutin a porté sur la possibilité, pour des parlementaires au besoin accompagnés des services vétérinaires, d'effectuer des visites surprises dans les abattoirs de leur circonscription (ce qu'ils peuvent déjà faire dans les prisons). Sur ce sujet, le gouvernement (par la voix du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll), n'a pas suivi le rapporteur de la proposition de loi (Olivier Falorni, qui, rappelons-le, a présidé la commission d'enquête sur les conditions d'abattage). Résultat des opérations : l'amendement a été rejeté par... 20 voix contre 14. (Rappelons que l'Assemblée compte 577 députés !) Socialistes et Républicains ont fait pencher la balance du côté du refus, auquel s'est associé Arnaud Viala.

   Le second vote a porté sur la réintroduction d'une mesure qui avait été supprimée en commission : l'installation de caméras dans les abattoirs. En décembre dernier, cette suppression avait provoqué une petite polémique. Notons que, lors de la réunion de la commission des affaires économiques, le 14 décembre dernier, la majorité des députés concernés étaient présents. Cependant, parmi les absents, on relève le nom de Marie-Lou Marcel (députée de l'Ouest Aveyron). Arnaud Viala n'est décidément pas le seul à pratiquer l'école buissonnière...

   Mais revenons à la séance (supposée) plénière du 12 janvier. Olivier Falorni a proposé un amendement visant à rétablir l'installation de caméras dans les abattoirs. Il a été adopté à l'écrasante majorité de 87,5 % des votants... soit 28 députés sur 32 ! Courageux mais pas téméraire, Arnaud Viala (auparavant assis place 85) avait visiblement déserté les rangs de l'Assemblée à ce moment fatidique. (Mais je suis mauvaise langue : il était sans doute aux toilettes.) Les autres députés aveyronnais (Marie-Lou Marcel et Yves Censi) n'étaient même pas présents ce jour-là.

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   Pour ne pas se limiter à l'Aveyron, il est consternant de constater la faible présence des députés français lors des débats et des scrutins publics. Quand on en consulte la table, on s'aperçoit que, depuis décembre dernier, en deux mois et demi, seuls trois scrutins ont réuni plus de 300 élus !  Ils portaient sur la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve, la prolongation de l'état d'urgence et le Grand Paris. Voilà des sujets dignes d'intéresser nos députés, visiblement pas très motivés par le travail de détail sur des sujets qui ont des conséquences sur notre vie quotidienne...

   Quant à la proposition de loi sur les abattoirs, elle est désormais sur le bureau de la commission des affaires économiques du Sénat... depuis le 13 janvier. A l'heure où j'écris ces lignes, le programme de travail du mois de février a été établi, et il ne prévoit pas l'examen de ce texte. Il risque donc de se perdre dans les limbes de la fin du quinquennat de François Hollande...

   Vivement mai-juin 2017, que la loi sur le cumul des mandats s'applique enfin, et qu'une partie de ces profiteurs perde un peu de ses privilèges !

vendredi, 27 janvier 2017

Une ministre qui manque de lettres

   Ce n'est qu'aujourd'hui (en lisant le dernier numéro de L'Hebdo) que j'ai pris connaissance de l'anecdote : en visite à l'école de gendarmerie de Tulle (le 13 janvier dernier), la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a laissé un petit mot sur le livre d'or... avec quelques fautes de français, que le quotidien Le Figaro s'est fait un plaisir de relever. Le document d'origine est visible sur le site de France 3 Limousin :

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   On va me dire : ce n'est pas grave, ce sont juste quelques erreurs d'étourderie ; concentrons-nous sur le fond plutôt que sur la forme. Voilà qui ne manque pas de pertinence... sauf que... la ministre semble coutumière du fait. Ainsi, Le Figaro (toujours lui) rappelle qu'on peut trouver ce genre de "bourdes" jusque sur le site internet de la ministre. Curieux, je suis allé y jeter un oeil... pour constater que les erreurs n'ont pas été corrigées (on pourrait aussi gloser sur l'emploi immodéré des majuscules) :

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   C'est tout de même la page de présentation de la ministre, qui (elle ou un-e quelconque employé-e) aurait pu faire l'effort de la rectifier. Ceci dit, après avoir consulté plusieurs billets publiés sur le site, je dois reconnaître que l'expression est en général de qualité irréprochable. D'autres que moi (un peu obsessionnels, peut-être... sont-ils aussi vigilants quant à la qualité de l'expression écrite des politiques qui ne sont pas issus de l'immigration ?) ont épluché le compte Facebook de la ministre... Faut vraiment avoir du temps à perdre... De mon côté, plus que l'orthographe de Mme Vallaud-Belkacem, c'est la teneur de certains commentaires à ses billets qui m'a fait bondir. En voici un exemple :

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   Comme vous l'avez sans doute deviné, le commentaire négationniste (qui pourrait valoir des poursuites à son auteure) a été "écrit" en réaction (je trouve que le terme est bien choisi) à un billet sur la journée de la mémoire des génocides. A ce propos, il serait bon quelqu'un signale à la ministre qu'elle devrait arrêter d'employer le mot "Holocauste", qui prête à confusion.

   Mais revenons à nos moutons. On attend de la ministre de l'Education qu'elle donne l'exemple. Trop de jeunes arrivent sur le marché du travail sans savoir rédiger la moindre phrase anodine sans faute. La récente volonté de la ministre d'appliquer une ancienne réforme de l'orthographe, dont presque plus personne ne voulait, réveille le soupçon de nivellement par le bas, qui a pesé sur tant de ses prédécesseurs...

dimanche, 22 janvier 2017

Basculements démographiques

   Les médias se sont récemment fait l'écho des derniers résultats du recensement partiel de la population française, qui aboutissent aux populations légales 2014. (Il y a trois ans de décalage entre la publication des estimations et la référence des données.)

   Au niveau national, on a souligné le fait que la population de la France continue d'augmenter et qu'elle dépasse désormais les 67 millions d'individus. Au niveau régional, on a mis en valeur le dynamisme de la région Midi-Languedoc. Au niveau départemental, on s'est félicité que l'Aveyron ait enrayé son déclin démographique, même si l'augmentation est une des plus faibles du pays.

   Quand on regarde le détail des résultats, on s'aperçoit que les évolutions sont très contrastées en Rouergue. L'essentiel du dynamisme repose sur l'aire urbaine de Rodez, la commune chef-lieu exclue... ou pas ? En fait, quand on compare les données chiffrées les plus récentes (celles fournies en 2016 et 2017, pour les années 2013 et 2014), on constate que, quel que soit le critère retenu (la population municipale ou la population totale), Rodez a regagné des habitants (un peu moins de 400 en terme de population totale, un peu plus de 340 en terme de population municipale), y compris par rapport aux années précédentes. Certes, ce n'est pas une augmentation fulgurante, mais cela ressemble quand même à un retournement de tendance.

   Là n'est pas toutefois la principale information contenue dans les récentes publications. La hiérarchie des villes aveyronnaises a été modifiée. Ainsi, Onet-le-Château peut désormais prétendre à la place de troisième commune aveyronnaise, sa population municipale (11 837 habitants) ayant dépassé celle de Villefranche-de-Rouergue (11 822 habitants). Cependant, au niveau de la population totale, cette dernière reste troisième (12 592 contre 12 406).

   Le basculement est plus prononcé dans un autre cas. Derrière Rodez, Millau, Villefranche, Onet et Saint-Affrique, Luc-La-Primaube a subtilisé la sixième place à Decazeville : 6 084 contre 5 899 habitants (en population totale), 5 898 contre 5 686 (en population municipale).

mercredi, 04 janvier 2017

Un demi-euro balte

   J'ai récemment eu une bien belle surprise, après avoir glissé une pièce dans la fente d'un distributeur automatique de boissons.  Après avoir récupéré mon café et la monnaie, j'ai pensé à jeter un coup d'oeil aux pièces... et voici ce qui figure sur la face nationale de celle de 50 centimes :

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   Il s'agit d'une pièce lituanienne, comme l'indique la mention "LIETUVA". Elle est illustrée par le Vytis, le "chevalier poursuivant", équipé d'un bouclier orné d'une croix d'Anjou (dite aussi croix de Lorraine). C'est la reproduction des armoiries de la noblesse lituanienne et du grand-duché, dont l'existence s'étendit sur le Moyen Age et le l'époque moderne.

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   Voilà qui complète ma collection de pièces baltes, après celle venue d'Estonie (récupérée en 2011) et celle venue de Lettonie (récupérée en 2015). Signalons que la Lituanie est, à l'heure où j'écris ces lignes, le dernier pays à avoir intégré la zone euro, le 19e sur 28 pays membres de l'Union européenne.

dimanche, 01 janvier 2017

La dernière légion

   C'est la dernière promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur que François Hollande a désignée. Comme d'habitude, on y remarque la présence de beaucoup d'amis politiques. Je déplore toujours autant que des élus, des magistrats, des universitaires et des artistes qui ne font que leur métier soient distingués. (Cette fois-ci, on peut trouver le musicien électronique Laurent Garnier, par exemple...) Les médias ont souligné la présence de personnes qui ont fait preuve de courage lors de l'attentat de Nice du 14 juillet dernier. Leurs noms figurent sur la dernière page de la liste des nommés/promus du jour. (Ceux qui vont être décorés de l'Ordre national du mérite sont plus nombreux.)

   En la consultant, on tombe assez vite (page 6) sur une vieille connaissance des Aveyronnais : Cécile Pozzo di Borgo. L'ancienne préfète de notre département (entre 2011 et 2014) est, depuis son départ, en charge des T.A.A.F. (Terres Australes et Antarctiques Françaises). Elle devient officier, sur le contingent du Premier ministre Bernard Cazeneuve qui est, ne l'oublions pas, l'ancien ministre de l'Intérieur de Manuel Valls.

   Un autre haut fonctionnaire de la République est distingué : Pierre Valleix, procureur général près la Cour d'appel de Montpellier (dont dépendent les tribunaux aveyronnais, rappelons-le). Il devient chevalier, sur le contingent du ministère de la Justice. Les Aveyronnais ont entendu parler de lui à plusieurs reprises. L'an dernier, il était venu assister à l'installation, à Millau, d'une chambre détachée du TGI de Rodez. Il a aussi été mêlé à la série de procès mettant en cause les auteurs d'une page Facebook : après la relaxe du groupe en appel, il avait formé un pourvoi en cassation. (Hélas, la plus haute juridiction française a donné raison aux conducteurs inciviques.)

   Mais revenons à la liste des promus. Elle comporte de nombreux élus, notamment de la région Midi-Languedoc. La majorité d'entre eux se trouvent page 20 :

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   La liste comprend une Aveyronnaise, Anne Blanc, maire de Naucelle et conseillère départementale. Elle est accompagnée d'un ancien adjoint au maire de Toulouse (et ancien conseiller régional) centriste, Michel Valdiguié, d'un élu tarbais (Jean-Claude Palmade) et d'un autre, tarn-et-garonnais, Denis Roger. Du même département est issu, page suivante, l'ancien député-maire de Montauban (Roland Garrigues), qui figure lui sur le contingent du ministre de l'Intérieur, alors que les précédents sont promus sur celui du ministre des Collectivités territoriales, qui n'est autre que Jean-Michel Baylet, grand manitou du PRG. O surprise ! Outre Anne Blanc, deux des nouveaux chevaliers (Michèle Garrigues et Denis Roger) sont membres de ce parti, tout comme Bernard Charles, ancien député-maire de Cahors, que l'on trouve page 7, sur le contingent du Premier ministre.

   Du côté midi-pyrénéen, Rolande Sassano complète la liste (page 13), sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Ce n'est donc pas  tant l'ancienne conseillère régionale (figurant sur la liste de gauche soutenant Martin Malvy en 2004 et en 2010) que l'ex-bouchère et ex-présidente de la Chambre des métiers de l'Ariège qui a été distinguée.

    La gauche languedocienne n'a pas été oubliée, puisque le socialiste Michel Gaudy, vice-président du Conseil départemental de l'Hérault, est lui aussi présent page 20. (Il est promu officier.) Deux pages plus loin, au grade de chevalier, on trouve sa collègue gardoise Anne-Marie Vendeville, actuelle conseillère régionale de Midi-Languedoc (déjà présente sur la liste conduite par Damien Alary en 2010).

   A titre d'anecdote, je signale que, sur la même page, quelques lignes au-dessus, on sera surpris (ou pas) de découvrir le nom de Gilbert Mitterrand (un des fils de l'ancien président de la République), qui fut lui-même longtemps élu socialiste... et qui a dû attendre plus de 20 ans après la mort de son père pour être décoré. Peut-être lui avait-on déjà proposé la légion d'honneur auparavant et peut-être l'avait-il refusée ?

   Je termine sur une note d'humour. J'ai cherché à en savoir plus sur Isabelle Anglade, nommée chevalier (page 14). On nous la présente comme la présidente d'une société d'esthétique capillaire. En clair, son entreprise s'occupe de perruques et d'implants. Quand on sait quel prix François Hollande accorde à l'entretien de ses cheveux, on n'est qu'à moitié étonné. Mais le plus cocasse est que cette nomination est faite sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Il n'a échappé à personne que le titulaire du poste est Michel Sapin, qui pourrait bien avoir besoin des services de la dame !

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mardi, 20 décembre 2016

Comment est-ce possible ?

   Récemment, je me trouvais dans un hypermarché de l'agglomération ruthénoise (appelons-le "Minus"). J'ai notamment déambulé dans le rayon "arts de la table", à la recherche de petites fourchettes, vous savez celles qui sont très utiles pour manger des produits souvent servis à l'occasion des fêtes de fin d'année. (Normalement, j'aurais dû me rendre dans une boutique située rue du Bal, en centre-ville, mais là, j'ai profité de l'occasion pour jeter un coup d'oeil.)

   Arrivé aux casiers regorgeant de couverts, j'ai machinalement jeté un oeil aux couteaux. Voici ce sur quoi je suis tombé :

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   Dès le premier regard, on repère le produit bas-de-gamme. Au toucher, on se rend vite compte que c'est un objet qui ne risque pas de faire de vieux os. Et que dire de son pris : 3 euros ! Pourtant, le nom d'un fabricant est gravé sur la lame :

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   De plus, en retournant le couteau, on peut voir une étiquette censée rassurer les acheteurs (avec un beau drapeau tricolore) :

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   La marque Jean Dubost n'est pas une invention de fraudeur tentant de faire passer sa camelote pour ce qu'elle n'est pas. Ce coutelier a pignon sur rue à Thiers et il communique sur le "made in France".

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   Qu'est-ce à dire ? Ce coutelier thiernois est-il victime d'un contrefacteur, qui aurait dupé la centrale d'achat qui approvisionne l'hypermarché ? Ou bien y a-t-il une réponse un peu moins limpide ?

   En cherchant sur la Toile, on peut facilement trouver des avis de consommateurs, notamment de ceux qui ont acheté des couteaux de cette marque. Force est de constater qu'ils sont contrastés. Soit ils soulignent la qualité de la marchandise, soit ils expriment la satisfaction d'un bon rapport qualité-prix (ce qui pourrait être traduit par "les couteaux ne sont pas d'une qualité exceptionnelle, mais, vu le prix payé, ça me suffit amplement"), soit ils témoignent d'une grande déception, comme ici.

   Cela fait quelques années déjà que le public informé sait que des couteaux Laguiole fabriqués en Chine peuvent être vendus sous marque thiernoise. (A côté de cela subsiste une importante production auvergnate de qualité et fabriquée sur place.) L'été dernier, Thierry Moysset, le directeur de la Forge de Laguiole, allait plus loin, affirmant qu'à Thiers même, il existait une production bas-de-gamme, ce à quoi j'avais du mal à croire.

   J'en ai trouvé confirmation sur le site d'Honoré Durand, un concurrent de la Forge (mais qui, comme elle, fabrique presque intégralement ses couteaux en Aveyron) :

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   Derrière ces couteaux bas-de-gamme se trouvent donc des robots, pas des ouvriers, un travail nettement moins élaboré et des matières premières moins coûteuses.

dimanche, 04 décembre 2016

Tourisme culturel

   De temps à autre, pour des raisons professionnelles ou bien personnelles, il m'arrive de me rendre dans le département du Tarn. Même s'il est (pour moi) moins joli que l'Aveyron, il se visite avec plaisir, aussi bien en milieu urbain qu'en zone rurale.

   Je me suis récemment retrouvé à Gaillac. D'habitude, je me cantonne à un quartier de cette petite ville. Là, comme j'avais un peu de temps devant moi, je me suis baladé un peu partout, sans but précis. Je me contentais d'observer l'architecture ancienne (qui n'est pas sans rappeler celle du vieil Albi) lorsque mon regard fut attiré par une étrange plaque :

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   J'ai apprécié ce pied-de-nez au tourisme de l'anecdote, qui tente de mettre en valeur la moindre pierre pour peu qu'un vague évêque ou comte d'une époque reculée ait uriné dessus. Si un jour vous passez par Gaillac, levez donc un peu la tête rue de la Portanelle.

   Pas très loin de là se trouve une ancienne abbaye, où sont logés aujourd'hui un musée, l'office du tourisme et... la Maison des vins, où il est possible de déguster gratuitement quelques-uns des crus de la région. Si, en plus, on achète une ou deux bouteilles, on peut approfondir (sur place puis chez soi) sa connaissance des liquides fermentés locaux...

mardi, 22 novembre 2016

Meurtre au Laguiole

   Hier lundi, l'émission L'Heure du crime, présentée par Jacques Pradel, sur RTL, était consacrée à un mystérieux crime, qui a été perpétré dans le métro parisien, en 1937. La particularité de ce meurtre est d'avoir été commis avec un couteau Laguiole, qui fut planté dans le cou d'une jeune femme, Laetitia Toureaux. (Rappelons que l'an dernier, l'émission s'était intéressée à l'affaire Fualdès.)

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   Aucun Aveyronnais ne semble mêlé à ce crime, qui porte plutôt la marque des Italiens : le couteau a été laissé dans la plaie. Or, la victime (née Yolande Nourrissat) était originaire du Val d'Aoste, Toureaux étant le nom de son mari, décédé quelques années auparavant. Comme la jeune femme avait la réputation de servir d'indic à la police et qu'elle a été vue en compagnie d'Italiens supposés fascistes, on a pensé à un règlement de compte politique.

   Deux universitaires américaines sont allées plus loin et ont publié en 2010 un ouvrage dans lequel elles développent la thèse que l'assassinat est lié à la Cagoule, l'organisation d'extrême-droite qui a tenté d'instaurer un régime fasciste en France dans l'Entre-deux-guerres. Leurs arguments sont résumés ici.

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   Cependant, dans l'émission radiophonique, Jacques Pradel comme son invité privilégient l'hypothèse du crime passionnel, confortée par l'envoi d'une lettre anonyme de dénonciation, 25 ans après les faits ! L'auteur présumé (resté inconnu) étant originaire de Perpignan, il n'est pas invraisemblable qu'il ait été en possession d'un couteau aveyronnais.

vendredi, 04 novembre 2016

Puissance éducative

   J'ai souri en lisant hier un article du quotidien aveyronnais Centre Presse. Il est consacré aux devoirs à la maison et à leur contestation par certains parents d'élèves espagnols. Ceux-ci trouvent qu'on bourre trop le crâne de leurs chérubins... mais on peut légitimement les soupçonner de ne pas apprécier d'avoir à surveiller les devoirs de leurs enfants le soir après le boulot.

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   Je me suis fait un plaisir de relever l'héneaurme faute d'orthographe présente dans le titre. Gageons que son rédacteur (pas nécessairement le même que celui de l'article) n'a pas dû consacrer beaucoup de temps, jadis, après les cours, à perfectionner sa maîtrise de la langue française.

   Sur le fond, l'article est aussi contestable en raison de la comparaison abusive qu'il utilise pour appuyer le mouvement des parents d'élèves. Il se contente de mettre en regard le nombre d'heures consacrées aux devoirs à la maison et les résultats aux tests Pisa... comme si un seul facteur permettait d'expliquer le succès ou l'échec d'une masse d'élèves !

   Il est aussi intéressant de relever les deux "bons" exemples mis en valeur par l'article : la Finlande et la Corée du Sud, dont les élèves obtiennent de bons résultats sans avoir à trimer après les cours chez leurs parents. Il est un autre facteur dont l'article aurait pu faire mention : le plus ou moins grande homogénéité des populations. Ainsi, l'écrasante majorité de la population finlandaise est issue du même groupe ethno-culturel, la principale minorité étant celle des suédophones, une population associée à un pays voisin et plus riche que la Finlande. Quant aux immigrés, ils représentent sans doute environ 4% de la population. En Corée du Sud, l'homogénéité est peut-être encore plus grande : la seule minorité est chinoise, qui pèse vraisemblablement moins de 1% du total. (Sur le plan religieux, la diversité est plus importante qu'en Finlande, avec la cohabitation du bouddhisme et de différentes formes de christianisme.) Attention : je ne dis pas que la diversité des origines ethno-culturelles des élèves suffit à expliquer leurs résultats, mais je fais remarquer que cela pourrait être un critère aussi (voire plus) pertinent que le nombre d'heures de devoirs à la maison.

   Enfin, l'article semble classer la Corée du Sud dans la catégorie des pays dont le système scolaire est très peu coercitif avec les enfants (puisqu'il impose peu de devoirs à la maison). C'est un contresens total. Si le temps scolaire semble s'arrêter assez tôt dans la journée, il est massivement suivi d'heures de cours complémentaires. De surcroît, le nombre de jours passés à l'école dans l'année est très élevé : 220 en Corée du Sud, 190 en Finlande... contre moins de 180 en Espagne (et moins de 150 en France).

   On pourrait continuer comme cela encore longtemps. Mon but n'est pas de dénigrer tel journal ou tel article, mais de faire comprendre que sur ce sujet (comme parfois sur d'autres), des médias, en reprenant des affirmations toutes faites, transmettent une image déformée de la réalité. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit de faire croire que l'école, le collège et le lycée français seraient trop exigeants avec les élèves... une guignolade qui tombe d'elle-même quand on constate les lacunes de certains bacheliers (voire diplômés du supérieur) qui postulent à des emplois.

Snowden

   Avec Olivier Pierre Oliver Stone aux manettes, Nicolas Cage dans la distribution et une chanson signée Peter Gabriel, on est dans le "film de gôche"... qui plus est coproduit par des Frenchies. Alors on peut se demander s'il était bien utile de consacrer un nouveau long-métrage à l'informaticien et lanceur d'alerte Edward Snowden, moins d'un an et demi après le documentaire Citizenfour. J'ai été d'autant plus inquiet qu'au début, lorsque nous sont montrées les premières scènes d'hôtel (datant de 2013), j'ai eu comme une impression de déjà-vu. (Stone semble avoir allègrement pompé sur le documentaire.)

   Fort heureusement, la majorité de l'intrigue s'évertue à nous montrer d'où vient Snowden (sans remonter trop loin). L'action se déroule entre 2004 et 2013. On découvre un jeune homme, sans doute surdoué mais inadapté au système scolaire, plutôt conservateur et patriote de tempérament. Il cherche (vainement) à s'engager dans les forces spéciales puis se tourne vers la CIA... par conviction. Eh, oui. Pour nous, Européens, qu'un jeune Américain censé être éduqué (voire cultivé) puisse ambitionner sincèrement d'intégrer l'une des plus malfaisantes organisations du monde a de quoi stupéfier. C'est dire le bourrage de crâne qui a sévi (et qui sévit sans doute encore) de l'autre côté de l'Atlantique. On y croit d'autant plus que Joseph Gordon-Levitt s'est glissé à la perfection dans la peau du personnage.

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   Le scénario a choisi de contrebalancer l'intrigue politique par la description de la vie sentimentale du héros. Il rencontre une sorte d'intermittente du spectacle gauchisante... et canon, puisqu'elle a les traits (et les formes) de Shailene Woodley, en qui tous les ados reconnaîtront l'héroïne de Divergente. Le couple qu'ils forment, aussi charmant soit-il, m'a paru assez improbable.

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   De surcroît, on peut regretter le voile pudique posé sur les relations avec la Russie de Poutine, qui apparaît ici comme le sauveur du citoyen-engagé-rejeté-par-son-pays-d'origine. Cela aurait mérité une petite enquête, quitte à écorner un peu l'image du chevalier blanc de l'informatique.

   Tout cela passe néanmoins en raison de la qualité de la mise en images. Stone se livre à quelques effets de distorsion et joue sur tout ce qui est vitré (ou à cristaux liquides). Certains plans sont visiblement là pour nous faire penser au Big Brother de 1984. Mais, surtout, il a réussi à intégrer à l'intrigue et à l'écran l'utilisation de l'informatique. (En lisant le générique de fin, on s'aperçoit que plusieurs sociétés ont contribué à la création de ces effets.)

   C'est donc un film militant, plaisant, mais pas un chef-d'œuvre.

vendredi, 28 octobre 2016

"Le Canard enchaîné" en bande dessinée

   Il y a quelques semaines est sorti aux éditions des Arènes un ouvrage intitulé L'incroyable histoire du Canard enchaîné. Les auteurs (Didier Convard et Pascal Magnat) ne sont pas membres de l'équipe de l'hebdomadaire satirique, mais ils en sont des sympathisants. Et comme cette année, on célèbre le "centenaire bis" de la naissance du journal, l'occasion était belle.

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   Le début rappelle à ceux qui l'ignoreraient que Le Canard est né deux fois, la première version, créée en 1915, n'ayant pas connu le succès. Pourtant, dès le début, les journalistes ont pour ambition de dénoncer les mensonges de la mauvaise presse, au service de la propagande de guerre. C'est aussi l'occasion de mettre un visage sur des noms qui soit figurent encore en page 7 du journal, soit sont régulièrement cités lorsqu'il est question de son passé.

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   Je vous laisse goûter le jeu de mots qui orne l'une des vignettes. Le style du dessin est classique, même si les auteurs ne s'interdisent pas, de temps en temps, un peu de fantaisie. Dans cette histoire, notre guide est un canard qui parle... et qui a même la langue bien pendue.

   Ce livre n'est toutefois pas une hagiographie. Il ne cache pas l'aveuglement dont l'hebdomadaire a fait preuve face à la montée du nazisme. Il fait aussi le bilan du comportements de ses rédacteurs et dessinateurs pendant la Seconde guerre mondiale. Tous n'ont pas été honorables.

   La lecture est globalement instructive. La vie du journal suit celle du pays. Certaines anecdotes sont peu connues, comme le cas de ce concurrent marseillais, nommé Le Merle blanc, qui avait un temps débauché une partie de l'équipe du Canard. Il est aussi question de la tentative de meurtre dont Léon Blum fut la cible, en février 1936, et de l'histoire du numéro imprimé à Londres, pendant la Seconde guerre mondiale.

   En 1944, le journal reparut mais connut des temps difficiles. Sa dernière mue intervint avec la Ve République. L'hebdomadaire développe les enquêtes et se pose en organe d'opposition au pouvoir gaulliste, qui le lit avec attention.

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   C'est la Une du 4 juin 1958, une de celles qui sont reproduites dans l'ouvrage. Mais la période gaulliste a été surtout marquée par la chronique "La Cour" (par Ribaud et Moisan), qui associait langage relevé et dessin chiadé pour brosser un tableau satirique du nouveau régime.

   A partir des successeurs de de Gaulle, l'histoire prend la forme de vignettes, qui toutes évoquent une "affaire" dans laquelle des puissants ont trempé. Gauche et droite n'en sortent pas grandis et l'on peut se désoler que la chronique de la Ve République puisse se limiter à une série de scandales. C'est néanmoins un rappel salutaire, qui permet de prendre du recul par rapport à notre époque.

   A la fin, le ton en général enjoué se fait chagrin, avec la liste des morts successives de collaborateurs victimes de l'âge ou d'un accident. Il devient même grave avec le rappel des récentes tueries parisiennes, de janvier et novembre 2015 :

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   Notez le choix des couleurs : le noir associé au rouge, avec du blanc, comme sur le drapeau à croix gammée.

   Malgré les drames, malgré la médiocrité de notre personnel politique, malgré l'arrogance des riches, les auteurs ont voulu terminer sur une note d'humour, cette arme si utile pour ridiculiser les puissants.

   P.S.

   Dans ce travail de grande qualité, il me semble avoir repéré deux petites erreurs : page 126 une confusion entre Gérard et Philippe de Villiers ; page 133 une autre confusion, entre millions et milliards à propos de l'affaire des frégates de Taïwan.

lundi, 24 octobre 2016

Le logo du futur PNR Aubrac

   Le projet de parc interrégional est bien avancé. On peut même dire qu'il est quasiment bouclé. Il reste quelques démarches à accomplir... et à choisir son logo. J'ai appris cela en lisant Centre Presse aujourd'hui. Ce choix est l'objet d'une consultation populaire, par internet... comme quoi la mise en valeur du patrimoine emprunte parfois les chemins de la modernité. Sur le site du PNR, on peut visualiser en détail les quatre propositions que voici :

Logos.jpg

   Chacune porte un numéro, plus précisément une lettre (A, B, C ou D). Voici comment les nommer :

Lettres.jpg

   Autant le dire tout de suite : j'élimine d'entrée la proposition C, sur laquelle ne figure pas la vache Aubrac. Il est pour moi impensable de communiquer sur le territoire sans faire mention de l'animal qui en est devenu emblématique.

Logo C.jpg

    Il reste les propositions A, B et D qui, en plus de la vache, comportent une représentation d'un buron. Je rejette la proposition D parce qu'elle semble n'associer le territoire qu'à la saison hivernale (avec la référence à la neige), même si la présence de la fenêtre sur le bâtiment est un plus.

Logo D.jpg

   Il ne nous reste plus qu'à choisir entre les propositions A et B. Toutes deux sont dotées d'un arbre en plus des autres symboles. C'est important, dans la mesure où le PNR (sans être un conservatoire comme les parcs nationaux) va permettre de préserver la biodiversité. De surcroît, le tourisme ne doit pas compter que sur la neige (sans quoi il serait bien dépourvu). Il me semble d'ailleurs que la (future) charte du parc intègrera la notion de "tourisme des quatre saisons".

   Je retiens finalement la proposition A, en raison de la présence de chemins. C'est un signe d'ouverture, preuve que le territoire a vocation à rester en relation avec l'extérieur. Cela peut aussi être vu comme une référence aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui, si je ne m'abuse, sont empruntés par environ 20 000 personnes chaque année dans l'Aveyron. Exit donc la proposition B :

Logo B.jpg

   And the winner is :

Logo A bis.jpg

samedi, 15 octobre 2016

José Bové repart en campagne

   Cette semaine, l'annonce de l'expulsion de José Bové du Canada a fait la Une des médias français, avant que son séjour ne soit finalement autorisé. Il semble évident que le député européen a programmé sa venue au Canada pour qu'elle coïncide avec la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, le tout dans le contexte de la ratification du traité économique entre l'Union européenne et le Canada.

   La question qui se pose est celle-ci : le gouvernement français a-t-il suggéré de ne pas laisser entrer Bové, ou bien est-ce une initiative purement canadienne ? Si tel est le cas, l'expulsion est-elle le fait de fonctionnaires un peu trop zélés, ou bien avaient-ils reçu des instructions ? C'est troublant, parce que, si l'on ne considère que des personnalités françaises, on constate qu'Alain Juppé, bien que condamné peu de temps auparavant par la justice française, avait pu enseigner à l'ENA québécoise. Quant à Marine Le Pen, elle n'a rencontré aucune difficulté pour effectuer une visite de propagande en mars dernier (même si elle a été tenue à l'écart).

   Concernant Alain Juppé, la lecture de son blog (qu'il tient depuis des années) mérite le détour. Il ne paraît pas avoir "fait le ménage" dans ce qu'il a écrit durant son séjour canadien. Du coup, c'est avec plaisir qu'on peut encore lire le billet du 7 mai 2005, sobrement intitulé "Mexico". Alors que l'essentiel du propos est consacré à la mondialisation, le dernier paragraphe évoque l'avenir de celui qui n'est plus à l'époque qu'un ancien Premier ministre :

Juppé blog 07 05 2005.jpg

   Je sens qu'on va me dire que, depuis mai 2006, de l'eau a coulé sous les ponts (de la Garonne, mais aussi de la Seine...) et que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, selon la formule proverbiale. Et, comme Alain Juppé se considère sans doute comme le contraire d'un imbécile... Notons que le billet a suscité -à l'heure où j'écris ces lignes- 92 commentaires, tous datés de mai 2006. Certains font état de la triste situation (économique, sociale, politique, morale...) de notre pays... sous Chirac et Villepin.

   Mais revenons à nos moutons... et même à nos brebis laitières, puisqu'il est question de José Bové. Cela fait plusieurs mois qu'il sonne le tocsin contre les dangers du traité de libre-échange avec le Canada. Le 11 septembre, il avait signé une tribune dans Libération, dans laquelle il évoquait un gros problème : le traité aboutit à la reconnaissance de certaines AOP fromagères, en laissant tomber toutes les autres. Au départ, ses propos ont eu peu d'écho. Ils ont même été tournés en dérision dans Le Canard enchaîné du 14 septembre :

CanardEnchaîné 14 09 2016.jpg

   J'ai été surpris de lire sous la plume d'un journaliste de mon hebdomadaire préféré, une conclusion qui semble plutôt se réjouir d'une éventuelle baisse du prix de ces fromages. Faut-il rappeler à cet imbécile que le prix de ces produits, qui peut paraître élevé en comparaison de celui de concurrents bas-de-gamme, se justifie (entre autres) par l'exigence du cahier des charges des appellations et par la volonté de fournir un revenu décent aux producteurs de denrées agricoles ? L'auteur aurait pu contacter le député européen, par ailleurs lecteur du Volatile depuis des années :

Canard Bové lapresse b.jpg

   J'ai souligné dans l'article les noms de certains fromages dont l'appellation n'est pas reconnue par le traité. Si l'on en consulte le texte officiel, on constate que seules les "grosses marques" ont obtenu la reconnaissance de leur AOP, comme le comté, le reblochon, le roquefort (ouf !), le camembert, le brie, l'emmental, le maroilles (erreur dans l'article du Canard), le cantal, le bleu d'Auvergne... mais pas celui des Causses, ni le rocamadour, ni le laguiole ! 

   Un article du Monde a pris le contrepied de la position de José Bové. Il explique (ce qui n'est pas faux) que le traité signé, bien qu'imparfait, représente un progrès par rapport à la situation actuelle. D'ailleurs, il ne fait pas l'unanimité du côté canadien non plus. On peut penser que les producteurs canadiens qui proposent actuellement des fromages copiés sur des modèles européens redoutent de voir débarquer les originaux. Mais il existe aussi une production fermière locale, qui a peur de se voir manger par les "gros".

   C'est aussi une crainte que peuvent nourrir des producteurs français : voir débarquer en Europe des fromages "Canada dry", qui ressemblent aux nôtres, portent (presque ?) le même nom mais ne sont pas produits selon les mêmes critères ni, surtout, sur le même terroir. De surcroît, le Canada étant lié aux Etats-Unis par l'ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain), ne pourrait-il pas constituer un cheval de Troie pour des industriels yankees ? Plus vraisemblablement, les concurrents des AOP non reconnues pourront leur tailler des croupières à l'exportation. Or, rien ne dit que les petits fromages d'aujourd'hui ne deviendront pas grands demain. Les actuels géants du secteur ont tous démarré petits.

   La presse française n'a pas été la seule à discuter des propos de José Bové. Dès mai 2016, La Presse (quotidien montréalais) s'est faite l'écho des déclarations du député européen, suivie en septembre par son concurrent Le Devoir. La semaine dernière, on pu voir dans le même journal une caricature plutôt sympathique :

Caricature LeDevoir 12 10 2016.jpg

   Signalons que dimanche 17 (demain, à l'heure où j'écris ces lignes) sera diffusée l'émission Tout le monde en parle (version québécoise), qui a apparemment été enregistrée jeudi 13. José Bové figure parmi les invités.

   On va dire que j'en fais un peu trop à propos du député européen. Pourtant, l'Aveyronnais que je suis n'a jamais été une "groupie" du paysan rebelle... même si je reconnais que j'ai suivi avec bienveillance sa défense du Roquefort et le conflit qui l'a opposé à une entreprise de restauration rapide dont je me garde bien de fréquenter les établissements. J'ai aussi une opinion plutôt favorable du député européen, qui a cosigné un bouquin très intéressant en 2014. Entre 2009 et 2014 (durant son premier mandat), il faisait partie des plus assidus (au contraire des Philippe de Villiers, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon) :

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   Depuis sa réélection, en 2014, son activité ne semble pas avoir faibli, d'après ce qui figure sur le site VoteWatch.

jeudi, 13 octobre 2016

Des Auvergnats en Rouergue

   Sous-titrée "Quand les évêques de Clermont étaient abbés de Conques", cette conférence était proposée vendredi 7 octobre au Centre européen de Conques. L'intervenant était un jeune chercheur, Sébastien Fray, que sa thèse a conduit à travailler sur l'abbaye rouergate.

   Son propos était centré sur deux des abbés de Conques, Etienne (Etienne Ier pour certaines sources, Etienne II pour d'autres), dont on pense qu'il officia entre 942 et 984, et Begon, qui lui succéda, de 984 aux environs de 1010. Il se trouve que ces deux abbés pratiquaient une sorte de "cumul des mandats", puisqu'ils étaient aussi évêques.

   Dans l'Aveyron, on a longtemps pensé qu'ils ne pouvaient être qu'évêques de Rodez... sauf qu'on ne trouve aucun prélat de ces noms-là à l'époque concernée. Par contre, ils correspondent à ceux des évêques de Clermont. Ainsi, selon Sébastien Fray, Begon serait à l'origine de la construction de la cathédrale de Clermont, son prédécesseur Etienne ayant lancé la construction d'une autre église romane.

   L'une des principales sources est constituée par les Gesta abbatum de Conques, datant du XIIe siècle, mais dont on ne possède que des copies. Le conférencier (s'appuyant sur un article qu'il a publié il y a deux ans dans la revue Etudes aveyronnaises) en a proposé une analyse "pointue", démontrant que le document est en fait constitué de deux textes différents, le second, abusivement désigné comme une "chronique" (une brève narration des événements, année après année), étant en fait des Gesta (ordonnées autour de la liste des abbés).

   La copie utilisée date du XVIIe siècle. Elle a pu être comparée à une autre, dite "copie de Lacoste" (du nom d'un érudit local du XIXe siècle), découverte cet été à la bibliothèque municipale de Cahors ! C'est un événement moins rare qu'on ne l'imagine, à tel point que les historiens ne désespèrent pas de trouver, un jour, une version du manuscrit du XIIe siècle. En croisant ces sources avec le Livre des miracles de Sainte-Foy, rédigé par Bernard d'Angers (sous l'abbatiat d'Adalgaire/Adalguier, un des successeurs de Begon), les historiens arrivent à la conclusion qu'il y a (au moins) deux versions de l'histoire de cette époque, qui pourraient correspondre à l'existence de deux clans chez les moines. On en aurait la traduction sur le tympan même de l'église abbatiale, achevé au début du XIIe siècle :

Evêque Clermont.jpg

   Ce détail a déjà été évoqué par un autre historien, Frédéric de Gournay (venu à Conques en 2013). La crosse dont on voit une extrémité, en bas, est une référence à la fonction d'évêque. L'homme penché aux pieds du démon est de plus tonsuré. Ce serait donc aussi un moine, plus précisément un abbé, Begon, accompagné de ses neveux emprisonnés dans un filet. Or, ces figures de l'histoire de l'abbaye ont été placées du côté des damnés... Pourquoi donc ? Réponse un peu plus tard dans la conférence.

   Avant cela, il convient d'en savoir plus sur les relations entre les abbayes de Conques et de Figeac. Au Xe siècle, elles sont intimement liées. Il apparaît qu'Etienne et Begon étaient aussi abbés de Figeac. A cette époque, les relations entre les deux établissements ne semblent pas mauvaises. Il en est autrement  aux XIe - XIIe siècles. Figeac a été rattachée à Cluny, qui cherche sans doute à mettre la main sur Conques, par l'intermédiaire de l'abbaye lotoise. La polémique a donné naissance à de faux documents, défendant tel ou tel point de vue. Sébastien Fray évoque une donation de Pépin d'Aquitaine, censée dater de 838.

   D'autres documents, authentiques, subissent dans leur rédaction l'influence de l'époque. Il en est ainsi des Gesta abbatum de Figeac (écrites entre 1074 et 1096 et sans doutes connues de l'auteur des Gesta abbatum de Conques). Elles s'évertuent à montrer la supériorité de cette abbaye sur celle de Conques.

   Il s'avère que, dans certaines abbayes, il existait au moins deux abbés, l'un dit "séculier" (pour les historiens), l'autre "selon la règle". Etienne le cumulard était donc évêque de Clermont, abbé de Conques et de Figeac. Résidant principalement en Auvergne, il avait, sur le terrain, des abbés "effectifs" (sans doute membres des communautés monastiques) pour le seconder : Hugues à Conques, Calston à Figeac. Pire (ou mieux encore) : Begon, qui a succédé à Etienne à tous les postes, était vraisemblablement son co-abbé (ou abbé assistant) à Conques ! On a d'autres exemples de cumul, avec Jean, qui fut abbé de Conques, de Beaulieu-sur-Dordogne et d'Aurillac... ou encore Odon de Cluny (qui fut aussi abbé d'Aurillac) et Adralde, un de ses successeurs qui cumula Conques et Aurillac.

   L'abbaye rouergate était donc incontestablement tournée vers le nord, au Xe siècle. Aucune relation avec les comtes du Rouergue n'est perceptible avant 960. On a bien, au siècle précédent, un Bernard Plantevelue comte d'Auvergne et du Rouergue, mais il n'a acquis ce territoire qu'après avoir fait assassiner un certain Bernard le Veau.

   Concernant Etienne, on sait en réalité peu de choses. Il n'est jamais mentionné par Bernard d'Angers, alors que l'auteur des Gesta abbacum lui tresse des louanges. Il était le fils d'un vicomte de Clermont (lieutenant des comtes d'Auvergne et des ducs d'Aquitaine), titre auquel accéda l'un de ses frères, Robert. On se demande encore s'il fut d'abord évêque de Clermont ou abbé de Conques. Au passage, à l'époque, on n'a pas la même conception de l'identité qu'aux périodes ultérieures. On ne se dit pas auvergnat ou rouergat, mais plutôt aquitain. (Au IXe siècle, un comte de Toulouse s'est fait proclamer duc d'Aquitaine.) L'arrivée d'Etienne à Conques pourrait être liée à une parenté avec Jean, l'abbé cumulard dont il était question plus haut. Tous seraient membres de la lignée des Matfrédides (liés à un Matfred de Clermont). On attribue parfois à Etienne (peut-être à tort) la première version de la Majesté de Sainte Foy (remaniée par la suite). Une question demeure à ce sujet : la statue reliquaire rouergate a-t-elle inspiré celles qui ont été construites aux Xe-XIe siècles, s'est-elle seulement inscrite dans un mouvement global (propre au Sud-Ouest) ou bien fut-elle la seconde initiée par Etienne, qui a fait réaliser, à Clermont, une autre statue reliquaire (une Vierge à l'enfant, aujourd'hui disparue) ?

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   Quant à Begon II, il appartient à la famille des Austrinides, implantée dans le Rouergue, aussi bien du côté de Conques que vers Calmont. L'abbé de Conques avait des biens à Flagnac et Sénergues. Ses neveux (dont le père serait un Matfred, cousin germain d'Etienne et recteur de Conques) ont dirigé l'abbaye de Conques. Le fait que les seigneurs de Calmont s'intéressent tout particulièrement à l'abbaye pourrait s'expliquer si le domaine de Calmont est un ancien "château monastique" dépendant de Conques. Notons que les sires de Calmont dirigent aussi l'abbaye de Figeac !

   Un autre aspect intéressant de la conférence de Sébastien Fray portait sur la moralité de tel ou tel personnage, à l'aune de sources parfois contradictoires. Ainsi Bernard, abbé de Beaulieu-sur-Dordogne et évêque de Cahors, est perçu très positivement à Conques, avec laquelle il se montra fort généreux... mais ce fut avec des biens "prélevés"... à Cahors ! Begon bénéficie du même traitement dual, selon le point de vue que les auteurs adoptent. Il est dépeint de manière très négative par Bernard d'Angers, pour avoir puisé dans le trésor de Sainte-Foy afin de payer la rançon de l'un de ses neveux, Hugues. Celui-ci avait été capturé par le seigneur de Gourdon, peut-être en défendant Conques. Ne pouvant porter les armes, l'abbé avait sans doute eu recours à ses neveux laïcs pour protéger "son" abbaye. Les sources clermontoises sont plus élogieuses à son sujet. Quant aux Gesta abbacum, rédigées sous Begon III (apparenté à Begon II), elles ne disent rien de négatif. Elles sont plus dures avec le successeur de Begon II, Adalgaire, qu'elles accusent d'avoir pillé le trésor monastique pour tenter (sans succès) de se faire élire archevêque de Narbonne ! Pourtant, Bernard d'Angers ne trouve que des qualités à Adalgaire. Allez comprendre... Peut-être était-il reconnaissant à l'abbé de l'accueil qu'il avait reçu à Conques ?

   Terminons par un retour sur le tympan, élaboré sous l'abbé Boniface, très respectueux du texte de Bernard d'Angers (et peut-être issu d'une famille rivale des Austrinides qui ont eu la main sur Conques avant lui). On y voit bien Begon II et certains de ses neveux, qui apparaissent tonsurés. Or, ils n'étaient pas membres du clergé, tout en dirigeant Conques. Mais, pour les auteurs du XIIe siècle, qui vivaient dans un monde marqué par la réforme grégorienne (qui sépare strictement les clercs des laïcs et les séculiers des réguliers), la situation des époques carolingienne et robertienne (les IXe et Xe siècles) est difficile à comprendre. Cela explique aussi le fouillis qui règne dans les sources à propos de la succession des abbés. On fait parfois se succéder des personnes qui ont exercé leur autorité en même temps à Conques, mais sous différents statuts. La question est ardue, mais elle fut traitée avec clarté et érudition, à l'image de cette conférence, de très haute tenue.

dimanche, 02 octobre 2016

La Taularde

   L'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une femme qui a permis à son homme de s'évader, et qui s'est à son tour retrouvée en prison... sauf qu'elle n'est pas une criminelle endurcie. Ici, elle est prof de Lettres et a les traits (ravissants) de Sophie Marceau, que je crois n'avoir jamais vue aussi intense.

   Attention toutefois (ici je m'adresse aux fans de Sophie), on n'est pas du tout dans le glamour. On prend les trente premières minutes en pleine gueule, de la fouille d'entrée aux premières bagarres. Le début (comme d'autres moments) n'est pas sans rappeler Présumé coupable, lorsque le héros (incarné par Philippe Torreton) subit sa première fouille. La mise en scène diffère toutefois. La détenue est à l'arrière-plan, le pubis masqué par une table, tandis que la gardienne est au premier plan, habillée, sûre d'elle... et tutoyant la détenue. Le rapport de subordination est en place.

   Ceci dit, le portrait des gardiennes est nuancé. Il y a les autoritaires, les conciliantes et les démagos (ou peureuses). En face, souvent, elles ont affaire à des garces, que l'enfermement et la promiscuité peuvent transformer en fauves.

   C'est un autre intérêt du film (même si le propos n'est pas nouveau) : montrer comment ce lieu de réclusion, censé rendre meilleures ses "locataires", les dégrade, tout comme il détruit à petit feu certaines gardiennes. A travers elles, on mesure la misère du système pénitentiaire, avec le manque d'effectif, les pénuries matérielles et, parfois, la perte de motivation. C'est le grand talent de la réalisatrice Audrey Estrougo que de faire se croiser ces destins en apparence si dissemblables.

   Et puis il y a ces moments de comédie, si précieux, qui redonnent de l'espoir aux détenues comme aux spectateurs. Mais, très vite, l'intrigue reprend le dessus : aux conditions d'incarcération difficiles s'ajoute l'incertitude quant à l'attitude du conjoint de Mathilde/Sophie, qui a disparu. C'est donc sur les épaules du fils, à peine adulte, que repose la survie de l'héroïne. Cela nous vaut quelques scènes touchantes... et une limite dégueulasse, à l'occasion d'un parloir. Elle est hélas assez vraisemblable. Elle illustre bien le caractère documentaire de cette fiction, qui repose d'abord sur les rapports humains. Toutes les actrices sont formidables et l'aspect huis-clos des scènes de cellule est très bien rendu.

samedi, 01 octobre 2016

Un couteau anal

   Septembre a sonné la rentrée pour l'équipe de Groland, dont la nouvelle émission s'appelle "Le Zapoï", une sorte de zapping entre les chaînes d'un bouquet satellite naze, qui n'est pas sans rappeler la forme prise par le best-of sorti en DVD il y a plus de dix ans (Grolandsat).

   Du coup, pour les vieux fans, l'émission a un petit goût de déjà-vu, d'autant plus que certains anciens sketchs (très bons au demeurant) sont recyclés dans la nouvelle mouture. Il manque aussi à celle-ci le dynamisme insufflé naguère par le tournage en direct du faux journal.

   Néanmoins, au détour d'un sujet, on peut trouver son bonheur. C'était le cas samedi dernier. Après une petite pique destinée à l'ancien président Nicolas Sarkozy, a été diffusée une série de bandes-annonces jouant sur les récents problèmes de Jean-Marc Morandini. On a pu voir ensuite une parodie de publicité fromagère et un reportage s'inspirant des Jeux paralympiques.

   Mais c'est la petite fiction qui lui a succédé qui a attiré mon attention. On y découvre Jules-Edouard Moutic au réveil, dans la chambre d'un hôtel aussi luxueux que discret. Dans le lit, il découvre un curieux objet :

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   On le voit un peu mieux quelques secondes plus loin :

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   Il s'agit sans doute d'un couteau Laguiole... peut-être un faux, s'il est cranté. Mais que diable faisait-il dans le lit et quel est le lien avec l'anus de Jules-Edouard Moutic ? Je laisse à chacun le loisir de le découvrir.

   La suite de l'émission propose plusieurs sujets croquignolesques, comme celui consacré à la supposée pollution d'un bassin situé en zone urbaine, un autre célébrant l'excellence du système scolaire grolandais, un autre encore mettant en scène la dépendance de certains consommateurs aux produits de haute technologie dont on nous rabat les oreilles.

   J'ai été moins emballé par le reportage consacré à un Américain croyant avoir trouvé un tableau de valeur chez lui... et je n'ai pas trop compris ce que venait faire Jean Lassalle dans l'émission (pas plus que Gérard Depardieu, un peu plus loin). Fort heureusement, la bonne humeur était de retour avec le sujet "VMVN" ("Vis ma vie de nain") !

   Il y a donc à boire et à manger dans l'émission, qui ne me semble pas avoir encore trouvé son rythme de croisière.

vendredi, 23 septembre 2016

Une ville de délinquants

   Portant (en français) le titre "La ville des exclus" ("Pariahville" dans la version originale), l'épisode 6 de la onzième saison de la série Esprits criminels (diffusé sur TF1 lundi dernier) a pour cadre une zone urbaine particulière. Les maisons y ont été rachetées par une association, à la tête de laquelle se trouve un révérend désireux de réinsérer des délinquants.

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   Ceux-ci sont fichés "délinquants sexuels non violents" : la plupart du temps, ce sont des voyeurs ou des exhibitionnistes. Certains cas sont à la limite de la délinquance : une femme, ex-enseignante, a embrassé l'un de ses élèves ; un jeune homme a commis l'erreur de sortir avec une adolescente jugée un peu trop jeune pour lui etc.

   Mais il apparaît qu'un prédateur est à l'oeuvre dans la petite ville. Est-ce l'un des résidents ? Est-ce un voisin qui profite de cette proximité pour détourner les soupçons ? Ou bien est-ce un proche d'une ancienne victime d'un des condamnés ? Le scénario maintient longtemps le suspense.

   On se dit que les auteurs ont décidément une imagination débordante... à ceci près que cette ville existe bel et bien, en Floride. Il y a un peu plus de deux ans, le quotidien Libération a publié un reportage AFP très intéressant à son sujet.

mercredi, 14 septembre 2016

PSG - Arsenal, match doublement nul

   Mardi 13 septembre, l'équipe qatarie a reçu l'équipe anglaise au Parc des princes. Le match s'est achevé sur un score de parité : 1-1. Mais ce n'est pas le seul domaine dans lequel les protagonistes ne se sont pas départagés. Pour le comprendre, il suffit de consulter la composition des équipes :

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   Le Paris-Saint-Germain, censé défendre les couleurs de la France, ne comptait que trois Bleus : le gardien Alphonse Aréola, le milieu Adrien Rabiot et son collègue Blaise Matuidi.

   A priori, en face, la "francitude" semblait moins bien représentée (ce qui ne serait pas illogique, vu que l'équipe est anglaise), avec deux Frenchies dans le onze de départ : le milieu Francis Coquelin et le défenseur Laurent Koscielny. Mais il faut leur ajouter l'attaquant Olivier Giroud, rentré en seconde mi-temps.

   Match nul ? En fait non, puisqu'il ne faut pas oublier l'entraîneur d'Arsenal, Arsène Wenger. Avantage donc au club londonien, plus français que le parisien... et même plus français qu'anglais (au niveau de l'effectif), puisqu'un seul joueur à la rose a foulé la pelouse du stade hier soir (Alex Oxlade-Chamberlain). On notera que le manager venu de chez nous a beaucoup puisé dans le vivier hispanique pour composer son équipe, qui comptait ce soir-là trois joueurs espagnols, ainsi qu'un Chilien et un Colombien.

mardi, 13 septembre 2016

Capitaine Jeanne d'Arc

   Depuis quelques mois, France 3 diffuse, de manière irrégulière, les épisodes d'une mini-série policière intitulée "Capitaine Marleau". L'héroïne est un officier de gendarmerie atypique, grande gueule, un peu anar et pas très soucieuse de son apparence physique. Elle est incarnée (avec fougue) par Corinne Masiero :

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   L'actrice est devenue une figure familière du petit écran et des salles obscures, où elle occupe rarement la première place. Ces dernières années, on a pu la voir dans La Marche, L'Hermine et surtout Discount.

   L'épisode diffusé la semaine dernière a pour titre "Les mystères de la foi". Il s'appuie sur une pléiade de seconds rôles connus du grand public, ainsi que sur quelques vedettes, dont Victoria Abril (en mère supérieure tourmentée) et Irène Jacob (en nonne zélée).

   L'histoire a été tournée dans une bourgade alsacienne, Altorf, connue pour son patrimoine religieux. On en voit plusieurs aspects au cours de certaines scènes. L'une d'entre elles montre l'héroïne se rendant au poste de gendarmerie en voiture. Elle passe rapidement devant un drôle de monument :

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   Il s'agit bien d'une statue de Jeanne d'Arc, située sur le monument aux morts de la commune. Elle est l'oeuvre d'un sculpteur strasbourgeois, Guillaume Schroth. La facture est un peu rugueuse. On a donné à la Pucelle un air martial, qui la rapproche de figures teutoniques :

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   Par sa stature massive, elle n'est pas sans ressembler à la sculpture (toutefois plus "sexy") présente à Albi, à proximité de la gare SNCF, mise en place à la fin du XIXe siècle :

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   Même si les moeurs de la capitaine incarnée par Corinne Maserio semblent (a priori) peu compatibles avec le tempérament de la sainte, la manière dont la gendarme houspille parfois ses interlocuteurs (notamment masculins) n'est pas sans rappeler l'audace de la "bonne Lorraine"... et cette femme attachée au triomphe de la justice mène une quête qui la rend un peu solitaire.